Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CLOÎTRE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 646).
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CLOÎTRE. s. m. Habitation fermée de murailles où logent les Chanoines ou des Religieux. Claustrum Cœnobii. Les Cloîtres des Chanoines sont composés des maisons où logent les Chanoines. C’est par un abus que les séculiers & les femmes logent dans les Cloîtres des Chanoines, comme à Paris dans les Cloîtres de Notre-Dame, de S. Honoré, &c.

Ce mot vient du latin claustrum. Nicod.

Cloître se dit plus particulièrement des monastères des Religieux, des Religieuses, & quelquefois il se prend pour la vie monastique. Les gens qui ont renoncé au monde, se retirent dans un Cloître. On a condamné cette femme à être mise dans un Cloître, pour y faire pénitence. Les peres regardent d’ordinaire les Cloîtres comme une décharge de ce qui les incommode dans leur famille, & offrent à Dieu ceux de leurs enfans qui leur déplaisent. S’il y a du danger à jeter dans le Cloître des ames remplies de l’amour du monde, il n’y en a pas moins à retenir dans le siècle des ames fragiles, qui se pourront sanctifier dans la retraite. Combien de gens s’enferment dans un Cloître, pour y sacrifier à Dieu les restes languissans d’une vie dont ils ne peuvent plus jouir : Il y a long temps que l’on prend ainsi le mot de Cloître pour tout le monastère. Voyez Pierre de Blois, dans l’article suivant.

Cloître se dit encore plus particulièrement de la principale partie des lieux réguliers qui est un carré de bâtiment compris entre quatre galeries, lequel est placé d’ordinaire entre l’Eglise, le Chapitre & le Réfectoire, & au dessus duquel est le dortoir. Peristylium. Les Processions des Religieux se font autour de leurs Cloîtres. Les Cloîtres servoient à plusieurs usages anciennement dans les monastères. 1o. C’étoit là où les Moines faisoient leurs lecteurs, comme il paroît par l’Epitome de l’Empereur Louis, sur la Règle de S. Benoît, la Concorde de S. Dunstan, c. 5, les actes de S. Volgang. c. 7. C’étoit du côté qui touchoit l’Eglise, que l’on faisoit la lecture morale, c’est-à-dire, au nord. 2o. Du côté de l’occident, se tenoit la classe. 3o. A l’orient étoit le Chapitre. 4o. Dans l’Eglise, se faisoit la méditation spirituelle. C’est Pierre de Blois qui fait cette distinction dans son sermon 25. Du Cange en conclut que tous ces différens exercices se faisoient dans le Cloître même ; mais il se trompe. L’Eglise, le Chapitre, l’Ecole n’étoient point des parties du Cloître même ; mais des bâtimens qui donnoient sur le Cloître, attenant au Cloîtree. Il est vrai que Pierre de Blois dit que ces quatre exercices se faisoient dans les Cloîtres des Couvens ; mais par Cloître, il entend tout le Monastère, ou pour le moins les quatre corps de bâtimens attenans aux Cloîtres, comme il s’en explique lui-même dans son sermon 36e, où il dit que tout le Monastère, la commune habitation des moines, s’appelle Cloître, parce qu’elle est enfermée de quatre corps de logis. Ce que nous venons de rapporter de Pierre de Blois, & ce que dit Adam de Brême, c. 103, montre que la forme des Cloîtres étoit carrée. Lefranc marque, dans la 3e sect. de ses Constitutions, que c’étoit au Cloître que les moines s’entretenoient à certaines heures du jour.

On dit, en Architecture, qu’une maison est bâtie en cloître, quand il y a des bâtimens sur les quatre côtés de la cour.

Cloître, architecture des jardins, sorte de bosquet qui est formé par un enclos de palissades, au dedans duquel sont une ou deux rangées d’arbres de haute tige, qui forment comme les portiques d’un Cloître religieux. Quelquefois on joint les tiges des arbres par des charmilles en banquette, qu’on tond à trois ou quatre pieds de hauteur. Duh.

Cloître. On nomme ainsi le comptoir ou magazin que quelques villes d’Allemagne ont dans le ville de Berg, un des Ports les plus considérables de l’Europe, & le plus beau de la Norvège. C’étoit autrefois le Palais épiscopal & la demeure des Chanoines.