Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CORRECTEUR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
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CORRECTEUR, s. m. qui corrige. Corrector, emendator. Les Magistrats de Police sont établis pour être les correcteurs & réformateurs des abus de la Police, des mœurs dépravées des habitans.

Correcteur, nom de charge & de dignité chez les Romains. C’étoit un Magistrat que les Empereurs envoyoient dans les Provinces, & dont parle Treb. Pollion, dans la vie de Testrique pere, c. 23. Vopiscus, dans celle d’Aurélien, c. 39, Europe, L. IX, c. 9. Voyez encore Saumaise sur Solin, p. 806. M. de Tillemont remarque, Hist. des Emp. T. V, p. 363, qu’ils étoient Juges ordinaires avec les Consulaires & les Présidens. L. Celius Rufus avoit été correcteur de la Toscane & de l’Ombrie. De Tillem.

Correcteurs des Comptes, sont des Officiers de la Chambre des Comptes qui marchent entre les maîtres & les auditeurs, & qui sont rétablis pour réformer les erreurs qui se sont glissées dans les comptes, lors de leur premier examen. Regiarum rationum cognitores. La correction des comptes se faisoient ordinairement par des clercs, avant que les correcteurs fussent érigés en titre d’office. Charles VI, par son édit de l’an 1410, créa deux correcteurs, pour la révision & correction des comptes. On en a depuis fort augmenté le nombre. Voyez le Guidon des financiers, & les Annotations du correcteur Gelée. L’emploi de correcteur des comptes n’étoit d’abord qu’une commission. Ensuite il a été érigé en titre d’office.

Correcteur d’Imprimerie est celui qui relit & qui corrige les épreuves des livres qu’on imprime. Corrector, emendator. L’avantage d’un livre est de passer par les mains d’un bon correcteur.

Correcteur, en termes de collège, est celui qui châtie & qui fouette les écoliers par l’ordre du Régent ou du Préfet.

Correcteur est aussi dans plusieurs couvens, le supérieur qui régit, & qui gouverne le couvent, & qui est maître de la discipline des religieux : tel est le correcteur des Minimes, auquel néanmoins, depuis quelque temps les Minimes eux-mêmes commencent à donner le nom de supérieur. Dans l’ordre de Grandmont, on donnoit aussi au treizième siècle, le nom de correcteur au supérieur de la maison,

S. Etienne de Grandmont recevoit les disciples qui venoient à lui, à condition qu’ils ne lui donneroient jamais le nom de maître ni d’Abbé ; mais seulement l’humble titre de correcteur. P. Hélyot, T. VII, p. 411.

A l’exemple de ce saint, les supérieurs du même ordre ont aussi porté le nom de correcteur. Le correcteur du monastère de Vincennes près Paris, étoit le premier visiteur de l’abbaye de Grandmont, chef d’ordre, & confirmoit aussi l’élection de l’Abbé avec les Prieurs de Bois Rayer, du Puits Chévrier, & de Deffends, P. Hélyot, Ib. p. 414. Guillaume Treynac, VIe Prieur de Grandmont, réduisit si bien les convers qui exerçoient l’office de correcteurs aussi bien que les clercs, qu’il leur donna l’exclusion pour toutes les supériorités des maisons de l’ordre. Id. p. 416.