Dictionnaire de la Bible/Cadès
CADÈS (hébreu : Qâdêš, « saint ; » Septante : Kάδης), nom de plusieurs villes de Palestine et d’un désert.
Sommaire
(ne fait pas partie du texte original)
- cadès, cadèsbarné — I. Noms. — II. Situation. — III. Histoire.
- cadès
- cadès
- cadès des hétéens
- cadès (désert de)
1. cadès, cadèsbarné (hébreu : Qâdêš, Gen., xiv, 7 ; xvi, 14 ; xx, 1 ; Num., xiii, 27 (hébreu, 26) ; xx, 1, 14, 16, 22 ; xxvii, 14 ; xxxiii, 36, 37 ; Deut., i, 46 ; xxxii, 51 ; Jud., xi, 16, 17 ; Ps. xxviii (hébreu : xxix), 8 ; Ezech., xlvii, 19 ; xlviii, 28 ; Qâdêš Barnê‘a, Num., xxxii, 8 ; xxxiv, 4 ; Deut., i, 2, 19 ; ii, 14 ; ix, 23 ; Jos., x, 41 ; xiv, 6, 7 ; xv, 3 ; Septante : Kάδης, comme en hébreu ; ἐν αἰγιαλοῖς, Eccli., xxiv, 18 ; Kάδης Bαρνή), comme en hébreu, excepté Num., xxxiv, 4, où on lit : Kάδης τοῦ Bαρνή), ville située à l’extrême limite méridionale de la Terre Promise. Num., xxxiv, 4 ; Jos., xv, 3 ; Ezech., xlvii, 19 ; xlviii, 28. C’est aussi le nom du désert environnant, Ps. xxviii (hébreu, xxix), 8, et une des stations les plus importantes des Hébreux dans leur marche de quarante ans vers le pays de Chanaan. Num., xiii, 27 ; xx, 1, etc. Après le Sinaï, c’est le point capital de ce long voyage à travers la péninsule arabique ; son emplacement est l’objet d’un problème intéressant à étudier et de nombreuses discussions qu’il nous faut résumer. Nous verrons plus tard s’il y a lieu de distinguer deux endroits de ce nom sur la route des Israélites ; disons tout de suite que Cadès et Cadèsbarné sont certainement un seul et même lieu, comme il est facile de s’en convaincre en comparant Num., xiii, 27, avec Num., xxxii, 8 ; Deut., i, 19 ; ix, 23 ; Jos., xiv, 6, 7.
Cadès s’appelait anciennement « la Fontaine de Misphat » ou « du Jugement » (hébreu : ʿÊn Mišpât ; Septante : ἡ πήγη τῆς κρίσεως). Gen., xiv, 7. Cette appellation se rattache-t-elle au sanctuaire de quelque dieu, qui, longtemps avant Moïse, aurait rendu là ses oracles, ou à la juste sévérité de Dieu, qui s’y manifesta envers un peuple désobéissant et sans cesse en murmures ? Il n’y a rien dans le texte sacré qui favorise l’une ou l’autre de ces conjectures, émises par différents auteurs. Voir Misphat. Il en est de même pour l’origine ou la signification des autres noms. L’hébreu קוש, qâdêš, signifie « saint », et a pour correspondant en arabe le mot قدس, qods. Mais il est difficile de savoir si cette dénomination se rapporte à un sanctuaire primitif, ou à la présence de l’arche d’alliance, ou aux événements dans lesquels Dieu « se sanctifia » (hébreu : yeqaddêš) c’est-à-dire manifesta sa puissance aux Israélites, Num., xx, 13, en les comblant de bienfaits, malgré leur incrédulité et leurs révoltes, et en punissant Moïse et Aaron à cause de leur faute. Les différentes étymologies proposées pour Barné, ברנע, Barnê‘a, c’est-à-dire « désert », ou « fils », ou « puits de l’Égarement », etc., sont discutables, et l’on ignore si le mot indiquait une ville dont le nom se serait uni à celui de Cadès, ou un personnage, comme semblerait le supposer la traduction des Septante, Num., xxxiv, 4, Kάδης τοῦ Bαρνή. Cf. H. Clay Trumbull, Kadesh-Barnea, in-8o, New-York, 1884, p. 24, 43 ; Keil, Numeri, Leipzig, 1870, p. 292.
1o D’après l’Écriture. — L’emplacement de Cadès est une question des plus controversées. Pour la bien comprendre, et avant d’examiner les opinions émises à ce sujet, il est nécessaire de fixer les points géographiques que la Bible détermine à elle seule. Cadès paraît pour la première fois au chap. xiv, 7, de la Genèse, dans le récit de la première campagne militaire racontée par nos Saints Livres. Après avoir frappé « les Chorréens ou Horréens des montagnes de Séir » ou d’Édom, c’est-à-dire de la chaîne qui s’étend entre la mer Morte et le golfe Élanitique, « jusqu’à ’Êl-Pâ’rân, » probablement le port d’Aïla ou Élath, Deut., ii, 8, au fond du même golfe, Chodorlahomor et ses alliés, remontant vers le nord, « vinrent jusqu’à ‘Ên-Mišpat, qui est le même [lieu] que Cadès. » Puis « ils ravagèrent tout le pays des Amalécites », ou plutôt la contrée qu’occupa plus tard cette tribu et qui comprenait la partie septentrionale de la péninsule sinaïtique, de la frontière d’Égypte au sud de la Palestine et sur les confins de l’Arabie Pétrée. Voir Amalécites, t. i, col. 428. Enfin ils défirent « les Amorrhéens qui habitaient Asason-Thamar » ou Engaddi, sur le bord occidental de la mer Morte. Voir Amorrhéens, t. i, col. 503. De ce passage il ressort que Cadès avait à l’est les monts de Séir, au sud Élath, dans un voisinage immédiat les Amalécites, et au nord les Amorrhéens.
