Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/851-860

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Fascicules du tome 2
pages 841 à 850

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 851 à 860

pages 861 à 870


ainsi que contact, vient de contingere, toucher. Contagion, maladie qui se communique par l’attouchement, soit immédiat, soit médiat.

Contagieux se dit figurément du vice, de l’erreur, de l’hérésie, de la rébellion, & de toutes les mauvaises choses qui se donnent & se communiquent par fréquentation & par exemple. Vous diriez que son malheur a été contagieux à toute la famille. Il est difficile de se remplir de l’esprit Ecclésiastique dans le commerce du monde, & de conserver son innocence dans un air si contagieux. Herman. Si vous voulez vous guérir de l’amour, éloignez-vous de ceux qui aiment : leur commerce est trop contagieux. S. Evr.

Et je n’avois pas cru l’amour contagieux,
Lorsque, sans y penser, je le vis dans ses yeux. La Suze.

☞ CONTAGION. s. m. qualité d’une maladie par laquelle elle peut passer du sujet affecté à un sujet sain, & y produire une maladie de la même espèce. Contagio. Communication d’une maladie maligne. La fièvre maligne se prend par contagion.

☞ Ce mot est souvent employé pour signifier la peste. Voyez ce mot. La contagion règne dans tel pays. La contagion a quelquefois dépeuplé nos provinces.

☞ En ce sens, on le dit figurément du vice & autres choses pernicieuses. L’hérésie est une contagion. On le dit de toutes les mauvaises choses qui se communiquent par l’exemple & par la communication avec ceux qui en sont infectés. La contagion de l’hérésie, des mauvaises mœurs. Le choix des compagnies est essentiel pour les Jeunes gens, parce que les hommes vicieux infectent ordinairement de leur contagion ceux qui se trouvent souvent en leur compagnie. La contagion ne s’étoit point encore répandue dans les Ecoles publiques. Maucroix. Il est devenu méchant, débauché par contagion. Les gens heureux fuient les misérables, il semble qu’ils craignent de le devenir par contagion. S. Evr.

CONTAGIONAIRES ou ANTICONTAGIONAIRES, s. & adj. m. pl. mots qu’on a faits dans ces derniers temps, pour désigner les Médecins qui soûtenoient que la peste se communiquoit par contagion, & ceux qui disoient qu’elle n’étoit pas contagieuse.

CONTAILLES. adj. f.pi. Les soies contailles sont du nombre des bourres de soie, qui sont les soies de la plus basse qualité.

CONTAMINATION. s. f. vieux mot, synonime de souillure. Contaminatio.

CONTAMINER, v. a, souiller, tacher, gâter. Contaminare. Ce mot est vieux & hors d’usage.

Contaminé, ée. part. Souillé.

CONTAUT. s. m. terme de Charpenterie, pièce de bois au dessus de l’enceinte, ou cordon d’une galère, haute de 13 ou 14 pouces, qui va en diminuant depuis le milieu vers les extrémités de la proue & de la pouppe.

☞ CONTE. s. m. C’est en général le récit d’une avanture vraie ou fabuleuse, sérieuse ou plaisante, soit en vers, soit en prose. On le dit plus communément d’une histoire fausse & courte, qui n’a rien d’impossible. Ficta, commentitia narratio, fabula. Les Contes d’Ouville, d’Eutraper, de Bonaventure des Périers, de la Reine de Navarre. La brièveté est l’aune du conte. La Font. Esope a su envelopper la vérité dans la fable ; il faut beaucoup d’art pour déguiser ainsi en petits contes les instructions les plus importantes de la Morale. Fonten. C’est le propre d’un grand esprit lorsqu’il commence à vieillir & à décliner, de se plaire aux contes & aux fables. Boil. Il faut toujours quelque chose de piquant dans les contes. S. Evr. Il y a bien de l’adresse à faire un conte de bonne grâce. Il entend bien à broder un conte.

Une morale nue apporte de l’ennui ;
Le conte fait passer le précepte avec lui. La Font.

Conte, (Un) dit M. l’Abbé Girard, est une aventure feinte & narrée par un Auteur connu. Une fable est une aventure fausse divulguée dans le public, & dont on ignore l’origine. Un Roman est un composé & une suite de plusieurs aventures supposées.

Le mot de conte est plus propre lorsqu’il n’est question que d’une aventure de la vie privée.

☞ Les contes doivent être bien narrés ; les fables bien inventées ; & les Romans bien suivis. Voyez Fable et Roman.

Conte se dit aussi des histoires plaisantes, vraies ou fausses, que l’on fait dans la conversation pour amuser, railler, médire, &c. C’est un conte fait à plaisir : on fait d’étranges contes de cette femme-là,

Conte se dit encore de tous les discours inutiles, qui n’ont aucun fondement ni apparence de vérité. Tout ce que vous me dites-là n’est qu’un conte, sont des contes en l’air. Fabulæ. Voltaire, dans ses remarques sur ce vers de la Tragédie d’Héraclius,

Tu fais après cela des contes superflus,


observe que cette expression, contes superflus, est ignoble ; quoique les expressions les plus simples deviennent quelquefois les plus tragiques par la place où elles sont, ce n’est pas en cet endroit, c’est quand elles expriment un grand sentiment.

Conte se dit proverbialement, en ces phrases. Ce sont des contes de vieilles, dont on amuse les enfans ; des contes à dormir debout, de peau d’âne, de la cicogne, de ma mere l’Oie. Un conte violent, un conte jaune, un conte bleu, &c.

☞ CONTEMPLATEUR, TRICE. s. celui, celle qui contemple, particulièrement par la pensée, par les yeux de l’esprit. Contemplator, contemplatrix, Speculator, Speculatrix. Contemplateur des merveilles de Dieu, des secrets de la nature.

☞ CONTEMPLATIF, IVE. adj. souvent employé substantivement. Ce terme désigne celui qui s’attache à contempler par la pensée. Contemplator. Philosophe contemplatif. Je me suis formée l’idée d’un contemplatif comme d’un paresseux qui s’observe continuellement, qui s’ennuie fort ; & qui ne divertit guère les autres. M. Scud. Un esprit contemplatif est d’ordinaire rêveur & mélancolique.

Contemplatif, en termes de Théologie mystique, exprime l’état de celui dont l’ame est unie à Dieu d’une manière intime. Rerum divinarum, cælestium contemplator. Vie contemplative, celle qui se passe dans la Méditation & dans l’Oraison. Elle est opposée à la vie active. Il y a des contemplatifs qui se repaissent de l’idée présomptueuse d’une perfection imaginaire : gens qui toujours unis à Dieu, à les entendre, & retranchés dans la partie supérieure de leur ame, ne daignent plus régler les mouvemens de l’inférieure, & la laissent en proie aux passions. Les contemplatifs se prétendent élevés à la plus sublime oraison, & à la pratique de l’amour de Dieu le plus parfait. Fenel. Un contemplatif attend l’impulsion divine dans l’inaction. Boss. La vie mystique & contemplative est si proche de l’illusion du fanatisme, qu’il est presqu’impossible de marquer les justes limites qui les séparent, Id. Les extases contemplatives des Mystiques sont quelquefois plutôt des folies d’Amans insensés, que les pieux ravissemens d’un amour divin. Id. Les pieux contemplatifs sont l’objet de la raillerie de ceux qui ne sentent pas les opérations internes du Saint-Esprit, leurs extases & leurs ravissemens passent pour des visions dans le monde. Fenel. Le style des contemplatifs est hyperbolique & figuré. S. Evr. L’indifférence universelle, & l’anéantissement de toutes sortes de souhaits & de désirs, font l’essence de la vie contemplative. Id.

CONTEMPLATION. s. f. ☞ Dans l’usage ordinaire ce mot est synonime à méditation & signifie l’application de l’esprit par laquelle il s’attache à réfléchir, considérer, & à admirer les merveilles de Dieu & de la nature. Contemplatio. Un Philosophe toujours dans la contemplation ne descend guère aux détails de la vie. La contemplation des ouvrages de Dieu nous remplit d’admiration.

☞ On le dit de l’action par laquelle on considère soit des yeux du corps, soit des yeux de l’esprit. Contemplation des choses Divines. Contemplation des corps célestes.

☞ Ce mot signifie, particulièrement en philosophie, l’action de fixer un même objet dans son entendement, de l’envisager sous toutes ses faces différentes, pour en acquérir une connoissance exacte.

Contemplation, en termes de Spiritualité & de Théologie mystique, est une vue de Dieu ou des choses divines, simple, libre, pénétrante, certaine, qui procède de l’amour, & qui tend à l’amour. 1o. Cette vue est simple. Dans la contemplation l’on ne raisonne point comme dans la méditation. 2o. Elle est libre, parce que pour la produire, il faut que l’ame soit affranchie même des moindres péchés, des affections déréglées, de l’empressement & des soins inutiles & inquiétans. Sans cela l’entendement est comme un oiseau qui a les piés liés, & qui ne peut voler, si on ne le met en liberté. 3o. Elle est claire & pénétrante ; non pas comme dans l’état de gloire, mais aux prix des connoissances de la foi qui sont toujours obscures. Dans la méditation on ne voit les choses que confusément, comme de loin, & d’une manière plus seche. La contemplation nous les fait voir plus distinctement, & comme de près. Elle nous les fait toucher, sentir, goûter, expérimenter dans l’intérieur. 4o. Elle est certaine, parce que son objet sont les vertus surnaturelles, que la lumière divine lui découvre, & lorsque cette manifestation se fait immédiatement à l’entendement, elle n’est point sujette à l’erreur. Quand elle se fait ou par les sens ou par l’imagination, il s’y peut quelquefois mêler quelque illusion. 5o. Elle procède de l’amour & tend à l’amour. C’est l’emploi de la plus pure & de la plus parfaite charité. L’amour en est le principe, l’exercice en est le terme.

