Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CISTE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 609).
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☞ CISTE, s. f. terme d’Antiquaire. Cista. Sorte de corbeille ou panier. Ces paniers sacrés qu’on voit représentés sur des médailles grecques ressemblent à des Cylindres d’osier. Voyez Cistophore.

CISTE, s. m. Cistus. s. f. Genre de plante dont les fleurs sont à plusieurs pétales disposés en rose ; soutenus par un calice à plusieurs feuilles, du milieu duquel s’élève un pistil, qui devient un fruit arrondi ou pointu, qui s’ouvre de la pointe de sa base en cinq ou plusieurs loges, pleines d’une semence menue. Les Anciens distinguoient ces espéces en celles qui donnoient un suc gommeux & odorant, appelé Ladanum, & que nous pouvons nommer Ladanifères, Ladaniferæ, & en celles qui approchoient de ces premieres, mais dont les feuilles & les tiges n’étoient point graissées de ce suc. Ces dernières conservoient le nom de Ledon, & étoient divisées en mâles & en femelles. On appeloit Ciste mâle, Cistus mas, celui qui avoit sa fleur d’un rouge plus ou moins clair ; & Ciste femelle, Cistus femina, celle dont les fleurs étoient à pétales blancs ou jaunes. Les Cistes croissent ordinairement dans les pays chauds. Le Languedoc & la Provence en fournissent quelques espèces ; mais l’Espagne est la partie de l’Europe la plus riche en Cistes. On en peut voir les figures & les descriptions dans l’Histoire des Plantes de Clusius. La Grèce en produit aussi beaucoup ; & c’est de ces Îles de l’Archipel que nous vient le Ladanum, suc gommeux qui est répandu sur les feuilles & les extrémités des jeunes branches des Cistes. Bélon & M. Tournefort, dans leurs Relations, décrivent la manière dont on ramasse ce suc, & comment on le rend impur, en y ajoutant une terre noire & pesante. Ce sont ordinairement les Moines Grecs qui s’occupent à ce travail qui est assez pénible. Voyez Ladanum. La plus grande partie de ces plantes croissent à la hauteur de trois à quatre piés environ, leurs tiges & branches sont ligneuses.

Il croît aux piés des Cistes, une plante qu’on nomme hypocistis. Elle ressemble à une Orobanche ; elle est haute de deux à trois pouces, garnie de petites feuilles ou écailles, d’entre lesquelles sortent des fleurs d’une seule pièce, taillées en manière de clochette, & semblables au calice de la fleur du Grenadier, & dentelées sur leurs bords pareillement. Leurs fleurs sont le plus souvent jaunes, tirant sur le rouge ; quelquefois pourprées, ou blanches, ou tout-à-fait jaunes ou verdâtres, &c. Le pistil qui sort du fond de cette fleur devient un fruit mou, & divisé en huit loges remplies de semences menues. L’extrait de cette plante conserve son nom ; il est noir, sec, en petits grains ; il se fond dans l’eau & est très-astringent au goût. On le fait entrer dans la composition de la Thériaque, & dans des potions astringentes. On trouve la plante d’Hypocistis sous nos espèces de Cistes en Languedoc, & elle est attachée à leurs racines.

À l’égard des Cistes ladanifères, il en croît une espèce aux environs de Montpellier, & elle est appelée ladanifera Monspeliaca, C. B.. Ses feuilles sont longuettes & étroites, grasses, & d’une odeur de Ladanum. Ses fleurs sont blanches, & de la grandeur de nos roses sauvages. On distingue les Cistes d’avec les Helianthemum, plante qui leur sont congéneres par le nombre des cellules de leurs fruits. Il n’y en a que trois dans les Helianthemum.