Cadès sert ensuite à déterminer l’emplacement de Béer-laḥaï-roî, ou « le Puits du Vivant qui me voit », près duquel l’ange de Dieu trouva Agar, la servante de Sara, fuyant vers l’Égypte. Gen., xvi, 14. Or ce puits, d’après l’Écriture, était « dans le désert, près de la source qui est sur le chemin de Sur », Gen., xvi, 7 ; « dans la terre du midi » ou le Négéb, Gen., xxiv, 6 2 ; « entre Cadès et Barad, » Gen., xvi, 14. Sur indique la partie nord-ouest du désert arabique qui confine à l’Égypte. Béer-laḥaï-roî se trouvait donc sur l’ancienne route qui d’Hébron conduisait au pays des Pharaons en passant par Bersabée, c’est-à-dire dans la direction du nord-est au sud-ouest ; il était entre Cadès à l’est et Barad (inconnu) à l’ouest. D’où nous pouvons conclure que Cadès ne devait pas être loin de la route d’Hébron en Égypte. C’est le chemin que dut prendre Abraham, lorsque, partant de Mambré, il vint « habiter dans la terre du midi, entre Cadès et Sur, et séjourna quelque temps à Gérare », au sud de Gaza. Gen., xx, 1. Malgré le vague de l’indication, nous comprenons ici la contrée bornée à l’est par le désert de Cadès et au sud-ouest par celui de Sur.
Le Deutéronome, i, 2, marque la distance qui séparait l’endroit dont nous parlons de la montagne du Sinaï. Il était à « onze journées de marche du mont Horeb, par la route du mont Séir », non pas, croyons-nous, celle qui longe le massif, par l’Arabah ; mais simplement celle qui conduit de ce côté, indiquant la direction du nord-est. Il est malheureusement difficile de savoir quelles furent les étapes des Hébreux pendant ce voyage. La liste des stations, Num., xxxiii, 16-36, est diversement interprétée. Plusieurs auteurs croient que Rethma, Num., xxxiii, 18, aujourd’hui l’ouadi Abou Retmât, était près de Cadès, si ce n’était la ville elle-même. Dans ce cas, l’Écriture ne mentionnerait entre le Sinaï et Cadès que les trois stations les plus importantes. Num., xxxiii, 16-18. Ce qu’il y a de certain, c’est que les Israélites arrivèrent là après avoir traversé le désert de Pharan, Num., x, 12, « grand et terrible désert, » Deut., i, 19, dans lequel Cadès est elle-même placée. Num., xiii, 27. Il s’agit ici de la région que les Arabes appellent eux-mêmes Bâdiet et-Tîh, ou « désert de l’Égarement », et qui s’étend au nord jusqu’au Négeb ou Palestine méridionale, à l’est jusqu’à la vallée profonde de l’Arabah, à l’ouest jusqu’au désert de Sur, et au sud jusqu’au massif du Sinaï. C’est un plateau calcaire, désolé, presque sans végétation et sans habitants, qui occupe près de la moitié de la péninsule.
Cadès était ainsi le point le plus rapproché de la Terre Promise, « sur le chemin qui conduit à la montagne des Amorrhéens, que le Seigneur devait donner aux Israélites, » Deut., i, 19, 20, c’est-à-dire au district montagneux qui termine la Palestine du côté du sud. Aussi est-ce de là que Moïse envoya les explorateurs et là qu’ils revinrent au bout de quarante jours. Num., xiii, 26, 27 ; xxxii, 8 ; Deut., i, 19 et suiv. ; ix, 23 ; Jos., xiv, 6, 7. Cet endroit se trouvait donc au-dessous du Négéb, Num., xiii, 18, et les Hébreux avaient au nord, devant eux, « les Amalécites et les Chananéens qui habitaient dans les montagnes. » Num., xiv, 43, 45.
