Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COMPATIR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 743).

COMPATIR, v. n. se dit des choses & des personnes qui conviennent l’une avec l’autre & peuvent se trouver ensemble. Posse simul consistere ; non repugnare inter se. Ces deux caractères ne peuvent compatir ensemble. La grandeur de l’ame ne peut compatir avec les ordures & l’avarice. S. Evr. L’ambition & le repos ne peuvent compatir ensemble. Mont. La triste indigence ne compatit point avec l’enjouement & avec les plaisirs. Font. Personne ne peut compatir avec lui, & il ne sauroit compatir avec personne. L’esprit de Dieu ne sauroit compatir avec celui du monde ; il est presque toujours employé avec la négative.

Compatir signifie en Morale, être sensible à la douleur, à l’affliction d’autrui, avoir pitié de lui. Alicujus dolore commoveri, alicujus misericordiâ capi. Un cœur vraiment chrétien doit compatir aux maux de son prochain, & les soulager de tout son possible. L’air contraint & forcé nous incommode, & nous tourmente, parce que naturellement nous compatissons au mal que nous voyons souffrir. Ch. de Mer.

Compatir signifie aussi, ☞ souffrir les fautes, les foiblesses de son prochain avec indulgence, au lieu de s’en fâcher. Indulgere, ignoscere. Il faut compatir aux foiblesses de la nature humaine, souffrir ses défauts.

Je ne compatis point à qui dit des sornettes,
Et dans l’occasion, mollit, comme vous faites. Mol.