Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/841-850

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Fascicules du tome 1
pages 831 à 840

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 841 à 850

pages 851 à 860


BELETTE. s. f. Petit animal sauvage qui fait la guerre aux pigeons, qui a le gosier blanc, le dos rouge, & le museau étroit. Mustela. Il y en a de deux espèces : l’une qui est sauvage, qu’on appelle proprement moustelle, qui vit à la campagne : l’autre domestique, qui se cache dans les greniers, qu’on appelle fouine. Cet animal est petit, mais carnassier. Ovide a dit que la belette faisoit ses petits par la bouche à cause que l’amour qu’elle a pour ses petits, fait qu’elle les transporte souvent d’un lieu en un autre. Plutarque dit que les Thessaliens honoroient les belettes. On dit que la belette combat le serpent, ayant auparavant mangé de la rue : Plutarque dit au contraire que quand les belettes ont mangé un serpent, elles prennent de la rue pour se purger. Elle fait mourir le basilic, selon Pline ; & elle recouvre la vue comme le lézard, si par accident elle a un œil crevé, ou poché. Les fumées des fouines, martes & belettes sentent le musc. La cendre de la belette incorporée dans de l’eau, & appliquée sur le front, ôte les douleurs de tête, & si on la jette dans les yeux, elle guérit les cataractes. Les Naturalistes mettent au rang des belettes les martres, les furets & les écureuils. Les Espagnols appellent ce petit animal comadreja, & les Italiens donnola.

BELGE. s. m. & f. Belga&&. Anciens peuples des Gaules. Ils habitoient au nord des Celtes, desquels ils étoient séparés par la Marne & la Seine, comme dit César au commencement de ses Commentaires. Il ajoute que les Belges étoient les plus braves des trois nations qui occupoient la Gaule. Les Belges étoient les inventeurs du char nommé Essedum, à moins que Virgile dans ce vers, Liv. III. Georg. vers. 204.

Belgica vel molli meliùs feret esseda collo,

n’ait mis Belgica pour Gallica, comme Servius l’interprete.

Quelques Auteurs, au rapport d’Hoffman, sont venir ce nom du mot allemand Wahlen, ou Walgen, qui est le nom que les Allemands donnent aux François & aux Italiens ; mais ce mot ne paroît pas si ancien que celui de Belga, & est formé sur lui, ou sur celui de Gallus. La partie de l’Italie qui touche l’Allemagne, étoit la Gaule Cisalpine. D’autres font venir ce nom du mot Balgen, qui selon Junius, signifie combattre, & venir aux mains, & ils disent qu’il fut donné aux Belges, à cause de leur férocité naturelle dans les combats, ou de leur humeur guerrière. D’autres croient que ce nom est un mot celtique ; que dans cette langue, qui venoit de l’hébreu, on disoit, comme en hébreu, בלג, balag, que Buxtorf traduit confortare se ; que de-là se forma le mot Belga, qui fut donné à ces peuples, parce que, comme dit César, horum omnium (Celtarum & Aquitanorum) fortissimi sunt Belgæ. Comment. de ballo Gall. Liv. I. c. 1. Guillaume Breton, auteur de la Philippide, le tire de Berg S. Vinoch, comme si le mot Belga n’étoit pas plus ancien que celui de ce fort. Le Moine Robert, dans sa Chronique, à l’an 1210, dit qu’il vient de Belgis, ancien nom de la ville de Trèves. D’autres le dérivent aussi d’une ville nommée Belgis ; mais ils la placent en Bourgogne, & disent que c’est Baugey proche de Mâcon ; mais les Belges n’habitoient point là. Dom Du Plessis le dérive de bel, qui selon lui, doit signifier un bélier, ou un mouton, comme belch ou belg a du signifier un berger. Encore aujourd’hui, dit-il, Belec en bas-breton veut dire un Prêtre, sans doute dans le sens de Pasteur. En effet, les anciens Belges étoient adonnés à la vie pastorale : Pascat Belga pecus, dit Claudien. Descript. Géogr. & Hist. de la Haute Norm. T. II. pag. 2.

On appelle aujourd’hui Belges en poësie françoise, & en latin, tant en prose qu’en vers, les habitans des XVII Provinces des Pais-Bas.

BELGEOIS, OISE, s. m. Belge. Qui est des Pays-Bas. Belga.

☞ BELGEVAN, Ville d’Asie, dans la Tartarie, au royaume de Bokara, dans la province de Catlan.

BELGIQUE. adj. m. & f. Qui appartient aux Belges, qui concerne les Belges. Belgicus. Ce mot se disoit autrefois par rapport au peuple Gaulois, qu’on appeloit les Belges. Aujourd’hui il est fort bien reçu dans notre poësie, & pourroit même trouver place dans la prose, pourvû qu’on en usât sobrement, pour signifier ce qui concerne les peuples des Pays-Bas. Ainsi nous disons : Nos bataillons, nos armées ont inondé les plaines Belgiques, &c.

Déjà plus favorable à tes exploits nouveaux,
La victoire revient embrasser tes drapeaux:
Dans les Belgiques champs, sur un tas de victimes,
Tu l’as vue expier son erreur & ses crimes.

Le Lion Belgique, c’est-à-dire, les Belges, parce que les armes des Provinces-Unies sont un lion.

La Gaule Belgique est le pays qu’habitoient les anciens Belges. Belgium. Nous savons ses bornes du côté du midi, & de l’orient, & de l’occident ; car César dit qu’ils étoient séparés des Celtes par la Marne & la Seine, & qu’ils étoient voisins des Germains qui habitoient de l’autre côté du Rhin ; ainsi ils s’étendoient jusqu’à ce fleuve, qui les séparoit des Germains, ou Allemans ; mais on ne sait pas si bien jusqu’où ils s’étendoient du côté du nord. Cluvier prétend que la Gaule Belgique étoit le pays des Bellovaces, aujourd’hui le Beauvaisis. Sanson y ajoute l’Amiénois, l ’Artois, & peut-être même le Vermandois, & les Sylvanectes, ou le pays de Senlis. César, Liv. V, ch. 24. distingue la pays des Belges de celui de Rheims, des Morins, des Nerviens & des Eburons, mais Hertius y comprend le pays des Atrebates, ou l’Artois. Ainsi il semble que les Belges ne s’avançoient point du côté de l’occident jusqu’à l’Océan Britannique, & que du côté du septentrion ils ne passoient pas les Atrébates.

Aujourd’hui par la Belgique, ou le pays des Belges Belgium, nous entendons les XVII Provinces des Pays-Bas, c’est-à-dire, que nous le commençons où il finissoit autrefois ; mais comme je l’ai dit, cela n’est presque en usage qu’en poësie. En latin on se sert de ce nom en propre comme en vers dans ce sens. Wassebourg, Archidiacre de Verdun, a fait les Antiquités de la Gaule Belgique en deux vol. in-fol. 1549. Perrus Divæus a écrit De Belgio veteri, du pays des Belges sous les Romains. Il avoit aussi traité de l’Etat du même pays sous les Francs ; mais cette partie n’a point été imprimée, dit Mirœus, qui l’avoit manuscrit.

Belgique. Terme usité dans l’Histoire Ecclésiastique. Belgica. C’est le nom qu’on a donné à deux Provinces Ecclésiastiques des Gaules. La première Belgique, prima Belgica, c’est la Province dont Trève étoit la Métropole. Elle comprenoit l’Archevêché de Trèves, & les évêchés ses suffragants ; qui sont Metz, Toul & Verdun. La seconde Belgique, Secunda Belgica, c’est la Province de Rheims, qui comprenoit les diocèses de Rheims, de Soissons, de Châlons sur Marne, de Laon, de Senlis, de Beauvais, d’Amiens, de Tournay & de Térouenne. Voyez la Notice des Evêchés de Papirius Masson.

BELGRADE. Ville de Turquie en Europe, dans la Servie, proche du Danube, un peu au-dessous du confluent de la Save. Alba Greca, Alba Bulgarica, Belgrada. Belgrade s’appelle autrement Albe Grecque, & en allemand Griechish Wissembourg. Les Hongrois la nomment Nandor Alba. Belgrade fut vendue par le Despote de Servie au Roi de Hongrie, auquel elle fut soumise jusqu’en 1521, que Soliman II s’en rendit le maître. Les Impériaux la prirent en 1688, sous la conduite du Duc de Bavière, & la perdirent en 1690. Loyd croit que ceux qui la prennent pour l’ancien Taurunum sont mal fondés, & que Belgrade seulement s’est accrue des ruine sde cette ville. Voyez Hoffman, Maty, Corneille.

Il y a encore un autre Belgrade en Turquie sur la mer Noire, à six ou sept lieues de Galata au Septentrion, qu’on a ainsi appelée à cause de sa beauté. T. Corn. d’après Wheler. Voyage du Levant.

☞ BELGRADO. Petite ville des Vénitiens, en Italie, dans le Frioul, entre Udine & Concordia.

BELIAL. s. m. C’est le nom qu’on donne au démon, & qui signifie en général quelque chose de fort mauvais, fort malin ; celui qui ne sauroit souffrir le joug : ce qui convient très-bien au démon, aux libertins, & aux grands pécheurs. S. Paul, i, Cor. VI, 15, donne ce nom au démon, & l’oppose à J. C. Quel accord entre J. C. & Belial ? Port-R. Et quelques-uns croient en effet que c’est un nom du démon : Aquila le rend par Apostat, Ἀποστάτης, & Suidas au mot Βελίαρ, où il faut lire Βελιάλ, comme a remarqué Hoffman, & comme M. Kuster a corrigé, Suidas dit que c’est là sa signification en hébreu. La Paraphrase chaldaïque l’interpréte רשעא, impiété, méchanceté ; mais je ne sai où un Auteur moderne a pris que Belial est le nom d’une idole des Sidoniens : ce Dieu de Syrie a échappé, si je ne me trompe, à Seldenus.

L’Ecriture fait entrer ce nom dans plusieurs phrases que notre langue a consacrées ; ainsi l’on dit, enfans de Bélial, Deut. XIII, 13. Des enfans de Bélial sont sortis de vous, qui ont détourné du Seigneur les habitans de la ville. Sac. Fille de Bélial, i, des Rois I, 16. Anne répond au grand Prêtre Héli, qui l’accusoit d’être ivre, ne croyez pas que votre servante soir comme l’une des filles de Bélial. Sacy. & Semeï dit à Davis, II, des Rois, XVI, 7. Sort, homme de sang, & homme de Bélial. Id. David dit au même livre, XXII, 5. Les douleurs de la mort m’ assiégé, les torrens de Bélial m’ont épouvanté. Id. Nahum I, 15, promet à Juda que Bélial ne passera plus au milieu de lui ; parce qu’il est entièrement détruit. R. David Kimhhi, dans son Commentaire, dit que Bélial signifie Sennacherib, qui étoit mort.

