Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/641-650

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Fascicules du tome 2
pages 631 à 640

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 641 à 650

pages 651 à 660


cliquette que les ladres étoient autrefois obligés de porter. Crepitare.

CLIQUETIS, s. m. bruit que font les armes en choquant les unes contre les autres. Armorum crepitus, sonitus, conflictus. On entendit un cliquetis d’épées qui fit sortir les bourgeois. Le cliquetis de ceux qui se battoient réveilla les plus endormis.

Ce mot vient, par onomatopée, du bruit que font les armes quand on se bat.

☞ CLIQUETIS se dit aussi en Médecine & en Chirurgie du craquement des os, de leur crépitation dans certains mouvemens, dans certaines maladies, particulièrement du bruit que font les os fracturés quand ils se froissent les uns contre les autres.

Cliquetis au figuré. On lit dans l’Essai sur la Critique de M. Pope, ou plutôt dans la Traduction Françoise de cet ouvrage, en parlant de certains Auteurs, &c. Ils rimaillent sans fin des sons vides, par cliquetis de syllabes.

CLIQUETTE. s. f. Instrument fait de deux os, ou de deux morceaux de bois que l’on met entre les doigts, & qu’on bat les uns contre les autres pour en tirer quelques sons mesurés. Crepitaculum. Jour des cliquettes. Les ladres étoient obligés de porter des cliquettes, pour avertir les autres de ne les pas approcher, de crainte de prendre du mauvais air.

Les Danseuses Turques battent la cadence des chansons que chantent les autres, en dansant, avec une espèce de cliquette. Du Loir, p. 174.

Cliquettes. s. f. pl. Terme de Pêcheurs. Ce sont des pierres ou cailloux troués par le milieu, que les Pêcheurs attachent à leur verveux, pour le faire aller à fond. Il en faut trois à chaque verveux.

CLISSE. s. f. On appelle ainsi une claie faite d’ozier, ou de menues branches de jonc. Crates viminea. On se sert de Clisses pour faire égouter les fromages.

Clisse, en termes de Chirurgie, signifie une petite bande de bois, ou de fer blanc. Assula, lamina. On se sert de clisses pour tenir en état les os fracturés. On doit dire éclisses, en chirurgie, & non pas clisse.

CLISSÉ, ÉE. adj. Qui est couvert de claies, revêtu de claies. Crate, ou cratibus, tectus, instructus, defensus. Le Roi (Louis XIV.) s’est servi de ce terme dans le propre, dans ses remarques sur un retranchement que César avoit fait faire : voici ses termes. Quoique César ait appelé mur l’ouvrage pour empêcher aux Suisses le passage du Rhône ; les vidanges du fossé qu’il énonce supposant plutôt un retranchement, il y a été nécessaire, pour concilier l’un & l’autre, de représenter un rempart avec des parapets clissés, appelés plutei, tels que les Anciens les employoient en semblables occasions.

On appelle bouteille clissée, une bouteilles garnie de clisse.

CLISSON. Petite ville de France dans la haute Bretagne sur la Seure. Olivier de Clisson, qui fut Connétable de France en 1380, se disoit Seigneur de Clisson. Les anciens titres l’appellent en latin Clicchio, Clichia & Clicho. De-là s’est fait Cliçon, & puis Clisson.

Clisson. s. m. Toile de Lin propre à faire des chemises que l’on fabrique en Bretagne.

CLISSONNOIS. s. m. Le Clissonnois est un petit pays aux environs de Clisson. Clicchionensis pagus.

CLITIE. s. f. Terme de Fleuriste. Anémone à peluche, d’une couleur de chair entremêlée d’incarnadin ; sa peluche est fort bien rangée, à la manière des soucis doubles. C’est une des belles anémones à peluche que l’on puisse voir. Morin.

CLITORIS. s. m. Petit corps rond & long, situé au haut des parties naturelles des femmes, tout auprès de la vulve, & qui a la figure d’un gland. Il est d’ordinaire assez petit ; il y a des femmes qui l’ont fort gros & fort long. Il ressemble en beaucoup de choses à la verge de l’homme : il est composé des mêmes parties : il a deux nerfs caverneux, un gland à l’extrémité, couvert d’un prépuce, mais qui n’est pas percé, & quatre muscles, deux érecteurs, & deux éjaculateurs. Il enfle, & devient dur dans certaines occasions. Il s’est trouvé des femmes qui en ont abusé. C’est une partie extrêmement sensible, & qui est le siége principal du plaisir dans la femelle. ☞ C’est pour cela que quelques-uns lui ont donné le nom d’astrum veneris. Quelques-uns l’appelle la verge de la femme. On le retranche quelquefois, quand il sort trop en dehors.

CLIVAGE. s. m. action de CLIVER. Voyez ce mot. Pour peu que le diamant soit de conséquence, on le scie plutôt que de l’exposer au risque du Clivage. Voyez Cliver.

CLIVER un diamant, terme de Lapidaire, c’est le fendre avec adresse en frappant avec un marteau sur un couteau fixé sur l’endroit où l’on veut séparer le diamant. On ne clive guère que les diamans qui ont de grandes glaces.

CLO.

CLOACINE. s. f. Cloacina. Déesse qui présidoit aux cloaques. C’est Tatius, non pas Roi des Romains, comme dit Hoffman, mais apparemment celui qui fut chef des Sabins, qui la trouva dans un cloaque où l’on travailloit une statue de femme dont il fit une Déesse. S. Augustin en parle au L. IV. de la Cité de Dieu, c. 23.

CLOAQUE. s. m. & f. Aquéduc souterrain, égoût dans lequel s’écoulent, se reçoivent les immondices d’une ville, d’une maison. Cloaca. Les vapeurs infectées qui s’élevent des eaux croupes, des cloaques publics, sont une des causes éloignées de la peste. Journ. des Sav. On ne peut mettre un cloaque proche de la maison de son voisin sans titre ; car c’est une espèce de servitude.

Ce mot vient du grec κλέξω (klexô), purgo. ☞ D’autres le font venir de cluo, infecter par sa mauvaise odeur. Ce mot n’est guère en usage qu’en parlant des ouvrages des anciens. Dans le langage ordinaire, on dit égoût.

Cloaque signifie aussi, par extension, tout lieu puant. Il est logé dans un quartier plein de Tanneurs, de Corroyeurs, c’est un vrai cloaque. Ce pédant est si mal propre, que sa chambre est un vrai cloaque. On appeloit autrefois cloaque, les latrines d’une maison. Latrina.

Cloaque. On dit d’une personne puante, que c’est un cloaque. On l’applique figurément aux vices : Cloaque d’impureté. Cloaque de tous sortes de vices. Acad. Franç.

Cloaque, dans l’Anatomie comparative, signifie un canal qui est dans le corps des oiseaux, & qui sert à conduire l’œuf depuis l’ovaire jusqu’à son issue. Cloaca. Dict. de James.

CLOCHE. s. f. C’est un instrument de métal qui sert pour appeler les Chrétiens à l’Eglise, & pour faire quelque assemblée, convocation, ou réjouissance. Campana, campanum. Les Musiciens la mettent entre les instrumens de Musique, qu’on appelle de Percussion. Elle est faite en forme de poire ouverte par en bas avec un battant de fer, & elle est suspendue par une grosse charpente de bois qu’on appelle Mouton, dans laquelle ses anses sont enclavées. Sa partie la plus haute, qui est faite en timbre ou en calotte, s’appelle le Cerveau. Les traits ou les courbures de l’endroit où la cloche s’élargit, s’appellent les Faussures, & les bords de la cloche où frappe le battant, s’appellent les Pinces. Les Fondeurs ont un diapason, ou une échelle campanaire, qu’ils appellent aussi Brochette ou bâton, qui sert à connoître & à mesure la grandeur ou l’épaisseur, le poids et le son des cloches. Leur matière est un métal composé de vingt livres d’étain sur cent livres de rosette. On donne quinze fois l’épaisseur du bord au diamètre d’une cloche, & douze bords à sa hauteur.

La grosse cloche de Rouen pese quarante mille livres, & s’appelle George d’Amboise ; d’autres ne disent que trente-six mille livres, comme le portent des vers Latins qu’on lit dessus. Dans la Description Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. tom. 2, p. 25. on marque qu’elle a dix pieds de hauteur, y compris les anses, & qu’elle pese 36000. Elle fut fondue le 2 Août 1501. Son battant est de sept cens dix livres, sa circonférence de 30 piés, & son diamètre de 8 piés & un tiers. Nankin, ville de la Chine, étoit célèbre autrefois par la grandeur de ses cloches ; mais leur poids énorme ayant emporté le donjon où elles étoient suspendues, tout le bâtiment tomba en ruines ; & les cloches sont depuis demeurées à terre, sans qu’on se soit mis en devoir de les remonter. La hauteur d’une de ces cloches est de onze piés de Roi, & son anse de deux. Son diamètre, pris dans la plus grande largeur, en a sept, si on y comprend l’épaisseur des bords. La circonférence extérieure est de 22 piés ; & quoiqu’elle diminue en montant, ce n’est pourtant pas en même proportion que nos cloches d’Europe, car sa figure est presque cylindrique, à la réserve d’un renflement considérable qui paroît vers le milieu, où le contour est aussi grand que celui de ses bords. Elle est entourées de plusieurs moulures, filets & platebandes. Le limbe inférieur a six pouces & demi d’épaisseur, ce qui diminue toujours jusqu’à la courbure, où commence la conoïde ; de sorte que sous l’anse elle n’est tout au plus épaisse que de deux pouces. Ce qui se peut mesurer assez précisément, parce qu’on y laisse un trou pour augmenter le son, suivant l’opinion des Chinois. Ces cloches ont été fondues sous le premier Empereur de la Dynastie précédente, qui régnoit il y a plus de 300 ans. Elles ont chacune leur nom particulier. La Pédante, Tohoui ; la Mangeante, Ché, la Dormante, Choui ; la Volonté, fi. Il n’y en avoit que trois dans Nankin ; mais la Géographie chinoise en marque une quatrième au-delà du fleuve Kiam. Supposant que le pié cubique de cuivre pese six cens quarante-huit livres, la cloche dont on a pris les mesures peseroit environ quatre-vingt-dix milliers, si sa grosseur & son épaisseur étoient par tout égales. Pour la grosseur il n’y a pas beaucoup de différence ; mais l’épaisseur diminue uniformément jusqu’à l’anse, où elle a deux pouces ; ainsi prenant quatre pouces & un peu plus pour la moyenne proportionnelle, & supposant l’alliage un peu moins pesant que le cuivre, la cloche, avec son anse, pesera environ cinquante milliers, c’est-à-dire, qu’elle sera deux fois plus pesante que celle d’Erfort, que le P. Kirker dit être la plus grande cloche du monde. Mais il y en a à Pékin sept autres fondues sous le règne d’Youlo, il y a près de 300 ans, dont chacune pese six-vingt mille livres. Leur ouverture a douze piés de diamètre ; elle en ont 40 de circuit, & douze de hauteur sans compter l’anse, qui est pour le moins de 3 pieds. Mais autant que les cloches de la Chine surpassent celles d’Europe en grandeur, autant leur sont-elles inférieures par la beauté du son, soit que notre métal soit plus pur, & l’alliage mieux observé, soit que la figure & la fonte des nôtres en soient meilleures. Leur son est extrêmement obscur, parce qu’on ne les frappe pas avec un battant de fer, ou de quelqu’autre métal, mais avec un marteau de bois. Les Chinois ont dans toutes leurs villes de fort grandes cloches destinées à marquer les veilles de la nuit. P. Le Comte. Jean Struys dit dans ses voyages, que les cloches de Moscou pèsent trois cens quatre-vingt-quatorze mille livres.

