Dictionnaire de théologie catholique/NESTORIENNE (Eglise) XI. La littérature nestorienne

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 11.1 : NAASSÉNIENS - ORDALIESp. 139-151).

X. La littérature nestorienne. —

Observations préliminaires.


1. Langues employées dans l'Église nestorienne. —

Le christianisme fut répandu en Perse par des prédicateurs de langue syriaque. Les dialectes araméens avaient envahi la Syrie et la Mésopotamie du ixe au viie siècle av. J.-C. et, à la chute de Babylone en 538, l’emprise de l’araméen était telle que les monarques perses durent s’en servir au moins

pour les actes officiels qui concernaient la partie occidentale de leur empire. L’araméen pénétra alors jusque dans l’Iran comme langue commerciale : au début de notre ère, le syriaque d'Édesse pouvait être compris par beaucoup dans presque tout le domaine des Arsacides. L'écriture pehlvie, qui se sert d’un alphabet syriaque à peine transformé et emploie des mots syriaques à la manière d’idéogrammes au milieu de phrases en persan, montre combien la pénétration de la langue araméenne était profonde.

Rien d'étonnant, par conséquent, à ce que le syriaque ait été, en Mésopotamie et même dans les diocèses de Médie et du Fars, la langue de la liturgie et de la littérature ecclésiastiques. Il faudrait cependant se garder de croire que ce fut la seule langue employée : sans doute, aucun manuscrit pehlvi contenant un texte chrétien n’a été trouvé jusqu'à ce jour, mais il y a plusieurs témoignages sur l’activité littéraire des chrétiens en langue perse. Le catholicos Ma’nà. qui fut relégué en Perse après avoir remplacé Yahballâhâ I er pendant quelques mois de l’année 420, traduisit en persan plusieurs ouvrages syriaques. Chronique de Séert, dans P. O., t. v, p. 328 f216]. Cinquante ans plus tard, son homonyme Ma’nâ de Chiraz, comme lui métropolite de Rewardasir, composa en persan des cantiques, des odes et des hymnes destinés à être chantés dans les églises. Op. cit., dans P. O., t. vi, p. 117 [25]. Aux environs de l’an 600, Job de Rewardasir, qui s'était fait moine à l'école d’Abraham de Nethpar, traduisit en persan les écrits spirituels de son maître et la règle monastique d’Abraham le Grand. Ibid., p. 174 [82].

Ceci montre que l’attachement à la langue locale était profond dans ce Fars, qui, au moment de la plus grande diffusion de l’assyro-babylonien, était déjà resté fidèle à sa langue, l’anzanite. Vers le milieu du vne siècle, c’est en persan qu’un autre métropolite du Fars, Simon de Rewardasir, composait ses réponses à des queesita canoniques, dont nous possédons une traduction syriaque écrite par un moine de la côte arabe, le Beit Qatarâyë. E. Sachau, Syrische Rechtsbùcher, t. iii, Berlin, 1914, titre et avant-propos du traducteur, p. 207-211. A la fin du siècle suivant, un autre métropolite du même siège, Iso’boht, était fidèle à la même pratique lorsqu’il rédigeait en persan un corpus juris, ibid., avant-propos du traducteur, p. 2-5. Ce cas est d’autant plus frappant qu' Iso’boht, loin d’appartenir à ces prélats séparatistes, qui gouvernèrent souvent l'Église du Fars, avait reçu la consécration des mains du catholicos Hênaniso' II. Son œuvre fut traduite du persan en syriaque à l’instigation du catholicos Timothée I er. O. Braun, Der Katholikos Timolheos I und seine Brie/e, dans Oriens christianus, t. i, 1901, p. 145. Beaucoup plus tard, alors que le persan avait perdu toute chance d’influer sur la littérature nestorienne, mais était devenu la langue officielle des Mongols de Perse, c’est en persan que le moine d’origine chinoise, Rabban Saumâ, rédigea le journal de son voyage en Europe pendant les années 1286-1288. J. B. Chabot, Histoire du patriarche Mar Jabalaha III…, dans Revue de l’Orient latin, t. ii, 1894, p. 121, extrait, p. 93.

En sortant de Perse, porté par les missionnaires formées dans les grands couvents de l’Adiabène, ou du Tour Abdin, le christianisme nestorien semble avoir généralement conservé comme langue liturgique le syriaque. Pourtant, nous savons qu’avant d’autoriser la prédication d’O-lo-pen, l’empereur exigea la traduction des livres sacrés dont celui-ci avait apporté les copies, supra, col. 203, et les manuscrits des grottes de Touen-Houang ont révélé les titres de trente-cinq ouvrages religieux, traduits du syriaque en chinois vers la fin du viiie siècle, supra, col. 208. Parmi ces manuscrits il y a une hymne à la Trinité ; attachés à CG

leur civilisation comme ils l'étaient, les chrétiens indigènes de Si-ngan-fou ont dû avoir au moins une partie de leurs offices liturgiques en chinois, mais il faut avouer que nous ne le savons pas positivement.

La deuxième expédition allemande en Asie centrale a rapporté, des environs de Tourfan, des fragments de manuscrits nestoriens en sogdien. Les morceaux d’un livre d’offices en syriaque prouvent que la langue liturgique originale était conservée dans les pays de mission, E. Sachau, Literalur-Bruchstùcke aus Chinesische Turkeslan, dans Sitzungsberivhte der kgl. preuss. Akademie der Wissenschaften, 1905, p. 964-973 ; mais les fragments de lectionnaire en sogdien publiés par F. W. K. Millier, Soghdische Texte, I, dans Abhandlungen der kgl. preuss. Akademie der Wissenschaften, 1912, philosophisch-historische Classe, fasc. 2, montrent qu’on lisait au peuple dans sa langue au moins les leçons d'Écriture sainte. Cf. A. Baumstark, Neue soghdisch neslorianische Bruchslùcke, dans Oriens christianus, neue Série, t. iv, 1915, p. 123-128 ; F. C. Burkitt, The religion of manichees, Cambridge, 1925, p. 119-125. Une copie du symbole de Nicée, F. W. K. Millier, op. cit., p. 84-88, d’autres fragments qui n’ont pas encore été publiés, peut-être aussi quelques-uns de ceux qui ont été rattachés à une ligne de transmission manichéenne, sont les très pauvres restes d’une littérature chrétienne de traduction, qui fut peut-être assez riche.

