Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/931-940

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Fascicules du tome 2
pages 921 à 930

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 931 à 940

pages 941 à 950


corps ; & d’un homme plaisant & facétieux, que c’est un drôle de corps. On dit, tant que l’ame me battra au corps ; pour dire, tant que je vivrai. On dit qu’un homme n’est pas traître à son corps ; pour dire, qu’il le traite bien, qu’il fait bonne chère ; & au contraire, qu’il est ennemi de son corps ; pour dire, qu’il se donne trop de peine, qu’il se refuse les choses nécessaires. On dit qu’un homme gagne son pain à la sueur de son corps ; c’est-à-dire, qu’il vit de son travail, ou de son industrie. On dit plus ordinairement, à la sueur de son front : phrase tirée de l’Ecriture, Gen. III, 19. In sudore vultus tui vesceris pane. On dit qu’un homme a fait corps neuf ; pour dire, que son corps s’est tout renouvellé par le rétablissement de sa santé, à cause des nouveaux alimens qu’il a pris. On dit aussi des chevaux qu’on a mis à l’herbe, qu’ils ont fait corps neuf.

☞ On dit encore proverbialement & figurément, prendre l’ombre pour le corps ; pour dire, l’apparence pour la réalité. On dit encore que l’envie suit la vertu, comme l’ombre suit le corps.

☞ CORPULENCE. s. f. Corpulentia. Volume du corps, taille, état du corps considéré, par rapport à sa grandeur & à sa grosseur. Un homme d’une grosse, d’une grande corpulence. Les gens qui sont d’une grosse corpulence sont sujets à plusieurs incommodités.

Sur le sommet de ce puissant globule, (un bol)
Je vis s’asseoir la Déesse Santé,
Au teint vermeil, à ferme corpulence
A la dent Hanche, à l’œil plein de gaieté ;
Et telle enfin qu’au siècle d’innocence
Toujours les Dieux l’accordoient aux humains.

Nouv. choix des vers.

☞ En Médecine, il est synonime à obésité, & marque l’état d’une personne trop grasse. Obesitas. On dit aussi, un homme de petite corpulence.

CORPULENT. adj. Ce mot se trouve dans Pomey, pour signifier un homme qui a de la corpulence. Obesus, corpulentus.

CORPUS. s. m. C’est ainsi que le peuple appelle le pain à chanter sur lequel on peut faire la Consécration.

CORPUSCULAIRE, adj. m. & f. qui est relatif aux corpuscules. La Physique corpusculaire est celle qui prétend rendre raison de tout, par le moyen des corpuscules ou atomes ; qui cherche à expliquer les différens phénomènes par la configuration, la disposition & le mouvement des parties des corps. Effectus naturæ per corpuscula explicans. Si la Médecine n’a pas marché d’un pas égal vers la perfection, il faut s’en prendre à la Philosophie scholastique, amie des querelles & des disputes, à la Physique corpusculaire, fertile en imaginations ; à la Chimie, &c. Journal des Savans. La Philosophie corpusculaire est si ancienne, qu’avant qu’Epicure & Démocrite, avant même que Leucippe l’eût enseignée dans la Grèce, il y avoit un Philosophe Phénicien qui expliquoit tous les phénomènes de la nature par le mouvement, la conformation, la disposition des petits corps de matière, ainsi que l’antiquité nous l’apprend. Cette sorte de Philosophie pourroit donc être appelée Philosophie Phénicienne, à plus juste titre que la Philosophie Epicurienne. Harris.

M. Boile a réduit les principes de la Philosophie corpusculaire à ces quatre points. 1o. Il y a une matière universelle, qui est une substance étendue, impénétrable & indivisible, commune à tous les corps, & capable de toutes sortes de formes. 2o. Que pour former cette variété immense de corps naturels, il est nécessaire que cette matière ait du mouvement dans quelques-unes, ou dans toutes ses parties qui peuvent être désignées ; que c’est Dieu créateur de toutes choses qui lui a imprimé ce mouvement ; & qu’elle a toutes les manières de directions & de tendances ou d’efforts qui peuvent être. 3o. Que cette matière doit être actuellement divisée en parties, & que chacune de ces parties primitives ou fragmens, qu’on appelle atomes, a sa grandeur & son volume particulier, comme aussi sa forme & sa propre figure. 4o. Enfin, que ces parties étant de différentes grandeurs & différemment configurées, elles doivent avoir des rangs, des situations, des positions différentes ; d’où naît une variété prodigieuse dans la composition des corps. Harris. Ceux qui ont écrit de la Philosophie corpusculaire sont Lucrèce, Démocrite & Epicure dans Diogène Laërce, Gassendi & Bernier.

☞ Ce mot qui s’est d’abord appliqué à la doctrine, s’est ensuite appliqué aux personnes, & l’on dit également Physique corpusculaire de Physiciens corpusculaires. Il est aussi employé comme substantif. Voyez Atomiste.

CORPUSCULE. s. m. atome ; petit corps ou petite partie d’un corps. Corpusculum. Les corpuscules ne sont autre chose que les parties les plus déliées, & les plus subtiles de la matière. Val. Il est certain que de tous les animaux, il se fait une émission de corpuscules, dont il se forme une espèce de tourbillon qui circule autour de la circonférence du corps d’où ils émanent. Id. Cet écoulement continuel de corpuscules imperceptibles se fait par la transpiration, & par les espaces vides qui se remarquent dans la contexture des corps. Id. Il y a dans la nature, une infinité de corpuscules, dont nous en appercevons quelques-uns avec le microscope, & les autres fuient la vue la plus subtile. A le bien prendre, ces corpuscules sont la même chose que les atomes de Gassendi, & la matière subtile de Descartes.

CORPUSCULITE. s. m. Philosophe qui admet les corpuscules, les atomes. C’est la même chose qu’Atomiste. Les Aristotéliciens & les Corpusculites sont toujours prêts à s’égorger sur le plein ou sur le vide, sur la matière & sur la forme ; sur les principes des corps, & sur le dernier terme des décompositions, & tout cela sans fruit. Ils bataillent entr’eux sur la meilleure manière d’ordonner la matière, comme s’il étoit question de créer le monde, ou de le gouverner. Il est fait, il va son train sans eux. Tout leur savoir tend donc à remplir les écoles de disputes, dont il ne nous revient rien. Spectacle de la Nature, t. 4, p. 546, 547.

CORRADOUX ou COURADOUX. s. m. terme de Marine. C’est l’espace enfermé entre les deux ponts des vaisseaux.

CORREAUX. s. m. pl. On nomme ainsi à Bordeaux une espèce de bateaux, dont on se sert pour décharger les barques & autres bâtimens de sel qui se mettent en coutume pour être taillés au large.

CORRECIER ou CORROCIER, vieux mot. Facher, courroucer quelqu’un. Poës. du Roi de Nav.

CORRECT, ECTE. adj. où il n’y a aucune faute. On le dit principalement de l’écriture & du langage. Emendatus, castigatus, expurgatus, mendis carens. Cet Auteur est fort correct ; son style, son discours est fort correct. Cette copie est correcte, il n’y a pas une seule faute. Ce peintre est fort correct ; il dessine fort juste. On appelle un dessein correct, un dessein dont les parties sont bien arrêtées, & leurs contours exactement semblables à ceux que présente la nature.

Dans ce mot, & dans tous les suivans, communément, & dans l’usage ordinaire, on ne prononce point deux rr, mais dans un discours soûtenu, oratoire, ou déclamatoire, on peut les faire plus sentir qu’on ne fait dans le discours ordinaire.

CORRECTEMENT. adv. d’une manière correcte. Emendatè. Ecrire, parler, dessiner correctement, sans faute.

CORRECTEUR, s. m. qui corrige. Corrector, emendator. Les Magistrats de Police sont établis pour être les correcteurs & réformateurs des abus de la Police, des mœurs dépravées des habitans.

Correcteur, nom de charge & de dignité chez les Romains. C’étoit un Magistrat que les Empereurs envoyoient dans les Provinces, & dont parle Treb. Pollion, dans la vie de Testrique pere, c. 23. Vopiscus, dans celle d’Aurélien, c. 39, Europe, L. IX, c. 9. Voyez encore Saumaise sur Solin, p. 806. M. de Tillemont remarque, Hist. des Emp. T. V, p. 363, qu’ils étoient Juges ordinaires avec les Consulaires & les Présidens. L. Celius Rufus avoit été correcteur de la Toscane & de l’Ombrie. De Tillem.

Correcteurs des Comptes, sont des Officiers de la Chambre des Comptes qui marchent entre les maîtres & les auditeurs, & qui sont rétablis pour réformer les erreurs qui se sont glissées dans les comptes, lors de leur premier examen. Regiarum rationum cognitores. La correction des comptes se faisoient ordinairement par des clercs, avant que les correcteurs fussent érigés en titre d’office. Charles VI, par son édit de l’an 1410, créa deux correcteurs, pour la révision & correction des comptes. On en a depuis fort augmenté le nombre. Voyez le Guidon des financiers, & les Annotations du correcteur Gelée. L’emploi de correcteur des comptes n’étoit d’abord qu’une commission. Ensuite il a été érigé en titre d’office.

Correcteur d’Imprimerie est celui qui relit & qui corrige les épreuves des livres qu’on imprime. Corrector, emendator. L’avantage d’un livre est de passer par les mains d’un bon correcteur.

Correcteur, en termes de collège, est celui qui châtie & qui fouette les écoliers par l’ordre du Régent ou du Préfet.

