Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle/Index alphabétique - A

La bibliothèque libre.


1-2

DICTIONNAIRE
DE
L’ANCIENNE LANGUE FRANÇAISE
ET DE
TOUS SES DIALECTES
DU IXe AU XVe SIÈCLE

A

A, ad, ai, ab, prép., venant à la fois, ce semble, des prép. lat. ad, apud et ab.

Les exemples suivants montreront les trois origines dans des acceptions ou des constructions que la langue moderne n’a pas conservées. On verra dans un certain nombre de ces exemples qu’il y a eu souvent confusion des trois mots.

I

A marquant le mouvement.

1o La direction vers un lieu, une personne, un objet :

Seignur baron, a Carlemagne irez.

(Rol., 70, Müller.)

Lors… l’empereres… chevaucha a une autre cité qui estoit a une jornee d’ilee. (VILLEH., 165, Wailly.)

Il s’est mis ou viage d’aler a vos. (Carl. de Champ., Richel. 1. 5993, fa 79vo.)

Et yaus venu jusques a la (FROISS., Chron., III, 27, Luce.) Et fist tourner se navie a Calais. (ID. ib., IV 356 ms. Amiens fo 100 )

Lors la belle Euriant et toutte. sa route se mirent a chemin. (Ger. de Nevers, ap. Barbazan, Gloss. ms., Ars.)

Qui l’avoit meu ad ce. (Continuat de Monstrel., ch. 485, ap. Huet, Dissert. de Tillad., II, 172.)


Ardent desir ad ce mon cœur allume.

(CRÉTIN, Poes., la Mort d’Olvergan)

2o La direction dans le temps :

… Duques a sa saison.
(Gaidifer, Vat. Chr. 100. fo 36)

Il porteront viande a nuef mois. (Villeh., 21, Wailly.)

Il n’avoient viandes entre aus tous a plus de trois semaines. (In., 74, Brial.)

3o Le but, l’intention :

Ne passa onques deus mois que il n’assemblassent a parlement a Compaigne. (Villeh., 11, Wailly.)

Je l’ay voué (mon livre) a la commodité particuliere de mes parents et amis : a ce que m’ayant perdu… ils y puissent retrouver quelques traicts de mes conditions et humeurs. (MONT., Ess., Au lecteur.)

— A devant un infinitif dans des phrases qui marquent le but, l’intention, l’effet :

Quant se vint a jesir
Avec sa femme la belle Beatrix.

(Les Loher. Richel. 19160, fo 19d.)

Or de rechef sont repairrié
A destruire le remanant.

(Ben., D. de. Norm., II, 1936, Michel.).

Rendirent tot por estoveir
E cors e vies a aveir.

(Id. ib., II, 27772.)


Or poez savoir que mult de cela del ost alerent a veoir Constantinople. (Villeh., fo 455a, Brial.)

Les dismes furent establies et donees anciennement a sainte eglise soustenir, (Beaum., XI, 39, Beugnot.)

Ad fayre sa, volunté. (1304, Fontevr., Anc. titres, 494, Arch. M.-et-Loire.)

Li voiages des Englois se tailloit et ordonnoit a passer par la. (Froissard., Chron, I, 462, Luce, ms. Rome, fo 48.)

Vous avez bien mestier d’avoir grant ayeuwe a venir en Bretaigne.- (Id., ib., II, 298, ms. Amiens, fo 57ro.)

Ainsi que s’ils estoient nes seulement a boire et a manger. (A. Chartier, Œuvre, p. 316, éd., 1617.)

Vous donc jeunes fillettes,

Cueillez bien tost les roses vermeillettes
A la rosee ; ains que le temps les vienne
A dessecher.

(Desper, Les Roses.)

A devant un infinitif dans des phrases/ où le but, l’intention, sont encore indiqués, quoique moins nettement ; à où nous mettons de ; a devant des infinitifs que nous laissons sans préposition

Ne se porent plus en estant
Tenir a caoir les estuet.

(Percev, ms. Mons, p. 148, Potvin.)

Quar a si grand chose convient moult a penser. (Villeh., 13, Brial.)

Jura sor sainz a bone foi a bien tenir les couveus. (Id, 31, Wailly. )

Toz les engins qui ont mestier a vile prendre. (Id. 76.)

Par quoi fait nos grant ademise,
Boban demoine ne dangier
Quant li convient l’ame a vengier.
Ainçois c’on ait nes sanglouté !
(G. De Coinci, Mir., ms. Soiss., f° 98e.)

