Dictionnaire de théologie catholique/MARIE I. Privilèges essentiels de la Vierge Marie I. Maternité divine et virginité

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 9.2 : MABILLON - MARLETTAp. 467-492).

MARIE.

Cet article consacré à la Mère de Dieu n’a pas à revenir sur l’Immaculée conception de la Vierge, ni sur son Assomption, qui ont fait l’une et l’autre l’objet d’un article spécial.

Il étudiera d’abord :

I. Les privilèges essentiels de Marie, la maternité divine, avec sa conséquence immédiate, à savoir le rôle de médiatrice rempli par la sainte Vierge dans la distribution des grâces divines.

II. Les privilèges secondaires qui découlèrent pour Marie durant son existence terrestre de sa glorieuse dignité : science des choses de Dieu, grâces de choix, dons du Saint-Esprit (col. 2409).

III. Le rôle que remplit au ciel la très sainte Vierge, rôle qui a pour contre-partie le culte que nous lui devons (col. 2433).

I. LES PRIVILÈGES ESSENTIELS DE LA VIERGE MARIE.

C’est, avons-nous dit, la maternité divine et le rôle de médiatrice qui en découle immédiatement.

I. Maternité divine et virginité.

La maternité divine étant le principe de toutes les grandeurs de Marie, doit être le premier objet de notre étude. Pour en avoir un concept exact, nous devons l’étudier telle qu’il a plu a Dieu de la réaliser, c’est-à-dire avec le privilège de la virginité intégralement conservée dans la conception et l’enfantement de Jésus. Nous étudierons donc successivement l’enseignement scripturaire el l’enseignement traditionnel sur ces deux points : maternité divine et virginité dans la conception et l’enfantement de Jésus.

I. ENSEIGNEMENT NÉO-TESTAMENTAIRE SUR LA MATERNITÉ DIVINE.

Bien que cette vérité ne soit pas formellement affirmée dans le Nouveau Testament, elle doit être considérée comme manifestement contenue dans trois assertions scripturaires :

Marie a réellement conçu et enfanté Jésus. C’est ce que l’archange Gabriel annonce à Marie au nom de Dieu même : Ecce concipies in utero et paries filium et vocabis nomen ejus Jesum. Luc., i, 31 sq. Concipies, συλλήψῃ, surtout avec les qualificatifs qui l’accompagnent, υἱόν et ἐν γαστρί, signifie manifestement une véritable conception corporelle, comme plus haut au ꝟ. 24 : Post hos autem dies concepit Elisabeth uxor ejus. Cette signification est confirmée par les mot, et paries filium, par l’interrogation de Marie demandant comme cela s’accomplira malgré sa résolution de garder la virginité, et par la réponse de l’ange garantissant, à cette fin, l’aide du Saint-Esprit. L’archange Gabriel, instruisant et rassurant Joseph au sujet de la grossesse de Marie, affirme explicitement la conception miraculeuse déjà accomplie dans le sein de Marie. quod enim in ea natum est de Spirilu Sancto est, et l’enfantement prochain, pariet autem filium. Matth.. i, 20 sq.

Il en est de même de l’enfantement de Jésus. Accompli dans les circonstances rapportées par saint Luc, il est attribué à Marie : Factum est autem, cum essent ibi, impleti sunt dies ut pareret. Luc, ii, 6 sq Même enseignement chez saint Matthieu, i, 16 : De qua natus est Jésus qui voratur Christus.

2° Marie est appelée plusieurs fois mater Jesu ou mater Domini : Et unde hoc mihi ut veniat mater Domini mei ad me, Luc, i, 43. Et intrantes domum invenerunt puerum cum Maria matre ejus. Matth., ii, 11. Et erat mater Jesu ibi. Joa., ii, 1. Stabat juxta crucem Jesu mater ejus. Joa., xix, 25 : cf. Act., i, 14.

3° C’est une vérité souvent affirmée dans le Nouveau Testament, que ce qui appartient à Jésus ou est affirmé de lui, appartient en réalité à la personne même du Fils de Dieu, ou doit dire affirmé d’elle. C’est ce qu’affirme expressément saint Jean, attribuant à la même personne du Verbe non seulement les attributs divins. In principio erat Verbum et Verbum erat apud Deum et Deus erat Verbum, Joa., i, 1 ; la toute-puissance divine, omnia per ipsum facta sunt et sine ipso factum est nihil quod factum est, 3, mais aussi l’incarnation ou l’assomption d’un corps humain, et Verbum caro factum est et habitavit in nobis, 14.

C’est aussi le langage de saint Matthieu attribuant également à la personne divine la conception et la naissance humaine, en même temps que la nature divine : Hoc autem totum factum est ut adimpleretur quod dictum est a Domino per prophetam dicentem : ecce virgo in utero habebit et pariet filium, et vocabunt nomen ejus Emmanuel, quod est interpretatum nobiscum Deus. Matth., i, 22 sq.

Saint Paul s’exprime de la même manière, quand il dit que le Fils de Dieu a été engendré de la race de David selon la chair, Rom., i, 3, que le Christ qui, selon la chair, est de la race d’Israël, est super omnia Deus benedictus in sæcula, Rom., ix, 5. et que Dieu, dans la plénitude des temps, a envoyé son Fils, factum ex muliere, pour racheter le monde. Gal., iv. 4 sq.

La conclusion est manifeste. Marie, selon l’enseignement scripturaire, est vraiment mère de Dieu, puisqu’elle est mère de Jésus selon la chair, et que tout ce MARIE. MATERNITÉ DIVINE

NOl’VEAl I l S l’M l l

5342

qui concerne Jésus doit être attribué a la personne même « tu Verbe incarné. S. rhomas, Sum, theol., 111*. q ww. a. I, ad l 1 "".

us verrons, en étudiant la tradition catholique, <jui’tel (ut précisément le fondement théologique sur lequel, a partir du i s i c r u-. on appuya très explicite ment la maternité divine de Marie.

II. 9TA

ins la conception et l’enfantement

< ! < Notre Seigneur, selon Matth. i. 20 et Luc,

  • q

w.iut d’expliquer cet enseignement, tel que la Ira dit ion catholique l’a toujours compris, nous devons montrer l’authenticité des deux récits è angéiiques, en répondant aux principaux arguments par lesquels beaucoup de critiques se sont efforcés de la combattre,

1 Authenticité dMatth., i. 20 et Luc, i, 30 sq. int ce « (m n été « lit à l’art. Chitique, t. ni. col. on comprend, sans qu’il soit nécessaire d'> in ; is ter ici, combien arbitraire est le procédé adopté par les adversaires de l’authenticité, en prenant, comme base de leur argumentation, le rejet absolu de tout ce qui est miraculeux, le rejet.iI>m>Iu de la révélation chrétienne et la formation purement humaine de tous les dogmes chrétiens qu’ils disent tin. nus de la nmm ir me chrétienne, à une époque plus ou moins tardive, selon les diverses causes qu’ils se plaisent à 1er a leur élaboration. Noire examen portera donc uniquement sur les arguments d’apparence plus seientilique, tires des contradictions que l’on a cru ivrir dans le reeil évangélique, a la suite de V l » ! s. Les évangiles synoptiques, Ceffonds, 1907, 1. 1. p. lin. 196 sq. 290 sq’…il 7 sq.. : <2 : > sq., 329, 339 ; et de A Harnack, Zeitschrift fur die N. T. Wissenschn /t. 1901, t. n. p. Vt sq. Voir aussi 1 lillmann. Die Kindheitsgesehichte Jesu nach Lukas kriiisch untersucht, dans luhrbiï’-her /tir prot. Théologie, 1897, t. I, l>. 112 sq. : Die Synoptiker, 1910 ; (Jsener. Geburt und Kindheit Christi, dans Zeitschrift fur die N. T. Wissenr, 1903, t. iv. p.. ;. 16, 18 ; Guignebert, Manuel d’histoire ancienne du christianisme. Paris. 1906, p. lii.’t sq. : <i. Herzog, l.u suinte Vierge dans l’histoire, Paris, 1908, p. 1-16 ; Cheyne, Encyclopsdia Biblica, art. Muni. Londres. 1902, t. iii, p. 2954 s(| : 11. YVcinel. Biblische Théologie des Neuen Testaments. 3’edit.. Tubingue, 1921, p. 2.">7 sq., 531, 558,

1 Argument. Ignoré de Paul et de.Mare, qui suiit antérieurs a Matthieu et a Luc, le récit de la conception virginale ne peut être authentique. Chez Paul et.Marc, il y a même des assertions contraires. Ainsi pour prouver la divinité de.lesus. Paul emploie seulement la preuve tirée de la résurrection, omettant ainsi celle de la conception virginale, utilisée plus tard par Luc,

même. Marc contredit la conception virginale par deux récits : le récit du baptême où, pour lui. commence la filiation divine, et l’incident de la mire et des frères de Jésus, Marc. m. 21,.’il-.’iX. que l’on ne peut concilier avec la conception virginale.

Réponse. - 1. Même si l’on démontrait que les épttrei de saint Paul ne contiennent aucune indication sur la conception virginale, ce serait un argument purement négatif, incapable, par lui-même, de fournir une preuve contre cette croyance. N’oir Dogme, t. iv. col. 1643 sq.

2. Cette démonstration, on ne peut l’établir par des gétiques. Contentons-nous de le montrer pour le texte : MlsitDeus filium suumfaclum ex multcrc. Gal., iv. t. interprété par beaucoup d’exégètes catholiques dans un sen - favorable a la concept ion virginale, déjà connue par le r< : cit évangélique, v Thomas, In Sentent.. I. III. dist. I. expositio textus ; dist. [V, id. ; In Epist.ad Gal., iv.lecL n : s. Bonaventure, In Seul.,

I. III. dist. lll. dub, u. dit l. a ::. o i, Quarac chl, 1887, t m. p. 34, 110 ; i siuis. Commentaria m eptstolas s. l’uuli. Paris. [679, t. i, p. 555 ; » ornelius a I apide. Commentarius m Scripturam sacrant, Paris. 1861, t. x in. p. 550 ; < almet, Commentaire litléralsur les épttres de S. l’util. Paris. 1730, I. n. p. 16 ; Cornelv. Commentarius m Epist. ad Galatas, 2e édit., Paris. 1909, p. 526

Ou a dit que l’idée de conception virginale est exclue

par l’emploi « lu mol mulier. on oublie que multer, 7’jvr. comme l’obsen.ut saint Jérôme, communi ment

suivi par le. exégètes, ne marque point la perle delà

virginité mais usexe : Commentaria m Epist. ml Galatas, I. II. I. I’. /… t. xxvi, col. 372 ; voir aussi

s

ibroise. Ile institutions nn/ims. i. 11. PL

i. xvi, col. 315 ; s. Augustin, Serm., iii, lu. P. L t. xxxviii. col. 358 ; Walafrid Strabon, dans la Glossa, Gal., iv. i. P. /… t..xiv. col. 578 ; M.-J. Lagrange, L’ÉpttreauX G ulules. Paris. 1918, p. IH2.

Comme preuve, on a donne aussi l’expression Z’j’j[iz’joz tx yuvaixéç, en la déclarant synonyme’le YewijTOc, v’jvx’.L’/c qui, dans l’Écriture, désigne plusieurs fois la naissance commune. Rien ne prouve cette

synonymie. Il est vrai, plutôt, qu’une expression aussi spéciale que yev6u, evoç èx yuvaix6< ;, qui ne se rencontre dans aucun autre texte, même de saint Paul. s’expliquerait difficilement, si l’auteur n’avait voulu, au moins d’une manière voilée, indiquer l’absence de toute paternité humaine. E. Mangenot, Les évangiles synoptiques, Paris, 1911, p. 99 ; voir aussi Protest. Realeneyklopâdie, art. Maria, t. xii, p..’il 1. 1. 13 sq.

, ’i. On veut voir, dans saint Paul, une opposition ; ’la conception virginale, parce que, contrairement à Luc., I, ’<. il n’utilise point la conception comme preuve de la divinité de Notre-Seigneur. Le sens que l’on attribue a saint Luc n’est point prouvé. Les paroles ideoque et quoil nascetur ex te sanctum, voeabitur Filius Dei, ne sont pas une utilisation du lait de la conception virginale pour démontrer la divinité de Jésus. Elles al lestent seulement que l’enfant qui naîtra de Marie, par l’intcrvent ion du Saint-Esprit, sera, en vérité’, appelé Fils de Dieu : n’ayant point de Père sur la terre, il est vraiment Fils de Dieu

On n’a, d’ailleurs, aucune raison d’affirmer que la .oneptir.n xir^inile. uissi bi : n que la ri surrci t ion, aurait dû être chol le comme preuve de la divinité de .lesus. Elle n’était point, comme la résurrection de Notre-Seigneur, un miracle d’ordre sensible, annoncé par lui-même comme prouvant sa divinité, Matth.. xii. 10 ; Act.. i, 8 ; utilisé comme preuve par les apôtres, Act.. i. 22 : n., T2, ete ; particulièrement par saint Paul. Rom., 1.1 : 1 Cor., XV, 1 I. Aucune de ces raisons

ne pouvait être invoquée en faveur de la conception virginale.

I. On voit dans le silence de saint Mare une opposition a la conception virginale. Son silence s’explique suffisamment par le fait qu’il commence son récit a la vie publique de Notre-Seigneur, ou à son baptême

place au début de va vie publique, i. 9 sq De la naissance de Notre-Seigneur ou de sa vie antérieure, rien n’étant dit. si ce n’est sa venue de Nazareth, indiquée

au v. ! ». il n’y axait pour l’évangéliste aucum i

sion de parler de la conception virginale,

Bien que Marc n’affirme pas expressément la conception virginale, ne doit-on pas dire qu’il la laisse entendre, en enseignant que Jésus est le Fils de Dieu.’M.-J, Lagrange, Évangile selon saint Marc, 2- édit., Paris. 1920, p. 76 ? N’est-il pas vrai qu’en distinguant, dans la famille nazaréenne, deux groupes : le lils Unique de Marie (pli est aussi le lils de 1)jcu, l. 1.11 : iv, 11 : v. 7 : ix, 7 : xiv, fil - x. 39, et les frères (ou COUSins), i. 3, Marc a eu le dessein de ne pas nuire a la

croyance en la conception virginale, qu’il connaissait ?

E. Mangenot, Les évangiles synoptiques, Paris, 1911, p. 1 12.

5. Lerécil du baptême de Notre-Seigneur, dans saint Marc, est donné comme opposé à la conception virginale, parce que, selon Mare, assure-t-on, la filiation divine date seulement du baptême < ! < Notre-Seigneur. lare ne pouvait donc admettre la concepl ion virginale due seulement au Fils de Dieu.

Quelle autorité a-t-on pour attribuer a l'écrivain sacré une pareille assertion relativement à la divinité de Notre-Seigneur ? Le texte affirme seulement que Notre-Seigneur est alors déclaré Fils de Dieu, sans aucune indication qu’auparavant il ne l'était pas ou ne se considérait pas comme tel.

6. On veut aussi que la conception virginale soit contredite par le récit de Marc, iii, 21. Les parents de Jésus, croyant son esprit exalté, vinrent, un jour, pour se saisir de lui. Parmi ces parents, on veut comprendre Marie, et de là conclure qu’un tel jugement porté par elle sur Notre-Seigneur exclut toute idée de conception virginale.

En admettant, avec la plupart des interprètes, qu’il s’agit dans les deux versets, iii, 21 et iii, 31, des mêmes parents de Jésus, n’est-il pas évident que rien, dans le récit de Marc, n’oblige à admettre que Marie partageait, relativement à son divin Fils, l’opinion défavorable de ceux qui sont appelés ses frères'? Leꝟ. 21 attribue cette opinion seulement à ceux qui, d’une manière générale, sont appelés les siens, oi Trap’aÙTOû. L’ne expression aussi générale ne comprend point nécessairement sa mère. Quant au fait de la présence de Marie, très évident d’après leꝟ. 31, il est suffisamment expliqué par son affection maternelle : sans que rien autorise à l’interpréter dans ce. sens qu’elle partageait l’interprétai ion défavorable mentionnée auy. 21.

2e Argument. — Le recit de la conception virginale est inauthentique parce qu’il ne cadre pas avec les deux généalogies de Notre-Seigneur, telles qu’elles étaient dans la rédaction primitive ou dans les sources utilisées par Matthieu et Luc. Dans cette rédaction ou dans ces sources, il n'était point question de la descendance davidique qui ne fut jamais reconnue par Notre-Seigneur pendant sa vie publique. Il n'était point question non plus de la conception virginale qui n’a pu trouver place dans les documents publics utilisés par Matthieu et Luc, et qui est ainsi d’une époque postérieure.

Réponse. — 1. On ne peut dire que la descendance davidique fût méconnue ou rejetée par Notre-Seigneur pendant sa vie publique. En entrant à Jérusalem, il se laissa proclamer fils de David, Matth., xxi, 9, 15 sq., comme auparavant il avait laissé l’aveugle de Jéricho se servir de la même appellation, Marc, x, 46 sq. Il est vrai que Jésus, argumentant avec les scribes et les pharisiens, leur posait cette interrogation : « Si David appelle le Christ son Seigneur, comment celui-ci est-il son fils'? » Matth., xxii, 43 sq. En cela, le dessein de Notre-Seigneur n'était point de nier qu’il fût le fils de David, mais de montrer que l’on doit croire à sa divinité. Il n’y a donc pas lieu de considérer la descendance davidique comme méconnue par Notre-Seigneur.

2. Le fait que le récit évangélique est favorable à la conception virginale, tandis que les documents publics ont dû ne rien contenir en sa faveur, n’est point une preuve d’inauthenticité. Il suffit d’admettre l’existence de retouches faites par l'écrivain sacré, pour mettre les documents publics en harmonie avec le dogme de la conception virginale qui, ignoré au moment de la naissance de Jésus, était devenu manifeste par l’enseignement donné aux apôtres. Que l’on admette, ou non. l’inspiration divine dirigeant les pensées de l'écrivain sacré, l’existence de telles retouches n’a rien d’invraisemblable.

; Argument. A l’authenticité de Luc. i. 34, 35,

on oppose une antithèse, que l’on dit irréductible, entre la filiation divine exprimée dans ces deux versets et l’idée juive du Fils du Très-Haut, appelé, aux versets précédents, Fils de Dieu en tant que Messie, en tant que roi prédestiné a gouverner, dans la paix et dans la gloire, le peuple élu.

Réponse. En vérité, il n’y a aucune opposition. Tous ces passages expriment la même filiation divine, ((important la consubstant ialité du Fils avec le I Ainsi comprise, la libation divine, bien qu’elle ne soit pas toujours explicitement affirmée dans chacun des textes néo-testamentaires, résulte, avec évidence, de tout leur ensemble. Voir Fils deDieu, t. v, col. 23Il sq.

Loin de contenir l’opposition irréductible qu’on lui reproche, le texte de saint Luc marque une parfaite gradation : à une condition, c’est que l’on admette, comme le texte le fait entendre, la ferme résolution, prise par Marie, de garder une entière et perpétuelle virginité. La manifestation de cette résolution amène la réponse de l’ange, annonçant que cette virginité sera sauvegardée, parce que la conception aura lieu sans intervention humaine. O. Bardenhewer, Maria Verkùndigung, Fribourg-en-B., 1905, p. 13.

A' Argument. — L’inauthenticité de Luc, i, 34, 35, résulte des assertions suivantes : — 1. Les deux particules ÈtteI, v. 34, et Siô, ꝟ. 35, ne peuvent appartenir à la rédaction de Luc. Elles ne se rencontrent dans aucun autre texte de Luc ; ni dans son évangile, si ce n’est pour Stô, vii, 7, si toutefois l’expression y est authentique ; ni dans les Actes. — 2. II y a un parallélisme évident entre le y 31, Ecce concipies in utero et leꝟ. 36 ; parallélisme qui s’oppose à ce qu’il y ait, dans la parole de l’ange, l’interruption violente des yy. 34 et 35. Ces deux versets sont donc une interpolation. — 3. Leꝟ. 35 est une répétition des tf. 31 et 32. Si l’auteur était le même, il se serait comporté très maladroitement. La répétition* n’aurait point été faite pour expliquer la pensée ou pour lui donner plus de force ; l’effet produit serait plutôt disparate. Dans le premier passage, celui qui est promis est appelé un fils de David et le fils du Très-Haut ; expression qui n’a pas besoin d’explication et sur laquelle on ne peut renchérir. Dans le second passage, celui qui est promis est appelé le Fils de Dieu, parce qu’il l’est par sa naissance ; on omet ainsi la filiation de David et l’on n’exprime aucun rapport précis avec ce qui précède. — 4. Pour que la preuve par l’exemple d’Elisabeth, aux yy. 36 et 37, ait un sens véritable, il est nécessaire que, jusque-là, il n’ait point été question d’une naissance par l’opération du Saint-Esprit. Pour Marie, ces paroles sont un gage que la merveille est accomplie, et que Dieu a rendu possible ce qui était physiquement impossible. Si l’annonce de la conception par le Saint-Esprit a déjà été faite, la preuve nouvelle est faible et incapable de convaincre. — 5. Enfin la réplique de Marie, si elle était authentique, conduirait à deux erreurs exégétiques : l'étonnement qu’elle éprouve à l’annonce de son enfantement n’aurait point de motif, puisque d’après le t. 34 elle est fiancée, et l’incrédulité qu’elle manifeste, loin d'être punie, comme celle de Zacharie, serait récompensée.

Réponse. — - 1. Le fait que sttsI et Siô ne sont » employés que cette seule fois par Luc, n’est point une raison pour nier l’authenticité de ces deux passages. Autrement on devrait en rejeter beaucoup d’autres, qui ne sont contestés par personne. Ainsi, selon Bardenhewer, op. cit.. p. 9. on ne rencontre qu’une fois dans le IIIe Évangile, et jamais dans les Actes, les expressions ÈttsiS/j— sp, ettsitx, u.svo’jv. ottote, toÎvov. Il en est de même des particules Sr ;, Siô, xoc6â dans Matthieu, d'è^sî, vaî, onac, dans Marc. d'ëraiTa, y.atTO'.ve. ôxcoç. otcoc. dans Jean. MARIE, VIRGINITÉ : N0UVEA1 I l - I M 1 I

i oui d’empêcher le parallélisme dis deux pas

Kl mieux comprendre la

raison d'être de l’exemple d’Elisabeth au » 36 l e

signe qui est donné a Marie, que ce qui est annoncé

omplira. a « a pleine raison d'être il ; uis la question , < par Marie au * H I

Le t.. !.'> n’est pas une -impie répétition de il ei

Vppelé par la question tic Marie, H est en même temps une eonlirmation et une justification des paroles Et Filius.Kltissmu rocabitur, de 'V2. Quant à la descendance davidique déjà atllrmée au t. J7. il n'était point nécessaire de la répéter de nouveau.

i L’exemple <l G isabeth n’est point une preuve ou un gage ilonne à Marie. H montre qu’en vérité rien n’est impossible a Dieu. Pour cette liii, il n’est point

ssaire que la conception virginale n’ait pas encore

nentionnée. L’exemple est, (tailleurs, très opportun à cause de la parente entre Marie et Elisabeth.

la principale erreur exégétlque est ici du côté de ceux qui sont surpris de la question posée par

e. L’erreur consiste a ne voir en Marie qu’une fiancée ordinaire, tandis que le v. 27 la déclare vierge, et que li' ꝟ. 3-1 manifeste sa ferme resolution de rester On commet aussi une erreur exégétique en comparant la prudente interrogation de Marie avec la réponse si répréhensible de Zacharie.

Irgument. — L’inauthenticité des w. : si et.'{.">

ncore prouvée par le fait bien significatif de l’ignorance que témoigne Marie au sujet de la mission « le Jésus, Luc. il. 18 si|. ; fait inconciliable avec la connaissance de la conception virginale,

inse. Les paroles de Marie rapportées par

saint Luc ne prouvent aucunement que Marie ne connaissant point la mission divine de Jésus Ignorait, par Je fait même, sa conception miraculeuse. Marie manifeste seulement le désir de connaître la raison d’un

qui lui cause une telle surprise, en même temps qu’une si vive douleur. Dans sa réponse. Jésus rappelle

iation divine non pour instruire.Marie, dont il n’y a aucune raison de suspecter la foi. mais pour montrer la pleine légitimité et le motif très élevé de son acte. Il est vrai que Marie, d’après la suite du texte, ne saisit point toute la portée de cette réponse

itreSeigneur. Parla l'évangéliste veut seulement affirmer, chez la mère de Jésus, l’absence d’une complète connaissance de la volonté de Dieu sur la manière dont s’accomplirait la mission de son divin

Fils.

Argument. L’inauthenticité des textes de saint Matthieu et de saint Luc est confirmée par le fait que le domine de la conception virginale est de format ion plus tardive : que cette formation se soit accomplie tous l’Influence directe de la mythologie païenne, ou tous l’influence d’idées juives, transformées ellesmêmes par la pensée -heHéno-chrétienne.

Réponse. - I. On a montré, à l’article Dogme, combien Inadmissible est la théorie moderniste de la formation de tous les dogmes chrétiens par le travail suça générations chrétiennes. Il est d’ailleurs

bien certain que les principes sur lesquels on veut appuyer ces théories, sont des principes non démontrés et non démontrables, qu’une -aine et sage critique ne peut donc accepter. Voir t. iv, col. l’i’t" sq. : 1583 sq. ; ' « I 2. L’influence attril née a la mythologie païenne dans la formation du dogme de la conception virginale clue par le contraste si marqué entre les légendes mythologiques et le dogme chrétien, contraste si évident, qu’il est admis par des critiques comme Loisy et Harnack. Suivant Loisy, l’hypothèse d’un emprunt direct a la mythologie ne paraît pas vraisemblable. Les évangiles synoptiques, t. i. p. 339, voir aussi p. 1 10, Si la mythologie connaissait des déesses-mères,

elles étaient appelées Mêlées seulement dans un sens

très large, i t, p, 196 N’est il pas évident que l’Idée même de la virginité était bien étrangère aux fables

païennes. OÙ, de la part des dieux, il est toujours

question de olupte et très souent de i.ipl et de

violence ? Selon Harnack, la supposition d’L’sener,

que le récit de la conception virginale est un mythe

païen ultérieurement accepté par les chrétiens, contredit toute la formation la plus ancienne de la tradition chrétienne, qui est exempte de mythes païen., Le critique allemand n’excepte que les mythes reçus depuis longtemps par les juiis. comme certains mythes

babyloniens et perses ee que l’on ne peut appliquer

a la conception virginale, Lehrbueh der Dogmen ? geschichte, '.'. édit., 1. 1, p. 96.