Correcteur est aussi dans plusieurs couvens, le supérieur qui régit, & qui gouverne le couvent, & qui est maître de la discipline des religieux : tel est le correcteur des Minimes, auquel néanmoins, depuis quelque temps les Minimes eux-mêmes commencent à donner le nom de supérieur. Dans l’ordre de Grandmont, on donnoit aussi au treizième siècle, le nom de correcteur au supérieur de la maison,

S. Etienne de Grandmont recevoit les disciples qui venoient à lui, à condition qu’ils ne lui donneroient jamais le nom de maître ni d’Abbé ; mais seulement l’humble titre de correcteur. P. Hélyot, T. VII, p. 411.

A l’exemple de ce saint, les supérieurs du même ordre ont aussi porté le nom de correcteur. Le correcteur du monastère de Vincennes près Paris, étoit le premier visiteur de l’abbaye de Grandmont, chef d’ordre, & confirmoit aussi l’élection de l’Abbé avec les Prieurs de Bois Rayer, du Puits Chévrier, & de Deffends, P. Hélyot, Ib. p. 414. Guillaume Treynac, VIe Prieur de Grandmont, réduisit si bien les convers qui exerçoient l’office de correcteurs aussi bien que les clercs, qu’il leur donna l’exclusion pour toutes les supériorités des maisons de l’ordre. Id. p. 416.

CORRECTIF ; s. m. ☞ ce qui a la propriété de corriger, de tempérer. Corrigens, emendans.

☞ On le dit figurément en grammaire de tout ce qui réduit un mot à sa propre signification, une pensée à son vrai sens, comme les adverbes, les propositions, les épithètes qui servent à modifier & tempérer l’acception, & généralement de tout ce qu’on emploie dans le discours pour faire passer favorablement quelque proposition ou quelque expression trop forte & trop hardie. Par exemple, s’il est permis de parler ainsi, pour ainsi dire, & autres semblables expressions. Cette proposition a besoin de quelque correctif. Un orateur ne doit point hasarder un mot barbare, ou nouveau, sans quelque correctif, ou adoucissement.

☞ On le dit aussi en Morale de ce qui réduit une action à l’équité ou à l’honnêteté.

Vous sçavez le correctif important & nécessaire, dont on a eu soin de nous prémunir, pour ne pas abuser de cette maxime. Bourd Exhort. T. I, p. 207. La honte du Fils de Dieu est comme le modèle ou le correctif de la nôtre. Id. II, p. 75.

Correctif se dit aussi en Médecine, de ce qui tempère & adoucit les humeurs & les médicamens. Temperamentum. La graisse est le correctif des sels âcres qui s’engendrent dans le sang. L’esprit de vin est le correctif de l’esprit de sel. L’anis est le correctif du séné, il dissipe les flatuosités qui donnent des tranchées.

CORRECTION. s. f. action par laquelle en corrige. Correctio, emendatio. Les Magistrats sont établis, les loix sont faites pour la correction des mœurs. Les États, les Conciles s’assemblent pour la correction des abus, le rétablissement de la discipline.

Correction, pureté de la langue. Observation scrupuleuse des règles de la Grammaire. L’exactitude tombe sur les faits & sur les choses ; la correction sur les mots. ☞ Il se pique d’une grande correction. Son style est d’une grande correction. Les Anglois n’étoient pas encore parvenus du temps de Waller à écrire avec correction. Voltaire. Ce qui constitue une lettre bien écrite, ne consiste pas seulement dans la correction du style, &c. Montcrif.

Correction se dit aussi de ce que l’on fait pour rectifier un défaut. Dans ce sens, le mot de correction regarde toutes sortes de fautes, soit en fait de mœurs, soit en fait d’esprit ou de langage. On dit qu’un ouvrage, soit de l’esprit, soit de l’art, a besoin de correction ; qu’il y a des choses qui demandent correction ; qu’une correction est bonne. Un censeur cherche à s’élever au dessus de celui qu’il censure par la supériorité de sa correction. S. Evr. On dit en ce sens, correction, en matière d’Imprimerie, & l’on entend par ce mot, les fautes corrigées sur une épreuve. Voilà la seconde correction de cette épreuve.

Dans l’Imprimerie, on appelle aussi corrections, ce que l’on écrit à la marge, ou à l’interligne d’une épreuve ou d’un manuscrit pour les corriger. Acad. Fr.

Correction se dit aussi d’une simple admonition, d’un avertissement de charité ou d’amitié. Admonitio, animadversio. La correction fraternelle est condamnée par l’Évangile ; mais elle doit être faite avec prudence & modestie. Les Supérieurs quelquefois convertissent la correction chrétienne qu’ils ont droit d’exercer en une domination mondaine, qui fait perdre le respect qu’on avoit pour eux. Des corrections indiscrètes font quelquefois plus de mal, que le vice même qu’on veut corriger. Vill.

Il faut mettre le poids d’une vie exemplaire
A ces corrections qu’aux autres on veut faire. Mol.

Tous les dévots de cœur sont aisés à connaître ;
Ils ne censurent point toutes nos actions,
Ils trouvent trop d’orgueil dans ces corrections. Id.

Correction signifie encore amendement, changement de mal en bien de la disposition du cœur ou de l’esprit. Morum mutatio in melius. On a beau faire des prédications, on ne voit point de correction, le peuple n’en profite point.

Correction se prend encore pour châtiment, punition, & pour le pouvoir de reprendre & de punir. Animadversio, castigatio. Ainsi l’on dit qu’un pere use de correction envers ses enfans, un maître envers ses domestiques, & que les enfans sont sous la correction de leur pere, les valets sous celle de leurs maîtres. On ne peut pas empêcher le mal que font ceux qui ne sont pas sous notre correction. Les peres ont droit de correction sur leurs enfans, les maris sur leurs femmes, les maîtres sur leurs domestiques, mais modérément.

☞ On appelle maisons de correction, des lieux où sont enfermées par autorité de justice, des personnes de mauvaises mœurs, ou qui se comportent mal. Il y a des maisons de correction pour les hommes, & d’autres pour les femmes.

Correction est aussi un bureau où les correcteurs des comptes travaillent & réforment les erreurs qui se sont glissées dans les comptes. Correctio, emendatio. On a mis le compte d’un tel à la correction ; c’est-à-dire, on l’a porté en cette chambre pour le voir & le réformer.

Corrections de quartier, en terme de navigation, sont les méthodes par lesquelles on corrige les régles de la navigation.

Correction, en termes de pharmacie, est une préparation du médicament, pour en diminuer l’action trop violente, comme quand on calcine le verre d’antimoine avec un peu de salpêtre, ou pour empêcher les tranchées, comme quand on dissout du sel de tartre dans l’infusion du séné. Temperatio.

Correction est aussi un terme de Rhétorique, Correctio. C’est une figure par laquelle on condamne ses premières expressions, & on les corrige comme trop foibles. La correction augmente & amplifie le discours. La correction est touchante & pathétique, quand elle est bien faite. Je l’aime ; que dis-je, aimer, je l’adore.

Correction de dessein, terme de Peinture. Les Peintres se servent ordinairement de ce terme pour exprimer l’état du dessein qui est exempt de fautes dans les mesures. Cette correction dépend de la justesse des proportions & de la connoissance de l’anatomie. de Piles. ☞ C’est l’exacte observation des proportions, & la juste disposition des figures qui rendent le dessein correct, indépendamment du coloris. Raphaël s’est distingué dans la correction du dessein.

On dit adverbialement, sauf correction, ou sous correction, par civilité, ou par respect, pour corriger & adoucir quelque chose qu’on a dit de trop libre, ou qui pourroit offenser quelqu’un. Pace tuâ, tuâ bonâ veniâ, Honos auribus sit.

☞ Les Avocats, en plaidant, disent, sauf ou sous correction de la cour, ou simplement, sauf ou sous correction. Tout passe dans le style du Palais. Partout ailleurs, cette façon de parler est bourgeoise.

CORRECTIONNEL, ELLE. adj. qui appartient à la correction. Ad correctionem pertinens. Juridiction correctionnelle. Cela ne seroit point matière de la juridiction correctionnelle. Il y a des fautes soumises à la juridiction correctionnelle, que plusieurs Chapitres sont en possession d’exercer par leur official.

CORRECTOIRE. s. m. nom en usage chez les Minimes. Correctorium. Le Correctoire est un livre que S. François de Paule a fait pour ses religieux, & dans lequel il a mis les pénitences qu’il faut imposer dans son ordre pour les transgressions des commandemens de Dieu & de l’Église, & les prévarications de la règle. P. Hélyot, T. VII, p. 417. Le Correctoire fut approuvé par Jules II. Le P. Thuillier, Minime, a donné une traduction de la règle, du correctoire & du cérémonial, avec des remarques historiques sur ces trois ouvrages. Id. Ibid. p. 424.

CORRECTRICE. s. f. celle qui corrige. Ce mot est nouveau. Danet. Emendatrix.

Correctrice, nom que l’on donne à la supérieure d’un couvent de Religieuses Minimes. Correctrix. La différence qu’il y a entre les correctrices des Religieuses Minimes & les correcteurs des Religieux, c’est que les correctrices ne sont élues que tous les trois ans, & que les correcteurs doivent être élus tous les ans. P. Hélyot, T. VII, p. 446. Ce mot se dit de même dans le Tiers-Ordre de S. François de Paule.

CORRÉGENCE. s. f. l’office ou la dignité de celui qui est régent conjointement avec un autre. Ils portèrent le P. Sirmond son confesseur à lui proposer la corrégence pour Monsieur avec la Reine. M. de la Châtre, dans ses Mémoires.

