Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CLOCHE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 641-644).
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CLOCHE. s. f. C’est un instrument de métal qui sert pour appeler les Chrétiens à l’Eglise, & pour faire quelque assemblée, convocation, ou réjouissance. Campana, campanum. Les Musiciens la mettent entre les instrumens de Musique, qu’on appelle de Percussion. Elle est faite en forme de poire ouverte par en bas avec un battant de fer, & elle est suspendue par une grosse charpente de bois qu’on appelle Mouton, dans laquelle ses anses sont enclavées. Sa partie la plus haute, qui est faite en timbre ou en calotte, s’appelle le Cerveau. Les traits ou les courbures de l’endroit où la cloche s’élargit, s’appellent les Faussures, & les bords de la cloche où frappe le battant, s’appellent les Pinces. Les Fondeurs ont un diapason, ou une échelle campanaire, qu’ils appellent aussi Brochette ou bâton, qui sert à connoître & à mesure la grandeur ou l’épaisseur, le poids et le son des cloches. Leur matière est un métal composé de vingt livres d’étain sur cent livres de rosette. On donne quinze fois l’épaisseur du bord au diamètre d’une cloche, & douze bords à sa hauteur.

La grosse cloche de Rouen pese quarante mille livres, & s’appelle George d’Amboise ; d’autres ne disent que trente-six mille livres, comme le portent des vers Latins qu’on lit dessus. Dans la Description Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. tom. 2, p. 25. on marque qu’elle a dix pieds de hauteur, y compris les anses, & qu’elle pese 36000. Elle fut fondue le 2 Août 1501. Son battant est de sept cens dix livres, sa circonférence de 30 piés, & son diamètre de 8 piés & un tiers. Nankin, ville de la Chine, étoit célèbre autrefois par la grandeur de ses cloches ; mais leur poids énorme ayant emporté le donjon où elles étoient suspendues, tout le bâtiment tomba en ruines ; & les cloches sont depuis demeurées à terre, sans qu’on se soit mis en devoir de les remonter. La hauteur d’une de ces cloches est de onze piés de Roi, & son anse de deux. Son diamètre, pris dans la plus grande largeur, en a sept, si on y comprend l’épaisseur des bords. La circonférence extérieure est de 22 piés ; & quoiqu’elle diminue en montant, ce n’est pourtant pas en même proportion que nos cloches d’Europe, car sa figure est presque cylindrique, à la réserve d’un renflement considérable qui paroît vers le milieu, où le contour est aussi grand que celui de ses bords. Elle est entourées de plusieurs moulures, filets & platebandes. Le limbe inférieur a six pouces & demi d’épaisseur, ce qui diminue toujours jusqu’à la courbure, où commence la conoïde ; de sorte que sous l’anse elle n’est tout au plus épaisse que de deux pouces. Ce qui se peut mesurer assez précisément, parce qu’on y laisse un trou pour augmenter le son, suivant l’opinion des Chinois. Ces cloches ont été fondues sous le premier Empereur de la Dynastie précédente, qui régnoit il y a plus de 300 ans. Elles ont chacune leur nom particulier. La Pédante, Tohoui ; la Mangeante, Ché, la Dormante, Choui ; la Volonté, fi. Il n’y en avoit que trois dans Nankin ; mais la Géographie chinoise en marque une quatrième au-delà du fleuve Kiam. Supposant que le pié cubique de cuivre pese six cens quarante-huit livres, la cloche dont on a pris les mesures peseroit environ quatre-vingt-dix milliers, si sa grosseur & son épaisseur étoient par tout égales. Pour la grosseur il n’y a pas beaucoup de différence ; mais l’épaisseur diminue uniformément jusqu’à l’anse, où elle a deux pouces ; ainsi prenant quatre pouces & un peu plus pour la moyenne proportionnelle, & supposant l’alliage un peu moins pesant que le cuivre, la cloche, avec son anse, pesera environ cinquante milliers, c’est-à-dire, qu’elle sera deux fois plus pesante que celle d’Erfort, que le P. Kirker dit être la plus grande cloche du monde. Mais il y en a à Pékin sept autres fondues sous le règne d’Youlo, il y a près de 300 ans, dont chacune pese six-vingt mille livres. Leur ouverture a douze piés de diamètre ; elle en ont 40 de circuit, & douze de hauteur sans compter l’anse, qui est pour le moins de 3 pieds. Mais autant que les cloches de la Chine surpassent celles d’Europe en grandeur, autant leur sont-elles inférieures par la beauté du son, soit que notre métal soit plus pur, & l’alliage mieux observé, soit que la figure & la fonte des nôtres en soient meilleures. Leur son est extrêmement obscur, parce qu’on ne les frappe pas avec un battant de fer, ou de quelqu’autre métal, mais avec un marteau de bois. Les Chinois ont dans toutes leurs villes de fort grandes cloches destinées à marquer les veilles de la nuit. P. Le Comte. Jean Struys dit dans ses voyages, que les cloches de Moscou pèsent trois cens quatre-vingt-quatorze mille livres.

