Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONCORDE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 774).
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☞ CONCORDE. s. f. Bonne intelligence, union de cœurs & de volontés. Ils vivent dans une grande, dans une parfaite concorde. Concordia ; voluntatum, studiorumque summa consensio.

☞ Dans un sens plus étendu, il est synonyme à concordance, rapport, convenance. M. Huet, Evêque d’Avranche, a fait un Traité de la Concorde entre la raison & la foi. Il y a un Livre fameux parmi les Luthériens, intitulé, le Livre de la Concorde. C’est, un recueil publié en 1579 de différentes professions de foi que les Luthériens ont publiées pour se réunir ensemble, mais inutilement.

Quelques-uns ont cru que ce mot venoit de corde. C’est une ignorance grossière. Il vient de cum avec, & cor, cœur, d’où s’est fait Concors, concordis, qui n’a qu’un même cœur avec un autre ; & de-là concordia, concorde, la disposition des gens qui n’ont qu’un même cœur, qui ont les mêmes sentimens.

Concorde Évangélique. On a donné le nom de Concorde Evangelique à l’Histoire de l’Evangile, composée du texte des quatre Evangélistes, où l’on marque le nombre de ces saints Historiens qui rapportent les mêmes choses, selon l’ordre qu’elles étoient arrivées, en transposant ce qui n’étoit pas à sa place. L’Hérétique Tatien est celui qui a fait le premier une Concorde sous le titre de Diatessaron. Théophile d’Antioche & Ammonius en firent aussi dans leur temps. Eusèbe de Césarée, S. Jérôme & S. Augustin ont fait des ouvrages où l’on voit l’accord des quatre Évangélistes. Depuis on a vu Gerion, Puyherbaut, Jansénius de Gand, Dubuisson & M. Arnauld, qui ont travaillé à ces sortes de Concordes. Après cela on a vu paroître celles de M. Le Roux, du P. Lamy, & de M. Le Clerc. M. Toinard avoit fait une Concorde Evangélique, qu’il n’a pu faire imprimer de son vivant ; mais après sa mort, ses amis l’ont fait imprimer chez Cramoisy. C’est le texte grec des quatre Evangélistes, qui passe pour très-exact, & pour un chef-d’œuvre d’impression. Ceux qui sont curieux de connoître tous les Auteurs qui ont fait des Concordes Evangéliques, les trouveront dans le III Tom. de la Bibliothèque grecque de M. Fabricius, dans la Bibliothèque Sacrée du P. Le Long, & dans la Bibliothèque Sacrée que le P. Calmera mise à la tête de son Dictionnaire de la Bible.

Concorde, en Mythologie. Elle étoit honorée à Rome comme une Divinité. Concordia. On lui bâtit plusieurs Temples, dont le plus considérable fut celui du Capitole, où les Sénateurs s’assembloient pour délibérer des affaires de la République. On trouve à la descente du Capitole des débris de ce Temple consacré par Camille. Les Prêtres ne permettoient point que le Sénat s’assemblât en aucun Temple, sans avoir été consacré, c’est-à-dire, fait ou bâti en conséquence de quelque vœu ou augure. Cette espèce de Temple se nommoit Curia. Dict. de Peint. & d’Architect. Plutarque dit qu’on lui fit bâtir une Chapelle d’airain de l’argent provenu d’une taxe sur les Publicains. On invoquoit la Concorde pour l’union dans les familles entre les époux, entre les Citoyens : mais son pouvoir étoit renfermé dans la ville & dans les maisons ; ce qui distingue la Concorde de la Paix, dont la Divinité s’étendoit sur tout l’Empire. On représente la Concorde sous la forme d’une jeune fille couronnée de guirlandes, tenant deux cornes d’abondances entrelacées, ou bien on lui met à la main un faisceau de verges. Mais le symbole le plus ordinaire de la Concorde sont deux mains jointes qui tiennent quelquefois un caducée.

Concorde. (Pays de la) Nom qu’on donné à une contrée des Terres Australes, dans la Nouvelle Hollande, sous le Tropique du Capricorne.