D’ailleurs, comment les chrétiens qui professaient une telle opposition au paganisme, lui auraient ils

emprunte un de leurs dogmes ? Comment, surtout. auraient-ils pu réussir a le faire accepter partout, même par les chrétiens venant du judaïsme, si contraires à tout ce qui provenait du paganisme ?

3. Non moins Inadmissible est l’influence attribuée aux idées juives dans la format ion du dogme de la conception virginale : que ces idées aient été laissées à leur propre action, OU qu’elles aient été aidées par le travail des helléno-chrétiens. Laissées à elles seules, dit encore Loisy. les idées juives n’auraient pu donner naissance à la conception virginale. *>n ne démontre pas que l’idée de la conception virginale du Messie, dans le sens strict des mots, ail été antérieure au christianisme. Le texte d’Isaïe. vu. 1. a pu fournir un appui à cette idée : il n’aurait jamais pu la créer. Les foangiles synoptiques, i. i. p. 196, voir aussi, p. 338. l’as plus chez les juifs du r r siècle de l’i re chrétienne que chez ceux des époques antérieures, on ne rencontre aucune al testai ion que le texte d’Isaïe ait jamais été compris dans le sens précis de la conception et de la naissance virginale du Messie Le sens a été rendu manifeste par la réalisation de l'événement, tel que l'Évangile le rapporte : ce n’es ! pas le texte d’Isaïe qui a donne naissance à L’idée. Hardenhewer. op. > : it., p. 23.

Ce que les idées juives n’ont pu accomplir par ellesmêmes, ont-elles pu le faire avec t’aide des idées helléno-chrétiennes provenant de la mythologie païenne'.' M. Loisy prétend le prouver pane que, dit-il, l’idée d’une LU iation divine réelle ayant été ajoutée par les helléno-chrétiens aux données de l’An ien Testament,

rien ne s’opposait désormais a ce que l’idée de conception virginale, suggérée ainsi par la loi heHénochrétienne, s’inspirât de formules empruntées aux juils. notamment d’Isaïe, vu. I. Suivant lui. dans ce sens et avec cette mesure, on peut admettre une influence des mythes païens et concilier la négation de Harnack avec l’affirmation de Gunkel, l’scncr, Cheyne. Les évangiles synoptiques, t. i. p. 339 sq. ; 196. Ainsi l’auteur aboutit a celle contradiction formelle, que la mythologie païenne, impuissante par elle-même a fournir l’idée de la. concept ion virginale, a cependant été, dans sa formation, un facteur décisif, en déterminant le sens de concepts juifs reste-, , jusque la, inopérants.

l. De quelque manière qu’elles soient présenté* i I

soutenues, toutes le, suppositions d( '.oi son ! en opposition avec les laits. Loin d’apparaître comme une doctrine de formation purement humaim. le dogme de la conception virginale est constamment affirmé comme provenant de la révélation chrétienne. Toute la tradition catholique l’atteste, ainsi que noir le verrou-, depuis saint Ignace d’Antloche et salnl

Justin au IIe siècle jusqu'à notre époque.

5. Concluons, qu’en bonne critique aucun des arguments opposés à l’authenticité des deux récits

de saint Matthieu et « le saint Luc n’est valable. L’authenticité reste « loue certaine.

Parmi les auteurs catholiques récents qui défendent l’authenticité 'les deux textes évangéliques, on peut consulter particulièrement : Knabenbaucr, CommenUwtiU in euangelium sec. Malthœum, Paris, 1922, 3e édit., p. il'.) sq. ; Kirchenlexicon, - édit., Fribourg, 1893, article Maria, l.m ; CatholicEncyclopœdia, 'Nev/-York, 1912, t.xv, p. 160 ; I.. de Grandmaison, La conception virginale du Christ, dans les Études, 1907, t. i, p. 503 sq. ; A. Durand, L'évangile de l’enfance, 1908, p. 86 sq. ; E. Mangenot, Les évangiles synoptiques, Paris, 1911, p. 89 sq. ; M.-.J. I* grange, i.<i conception surnaturelle du Christ d’après suint Lue, dans Revue biblique, 1914, p. 60 sq., lsx sq. ; voir aussi du même auteur, même revue, 1895, p. 160 sq. ; 1906, p. 503 sq. ; 1907, p. 146 sq. ; 1909, p. 60 sq., 188 sq. ; S loin manu, Die jungfruuliche Geburt des Herrn, Munster, 1916 ; Jésus der Jungfrauensohn und die altorientalische Mythe, Munster, 1917 ; Steinmetzer, Jésus der Jung frauensohn und die altorientalische Mythe, Munster, 1917 ; Hôpfl, Inlrodiietio specialis in libros Novi Testamenti, Subiaco, 1922, p. 68 ; A. Médebielle, art. Annonciation, dans le Supplément du Dictionnaire de la Bible de L. Pirot, Paris, 1920, t. i, col. 271 sq.

Parmi, les auteurs non catholiques qui défondent cette mémo authenticité nous citerons : Godet, Commentaire sur l'évangile de suint Luc, 2e édit., 1888, t. i, p. 180 sq. ; Ch. (iore, Dissertations on subjects connected with the Incarnation, Londres, 1907 ; Briggs, The virgin birth o/ Our Lord, dans American Journal o) Theology, 1908, t. xxii, p. 189 sq. ; Hastings, Dictionary of the Bible, t. ii, p. 405 sq., 456, 043 sq., 046 sq. ; Protest. Realencyklopâdie, 1900, t. viii, P.575 sq., t. xii, p. 3Il sq. ; The international standard Bible Encyelopivdia, Chicago, 1915, t. v, p. 3053 sq.

2° La conception virginale enseignée par les deux textes de saint Matthieu et de saint Luc. Étudions successivement les deux textes :

1. Texte de saint Matthieu, i, 20 sq. — Joseph ftli David, noli timere accipere Mariam eonjugem tuum ; quod enim in ca natum est de Spiritu Sanclo est. — Pour mettre fin aux douloureuses incertitudes de Joseph et l’engager à recevoir.Marie comme épouse, en la conduisant dans sa propre demeure après l’année des fiançailles, l’ange atteste que ce qui a été engendré en elle est l'œuvre de Saint-Esprit. C’est donc le fruit du sein de Marie puisqu’il a été engendré eu elle ; mais tout s’est accompli par l’action du Saint-Esprit. Par cet éclatant témoignage rendu à la virginale conception de Jésus, l’ange écarte, au nom de Dieu, l’incertitude de Joseph.

Au témoignage du messager divin, l'évangéliste inspiré ajoute sa propre attestation : il déclare que la conception, ainsi produite par l’opération du Saint-Esprit, est l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe : Ecce virgo in utero habebit et pariet fdium et vocabunl nomen ejus Emmanuel quod est interpretatum Nobiscum Deus, Matth., i, 23.

En étudiant la tradition catholique, nous constaterons la même interprétation d’Isa ve dans les Pères des premiers siècles, notamment chez saint Justin, saint Irénée, Tertullien, Origène, saint Éphrem, saint Jérôme, saint Cyrille d’Alexandrie et saint Léon le Grand.

2. Texte de saint Lue, i, 34 sq. — Dixit autan Maria ad angelum : quomodo fiet istud quoniam virum non cognosco' Et respondens angélus dixit ei : SpiritusSanclus superveniet in te et virtus Altissimi obumbrabit tibi. — Marie indique un obstacle qui, de soi, s’oppose à la réalisation du dessein annoncé par l’ange ; obstacle qui, suivant la réponse de l’ange, sera écarté par une intervention spéciale de l’Esprit-Saint couvrant Marie de sa protection. Cet obstacle ne pouvait être le simple fait que Marie était vierge jusqu'à ce moment ; l’obstacle ne pouvait exister que par le ferme et perpétuel engagement de Marie de rester vierge. Marie avait donc fermement résolu de garder une virginité perpétuelle, comme le montre encore la réponse de l’ange,

expliquant la manière doni l'événement s’accomplira sans préjudice pour l’intégrité virginale de Marie. Ainsi ce qui ne peut être accompli de la manière naturelle et commune, s’accomplira par l’action du Saint-Esprit, protégeant Marie pour que sa virginité soit a l’abri <le toute atteinte.

Parmi les interprètes qui ont entendu en ce sens les paroles Quomodo fiel istud quoniam virum non cognosco, nous citerons saint Augustin, De sancta virginilate, iv, /'. L., t. xl, col. 398 ; S. Bernard, Super M issus est, hom. iv, .'i : De ussumptione, serm. r I'. i… t. cLxxxiii, col. 80. 128 ; I lugues de Saint-Victor, De IL Marinvirginitate, c. i, /'. L., t. clxxvi, col. 866 ; Maldonat, Commentaria in quatuor evangelistas, Pont-à -Mousson, 1597, l. n. col. 50 sq. ; Calmet, Commentaire littéral sur stiint Marc et saint Luc, Paris. 1730. p. 280 sq. : Benoît XIV, De festis IL Mariât uirginis, m. 9 sq. ; Knabenbauer, Commentarius in euangelium secundum Lucam, 2e édit., Paris, 1905, p. 72 sq. ; Bardenhewer, Maria Yerkilndigung, Fribourg-en-Brisgau. 1905, p. 125 sq. ; A. Médebielle, ail. Annonciation, dans le Supplément du Dictionnaire de lu Bible, t. i, col. 271 sq., 288 sq.

3. Contre cet enseignement néo-testamentaire de la conception virginale on ne peut objecter le nom de père plusieurs fois donné à Joseph, Luc, ii, 33, 39 ; m, 23 ; Joa., i, 45 : vi, 42 : ni l’expression plurielle parentes ejus, Luc, ii, 27, 41 sq. Ces expressions peuvent s’entendre de la croyance commune des Juifs, encore ignorants du mystère accompli. S. Augustin, Contra Julianum, Y, 47, P. L., t. xliv, col. 811. Dans le même sens on peut entendre aussi que, dans les deux généalogies de Notre-Seigneur, la descendance davidique est établie par saint Joseph. Ces assertions sont d’autant plus vraies que Joseph, en vertu de son mariage avec Marie, avait, nonobstant la conception virginale, quelque droit de paternité comme le montre saint Augustin, De cons. evang., I, i, 2 sq.. P. L., t. xxxiv, col. 1071 : Contra Fauslum, III, 2, P. L.. t. xlii, col. 214. Voir aussi S. Jean Chrysostome, /n Mallhieum, homil. iv, (i, P. G., t. lvii, col. 47. — Et si, d’après l’usage constamment suivi chez les juifs, la paternité légale, telle qu’elle existait en vertu de la loi du lévirât, avait droit à figurer dans les listes généalogiques, voir Dictionnaire de la Bible, t. iii, col. 164, à plus forte raison la paternité plus réelle, bien qu’imparfaite, appartenant à Joseph en vertu de son mariage avec Marie. N’est-ce pas en vertu de cette paternité que, selon l'Évangile, Joseph est chargé par l’ange, au nom de Dieu, de donner à l’enfant le nom de Jésus, Matth., i, 21? C’est encore lui qui a mission de conduire l’enfant et sa mère en Egypte. Matth., ii, 13 sq. C’est lui, qui, en compagnie de Marie, accomplit, à l'égard de Jésus, les prescriptions légales concernant sa présentation au temple. Luc. ii, 22, 27, et les voyages annuels à Jérusalem, Luc, n, 41.

La virginité de Marie dans l’enfantement divin.


Les deux textes de saint Matthieu et de saint Luc autorisent encore à conclure que Marie a été vierge, non seulement dans la conception de son divin Fils, mais aussi dans son enfantement. La demande de Marie concernait tout l’accomplissement du message divin, comprenant à la fois la conception et l’enfantement. Quomodo fiet istud quoniam virum non cognosco'/ La résolution de garder perpétuellement la virginité élait, par elle-même, un obstacle à l’un et à l’autre événement. La réponse de l’ange garantissant l’action protectrice du Saint-Esprit doit donc, pour répondre à l’interrogation de Marie, s’appliquer à l’enfantement aussi bien qu'à la conception.

La pensée de saint Matthieu est également très certaine, par le fait qu’il entend la prophétie d’Isaïe nom M MUE, MAT !

KM il DI [NE : ENSEIGN] Ml NT PATRIST1QUE

ment de la conception, mais aussi de i enfante

virginal, comme nous l’avons constaté.

i 1, 1 perpétuelle virginité de Marie après Ventante , .. i. L’enseignement de -.mu Matthieu

ii Luc conduit encore a cette conclusion que

Marie est toujours restée vierge après l’enfantement

n. Louée par l’Ecriture et pur toute In tradition

olique, et manifestement contenue dan ? le dogme

scrlpturoirc de la maternité divine, la parfaite sainteté

une atteste s.i constante fidélité n ce qu’eUe.in.ni

lier perpétuellement, au témoignage

linl Luc. i. 31. i i irann’iperpétuelle tic Marie nest point contredite par l’expression fratres Domini ou fratres plu. jours lois répétée. Cette question est traitée a l’art. ^sus-Christ, t. vin. col. 1164-1171. la virginité perpétuelle de Marie <>n ne peut opposer l’expression ftlium suum primogenitum, M mh i 25 ; Luc. n. T. Selon les textes lévitiques dépendait la piatique juive, primogemtus, signifiait l’enfant dont la naissance n a .recédée d’aucune autre. C’est en se sens que tout iuprimogenitum quod aperit vulvam, lit Mre offert au Seigneur, en témoignage « le reconnaissance pour la préservation des premiers-nés des Hébreux, quand lurent frappés par Dieu le premier-né Pharaon et les premiers-nés des Egyptiens. Ex., 1-16 ; xxxrv. 19 sq. ; Lev., .xxviii, 26 ; Num., viii, !.. xviii. 15. C’est.nis-i le sens de saint Luc, disant que Jésus devait être présenté au temple secundum . utudinem tegis, … 23-27. Voir particulièrement - Unbroise, In Lucam, 11. 6, P. L., t. xv, col. 1555 ; lérome, De perpétua oirginitaU B. Manu. 10, / / t xxiii. col. 192 sq. ; S. Thomas, Sum. theol., ni (i. wvni. a. 3, ad 4 am ; Dictionnaire de la liible. art. Premier-né ; Revue biblique. 1894, p. 57 ; M.-l. Lagrange, Évangile selon saint Matthieu, Paris.

- P 1T -.

t La virginité perpétuelle de Marie n est point c-.ntredite par l’expression antequam conoenirent, Matth., 1. 18. Elle signifie que les deux fiancés n’avaient encore habité ensemble : la cohabitation avait lieu seulement après la solennité du mariage, qui consistait dans la conduite publique de l'épouse a la maison de ôme, De perpet. virgin., I. P. /- t. xxiii. col. 186. Le double événement de la solennité du mariage et de la cohabitation s’accomplissait seulement a la fin de l’année des fiançailles, qui n'était pis encore révolue. Ledeux événements sont indiqués par les paroles : Et acceptt eonjugem suum. Matth…. 16 ; voir Lagrange, op. cit.. Paris, 1923,

p. 9-11.

>n ne peut non plus objecter la phrase non cognosifbat eam donec peperit filium suum primogenitum, Matth…. 25. Elle signifie seulement que le fait n’avait point eu lieu avant la révélation faite a Joseph. L’absence du fait, pour la période antérieure, nous tait entendre qu'à plus forte raison, âprela divine manifestation du mystère accompli en Marie, il n’eut point lieu. S. brome De perpet. virgin., 1, 7, P. L., t. xxiii, COl. 189. D’ailleurs, comment une telle violation de la ferme résolution émise par Marie. Luc. i. 34, eût-elle pu se produire ? Lagrange, op.

. p. 17.

/II. KB8BI08BMBHT PATSI8TIQI S 00 TBÊOLOaiQDE BCKRSAXT LA MATERNITÉ DIVISÉ 1° période,

.trpuis le » temps apostoliques jusqu’aux conciles d'Éphese haleédoine t 151). Cette période est

iu ii* et au iiie siècle par une affirmation évidente du dogme de la maternité divine, bien que l’expression ne soit pas formellement employi au iv ainsi qu’au commencement du v siècle, par l’emploi habituel de l’expression Mère de Dieu.

i lu /#< et au iiie siècle, l’enseignement tradition nel c-i part Icullèrement dii Igé contre les erreurs attri i. u.ini a Jésus un corps seulement apparent, ou du moins un corps non matériel connue le notre, et qui n’aurait tait que passer par Marie, sans être formé de -a substance. Voir Doci rns, t. i. col. 1486 SI les gnostiques admettaient parfois là naissance de Jésus

M Maria. Ce n'était qu’en parole. Avrc leur dis ! me

lion entre Jésus né de Marie, et le Christ descendu en lesus au moment de son baptême, ils niaient vérl lanternent que le Verbe divin se tût Incarné en Mari.'. voir col. t 186, i 193 sq.

Pour combattre efficacement ces erreurs gnostiques, saint Ignace d’Antioche († 107) affirme en même temps ces deux vérités : Jésus est né £x. Mï, : taç ou iy. IRXpOévOU, et.lesus. ne de Marie, e-l Dieu. Eph., vn, 2 ; xx. 2 : Smgrn., i, t. D’où résulte clairement la maternité divine. Ignace dit même que notre Dieu Jésus Christ, èxuoqi pVj&nowo Maplaç, in utero gestatus est a Mann. Epn., xviii, 2 ; ce qui exprime effective ment la maternité divine. Saint Justin dit aussi que le Fils de Dieu a été enfanté. àreoxuT, 6eCç. Apol., ii, 6, / G., t. vi, col. 153. Ce qui était chez saint Ignace et saini Justin une simple affirmation doctrinale est. Chez saini lrenee. une thèse longuement et fortement défendue. L'évêque de Lyon montre par de nombreux

textes du nouveau Testament, que.lesus ne de la

vierge Marie est, en toute vérité, le Christ ouïe Fils de Dieu, Cont. hxr., III, xvi, 2 sq. ; xviii, 7 ; xi. I sq. /'. G., t. vu. col. 921 sq., 938, 950 sq.. expression équi valente à celle de mère de Dieu. Dans son argumentation, saini lrenee emploie plusieurs termes qui signifient cette vérité. Le Fils de Dieu est appelé existens Verbum Pairis et ftlius hominis, parce que de Marie il a été engendré selon son humanité, et qu’il a été fait fils de l’homme, III, ax, 3 ; xxi. 10, col. 941, 955. De même, l'énergique expression ut porlaret Deum est employée pour signifier la conception du Verbe divin en Marie. V, XIX, 1, col. 1175.

Tertullien dans son Apologétique, écrite en l’an 197, affirme que le Fils de Dieu descendu dans le sein d’une vierge, s’y est fait chair et qu’il est né Dieu-homme, c xxi. P. /… t. i. col. 399. Dans son livre De prssscriptione, écrit vers l’an 200, Tertullien indique parmi les vérités que nous devons croire, que le Fils de Dieu. Jésus-Christ, s’est fait chair dans le sein de la Vierge Marie et qu’il est né d’elle. C. xiu. XXXVI, P. L., t. ii, col. 26, 19. Quelques années plus tard, dans son De patientia, il nous montre le sublime modèle de la patience divine dans le Fils de Dieu qui a consenti à naître d’une femme, nasci se Deus in utero palitur mains, c. m. col. 1252. Cf. De virginibus velandis, i, col. 889. Sa séparation d’avec les catholiques ne

l’empêchera pas d’affirmer cette vérité de la naissance réelle du Sauveur, soit dans l’Ad ». Marcionem, soit dans le De carne Christi. On observera que toutes ces expre.- ions, sont comme celles de saint lrenee, spécialement dirigées contre l’erreur gnostique et que, comme elles, elles expriment, d’une manière équivalente, la maternité divine de Marie.

Selon Origène († 254), Marie a eu dans son sein, ou a porté dans son sein, le Fils de Dieu. In Lucam, nom. vu. vin. /'. G., t. mu. col. 1817, 1821. C’esl en ce sens que Marie est appelée mère du Seigneur, boni. ix. col. 1822. Origène aurait même, au dire de l’historien Socrates, II. E., vii, 32, exposé, dans le premier tome de son commentaire sur l'Épître aux Domains, pourquoi Mari. l( 0eor6xoç. et il aurait traité

longuement cette question. Mais rien, dans ce que nous possédons aujourd’hui des écrits d’Origène, ne corroborre cet le assertion, t’n peu plus tard, le pape

saint Félix l" († 274) dans u : i fragment de la lettre doctrinale a l'évêque d’Alexandrie ou il expose la 235J MARIE, MATERNITÉ DIVINE : ENSEIGNEMENT PATRISTIQ1 E 2352

foi catholique sur l’incarnation, affirme que le Fils éternel < ! < Dieu, le Verbe, Notre-Seigneur Jésus-Christ, est né de la vierge -Marie Ce fragment nous a été conservé par saint Cyrille d’Alexandrie qui l’a cité au concile d'Éphèse, Apologetieus rouira Orientales, P. G., t. i.x.wi, col. 344 ; Epistolee S. Felicis papse, ['. L., t. v, col. 156' ; son authenticité pourtant n’esl pas au-dessus de toute contestation. On peut encore mentionner comme appartenant an iiie siècle, les Lettres aux vierges faussement attribuées au pape saint Clément I". Dans la première lettre, l' auteur affirme <(ue le sein de la très sainte Vierge a porté NotreSeigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Epist., i, 0, dans Funk, Patres apostolici, t. ii, p. 5.

Au n 1 ' et au iiie siècle appartiennent encore les affirmations du symbole tel que nous pouvons le reconstituer d’après les documents actuels. La maternité divine y est implicitement affirmée, soit que l’on admette la formule natus ex Maria virgine, reproduite par Irénéc, Contra hwr., 11t. xvi, 3, 5, P. G., t. vii, col. 922, 924, et Tertullien, De præscript., 36, P. L., t. ii, col. 49, De virg. vel., I, col. 889 ; soit que l’on adopte la formule équivalente natum ex virgine, indiquée par Irénée, Cont. hær., 1, x, 1, P. G., t. vii, col. 549 ; par Origène, Periarch., i, prseꝟ. 4, P. G., t. xi, col. 117. A plus forte raison est-elle incluse dans la forme : natum ex Spiritu Sanclo et Maria virgine, qui a bien des chances d'être primitive. Voir Hahn. Bibliothek der Symbole, 3e édit., p. 22 sq.

Cette étude où nous n’avons signalé que les documents les plus manifestes affirmant de manière impli cite la maternité divine de -Marie aune et au nie siècles, nous permet de conclure que ce dogme était clairement contenu dans les formules souvent répétées à cette époque contre les gnostiques : le Fils de Dieu est réellement né de Marie, il s’est incarné en Marie, il a été porté dans le sein de Marie, il a été enfanté par Marie. Toutes ces formules contenant, comme nous le verrons bientôt d’après saint Athanase, Contra arianos, iii, 33 ; iv, 35, P. G., t. xxvi, col. 393, 524, le principe immédiat du dogme de la maternité divine de Marie, nous donnent la certitude que ce dogme était alors implicitement cru par les fidèles.

Quand à l’expression 6eo-6xoç. nous n’avons selon nos documents actuels, aucune preuve certaine qu’elle était employée au iiie siècle. On pourrait toutefois le supposer avec raison, parce que, dès le commencement du ive siècle, l’expression apparaît dans l’usage courant, sans qu’elle ait besoin d'être expliquée ou justifiée. (On sait que la lettre à Paul de Samosate, attribuée à saint Denys d’Alexandrie († 265) et contenant les expressions Dei genitrix Maria, dans les œuvres inauthentiques de saint Athanase, P. G., t. xxviii, col. 1564, n’est point de saint Denys.)

2. Au IV' et au eommeneement du v siècle, l’expression 6eot6xoç est communément employée, et le principe théologique sur lequel est appuyé le dogme de la maternité divine est clairement indiqué.

Saint Alexandre, évêque d’Alexandrie († 328), dans une lettre à Alexandre de Constantinople, donne à Marie le nom de Osotoxoç, sans fournir de ce titre aucune justification, ce qui suppose déjà un usage établi. Epist., i. 12, P. G., t. xviii, col. 568. La même expression se rencontre aussi chez Eusèbe de Césarée († 340), De vita Constantini. xlii, P. G., t. xx, col. 1104. — Même langage chez saint Athanase († 373), Contra arianos, orat. iii, 14, 29, 33, P. G., t. xxvi, col. 349, 385, 393. Il indique, en même temps, le principe théologique qui légitime l’emploi de cette expression. Puisque les actions propres au corps doivent être attribuées au Verbe, col. 393, 524, et que le corps du Verbe a été fait sx tîjç Osotôxou Maptaç, col. 393, il est donc vrai que le Verbe est né de Marie.

Ce que l'évoque d’Alexandrie résume dans cette formule : Kp'.orôç o5v ô èx Maptaç Osoç Sv8pto7roç.

Orat.. iv. 3."), col. 524.

Saint Hilaire († 366), en parlant de Marie, emploie les dénominations Mater Domini secundum carnem,

lu ps. 'XXXI, 8, P. 7… t. ix, col. 733, et Mater J Comment, in t lulth., i, 3, col. 922. Il explique quel a élé. pour Marie, ce rôle de mère : Quw ofjicio usa mâferno, sexus sui naturam m eonceptu et paria hominis exsecuta est. De Trin., x, 17, t. x, col. 356. Expressions qui signifient, au moins implicitement, la maternité divine, puisque saint Hilaire enseigne que.JésusChrist est à la fois fils de Dieu et fils de l’homme. De Trin.. x, 16, 19, 22, 23, col. 355. 357, 359, 361, et que Jésus-Christ fils de Dieu est né de Marie, ex virginali ventre manens antea Dcus nascitur. In ps. CXZVI, lti. t. îx, col. 700.

Saint Cyrille de Jérusalem, († 386) se sert de l’appellation LTapOïvoç /) Gsotôxoç. Cat.. x, 19, P. G. A. xxxiii, col. 685, et dit que c’est le Fils de Dieu lui-même qui est né de la vierge Marie. Cat., xii, 4, col. 720. Saint Épiphane († 403), dans son Ancoratus. écrit en 374, se sert de l’expression 6e3t6xcç, justifiée, dans le même passage, par la doctrine qui y est exposée sur l’union de la personne du Verbe avec la nature humaine, c. lxxv, P. G., t. xlhi, col. 157 sq. — Il en est de même chez Didyme d’Alexandrie († 395) dans son ouvrage De Trinitate, probablement écrit après le premier concile de Constantinople. i. 31 ; ii, 4 ; m. 4. P. G., t. xxxix, col. 422, 481, 484.

