Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONFESSION

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 789-790).

☞ CONFESSION. s. f. Confessio. Déclaration que l’on fait de quelque chose. Déclaration que l’on fait de la vérité. La Confession tient un peu de l’accusation. On confesse ce qu’on a eu tort de faire. La repentance le fait confesser. Une Confession qui n’est pas accompagnée de repentir, n’est qu’une indiscrétion insultante. M. l’Abbé Girard. Syn. Voyez Aveu.

☞ On dit, en termes de Droit, diviser la Confession ; pour dire, prendre une partie de ce qu’un homme confesse & rejeter l’autre. Ac. Fr. C’est une maxime qu’en matière civile on ne doit pas diviser la Confession, il la faut prendre toute entiere.

Confession est aussi une déclaration qu’on fait à un Prêtre de tous ses péchés, pour en recevoir l’absolution. Peccatorum Sacerdoti facta confessio : conscientiæ per sacram confessionem perpurgatio. La Confession des péchés est une des parties du Sacrement de Pénitence. Tout le séjour de Saint Paul à Ephèse, fut d’environ trois ans : Plusieurs des Fidèles venoient confesser leurs péchés : exemple remarquable de Confession après le Baptême. Fleuri. La Confession des seuls péchés publics & très-griefs se faisoit autrefois publiquement ; maintenant elle est auriculaire. Il faut que toutes les grandeurs s’humilient devant le tribunal de la Confession. Les Confessions doivent être ensevelies dans un éternel silence, sous peine du dernier supplice contre qui sera convaincu de les avoir révélées. Ne cherche-t’on pas quelquefois dans ces Confessions froides & historiques, le soulagement de la conscience, plûtot que l’amendement de la vie. Fléch. Dans vos Confessions précipitées vous n’examinez que la surface de l’ame. Id. Le sceau de la Confession doit être inviolable. L’Abbé Boileau a fait en latin l’histoire de la Confession auriculaire. Les Théologiens Catholiques & les Controversistes, comme Bellarmin, Valentia, &c. ont démontré la nécessité & l’usage de la Confession auriculaire & détaillée des péchés, depuis les premiers siècles. Le Pere Mabillon réfute Daillé sur cela, Acta SS. Bened. Sæc. III, P. I, p. lx, &c. où l’on trouvera beaucoup de choses utiles sur cette matière. S. Eloi étant venu en âge mûr, & voulant mettre sa conscience en repos, confessa devant un Prêtre tout ce qu’il avoit fait depuis sa jeunesse. C’est le premier exemple que je sache de Confession générale. Fleury. Hildebold, Evêque de Soissons, se trouvant dangereusement malade envoya sa Confession par écrit à Hincmar son Métropolitain, lui demandant des lettres d’absolution ; Hincmar les lui envoya, mais en l’avertissant, qu’outre cette Confession générale, il devoit, comme il ne doutoit point qu’il n’eût déjà fait, se confesser en détail à Dieu & à un Prêtre, de tous les péchés qu’il avoit commis depuis le commencement de sa vie. Par où l’on voit qu’outre la Confession générale, c’est-à-dire, faite en général, & sans spécifier aucun péché, telle qu’étoit celle d’Hildebold, il est nécessaire d’en faire une particulière, détaillée, & de tous ses péchés, à un Prêtre. Hincmar appelle aussi Confession générale, une Confession faite en général, & sans spécifier aucun péché, telle qu’est celle que l’on fait à la Messe & dans l’Office Divin, en récitant le confiteor. Plusieurs Théologiens ont traité du secret de la Confession. Lanfranc, Archevêque de Cantorbery, de celanda Confessione. Dominique Soto, dans un Traité du secret. Malderus, de Sigillo Confessionis sacramentalis, en 1626 à Anvers. Lochon en 1708 en François, Langlet en 1715. Traité Historique & dogmatique du secret inviolable de la Confession.

C’étoit une ancienne coutume en quelques endroits de la France, & en particulier à Paris, de ne point donner de Confesseur à ceux qu’on conduisoit au supplice ; de même qu’aujourd’hui encore on ne leur accorde point la Communion. Le Concile de Vienne condamna cet usage ; & le Pape Grégoire XI écrivit à Charles V pour le faire abolir ; mais inutilement. Le Seigneur de Craon sollicita la chose si fortement, qu’il l’obtint de Charles VI, & l’on en publia l’ordonnance : mais de plus il fit élever auprès du gibet de Paris un crucifix de pierre avec ses armes, & c’étoit au pié de cette Croix que long tems depuis les criminels avoient coutume de se confesser avant de subir la mort. Il donna un fonds aux Cordeliers de Paris en les chargeant à perpétuité de cette œuvre de miséricorde. Cet usage avoit cependant encore subsisté en quelques endroits, & l’on en trouve des exemples jusqu’à la fin du XVIe siècle.

