Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHEMINER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 503).
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CHEMINER. v. n. Marcher, aller, faire du chemin pour arriver quelque part. Ire, incedere, iter ingredi. Après avoir bien cheminé dans le désert, nous trouvâmes un petit village, &c. Le peuple disoit autrefois ; mon chemin cheminois. Rabelais fait une allégorie de l’Île d’Odos, où les chemins cheminent, pour se moquer de ces phrases, où va ce chemin ; les batteurs & guetteurs de chemins, &c. Le mot de cheminer, dans le sens propre, est un peu vieux ; néanmoins on s’en peut encore servir sans scrupule, mais jamais hors du style familier. Je vis les vents & les nues cheminer sous mes pas. Voit. Cheminer avec molesse. Bens.

Et l’on me dit quand je chemine :
C’est pauvre chose qu’un goutteux. Saras.

Cheminer, se dit figurément. Feliciter procedere, rem facere. Cet homme cheminera ; c’est-à-dire, il s’avancera, il fera fortune. Cela revient au sà caminar des Italiens. C’est un terme de conversation. Bouh.

On dit cheminer droit ; pour dire, ne point tomber en faute. Non labi, non errare, vivere inculpatum culpæ expertem. Vous ferez fort bien de cheminer droit.

On dit, en parlant d’une pièce d’éloquence, d’un ouvrage d’esprit, comme d’une oraison, d’un poëme, qu’il chemine bien ; pour dire, que l’ouvrage est bien suivi, bien disposé. Recte, belle, procedit oratio, cujus partes singulæ aliæ cuse aliis recte connexæ sunt, Acad. Fr.