Les missionnaires nestoriens se mirent aussi à la portée des Turcs et des Mongols. Sans doute, les voyageurs occidentaux du Moyen Age ont noté l’ignorance linguistique des prêtres rencontrés par eux en Mongolie, lesquels psalmodiaient du syriaque, dont ils ne comprenaient pas le sens. Mais nous avons vu déjà, qu’au vie siècle, plusieurs ouvrages religieux avaient été traduits en hunnique par l'évêque de Arran, supra, col. 208. La deuxième expédition allemande au Tourfan a retrouvé quelques fragments en turc oriental, où M. E. W. Banga reconnu un morceau d’un apocryphe néo-testamentaire et un autre des actes de saint Georges, Bruchstùeke eines nestorianischen Georgspassion, dans Le Muséon, t. xxxix, 1926, p. 41-75. La langue vulgaire finit aussi par pénétrer dans les offices liturgique. Un contemporain de Barhébræus, à la fin du xme siècle ou au commencement du xive, Kamis bar Qardahë composa des hymnes où les strophes syriaques alternaient avec les mongoles. A. Baumstark, Geschichte der sijrischen Literatur, p. 322. En 1306, une inscription mongole en caractère ouïgours était sculptée au-dessus du tombeau de saint Bahnam, la langue officielle des conquérants ayant été préférée pour une formule d’intercession en faveur du souverain et de sa famille, tandis que le syriaque et l’arabe avaient servi pour l’inscription historique. Fac-similé de l’inscription dans Journal asiatique, sér. VIII, t. xix, 1892. planche en face de la p. 342 ; traduction par J. Halévy, Déchiffrement et interprétation de l’inscription ouïgoure découverte par M. Pognon, ibid., t. xx, p. 291 sq. ; information topographique et archéologique dans H. Pognon, Inscriptions sémitiques de la Syrie, de la Mésopotamie et de la région de Mossoul, Paris, 1908, p. 135-142 et pl. viii, xxxiii.

Il fallait mentionner l’emploi de ces diverses langues par les nestoriens de Perse et de l’Asie Majeure — l’emploi des langues indiennes sera traité à l’article Syro-malabare (Église) — mais en dehors du syriaque, il n’y a que l’arabe qui compte vraiment pour l’histoire littéraire. Les nestoriens furent trop intimement mêlés aux musulmans en Mésopotamie pour ne pas s'être mis très vite à la pratique de l’arabe. Timothée I er, le savant catholicos qui transféra le siège patriarcal à la capitale des califes, connaissait si bien la langue arabe qu’il traduisit pour Al-Mahdi une partie

de la Topique d’Aristote. O. Braun, Briefe des Katholikos Timotheos I., dans Oriens christianus, t. ii, p. 2, 4 sq. ; contre J. Labourt, De Timolheo /<>…, p. 5, n. 4. Ce sont des nestoriens qui ont traduit en arabe la plupart des ouvrages grecs, qui ont passé dans cette langue par L’intermédiaire du syriaque ; mais les nestoriens sont demeurés fidèles au syriaque pour la liturgie, contrairement à ce qu’ont fait les maronites et les jacobites dont les formules de prières sont fortement mêlées d’arabe. On rencontre rarement des manuscrits contenant des textes arabes écrits en caractères syriaques orientaux (p. ex., Neofîli 52 à la bibliothèque Vaticane) tandis qu’abondent les manuscrits où l’arabe est écrit en caractères syriaques du type occidental (manuscrits karSuni).

2. Les manuscrits nestoriens.

La littérature nestorienne occupe moins de place que la littérature jacobite dans les manuels d’histoire de la littérature syriaque. Cela tient moins à une infériorité dans l’activité littéraire qu'à une moins bonne conservation des manuscrits nestoriens. Les jacobit es ont eu la chance que la sécheresse du désert de Scété a été favorable à la bibliothèque du monastère de Sainte-Marie des Syriens, qui contenait un grand nombre de manuscrits sur parchemin réunis au ixe siècle ; beaucoup de leurs œuvres ne sont connues que par là. Aucun des anciens couvents nestoriens n’a subsisté d’une façon ininterrompue jusqu'à nos jours, et y en eût-il un, les pillages des Turcs et des Kurdes, s’ajoutant aux intempéries d’un pays à violents écarts de température, y auraient eu raison de la plupart des manuscrits.

D’autre part, les pays nestoriens étaient peu accessibles au temps où se formaient les grandes collections européennes : les plus anciens fonds renferment peu de manuscrits syriaques provenant de Mésopotamie ou de Perse. Pour ne parler que de la bibliothèque Vaticane, on peut noter qu’il ne se trouve aucun manuscrit syriaque parmi les 66 manuscrits rapportés de Perse par Pietro délia Valle, au commencement du xvie siècle. Deux des anciens fonds seulement contiennent des manuscrits nestoriens, celui dit d’Amid, provenant du patriarche chaldéen catholique Joseph I er, et celui constitué à Mossoul par André Scandar, qui voyagea en Orient par ordre du pape Innocent XIII (1721-1724). Les plus riches collections de manuscrits nestoriens en Europe sont celles de Berlin, Cambridge, Manchester (John Rylands library) et du Vatican, depuis l’accession du fonds Borgia. Les bibliothèques nestoriennes d’Orient sont celles de la mission américaine d’Ourmiah, du patriarcat chaldéen catholique à Mossoul, des évêchés chaldéens de Diarbékir et Mardin, enfin du monastère chaldéen de Notre-Dame des Semences à Alkoche (al. Alqos). L’importante collection de l’archevêché chaldéen de Séert passe pour avoir été complètement détruite pendant la guerre ; il est possible cependant que des volumes en réapparaissent, après être passés en 1918 dans les mains de soldats turcs.

Sur les collections de manuscrits, voir A. Baumstark, Geschichte der syrischen Literatur, p. 2 sq., avec indication des catalogues, auxquels il faudra ajouter J. Vosté, Catalogue de la bibliothèque syro-ch".'.déinne du couvent de Notre-Dame des Semences près d’AlqoM (Iraq), dans Angelicum, t. v, 1928, p. 1-36, 161-194, 325-358, 481-498.