Ce mot est hébreu, mais il n’est pas aisé d’en déterminer l’étymologie. Quelques-uns prétendent qu’il est formé de la négation בל, ou בלי, & de עול, joug, & qu’il signifie un homme qui n’a point de joug, & qui ne le peut souffrir, qui secoue le joug de Dieu, de la loi, de sa conscience, un impie, un scélérat. Il semble que ç’ait été là le sentiment des Septante, qui traduisent בני בליעל, enfant de Bélial, παράνομοι. Ils le traduisent encore en d’autres endroits, λοιμὸς, ἀσεϐὴς, ἄφωρον, ἀνόμημα, ἀνομία, παλαίωσις. Peut-être aussi étoit-ce le sentiment d’Aquila, qui le rend par Ἀποστάτης, Apostat. C’est celui de S. Jérôme, de plusieurs Modernes aussi-bien que des Thalmudistes au Traité Sanhédrin, & le R. Schélomoh, Deuter. XIII, 13. D’autres, en y donnant le même sens, le tirent de בלי, non, & על, sur, au-dessus, comme si l’on avoit voulu dire que c’est un homme qui ne peut souffrir personne au-dessus de lui, ni maître, ni supérieur, &c. Ceux qui croient que c’est un nom du diable, le dérivent de la même négation בלי, sans : & de עליון, qui signifie le Très-Haut, pour dire, celui qui est séparé du Très-Haut. Arias Montanus le compose de בלי, non, & עלה, monter, de sorte que Bélial, selon lui, est la même chose que celui qui ne monte point, qui n’avance, qui ne profite point, absque profectu, homo frugi, profectus & emendationis expers. Il a pris cette interpretation de R. D. Kimhhi, qui explique ce mot בלי יעלה וילעליה, qui ne monte & ne prospere pas. D’autres après les Rabbins le dérivent de בלי, & de יעל, profuit, & le prennent pour inutile, qui n’est bon à rien, un vaurien, méchant, mauvais. Grégorius Grégori, dans son Lexicum Sanctum, cap. 618, croit qu’on peut encore le tirer de la négation בלי, & de עלל, faire, & l’expliquer, un paresseux, un fainéant.

BELIC, ou BELIF. Terme de Blason, dont on se sert quelquefois pour signifier gueules, ou couleur rouge. Coccineus.

☞ BELICASTRO. Voyez Belcastro.

☞ BELICHE. Nom que les peuples de Madagascar donnent au Diable, auquel ils jettent le premier morceau de la victime pour le rendre favorable, ou pour appaiser sa colere. Flacourt cité par Mor.

BÉLIDE. s. m. & f. Nom patronymique, qui signifie, qui est de la race de Belus. Ainsi Virgile, Enéid. Liv. II, v. 81, appelle Palamede, Bélides, & les Danaïdes sont aussi appelées Bélides, parce qu’elles étoient petites-files de Bel, surnommé l’ancien, pere de Danaüs Roi d’Argos, dont elles étoient filles.

BELIER. s. m. C’est le mâle de la brebis. Aries. Le belier colonel de la laineuse troupe. Ronsard. Un divertissement des Rois de Perse est de faire choquer des beliers, pour qui l’on parie de tous côtés, pendant que les maîtres & les intéressés de part & d’autre les animent au combat. Wicqfort. Il ne faut qu’un bon belier pour tout un troupeau de brebis. Quand les Romains déclaroient la guerre à quelqu’un de leurs voisins, le Héraut appelé Fecialis prenoit un belier, le conduisoit sur les terres de l’ennemi, & l’y abandonnoit, pour marquer que ces terres seroient bientôt des pâturages du peuple Romain.

☞ Cet animal dans les premiers temps de sa vie s’appelle agneau, & prend celui de mouton quand il a été coupé. On ne garde de beliers dans un troupeau qu’autant qu’il en faut pour féconder les fémelles.

Ménage dérive ce mot de vellarius, qui a été fait de vellus, toison. D’autres de balarius, ou de balare, Borel de belin, vieux mot françois, qui signifioit sot & mouton ; le Pere Thomassin de l’hébreu Bahal, dominus, maître, parce que le belier est le maître du troupeau, il y domine ; mais cette étymologie est tirée de bien loin ; Guichard de יובל, Jobel, mot hébreu, qui se donne au même animal.

Belier en parlant des guerres anciennes, est une grosse poutre de bois ferrée par le bout, & qui a quelquefois des pointes en forme de cornes de belier. Aries, arietaria machina. Les Anciens s’en servoient avant l’invention du canon pour battre les murailles d’une ville. Il y a plusieurs sortes de beliers décrits dans Juste Lipse, Végéce, & autres. M. Félibien dit qu’il y avoit trois sortes de beliers ; les uns qu’on suspendoit à des cordes ; kes autres qui couloient sur des rouleaux ; & les autres que soutenoient sur leurs bras ceux qui les faisoient agir contre la muraille qu’on vouloit battre. Vitruve assure que ce furent les Carthaginois qui inventèrent le belier pendant qu’ils assiégeoient Cadis. Ils se servirent d’abord d’une grosse pièce de bois que plusieurs hommes tenoient entre leurs bras, & dont ils donnoient de grands coups contre la muraille. Péphasmenos Tyrien, trouva le moyen de suspendre cette grosse pièce de bois à une autre. D’autres partagent entre Geras & Péphasmènos la gloire d’avoir trouvé le moyen de suspendre le belier. La machine qu’on opposoit au belier pour en arrêter la force, s’appelle Loup. Joséphe, de la guerre des Juifs, Liv. III, ch. 15, remarque que ce qui fit donner à cette machine le nom de belier, c’est qu’elle étoit armée au bout d’un gros fer qui avoit la forme de tête de belier, & apparemment on lui donna ce nom & cette forme, parce qu’elle doguoit les murailles à peu près comme les beliers doguent les uns contre les autres, c’est-à-dire, parce qu’elle frappoit les murailles à peu près de même qu’un belier heurte son adversaire. Enfin, Polydus Thessalien perfectionna cette machine, pendant le siége que Philippe, Roi de Macédoine, & fils d’Amintas, mit devant Byzance, aujourd’hui Constantinople. Il y a pour tant quelques Critiques qui prétendent que les Grecs menèrent Epeus au siége de Troye, & que ce fut lui qui inventa le belier pour abattre les murs de cette ville. Felib. Les François se servoient comme les Romains de tortues, ou de galeries couvertes, pour faire jouer contre les murailles cette longue & grosse poutre ferrée par le bout, à qui on avoit donné le nom de belier, & qui par le moyen des cables où elle étoit suspendue, étoit poussée contre la muraille, pour la rompre & l’abattre. P. Dan.

Belier. Aries. Terme d’Astronomie. Le premier des douze signes du Zodiaque où le soleil entre au mois de Mars : c’est le point d’où on commence à compter les degrés du Zodiaque suivant l’ordre & la succession des signes. Cette constellation est composée de treize étoiles, selon Ptolomée : c’est le domicile de Marsn & l’exaltation du soleil, & elle fait avec le lion & le sagittaire le trigone de feu. Les Poëtes ont feint que c’est le belier qui portoit la toison d’or, & sur lequel Phryxus se sauva avec sa sœur Hellé, en fuyant la persécution d’Ino, femme d’Athamas Roi de Thèbes. En traversant l’Hellespont sur ce bellier, Hellé effrayée tomba dans la mer, & donna le nom à l’Hellespont. Phryxus passa dans la Colchide, où il sacrifia son belier à Jupiter : & ce belier fut placé au ciel. Poëtiquement le belier signifie le printemps : on ne voit point la fourmi,

Affronter en plan champ les fureurs de Janvier,
Ou demeurer oisive au retour du Belier.

D’autres disent que c’est celui qui montra une fontaine à Bacchus errant dans les déserts de Lybie, & pressé de la soif. On dit que ce sont les Egyptiens qui ont donné le nom de belier au premier signe du Zodiaque, & cela à l’honneur de Cham, ou de Jupiter Ammon, que l’on représentoit avec des cornes de belier pour marque de sa puissance. Cependant cette constellation n’a pas seulement passé pour le signe de Jupiter Ammon, mais encore pour celui de Minerve, & c’est ainsi que Virgile l’appelle, Enéid. Liv. XI, v. 258, & c’est parce qu’il est le premier des signes, & qu’il conduit, pour ainsi dire, les autres, qu’on en a fait le signe de Minerve, Déesse de la prudence & de la conduite, & ce qui a fait dire à Manilius, Liv. II.

Consilium ipse suum est Aries, ut Principe dignum est.

Sa figure en Astronomie est ♈ ; dans les ouvrages des Grecs ses cornes sont plus tortillées en forme de volute. On peut voir sur tout ceci le Cœlum Astronomicum de Cæsius, pag. 21. Saumaise sur Solin, p. 1236, & Vossius de Idolol. Lib. II, cap. 36.

BELIÈRE. s. f. Anneau qui suspend le battant d’une cloche. Annulus. C’est aussi l’anneau qui est au dedans du dessus d’une lampe d’Eglise. ☞ On appelle encore belier chez les Metteurs-en-œuvre, de petits anneaux d’or ou d’argent auxquels on suspend une pendeloque ou un pendant.

☞ BELIÈVRE. (Terre de) Espèce de terre qui se tire d’une carrière, près de Forges en Normandie, qui sert à couler les glaces & à faire des pots & des cuvettes qui résistent au feu le plus violent.

☞ BELIGRATZ. Petite ville d’Allemagne, au pays héréditaire de la Maison d’Autriche, dans la haute Carniole.

BELLING. Voyez Bélilli.

BELILLA. s. m. Arbrisseau Indien qui porte des baies : On se sert avec succès de la décoction de sa racine pour rafraîchir le foie, & purger les humeurs pituiteuses. Voyez ses autres propriétés dans le Dict. de James.

BÉLILLI. s. m. Nom d’une espèce de médicament qui vient des Indes. Belilli Indicum. Le bélilli a la forme d’un suc épaissi. Il nous vient enfermé dans des morceaux de bambou, creusés dans leur milieu, & bouchés par leurs extrémités avec de la chaux durcie. Le bélilli ressemble à du sang de poisson : il est gras au toucher, & d’un goût salé & amer, d’une odeur de foie de poisson desséché. Ceux qui les premiers le firent connoître en Europe, le donnèrent pour le suc exprimé de quelque plante, & parce que dans l’Hortus Malabaricus il s’en trouve une qui porte le nom de bélilli, on a cru que le suc nommé bélilli en étoit tiré. Quelques-uns, à cause de la saveur salée qu’on y remarque, soupçonnèrent qu’il pourroit bien venir de quelque plante marine, d’autres conjecturèrent que cette plante marine pourroit bien être l’Holothurion, espèce de zoophyte ou d’hortie de mer, fort commune aux Indes Orientales : mais il est certain qu’il vient d’une autre sorte de zoophyte, production marine, qui participe du poisson & de la plante, & qu’on appelle Téthyon. Ce sont les téthyons des Îles de Timor & de Solor, peu éloignées de Java, qui fournissent le bélilli. Le meilleur se fait dans Solor, par certaines familles qui en savent la préparation, & se la communiquent de pere en fils. Les morceaux de téthyon au sortir de la mer, sont d’une substance mucilagineuse, assez semblable au frai de grenouille le plus visqueux, à l’exception qu’elle est d’une couleur brune, & se peut aisément couper. Lorsqu’ils ont été long-temps exposés à l’air, ils prennent une couleur rouge, & paroissent comme des morceaux de chair, arrondis dans leur partie inférieure, & garnis de mammelons vers le haut.