Il se fait un frémissement de chaque partie de la cloche lorsqu’elle sonne ; & le P. François Maria Grimadie soûtient dans sa Physique, que le moindre coup qu’on frappe sur une cloche fait approcher & éloigner successivement toutes ses parties les unes des autres, & que c’est ce frémissement qui cause le son. Voyez Son. On a observé que les cloches s’entendent de plus loin dans les plaines, que sur les montagnes ; & que celles de vallées se font encore entendre plus loin que celles des plaines. Les Religieux s’assemblent capitulairement au son de la cloche. C’étoit autrefois l’office des Prêtres de sonner les cloches, & sur tout dans les Cathédrales, & on les appeloit Klockmans. Ce nom qui est Allemand, ou de l’ancien Celtique, ou de l’ancien Franc, & qui signifie Homme des cloches, est encore en usage dans l’Eglise d’Amiens. On a appelé cloche banale, la cloche du béfroi, ou la cloche de la Commune. On fait un bruit, un carillon de cloches dans les réjouissances publiques, & dans les Fêtes de l’Eglise.

Les Bollandistes, Febr. T. I, p. 423. T. III, p. 104 E. 105 B. & Ménage dérivent de mot de cloca, ou clocca, cloccum, qui se trouve en ce sens dans la vie de S. Anschaire, dans celle de S. Rambert & de S. Liobe, dans les Capitulaires de Charlemagne, & dans d’autres Auteurs du même siècle. Or clocca, ou cloca, vient de l’Allemand, cloche, ou plutôt gloccke, signifiant la même chose. Et ce qui prouve cette origine allemande, c’est qu’on trouve aussi glocca & glogga dans la basse Latinité. Fauchet croit que c’est un vieux mot françois, parce que l’aller & le revenir d’une cloche représente l’allure d’un boiteux, ce qu’on appeloit clocher. Il y a plus d’apparence qu’il vient de cloch, qui est un mot du langage armorique, ou bas-breton, qui signifie cloche. D’autres le dérivent de clangor, parce que c’étoit au son des cloches qu’on signifioit le jeûne, ou la pénitence ; d’autre du Grec καλεῖν (kalein), qui signifie vocare, d’où les Latins ont fait calata comitia ; d’autres du Grec κλαζεῖν (klazein), qui signifie sonner avec la bouche. Quelques-uns le dérivent de cochlea, à cause de sa figure. Du Cande enfin le dérive du Saxon clugga. Et quelques-uns dérivent tous ces mots du Latin glocire. Jérome Magius, dans les fers chez les Turcs, écrivit deux traités, l’un des Cloches, l’autre du Chevalet, sans autre secours que celui de sa mémoire. Vign. Marv.