Il est, d’ailleurs, bien avéré qu'à cette époque l’expression 6sot6xoç était universellement en usage chez les catholiques, puisque, selon le récit de saint Cyrille d’Alexandrie, Julien l’apostat leur en faisait un reproche. Contra Julian., viii, P. G., t. lxxvi, col. 901. On doit noter, à cette même époque, l’addition insérée dans le symbole dit de Constantinople. voir t. iii, col. 1229 sq., concernant le Fils de Dieu, consubstantiel au Père, aapxcoôévTa èx Ilv£j(iy.To ; âyiou xai Maptaç. L’incarnation éx Mapîaç ainsi attribuée au Verbe divin exprimait équivalemment la maternité divine de.Marie. — Saint Grégoire de Xazianze († 390), dans une lettre contre Apollinaire, adressée en 382 au prêtre 'Clédonius, prononce anathème contre qui ne croit pas à Marie mère de Dieu, Epist., ci, P. G., t. xx.xvii. col. 177. Il montre d’ailleurs que la génération de la nature humaine de Jésus doit être attribuée au Verbe. Admettre en Jésus deux fils, l’un de Dieu le Père et l’autre de Marie, est digne d’anathème, col. 180.

Saint Zenon de Vérone († 390). affirmant que le Fils de Dieu, en gardant intacte sa nature divine, reçoit de -Marie, par l’opération du Saint-Esprit, un corps humain, donne, en conséquence, à Marie le nom de mère et à Jésus le nom de fils. Tractatus. t. II, viii, 2, P. L., t. xi, col. 413. N’est-ce point équivalemment l’appellation de Mère de Dieu ? — Saint Jérôme († 421) donne à Marie le titre de mère du Fils de Dieu, De perpétua virginilate B. Mariæ, 2. P. L.. t. xxiii, col. 185 A. — On rencontre chez saint Ambroise les expressions mater Domini. mater Domini Jesu, Exhorl. virgin., v, 33, P. L., t. xvi, col. 345 : mater Christi secundum carnem, Expos, evang. sec. Lucam. IL 26. t. xv, col. 1562. Cette dernière dénomination est expliquée dans le même passage par ces paroles expressive^ : Mater Domini, Yerbo jwta, Deo plena est, col. 1562. D’ailleurs l’appellation mater Dei est employée plusieurs fois. De virginibus, II, 1, 10, 13, t. xvi. col. 209 sq. — Saint Augustin († 430). sans employer l’appellation mère de Dieu, se sert de formules équivalentes. Dans une même phrase où la divinité de Jésus est formellement affirmée, Marie estappelée sa mère, Serm., excv, 2. /'. L.. t. xxxviii, col. 1018. A plusieurs reprises, elle est appelée mère du Créateur, Serm., clxxxvi. M Util.. MATERNITÉ Hl 1M

I NSI IGN1 Ml r PATRISTIQl I

xxxvii, i. col. 999, 1003 ; mère du Fila tout-puis tant, Serai., cLXXxviii, t. col. 1004 ; mère du Qla du

H. s ni., m. 18, col. 343. D’ailleurs, en expll quant comment Jésus est né du Saint-Esprit et de la vierge Mari Vugustin dit expressément que la nature humaine a été unie au Verbe dans le sein de la Vierge, Utmanière à être avec lui une seule personne. De Triailate. I. XV, 46, t. xui, col. 1093 sq. ; Serai., cxxxxix, 2 ;

3 ; i xxx viii, col. 1005, 1013. Ailleurs, comparant

l.i conception de Jean-Baptiste avec celle de Jésus, il

dit qu’Elisabeth a conçu solum aoaiiæm et Mario

et hoaiiæai. Serai., cclxxxix, 2, t. xxxviii,

ce point une affirmation évidente de la

maternité divine de Marie ?

Ptndaat la controverse nestorieane et au coacile

tese (431 1. - a) On connaît les fausses assertions

tiéodore de Mopsueste († 428) sur la maternité divine de Marie. Quand on nous demande, disait-il,

rie est à'.Opo-oT' y. ; ou Œorôxoç, nous devons répondre qu’elle est l’un et l’autre ; ivOpoTcoréxoç.selon la nature, puisque c'était un homme qui était dans le sein île Marie et qui en est sorti : Osorox.o ;. puisque dans l’homme que Marie a engendré, Dieu était, non circonscrit selon sa nature, mais présent xarà rr, v tr/icsvi Ion la disposition ou l’affection de sa volonté. Fragmenta dogmatica, P. G., t. i.wi, col. 992.

-t folie, ajoute-t-il, de dire que le Verbe consubstantiel au l'ère est ne de la vierge Marie. Celui qui est ne de la Vierge est celui qui acte formé de sa substance, non le Verbe qui est Dieu : celui qui est consubstantiel au Père n’a point de mère, i Fragmenta ex libris contra Apollinarem, col. 993 sq. Cf. M. Jugie, Xestorius et la controverse nestorienne, Paris, 1912. p. 28 sq.

f>i Nestorius, au témoignage de la tradition catholique, niait aussi la maternité divine de Marie. Sa

ion procédait d’une fausse notion de l’incarnation qui. selon lui, consiste dans une union simplement morale entre la personne du Verbe et la nature humaine, gardant son rcpoounov naturel, sans lequel elle ne pourrait être vraie et complète. Puisqu’il y a ainsi réellement deux personnes en Jésus-Christ et que ce qui convient uniquement à la personne humaine, comme la naissance humaine, ne peut être attribué à la personne divine, Marie ne peut donc être appelée simplement Œotoxo ; sans autre epithète. il vaut mieux l’appeler XpioroTOXoç. Voir 1 i in si (< ;, , ncile d'), t. v, col. 137 sq. ; M. Jugie. op. cit., p. 30 sq. — Cependant, Nestorius a appelé parfois la vierge Marie ÔeoTÔxoç. On savait déjà par tique qu’il criait à la calomnie lorsqu’on prétendait qu’il n’avait jamais employé ce même, i Constantinople. Scolastique devait

souvenir et Nestorius s'étonnait qu’il admît

ilomnies répandues contre lui. Loofs, Nestoriaaa, Halle. 1905, p. 159. L’expression la Vierge ŒoTûxoç, rouve au commencement de la seconde homélie de Nestorius sur les tentations de Notre-Selgneur, que Marins Marcatora connues, dont F. Nau a retrouvé lé texte grec dans le manuscrit grec de Paris. n° 797, loi. 39-48, et qu’il a publiées. Le livre d’Hiraclide de Damas. Paris. I’jIO, p. 335, 345. Nestorius aurait oncilié à Constantinople les factions populaires, qui appelaient manichéens ceux qui donnaient le nom de Mère de Dieu a la bienheureuse Marie et photiniens ceux qui l’appelaient mère de l’homme, en leur disant : < Si de manière indivisible, suppression ni négation de la divinité et de l’humanité, on accepte ce qui est dit par (les deux partis ;, on ne pèche pas ; sinon servons-nous de ce qui est le plus sûr « . c’est-à-dire du nom de mère du Christ pour dire qu’elle est la mère du Fils de Dieu fait homme « dans l’union et sans division *. Le livre d’Héraclide, p. 91, 92. Il admettait donc l’expre

OICT. DE THI.OL. CATHOL.

sion Bcotoxoç pourvu qu’on l’entendit en ce sens que Marie était mère de l’homme-DIeu ; il excluait le sens île mère de la Divinité, et, pour plus de sûreté, il préférait la dénomination de xpierroTOxoç, Voir sut

ce point l’ai t. Ni BTORIUS.

l ontre l’hérésie « le Nestorius le principal défenseur de la maternité divine fut saint Cyrille d’Alexandrie († Il l). i > rllle montra que la maternité divine est contenue

dans cette vérité bien certaine, que Jésus-Christ est Pieu, et qu’il n’y a en lui qu’une seule personne, la personne divine. Eplst., iv, xvii. /'. (, '., t. i.xxvii,

col, 43, L09 sq. ; Advenus aolentes conflteri sanetam Vlrginem esse Detparam, 3, t. lxxvi, col, 2.'>7 sq. ; Apotogelicus pro XII caplitbus, anath. l. col. 320 sq.

Marie axant engendré corporcllement Dieu uni à un corps, doit être appelée 8cot6xoç. Epist, , xvii, t. i. xxvii, col. 117 ; Epist., i. u. iv, col. 13, lti sq., 2 1. 25, 32, là, 18 sq. ; Adversus aoleates inn/iieri, etc., I. 9, 13, 2 :  !. 2'. ». t. î.x.wi, col. 260, 265 sq., 272, 277, 284, 289. Suivant les divines Écritures, ce qui est propre à la nature humaine doit être, en Jésus-Christ, attribué à la personne divine, col. 260. Celle qui a enfanté Notre-Seigncur est donc véritablement Œotôxoç, col. 28-1. En ce sens. l'Écriture rend un témoignage évident à la maternité divine, col 28I sq., particulièrement Luc, ii, 11 ; i, 43 ; Gal., IV, -4.

Cyrille prouve également la maternité divine par le témoignage de la tradition catholique, tant dans les siècles passes qu'à l'époque ou il parlait. Pour son époque, l'évêque d’Alexandrie affirme que tous, dans tout l’univers, à l’exception de Nestorius, tiennent Marie pour Mère de Dieu. Epist., xi, Ad Celestinum papam. t. lxxvii, col. 83. Quant à l'époque antérieure, Cyrille cite particulièrement saint Aihanase, lîpist., i, t. i.xxvii, col. 13 sq. : Apolog. pro XII cap., anath. 1, t. lxxvi, col. Wl sq., et fait appel à l’autorité de tous les Pères des siècles passés, Basile, Grégoire et beaucoup d’autres saints évêques. « Aucun orthodoxe, ajoute-t-il, n’a hésité à appeler Marie 0eox6xo< ;, puisque l’Emmanuel est vraiment Dieu. » Epist., xiv, t. i.xxvii, col. 97, Apolog. pro XII cap., anath. 1, t. lxxvi, col. 320.

d) Au concile d' Éphèse (131). — Nous nous bornerons a mentionner ici ce qui, dans les actes du concile d'Éphèse précédemment étudiés, t. v, col. 142 sq., concerne part Icullèrement le dogme de la maternité divine.

La deuxième lettre de saint Cyrille à Nestorius, Epist., iv, t. lxxvii, col. Il sq., fut pleinement approuvée par le concile. Voir Éphèse (Concile d'), t. v, col. 142 ; Cyiulll d’Allxandrie (saint), t. iii, col. 2198 ; Mansi, Concil., t. iv, col. 1139 sq. — A cause de cette approbation spéciale, cette lettre exprime réellement renseignement catholique. La maternité divine y étant affirmée à cause de l’unité de personne en Jésus-Christ, né de la vierge Marie selon l’enseignement révélé, est donc elle-même une vérité révélée. — La condamnation portée par le concile d' Éphèse contre Nestorius fut, en elle-même, purement disciplinaire : le patriarche fut prive de la dignité épiscopale et de la communion sacerdotale. Mais les considérants dogmatiques justifiant la condamnation montraient de toute évidence que la doctrine de Nestorius était jugée impie. Voir Éphèse (Concile d'), t. v, col. 148 ; Mansi, t. iv, col. 1211. On devait donc rejeter, comme une Impiété, son audacieuse assertion. C’est en ce sens que la décision du concile fut unanimement et constamment comprise dans l'Église catholique.

1. La lettre dogmatique du pape saint Lion ! i 1 1' » ) et le concile de Chalcédoine (451). — a) Au début de sa fameuse lettre dogmatique, le pape saint Léon, Epist., xxviii, 2, I'. L., t. ux, col. 751, affirme trois

IX. — 75

vérités, d’où découle avec évidence la maternité divine de Marie et qui détruisent toutes les machinations des hérétiques : la croyance en Dieu le Père tout-puissant, et en Jésus-Christ son Fils unique qui est né du Saint-Esprit et de la vierge.Marie. Un peu plus loin, col. 71>7, l’expression Mater Domini, d’après le contexte immédiat, est employée en ce sens que Marie est mère de Notre-Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme.

b) Le formulaire dogmatique du concile de Chalcédoine (451) déclarant les croyances de l'Église catholique sur le mystère de l’incarnation, renferme cette affirmation très explicite de la maternité divine de Marie : « Nous enseignons tous à l’unanimité un seul et même Fils Notre-Seigneur Jésus-Christ, engendré du Père avant tous les siècles quant à sa divinité ; et, quant à son humanité, né pour nous dans ces derniers temps èx Mapîaç ir 4 ç, 71ap6svoo ttjç Osotoxou. » Voir Chalcédoine (Concile de), t. ii, col. 2195. On a d’ailleurs montré précédemment, voir Chalcédoine (Concile de), t. ii, col. 2205 sq. ; Eutychès, t. v, col. 1594 sq., que les assertions d’Eutychès, portaient véritablement atteinte à la maternité divine de Marie. Le concile avait donc le devoir de défendre cette glorieuse prérogative.

2e période. Enseignement concernant les principales conclusions théologiques déduites du dogme de la maternité divine, depuis le Ve siècle jusqu'à l'époque actuelle. — Pendant toute cette période, il n’y eut aucun développement du dogme de la maternité divine qui avait atteint, à l'époque des conciles d'Éphèse et de Chalcédoine, tout le perfectionnement dont il était susceptible.

On ne fit que reproduire la doctrine du iv « et du ve siècle, en l’adoptant à la méthode scolastique comme le fit S. Thomas, Sum. theol., IIP », q. xxxv, a. 4, ou en l’entourant de toutes les preuves scripturaires ou patristiques fournies par la théologie positive, comme l’ont fait beaucoup de controversistes catholiques, depuis le xvie siècle. Mais il y eut un progrès dans le développement des conclusions déduites du dogme de la maternité divine. C’est ce progrès que nous esquisserons, en notant, du moins pour les conclusions les plus importantes, les lignes principales du mouvement théologique.

1. L'éminente dignité de la maternité divine et les conquences immédiates qui en découlent. — Du ve à la fin du xr siècle, l'éminente dignité de la maternité divine est contenue dans des affirmations générales qui, selon la pensée de leurs auteurs, visent non seulement les perfections de Marie, mais sa dignité elle-même. Parmi ces affirmations, nous citerons principalement les suivantes : Marie surpasse toutes les créatures, même les anges ; Marie n’est inférieure qu'à Dieu ; rien dans les créatures ne peut être comparé à Marie ; le Créateur seul la surpasse. S. Proclus (j 436), Oral., v, Laudes in S. Virg. Deiparam, 2, P. G., t. lxv, col. 717 sq. ; Pseudo-Épiphane, probablement du vii e ou du IXe siècle, Homil., v, In laudes S. Mariée Deiparæ, t. xmi, col. 492 ; S. Germain de Constantinople († 740), Epist., il, Ad Joan. Synadensem, t. xcvni, col. 160 ; Georges de Nicomédie († 879), Homil., vi, In SS. Deiparse ingressum, t. c, col. 1437 ; Pierre d’Argos († 890), Orat. de conceptione S. Annæ, 14, t. civ, col. 1364 ; Pseudo-Pierre Damien, Serm., xliv, In nativilate B. V. M., P. L., t. cxliv, col. 738. On remarquera particulièrement l’expression de saint Jean Damascène († 750), affirmant qu’il y a une différence incommensurable ou infinie entre la mère de Dieu et ses serviteurs, àXAà ye tô Siàcpopov <3cTtetpov80û Xcov GeoO xal u.7)Tpôç, De dormitione Deiparx V. Mariai, Orat. i, 10, P. G., t. xevi, col. 716.

A la fin du xie et au commencement du xiie siècle,

saint Anselme († 1109), fil mieux ressortir la transcendante supériorité de la Mère de Dieu en montrant son intime union : avec Dieu le Père, puisque le même Fils est commun a Dieu le l'ère et à la vierge Marie : avec Dieu le Fils, pui, qu’elle est sa mère ; avec Dieu le Saint-Esprit, par l’opération duquel elle a conçu et enfanté le Sauveur. C’est u cause de cette incomparable dignité de la maternité divine que saint Anselme émet cette assertion qui contenait en germe le privilège de l’immaculée conception et tous les autres privilèges de Marie, et qui fut souvent utilisée par les théologiens des siècles suivants : Drcens erat ut ea puritate qua major sub Deo nequit intelligi, Virgo Ma niterel. De conceptu virginali, xviii. P. L., t. clviii, col. 451. Ces affirmations d’Anselme conduisirent son disciple Eadmer († 1124) à une formule plus précise relativement à l'éminente dignité de la maternité divine, surpassant omnem altitudinem quæ post Deum dici vel cogitari potest. De excellentia beatae Mariæ, ii, P. L., t. eux, col. 559. Dans la suite les théologiens reproduisirent et commentèrent fréquemment l’affirmation de saint Anselme sur l’union intime de Marie avec les trois personnes de la sainte Trinité. La relation intime de Marie avec Dieu le Père fut rendue plus manifeste par cette assertion de saint Thomas qu’il y a en Jésus-Christ une seule filiation appartenant à la personne éternelle du Verbe, mais avec deux relations, une relation réelle entre Dieu le Père et le Verbe, et une relation de raison entre Marie et le Verbe, Sum. theol., Ill a, q. xxxv, a. 5 ; opinion dès lors communément suivie par les théologiens.

En expliquant la relation intime que la maternité divine établit entre Marie et le Verbe incarné, on s’attacha surtout à montrer que la dignité ainsi conférée à Marie est une dignité, en quelque sorte, infinie, surpassant de beaucoup toutes les dignités créées. C’est l’enseignement formel de saint Thomas. Parce qu’elle est mère de Dieu, la bienheureuse Vierge a une dignité infinie, habet dignitatem infinilam ex bono inftnito. Sous ce rapport, il ne peut rien y avoir de meilleur, comme rien ne peut être meilleur que Dieu. Sum. theol., I a, q. xxv, a. 6, ad 4um. Cette dignité n’est donc pas infinie sous tout rapport, puisqu’elle est possédée par une créature. Elle est infinie, parce que le terme de la conception est la personne même du Verbe hypostatiquement unie à la nature humaine formée dans le sein de Marie, III a, q. xxxv, a. 4 ; et qu’en Jésus il n’y a qu’une seule filiation, a. 5. L’enseignement de saint Thomas est communément suivi dans les siècles suivants. Comme lui et dans le même sens, au xve siècle, Denys le Chartreux († 1471), De præconio et dignitate Mariæ, t. I, a. 8, Opéra, Tournai, 1908, t. xxxv, p. 484, au xvi 8 siècle, Barthélémy de Médina († 1581), Exposilio in III* m D. Thomæ, q. xxxv, a. 4, Venise, 1590, p. 422, enseignent que la maternité divine est une dignité en quelque sorte infinie. — Comme saint Thomas, l’on affirme aussi que la dignité de la maternité divine surpasse toutes les dignités créées : Raymond Lulle († 1315), De laudibus B. V. Mariæ, xi, Paris, 1499, fol. 21 ; Gerson († 1429), Sermo in die circumeisionis, Opéra, Anvers, 1706, t. ii, col. 55 ; S. Bernardin de Sienne († 1444), Sermones pro festivitalibùs sanctorum et immaculatæ V. Mariæ, serm. viii, a. 3, c. i, Opéra omnia, Paris, 1635, t. iv, p. 131.

Cependant, à la fin du xv siècle, Gabriel Biel voulant prouver que Marie a pu mériter d’un mérite strict de condigno la maternité divine, s’appuya, entre autres arguments, sur cette affirmation que la gloire du ciel est un bien plus grand, ou n’est certainement pas un bien moindre que la maternité corporelle de Marie. Affirmation prouvée, selon lui, par les paroles de Notre-Seigneur, Matth., xii, 48 sq., MARIE. MATERNITÉ DIVINE : CONCLUSIONS rHÉOLOGIQUES

préférant a la maternité corporelle de Mario la maternité spirituelle contractée avec Dieu par une entière conformité a sa volonté. In UP im Sent., dlst. IV, a. 3,

dul>. iii, p. '-. Brescia, 157-1, p. 67 sq. Un peu plus tartl Vasq >l), en réfutant l’assertion de Biel,

iuic uniquement sur cet argument, qu’un mérite strict itiMario, is à is de la maternité divine, ne pouvait exister, parce que la grâce et les actes raéride Mario n'étaient point ordonnés par Dieu à une telle récompense, non erant condigne ordinata et relata <id illud genus pra-mii. Sans cet obstacle Mario aurait donc pu mériter la maternité divine. On ne peut d’ailleurs, pour cette maternité, raisonner comme on le fait pour l’incarnation, évidemment supérieure

il mérite, l : i ///<"" S. Thomee, disp. XXIII, c. n. I, t. i, p. 178.

irez tenta de tout concilier par une distinction. i compare, dit-il, les deux dignités de la maternité divine et « .le la filial ion divine adoptive de manière

parer entièrement l’une de l’autre, la filiation divine adoptive doit être préférée, comme le démontrent les arguments apportés en faveur de cette opinion. Si donc la maternité divine devait exister sans la grâce et sans la filiation divine adoptive, la filiation divine serait bien préférable. Mais si l’on considère la maternité divine comme comprenant tout ce qui lui est dû selon le plan providentiel actuel, elle l’emporte

inement sur la filiation adoptive. comme le montrent les arguments apportés en faveur de la transcendante supériorité de la maternité divine. In /// lUn.S. Thomir, t. n. disp. I, sect. ii, n. 6 sq.

La distinction de Suarez fut adoptée par plusieurs théologiens, parmi lesquels Novato ( + 10-18), De eminentia Deiparte Yirginis Marin-, t. i, c. vin. q. ix, 2e édit., Rome. 1637, t. i. p. 209 et Christophe de Thrologia mariana, Naples, 186(>, t. ii, p. 318 sq. Plusieurs même suivirent entièrement l’opinion de Biel comme les Salniantieenses, Cursus theologicus, tr. XIII, disp. II, 27 ; tr. XIV, disp. IV. 117 sq. La plupart, s’appuyant sur ce principe, que la maternité divine appartient véritablement à l’ordre hypostatique, et que tout ce qui appartient à l’ordre hypostatique surpasse incomparablement les dons de la grâce quels qu’ils soient, continuèrent à admettre au xviie siècle et dans les siècles suivants, que la maternité divine même considérée seule, même séparée de la grâce sanctifiante si, par impossible, cela pouvait se réaliser, surpasse, du moins comme dignité, la filiation divine adoptive.

Sylvestre de Saavedra (+ 1655), Sacra Deipara scu de eminentissima dignitate Dei gémirais tinmaculalissiaue, vestlgat. I, disp. XXIV, sert, i, n. 1086, Lyon, Hi.">3, p. 203 sq. ; Jean Martinez de Ripalda, De ente supernaturali disputationes theologicir, I. IV, disp. I XXIX, sert, vii, Paris, . t ii, p. 67 sq. ; Georges de Rhodes (+ 1661), Ditputationés thenlogiæ scholasticer, tr. VIII, DeDeipara viruinr Maria, q. ii, st-ct. in. p. ii, Lyon, 1661, t. ii, p. 204 ; Contenson

ki mnilis ri rc, rdis, I. X, (liss. VI, r. ii, 11,

I.yon. 1° >.S7. t. ii, p, lsô ; Sedlmayr ( + 1772), Scholastica mariana, pat. II. q. ix, a. 6, dans Bourrasse, Summa aurea de laudibus II. V. Mari.e. édit. Mlgne, Paris, 1866, t. vii, col. 1305 s.|. ; Morgott, l.n doctrine sur In vierge Marie ou htarioiogte de saint Thomas, traduction Rourquart, ('.ris. l^si. p. 72. 82 ;  !.. Janssens, MarialogiarSolerioloaia, Fribourg-en-R., p. 168 sq. ; Lépicier, Trælatus de B. Y. M. maire Dei, : v -dit., Paris, 1913, p. 64 sq. ; Terrien, La mire de I)tu 1 1 la mère des hommes d’après 1rs Père* il la théologie, Paris, 1900, t. i, p. 2°)i sq. ; Campana, Maria <jma canalico, Turin, 1909, p. 69 sq. ; Christian Pesch, naliac, 3 1 édit., 1 ril>ourn-( n-R., 1909, t. iv, p. 316 sq. ; Buccerool, Commentarii dr II. V, Maria, 2e édit., Rome, 1885, p. 7° ;

2. La maternité divine considérée comme roui ne de Dieu gratuitement et tans aucun mérite de la part de Marie. n < si l’on considère la maternité divine

comme voulue par I >ieu dans la prédest Inat Ion dh Ine in ordine intentionis, Vasquex a été le premier a affli mer que Marie fut prédestinée a la maternité divine

à cause de ses me ri les prévus. C'était une conséquent de sa doctrine sur la prédestination posl prttvlsa me rita. En même temps, il n’hésitait point à admettre

la prédestination de Marie ad taillant gloriam Commi corollaire de la prédestination à la maternité divine, pourvu que celle-ci eût été faite post pnerisa mérita.

Di ///""'.s'. Thomtc, disp. XXII, i. Maigre l’adhé slon de Théophile Raynaud, du moins pour quelque mérite </c congrue, Diptycha mariana. part. II. p. 1. 10 sq.. Opéra, Lyon, 1665, t. vu. p. 130, l’opinion de Vasques fui communément rejetée à cette époque el dans les siècles suivants. Suarez, In III'"" S. Thomm, t. i.dlsp. X. sect. mu ; Sedlmayr, op. cit.. t. viii, col. 13 ; 1 épicier, op. cit.. p. 1(> sq. ; P. 1 lupin, Trælatus de B, Vtrgine Deipara, q.i, a. 1, Tractatusdogmatiei, Paris, 1920, t. iii, p. 413.

b) Si l’on considère l’exécution temporelle du plan divin, urdn execiitioius, le principe qui a dirigé la

plupart îles théologiens est celui que posa saint Thomas : Marie n’eut aucun mérite strict relativement à la maternité divine considérée en elle-même. Elle mérita seulement le degré eniinent de pureté et de sainteté qui lui convenait comme Mère de Dieu : illum puritalis et sunctitatis gradum ut congrue posset esse mater Dei. Sum. theoL, III », q. ii, a. 11, ad.H" 1 ". II. Virgo non meruit incarnationcm, sed præsupposita incarnulione meru.it quod per eam fieret, non quidem merito condigni sed merito congrui, in quantum decebat quod mater Dei esset purissima et per/ectissima virgo. In //7 ain Sent., dist. IV, q. iii, a. 1, ad Gum. Le docteur angélique n’admet donc point le mérite strict de Marie pour toute la sainteté qui la rendait digne de la maternité divine, mais seulement ad illum puritalis et sunctitatis gradum ut congrue posset esse Mater Dei. 'foules les grâces dont Marie fut ornée dès le principe lui furent données par Dieu sans aucun mérite antécédent. Avec ces grâces, Marie acquit ensuite tous ses mérites surnaturels ; elle acquit particulièrement le degré éminent de pureté et de sainteté qui convenait à la maternité divine.