Ceste pais et ceste ordenance at li sires Willames crantei en bone foi a tenir et loiament. (Juillet 1234, Cathédr. de Metz, Arch. Moselle.)

Cis nains boçus me cuide vergonder
Qui me desfent a le dame a juer.
(Huon, 6756, A. P.).

Celui qu’elle desirroit a veoir. (Lancelot, ms. Frib., f° 97d.)

La joie que vous desiries tant a avoir. (Artur, ms. Grenoble 378 P 7d )

Jou avoie en pensé a fere une chose prochainement. (Ib., f° 8°.)

Dios est ore moult pius, mais tant mousterra d’ire

A un jour que nus hom ne le, pourroit a dire.

(Un jugem. de N. S., Richel. 25566 f° 74ro)

Et s’aim je miex a languir

Pour vous dame debonaire,

Que vo serviche a guerpir.

(A. DE LA HALLE, Chans., Richel 25566 f° 13re)

Hardie et artificieuse

Et trop a nuire estudieuse

Rose, Vat. Chr 1522, f° 61a)

Cent foz lou vos prernol Dex a multiplier.

(Poigues d’enfer, Brit, Mus. Add. 15606 f" 86b)

Ele ne lor sot a dire uni qui ele estoit. (Aucassin et Nicolette, Nouv. fr. du XIIe s.)

Si ai juré le devant dit chastel a rendre a grant force et a petite vers totes gens. (1262, Carl de Champ., Richel. I. 5993, f° 208b)

Por quoi il a covenu a quereler avesques son cosin. (Ib., f° 79vo)

Teus gens qui oncques ne doterent lor sanc a espandre. (Ib., f° 79ro).

Faz et savoir ai toz ces qui ces presentes lettres verront. (1272, Mirecourt, 3, Arch. Meurthe.)

La femme comme ele doit enfanter si est triste et destroite de l’angoisse qu’ele atend a avoir de son enfant. (MAURICE DE SULLY Serm., Richel. 13314, f° 36rd)

Rendre gracies a Den de la mesaise qu’il 1i soffre a avoir. (ID., ib., f° 44vo.)

Que il ne sofrisent a perilier l’église de Rome (Chron. de S.-Den., ms. Ste-Gen., f° 235d.).

Il nous pria que-noua vosisions faire son message et se monstroit a estre deheties (FROISS. Chron., I, 275, Luce, ms Rome f° 49.)

Li rois desfendi a non ardoir l’abcie. (ID., ib. I, 329, ms Rome.)

Se doubterent de lors corps et de lors biens a perdre (ID., ib., II, 275,ms. Rome, f° 73.) •

Pas ne nous serait pourfitable a chi atendre. (ID., ib., IV, 234, ms. Rome.),

Si desirois ce roi Richard a voir. (ID., ib., IV, 40, Buchon.)

______________________

Il ne nous duit pas a diner

A vostre table.

(Miracles de Notre-Dame, 1, 4, 237, G. Paris.)

O hommes.... qui, pour delicieusement vivre, choisissez a mourir sans honneur’. (AL. CHARTIER, Quadril., éd, 1617.)

— Spécialement, au sens de : pour, comme, en qualité de, à titre de :

Oz mei, pnuele : celui tien ad espos

Qui nos redenst le son sanc precios.

(Alexis, st: XIV° XI° s G. "Paris.)

Une saror avez, a moillier la demant,

(Rou, 2319, Pluquet.

Androgens n’em pot faire el,

Qui le roi sot a si cruel.

(Brut, 4495, Ler. de Lincy.,

Que il l’apeaugent a seignor.

(BEN., D. deNorm., II; 10027. Michel.

Que Lohers fut levez a rei.

(ID. ib., II, 20125)

Pere est Deus apelez et diz

A dreit, kar il a Deu a fiz.

(ID., ib., Il, 23583.)

Icil fu a. rei coronez.

(ID., ib., II, 26145.)

Quant il fu venus en aé

A chevalier l’ont adoubé.

(MARIE, Yvain, 469, Roq.)

S’en ala al roi Phelippe d’Alemaigne qui avoit sa seror a fame. (VILLEH., 70, Wailly.)

Si avoit un frere qui avoit a nom Alexis. (ID., ib.)

Ne me cognoist pais a ioiant amie.

(GUIOT, Chanson, IV, 16, Wolfart.,

Il vos fait tenir a cruel,

(Parlou, 2687, Crapelet).

Par ceste assise me tieng jou a paié des trois cens livrees de terre. (1248, Cart. de Picquigny, Arch. O 19628, f° 52 V°.)