On tient que les cloches ont été inventés à Nole, dont saint Paulina a été Evêque, ou que du moins c’est lui qui en a introduit l’usage dans le service divin : ce qui les a fait appeler Nolæ & Campanæ, parce que Nole est dans la Campagne de Rome. On peut néanmoins douter si les cloches n’ont point été appelées Campanæ & Nolæ, non, parce qu’elles ont été inventées à Nole, ou dans la Campagne de Rome ; mais parce qu’on a trouvé dans la Campagne d’Italie la manière de les suspendre & de les balancer comme l’on fait ; ou bien qu’on les a suspendues & balancées ainsi sur le modèle d’une balance inventée ou usitée dans la Campagne d’Italie ; car on trouve en Latin un contrepoids, ou balance appelée Campana statera ; & en Grec Καμπανιξεῖν (Kampanixein), pour ponderare, dans Nicétas Choniates. Quelques-uns font distinction, & appelent les grandes cloches, campanæ, & les petites ou sonnettes nolæ. Ce mot se dit proprement des grelots qu’on met au collier des chiens, aux piés des oiseaux, & au poitrail des chevaux & mulets. On a dit aussi, Nolæ refectorii ; & on a donné le même nom à ces cloches qu’on sonne pendant l’élévation de l’Hostie. Polydore Virgile en attribue l’invention au Pape Sabinien qui succéda à S. Grégoire, & qui le dernier se qualifia Evêque de Rome. Mais il se trompe ; car S. Jérome, contemporain de S. Paulin, a parlé d’une cloche. Dans la vie de S. Loup, qui vivoit au commencement du VIIe siècle, il est parlé d’une cloche qui étoit dans l’Eglise pour appeler le peuple. Le Pape Sabinien n’inventa pas les cloches, mais il ordonna que l’on distingueroit les heures canoniques par le son d’une cloche. Ovide, Tibulle, Martial, Stace, Manilius, & les Auteurs Grecs font mention de cloches ; tintinnabula, & d’airain bruyant, crepitantia, strepitantia æra. Il ne suit pas néanmoins de-là que ce fussent des cloches. Suétone, Dion, Strabon, Polybe, Josephe, & autres, en ont fait aussi mention sous les noms de petasus, tintinnabulum, æramentum, crotalum, signum, &c. En effet Polydore Virgile de Inv. Rer. L. VI, C. 12. ne dit pas, comme on l’a écrit dans la première édition de ce Livre, que le Pape Sabinien, Successeur de S. Grégoire, fût l’inventeur des cloches ; mais seulement que c’est lui qui introduisit l’usage d’appeler le peuple aux saints Offices au son des cloches. Hieronymus Magius, dans le Livre qu’il a fait exprès de tintinnabulis, en fait voir l’antiquité. Quelques Auteurs croient que nos cloches, sur tout les grosses, sont une invention nouvelle. Leur raison est que le nom en est moderne. Il ne paroît pas qu’on ait eu de grosses cloches beaucoup avant le sixième siècle. En 610, Loup Evêque d’Orléans étant à Sens, que l’armée de Clotaire assiégeoit, l’étonna si fort en faisant sonner les cloches de l’Eglise de S. Etienne, que toute l’armée prit la fuite. Peuve que ce n’étoit point une chose encore fort connue, ni fort usitée. Bede, L. VI C. 23. nous apprend que sur la fin du même siècle il y en avoit en Angleterre, & qu’on s’en servoit pour appeler à la prière. Les Religieux de l’Abbaye d’Aumale, se vantent d’avoir les plus anciennes cloches de toute la Normandie. Descript. Geogr. & Hist. de la Haute-Normandie, to. 1, p. 26, C. 3.