Avec quelques différences dans la terminologie, nous constatons, chez saint Bonaventure, la même doctrine. Tout mérite strict est exclu relativement à la maternité divine pour deux raisons : parce que la conception du Fils de Dieu surpasse tout mérite et que cette même conception, étant le fondement de tout le mérite de Marie, ne pouvait être, en même temps, l’objet de ce mérite. Un simple mérite de convenance est admis : quoniam pnv sua nimia piiiitute et humilitate et benignitate idonca crut ut efficeretur lici mater. Quant au meritum digni (distinct du meritum condigni), que saint Bonaventure attribue à Marie après l’annonciation, quand elle eut donné son consentement et qu’elle eut reçu les grâces abondantes du Saint-Esprit, il n’est en réalité qu’un mérite plus éminent de convenance, puisque tout mérite strict est formellement exclu. Cette distinction n’a pas été rat iliee par les théologiens des siècles suivants. In II / uni, dist. IV, a. 2. q. n. Opéra omnia, Quaracchi, 1887. t. iii, p. 107.

Avec Gabriel Biel († 1495) commence l’opposition à la doctrine comnuine.ll admet, en Marie, relativement à la maternité divine, un mérite strict dont il donne <U-u raisons : les allions méritoires de Marie, après sa première sanctification, ont été agréées par Dieu a cette fin : d’ailleurs la maternité corporelle

étant inférieure a la béatitude éternelle certainement

méritée par Marie, comment n’aurait-elle pas, elle

aussi, été méritée de condigno ? In 1 1 /""' Sent., dist. iv, a. 3, dub. ni, p. 2, Brescla, 1574. — Vasquez rejeta

la conclusion de Biel uniquement parce que l’ordinalion divine, pour un tel mérite de condigno, faisait défaut. In Illam S. Thornæ, t. i, disp. XXIII, c. i.

— Pour la même raison, Suarez conclut qu’en fait .Marie n’a point mérité de condigno la maternité divine. Mais il ne lui paraissait point impossible que ce mérite existftt en Marie. Iiien que ses actions ne fussent point dirigées vers l’obtention de cette faveur, comme elles étaient dirigées vers la récompense éternelle, elles pouvaient cependant avoir une suffisante proportion avec cette dignité de la maternité divine, qui n’est point elle-même infinie comme l’union hypostatique, et qui, au jugement de plusieurs, est inférieure a la filiation divine adoptive : imo aliquibus vidctur minoris sestimationis moralis quam filialio adoptiva. In III*"* S. Thomæ, t. i, disp. X, sect. vii, n. 6 sq. — Les théologiens de Salamanque se rangèrent à l’opinion commune pour la question de fait, en admettant que Marie n’a point mérité de condigno la maternité divine, bien que l’opinion adverse, défendue par des hommes doctes, ne puisse être réputée improbable. Pouf la question de possibilité, ils donnent finalement la préférence à l’opinion de Suarez. Cursus theologicus, tr. XXI, disp. VII, dub. iii, n. 72 sq.

Malgré ces divergences, beaucoup de théologiens, depuis le milieu du xviii 8 siècle jusqu’à notre époque, continuèrent à enseigner qu’en fait Marie n’a point mérité de condigno la maternité divine et que, d’aucune manière, elle ne pouvait acquérir ce mérite. Ils en donnent cette raison fondamentale que la maternité divine, appartenant à l’ordre hypostatique, surpasse tout mérite surnaturel provenant d’une simple créature. Avec raison ils disent encore que Marie n’aurait pu mériter de condigno la maternité divine sans mériter aussi l’incarnation du Verbe, que suppose la maternité divine. Or n’est-il pas évident que l’incarnation, principe de toute grâce et racine de tout mérite, ne peut, en même temps, être l’objet du mérite ?

Sylvestre de Saavedra, op. cit., p. 494 sq. ; Justin de Miéchow, Discursus prædicabiles super lilanias lauretanas B. V. M., cxxiv, Paris, 1642, t. i, p. 275 sq. ; Raynaud, op. cit., t. vii, p. 130 ; Gonet, De incarnatione, disp. VII, a. 4, n. 106 sq. ; Contenson, op. cit., t. ii, p. 183 ; Gotti, Theologia scholastico-dogmatica, De Deo incarnato, q. iv, dub. ii, Venise, 1750, t. iii, p. 35 sq. ; Sedlmayr, op. cit., dans la Summa aurea, t. viii, col. 46 sq. ; H. Merkelbach, Étude sur la dignité de la mère de Dieu, Liège, 1913, p. 12 sq. ; P. Hugon, De Verbo incarnato, Paris, 1920, p. 85 sq.

3. Deux conclusions découlant de la maternité divine, qui ne sont que deux expressions différentes d’une même assertion. —

a) Marie, comme mère de Dieu, a dû posséder tous les privilèges qui sont possibles dans une créature et qui d’autre part convenaient à son rôle de mère de Dieu et de médiatrice universelle, tel qu’il a plu à Dieu de le réaliser ; —

b) tout privilège conféré à quelque créature, dès lors qu’il convient au rôle de la mère de Dieu, tel qu’il a plu à Dieu de le réaliser, a dû être également conféré à Marie.

a) La première assertion fut formulée d’une manière explicite, bien que générale encore, par saint Anselme dans les paroles précédemment citées : Decens eral ut ea puritate qua major sub Deo nequit intelligi, Virgo illa niteret. De conceptu virginali, 18, P. L., t. clxviii, col. 451. On remarquera toutefois que ce principe, si nettement formulé, ne fut pas appliqué par saint Anselme à la conception immaculée qu’il ne paraît pas avoir considérée comme possible. Cur Deus homo…, t. II, 16, col. 416 sq. L’assertion générale d’Anselme fut reproduite par Richard de Saint-Victor († 1173), De Emmanuele, t. II, 26, P. L., t. exevi, col. 660.

Saint Thomas affirme, comme saint Anselme, que Ja sainteté de la mère de Dieu a été maxima sub Christo, Suin. Iheol., III », q. xxxvii, a. 2, ad 2 un’, et qu’elle a reçu de Dieu prie céleris majorem gratix plenitudinem, q. xxvii, a. 5 ; et il fait bien ressortir les raisons de cette transcendante sainteté de Marie, a. 1, 4, 5. On notera cependant que saint Thomas, tout en affirmant nettement ce principe général, n’en fail point l’application à la conception immacul’Marie, estimant que ce privilège n’appartient qu’à Jésus-Christ, qui seul n’avait aucun besoin d’être racheté : Dicendum quod, si nunquum anima beatx Viiginis fuissei conlagione originalis peccati inquinalu, hoc derogaret diijnitati Christi, secundum quam est universalis omnium salvator, et ideo sub Christo qui salvari non indiguit, tanquam universalis Salvator, maxima fuit bealæ Virginis purilas. Q. xxvii, a. 2, ad 2um.

Un peu plus tard, Duns Scot fit à l’immaculée conception elle-même l’application du principe posé par saint Thomas. Après avoir émis et discuté les trois hypothèses possibles, que Marie n’a jamais été souillée par le péché originel, qu’elle n’y a été soumise qu’un seul instant, ou qu’elle y a été soumise un peu de temps, à la fin duquel seulement elle en fut délivrée, Duns Scot conclut : Quod autem horum trium quæ ostensa sunt esse possibilia faclum sil, Deus novit ; si auctoritati Ecclesiæ vel auctoritati Scripturæ non repugnet, videtur probabile quod excellenlius est attribuere Mariæ. In Sent., I. III, dist. III, q. i.

Cette conclusion fut, dans les siècles suivants, souvent appliquée aux privilèges de la mère de Dieu. Pour prévenir toute exagération, Gerson, au commencement du xv 8 siècle, crut nécessaire d’émettre quelques restrictions en s’appuyant sur ce principe général : Quod autem ex scripturis sanctis auctoritatem non habel, junge nec ex probabili ralione, eadem facililale contemnitur qua probatur. Tractatus seu epistola ad provincialem Cœlestinorum, 20, Opéra omnia, Anvers, 1706, 1. 1, col. 453. Mais n’y avait-il pas quelque exagération à ajouter, sans restriction ou distinction aucune, qu’il est téméraire d’affirmer, d’écrire ou de prêcher que Marie, dans sa conception et dans sa naissance, a joui de l’usage de la raison ? Loc. cit. Chez Pelbart de Temesvar, à la fin du xve siècle, Stellarium coronæ gloriosissimæ Virginis, Venise, 1586, p. 28, et saint Thomas de Villeneuve († 1555), De nativitate V. M., serm., iii, Opéra omnia, Augsbourg, 1757, col. 570, nous ne trouvons que cette affirmation générale, que Marie a possédé au plus haut degré toutes les grâces générales et spéciales de toutes les créatures, ou toutes les perfections dont une simple créature est capable.

Au xvii 8 siècle, on ajouta quelques précisions. Selon Novato, pour qu’une perfection soit attribuée à Marie il ne suffit point qu’elle soit possible à la toute-puissance divine, il faut encore qu’il soit convenable que Dieu la lui ait conférée. Op. cit., t. i, p. 226. Même indication chez Zamora († 1649), De eminentissima Deiparie Virginis perfectione, t. I, c. iv, Venise, 1679, p. 15. Sylvestre de Saavedra dit expressément que des privilèges particuliers doivent être attribués à la mère de Dieu, seulement quand ils sont fondés sur l’autorité de l’Écriture ou l’enseignement des Pères, ou sur d’excellentes raisons. En vertu de ce principe, il n’admet pas que Marie ait été la cause instrumentale physique ou morale de la production de la grâce sanctifiante dans le reste des fidèles. Sacra Deipara, Lyon, 1655, p. 160 sq. Christophe de Vega, en attribuant à Marie toute perfection possible, ex Dei omnipotentia et ex creaturie capacitate, met cette restriction : pourvu que ce ne soit point contraire à la sainte Écriture et que cela convienne à la Mère de Dieu. Op. cit., t. i, p. 378 sq. A la même époque. Petau H 16521 ralsalt sienne » les assertions de Gerson, qu’il oue comme des règles capables de tempérer une liberté trop grande dans les louanges donné Marie et de les maintenir intra modum sobri* ae’robust* pietatis. Il reprouve connu, Wvole, el non euse celle argumentation employée, dlt-11. par la plupart des auteurs, quo plenque soient ni, . pm i ïtribuer a Marie toute sorte de grâces : tout ce que le de Dieu a pu conférer à sa mère pour honow sa it, . n convenait que, de fait..1 le lui conférât, ou encore : tout ce que le Ris de Dieu a répandu sur Z autres saints en fait de grâce, il l’a réuni tout r en Marie. Theolonicorum dogmatum, De mcornatione, I. XIV, c. viii, 9 sq., Anvers. 1700, t. w, 16 Comprise dans ce sens, que le principe général doit pratiquement être accompagné de quelques restrictions, la remarque est juste. Théophile Ba>naud combat aussi l’assertion, émise sans aucune restriction, qu’une grâce, .les lors qu’elle est possible enum créature, doit être attribuée a Marie. Pour qu un privilui soit reconnu, il doit être appuyé sur 1 Ecriture sur la tradition, ou sur des déductions solides, de telle sorte qu’il ne puisse être rejeté sans imprudence. Diptycha mariana, cautio i. 5 sq.. Opéra, t. mi. p. U « q. - - Bourdaloue, dans son sermon sur la dévotion a la .ainte Vierge, soutient que, depuis que 1 Eglise a maintenu Marie dans la possession de son titre 01 mère de Dieu, il n’y a point de titre d’honneur qui ne lui convienne, ni de qualité éminente que I on puisse sans indiscrétion lui contester, dès lors qui ! s agit de privilèges qui conviennent a sa dignité de mère de Dieu.

Apres le xviisiècle, la manière dont les théologiens raisonnent habituellement pour la preuve théologique des divers privilèges de Marie, montre que les restrictions nécessaires sont pratiquement OU implicitement admises. Nous citerons particulièrement : Sedlmayr,

« ., dans la Summa aura. t. vu. col. 101/ sq..

sq - Alphonse de Liguori, Gloires de Marie, part II dise, i : Scheeben, Handbueh da katholischen Dogmatik, Fribourg-en-B., 1882, t. m. p. 521 ^ sq. ; épicier, op. cit.. p. 82-84 sq. ; Terrien, La Mère de DieiTParis, 1899, t., . p. 315 sq. : II. Depoix, M. Tradatm théologiens de B. Manu irgme, n 54 sq. Notons enfin que le principe lui-même est affirmé par Pie IN. dans la bulle Ineflabilis Deus du 8 décembre 185 1. où la plénitude de la sainteté déclarée qua major sub Deo nullatenus intelligitur et quam prseter Deum nemo assequi cogitando potest.

b) Selon une deuxième formule du même principe. tout privilège confère a quelque créature a dil être ment confère a la Mère de Dieu, à condition toutefois que ce privilège convienne à son rôle de mère de Dieu, tel qu’il plut â Dieu de le réaliser. e formule se remontre chez saint Bernard au nie siècle : Quod ilaque Del paucis mortalium constat fuisse collatum, (as tait non est suspicari tarda irgim neqalum. ver quam omnis mortalis cmersit ad vilam. ( L, clxxiv, t..LXXM..col.3.’M. I-nvertu de ce principe, saint Bernard admet la sanctifl< M trie in utero, puisque cette faveur a été concédée nt Jean-Baptiste. On notera toute-Bernard, dans cette lettre où il loue, d’une manière admirable, tant de privilèges de la Mère de Dieu, ne reconnaît cependant pas son immaculée conception dont il ne semble point admettre la possibilité. même formuli Irow/e chez Albert rand Mariait l"’r evangelium tu est, q. xv, p. iii, Opéra, Lyon, 1651, p. 19, et chez saint Thomas qui en fait l’application a la sanctification de Marie in utero. Sum. theoi.. IIP. q. xxmi. CONI il SIONS l m toi "i" 1 I S 2362 , i et 6 ad i 1 "" Saint Thomas n’applique polnl ce principe’à la possession pour Marie, de l’usage permanent du Imre arbitre avant sa naissance. Pour lu^. ce privilège nue.w l’un > si s., est exclusivement réservé â Notre-bei gne’ur, a. "3, 6. Quelques réserves sont raites aussi relativement à l’usage de plusieurs grâces grati < «  Sepulssaint Thomas jusqu’à la seconde moitié du xviisiècle, le principe souvent cité par les théologiens es, habituellement compris axée quelques réserves notamment en ce ^concerne, en Marie, les grilce^ra tu daim ou la perfection des connmssances naturelles. Nous citerons, à titre d’exemples : Durand de Satat-Pourçain, In M™ Sent., dist. III. q. l "’u "" ml Jordan lt 1381), Contemplationes de beau _, j’fine, p…. cont. 3l dans h. Summa aurea, t. n. col. 8, : u nys J Chartreux, De dignitate et laudibus E l V. « ..n, 18, Opéra, Tournai, 1908, t. xxxvi, col. 524 sq. ; Grégoin devSence, Commentaria in 1Il S. Thomm. disp I, „, p 5, Lyon, 1603, t.rv, col.438 ; Vasquez/n/// « , isp : XlV.c., u. lo : d, sp ( ; X.N.c., u - : Suare. In III"*, t. n. disp. III, sect.v, 30 ; disp. XIX, sect.iv, n. 2 ; Novato, op. cit., t. ii, p. 296 ; Vega, op. cit., 1. 1, n 375 ; G. de Rhodes, op. cit., t.n, p. 211.’Vu xvii’siècle. Théophile Baynaud dit express, ment que le principe est vrai en ce sens qu Un y a aucun don communiqué a quelque saint et apte à mettre en relief la sainteté ou la pureté de Marie ou son union intime avec Dieu, qui ne lui ait été inféré. Quant aux autres dons et privuèges ;, même s’ils ont été concédés à d’autres saints, Il i y a aucune nécessité de les attribuera Marie, op. ciL. I. m.. n 13 sq. - - Après le xvii. Siècle, comme nous avons déjà constate pour la première formule, es théologgns continuent à montrer, au.noms pratiquement qu’ils admettent quelques restrictions au principe

4. Coopération instrumentale de Marie à la production de l’union hyposiatique.

Au xviisiècle, pluseurs théologiens admettent, comme conséquence de .maternité divine, ou au moins comme faveur qui lui avait été bénévolement annexée par Dieu, une coopération active, quoique simplement instrumentale à la production de l’union hyposiatique. Ils appuyaient sur ce raisonnement, qu’une telle coopéï des lors qu’elle doit être considérée comme possible <* qu’elle est très honorable pour Marie, doit être admise’Possible, suivant eux. cette coopération doit l’être, parce que l’union hypostatique a été ] réalisée avec le secours de quelque mode substantiel cré. ne dépassant point, d’une manière absolue, les forces le toute activité créée. Très honorable pour Marie, ., t coopération, suivant eux, l’est aussi puisque Marie, comme instrument choisi et aide par Dieu, es, ains i associée a une très sublime opération *vme Nous citerons particulièrement : Novato, De eminentia Deiparæ virginis Maria. Rome, 1629, t i, p 187 sq. Christophe de V « mariana, v : i iRRfi t ii i 281 sq. : G. de Rhodes, Disputapara, Lyon, 1661, t.n, p. 198 sq.’A rencontre de cette opinion, Jean de sa, ., mas In M" » S. Thomæ, q. ii, disp. V, a. 3, Uonei Ctopeus théologie* thomisticx, Tract, de mcarnatione théologiens, Tract. XXI. De uaanudione, ^. XI, D iGsq., Contenson. Th nliset cordis, 1. IN.

;  : ssert., l’..c.„, M.ecu, a, . : M>a„. ^7,. I., , , , , -. 6 sq

soutiennent, a cet., ^ que’hypothèse d’une telle coopération instrumentale de Marie à la production d, - l’union hypostatique doi être nggg comme contraire à la véritable conception théolo doue de l’union hypostatique.

Car il est bien certain que l’union hypostatique consiste en ce que la nature humaine, assumée par le Verbe, est régie par sa divine subsistence, sans l’intermédiaire d’aucun mode substantiel, quel qu’il soil ; sans que cette nature humaine possède une existence humaine. Dès lors, toute coopération, même instrumentale, de Marie, réalisable seulement pour quelque chose de créé et de fini, est absolument impossible, comme la coopération, même instrumentale, d’une créature à l’acte divin de la création est déclarée impossible. — D’ailleurs pour qu’une causalité instrumentale fût possible de la part de Marie, on devrait admettre un sujet recevant cette causalité. Ce sujet ne peut être le Verbe divin qui, acte pur infiniment parfait, est incapable de recevoir aucune modification. Ce sujet ne peut être non plus la nature humaine de Jésus, de quelque manière qu’on la considère. Pour cela, elle aurait dû exister indépendamment du Verbe avant l’union, ou être intrinsèquement modifiée dans l’union elle-même par quelque mode substantiel, à la production duquel Marie aurait instrumentalement coopéré. Hypothèses inadmissibles. Même un instant d’existence indépendante avant l’union, la nature humaine de Jésus n’a pu l’avoir ; sinon l’union ne se serait point faite in persona, comme l’exige le dogme catholique. Quant au mode substantiel que l’on propose, il détruirait l’économie intime de l’incarnation et la notion vraie de la personne unique du Verbe incarné. — Cette solide argumentation paraît avoir rallié au xviii » et au xix° siècle le suffrage commun des théologiens.

5. La maternité divine considérée comme forma ex se justificans. —

Au xviie siècle, Ripalda († 1648) soutint que la maternité divine, considérée en elle-même et sans la grâce sanctifiante qui doit l’accompagner, suffisait à elle seule pour écarter tout péché, et pour rendre Marie digne de la vie éternelle, et capable d’acquérir des mérites surnaturels pour elle-même et pour le reste de l’humanité. De ente supernaturali, t. IV, disp.LXXIX, Paris, 1870, t.n, p. 59 sq. Selon Ripalda, cette affirmation théologique exige que l’on admette préalablement que la grâce sanctifiante n’est point une participation physique à la nature divine, et que l’incompatibilité entre la grâce sanctifiante et le péché ne provient point de la nature intrinsèque de la grâce sanctifiante, mais de la libre institution de Dieu, qui accepte bénévolement la grâce sanctifiante comme écartant le péché et donnant droit à la récompense éternelle, p. 50. L’argumentation de Ripalda tient tout entière en ce raisonnement théologique longuement exposé et répété sous diverses formes : la maternité divine, considérée en elle-même, surpassant éminemment toutes les dignités créées, et dès lors aussi la grâce sanctifiante, doit posséder, d’une manière bien supérieure, toutes les propriétés de la grâce sanctifiante. Elle doit donc, bien plus parfaitement que la grâce sanctifiante, être la cause formelle de la sainteté en écartant le péché, en rendant digne de la récompense éternelle et en rendant apte à acquérir des mérites surnaturels, p. 67 sq. C’est en ce sens que l’on doit interpréter la tradition catholique affirmant l’absolue suréminence de la maternité divine, p. 65 sq. On remarquera que l’auteur revendique seulement pour son opinion une sérieuse probabilité, p. 50, 65, 96, sans préjudice d’autres explications qui peuvent aussi avoir leur probabilité.

Cette opinion nouvelle rencontra quelques approbateurs, parmi lesquels, au xviie siècle, Saavedra, op. cit., p. 252, et Vega, op. cit., t. ii, p. 326 sq., au xviiie siècle, Sedlmayr, op. cit., dans la Summa aurea, t. vii, p. 1314 sq. Mais les contradicteurs furent beaucoup plus nombreux ; parmi eux se distinguèrent surtout Georges de Rhodes et Théophile Raynaud. Selon Raynaud, la nature de la grâce sanctifiante, telle qu’elle est supposée par l’opinion nouvelle, ne peut être admise. Ce n’est point par la seule acceptation divine, mais par sa propre nature intime que la grâce sanctifiante écarte le pèche, rend digne de la récompense éternelle et capable d’accomplir des actes méritant cette récompense. Les arguments de Ripalda prouvent uniquement la sublime transcendance de la maternité divine ; ils ne prouvent d’aucune façon qu’el|e possède formellement toutes les qualités inhérentes à la grâce sanctifiante. D’ailleurs, si l’on admettait cette thèse, on devrait conclure, à rencontre de la doctrine théologique commune, que Marie est physiquement et intrinsèquement impeccable : privilège qui appartient de manière exclusive à la seule humanité de Notre-Seigneur. Diptycha mariana, Opéra, t. vii, p. 202 sq. Voir aussi Contenson, Theologia mentis et cordis, t. X, diss. VI, c. ii, spéculât. 2, t. iii, p. 284 sq. Aussi presque tous les théologiens, au xviii* et au xixe siècle, sans tenir compte de l’opinion émise par Ripalda, continuent à affirmer, d’une manière au moins incidente, l’enseignement théologique traditionnel. P. Hugon, Tractatus de B. Virgine Deipara, Tractatus dogmatici, Paris, 1920, t. iii, p. 427 sq.

6. Permanence constante dans le corps de Jésus-Christ sur la terre, dans la sainte eucharistie et dans la gloire du ciel, de quelque partie de la substance corporelle reçue de Marie. —

Vers la fin du xvi c siècle, Suarez admit comme une faveur providentielle toute spéciale, très possible et probable, que quelque partie, du moins, de la substance corporelle que Jésus avait immédiatement reçue de Marie, ne fut jamais entièrement abandonnée par lui, ni transformée par aucune cause naturelle, et qu’elle garda toujours son identité première, eamdem omnino fuisse semper conservalam Verbo Dei unitam. In 7/7 am S. Thomas, t. ii, disp. I, sect. ii, n. 2. La même opinion fut soutenue par Kovato relativement au corps de Jésus-Christ pendant sa vie terrestre, op. cit., t. ii, p. 292 ; par Vega pour le corps de Jésus-Christ dans la sainte eucharistie et au ciel, op. cit., t. ii, p. 222 sq. ; par G. de Rhodes pour le corps glorieux de Jésus au ciel, op. cit., t. ii, p. 119.