2° La littérature de l'Église perse à l'époque sassanide. — Lorsque les chrétiens d'Édesse portèrent la foi au delà des frontières de l’empire romain, ils étaient déjà en possession d’un texte syriaque des Livres saints, une collection des livres de l’Ancien Testament selon le canon judaïque et un texte des évangiles combinés le Diatessaron. Peut-être d’ailleurs la partie la plus ancienne de leur Ancien Testament, la version du l’en

tateuque, avait-elle eu son origine en Perse, si elle a été écrite, comme on le suppose, pour l’importante colonie juive d’Adiabène. A. Baumstark, Geschiihte der syrischen Literatur, p. 18 sq. D’autre part, si Tatien a étudié et travaillé parmi les « Occidentaux », à Rome et à Antioche. il ne faut pas oublier qu’il était né Assyrien », et donc sujet du Roi des rois. Nul doute que le Diatessaron ait été répandu de bonne heure en Perse, puisqu’il est employé habituellement par Aphraate. J. Parisot, dans Patrologia syriæa, part. I, t. i, Paris, 1894, p. xlv, et Dictionnaire de la Bible, t. I, col. 738.

Bien plus, tandis que Rabboula faisait détruire méthodiquement à Édesse les exemplaires du Diatessaron pour assurer plus promptement le triomphe des évangiles séparés, l'œuvre de Tatien survivait dans l’empire sassanide, où le bras séculier ne pouvait l’atteindre. Sans doute, les copies qu’on en fit furent bientôt retouchées d’après les termes du texte vulgaire ou Pesittâ du Nouveau Testament ; cela prouve que le Diatessaron ne fut pas conservé seulement par le soin pieux de quelque collectionneur érudit, puisque son texte continua de vivre. Au milieu du ixe siècle, Iso' dad de Merv, commentant les évangiles, cite abondamment le Diatessaron. J. R. Harris, introduction à M. D. Gibson, The commentaries of Isô'dad oj Merv…, dans Horæ semiticie, t. v, Cambridge, 1911, p. xxii. Au xie siècle, un nestorien Abû'l-Faradj Abdallah ibn at-Tayyib le traduisit en arabe : sa version est le seul texte complet de l’harmonie tatianique arrivé jusqu'à nous. A. Ciasca, … Tatiani evangeliorum harmoniæ arabiee, Rome, 1888 (reproduction anastatique, bibliothèque Vaticane, 1930).

Toutefois, c’est la Pesittâ qui devint pour le Nouveau Testament, comme pour l’Ancien, le texte reçu de l'Église nestorienne ; l’essai du catholicos Abâ I er pour lui substituer une nouvelle traduction, dont il était l’auteur, n’aboutit pas. W. Wright, A short history of the syriac literature, p. 19 sq.

La plus ancienne pièce de littérature ecclésiastique rédigée en Perse est le livre des Démonstrations d’Aphraate(art. Aphraate, 1. 1, col. 1457-1463). Cette œuvre si originale et si intéressante n’eut pas de suite. Pendant un demi-siècle, de 340 à 399, la persécution fut déchaînée sur toutes les chrétientés de l’empire sassanide : en dehors des formules liturgiques, dont l’histoire pour cette période nous échappe complètement, il n’y a que des récits de martyres. Supra, col. 166-168.

Cependant les jeunes clercs de l'Église perse vivaient au delà des frontières, dans cette école que saint Éphre n avait transférée de Nisibe à Édesse en 363, supra, col. 169 sq., et ils y prenaient une part prépondérante à la traduction en syriaque des chefsd'œuvre grecs sacrés et profanes. Les œuvres principales des grands docteurs Grégoire de Nazianze, Basile, Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome, Athanase, pour ne pas citer Eusèbe de Césarée et Tite de Bosra, furent traduites de bonne heure, ainsi que les commentaires et traités de Diodore de Tarse, Théodoret et Théodore de Mopsueste, les exégètes réputés de l'école antiochienne. On est étonné de la masse très considérable de textes qui furent traduits ainsi, avec toute l’ardeur et l’enthousiasme que pouvaient apporter des jeunes gens arrachés par l’amour de l'étude à leurs foyers et à leur patrie. C’est l’atmosphère de jeunesse dominant à l'École des Perses, qui explique l’enthousiasme des théologiens persans pour les derniers auteurs cités, et surtout pour Théodore de Mopsueste, qu’on appela dès lors l’Interprète par excellence et qui est resté tel pour toute la tradition nestorienne. Ces traductions préparaient l’adhésion de l'Église persane à l’hérésie nestorienne,

mais l'œuvre de Nestorius lui-même ne fut traduite que plus tard, en Perse, pendant le court pontificat du catholicos Paul I er (537 ou 539). A. Baumstark, op. cit., p. 77-82, 102-104, 106 sq., 117.

Lorsque l'Église de Perse eut été officiellement autorisée à vivre, il lui fallut légiférer. Avant de proclamer aucune mesure particulière, les évêques réunis par le catholicos Isaac, en 410, posèrent comme première assise du nouveau droit la traduction syriaque d’une collection canonique grecque, apportée par Marouta de Maypherqat (art. Marouta, t. x, col. 146 sq.). Aux canons indigènes des divers synodes s’ajoutèrent encore dans la seconde moitié du ve siècle la traduction de décisions rendues au nom des empereurs de Constantinople, Constantin le Grand, Théodose I er et Léon. Ces décisions qu’on s'étonne de voir introduites en terre persane, eurent leur influence dans l'évolution du droit nestorien. A. Baumstark, op. cit., p. 82 sq. ; E. Sachau, Syrische Rechlsb ficher, t. i, Berlin, 1907.