Il y a deux manières de préparer le téthyon pour en faire le bélilli. La première & la meilleure est de le faire cuire dans de l’eau douce, jusqu’à ce qu’il ait jeté toute son écume, après quoi on le coupe en façon de lanières larges d’un pouce, qui sont noirâtres à l’extérieur, & tirent intérieurement sur le vert de mer très-peu foncé & bigarré de noir. C’est ce que les Indiens appellent Dagen bélilli, ou chair de bélilli, & cette espèce ne sort point du pays.

La seconde espèce se prépare avec les petits morceaux de téthyon, qui sont le rebut de la première. Après les avoir pilés, on les fait bouillir dans l’eau de pluie jusqu’à parfaite despumation, & jusqu’à consistance d’extrait ; alors on en remplit, comme nous l’avons dit d’abord, des morceaux de bambou, qu’on expose au soleil pour sécher l’extrait, & ensuite à la fumée, pour le durcir & le préserver de la vermine, à laquelle il est fort sujet. Cette seconde espèce se nomme dara bélilli, ou sang de bélilli ; & c’est celle qui se transporte dans les pays étrangers. Par l’analyse chimique qu’on en a faite, il paroît qu’elle contient du sel volatil, beaucoup d’huile de couleur dorée, & très-peu de sel fixe. On l’appelle non-seulement bélilli, mais encore bélilling, & bédille. Le bélilli est fort différent de l’holothurion.

Le bélilli s’emploie avec succès pour la guérison de certaines fièvres putrides qui régnent dans les Îles de Timor & de Solor, principalement vers le temps qu’on y coupe le bois de santal, dont l’odeur forte contribue beaucoup à cette maladie. Le bélilli fait aussi merveille dans la pleurésie, sur-tout si on le mêle avec le bois que les Portugais nomment Pao de pontado. Pline attribue la même propriété au téthyon. Le bélilli réussit encore dans certaine jaunisse des Indes appelée pitar, & qui se manifeste par la couleur jaune des yeux, de la langue & des ongles, ainsi que par la bouffissure du visage & des pieds. Le mordéchi, dangereuse espèce de cholera morbus, propre des Indes, est calmé par le bélilli, qui généralement, comme le téthyon dans Pline, soulage toutes sortes de coliques. Il guérit aussi l’atrophie causée par des obstructions : il nettoie les reins, sur-tout étant pris dans une infusion de gramen cruciatum, lorsqu’il s’agit de gravelle. Il est encore bon dans l’asthme ; mais alors, si peu de temps après on prend quelque acide, il est mortel. C’est un excellent antidote, égal à la thériaque, si on le mêle avec la racine de lassa radja. Enfin il est infaillible dans les hémorrhagies.

La manière de le prendre est d’en couper une rouelle de l’épaisseur d’une lame de couteau, de la mettre en poudre, & de la battre dans du vin. Pour la fièvre, on le prend simplement dans de l’eau, il produit une sueur abondante.

BELIN. s. m. Nom d’une sorte de pomme. Pomum belinum. On donne ce nom au court-pendu rouge, ou marquis.

Belin. Vieux mot. Sot. Il a été pris aussi pour mouton.

Belin. Terme de Fleuriste. Nom de tulipe. Le belin ordinaire est rouge, colombin, blanc. Le belin trelon est violet, peu de rouge & blanc. Cult. des Fleurs.

BELINER. v. n. Vieux mot, qui s’est dit au propre de l’accouplement des beliers avec les brebis. C’est l’arietare des Latins, comme il est marqué dans le supplément au Glossaire du Roman de la Rose, aux mots Hurtebillier & Hourdebillier, qui ont la même signification. On l’a étendue à la conjonction de l’homme & de la femme, & c’est en ce dernier sens que hourtebillier & hourdebillier sont pris dans le supplément, ainsi que béliner dans le Dictionnaire Comique.

BELINGE. s. f. On nomme ainsi en Picardie, particulièrement du côté d’Amiens, une tiretaine fil & laine très-grossière, qui se fabrique à Beauchamp le vieil.

BÉLISAME. s. f. Terme de Mythologie. Belisama. C’est la même chose en Europe que Béel-samin (Seigneur du Ciel ;) en Orient. Les Européens avoient emprunté ce terme des Orientaux. C’étoit une épithète que l’on donnoit à Minerve, à Junon, à Venus & à la Lune.

Une inscription antique trouvée à Conserans porte,

MINERVÆ
BELISAMÆ
Q. VALERIUS
MONVM…

BELÎTRAILLE. s. m. Troupe de Bélîtres. Mendiculorum grex. Ce mot ne se trouve que dans Pomey.

BELÎTRE. s. m. Gueux qui mandie par fainéantise, homme de néant. Il se dit quelquefois par extension des coquins qui n’ont ni bien ni honneur. Mendicus, vilis homuncio, homo tressis, trioboli. Ménage dérive ce mot de l’allemand betler, qui signifie gueux, mendiant ; Scaliger du latin balatro ; d’autres à balista ; parce que souvent les archers & arbalétriers ont tenu la campagne, & pillé le paysan. Erasme le dérive du grec βλίτον, en latin blitum, espèce d’herbe potagère fort fade, sans saveur, vulgairement poirée, d’où la métaphore a été tirée à un stupide, & à un lourdaut, à un belître, qu’on appelle aussi un vaut-rien. D’autres disent qu’il vient de Velitrensis. A Pontoise les Confrères Pèlerins de la Confrérie de S. Jacques, ont porté long-temps le nom de Bélîtres ; & ce nom n’étoit point odieux. Descrip. Géogr. & Hist. de la Haute Norm. Tom. II, p. 204.

Ce mot vient du grec βλίτυρι, qui signifie un rien. De-là est venu le mot blitri, dont on se sert dans l’école pour désigner un homme sans nom. Nous disons en françois un quidam. Huet. Cet Auteur écrit blître, au lieu de bélître.

BELÎTRERIE. s. f. Gueuserie. Mendicitas. Métier de bélître & de fainéant.

BELLAGINES, ou BILAGINES. s. f. pl. Bellagines. Loix municipales des Goths, recueillies par Diceneus, qui leur donna ce nom, comme le rapporte Jornandez, De Reb. Goth. L. I, C. II. Spelman explique fort au long ce mot dans son Glossar Archæol. C’est un nom saxon. By en saxon signifie une habitation, un bourg, une ville chez les Goths, & lagen veut dire une loi. Encore aujourd’hui en Angleterre bilawa signifie les lois que les bourgs se sont faites. En Ecosse on dit birlawa & burlaws. En allemand baur signifie un paysan, & law une loi, d’où il s’ensuit qu’on a peut-être dit bellagines, ou bilagines, pour birlagines.

BELLANDE. s. f. Nom de femme. Berelendis. Il y a un prieuré de sainte Bellande en Rételois. Voyez sur cette Sainte, Bollandus, & M. Chastelain au troisième de Fév. D. Mabillon au troisième siècle de ses Act. SS. Ben. P. I, p. 16.

☞ BELLANO. Petite ville d’Italie, dans le Milanez, sur le bord oriental du lac de Côme.

BELLÂTRE. s. m. Qui a un faux air de beauté, une beauté mêlée de fadeur. Pulchellus. C’est un bellâtre qui se croit fort beau. Il s’emploie quelquefois adjectivement. Il n’est pas beau, il n’est que bellâtre.

BELLE, féminin de l’adj. beau. Voyez ce mot. Autres exemples sur cette phrase adverbiale : de plus belle. Il recommença de plus belle : il revint de plus belle. Il s’agissoit de signer, ou se livrer de plus belle à la persécution, c’est à-dire, tout de nouveau.

Belle, en termes de marine, est la partie du pont d’en-haut qui regne entre les haubans de misaine & les haubans d’artimon. Cet endroit du pont est presque à découvert par les flancs, à cause que son plat-bord est moins élevé que le reste : aussi c’est ordinairement par la belle qu’on vient à l’abordage.

Belle. Terme de rivière. C’est une sorte de perche dont on se sert sur les bateaux pour soutenir les bannes.

BELLE-CHEVREUSE. s. f. Espèce de pêche, que l’on nomme aussi simplement chevreuse. La belle chevreuse succède à la mignone, & dévance un peu la violette. La Quint. P. III, C. 14, p. 435. La chevreuse ☞ est une très-bonne espèce de pêche. Elle est grosse, de belle figure, un peu longuette, d’un assez beau coloris, d’une chair fine & fondante, d’un grand rapport, pâteuse quand elle est trop mure. Elle est meilleure dans une exposition au midi. Dans les fonds médiocrement humides, elle vient assez bien au couchant.

BELLE-DAME, ou BELLA-DONA. s. f. Plante qui pousse plusieurs tiges à la hauteur de quatre pieds, grosses, rondes, rameuses, velues, d’un rouge-obscur, avec des feuilles de la figure de celles du Solanum, mais deux ou trois fois plus grandes, un peu lanugineuses. Ses fleurs, qui sont blanches & d’un purpurin-obscur, ont la figure d’une cloche, découpées ordinairement en cinq parties. Il leur succède un fruit presque rond, d’un noir luisant, & gros comme un gros grain de raisin, rempli de suc & de semences ovales. La belle-dame est narcotique, propre pour les inflammations, pour résoudre les tumeurs, & calmer les douleurs. On ne s’en sert qu’extérieurement, car prise par la bouche, elle pourroit causer un sommeil mortel. Lémery dit que les Italiens lui ont donné le nom de Bella donna, parce que les Dames s’en servent pour embellir leur peau.

☞ BELLE-DE-JOUR, ou EMEROCALE. s. f. Espèce de lys qu’on cultive dans les jardins pour la beauté de sa fleur, d’un jaune tirant sur le rouge, Voyez Emerocale.

☞ BELLE-DE-NUIT. Plante qui doit se rapporter au genre appelé Jalap. Voy. ce mot.

BELLE ET BONNE. s. f. Nom d’une espèce de poire, que la Quintinie, T. I, pag. 385, met parmi les mauvaises.

BELLE-FILLE. s. f. Celle qui n’est fille que d’alliance par mariage. La femme du fils, ou la fille de celui ou de celle qu’on épouse. Nurus, privigna.

Belle-fille. Nom d’une sorte de pomme. La Belle-fille est une espèce de court-pendu.

Belle & Flux. s. m. & f. Espèce de jeu de cartes allez divertissant, par la quantité de personnes qui peuvent y jouer. Il se joue avec le grand jeu de cinquante deux cartes, & est très-facile. Il a quelque rapport à un autre jeu qui s’appelle les Beauz. On ajoute ordinairement trente & un à la belle & flux, & l’on dit : la belle & flux trente & un.