Contre cette opinion combattirent résolument, au xvii 4 siècle, Théophile Raynaud, au xviiie, Benoît XIV. Suivant Raynaud, si l’on tient compte de la manière dont la conception virginale s’est accomplie, il n’est point exact de dire que la chair même de Marie est formellement et immédiatement devenue chair du Verbe incarné ; la proposition est vraie non formaliter sed causaliter. I ! n’est point vrai non plus que la substance corporelle puisse garder une identité constante, en dehors d’un privilège spécial que l’on ne prouve point, et qui devrait empêcher l’action incessante des agents naturels de détérioration et d’assimilation nouvelle. Au jugement de Raynaud, il est hérétique de dire, en parlant de la sainte eucharistie, que le corps de Jésus est le corps de Marie ; car les deux corps appartiennent à des personnes distinctes. D’ailleurs, l’honneur rendu est différent : au corps de Marie est dû seulement un culte de dulie, tandis que le corps de Jésus est adoré d’un culte de latrie. Cependant nous recevons, dans la sainte eucharistie, le corps de Jésus qui est né de la vierge Marie, Diptycha mariana, Opéra, t. vii, p. 65 sq. — Benoît XIV mentionne la condamnation portée peu de temps auparavant par la S. C. des Rites contre la doctrine de Zéphyrin de Someire, soutenant dans son Liber de cultu erga Deiparam in sacramento allaris, que quelque partie de la substance corporelle, jadis possédée par Marie, est identiquement conservée dans le corps eucharistique de Notre-Seigneur. Cette doctrine fut jugée erronea, periculosa et scandalosa, et le culte que l’on voulait, en vertu de cette doctrine, rendre à la très sainte Vierge dans l’eucharistie fut réprouvé. De MAUIK. MATERNITÉ DIVIN1 CONCLUSIONS rHÊOLOGIQUES

i

rumDttbeatlficaiioMtl iv. part. II, c. « »  » 3 J » . Prato. 1841. t. iv, p. 711. H es Mulquo de Jésus-Christ, qui est dans la sainte eucharlstl*

orme dan. le sein de Marie, mais on ne peut pas dire que c’est une partie de sa substance ; ou qu il y dans le corps de Jésus une partie de la substance du corps de Mario, puisque les deux corps sont distincts et appartiennent a des personnes différentes. On suppose (Tailleurs faussement, que le corps de Jésus a ete forme par une sorte de division de la substance corporelle de Marie : tandis que Marie, par la conception Inale. a seulement fourni la matière très pure de laquelle, par l’opération du Saint-Esprit, le corps de Jésus a été forme, p. 710 sq. Enfin les formules attribuées à quelques Pères, caro Christi, caro Monte, ou formules semblables, doivent s’entendre en ce sens. que le corps de Jésus provient de celui de Marie, comme il est dit dans l'Écriture que Nôtre-Seigneur est ex semine eundum carnem, p. 711. Ainsi com battue par Ravnaud et Benoît XIV, cette opinion ne parait point, depuis cette époque, avoir laisse de trace 5 irieuse Nous mentionnerons seulement la citation du de Benoit N IV faite par Newman dans sa réponse à Pnsey, Certain difflcultia feltby anglicans m catholic teaching considered. t. ii, p. 165 sq.

Conclusions théologiques déduites de renseignement traditionnel relatif à la maternité divine. — Apres avoir étudie l’enseignement traditionnel depuis les temps apostoliques jusqu'à l'époque actuelle, nous devons indiquer sommairement les conclusions que

l’on peut en déduire.

conclusion.

La dignité de la maternité divine,

appartenant à l’ordre hypostatlque, surpasse, menula considère isolément, toutes les autres dignités es, notamment la dignité de la filiation divine ptive et la dignité conférée par le sacerdoce clire j) Selon les documents cités et selon l’enseignement théoloaique le mieux appuyé sur la tradition catholique, la transcendante supériorité de la maternité divine sur la filiation divine adoptive résulte de ce que li maternité divine, participant à l’ordre hypostatlque, Ion l’expression de saint Thomas, quamdam digmtatem infinitam ex bono infmito, Sum. theol., 1°, q. xxv, ad 4 am. La grâce sanctifiante, comme tout ce qui appartient à Tordre surnaturel commun, n’a qu’une dignité finie, résultant d’une participation à la vie divine, très réelle mais imparfaite.

b) On ne peut objecter les paroles de Notre-Seigneur. Quinimo beati qui audiunt verbum Dei et custodiunl illud, Luc. xi, 27. Selon leur sens immédiat, ces paroles avaient plutôt pour but de corriger les vues apparemment trop humaines de cette femme du peuple, qui semble s’arrêter à l’admiration et à la louange simplement humaine, sans s'élever jusqu'à la foi docile dans la pratique à l’enseignement de Dieu et à l’observation de sa loi. C’est ce manque d’une foi complète que Notre-Seigneur fait ressortir, en proclamant bienheureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique. On doit observer, d’ailleurs, que l’affirmation du Christ porte seulement sur le bonheur plus grand attaché à la foi intégrale et à la pleine observance de la parole divine ; non sur une comparaison de dignité entre la maternité divine et la fi iation divine adoptive ou la sainteté personnelle. Au point de vue auquel le divin Maitre se plaçait, il est toujours vrai que la sainteté personnelle, résultant de la pleine exécution de tout ce que Dieu demande, est le seul titre immédiat au bonheur du ciel ; même pour Marie qui a reçu la récompense éternelle, non a cause de sa maternité considérée en elle-même, mais à cause de sa sainteté et de ses mérites très parfaits, n est donc manifeste que le texte ne

contient rien qui soit oppose., la suréminente dignité

de la maternité divine.

r) Pour mettre la filiation divine adoptive au dessus de la maternité divine, on ne peut s’appuyer sur ce que | « gr&CC sanctifiante, considérée en Marie connu p.incipe d’opération dans l’ordre surnaturel, lii, confe ïïtuJS puissance que la maternité divine ne pouvait, par elle-même, mi procurer. Quelle que soi la haut, dignité de la grâce sanctifiante comparée à tout ce, . estde l’ordre naturel, il reste toujours vrai quel ordre de la grâce est surpasse par l’ordre hypostatique,

auquel appartient la maternité divine à cause de la sublime relation qu’elle établit entre Mar.e et la personne Incréée du Fils de Dieu. H est encore vrai que la

SrnttT divine, bien qu’elle ne conférât point par

el lemême, la puissance de produire des opérations U^atureÛes capables de mériter la réc ompense du eiel. devait toujours être accompagnée de tous es i.ns de la -race possédés d’une manière ennnente I -v a donc aucune raison, pour déprécier la maternité divine, de la considérer isolement, sans 1 accom, , ornement de la grâce sanctifiante

"TEKgpïi * * maternité divi ?e i 1 '""?"*" » ?

ui sur celle du sacerdoce chrétien. Le prête. aÏÏnSrant les sacrements ou prononçant les paroles i "consécration, tout en agissant avec intelligence e liberté agit seulement comme cai.se mstrumentale pa. a vertu et sous la dépendance immédiate de Notre$££* qest la cause principale. S. iii, A-L theol III », q. lxtv, a. 5 et 8 ; q. lxii, a. 1 ; Cont. Cent.. ' Y c 7 Plus relevée est l’action de Marie dans '-accomplissement du mystère de l’incarnation. En aSÏÏ la nature humaine à son divin Fils elle ag t n, r sa vertu propre, bien qu’avec l’aide du San t' prit. suivant la parole de l’ange lui annonçant qu elle concevrait du Saint-Esprit. C’est ainsi qu’elle donne a ™trciàgncur sa chair adorable et contracte, ave lui cette parenté sublime qui la place dans 1 ordre hvpostatique, bien au-dessus de toutes les autres

^SSisTTconsidérer que certains effets immédiats de i’action du prêtre comme la consécration ùd aristique ou la rémission des péchés parle sacre"ent de pénitence, il est vrai que le prêtre peut accomX des actes que Marie, ne-possédant point le pouvoir Scefdotal n’aurait jamais pu accompl£ Mais, en ceci il ne s’agit plus de la comparaison des dignités, Sais seulement d’effets particuliers, procédant d’un pouvofr que Marie ne possédait point, mais qu. ne comportent pas une dignité supérieure.

2. P conc/u S L : - La maternité divine, par 1 ait qu’elle appartient à l’ordre hypostatlque, et qu et le a une étroit ? et nécessaire connexion avec l’incarnation elle-même n’a pu être, de la part de Marie, l’objet d’aucun mérite P proprement dit ou de cvuUgno S Thomas, In III™ Sent., dist. IV, * iii, a. 1. ad fium..Sum. theol., III a, q. ii, a. 11, ad 6.

a) Tel a été, sauf bien peu d’exceptions, l’enseignement constant des théologiens, du moins quant au ta Jennexistencc d’un tel mérite, bien qu’on nesest pas toujours accordé relativement aux raisons theo.osiaues prouvant cette inexistence.

douant à l’impossibilité d’un tel inénte, elle est soHdement appuyée sur les deux raisons que nous avons renconKées chez les théologiens qui ont combattu l’opinion de Suarez : la maternité divine, étant une dignité infinie sous quelque rapport, n a pu être

ÏN’un mérite nécessairement fin, comme ^ e tout mérite provenant d’une simple créature —Mai h n’au ait pu mériter de condigno la maternité divine Us mériter, par le fait même, l’incarnation du Verbe, ce auTet inadmissible, puisque l’incarnation, princpe q de oute grâce et racine de tout mente, ne 2367

MARIE, MATERNITÉ DIVINE : CONCLUSIONS THKOLOGIQUES

peut être, elle-même, l’objet d’aucun mérite strict.

c) On doit admettre, avec saint Thomas et l’enseignement théologique constant, que Marie a mérité illum puritatis et sanctitatis gradum ut congrue posset esse mater Dei, Sum. theol., III a, q. ii, a. 11, ad 3um : en ce sens que Dieu ayant décidé l’incarnation, il était souverainement convenable qu’elle se fît par l’intermédiaire d’une créature aussi parfaite que Marie. Marie ne mérita donc point l’incarnation, mais seulement que l’incarnation s’accomplît par elle ; et ce mérite fut un mérite de simple convenance, puisque tout mérite strict doit être exclu relativement : 'i l’incarnation, de quelque manière qu’on la considère. B. Virgo non meruit incarnationem, sed pr-rsupposita incarnatione meruit quod per eam peret, non quidem merito condigni sed merito r.ongrui, in quantum decebat quod mater Dei esset purissima et perjectissima virgo. S. Thomas, In 7/7 ura Sent., dist. IV, q. iii, a. 1, ad Gum. C’est en ce sens que l’on doit entendre l’enseignement habituel des théologiens, que Marie a mérité de congruo la maternité divine. C’est aussi le sens des paroles de la liturgie de l'Église : quem meruisti porlare ; utdignum Filii tui habitaculum effiri mererctur, et autres semblables.

3' conclusion. — On doit admettre comme une conséquence probable de la maternité divine, que Marie, comme mère de Dieu, a possédé tous les privilèges qui sont possibles dans une créature et qui sont en harmonie avec sa double fonction de mère de Dieu et de médiatrice universelle, telle qu’il a plu à Dieu de la réaliser dans l’ordre actuel

a) Cette conclusion, considérée du moins dans sa substance et indépendamment de certaines applications particulières, a été, selon les documents précédemment indiqués, constamment affirmée par les théologiens, depuis l'époque de saint Anselme Les divergences des théologiens relativement à certaines applications particulières dont la connexion avec le principe général était, à une certaine époque, ou est peut être encore aujourd’hui insuffisamment manifestée, n’empêchent point l’accord moralement unanime sur le principe lui-même et sur beaucoup d’applications particulières ; ce qui suffit pour la vérité de notre conclusion.

b) Ce principe théologique est affirmé, comme doctrine du magistère ordinaire, au commencement de la bulle Inefjabilis Deus de Pie IX du 8 décembre 1854. Pie IX, en s’appropriant la pensée de saint Anselme, enseigne que Dieu, aimant Marie plus que toutes les autres créatures, la combla, bien plus que tous les esprits angéliques et que tous les saints, de l’abondance de toutes les grâces célestes. Ainsi toujours exempte de toute tache du péché, toujours toute belle et toute parfaite, elle posséda une telle plénitude d’innocence et de sainteté, qu’au-dessous de Dieu on ne peut en concevoir une plus grande, et que nulle autre intelligence que celle de Dieu ne peut la concevoir pleinement.

c) L’enseignement de Pie IX résume, en même temps, la raison théologique sur laquelle s’est constamment appuyée la tradition théologique : l’amour de très spéciale prédilection de Dieu pour Marie, de préférence à toutes les autres créatures. Amour tel, qu’en elle seule Dieu mit toutes ses complaisances, et qu’il lui donna ce qu’il a de plus cher, son propre Fils. Et comme, selon l’enseignement de saint Thomas, Sum. theol., I a, q. xx, a. 2, le bien que Dieu produit dans les créatures est en proportion de l’amour qu’il a pour elles, c’est donc une conclusion certaine, que Marie, très spécialement aimée par Dieu au-dessus de toutes les autres créatures, a été plus qu’elles toutes, même prises collectivement, l’objet des faveurs divines.

d) Contrairement à l’optimisme philosophique ancien et moderne, c’est une vérité constante, qu’une créature ne peut jamais être tellement parfaite qu’elle ne puisse recevoir de la toute-puissance divine, une perfection plus grande, ou que Dieu ne puisse faire une créature plus parfaite. S. Thomas, Sum. theol., I a, q. xxv, a. 5 et a. 6, ad 4°™ ; a. 2, ad 2 UI " ; De veritate, q. xxix, a. 3, ad 3um, De potentia, q. i, a. 2, ad 4um. Si éminentes que soient les grâces et les faveurs divines conférées à Marie, elles ne peuvent donc jamais avoir une perfection telle que la toute-puissance divine ne puisse en réaliser une plus grande. Ce que dit saint Thomas de la grâce très parfaite possédée par la sainte humanité de Notre-Seigneur, Sum. theol., III a, q. vii, a. 12, ad 2um, a. 9, ad 3um ; q. x, a. 4, ad 3um ; De veritate, q. xxix, a. 3, ad 3um, doit, à plus forte raison, être appliqué aux grâces possédées par la très sainte Vierge. Tout ce que l’on doit affirmer, c’est donc que les grâces et perfections communiqui « s par Dieu à Marie étaient, au jugement de son infinie sagesse, ce qui convenait le mieux à la dignité de mère de Dieu et de médiatrice universelle ; telle qu’il a voulu la réaliser en Marie dans le plan actuel de sa Providence.

e) Quant à l’application de notre conclusion ainsi expliquée et prouvée, elle doit être constamment appuyée, selon ce qui a été dit à l’art. Dogmatique. t. iv, col. 1523 sq., sur une analyse de la double fonction de mère de Dieu et de médiatrice universelle providentiellement assignée à Marie, et sur une comparaison très exacte de chaque privilège avec ces deux éminentes dignités. Dans cette application, on doit d’ailleurs s’aider du travail théologique déjà accompli dans les siècles précédents, ainsi que de toutes les indications ou directions fournies par le magistère de l'Église. — Selon ces critères, quand un privilège convient manifestement à la maternité divine et à la médiation universelle de Marie, il doit être admis comme une conséquence de ces deux privilèges fondamentaux. Dans le cas contraire, le privilège doit être rejeté comme n’entrant pas dans le plan providentiel actuel.

Quelques exemples rendront ces observations plus concrètes. — On doit rejeter pour Marie, comme ne s’accordant point avec le plan actuel de la Providence, le privilège de l’exemption de toute souffrance et le privilège de l’immortalité du corps. Comme mère du Rédempteur et médiatrice, Marie devait coopérer à notre rédemption par beaucoup de souffrances et, pour ressembler à son divin Fils, elle devait, comme lui, passer par la mort.

Vraisemblablement aussi, comme nous le montrerons plus loin, il n’y a pas lieu d’admettre, en Marie, la possession infuse, universelle et parfaite de toutes les connaissances naturelles ; en dehors de celles qui lui étaient nécessaires ou très convenables pour une pleine intelligence des vérités surnaturelles tant spéculatives que pratiques. Une telle science n’avait guère de raison d'être en Marie. Ce ne pouvait être pour la rendre capable d’instruire l’humanité dans ces connaissances : Marie n’avait point reçu cette mission. Ce ne pouvait être non plus pour rehausser sa connaissance de Dieu ou pour perfectionner sa vie spirituelle et mystique : nous supposons qu’il s’agit de connaissances naturelles n’ayant, pour ces nobles fins, aucune utilité effective.

conclusion.

L’hypothèse d’une coopération

instrumentale de Marie à la production de l’union hypostatique, de quelque manière qu’on l’explique, doit être rejetée comme portant quelque atteinte au vrai concept théologique de l’union hypostatique.

C’est la conclusion que l’on doit déduire des arguments précédemment exposés. D’ailleurs, comme nous M HUE, [RGINITÊ : l NSI h. M Ml NT P fRISTIQ ! E

1

l’avons constaté, une telle coopération Instrumentale

suppose que l’union hypostatlque a été réalisée avec l, ' secours de quelque mode substantiel créé no dépaspolnt, d’une manière absolue, les forces de toute ité créée. Hypothèse Inadmissible, qui porte atteinte.tu s r.ii concept théologlque >1>- l’union hypostatlque, comme on l’a démontré A l’art. Incabna tion. t. vu. col. 1526.

Conclusion. Suivant les arguments précé demment exposés, on doit considérer, au moins ie très improbable, l’opinion théologlque affirmant que la maternité divine est en Marie forma ex M justifteans. — a) Non-, avons constaté, dans notre >, que cette opinion va A rencontre de la vraie notion théologique » Ula justification et du mérite surnaturel, en supposant comme principe préalablement admis, que l’incompatibilité entre la grâce tifiante et le péché no provient point do la nature intrinsèque do la grâce sanctifiante, niais de la libre institution de Dieu, acceptant bénévolement la grâce sanctifiante comme destructrice du péché et comme do la récompense éternelle. - b) Nous avons ment constate que cette opinion n’a point de fondement solide dans la tradition catholique, ni dans l’enseignement théologlque. - c) Suivant les ments indiques, cette opinion conduirait à une e notion de l’impeccabilité de Mario. En vertu moine de sa maternité, elle serait impeccable de droit tandis que, selon l’enseignement théologique constant, tomme nous le montrerons ultérieurement, elle est impeccable seulement en vertu de l’abondance des os qui lui ont été conférées, et a cause d’une tance divine toute spéciale.

i.onclusion. — On doit enfin rejeter comme erronée l’opinion affirmant, dans le corps de Jésus pendant sa vie terrestre ot maintenant encore au ciel et la sainte eucharistie, la permanence de quelque élément corporel reçu de Marie et gardant perpétuellement son identité première - a) Le témoignage de Benott XIV nous assure que cotte opinion a été jugée erronea, periculosa et scandalosa par la S. C. des Rites, pour ce qui concerne la sainte eucharistie. Kilo mérite donc notre réprobation. — b) Il n’y a aucun motif sérieux, aucune raison solide, d’affirmer un privilège qui exigerait une intervention divine toute spéciale cl constante. D’ailleurs, cette opinion détruirait la vraie n do la formation du corps de Jésus-Christ dans in de Marie. IV. KMBJUOBBMBBT TSADITIOSSBI CONCBRNAUT LA VIMQIBITÈ ; ' L 1 VERS l’F. DIBO PMIT1CVLIÈREUBBT DiSS l PTIOS r.T L-J.SFASTEMF.ST DB

depuis les temps apostoliques

jusqu’au concile d'Éphèse et de Chalccdoine. — Ici

re nous distinguerons d’une part les trois pre . d’autre part la grande époque patris tique, pour terminer par les grandes controverses du

milieu du v siècle.

1. Les trois premiers siècles.

a) En enseignant, rue le corps de.Jésus fut réellement formé de la substance de Marie, les défenseurs de rite eurent soin d’exprimer en même temps, d’une manière très explicite, la virginité de Mario dans la conception et l’enfantement de selon saint

ice d’Antioche. notre Dieu Jésus-Christ a été nté par Marie, en vérité selon la descendance de id, mais par le Saint-Esprit. Eph., JCvm, 1. Ces expressions, qui paraissent dépendre des textes scripturaires, Luc, i. âô. et Matth. i. 20. montrent du côté humain, la seule coopération de Marie a la formation du do la part de Dieu, l’opéra tion du Saint-Esprit accomplissant le miracle. Aussi l'évcque d’Antioche afflnne-t-ll que le Fils de Dieu est véritablement né hx KopOtvou, Smijrn., i. 1, et que la

virginité de Marie et s, m enfantement sont restes cachés au prince de ce monde. Eph., iv

t<, l n apocryphe dont la composition est placé) BU

. le, {'Ascension d’Isolé, mérite d'être cité A cause

do l’hommage qu’il rond à la virginité de Mario dans la conception et l’enfantement do Not i e-SeigUem. bien que son orthodoxie ne soit pas a l’abri do toui soupçon, i El moi je vis encore une femme de la famille du prophète David dont le nom était Marie, el

était vierge, el elle était fiancée a un homme du nom

de Joseph, un artisan, lui aussi de la race et de la

ramifie do David le juste de Bethléem de Juda, ci n entra on possession do son loi. El lorsqu’elle fui fiancée, die se trouva enceinte, ci Joseph l’artisan voulut la renvoyer. Et l’ange de l’Esprit apparut eu

ce inonde et après cela Joseph no la renvoya l’as et il garda Mario, niais il n’y eut personne a qui il révélai cette affaire. El il n’approcha pas de Mario et la garda comme une vierge sainte, bien qu’un enfant fût dans son sein. El il no demeura pas avec elle pendant deux mois. Et après doux mois de jours Joseph se trouvait dans su maison, ainsi quc Mario son épouse, mais tous les doux seuls, ot il arriva, comme ils étaient seuls, .pie Mario regarda alors do ses yeux et vil un pelil

enfant et elle fut effrayée. Et après qu’elle fui effrayée, son sein se trouva comme précédemment avant qu’elle eût conçu. E. Tissèrent, Ascension d’Isaïe, xi, 2 sq., Paris. 1909, p. 202 sqMais il vaut mieux ne pas insister sur ce texte dont le docétismo est à peine voilé.

Très explicite aussi est le langage d’un autre apocrvphe. d’allure moins douteuse, le Protévangile de Jacques, très probablement composé, au moins pour ses deux premières parties, vers le milieu du iie siècle. Voir Évangiles apocryphes, t. v, col. 1635. La sage-femme, qui selon le récii apocryphe assiste à l’enfantement divin, rend un hommage éclatant a la virginité de Marie. Il en est de même de Salomé qui, voulant comme autrefois l’apôtre incrédule Thomas, se rendre compte, par la contact physique, du miracle accompli, voit sa main, consumée par le feu, se détacher, jusqu'à ce quc. suppliant Dieu d’avoir compassion d’elle, elle obtienne la guérison en approchant sa main de l’Enfant-Dieu. É. Amann, Le Protévangile cques, xix. sq., Paris, 1910, p. 251 sq. ri Vers le milieu du iie siècle, saint Justin donne un témoignage d’une plus haute valeur. Dans les écrits

qui nous sont r Lés de lui. le phil phe chrétien

affirme souvent la naissance virginale de Jésus ], . Dieu, accomplie par la puissance divine ou par ration du Saint-Esprit, Dial. cum Trnph., 43, 45. 18, 54, 03, 75, 78, 84, sq., 100, 120, Apol., i, 22. 32 sq., 46, 54, P. C, .. I. vi, col. 568 sq., 573, 580, 593. 652, 657, 07J sq., 70'.'. 753, 364, 380 sq., 397, 409. En ce sens, pour la conception virginale et l’enfantement aal, il interprète la prophétie d’Isaïe, vii, 11. col. 380 sq., 409. 568 sq., ot :  !. la parole de l’archange Gabriel, virius Altissimi obumbrabit tibi, Luc, i, 35, 712, et la parole de l’ange à Joseph, quod in en natum est de Spiritu sancto est. Matth., i, 20.

En prouvant contre les gnostiq 'n temps,

que c’est le même JéSUS-Christ qui est a la fois hl-.le Dieu et né de la vierge Mario, saint Irenco affirme Incidemment la conception virginale et l’enfantement virginal. Cont. hær., III. ix, 2 : xi. 2 : hx, 2 ; xii, I. 10 ; xxii. 4 ; IV. xxii. 1 : V. xix, /'. G., t. vii, col. 870, 92] sq., oio. g 15, 959, 1048, 117.". sq. H cite

particulièrement, en faveur de la virginité de Marie les paroles de l’ange a Joseph, Matth., i, 18 sq., col. 921, 94g, 1048, l< paroli de l’archange Gabriel à Marie, Luc, 1. 0, el les parole d’Isaïe,

mi. col. 870, 946, 951 s,, ., mis.

On obsi rvi ra, chez salni Innée, comme aussi d’ail2371

MARIE, VIRGINITÉ : ENSEIGNEMENT PATRIOTIQUE

leurs chez.Justin, JJial., 63, une variante de Joa., i, 13, différente du texte reçu : non enini ex voluntate carnis, nequc ex voluntate uiri sed ex voluntule Dei Verbum euro /acluni est, col. 921 sq. A cette variante on ne pourrait attribuer aucune influence réelle sur renseignement de l'évêque de Lyon, puisque la conception virginale est suffisamment prouvée par les autres textes cités. Irénée affirme particulièrement la virginité In partit dans le passage où il parle de la naissance du Verbe divin qui s’est fait chair, ou du Fils de Dieu qui est en même temps fils de l’homme : purus pure puram aperiens uulvum, eam quie régénérai homines in Deum, quam ipse puram jecil. Cont. hær., IV, xxxiii, 11, P. G., t. vii, col. 1080. La triple expression pure aperiens puram uuluam, quam ipse puram fec.it, soit qu’on la prenne en elle-même, soit que l’on considère les autres textes que nous venons d’indiquer, atteste hautement la permanence du sceau de la virginité, en même temps que le passage miraculeux du corps de Notre-Seigneur, voir Ipénée (saint), t. vii, col. 2483 sq. Nous aurons bientôt l’occasion de rencontrer, chez plusieurs autres Pères des siècles suivants, ce même sens de Vapertio vulose.