L’activité théologique proprement dite dans l'Église de Perse, pendant cette période, est intimement liée au fonctionnement des écoles, qui étaient des milieux éminemment favorables au développement de la spéculation, comme le furent en Occident les grandes universités du Moyen Age. A partir du moment où, Ibas étant évêque d'Édesse, Narsaï devint directeur de l'École des Perses, rien ne s’opposa plus au triomphe du dyophysisme ; toutefois, l'œuvre de Narsaï est à peu près la seule qui nous reste pour le ve siècle (art. Narsaï, ci-dessus, col. 26). Plusieurs de ses successeurs nous sont connus, soit par le catalogue des auteurs nestoriens d'Ébedjésus, soit par d’autres sources historiques, comme la Chronique de Scert. Mais ont-ils autant écrit que ces informateurs le donneraient à penser ? De tous ces commentaires sur les Livres saints qui leur sont attribués, aucun n’est parvenu jusqu'à nous. Il semble qu’ils ont été parlés plutôt qu'écrits, comme les commentaires aux Livres des sentences de nos universités médiévales, et sans qu’il nous en reste de reportata. Liste de ces commentaires dans R. Duval, La littérature syriaque, 3e éd., p. 71-73. Il est certain aussi que tous ces maîtres, suivant l’exemple de Narsaï, ont écrit des compositions en vers destinées au service divin et conservées sans doute dans le gazzâ (voir ci-dessous, col. 319), mais les attributions sont rares et incertaines, personne ne s’est encore essayé à la tâche difficile, peut-être impossible, d’y établir critiquement la part de chacun. Enfin plusieurs de ces directeurs d'écoles écrivirent des discours, dont le titre syriaque a été traduit « cause de la fondation des écoles », mais qui doivent être interprétés bien plutôt, selon la suggestion des éditeurs de la Patrologia orientalis, « discours d’ouverture de la session des écoles », t. IV, p. 324 sq.

Le premier successeur de Narsaï, Elisée bar Quzbâyê, écrivit une exposition de la doctrine chrétienne en 38 chapitres, à la demande du catholicos Acace. qui en fit faire une traduction persane afin de la présenter au roi Qawad. Il écrivit aussi sur les martyrs. Abraham son successeur, neveu de Narsaï, écrivit des lettres en réponse à diverses questions d’ordre théologique. Jean de Beit Rabban, comme Abraham de la famille de Narsaï, écrivit divers traités contre les mages, les Juifs, les monophysites, et des questions sur l’Ancien et le Nouveau Testament, dont nous ignorons le contenu. Iso’yahb I er qui dirigea ensuite l'école de Nisibe pendant deux ans, avant d'être consacré évêque d’Arzoun en 571, écrivit tandis qu’il était en charge un commentaire de la liturgie. Puis Abraham bar Qardâhê gouverna l'école pendant un an jusqu'à ce que l’Adiabénien Hënânâ en fût chargé en 572, malgré les difficultés que ses doctrines lui avaient attirées 70

au temps du métropolite Paul, ci-dessus, col. 181. L'école eut de son temps un éclat particulier, nonobstant la sécession d’une partiedesécoliers. Flusieursde ses œuvres sont parvenues jusqu'à nous : les nouveaux statuts de l'école de Nisibe, ses traités sur le vendredi d’or (vendredi dans l’octave de la Pentecôte) et sur les rogations du jeûne de Ninive, P. ()., t. vii, p. 53-82 ; Ébedjésus lui attribue en outre des commentaires aux Livres saints, un traité sur la fête de l’Invention de la croix, et un sermon pour le dimanche des Rameaux. Rompant, en exégèse comme en théologie, avec l’adhésion exclusive aux principes de l’Interprète, qui était générale dans l'Église nestorienne, Hèuânâ eut sur les commentateurs suivants une influence considérable, qu’A. Baumstark a notée pour lso’dad de JMerv. Oriens christianus, t. ii, 1902, p. 455 sq.

Lorsque l’enseignement antitraditionnel de Hënânâ mit en péril l'école de Nisibe (589), il y avait des écoles florissantes en plusieurs autres villes de Perse. Abâ I er, ancien élève de l'école de Nisibe, avait ouvert une école à Séleucie dès les premiers temps de son pontificat. Il était fort instruit, connaissait le grec, et s'était exercé à traduire en syriaque la recension lucianique de l’Ancien Testament. Il ne reste rien de ses homélies ni de ses commentaires, mais un traité inédit sur les usages matrimoniaux des zoroastriens a été conservé dans le recueil canonique d’Alkoche 169, copié dans le manuscrit Borgia syriaque 81. p. 577-592. Il eut de nombreux disciples : Isaï, qui fut le premier interprète de son école, nous a laissé un traité sur les commémoraisons des martyrs, intéressant pour ce qui y est dit de la vénération des saints et de l'état des âmes après la mort, éd. A. Scher dans P. O., t. vii, p. 15-22. Il eut pour successeurs Ramiso' et celui qui devint le catholicos Grégoire I er.

Arbèles avait également une école, où Paul de Bassorah avait enseigné pendant 30 ans avant de devenir métropolite de Nisibe. Paul, qui était bien persan et non syrien (contre L. Pirot, art. Junilius Africanus, t. viii, col. 1972), avait écrit une petite introduction aux Livres saints, tout imprégnée de la doctrine de Théodore, qui eut l’extraordinaire fortune d'être traduite en latin par Junilius Africanus et répandue à travers l’Occident, sous le titre d’inslituta regularia divinm legis. G. Mercati, Per la vitae gli scritti di ' Paolo il Persiano'… dans Note di letteratura biblira e cristiana antica, t. v de la collection Studte testi, Rome, 1901, p. 180-206.

Grégoire de Kaskar, qui avait été élève à l'école de Séleucie, fut exégète de l'école d’Arbèles, puis fonda une école dans son pays natal avant d'être élu métropolite de Nisibe en 596. Il prit comme tel une part importante à la lutte contre les messaliens et les henaniens. Chassé de son siège par les Nisibéniens, qui favorisaient Hënânâ, il se consacra aux missions païennes. Il avait écrit sur l’histoire de l'Église et avait composé des écrits ascétiques, dont nous ne possédons rien.

Les écoles se multipliaient en Mésopotamie : Qiyorë d'Édesse, élève de Nisibe où il avait été au temps d’Abâ I", ouvrit à Hirâ, capitale des Lahmides, une école où enseigna Sargis bar Sahiq, auteur de commentaires en forme de chaînes sur Jérémie et Ézéchiel. A. Baumstark, op. cit., p. 123.