Il se fait un frémissement de chaque partie de la cloche lorsqu’elle sonne ; & le P. François Maria Grimadie soûtient dans sa Physique, que le moindre coup qu’on frappe sur une cloche fait approcher & éloigner successivement toutes ses parties les unes des autres, & que c’est ce frémissement qui cause le son. Voyez Son. On a observé que les cloches s’entendent de plus loin dans les plaines, que sur les montagnes ; & que celles de vallées se font encore entendre plus loin que celles des plaines. Les Religieux s’assemblent capitulairement au son de la cloche. C’étoit autrefois l’office des Prêtres de sonner les cloches, & sur tout dans les Cathédrales, & on les appeloit Klockmans. Ce nom qui est Allemand, ou de l’ancien Celtique, ou de l’ancien Franc, & qui signifie Homme des cloches, est encore en usage dans l’Eglise d’Amiens. On a appelé cloche banale, la cloche du béfroi, ou la cloche de la Commune. On fait un bruit, un carillon de cloches dans les réjouissances publiques, & dans les Fêtes de l’Eglise.

Les Bollandistes, Febr. T. I, p. 423. T. III, p. 104 E. 105 B. & Ménage dérivent de mot de cloca, ou clocca, cloccum, qui se trouve en ce sens dans la vie de S. Anschaire, dans celle de S. Rambert & de S. Liobe, dans les Capitulaires de Charlemagne, & dans d’autres Auteurs du même siècle. Or clocca, ou cloca, vient de l’Allemand, cloche, ou plutôt gloccke, signifiant la même chose. Et ce qui prouve cette origine allemande, c’est qu’on trouve aussi glocca & glogga dans la basse Latinité. Fauchet croit que c’est un vieux mot françois, parce que l’aller & le revenir d’une cloche représente l’allure d’un boiteux, ce qu’on appeloit clocher. Il y a plus d’apparence qu’il vient de cloch, qui est un mot du langage armorique, ou bas-breton, qui signifie cloche. D’autres le dérivent de clangor, parce que c’étoit au son des cloches qu’on signifioit le jeûne, ou la pénitence ; d’autre du Grec καλεῖν (kalein), qui signifie vocare, d’où les Latins ont fait calata comitia ; d’autres du Grec κλαζεῖν (klazein), qui signifie sonner avec la bouche. Quelques-uns le dérivent de cochlea, à cause de sa figure. Du Cande enfin le dérive du Saxon clugga. Et quelques-uns dérivent tous ces mots du Latin glocire. Jérome Magius, dans les fers chez les Turcs, écrivit deux traités, l’un des Cloches, l’autre du Chevalet, sans autre secours que celui de sa mémoire. Vign. Marv.

On tient que les cloches ont été inventés à Nole, dont saint Paulina a été Evêque, ou que du moins c’est lui qui en a introduit l’usage dans le service divin : ce qui les a fait appeler Nolæ & Campanæ, parce que Nole est dans la Campagne de Rome. On peut néanmoins douter si les cloches n’ont point été appelées Campanæ & Nolæ, non, parce qu’elles ont été inventées à Nole, ou dans la Campagne de Rome ; mais parce qu’on a trouvé dans la Campagne d’Italie la manière de les suspendre & de les balancer comme l’on fait ; ou bien qu’on les a suspendues & balancées ainsi sur le modèle d’une balance inventée ou usitée dans la Campagne d’Italie ; car on trouve en Latin un contrepoids, ou balance appelée Campana statera ; & en Grec Καμπανιξεῖν (Kampanixein), pour ponderare, dans Nicétas Choniates. Quelques-uns font distinction, & appelent les grandes cloches, campanæ, & les petites ou sonnettes nolæ. Ce mot se dit proprement des grelots qu’on met au collier des chiens, aux piés des oiseaux, & au poitrail des chevaux & mulets. On a dit aussi, Nolæ refectorii ; & on a donné le même nom à ces cloches qu’on sonne pendant l’élévation de l’Hostie. Polydore Virgile en attribue l’invention au Pape Sabinien qui succéda à S. Grégoire, & qui le dernier se qualifia Evêque de Rome. Mais il se trompe ; car S. Jérome, contemporain de S. Paulin, a parlé d’une cloche. Dans la vie de S. Loup, qui vivoit au commencement du VIIe siècle, il est parlé d’une cloche qui étoit dans l’Eglise pour appeler le peuple. Le Pape Sabinien n’inventa pas les cloches, mais il ordonna que l’on distingueroit les heures canoniques par le son d’une cloche. Ovide, Tibulle, Martial, Stace, Manilius, & les Auteurs Grecs font mention de cloches ; tintinnabula, & d’airain bruyant, crepitantia, strepitantia æra. Il ne suit pas néanmoins de-là que ce fussent des cloches. Suétone, Dion, Strabon, Polybe, Josephe, & autres, en ont fait aussi mention sous les noms de petasus, tintinnabulum, æramentum, crotalum, signum, &c. En effet Polydore Virgile de Inv. Rer. L. VI, C. 12. ne dit pas, comme on l’a écrit dans la première édition de ce Livre, que le Pape Sabinien, Successeur de S. Grégoire, fût l’inventeur des cloches ; mais seulement que c’est lui qui introduisit l’usage d’appeler le peuple aux saints Offices au son des cloches. Hieronymus Magius, dans le Livre qu’il a fait exprès de tintinnabulis, en fait voir l’antiquité. Quelques Auteurs croient que nos cloches, sur tout les grosses, sont une invention nouvelle. Leur raison est que le nom en est moderne. Il ne paroît pas qu’on ait eu de grosses cloches beaucoup avant le sixième siècle. En 610, Loup Evêque d’Orléans étant à Sens, que l’armée de Clotaire assiégeoit, l’étonna si fort en faisant sonner les cloches de l’Eglise de S. Etienne, que toute l’armée prit la fuite. Peuve que ce n’étoit point une chose encore fort connue, ni fort usitée. Bede, L. VI C. 23. nous apprend que sur la fin du même siècle il y en avoit en Angleterre, & qu’on s’en servoit pour appeler à la prière. Les Religieux de l’Abbaye d’Aumale, se vantent d’avoir les plus anciennes cloches de toute la Normandie. Descript. Geogr. & Hist. de la Haute-Normandie, to. 1, p. 26, C. 3.

Les Grecs n’ont connu les cloches qu’au IXe siècle. C’est un Vénition qui leur en apprit la fabrique. Il n’est pas vrai que dans l’Eglise Orientale l’usage des cloches ait été tout-à-fait inconnu, & qu’on y ait toujours appelé le peuple au service avec des maillets de bois, comme on fait présentement. Léo Allatius dans sa Dissertation touchant les Temples des Grecs, pour le contraire par George Pachymere & par Michel Psellus, qui font mention des cloches qui étoient dans quelques Temples ou Eglises des Grecs. Il prétend qu’après la prise de Constantinople l’usage des cloches fut défendu par les Turcs, de peur que leur son ne fût contraire au repos des ames, qui sont selon eux errantes dans l’air. Il ajoute que l’usage des cloches est encore dans quelques endroits qui sont éloignés de tout commerce des Turcs, & qu’il y en a de très-anciennes au mont Athos. Le P. Jérôme Dandini suppose aussi, dans son voyage du mont Liban, qu’il y avoit de véritables cloches dans les Eglises des Grecs avant qu’ils fussent sous la domination des Turcs, qui en ont fait, dit-il, des pièces d’artillerie. M. Simon, dans ses remarques sur ce voyage, croit que les Turcs n’ont privé de l’usage des cloches les Chrétiens de leur obéissance, que par des raisons de politique, parce que le son des cloches peut servir de signal pour l’exécution des révoltes, & pour donner l’alarme par tout en peu de temps. Voyez Minaret. En 1548 la ville de Bourdeaux fut privée de ses cloches pour cause de rébellion. Elles lui furent rendues peu de temps après par Henri II.

Mathieu Paris dit qu’autrefois, pendant le deuil, l’usage des cloches étoit défendu ; d’où vient qu’on ne les sonne point le Vendredi saint : mais aujourd’hui on en fait une des principales cérémonies des enterremens. Les Egyptiens n’ont que des cloches de bois, à la réserve d’une seule de fonte qui a été apportée par les Francs dans le Monastère de S. Antoine. Ils en attribuent l’invention à Noé, qu’il disent avoir fait la première par le commandement de Dieu. L’on a expliqué les usages d’une cloche en deux vers techniques latins que voici,

Laudo Deum verum, plebem voco, congrego Clerum,
Defunctos ploro, pestem fugo, festa decoro.

