Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉRATER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 249).
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DÉRATER. v. a. Oter la rate, la tirer du corps d’un animal. Lienem, ou splenem extrahere. Ce mot fut mis en usage par une secte de Chirurgiens, qui s’éleva il y a environ un siècle. Ils prétendoient que l’homme tireroit de grands avantages, s’il se faisoit ôter la rate, ce qu’ils appeloient dérater. Les chiens auxquels ils avoient fait cette cruelle & bizarre opération ne moururent pas sur le champ, mais peu de temps après ; ce qui fut cause qu’aucun homme ne voulut se faire dérater, pour jouir des prétendus avantages que vantoient les auteurs de cette opération. Le mot de dérater n’a pas plus fait fortune que l’opération qui l’avoit fait inventer ; & comme on ne dérate point les animaux, ni les hommes, on ne dit point dérater, on ne le dit que fort rarement parce qu’il y a peu d’occasions de s’en servir. Voyez Dionis, Opérations, &c.

Dératé, ée. part. & adj. A qui on a ôté la rate. On dit figurément un homme deraté, un homme éveillé, alerte, fin, rusé, qu’on ne dupe pas facilement.

☞ On l’emploie quelquefois substantivement, c’est un dératé ; c’est une dératée. Il n’est que du style familier.