BELLEGARDE. s. f. Espèce de pêche. La Bellegarde est une très-belle pêche du commencement de Septembre, un peu hâtive, un peu moins colorée dehors & dedans que l’Admirable. Elle a la chair un peu plus jaunâtre, & peut-être le goût un peu moins relevé. A cela près on la pourroit prendre pour l’Admirable à sa grosseur & à sa figure ; mais elle ne fait pas un si bel arbre. La Quint. P. 3, C. 14, p. 450. Elle ne réussit pas au couchant.

Bellegarde, est aussi une sorte de laitue pommée. Lactucæ species. La bellegarde ne diffère de la royale qu’en ce que celle-ci est plus crêpée. Chomel.

Bellegarde. Ville de France en Bourgogne sur la Saône. Bellogardia.

Bellegarde. Place forte au Comté de Roussillon, sur un rocher escarpé dans les monts Pyrenées, au dessus du Col de Pertuis, sur la frontière de Catalogne.

☞ Il y a aussi un château de ce nom en Gascogne, dans l’Estarat, entre Serre & Masseoub.

☞ Une Baronie en Languedoc, diocèse de Nîmes appartenant au Duc d’Usez, & un château en Suisse, dans le bailliage de même nom, Canton de Fribourg.

BELLE-ÎLE. Île de France. Calonesus. Elle est dans la mer de Bretagne, à quatre lieues de la côte méridionale de Bretagne, vis-à-vis la ville de Blavet, diocèse de Vannes. Elle a six lieues du couchant au levant, & deux du midi au nord. Il y a à Belle-Ile quatre bourgs ou quatre paroisses, Lamoria, Bangor, Sauzon, & le Palais. C’est proche de ce dernier qu’est la citadelle & le port.

BELLEMENT. adv. D’une manière lente & sans bruit. Lentè, placidè, leniter. Ce mot est du style familier, & ne se dit guère que pour avertir quelqu’un d’être plus modéré. Bellement, vous vous oubliez, vous vous emportez.

☞ BELLE-MERE. s. f. Terme relatif. Noverca, Socrus. C’est, à l’égard des enfans, la femme que leur père a épousée après la mort de leur mère : à l’égard d’un gendre, c’est la mère de sa femme ; à l’égard d’une bru, c’est la mère de son mari.

BELLE-PERCHE. Abbaye de France, dans la Gascogne, sur la Garonne, ordre de Cîteaux, filiation de Clairvaux.

BELLERIE. adj. C’est le nom qu’on donne à la cinquième espèce de Myrabolans ; les Myrabolans belleries sont ovales ou presque ronds, de la grosseur d’une prune ordinaire. Ils sont durs, jaunâtres ; & moins anguleux que les autres espèces

BELLE-SŒUR. s. f. La sœur de celui ou de celle qu’on épouse. Glos. Deux femmes qui ont épousé les deux frères sont aussi belles-sœurs.

☞ BELLEVAL. Abbaye de France, en Champagne, dans l’Argonne, Ordre de Prémontré.

☞ BELLEVAUX. Abbaye de l’ordre de Citeaux, en Franche-Comté, à deux lieues de Besançon, sur l’Ougnon.

☞ BELLEVESVRE. Petite ville, ou bourg de Franche-Comté, aux confins de la Bresse Chalonnoise.

BELLEVERGE. s. f. Espèce de mauvaise poire, qui se mange au mois d’Août. La Quint.

BELLE-VILLE. Ville de France dans le Beaujolois, près de la Saône. Bella-villa. C’est aussi un petit village, près de Paris, du côté du levant.

BELLEY, qu’on dit aussi avec l’article, le Belley, du Belley, au Belley. Ville épiscopale de France, située près du Rhône & du Foran, dans le Bugey, dont elle est capitale. Maty. Bellica, Belliga, Belisma, Belisama, Belicensium, ou Bellicensis civitas. Voyez de Valois, Not. Gall. p. 78. L’Evêque du Belley est Seigneur temporel de l’évêché, & se dit Prince de l’Empire. Audax, le premier Evêque du Belley dont nous avons connoissance, vivoit l’an 412. On écrit aussi Béley, ou Belay ; ou Bellay, selon M. de Valois. Jamais les diversités de M. Du Bellay n’y firent œuvre. Masc. C’est une espèce de proverbe qui se dit d’un homme qui parle, ou d’un Auteur qui écrit de différentes espèces de choses dans un même discours, ou dans un même livre. Ces diversités de M. Du Belley sont un Poëme de la nature & de la diversité des pierres précieuses, fait par Remi du Belley, & qui est son meilleur ouvrage. Guichenon a donné en latin une suite chronologique des Evêques du Belley.

☞ BELLICULE. s. m. Espèce de limaçon de mer, ou poisson à coquille ombilicaire, blanche, avec des taches jaunes, ou jaune avec des raies noires. Encyc.

☞ BELLIDASTRUM. Plante qui ne differe de la paquerette que parce que les semences sont garnies d’aigrettes, & que la couronne de la fleur n’est pas faite en pyramide.

BELLIGÉRANT, ANTE. adj. Qui fait la guerre, combattant, contraire, adverse. Belligerans. Ce terme est devenu fort à la mode ; mais plus ordinairement au féminin ; puissances, parties belligérantes. lorsque plusieurs Puissances sont intéressées dans une guerre, la paix est difficile à faire parce qu’on a de la peine à concilier les divers intérêts de toutes les parties belligérantes. Dès le commencement des troubles qui se sont élevés après la mort de l’Empereur Charles VI, le Roi n’a rien omis pour faire connoître que Sa Majesté ne désiroit rien avec plus d’ardeur, que de les voir promptement appaisés par un accomodement équitable entre les parties belligérantes. C’est le début de l’Ordonnance du Roi, portant déclaration de guerre au Roi d’Angleterre, du 15 Mars 1744.

Ce mot a été appliqué par les Auteurs des Mémoires de Trévoux aux contestations littéraires. Sixte IV imposa silence aux parties belligérantes. Il s’agit de la question si S. Augustin avoit embrassé la vie monastique pendant le temps qu’il fut à Tagaste.

☞ BELLIN. Petite ville en Allemagne, dans la moyenne Marche, sur le Rhin.

BELLINCOURT. Terme de Fleuriste. Tulippe de couleur de feu, & blanc de lait. Cult. des Fl.

BELLINUS. s. m. C’est ainsi qu’on nommoit dans l’Auvergne, Bélenus, que toutes les Gaules adoroient, mais qui étoit beaucoup plus révéré par les Auvergnats que par les autres Gaulois.

☞ BELLINZONE. Beleni zona ou Bilitionum. Ville de Suisse, dans celui des trois Bailliages Italiens qui porte le même nom dont elle est capitale.

BELLIQUE. adj. m. & f. Vieux mot. Militaire, guerrier : du latin bellicus. Gloss. sur Cl. Marot & Montaigne.

BELLIQUEUR. s. m. Vieux mot. Belliqueux, guerrier. Bellator, belligerator.

Pas ne convient que ma plume se fonde
A rédiger du triomphe les arcs ;
Car de si grands, en hautesse profonde
N’en firent onc les belliqueurs Césars. Marot.

BELLIQUEUX, EUSE. adj. Martial, qui aime la guerre. Bellicosus. Les François sont des peuples belliqueux. Alexandre, César avoient l’humeur belliqueuse. Ceux qui ont bien connu l’Egypte, ont reconnu qu’elle n’étoit pas belliqueuse. Boss.

BELLISSIME. adjectif superlatif Très-beau. Bellissimus. Il n’est en usage que dans la conversation, ou dans une lettre, en style plaisant.

Bellissime. s. f. Sorte de poire du mois d’Août, & qui est mauvaise. La Quint. T. I, p. 386.

Les Fleuristes donnent aussi ce nom à une tulipe couleur de pêcher, fleur de lin & blanc d’entrée. Cult. des Fleurs.

☞ BELLITZ. Petite ville d’Allemagne, dans la marche de Brandebourg, à six milles de Berlin.

BELLOC. Petite ville de France, en Bearn, aux confins du Chalosse.

BELLOCES, ou BELOCES, selon le Glossaire du Roman de la Rose. s. f. pl. Ce sont des sortes de prunes. On le dit en Champagne de toutes les prunes en général, & il n’est en usage que parmi le peuple. Manger des belloces. Belloce véreuse. On prononce bloce, que le petit peuple emploie aussi pour dire blette ou bleque, éne poëre bloce, c’est-à-dire, une poire blette, une poire molle par trop de maturité. Borel, qui ne savoit pas la véritable signification de belloce, dit que c’est ou quelque petite monnoie, ou autre chose de petite considération.

BELLOCULUS. s. m. Espèce de pierre précieuse ressemblant à l’œil, d’où l’on a ridiculement imaginé qu’elle étoit bonne dans les maladies des yeux.

BELLON. s. m. C’est le nom qu’on donne en Normandie au grand cuvier des pressoirs où l’on brasse les cidres & les poirés. Le bellon est au-dessous du tablier, mais à côté il reçoit la liqueur qu’on exprime du marc des pommes ou des poires. C’est dans le bellon qu’on puise la liqueur pour en remplir les tonneaux. Les enfans boivent volontiers le cidre & le poiré dès le bellon. Les adultes veulent que ces liqueurs ayent paré, c’est-à-dire, qu’elles aient fermenté dans les tonneaux.

Bellon. Grand cuvier ovale, qu’au temps de la vendange on charge sur une charrette, pour y mettre des raisins, & les transporter de la vigne à la cuve. Ce mot est en usage en quelques endroits de Champagne. Furetière écrit banneau, du banneau : un banneau de vendange.

Bellon. Maladie extrêmement commune en Derbyshire, à laquelle les animaux, & même la volaille, ainsi que les hommes, sont sujets. En général elle règne dans toutes les contrées infectées de l’odeur de la mine de plomb ; c’est pourquoi on distingue un certain espace autour des lieux où l’on travaille la mine de plomb, que l’on appelle la sphère du bellon : il est très dangereux pour tout animal de paître dans cet intervalle. ☞ On a remarqué que le sucre de Saturne pris avec excès, produit la même maladie.

BELLONAIRES. s. m. pl. Bellonarii. Prêtres de Bellone. C’est du Grammairien Acron que nous apprenons ce nom, & l’ancien Scholiaste de Juvénal s’en sert aussi. Ces Prêtres recevoient leur sacerdoce en se faisant faire des incisions à la cuisse & au bras, dont ils recevoient le sang dans la paume de la main, pour en faire un sacrifice à leur Déesse ; mais dans la suite cette cruauté ne fut plus que simulée : car Lampridus, dans Commode, C. 9, dit que cet Empereur, par un esprit de cruauté, les obligea de se déchirer effectivement les bras, preuve que d’ordinaire ils ne le faisoient pas véritablement. On peut voir ce que disent des Bellonaires Tertullien, Apolog. C. 9. Lactance, L. I, C. 1, le Scoliaste de Juvenal sur la Satyre VI, v. 105. Jacob Oizelius sur Minutius Felix, pag. 196. Ces Prêtres étoient des fanatiques, qui dans leurs enthousiasmes prédisoient la prise des villes, la défaite des ennemis, & n’annonçoient que meurtre & que carnage.