C’étoit une ancienne coutume de sonner les cloches pour un moribond, afin d’avertir les Fidèles de prier pour lui ; comme l’a remarqué le Pere Mabillon, Acta SS. Bened. Sæc. III, P. I, Præf. N. 102. C’est de-là que le son que l’on sonne pour un mort, & qui s’appelle ailleurs un Clas, s’appelle à Reims l’Abbé mort, par corruption pour l’Abboi de la mort.

La coutume de sonner les cloches aux approches du tonnerre n’est pas nouvelle, mais ce n’étoit pas seulement pour ébranler l’air qu’on les sonnoit ; c’étoit pour assembler le peuple, qui alloit à l’Eglise prier Dieu de préserver la Paroisse des effets de ce terrible météore. Lobineau, T. I, p. 847.

Durand, dans son Rationale Divinor. Officiorum, L. I, C. 4, distingue six espèces de cloches. La première est celle qui sert dans les Communautés au Réfectoire, & s’appelle squilla. La seconde, qu’il nomme cymbalum, sert au cloître. La troisième, nola, dans le chœur. La quatrième, nolula, est celle de l’horloge ; la cinquième, qui se met dans le clocher, s’appelle campana ; & la sixième, qui est celle des tours, signum.

On fait une cérémonie pour le baptême ou la bénédiction des cloches. Cette cérémonie est très-ancienne, aussi bien que nom de baptême qu’on lui donne ; car on dit baptême d’une cloche, baptiser une cloche ; comme Yves de Chartres rapporte qu’on baptisoit autrefois les Eglises, au lieu de dire qu’on les bénissoit. Quelques Auteurs écrivent que cette coutume de baptiser les cloches fut introduire par le Pape Jean XIIIe en 972 ; mais il est manifeste qu’elle est plus ancienne, puisqu’un Capitulaire de Charlemagne de l’an 789, défend de baptiser les cloches, & qu’au rapport d’Alcuin, cet usage étoit établi long temps avant le VIIIe siècle. Cela doit donc d’entendre d’un reglement que fit Jean XIIIe, d’un ordre qu’il porta de baptiser ou de bénir les cloches qui doivent servir à l’Eglise, parce que cet usage, déja ancien, avoit été interrompu, ou négligé, &c. Le Roi Robert, faisant faire en 1029 la Dédicace de l’Eglise de S. Agnan d’Orleans, y donna entre autres présens cinq cloches, dont l’une, qu’il avoit fait baptiser, & à laquelle il avoit donné son nom, pesoit deux milles six cens. Ce qui montre qu’alors la bénédiction des cloches s’appeloit encore baptême, & que la défense du Capitulaire de Charlemagne n’eut point de lieu, ou dura peu. Le Moine Helgaud, qui rapporte ce qu’on vient de dire, marque qu’on y employoit l’huile & le chrême. Voyez Baptême & Baptiser. Par Arrêt du Parlement de Paris en 1603, l’on a jugé qu’un Fondeur de cloches peut les revendiquer, & les faire dépendre de l’Eglise, quoiqu’elles aient été bénites & consacrée, quand il n’a pas été payé de la valeur.

Cloche s’emploie proverbialement en ces phrases. Il est temps de fondre la cloche ; c’est-à-dire, de terminer une affaire, de prendre la dernière résolution. Etre étonné, être penaut comme un Fondeur de cloches ; c’est-à-dire, être confus & muet, voyant qu’une affaire qui pouvoit être bonne, nous a mal réussi par notre faute.

A ce discours, Godard mille dois plus surpris
Que ne l’est un fondeur de cloche,
Tire son écu de sa poche. Nouv. ch. de vers.

On dit aussi de ceux qui disent tantôt d’une façon, tantôt de l’autre, qu’ils sont comme les cloches, qu’on leur fait dire tout ce qu’on veut. On appelle Gentilshommes de la cloche, ceux qui ne sont nobles que pour avoir passé en de certaines charges de Mairie, ou d’Echevinage, qui se donnent au son de la cloche. On dit qu’on fait sonner la grosse cloche, quand on fait parler le maître, celui qui a l’autorité pour conclure. On dit aussi, qu’un homme n’est pas sujet à un coup de cloche ; pour dire, qu’il n’est pas sujet à se rendre à une certaine heure à son devoir, à dîner, souper, &c.

Clochesse dit, en guerre, du droit que le Grand Maître de l’Artillerie a sur les cloches des Eglises & sur tout le métal d’une place qui a été battue du canon. Les habitans achetent ce métal, & payent une certaine somme pour les cloches.

Cloche des alarmes. On appelle ainsi dans les villes de guerre & les Citadelles, une cloche qui sert à donner l’alarme, pour avertir contre les surprises de l’ennemi ; elle est placée communément dans la maison du Gouverneur.

Cloches se dit aussi de certains vaisseaux aux ustensiles qui ont la figure d’une cloche. Les Jardiniers mettent des cloches de verre sur les melons pour les garantir des injures de l’air. Testa vitrea. On fait cuire des fruits sous une cloche de fer qu’on fait rougir. Testa ærea.

Cloche de Plongeurs. On a trouvé l’invention de faire descendre des hommes au fond de la mer dans de grandes cloches de bois. On en voit les figures dans le Journal des Savans. C’est une machine dans laquelle un homme peut demeurer quelque temps sous l’eau. Les choses qui sont tombées au fond de la mer ou ailleurs au fond de l’eau, soit par naufrage ou autrement, peuvent être retirées par le moyen de cette machine. Elle doit être de bois, de plomb, de fer ou de cuivre, néanmoins la matière la plus pesante doit être la meilleure, pour résister à la force de l’eau, & pour plonger & descendre à fond avec plus de facilité, & y demeurer droite dans la même situation où elle y étoit descendue. Cette machine a la figure d’une cloche, ou d’une de ces tonnes qui servent de bouée, & qui seroit ouverte par dessus. Sa hauteur est à peu près comme celle d’un homme de moyenne taille. Par le bas, autour du bord, il y a un gros cercle de fer pour maintenir la cloche, car si ce gros cercle n’y étoit pas en dedans, la force de l’eau pourroit enfoncer les côtés de la machine, & les faire joindre l’un à l’autre. On peut demeurer dans une de ces machines sous l’eau une demi-heure : & quelquefois un peu plus, ou un peu moins. Celles qui sont de bois, doivent être reforcées de cercles de fer, & chargées de plaques ou de pièces de quelque métal.

Cloche, en termes de Jardinier Fleuriste, c’est le haut de la fleur, lequel forme une espèce de calice. On l’appelle vase en calice ; mais on dit des Jacintes, & de l’Oreille-d’ours, la cloche de ces Jacintes est belle. Morin.

Cloche, terme de Botanique. Campana. Fleur en cloche ; flos campaniformis. On se sert du mot de cloche pour exprimer la figure de plusieurs fleurs monopétales & de quelques fruits. Ce fruit est en cloche : cette fleur est campaniforme. Campanella, ou campernula, petite cloche, ou qui approche de la figure d’une cloche. La forme de ces fleurs varie suivant que le fonds, les parois, ou la bouche sont plus ou moins renflés ou ouverts.

Cloche se dit aussi en Médecine, des ampoules ou vessies pleines de sérosités qui viennent aux piés & aux mains par trop de travail ou de marche, ou aux autres parties quand elles ont souffert du feu. Pustula. Il vient des cloches aux mains & aux piés à ceux qui ne sont pas accoutumés à fendre du bois, ou à marcher. La brulure cause aussitôt de grosses cloches.

Cloche. s. f. Ancien habillement des femmes Parisiennes. Cappe, Capot. Amiculum rotundum. Aimoin, et son continuateur, qui a écrit la vie de Louis le débonnaire, fils de Charlemagne, dit qu’il prit envie à Charlemagne, lorsqu’il faisoit la guerre aux Saxons, d’envoyer chercher son fils Louis qui étoit Roi d’Aquitaine, lequel alla trouver son pere, étant vêtu à la mode des Gascons, amiculo rotundo ; mais que l’Auteur de la chronique de S. Denys a tourné d’une cloche ronde, étant certain que dans Paris encore aujourd’hui on appelle une cloche, les chappes que les Parisiennes portent, qui couvrent la tête, & ne passent point la ceinture. Catel, Hist. de Lang, T. I, p. 7. Il imprimoit en 1633. Ailleurs cet habillement s’appelle capot. Il n’est plus d’usage à Paris ni en beaucoup d’autres endroits.

On appeloit aussi autrefois cloche, une espèce d’habillement qu’on portoit à cheval, qui étoit étroit par en haut, mais large & arrondi par en bas en forme d’une cloche. Cappa. Du Cange.

☞ Les Grand Croix, dans l’Ordre de Malte, quand ils vont à l’Eglise en cérémonie, portent une espèce de robe noire ouverte par devant, avec de grandes manches qu’ils appellent cloches.

Cloche, en papeterie, sorte de papier. Le papier denommé à la cloche aura 14 pouces 6 lignes de largeur, sur 10 pouces 9 lignes de hauteur, & la rame pésera 9 livres. Arr. du Cons. du 27 Janvier 1739. Papier dénommé grande Licorne à la cloche. Ibid. Le papier dénommé double cloche aura 21 pouces 6 lignes, sur 14 pouces de hauteur, & la rame pésera 18 livres. Ibid.

CLOCHEMAN, s. f. vieux mot. Jean le Maire appella clocheman, le mouton qui conduit le troupeau, par le son d’une clochette pendue au cou. Dux gregis aries. Moutons clochemans, ou sonnaliers, &c. M. Ménage dit, que clocheman signifioit un sonneur de cloches : il est encore en usage dans l’Eglise d’Amiens. On dit clocman par abbréviation de clocheman, & clocheman vient de deux mots allemands, ou de l’ancien Franc, ou peut-être de l’ancien Cerltique, clocke, cloche & man, homme comme si l’on disoit l’homme à la cloche ; pour dire, sonneur : il t a dans la langue allemande beaucoup de mots composés de cette manière.