.Mais une autre institution se développait, celle des écoles monastiques, associées aux grands couvents dont nous avons relaté la fondation, col. 183-186. Ces monastères devinrent pendant les troubles politiques du vp siècle et ensuite, sous l’Islam, les tranquilles abris où purent vivre, sans trop inquiéter les infidèles, maîtres, étudiants et bibliothèques. Tandis que la littérature ascétique était fort peu représentée en Perse

pendant le v siècle et la première partie du vr (Grégoire le Moine et Nil ne sont pas nest oriens, ni certainement persans, A. Baumstark. p. 57 sq.. ! » 1). elle prit à partir de 550 une place de plus en plus considérable. Abraham de Kaskar, qui fonda le Grand-Couvent sur le mont Izala, avait fréquenté l'école de Nisibe et favorisa l'étude dans son monastère, ci-dessus, col. 185. Abraham de Nethpar, son disciple, écrivit un grand nombre de traités ascétiques, à l’usage des moines, lesquels ont été fréquemment copiés, mais pas imprimés : un court écrit sur l’identité du sacrifice de la messe et du sacrifice de la croix dans P. Bedjan, … Mur Isaacus Niniuila de per/ectione religiosa, Paris et Leipzig, 1909, p. 629-632. Job de Rewardasir, ci-dessus, col. 185, est peut-être l’auteur d’un commentaire anonyme au Nouveau Testament, remarquable par l’explication en persan de certains mots difficiles, dont le seul manuscrit connu était le n. 27 de l’archevêché de Séert. A. Baumstark, op. cit., p. 132, n. 1. Beaucoup de ces moines, outre leurs écrits ascétiques, composèrent des pièces poétiques destinées à l’office divin, tels Babaï de Nisibe, Babaï « le scribe des grottes », Subhâlemaran, Baouth, Zinaï, etc. Ibid., p. 132-134 ; Rubens Duval, op. cit., p. 22-25.

Nous avons dit, col. 158, que l'Église nestorienne eut peu d’historiens. Msihâ-zkâ, cité par Ébedjésus, n’est certainement pas l’auteur de la chronique du pays d’Arbèles publiée par M. Mingana, supra, col. 162. Bar sahdë, qui écrivit contre les zoroastriens, avait écrit aussi une histoire, dont le chapitre sur les martyrs de Nedjrân ressemble beaucoup au récit contenu dans la lettre de Siméon de Beit Arsam, d’après A. Scher, qui en a publié le préambule, Journal asiastique, sér. X, t. x, 1907, p. 400 sq. Simon Garmqâyâ avait traduit en syriaque une chronographie grecque dépendant d’Eusèbe. Barhadbesabbâ 'Arbâyâ, évêque de Hohvân, écrivit une Histoire des saints Pères qui ont été persécutés pour la vérité, en 32 chapitres, dont les 14 derniers ont été publiés, sous le titre La seconde partie de l’histoire ecclésiastique…, par F. Nau, dans P. O., t. ix, p. 493-631. Il avait été badoqâ, examinateur ou professeur de philosophie (?), à l'école de Nisibe et rédigea un de ces discours pour l’ouverture de la session, dont nous avons parlé col. 268, éd. Scher, dans P. O., t. iv, p. 314-397. Mais A. Baumstark pense qu’il y a deux personnages différents, l'évêque de Hohvân, ancien élève de Hënânâ à l'école de Nisibe, qui a écrit la Cause de la fondation des Écoles, et un homonyme du Beit 'Arbâyë ou 'Arbâyâ, auteur de l’Histoire ecclésiastique, cette dualité étant exigée par les divergences chronologiques entre les deux ouvrages. Op. cit.. p. 136.

C’est aussi à l'époque sassanide qu’ont été rédigées plusieurs compositions historiques anonymes, l’histoire deKarkâ d’Beit Slok, citée à propos des martyrs du ive siècle, col. 168, plusieurs passions postérieures au groupe décrit col. 167, comme celles de Grégoire et Yazdpanah, morts en 542, éd. P. Bedjan. … Histoire de Mot Jabalaha…, Paris et Leipzig, 1895, p. 347-415, celle de Kardagh citée col. 168, et d’autres mentionnées par A. Baumstark, op. cit., p. 137. Deux importantes biographies ont été également écrites avant l’Islam, celles d’Abâ I" et de Sabriso’I", éd. Bedjan, op. cit.. p. 206-287 et 288-331.

Babaï le Grand, (551-628 env.) se présente à la fin de cette période comme un remarquable polygraphe. Né dans le Beit Zabdaï, au village de Beit Aynatâ, il entra au Grand-Couvent du mont Izalâ. dont il fut le troisième supérieur, succédant à Dadiso'. Il joua un rôle prépondérant dans le gouvernement de l'Église nestorienne, surtout dans le nord de la Mésopotamie, de 609 à 028. entre la mort de Grégoire I er et l'élection d’ISo’yahb II, luttant contre les messaliens, le 271

NESTORIENNE (L'ÉGLISE), LITTÉRATURE

henaniens et les partisans de Joseph Hazzayâ. Son œuvre aurait compris 83 ouvrages, mais il n’en reste qu’un petit nombre. Le plus important est son Livre de l’union des deux natures en Jésus-Christ, qui est une défense de la théologie nestorienne, ci-dessous, col. 289, éd. A. A. Vaschalde, dans Corpus scriptorum christianorum orienlalium. sér. II, t. lxi. Il ne reste rien du commentaire sur toute l'Écriture que lui attribue Ébedjésus. Son activité littéraire semble s'être exercée surtout au bénéfice de ses moines, c’est pour eux qu’il composa un recueil inédit de maximes destinées aux débutants de la vie monastique, un commentaire aux Centuries d'Évagre le Politique, éd. W. Frankenberg, Evagrius Pondais, dans Abhandlungen der Gôtlingischen Gesellschaft der Wissenschaften, neue Folge.t. xiii, fasc. 2, p. 8-471. et un autre aux traités spirituels de Marc le moine. W. Wright, op. cit., p. 1(38. Nombreux sont les récits hagiographiques qu’il composa pour fournir aux moines des lectures édifiantes : récits de martyres, dont celui de GeorgesMihramgusnasp, mort en 612, et surtout vies d’ascètes, dont un ouvrage général surtous les moines morts en odeur de sainteté au couvent du mont Izalâ. Liste de ces biographies dans A. Baumstark, op. cit., p. 138. Il écrivit aussi des hymnes, dont une sur les trois docteurs grecs, peut-être identique à l’histoire des partisans de Diodore, citée par Ébedjésus. Il composa un recueil de canons pour les moines, plusieurs traités sur différentes fêtes. W. Wright, toc. cit. Il est probablement l’auteur du mémoire adressé au Roi des rois en 612 par les évêques nestoriens, éd. J.-B. Chabot, Synod. orient., p. 562-598.