BELLONE. s. f. Bellona. Déesse de la guerre, sœur ou compagne de Mars. Si l’on en croit Varron, elle se nomma d’abord Duellone, Duellona, d’où se forma Bellonne. Hygin, Fab. 274, dit qu’elle fut l’inventrice de l’aiguille, qui en grec s’appelle Βελόνη, & que c’est delà que lui vint son nom. On la dépeint les cheveux épars, couverte de sang, une pique ou une faulx d’une main & une torche ardente, ou quelquefois un bouclier, ou un fouet de l’autre, & vêtue d’un casque & d’une cuirasse. Bellone avoit un temple a Rome, dans lequel le Sénat donnoit audience aux Ambassadeurs étrangers, & aux Généraux qui revenoient de commander les armées. ☞ Il y avoit dans ce temple une petite colonne nommée bellica, par-dessus laquelle les Consuls ou les Féciaux lançoient un javelot, pour marquer qu’ils déclaroient la guerre. La Divinité contraire à Bellone étoit le Dieu Pause, Pausus, c’est-à-dire, repos, comme l’a remarqué Turnébe. Adv. L. XV, C. 21. Rosin, Antiq. Rom. L. IV, C. 10. Casaubon sur Lampridius, C. 9 de la vie de Commode Tertullien. Apolog. C. 9, Pallio, C. 4, & Lactance, Instit. L. I, C. 21 parlent de Bellone.

Bientôt avec Grammont courent Mars & Bellone,
Le Rhin à leur aspect d’épouvante frissonne. Boil.

Bellone. Maculata cauda trapezia. Nom d’un poisson très-menu, long d’un pied, & large de deux pouces & demi, diminuant de largeur dans les deux derniers pouces vers la queue. La tête est très-longue, & l’œil qui est bleu bordé de rouge, est placé dans la distance de la quatrième partie de la longueur de la tête. La bouche forme un ample museau, avec une petite pointe crochue dans la lèvre inférieure. On voit deux nageoires à côté de ses ouies en forme d’éventail, de couleur jaune ; & plus bas, deux autres plus petites de la même couleur. Deux grandes nageoires jaunes & canelées accompagnent ses côtés vers la queue, avec dix à douze pointes le long du dos. Sa queue qui forme un trapèze de couleur jaune & rouge, lui a fait donner le nom de cette figure. Sa couleur générale imite l’arc-en-ciel, celle du corps est d’un rouge clair semé de petites taches brunes. La couleur du dos est grise, tout le ventre rouge,& les nageoires argentées.

☞ On ne trouve ces sortes de poissons que dans l’île de la Tortue en Amérique. Ce poisson a été dessiné sur le lieu par le P. Plumier.

Bellone. s. f. Bellonia. Gente de plante ainsi nommée de P. Bellon Médecin de Caen, à fleur monopétale, rayonnée & découpée. Le calice devient un fruit dur, d’une figure pointue, rempli de petites semences.

☞ BELLONS. Espèce de lampe usitée en Espagne.

BELLOSANNE. Abbaye d’hommes de l’Ordre de Premontré, fondée en 1198 dans le pays de Bray au Diocèse de Rouen. Jacques Valable, François Amyot, & Pierre Ronsard en ont été Abbés. Descript. Géogr. & Hist. de la Haute Norm. T. I, p. 165.

BELLOT, OTTE. adj. Qui a quelque beauté. Bellulus. Il se dit particulièrement de la beauté des petits enfans, & dans le style familier.

BÉLLOVAGE. s. m. & f. ou BELLOVACIEN, ENNE. Ancien peuple de Gaule qui habitoit ce que nous appelons aujourd’hui le Beauvaisis, &c. Voyez Beauvais, Beauvaisin, & Beauvaisis. Des Auteurs modernes prétendent que les vallées d’Andegouste, & de Volvacène ont été habitées par les Andes & les Bellovaclens. Cord.

☞ BELLOZANE. Bellozanna. Abbaye de France, de l’Ordre de Prémontré, située en Normandie à une lieue de Gournai.

BELLUNE, ou BELLUNO. Bellunum. Ville épiscopale d’Italie dans l’Etat des Vénitiens, située sur la rivière de Piave dans les Alpes. Bellulum.

BELLUNOIS, OISE. s. m. & f. Qui est de Bellune. Bellunensis. Georgio Piloni, Docteur Bellunois, a fait l’histoire de sa patrie, à Venise 1607, in-4°.

BELLUNOIS. Petit pays de l’Etat de Venise en Italie, qui prend son nom de Bellune sa capitale. Ager Bellunensis. Le Bellunois est dans la Marche Trévisanne, & il y a de fort bonnes mines de fer. Maty.

☞ BELNAUX. s. m. pl. Espèces de tombereaux fort lourds, qui servent au transport des fumiers dans les terres.

BÉLOÈRE. s. f. Plante Indienne toujours verte ; ses feuilles, réduites en poudre, purgent avec une violence excessive, sa graine, broyée & prise chaude, purge plus modérément. Ray. Hist. Plant.

BÉLOMANCE, ou BÉLOMANCIE. s. f. Belomantia. Ce mot est grec, composé de βέλος, flèche, & μαντεία, divination, & il signifie, divination qui se fait par les flèches. La bélomance étoit en usage parmi les Orientaux, mais sur-tout chez les Arabes. Elle se faisoit en plusieurs manières. La première étoit de marquer des flèches, & de les mettre dans un sac au nombre de onze, ou davantage ; ensuite on les tiroit, & selon qu’elles croient marquées ou non, on en tiroit des conséquences pour l’avenir. Une autre manière étoit d’avoir seulement trois flèches, sur l’une desquelles on écrivoit, Dieu me l’ordonne ; sur une autre, Dieu me le défend ; & sur la troisieme on n’écrivoit rien. On les enfermoit dans un carquois, ensuite on en tiroit une des trois au hasard : si c’étoit celle sur laquelle on avoit écrit, Dieu me l’ordonne, on faisoit la chose pour laquelle on consultoit le sort : si celle où il y avoit, Dieu me le défend, venoit la première, on ne faisoit point la chose dont il étoit question ; & si c’étoit la troisième sur laquelle il n’y avoit rien d’écrit, on recommençoit tout de nouveau. Les Arabes appellent cette divination alazlam. Elle paroît fort ancienne, & il semble qu’Ezéchiel en ait parlé XXI, 21. S. Jérôme l’entend ainsi, & il dit que cette superstition étoit en usage chez les Assyriens, ou Babyloniens. Il en parle encore sur le chap. IV, d’Osée, à cela près qu’au lieu de flèches, il dit que c’étoient des baguettes. Les Septante traduisent aussi ῤάϐδους, des baguettes ; ce qui feroit plutôt rabdomance que bélomance : mais dans Ezéchiel, que S. Jérôme cite, il y a des flèches, & non pas des baguettes. D’autres interprètent le mot d’Ezéchiel קלקל, non pas par commiscens sagittas, comme S. Jérôme, ce qui marqueroit qu’on mêloit, qu’on battoit, ou qu’on remuoit les flèches dans le carquois, mais par tersit ; & prétendent que cette superstition consistoit à fourbir ou polir le fer des flèches, pour y considérer comme dans un miroir ce qu’on vouloit savoir, de même qu’on le regarde dans l’ongle du pouce, après qu’on l’a frotté & rendu luisant. C’est le sentiment de Valable & de Munster. Enfin d’autres rendent קלקל par jecit, & disent qu’on lançoit des flèches en l’air, & qu’on observoit où elles tomboient : c’est l’interprétation du Paraphraste Chaldéen & de Kimhhi. Pocock traite de la bélomance dans son Specimen historiæ Arab. S. Jérôme, sur l’endroit d’Ezéchiel que j’ai cité, & Grotius au même endroit, confondent la bélomance & la rabdomance, comme une même divination, & Grotius montre que cette superstition étoit en usage chez les Mages, c’est-à-dire, les Chaldéens, & chez les Scythes. C’est le Scholiaste de Nicandre qui le dit d’après Dion ; que les Alains, nation Scythe, en usoient aussi au rapport d’Ammien, Liv. XXXI, que des Scythes elle avoit passé aux Sclavons leurs voisins, chez lesquels on la pratiquoit, si l’on en croit Rabbi Moyse de Korsi dans l’Hist. du 52e Jubilé, & Adam de Brémen, Narrationis Ecclesiastic. c. 6, que les Germains la prirent des Sclaves, puisque Tacite nous apprend qu’ils en usoient. Tacit. De Mor. Germ. C. 11 ou n. 10. Paulus Venetus, en parlant des Tartares, Liv. I, ch. 53, explique encore une autre manière de bélomance, à ce que dit Grotius ; mais il se trompe, ce n’est ni bélomance, ni une coutume de ces peuples ; c’est une divination arbitraire que leurs Prêtres pratiquent en une occasion particulière, non pas avec des flèches, mais avec un roseau fendu en deux.

BELOUSE, BELOUSER. Voyez Blouse, Blouser.

☞ BEL-OUTIL. s. m. Terme usité parmi les Orfèvres & les Bijoutiers. Voyez Bigorne & Bigorneau.

BELTIS. Voyez Baaltis.

☞ BELTURBET. Pence ville d’Irlande, dans la Province d’Ulster, au comté de Cavan sur une petite rivière. Belturbetum.

☞ BELTZKO. Ville du royaume de Pologne, dans la Russie rouge, dans le Palatinat auquel elle donne le nom. Ce Palatinat est entre le Palatinat de Leopol, la terre de Chelm & la Volhinie.

☞ BELVAL. Voyez Belleval.

BELUDE, ou BÉLUE. s. f. Vieux mot. Bête féroce, du latin Bellua.

Dégénéré de bien peu de value,
Et converti en forme de bélue.

BELVEDÈR. s. m. ou Beloeder. Chenopodium lini folio villoso. Plante annuelle, qu’on seme dans les jardins : elle donne des racines noires, chevelues, d’où part une tige cannelée, haute d’un pied & demi, quelquefois plus, droite, cassante, & qui pousse une infinité de branches dans toute sa longueur, disposées de manière qu’elles forment une pyramide agréable. Sa tige & ses branches sont garnies de feuilles alternes, semblables à celles de la linaire, mais velues. De leurs aisselles à l’extrémité des branches naissent des fleurs qui sont à cinq étamines, soûtenues par un calice verdâtre divisé en cinq quartiers, du fond duquel s’élève un pistil qui devient ensuite une petite semence arrondie, applatie, un peu brune, enveloppée du calice de la fleur.

Belveder, est un nom Italien, qui signifie en François, plante belle à voir, à cause que ses branches sont bien rangées contre la tige, & qu’elles ne s’écartent point d’aucun côté. On a adopté en France ce terme ; & cette plante est connue sous ce nom chez les Fleuristes & les Jardiniers.