Les Mystiques nomment la contemplation un regard simple & amoureux sur Dieu présent. Fen. La contemplation consiste dans des actes si simples, si directs, si uniformes & si paisibles, qu’ils n’ont rien de marqué par où l’ame puisse les distinguer. L’ame doit être entièrement passive à l’égard de Dieu, en sorte qu’elle soit dans un repos continuel, sans secousse & sans agitation : de-là vient qu’on l’appelle une oraison de silence & de quiétude ; en sorte qu’elle doit être exempte de toute l’activité des ames inquiètes, qui s’agitent pour sentir leur opération. Id. La contemplation la plus sublime doit être subordonnée à la science Théologique, & aux règles de l’Eglise. Boss. La contemplation n’est ni un ravissement, ni un saisissement, ni une suspension extatique de toutes les facultés de l’ame : l’état de contemplation passive n’est qu’une paix & une souplesse infinie, pour se laisser mouvoir aux impressions de la grâce, & pour mieux sentir l’impulsion divine. Fenel. Les Contemplatifs disent que les savans sont moins disposés à la contemplation, que les ignorans, parce qu’ils ont moins de foi & d’humilité. Boss. La contemplation est l’exercice du pur amour. Fenel.

Contemplation, (En) signifie, en termes de contrats & de traités, en considération. Habitâ ratione, propter, ob. Cette donation lui a été faite en contemplation de l’alliance qu’il faisoit avec le donateur. Les deux Rois ont relâché de leurs prétentions en contemplation de la paix. En contemplation de ce mariage, le père a donné, cédé, &c. Je fais cela en contemplation de sa prière. Le Maître.

Contemplation, terme de Médecine, c’est un nom qu’on a donné à la catalepsie, parce que ceux qui en sont attaqués, paroissent immobiles & contemplatifs. Voyez Catalepsie.

CONTEMPLATRICE. Voyez Contemplateur.

CONTEMPLER, v. a. attacher son esprit, ou sa vue, sur quelque objet, pour le considérer avec attention. Contemplari, speculari. Quand on contemple le ciel, ses astres, les merveilles de la nature, on ne sauroit s’empêcher d’admirer la sagesse du Créateur. Contempler les perfections divines. Ce jeune homme à force de contempler cette fille, en est devenu amoureux : il ne se lasse point de la contempler. Le plus grand plaisir d’un homme orgueilleux, c’est de contempler l’idée qu’il se forme de lui-même, & se relever à ses propres yeux. Nicol.

Seigneur, je n’ai jamais contemplé qu’avec crainte
L’auguste Majesté sur votre front empreinte. Rac.

On l’emploie aussi absolument & sans régime, alors il est synonime à méditer. C’est un homme qui passe sa vie à contempler.

Contemplé, ée. part.

Ces mots viennent de templum. On appeloit de ce nom un endroit d’où l’on pouvoit regarder de tous côtés, ou un lieu qu’on pouvoit découvrir de tous côtés. ☞ C’étoit un espace de terre découverte, où les augures contemploient le vol des oiseaux, après l’avoir consacré par certaines paroles. Voyez Varron.

☞ CONTEMPORAIN, AINE. adj. qui est du même temps. Æqualis, ejusdem temporis. Ces deux Auteurs sont contemporains. La Reine Elisabeth & la Reine Marie Stuart étoient contemporaines. Socrate, Platon, Aristophane étoient contemporains.

☞ On appelle auteurs contemporains, ceux qui ont écrit l’histoire du temps où ils vivaient.

☞ On dit substantivement, c’est mon contemporain. On met les anciens bien haut pour faire dépit à ses contemporains.Fonten.

CONTEMPTEUR. s. m. qui méprise. Contemtor. Il ne se dit guère qu’en cette phrase. Les libertins sont contempteurs des loix divines & humaines. La Bruyère lui a donné un usage plus étendu, quand il a dit : Uni de goût & d’intérêt avec les contempteurs d’Homère, il attend paisiblement que les hommes détrompés lui préfèrent les Poëtes modernes. Il a dit aussi contempteur de la vertu. Ainsi il n’a point eu d’égard à la remarque de Vaugelas, qui condamne ce mot comme hors d’usage. Danet & Richelet ne le mettent dans leurs Dictionnaires que pour le condamner aussi ; cependant beaucoup de Prédicateurs emploient ce terme. Le Pere de l’Aubrussel a dit : ces Critiques téméraires contempteurs de la tradition, &c. M. l’Abbé Des Fontaines s’en servoit souvent. Ce mot est usité dans le style soûtenu.

CONTEMPTIBLE. adj. m. & f. vieux mot, qui signifioit vil, méprisable. Contemnendus, spernendus, despiciendus, aspernandus. Vaugelas condamne ce mot qui est aujourd’hui peu usité.

CONTENANCE. s. f. capacité d’un vaisseau, étendue d’une chose. Capacitas. Il faut qu’un muid de vin, mesure de Paris, soit de la contenance de 140 pintes. La contenance de cette terre est de tant d’arpens, de tant de setiers de semence.

Contenance. s. f. manière de se tenir, posture, disposition où l’homme met les membres de son corps. C’est une habitude du corps, relative à certaines circonstances, qui marque qu’on a vraiment les dispositions, soit dans le cœur, soit dans l’esprit, convenables à la position où l’on se trouve. Vultus, totiusque corporis habitus. Les Rois, les Magistrats, ont une contenance grave & sérieuse. Les sots, les gens qui n’ont point vu le monde, ne savent quelle contenance tenir. L’Orateur jeta d’abord les yeux sur son auditoire, pour assûrer sa contenance. S. Evr. Sénèque est un fanfaron qui tremble à la vue de la mort, & qui ramasse toutes ses forces pour assûrer sa contenance. Id. ☞ La contenance est différente suivant la différence des états. La contenance d’un militaire n’est pas celle d’un Magistrat. La contenance n’est nécessaire que dans l’exercice des fonctions de son état, mais on doit toujours avoir du maintien. Le maintien est pour la Société ; la contenance pour la représentation.

☞ N’avoir point de contenance, ne savoir quelle posture tenir. Perdre contenance. Cesser tout-à-coup d’avoir sa contenance naturelle par quelque circonstance qui déconcerte.

☞ On dit aussi qu’on porte une chose par contenance, pour servir de contenance ; pour dire, qu’on la porte sans besoin, sans nécessité, & seulement pour le bon air, pour la bonne grace.

Contenance, dans le sens figuré, signifie bon ordre, fermeté, résolution. Si les Stoïciens n’étoient pas insensibles à la douleur, ils faisoient du moins bonne contenance. S. Evr. On aborda les ennemis qui faisoient bonne contenance, qui attendoient le choc de pié ferme. La contenance des bataillons & des escadrons parut terrible. Ablanc. Il épioit la contenance des ennemis. Id. Pendant que les troupes se mettoient en bataille, il s’étoit attaché à reconnoître la contenance des Espagnols. Rel. des Camp. de Roc. Curion, qui vit leur contenance, se confirma dans l’opinion qu’il fuyoient.

CONTENANT, ANTE, adj. & s. terme didactique, qui contient, qui renferme en soi. Capiens, continens, complectens. Voilà trois comptes que je vous rends contenans chacun tant d’articles. La mesure est la partie contenante, & la liqueur est la chose contenue. Le contenant est toujours plus grand que le contenu.

CONTENDANT, ANTE, adj. concurrent, compétiteur, qui aspire à quelque chose, qui la dispute contre un autre. Ils étoient trois contendans qui aspiroient à cette charge, à ce parti. Competitor,rivalis. Il y avoit trois parties contendantes, pourvues de la même Cure. Il est pour l’ordinaire employé subtantivement.

CONTENDRE, vieux v. n. disputer. Contendere.

Quant à chansons tu y besognerois
De si grand art, s’on venoit à contendre,
Que quand sur Pan rien tu ne gagnerois,
Pan dessus toi rien ne pourroit prétendre.

Marot.

On disoit aussi Contencer & contencier, ainsi que contens ; pour dire, débat. Il ne nous est resté de ce vieux mot que Contentieux & contention.

CONTENDS, s. m. vieux mot, contention, dispute. Contentio, rixa.

CONTENIR, v. a. Je contiens, j’ai contenu, je contins, je contiendrai, que je continsse. Comprendre, renfermer en soi une certaine quantité ou étendue. {{lang|la|Continere, capere, complecti}. La toise contient six piés, le pié douze pouces. Le pouce contient douze lignes. Un arpent contient cent perches. Les corps sublunaires sont ceux qui sont contenus dans le concave du ciel de la lune.

Contenir se dit aussi figurément, en parlant des divisions & des subdivisions. Le genre contient sous soi les espèces, & les espèces contiennent les individus. Ce volume contient tant de livres. Ce livre contient tant de chapitres. Ce chapitre contient tant de sections.

Contenir, se dit aussi des choses visibles & invisibles qui entrent en la composition d’une autre. Le moindre grain de sable contient un très-grand nombre d’atomes. L’aimant contient en soi plusieurs propriétés. Ce mot contient, enferme un grand sens. On appelle l’homme un microcosme, parce qu’il contient en abrégé toutes les merveilles du monde. Dieu vouloit faire adorer sa grandeur aux hommes en leur faisant connoître ses Ouvrages, & ce qu’ils contiennent. S. Cyran.