Les sections consacrées aux auteurs nestoriens de cette période dans A. Baumstark, op. cit., se trouvent aux pages 100-139. Dans les ouvrages de R. Duval et W. Wright, les auteurs nestoriens et monophysites sont mélangés.

3° La littérature nestorienne sous la domination arabe (637-1258). — La conquête arabe, qui réunit sous une même autorité politique les deux parties du monde chrétien de langue syriaque, divisées auparavant entre les deux empires, byzantin et sassanide, n’amena aucun rapprochement entre elles. Au contraire, tandis que le type d'écriture avait été commun jusqu’alors aux syriens orientaux et occidentaux, il se modifia rapidement pour aboutir à deux types n’ayant pour ainsi dire plus de ressemblance dans l’expression des consonnes, et qui furent complétés par deux systèmes différents de vocalisation : combinaisons de points chez les nestoriens, usage des voyelles grecques chez les jacobites. Tant était grand l’odium theologicum ! Cette séparation eut lieu, il faut le noter, malgré l’accentuation du mélange qui se fit alors, des jacobites et des nestoriens, surtout dans les villes importantes de la Mésopotamie, Bagdad, Mossoul, Takrit, Nisibe, etc.

L’activité littéraire des nestoriens pendant cette période est entraînée suivant deux courants bien distincts, sinon indépendants : d’une part, elle produit une abondante littérature ascétique — sentences, récils édifiants, histoire monastique — destinée aux nombreux habitants des monastères ; de l’autre, elle donne naissance à des écrits originaux dans les sciences les plus variées, exégèse, théologie, histoire, philosophie, et aussi mathématiques et médecine. Laproduc-" tion des monastères est entièrement de langue syriaque, l’autre est en partie de langue arabe. L’arabe, langue religieuse de tous les musulmans, langue officielle du califat, devint très rapidement la langue usuelle des deux provinces à vie sédentaire et culture raffinée qui bordaient à l’Est et à l’Ouest le grand désert, Mésopotamie et Syrie, habituées depuis longtemps déjà au contact des Bédouins de langue arabe. Il était donc naturel d'écrire en arabe tout ce qui pouvait

intéresser les non-chrétiens — et les lettrés de Badgad s’intéressaient à de multiples disciplines, — histoire droit, philosophie ; les écrits apologétiques furent de même rédigés en arabe ; enfin les professeurs des écoles musulmanes provoquèrent les chrétiens à leur fournir des traductions de tout ce qu’ils connaissaient d’ouvrages grecs, surtout en médecine, sciences naturelles et mathématiques. Ayant pour centre ecclésiastique la capitale des califes, les nestoriens furent intimement mêlés, surtout pendant les viip et IXe siècles, au magnifique mouvement intellectuel, dont Bagdad fut le centre.

Le monachisme en Perse a été, dès son origine, profondément influencé par celui d’Egypte et de Syrie ; ce n’est pas sans fondement que les traditions signalées plus haut, col. 184, font venir d’Egypte Eugène, l’initiateur du monachisme dans le Tour Abdin. Les visites aux monastères occidentaux avaient été assez fréquentes dès la période sassanide, elles le furent sans doute davantage, une fois que l’unité politique du monde musulman eut rendu les communications plus aisées. Il était tout naturel que l’on rendît en syriaque ces dicta Palrum, qui avaient un tel succès dans les couvents où on lisait le grec. L’n nestorien fut l’agent de cette traduction. Le Paradis des Pères de 'Enaniso' comprend les vies écrites par Palladius dans les deux premières parties de l’Histoire lausiaque, et celles de YHisloria monachorum mise sous le nom de Jérôme, les apophtegmes (627 numéros), les questions et réponses sur toutes sortes de vertus, et les démonstrations pour les indifférents qui n’ont pas souci de leur salut. R. Duval, La littérature syriaque, p. 144. Il faut noter cependant que 'Enaniso' avait eu des devanciers parmi les jacobites, probablement parmi les moines de Sainte-Marie des Syriens, puisque le Musée Britannique contient des fragments de plusieurs traductions. Avant de devenir moine au monastère de Beit 'Abê, 'Enaniso' avait étudié à l'école de Nisibe et à celle du mont Izalâ, puis avait voyagé en Palestine et en Egypte. Il était bon philologue, ayant composé un dictionnaire des mots ayant les mêmes consonnes et des voyelles différentes, ainsi qu’un ouvrage sur les paroles et les expressions obscures dans les ouvrages des Pères. A. Baumstark, Gesch. der syr. Lit., p. 201 sq. Il avait écrit également un traité de définitions et distinctions philosophiques, d’où il ressort qu’il s'était familiarisé avec la pensée grecque

L'œuvre de 'Enaniso' fut commentée par Dadiso' du Beit Qatarâyê, dans un ouvrage en forme de dialogue entre le maître et ses disciples, dont un abrégé eut la fortune d'être adopté par les jacobites, placé par eux sous le nom de Philoxène, et traduit par eux en arabe et en éthiopien. Ibid., p. 226.

