Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONTENT

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
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CONTENT, ENTE. adj. ☞ contentus, est souvent regardé comme synonime à satisfait, & donné comme tel dans nos Dictionnaires. Ils ne se ressemblent pourtant que par une idée générale, en tant qu’ils désignent le plaisir de jouir de quelque chose. On est satisfait, dit M. L’Abbé Girard, quand on a obtenu ce qu’on souhaitoit. On est content, lorsqu’on ne souhaite plus. Satisfait se dit ordinairement des passions : il arrive souvent qu’après s’être satisfait, on n’en est pas plus content. La possession nous rend toujours satisfaits, mais il n’y a que le goût de ce que nous possédons qui puisse nous rendre contens.

☞ L’homme content est proprement celui qui jouit tranquillement de ce qu'il possède. Il n’est pas nécessaire d’avoir désiré pour être content, on est content de ce qu’on a, on est content de peu. Voyez Contentement.

Qui vit content de rien, possède toute chose. Boil. Il n’est pas même au pouvoir des Dieux de rendre l’homme content. M. Scud. Il faut de l’adresse & de l’invention pour être content ; il y a plus de mystère qu'on ne pense. Ch. de Mer.

Qu’heureux est le mortel qui du monde ignoré,
Vit content de soi-même en un coin retiré !

Boil.

Ce mot vient du latin continens, de contineo. Celui qui est content, se contient en quelque manière, parce qu’il ne souhaite plus rien.

Content se dit par extension de l’air, du visage ; avoir le visage content, faire paroître sur son visage le contentement qui est dans le cœur, ce sentiment qui rend l’ame tranquille.

Content se dit aussi de celui qui approuve quelque chose. Si vous voulez acheter ma rente, j’en suis content. Cet ouvrier n’est pas content du payement qu’on lui a fait. Ce Courtisan n’est pas content de l’accueil qu’on lui a fait à son arrivée. Personne n’est content de ceux qui ne sont contens de personne. La Bruy. Ce Prélat refusoit si obligeamment, qu’on étoit du moins content de la politesse de ses manières, si on ne l’étoit pas de ses raisons. P. Gail. C’est de François de Harlay, Archevêque de Paris, que cela a été dit avec justice. Je suis content de tout souffrir pour la cause de Dieu.
Arn
. Les gens qui paroissent si contens d’eux, ne contentent guère les autres. Bell.

Contente de périr, s’il faut que je périsse,
J’irai pour mon pays m’offrir en sacrifice.

Racine.

On dit en ce en à celui qu’on ne tient pas compte de satisfaire, si vous n’êtes pas content, prenez des cartes. On dit aussi d’un homme qui a bonne opinion de lui, qu’il est bien content de lui-même, qu’il est content de sa petite personne.