Contenir signifie aussi retenir dans certaines bornes. Ces digues ont été faites pour contenir les eaux.

☞ Dans le sens figuré, on dit contenir dans le devoir, dans l’obéissance. Coercere, reprimere.

☞ On le dit absolument. On ne peut le contenir.

☞ On dit aussi contenir les passions, les réprimer.

Contenir, avec le pronom personnel, signifie aussi, réprimer ses passions, les modérer. Coercere, reprimere, refrœnare motus animi, Coercere se, reprimere, &c. On a de la peine à se contenir dans les premières émotions de la colère. La chasteté & la tempérance sont des vertus qui consistent à se contenir dans l’usage des femmes & du vin. Ce jeune homme est un emporté qui ne se contiendra jamais dans les bornes de la raison, de son devoir.

Contenir (Se) signifie aussi s’abstenir des plaisirs de la chair, ou des choses qui peuvent être préjudiciables à la santé. Tout le monde n’a pas la force de se contenir. Les Médecins lui ont défendu l’usage du vin ; mais il a bien de la peine à se contenir. Il est plus facile de s’abstenir que de se contenir. Acad. Fr.

Contenu, ue. part.

CONTENT, ENTE. adj. ☞ contentus, est souvent regardé comme synonime à satisfait, & donné comme tel dans nos Dictionnaires. Ils ne se ressemblent pourtant que par une idée générale, en tant qu’ils désignent le plaisir de jouir de quelque chose. On est satisfait, dit M. L’Abbé Girard, quand on a obtenu ce qu’on souhaitoit. On est content, lorsqu’on ne souhaite plus. Satisfait se dit ordinairement des passions : il arrive souvent qu’après s’être satisfait, on n’en est pas plus content. La possession nous rend toujours satisfaits, mais il n’y a que le goût de ce que nous possédons qui puisse nous rendre contens.

☞ L’homme content est proprement celui qui jouit tranquillement de ce qu'il possède. Il n’est pas nécessaire d’avoir désiré pour être content, on est content de ce qu’on a, on est content de peu. Voyez Contentement.

Qui vit content de rien, possède toute chose. Boil. Il n’est pas même au pouvoir des Dieux de rendre l’homme content. M. Scud. Il faut de l’adresse & de l’invention pour être content ; il y a plus de mystère qu'on ne pense. Ch. de Mer.

Qu’heureux est le mortel qui du monde ignoré,
Vit content de soi-même en un coin retiré !

Boil.

Ce mot vient du latin continens, de contineo. Celui qui est content, se contient en quelque manière, parce qu’il ne souhaite plus rien.

Content se dit par extension de l’air, du visage ; avoir le visage content, faire paroître sur son visage le contentement qui est dans le cœur, ce sentiment qui rend l’ame tranquille.

Content se dit aussi de celui qui approuve quelque chose. Si vous voulez acheter ma rente, j’en suis content. Cet ouvrier n’est pas content du payement qu’on lui a fait. Ce Courtisan n’est pas content de l’accueil qu’on lui a fait à son arrivée. Personne n’est content de ceux qui ne sont contens de personne. La Bruy. Ce Prélat refusoit si obligeamment, qu’on étoit du moins content de la politesse de ses manières, si on ne l’étoit pas de ses raisons. P. Gail. C’est de François de Harlay, Archevêque de Paris, que cela a été dit avec justice. Je suis content de tout souffrir pour la cause de Dieu.
Arn
. Les gens qui paroissent si contens d’eux, ne contentent guère les autres. Bell.

Contente de périr, s’il faut que je périsse,
J’irai pour mon pays m’offrir en sacrifice.

Racine.

On dit en ce en à celui qu’on ne tient pas compte de satisfaire, si vous n’êtes pas content, prenez des cartes. On dit aussi d’un homme qui a bonne opinion de lui, qu’il est bien content de lui-même, qu’il est content de sa petite personne.

CONTENTEMENT, s. m. ☞ joie, plaisir, dit le Dictionnaire de l’Académie. Le contentement n’est point tout cela, il regarde proprement l’intérieur du cœur ; c’est un sentiment qui rend l’ame tranquille. La joie regarde particulierement la démonstration extérieure, c’est une expression extérieure qui agite quelquefois l’esprit. La satisfaction regarde plus les passions, c’est un retour sur le succès dans lequel on s’applaudit. Le plaisir regarde principalement le goût ; c’est une sensation gracieuse dont les suites peuvent quelquefois être désagréables. Syn. Fr. Animi suâ orte contenti tranquillitas.

Contentement (Le) est un sentiment qui rend l’ame tranquille dans la possession de ce qu’on a, sans rien désirer de plus. Il est difficile qu’un homme inquiet & turbulent ait jamais un vrai contentement. La plûpart des hommes sont gens de bien, plus pour l’honneur de le paroître, que pour le solide contentement de l’être en effet.

On dit, contentement passe richesse ; pour faire entendre que ce sentiment qui rend l’ame tranquille est le plus grand de tous les biens.

Qui nous verra ? personne, je l’assure,
Quitte après tout à perdre la gageure ;
Le grand malheur ! en mourrez-vous de faim ?
Contetement passe richesse enfin. P. du Cerc.

On dit populairement, ce n’est pas contentement ; pour dire, cela ne suffit pas. On n’a donné que tant à cet ouvrier, ce n’est pas contentement.

Le mot de contentement appliqué au monde, désigne ce amusemens, ses plaisirs. Les contentemens de ce monde passent comme une ombre. La solitude ne donne point ces contentemenrs exquis que l’on goûte dans une haute élévation de la fortune. Oblectamentum, voluptas..

CONTENTER, v. a. rendre quelqu’un content. Facere ut aliquis contentus sit. Explere animum, desiderium alicujus. Il faut peu de chose pour contenter un homme sage. Quand on veut contenter tout le monde, on ne contente d’ordinaire personne. S. Evr. Il y a tant d’esprits de travers dans le monde, que ce seroit renoncer au bon sens, que de songer à les contenter.

Contenter se joint souvent avec le pronom personnel, se contenter de sa fortune, de peu.

La vertu se contente & vit à peu de frais. Boil.

Tout se détruit, tous passe, & le cœur le plus tendre
Ne peut d’un même objet se contenter toujours.

S. Evr.

Contenter, en parlant des passions, signifie, remplir les désirs & les souhaits. Explere alicujus desiderium, animum. C’est un homme insatiable, qu’on ne peut jamais contenter. On dit en ce sens, contenter ses passions, ses appétits ; pour dire, ne leur refuser rien, en suivre les mouvements. Contenter sa vanité, son ambition, sa curiosité. Toutes les sciences humaines, ne sçauroient contenter les désirs de l’homme. Maleb.

Pour contenter ses frivoles désirs,
L’homme insensé vainement se consume ;
Il trouve l’amertume

Au milieu des plaisirs.
Rac.

On l’applique de même aux sens. Cette musique contente l’oreille. Ce spectacle contente les yeux. Dans ce sens il est comme synonime à plaire.

On dit aussi qu’une preuve, qu’une raison contentent ; pour dire, que l’esprit ne demande rien de plus.

Contenter signifie encore, appaiser, faire taire en donnant quelque chose. Satisfacere alicui, placare, mitigare aliquem. Contentez cet enfant, donnez-lui ce qu’il demande. Il faut contenter les petits Créanciers, pour empêcher qu’ils ne crient. Les mutins ne quitteront point les armes, si on ne les contente.

Contenter, employé avec le pronom personnel, signifie en demeurer à un certain point ; ne vouloir ou ne pouvoir pas en faire davantage. Sufficere. Il ne se contente pas de trahir sa conscience par de faux sermens, il a encore pratiqué de faux témoins. Je me contente de vous humilier, & je ne vous veux pas perdre.

Il est aisé de voir que dans ces différentes exceptions, le mot contenter conserve quelque chose de l’idée principale qu’il présente.

CONTENTÉ, ÉE. Part. & adj. Cui factum est satis, expletus, satiatus.

CONTENTIEUEMENT, adv. avec grande contention & opiniâtreté. Contentiose. Cette question a été agitée & jugée fort contentieusement, elle a été débattue avec chaleur.

CONTENTIEUX, EUSE, ad. litigieux, qui est en contestation, ce qui fait l’objet d’une contestation. Litigiosus, controversus, controversiosus. On donne la recréance d’un bénéfice contentieux à un Régaliste. On dit plus ordinairement bénéfice en litige, que bénéfice contentieux. Cet Avocate n’allègue que des faits contentieux, dont on ne demeure point d’accord. Il y a grand nombre d’articles contentieux avec les Religionnaires. Je n’ai pas dessein de recueillir les sentimens contentieux d’une ennuyeuse controverse. Fléch.

Contentieux, euse, se dit aussi de celui ou de celle qui aime à disputer, à contester. Pugnax, contentiosus. Je n’ai jamais vû d’esprit plus contentieux, d’humeur plus contentieuse. Les hommes contentieux ont plus d’ardeur à soûtenir leurs erreurs, que les Sages à défendre la vérité. Port-R. La Théologie est une science contentieuse. S. Evr.

On appelle Juridiction contentieuse, celle qui a pouvoir de juger les différens des parties qui contestent. Tribunal apud quod controversiæ dirimuntur. Les Trésoriers de France n’ont point de Juridiction contentieuse, ils ne sont Juges que de la ligne de compte.

