Dictionnaire de théologie catholique/MACHABÉES (LIVRES DES) IV. Histoire des livres

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 9.2 : MABILLON - MARLETTAp. 45-46).

IV. Histoire des livres. —

1° Langue, auteur et date. — Le premier livre des Machabées a été écrit d’abord en hébreu. Origène lui donne un titre, Sap6r)68apêavâi ëX (fusion des variantes : Exp6xvéëX, Sa6avouéX) qui ne s’explique que dans cette langue. P. G., t. xx, col. 581 (Eusèbe, H. E., vi, 25). Saint Jérôme le possédait aussi en hébreu : Machabseorum primum librum hebraicum reperi. Prsef. in libr. Sam., P. L., t. xxviii, col. 556-557. Peut-être cet hébreu était-il de l’araméen… En tout cas la langue apparaît clairement sémitique sous la traduction grecque qui seule nous transmit ce livre. Pour explication linguistique, voir Dict. de la Bible, Paris, t. iv, 1912, col. 490 ; Tony André, Les apocryphes de l’Ane. Testament, Florence, 1903, p. 61, 62, 69, 70. L’auteur est inconnu ; mais on peut assurer qu’il était juif palestinien et vivait sous le pontificat de Jean Hyrcan, fils et successeur de Simon Machabée (136-106 av. J.-C). I Mac, xvi, 23-24. Ouvrages cités : col 491, et p. 81-83.

Le deuxième livre fut écrit en grec. Saint Jérôme en témoigne, Ibid., col. 557 : secundus Grœcus est, quod ex ipsa quoque çpdcasi probari potest ; ce qui se justifie par les nombreux héllénismes d’expressions ou de

style dont le livre surabonda. Quelques hébraïsrnes (fort rares) s’expliquent naturellement par des réminiscences bibliques. L’auteur est également inconnu. Le plus probable est qu’il était un Juif helléniste, vraisemblablement d’Egypte, vivant et écrivant entre les dates extrêmes 121 et 63 av. J.-C. Il affirme « résumer » un écrit antérieur au sien qu’il attribue à un certain Jason de Cyrône aussi peu connu que lui, ii, 20-33, et que nous n’avons plus. Peut-être a-t-il utilisé encore d’autres sources (à distinguer des lettres du début). La façon dont il exalte le temple et ses fêtes, le courage et la vaillance des martyrs de la Loi et des Machabées, ainsi que la conduite de la Providence divine qui secourt ou qui châtie, peut porter à croire qu’il écrivit son histoire à la veille ou au milieu d'épreuves qui semblaient compromettre à nouveau l’existence du judaïsme, peut-être la guerre civile qui précéda la prise de Jérusalem par Pompée. Ouvrages cités : col. 493, 494 ; et p. 91-95, 107, 111, et Éd. Reuss, La Bible, Paris, 1879, t. vii, p. 131 sq., 140-145.

Le troisième livre fut aussi écrit en grec par un Juif alexandrin inconnu, et vraisemblablement entre les dates extrêmes 120 av. et 70 après J.-C, en temps de violente persécution des Juifs de la part des rois, empereurs ou gouverneurs païens. On a proposé successivement l’an 40 sous Caligula, l’an 27 à 36 sous PoncePilate, l’an 4 à la mort d’Hérode le Grand, l'époque de Ptolémée Physcon mort en 117 av. J.-C. Ouvrages cités col. 499 ; p. 117 sq., 124-128 ; Reuss, p. 368-372.

Tradition du texte.

1. Manuscrits. — Le texte

des livres des Machabées nous a été transmis dans quelques manuscrits onciaux dont deux seulement, VAlexandrinus (ve siècle) et le Venetus (vme -ixe siècle), les contiennent entièrement tous les quatre. Le Sinaïlicus (ive siècle) ne contient que le premier et le quatrième ; il devait contenir aussi les deux autres avant sa mutilation au monastère du Sinaï. Le Vaticanus (ive siècle) par contre, n’a jamais contenu aucun livre des Machabées. Quelques manuscrits minuscules, 19, 62, 64, 91, 52 (notation Holmes et Parsons) ont les trois premiers livres dans la recension lucianique, dont la caractéristique principale réside dans des additions destinées à rendre le texte plus clair, à renforcer ou améliorer le sens, à suppléer des lacunes dans la narration. Cf. D. de Bruyne, Le texte grec des deux premiers livres des Machabées, dans Revue biblique, Paris, 1922, p. 34, 35, qui conclut à l’existence, avant Lucien (fin du ine siècle) de deux éditions au moins des Machabées, et profondément différentes : l’une représentée par les mss. grecs, l’autre représentée surtout par les mss. latins. P. 37, 38. Comparés aux latins (ancien texte), les mss. grecs, à l’unanimité, accusent une « révision délibérée » d’un texte aujourd’hui perdu. Quelquesuns seulement d’entre eux appuient l’ancienne latine ; ce sont le Sinaïticus, puis le Venetus (en réalité, texte presque aussi ancien que celui du précédent), puis le groupe lucianique. Par contre, Y Alexandrinus « est le chef de file du groupe qui s’oppose à l’ancien texte latin ». P. 53. Voir ci-après.

2. Éditions.

