Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉRANGER

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 248).
DÉRAPER  ►

DÉRANGER. v. a. Mettre en désordre des choses rangées & mises par ordre. Oter une chose de son rang. Turbare, perturbare. Un savant se fâche, quand on dérange ses livres ; une femme bien coëffée, quand on dérange ses cheveux.

Déranger, se dit figurément des desseins, des projets, des affaires. Cet incident imprévu a dérangé tout mon plan de vie. S. Evr. Le Maréchal de Créqui étoit fort en colère contre cette mort barbare, qui sans considérer ses affaires, est venue déranger ses projets. Rien ne dérangeoit dans son esprit ce que le mérite y avoit une fois placé. Fléch.

L’intérêt ni la vaine gloire
Ne dérangeoient point leur repos ;
Ils aimoient plus dans leurs Héros,
Une vertu qu’une victoire. Nouv. ch. de Vers.

☞ On dit d’un homme dont la conduite n’est pas aussi réglée qu’elle l’étoit auparavant, qu’il se dérange. A peine verrez-vous jamais une fille régulière être mal avec sa supérieure ; & à peine voit-on jamais une supérieure être bien avec une fille qui se dérange, & qui ne vit pas selon la règle. Bourd. Exhort. T. I. p. 231.

On dit, en termes de Marine, Déranger la bonnette ; pour dire, la déboutonner du corps de la voile. Dissolvere.

Dérangé, ée. part. Homme dérangé dans sa conduire, dans ses affaires, ou absolument, dérangé qui est irrégulier dans sa conduite, qui met peu d’ordre dans ses affaires : dérangé dans sa maison, si les meubles ne sont pas arrangés avec soin. Acad. Franc.