On distingue deux sortes de Juridictions ecclésiastiques ; la Juridiction contentieuse est opposée à la Juridiction gracieuse. La Juridiction contentieuse est celle qui inflige des peines. Les Officiaux sont revêtus de la de la Juridiction contentieuse ; les Grands-Vicaires ont la gracieuse.

CONTENTIF, adj. Continens. Terme de Chirurgie. On appelle bandage contentif, celui qui ne sert qu’à retenir les médicamens sur une partie malade. Il s’applique à toutes les parties du corps. Son nom vient du latin continere, contenir, retenir, embrasser. Col de Villars.

CONTENTION, s. f. dispute, débat, contestation. Controversia, rixa. Il est ennemi des contentions ; il fuit les contentions. Il survint une contention entr’eux. De peur que la contention n’allât trop loin, il fut permis de les séparer. Ablanc. Je n’aimerois pas ce mot.

On le dit aussi pour exprimer la chaleur, la véhémence dans la dispute. Contentio. On disputa de part & d’autre avec beaucoup de contention.

Contention d’esprit, grand application ; longue, forte & pénible application d’esprit. Animi contentio. Il travaille à cela avec une grande contention d’esprit. Il y a des choses qu’on se saisit que par la contention d’esprit. La trop grande contention d’esprit altère la santé.

Contention dit plus qu’application. Elle suppose des effets réïtérés.

Contention se dit aussi, dans le même sens, d’une forte application des organes. Contention de l’oreille, &c.

CONTENTOR, s. m. terme de pratique, c’est un droit de regître qui appartient aux Audienciers & Contrôleurs des Chancelleries, dont il est fait mention dans l’Édit du Roi Henri II. de l’an 1551.

CONTENU, s. m. terme didactique. Ce qui est renfermé dans quelque chose, contentum. Le contenant est plus grand que le contenu.

Il signifie aussi ce que contient un écrit, un discours : summa. Voici le contenu de l’Arrêt. C’est tout le contenu de cet inventaire.

CONTEOR, s. m. terme de coutumes. L’ancienne coutume de Normandie parle ainsi du conteor. Cil est appelé Conteor que aucuns établit pour conter par lui en Cour. C’est la même chose que conteur. Voyez ce mot.

CONTEOURS, s. m. pl. espèce de Farceurs ou Bateleurs qui étoient en vogue avant le regne de François I, & qui chantoient, jouoient des instrumens, récitoient des vers. Voyez Comirs.

CONTER, v. a. faire une narration, faire un conte, vrai ou faux, sérieux ou plaisant. Narrare. La principale qualité d’un Historien, c’est de conter bien & nettement ; d’un Avocat, de bien conter son fait, comme la chose est arrivée. Les Voyageurs ennuyent souvent en contant leurs aventures ; un Plaideur en contant son procès. On dit des femmes de mon âge, qu’elles aiment à conter les histoires de leur temps. P. de Cl.

On nous a conté de plaisantes choses de ces nouveaux mariés. On dit familièrement, il nous a conté de fil en aiguille toute cette histoire ; pour dire, avec toutes ses circonstances. On dit proverbialement, conter des fagots ; pour dire, conter des choses incroyables, ou inutiles. Nugas garrire, fabulas, somnia.

Oui, oui, vous nous contez une plaisante histoire.
Je conte justement ce qu’on verra dans peu. Mol.

On dit aussi, conter fleurettes ; pour dire, cajoler une femme : & absolument il lui en conte ; pour dire, il lui en veut, il en est amoureux. Procari.

On dit dans le même sens, qu’une femme s’en fait conter ; pour dire, qu’elle aime qu’on lui en conte, qu’on la cajole.

Elle aima mieux, pour s’en faire conter,
Prêter l’oreille aux fleurettes du Diable,
Que d’être femme & ne pas coquetter. Sar.

Conté, ée. Part.

CONTERIE, s. f. espèce de rassade, grosse verroterie, qui se fait dans les Verreries de Venise. Les Nègres & les Sauvages ornent leurs capots de ces cordons, & en font une espèce de broderie.

Contessa, petite Ville de Turquie en Europe, dans la Macédoine, sur la Côte de l’Archipel.

CONTEST, s. m. nom d’homme. Contextus. On prononce comme s’il y avoit Contès. Saint Contest fut Évêque de Bayeux, & successeurs de Saint Manvieu. Messieurs de Sainte Marthe, qui nomment mal Contestus, le placent entre Saint Manvieu & Saint Vigor. Chastelain.

☞ CONTESTABLE, adj. de t. g. qui peut-être contesté. Quod in controversiam adduci potest. Controversiosus. Maxime contestable. Cela n’est pas contestable.

CONTESTANT, ANTE, adj. qui conteste, qui aime à contester. Contendens, concertans, litigans, contentiosus. C’est un esprit aigre & contestant, qui bannit la paix de la conversation. La mort d’une des parties contestantes met le procès hors d’état. Scarron, dans sa Description des plaisirs des champs Elisées, dit que :

Qui se plut lutter y lutte ;
Qui fut Contestant y dispute.

☞ On dit substantivement, chacun des contestans.

☞ CONTESTATION, s. f. différent, démêlé, dispute, débats, querelles, procès, tous mots que l’on donne ordinairement pour synonimes ; mais tous distingués les uns des autres par une idée particulière.

Le sujet du différent, dit M. l’Abbé Girard, est une chose précise & déterminée sur laquelle on se contrarie, l’un disant oui & l’autre non. La concurrence des intérêts cause des différents entre les particuliers. Le sujet du démêlé est une chose moins éclaircie, dont on n’est pas d’accord, & sur laquelle on cherche à s’expliquer, pour sçavoir à quoi s’en tenir. L’ambition cause des démêlés entre les Puissances.

Dispute se dit ordinairement de la conversation de deux personnes qui sont d’avis différent sur la même matière. La contrariété des opinions produit des disputes. L’aigreur des esprits est la source des querelles. La querelle est une dispute dans laquelle il se mêle de l’aigreur. Débat paroît signifier une contestation tumultueuse entre plusieurs personnes. Voyez tous ces mots.

Contestation est un démêlé entre deux personnes considérables sur un objet important, ou entre deux particuliers pour une affaire judiciaire. Contentio, concertatio. Contestation entre deux Souverains, sur un article d’un traité ; entre deux Seigneurs sur la chasse ; entre deux voisins, sur les limites de leurs héritages.

Contestation, en termes de Palais, se prend ordinairement pour querelle, procès. On appelle contestation en cause, le réglement ou l’appointement sur les demandes ou défenses en matière civile, & la confrontation en matière criminelle. Interpositum actoris petitioni & inficiationi defensoris, judiris decretum. On ne peut plus demander le renvoi d’une affaire, quand il y a eu contestation en cause. Par la clôture d’un procès-verbal, on donne acte aux parties de leurs dires, réquisitions & contestations.

Contestation, dans l’ancienne Liturgie Gallicane, c’étoit la partie qui répondoit à ce que nous appelons aujourd’hui Préface. Elle se nommoit encore, Illation & Immolation. La contestation contenoit en abrégé l’explication du mystère, ou la vie du Saint que l’on honoroit, & elle changeoit à chaque messe comme les autres oraisons. Elle commençoit, comme aujourd’hui la Préface, par ces paroles : Sursum corda ; c’est-à-dire ; Élevez vos cœurs ; & finissoit par le trisagion ; c’est-à-dire, par le Sanctus, répété trois fois, Saint, Saint, Saint.

CONTESTE, s. f. terme de Palais, procès, contestation. Lis, contentio, controversia. Ce mariage, n’est pas assûré, il est en conteste, on le plaide. Les Juges sont partagés, & sont en conteste sur leurs opinions. Hors ces sortes d’exemples, le mot de conteste n’est plus en usage.

La maison à présent, comme sçavez de reste,
Au bon Monsieur Tartuffe appartient sans contexte.

Mol.

CONTESTER, v. a. avoir des contestations, soit en justice, soit autrement. Voyez Contestation. Contendere, concertare cum aliquo de re, super re aliqua. Les Honnêtes Gens ne contestent guères ensemble. On lui conteste sa qualité d’héritier, d’enfant légitime. Contester un proposition, l’article d’un compte. Ces deux Officiers se contestent le pas. Un Romain ennuyé d’un flatteur, qui ne cessoit de lui applaudir, s’écria tout en colère, conteste-moi du moins quelque chose, afin de faire valoir que nous sommes deux. Chev. Il y a des gens si décisifs qu’il est inutile de contester contr’eux, parce qu’après avoir bien contesté, il faut toujours qu’il se trouve qu’ils ont raison, & que les autres ont tort. Nicol. Ménage dérive de mot de contrastare, ou de contestare ; dont on a fait contestation.

Contester plus amplement, terme de Palais, est procéder en vertu d’un jugement qui a réglé certain chefs, & qui a ordonné sur un ou plusieurs autres, que les parties contesteront plus amplement.

CONTESTÉ, ÉE. Part. On appelle au Palais une cause entière & non contestée, celle que l’on peut faire renvoyer, sur laquelle il n’y a point eu de réglement, ni de plaidoirie.

CONTEUR, EUSE. s. m. & f. celui qui conte. Fabulator, nugator ☞ Il est du style familier ; & quand on l’employe seul, il se prend toujours de mauvaise part, pour désigner ceux qui promettent beaucoup, qui ne disent rien de vrai, de solide ou de sérieux. Ne vous fiez pas à cet homme-là, ce n’est qu’un conteur. Je vieillis, puisque je suis conteur de fleurettes. Scar.