Avec leurs allusions évidentes aux symboles de foi et à l’enseignement du Nouveau Testament, les expressions que nous venons de constater chez saint Justin et saint Irénée sont une preuve évidente que la source première de leur doctrine n'était point le Protevangile de Jacques ou quelque enseignement docète, mais l’enseignement révélé, transmis par la tradition et attesté par l'Écriture.

d) Au commencement du iiie siècle, on rencontre chez Clément d’Alexandrie une allusion à la virginité de Marie dans l’enfantement de Jésus. Strom., VII, xvi, P. G., t. ix, col. 529 sq. Son affirmation repose sur cette citation scripturaire, Tétoxs xai où tétoxs, dont on ne peut assigner la provenance. L’indication que Marie aurait été aidée dans l’acte de l’enfantement et qu’elle y fut trouvée vierge est vraisemblablement un emprunt au Protevangile de Jacques déjà cité.

e) En mentionnant les vérités de foi que nous devons croire, Tertullien affirme à plusieurs reprises la naissance du Fils de Dieu ex virgine Maria. Prsescript., 26, P. L., t. ii, col. 49 ; Adv. Jud., xiii, col. 635, De virg, velandis, i, col. 889. Il enseigne expressément la conception virginale. Nous devons croire, comme vérité de foi, que le Verbe divin est venu dans le sein de la vierge Marie par la puissance du Saint-Esprit et qu’il s’y est fait chair. Præscript, 13, col. 26. Comme le premier Adam a été formé de la terre encore vierge, ainsi le nouvel Adam de terra id est carne nondum generalioni resignata in spirilum vivificantem a Deo est prolatus. La parole productrice de la mort était entrée dans Eve encore vierge ; dans une vierge devait entrer le Verbe divin producteur de la vie. Il ne convenait pas que le Fils de Dieu naquît ex semine humano, car il n’aurait rien eu de plus que Salomon et Jonas ; tout entier fils de l’homme, il n’aurait point paru comme Fils de Dieu et l’on pourrait croire à l’opinion d'Ébion. Ergo jam Dei filius ex patris Dei semine id est spirilu ut esset et hominis filius, caro ei sola erat ex hominis carne sumenda sine viri semine. De carne Christi, xvii, sq., col. 782 sq. Mais la virginité in partu, malgré les affirmations générales précitées, malgré l’interprétation explicite donnée au texte d’Isaïe, Ecce virgo concipiel et pariet fdium, Adv. Marcionem, ii, 13, col. 338, apparaît formellement niée. Il semble que Tertullien n’ait pas vu d’autre moyen de prouver contre les docètes de toute dénomination, que Jésus est né non per virginem, comme le voulaient ces hérétiques, mais ex virgine, non in

vulva, mais ex vulva. De carne Christi, xx, col. 785. Aussi, selon lui, on ne peut admettre que le Yerbe s’est fait chair non ex vulvie communication, nihll operata vulva, nihil funcla, nihil passa, col. 787. Marie n’a pas été vierge dans son enfantement, non virgo quantum a partu. Si elle a été vierge dans la conception elle ne l’a pas été dans l’enfantement. Et si virgo concepit, in partu suo nupsit, col. 907. — Un peu plus tard Tertullien rejette aussi la virginité de Marie posi parlum. Après avoir enfanté Jésus, Marie a été virum passa, De virg. velandis, vi, col. 898. Ayant enfanté Jésus dans la virginité, elle devait être nuplura posl partum. De monogamia, 8, col. 939.

/) Origène († 254) dit expressément que le Fils de Dieu a été conçu de la vierge Marie par l’opération du Saint-Esprit. Periarch., I, 4, P. G., t. xi, col. 117 : Contra Celsum, I, 69 ; VI, 73, col. 789, 1408 ; In Luc, nom. vi, xiv, xvii, xix, t. xiii col. 1814, 1837, 1842, 1850 ; In Epist. ad Rom., v, 9, t. xiv, col. 1046 ; In Gènes., hom. xvii, t. xii, col. 257 ; In Exod., nom. xii, 4, col 386 ; In Lev., xiii, 2, col. 493 sq. ; Comment. in Matth., tom. x, 17, t. xii, col. 877. La prophétie d’Isaïe, vii, 14, est interprétée dans le même sens. Contra Cels., I, 34 sq., t. xi, col. 725 sq. Quant à la virginité de Marie in partu, Origène ne paraît point constant dans ses affirmations. Dans ses homélies sur saint Luc, il admet que Marie a eu besoin de purification, hom. xiv, P. G., t. xiii, col. 1834, et que Matris Domini ex tempore vulva reserata est quo et partus edilns, col. 1836. Quelques années plus tard, dans son commentaire sur le Lévitique, il disait formellement : De Maria autem dicitur quia virgo concepit et peperit. Il montrait que Marie est appelée millier par saint Paul, Gal., iv, 4, non pro corruptela inlegrilatis sed pro sexus indicio, et que la loi du Lévitique, Mulier si susceplo semine peperit masculum immunda erit septem diebus juxta dies séparât ionis menslruse, xii, 2, ne s’applique point à Marie, cujus partus non ex conceptione seminis, sed ex præsentia sancti Spirilus et virtute Allissimi fuerit. In Lev., hom. viii, t. xii, col. 493 sq. Doit-on conclure qu’il y eut, sur ce point, chez Origène, des opinions successives, ou la reseratio vulvæ signifie-t-elle simplement egressio ex utero, sans qu’il y eût aucune atteinte à l’intégrité virginale, au sens admis dans les siècles suivants par plusieurs auteurs ecclésiastiques, selon la remarque de saint Thomas, Sum. theol., III 4° q. xxviii, a. 2, ad 1°™? Les textes que nous possédons actuellement ne nous permettent point de le déterminer avec certitude. — Quant à la virginité post partum, elle est plusieurs fois nettement affirmée : Comment, in Matth., tom. ix, 17, t. xiii, col. 877 ; In Luc, hom. vii, col. 1818 ; Comment, in Joa., i, 6, t. xiv, col. 32. On remarquera que, selon Origène, les frères de Jésus étaient des fils de Joseph issus d’un mariage précédent. Comment, in Matth., tom. x, 17, t. xiii, col. 877.

g) Une homélie de saint Grégoire le Thaumaturge († 270) sur la naissance de Jésus-Christ, traduite en arménien et considérée comme authentique par plusieurs critiques, atteste la virginité de Marie in partu. La Vierge n’a pas souffert la corruption parce qu’elle a enfanté d’une manière spirituelle. Par un miracle, la Vierge enfante en restant vierge. Il convenait que celui qui est le docteur de la chasteté sortît, avec une gloire resplendissante, d’un sein pur et immaculé. Le texte d’Isaie Ecce virgo concipiel et pariet ftlium est cité à l’appui de cet enseignement. Homil., i, 8, 13, 14, 16, dans Analecta sacra du cardinal Pitra, Paris, 1883, t. iv, p. 383 sq. La virginité perpétuelle de Marie est aussi affirmée, suivant l’enseignement des prophètes, unie et post partum, p. 392.

h) A la fin du nie siècle, la réponse doctrinale du M m :

i RG1 MM : l NSE IGN1 Ml r P VTRISTIQ1 E

23'

pape saint Félix a l'évêque Maxime et au clergé d’Alexandrie déjà citée (col. 2351) reproduit les les du symbole ex virgine Maria natum, ex ine incarnatum, qui attestent d’un manière gehé : chiite de la Mère de Dieu, /'. L., t. v, s c>Tille d’Alexandrie, Apologetteui ado. . P. G., t. lxxvi, col. 343. On peut encore rapporter au ur siècle, la première lettre sur la virlongtemps attribuée au pape saint Clément, eur y montre l’excellence de la virginité par le (ait que c’est d’une vierge que Notre-Selgneur JésusChrist a reçu son corps. De virg., i, 6, dans l’unk, t. t. ii, p.."). Comme relevant encore du iiie siècle, Indiquons l’en dignement de saint Pierre xandrie († 31 H et celui de saint Méthode d’Olympe († 312) Saint Pien d’Alexandrie, dans un lient qui est parvenu usqu'à nous, atteste que be divin par la volonti toute-puissante de Dieu, fait chair dans le sein de la Vierge, sans avoir iction ni de la présence de l’homme. /'. < ;., t. xviii. col. 509, 512. * liez Méthode d’Olympe se rencontre une allusion à la conception de Jésus, et ( Virgine ac Spiritu. Conviv., iv, /'. G., t. xviii. col. 68. En terminant cette courte esquisse de l’enseignement patristique sur la virginité de la mère de Dieu dans les trois premiers siècles, signalons l’affirma lion explicite contenue dans le symbole romain, tel qu’il était à cette époque selon nos documents actuels. Il est hors de doute que l’article concernant la ption virginale, du moins sous la forme natum . a toujours fait partie du symbole romain. Il remonte pour le moins dès lors au milieu du n* sièSym bole des), t. i. col. 1672 sq., et C’est avec raison qu’on en voit, dans les textes lus haut, des citations assez évidentes chez saint Justin, saint [renée, Tertullien, peut-être rit Ignace. Les expressions ex Spiritu Sancto et Marie virgine, certainement usitées depuis polyte, voir Neubert, Mûrie dans l'Église 8, p. 1 13, marquent encore d’une manière plus explicite la conception virginale. Enfin, s’il n’est point prouvé que la formule qui conceptus est de Spiritu Sancto et natta ex Maria virgine soit antérieure au ive siècle, aucune difficulté n’en te relativement à la conception virginale. Les expressions natus ex Maria virgine ou nains ex Spiritu Sancto et Maria virgine. certainement en usage au moins dès le iie siècle, attestent très nettement cette vérité.

2. La grande époque patristique.

a) Saint Atliadonne plusieurs foi- à Marie le titre de vierge,

P. ('.. t. XXVI,

.a même appellation se rencontre plusieurs fois chez saint Cyrille de Jérusalem (f
. l. 15, /'- G., t. xxxiii. col. 685, 725,

741. Selon saint Hilaire lésus a été engendré

.rie par l’opération du Saint-Esprit et en dehors des moyens humains. De Trin.. t. III, 19 : . r XII, 50, P. L., t. x, col. 87, 353 sq., 371,

Comment, in Matin., i. 3, t. ix, col 921 sq. En même temps la fonction maternelle de Marie est ainsi décrite : Qux officio usa materna, seras sui naturam in coneeptu et partu hominis exsecula est. De Trin., N. 17. t. x. col. 365. La virginité in partu est i ment affirmée : I/isa de suis non imminuta generavit. De Trin.. III. 19, col. 87. Enfin après l’enfantement de Jésus, la virginité de M 'oujours restée

intai qui pensent différemment sont irre ipiritali doctrina a’ieni. Comment, in

L.. !. ix. col. '121 sq. Quant aux frères

de Jésus, mentionnés dans l'évanf < it des fils

de J sus d’un premier mariage, col. 922.

Saint Grégoire de Nazianze eigne, comme

une vérité que l’on doit croire sous peine d'être un

Athée, que Jésus Christ acte tonne dans le sein de la

vierge Marie, d’une manière a la fois divine et humaine ; d’une manière dix ine, parce que celle forma lion s’est accomplie sans le concours de l’homme, d’une manière humaine, parce que celle loi mat ion s’est accomplie selon la loi de la conception humaine.

Episi., n. P. G., t. xxxvii, col. 1 77. Didyme

d’Alexandrie (t J' 1 "'* donne à Marie les titres de I l-*pOi vo ; et de 'AnnopOévoç. De 7Y/n., 11. I ; L 27. P, G., t. i. col. 181, 104, 830 rjq. il affirme incidemment l’enfantement virginal, I. [II, c a, 20, col,

793, et la virginité de Marie posl parlant, III, ix, col. 8312 Cependant Jésus est appelé avec raison KpttTOTOXOÇ, soil parce que JésUS lui-même a formé Marie et toute l’humanité, soit parce que Jésus est le frère de tous ceux qui. dans la suite, ont revu ou

recevront, par le baptême, l’adoption divine, col. sq.

b) Selon saint Lpiphane († 103), Jésus ne de Marie a été conçu par l’opération du Saint-Esprit. Lncoratas. î v, P. G., t. xi.im. col. 157. Il est ne de Marie seule, sans aucune coopération humaine. HsertS., i. xiii, 19 sq. t. xMi. col. 729 sq. Bien qu'Épiphani affirme que, dans l’enfantement divin, Jésus a véritablement ouvert [XïjTpav [XTrjTpôç, col. 729, il ne parait point avoir voulu déroger, par là. a l’intègre et toujours persévérante virginité de Marie. Pour toute la période qui suivit l’enfantement, Marie est appelée, sans aucune restriction, r, -ivu HapOévoç, tô âv'.ov oxeûoç, col. 733, Saint Êpiphane veut donc simplement parler de ! ' < utero, sans qu’il

v ait aucune atteinte à l’intégrité virginale. Quant à la virginité post partum, elle est souvent affirmée, Ilivres., ] xxyiii, 2 : î.I. xi.ii. col. 736. L’erreur des antidicomarianites est formellement réprouvée, et les textes scripturaires sur lesquels on voulait l’appuyer sont expliqués dans un sens favorable : Antequam entrent de Matth., i, 18, n’autorise point a admettre que le fait eut lieu dans la suite. L'écrivain

. préoccupe seulement de démontrer la conception virginale, se borne à affirmer que le fait n’a pas eu lieu auparavant, col. 732. Non cognoscebat eam donec peperdt filium suum primogenitum, Matth., i. doit s’entendre de la connaissance très parfaite que Joseph eut des prérogatives de Marie après l’enfantement divin, col. 7, '12. Quant à Filium suum primogenitum. une double signification est assignée : Jésus est primogenitus omnis créatures au sens de saint Paul, Col., i. lô ; Jésus est aussi, selon le même apôtre, primogenitus in mullis fratribus, Rom., viii, 29, parmi tous ceux qui deviennent ses frères d’adoption, col. q. On sait que l’homélie v, In laudes S. Maria Deiparæ, /'. G., t. xi.m, col. 492, 496 sq., 501,

ml affirmés plusieurs fois la conception virginale et l’enfantement virginal, n’est point de saint Lpiphane. mais d’un auteur postérieur du vu » ou du

IXsiècle.

r) Saint Éphrem († 373), dans ses treize sermons sur la naissance du Sauveur, affirme fréquemment, d’une manière générale, la virginité de Marie dans la conception et dans l’enfantement de Notre-Seigneur. Opéra omnia, sgro-lat., édit. Assémani, Rome, 1743, t. n. p. 396 sq Dans un sermon contre les hérétiques tenu pour authentique, mais dont la traduction est défectueuse, ii enseigne que Marie n’a pas perdu le sceau de la virginité, ni dans la conception, ni dans la naissance de Jésus : son enfantement s’est accompli sine reseratione aut ru plu ru. Il y a eu apertio uteri en ce sens que Jésus ; sorti du sein de Marie par l’opératon du Saint-Esprit. Il n’y a eu aucune lésion du sceau virginal. Grœco-lat.. t. ii, p. 259 sq. L’absolue virginité- de Marie m parla est aussi très 2.17.'.

MARIE, VIRGINITÉ : ENSEIGNEMENT PATRISTIOUE

souvent et très explicitement exprimée dans les nombreuses hymnes de saint Éphrem sur la naissance de Notre-Seigneur et sur la mère de Dieu, publiées par Mgr Lamy, S. Ephrem Sijri hymni etsermones, Malines, 1882-1889. Le sceau de la virginité a été gardé intact, Ih/mn., i, v, vii, xi, xii, xv, xvi, t. ii, col. 436, 534, 546, 508, 570, 574, 584. Marie est appelée la porta clausa, Ezech., xliv, 2, par laquelle Jésus est entré en ce inonde sans l’ouvrir. Jlymn., xv, iv, t. ii, col. 584, 534. La prophétie d’Isaïe est interprétée dans ce sens, Hymn., vii, xvi, t. ii, col. 546, 588. Jésus est sorti per viam nalorum, le sceau de la virginité restant fermé, v, col. 534.

d) Nous signalons ici deux discours attribués à saint Grégoire de Nysse, bien que leur authenticité reste douteuse. Il y est affirmé que Marie est à la fois mère et vierge. La virginité n’a pas empêché l’enfantement, et l’enfantement n’a pas porté atteinte à la virginité. In diem natalem Christi, P. C. t. xlvi, col. 1136. Le Verbe fait chair, seul conçu d’une manière ineffable, a ouvert le sein virginal non ouvert jusque-là, gardant intact, même après son admirable passage, le sceau de la virginité, ià arju.avTpoc tîjç 7Tap0ev£aç à7rap<XTp<OTa xal is-uà tîjv 7tapâSoÇov 7tp6080v çuXaÇdtuevoç. De occursu Domini, col. 1157.

e) En Occident, saint Zenon de Vérone († 380) affirme expressément la virginité de Marie dans la conception, dans l’enfantement et après l’enfantement. Tractalus, t. I, tr. v, 3 ; t. II, tr. viii, 2, P. L., t. vi, col. 303, 414 sq. La virginité dans l’enfantement est particulièrement affirmée, col. 4Il sq., ainsi que la virginité post parfum, col. 417. — Saint Ambroise († 397) enseigne la conception virginale accomplie par l’opération du Saint-Esprit. De inslit. virg., v, 33 sq. ; xii, 79 ; xiv, 88, P. L., t. xvi, col. 313 sq., 324, 326, 329. L’enfantement virginal est également affirmé, col. 313. Les paroles du prophète Ézéchiel, xliv, 2, concernant la porta clausa sont appliquées à l’enfantement virginal : Bona porta Mariæ quee clausa erat et non aperietur. Transivit per eam Christus sed non aperuit, De instit. virg., viii. 54, col. 320 ; per -quam sine dispendio claustrorum genitatium virginis partus exivit, viii, 55, col. 320. On sait que le De institutione virginis fut écrit en 391-392. Dans une lettre écrite en 396 se rencontre encore un témoignage très explicite. Il est dit de Notre-Seigneur, qu’en naissant de Marie il a conservé intact le sceau de la virginité : Qui cum ex Mariæ nasceretur utero, gsnitatis tamen septum pudoris et internera ta virginitatis conservavil signacula. Epist, , i.x :  ;, 33, col. 1198. Ces déclarations si explicites, postérieures au synode de Milan de 390, dans lequel saint Ambroise défendit l’absolue et perpétuelle virginité de Marie contre l’erreur de Jovinien, doivent aider à déterminer le sens d’un passage du commentaire de saint Luc écrit quelques années auparavant, de 385 à 387, avant la manifestation de l’erreur en question : Hic ergo soins aperuit sibi vulvam… hic est qui aperuit matris suie vulvam ut immaculatus exiret. Expos, ev. sec. Lucam, t. II, 57, t. xv, col. 1573. Puisque, selon de très explicites déclarations postérieures, Ambroise admet l’intégrité virginale in partu et post partum, les paroles du commentaire de saint Luc doivent signifier simplement eritus de utero matris, sans atteinte à l’intégrité virginale, au sens indiqué par saint Thomas. Sum. theol., III a, q. xxviii, a. 1, ad l » m. C’est d’ailleurs le sens suggéré par le contexte du passage précité, où l’enfantement de la vierge Marie est appelé saint et immaculé, en ce sens que Jésus est le seul ex natis de femina qui, grâce à la nouveauté de son enfantement immaculé, n’a point connu la contagion de la corruption terrestre. Comment cet enfantement serait-il nou- !

veau et immaculé s’il s'étail accompli avec la perti de la virginité? !.. IJ, 56, col. 1573.

Enfin la virginité de Marie post partum est particulièrement affirmée et défendue cou Ire les attaques de Bonose, évêque de Sardique. Voir Bonose, t. ii, coi. 1027 sq. L’erreur de Bonose est qualifiée de sacrilège. De inst. virg., v, 35, t. xvi, col. 314. Puis, après avoir montré dans l’Ancien Testament plusieurs symboles de la parfaite et permanente virginiti Marie, notamment la porta clausa d'Ézéchiel, col. ! Vhortus conclusus et le fons signalas du Cantique des cantiques, col. 321, J'évêque de Milan explique les textes scripturaires sur lesquels Bonose cherchait à appuyer son erreur. Antequam convenirent, Matth., i, 18 est expliqué en ce sens que l'évangéliste limite son attention à la question principale, celle de l’incarnation, laissant la question incidente de la virginité post partum qui n'était point en jeu. De institutione virginis, v, 37, t. xvi, col. 315. La même explication est donnée au texte de Matth., i, 25, non cognoscebat eam donec peperil fîlium, col. 315 ; cf. Expos. evang. secundum Lucam, I. II, 6, t. xv, col. 1555. Les paroles Joseph accepit conjugem suam, Matth., i, 24, signifient simplement la solennité du mariage, non enim virginitatis ereptio sed conjugii teslificatio, nuptiurum celebralio declaratur, col. 1555 ; De institutione virginis, vi, 41, t. xvi, col. 316. Mulier, dans le texte jaclum ex muliere, Gal., iv, 4, n’implique point la perte de la virginité, non corruptelæ sed sexus vocabulum est, col. 315, t. xv, col. 1555. Les frères du Seigneur mentionnés dans l'Évangile ont pu être issus de Joseph ; il est d’ailleurs certain que le mot frère dans l'Écriture n’a pas un sens restreint, fraternum nomen liquet pluribus esse commune, t. xvi, col. 317. — La virginité parfaite et constante de Marie est d’ailleurs souvent proposée à toutes les vierges comme modèle : De virginibus, II, ii, 7 sq., t. xvi, col. 209 sq. ; De institutione virginis, v, 35, xiii sq., col. 314, 325 sq. ; Exhorlatio virginitatis, v, col. 344 sq.

On doit mentionner également la lettre du synode de Milan au pape saint Sirice en 390 ; synode auquel prirent part saint Ambroise et plusieurs autres évêques. Ce synode affirme l’absolue virginité de Marie dans sa conception, dans son enfantement et après son enfantement, comme une vérité enseignée par l'Écriture et par le symbole des apôtres toujours fidèlement conservé dans l'Église romaine. S. Ambroise, Epist., xlii, 4 sq., P. L., t. xvi, col. 1125.— Vers 392, le pape saint Sirice, écrivant à Anysius de Thessalonique et aux autres évêques d’Illyrie, réprouve l’erreur de Bonose attribuant à Marie d’autres enfants que Jésus ; erreur déjà condamnée peu auparavant par le concile de Capoue, Epist., ix. P. L.. t. xiii, col. 1177. Voir Bonose, t. ii, col. 1027 sq.

/) Saint Jérôme († 421) appelle la virginité de Marie dans la conception de Jésus, une vérité de foi, enseignée par l'Écriture, concédée par Helvidius lui-même, et qu’il n’est aucunement nécessaire de prouver. De perpétua virginitate B. Mariæ adv. Helvid., 16, 19, P. L., t. xxiii, col. 201, 203. La prophétie d’Isaïe, vu, 14, est interprétée dans le même sens. Adv. Jovinian., i, 32, col. 254 sq. ; In Isaiam, t. III, 14, t. xxiv, col. 107 sq.

Quant à la virginité in partit, nous indiquerons l’enseignement du saint docteur suivant l’ordre chronologique de ses écrits. Deux allusions se rencontrent dans le De perpétua virginitate adversus Helvidium, écrit en 383. La première est cette affirmation incidente : Nulla ibi obsletrix : nulla muliercularum sednlitas intercessit. Ipsa pannis involvit infanlem, ipsa et mater et obstetrit luit. Loc. cit., t. xxiii, col. 192. La deuxième allusion est ce passage concernant l’enMARIE. VIRGINITÉ :  ! NSEIGNEMENT PATRISTIQ1 I

2378

(alitement aussi t>ieii que la conception virginale de

Vnfit/n Deunt esse île virgine credimus 1/11111

Mariant nupsisse post partum non crtdimus

. non legimus. col. 203. 1e même passage est presque immédiatement précédé de cette objection de Helvidius : Turpius est Drum per Virginia padenda

tum, quant virginem suo viro nupsisse post partum. col. 202. Jérôme répond en accumulant, avec ses habituelles exagérations de langage, les humiliations « ] ti i <>nt accompagné la conception et la naissance de Jésus : et il conclut que ces humiliations ne s. un pas plus grandes que celles de la croix, en laquelle nous croyons et par laquelle nous triomphons de nos ennemis : Jttnge si libet et alias natures contumelias, ms uterum insolescentem, fastidia, partum. sanguinem, pannos. Ipse tibi describatur in/ans, ttgmine ntembranorum solito convolutus. Ingerantur . i<agitus parinili, oclavtt diei circumpus purgutionis, nt probetur immundus. Non trubescimus, non sitemus. Quanto sunt humiliora qutt pro nie passas est, tanto plus itti debeo. Et ctim omnia rtplieavtris, enter nihil contumeliosius profères, quam profitemtir et credimus et in qaa de kostibus triumpha . col. 202 sq. Il est manifeste que Jérôme ne veut point ici affirmer que chacune de ces humiliations, décrites avec une évidente exagération, s’est véritablement réalisée dans la conception et l’enfantement du Sauveur. Il les concède, pour le moment, dans une sorte d’argument ad Imminent, pour rendre sa conclusion plus évidente, que ces humiliations, quelles qu’elles

t. ne dépassent point les opprobres de la croix. D’ailleurs, immédiatement après cette phrase, saint Jérôme conclut par les paroles déjà citées : Xatum Deum ose de Virgine credimus quia leglmus, expres qui ne serait plus vraie dans sa teneur absolue si. dans la phrase précédente, l’auteur avait voulu nier la virginité in parla.