En punition de leur conduite séditieuse après le retour des explorateurs, les enfants d’Israël furent condamnés à errer pendant trente-huit ans dans les vastes solitudes de l’Arabie Pétrée. Ils reprirent le chemin « du désert, par la voie de la mer Rouge ». Num., xiv, 25 ; Deut., i, 40. Dix-sept stations seulement remplissent ce long séjour, Num., xxxiii, 19-36, la plupart malheureusement inconnues. Le point le mieux marqué est Asiongaber, port situé à l’extrémité septentrionale du golfe Élanitique. « D’où étant partis, ils vinrent au désert de Sin, qui est Cadès. » Num., xxxiii, 36. C’est là que nous les retrouvons le premier mois de la quarantième année, après la sortie d’Égypte, Num., xx, 1 ; là qu’ils se plaignent du manque d’eau, comme autrefois à Mara et à Raphidim ; là que Moïse frappe deux fois le rocher de sa verge et que coule « l’eau de la contradiction ». Num., xx, 13 ; xxvii, 14 ; Deut., xxxii, 51. C’est de Cadès enfin que Moïse envoie des messagers au roi d’Édom, pour lui demander la permission de passer par son territoire, Num., xx, 14 ; Jud., xi, 16, 17, et, dans cette circonstance, « la ville » est signalée comme étant « à l’extrémité du royaume » iduméen. Num., xx, 16.
Le dernier témoignage à signaler, au point de vue géographique, est tiré de la frontière méridionale de la Terre Sainte, qui « commence à l’extrémité de la mer Salée (mer Morte), et à cette langue de mer qui regarde le midi, s’étend vers la montée du Scorpion et passe jusqu’à Sina, monte ensuite vers Cadèsbarné, vient jusqu’à Esron, monte vers Addar, et tournant vers Carcaa, puis passant à Asémona, arrive au torrent d’Égypte (ouadi f-Arisch) et se termine à la grande mer (la Méditerranée) ». Jos., xv, 2-4 ; Num., xxxiv, 4-5 ; Ezech., xlvii, 19 ; xlviii, 28. Ces limites nous représentent un arc de cercle qui part de la mer Morte pour aboutir à l’embouchure de l’ouadi el-Arisch et dont Cadès occupe à peu près le milieu. Voir Acrabim, t. i, col. 151 ; Adar ; Asémona, col. 1079.
Le résumé de ces données nous montre clairement que Cadès était à l’ouest des montagnes de Séir et de l’Arabah, à l’extrême limite des possessions iduméennes de ce côté, au nord d’Élath et d’Asiongaber, à onze journées au nord de l’Horeb, dans les déserts de Pharan et de Sin, non loin de la route d’Hébron en Égypte, au sud des montagnes amorrhéennes, au-dessous du Négéb ou de la Palestine méridionale, dont elle occupe le point le plus éloigné. Toutes ces indications réunies nous conduisent vers le massif montagneux dont font partie le Djébel el-Makhrah, le Djébel Moueiléh, le Djébel Tououâl el-Fahm, etc., et d’où partent les deux versants opposés, celui de la Méditerranée et celui de l’Arabah. Il faut donc chercher Cadès dans une ligne qui s’étend entre ce massif et le Djébel Scherra ou mont Séir, au-dessus de Pétra.
2o D’après les auteurs modernes. — On n’a pas proposé moins de dix-huit sites pour Cadèsbarné. Nous ne pouvons entrer dans la discussion de chacun de ces points, dont un grand nombre sont en contradiction avec les données scripturaires que nous venons d’exposer. Voir Trumbull, Kadesh Barnea, p. 303, avec les renvois. En somme, ils peuvent se ramener à deux principaux : dix sont dans l’Arabah ou sur ses bords ; huit dans le désert, sur le plateau supérieur ; Aïn el-Oueibéh peut représenter les premiers, et ‘Aïn Qadis les seconds. C’est autour de ces deux noms que se rangent, à l’heure actuelle, tous les auteurs.
Aïn el-Oueibéh, une des sources les plus importantes
de la grande vallée, se trouve, au bord occidental, là où le terrain s’abaisse graduellement en collines calcaires, en dehors de la courbe de l’ouadi el-Djeib, qui descend du sud-ouest pour se diriger vers l’est-nord-est. Il y a là trois fontaines, sortant du rocher qui forme la pente, à quelque distance les unes des autres, et courant en petits ruisseaux au pied des collines. L’eau n’est pas très abondante, et, dans les deux plus septentrionales, elle a une teinte malsaine avec un goût sulfureux. Celle du midi
4. — Cadèsbarné.
D’après Trumbull, Kadesh Barnea, p. 308.
consiste en trois filets d’une eau limpide et bonne, tombant au fond d’une excavation. Le calcaire tendre, en se détachant, a formé un bord semi-circulaire, comme la courbe d’un théâtre antique, autour de la source. Au-dessous de cet endroit, près de l’ouadi el-Djeib, est un fourré d’herbes grossières et de roseaux, avec quelques palmiers, présentant de loin l’apparence d’une belle verdure, et n’offrant de près qu’un terrain marécageux. Dans le lointain, vers l’est, se dresse dans toute sa majesté le mont Hor, dominant tous les pics qui s’élèvent au-dessus de l’Arabah. Ici pas la moindre trace de ruines. (Voir fig. 4 ; les montagnes qu’on aperçoit sont celles de l’ouest.) Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, 3 in-8o, Londres, 1856, t. ii, p. 174-175 ; de Luynes, Voyage d’exploration à la mer Morte, t. i, p. 302-303.