Belveder, signifie aussi un lieu élevé où l’on jouit d’un bon air & d’une belle vue. Locus editus præclaro aspectu. Ce mot est purement Italien. C’est quelquefois un petit bâtiment à l’extrémité d’un jardin ou d’un parc. C’est quelquefois un simple berceau élevé sur quelque montagne ou terrasse. ☞ Les Belveders se décorent ordinairement de différens arbres & arbrisseaux.

BELVEDERE, est une des quatre grandes Provinces de la Morée. Sa capitale porte aussi le nom de Belvédère, Belvedera, Elis. C’est l’ancienne Elis, capitale de l’Elide, sur le Pénée. Belvédère est encore un bourg du Royaume de Naples dans la Calabre citérieure, près de la mer de Toscane. Belvédère est la même chose en italien que Beauvoir & Beauregard en françois, nom que nous avons aussi donné à plusieurs lieux.

☞ BELVES ou BELVEZ, bourg ou petite ville de France, en Périgord, dans le Sarladois.

☞ BELUGARA. Ville d’Afrique, au Monométapa, sur la rivière de Sainte Luce.

BELULQUE. s. m. Instrument pour l’extraction des dards ou des flèches. On trouve dans les Auteurs de Chirurgie les descriptions de plusieurs instrumens de cette espèce. Belulcum. Ce mot vient de Βέλος, flèche, & de ἔλκω, tirer.

BÉLUS. s. m. Grande Divinité des Babyloniens. Le Bélus étoit le soleil, ou la nature elle même qu’on adoroit sous ce nom. Dans la suite, le premier Roi des Assyriens, à qui on donna par honneur le nom de Bélus, ayant été mis après sa mort au rang des Dieux, il fut confondu avec la grande Divinité des Assyriens. Cicéron, entre plusieurs Hercules qu’il distingue, dit que le cinquième étoit Bélus, ou Hercule l’Indien. Voyez Bel, Dieu des Babyloniens.

Bélus, Père de Danaüs & d’Egyptus, est le Jupiter Egyptien.

Bélus, Roi de Tyr, & de Phénicie, fut pere de Pygmalion & d’Elise, surnommée Didon.

BELUTTA. s. m. Grand arbre qui croît dans le Malabar. Sa racine broyée avec du gingembre frais, & prise intérieurement, provoque puissamment la sueur. ☞ Ses feuilles bouillies dans du lait, appliquées en cataplasme sur le sommet de la tête, avec l’huile de palmier, sont employées pour résoudre les humeurs visqueuses. Leur décoction est bonne pour la toux. Le fruit est astringent, quand il est sec ; & laxatif, quand il est frais & cuit dans du miel.

BEM

☞ BEM, ou BEMBE. Ville de Perse, à trois journées de Multan, sur les frontieres de l’Inde.

☞ BEMARIN. Bemarina, contrée de l’Amérique Septentrionale dans la Floride, au pays des Apalaches.

BÈME. s. m. Bema. Autel des Manichéens : ils le dressoient dans un lieu différent & éloigné de celui où les Catholiques disoient la Messe. Anselme d’Haverberg parle dans ses Dialogues du bema des Manichéens. Le mot bème vient du grec Βῆμα, tribunal, dégré. On appelle aussi bème parmi les Manichéens le jour de la mort de Manès. Le bème est un grand jour chez les Manichéens, c’est un jour de fête ; ils appeloient bème le jour que Manès fut tué, parce qu’ils le célébroient en ornant magnifiquement leur bème ou leur autel. En général les Grecs appellent bème ce que nous appelons sanctuaire. De tous les laïcs il n’y avoit que l’Empereur qui pût entrer dans le bème.

BEMBEL. s. m. Terme de Philosophie hermétique, qui signifie, ou le mercure, ou la pierre philosophale.

BÉMOL, BÉQUARRE. Termes de Musique. Saint Grégoire s’est servi des sept premières lettres de l’alphabet, pour distinguer les sept tons de la voix. Or quelquefois l’espace entre A & B est d’un ton entier, qui étant plus haut est plus dur, & on le marque d’une figure carrée, ce qui l’a fait appeler béquarre. Mais quand le B est plus bas d’un demi ton, il est plus doux & plus mol, &c c’est pourquoi on l’appelle bémol. Voyez B.

☞ Le bémol est un caractère, qui a la forme d’un petit b qu’on met devant une note pour la baisser d’un demi ton. On dit aussi adjectivement qu’une note est bémol.

☞ BÉMOLISER. v. a. Nouveau terme de Musique. Marquer une note d’un bémol. On dit aussi bémoliser la clef.

BÉMUS. s. m. Terme méprisant & bas, qui signifie un homme qui ne sauroit dire un mot ; un sot, un lourdaut. Pourquoi donc en parler comme d’un clerc d’armes, ou comme d’un novice de couvent, & enfin d’un bémus, d’un lourdaut, d’un ignorant ? Mascur. De qui me parlez-vous là ? C’est un vrai bémus, c’est-à dire, un innocent. Vous faites le bémus, le bon bémus. Ce mot ne se dit nulle part.

BEN

BEN, ou BEHEN. s. m. se prend pour un arbre qui croît en Arabie, & qui s’élève presqu’aussi haut que le bouleau. Ses feuilles sont arrondies, assez petites pour la grandeur de l’arbre, rangées par paire sur une côte branchue, & sont même clair semées. Son fruit est une gousse longue de cinq pouces environ, composée de deux cosses cannelées, coriaces, d’un goût plus insipide qu’astringent, & renfermant comme dans des cellules des noyaux blancs, triangulaires, gros comme de petites noisettes, qui contiennent sous leurs coques minces une semence amère, huileuse, semblable à celle de la noisette, mais plus blanche.

C’est une noisette triangulaire, & dont l’amande rend une huile si belle & si douce, qu’elle n’a aucune odeur ; de sorte qu’elle prend parfaitement bien l’odeur de la fleur qu’on lui donne, & si naturellement, qu’il n’y a pas de différence entre l’odeur de la fleur & celle de l’huile, lorsqu’on prend soin de la bien travailler. Cette huile se nomme Essence. Barbe. Cette huile a aussi cela de particulier, qu’elle ne rancit pas comme les autres huiles exprimées, & qu’elle peut être conservée en bon état pendant long-temps. Ce fruit, que les Arabes appellent ben, est nommé des Grecs Balanus Myrepsica, & des Latins Glans unguentaria. L’huile sert aussi à effacer les taches, & les lentilles du visage, appliquée seule, ou mélée dans des pommades. Les meilleures noix de ben sont pleines, fraîches, blanches, & fort aisées à peler. Elles servoient aux parfumeurs dès le temps de Pline. On dit : de la noix de ben, l’huile de ben.

On donne ce nom de ben, ou behen à deux autres plantes bien différentes ; l’une est appelée behen blanc, & l’autre behen rouge. voyez Behen.

☞ BENA, ou BECCABENA. Bena, Beccabenna. Royaume d’Afrique, en Nigritie. Ce Royaume porte le nom de sa capitale, & les habitans celui de Sousos.

☞ BENACAFIZ. Ville d’Afrique, au Royaume de Maroc, dans la province du Duquela, sur l’Ommirabi.

BÉNAGUES. Nom d’un ruisseau de France, qui s’est apparemment formé du latin bona aqua. Il est dans l’évêché de Pamiers, & coule entre Varilhère & Pamiers. Le ruisseau de Bénagues est une des dix rivières ou ruisseaux de France, d’où l’on tire des paillettes d’or. Voyez M. de Réaumur. Hist. de l’Acad. des Sc. 1718.

BENAIS. Voyez Benêt.

☞ BENAKET, ville d’Asie, dans la Transoxane.

BENAN. s. m. Étoile fixe de la seconde grandeur, qui est la dernière des trois qui sont dans la queue de la grande Ourse. C’est elle qu’on appelle communément le grand cheval, ou le cheval de devant du chariot.

BENARDE. s. f. Voyez Besnarde.

☞ BENARES. Voyez Banara.

BÉNARI. C’est ainsi qu’on appelle un ortolan en Languedoc. Ce sont des oiseaux passagers : ils passent deux fois l’an ; au mois de Mai, & au mois d’Août, on les prend avec des filets au temps de leur passage. Les bénaris étant nourris en cage deviennent si gras, qu’on les apporte bien souvent tous morts dans une petite malléte pleine de millet en poste de Toulouse à Paris, pour la table du Roi & des Princes. Il s’en prend quantité dans les plaines de Toulouse, mais en hyver ils sont très-rares & très-chers. Comme les cailles sont beaucoup plus excellentes en Laurageais qu’en Italie à cause que l’Italie est trop séche, de même les ortolans ou bénaris sont beaucoup plus gras, & ont meilleur goût à Toulouse qu’en Italie. Catel, Hist. de Langued. L. I, p. 46.

☞ BENAROU. Ville de Perse, sur les frontières de la province de Fars & du Royaume de Lar, au pied d’une montagne.

☞ BENATAGE. s. m. Fonction des Benatiers dans les salines.

☞ BENATES. s. f. Voyez Benatiers.

☞ BENATIERS. s. m. pl. Ouvriers occupés dans les salines à assembler des bâtons de bois avec des osiers & de la ficelle, pour en former des paniers appelés benates, qui contiennent douze pains de sel.

BENATH. s. m. Nom que les Arabes donnent à de petites pustules qui s’élevent sur le corps pendant la nuit, après la sueur.

☞ BENAVARI. Benavarium. Petite ville d’Espagne, au royaume d’Arragon, capitale du Comté de Ribagorça, sur les confins de Catalogne.

☞ BENAUGES. Benalgiæ. Petit pays de la Guienne propre, le long de la Garonne. Cadillac en est le lieu principal.

☞ BENCATH. Ville d’Asie, dans la Transoxane.

☞ BENDA. (le). Petit pays de la Turquie, dans l’Albanie. Il avoit autrefois pour capitale Benda, ville épiscopale, aujourd’hui ruinée.

☞ BENDARMASSEN, ou BENDARMASSIN. Bendarmassia. Ville des Indes, dans la partie septentrionale de l’île de Borneo, à l’embouchure du fleuve Saccadano, ou Saccadan capitale du royaume de même nom.

BENDE. s. f. Terme de Relation. Monnoie ou somme de la côte de Guinée & du royaume d’Issinie. La bende vaut cent francs. L’adultère est un crime capital pour les deux coupables, mais entr’eux ils s’en acquittent ordinairement pour une bende, qui est la valeur de cent francs : l’amende croît à proportion du mari lésé, & tel adultère a été condamné à sept bendes, envers le mari qu’il avoit déshonoré. Voyez la relation du royaume d’Issinie, par le B. P. Loyer, Dominicain. Le Roi d’Issinie pour prévenir la vengeance dont les Hollandois le menaçoient, paya dix bendes d’or.

BENDALÉON. s. m. Le tarif de la Douane de Lyon nomme ainsi cette espèce de gomme, que l’on nomme à Paris, & presque par-tout ailleurs, bedelium, ou bdelium.

BENDER. v. a. Vieux mot. Mettre en inquiétude.

Si l’éveillez, croyez qu’elle ouvrira
Ses deux beaux yeux, pour les vôtres bender.

Cl. Marot
.