Si l’on vouloit à chaque pas
Arrêter un conteur d’histoire,
Il n’auroit jamais fait. La Font.

On appeloit autrefois Conteurs, ou Conteors, ou Conteours, les gens qui inventoient des contes agréables, qu’ils alloient chanter ou réciter dans les maisons des Grands ; & ils différoient des Trouveres, Poëtes du même temps, en ce que ceux-ci faisoient leurs compositions en rîmes, & les Conteors en prose. Narrator.

On appelle proverbialement & bassement Conteur de fagots, un homme qui conte des bagatelles & des niaiseries. Acad. Fr.

CONTEUR, s. m. terme de Coutumes. Le conteur est le même qu’on appeloit conteor dans les temps plus reculés. C’est l’Avocat ou le Procureur, que l’on a établi pour narrer & réciter le fait aux Juges. Voyez Conteor.

☞ CONTEXTE, s. m. mot usité parmi les Théologiens & formé du latin contextus, mais équivoque. Il signifie quelquefois dans leurs écrits le texte des écritures, d’un Auteur, d’un pere. Quelquefois il signifie cette partie de l’écriture sainte ou de tout autre livre qui se trouve avec le texte, soit devant, soit après, soit entremêlé, & alors c’est proprement une Glose. Encyc. Il faut quelquefois consulter le contexte, pour entendre parfaitement le sens du texte.

☞ CONTEXTURE, s. f. disposition ou arrangement des parties, enchaînement des parties disposées les unes par rapport aux autres, & formant un tout soit naturel, soit artificiel. La contexture des fibres, la contexture d’une chaîne ; il est pourtant plus approprié aux ouvrages de la nature. Textura, contextura. La contexture des fibres, des chairs, du cerveau, des parties de la rétine, sont des choses qu’on ne sçauroit assez admirer. La constitution & la propriété d’un mixte, consistent dans la dose exacte & dans l’arrangement & la contexture de ses principes. Acad. des Sc. 1701, Hist. p. 69.

☞ Il a une signification plus générale que tissu qui paroît exprimer plus particulièrement la disposition des parties qui naît de l’ourdissage. Le tissu de la peau, du drap, &c.

On dit aussi, dans le figuré, la contexture d’un discours, d’un Poëme, en parlant de la suite, de l’arrangement, de la disposition de ses parties. Je sens avec déplaisir toutes les fautes qui sont dans la contexture de cette pièce. Volt.

CONTI, bourg de France en Picardie. Conciacum. Conti a le titre de principauté, & est situé sur la Selle, dans l’Amiénois. C’est de ce bourg que les Princes de Conti ont pris leur nom.

Conti ou Conty, nom d’une branche de la Maison Royale de Bourbon. Contius. La branche de Conti vient d’Armand, Prince de Conti, fils d’Henri II, Prince de Condé, & frere du Grand Condé. Le Prince de Conti. On dit aussi en Poësie, & en style Oratoire, Conti, tout court, pour le Prince de Conti.

Conty n’est plus ; ô ciel ! ses vertus, son courage,
Sa sublime valeur, son zèle pour son Roi,
N’ont pû le garantir ; au milieu de son âge,
De la commune loi. Rouss.

La maison de Conti, la branche de Conti, l’hôtel de Conti à Paris. Bourbon-Conti, c’est dans la Maison Royale de France la branche de Conti.

CONTIGNATION, s. f. ☞ terme de charpenterie, assemblage de pièces de bois destinées à porter des fardeaux, planches, toits, &c. contignatio. Dans les bâtimens & les contignations ordinaires, les pièces de bois sont chargées dans toute leur longueur & en différens points. Mem. de l’Acad. des Sc. 1740, p. 465.

☞ Quoique ce mot ne paroisse propre qu’à la construction des maisons, on l’a employé pour exprimer l’assemblage des pièces d’un instrument astronomique, qui servent à le rendre fixe, stable, solide.

CONTIGU, UE, adj. terme relatif, qui se dit des choses qui sont si proches, qu’elles se joignent, qu’elles se touchent. Contiguus. Toutes les maisons de l’ancienne Rome étoient isolées, & n’étoient point contigues. On l’établit Gouverneur des peuples contigus à cette Province. Vaug.

☞ Ce mot a la même signification en Physique, & se dit des parties d’un corps qui se touchent les unes & les autres, mais sans être liées ensemble, ensorte qu’il ne faut aucun effort pour les séparer. Les parties de l’eau sont contigues.

☞ En Géométrie, angles contigus ou adjacens sont ceux qui ont un côté commun.

CONTIGUITÉ, s. f. voisinage de deux choses qui se joignent, qui se touchent. Continuitas. La contiguité de ces deux maisons a été cause qu’elles ont péri par un même incendie.

CONTINENCE, s. f. vertu par laquelle on s’abstient des plaisirs de la chair, ou qui fait qu’on modère les appétits charnels. Continentia. Le mariage est un remède à la fragilité de ceux qui n’ont pas le don de continence. Les religieuses observent une exacte continence. Les Romains ont loué Scipion d’une grande continence. En entrant dans le cloître, il faut immoler ses sens à la dure loi d’une continence perpétuelle. C. B. Les loix de la continence sont plus favorables aux hommes qu’aux femmes, parce que ce sont les hommes qui les ont faits contre les femmes. Le Mait. On voit en Hollande, je ne sai quelle vieille tradition de continence, qui passe de fille en fille, comme une espèce de religion. Saint Evr.

☞ La continence consiste à s’abstenir des plaisirs de l’amour. La chasteté consiste à ne jouir de ces plaisirs, qu’autant que la loi le permet, & de la manière qu’elle le permet. La continence est le fruit d’une victoire remportée sur soi-même.

CONTINENT, ENTE, adj. qui a la vertu de continence. Continens. Selon Aristote, celui qui n’a point de besoins n’est pas continent. Il faut des combats contre la chair & contre les sens pour être continent. Il faut être continent même dans l’usage du mariage.

CONTINENT, ENTE. s. m. & f. Voy. Encratites.

CONTINENT. s. m. terme de Géographie, grande étendue de pays qui n’est ni séparée ni interrompue par les mers. Continens terra, continens. On le dit par opposition aux Îles. On tient que la Sicile a été autrefois détachée du continent d’Italie. On divise d’ordinaire la terre en deux grands continens ; l’ancien & le nouveau.

L’ancien continent est celui que nous habitons, & qui comprend l’Asie, l’Europe & l’Afrique. Le nouveau continent est l’Amérique & les terres nouvellement découvertes. Il est néanmoins assez probable que l’Amérique n’a pas été inconnue aux anciens. On ne sait point encore si l’Amérique n’est pas jointe à l’Asie par le Nord, & si ce n’est pas un seul continent. Quelques Géographes font encore deux continens des terres australes & des terres septentrionales ; mais sans raison, car les terres australes sont manifestement des Îles ou une Île : & pour les terres septentrionales, si ce ne sont pas des Îles, c’est la jonction de l’Asie & de l’Amérique ; & loin d’être un nouveau continent, elles n’en font qu’un de l’Amérique & de l’Asie.

On appelle l’ancien continent, continent supérieur, parce que, selon l’opinion du vulgaire, il occupe la partie supérieure du globe. L’Afrique est un grand continent qui n’est attaché à l’Asie que par un isthme. Les Espagnols ont conquis les Îles avant que d’entrer dans le continent. On n’est pas encore certain si le Japon est une Île, ou un continent.

CONTINGENCE, s. f. casualité, événement incertain qui arrive par hazard. Eventus fortuitus. Ce mot n’est guère en usage que dans les phrases suivantes. Une affaire peut réussir bien ou mal, suivant la diverse contingence des choses, leur différente conjoncture. Cela n’empêche pas la contingence. Port-R. Un angle de contingence, est, en termes de Mathématique, celui que forme une ligne droite avec une ligne courbe qu’elle touche , ou celui que font deux lignes courbes qui se touchent. Contactus.

CONTINGENT, ENTE. adj. & sub. ☞ Ce qui n’est pas nécessaire, ce qui peut être ou n’être pas, ce qui peut arriver ou n’arriver pas. Voyez Nécessaire. Contingens, fortuitus. Tous les événemens humains sont contingens. On appelle, en termes de l’école, futur contingent, ce qui peut arriver ou n’arriver pas ; & proposition contingente, celle qui énonce une chose qui peut être ou n’être pas. Les Sociniens soûtiennent que Dieu ne peut prévoir les futurs contingens, parce qu’ils dépendent du mouvement de la libre volonté. Jur.

Contingent, terme de commerce & de Palais. On emploie ce terme en parlant des compagnies. Il se dit de la part & portion qu’on a dans chaque compagnie, du fonds que chaque intéressé doit fournir dans la société, de la portion que quelqu’un peut prétendre dans un partage. Portion contingente.

Contingent se dit aussi du profit qui revient à chaque intéressé par le compte de répartition, il se dit aussi de la part des frais communs d’une société.

Contingent se dit dans le même sens des dons gratuits que les Provinces ou le Clergé font au Roi. C’est la portion que chaque ville d’un pays d’états ou chaque diocèse doit payer ; en général, c’est la part que chacun doit recevoir, ou la part que chacun doit fournir. Pars illa quæ spectat aliquem, quæ ad aliquem attinet. Il a payé son contingent de cette imposition. J’ai traité de ma part contingente en cette succession, de ce qui pourra m’en revenir, pour éviter l’embarras des procès, des partages.