Les arguments en faveur de cet emplacement peuvent se résumer ainsi : — 1o Quand les Israélites vinrent du Sinaï à Cadès « par le chemin du mont Séir », Deut., i, 2, leur route naturelle fut par l’Arabah, qui longe le bord occidental du massif iduméen. Or, sur cette grande route vers le pays de Chanaan, la source la plus importante est l’Aïn el-Oueibéh. C’est la même voie qu’avait suivie Chodorlahomor, lorsque, après avoir tourné la pointe sud des montagnes de Séir, il dut remonter la grande vallée pour s’arrêter à Cadès et de là gagner la Pentapole. Gen., xiv, 6-8. — 2o D’après Num., xx, 16, Cadès était « à l’extrême limite » d’Édom. Or l’Arabah fermait ce pays à l’occident. Donc Cadès devait être dans l’Arabah, ou au moins toucher l’ouadi, comme Aïn el-Oueibéh. — 3o Aïn el-Oueibéh offre un théâtre naturel pour les événements racontés par la Bible. « Là, dit Robinson, Biblical Researches, t. ii, p. 175, toutes ces scènes étaient devant nos yeux. Là est la source, jusqu’à ce jour la plus fréquentée de l’Arabah.
Au nord-ouest est la montagne par laquelle les Israélites avaient essayé de monter vers la Palestine et d’où ils avaient été repoussés. Num., xiv, 40-45 ; Deut., i, 41-46.
En face de nous s’étend le pays d’Édom ; nous sommes
à son extrême frontière, et là, directement devant nos regards, s’ouvre le grand ouadi el-Ghoueir, offrant un passage facile à travers la montagne vers le plateau supérieur. Plus loin, du côté du sud, le mont Hor projette son sommet remarquable, à la distance de deux bonnes journées de marche pour une telle multitude. La petite fontaine et-Taiyibéh, située au fond de la passe Er-Rubâ‘y, peut alors avoir été ou les puits de Benéjaacan ou Moséroth des stations d’Israël. Num., xxxiii, 30, 31, 37. » — 4o La frontière méridionale de Juda, qui touchait le « territoire d’Édom et le désert de Sin », conduit assez directement à Aïn el-Oueibéh après « la montée du Scorpion », que plusieurs auteurs placent au sud de la Sebkah, ou de la plaine marécageuse faisant suite à la mer Morte. Voir Acrabim, t. i, col. 151.
5. — Ouadi Qadis. D’après F. W. Holland, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1884, p. 9.
L’ouadi Qadis est à l’extrémité, à gauche ; le commencement du Djebel Méraifig est à droite ; la croupe qui s’étend de la droite jusque vers le milieu du paysage est le Djebel Aneigah.
Cette opinion a été admise, à la suite de Robinson, par un certain nombre de voyageurs et de savants, entre autres par le duc de Luynes, Voyage d’exploration à la mer Morte, t. i, p. 303-310, et J. L. Porter, dans Kitto, Cyclopædia of Biblical Literature, 1862-1866, t. ii, p. 703-705. Elle est loin cependant d’être exempte de difficultés ; voici les objections qu’elle soulève : 1o La marche de Chodorlahomor, telle qu’elle est décrite Gen., xiv, 6-8, nous montre que ce roi ne gagna pas directement la Pentapole ; mais qu’il fît un détour vers l’ouest, par le pays des Amalécites et des Amorrhéens, pour venir frapper Engaddi. Sa direction ne fut donc pas en ligne droite vers le nord, par l’Arabah. Il dut éviter les passes difficiles qui, comme le Naqb es-Safa, se trouvent au sud-ouest de la mer Morte, pour se rapprocher de la route d’Égypte en Palestine. Cadès, la plus importante oasis qu’il rencontra de ce côté, devait donc être plus à l’ouest qu’Aïn el-Oueibéh. — 2o Moïse, Gen., xvi, 14 ; xx, 1, pour déterminer l’emplacement du puits d’Agar et les pérégrinations d’Abraham dans la terre du midi, prend Cadès comme point de repère. Pouvait-il vraiment l’aller chercher si loin vers l’est, à une telle distance de la route d’Égypte ? — 3o Pour venir du Sinaï à Cadès, les Israélites traversèrent « le grand et terrible désert » de Pharan, Deut., i, 19 ; ce qui indique le désert de Tih et non pas l’Arabah. Palmer, The desert of the Exodus, 2 in-8o, Cambridge, 1871, t. ii, p. 353, combat la théorie de Robinson au point de vue stratégique. En venant s’établir à Aïn el-Ouéibéh, dans le voisinage des défilés de Sufah et de Fiqréh, les Hébreux, dit-il, se seraient enfermés comme dans un cul-de-sac, entre les sujets du roi d’Arad, les Amorrhéens, les Iduméens, les Moabites, tandis que, auprès d’Aïn Qadis (plus à l’ouest), ils n’avaient autour d’eux que le désert, et aucun peuple redoutable par derrière. Un bon général comme Moïse n’aurait pas choisi une si mauvaise position pour un camp si important. — 4o Le site proposé ne répond pas complètement aux données de la Bible : on n’y voit aucun rocher (has-sélaʿ) qui rappelle celui devant lequel Moïse rassembla le peuple pour en faire jaillir l’eau si ardemment souhaitée, Num., xx, 7-11, aucun emplacement approprié à une ville ; on n’y rencontre aucun nom qui puisse être rapproché de Cadès. — 5o Enfin le tracé de la limite méridionale place Cadès au sud-ouest de la mer Morte bien plutôt qu’au sud, comme Aïn el-Oueibéh.