Mais aucune vie monastique ne pouvait être attrayante pour les moines nestoriens comme celles des fondateurs de leurs couvents et des moines qui les avaient illustrés. Au Paradis de 'Enaniso' firent pendants deux ouvrages synthétiques sur les moines orientaux, dont aucun n’est parvenu jusqu'à nous : le Petit paradis par David, d’abord moine de Beit 'Abë, puis évêque des Kurdes, et le Paradis des Orientaux par Joseph Hazzayâ. Ces deux ouvrages avaient été précédés et furent suivis d’une quantité de biographies, en grande partie perdues et connues seulement par leur titre ou quelque citation, pour la plupart composées de 650 à 850. On peut citer parmi les auteurs de biographies : Jean le Perse, élève de Bar’Idtâ, qui écrivit une vie de son maître ; Jean du Beit Garmaï, auteur d’une vie et d’un éloge en vers de Kudahwi de Beit Halë ; Sargis.du Beit Garmaï également, qui avait écrit sous le titre, Le destructeur des puissants, une histoire des moines de sa province ; Apnimaran, moine du monastère de Beit’Abê, puis fondateur dans le Beit

Nuhadrâ, et Sabriso' Rostain, moine d’Izalâ, puis de Beit Qoqâ, auteurs tous deux de plusieurs biographies ; Simon, moine d’un couvent du Kurdistan, qui écrivit la vie de Habban Hormizd, ami de son maître Rabban Yozadaq ; Salomon bar Garaph, dont un travail d’ensemble sur les ascètes célèbres a été utilisé par T ! muas de Marga ; Atqen, moine du monastère d’Apniniaran qui écrivit l’histoire de Joseph de Beit 'Abë. Ces auteurs et d’autres, comme Iso' zkâ, moine de Beit 'Abë, et Salomon de Hédattâ, ont été les sources de deux travaux importants d’histoire monastique, le Livre des supérieurs par Thomas de Marga, et le Livre de la chasteté par Iso' denah de Bassorah.

Thomas était entré dès sa jeunesse, en 832, au fameux monastère de Beit 'Abë « la maison de la forêt » ; il le quitta pour devenir secrétaire du catholicos Abraham (837-850), puis fut évêque de Marga et métropolite du Beit Garmaï. Il était très attaché à son couvent : son histoire, très vivante, des moines nestoriens célèbres est surtout celle des moines de Beit 'Abë. Mais la position qu’il occupait auprès du catholicos, le contact de la cour de Bagdad avaient élargi son horizon : son ouvrage, dépasse de beaucoup la simple histoire monastique, il est rempli de précieux détails sur l’histoire de l'Église nestorienne et à ce titre a été fréquemment cité dans la première partie du présent article.

Le Livre de la chasteté est moins intéressant, car ses notices contiennent généralement peu de détails : elles sont plus courtes que celles consacrées aux mêmes personnages par la Chronique de Séert. Iso’denah cite surtout les fondateurs et les moines auteurs ; à ce titre il est important pour l’histoire littéraire. On trouvera un résumé de ses notices dans R. Duval, La littérature syriaque, p. 222-231. Iso’denah, écrivant en 849, accepte la légende de Mar Eugène, fondateur du monachisme dans le Tour Abdin, avec tout son cercle de disciples attribués comme fondateurs à plusieurs couvents nestoriens dont plusieurs ont été l’objet de biographies isolées, tandis que Thomas de Marga, écrivant en 840, n’y fait aucune allusion ; c’est cette circonstance qui a permis de fixer aux environs de 840 la formation de la légende de Mar Eugène.

Il n’y a plus à signaler pour la période suivante que la biographie par Jean bar Kaldun de Joseph Busnayâ, mort en 979 au couvent de Rabban Hormizd, et une vie en vers de Rabban Hormizd par Emmanuel, évêque du Beit Garmaï († 1180).

L'époque de la domination arabe est très riche aussi en ouvrages de théologie ascétique sous des formes variées, sentences, exhortations, traités et lettres. Jean du Beit Garmaï avait composé un recueil de sentences ascétiques et un règlement pour les novices ; Apnimaran a laissé aussi des sentences ; Simon dëtaybutâ, moine et médecin, écrivit une Explication des mystères de la cellule monastique, un traité sur la conduite spirituelle et sans doute aussi un recueil ascétique en 7 livres de 100 sentences chacun ; Jean leBleu(Azraq ou Zaroqâ), évêque de Hirâh, est l’auteur d’un Livre de l’exhortation et d’un traité de la direction ; Ébedjésus connaissait une collection de 280 de ses lettres. Jean bar Penkayë, qui fut moine dans divers monastères, écrivit un ouvrage ascétique en sept volumes, qui demeure inconnu, et un autre de contenu ascétique, ou Livre du commerçant, dont le P. Vosté a restitué le titre et retrouvé un fragment. Recueild’auteurs ascétiques nestoriens du vu* et VIIIe siècle, dans Angelicum, t. vi, p. 143-206. Jean de Hëdattâ, qui emmené par des brigands dans le Daylom, au voisinage de la mer Caspienne, y fonda un couvent, d’où son nom de Daylomayà avait écrit huil ou neuf traités ascétiques, dont il ne nous est resté que la mention ; sa vie a été écrite par Abu Nûh al-Anbari. -Abraham bar

Dasandad, qui fut, comme exégète à l'école de BaloS, le maître de Timothée I er, d’Iso' bar Nun et d’Abû Nûh al-Anbari, laissa des lettres dont plusieurs de caractère ascétique, un livre d’exhortations, un traité De la voie royale, un autre sur la pénitence et un commentaire sur les discours de Marc le moine.