Cil ki s’en plainderoit se tenroit a paiet de son damage. (1261, Arch. Douai, cart. L, f° 29.)

Des ques (deniers) je me tien audit Perrin du tot a paliez. (1279, Ch. des compt, de Dole, A/60 Arbois, Arch. Doubs.)

Nos nos tenons bien a pahiez. (1295, Ch. des compt. de Dole, B/146, Ardt. Doubs.)

Ceste asamblaille n’est mie loé a bone.

(Digest., ms. Montp. II 47, f° 2923.)

Nous tenons pour bien contens et a paiez d’iceluy compte. (1364, Invent. des joyaux de la R. de Bouloigne, Bullet. du Biblioph., XVIII, 1048.)

Esleus et promeus a empereur. (FROISS., Chron, 1, 426, Luce, ms. Valenciennes, f° 67.)

Il ne prénoit point la prison a agreable. (ID., ib., II, 252, ms. Rome, f° 135.)

Ei jones contes se tint de ses excusances asses a contens: (ID., ib., 1V, 255, uns. Rome.)

Il tinrent le .fait a grant et a notable et l’aventure a belle. (ID., ib., IV, 269,- ms. Rome, f° 138.)

Je voy ma cousine, la femme de tel qui me demande bien a femme. (Quinze joyes de mar:. Bibl. elz.)

______________________

Qui fait a mon filz cet honneur

De luy bailler sa fille a femme.

(GODARD, les Desquis, V 5.

Si on la luy vouloit bailler a femme. (AMYOT, Vies, Clinon.)

II.

A employé avec des-mots impliquant idée de repos, ou excluant l’idee de mouvement vers.

— 1.° Indiquant la situation, dans le lieu :

Touz les princes qu’il pot a sa terre trover

(J. BOD., Sax., 13, Michel)

Li dux de Venise ere a ostel, un des plus bials del monde. (VILLEH., 259, Wailly.),

Mes il meisme les va querre

A plain e a bois et a terre.

(Renart, 9013, Méon.)

A la terre entre deux eschames

S’asiet sa qeue entre ses james. (Ib., .9961.)

— 2° A marquant la situation dans le temps :

Chi rex eret a cels dis sovre pagiens.

(Eulalie, 12, Meyer.)

Io t’en muvrai un si [tres] grant contraire
Ki durerat a trestat ton edage.

(Rol.. 311, Müller.)

Qui tanz hans faiz od son grant sens
Fist a sa vie e a son tens.

(Ben., D. de Norm., II, 25278, Michel.)

Ainse que visage demain a soir.

(Id., ib., II, 34696.)


Entre ces affaires, li reis David, a un jur, levad apres meriene. (Rois, I, XIV, 37, Ler. de Lincy.)

Et promistrent que chaste vie Tendroient d’ilec en avant A toz les jors de lor vivant.

(Vie de St Alexi., 78, Rom., I, VIII.)

Car avons encre et parchemin :
Si escrirons a ce matin.

(Couci, 3112, Crapelet.)

Ce conmanda il si a enre
Que passer devoit sans demeure
Deus cardonnaus et autre gent.

(Ib., 7557.)

Tant s’est amors afermee
En mon cuer a long sejor.

(Ib., I)

Car rostre sui et serai a tous dis.

(Ib., XVII.)

Que me partir n’en pourroie a nul jor.

(Ib.)

Les ont ateinz a une eve paser.

(Rol. ms. Châteauroux, f° 65)

Et se hasterent tant de chevachier que il vindrent a soir a l’osté la dame. (Mort Artus, Richel. 24367, f° 15b.)

Guillaume Blanchemain qui tant valut a ces jours. (Men. de Reims, 13, Wailly.)

Ai jor. (Expl. du Cant. des cant., ms, du Mans 173, f° 68re.) .

Tant en ocirent a l’entasser et a l’entrer. (Est. Rogier, Richel. 20125, f° 115a.)

A entrer en l’eglise de S. Thumas, fist li rois de France grant reverense. (Froiss., Chron., VI, 95, Luce.)

Jusques a lendemain a soleil levant. (Id., ib., VI, 158.)

292

Piere anglere. (S. BERN., Serm. fr., ms., p. 220, ap. Ste-Pal.)

A Dieu qui est la pierre anglire.

(G. de Coinci, Dont. de la mort, Michel. 23111, 1° 307d.)

Desous une grant piere angler.

(Dolop., 5097, Bibl. elz.)