CORRÉGENT. s. m. régent conjointement avec un autre. M. de la Châtre, dans ses Mémoires, se sert de ce terme. Son Altesse Royale perdant toute espérance d’être corrégent.

CORRÉGIDOR. s. m. nom d’un Officier de justice en Espagne, & dans les pays soumis à l’Espagne. C’est le premier Officier de justice d’une ville ou d’une province, d’une juridiction ; Sénéchal, Bailli. Prætor. La justice se rend dans les terres d’Amérique soumises au Roi d’Espagne. Le Corrégidor en est le chef. Il a sous lui plusieurs Conseillers & Avocats. Mém. de Tr. Quelques-uns appellent en notre langue, le corrégidor, Gouverneur ; mais ce sont deux charges distinguées. On tâchera d’abord d’engager le Gouverneur & le corrégidor à rançonner la ville. Mém. de Tr. Les corrégidors & les Gouverneurs amassent en très-peu de temps de grands biens. Le dernier corrégidor qui mourut à Guiaquil, laissa à ses héritiers plus de 300000 pièces de huit. Ibid.

Corrégir, en Espagnol, signifie corriger, châtier, & corrigidor proprement correcteur.

CORRÉGIO, petite ville d’Italie, Capitale de la principauté de même nom dans le Modénois. Corregium. Elle se rendit au Prince Eugène en 1706 ; elle est à quatre lieues de Modène.

CORRELAIRE, m, vieux mot, salaire, loyer.

CORRELATIF, IVE, ☞ terme qui marque une relation commune & réciproque entre deux choses qui désigne deux choses qui ont rapport entre elles, & qu’on considère par ce rapport. Le pere & le fils sont deux corrélatifs. Pater & filius mutuò sibi respondent. La lumière & les ténèbres, le mouvement & le repos sont des termes corrélatifs & opposés. Sunt duo correlativa.

CORRÉLATION. s. f. relation commune & réciproque entre deux choses. Il y a corrélation entre le pere & le fils, entre la lumière & les ténèbres. La nature de ☞ la corrélation consiste dans le rapport de deux qualités dont l’une ne peut se concevoir sans l’autre.

CORRÉSO. s. m. nom d’un oiseau de l’Amérique. Le corréso est plus gros qu’une poule d’Inde ordinaire. Le mâle est noir, & a une huppe de plumes noires sur la tête. La femelle est d’un brun-obscur. Les corrésos se nourrissent de baies, & sont assez bons à manger ; mais on dit que leurs os sont venimeux ; de là vient qu’on les brûle, ou qu’on les enterre, de peur que les chiens n’en mangent.

Corréso est un mot Espagnol, qui signifie coriace.

☞ CORRESPONDANCE. s. f. relation que des Marchands ont ensemble pour leur commerce. Cet homme a des correspondances dans toutes les villes de l’Europe, entretient des correspondances dans les pays étrangers. Il est en correspondance avec telles & telles personnes.

Correspondance se dit aussi des personnes avec lesquelles on entretient commerce de lettres. Ma correspondance m’écrit. Mes correspondances me manquent. Ac. Franc.

Correspondance se dit aussi des différentes liaisons, ou relations que des personnes ont ensemble. Avoir correspondance de lettres avec quelqu’un. commercium habere litterarum. Entretenir correspondance avec les gens de lettres ; je n’ai aucune correspondance avec lui. Nullius rei commercium mihi cum illo est.

Correspondance se dit encore pour conformité, accord entre deux personnes pour certaines choses, consensus, consensio. Il n’y a point de correspondance d’humeur, ni de sentimens entre le mari & la femme. Le père a trouvé dans son fils une parfaite correspondance à ses intentions. On le dit de même des rapports que les êtres peuvent avoir entr’eux. On le dit de deux idées, de deux mots, de deux choses, lorsqu’elles ont un même rapport avec une troisième à laquelle on les rapporte.

☞ CORRESPONDANT. s. m. terme de commerce. Marchand qui est en commerce réglé avec un autre, par le moyen duquel il exerce son négoce d’une Place à l’autre. Negociorum procurator. J’ai écrit à mon correspondant, mon correspondant me mande que, &c.

☞ On le dit généralement de celui avec qui on est en Société dans un commerce réglé de lettres, soit pour affaire, soit pour nouvelles. Je suis informé de tous les événemens qui peuvent être de quelque conséquence. Mon correspondant me mande les choses avec autant d’exactitude que de fidélité. Ille qui cum mihi litterarum commercium est, &c.

☞ CORRESPONDANT, ANTE, adj. qui s’applique à des choses qui se correspondent. Voyez ce mot. Angles correspondans, lignes correspondantes. Sibi mutuo respondentes.

☞ CORRESPONDRE, v. n. répondre de sa part, faire réciproquement de son côté ce que l’on doit. Respondere alicui in aliqua re. Les enfans ne correspondent pas toujours aux desseins de leurs pères pour leur fortune, ou pour leur éducation. Les Amans se plaignent toujours que leur Maîtresse ne correspond pas à leur passion. Faites ce que vous pourrez pour cette affaire, j’y correspondrai de ma part. Correspondre à la grace, aux inspirations que Dieu nous envoie.

Correspondre signifie aussi avoir du rapport, de la conformité, de la proportion, symétriser. Convenire, congruere. Ces deux pavillons se correspondent, font symétrie.

CORRIDOR. s. m. terme de fortification. C’est un chemin sur le bord du fossé en dehors, qui fait tout le tour des Fortifications de la place. Imminens fossæ porticus, via propter fossam terreno aggere tecta. On l’appelle autrement chemin couvert, & même ce terme est plus usité, parce qu’il est couvert du glacis, ou esplanade qui lui sert de parapet. Le corridor est large ordinairement de trois ou quatre toises.

Ce mot vient de l’Italien coridore, ou de l’espagnol coredor. Quelques-uns disent couridor.

Corridor, terme d’architecture, est une galerie, étroite autour d’un bâtiment, qui conduit à plusieurs chambres dégagées l’une de l’autre. Opertum iter ex altera parte domûs in alteram.

☞ CORRIGER, v. a. c’est en général rectifier ou montrer la manière de rectifier les défauts soit en fait de mœurs, soit en fait d’esprit & de langage. Corrigere, emendare. On le dit des personnes & des choses, on ne corrige pas celui qu’on pend, dit Montagne : on corrige les autres par lui. L’expérience prouve qu’on ne corrige personne, & que l’exemple est en pure perte. Prenez garde de ne point irriter celui que vous voulez corriger : si vous le reprenez avec chagrin, c’est le style de la haine, plutôt que de l’amitié. Vill. L’Evêque doit censurer en père qui corrige, & non en ennemi qui se venge. Herman. La morale ne s’occupe qu’à corriger les déréglemens du cœur. S. Evr.

Sans dire, comme vous, des injures aux gens,
Molière a corrigé les vices de son temps. Pradon.

☞ On corrige les vices des hommes & les défauts d’un tableau, d’un dessein, &c. J’avois fait le plan de ma maison, un tel me l’a corrigé, le maître corrige les compositions de ses écoliers. On corrige l’impression d’un livre, on corrige les épreuves. Voyez Correcteur, Correction, Épreuves. On corrige une copie sur l’original.

Corriger se dit aussi en fait de mœurs & de conduite, dans la signification de réprimander, châtier. Castigare, animadvertere in aliquem. Les supérieurs sont en droit de corriger leurs inférieurs, un père corrige ses enfans, un Prieur corrige ses religieux, un régent corrige ses écoliers.

Corriger, signifie aussi tempérer. Temperare. La respiration corrige, tempère la chaleur de la poitrine. Corriger les humeurs peccantes. Il faut corriger la crudité de l’eau avec un peu de vin. On peut corriger l’influence des astres malins. Boil.

☞ Ce verbe est encore employé dans la signification de réparer. C’est ainsi que l’on dit corriger l’injustice du sort, de la fortune. Les latins on dit de même, corrigere cursu tarditatem. Réparer son retardement à force de courir.

Non, il faut à tes yeux dépouiller l’artifice,
Je sus de mon destin corriger l’injustice. Racine.

CORRIGER, avec le pronom personnel, signifie, devenir meilleur, s’amender, se défaire de ses défauts, de ses mauvaises habitudes. Ad bonam frugem se recipere, in melius mutari. Peu de gens sont assez raisonnables pour vouloir bien se corriger. M. Scud.

Si-tôt que sur un vice ils pensent me confondre,
C’est en me corrigeant que je sai leur répondre. Boil.

On dit proverbialement, Avocat, corrigez votre plaidoyé ; pour dire, changez de langage, parlez avec plus de circonspection, plus de sagesse, plus de vérité. Ce qui vient d’une ancienne formule de prononcer des appointemens, qu’on observe encore dans les Provinces où l’on ordonne que les Avocats corrigeront & remettront. On dit aussi proverbialement, corriger Magnificat à Matines ; pour dire, reprendre mal à propos. Ac. Fr.

☞ Nous joindrons ici les remarques de M. l’Abbé Girard sur la vraie signification des verbes corriger, reprendre, réprimander que l’on confond souvent dans l’usage ordinaire.

☞ Celui qui corrige montre, ou veut montrer la manière de rectifier un défaut, celui qui reprend ne fait qu’indiquer ou relever la faute ; celui qui réprimande prétend punir ou mortifier le coupable.

Corriger regarde toutes sortes de fautes, soit en fait de mœurs, soit en fait d’esprit ou de langage. Reprendre ne se dit guère que des fautes d’esprit & de langage. Réprimander ne convient qu’à l’égard des mœurs & de la conduite. Il faut savoir faire pour corriger. Peu de gens savent corriger : beaucoup se mêlent de reprendre : quelques uns s’avisent de réprimander sans autorité.