☞ C’est ainsi que l’on dit, que lorsque l’Empire est engagé dans une guerre qui regarde ou l’Empereur ou le Corps germanique, chaque Prince d’Allemagne doit fournir pour son contingent, tant d’hommes, d’argent & de munitions.

☞ CONTINU, UE, adj. se dit en général de tout ce qui a des parties rangées les unes auprès des autres, qui ne laissent aucun intervalle entre elles ; entre lesquelles on ne peut rien placer, qui ne sont point actuellement divisées, mais liées ensemble, & seulement divisibles, en quoi le continu diffère du contigu dont les parties se touchent à la vérité, mais sont actuellement séparées les unes des autres. Continuus.

☞ Ainsi, continu se dit du temps & des actions qui se font tout de suite, entre lesquelles il n’y a point d’intervalle, & des choses qui sont liées & unes, ou que l’on regarde comme liées & unies.

☞ Il peut y avoir de l’interruption dans ce qui est continuel ; mais ce qui est continu n’en souffre point ; de sorte que le premier de ces mots marque proprement la longueur de la durée, quoique par intervalles & à diverses reprises ; & le second marque simplement l’unité de la durée indépendamment de la longueur ou de la briéveté du temps que la chose dure. Perpetuus. Ainsi l’on dit un jeu continuel, des pluies continuelles, une fièvre continue, une basse continue, lorsqu’elle ne cesse point. Le cours des astres est un mouvement réglé & continu. Un travail continu fatigue & épuise l’esprit. Depuis que le Poëte commence à raconter son sujet, & qu’il met ses personnages sur la scène, il doit rendre son action tellement continue jusqu’à la fin, qu’on ne voie jamais ses personnages oisifs & en repos. P. le Boss.

☞ On divise la quantité en discrète & en continue.

☞ La quantité continue est l’étendue des lignes, des surfaces, des solides. C’est l’objet de la Géométrie.

☞ La quantité discrète, c’est les nombres qui sont le sujet de l’arithmétique.

Continu se dit aussi substantivement. On dit en Philosophie que le continu est divisible à l’infini. Voyez Divisibilité.

Une proportion continue, en Mathématique, est une proportion qui ne contient que trois termes, comme 2, 4, 8 ; ☞ c’est-à-dire, dans laquelle le conséquent de la première raison est l’antécédent de la seconde, comme 2, 4 :: 4, 8.

En termes de musique, on appelle basse continue ; la basse qui joue toujours, soit pendant les récits, soit pour soûtenir les chœurs.

En terme de médecine, on appelle fièvre continue, celle qui agite toujours le malade, & dont on ne connoît les accès que par les redoublemens.

Continu, en termes de Palais, se dit d’une prolongation que l’on fait à une compromission dont le temps est expiré. La compromission étoit finie ; mais nous avons fait un continu.

CONTINUATEUR. s. m. Celui qui continue un ouvrage qu’un autre a commencé. Perfector. Brovius a été le continuateur de Baronius.

☞ CONTINUATION. s. f. Continuatio. Ce mot signifie également l’action par laquelle on continue ce qui est commencé ; la durée sans interruption de la chose continuée, & la chose même que l’on continue. Ainsi l’on dit la continuation d’un ouvrage ; la continuation de la guerre, & la continuation d’une muraille, la continuation des annales de Baronius.

☞ On dit en Physique continuation du mouvement, de cette loi de la nature par laquelle un corps qui est en mouvement continue de se mouvoir dans la direction, & avec le mouvement de vîtesse qu’il a reçue, jusqu’à ce qu’une cause nouvelle l’oblige à changer d’état. Regle certaine & évidente ; parceque le corps étant indifférent, non seulement au repos ou au mouvement, mais encore à telle ou telle direction, à telle ou telle vîtesse, il doit nécessairement demeurer dans l’état où il est jusqu’à ce qu’une cause extérieure l’en fasse sortir.

Continuation & continuité considérés dans une signification synonime.

Continuation est pour la durée & continuité pour l’étendue. On dit la continuation d’un travail, d’une action ; la continuité d’un espace & d’une grandeur. La continuation d’une même conduite, d’un même édifice. Syn. Fr.

☞ Le mot de continuation désigne nécessairement le rapport d’une chose avec ce qui la précède. On donne la continuation de l’ouvrage d’un autre ; & la suite du sien ; on continue ce qui n’est pas achevé : on donne de la suite à ce qui l’est.

Continuation de communauté, n’est autre chose que la suite de communauté qui étoit entre les pere & mere avant la mort de l’un d’eux, & qui continue entre le survivant & ses enfans, faute par le survivant des pere & mere d’avoir fait inventaire après la mort du prédécédé, & de l’avoir fait clore.

☞ C’est une règle certaine que toute communauté finit par la mort d’un des associés ; mais contre le droit commun, nos coutumes ont sagement introduit la continuation de communauté, ou en ont fait une nouvelle forme, à cause de la suspicion du recélé & divertissement des effets de la communauté par le survivant. Ainsi l’on a jugé à propos, pour obliger le survivant des pere & mere, d’établir cette continuation de communauté, ou de faire faire l’inventaire requis dans ce cas pour la conservation du bien des mineurs incapables de veiller à leurs droits.

☞ CONTINUE, s. f. durée sans interrupton. Vieux mot qui n’est plus en usage que dans cette phrase adverbiale. A la continue, on travaille d’abord avec ardeur, mais on se ralentit bientôt ; & à la continue, on se lasse ; pour dire à la longue, à force de continuer. L’expression n’est pas noble.

CONTINUEL, ELLE. adj. qui dure long temps & à diverses reprises. Continuus. Il se passe dans l’esprit de l’homme un retour continuel de la nature à la religion, & de la religion à la nature. S. Evr. Les Tyrans vivent dans une continuelle inquiétude. Les pluies continuelles ont fait de grands ravages. Il n’y a point d’agrément à l’épreuve d’une familiarité continuelle. S. Evr. Les esprits qui sont dans un mouvement continuel, envisagent les choses différemment selon qu’ils se tournent. Id. Notre vie n’est qu’un changement continuel de sujettions différentes. S. Real.

☞ Ce terme, comme nous l’avons observé au mot continu, marque proprement la longueur de la durée ; mais il peut être relatif à la durée toute entière du temps, comme quand on dit : les astres sont dans un mouvement continuel ; ou il exprime seulement une partie indéterminée de cette durée ; comme quand on dit ; certains hommes sont dans un mouvement continuel. Or, il est évident que dans ces deux exemples, le mot continuel marque qu’il n’y a aucun instant dans la durée considérée sous ces deux points de vue différens, où la chose dont on parle ne subsiste pas ; quoique dans le second cas ce soit par intervalles & à diverses reprises ; ainsi, il peut y avoir de l’interruption dans ce qui est continuel. Voyez encore Perpétuel.

CONTINUELLEMENT, adv. sans interruption, sans relâche. Assiduè, continenter, sine intermissione. Cette femme crie, tempête, querelle continuellement. Qu’y a t’il de plus incommode qu’un homme qui n’est occupé que de lui, & qui s’admire continuellement ? Nicol. Rien n’est plus douloureux à l’amour propre que de se voir mourir continuellement, & de ne sentir la vie qu’à mesure qu’on la perd. Abad. Il y a des amis si languissans, qu’il faut continuellement les pousser par l’intérêt de leur gloire. S. Evr.

☞ Ce qu’on fait toujours, dit M. l’Abbé Girard, se fait en tout temps & en toute occasion. Ce qu’on fait continuellement, se fait sans interruption & sans relâche.

☞ Il faut toujours préférer son devoir à ses plaisirs. Il est difficile d’être continuellement appliqué au travail. Pour plaire en compagnie, il faut y parler toujours bien, mais non pas continuellement.

CONTINUEMENT, adv. (Prononcez continûment. On peut même l’écrire sans E.) d’une manière continue. Il travaille continuement, c’est la même chose que continuellement.

Continue & continuement diffèrent de continuel & continuellement ; en ce que continu & continuement se disent des choses qui ne sont pas divisées ni interrompues depuis leur commencement jusqu’à la fin, & que continuel & continuellement se disent aussi de celles qui sont interrompues, mais qui recommencent souvent & à peu d’intervalles. Acad. Fr.

CONTINUER, v. a. poursuivre une chose commencée. Continuare, persequi. Il continue son Histoire depuis Charlemagne jusqu’à présent. Continuer un Poëme, ses études, son voyage. Continuer à faire quelque chose, à bâtir. Continuer d’écrire.

Continuer, dans la signification de prolonger. Continuer un mur, une galerie, une terrasse. Il faut continuer cette allée jusqu’à tel endroit. Proferre, procedere.

Continuer se dit aussi à l’égard du temps, & signifie proroger, faire durer plus long temps. Prorogare. On a continué la jouissance de cette ferme pour trois ans. On a continué ces Echevins, ces Marguilliers dans leurs charges pour deux ans. On Continua le Consulat à Quintus Fabius, pour avoir subjugué entièrement l’Etrurie.

☞ On dit de même continuer un bail à un Fermier, à un locataire, continuer à quelqu’un sa pension. C’est en général conserver quelqu’un dans la position d’une chose. Je vous prie de me continuer vos bienfaits.

