Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONTINU

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 857).

☞ CONTINU, UE, adj. se dit en général de tout ce qui a des parties rangées les unes auprès des autres, qui ne laissent aucun intervalle entre elles ; entre lesquelles on ne peut rien placer, qui ne sont point actuellement divisées, mais liées ensemble, & seulement divisibles, en quoi le continu diffère du contigu dont les parties se touchent à la vérité, mais sont actuellement séparées les unes des autres. Continuus.

☞ Ainsi, continu se dit du temps & des actions qui se font tout de suite, entre lesquelles il n’y a point d’intervalle, & des choses qui sont liées & unes, ou que l’on regarde comme liées & unies.

☞ Il peut y avoir de l’interruption dans ce qui est continuel ; mais ce qui est continu n’en souffre point ; de sorte que le premier de ces mots marque proprement la longueur de la durée, quoique par intervalles & à diverses reprises ; & le second marque simplement l’unité de la durée indépendamment de la longueur ou de la briéveté du temps que la chose dure. Perpetuus. Ainsi l’on dit un jeu continuel, des pluies continuelles, une fièvre continue, une basse continue, lorsqu’elle ne cesse point. Le cours des astres est un mouvement réglé & continu. Un travail continu fatigue & épuise l’esprit. Depuis que le Poëte commence à raconter son sujet, & qu’il met ses personnages sur la scène, il doit rendre son action tellement continue jusqu’à la fin, qu’on ne voie jamais ses personnages oisifs & en repos. P. le Boss.

☞ On divise la quantité en discrète & en continue.

☞ La quantité continue est l’étendue des lignes, des surfaces, des solides. C’est l’objet de la Géométrie.

☞ La quantité discrète, c’est les nombres qui sont le sujet de l’arithmétique.

Continu se dit aussi substantivement. On dit en Philosophie que le continu est divisible à l’infini. Voyez Divisibilité.

Une proportion continue, en Mathématique, est une proportion qui ne contient que trois termes, comme 2, 4, 8 ; ☞ c’est-à-dire, dans laquelle le conséquent de la première raison est l’antécédent de la seconde, comme 2, 4 :: 4, 8.

En termes de musique, on appelle basse continue ; la basse qui joue toujours, soit pendant les récits, soit pour soûtenir les chœurs.

En terme de médecine, on appelle fièvre continue, celle qui agite toujours le malade, & dont on ne connoît les accès que par les redoublemens.

Continu, en termes de Palais, se dit d’une prolongation que l’on fait à une compromission dont le temps est expiré. La compromission étoit finie ; mais nous avons fait un continu.