Il est la pierre anglers qui joint les deus parois de sainte eglise. (Comm. s. les Ps., Richel. 963, p. 277.)

— Qui se retire dans les angles, dans les coins, qui se cache :

Touchers a larron apertient
Dont il par nature retient
Qu’il est angliers, et de çou vint
Que ados en repost se tint.

(Uns moult biaus Dis, Ars. 3527, f° 128c.)

De malfaiteur ainsi avient,
Angliers et murtrieres devient.

(Recl. de Mol., Miserere, Ars. 3142, f° 210e.)

Fois faut, Charitez est angliere ;
Ne sai ou ele fait sejour.

(In., Dit de Charité, Ars. 3142, f° 215°.) Var., engliere.

ANGLIERE, s. f., lieu terminé en angle :

A Gaillart a, sus la costiere,
Devers orient, une angliere,
Ou il siet une haute tour.

(Guiart, Roy. lion., Richel. 5698, p. 77b.)

ANGLON, s. m.,

petit angle :

Si regarda en ong onglon
De la chartre ou el estoit.

(Vie de Ste Marg., ms. Chartres 620, 1° 44d.)

ANGLOS, – eus, - oux, engleux, adj.,

anguleux, qui forme un angle :

Les unes (plaies) roondes, les autres longues, les autres angleuses. (H. de Mondeville, Richel. 2030, f° 73h.)

L’on ne doit faire en nuns legs
Es citez murs droiz mes angleus.

(J. de Priorat, Liv. de Vegece, Richel. 1604, 1° 56b.)

Es angloux lens.

(Id., ib., f° 58b.)

— Fig., en parlant de personne, qui a an caractère anguleux, difficile :

Mesmement que ledit trespassé estoil homme engleux, noiseux et rioteux. (1419, Arch. JJ 171, f° 22 r°.)

Perche, angleux, adj., difficile à ouvrir, en parlant des noix ; au figuré, rageur, querelleur. « Jean Vincent, le plus opiniastre et le plus angleux de ceux du costé de Saint-Marc. » (Reg. de Landelles, 1617.)

ANGLOT, s. m.,

petit angle :

Honteux de son pechié, n’osa dedans entrer ;
En un anglos dehors sus se va enantrer.

(Ger. de Ross., 181, ap. Ste-Pal.)

ANGOINE,

voir Agoine.

ANGOISSABLE, anguissable, anguisable, adj.,

qui est dans l’angoisse, dans l’affliction, qui souffre une vive douleur :

E li cuens Guenes en fut mult anguisables.

(Rol., 301, Müller.)

Naimes li ducs tant par est anguissables.

(Ib., 3444.)

— Qui cause de l’angoisse, du chagrin, douloureux, difficile, périlleux :


Passent cez puis e cez roches plus haltes,
Ces valz parfunz, ces destreiz anguissables.

(Rol., 3125, Müller.)

Mais me fust sa mort angoissable.

(Fabl. d’Ov., Ars. 5069, f° 186°.)

ANGOISSANT, anguisant, adj.,

dur, cruel, en parlant de chose :

Les tres angoissantes peines d’enfer. (1306, Ord., I, 440.)

Las ! mon mal m’est plus angoissant.

(Un Mir. de N.-D., De l’empererie de Romme, Th. fr. au m. d., p. 410.)

— En parlant de personne, fâcheux, dur :

Li varles est moult anguisous ;
Et anguisans est li espous,
Et moll anguisans est l’esponse.

(Gautier d’Arras, L’empereour Eracles, 4855, Massmann.)

1. ANGOISSE, anguoisse, anguisse, angousse, angousce, angouche, engousse, angusse, s. f.,

lieu resserré, défilé :

Li fiz estrauge se sunt partid e en lur anguisses serrunt estreciez. (Rois, p. 209, Ler. de Lincy.) Lat. : Contrahentur in angustiis suis.

— Action de serrer, de presser, étreinte, qualité de ce qui serre trop, de ce qui est trop étroit :

De l’ engosse des nefs angoisse mer forment.

(Destr. de Rome, 387, Krœber.) Ms., engusse.

Sur qui sone estresee o angoisse seneste ceus qui, nule fois ne lievent leur cuer a l’ampleté del ciel, mes en l’ angoisse et en l’estresceté de la terre metent leur entente. (Comm. s. les Ps., Richel. 963, p. 229a.)

Et li prestes ert sus la dame,
Qu’il la tenait en tel engoisse...

(Fabl., ms. Berne 354, f° 158a.)