Continuer, signifiant poursuivre ce qu’on a commencé, s’employe aussi absolument. Je ne puis ni ne veux continuer. Continuez, je vous prie, à m’écrire, de m’écrire.

Continuer signifie quelquefois durer, ne pas user, & alors il est neutre. La pluie, le mauvais temps continue ; la guerre continue entre les Polonois & les Turcs. Cette plaie continue jusqu’à, &c. s’étend. Patet planities in longitudinem.

Continué, ée. part, pass. & adj. Continuatus.

☞ CONTINUITÉ, s. f. signifie en général, suite, liaison des parties posées les unes auprès des autres, entre lesquelles on n’en peut placer d’autres. Continuitas.

☞ Quelques Physiciens entendent par continuité, la cohésion immédiate des parties qui forment un tout. Quand les corps durs ne le sont qu’à cause que leurs parties se touchent, en quelques endroits, l’on ne sauroit les écarter tant soit peu qu’on ne leur fasse perdre toute leur continuité. Roh. Voy. Cohésion, Continu, Contigu.

☞ En Chirurgie ; on appelle solution de continuité, la division qu’une plaie fait dans un corps. En Philosophie, on appelle loi de continuité, la loi suivant laquelle rien ne se fait par saut dans la nature, & suivant laquelle aucun changement ne s’exécute que par degrés insensibles. On ne va d’un endroit dans un autre, qu’en parcourant le chemin qui est entre deux.

Continuité est aussi synonime à durée continue. La continuité du travail fait succomber. La vie des bienheureux est une continuité de contemplation & d’amour. Boss. Continuatio, continuitas.

Continuité, en matière de Littérature & de Belles-Lettres. Par rapport au discours, c’est la connexion entre toutes ses parties. On ne peut juger d’un discours sans en voir toute la continuité. Connexio.

☞ Dans un Poëme dramatique, c’est la liaison qui doit regner entre les différentes scènes d’un même acte.

Dans un Poëme épique, l’action doit avoir de la continuité dans la narration, quoique les événemens ne soient pas continus. P. L. Boss. Le Poëte, en retranchant les incidens languissans, & les intervalles de temps vides d’action, qui en empêchent la continuité, rend au poëme cette force continue qui le fait par tout couler également. Id.

CONTOBABDITE, s. m. & f. nom de secte. Contobabdita. Les Contobabdites étoient des hérétiques du VIe siècle, dont Nicéphore Calliste nous a conservé la mémoire dans son L. XVIII, C. 49. Leur premier chef fut Sévère d’Antioche, auquel succéda Jean le Grammairien, surnommé Philoponus, & un certain Théodose. Leurs Sectateurs furent appelés Agnoètes, Théodosiens. Une partie de ces hérétiques, qui ne voulut par recevoir un livre que Théodose avoit composé sur la Trinité, firent bande à part, & furent appelés Contobabdites, de je ne sais quel lieu que Nicéphore ne nomme point, & qui étoit apparemment celui où ils tenoient leurs assemblées. Les Contobabdites ne recevoient point d’Evêques. C’est tout ce que cet Historien nous en apprend.

Je ne sai pourquoi Baronius, à l’an 535, les appelle Concobabditæ ; beaucoup moins où les Auteurs du Moréri, qui citent Nicéphore & Baronius, ont pris le nom de Caucobardites, qu’ils leur donnent. Les éditions de Nicéphoe, & sur tout la belle du P. Fronton du Duc, portent toutes constamment Κοντοβαϐδίται. Contobabdites.

☞ CONTONDANT, ANTE. adj. Quelques-uns écrivent contoudant. Terme de Chirurgie par lequel on désigne ce qui blesse, en faisant des contusions, sans percer ni couper. Contundens. Un bâton, une masse, &c. sont des instrumens contondans. Voyez Contusion.

☞ CONTORÈSE, nom qu’on a donné à des hérétiques albigeois.

☞ CONTORNIATE, adj. terme d’Antiquaire, par lequel on désigne des médailles de cuivre, terminées dans leur circonférence par un cercle d’une ou deux lignes de largeur, continu avec le métal, quoi qu’il semble en être détaché par une rainure assez profonde, qui règne à l’extrémité de l’un & l’autre côté de la médaille.

Les médaillons contorniates sont ainsi appelés, à cause qu’il semble que les bords ont été travaillés au Tour. Ce qui nous reste de médaillons contorniates, semble avoir été fait vers le même temps. Le P. Hardouin croit que c’est au treizième siècle qu’ils ont été fabriqués ; les autres Antiquaires remontent jusqu’au cinquième. Contorniatus nummus. Ces médaillons sont appelés contorniates du mot Italien, qui marque la manière dont ils sont frappés ; savoir ; avec une certaine enfonçure tout au tour, qui laisse un rond des deux côtés, & avec des figures qui n’ont presque point de relief en comparaison des vrais médaillons. C’est un ouvrage né, comme je crois, dans la Grèce, dont on se servoit principalement pour honorer la mémoire des grands hommes, & de ceux qui avoient remporté le prix aux jeux publics. Tels sont ceux qui restent d’Homere, de Solon, d’Euclide, de Pythagore, de Socrate, d’Apollonius Thyaneus, & de plusieurs Athlètes, dont les victoire sont marquées par des palmes & des chariots à deux ou à quatre chevaux. P. Jobert.

Contorsion, s.f. mouvement violent, procédant d’une cause interne qui tord quelque partie du corps, & la tourne hors de sa situation naturelle. Distorsio. La colique cause de cruelles contorsions. A voir la contorsion générale de tous ses membres, ne diroit-on pas qu’il est possédé ?

Contorsion se dit aussi des grimaces & des postures extraordinaires que certaines personnes font quelquefois en parlant avec véhémence, ou quand ils sont embarrassés. Ce Prédicateur fait des contorsions.

Non je ne hais rien tant que les contorsions
De tous ces grands faiseurs de protestations.

Contorsion en Peinture se dit des attitudes outrées, quoique possibles, soit du corps, soit du visage. Le Peintre en voulant donner de l’expression à ses figures, ne leur fait faire souvent que des contorsions. Encyc.

Contorsion se dit aussi figurément. Il arrive rarement qu’un Orateur se tire d’une antithèse à plusieurs membres, sans donner quelque contorsion à la vérité, pour l’ajuster à sa figure. Port-R.

Contorsion se prend passivement pour l’état d’une chose, par exemple, d’un membre qui est de travers. Distorsio. La contorsion du cou est causée, selon M. Nuck, par le relâchement ou la paralysie d’un des muscles mastoïdes ; d’où il arrive que son antagoniste, dont les puissance n’est plus contrebalancée, se contracte avec toute sa force, & tire la tête de son côté. On ne peut, selon lui, remédier trop promptement à cette maladie ; & l’on doit dès le commencement employer des linimens capables de ramollir & de relâcher les fibres, & les appliquer non seulement sur le muscle qui est en contraction, mais principalement sur le muscle relâché & paralytique. Jour. des Sav. Dans la contorsion du cou, ce n’est pas le muscle qui est en contraction qui est proprement la partie malade, mais le muscle relâché & paralytique.

CONTOUR, s. m. ligne qui termine une figure, & qui en marque la forme. Ambitus, circuitus. ☞ Ce terme est particulièrement usité en Peinture & en sculpture. Le contour d’une figure est ce qui termine la figure ou les parties d’une figure, & leur donnent le tour qu’elles doivent avoir ; les traits qui la terminent & qui la renferment en tous sens. Cette figure a de beaux contours ; ils sont hardis, bien entendus, bien dessinés, bien prononcés, pour dire, que les membres de la figure sont dessinés avec art, avec justesse. Les contours doivent être flamboyans, ondés, coulans, grands & presque imperceptibles au toucher. Ce Peintre entend bien les contours, réussit dans les contours. Voyez Contourner.

☞ On dit de même le contour d’une colonne, le contour d’un dôme.

Contour se dit généralement de toutes sortes d’enceintes. Le contour d’une forêt, le contour d’une ville. La ligne fondamentale d’une fortification marque les différens contours & les angles d’une place.

Contour. Voyez Cuntur.

CONTOURNÉE, adj. f. terme de Conchyliologie. C’est une coquille appelée autrement Turbinée, dont la figure tourne au moins une fois dans toute son étendue, & s’élève en spirale. Une coquille peut être contournée sur soi obliquement suivant sa longueur, contournée sur soi perpendiculairement suivant la même longueur, contournée sur soi en travers.

CONTOURNER, v. a. marquer une figure suivant ses divers contours. Suo circuitu atque ambitu figuram delineare, describere, designare.

Contourner signifie encore, donner de la grace & de l’art à ce que l’on dessine à la main ; comme aux enroulemens. Circuitus atque ambitus rei cujuspiam belle calamo delineare, adumbrare Mal-contourner est opposé à contourner pris en ce sens.

Contourner, terme de peinture, faire les contours des figures que l’on peint. Formare, conformare. Les contours des figures font paroître une plus grande connoissance du dessein que les lumières & les ombres ; ainsi il est plus excellent de savoir bien contourner les figures, que de savoir donner les jours & les ombres. Du Charmois.

Contourner, arrondir, rendre bien rond. Rotundare. Les ouvriers en porcelaine sont fort habiles à Chine à bien contourner leurs vases, de quelque grandeur qu’ils soient. P. le Comte.

Contourner signifie aussi, tourner d’une manière oblique. Convertere, obvertere. Le globe terrestre fut non seulement fracassé par le déluge ; mais ébranlé, & contourné, en sorte qu’il est exposé obliquement au soleil. S. Evr. Cela est-il intelligible ?