On écrit aujourd’hui bander, en quelque signification que ce verbe se prenne.

Bender. Nom de ville. Bender est dans la Bessarabie, à trente lieues d’Ozakou. Le Roi de Suéde Charles XII, après la bataille de Pultova se retira à Bender, ☞ y fit un long séjour, & avec environ 60 hommes, il y soutint dans sa maison un siége contre une armée de Janissaires.

BENDIDIES. s. f. Fêtes qui se célébroient dans le Pyrée d’Athènes, en l’honneur de Diane, surnommée bendis. Ces fêtes ressembloient un peu aux Bacchanales.

BENDIS. s. f. Bendis. C’est le nom que les Thraces, dit Hésychius, donnoient à Diane. Palæphatus, C. 32, & Suidas, disent aussi que c’est la Lune, ce qui revient au même, comme l’on sait. Les fêtes de Bendis, nommées par les Athéniens Βενδίδεια, Bendidées, & qui se célébroient dans le Pyrée le 21e du mois Targélion, étoient semblables aux bacchanales. C’est ce que nous apprennent Strabon dans son neuvième Livre, & Proclus dans son premier Livre sur le Timée de Platon. Vossius parle de la Déesse Bendis, De Idol. L. II, C. 57.

☞ BENÉ. Petite ville d’Italie, en Piémont, sur les frontières du Montferrat. Elle donne le nom au pays voisin qu’on appelle le Benese.

☞ BENE-BARAH. Ville de la Terre-Sainte, dans la Tribu de Dan.

BÉNÉDET. s. m. Nom propre d’homme. Benedictus. Saint Bénédet est un des quatres patrons d’Arbaigne. Malabay le Feuillant a écrit la vie de S. Bénédet sur d’anciens Mémoires. Chastel. 12 Févr.

BÉNÉDICITÉ. s. m. Mot latin que l’usage a rendu françois. Prière qui se fait avant le repas pour bénir les viandes qui sont sur la table. Mensæ consecratio. Un bon Chrétien doit dire bénédicité & grâces. Le bénédicité de Godeau est une Paraphrase sur le Cantique des trois enfans dans la fournaise.

On dit proverbialement, il est du quatorzième bénédicité, à ceux qu’on veut taxer de bêtise : car le quatorzième verset du Cantique des trois Enfans dans la fournaise porte, benedicite, omnes bestia & pecora, Domino.

BÉNÉDICTE. s. m. Terme de Pharmacie. C’est un électuaire laxatif qui purge doucement. Il est composé de 24 ingrédients, sans y comprendre le miel. On appelle ordinairement le bénédicte de Nicolas de Salerne, du nom de son inventeur.

BÉNÉDICTIN. Religieux qui a fait veu de vivre sous la Régle de S. Benoît. Ordinis Sancti Benedicti Monachus. ☞ C’est ce qu’on appelle moines noirs dans le Droit canon. Leur uniforme est une robe, un scapulaire & un capuce noir. Quand ils vont au chœur ou en ville, ils ont une ample chappe de serge noire, à grandes manches, & un capuchon qui se termine en pointe.

L’Ordre des Bénédictins est partagé en différentes Congrégations. La plus ancienne de ces Congrégations est celle des Bénédictins du mont Cassin, ainsi appelée du nom du Monastère chef de tout l’Ordre de S. Benoît. On lui a donné aussi le nom de sainte Grotte, à cause du Monastère qui a été bâti où étoit la grotte ou caverne qui servit de retraite à S. Benoît lorsqu’il se retira à Subiago, Sublac. Le Monastère du Mont Cassin fut détruit pas les Lombards en 580, & rebâti par le Pape Grégoire II en 720, par les soins d’un Brixien nommé Perronax. En 1323 Jean XXII érigea le Monastère du Mont Cassin & tout son territoire en évêché, & supprima la dignité d’Abbé. Il y eut neuf Evêques de suite ; mais en 1367, Urbain V restitua à ce Monastère le titre d’Abbaye, & supprima la dignité épiscopale, en laissant néanmoins à l’Abbé la juridiction comme épiscopale, que les Abbés du Mont Cassin avoient toujours eue, même avant Jean XXII, comme ils l’ont encore aujourd’hui.

La plus ancienne Congrégation de Bénédictins en France, est celle de Marmoutier. Ce célébre Monastère fut fondé près de Tours par S. Martin, Archevêque de cette ville. Au commencement du IXe siécle, ce Monastère reçut la règle de S. Benoît, que S. Maur, à ce que l’on prétend, avoit apportée en France, & que l’Abbaye de Glanfeuil, fondée par ce Saint, avoit suivie. Marmoutier devint le chef de plus de deux cens Prieurs, ce qui fit qu’il fut regardé comme le chef de la première Congrégation de Bénédictins en France, quoique Glanfeuil fût la première Abbaye de cet Ordre qui eût été fondée, & qu’on appelât cette Congrégation la Congrégation de Marmoutier. P. Héliot, T. V. c. 7.

La Congrégation des Bénédictins d’Angleterre a été distinguée par quelques Auteurs en quatre Congrégations différentes, celle de saint Augustin, celle de saint Benoît Biscop, celle de saint Dunstan, & celle de saint Lancfranc. Les Monastères d’Angleterre ne faisoient point de Congrégation ; ils étoient soumis chacun à quelques Monastères de France, & les saints Benoît, Dunstan & Lancfranc, ont été plutôt restaurateurs de la discipline monastique, que fondateurs de différentes Congrégations. C’est pourquoi le P. Clément Reynes, Bénédictin de la Congrégation d’Angleterre, regarde cette Congrégation zn différens âges : le premier sous saint Augustin, Apôtre d’Angleterre, l’an 596 ; le second sous saint Benoît Biscop, vers l’an 703 ; le troisième sous saint Dunstan, vers l’an 900 ; le quatrième sous saint Lancfranc, vers l’an 1077 dans lesquels elle n’avoit point encore la forme de Congrégation ; mais dans le cinquième âge elle peut être appelée véritablement Congrégation, lorsque l’an 1215, dans le Concile général de Latran, il fut ordonné de tenir des Chapitres généraux dans chaque Province. Elle se perfectionna dans le sixième âge, après que Benoît XII ayant renouvelé l’an 1334 le décret du Concile de Latran, fit par sa Bulle appelée Bénédictine, des réglemens pour l’Ordre de S. Benoît. Enfin, elle augmenta toujours jusqu’au schisme d’Henri VIII. Il y a encore quelques Bénédictins de cette Congrégation qu’on appelle Bénédictins Anglois. Ils ont des Monastères hors de leur Île, entr’autres à Paris au fauxbourg S. Jacques. Voyez le P. Hélyot, T. V. c. 9.

Saint Bénigne de Dijon, Abbaye fondée au VIe siècle par Grégoire, Evêque de Langres, fut aussi le chef d’une Congrégation de Bénédictins.

La Congrégation de S. Benoît sur Loire. Floriacensis Congrégatio. La Congrégation de Fleury, parce que saint Benoît sur Loire s’appeloit autrefois Floriacum. L’Abbaye de Fleury, ou de saint Benoît sur Loire, que Léon VII appelle le premier & le chef de tous les Monastères, comme Alexandre II appelle son Abbé le premier des Abbés de France, fut fondée sous le règne de Clovis II.

L’Abbaye de S. Waasr d’Arras, & les autres Monastères qui s’unirent à elle comme à leur Chef au commencement du dernier siècle, prirent le nom de Congrégation des Bénédictins exempts.

L’Abbaye de Lérins fondée en 410 par saint Honorat, ne reçut la règle de saint Benoît qu’au VIIe siècle, & l’observa d’abord avec celle de saint Colomban. Elle eut dans sa dépendance non-seulement plusieurs Abbayes & Monastères de France, mais encore celui de saint Barthélemi en Catalogne, & d’autres en Italie dans l’Evêché de Reggio, dans l’Etat de Gènes & dans l’île de Corse, qui tous étoient soumis à la correction de l’Abbé de Lérins. Elle eut même des Monastères de filles sous sa juridiction, comme ceux de saint Harluc & de saint Honorat de Tarascon. Il y eut même un Monastère de Chanoines réguliers vivans sous la règle de saint Augustin, qui lui fut soumis avec les Eglises de saint Mamert & de saint Marie de Fontaine Vineuse. En 1515 Augustin Grimaldi, Evêque de Grasse, & Abbé de Lérins, pour y rétablir la discipline monastique, soumit cette Abbaye à la Congrégation de la réforme des Bénédictins du Mont Cassin, & de sainte Justine de Padoue ; union de Léon X approuva, & que François I confirma par Lettres patentes du 14 Avril de la même année, vérifiées au Parlement d’Aix, & par Henri II l ’an 1547 ; Clément VIII, l’an 1591, & Henri IV, l’an 1597 : ainsi finit la Congrégation de Lérins.

La Congrégation de l’Abbaye de Fuldes, en Allemagne, fondée en 744, par S. Boniface, Archevêque de Mayence, & Apôtre d’Allemagne, étoit composée non-seulement de Monastères d’hommes, mais encore de plusieurs Abbayes de filles.

La Congrégation de saint Claude, anciennement de S. Candat & de saint Oyen, du mont Jura, au Comté de Bourgogne. Cette Abbaye a été une de celles qu’on appeloit dans l’Ordre de saint Benoît Chef d’Ordre, non parce qu’elle a fait avec leurs dépendances un Ordre particulier & séparé, mais parce qu’elles avoient dans leur dépendance plusieurs Maisons & Prieurés conventuels. Elle fut fondées en 425 par saint Romain, & s’appela d’abord Abbaye de S. Oyan & de Candat, c’est-à-dire, du Confluant, parce qu’elle étoit à la jonction des rivières de Bienne & d’Allière. Le nombre des Moines y augmenta considérablement, ils furent obligés d’envoyer une colonie à Lauconne. Ils bâtirent en suite un Monastère de filles, nommé de la Baume, ou de la Roche. Ensuite se bâtit le Monastère de Romon-Moustier, & ainsi se forma la Congrégation de saint Oyan & de Candat, ou de saint Claude, qui augmenta beaucoup dans la suite, comme on le peut voir dans le Ve Tome du P. Helyot, C. 17, sous Innocent III. Elle s’unit au Monastère de S. Benoît de la Province de Lyon, en vertu du décret du IVe Concile de Latran, dont nous avons parlé. L’Abbé de S. Oyan ou de S. Claude, présidoit aux Chapitres généraux ordonnés par ce Concile. Elle avoit pris le nom de S. Oyan d’un saint Abbé de ce nom qui la gouverna, & qui mourut en 510. On ne sait pas précisément le temps qu’elle reçut la règle de Saint Benoît ; il y a de l’apparence que ce fut sous Charlemagne au VIIIe siècle. Benoît XII, en 1336, dans sa Bénédictine, ordonna que les Chapitres auxquels il oblige l’Abbé de S. Claude d’assister, seroient composés des Supérieurs des Monastères de l’Ordre de S. Benoît des provinces ecclésiastiques de Lyon, de Besançon & de Tarentaise. Telle fut donc alors la Congrégation de S. Claude.