CLOCHEMENT. s. m. L’action de clocher, de boiter. Claudicatio. M. Deverel n’approuve pas le sentiment d’Ambroise Paré sur la cause du clochement. La Roche. Hildanus parlant de la cause du clochement, demande si ce que dit Paré en peut être la cause. Id. Ce terme ☞ n’est pas plus reçu que boitement. Le mot claudication, quoiqu’il ne soit pas généralement reçu, paroît préférable.

CLOCHE-PIÉ. s. m. C’est une espèce d’organcin qui n’a que trois brins de soie, dont deux sont moulinés ensemble séparément, & puis moulinés une seconde fois avec le troisième. Il est appelé cloche-pié, comme s’il clochoit ou boitoit, à cause du brin de soie qui manque, pour ainsi dire, à un de ses piés. On s’en sert dans la fabrique des soies.

A Cloche-pié. On dit aller à cloche-pié, c’est aller en sautillant sur un pied seul, tenant l’autre élevé, ou demeurer long temps sur un même pié. Suspendo pede incedere. Ils ont sauté l’un contre l’autre à cloche-pié. Les enfants jouent à cloche-pié, c’est-à-dire, à qui ira plus loin sur un seul pié. Ils poussent aussi un palet à cloche-pié, au delà d’un terme marqué en autant fois qu’on est convenu. Uno pede incedere, uno pede discum propellere.

CLOCHER. s. m. Ouvrage d’Architecture fort élevé faisant partie d’une Eglise, où l’on suspend les cloches. Æris campani turris, turris campanaria. On voit les clochers de Chartres de sept lieues loin. Il y a des clochers carrés & de pierre en forme de tours, qui partent du fond, comme les clochers des Eglises de Paris, de Reims, &c. D’autres de charpente qui sont sur les toits des Eglises, qu’on appelle aiguilles ou flèches. Mœsius dans son Traité des cloches, par aussi des clochers. Il dit que le plus remarquable de tous, est celui de marbre qui se voit à Pise ; lequel penche tout d’un côté, & semble prêt à tomber ; ce qui n’est point arrivé par un tremblement de terre, comme quelques-uns disent, mais a été fait à dessein par l’Architecte, comme il est aisé de juger par les planchers, les portes & les fenêtres, qui sont toutes de niveau. ☞ Ce clocher ne tombe pas, parce que sa base est extrêmement large, & que les corps inclinés assis sur un plan horizontal se soûtiennent quand la ligne de direction tombe en dedans de leur base, comme il arrive au clocher de Pise.

Clocher s’est fait de cloche, de même que dans la basse latinité Cloccarium s’est fait de clocca.

A l’Abbaye de Rimeremont on donne le nom de Clocher au Clerc qui gouverne la sonnerie. Campanis Præfectus.

Clocher se prend aussi pour une Paroisse, l’Eglise. Paræcia, Parochia. Il y a tant de clochers dans les pays d’Election en France. Il soûtint jusqu’au bout l’honneur de son clocher. Boil.

On dit proverbialement, il faut mettre le clocher au milieu de la Paroisse ; pour dire, qu’il faut mettre le plat, dont tout le monde mange au milieu de la table, ainsi que la chandelle lorsqu’il n’y en a qu’une, & généralement toutes les choses uniques dont tout le monde a besoin. On dit encore se battre des pierres du clocher d’un Curé qui plaide pour son bénéfice, & qui en a la récréance. On le dit même par extension de toutes les choses dont on se set pendant la contestation.

On dit aussi qu’un Curé n’a besoin d’autre titre que de son clocher pour demander des dîmes ; pour dire, que de droit commun elles sont dues aux Curés, s’il n’y a titre ou possession au contraire. On dit, qu’un homme n’a jamais perdu de vue le clocher de son village ; pour dire, qu’il est peu expérimenté, qu’il n’a jamais vu le monde. On dit des boiteux, qu’il entrent dans l’Eglise par le clocher, par une basse équivoque du clocher de l’Eglise avec le clocher des jambes.

CLOCHER, v. a. terme de Jardinage. C’est mettre une plante sous une cloche, la couvrir d’une cloche pour la garantir des injures de l’air, & sur tout du froid, concentrer la chaleur, & avancer la plante. Testa vitreâ includere, operire, tegere. Je viens de clocher mes melons. Clochez vos melons, crainte du froid. Liger.

Clocher, v. a. terme de Communauté. C’est appeler une Religieuse au son de la cloche, suivant un certain nombre de coups de cloche.

CLOCHÉ, ÉE, par. terme de Jardinier. Couvert, garni d’une cloche. Testâ vitreâ inclusis, opertus, tectus. J’ai deux cens piés de melon clochés. La Quint. Presque tous mes melons sont clochés. Liger.

CLOCHER, v. n. boiter, incliner plus d’un côté que de l’autre en marchant. Claudicare. Il cloche des deux côtés, ou d’un côté seulement, du pié droit, du pié gauche.

On dit figurément, qu’une chose cloche, lorsqu’elle n’est pas juste, qu’il y a quelque chose à redire, Deficere. Voilà un raisonnement qui cloche, qui n’est pas en forme. Cette comparaison cloche, son application n’est pas juste. Il y a quelque chose qui cloche en ce procès, qui n’est pas bien justifié. Toutes les comparaisons prises de la nature, pour expliquer les merveilles de la Religion, clochent toujours & demeurent imparfaites. Péliss. Un vers cloche, ☞ quand la mesure n’y est pas. Claudicat hic versus, hæc syllaba nutat. On dit généralement qu’il y a quelque chose qui cloche dans un discours, dans une affaire, dans une comparaison, &c. pour dire, qu’il y a quelque chose de défectueux.

☞ Dans la Poësie latine un vers cloche, quand il manque de césure au second ou au troisième pié ou à tous les deux ensemble.

On dit, qu’il ne faut pas clocher devant les boiteux ; pour dire, qu’il ne faut pas contrefaire un autre, ni lui reprocher un vice naturel.

CLOCHETON, s. m. petit clocher.

Il n’est clochers ni clochetons
Qui puissent faire résistance.

M. de Valincour.

CLOCHETTE, s. f. petite cloche qu’on peut tenir & sonner à la main. Tintinnabulum. Une clochette de cuivre, d’argent. On a une clochette sur son bureau, pour appeler ses valets. Dans l’Eglise Catholique, le Viatique que l’on porte aux malades est précédé d’une clochette, pour avertir les gens. Zonaras, L. II., dit que quand un Romain triomphoit, au char de triomphe étoit pendue une clochette avec un fouet, pour faire souvenir le triomphant qu’il pouvoit arriver qu’il fût fustigé & condamné à mort : car ceux que l’on conduisoit au supplice, portoient une clochette, pour avertir le peuple qu’il eût à se retirer, & ne point le toucher, de crainte d’être souillé ; & cette coutume s’observe encore par les Turcs. Favin, Hist. de Nav. L. X, p. 554.

Clochettes, en architecture, ce sont de petits corps en forme de cloche, qu’on met au dessous de la corniche dorique au droit des triglyphes. Denticuli.

Clochette est aussi une petite fleur jaune tirant sur le blanc, que l’on appelle autrement campanule. Voyez Campanule.

Les Clochettes que quelques-uns appellent aussi Narcisses sauvage, & les autres Narcisses bâtards d’Espagne, diffèrent non-seulement en grandeur & en figure, car il y en a de grandes, de petites, de simples, de doubles ; mais encore en couleur, les unes sont jaunes-claires ; les autres d’un jaune-lavé, & quelques-unes blanchâtres. La simple jette six feuilles, au milieu desquelles sort un godet qui est presque de la longueur d’un demi-doigt, étroit & rond par le fond, qui s’élargissant à l’ouverture, fait la figure d’une trompette, ou d’une cloche. La petite, la jaune lavée & la blanchâtre ne diffèrent de la précédente, que par la grandeur & la clour. Il y en a quatre espèces de doubles, trois grandes & une petite. La première fait une fleur semblable au Narcisse rosat, bien que le godet de celui-ci soit plus rond que celui de l’autre. Cette fleur, pour l’abondance de ses fleurs, est fort sujette à se dépecer. La seconde espèce fait sortir de son godet un bouquet de feuilles assez touffu. La troisième a deux godets l’un dans l’autre, ce qui la rend très-agréable. La petite espèce double ouvre un tour ou deux de feuilles, au milieu desquelles s’éleve un godet avec d’autres feuilles. Les clochettes se doivent planter au soleil, dans un terroir comme pour les potagers. Il ne leur faut que quatre doigts de profondeur, & la moitié d’un empan de distance. On les lève tous les trois ans pour les décharger de leurs cayeux. Morin.

CLOCMAN ou CLOKMAN. Voyez Clocheman.

CLOCU. s. m. Les Paysans d’Anjou appellent clocu le poulet qui est le dernier éclos de la couvée ; l’œuf dont il est éclos, fermant le cul de la poule. A Paris, on l’appelle par corruption du mot de culus, le culot, comme on y appelle aussi le dernier enfant d’une femme. En Basse Normandie, on appelle ce dernier enfant d’une femme, Tirechec, c’est-à-dire, tireporte. Hec, parmi les Bas Normands, signifiant une porte coudée. Au lieu de clocu dit pour clocul, nos anciens disoient Qulocu. Au Maine on tid Eclocu pour clocu. Mén. Dict. Etym. Tout cela est populaire & bas.

☞ CLODION, s. m. nom propre d’homme. Clodion, Roi des Francs, succéda à Pharamond en 423.

☞ CLODONES, s. f. pl. terme de Mythologie. Sorte de Bacchantes de Macédoine qui paroissoient dans les Orgyes & les autres fêtes de Bacchus.

CLŒLIA. Voyez Cloulia.

CLOFICHER, v. a. vieux mot qui veut dire clouer. Claves figere. Il est composé de clou & de ficher ; ficher un clou.

CLOFYE, s. m. oiseau d’Afrique qui est noire, & de la grosseur d’un étourneau. Les Nègres s’imaginent que par son chant, il prédit les bons & les mauvais événemens. Quand ils menacent quelqu’un d’une mort funeste, ils lui disent que le clofye a chanté sur lui.

☞ CLOGER, ville d’Irlande, dans la province d’Ulster, au comté de Tyrone. Elle est épiscopale. Cloceria.