Les Indiens ont aussi chez eux une espéce de Confession & de Pénitence publique. Voyez Tavernier. Les Juifs ont aussi une espèce de Confession dont ils ont dressé des formules pour ceux qui ne sont pas capables de faire le détail de leurs péchés. Ils en ont d’ordinaire un composé selon l’ordre de l’alphabet : chaque lettre renferme un Péché capital, qui se commet le plus fréquemment. Ils font cette Confession ordinairement le lundi & le jeudi, & tous les jours de jeûne. Ils la répètent plusieurs fois, en particulier au jeûne des pardons ; de plus, lorsqu’ils sont malades, ou en péril évident : quelques-uns la disent tous les soirs avant de se coucher, & tous les matins quand ils se lèvent. Lorsque quelqu’un d’eux se voit près de la mort, il mande dix personnes, plus ou moins, selon sa volonté, dont il faut qu’il y en ait un qui soit Rabin ; & en leur présence ils récitent la Confession dont on vient de parler. Voyez Léon de Modene, Part. 5. des cérém. des Juifs, Chap. 5 & 6. Ceux que Saint Jean baptisoit confessoient leurs péchés, comme il est marqué expressément au chap. 3 de S. Matth. v. 6, & au chap. 1. de S. Marc, v. 5.

Comme la Confession est une partie de la Pénitence, le nom Confession s’est dit autrefois pour Pénitence ; & parce que l’habit & la profession monastique sont un état de pénitence, on a pris aussi Confession dans ce sens ; & un Auteur de l’Histoire Ecclésiastique l’y a pris de même depuis peu en notre langue, mais en l’expliquant : car ce mot n’a point ce sens aujourd’hui en France. Ramit II à la fin de sa vie, par les instantes prières des Evêques & des Abbés, reçut la Confession, c’est-à-dire, l’habit monastique, & mourut après avoir régné dix-huit ans. Fleury. Voyez Du. Gange au mot Confession.

Confession, terme de liturgie & d’Histoire Ecclésiastique. Confession étoit un lieu dans les Eglises lequel étoit ordinairement sous le grand autel, & où reposoient les corps des Saints Martyrs. C’est la notion qu’en donne le Cérémonial des Evêques, L. I, c. 12. Confessio. Théodoret l’appelle κατάβασις, descente, parce qu’on y descendoit par quelques degrés. Telle est à Sainte Genevieve à Paris la Chapelle qui se voit sous le grand autel, & à laquelle on descend par quelques degrés. S. Etienne de Bourges, Notre-Dame de-Chartres, & plusieurs autres Cathédrales, ont encore de ces Chapelles souterraines, que l’on nommoit autrefois Confession. On appelle encore la confession des SS. Apôtres, le lieu où reposent à Rome les corps de S. Pierre & de S. Paul. Godeau dit Confessionnal au lieu de Confession. Le Pape Anastase dit le Confessionnal de S. Laurent Martyr, d’argent massif, pesant 80 ou 100 livres. Godeau. Ce n’est point l’usage. M. Châtelain dit que la Confession est un lieu enrichi devant ou derrière l’autel, d’où l’on voit au dessous la place où est la sépulture d’un Saint ou d’une Sainte.

On prend encore Confession, dans les Auteurs Ecclésiastiques, pour ornement de ce lieu ou reposoient les reliques des Saints ; pour un oratoire ; pour le siége où un Confesseur entend les Confessions, que nous nommons Confessionnal, & pour la pénitence qu’il impose. Voyez Baronius sur le Martyrologe au 6e de Juillet ; du Cange, les Macri, Hoffman. Acta. SS. Januar. T. II, p. 276. Febr. T. II, p. 330.

CONFESSION, en termes de Liturgie, signifie aussi la prière du confiteor que le Prêtre dit debout & courbé au pié de l’Autel, au commencement de la Messe, ou dans l’Office, & que celui qui sert la messe, ou ceux qui récitent l’Office, répètent ensuite au nom du peuple qui y assiste. On appelle encore Confession la récitation de cette prière. Voyez le Card. Bona. Rerum Lit. L. II. C. 2. n. 5. Item le lieu où le Prêtre réciroit cette prière avant de commencer la Messe. Consultez Du Cantre, les Macri, Hoffman, &c.

CONFESSION de foi, est une liste, ou dénombrement & déclaration des articles de la Foi de l’Eglise. C’est aussi la déclaration faite de bouche, ou par écrit, de la Foi qu’on professe. Fidei professio, confessio. Tous ceux qui demandent des Provisions pour les Prélatures, sont obligés de faire une Confession de foi, de jurer leur confession de Foi. Au Concile de Rimini, les Evêques Catholiques blâmoient les dates dans une Confession de foi, & marquoient que l’Eglise ne les datoit point. Voyez Date. Les Hérétiques en ont aussi fait dans chacune de leurs Eglises. La Confession d’Ausbourg, est celle des Luthériens, présentée à Charles-Quint en 1530. La Confession Belgique, &c. S. Jérôme appelle aussi Confession, toutes les louanges qu’on donne au Seigneur, & les actions de grâces qu’on lui rend.