CORRIGÉ, ÉE. part. Il a les mêmes significations que son verbe, en latin comme en françois.

CORRIGIBLE. adj. m. & f. Qui se peut corriger. Qui, ou quod emendari, corrigi potest. Il n’est guère en usage qu’avec la négative. Cet homme n’est pas corrigible. Cette faute d’impression n’est plus corrigible, car la forme est tirée à fonds. On le dit plus ordinairement des mœurs.

CORRIGIOLE, s. f. plante qu’on appelle autrement renouée. Voyez Renouée. On l’a nommée corrigiole du latin corrigia, courroie, à cause qu’elle est si longue & si pliante, qu’on en pourroit faire une courroie. Polygonum.

CORRIVAL. s. m. vieux mot relatif, qui signifioit originairement celui qui tiroit de l’eau d’une même source qu’un autre, qui la conduisoit par un même canal pour la faire venir sur ses terres, & pour cela avoit souvent contestation avec lui. Rivalis, æmulus. Depuis on l’a dit de ceux qui ont les mêmes prétentions, qui aspirent en même temps à la même chose, qui aiment une même femme ; aujourd’hui il n’est plus d’usage. On dit rival dans la même signification.

CORROBORATIF, IVE. adj. terme de Médecine, qui donne ou augmente les forces. Corroborans. Tous les cardiaques sont corroboratifs. Des tablettes, des poudres, des potions corroboratives.

Corroboratif est aussi quelquefois substantif. Pharmacum, medicamentum corroborans. Cet homme a besoin de bons corroboratifs.

CORROBORER, v. a. fortifier une partie foible, ou malade. Corroborare. Il y a plusieurs remèdes qui corroborent les parties débiles. Il se met quelquefois absolument. Le vin sert à corroborer. On le dit principalement des alimens, & de l’homme seulement.

Corroboré, ée, part.

CORRODANT, ANTE. adj. le même que Corrosif.

CORRODER, v. a. ronger petit-à-petit. Corrodere. Il se dit de la vermine à l’égard des grains. On le dit aussi des acides à l’égard des autres corps naturels, des humeurs malignes & des choses qui par une certaine acrimonie ou par une qualité caustique rongent les patries des corps. Les vers corrodent les blés, les étoffes. L’arsenic tue, parce qu’il corrode les boyaux avec ses petits atomes acides & pointus. L’eau forte corrode les métaux & les ronge. Ce mot est en usage en Médecine, en Chimie, dans les sciences naturelles, & dans quelques arts.

Corrodé, ée. part.

☞ CORROI. s. m. façon que le corroyeur donne aux cuirs pour les rendre propres aux usages auxquels on les destine. Voyez Corroyeur & Corroyer.

Corroi, en architecture hydraulique, signifie aussi un massif de terre glaise propre à tenir l’eau ; en ce sens on dit, faire un corroi. C’est par le moyen des corrois que les bassins & les fontaines retiennent l’eau.

CORROI. Voyez Courroi.

CORROIS. s. m. vieux mot. Ordre de bataille. Acies, acies instructa. Et l’Emperères Alexis les attendoit à granz batailles, & à granz corroiz de l’autre part. Villehard, in-8o.

On écrivoit aussi conroy. La Chronique de Flandre, ch. 77. Et tantôt se mirent les François en conroy. Le Traité manuscrit des Tournois des Chevaliers de la table ronde : & ainsi par c’est ordre se mêloient tant qu’il y avoit de batailles ad ce que les conrois estoient assemblés. Guill. Guyart.

Toute la gent que li Roi a,
Et qui s’est a lui arree,
Se tient d’autre part serrée,
En conroi nul ne s’en estoche.

Voyez Spelman & la Glose de Sommerius sur les Hist. d’Angleterre au mot corredium. Du Frêne, Glossaire de Villehardouin.

CORROMPRE. v. a. Je corromps, je corrompis, j’ai corrompu, je corromprai, que je corrompe, que je corrompisse. Altérer la nature de quelque chose, la gâter, la changer en mal. Corrumpere, vitiare. La fièvre en peu de temps corrompt toute la masse du sang. La grande chaleur corrompt la viande.

Corrompre, dans ce sens, avec le pronom personnel, signifie, se gâter, se pourrir. Corrumpi, vitiari. Les fruits d’été se corrompent, se gâtent aisément. Si le grain ne meurt, & ne se corrompt dans la terre, il ne se multipliera point, dit l’Evangile.

Corrompre signifie quelquefois, dans les arts méchaniques, changer simplement la forme. Deformare. L’emballage corrompt la forme d’un chapeau. La couverture d’un livre se corrompt, lorsqu’il est trop manié.

Corrompre se dit figurément dans cette signification. Immutare, adulterare. Les Hérétiques corrompent les textes, les passages de l’Ecriture, c’est à-dire, les altèrent, les tronquent, les changent. Cet Avocat corrompt les Loix, les détourne de leur vrai sens. Corrompre la Loi du Seigneur. Pasc. Il n’y a rien que la crainte & la flaterie qui corrompent la vérité de l’Histoire. Du Rier.

Corrompre signifie aussi faire faire à quelqu’un une chose contre son devoir. Aliquem corrumpere, alicujus fidem pretio labefactare. Le Gouverneur de cette place s’est laissé corrompre par argent. Les présens & la beauté corrompent les Juges. Quelque ascendant qu’on eût sur lui, on pouvoit le prévenir, mais non pas le corrompe. Fléch. Le plaisir que les passions font à l’esprit le corrompent en leur faveur. Maleb. Les Lecteurs sont d’ordinaire gagnés & corrompus par les manières libres & naturelles de Montagne. Id. Voilà des témoins qui ont été corrompus & subornés.

Corrompre toujours, dans le sens métaphysique, signifie dépraver, changer de bien en mal. Depravare alicujus animum, mores corrumpere. La beauté, toute innocente qu’elle est, ne laisse pas de faire des coupables, & de corrompre les regards. Fléch. L’oisiveté corrompt les plus généreux courages. S. Evr. La flatterie corrompt la vertu, & la médisance la décrie. Fléch. Il y a du danger à retenir dans le monde des âmes tendres & fragiles, que la présence des objets peut corrompre, & qui se pourroient sanctifier dans la retraite. C B. Les cajoleries de ce galant ont corrompu cette fille, il a triomphé de son honneur.

Non, je ne suis pas étonné,
Que ton perfide cœur, au vice abandonné,
Corrompe ta raison par de fausses maximes. L’Abbé Tétu.

☞ CORROMPRE se dit, dans les Arts méchaniques, avec le pronom personnel ainsi qu’en parlant des mœurs, du langage. Mon chapeau commence à se corrompre ; les mœurs se corrompent ; la langue latine commence à se corrompre. Dans toutes ces acceptions, le mot corrompre présente l’idée d’un changement de bien en mal.

On dit, en termes de l’Ecriture-Sainte, que toute chair avoit corrompu sa voie ; pour dire, que tous les hommes s’étoient abandonnés à toutes sortes de crimes. Acad. Fr.

Corrompre se prend aussi pour gâter, diminuer, troubler. Turbare, perturbare, imminuere.

Adieu donc, fi du plaisir,
Que la crainte peut corrompre. La Fontaine.

Corrompre est aussi un terme de Corroyeur, qui signifie, faire venir le grain à un cuir de vache par le moyen de la pomelle. Corrompre la vache.

CORROMPU, UE. part. & adj. Corruptus, depravatus, adulteratus. Un mot corrompu par l’usage. Un siècle corrompu & dépravé. La raison humaine est trop corrompue pour s’abandonner à sa conduite. S. Evr. Les perses abattus par la mollesse, & corrompus par les délices, ne purent s’opposer à la chûte de leur Empire. Vaug. Les hommes sont tellement corrompus, que ne pouvant les faire venir à nous, il faut bien que nous allions à eux. Cette erreur se répandit en peu de temps par l’intelligence qu’elle trouva dans les inclinations corrompues des hommes. Nic. Une chair corrompue & pourrie.

Corrompu est quelquefois substantif, & alors il signifie, un homme débauché, & dont les maximes & les mœurs sont corrompues. C’est un vieux corrompu. ☞ Cette expression est empruntée de ce qui se passe dans la gangrène du corps, & transportée à l’état de l’ame ; ainsi, disent les Encyclopédistes, un cœur corrompu est un homme dont les mœurs sont aussi mal saines en elles-mêmes, qu’une substance qui tombe en pourriture ; & aussi choquantes pour ceux qui les ont innocentes & pures, que le spectacle de cette substance, & la vapeur qui s’en exhale, le seroient pour ceux qui auroient les sens délicats.

CORROR, v. n. mot du vieux langage, pour dire, tomber. On trouve dans Villehardouin : se lait corror, pour le laisser tomber. Ce mot vient du latin corruere.

CORROSIF, IVE. adj. qui corrode, qui ronge les parties sur lesquelles il est applique. Voyez Corroder. Rodens, stypticus. Le vitriol calciné, l’alun, le sublimé & l’arsenic sont corrosifs, à cause de l’acrimonie de leurs parties. Tous les remèdes caustiques sont corrosifs, âcres & mordicans. Il est aussi substantif. Le Chirurgien a mis un corrosif sur la chair morte.

CORROSION. s. f. action & effet de ce qui corrode. Corrosio. On a vu en ouvrant ce corps, les marques du poison par la corrosion des parties. ☞ Ce terme, usité en Physique & en Médecine, est nécessaire dans l’usage ordinaire, & ne peut être remplacé par un autre.

