Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHEPTEIL ou CHEPTEL

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 507).
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CHEPTEIL ou CHEPTEL. s. m. Bail des bestiaux, qui se fait lorsqu’un Maître donne à un Fermier un nombre de bœufs ou de brebis, à condition de les nourrir, & d’en rendre pareil nombre à la fin du bail, & d’en partager le croît & le profit. Locatio pecorum salvâ sorte & mediâ lucri parte. C’est un grand trafic qui se fait dans les Provinces, que celui des bestiaux à cepteil.

Ce mot vient de capital & de capitau, qui se trouve dans les Coutumes, à cause que chepteil est composé de plusieurs chefs de bêtes qui forment un capital ; & il y a apparence que le mot de capital, qui signifie le fonds d’une rente, est venu d’une même source : car de même que ce capital ou chepteil produit un croît de bestiaux qui en fait le profit, de même le fonds d’une rente produit des intérêts. Ragueau prétend que ce mot vient de l’achat & prix du bétail pour lequel il est mis en bail, & non pas de capital, comme a prétendu Du Moulin, & il suppose qu’on doit lire chaptal. Du Cange prétend que ce mot vient de catallum, qu’on a dit pour capitale, d’où on a fait chaptel, chatel, & catel, d’où est venu aussi le mot de cateux, qui se dit des biens en partie meubles, & en partie immeubles. Mais je crois, avec plus d’apparence, qu’il vient de chatal, vieux mot celtique, ou bas-breton, qui signifie un troupeau de bêtes. On trouve quelquefois chaptel, chaptail & chetel ; mais de quelque manière que ce mot soit écrit, il faut aujourd’hui prononcer chetel.