Les Grecs n’ont connu les cloches qu’au IXe siècle. C’est un Vénition qui leur en apprit la fabrique. Il n’est pas vrai que dans l’Eglise Orientale l’usage des cloches ait été tout-à-fait inconnu, & qu’on y ait toujours appelé le peuple au service avec des maillets de bois, comme on fait présentement. Léo Allatius dans sa Dissertation touchant les Temples des Grecs, pour le contraire par George Pachymere & par Michel Psellus, qui font mention des cloches qui étoient dans quelques Temples ou Eglises des Grecs. Il prétend qu’après la prise de Constantinople l’usage des cloches fut défendu par les Turcs, de peur que leur son ne fût contraire au repos des ames, qui sont selon eux errantes dans l’air. Il ajoute que l’usage des cloches est encore dans quelques endroits qui sont éloignés de tout commerce des Turcs, & qu’il y en a de très-anciennes au mont Athos. Le P. Jérôme Dandini suppose aussi, dans son voyage du mont Liban, qu’il y avoit de véritables cloches dans les Eglises des Grecs avant qu’ils fussent sous la domination des Turcs, qui en ont fait, dit-il, des pièces d’artillerie. M. Simon, dans ses remarques sur ce voyage, croit que les Turcs n’ont privé de l’usage des cloches les Chrétiens de leur obéissance, que par des raisons de politique, parce que le son des cloches peut servir de signal pour l’exécution des révoltes, & pour donner l’alarme par tout en peu de temps. Voyez Minaret. En 1548 la ville de Bourdeaux fut privée de ses cloches pour cause de rébellion. Elles lui furent rendues peu de temps après par Henri II.

Mathieu Paris dit qu’autrefois, pendant le deuil, l’usage des cloches étoit défendu ; d’où vient qu’on ne les sonne point le Vendredi saint : mais aujourd’hui on en fait une des principales cérémonies des enterremens. Les Egyptiens n’ont que des cloches de bois, à la réserve d’une seule de fonte qui a été apportée par les Francs dans le Monastère de S. Antoine. Ils en attribuent l’invention à Noé, qu’il disent avoir fait la première par le commandement de Dieu. L’on a expliqué les usages d’une cloche en deux vers techniques latins que voici,

Laudo Deum verum, plebem voco, congrego Clerum,
Defunctos ploro, pestem fugo, festa decoro.

C’étoit une ancienne coutume de sonner les cloches pour un moribond, afin d’avertir les Fidèles de prier pour lui ; comme l’a remarqué le Pere Mabillon, Acta SS. Bened. Sæc. III, P. I, Præf. N. 102. C’est de-là que le son que l’on sonne pour un mort, & qui s’appelle ailleurs un Clas, s’appelle à Reims l’Abbé mort, par corruption pour l’Abboi de la mort.

La coutume de sonner les cloches aux approches du tonnerre n’est pas nouvelle, mais ce n’étoit pas seulement pour ébranler l’air qu’on les sonnoit ; c’étoit pour assembler le peuple, qui alloit à l’Eglise prier Dieu de préserver la Paroisse des effets de ce terrible météore. Lobineau, T. I, p. 847.

Durand, dans son Rationale Divinor. Officiorum, L. I, C. 4, distingue six espèces de cloches. La première est celle qui sert dans les Communautés au Réfectoire, & s’appelle squilla. La seconde, qu’il nomme cymbalum, sert au cloître. La troisième, nola, dans le chœur. La quatrième, nolula, est celle de l’horloge ; la cinquième, qui se met dans le clocher, s’appelle campana ; & la sixième, qui est celle des tours, signum.