CORROYER, v. a. terme de Corroyeur, donner la dernière préparation au cuir après qu’il est sorti de la tannerie. ☞ Cette préparation consiste à les parer, repasser, ratisser, adoucir & à les rendre par-là plus propres aux différens usages auxquels on les destine. Corium subigere, polire. Les Orientaux savent mieux corroyer les cuirs que ceux d’Europe. Ils les savent mieux teindre, ratisser, amollir & rendre plus maniables.

Corroyer se dit aussi d’une préparation qu’on donne à de la terre glaise, en la pétrifiant & la remuant pour la rendre propre à retenir l’eau, quand on en fait des bâtardeaux, ou des bassins de fontaine. Subigere argillam.

☞ On dit en ce sens, corroyer un bassin, un canal, &c. Y faire un massif de terre glaise pour retenir l’eau.

Corroyer, en termes de menuiserie, signifie préparer du bois pour le rendre propre à mettre en œuvre en toutes sortes d’ouvrages : c’est le raboter & l’équarir à l’équerre. Polire, levigare.

Corroyer le fer & l’acier, terme de Serrurier, c’est le battre à chaud, quand il sort de la forge prêt à fondre ; l’étendre & le plier plusieurs fois sous le marteau, afin de le purifier, & le rendre propre à faire des rasoirs & autres tranchans. Ferrum calens tundere.

Corroyer le mortier, terme de mâçonnerie. C’est mêler bien la chaux & le sable par le moyen du rabot. Arenâ calcem miscere. Plus on corroie le mortier, meilleur il est.

CORROYEUR. s. m. artisan qui corroie les cuirs, qui leur donne la dernière préparation pour les mettre en œuvre, qui les teint, qui les amollit, qui les graisse. Coriarius. Autrefois on écrivoit & on prononcoit Conroyeur.

CORRUDA ou CORRUDE. s. f. plante qui est une espèce d’asperge, & qu’on appelle asperge sauvage. Elle jette des verges dures, blanches & ligneuses, qui croissent à la hauteur d’un homme. Ses feuilles sortent cinq ou six d’une même pointe : elles sont dures, courtes & fort piquantes, de sorte qu’on devroit plutôt les appeler des épines. Ses fleurs sont petites, pâles, composées de six feuilles & d’une odeur agréable. Elle croît parmi les haies & les broussailles. Asparagus foliis acutis ou corruda. Les tiges de la corrude lâchent le ventre, & font uriner. La décoction de sa racine prise en breuvage est bonne pour la difficulté d’uriner, la jaunisse, la douleur des reins & la sciatique. Voyez Asperge.

☞ CORRUGATION. s. f. état d’une chose ridée. Rabelais s’est servi de ce mot.

CORRUMPABLE. adj. m. & f. vieux mot. Corruptible. Corruptibilis, e.

CORRUPTEUR. s. m. ☞ Qui corrompt les autres. Ce mot ne se dit point au propre. En morale c’est celui qui porte dans les mœurs des autres la dépravation qui règne dans les siennes. On le dit des mœurs, de l’esprit, du goût. Corruptor. Les libertins sont d’un dangereux commerce : ce sont des corrupteurs de jeunesse. Le mauvais usage est le grand corrupteur des langues. Il ne faut pas envelopper la bonté des choses que l’on corrompt avec la malice des corrupteurs. Mol. Les Déclamateurs ont été les premiers corrupteurs de l’éloquence. S. Evr. Epicure a banni du jardin, où il philosophoit avec ses amis, les corrupteurs de sa sage volupté. Id. C’est un corrupteur de jeunesse. Maucr. C’est un insigne corrupteur de l’écriture. Id. Adulator. Voyez Corruptrice.

CORRUPTIBILITÉ, s. f. qualité ☞ par laquelle un corps physique est sujet à corruption. La corruptibilité est attachée à tous les corps. Hoc habent omnia corpora, ut corruptioni oboxia sint.

CORRUPTIBLE. adj. m. & f. Qui est sujet à corruption. Corruptioni obnoxius. Tous les corps sublunaires sont corruptibles. Il n’y a que l’ame raisonnable qui ne soit pas corruptible, parce qu’elle est spirituelle.

Corruptible se dit aussi au figuré, & signifie, qui se laisse séduire & entraîner à faire des choses contre son devoir. Mais il est plus en usage avec la négative qu’avec l’affirmative. Ce juge n’est pas corruptible.

Corruptibles, nom de Secte. Voyez Corrupticoles.

CORRUPTICOLES, nom d’Hérétiques, ou d’une Secte Eutychienne. Corrupticolæ. Les Corrupticoles sont des hérétiques Eutychiens, qui commencèrent vers l’an 531 de Jesus-Christ ; & qui eurent pour chef Sévère, faux Patriarche d’Antioche. Cette Secte naquit en Egypte ; car Sévère s’étant retiré à Alexandrie, y soutint que le Corps de Jesus-Christ étoit corruptible ; que les Peres l’avoient reconnu ; que le nier, c’étoit nier la vérité de la Passion du Sauveur. D’un autre côté Julien d’Halicarnasse, autre Eutychien réfugié aussi en Egypte, soûtenoit que le Corps de Jesus-Christ a toujours été incorruptible ; que de dire qu’il croit corruptible, c’étoit admettre de la distinction entre Jesus-Christ & le Verbe, & par conséquent deux natures en Jesus-Christ. Le peuple d’Alexandrie se partagea entre ces deux opinions ; & les partisans de Sévère furent appelés Corrupticoles, c’est-à-dire, Adorateurs du corruptible, ou de celui qui a été corrompu ; car ce mot est formé de corruptus, corrompu, & de colo, j’honore, j’adore. Pour les Sectateurs de Julien, on les nomma incorruptibles, ou Phantasiastes. Quelques Auteurs appellent aussi quelquefois les Corrupticoles simplement Corruptibles. Le Clergé (d’Alexandrie) & les Puissances séculières favorisoient Théodose, homme de lettres, disciple de Sévère, & de la Secte des Corruptibles ; mais les Moines & le peuple étoient pour l’Archidiacre Gaïen, disciple de Julien, & de la Secte des Phantasiastes. Fleury.

☞ CORRUPTION. s. f. changement considérable dans la substance & dans les qualités essentielles d’un corps, par lequel il cesse d’être ce qu’il étoit, & devient un nouveau composé ; un œuf corrompu devient un poulet. Corruption dit plus qu’altération. Voyez Ce mot.

☞ C’est dans ce sens que le prennent les Philosophes quand ils disent que la corruption d’une chose est la génération d’une autre. Corruptio unius est generatio alterius.

☞ C’est une erreur de l’ancienne philosophie de croire que les insectes s’engendrent de corruption. Voyez Génération.

☞ Dans le sens vulgaire corruption exprime, outre son idée principale, celle de dépravation, de putréfaction & de puanteur. La gangrene est la corruption des chairs. Les abcès viennent de la corruption des humeurs. Ce cloaque infecte tout le voisinage par sa puanteur & sa corruption. La peste n’est qu’une corruption de l’air. Putredo, fœtor.

Corruption se dit figurément de la dépravation, & du dérèglement des hommes, des abus, & du mauvais usage des choses. Morum corruptela, pravitas ; corrupti, depravati mores. Dieu envoya le Déluge, à cause de la corruption générale qui regnoit sur la terre. La raison, par la corruption des hommes, est réduite à servir à l’injustice, & à justifier les passions. Maleb. C’est en vain que l’on crie contre la corruption des mœurs, du siècle & des esprits. Il y a bien des mots qui se disent par corruption, ou par un vice de langage ; pour dire, qu’ils ont été altérés. Il y a dans la doctrine, dans la Justice, bien de la corruption, bien du relâchement. La corruption de la Cour s’établit enfin comme une politesse dans les Provinces. Fléch. C’est la corruption du cœur qui fait l’incrédulité. De Vill. Les égaremens & la corruption de quelques nations, ne forment pas le droit des gens. S. Evr. La source de notre corruption est dans notre cœur. Abad.

Il se dit aussi des changemens vicieux qui se trouvent dans le texte, dans un passage d’un Livre. Il y a corruption dans ce texte-là.

Corruption signifie encore les moyens qu’on emploie pour faire faire à quelqu’un quelque chose contre son devoir. Corruptela. Les largesses de César étoient plutôt des corruptions que des libéralités. S. Evr.

CORRUPTRICE. s. f. C’est le féminin de corrupteur. Celle qui corrompt, qui gâte, qui altère, qui séduit. Corruptrix. La volupté est la corruptrice du genre humain.

CORS. s. m. terme de chasse. La chevillure de la tête d’un cerf. Cervini cornu ramuli. Un cerf de dix cors, c’est un cerf de moyen âge.

CORSAGE. s. m. forme du corps humain depuis les hanches jusqu’aux épaules. Corporatura, corporatio. Cette paysanne est d’un beau corsage.

Gentil corsage & minois fait autour.
Nouv choix. de Vers.

Ce mot n’est plus guère en usage qu’en parlant de la forme du corps d’un cerf.

Il se dit aussi des chevaux : ce Cheval a un beau corsage.

CORSAIRE. s. m. & quelquefois adj. Pirate, écumeur de mer, celui qui court les mers avec un vaisseau armé, sans aucune commission, pour voler indifféremment les vaisseaux Marchands. Pirata, prædo tnariismus. Barberousse étoit un fameux Corsaire. Ab. Quand on peut attraper un Corsaire, il est pendu sans rémission. Tous les vaisseaux Corsaires sont de bonne prise. ☞ Suivant le Dict. de l’Acad. Fr. Corsaire signifie celui qui commande un vaisseau armé en guerre, & qui a une commission particulière de quelque puissance. Corsaire de S. Malo.