☞ CLOIS, ville de France dans la Beauce, Diocèse de Blois, à deux lieues de Châteaudun.

CLOISON, s. f. separation de chambres, faite avec des ais ou de quelques pièces de charpente liées de maçonnerie. Sepimentum, clausura. Les chambres qui sont fermées de cloisons sont extrêmement froides. On appelle cloison simple, celle qui est à bois apparent, hourdée & enduite d’après les poteaux. Cloison recouverte, celle qui est latée & contrelatée & enduite de plâtre, ou lambrissée. Cloison creuse, celle qui est sans hourdi entre les poteaux, & qui est couverte d’un lambris de plâtre, pour empêcher le bruit & la charge, lorsqu’elle porte à faux. Cloison d’ais, celle qui est faite avec des ais, ou lambrissée des deux côtés, pour ménager la place & la charge. Cloison de menuiserie, celle qui est faite de planches à rainures & languettes posées en coulisse, & dont on se sert pour faire des retranchemens dans une grande pièce. Il se fait aussi des cloisons d’assemblage. Cloison à jour est celle qui depuis une certaine hauteur est faite de barreaux de bois carrés ou tournés. On appelle aussi cloison de serrure, une boëte mince qui enferme la garniture d’une serrure.

Cloison, en termes de Médecine & d’Anatomie, est une séparation dans les cavités du corps humain ; une membrane qui sépare une cavité du corps en deux parties. Nicolas Maffa, Vénitien, qui vivoit vers l’an 1530, a décrit fort exactement la cloison, qui sépare le scrotum en deux cavités ; découverte dont quelques-uns de nos Modernes se sont faits honneur mal à-propos.

Cloison, terme de Botanique. Les Botanistes se servent de ce terme pour exprimer les membranes qui divisent l’intérieur des fruits, & forment des loges ou cellules. Septum, dissepimentum. ☞ En différentes occasions, on donne le nom de cloison à différentes parties, qui font l’office de mur mitoyen entre deux autres.

Cloison d’Angers, nom d’un certain subside, qui se paie en Anjou par les Marchands fréquantans la rivière de Loire. Il fut imposé par Louis II, Duc d’Anjou, sous prétexte qu’il avoit besoin d’argent pour faire la cloison des villes d’Anger & de Saumur. Le nom de ce droit s’écrit aussi clouaison.

CLOISONNAGE ou CLOISINAGE, s. m. nom collectif qui exprime toutes les cloisons d’une maison. Le cloisonnage de cette maison a tant coûté. Il peut se prendre aussi, & peut-être mieux, pour l’action, le travail de mettre une cloison. La toise de cloisonnage vaut tant.

Ces mots viennent du verbe claudere, fermer.

CLOISONNÉ, ÉE, adj. terme de Conchyliologie. C’est la séparation que l’on remarque dans l’intérieur de quelques coquillages, comme dans les Nautiles ; c’est la même chose que chambré.

CLOÎTRE. s. m. Habitation fermée de murailles où logent les Chanoines ou des Religieux. Claustrum Cœnobii. Les Cloîtres des Chanoines sont composés des maisons où logent les Chanoines. C’est par un abus que les séculiers & les femmes logent dans les Cloîtres des Chanoines, comme à Paris dans les Cloîtres de Notre-Dame, de S. Honoré, &c.

Ce mot vient du latin claustrum. Nicod.

Cloître se dit plus particulièrement des monastères des Religieux, des Religieuses, & quelquefois il se prend pour la vie monastique. Les gens qui ont renoncé au monde, se retirent dans un Cloître. On a condamné cette femme à être mise dans un Cloître, pour y faire pénitence. Les peres regardent d’ordinaire les Cloîtres comme une décharge de ce qui les incommode dans leur famille, & offrent à Dieu ceux de leurs enfans qui leur déplaisent. S’il y a du danger à jeter dans le Cloître des ames remplies de l’amour du monde, il n’y en a pas moins à retenir dans le siècle des ames fragiles, qui se pourront sanctifier dans la retraite. Combien de gens s’enferment dans un Cloître, pour y sacrifier à Dieu les restes languissans d’une vie dont ils ne peuvent plus jouir : Il y a long temps que l’on prend ainsi le mot de Cloître pour tout le monastère. Voyez Pierre de Blois, dans l’article suivant.

Cloître se dit encore plus particulièrement de la principale partie des lieux réguliers qui est un carré de bâtiment compris entre quatre galeries, lequel est placé d’ordinaire entre l’Eglise, le Chapitre & le Réfectoire, & au dessus duquel est le dortoir. Peristylium. Les Processions des Religieux se font autour de leurs Cloîtres. Les Cloîtres servoient à plusieurs usages anciennement dans les monastères. 1o. C’étoit là où les Moines faisoient leurs lecteurs, comme il paroît par l’Epitome de l’Empereur Louis, sur la Règle de S. Benoît, la Concorde de S. Dunstan, c. 5, les actes de S. Volgang. c. 7. C’étoit du côté qui touchoit l’Eglise, que l’on faisoit la lecture morale, c’est-à-dire, au nord. 2o. Du côté de l’occident, se tenoit la classe. 3o. A l’orient étoit le Chapitre. 4o. Dans l’Eglise, se faisoit la méditation spirituelle. C’est Pierre de Blois qui fait cette distinction dans son sermon 25. Du Cange en conclut que tous ces différens exercices se faisoient dans le Cloître même ; mais il se trompe. L’Eglise, le Chapitre, l’Ecole n’étoient point des parties du Cloître même ; mais des bâtimens qui donnoient sur le Cloître, attenant au Cloîtree. Il est vrai que Pierre de Blois dit que ces quatre exercices se faisoient dans les Cloîtres des Couvens ; mais par Cloître, il entend tout le Monastère, ou pour le moins les quatre corps de bâtimens attenans aux Cloîtres, comme il s’en explique lui-même dans son sermon 36e, où il dit que tout le Monastère, la commune habitation des moines, s’appelle Cloître, parce qu’elle est enfermée de quatre corps de logis. Ce que nous venons de rapporter de Pierre de Blois, & ce que dit Adam de Brême, c. 103, montre que la forme des Cloîtres étoit carrée. Lefranc marque, dans la 3e sect. de ses Constitutions, que c’étoit au Cloître que les moines s’entretenoient à certaines heures du jour.

On dit, en Architecture, qu’une maison est bâtie en cloître, quand il y a des bâtimens sur les quatre côtés de la cour.

Cloître, architecture des jardins, sorte de bosquet qui est formé par un enclos de palissades, au dedans duquel sont une ou deux rangées d’arbres de haute tige, qui forment comme les portiques d’un Cloître religieux. Quelquefois on joint les tiges des arbres par des charmilles en banquette, qu’on tond à trois ou quatre pieds de hauteur. Duh.

Cloître. On nomme ainsi le comptoir ou magazin que quelques villes d’Allemagne ont dans le ville de Berg, un des Ports les plus considérables de l’Europe, & le plus beau de la Norvège. C’étoit autrefois le Palais épiscopal & la demeure des Chanoines.

CLOÎTRER, v. a. enfermer dans un Cloître. Intra Cœnobii claustra aliquem claudere. On a cloîtré cette femme par ordre de Justice. Cette fille s’est cloîtrée par pure dévotion & malgré ses parens.

☞ CLOÎTRÉ, ÉE. part. Qui est enfermé dans un Cloître.

☞ Il signifie aussi, réduit à garder la clôture ; & en ce sens, il ne se dit que des Religieuses. Depuis le Concile de Trente, il n’y a presque plus de Religieuses qui ne soient cloîtrées. Acad. Fr.

CLOÎTRIER, s. m. Religieux qui habite effectivement dans le Cloître, à la distinction de ceux qui sont dans la maison en qualité d’hôtes, ou qui sont réputés du dehors, parce qu’ils sont pourvus de bénéfices dépendans de la maison. Monachus Cœnobii Claustris additus.

Cloîtrier se dit aussi des Religieux qui gardent le Cloître par opposition à ceux qui sortent fréquemment. Ces derniers appellent par mépris leurs confrères, de bons Cloîtriers.

☞ CLOÎTRIÈRE. s. f. Greffet, dans son Vertveri, a employé ce mot en badinant, pour Religieuse.

Je crois que la remarque habile
De la Cloîtrière Sibile,
N’en déplaise à sa charité,
Sera de peu d’utilité.

☞ CLONEY ou CLON. Clona. Ville d’Irlande, dans la province de Munster, au comté de Corck.

☞ CLONFERT ou CLONEFART, ville d’Irlande, dans la province de Connaught, au comté de Gallway, avec un évêché suffragant de Toam.

☞ CLONMELL. Clonmellium. Ville d’Irlande, dans la province de Munster, sur la rivière de Shure, capital du comté de Tipperary.

CLOP. s. & adj. Vieux mot, qui signifie, boiteux. Claudus. Le peuple dit encore clopper, pour boiter.

☞ CLOPEUR, s. m. sorte de battoir à l’usage des raffineries de sucre.

CLOPIN-CLOPANT, expression adverbiale, d’usage dans le style familier ; pour signifier, en clopinant.

Mes gens s’en vont à trois piés,
Clopin-clopant comme ils peuvent
L’un contre l’autre jetés,
Au moindre hoquet qu’ils treuvent. La Font.

CLOPINER, v. n. marcher avec difficulté, comme si on étoit boiteux. Claudicare. Depuis sa chûte, il clopine, il va en clopinant. Il n’est que du style familier.

☞ CLOPORTE, mieux que CLAUPORTE. Plusieurs auteurs ont fait ce mot du genre féminin : aujourd’hui il est masculin. Espèce d’insecte qui s’engendre sous les pierres, dans les murailles, dans les caves. Le cloporte a le corps de figure ovale, couvert d’une peau écailleuse, divisée en huit anneaux, la tête arrondie, armée de deux cornes ou antennes ; la queue doublement fourchue, il a une grande quantité de piés de chaque côté. Quand on le touche, il replie son corps tête contre queue, & forme la boule. Les cloportes sont très-bons dans la colique néphrétique, dans le calcul, dans la difficulté d’uriner, dans la jaunisse, dans les obstructions, & dans plusieurs autres maladies. En latin, blatta, scolopendra, centipes, multipeda, asellus. On les appelles aussi cutiones, & chez les Grecs, πολυπόδες (polupodes).