La Congrégation de Cluse a pris son nom de son premier Monastère situé en Piémont à l’entrée des Alpes, & qui est redevable de son commencement à Hugues de Scousut, Auvergnat de nation, & Seigneur de Montboissier, qui fonda un Monastère sur le mont Epicare, à quatre lieues de Suze, & près du mont Caprate, au Xe siècle.

La Congrégation de Cluny est encore fort étendue : nous en parlerons au mot Cluny. Il y a une réforme de cette Congrégation, que l’on appelle l’Etroite Observance de Cluny. P. Helyot, T. V. c. 19.

La Congrégation de Fontavellane, dont dur Pierre Damien, & la Congrégation de Cave, sont deux Congrégations de Bénédictins en Italie. La première eut pour Chef le Monastère de Fontavellane, dans l’Apennin, en un lieu solitaire de l’Ombrie, au diocèse de Faenza, entre les monts Carrio & Carno, vers l’an 1000. L’Abbaye de Cave, au diocèse de Salerne, dans le royaume de Naples, fut le chef de la seconde. Il fut bêti par saint Alfère, au commencement du XIe siècle. Il prit le nom de Cave, à cause d’une carrière ou cavée dans laquelle il fut bâti. P. Helyot. T. V. C. 25 & 26.

On peut même regarder les Camaldules comme une Congrégation de l’Ordre de S. Benoît. Car S. Romuald fut un réformateur & un propagateur de l’Ordre de saint Benoît, avant qu’il eût fondé un Ordre nouveau en 1012. P. Helyot.

La Congrégation de Sassovivo, lieu du diocèse de Foligni, au pied d’une grande montagne toute de roche, appelée pour ce sujet Sasso vivo, c’est-à-dire, Roche vie, & d’une autre montagne appelée del Vecchio, ou du Vieillard, commença vers l’an 1060 que le B. Meynard de l’Ordre de S. Benoît s’y retira.

La Congrégation de Sauve-Major eut pour fondateur S. Gérard, natif de Corbie, dans l’onzième siècle. Le Monastère chef de cette Congrégation fut bâti dans le diocèse de Bourdeaux, en un lieu qui s’appeloit alors Silva-Major, ou Grande-forêt, à présent Sauve-Major, à six lieues environ de Bourdeaux, dans le pays qu’on nomme des deux Mers. Il fut habité en 1079. Il y avoit environ trente Prieurés qui dépendoient de cette Congrégation, outre un grand nombre de Paroisses. P. Helyot, T. V. c. 31.

L’Abbaye d’Hirsauge, en Allemagne, dans le diocèse de Spire, a été autrefois chef d’une florissante Congrégation, qui commença vers l’an 1080, par le zèle de saint Guillaume, qui fut le restaurateur de la discipline monastique en ce pays. Selon Tritème, cette Congrégation fut composée de plus de soixante Monastères que siant Guillaume fonda, outre ceux qu’il réforma. P. Helyot, T. V. C. 32.

Sur la Congrégation de Cîteaux, Voy Cîteaux, & pour Clairvaux, voyez aussi ce mot en sa place.

La Congrégation de Chézal-Benoît est aujourd’hui unie à celle de S. Maur. Voyez Chézal-benoît. Le P. Helyot traite de toutes ces Congrégations de Bénédictins dans son VIe Tome de l’Histoire des Ordres Religieux.

Les Humiliés sont aussi une Congrégation qui suit la règle de S. Benoît, aussi bien que les Sylvestrins, les Célestins, les Religieux du Mont Olivet, les Religieux de l’Ordre de Christ, les Oblates de sainte Françoise, la Congrégation de Molek & d’Autriche qui subsistent encore en Allemagne, & celle de Bursfeld.

La Congrégation de Valladolid, en Espagne, a pour Chef le Monastère de S. Benoît de Valladolid, fondé vers l’an 1390, par Jean I. Roi de Castille. C’est pour cela que ce Monastère est surnommé le Royal. Ce Monastère s’étant réformé, & en ayant réformé beaucoup d’autres, Ferdinand & Isabelle voulurent que tous les Monastères de S. Benoît en Espagne y fussent soumis, ce qu’ils obtinrent d’Innocent VIII. P. Helyot, T. VI. C. 30.

Une autre ancienne Congrégation de Bénédictins est celle de la Chaise-Dieu. Casa Dei. Abbaye fondée vers 1401, par le B. Robert, Chanoine de saint Julien de Brioude. Cette Congrégation s’étendit jusqu’en Espagne, & le Monastère de saint Jean de Burgos en dépendoit.

La Congrégation de Se. Justine, dite depuis du Mont Cassin, commença en 1408. que Louis Barbo, noble Vénitien, Prieur des Chanoinres Réguliers de l’Ordre des Chanoines Séculiers de saint George in Alga, fut pourvu par Grégoire XII de l’Abbaye de saint Justine de Padoue. Il y mit la réforme aussi bien que dans plusieurs autres, qui formerent cette Congrégation, qui fut confirmée par Martin V. L’an 1504, le Monastère du Mont Cassin y ayant été uni, le Pape Jule II. voulut qu’elle quittât le nom de sainte Justine, pour prendre celui de Mont Cassin, qui étoit Chef de tout l’Ordre, & qu’on l’appelât à l’avenir la Congrégation du Mont Cassin, autrefois de sainte Justine. P. Helyot, T. VI. C. 29.

La Congrégation de S. Vanne & de S. Hidulfe, & la réforme des Monastères de Lorraine & de France qui la composent, commença par les soins de D. Didier de la Cour, Religieux de l’Abbaye de saint Vanne de Verdun, sur la fin du seizième siècle.

La Congrégation de S. Vanne a encore produit celle de saint Placide aux Pays-Bas.

La Congrégation de Portugal commença vers 1558, par la réforme du Monastère de Se Thirse, qui y fut portée par les Peres Réformés d’Espagne. Ascagne Tembourin, distingue encore une autre Congrégation de Bénédictins en Portugal, qu’il nomme la Congrégation de Lisbonne ; mais il se trompe. Voyez le P. Helyot, T. VI. C. 31.

L’Abbaye de S. Denys en France, fut aussi chef d’une Congrégation de Bénédictins. Cette Congrégation n’a été établie qu’au commencement du XVIIe siècle, & en vertu du Décret du Concile de Trente, qui oblige tous les Monastères immédiatement soumis au S. Siége, de s’unir en Congrégation ; s’ils n’aimoient mieux se soumettre à la visite de l’Ordinaire. Pour l’éviter, les Bénédictins de saint Denys projeterent de se faire chefs d’une Congrégation, & solliciterent plusieurs Monastères d’entrer dans ce projet. Neuf y consentirent, qui furent ceux de saint Pierre de Corbie, de saint Magloire de Paris, de saint Pere de Chartres, de Bonneval, de Colombs, de Josaphat, de Neaufle le vieux, de saint Lomer de Blois, & de Moustierender. On fit des réglemens, on s’assembla au Prieuré de S. Lazare, au faux-bourg de saint Denys, le 6 Mars 1607. On y conclut le traité d’association. Henri IV donna des Lettres patentes, le Parlement les enregistra le 5 Septembre de la même année. Le Prieur de saint Denys fut élu Général. Paul V confirma cette association l’an 1614, sous le titre de Congrégation de saint Denys, & elle a subsisté jusqu’à la naissance de la Congrégation de saint Maur.

La Congrégation Bénédictine Helvétique ou de Suisse, comprend neuf Monastères : c’est une des plus considérable de l’Ordre. Cinq de ses Abbés sont Princes de l’Empire ; ce sont ceux de saint Gal, d’Einsfidlen, ou Notre-Dame des Hermites, de Muri, de Pfers & de Discutis. Les quatre autres sont Rhinaw, Frischinchen, Engelberg & Rhun. L’union de ces Monastères commença en 1602, & fut approuvée par Clément VIII, sous le titre de Congrégation Bénédictine Helvétique. Elle fut consommée en 1633, qu’elle se trouva de neuf Monastères.

La Congrégation de S. Maur doit son commencement à la Congrégation de saint Vanne, dont la réputation se répandant de tous côtés, invita plusieurs Abbayes à embrasser la même réforme. La première qui s’y soumit fut celle de S. Augustin de Limoges, l’an 1613, S. Faron de Maux, saint Julien de Nouiallé, saint Pierre de Jumiège, & de Bernay suivirent ; de sorte que l’on crut nécessaire de faire une Congrégation nouvelle des Abbayes de France, & de la séparer de cette de saint Vanne. Ce projet fut approuvé par un Chapitre général de saint Mansuy de Toul en 1618. La même année Louis XIII, donna des Lettres patentes pour l’érection de cette Congrégation, à laquelle dans la première Assembler générale on donna le nom de Congrégation de saint Maur. Grégoire XV l’approuva, Urbain VIII la confirma par sa bulle du 21 Janvier 1627. Ces bulles furent fulminées par l’Official de Paris le 16 Mai 1629. Le Roi donna des Lettres patentes le 15 Juin 1631, & le 15 Mars 1632, pour l’exécution de ces bulles, & ces Lettres patentes furent vérifiées au Parlement de Paris le 21 Mars 1622.

Les Bénédictins sont appelés dans tout le Droit Canon Monachi nigri, c’est-à-dire, Moines noirs ; ensorte qu’ils y sont plutôt distingués des autres Ordres par leur habit que par le nom de leur Patriarche saint Benoît. Il y avoit avant les Bénédictins un grand nombre de Moines, même dans l’Occident. Saint Ambroise, saint Jérôme & saint Grégoire font mention des moines qui étoient en Italie, dans les Gaules, & dans plusieurs autres endroits de l’Europe. Il y avoit cette différence entre les anciens Moines & les Bénédictins, que les premiers étoient simplement Moines, sans être attachés à aucun Ordre particulier. C’étoit assez d’être Moine pour être reçu en cette qualité dans tous les Monastères, quand on voyageoit ; car on ne parloit point alors de règles particulières. Le Cardinal Baronius, Gallon Prêre de l’Oratoire de Rome, le P. le Cointe, Prêtre de l’Oratoire de France, ont accusé les Bénédictins d’avoir mis parmi les Moines de leur Ordre plusieurs saints Moines qui n’en ont point été. consultez le P. Le Cointe dans ses Annales Ecclésiastiques de France. Voyez aussi dans le premier Tome des Acta SS. Ben. le Catalogue des Saints omis, où le P. Mabillon convient que dans le Calendrier des Bénédictins il y a des Saints qui n’ont point été Bénédictins, ni même Moines. C’étoit la coutume de mettre dans ces Calendriers les noms des Bienfaicteurs morts ; on les a pris ensuite pour des Moines. Dom Bastide a cependant répondu au P. le Cointe, Act. SS. Ben. Sæc. III. P. II. à la fin. On trouve plusieurs choses concernant l’Ordre des Bénédictins, & leurs divers établissemens, dans les Préfaces de tous les tomes de ces Acta SS. Enfin le P. Mabillon a donné les Annales de l’Ordre de saint Benoît.