Aussi propose-t-on un autre site qui semble plus conforme à l’ensemble des détails que nous avons relevés d’après l’Écriture. En 1842, un voyageur, J. Rowland, de Queen’s College, à Cambridge, signalait à soixante-dix kilomètres à l’ouest d’Aïn el-Oueibéh une fontaine dont le nom قديس, prononcé Qadîs ou Qoudeis, quelquefois Gadis, rappelle exactement celui de Cadès (hébreu : Qâdêš). Cette découverte et les raisons de l’identification, publiées d’abord dans Williams, The Holy City, Londres, 1845, Appendix, furent le point de départ de nombreuses discussions parmi les savants en Allemagne, en Angleterre, en Amérique. Cet endroit important fut depuis visité par plusieurs voyageurs : en février 1870, par E. H. Palmer, The Desert of the Exodus, t. ii, p. 349-353 ; le 14 mai 1878, par F. W. Holland, Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1879, p. 69 ; 1884, p. 9 ; le 1er avril 1881, par H. Clay Trumbull, Palest. Expl. Fund, 1881, p. 208-212 ; ce dernier, dans un ouvrage très étendu, Kadesh-Barnea, in-8o, New York, 1884, s’est fait l’historien de la question et le champion de cette seconde hypothèse, en même temps qu’il donnait le récit de son voyage. Voir aussi Zeitschrift des deutschen Palästina-Vereins, Leipzig, 1885, t. viii, p. 182-232. — Aïn-Qadîs se trouve à quatre-vingts kilomètres au sud de Bersabée, à l’extrémité de l’ouadi Qadis (fig. 5), qui s’étend au-dessous d’un massif montagneux formé par le Djébel el-Makhrah, le Djébel Méraifig, le Djébel Aneigah. (Cf. la carte qui accompagne le récit du voyage de Holland, Palest. Expl. Fund, Quart. Statement, 1884, p. 4.) C’est une délicieuse et fraîche oasis, couverte de figuiers et d’arbustes variés, dont le charme est surtout appréciable quand on sort du désert brûlé qui l’environne. Au tournant nord-est de ce pittoresque amphithéâtre sort des collines calcaires la large masse du rocher regardé par Rowland comme étant celui que frappa Moïse, pour en faire jaillir de l’eau, bien que la source miraculeuse ait disparu. De dessous ce banc rocheux s’échappe un ruisseau assez abondant. Le premier réservoir est un puits circulaire, construit avec des blocs de pierre usés par le temps. À une petite distance vers l’ouest et plus bas s’en trouve un second, semblable à l’autre, quoique de plus grande dimension. Autour des deux sont des auges de pierre, dont le travail primitif rappelle celles de Bersabée. Un peu au sud-ouest du second on voit un bassin plus large que les deux puits, mais non muré comme eux. Dans tout le voisinage, les chameaux et les chèvres ont laissé des traces qui montrent combien a été fréquenté de tout temps ce lieu si bien arrosé. Enfin, plus bas encore, est un autre réservoir, alimenté par l’eau qui coule en cascades, à travers un lit étroit, du bassin supérieur. Cette eau est remarquablement pure et fraîche. Aux environs d’Aïn Qadîs est une large plaine capable de recevoir une grande multitude. Cf. Clay Trumbull, Kadesh-Barnea, p. 272-274.
Les arguments en faveur de ce site sont les suivants : — 1o La région qui occupe Aïn Qadîs a une importance qui montre comment elle a pu attirer des armées comme celles de Chodorlahomor et des Israélites. Située non loin de la jonction des principales routes qui du désert montent vers Chanaan, et qui de là peuvent être surveillées, elle possède elle-même une route intérieure défendue par les montagnes. Dans cette direction du nord, toute une ligne de sources ou de puits, Biâr Mayin, ‘Aïn Qadîs, ‘Aïn Qoudrât, ‘Aïn Moueiléh, El-Birein, semblent tracer une voie toute naturelle. La plaine qui avoisine Aïn Qadîs peut servir de campement à un peuple nombreux. — 2o Toutes les données scripturaires qui déterminent la situation de Cadès s’adaptent parfaitement au site proposé par Rowland, Trumbull et les autres. — 3o Les cinq raisons que nous avons opposées à la première hypothèse, Aïn el-Oueibéh, sont autant d’arguments en faveur d’Aïn Qadîs. Les limites méridionales de la Terre Sainte, en particulier, s’expliquent très bien, dans ce cas, par une ligne qui, partant de la mer Morte, suit l’ouadi Fiqréh, passe au-dessous du Naqb es-Safa (montée du Scorpion), puis poursuit sa courbe jusqu’à Aïn Qadîs, pour remonter vers l’ouest jusqu’à l’embouchure de l’ouadi el-Arisch (torrent d’Égypte). Les événements bibliques trouvent là un théâtre tout naturel : montagnes du sud de la Palestine, rocher, sources. — 4o Le nom (Qoudeis est un diminutif de Qods, « saint ») ajoute dans la balance un poids incontestable. C’est le seul endroit du désert où on le trouve, et il s’applique non seulement à la source, mais à la montagne et à la vallée voisines. On peut signaler aussi celui d’Abou Retmât, ouadi placé par Robinson, Biblical Researches, t. i, p. 189, à l’ouest du Djebel Qadis, et dans lequel plusieurs auteurs reconnaissent Rethma, Num., xxxiii, 18, une des stations proches de Cadès, sinon Cadès elle-même.
