Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONSÉQUENCE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 827-828).

☞ CONSÉQUENCE. s. f. conclusion, signifie en général une dépendance d’idées, dont l’une est la suite de l’autre. Consecutio, consequentia. La plûpart des gens sont plus portés à aquiescer à des preuves de sentiment, qu’à suivre le fil d’un infinité de conséquences enchaînées avec méthode. Bayl. Un dogme si abstrait ne peut être compris que par un esprit accoutumé à suivre un raisonnement de conséquence en conséquence. S. Evr.

Conséquence se dit en Philosophie dans une signification plus étroite, pour marquer la liaison d’une proposition avec les prémisses dont on l’a tirée : d’où il est évident qu’il n’est pas nécessaire que les prémisses soient vraies, pour que la conséquence soit bonne, parce qu’elle peut être très-bien tirée de propositions fausses. Or, la conséquence n’est que la liaison de la proposition déduite avec celles dont elle est déduite. Ainsi il y a liaison, ou il n’y en a point, c’est-à-dire, que la conséquence est bien ou mal déduite ; & dans ce cas on l’accorde, ou on la nie, mais on ne la distingue point. Il est évident encore que la conséquence est bonne ou mauvaise, mais qu’on ne peut pas dire qu’elle est vraie ou fausse Voyez Conséquent, Conclusion, Syllogisme.

Conséquence se dit encore de la suite des choses, des suites qu’une action ou une chose peut avoir. C’est par la raison que l’homme voir les conséquences. Per rationem homo consequentia cernit. Cicéron entend qu’à l’aide de la raison l’homme découvre la suite des choses. Cette chose peut avoir d’étranges conséquences. Ex eâ re consequi, nasci possunt. Exemple d’une dangereuse conséquence. On dit dans ce sens qu’une chose tireroit à conséquence, pour dire, qu’il seroit à craindre que d’autres ne s’en prévalussent.

Conséquence se dit aussi dans le sens de considération. Gravis, magni momenti, ponderis. Ainsi l’on dit un homme de conséquence, de peu de conséquence. Un emploi, une place de conséquence. Une affaire de nulle conséquence. Une terre de conséquence.

Conséquence, (Sans) façon de parler adverbiale, dont on se sert en divers sens. On le dit quelquefois pour marquer qu’il ne faut pas prendre à la rigueur ce que dit ou fait quelqu’un accoutumé à dire ou à faire ce qui lui plaît, sans aucun inconvénient ; qu’il ne faut pas se formaliser des libertés qu’il prend. Tout ce qu’il vous dit est sans conséquence, vous ne devez pas vous en fâcher.

☞ En matières de galanterie, quand on dit qu’un homme est sans conséquence : on entend que son âge & sa réputation le mettent à couvert de tout soupçon.

☞ Dans le discours ordinaire, un homme sans conséquence, est celui qui mérite si peu de considération, qu’on ne doit pas prendre garde à ses discours.

☞ On le dit aussi en parlant de certains privilèges qui sont tellement attachés à certaines personnes, que les autres ne peuvent pas se prévaloir de ce qu’on fait pour elles. Les honneurs qu’on lui a rendus dans telle occasion, sont sans conséquence pour d’autres.

☞ On dit qu’une grace est sans conséquence ; pour dire, qu’elle ne doit pas être prise pour exemple. Exemplum ex aliquâ re sumere, capere.

Conséquence, (En) Autre façon de parler adverbiale, qui signifie par une suite nécessaire, naturelle. Comme la matière n’agit qu’en conséquence des loix que Dieu a établies, il en connoît tous les effets.

☞ On dit aussi, j’ai reçu votre lettre, & j’agirai en conséquence, ou avec un régime, en conséquence de ce que vous me mandez, en conséquence de vos ordres ; pour dire, conformément.