On fait une cérémonie pour le baptême ou la bénédiction des cloches. Cette cérémonie est très-ancienne, aussi bien que nom de baptême qu’on lui donne ; car on dit baptême d’une cloche, baptiser une cloche ; comme Yves de Chartres rapporte qu’on baptisoit autrefois les Eglises, au lieu de dire qu’on les bénissoit. Quelques Auteurs écrivent que cette coutume de baptiser les cloches fut introduire par le Pape Jean XIIIe en 972 ; mais il est manifeste qu’elle est plus ancienne, puisqu’un Capitulaire de Charlemagne de l’an 789, défend de baptiser les cloches, & qu’au rapport d’Alcuin, cet usage étoit établi long temps avant le VIIIe siècle. Cela doit donc d’entendre d’un reglement que fit Jean XIIIe, d’un ordre qu’il porta de baptiser ou de bénir les cloches qui doivent servir à l’Eglise, parce que cet usage, déja ancien, avoit été interrompu, ou négligé, &c. Le Roi Robert, faisant faire en 1029 la Dédicace de l’Eglise de S. Agnan d’Orleans, y donna entre autres présens cinq cloches, dont l’une, qu’il avoit fait baptiser, & à laquelle il avoit donné son nom, pesoit deux milles six cens. Ce qui montre qu’alors la bénédiction des cloches s’appeloit encore baptême, & que la défense du Capitulaire de Charlemagne n’eut point de lieu, ou dura peu. Le Moine Helgaud, qui rapporte ce qu’on vient de dire, marque qu’on y employoit l’huile & le chrême. Voyez Baptême & Baptiser. Par Arrêt du Parlement de Paris en 1603, l’on a jugé qu’un Fondeur de cloches peut les revendiquer, & les faire dépendre de l’Eglise, quoiqu’elles aient été bénites & consacrée, quand il n’a pas été payé de la valeur.

Cloche s’emploie proverbialement en ces phrases. Il est temps de fondre la cloche ; c’est-à-dire, de terminer une affaire, de prendre la dernière résolution. Etre étonné, être penaut comme un Fondeur de cloches ; c’est-à-dire, être confus & muet, voyant qu’une affaire qui pouvoit être bonne, nous a mal réussi par notre faute.

A ce discours, Godard mille dois plus surpris
Que ne l’est un fondeur de cloche,
Tire son écu de sa poche. Nouv. ch. de vers.

On dit aussi de ceux qui disent tantôt d’une façon, tantôt de l’autre, qu’ils sont comme les cloches, qu’on leur fait dire tout ce qu’on veut. On appelle Gentilshommes de la cloche, ceux qui ne sont nobles que pour avoir passé en de certaines charges de Mairie, ou d’Echevinage, qui se donnent au son de la cloche. On dit qu’on fait sonner la grosse cloche, quand on fait parler le maître, celui qui a l’autorité pour conclure. On dit aussi, qu’un homme n’est pas sujet à un coup de cloche ; pour dire, qu’il n’est pas sujet à se rendre à une certaine heure à son devoir, à dîner, souper, &c.

Clochesse dit, en guerre, du droit que le Grand Maître de l’Artillerie a sur les cloches des Eglises & sur tout le métal d’une place qui a été battue du canon. Les habitans achetent ce métal, & payent une certaine somme pour les cloches.

Cloche des alarmes. On appelle ainsi dans les villes de guerre & les Citadelles, une cloche qui sert à donner l’alarme, pour avertir contre les surprises de l’ennemi ; elle est placée communément dans la maison du Gouverneur.

Cloches se dit aussi de certains vaisseaux aux ustensiles qui ont la figure d’une cloche. Les Jardiniers mettent des cloches de verre sur les melons pour les garantir des injures de l’air. Testa vitrea. On fait cuire des fruits sous une cloche de fer qu’on fait rougir. Testa ærea.