Il y a cependant une difficulté, la plus sérieuse en somme de celles qui ont été soulevées contre cette opinion, et en grande partie l’argument capital de la première hypothèse. L’Écriture place Cadès « à l’extrémité » du royaume d’Édom (Vulgate : in extremis finibus tuis), Num., xx, 16, ce qui, rapproché du ꝟ. 22, d’après lequel le mont Hor est situé « sur les confins du pays d’Édom », semble mettre la ville bien plus près des monts iduméens, c’est-à-dire dans l’Arabah. Il y a là une confusion que l’explication des termes peut dissiper. L’expression « à l’extrémité du royaume » ne veut pas dire que la ville appartenait aux Iduméens ; la Bible, au contraire, l’attribue au pays de Chanaan. Num., xxxiv, 4 ; Jos., xv, 3 ; x, 41. Le sens est simplement qu’elle était à la frontière d’Édom. Il ne faut pas confondre qeṣêh gebûlékâ, « l’extrémité de ton territoire, » Num., xx, 16, avec gebûl ’éréṣ ’Édôm, « le territoire du pays d’Édom, » Num., xx, 23. Rien ne nous dit que ce pays s’arrêtât, à l’ouest, à l’Arabah. Les Iduméens avaient conquis une partie du désert de Pharan, borné au nord par le désert de Sin. Num., xxxiv, 3. Cf. Keil, Numeri, Leipzig, 1870, p. 292. On objecte encore ces paroles d’Eusèbe : « Cadès-Barné, désert qui s’étend jusqu’auprès de la ville de Pétra, » Onomastica sacra, p. 269 ; puis celles de l’Écriture : « Sortant de Cadès, ils campèrent sur le mont Hor. » Num., xxxiii, 37. Entre ces deux points l’écrivain sacré ne mentionne aucune station intermédiaire, et il donne à penser que les Hébreux gagnèrent en une seule étape la montagne où mourut Aaron. Or un intervalle de quarante-cinq kilomètres seulement la sépare d’Aïn el-Ouéibéh, tandis qu’elle est à quatre-vingt-quinze kilomètres au moins d’Aïn Qadis. M. Guérin, La Terre Sainte, t. ii, p. 310, répond justement : « Entre l’Ain Qadis et Pétra on ne rencontre les vestiges d’aucun endroit jadis habité, si ce n’est par des nomades. Par conséquent, même en plaçant Cadès-Barné dans le voisinage de l’Aïn Qadis, on peut dire avec Eusèbe que le désert ainsi appelé s’étendait jusqu’à la ville de Pétra. [Ensuite], si de l’Aïn Qadis au Djébel Haroun, l’ancien mont Hor, où Israël transporta ses tentes, l’intervalle de quatre-vingt-quinze kilomètres est beaucoup trop grand pour avoir pu être franchi par tout un peuple en marche, autrement qu’en trois jours au moins, qui empêche de supposer que la Bible s’est contentée d’indiquer la dernière étape, qui avait été signalée par un événement éclatant, la mort du grand prêtre Aaron, tandis que les autres étapes intermédiaires ont été supprimées dans le récit de l’historien sacré, comme n’ayant été marquées par aucun fait saillant ? »
Outre les voyageurs déjà cités, Palmer, Holland, Clay Trumbull, la plupart des auteurs acceptent aujourd’hui cette opinion sinon comme certaine, au moins comme très probable : G. B. Winer, Biblisches Realwörterbuch, 2 in-8o, Leipzig, 1847, t. i, p. 641 ; E. Hull, Mount Seir, in-8o, Londres, 1889, p. 188 ; G. Armstrong, Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, in-8o, Londres, 1889, p. 107 ; R. von Riess, Bibelatlas, Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 16 ; Fillion, Atlas géographique de la Bible, Paris, 1890, p. 14 ; M. Jullien, Sinaï et Syrie, Lille, 1893, p. 161.