Ce mot vient par corruption de clausporques, parce que ces animaux, chez les anciens & chez les modernes, ont passé pour tenir du pourceau. On les appelle en Champagne porcelets, en Italie porceletti. On les appelle aussi en plusieurs lieux, porcelets de S. Antoine ; en Dauphiné & dans le Lyonnois, on les appelle kaion, c’est-à-dire, cochons. Il y a d’autres provinces où on les appelle truies ; & ailleurs de noms approchans. Mén. Il y a des cloportes de mer qui se trouvent dans l’eau salée, qu’on appelle en latin asellus marinus, ou scofula, qui, au rapport des Pêcheurs, s’insinuant dans les machoires des perches, les font mourir.

CLOPOTEUX, EUSE, adj. terme de Marine, qui se dit d’une mer fort agitée. Inflatus, tumidus, agitatus, tumultuosus, a, um. La mer devint si clopoteuse, que nous roulions étonnamment, les mâts craquoient & faisoient un bruit à étonner le plus assûré. Il y avoit des roulis si violens, que le navire faisoit avec sa quille un ange de 45 dégrés au moins, & nous prenions de l’eau par dessus les bords, & en quantité. Lettre écrite de Guayaquil. Je ne sçais si ce mot se trouve ailleurs.

☞ CLOQUE, s. f. se dit chez les Ciriers lorsque le ruban de cire se noue, pour ainsi dire, & se récroqueville.

Cloque se dit aussi en jardinage, d’une maladie qui affecte les feuilles des arbres, du pêcher principalement. La cloque, si fréquente dans nos climats, est l’effet d’un vent qui fait d’abord récroqueviller les feuilles. Elles s’épaississent ensuite, & si on ne les arrache promptement, le mal se communique bientôt aux branches. Traité de la Cult. des Pêchers.

CLORRE, v. a. fermer, boucher quelque chose. Claudere. Clorre une porte, une boîte, un passage, une avenue. Clorre les yeux d’un homme mort, les lui fermer. Au figuré, clorre l’œil, c’est dormir. Je n’ai pas pu clorre l’œil de la nuit.

Clorre est quelquefois un verbe neutre ; cette porte ne clôt pas bien : cette chambre est froide, parce que la porte ne clôt pas tout-à-fait.

Clorre signifie aussi, faire une enceinte qui enferme un espace. Clorre une ville de murs & de bastions. Clorre un parc, un jardin de haies, de fossés. Sepire, circumdare. ☞ Ce verbe, quant aux temps simples, n’est guère usité qu’au présent de l’indicatif, au singulier, aux futurs de l’indicatif & du subjonctif.

Clorre est un terme de Vannier, qui signifie remplir d’osier l’espace qu’il y a depuis le fond jusqu’au bord de l’ouvrage. Clorre une corbeille, un van, une hotte, &c.

Clorre se dit aussi figurément. Perficere, concludere, absolvere, terminare. Clorre une affaire, c’est la conclure, la terminer. Clorre une assemblée, c’est la rompre, la licentier, la finir. Clorre un compte, c’est l’arrêter, voir combien il y a d’excès, ou de reste en la recette ou dépense. Clorre un inventaire, c’est y mettre le dernier article, qui est la prestation du serment qu’on fait faire aux parties & à leurs domestiques, qu’ils n’ont recélé, ni vu recéler ou divertir aucuns meubles ou effets de la maison. Mais on ne dit point, comme a fait Larrey, le volume par lequel je souhaite de Clorre l’histoire d’Angleterre, il faut dire, finir ou terminer.

☞ Corneille a dit dans le même sens, dans Nicodeme,

Par mes derniers soupirs clorra ma destinée.

Cette expression n’est certainement point d’usage dans le style tragique. Je ne voudrois pas même qu’on l’employât dans le discours ordinaire. Laissons-la aux gens de Palais : clorre un compte, un inventaire.

On dit aussi, clorre la bouche à quelqu’un ; pour dire, l’empêcher de parler, ou le réduire à ne pouvoir répliquer. Occludere os.

Clorre le pas, se disoit aussi autrefois dans les joûtes & tournois de certaine cérémonie qu’on faisoit en les terminant. Claudere. Comme ouvrir le pas, c’étoit les commencer.

CLOS, OSE, part. & adj. fermé. Clausus. Ce jardin est bien clos : cette chambre est bien close. Ville close.

On appelle au Palais une audience à huis clos, les audiences qu’on donne à portes fermées, par ménagement pour les parties. En ces audiences, les Juges sont aux bas sièges, comme quand on rapporte les procès.

Clos. Terme dont on se sert dans les Manufactures de lainage, pour exprimer une étoffe bien serrée.

Clos en mesure de comptes. On dit, qu’un compte, ou qu’un inventaire est clos ; pour dire, qu’il est arrêté.

Champ clos, étoit un champ fermé de barrières, où les anciens Chevaliers combattoient, ☞ où deux ou plusieurs personnes terminoient leurs différens par la voie des armes, avec la permission du Souverain. Campus septus. En champ clos. Le Roi Jean offrit à Edouard, Roi d’Angleterre, le combat en Champ clos. Choisi.

Pâque clos, est le Dimanche de Quasimodo, auquel jour se terminent les cérémonies de Pâque, & le temps de la Communion Paschale. Festorum Paschalium finis, clausula.

Lettre close. Secret d’une affaire, dans lequel on ne peut pénétrer. Res occulta, arcana, impervia. J’ai bien découvert qu’ils tramoient quelque dessein, mais de savoir ce qu’ils ont résolu, c’est pour moi lettre close.

On dit aussi bouche close, à celui à qui on recommande le secret de quelque affaire qu’on lui confie. Silentium imperare, præcipere, commendare.

☞ On dit qu’un homme a les yeux clos ; pour dire, qu’il est mort. A peine eut-il les yeux clos, que tous les héritiers se présentèrent pour s’emparer de la succession.

On dit qu’un homme doit être tenu clos & couvert dans une maison qu’il loue ; pour dire, que le propriétaire est obligé d’entretenir en bon état la clôture & la couverture de la maison. Sarta tecta.

Au figuré, on dit qu’un homme se tient clos & couvert ; pour dire, qu’il ne sort point, ou qu’il est en quelque lieu sûr, lorsqu’on le cherche pour le prendre. In tuto esse.

On dit encore, qu’un homme demeure clos & couvert ; pour dire, qu’il est retiré, qu’il ne veut point se mêler des affaires d’autrui, ni des affaires publiques, mais qu’il vit en repos dans sa famille. Procul à rerum tumultu positus.

On le dit aussi de celui qui est discret, dissimulé, qui ne découvre point ses pensées. Consideratus & circumspectus, prudens. On a fait plusieurs questions, plusieurs propositions à cet Ambassadeur ; mais il est toujours demeuré clos & couvert.

On dit figurément à yeux clos ; pour dire, aveuglément, sans examiner une affaire. Temerè, inconsideratè ; ou si ce n’est qu’un effet de la confiance que l’on a en quelqu’un, confidenter, inconsideratè, temerè. Il a tant de confiance en cet homme-là, qu’il signifie à yeux clos tout ce qu’il lui présente.

☞ CLOS. s. m. espace de terre cultivé, & fermé de murailles, de haies, de fossés. &c. Septum. Un clos d’arbres fruitiers de 20 ou 30 arpens. Il a des vignes enfermés dans son clos. Voyez Enclos. Il prend le nom de parc, quand il a une certaine étendue.

☞ Il vient de clausum.

CLOSEAU, s. m. petit jardin de paysan qui est clos de haies, ou de fagotage. Septum. Les Curés prétendent les dîmes vertes des clos & closeaux. Les paysans disent closes en Normandie.

CLOSERIE, s. f. c’est la même chose que clauseaux. En quelques lieux on la prend pour une petite métairie. Villa, villula, ager, agellus.

☞ CLOSERIE, chez les Vanniers, signifie cette espèce d’ouvrages qu’ils font sur des lattes ou cerceaux, en remplissant d’osier tout l’espace qu’il y a depuis le fond, jusqu’au bord d’une pièce de vannerie, tels que des vans, des hottes, &c.

☞ CLOSET, s. m. terme de pêche de mer. C’est une espèce de parc, mais plus petit que le haut parc. Voyez Parc.

CLOSIER. s. m. Autrefois ce mot étoit en usage ; il signifie Garde. Custos, qui claudit, qui a les clés.

☞ CLOSIER signifie aussi celui qui cultive une Closerie, qui est fermier d’une closerie ou petite métairie, dans les endroits où une petite ferme porte ce nom. Villicus.

CLOSSEMENT. s. m. Le cri naturel de la poule. Pomey. Glocientis gallinæ gemitus, glocitatio.

CLOSSER. v. n. Crier comme les poules. Glocire. Pomey.

CLOSTERNEUBOURG. Lieu à huit lieues de Vienne en Allemagne. Les Chanoines Réguliers de Closterneubourg furent fondés environ l’an 1140, par Léopold, Marquis d’Autriche. Ils ont un habit particulier. Voyez le P. Du Moulinet, des habillemens des Chan. Rég. & l’Hist. des Ord. Mon. & Rel. P. II, c. 60.

CLOSTRAL. Voyez Claustral.

☞ CLOTAIRE, nom de deux Rois de France. Clotaire I, fils de Clovis, partagea le Royaume avec ses trois freres, Thierry, Clodomir & Childebert, & le réunit ensuite sous sa puissance. Clotaire II, fils de Chilperic, Roi de Soissons, succeda à son pere, & réunit sous sa puissance tout l’empire des François.

CLOTHO, s. f. terme de Mythologie, une des trois Parques. Clotho. Ce mot est grec, & vient de Κλώθεων (Klôtheôn), filer ; parce que les Poëtes feignent que c’est Clotho qui tient la quenouille, & qui file la vie des hommes. On écrit aussi Cloto, mais il n’est pas bien.