Dans tous sel écrits postérieurs, saint Jérôme affirme nettement la virginité in partu. Dans son ouvrage contre Jovinien écrit en 392, les paroles scripturaires, hortus conclusus, soror mea sponsa, [ons signatus du Cant., iv, 12. sont appliquées à la virginité de la Mère de Dieu. Adv. Jovinian., i, 'M, t. xxiii,

254. — Dans une lettre à Pammachius, vers la fin de 393, plusieurs symboles scripturaires sont employés pour désigner la virginité perpétuelle de Marie : l’entrée de Jésus clausis ostiis, le sépulcre de Jésus qui était nouveau et taillé dans une pierre très dure, et dans lequel personne n’avait reposé auparavant, ni personne ne reposa depuis ; le jardin fermé et la fontaine scellée du Cantique, enfin la porte fermée dont parle

Miel, semper étatisa et lucida. et oriens in se oel proferens ex se Saneta sanctorum, per quant sol juslitiæ et pontifex noster secundum ordinem Melchisedech ingreditur et egreditur. Que l’on me dise, continue saint Jérôme, comment Jésus est entré clausis ostiis, et je répondrai comment Marie est mère et vierge. Epist.. xi-vin. 21, P. L., t. xxii, col. 510. — Dans le commentaire sur Isaïe écrit après 407, le texte Ecce t’irgo concipiet et pariet ftlium est interprété dans le sens de la conception virginale et de l’enfantement virginal. La porta clausu d'Ézéchiel est entendue de l’enfantement virginal : Ipse descende ! in uterum virginalem et ingredietur et egredietur orientaient nper est clausu. in ls., lii, 7. t. xxiv, col. ln7. — Dans le dialogue Adversus Pelagianos, écrit en 415, il est dit que Jésus-Christ seul a ouvert les portes fermées du sein virginal, qui cependant sont restées perpétuellement fermées, 11, 4, t. xxiii.col. 538. La même affirmation est reproduite dans le commentaire sur Ézéchiel écrit de 407 à 120, I. XIII. 11. t. w. 1 ol. 130.

routes ces affirmations n’exlgent elles point que

la sortie de Jésus Christ <-.r utero luuso. dans l’cnlau

tentent, suit entendue de manière a sauvegarder l’Intégrité virginale de Marie, n’exigent elles point que l’affirmation incidente, et évidemment hyperbolique, du De perpétua virgtnitate adversus Helotdium, 18, soii interprétée dans le sens d’un respect absolu de la virginité tnpartuf Quant à la virginité post partum, elle est particulièrement défendue par saint Jérôme

contre l’abus que faisait Helvidius de quelques textes scripturaires, Priusquam convenireni ne suppose point l’usage subséquent du mariage ; il Indique simplement la prochaine solennité du mariage. De perpet, virg, , 1 Pour le mot uxor. employé par Mail h. 1. 24, il sert sou vent, dans le langage scrlpturaire, a désigner une simple fiancée et n’autorise point à conclure contre la

virginité perpétuelle de Marie, col. L86sq. Non COgnOS

cebat eam douce peperit filium, Mal th.. p. 25, ne suppose point que le fait eut lieu après l’enfantement. Dans beaucoup de phrases scripturaires, douce exprime un temps Indéfini, col. ÎS’J. D’ailleurs, l'Évangile

indiquant l’absence du l’ail pour la période antérieure à la révélation faite à Joseph, nous fait entendre qu'à plus forte raison, après celle divine manifestation du mystère accompli en Marie, le fait n’eut point lieu, col. 190. Peperit filium suum primogenitum, Luc, 11, 7, signifie seulement le Bis qui n’est précédé d’aucun autre. Suivant la loi, Exod., XXXTV, 1 ! » sq. ; um., xviii, 15, et l’attestation de saint Luc, 11, 23, primogenitus, équivaut à omne masculinum adaperiens vuloam, col, 192 sq. Quant aux f mires Domint, ce sont simplement des cognati, (ils d’une sieur de Marie. Ils sont appelés frères de Jésus, comme Joseph est appelé son père. L’expression /rater, dans le langage scripturaire, a souvent un sens générique, col. 19C sq La parenté du côté de. Joseph est écartée. Saint Jérôme défend explicitement la virginité de Joseph : Ego milii plus vindico etiam ipsum Joseph virginem fuisse per .Mariant, ut ex virginali conjugio filius nascerctur, col. 203.

g) Quelques années plus tard, saint Augustin enseigne, comme une vérité de foi, que Jésus est né du Saint-Esprit et de la vierge Marie. De Trinitate, I. XV, 46, /'. L., t. xi.ii, col. 1094 ; Serai., ii, 18, t. xxxviii, col. 313. Vérité plusieurs fois répétée par saint Augustin dans ses serinons sur la fête de Noël, Serm.. clxxxvi-cxcvi, col. 999 sq. En même temps la virginité in partu est formellement affirmée, Serm., CLxxxviii, I : clxxxix, 2 ; exa, .'S, 4 ; cxai, 1, col. 1004 sq., 1010 sq. : Contra Faustum manichœum. xxix, 4, t. xi.ii, col. 190. L’intégrité virginale est restée intacte. Si, par la foi, nous croyons que Dieu est né in carne, nous devons croire que ces deux choses sont possibles a Dieu : Ut et corpus ma/oris ivlotis non reserato aditu domus intus posilis prseseniaret et sponsus infinis de thalamo suo, hoc est utero virginali, illsesa mairis virginitate procederet. Serm., cxci, 2, t. xxxviii. col. 1010. Le même enseignement se rencontre dans l'épître cxxxvii, 8, t. xxxiii. col. r >19. En même temps la virginité post partum est affirmée dans la plupart des textes que nous venons de citer. D’ailleurs la formule générale virgo concepit, virgo peperit, virgo permansit, est plusieurs fois répétée. Serm., ii, 18 ; exc, 2 ; exevi, 1, t. xxxviii, col. 313, 1008. 1019. Enlin la paternité de saint Joseph est expliquée de manière à sauvegarder, dans toute son intégrité, la virginité de Marie..Serai., 1.1, 17 sq., 30, col. 342 sq., 350 ; Contra Faustum, ni, 3, t. xi.u, col. 215 sq.

ht Nous mentionnons à la fin de cette période les textes de saint Nil († 130), P. G., t. lxxix, col. 182294, relatifs à la virginité in partu et post partum, bien que l’authenticité de ces textes, d’après ce que nous savons sur l’ensemble des lettres attribuées a ce saint 2379

MARIE, VIRGINITÉ : ENSEIGNEMENT PATRISTIQUE

moine, ne soit pas pleinement démontrée. NotreSeigneur dans son enfantement, ouvrit t// ; ài^XovTov u^Tpav. Non s : ">s miracle, et par sa propre autorité, il la scella lui-même après son enfantement, le sceau de la virginité n’ayant été aucunement violé. Epist., i. 270, col. 182. Ailleurs, il est dit que le divin enfantement s’est accompli sans aucune corruption ni souillure, Epist., ii, 180, col. 294.

3. A l'époque de ta controverse nestorienne et de la controverse cutychienne. — Bien que la virginité de Marie ne lût point directement en jeu dans ces deux controverses, il en fut souvent question d’une manière incidente, à cause de son intime connexion avec la maternité divine et le dogme de l’incarnation.

a) De Nestorius nous dirons seulement que, malgré son opposition à la maternité divine de Marie, il rendit hommage à la virginité de celle-ci. Jugie, Nestorius et la controverse nestorienne, Paris, 1912.. p. 286. U l’appelle « la mère de Dieu vierge ». Homélie sur la seconde tentation, dans Nau, Le livre d’Héraclide de Damas, Paris, 1910, p. 345. Faisons remarquer toutefois qu’au dire de saint Cyrille, Nestorius n’a point reconnu l’enfantement accompli sans lésion aucune de la virginité. Homil. diverses, xi. P. G., t. lxxvii, col. 1033.

b) Le principal défenseur de la vérité catholique à cette époque est saint Cyrille d’Alexandrie qui, surtout dans ses écrits sur la maternité divine, loue souvent, d’une manière générale, la virginité de Marie. Il enseigne, d’une manière explicite, que Marie a conçu par l’opération du Saint-Esprit. In Joan., t. V, P. G., t. lxxiii, col. 876 ; Contra Julianum, t. VIII, t. lxxvi, col. 900. Il interprète en ce sens la prophétie d’Isaïe, col. 901. La virginité perpétuelle de Marie est également affirmée, Homilise diversæ, xi, t. lxxvii, col. 1032, ainsi que l’enfantement virginal. Marie a enfanté d’une manière divine : le Fils de Dieu est entré dans son sein et il en est sorti comme il a voulu ; la porte est restée close, col. 1032.

Proclus de Constantinople († 446) affirme spécialement la virginité de Marie in partu. Jésus qui est entré dans le cénacle, les portes restant fermées, est né de Marie d’une manière ineffable. Orat., i, 2, P. G., t. lxv, col. 684. Emmanuel devait, comme homme, ouvrir les portes de la nature : mais, comme Dieu, il n’a pas brisé la clôture de la virginité. La porta clausa du prophète Ézéchiel et la prophétie d’Isaïe sont interprétées dans ce sens, col. 692. La virginité post purtum est également affirmée. Orat., ii, 6, col. 700. Les paroles non cognoscebat eam… de Matth., i, 25, sont expliquées en ce sens : Joseph, tant que Marie n’avait pas enfanté le Seigneur, ne connaissait point l'économie du plan divin concernant la mère de Dieu. Orat., vi, 7 sq., col. 733 sq.

Saint Isidore de Péluse († 434) appelle Marie : rj 71ap6évoç, Epist., i, 7, P. G., t. lxxviii, col. 184. Ailleurs il émet cette affirmation : Ilàaav yàp (xyjrpav ui ; i< ; xai auvouata àvoîywcri, ttjv Se tov Kùpiov r)fj.âiv T/jaoGv Xp'.arôv x’JTjaaaav, aùxôç auXXvjqiGelç àarcopcoç 7rpoep/6u, evoç fy/oiÇe, xai 7ràXiv êaçpayiffjxév/jv xaxÉXiTrev. Èpist., i, 23, col. 196 sq. Ces paroles ne peuvent signifier qu’il y a eu, dans l’enfantement divin, perte momentanée de l’intégrité virginale, rétablie presque aussitôt dans toute sa perfection. Une telle restitution n'étant pas moins miraculeuse que sa constante conservation, on ne conprendrait point pourquoi la perte de la virginité aurait été momentanément permise. Cette perte est d’ailleurs exclue par les deux expressions è9ppayia|i.évi, v xaréX17tev. Par ellesmêmes et par le double emploi du passé, elles expriment la constante permanence du sceau de la virginité.

Le sens est donc que le sein de Marie, sans perdre |

2388

l’intégrité virginale, laissa miraculeusement passage au corps de Jésus et qu’il ne laissa ce passage qu’a lui ; , 1( ' telIe SOrte que le sein de Marie fut de nouveau' à jamais scellé. Sens que nous avons déjà rencontré chez plusieurs au 1res Pères.

En Occident, saint Pierre Chrysologue († 450) enseigne de même la constante virginité de Marie virgo concipit, virgo parturil, virgo permanel. Serm., xcvui, P. L., t. ui, col. 521. L’intégrité virginale' loin d'être lésée dans la conception et l’enfantement de Jésus, y a été consolidée. Serm., cxlii, col. 581 Jésus est sorti du sein de Marie de telle manière que la porte virginale ne fût jamais ouverte, et que la parole de l’Ecriture, hortus clausus, soror mea sponsa, tons signalas, fût pleinement réalisée, Serm., cxlv[ col. 589. Dans son enfantement Marie a de 'plus en plus conquis la glorieuse couronne de la virginité Serm., clxxv, col. 658.

Le pape saint Léon I « († 461) affirme aussi plusieurs fois, dans ses sermons et dans ses épîtres, la conception virginale, Serm., xxii, 2 ; xxiv, 1 ; xxv 3 P. L., t. liv, col. 195, 204, 209 ; Epist., xxxv, 3, col ! 809 ; et l’enfantement virginal, Serm., xxi, 2 : xxii, 2 : xxiii, 1 ; xxiv, 1, col. 192, 195 sq., 199 sq', 204* Epist, xxxv, 3, col. 809. Relativement à la virginité in partu, on remarquera particulièrement ces expressions : Utero quidem materno sed partu est enixa virgineo, col. 204, et cette autre phrase : Oportui tenim ut primam genitricis virginitatem nascentis incorruptio custodiret et complacilum sibi claustrum pudoris et sanctilatis hospitium divini Spiritus virlus in/usa servaret, col. 196. La virginité post partum résulte de toutes les affirmations si absolues de l’intégrité virginale de Marie dans les textes précités, et de cette affirmation générale : Divina potestate subnixum est quod virgo conceperil, quod virgo pepereril et virgo permanserit, col. 195.

c) Les conciles d'Éphèse et de Chalcédoine ne contiennent directement aucun enseignement explicite sur la virginité de la Mère de Dieu, en dehors de l’affirmation générale natus ex Maria virgine, qui à cette époque, était depuis longtemps déjà formulée dans le symbole.

Le Tome de saint Léon I" (449), dont on connaît la souveraine autorité doctrinale, et à laquelle le concile de Chalcédoine adhéra pleinement, est plus explicite. La virginité de Marie, dans la naissance de Jésus, y est enseignée comme une vérité de foi crue par tous les fidèles. Epist., xxviii, 2, P. L., t. liv, col. 757 sq ? Ce qui comprend manifestement la virginité de Marie dans l’enfantement aussi bien que dans la conception : Conceptus quippe est de Spiritu Sancto intra uterum matris virginis, quæ illum ita salva virginilate edidit quemadmodum salva virginitate concepil, col. 759. En ce sens aussi, col. 761, est interprétée la prophétie d’Isaïe, vii, 14.

En terminant l’histoire du dogme de la virginité de Marie dans les cinq premiers siècles, nous croyons utile d’attirer l’attention du lecteur sur U-s incorrections critiques qui abondent dans l’ouvrage déjà cité du pseudo Guillaume Herzog, La sainte Vierge dans l’histoire. Nous mentionnerons, à titre d’exemples, les erreurs suivantes ouvertement affirmées ou habilement insinuées, laissant les autres à l’appréciation du lecteur qui pourra lui-même, à l’aide des documents précités, en faire prompte justice : 1° La doc trine de la naissance virginale de Jésus a été introduite dans l'Église sous l’empire des idées docétes, qui, dans tout le cours du n » siècle, étaient en vogue dans les communautés chrétiennes, p. 39 ; 2° Irénée, grand adversaire du docétisme gnostique, a soumis la naissance du Christ à la loi commune, p. 39 ; 3° La piété chrétienne, au rve siècle, lit triompher dans l'Église la cliristologie docète relativement à la conception virginale, qui se maintint dans la suite, grâce à l’autorité considérable des grands hommes d'Église M u II. l RG1 M ri :  ! NSI IG l.M I I rHÉOLOGIQl I

qui i.i cl. l<*n<lirrnl. p. 11-45 ; |< On observera aussi la fausse inli rp : < l.ition donnés par l’auteur aux texte ! que DOUS s de t 'reclus, ilf saint Isidore >l « ' Peluse et ek orne, p. ! ' sq.

2 lie, marquée par un progrès dans reniement théologique relatif à la conception virgienfantement virginal et au vœu de virginité par Marie

mme pour la maternité divine, il n’y eut, pendant période, aucun progrès dogmatique relativement a la virginité de Marie, qui avait atteint. tin du iv et au eommeneement du v siècle, toute la perfection dont elle était susceptible. Depuis cette époque on ne lit que reproduire la doctrine prénment enseignée, en complétant ou en perfectionnant l’expose îles preuves script urai res et traditionnelles. Mais il y eut quelque progrès théologique relativement a l’explication de l’enfantement virginal lativement au vœu de virginité émis par Marie. si ce progrès théologique que nous nous proposons

piisser au moins dans ses lignes principales. 1. Enseignement théologique concernant l’enfantement virginal.

Une brève esquisse de cet enseignement permettra encore ici au lecteur de se rendre compte des incorrections critiques qui abondent dans ivail de G. Herxog, p. 17 sq. ni Depuis le milieu du Ve siècle jusqu’au IXe siècle. Chez beaucoup d’auteurs ecclésiastiques qui ne donnent qu’une affirmation générale du dogme catholique, les expressions employées ne présentent rien de spécial. Nous mentionnerons particulièrement : ide († 103), De ecclesiasticis dogmatibus, c. ii, iii, /'. /…t. i.vin.col.981sq., 996 ; S. Fulgence († 533), t., xvii. 12 ; De oeritate pnvdestinationis et graliaz Dei. I. n. 5 ; De fide, u. 17. /'. L., t. lxv, col. -158, 605, - Anastase le SinaTte ( + 700). In hexæmeron, I. II, /'. G., t. i-xxxix, col. 871 : S. Germain de Constant ! nople († 740), In præsentationem S."?. Deiparse, nom. i, 12. P. G., t. xc.vm, col. 304 ; s. Théodore le Studite († 828). Oral., v. 4, /'. <'… t. xcix. col. 728 : de Nicomédie († 828). Oral., i, ii, viii, /'. G.. I. 1337, 1356. 1472. b. Quant aux auteurs ecclésiastiques qui essayent une explication théologique, ils n’emploient plus les expressions signifiant quelque apertio uteri au sens d’egressio ex utero. Ils emploient de préférence des expressions semblables à celles de saint Augustin et de saint Léon, en insistant fortement sur la constante permanence du sceau de la virginité.

Le pape saint Horsmidas (+ 523) c ! it expressément en parlant de la naissance de Notre-Seigneur : Malris vulcam nalus non aperiens et virginitatem malris àeitatis virtute non solvens. Epist., lxxix. P. L., t. i.xiii, col. 514. — Le pape saint Grégoire le Grand († 604) reproduit la comparaison de saint Augustin. Notreneurest venu en ce monde non aperto utero Viryinis ; comme après sa résurrection il est entré januis clausis auprès de ses disciples. In lùning., hom. xxvi, 1, P. L., t. i.xxvi. col. 1197. Ailleurs il appelle l’enfantement divin portas inviolabilis. Moral, in Job, xxvi, 85, col. 90. — S. Ildefonse (* 667), en appliquant à la virginité de Marie les paroles d'Ézéchiel concernant la porta dama, prend s'.in de dire que le Seigneur seul a passé par cette porte en naissant, et que cette porte est toujours restée fermée, unde semper est dansa, quia sem ; >rr est vtrgo. hr ttirginitate perpétua S. Maria-, iii, vi, P. /… t. xi i. col. b7, 75.

Même enseignement chez saint André de Crète

_ >). Après l’enfantement, le sceau de la virginité

est resté intact. In natirit. li. Maris, i, iv, /'. G.

t. xcvii, col. 813. 820. 864, 870. — Scion saint Jean

Damascène i+ vers 754), Notre-Seigneur, en naissant,

a lai.si' intacte la Virginité de Marie. Seul il a passe par la porte de cette Virginité et il l’a gardée formée. De flde orthod., I IV, il. /'. G., t. xav, col. 1161. La porte dont parle le prophète Écéchiel a été accessible au Seigneur, mais non ouverte ; le sceau de la virginité a persévéré perpétuellement. In dormit., hom i. 9. t. xi vi. col. 713. On observera que saint Jean Da mascène réfute, un siècle avanl Ratramme, une erreur analogue à celle que combattit le moine de Corbie, La naissance de Jésus s’est accomplie par la voie accoutumée de l’enfantement, bien que quelques-uns s’Imaginent que l’enfantement eut lieu Six xîjç reXeupâç. Il n’y a d’ailleurs en cela, aucune Impossibilité, car il n'était pas impossible au Seigneur de passer ainsi par la porte sans en briser aucunement les sceaux.

De flde orth., I. IV, il. t. xav, col. 1161. Saint Joseph l’hymnographe tt 883), dans ses hymnes liturgiques, reproduit presque à chaque page la même

doctrine, avec une très grande richesse et une très grande force d’expression. Nous ne pouvons donner

que de brèves indications. Le sein de Marie est la porte d'Ézéchiel à laquelle personne n’a accès, p. G., t. cv, col. 1103. 1257, 1266, 1269, 1276, 1372, 1374, 1376, 1397. Quand Dieu a habité en elle, il n’a aucunement ébranle le sceau de sa Virginité, col. 1165, 1257. Après l’enfantement divin sa virginité est restée scellée, col. 1266, 126'.). Marie est la porte fermée, par laquelle a passe Jésus qui a habité en elle, par laquelle il a seul passé, d’une manière à lui seul connue, col. 1276, 1363, 1336. Marie a enfanté sans corruption et sans douleur, son sein est resté intact, col. 1372, 1371, 1376, 1397.

b) Enseignement théologique de Ratramne et de Paschose Radbert au IXe siècle. — Cet enseignement ayant été présenté d’une manière inexacte par Guillaume Herzog, nous croyons utile d’en indiquer au moins les lignes principales.

Ratramne combat particulièrement cette erreur qui s'était répandue en Allemagne, que NotreSeigneur ne serait point venu en ce monde per virginalis januam vulvæ, sed monstruose desecreto uenlris, inccrlo tramite. De natio. Clvisti, i, /'. L., t. cxxi, col. 83. Contre cette erreur Ratramne prouve par de nombreux textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, col. 87-92, et par l’autorité des Pères, particulièrement des saints Hilaire, Ambroise, Jérôme, Augustin, Grégoire et Bède, col. 92-99, que la naissance de Jésus s’est accomplie per januam vulvse ou per viam uteri. En développant ces arguments, en même temps qu’il insiste sur la sortie du corps de Jésus per pinuam uulose, il affirme très fréquemment l’inviolable intégrité virginale de Marie, col. 81, 87, 8'.). 92, 93, 96, 102. Il y a eu apertio vuloaseulement en ce sens qu’il y a eu passage du corps de Jésus, utique vulvam aperuit non ut clausam corrumperct sed ut peream suæ nativilatis ostium aperirel, col. 92 ; de même que le corps glorieux de Jésus a traversé sans effraction la pierre du sépulcre et la porte du cénacle où étaient les apôtres, col. 96. D’ailleurs jamais l’on ne rencontre, chez Ratramne, la formule que lui prête rlerzog, que le Christ avait voulu naître comme naissent tous les hommes, op. cit., p. 48. La doctrine de Ratramne est donc celle qui avait été explicitement enseignée par saint Jean Damascène et saint Léon le Grand ; celle qui, avant eux, avait été communément enseignée.

A la même époque, Paschase Radbert combat une autre erreur qu’il attribue à quelques frères qu’il ne nomme point. Marie aurait enfanté selon la loi commune de la nature, à la manière de toutes les autres femmes : Dicunt non aliter bealam virginem Mariant parère potuisse neque aliter debuisse quam communi lege naturæ tt sirut mos est omnium feminarum, ut vera MARIE, VIRGINITÉ : ENSEIGNEMENT THÉOLOGIQUE

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nativitas Christi dici possit. De partu Virginia, I. I, P. L., t. cxx, col. 1367 sq., L380. Tout ce qui ! y aurait de spécial pour Marie, c’est qu’elle n’aurait point i onçu à la manière ordinaire : Dicunt mendose Marlam virginem naturali lege Dominant pepertsse sicut reliques pariunt virgines et non uliunde in partu incorruptam fuisse, solummodo nisi quia ex viri coitu non conceperit, I. II, col. 1383. C’est contre cette erreur que Paschasc dirige toute son argumentation, en prouvant qu’il est téméraire et contraire à la vérité, d’aflirmer que la naissance de Jésus s’est accomplie selon la loi commune de la nature, col. 1308, 1380. Par cette simple description de l’erreur que combat Paschase, nous comprenons que ce n’est point avec Ratramne qu’il est en lutte.

Sa doctrine se résume en ces deux assertions : a. — La naissance de Jésus s’est accomplie clauso utero, comme l’entrée de Notre-Seigneur auprès de ses disciples s’est accomplie januis clausis, col. 1382. Marie a enfanté clauso utero, comme elle a conçu clauso utero, col. 1375. Ceux qui disent que Jésus a ouvert vulvam matris, totum desipiunt et destruunt quod sanse doctrines est, quod rudimenta fidei de Christo Ecclesiis commendarunt, quod gratia Spiritus sancti in mysterio promulgavit, col. 1375. Paschase interprète en ce sens la porta clausa d'Ézéchiel, col. 1381, Ylwrtus conclusus et le fons signatus du Cantique des cantiques, col. 1374. De cette naissance il écarte l’ordinaire apertio vulvæ, col. 1375, 1379, 1382, et toute effraction du sceau virginal, col. 1384. — b.- — Jésus s’est cependant ouvert un passage, mais sans porter atteinte à l’intégrité virginale : Aperuit sibi sua potentia mirabiliter ut esset et pervium iler, ila ut virgineus clausus maneret utérus, col. 1377. Assertion plusieurs fois répétée sous diverses formes, col. 1374, 1378, 1381, 1382, et rendue facilement croyable par ce principe que rien n’est difficile à Dieu, au commandement duquel la nature tout entière est soumise, col. 1377. On notera d’ailleurs que Paschase n'émet nulle part la conclusion qui lui est attribuée par Herzog, op. cit., p. 49, que le Christ n’a point pris la voie commune pour sortir du sein de sa mère.

Il n’y a donc aucune différence substantielle entre la doctrine de Paschase et celle de Ratramne. Il y a seulement une différence d’attitude à cause des erreurs divergentes qu’ils combattent. Contre l’erreur niant la naissance ex utero, Ratramne s’attache particulièrement à démontrer cette vérité, tout en sauvegardant expressément l’intégrité du sceau virginal. Contre l’erreur soumettant l’enfantement divin à la loi commune, Paschase prouve surtout la constante permanence du sceau virginal, dans l’enfantement, en affirmant aussi le passage miraculeux de Jésus, accompli avec un absolu respect de l’intégrité virginale.

Il n’y a, d’ailleurs, aucune trace d’une opposition ou d’une controverse doctrinale sur ce point entre Ratramne et Paschase, ni dans leurs écrits, ni dans aucun écrit contemporain. Il est donc injuste de les opposer l’un à l’autre, comme le fait Herzog.

c) Enseignement théologique depuis la fin du ix* jusqu'à la fin du ine siècle. — a. — Chez les théologiens ou auteurs ecclésiastiques qui ne donnent qu’une affirmation générale du dogme de l’enfantement virginal, les expressions employées ne présentent rien de spécial. Nous citerons particulièrement S. Fulbert de Chartres, Serm., ix, 3, P. L., t. cxli, col. 337 sq. ; S. Anselme († 1109), Homiliee et exhortai io nés, nom. ix, P. L., t. clviii, col. 646 ; Orat., xlvi, col. 942 ; Eadmer († 1124), De excellentia B. Mariée, c. iv, ix, P.L., t. eux, col. 563 sq., 575 ; Hugues de Saint-Victor († 1141), De B. Mariée virginitate, c. i, ii, iii, P. L., t. clxxvi, col. 866, 870 sq. ; 872 ; S. Bernard († 1153), In vigilia Nativitatis Domini, serm. iv, 3 sq. ; De duodecim

prserogatiuU B. Vlrginls, 8 sq., P. L., t. clxxxw, col. 101 sq., 433 sq. ; Richard de SaintVictor († 1173),

De limmanuele, I. II, c. xxv sq., P. L., t. exevi, col. 659 sq.

b. — Les ailleurs ecclésiastiques et les théologiens qui, à cette époque, donnent une explication théologique de l’enfantement virginal, emploient de préférence, comme on l’avait fait avant Ratramne et Paschase Radbert, les expressions ou formules signifiant l’absolue intégrité virginale de la mère de Dieu. Ils laissent généralement de côté les expressions indiquant quelque apertio uteri, au sens autrefois employé par saint Ambroise. Saint Pierre Damien († 1072) affirme que Marie est la porte fermée. Serm., i, P. L., t. cxliv, col. 508. Il compare l’enfantement virginal de Marie à l'émission d’un rayon de lumière. Comme le rayon de lumière procède de l'étoile, Stella intégra permanente, ainsi Jésus est né de la Vierge Marie, virginitate inviolabili permanente, col. 508. — Selon Geoffroi de Vendôme († 1132), Jésus est sorti du sein de Marie, invioluto virginitatis sigillo. Serm., m, P. L., t. ci.vii, col. 245. On observera que l’abbé de Vendôme note expressément une erreur attribuée par lui à quelques personnes qu’il ne nomme point. Le sein de Marie aurait été ouvert dans l’enfantement divin, puis refermé aussitôt après : Matrem Domini et anie parlum et post partum preedicant quidem virginem sed portam ventris ejus apertam in suo partu, et post partum statim clausam fuisse fatentur, col. 249. A cette erreur est opposée, comme vérité de foi, la virginité constante de Marie. La porte auguste, par laquelle le Sauveur est entré en ce monde, n’a jamais été ouverte. Toujours elle est restée fermée et scellée, col. 250. Par cette porte, le Sauveur est sorti aussi facilement que si elle eût été ouverte : de même qu’il est entré auprès de ses disciples januis clausis, col. 250 sq. — Abélard Cf 1142), dans un sermon sur la purification de Marie, montre que les paroles adaperiens vulvam, Luc, ii, 23, ne s’appliquent point à Marie, cujus iniegritas nulla est apertione dissoluta. Jésus est né, clauso utero matris, comme il est entré auprès de ses disciples, januis clausis. Serm., v, P.L., t. clxxviii, col. 419.