Ces deux hypothèses pourraient se concilier dans l’opinion de ceux qui veulent reconnaître une double Cadès, l’une au désert de Pharan, l’autre au désert de Sin. Tel est, en effet, le sentiment défendu par E. Arnaud, La Palestine ancienne et moderne, in-8o, Paris, 1868, p. 113-116, après Hengstenberg, Authentie des Pentateuchs, Berlin, 1839, t. ii, p. 427 ; de Raumer, Der Zug der Israeliten, Leipzig, 1837, p. 40, et d’autres. Mais cette distinction est-elle bien fondée ? — On s’appuie d’abord sur le double voyage des Israélites à Cadès, le premier effectué la deuxième année de la sortie d’Égypte, Num., x, 11 ; xiii, 27 (hébreu, 26) ; le second, le premier mois de la quarantième année, Num., xx, 1 ; et, en racontant ce dernier, l’Écriture ne parle plus que du désert de Sin. — Les deux séjours, pas plus que les deux déserts, ne nous obligent à admettre deux villes différentes. Les Hébreux, arrivés au terme de leur châtiment, c’est-à-dire de leurs années d’égarement, reprirent le chemin de Chanaan et purent parfaitement revenir, comme la première fois, camper à Cadès. D’un autre côté, on pense généralement que Sin est le nom donné à la partie septentrionale du désert de Pharan, ce qui ressort de Num., xiii, 22 (hébreu, 21) ; Jos., xv, 1, 3 ; en sorte que la ville pouvait être attribuée à l’une ou à l’autre de ces régions. Voir Sin. — Ensuite, dit-on, le livre des Nombres, xx, 5, représente le territoire de Cadès comme un « lieu affreux, où l’on ne peut semer ; qui ne produit ni figuiers, ni vignes, ni grenadiers, et où l’on ne trouve pas même d’eau pour boire ». Or, pendant le séjour d’Israël au désert de Pharan, le peuple ne se plaignit jamais du manque d’eau, et cependant il y passa les mois les plus chauds de l’année, depuis le commencement de mai jusqu’au milieu de septembre. Au contraire, dès qu’il arrive au désert de Sin, au premier mois, c’est-à-dire immédiatement après la saison des pluies, il commence par murmurer et se plaindre d’avoir été conduit dans un pays sans eau. La raison paraît plus sérieuse ; mais on peut répondre, avec Calmet, Commentaire littéral sur les Nombres, Paris, 1709, p. 130 : « Doit-on s’étonner que dans des lieux différents d’un désert de même nom, on manque d’eau dans un endroit, tandis qu’on en a en abondance dans un autre ? » Le nom de Cadès indique ici plutôt un grand district du désert de Sin qu’une localité déterminée. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 108, 122, 269, 298, de même que les meilleurs commentateurs, ne font aucune distinction. Nous devons dire cependant qu’il y a une certaine obscurité dans la pensée de saint Jérôme, qui place « la fontaine du jugement » auprès de Pétra, Liber heb. quæst. in Genesim, t. xxiii, col. 960, tout en signalant dans la région de Gérare un endroit nommé Berdan, ce qui veut dire « puits du jugement ». Onomastica sacra, p. 145.
III. Histoire. — Cadès, avons-nous dit, tient une place importante dans l’histoire des Israélites, comme étant leur principale station après le Sinaï, le théâtre de leurs défaillances et de leur châtiment, aussi bien que celui des manifestations divines, le point de départ de leur égarement à travers le désert, leur centre de ralliement après ces trente-huit années de punition. Les événements qui s’y rattachent ont déjà été énumérés à propos de la question géographique. Moïse se dirigeait vers la Terre Promise, se disposant à y pénétrer par la frontière méridionale, lorsque, arrivé à Cadès, il reçut de Dieu l’ordre d’y envoyer auparavant des explorateurs pour la parcourir et en examiner la fertilité, les habitants, les villes. Ceux-ci revinrent en rapportant des fruits magnifiques, indices de la richesse du sol ; mais ils cherchèrent, sauf Josué et Caleb, à décourager la multitude en représentant le pays comme couvert de villes fortes et occupé par un peuple de géants auprès desquels ils ne semblaient eux-mêmes que de simples sauterelles. Une sédition éclata, et Moïse, tout en apaisant dans une admirable prière la colère divine, déclara cependant aux Hébreux, de la part du Seigneur, qu’à l’exception de Caleb et de Josué la génération actuelle n’entrerait pas dans cette terre qu’elle s’était fermée par son esprit de révolte. Malgré ce terrible arrêt, et comme pour lui donner une sorte de démenti, les Israélites essayèrent de forcer les frontières de Chanaan, pendant que Moïse restait à Cadès avec l’arche d’alliance, refusant de les suivre dans leur folle entreprise. Battus et refoulés sur Cadès par les Amalécites et les Chananéens, ils commencèrent à errer du côté de la mer Rouge. Num., xiii, xiv ; Deut., i, 19-46.
Quand la génération coupable eut semé ses ossements à travers les solitudes où elle avait été condamnée à vivre pendant trente-huit ans, ses enfants se retrouvèrent à Cadès. Marie, sœur de Moïse, y subit elle-même la sentence divine et y fut ensevelie. Num., xx, 1. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, p. 108, 269, disent que de leur temps on montrait encore son tombeau. Josèphe, de son côté, Ant. jud., IV, IV, 6, affirme qu’elle fut enterrée sur une montagne appelée Sin, ce qui peut se concilier avec l’assertion précédente, puisque Cadès se trouvait dans le désert de Sin et pouvait avoir dans son voisinage une montagne de même nom. Le peuple, toujours prompt aux murmures et à la révolte, malgré les châtiments divins, se plaignit amèrement du manque d’eau. Moïse, rassemblant la multitude auprès d’un rocher, le frappa de sa verge et en fit jaillir une source abondante, plusieurs fois appelée dans l’Écriture « les eaux de Méribah » ou « de la Contradiction » ; mais, pour avoir frappé deux fois le rocher, paraissant ainsi manquer de confiance envers la toute-puissance divine, il fut lui-même privé de l’honneur d’introduire les Hébreux dans la Terre Promise. Obligé, pour s’en approcher, de prendre la direction de l’est, il entama des négociations avec le roi d’Édom, pour obtenir la permission de traverser son territoire ; sa demande fut repoussée par un refus formel. Quelque temps après, il quitta définitivement Cadès pour s’avancer vers le mont Hor, où mourut Aaron. Num., xx.