Cloche de Plongeurs. On a trouvé l’invention de faire descendre des hommes au fond de la mer dans de grandes cloches de bois. On en voit les figures dans le Journal des Savans. C’est une machine dans laquelle un homme peut demeurer quelque temps sous l’eau. Les choses qui sont tombées au fond de la mer ou ailleurs au fond de l’eau, soit par naufrage ou autrement, peuvent être retirées par le moyen de cette machine. Elle doit être de bois, de plomb, de fer ou de cuivre, néanmoins la matière la plus pesante doit être la meilleure, pour résister à la force de l’eau, & pour plonger & descendre à fond avec plus de facilité, & y demeurer droite dans la même situation où elle y étoit descendue. Cette machine a la figure d’une cloche, ou d’une de ces tonnes qui servent de bouée, & qui seroit ouverte par dessus. Sa hauteur est à peu près comme celle d’un homme de moyenne taille. Par le bas, autour du bord, il y a un gros cercle de fer pour maintenir la cloche, car si ce gros cercle n’y étoit pas en dedans, la force de l’eau pourroit enfoncer les côtés de la machine, & les faire joindre l’un à l’autre. On peut demeurer dans une de ces machines sous l’eau une demi-heure : & quelquefois un peu plus, ou un peu moins. Celles qui sont de bois, doivent être reforcées de cercles de fer, & chargées de plaques ou de pièces de quelque métal.

Cloche, en termes de Jardinier Fleuriste, c’est le haut de la fleur, lequel forme une espèce de calice. On l’appelle vase en calice ; mais on dit des Jacintes, & de l’Oreille-d’ours, la cloche de ces Jacintes est belle. Morin.

Cloche, terme de Botanique. Campana. Fleur en cloche ; flos campaniformis. On se sert du mot de cloche pour exprimer la figure de plusieurs fleurs monopétales & de quelques fruits. Ce fruit est en cloche : cette fleur est campaniforme. Campanella, ou campernula, petite cloche, ou qui approche de la figure d’une cloche. La forme de ces fleurs varie suivant que le fonds, les parois, ou la bouche sont plus ou moins renflés ou ouverts.

Cloche se dit aussi en Médecine, des ampoules ou vessies pleines de sérosités qui viennent aux piés & aux mains par trop de travail ou de marche, ou aux autres parties quand elles ont souffert du feu. Pustula. Il vient des cloches aux mains & aux piés à ceux qui ne sont pas accoutumés à fendre du bois, ou à marcher. La brulure cause aussitôt de grosses cloches.

Cloche. s. f. Ancien habillement des femmes Parisiennes. Cappe, Capot. Amiculum rotundum. Aimoin, et son continuateur, qui a écrit la vie de Louis le débonnaire, fils de Charlemagne, dit qu’il prit envie à Charlemagne, lorsqu’il faisoit la guerre aux Saxons, d’envoyer chercher son fils Louis qui étoit Roi d’Aquitaine, lequel alla trouver son pere, étant vêtu à la mode des Gascons, amiculo rotundo ; mais que l’Auteur de la chronique de S. Denys a tourné d’une cloche ronde, étant certain que dans Paris encore aujourd’hui on appelle une cloche, les chappes que les Parisiennes portent, qui couvrent la tête, & ne passent point la ceinture. Catel, Hist. de Lang, T. I, p. 7. Il imprimoit en 1633. Ailleurs cet habillement s’appelle capot. Il n’est plus d’usage à Paris ni en beaucoup d’autres endroits.

On appeloit aussi autrefois cloche, une espèce d’habillement qu’on portoit à cheval, qui étoit étroit par en haut, mais large & arrondi par en bas en forme d’une cloche. Cappa. Du Cange.

☞ Les Grand Croix, dans l’Ordre de Malte, quand ils vont à l’Eglise en cérémonie, portent une espèce de robe noire ouverte par devant, avec de grandes manches qu’ils appellent cloches.

Cloche, en papeterie, sorte de papier. Le papier denommé à la cloche aura 14 pouces 6 lignes de largeur, sur 10 pouces 9 lignes de hauteur, & la rame pésera 9 livres. Arr. du Cons. du 27 Janvier 1739. Papier dénommé grande Licorne à la cloche. Ibid. Le papier dénommé double cloche aura 21 pouces 6 lignes, sur 14 pouces de hauteur, & la rame pésera 18 livres. Ibid.