Que vos jours par Clotho filés d’or & de soie,
Au milieu des plaisirs coulent toujours en joie. Pavill.

La Fontaine a dit Cloton dans une pièce à M. de Turenne.

Hé ! quoi, Seigneurs, toujours nouveaux combats !
Toujours dangers ! Vous ne croyez donc pas
Pouvoir mourir ? Tout meurt, tout héros passe.
Cloton ne peut vous faire d’autre grace,
Que de filer vos jours plus lentement :
Mais Cloton va toujours étourdiment ;
Songez y bien, &c.

Nouv. ch. de vers, T. II, p.8.

CLOTILDE, s. f. nom de femme. Chlotildis ou Chrodechildis. Sainte Clotilde, à qui la France doit une partie de son Christianisme, étoit fille de Chilpéric, frere de Gondebaud, Roi des Bourguignons. Au milieu d’une Cour Arienne elle eut le bonheur d’être élevée dans la croyance Catholique. Elle épousa Clovis, & fut le principal instrument dont Dieu se servit pour convertir ce Prince. Voyez le P. Daniel dans Clovis, & nos autres Historiens.

CLOTOIR, s. m. outil de Vannier, dont il se sert pour faire des vannettes.

CLÔTURE. s. f. Ce qui sert à fermer un espace de terre, muraille, haie, fossés, palissades. Spimentum. Cette rivière sert d’un côté de clôture à mon jardin. Les murs de clôture d’un parc, d’un jardin. On appelle aussi murs de clôture, ceux qui servent de séparation entre deux héritages.

Ce mot vient du Latin clausura.

Clôture se dit particulièrement en matière de Monastères de filles ☞ par rapport au vœu que les Religieuses font d’observer la clôture perpétuelle, c’est-à-dire de ne point sortir du Monastère, & par rapport aux murs, grilles, portes qu’il n’est pas permis aux Religieuses de passer, & dans l’intérieur desquels les Etrangers ne peuvent entrer sans permission du Supérieur Ecclésiastique. Virginum sacrarum Claustra. Les Religieuses gardent fort sévèrement la clôture ; elles font vœu de clôture perpétuelle. On va visiter les Couvens pour voir les murs, les grilles, les parloirs, pour voir s’il ne manque rien à leur clôture.

Clôture de chœur, c’est dans une Eglise une fermeture à jour qui sépare le chœur d’avec la nef. Claustrum. Il y en a de menuiserie avec sculpture : il y en a de fer avec ornemens.

Clôture se dit aussi en termes de Pratique. Clausula. La clôture d’un compte, c’est le calcul, l’arrêté, l’état final. Clôture d’un inventaire, par laquelle on déclare que tous les meubles y sont compris, qu’il n’y en a point eu de détournés. La clôture d’une assemblée, c’est la dernière séance d’une assemblée.

Clôture, ou Closerie, s. f. terme de Vanniers. Il se dit de cette partie du métier des Vanniers, qui n’a pour objet que la fabrique des hottes à vin, & des vans à vanner les blés & les autres grains.

CLOTURIER. s. m. Vannier qui ne fait que de la besogne battue. Claustrarius artifex. Ce mot est en usage seulement parmi les Vanniers, & vient de clorre : parce qu’ils disent clorre une corbeille ; pour dire, serrer l’osier avec le fer à clorre.

CLOU, s. m. petit morceau de métal qui est pointu, qui sert à attacher, à suspendre, ou à orner quelque chose. Clavus. Il y a plusieurs sortes de clous. Clou à tête, est celui qui sert à attacher, à tenir ferme quelque chose. Clavus capitatus. Clou à crochet, celui qui sert à suspendre, comme une tapisserie, une crémaillere. Clavus uncinatus, hamatus. Clou de double cervelle, est un clou de 3 pouces de long. Clou de maugere, est un clou qui a la tête fort large & plate. Clavus muscarius. Clou à river, est un clou qui n’a point de pointe, qui est gros & court ; on s’en sert à joindre les bouts des cercles de fer ensemble, &c. Clavus brevior & crassior cuspide retujus. Clou de Maréchal, est un clou long & pointu, qui sert à ferrer les chevaux. Clou de Vitrier, est la pointe du clou de Maréchal. Clou à latte, c’est le clou dont se servent les Couvreurs. Clavus figendis tegulis accommodatus. Clou de charrette, de carrosse, c’est celui avec lequel on attache les bandes des roues, Clavus carrucarius. On les appelle clous à bandes, ou à tête rabattue. Clou de broquette, est un petit clou pour attacher les choses délicates, Clavulus. Clous de poids & de fiches, sont des clous qui ont de longueur depuis un pouce jusqu’à vingt-sept, & de largeur depuis une ligne jusqu’à douze.

Clous à parquet, sont ceux dont les Menuisiers font usage pour clouer les parquets. Clous à bardeau. Clous à soufflet. Clous à deux pointes. Ces deux pointes sont faites pour être rivées à droite ou à gauche après qu’on les a fait passer par le même trou. Clous de soulier, ceux que les Cordonniers mettent aux souliers des pauvres gens. Clous à trois têtes ou à Cordonnier, dont on se sert pour monter les talons des souliers. Clous de Chaudronnier, petites lames de cuivre, coupées en losanges, tournées en fer d’aiguillettes dont ces artisans se servent pour clouer leurs ouvrages, & auxquels ils font une espèce de tête. Clou d’épingle, petit morceau de laiton ou de fil de fer, aiguisé en pointe par un bout, & refoulé par l’autre.

On donne sur la mer aux clous le nom des choses auxquelles ils sont employés, parce que leur usage en détermine la longueur, la grosseur, & la figure. Clous de sabord, clous d’assemblage, clous de tillac, clous de demi-tillac, &c. Il y a de petits clous d’or & d’argent pour les fermoirs, ou pour couvrir les boîtes & étuis des montres. Les clous dorés sont de cuivre, & on garnit les coffres, les carrosses pour les orner. Un clou rivé, est celui qui sert à attacher les pièces des ciseaux, ou les branches des compas, ou autres choses mobiles dans des charnières, ou à attacher des pièces de cuivre ou de fer l’une contre l’autre. Il y a aussi des clous à vis disposés à entrer dans des écrous. Clavus cochleæ in morem striatus. Clou à double pointe, est celui qui sert à ferrer les portes. Clavus gemina cuspide instructus. Les Selliers emploient aussi des clous à double pointe, qu’ils appellent mordans.

Ce mot vient du Latin clavus. Nicod. Mais Ménage croit qu’il vient plutôt de claudus, à claudendo. On a dit dans la basse latinité glodus.

☞ Dans les premiers temps de la République Romaine où l’on n’avoit pas encore d’annales, on fichoit tous les ans certains clous dans les murailles du Temple de Minerve, afin de se souvenir du nombres des années : On s’imaginoit même que cette vaine cérémonie étoit propre à faire cesser la peste ; si bien qu’après que l’usage des lettres l’eut fait abandonner pour marquer les années, on ne laissa pas de créer plus d’une fois un Dictateur pour ficher le clou, lorsque la peste affligeoit Rome. Dictator figendo clavo. Voyez aussi Clavus, habillement des Romains.

On appelle clou de rue, toute sorte de clou ou de pointe qu’un cheval se fiche dans le pié en marchant. Mon cheval est boiteux d’un clou de rue.

Les Marbriers & Sculpteurs appellent clous, certains nœuds qui se trouvent en travaillant le marbre. Nodus.

Travailler au clou ; terme de Natier, c’est attacher le cordon de la natte qu’on trace, à un des clous du tretteau qui sert à tenir l’ouvrage.

Clou se dit proverbialement en ces phrases. On dit, qu’une chose ne tient ni à fer ni à clou ; pour dire, qu’elle se peut détacher, qu’elle n’est point scellée dans la muraille, qu’on la peut emporter d’une maison quand on déménage. On le dit aussi pour dire, qu’elle est mal attachée. On le dit aussi au figuré, quand on veut dire, qu’une affaire n’est pas faite solidement. On dit d’une chose qu’on n’en donneroit pas un clou à soufflet, ou qu’on n’en donneroit pas un clou. Sans cela je ne donnerois par un clou de tout l’esprit qu’on peut avoir. Mol. Quand on est mort, il ne sert pas d’un clou d’être en statue de marbre. Bens. On dit d’un bâtiment neuf, ou de celui qui est en bon état de réparation, qu’il n’y manque pas un clou. On dit qu’un clou chasse l’autre ; en Latin, clavus clavum trudit ; pour dire, qu’une nouvelle passion guérit d’une autre. On le dit aussi des personnes. On dit aussi d’un homme qui est un peu fou, qu’il lui manque un clou, qu’il lui faut un clou, on sousentend à son armet. On dit qu’un homme compte les clous d’une porte ; pour dire, qu’il s’ennuie d’attendre à une porte, & qu’il a le loisir d’en compter les clous.

☞ On dit populairement, & par ironie, d’un homme maigre, qu’il est gras comme un cent de clous. River le clou à quelqu’un, sur une chose qu’il dit mal à propos.

Clou de Cinnabre. On appelle ainsi une certaine composition de Cinnabre faite en forme de clou.

Clou de Girofle. Voyez Girofle.

Clou, en Chirurgie, est une espèce de tumeur ou bouton qui vient dans différentes parties du corps, avec tous les signes de l’inflammation, plus ou moins gros, plus ou moins douloureux, & qui vient à suppuration. Clavus, furunculus.

☞ On le dit particulièrement d’une maladie de l’œil, qui est une espèce de staphylome, en grec ἧλος (hêlos), en latin clavus oculi. Elle affecte l’uvée ou la cornée & fait qu’elles s’endurcissent.

Clou, en Fauconnerie, est une maladie de l’Oiseau, qu’on appelle autrement galle, & plus communément podagre. Voyez Podagre.

CLOU, s. m. nom d’homme. Clodulphus. Clodulphe, que nous appelons vulgairement S. Clou, étoit fils de S. Arnoul & de la B. Dode, & frere d’Ansegise, que l’on a regardé comme la souche de la seconde race de nos Rois. Il mourut à Mers l’an 696, âgé de plus de 90 ans. Baillet, 8 Juin. Voyez aussi Cloud.