Au xjiie siècle, saint Thomas, après avoir prouvé par Isaïe, vii, 14, la virginité de Marie in partu et en avoir montré la haute convenance, Sum. theol., III a, q. xxviii, a. 2, explique, comme nous l’avons noté précédemment, le texte de saint Ambroise : Illa adaperlio non significat reserationem communem claustri pudoris virginei, sed solum exilum prolis de utero matris, ad lum. II montre que cette naissance virginale ne peut s’expliquer par le fait que le corps de NotreSeigneur aurait déjà possédé la subtilité des corps ressuscites : ce privilège ne convenait point au corps de Notre-Seigneur jusqu'à sa résurrection glorieuse. La seule explication est que tout ceci s’est accompli par un miracle de la toute-puissance divine, ad 3 am. Le même enseignement est donné dans le Compendium theologiee, opusc. ii, 225 ; et Quodlib. i, q. x, a. 22. Même enseignement chez saint Bonaventure : Jésus est né de la vierge Marie, non corrumpendo, quia hsec porta clausa eril in perpetuum. In vigilia nativit. Domini.. serm. xii, Opéra, Quaracchi, 1901, t. ix, p. 100. Il est sorti du sein de Marie, salvo signaculo virginali. De assumptione B. V. M., serm., ii, 2, p. 692. La loi mosaïque concernant omne masculinum adaperiens vulvam ne s’applique point à Marie, quee est porta clausa ante partum et post partum et in partu. Pour Marie Vadapertio vulvee doit s’entendre non quantum ad claustri apertionem, mais quantum ad fecundationem, selon le sens de plusieurs passages de l’Ancien Testament, Comment, in evang. Lucee, ii, 53, t. vii, p. 56. M UUE, « 1. t DE [RG1 NITÉ

Au xi siècle, Augustin d’Ancone i Agostino Trionfo) reproduit renseignement do saint Thomas. tatus m salututionem et annuntiationem angtlicam et in canticum Deipartt, lect. XIII, q. i, dans l.i et Astorga, Bibliotheea virginalis, Marimmart magnum, Madrid, 1648. t m. |> :  ;.".? Durand < + 1334), sans nier l’intégrité virginale de Marie dans l’enfantement divin, en donne une explication que l’on ne peut irder avec cette intégrité. Principalement préoccupé >le concilier l’intégrité virginale avec son opinion philosopliique que deux corps ne peuvent ument être in ethlem loco, même par miracle, et ne pouvant admettre que in natif itate Christi fuerunt ituo corpora si mut scilicet corpus Christi eu m corpore matris. Durand croit pouvoir affirmer que l’intégrité aie peut être expliquée sans eette double pré simultanée : (Juiti est ulius modus possibilis t quod virtute divina fuerii fada dilatât io mem71 et meut uni naturalium sine interruptione vel . In /V" » > Sent., dist..1Y. q. m. réponse était peut-être, dans la pensée de l’auteur, une explication assez hypothétique dans le explications certainement peu fondées par au même endroit, il essaye d’expliquer, rmement a sou opinion philosophique, l’entrée

eur au cénacle januis clausis. C’esl

doute pour cette raison que cette opinion fut presque entièrement négligée par les théologiens de |ue. Quant aux quelques auteurs qui s’en occurejetèrent comme étant en opposition ement philosophique communément . ou comme peu conforme a la doctrine révélée a doctrine traditionnelle concernant l’intégrité tiale de la Mère de Dieu. Ce manque de conformité avec l'Écriture et avec l’enseignement traditionnel est indique par Pierre de la l’alu <+ 1342), In 1 V 1 "" dist. M. IV. q. iii, Paris, loi I. tol.209 sq. Touteonclusion est formulée en ce termes très l’opinion de Durand est contraire à l’exposition commune et il est plus sur de s’en tenir à une autre explication, fol. 209. 1 v ces expressions très modérées on ne peut conclure qpe de la Palu ait considère l’opinion de Durand comme probable ; bien que dans les siècles suivants on l’ait plusieurs fois cite en ce sens. On observera d’ailleurs qu’il traite cette question incidemment, en étudiant le problème al de la présence de deux corps fn eodan loco. Au xvr et au xvir siècle, le Jugement des théologiens sur l’explication de Durand fut encore plus ilon Barthélémy de Médina († 1581), cette opinion est dangereuse pour la foi. L’enseignement révèle montre que.lé-sus est venu en ce monde ex clauso Virginia utero, sicut clauso sepulcro resurrexit. et sicut junuis clausis ingressus est ad discipulos. utio in IIl" m S, Thoma ;, q. xxviii. a. 2, Venise, suivant Vasquez, l’explication de Durand est opposée à la foi catholique, In ///"' tenue, disp. CXXI, cm. 37. An Jugement de Suarez, l’explication va à rencontre d’une conclusion théologique certaine. In ///"". t. D, disp. V, sect. n. 13. - - Notons, d’ailleurs, qu’a cette époque l’effort principal des théologiens fut de démontrer contre les attaques des protestants, la vérité du dogme catholique sur la virginité de la Mère de Dieu, et de répondre aux difficultés scripturaires ou patristiques qu’on lit de lui opposer. Ce que firent particulièrement saint P. Canhdtu († 1597), De Maria Deipara virgine, I. II. c.iv-xt. Lyon 1584, p 94-136 ; Vasquez, In /'//'" S. Thoaut, disp. CXXI ; Suarez, In III"' S. Thomm, t. n. disp. V, Les mêmes positions théologiques furent au xviir et au xix i.

u de virginité émit par Marie </i La

première affirmation formelle du vœu de virginité

DICT. DE THÉOL. CATH.

émis par Marie se rencontre chez saint VugUStln. Il déduit cet enseignement de la réponse de Marie

à l’archange Gabriel : Quomodo flei istud quoniam virum non cognosco ? Luc, i, 34 : Quod profecto non dnent nisi Deo virgtnem se antea vovisset. De sancta virginitate, i. P. I. i xi. col, 398 ; Serm. ci xci, .'>. 6, t. xxxviii, col, 1318 sq. ; volraussl Contra Faustum manlchmum, I. XXXIII, 8 sq., t. xi u. col. 170 q. / ' nuptiis et eoncupiseentia, I. a, t. , col. 120 sq. Nous omettons l’affirmation attribuée.i Saint Gr< goire de Nysse, In diem natalem Christi, /'. ' » '.. t. xxvi, col. 1140, parce que l’authenticité de ce

texte reste douteuse. Nous omettons aussi le passage de saint Ambroise. /), instit. virg., . ii."> sq., OÙ l'étal permanent de virginité est affirmé en Marie, mais sans que le vœu soit expressément indiqué,

Notons encore que le ProUvangile de Jacques ne parle nulle part du vœu « le virginité émis par Marie elle-même. É. Amaiin. le Protéuangile de./*.. p. 23. Le vœu de Marie est mentionné seulement dans Us remaniements latins postérieurs, dans le Psi Matthieu qui paraît avoir été compilé à la fin i[ vr siècle, op. cit., p. 304, 320, et dans ['Évangile de la nativité de Marie, compilé- un peu plus tard. p. 354, 360.

L’enseignement de saint Augustin est suivi par S. Bède, In Lucie evangelium, . I. c. i, P. /… I. xen, col. 318 ; Eadmer, De excellentia B. Maria-, iv, P. /… i. <iix. col. 563 ; Hugues de Saint-Victor, Dé ' Mariavirginitate, i. /'. L. t. clxxvi, col. 866 q S. Bernard, Super M issus est. boni, ii, 1 ; iii, 7 : i..'>./'./… I. ci. xx mu. col. 61, 74 sq., 80 ; In assit mptione 11. Maria virginis, serm. iv. 6, col. 428 ; De duodecim prmrogativis h. virginis Mariai, ; », col. 134 ; et communément adopté par les théolo’giens à partir du xir siècle.

b) La seule question controversée depuis le xir siê cle. fut l'époque à laquelle ce vœu fut fait par Marie au moins d’une manière absolue, et la manière dont Ce Vœu doit être concilie avec le mariage entre Marie et Joseph.

a. - — Pierre Lombard, au xir siècle, admit que Marie, avant ses fiançailles avec saint Joseph, avait résolu de garder la virginité sous cette condition, nisi Deus aliter juberet. Elle donna ensuite son consentement, ainsi que Joseph, à l’union matrimoniale, avec l’intention de garder la virginité, nisi Deus aliter inspirant. Jusqu'à leur mariage, les deux époux n’avaient point exprimé par des paroles cette volonté absolue de garder la virginité. Ils l’exprimèrent alors et persévérèrent dans la virginité. Sent., I. IV, dist. XXX. 2. /'. L., t. c.xiii. col, 1H7.

A l’appui de toute cette assertion, y compris le nisi Deus aliter juberet, l’autorité de saint Augustin est citée par Pierre Lombard. En réalité, cette condition n’est point exprimée par l'évêque d’Hippone, ni dans le texte cité plus haut, ni ailleurs. Saint Thomas, dans le Commentaire sur les Sentences, raisonne dans le même mus que Pierre Lombard sur la pensée de saint Augustin, t. IV, dist. XXX, q ii, a. 1, quæst. 3 : Et hoc est quod Auguslinus tnlittera dicit, quodpropo suit se perseveraturam virginem, nisi liens aliter ordinaret. Mais dans la Somme théologique le docteur ai lique cite de saint Augustin, dans l’argument sed contra, III », q. xxviii, a. 3, seulement les paroles du livre De sancta virginitate, affirmant le vœu de virginité de Marie, sans aucune Indication de condition ou de restriction. Toutefois, dans la Somme théologique comme dans le Commentaire sur les Sentences, saint 'I bornas admet qu’avant l’union de Marie avec Joseph son vœu de chasteté fut seulement conditionnel, mm par manque de décision, mais parce qu’elle attendait une manifestation de la volonté de Dieu à

IX. - 76

son égard. Cette manifestation ayant eu lieu, son vœu devint absolu après son union avec Joseph, contractée avec la certitude qu’il n’y aurait aucune dérogation

à son vœu. Sam theol., III », q. xxviii, a. 4, ad 1'"" ; q. xxix, a. 1, ad 1°"'. Malgré la distinction ainsi formulée par saint Thomas entre vœu conditionnel et absolu, on peut se demander si, dans sa pensée, le vœu de.Marie avant son union avec.Joseph, n'était pas en vérité un vœu absolu. La condition si Dec place ! n’est-elle pas une condition toujours implicitement contenue dans tout vœu, et qui n’empêche point sa nature absolue, dès lors que la volonté, pour ce qui la concerne, est fermement résolue, comme c'était le cas pour Marie, selon la parole formelle du saint docteur ? — Saint Bonaventurc affirme, sans autre détermination précise et sans aucune indication de condition, que Marie avait émis le vœu de virginité avant ses fiançailles avec saint Joseph. Marie connaissait d’une manière certaine, par inspiration divine ou par une révélation angélique, ou peut-être par Je témoignage de saint Joseph, que celui-ci serait le gardien de sa virginité. In IVum Sent., dist. XXVIII, q. vi ; dist. XXX, q. ii, Quarrachi, 1889, t. iv, p. 696, 710. Et s’il est vrai que le vœu de virginité appartient exclusivement au Nouveau Testament, on doit affirmer que Marie non pertinebat ad legem sed ad evangelium quod ab ipsa infantia in corde ipsius scripserat Dei digitus, ipse Spiritus Sanctus, p. 710. Paroles reproduites de saint Bernard et qui laissent entendre que le vœu absolu de virginité avait pu être émis dès l’enfance de Marie. Saint Bonaventure montre aussi que le vœu absolu de Marie n’empêchait aucunement la réalité du mariage avec Joseph : Marie avait vraiment consenti au contrat, avec l’assurance donnée par une révélation du Saint-Esprit ou par le témoignage de Josepli quod nunquam matrimonium consummaret, p. 696.

c) Du xive au xvie siècle, la formule de Pierre Lombard et de saint Thomas, relativement au vœu conditionnel fait par Marie avant son union avec saint Joseph, est suivie par beaucoup de théologiens, surtout parce qu’ils la jugent plus apte à expliquer le mariage réel entre Marie et Josepli ; voir particulièrement Caprreolus, Defensiones theologiæ divi Thomæ Aquinatis, t. IV, dist XXX, q. i, a. 1, 2, Tours, 1906, t. vi, p. 506 sq., 512 sq. ; Denys le Chartreux, InSententias, t. IV, dist. XXX, q. ii, Venise 1584, p. 371 sq. ; Cajétan, In III Am S. Thomæ, q.xxvin, a. 3 ; q. xxix, a. 1 ; Dominique Soto, In Sent., t. IV, dist. XXX, q. ii, a. 2, Venise, 1584, t. ii, p. 205 sq. — Après saint Bonaventure et Henri de Gand, Quodlib. ix, q. xi, le principal défenseur du vœu absolu avant l’union de.Marie et de Joseph, fut Duns Scot, In I V am Sent, dist. XXX, q. ii, n. 4 sq., Opéra omnia, Lyon 1639, t. ix, p. 654.

A partir du xvie siècle, surtout après Vasquez, In III*™ S. Thomæ, disp. CXXIV, c. iv, 66 sq., Lyon, 1631, t. ii, p. 94 sq. ; Suarez, In III* m S. Thomæ t. ii, disp. VI, sect. ii, 8 sq. ; Estius, In JVum Sent., dist. XXX, 4 sq., Paris 1596, t. ii, p. 381 sq. ; Sylvius In III am S. Thomæ, q. xxviii, a. 4, Anvers 1695, t. iv, p. 121, la plupart des théologiens se prononcent en faveur du vœu absolu de Marie même avant son union avec Joseph, et le reportent à l'époque de son enfance. Au xviiie siècle, Billuart, Tract, de mysteriis Christi, dissert. I, a. 4, constate que cette opinion est commune. Au xixe siècle presque tous les théologiens y adhèrent. P. Lépicier, op. cit., p. 449 sq.

3° Conclusions déduites de l’enseignement traditionnel relativement à l’enfantement virginal et au vœu de virginité émis par Marie. — 1. Concernant V enfantement virginal. — a) Suivant les documents précités, c’est une doctrine certaine, enseignée parle magistère ordinaire de l'Église, selon les symboles de foi et l’affir mation constante de la tradition catholique, que Marie dans l’enfantement divin, a gardé une virginité absolue. Nous avons constaté qu’a l’exception de Tertullicn, et peut-être d’Origène, qui d’ailleurs ne peuvent, à cause d’autres erreurs, être généralement considi comme des témoins autorisés, l’enseignement de toute la tradition catholique, sur ce point, a été constant. Nous avons constaté aussi que quelques expressions qui paraissent divergentes, chez plusieurs Pères du iv » siècle, signifient seulement le passage effectif et miraculeux du corps de N’otre-Seigneur, accompli par la toute-puissance divine avec un respect absolu de la parfaite virginité de Marie.

b) L’explication théologique de l’enfantement virginal, telle qu’elle est habituellement donnée dans l’enseignement traditionnel, ne présente aucune difficulté réelle. Bien ne s’oppose à ce que l’on admette, grâce à une intervention miraculeuse de la toute-puissance divine, la présence simultanée du corps de Noire-Seigneur et de l’organe parfaitement intègre de Marie, dans l’instant de la naissance miraculeux-. Ce que saint Thomas démontre ainsi. Deux corps ne peuvent être dans un même lieu à cause de leurs dimensions, parce que la matière corporelle est divisée selon ses dimensions, et les dimensions se distinguent d’après leur position dans le lieu. Or Dieu, qui est la cause première de toutes choses, peut conserver les effets dans leur être sans cause prochaine. Comme, dans la sainte eucharistie, il conserve les accidents sans sujet, il peut aussi, dans un corps étendu, conserver la distinction de la matière corporelle et des dimensions, sans la diversité de situation dans le lieu. Par miracle, il peut donc se faire que deux corps soient dans un même lieu : Unde corpori Christi attribuitur a sanctis quod exivit per clausum Virginis uterum, et quod intravit ianuis clausis per virtutem divinam. Quodlibet i, a. 22.

2. Concernant le vœu de virginité émis par Marie. — a) Bien que l’enseignement de l'Écriture ne prouve point directement, et par lui seul, que la ferme et perpétuelle résolution de Marie de garder la virginité ait été consacrée par un vœu, l’existence de ce vœu, dès avant l’annonciation, doit être tenue pour certaine, selon l’enseignement constant de la tradition catholique, au moins depuis saint Augustin au commencement du ve siècle. L’existence du vœu est d’ailleurs facilement déduite de l’enseignement scripturaire, si l’on admet, comme il a été dit plus haut, que la virginité de Marie a dû surpasser en perfection celle de tous les autres saints, et que cette perfection supérieure n’a pu lui être assurée que par un vœu perpétuel. Car, selon l’enseignement théologique commun, avec saint Thomas, Sum. theol., H-'-II*, q. lxxxvhi, a. 6, ce qui est consacré à Dieu par un vœu possède, par là-même, une perfection plus grande et est assuré, devant Dieu, d’un plus grand mérite.

b) Bien n’empêche d’admettre, de la part de Marie, un vœu absolu de virginité, à une époque bien antérieure à son mariage avec saint Joseph, ou même dès qu’elle eut l’usage de la raison. Il suffit d’admettre, avec les défenseurs de cette opinion, que cette volonté lui fut inspirée par la grâce divine. Cette grâce lui fit comprendre le prix de la parfaite virginité, et lui donna la ferme volonté de l’embrasser, avec une pleine confiance dans la divine Providence pour le parfait accomplissement de cette résolution.

c) Pour concilier, en Marie, le vœu absolu de virginité avec la validité et la licéité du mariage qui l’unissait à Joseph, il suffit d’admettre deux assertions bien fondées des partisans de cette opinion :

a. — La volonté de Dieu demandant ce mariage avait été manifestée à Marie. En même temps l’assurance lui avait été donnée que, Jtiseph ayant la même volonté de garder la virginité, il V avait, pour la sienne, une parfaite sauvegarde.

b. — Le consentement exprimé eut, comme unique objet, les droits inhérents à l’union matrimoniale, droits qui n’étaient, en eux-mêmes, aucunement empêchés par la volonté mutuelle de ne point s’en servir. Sur cette question Voir art. Mariage, ci-dessus col. 2144, 2152, 2187, etc.



II. Médiation universelle de Marie en vertu de sa maternité divine

La médiation universelle de Marie étant une conséquence de sa maternité divine, telle qu’il a plu à Dieu de la réaliser dans l’ordre actuel, il convient de l’étudier immédiatement après la maternité divine, bien que l’exercice plénier de cette médiation ait été possédé par Marie seulement après son entrée au ciel.

Nous allons donc considérer la médiation universelle de Marie sous le double aspect de l’acquisition et de l’impétration de toutes les grâces, en dépendance de la médiation de son divin Fils.

I. MÉDIATION UNIVERSELLE DE MARIE POUR L’ACQUISITION DE TOUTES LES GRACES

Implicitement contenue dans le Nouveau Testament, cette vérité a été exprimée par la tradition catholique constante.

C’est une vérité implicitement contenue, dans l’enseignement néo-testamentaire. Luc. i. 26-38.

L’archange Gabriel négocie avec Marie le grand événement duquel doit dépendre le salut du monde. Comme condition pour l’accomplissement de l’incarnation, l’ambassadeur céleste demande le consentement de Marie : il attend la réponse de Marie et s’éloigne seulement après l’avoir obtenue.

Ce qu’il importe surtout d’observer, c’est que l’incarnation pour laquelle le consentement de Marie est demandé, c’est l’incarnation rédemptrice entraînant. pour Marie une participation aux souffrances de son divin Fils et à son œuvre régénératrice. Ce que montrent particulièrement Léon XIII et Pie X.

Par son admirable consentement donné pour tout le genre humain, dit Léon XIII dans l’encyclique Fidentem piumque du 26 septembre 1896, Marie a procuré aux hommes leur Sauveur, et pour cette cause elle est une très digne et très acceptée Médiatrice, auprès du Médiateur. Et selon l’enseignement de Pie X, dans l’encyclique Ad diem illum du 2 février 1904, c’est à cause de la communion de douleurs et de souffrances entre Marie et Notre-Seigneur, que Marie a mérité de devenir très justement la réparatrice de l’humanité déchue.

Nous allons d’ailleurs constater que la coopération de Marie à notre rédemption, d’après le fait de son consentement à l’incarnation, a été fréquemment affirmée par la tradition catholique.

Enseignement traditionnel.

1re période, depuis des temps apostoliques jusqu’au commencement du ve siècle, caractérisée par une affirmation au moins implicite de la médiation universelle de Marie.

Au iie et au commencement du iiie siècle, cette affirmation est virtuellement contenue dans l’antithèse, plusieurs fois répétée, entre Eve qui, par sa désobéissance commise à l’instigation du démon, a été pour toute l’humanité une cause de mort, et Marie qui, par son obéissance à la parole de l’ange, a été pour toute l’humanité une cause de salut. S. Justin, Dial., 100, P. G., t. vi, col. 711 : S. Irénée, Cont. hær., III, xxii. 4 ; V, xix, 1. P. G. t. vii, col. 958 sq., 1175 : Tertullien, De carne Christi, 17, P. L., t. ii, col. 782. Outre les passages que nous venons de citer de saint Irénée, on remarquera particulièrement deux textes Cont. hær., Iv, xxxiii, 4. 11, P. G., col. 1074 sq., 1080, que dom Massuet, col. 1074, avait entendus de Ia régénération spirituelle procurée à l’humanité par l’intermédiaire de l’Église. Le P. Galtier. La Vierge qui nous régénère, dans les Recherches de science religieuse, mars-avril 1914, p. 136 sq. à montré que les deux textes doivent s’entendre de la régénération spirituelle provenant de Marie, comme aux deux textes précédemment cités, où Marie, cause de salut pour toute l’humanité, est mise en contraste avec Eve, qui avait été une cause de mort, Comment l’homme, affirme saint Irénée contre les ébionites, deviendra-t-il Dieu en obtenant la régénération surnaturelle, si Dieu ne devient pas homme où ne se fait pas homme pour le sauver ? Comment l’homme abandonnera-t-il la génération de mort produite en lui par le péché, s’il ne passe point à une génération nouvelle, à une régénération merveilleusement et inopinément donnée par Dieu en signe de salut, et causée par la foi de la Vierge : Quemadmodum autem relinquet mortis generationem, si non in novam generationem mire et inopinate a Deo in signum autem salutis datam, quæ est ex virgine per fidem, regenerationem ? col. 1074 sq. La foi de la Vierge, par laquelle la régénération nous a été procurée, est bien la foi par laquelle Marie a été, pour tout le genre humain, la cause du salut ; tandis que, par son incrédulité et sa désobéissance, Eve avait causé notre perte, col. 960, 1175 sq. La régénération qui est ex virgine per fidem est aussi la même que celle qui, à ce chapitre est expressément attribuée au sein de Marie, dans cette phrase où il est question du Fils de Dieu fait homme, purus pure puram aperiens vulvam, eam quæ regenerat homines in Deum. quam ipsa puram fecit, col. 1080, Voir Irénée (saint), t. vii, col. 2485 sq. Dans la Demonstratio apostolicæ prædicationis, 33. Irénée donne la même doctrine, comme le montre J. Bittrémieux, De mediatione universali B. M. Virginis quoad gratias. Bruges, 1926, p. 104 sq.

Au ive siècle, l’antithèse entre Ève, cause de mort, et Marie, cause de salut ou cause de vie pour toute l’humanité, est reproduite par S. Cyrille de Jérusalem, Cat., xii, 5, 15. P. G., t. xxxiii, col. 7141 : S. Épiphane, Hær., lxxviii, 18, P. G., t. xlii, col. 728 : S. Jérôme, Epist., xxii. 21, P. L., t. xx, col. 408. Même enseignement chez S. Jean Chrysostome, Homil. in sanctum Pascha, 2, P. G., t. lii, col. 768, Expos. in ps. XLIV, 7, P. G., t. lv, col. 193. On remarquera particulièrement l’interprétation donnée par ce dernier à Gen., iii, 15, annonçant la femme ennemie de tout pacte avec le démon ; qui sera, elle et sa race, l’ennemi perpétuel du démon, In Gen., iii, hom. xvii, 1, P. G., t. liii, col. 143. De cet enseignement n’est-il pas évident que Marie, d’où la vie était provenue pour toute l’humanité régénérée est Vraiment la mère des vivants, selon l’expression employée par saint Épiphane, loc. cit. ? Signalons aussi, chez saint Ephrem, l’appellation post mediatorem mediatrix totius mundi, dans une prière dont l’authenticité, affirmée par Assémani et Lamy, n’est cependant pas entièrement certaine, Opera omnia, édit. Assémani, Rome, 1740, t. iii, græco-lat., col. 528, 539 ; Lamv. Sancti Ephræm Syri hymni et sermones, Malines, 1882-1889, t. i, proleg., p. xlix. À la même époque, saint Ambroise dit expressément que Marie a engendré l’auteur du salut, De instit. virg., xix, P. L., t. xvi, col. 326 sq., qu’elle a opéré le salut du monde et conçu la rédemption de tous. On observera chez saint Nil († 420), une affirmation qui, toutefois, d’après ce que l’on sait de l’ensemble de ses épîtres, n’est pas d’une authenticité certaine, Ève appelée, après sa création du nom de mère de tous les vivants, était la figure de Marie, la seconde Ève, qui a enfanté Jésus-Christ, la vie des hommes. Marie est vraiment la mère de tous ceux qui vivent selon les préceptes évangéliques, et dont l’âme ne meurt point par l’incrédulité, Epist., ii, 266, P. G, , t. lxxxix, col. 1840.

2° période, depuis le commencement du ve jusqu’au