Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CURÉ

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 64-65).
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CURÉ. s. m. Prêtre pourvu d’un Cure, qui a la charge & la conduite des âmes d’une Paroisse. Parochus, Parochiæ pastor, rector. Pour être Curé il faut avoir 25 ans commencés. Les Curés n’ont que la Jurisdiction pénitentielle, & pour le for extérieur ils peuvent seulement user de monitions & de censures Ecclésiastiques, mais ils n’ont point la puissance d’excommunier, ni d’exercer la Jurisdiction contentieuse. Leur office n’est qu’une émanation du pouvoir de l’Evêque, qui ne peut pourtant réunir à son ministère les fonctions attribuées aux Curés. Du Bois. Les Curés ont la conduite du peuple de Dieu sous les Evêques : ce sont les vrais Pasteurs, à qui l’Evangile ordonne de donner leur vie pour le salut de leur troupeau. Le Mait. Les Constitutions Canoniques qualifient les Curés de ces divers noms, Capellanus, Rector & Parochus, qui marquent leurs fonctions, & leur autorité dans l’Eglise. Anciennement les Curés des Paroisses de la ville composoient le Conseil de l’Evêque, & le Clergé de sa Cathédrale. Théodulphe, Evêque d’Orléans, donne d’excellens avis aux Curés dans son capitulaire.

Ce mot vient de Curatus, que les Auteurs de la basse Latinité ont dit pour Curator. Ménage.

Curé Primitif, est celui qui s’est réservé les gros fruits d’une Cure, les droits honorifiques, & quelques marques de prééminence, tandis qu’il la fait desservir par un Vicaire perpétuel, auquel il donne une portion congrue pour subsister. Parochus primigenius. Le Concile de Mérida, tenu en 666. permet dans son can. 12. à l’Evêque de prendre dans les Paroisses les Prêtres & les Diacres qui le pourront soulager, & de les mettre dans son Eglise Cathédrale, sans néanmoins qu’ils doivent cesser d’avoir inspection sur les Eglises dont ils seront tirés, & d’en recevoir le revenu. Ils y établiront seulement des Prêtres choisis par l’Evêque pour y servir à leur place, & ils leur donneront des Pensions. Quelques-uns croient que c’est là l’origine des Curés Primitifs. Il y a beaucoup d’Abbés, de Chapitres, de Communautés, qui sont Curés Primitifs. Un Curé Primitif, est celui qui a droit de jouir des fruits d’un Bénéfice uni, lequel avoit charge d’ames selon sa première & primitive institution, mais ayant été converti en Bénéfice simple, le soin des âmes a été transféré à un Vicaire perpétuel. Le Mait. Le nom de Curé Primitif a été inconnu aux Anciens, il ne se trouve point dans le Droit Canonique. Id. La qualité de Curé Primitif, est odieuse ; elle sépare le Bénéfice d’avec l’Office ; elle dépouille le Curé de la récompense légitime due à son travail, & à ses soins ; & ne lui laisse qu’un revenu médiocre, avec le titre de Vicaire perpétuel. Id.

Curé signifie en Bretagne ce que nous appelons Vicaire, & ce que le reste du Royaume appelle Curé, les Bretons l’appellent Recteur.

Curé, se dit proverbialement en ces phrases, il faut faire Carême-prenant avec sa femme, & Pâque avec son Curé. On dit aussi, vous allez trop vite à l’offrande, vous ferez cheoir Monsieur le Curé, à ceux qui s’empressent trop de faire quelque chose, & surtout de manger à table. On dit aussi, il a affaire au Curé & aux Paroissiens, pour dire, à plusieurs parties ensemble. On dit aussi.

Qui croit sa femme & son Curé,
Est en hasard d’être damné,

On dit que c’est gros Jean qui remontre à son Curé, pour dire, que c’est un ignorant qui veut instruire un homme qui en sait plus que lui.