On ne devroit donner ce nom qu’à celui qui n’a point de commission particulière, & qui attaque également les vaisseaux amis & ennemis ; mais l’usage a prévalu, & l’on appelle Corsaire celui qui a une commission du Prince pour courir sur les ennemis de l’État.

Ce mot vient de l’Italien corsaro, qui a été dit à Corsis, ou à cursibus, ou à Caursinis, ou à Corycæis. Ménage.

Corsaire se dit aussi figurément de ceux qui vendent trop cher leurs marchandises, qui exigent de trop grands droits, qui rançonnent ceux qui sont obligés de passer par leurs mains, & généralement d’un homme dur, inique, qui profite de tout pour s’enrichir. Durus, immisericors. Les Hôteliers sont de vrais corsaires. Les Sergens sont de grands corsaires.

Endurcis-toi le cœur ; sois Arabe, Corsaire,
Engraisse-toi, mon fis, du suc des malheureux. Boil.

CORSE, Corsica. Île de la mer méditerranée, située entre les côtes de Gênes & l’Île de Sardaigne, dont elle n’est séparée que par un canal de trois lieues de largeur. L’air y est malsain, il y a des montagnes qui la séparent en deux parties, dont celle qui est au midi s’appelle Corse de delà les monts ; & celle qui est au nord, Corse de deçà les monts. Cette Île s’appela d’abord Therapne, ensuite elle prit le nom de Cyrnus, ou Kyrnus, fils de Battus, & petit-fils d’Hercule. Pour celui de Corse, il lui fut donné, dit-on, d’une gardeuse de bœufs, dont un bœuf passa de la terre ferme dans cette Île. Mais selon Bochart, Chanaan, L. I, c. 32. les noms Kyrnus, & Corsica, sont phéniciens. Le premier vient de קרן keren, qui signifie Corne, parce que cette île est pleine de cornes, ou pointes de terre, caps & promontoires, qui avancent dans la mer ; & le second Corsina, ou Corsis, vient de חורשי Chorsi, qui signifie, lieu plein de bois, de forêts ; parce qu’en effet elle en étoit pleine. L’Île de Corse est à la République de Gènes. Les Thyrréniens sont les premiers maîtres qu’ait eus l’Île de Corse. Dans la suite les Carthaginois s’en emparèrent, & après eux les Romains. Au VIIIe siècle les Sarrasins la prirent. Les Genois les en chasserent l’an 1144, & l’ont toujours gardée depuis. La Bastie est la ville la plus considérable de l’Île de Corse.

Corse, s. Qui est de l’île de Corse. Corsus. En général les Corses sont courageux, & bons soldats. Alphonse d’Ornano, Colonel d’un Régiment de Corses, servit utilement Henri III & Henri IV, qui le fit Maréchal de France. Jean-Baptiste d’Ornano son fils le fut aussi. Sanpietro Bastelica, pere d’Alphonse d’Ornano, Corse & Colonel Général des Corses, est un exemple mémorable de la férocité naturelle de cette nation.

Les Corses étoient autrefois un Régiment de la Garde du Pape. Corsi. Ils furent cassés en 1664, pour une insulte faite à l’Ambassadeur de France. Ce fut un article du Traité de Pise.

Corse est aussi un adj. Les esclaves Corses étoient autrefois reconnus parmi les autres à cause de leur grande stupidité, & de leur humeur farouche. Les chevaux Corses sont forts, mais fougueux.

CORSELET. s. m. petite cuirasse que portoient les piquiers. Levis lorica. Un corselet à l’épreuve. Les Matelots étoient armés de corselets. Vaug.

CORSET. s. m. corps de cotte sans manches, que portent les paysannes, sur-tout les nourrices. Tunicæ thorax.

Corset se dit aussi d’un petit corps, qui est ordinairement de toile piquée, & sans baleine, que les Dames mettent lorsqu’elles sont en deshabillé. Voilà un joli corset, voilà un corset bien propre.

CORSIN. s. m. Corsinus. Nous disons S. André Corsin, pour Corsini. Ce saint Evêque de Fiésoli étoit de la famille des Corsini de Florence. Voyez Caorcin.

CORSOIDE. s. f. Pierre figurée. Espèce d’Agate par sa couleur, laquelle représente une tête dont la chevelure imite celle de l’homme.

☞ CORTE, ville de l’île de Corse, vers le milieu, à vingt cinq milles de Calvi.

CORTÈGE. s. m. ☞ Train nombreux ; tout ce qui accompagne un Prince, un grand Seigneur. un Ambassadeur, dans quelque pompe ou cérémonie publique, avec carrosses, chevaux & autres choses, pour lui faire honneur. Honorificus comitatus. L’Ambassadeur de Rome allant à l’audience a toujours un cortège fort nombreux, tant de sa suite que de la Noblesse qui l’accompagne. Il y avoit trente carrosses à son cortège. Le mot de cortège se dit proprement de la suite de quelque grand d’Italie, & abusivement de la suite & du train de quelque Seigneur que ce puisse être, dans un jour de représentation ou de fonctions publiques. On diroit mal le cortège d’un Souverain.

Ils disoient voyant ce cortège,
Foin de l’Ambassadeur de neige. Ben.

CORTELIN. s. m. Cortelinus. Nom d’un Officier de la Cour des Empereurs de Constantinople. C’étoient les simples postiers du Palais, office bas, & au dessous de celui des Cortinaires, qu’il ne faut point confondre avec ceux-ci. Voyez Gretser sur Codin, L. I. C. V, p. 210.

Ce mot vient de Cors, cortis. κόρτη qui a signifie tente, & s’est dit aussi de la Cour d’un Prince. Gretser.

CORTES. s. f. pl. Ce mot est purement espagnol, & signifie proprement les Cours, c’est-à-dire, les Etats. Comitia. Nous nous en servons quelquefois en parlant des affaires d’Espagne.

CORTICAL, ALE. adj. Qui appartient à l’écorce, semblable à de l’écorce. Corticalis, cortici similis. On se sert de ce terme dans l’Anatomie ☞ pour exprimer une substance qui entoure une partie, comme l’écorce encoure l’arbre. Il y a une partie du cerveau qu’on appelle la substance corticale, & autrement le corps cendré. La substance corticale est grisâtre & fort molle. Dionis. La substance corticale du cerveau se nomme ainsi, à cause qu’elle est comme l’écorce du cerveau, qui l’environne de toutes parts. Ce n’est autre chose que l’assemblage d’une infinité de petites glandes rangées les unes auprès des autres. Id. Nous devons à Archange Picolemini, Ferrarois, né en 1526, la distinction de la substance du cerveau en corticale ou cendrée, & en médullaire ou calleuse.

CORTINAIRE. s. m. terme d’Histoire. Nom d’un Officier des Empereurs de Constantinople, dont parle Pachymère. Cortinarius. Les Cortinaires, dit le P. Pousine dans son Glossaire de Pachymère, étoient les Officiers de l’Empereur, qui étoient toujours en-dedans de la cortine, c’est-à-dire, de la portière de la chambre de l’Empereur, pour être toujours prêts à recevoir les ordres de l’Empereur ; c’est-à-dire, les Huissiers de son appartement. Janitores. Le Comte des Cortinaires étoit leur chef. Il ne faut point confondre, comme ont fait quelques Auteurs, les Cortinaires avec les Cortelins. Voyez Codin de Off. Const. C. V, n. 50 & 53. Gretser sur Codin, L. I, C. 5, p. 210. Meursius au mot κορτινάριος.

Ce mot vient de Cortina, comme nous l’avons indiqué cidessus, ou comme a cru Gretser, à l’endroit cité, de Cors, cortis, κόρη, tente & Cour d’un Prince.

☞ CORTINE. s. f. nom qu’on donnoit à Rome à un trépié d’airain consacré à Apollon, & qui étoit gardé chez les Quindecemvirs. Ce qu’on appeloit Cortina Phœbi, étoit une espèce de siège à trois piés, un trépié, une machine soûtenue par trois piés, où s’asseyoit la Prêtresse d’Apollon pour rendre ses oracles.

CORTONE. Cortona, Corto, Cyrtonium. Ville de Toscane en Italie, dans le Florentin, sur les confins du Pérugin. Cortone est une fort petite ville, mais ancienne & bien bâtie. L’Evêque de Cortone n’est suffragant que du Pape.

CORTUSA. s. f. Plante. Voyez Oreille d’ours.

CORU. s. m. Arbre des Indes Orientales qui ressemble à un petit oranger. Il a aussi ses feuilles semblables, sinon qu’elles ont la côte du milieu plus grosse, avec huit ou neuf autres nerfs qui en sortent à côté. Sa fleur est jaune, & ne sent presque rien. L’écorce de sa racine est d’un vert-clair, unie & déliée : cette écorce étant rompue, ou entamée, rend beaucoup de lait plus visqueux, & plus gluant que celui qui vient du macer, d’un goût fade avec quelque peu d’amertume. Ceux du pays se servent de ce suc contre toutes sortes de flux de ventre, quoiqu’il soit fort désagréable.

CORVÉABLE. adj. souvent employé substantivement. Termes de Coutumes. Gens corvéables, sont ceux qui doivent des corvées. Sujets ou vassaux, tenus à ce titre, de faire quelques ouvrages pour leur Seigneur. Angarii.