Tousjours pechent les Françoys en la strictute, angoisse ou lacheté aussi en la briefveté ou longueur des vestemens. (Mer des chron., f° 108 r° éd. 1532.)

Ils furent surprins et enclos dedans l’angoisse et strictitude des chemins. (Ib., f° 50 v°.)

— Oppression, exaction :

Hé Diex ! mout seront ore cii vil matin foulé,
Qui ont por lor angoisse le monde triboulé.

(Le Conteuz dou monde, Richel. 1593, f° 142d.)

— Rigueur, violence, colère, dépit, rage :

Cil feri lui par tel engousce,
Qu’il abat lui et son ceval.

(L’Atre per., Richel. 2168, f° 2d.)

D’ire et d’ engousce fu plains.

(Du Secretain, Richel. 2168, f° 89e.)

Lors fiert de grant engouse plainne.

(Rose, Vat. Chr. 1858, f° 75b.)

L’ anguisse du froit de l’hyver s’esvanuy. (J. Vauquelin, Trad. de la Chron. de de Dynter, iv, 61, Xav. de Ram.)

— Entreprise épineuse :

Asses a mal, peine et contraire De l’ angousse qu’il a emprise.

(Amadas et Ydoine, Richel. 375, f° 315g.)

— Employé à peu près comme le mot peste, pour désigner un homme tourmentant, insupportable :

Avez oi de chel angouche ?
Fineroit il ore jamais ?

(J. Bodel, Li jus de saint Nicholai, Th fr. au m. â., p. 194.)



2. ANGOISSE, adj., f., angoisseuse, dans l’angoisse :

S’en est angoisse et destroite
Quar de cel qu’ele covoite
Ne set a cui conseiller.

(Cliget, Richel. 1420, f° 42c.)

ANGOISSEEMENT, ement,- ornent, angoisement, adv., avec angoisse, d’une manière extrèmement pénible, durement, violemment :

Andui se fierent moult angoisement.

(Aleschans, 1425, ap. Jonck., Guill. d’Or.)

Si chlet a terre si engoisement
Que, tost perdi la vie.

(Aym. de Narb., Richel. 24369, f° 73ro.)

Angoissoment fu penez.

(De N.–D., Richel. 19525, f° 91ro.)

ANGOISSEMENT, s. m., tourment, souffrance :

E pur quant si sent doel e grant angoissement.

(Horn,, 3406, Michel.)

La quinte branche d’orgueil et vaine gloire c’est foie plesanterie, vaine loenge quant on sent en son cuer un angoissement de ce qu’il est ou cuide estre loez d’aucune chose qu’il a en li ou cuide avoir. (Laurent, Traité des .x. comm., ms. Chartres 371, f° 6 r°.)

Maintenant non merveille si je dicte que je soye joyeux et qu’ angoissement ne sont a demener quant la nouvelle regnation parmet tant de tranquillité et de paix. (G. Chastell., Chron. des D. de Bourg., Ire p., Proesme, Buchon.)

ANGOISSERIE, anguserie, s. f., tourment, angoisse :

Or i est grant l’ anguserie.

(Tristan, II, 1718, Michel.)

— Acharnement de cruauté :

Li une requiert l’autre par grant angoisserie,
La tigre fu moult fort, parcreue et fournie,
Moult court tient le lion et destraint et curie.

(Doon de Maience, 1584, A. P.)

ANGOISSEURE, eng., s. f., tourment, angoisse :

Jesuscrist ne prisa pas tant sa vie ne son corps qu’il ne l’abandonnast a honte et a vilté et a engoisseure. (J. Morriet, Mir. de l’ame, ms. Ste-Gen., f° 66 re.)

ANGOISSEUSETÉ, anguoiceuseté, s. f., angoisse, tourment :

Mout de anguoiceusetes et mout de tristesses aviennent aux ames. (Oresme, Qua. drip., Richel. 1348, f° 218 v°.)

Angoisseuseté, much anguish, choaking sorrowfulness. (Cotgr.)

ANGOISSIER, engoissier, angoitier, anguissier, enguisser, anguysser, angousser, angouscier, angoscier, angouser, angoucer, engoucer, agoucier, agocier, verbe.

— Act., tourmenter, presser douloureusement, presser, harceler, talonner :

Oliviers sent que la mort mult l’anguisset.

(Rol., 2010, Müller.)

Paien s’en fuient, e Franceis les anguissent.

(Ib., 3634.)

Et li assauz les anguissoit.

(Brut, ms. Munich, 668, Vollm.)