Les livres des Machabées se trouvent en grec dans toutes les éditions complètes des Septante. Mentionnons la Sixtine, Rome, 1537, où le texte des Machabées est celui d’un manuscrit non signalé par les éditeurs, et celle de Swete, Cambridge, 18871894 et 1895-1899, où le texte reproduit est celui de Y Alexandrinus. Éditions séparées des deutérocanoniques : Augusti, Leipzig, 1804 ; Apel, Leipzig, 1837 ; Fritzsche, Leipzig, 1871. Il n’existe pas d'édition spéciale des livres des Machabées. Quelques-unes de ces éditions sont critiques et donnent de nombreuses variantes des manuscrits. La meilleure, pour les Machabées, reste celle de Fritzsche. ->ot

M ICHABÉES (LIVRES DES) M ACR UOS

1502

- 1. Ancienne latin*. — L’ancienne

Version latine des li res tnæhaheens nous a été transmise dans une série de mss. de la Vulgate, que l’on peut partager en deux groupes, - Premier groupe : Lyon siècle, Bibliothèque de la ville, conte nant Bsdras, Machabées, Esther) ; Compl. 1 (l ro Bible d’Alcala, n* l de l’Université de Madrid) ; Bibl. nat.,

le, seconde moitié d’une Bible no contenant des livres des Machabées que 1 Mac. i-xiv, 11, nous offrant une t bonne traduction littérale > du grec, mais retouchée. Quelques-unes des iches « supposent une comparaison avec un texte différent de celui qui est à la hase de Lyon

cit., p. 32. Cf. Sam. Berger, Notice de quelques tales latins inédits de l’Ancien Testament, Paris, 1893, p 3 ;  ; T et Histoire de la Vulgate, Nancy. _'. OS. — Deuxième groupe : 9571 de l’Université de Bologne (XI* Siècle) ; />' H m/, de la Bibliothèque Ambrosienne. à Milan (xr siècle) pour II Mac. seulement ; / ; t6 inf. fpte siècle) pour II Mac. Au m rattache un fragment du viii-ixe siècle

trouve à Breslau, édile dans la Leitschri/l jùr alttestam. enschatt. 1904, t. xxiv, p. 240 ; et a 1 ! IS inf., un fragment du ixe siècle publié par Mur Mercati dans Revue biblique, 1902. p. 18 1-211. Ce deuxième groupe offre une « paraphrase du texte du premier groupe, trahissant a chaque page une revision sur le grec » — texte étrangement remanié et amplifié » — et formant « sous une double forme les sous-groupes :

5T1 et fragment Breslau : D 48 inf. et fragment

Mercati. La version Z-7 86 in/, dépend des deux précédentes et t suppose une nouvelle comparaison avec le grec ». De Bruyne, loc. cit., p. 32. 33.

2. Vulgate.

C’est non pas une revision de l’ancienne latine par saint.Jérôme, niais le texte reçu dans les Bibles et devenu officiel à l’Université de Paris au une siècle, puis authentiqué par le concile de Trente. En réalité texte ancien profondément revisé, corrigé, amplifié parfois par comparaison avec les textes précédents et le grec ; puis remélangé de versions latines antérieures avec nouvelles corrections sur le grec. Cette vulgate est celle de « V Amiatinus en Angleterre, du Tolelanus et du Caoensis en Espagne, des Bibles de Mordramme, d’Alcuin et de Théodulphe en France, des manuscrits alémaniques du viiie siècle, SaintGall /-'et Munich 0668. De Bruyne, p. 33. Cf. Sam. Berger, Hist. de la Vulgate, p. 37 sq., 12-15, 102, 149 sq., 197 sq., 121 ; Dictionnaire de la Bible, t. iv, col. 491, 493.

3. Des autres versions anciennes des livres des Machabées, il n’existe que la version Syriaque de la Peschitto : Polyglotte de Londres, 1057, t. iv ; Lagarde, Libri Vel. Test, apocryphi syriace, Leipzig, 1861, et une version arménienne faite d’après le grec, édition des Méchitaristes, Venise, 1805. La Peschitto contient cinq livres des Machabées, du moins selon le Codex Ambrosianus, de Milan, vre siècle, édition photolithographique de Ceriani, Milan, 1876-1883 ; le cinquième livre n'étant que la reproduction de Josèphe, M/ad., LVl

Commentaire*. — Aucun des Pères n’a commenté les livres canoniques des Machabées. Nous n’avons de commentaires catholiques proprement dits de ces livras qu'à partir de Raban Maur, vers S-10. Nous trouvons ensuite, longtemps après, N. Serrarius, Mayence, 1019 ; P. Radanus (II Mac.), Lyon, 1651 ; Cornélius a Lapide, Anvers, 1664 ;.J. I.rn. Foullon fi Mac), Liège, 1660 et II Mac, Liège, Omet. Plus récemment :.J.-M.-A. Scholz,

Commentar tu./on Buchern der Makkabur, Francfort, 1835 ; Gillet, Lei Machabées, Paris, 1880, dans la Bible dite de Lethiei !

Assez nombreux sont les commentaires protestants, depuis le Jtvr vie-- ! '- : C. Pellican, 1572 ;.1. DrustOf, | II. « .r’ti ; —, 1644 ; Calov, 1072 ; G. Wernsdorn, 1717 ;

J.-D. Mlehælli d Mac.), 1778. Kv ilèol’e dernier : w. Gritnm, 1853 ; C.-F. Kell, 1875 ; Reuu, 1879, et surtout les

études critique IUr ces livras. Voir pour ees dernières :

() Zorkier, Dit Apokryphtn îles Allen ïesiiiments, Munich, 1891, p. ; i i et M ; l’ouv Aiiiin-, Les Apocryphe » de l’Ancien reslamant, Florence, 1903, p. 85, 89, 86-87 et (III Mae.). 115-118.

1.. Bn.or.