CORVÉE, s. f. servitude, redevance corporelle, qu’on doit à un Seigneur dominant pour quelque droit, ou héritage qu’on tient de lui à cette charge. Opus tributarium, Angaria. L’usage des corvées est très-ancien en France. Parmi les Gaulois les paysans n’étoient pas moins soumis à leurs Seigneurs que les esclaves à leurs maîtres : cette tyrannique coutume a duré fort longtemps. L’Ordonnance de Louis XII, en 1499, a extrêmement modéré la rigueur de ces exactions : & comme les corvées sont odieuses, on ne peut les acquérir, même par la prescription centénaire, il faut un titre positif. Les corvées sont des servitudes qui offensent la liberté publique, & marquent les violences des Seigneurs sur leurs sujets. Le Mait. ☞ L’origine des corvées, je ne parle point de celles qui ne sont fondées que sur la force & la violence des Seigneurs, vient de ce que les Seigneurs anciennement ne consentoient à l’affranchissement des serfs qui étoient dans l’étendue de leur Seigneurie, que moyennant certaines redevances en argent, en grains ou en corvées.

☞ Il y a deux sortes de corvées, les réelles & les personnelles.

☞ Les réelles sont celles qui sont dues par les possesseurs des fonds, comme devoirs réels & fonciers.

☞ Les personnelles sont celles qui sont dues au Seigneur par ses sujets, à cause de leur personne.

☞ Ceux qui ne sont pas sujets d’un Seigneur sont exemts des corvées personnelles : les réelles sont dues par tous ceux qui possedent des héritages dans l’étendue de la Seigneurie, même forains, aussi bien que par les Gentils-hommes & Ecclésiastiques ; mais ils peuvent les faire faire par un tiers. Les uns & les autres sont exemts des corvées personnelles.

Ce mot, selon Cujas & autres, est dérive de corps, quasi corpees, aut opera corporalia, ou à corpore vehendo. Mais Ménage le dérive de curbada, dont les Auteurs de la basse latinité se sont servis en cette signification, parce qu’on se courbe en travaillant ; d’autres de courbe, qui signifie deux chevaux qui remontent les bateaux sur la Seine, parce qu’une courbe de chevaux fait une bonne corvée. Ragueau le dérive avec plus d’apparence du mot de corps, & de vée, qui est un vieux mot gaulois signifiant peine & travail. Du Cange dit qu’en la basse latinité on les a appelées corvatæ, curvatæ, corveiæ, & courbiæ, eò quòd præstentur ab iis quos homines de corpore appellabant. On a appelé en latin une corvée, manopera, quand elle consistoit dans un travail des mains, du corps ; & carropera, & ensuite corvata, quand on étoit obligé de fournir des voitures au Seigneur, & qu’elles consistoient dans des charrois.

Corvée, se dit aussi par extension, de toute peine, toute fatigue, ou de tout travail de corps, ou d’esprit qu’on se donne comme à regret, en considération d’un Supérieur, ou d’un ami, sans en attendre de récompense. Operosus labor. Trouvez-vous que les femmes perdent beaucoup, à n’être point appelées à ces corvées brillantes qui rendent les hommes si célèbres ? Com. Le plaisir qui se présente dans un ordre si égal lasse aisément ; il devient comme une corvée. Le C. de M. J’ai du plaisir de la corvée qu’il vous a fait faire. Balz. Vous m’avez obligé de me relever d’une si fâcheuse corvée. Mait. Je vous donne de grandes corvées ; mais quiconque m’aime, ne le sauroit éviter. Id.

Corvée s’employe aussi en cette phrase. On diroit qu’il fait corvée ; pour dire, il fait cela avec répugnance, parce qu’il n’en tirera aucun profit.

CORVETTE, s. f. terme de marine. Bâtiment de mer. C’est une espèce de barque longue qui n’a qu’un mât & un petit trinquet ou mât d’avant. Elle va à voiles & à rames. On s’en sert dans les armées navales pour aller à la découverte, & pour porter des nouvelles & des ordres, parce qu’elle est très-vîte. La corvette publique a apporté 30 passagers. Tout ce qui est au dessous de vingt canons est corvette en France, & peut avoir 18, 16, 14, 12, 10, 8, 6, canons, & ces corvettesont au moins deux mâts, le grand & celui de misaine. La corvette est la même chose que le Sloop de guerre des Anglois. Ils s’en servent comme de frégates légères.

CORUNNA DELCONDE, village d’Espagne. Cluna, dans la Castille vieille, sur le Douro près d’Arande. C’étoit autrefois une ville considerable, & le lieu des Assemblées de la Tarragonoise.

CORUSCATION, s. f. ☞ éclat de lumière. Vieux mot, du latin coruscation, coruscare.

CORUNA ou CORUDNA. Voyez Corogne.

CORWEY. Voyez Corbie la vieille.

CORYBANTE. s. m. Corybas. Nom des Prêtres de Cybèle, qui sautoient & dansoient au son des flûtes & des tambours. Catulle dans un poème, intitulé Atys, en fait une belle description, les représentant comme des furieux. Maximus Tyrius, Oraison 22e, dit que ceux qui sont poussés de la fureur des Corybantes, aussitôt qu’ils entendent le son d’une flûte, sont saisis d’enthousiasme, & perdent l’usage de la raison. Les Grecs se servent du mot κορυβαντιᾶ corybantyser ; pour dire, être transporté, être possédé du Démon. Quelques Auteurs disent que les Corybantes étoient tous Eunuques ; & c’est pour cela que Catulle, dans son poème d’Atys, parlant d’eux, use toujours de relatifs & d’épithetes féminines : Corybante est la même chose que Curète. Voyez Curète.

Diodore de Sicile, L. V, dit que Corybas, fils de Jasion & de Cybèle, passant en Phrygie avec son oncle Dardanus, y institua le culte de la mere des Dieux, & donna son nom aux Corybantes, qui sont les Prêtres de la même Déesse. Strabon rapporte, L. X, que quelques-uns disent que les Corybantes sont enfans de Jupiter & de Calliope, & les mêmes que les Cabires. Le mot Corybantes vient, disent d’autres, de ce que ces Prêtres marchoient en dansant, quod κορύπτυντες βαινοιειν Voss. De Idolol. L. II, C. 53.

CORYBANTIASME. s. m. nom que les anciens donnoient à une maladie. Coribantiasmus. C’étoit une espèce de phrénésie. Ceux qui en étoient attaqués, s’imaginoient avoir toujours des phantômes devant les yeux. Ils avoient des tintemens & des siflemens continuels dans les oreilles. Ils ne dormoient point, ou si quelquefois ils dormoient, c’étoit toujours les yeux ouverts. On les nommoit du nom des Corybantes, qui passoient pour ne point dormir. On prétendoit aussi que ces Frénétiques avoient été frappés de terreur par ces Prêtres de Cybèle. Voyez Saumaise sur Solin.

CORYBANTIER, v. n. mot dont Rabelais s’est servi pour dire, dormir les yeux ouverts.

CORYBANTIQUES. adj. pl. m. On appeloit ainsi quelquefois les mystères de Cybèle célébrés par les Corybantes.

CORYCIDES ou CORYCIES. s. f. p,. Nymphes qui habitoient près du Mont Parnasse. Leur nom est pris d’une caverne de cette montagne appelée Coryce.

CORYDALIS, s. m. plante qui est une espèce de fumeterre, & qu’on appelle en Esclavonie split. En latin corydalis, ou fumaria lutea. Voyez Fumeterre.

CORYMBES. f. pl. têtes ou sommités en forme de petits bouquets de grains de lierre, qui viennent au haut de quelques plantes. M. Bernard, dans ses Nouvelles de la République des Lettres de Mars 1689, art. 1, dit que l’hyssope des Anciens n’a aucun rapport avec le nôtre d’aujourd’hui, & que l’ancien hyssope avoit des corymbes, au lieuu que le nôtre n’a que des épics.

☞ CORYMBIFÈRES (Plantes), terme de Botanique. Corymbosæ plantæ, sont celles qui portent quantité de fleurs ou de fruits rassemblés en bouquets, comme la mille-feuille

CORYPHÉE f m. terme dont on se sert quelquefois dans l’Ecole, pour signifier le chef & le principal d’une compagnie, d’une communauté, d’une doctrine, d’une Secte. Coryphæus. Ainsi Zénon a été appelé le Coryphée des Stoïciens par Cicéron. Dans l’ancienne tragédie, le chef de la troupe qui composoit le chœur, s’appeloit le Coryphée. C’étoit lui qui parloit par tout, quand le chœur se mêloit à l’action pendant le cours des actes, pour parler, & pour faire les fonctions d’un personnage de la pièce. On a étendu depuis la signification de Coryphée au chef d’un parti ou d’un corps. Eustache d’Antioche est appelé le Coryphée du Concile de Nicée, comme étant à la tête des autres. Herman. Il vient d’un mot grec, qui signifie le sommet de la tête.

CORYZA. s. m. Gravedo. Fluxions d’humeurs séreuses & âcres sur les narines. Coryza est un mot grec que les latins & les françois ont retenu ; κόρυζα. Il signifie une distillation d’humeur crue de la tête sur les narines. Cette maladie est accompagnée a une douleur de tête très-pesante, ce qui fait qu’on l’appelle en latin Gravedo. Col de Vill.

COS.

COS, ou cous ou COUX. s. m. terme de Coutumes. Ce mot est hors d’usage, il signifie la même chose que cocu, c’est-à-dire celui qui nourrit les enfans d’un autre comme les siens, parce que sa femme n’a pas été fidelle. Cucuciatus, de cucutiare, terme de la basse latinité, qui veut dire, commettre un adultère.