CLOUAUD, s. m. nom d’homme. Clodoaldus. S. Clouaud, que le peuple appelle S. Cloud, &c. Godeau & Baillet. Voyez Cloud. C’est ainsi que l’usage veut qu’on dise.

CLOUCOURDE. s. f. Herbe gris-de-lin qui vient parmi les blés ; & dont les enfans font des couronnes, auxquelles ils mêlent d’autres fleurs qu’ils appellent barbeaux.

CLOUD ou CLOU, c’est ainsi qu’on prononce sans jamais faire sentir le d. s. m. nom d’homme. Clodoaldus. Ce nom s’est formé de Clodoalde, dont on a fait Clouaud, que le peuple appelle S. Clou & Cloud, &c. Godeau. Cloud. S. Cloud, car c’est ainsi que nous nommons. Clodoalde, qui vivoit au VI siècle, bâtit un Monastère en un lieu nommé Nogent, où il finit saintement sa vie. Le Monastère a été depuis changé en Collégiale qui conserve les reliques du Saint, & le lieu a pris le nom de S. CLOUD, &c.

S. CLOUD, anciennement NOGENT, Fanum sancti Clodoaldi, anciennement Novigentum. Bourg de l’Île de France, sur la Seine, à deux lieues au dessous de Paris sur la Seine. Il a été érigé en Duché pour l’Archevêque de Paris, qui est Duc de S. Cloud.

Congrégation de S. Cloud. Société de Prêtres établis à Sienne en Toscane l’an 1567, par le M. Matthieu Guerra. On la nomma la Congrégation de S. Cloud, à cause que ces Prêtres s’assemblèrent d’abord dans une Chapelle de l’Eglise de l’Hôpital della Scala, où l’on conserve, à ce que l’on prétend, un des clous dont J. C. fut attaché à la Croix. Grégoire XIII leur accorda l’an 1584, l’Eglise de S. Georges, & approuva leur Congrégation, qui fut confirmée par Sixte V, l’an 1586. Ils vivoient en commun sans posséder rien en propre, & faisoient serment de rester toute leur vie dans la Congrégation. Ils dressèrent des Constitutions qui furent approuvées l’an 1596, par Clément VIII. Le P. Bonnai fait entendre qu’ils ne subsistent plus. Ils étoient vêtus comme les Peres de l’Oratoire d’Italie, ce qui faisoit qu’on les appeloit communément les Prêtres de l’Oratoire, ou de S. Philippe de Néri : Voyez le P. Bonnani, Jésuite, dans son Catalogue des Ordres Religieux. Voyez aussi le P. Hélyot, T. VIII, C. 5.

CLOUER, v. a. attacher avec des clous, clouer une porte, des lattes, des ais. Clavo affigere. Autrefois ce mot vouloit dire simplement clorre, fermer. Ains clouet un eil par dédain. R. de la Rose.

Ce mot vient du Latin claudere, fermer. Il s’emploie aussi dans le figuré. Ne permettre pas aux Rois de s’humaniser quelquefois, c’est les lier à la grandeur de leur condition, & les clouer sur le trône. Balz.

CLOUÉ, ÉE. part. Clavis affixus. On dit, en termes burlesques, une gravité cloue ; pour dire, une gravité qui ne se dément point.

Cloué, (être) se dit figurément pour, avoir une grande attache, une grande assiduité à son travail, à sa profession. Affixus. Cet ouvrier est cloué sur son travail. On trouve toujours cet homme-là en un tel endroit, il semble qu’il y soit cloué. Tous les jours, malgré moi, je suis cloué sur mon ouvrage. Boil. Etre cloué, signifie aussi être tenu si fort dans un lieu, qu’on ne puisse aller dans un autre. A moins que d’être cloué à Paris, rien ne me peut empêcher d’aller à Poissi. Voit.

Cloué (être) à cheval, terme de Maréchallerie, être ferme sur son cheval, quelque violens que soient ses mouvemens.

On appelle, en termes de Blason, des colliers de chien, des fers à cheval cloués, lorsque les clous sont d’un autre émail.

On dit proverbialement, qu’un homme a cloué la roue de fortune, quand il a si bien établi ses affaires, qu’il a rendu sa fortune assurée.

CLOUÈRE. s. f. Voyez Clouvière.

CLOVIA ou CLUVIA ou CLUIA, s. f. nom d’une famille Romaine. Clovia ou Cluvia gens. On trouve sur les médailles Clovius, & dans les anciennes inscriptions Cluvius & Cluius, c’est la même chose, de même que Volteius & Vulteius, Volcanus & Vulcanus, Fluvius & Fluius sont la même chose, comme l’a remarqué M. Patin. Quoiqu’il soit fait souvent mention des Clovius dans les Auteurs, & dans les anciennes inscriptions, on ne sait si la famille Clovia étoit praticienne ou plébeienne. Les médailles de la famille Clovia sont rares. M. Patin n’en rapporte qu’une de C. Clovius, que César fit Préfet de Rome pendant sa troisième Dictature.

CLOVIS, s. m. nom d’homme. Cludovicus, Cludovœus, Cludoveus. Il y a trois Clovis Rois de France. Clovis I, ou le Grand Clovis, est le premier Roi Chrétien des François : il étoit fils de Childeric, il succéda à son pere l’an 484 de J. C.

Ce mot est de l’ancienne langue des Francs, qui disoient Clodovix, d’où l’on fit Clodovis, Clodouis, Clouis, Louis. Car Louis & Clovis sont le même nom. Cassiodore appelle Clovis Luduin.

CLOULIA, s. f. nom d’une famille de l’ancienne Rome. Cloulia ou Cloelia gens. La famille Cloulia ou Cloelia, car c’est la même chose, comme l’a remarqué M. Patin, étoit patricienne, comme le même Antiquaire le conclut d’un endroit de Tite-Live, Liv. III, où il dit que T. Cloclius Siculus fut un des trois Patriciens, qui furent créés Tribuns des Soldats l’an 360 de Rome : cette famille portoit le prénom de Titus, & le surnom de Siculus. M. Matin conjecture que c’est parce qu’elle étoit originaire de Sicile, & que de-là elle passa à Albe, d’où le Roi Tullus Hostilius la choisit après la destruction de cette ville pour la mettre dans le Sénat, comme nous l’apprend Denys d’Halicarnasse. Il dit encore, que ce pourroit être aussi à cause de quelque belle action faite en Sicile par quelqu’un de cette famille. Mais puisqu’on trouve un Coclius surnommé Siculus dès l’an 360, il ne paroît pas que cette conjecture puisse avoir lieu ; car les Romains n’eurent affaire aux Siciliens que vers l’an 500 de la fondation de Rome, comme parle Florus, c’est-à-dire, l’an 490, au commencement de la premiere guerre Punique. Au reste, il paroît à M. Patin que deux épis de blé qu’on voit sur une médailles de la famille Cloulia, avec une tige conduite par la Victoire, ont rapport à ce surnom de Siculus. Les médailles de la famille Cloulia sont rares.

CLOUTER. v. a. Garnir de clous, en parlant de ces petits clous d’or ou d’argent dont on garnit les boëtes de montre & les tabatières par ornement. Clouter une boëte de montre, une tabatière, un étui.

En matière de cérémonie on dit, clouter un carrosse, faire clouter un carrosse, lorsque dans un deuil de Cour on fait garnir l’impériale de son carrosse de plusieurs rangs de gros clous bronzés. Il n’y a que le Roi & les Fils de France qui fassent clouter leur carrosse.

CLOUTÉ, ÉE. part. Une montre, une tabatière, cloutée d’or ou d’argent. Un carrosse clouté.

CLOUTERIE. s. f. Fabrique ou trafic de cloux. Clavorum Officina. Il se dit aussi de l’assortiment de toutes sortes de clous.

CLOUTIER. s. m. Ouvrier qui fait ou qui vend des cloux. Clavarius Faber, Propola. S. Clou est le Patron des Cloutiers.

☞ CLOUTIÈRE. s. f. Machine de bois divisée en plusieurs cases, comme celle des Imprimeurs, où les Cloutiers mettent leurs clous, suivant les grandeurs & les sortes, chaque sorte dans sa case, pour qu’ils ne se mêlent pas.

CLOUVA. s. m. Nom d’un oiseau qu’on trouve à la Chine, & en plusieurs autres endroits de l’Inde, qui est dressé à prendre du poisson. Il nage, & se plonge autour d’un bateau où est le Pêcheur. Il engorge le poisson dans une poche qu’il a au dessous du bec, il ne peut l’avaler à cause d’un anneau qu’on lui a mis pour lui serrer le cou ; & quand il est rentré dans la barque, on lui fait rendre le poisson en pressant la poche, puis à force de coups on le fait replonger pour en prendre un autre.

CLOUVIÈRE ou CLOUTIÈRE, CLOUIÈRE, & CLOUÈRE. s. f. Qui se dit des pièces de fer percées de différente grosseur, qui sont des espèces de moules servant aux Cloutiers, Serruriers & autres ouvriers, pour former les têtes des clous, des vis, chevilles. Typus fingendis, fabricandis clavis accommodatus, &c. Il y en a de plusieurs figures, de longues, barlongues ou carrées.

CLOYE. s. f. Vieux mot. Claie.

Le Chevalier, quoiqu’on die,
Fut apporté sur une cloye,
Pour mener pendre droite voye.

CLOYÈRE. s. f. Du vieux mot cloie on a fait cloyère, espèce de panier dans lequel on apporte les huitres à Paris. L’Académie dit panier d’huitres, & ne met point le mot de cloyère. Il paroît pourtant suffisamment autorisé, même parmi les honnêtes gens.

CLU.

CLUB. s. m. On donne ce nom en Angleterre à certaines assemblées régulières qui se font dans les cabarets & les autres lieux de plaisir. Ses amis ne pouvrant souffrir l’air de réformation qu’il lui virent prendre après ses nôces, concertèrent ensemble les moyens de le rengarger dans leur club. Le Pour & Contre, T. 1.

Entre plusieurs Livres imprimés depuis peu en Angleterre, on espéroit beaucoup du titre d’une brochure, qui est en effet le plus imposant qui