Cadès forma, au sud, la limite extrême de la Terre Sainte. Jos., xv, 2-4 ; Num., xxxiv, 4-5 ; Ezech., xlvii, 19 ; xlviii, 28. Les palmiers de cette oasis frappèrent l’imagination des Hébreux, et l’auteur de l’Ecclésiastique, xxiv, 18 (d’après la Vulgate), leur emprunte une comparaison dans sa gracieuse description de la Sagesse. Le grec actuel porte ἐν ἀιγιαλοῖς, « sur les rivages, » au lieu de « ἐν Κάδης » ; mais on trouve dans certains manuscrits ἐν Γαδδί, ἐν Γάδοις ; d’autres donnent ἐν Ἐγγάδοις, « à Engaddi, » ville de Juda, sur le bord occidental de la mer Morte, et autrefois très renommée pour ses palmiers.
2. cadès (hébreu : Qédėš ; Septante : Κάδης), cité chananéenne dont le roi fut vaincu par Josué, xii, 22, et qui est mentionnée deux fois au premier livre des Machabées, xi, 63, 73, dans un des combats de Jonathas. Ce dernier récit la place « dans la Galilée », ꝟ. 63, et, d’après l’énumération de Jos., xii, 19-24, elle faisait manifestement partie des villes du nord. Elle est plus souvent citée dans la Vulgate sous le nom de Cédès, conforme à la dénomination hébraïque ; elle appartenait à la tribu de Nephthali et a survécu jusqu’à nos jours dans le village de Qadès, au nord-ouest du lac Houléh ou Mérom. Voir Cédés 1, col. 360.
3. cadès (hébreu : Qédėš ; Septante : Κάδης), ville de la tribu de Juda, située à l’extrême frontière méridionale. Jos., xv, 23. Est-ce la même que Cadèsbarné, comptée au ꝟ. 3 dans le tracé des limites ? Quelques-uns le pensent, sous prétexte qu’on ne pouvait omettre un point de cette importance dans l’énumération générale. D’où vient cependant la différence de ponctuation, Qédéš au lieu de Qâdêš, dans le texte massorétique, pour un nom si connu ? Nous nous trouvons ici en présence d’un problème difficile, sinon impossible à résoudre. Ce premier groupe des villes de Juda renferme une série de noms pour la plupart rebelles à toute espèce d’identification. Adada, qui précède Cadès, répond bien à ‘Ad‘adah, ruines qui se trouvent entre Bersabée et la mer Morte ; mais Asor, qui suit, est inconnue, quoique le Djébel Hadîréh, au nord-est d’Aïn Qadis, puisse la rappeler et rapprocher ainsi les deux sites bibliques.
4. cadès des hétéens. Voir Cédès 2.
5. cadès (désert de) (hébreu : midbar Qâdêš; Septante : ἡ ἔρημος Κάδης), désert mentionné dans le Ps. xxviii (hébreu : xxix), 8, où l’auteur sacré, pour donner quelque idée de la majestueuse puissance de Dieu, représente la tempête fondant en un clin d’œil des hauteurs du Liban jusqu’aux régions désolées de la péninsule sinaïtique.
La voix du Seigneur ébranle le désert,
Et le Seigneur fait tressaillir le désert de Cadès.
L’hébreu porte littéralement : « La voix de Jéhovah fait danser le désert, » allusion au sable que l’ouragan soulève et lance en tourbillons. Cf. Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1892, t. iv, p. 90. Il s’agit ici des solitudes qui avoisinent Cadès ou Cadèsbarné. Voir Cadès 1. Si l’on place
6. — Désert de Cadès. D’après Palmer, Desert of the Exodus, t. ii, p. 349
ce lieu célèbre à Aïn Qadis, le « désert » désigne alors le massif montagneux, percé de nombreuses vallées, qui s’élève entre l’ouadi Arabah à l’est, l’ouadi el-Arisch à l’ouest, le Négeb au nord, et le désert de Tîh au sud. C’est, malgré quelques oasis, la partie la plus stérile des contrées qui s’étendent de la Syrie au Sinaï et dont la fertilité diminue à mesure qu’on s’avance vers le sud. Il est probable cependant que cette région, au moment de l’exode, n’offrait pas un aspect aussi pauvre, et qu’elle a proportionnellement perdu de ses avantages, comme la Palestine elle-même (fig. 6). Voir E.-H. Palmer, The Desert of the Exodus, 2 in-8o, Cambridge, 1871, t. ii, p. 319-351.