Suis-je mis dans la confrerie
Saint Arnoul le Seigneur des Coux ? R. de la. Rose.

COS, ou COSSE, terme de relations. C’est une mesure de chemin dont on se sert par toutes les Indes, qui vaut une demi-lieue de France.

☞ Il y a une pierre appelée cos ou queux, cos, autrement pierre naxienne. Elle est jaunâtre, quelquefois verte, blanche ou noire. Elle a le grain fin, & est assez dure, quoique composée de deux couches, pour résister aux outils de fer & d’acier qu’elle aiguise. On les frotte les unes d’huile, les autres d’eau, quelquefois de salive, d’où elles ont pris le nom d’Oleariæ, aquariæ & salivariæ.

COSAQUE. s. m. & f. nom du peuple. Cosacus, Ce nom, qui vient de cosa qui signifie une chèvre en polonois, fut donné d’abord à un ramas de Russes hardis & prompts, qui tous les ans au printemps quittoient leurs maisons, leurs femmes & leurs enfans, & s’assembloient dans les Îles qui sont à l’embouchure du Boristhène, au dessous de Porowis, ou sauts de ce fleuve, d’où vient qu’on les nomma aussi Zaporouski, on Zaporaviens, & Cosaques, à cause de leur agilité. De ces Îles qui leur servoient de retraite, ils faisoient des courses sur toute la Mer noire, & dans l’Anatolie. Etienne Battori en 1576, crut pouvoir tirer de bons services de ces coureurs. Il en fit un corps de quarante mille hommes, auxquels il joignit deux mille chevaux légers ; d’où quelques-uns croient qu’est venu le nom de Cosaques. Il les établit dans la basse Volhinie, & la basse Podolie, à condition qu’ils défendroient ce pays contre les Tartares, & leur donna la ville de Trechtymirow pour place d’armes, leur permit de le choisir leur Général & leurs Officiers, & leur assigna pour solde la quatrième partie de son domaine, delà vient qu’on les appela Quariani, & Quartiani. Il leur donna des privilèges pareils à ceux des francs Archers que le Roi Charles institua en l’année 1449. Ces Cosaques défendirent si bien ce pays, qu’on y conduisit plusieurs colonies, qui prirent le nom de Cosaques : & ce pays fut appelé les Terres des Cosaques ou l’Ukraine, c’est-à-dire, frontières. Les Cosaques ont depuis fait payer bien cher aux Polonois les services qu’ils leur avoient rendus. Depuis la paix que fit avec eux Jean IV qui les avoit battus étant Grand-Maréchal, ils sont divisés en trois Ordres ; les Cosaques fidèles qui se soumirent aux Polonois, & qui habitent la haute Volhinie ; les Cosaques Moscovites qui possèdent la partie du Palatinat de Kiovie qui appartient aux Moscovites ; les Cosaques infidèles, ou rebelles, qui occupent les terres qui sont entre le Boristhène & le pays des Tartares d’Oczakow. Korsun est leur capitale, & ils sont tributaires du Turc. Les Cosaques suivent le rit grec.

COSCINOMANCE, ou COSKINOMANCE, ou COSKINOMANTIE. s. f. divination qui se fait par le crible. On élève un crible sur quelque chose, puis après avoir dit quelques paroles, on le prend de deux doigts seulement ; on récite les noms de ceux qui sont suspects, & celui au nom duquel le crible tourne, tremble ou branle, est tenu coupable du mal dont on cherche l’auteur. Coscinomantia. Théocrite parle dans sa troisième Idylle d’une femme habile en coskinomantie, & qui l’exerçoit. On dit que cette sorte de divination se pratiquoit aussi en suspendant un crible par un fil, ou le posant sur une pointe de ciseaux, & le faisant tourner, en nommant pendant qu’il tournoit les noms des personnes suspectes. Il paroît par Théocrite qu’on s’en servoit, non-seulement pour les personnes inconnues, mais encore pour les sentimens intérieurs & cachés des personnes que l’on connoissoit. Il y en a qui écrivent cossinomantia : cela est contraire à l’étymologie. Voyez le Traducteur de Peucer, qui s’est trompé en disant de la coscinomance ce qui convient à l’Axinomance, & de l’Axinomance, ce qui convient à la coscinomance.

☞ C’est ce qu’on appelle aujourd’hui parmi le peuple, tourner le sas, pratique aussi ridicule que superstitieuse.

Ce mot vient de κόσκινον crible, & μαντεία, divination.

COSCOMA. s. m. arbre qui se trouve dans le royaume de Monométapa, & qui porte un fruit semblable aux pommes d’amour, tirant sur le violet. Il est de bon goût ; mais si on le prend en quantité, il purge violemment.

COSCONIUS, COSCONIA, s. m. & f. nom propre d’une famille Romaine. Cosconia gens. La famille Cosconia est peu connue : ses médailles sont en fort petit nombre, & les Auteurs en parlent peu. On ne sçait si elle étoit patricienne ou plébéienne.

COSÉCANTE. s. f. terme de Géométrie. C’est la sécante d’un arc, qui est le complément d’un autre arc. Harris. La Cosécante de 30 degrés est la sécante de 60 degrés.

COSEIGNEUR. s. m. Il faut prononcer fortement l’s. Terme relatif Celui qui possêde une terre, un fief avec un autre, soit par indivis, soit en n’en possédant qu’une partie séparée. Ejusdem prædii cum altero Dominus, communis Dominus ejusdem prædii. Il y a souvent procès entre les Coseigneurs pour les droits honorifiques. On dit aussi Conseigneur ; mais le premier est plus usité.

COSKINOMANCE, ou COSKINOMANTIE. Voyez Coscinomance.

☞ COSINUS s. m. terme de Géométrie. Le sinus du complément d’un angle a 90 degrés. Le cosinus de 30 degrés est le sinus de 60 degrés.

COSME, ou plutôt CÔME. s. m. nom d’homme, dans lequel il ne faut point prononcer l’s. Comas.

COSME, Chevaliers de S. Côme & de S. Damien. Ordre Militaire, qui, selon l’Auteur de l’Histoire des Ordres Monastiques, t. 1, n’a existé que dans l’imagination de quelques Ecrivains modernes, qui prétendent qu’il commença l’an 1030. C’étoient, disent-ils, des Hospitaliers qui avoient des Hôpitaux à Jérusalem, & en d’autres villes de la Palestine, où ils recevoient & prenoient soin des Chrétiens malades qui étoient venus de toutes parts pour tâcher de retirer les saints lieux des mains des Infidèles. Ils s’employoient aussi à les racheter. Jean XX, en confirmant leur Institut, leur ordonna de suivre la règle de S. Basile, & leur donna pour marque de leur dignité un manteau blanc, sur lequel il y avoit une croix rouge, au milieu de laquelle étoit un cercle, qui renfermoit les Images de S. Côme & de S. Damien leurs patrons. Menonius, & l’Abbé Justiniani parlent de cet Ordre, comme ayant véritablement existé. Voyez encore André Mendo, de Ordinibus Milit. Jos. Michieli, Tesor Milit. di Caval. Harman & Scoonebec dans leurs Hist. des Ord. Mil. & le P. Hélyot cité. T. I, C. 34, p. 172.

Chanoine Régulier de S. Côme. Canonicus Regularis Sancti Cosmæ Turonensis. Les Chanoines Réguliers de S. Côme-lez-Tours, sont du nombre de ceux qui ayant trouvé la règle de S. Benoit trop austère, la quittèrent pour prendre celle de S. Augustin, & ont pris le titre de Chanoines Réguliers. Leur Eglise de S. Côme fut bâtie dans le onzième siècle par Hervé, Trésorier de S. Martin de Tours, qui s’y retira, mais qui ayant eu ordre de revenir, la fit donner aux Bénédictins de Marmoutier ; mais on ne sait point en quelle année le changement de règle s’est fait.

Saint Côme, à Paris, signifie la Communauté, le Corps de Chirurgiens de cette Capitale. Collegium Chirurgorum. Et l’on dit Chirurgien reçu à S. Côme, c’est-à-dire, passé Me Chirurgien après les examens & les épreuves réglées. Oculiste reçu à S. Côme. Bandagiste reçu à S. Côme.

Il se prend ainsi pour l’Ecole de Chirurgie, ou l’Amphithéâtre Anatomique, où se font les cours d’Anatomie, d’Opérations pour les Maîtres Chirurgiens. Le cours d’Anatomie commencera bientôt à S. Côme. Cet Amphithéâtre est tout proche de la Paroisse de S. Côme, & c’est delà que ce lieu, & le Corps qui y tient ses assemblées, a pris son nom.

☞ COSMES. s. m. pl. Magistrats qui étoient établis en Crête pour maintenir le bon ordre, ainsi nommés du mot κόσμος, ordre.

COSMÉTIQUE. adj. m. & f. terme dont les Médecins se servent en parlant des remèdes, des recettes & drogues qui servent à l’embellissement du visage, & à entretenir le teint frais. Pharmacum tuendæ formæ comparatum. Dans les pharmacopées il y a plusieurs recettes & compositions cosmétiques. Les Indiens se servent de l’eau de noix de cocos étant encore vertes, comme d’un grand cosmétique, qui embellit le teint des femmes.

Ce mot est grec κοσμητικός du verbe κόσμειν orner.

COSMIQUE, terme d’Astronomie ☞ qui a rapport au monde en général. On le dit des aspects des planètes. Cosmicus. Aspect cosmique, c’est-à-dire, par rapport à la terre ; une planète, par exemple, qui est sur la descente de l’ascendant, est