Contournée, ée. part.

☞ Il se dit aussi de ce qui est de travers. Une taille contournée. Des jambes contournées.

Contourné, en termes de Blason, signifie, tourné du côté gauche, ad sinistram scuti partem conversus, obversus. Un animal qui doit avoir régulièrement la tête tournée du côté droit, s’appelle contourné, quand elle est à gauche. Un caque contourné est celui qui n’est pas vû de front mais tourné à gauche ; c’est une marque de la moindre noblesse.

CONTOURNIATE, adj. terme d’Antiquaire. Voyez Contorniate qui est plus usité.

CONTRABOUT, s. m. terme de Coutumes, c’est un héritage appartement à un homme qui prend à cens & à rente, & qu’il affecte & hypothèque outre la chose qui lui est acensée, pour la sureté de la rente, ou du cens.

CONTRACT. Voyez Contrat.

CONTRACTANT, ANTE, adj. prononcez le c. dans ce mot, & dans tous ceux qui suivent. Contrahens cum aliquo, paciscens. Celui ou celle qui contracte. L’acte demeure entre les mains de quelqu’un des contractans. Pat. Il faut que les Notaires fassent signer les minutes des contrats aux parties contractantes, ou qu’ils fassent mention des causes pour lesquelles elles n’ont point signé.

CONTRACTATION, s. f. Tribunal établi en Espagne pour les affaires & le commerce des Indes Occidentales. Il tient ses séances à Cadix.

CONTRACTE, terme de Grammaire, qui se dit quand deux voyelles se joignent en une, & font la syllabe longue. Duarum syllabarum in unam contractio. Les Grecs ont quantité de verbes contractes, comme ποιέω ποιῶ, facio, βοάω βοῶ, clamo, χρυσόω χρυσῶ, ungo.

CONTRACTER, v. a. faire un contrat, une convention. Contrahere cum aliquo, pacisci, pactionem facere. Contracter un Mariage, une Alliance.

☞ On le dit aussi absolument. Contracter avec quelqu’un, contracter par devant Notaires. Les Religieux, les mineurs, les furieux, les interdits, les femmes non autorisées par leurs maris, sont incapables en France de contracter. On contracte plutôt avec les biens qu’avec la personne, & l’on assure son argent plus sur les héritages que sur la bonne foi de ceux avec qui l’on contracte. S. Evr.

On dit aussi contracter des dettes ; pour dire, s’endetter, faire des dettes. Æs alienum contrahere.

Contracter se dit aussi figurément en parlant d’acquisitions morales, & des engagemens tacites de la société civile. ☞ Dans cette acception on le dit des habitudes qui s’acquièrent par des actions réitérées ; contracter une habitude bonne ou mauvaise ; des maladies qui se gagnent par contagion ou autrement ; & des liaisons qui se forment entre deux personnes par l’habitude de vivre ensemble. On a de la peine à se défaire des habitudes qu’on a contractées. Il a contracté une maladie à l’armée. Morbum contrahere, concipere. Nous ne devons contracté amitié qu’avec ceux dont les mœurs nous sont connues, amicitiam jungere. Il y a une obligation naturelle qui se contracte entre le pere & l’enfant, entre le sujet & le Souverain, qui les oblige à plusieurs devoirs les uns envers les autres. Voyez Obligation, Devoir.

Contracter, terme de physique, signifie condenser, resserrer les parties d’un corps, & les réduire à un moindre volume. Contrahere. C’est l’opposé, de dilater, rarefier, &c. A l’égard de toutes les liqueurs oléagineuses ou spiritueuses, la gelée les contracte : il n’y a que l’eau qu’elle dilate, dit M. Boyer de Prébandie, d’après l’Essai des effets de l’air sur le corps humain de M. Arbuthart, qui s’est servi souvent de ce terme. Le froid produit le scorbut par l’irritation & l’inflammation des parties qu’il contracte. Une des principales qualités du froid est de contracter avec violence les vaisseaux du corps. Préf. de la Traduct. des vertus de l’Eau de M. Smith. L’Eau appliquée extérieurement, étant plus froide que l’air, doit contracter les vaisseaux de la peau. Idem.

Contracter, (Se) terme de Médecine, se retirer, se raccourcir. Contrahi. Quand un muscle se relâche & devient paralytique, son antagoniste se contracte de toute sa force, & tire de son côté la partie à laquelle il est attaché.

Contracté, ée. part.

CONTRACTION, s. f. terme de Gramaie, réduction de deux syllabes en use. Contractio geminæ syllabæ in unam. La contraction est fort en usage chez les Grecs, qui ont des noms, & des verbes contractes, comme Δημοσθένης, Démosthène : au génitif Δημοσθένεος, ou Δημοσθένους, de Démosthène ; πατέω πατῶ, ambulo, je marche, je me promène ; πατεεῖς πατεῖς, ambulas, tu te promènes, &c. En François on en use en certains mots, comme saouler, baailler, paon, où on prononce souler, bailler, pan.

Contraction, terme de Médecine, raccourcissement qui arrive aux nerfs, aux muscles lorsqu’ils viennent à se retirer. Nervorum contractio. La convulsion est une contraction des nerfs. La contraction du cœur. Voyez Cœur.

Contraction, terme de physique, synonime à condensation. Resserrement des parties d’un corps par lequel il devient d’un moindre volume. Voyez Condensation.

☞ CONTRACTUEL, ELLE, adj. terme de Jurisprudence. Ce qui se fait par contrat, ce qui dérive d’un contrat. Partitius. Une institution, substitution, succession contractuelle, est celle qui est réglée, stipulée par contrat de mariage, ou autre acte entre vifs. Un héritier contractuel est celui qui est appelé par contrat à la succession.

Quelques Auteurs ont prétendu trouver l’origine des institutions contractuelles dans les loix Ripuaires, ou dans un Capitulaire de 830. Ces Auteurs ont pris dans ces endroits une institution ordinaire d’héritier pour institution contractuelle ; mais dans le chapitre de Matrimonio ad Marganaticam contracto, Boniface VIII autorisa en 1229 la renonciation faite avec serment par les filles, aux successions de leurs peres. En France on n’a reçu que dans les derniers siècles, selon M. De Lauriere, les pactes sur les successions futures. Ils étoient en usage du tems de Marver, vieux Praticien, & de la rédaction de la Coutume de Bourbonnois en 1493. On en confirma l’usage dans les Coutumes de la Marche, d’Auvergne, & dans les nouvelles Coutumes de Bourbonnois. On a reçu presque en même tems les déclarations d’aînés ou d’héritiers principaux dans l’Anjou, le Maine, la Touraine, le Laudunois & la Normandie : ensuite on les a admis de même que la renonciation des filles dans la Coutume de Paris, & dans toute la France, quoiqu’il n’y eût sur ce sujet aucune disposition dans les loix des différentes Provinces du Royaume. Telle est l’origine de l’institution contractuelle. L’institution contractuelle est un don irrévocable de succession ou d’une partie de succession, faite par contrat de mariage au profit de l’un des deux conjoints, ou des enfans qu’ils doivent avoir ensemble. De Laur. On dit aussi héritier contractuel. L’aîné noble, marié, comme héritier principal, peut renoncer aux successions ab intestat de ses pere & mere, & être en même tems héritier contractuel, donataire entre-vifs, & légataire universel ou particulier. Car on ne peut obliger l’héritier contractuel au rapport sans détruire l’institution, & s’il n’est point obligé au rapport, quand il n’est qu’héritier contractuel, on ne peut pas non plus l’y obliger, quand il prend la qualité d’héritier universel & de legataire particulier. Id. Il y a des substitutions contractuelles directes, & des substitutions contractuelles obliques. M. Vulson, Conseiller au Parlement de Grenoble, donna en 1669 un livre intitulé : Questions singulières de Droit sur les Elections d’héritiers contractuels & testamentaires. L’institution contractuelle est l’institution d’un héritier par contrat de mariage. Non-seulement les peres & les meres peuvent instituer leurs enfans en les mariant, mais les Etrangers le peuvent aussi. Pour la validité de ces institutions, il est nécessaire qu’elles soient faites par un contrat de mariage, & au profit de l’un des conjoins, ou de leurs enfans & descendans. Institution au Droit Fr. seconde edit. tom. 2, p. 163, 164L Les institutions contractuelles & les dispositions à cause de mort qui seroient faites dans un contrat de mariage, même par des collatéraux ou par des étrangers, ne pourront être attaquées par le défaut d’acceptation. Ordonnance du mois de Fevrier 1731, sur les Donations, aticle 13.

CONTRACTURE, s. f. terme d’Architecture, retrécissement ou diminution qui se fait dans la partie supérieure des colonnes. Contractio, contractus.

☞ CONTRADICTEUR, c’est littéralement celui qui contredit. Voyez ce mot. Qui contradicit, adversarius, adversator. Un si beau projet n’auroit dû trouver que des Approbateurs, il a trouvé des Contradicteurs. Mem. de Trév. en parlant du projet de M. Swift, d’une Académie angloise, formé sur celui de l’Académie françoise. Cet avis a eu beaucoup de Contradicteurs.

☞ En Jurisprudence, Contradicteur, légitime Contradicteur, se dit de celui qui a intérêt ou qualité pour contredire. Les Procureurs généraux sont légitimes Contradicteurs dans les affaires qui intéressent le Domaine, les mineurs, les gens de main-morte, &c. Un inventaire de mineurs doit être