Joseph Hazzayâ était fils de mage et avait appart cnu lui-même au sacerdoce zoroastrien. Fait prisonnier par les Arabes à la prise de Nemroud et réduit en esclavage, il connut le christianisme chez son second maître, et devint moine au couvent de Rabban Slibâ, passant ensuite à celui de Mar Bassimâ et à celui de Rabban Boktiso', aont il était le supérieur lorsqu’il mourut à la fin du vine siècle. Il écrivit beaucoup sur des sujets mystiques et ascétiques, une partie de ses ouvrages étant placée, on ne sait pourquoi, sous le nom de son frère ' Abdiso', moine au monastère de Rabban Bokt iso'.Ébedjésus prétend qu’il avait composé 1900 traités. Les titres principaux sont, avec le Paradis des Orientaux déjà cité : un livre sur la théorie et ses divisions, le Livre du trésorier sur les malheurs et les châtiments ; un commentaire sur le Livre du commerçant (l’ouvrage de Bar Penkayë, qui avait été solitaire dans le voisinage de Mar Bassimâ) ; un commentaire sur la vision d'Ézéchiel ; un livre sur les causes des fêtes glorieuses ; une explication des Capita scientiæ ; un commentaire aux œuvres du Pseudo-Aréopagite ; des lettres. Iso’denah dit que Joseph fut condamné dans le synode tenu par Timothée I er en 790-791. A. Scher, Joseph Hazzayâ écrivain syriaque du rine siècle, dans Rioista degli sludi orientali, t.în, 1910, p. 45-63. Cet auteur a démontré que Joseph fut condamné non pas comme henanien, mais à cause de ses accointances avec l’enseignement des messaliens ; il a relevé en effet, dans le manuscrit des Capita scientiæ, des propositions montrant que Joseph Hazzayâ se croyait favorisé des révélations de l’Esprit-Saint, d’où son nom de Hazzayâ « voyant ». Il recommandait de prendre le Seigneur pour seul maître dans la vie spirituelle : « Entrons dans la demeure intérieure de notre âme, où l’erreur ne pourra jamais régner… Dans cette demeure, mes frères, il n’y a ni maître, ni disciples, ni docteurs, ni étudiants ; notre Seigneur seul est le docteur, le maître et le directeur de celui qui mérite d’entrer dans cette demeure ; on y voit toujours une lumière sans pareille ; des étoiles visibles y brillent toujours d’une lumière éclatante, de sorte que l’esprit est en extase et dans un ravissement ineffable. » Et encore : « Chaque fois que l’homme spirituel se met à prier dans les demeures cachées du cœur, c’est-à-dire à faire l’oraison mentale, les pensées de l'âme ainsi que les mouvements du cœur seront dans une complète inertie. Alors le feu s’allume dans le cœur et s’empare de tout le corps, à tel point que le visage, par l’effet du Saint-Esprit, devient tout rouge et resplendissant. » Ibid., p. 56. Joseph Hazzayâ avait encore sur d’autres points théologiques des idées particulières, ci-dessous, col. 306. Suspect de tenir les mêmes doctrines que son maître, dont il écrivit la biographie, Nestorius, évêque du Beit Nuhadrâ, fut obligé par Timothée I er de se rétracter avant de recevoir la consécration.

Laissant de côté Isaac de Ninive, qui a été l’objet d’un article spécial, t. viii, col. 10-12, nous avons à citer encore plusieurs noms importants. Jean de Dalyatâ, originaire du Beit Nuhadrâ, avait fait profession de la vie monastique dans un couvent de la montagne kurde, et vécut longtemps comme solitaire dans une localité appelée Beit Dalyatâ, ne se résignant que dans un âge avancé à se renfermer au monastère d’Argol, dont il devint le rénovateur, donnant à ses disciples des institutions très voisines de celles en usage dans les couvents jacobites. C’est sans doute cette circonstance qui favorisa l’extraordinaire fortune

littéraire de ses écrits chez les acobites, tandis qu’il fut l’objet d’une condamnation posthume de la part du catholicos Timothée I er. La collection de 25 traités et 51 lettres sur des sujets ascétiques, dont l’original syriaque nous est d’ailleurs parvenu dans plusieurs manuscrits, a été traduit en arabe sous le nom de Jean Saba, puis, rendu en ghe’ez, est devenu le manuel ascétique le plus répandu dans les couvents d’Ethiopie, sous le titre d’Arâgaivi manfasâwi « vieillard spirituel ». Analyse de cette collection dans J. S. Assémani, .B/M(otheca orientalis…, 1. 1. p. 435-444.

Dadiso' Qatarayâ, dont nous avons signalé le commentaire au Paradis de 'Enaniso', composa aussi un commentaire aux écrits d’Isaïe de Scété, des exhortations aux solitaires et des lettres. A. Scher, Notice sur la vie et les œuvres de Dadiso' Qatraya, dans Journal asiatique, sér. X, t. vii, 1905, p. 103-118. Au Xe siècle, Abdmësihâ de Hirâh est l’auteur d’un livre d’exhortations aux moines, d’une collection de 55 traités ascétiques et de lettres. Enfin, au xiii c, Jean de Mossoul, qui mit en vers un traité de Jean de Dalyatâ sur la direction des novices et plusieurs des livres sapientiaux de l’Ancien Testament, composa une œuvre poétique en 39 sections sur l’ascèse, intitulée Les beautés de la vie.

Plusieurs de ceux de ces auteurs qui appartiennent aux viie et vin » siècles sont citées dans le recueil ascétique, dont le P.Vosté a donné la notice dans l’article cité ci-dessus ; son analyse montre de quelle façon les ouvrages d’ascétique étaient utilisés dans les monastères. Cette collection explique pourquoi beaucoup de citations et de fragments se sont conservés et très peu d’ouvrages comolets.

Lesautres sciences sacrées intéressaient moins unanimement les moines ; il s’en faut cependant de beaucoup qu’elles aient été abandonnées. Lorsque la traduction syriaque du texte hexaplaire, avec leçons marginales, eut été accomplie en territoire jacobite, elle pénétra chez les nestoriens : le savant catholicos Timothée I er fit faire trois copies de la syro-hexaplaire, sur papier du format de Nisibe, y employant six copistes pendant six mois ; lettre 47 citée par Ignace Éphrem II Rahmoni, L'étude de l'Écriture sainte dans l'Église syrienne d’Antioche, §arfeh : 1924, p. 20 ; O. Braun, Ein Brie/ des Katholikos Timotheos I liber biblische Studien des 9. Jahrhunderts, dans Oriens Christianus, t. i, p. 300 sq.

Le changement de la langue usuelle parmi les populations de Mésopotamie amena alors la traduction en arabe de la Bible. Un manuscrit fragmentaire rapporté d’Orient par Tischendorf, maintenant à Leningrad, contient une partie desépîtres de saint Paul, traduites par quelqu’un qui a fait dans le texte de l'Épitre aux Hébreux des retouches de saveur neslorienne. Le manuscrit étant daté de 892 donne un terme ante quem pour cette traduction. G. Graf, Die christlicharabische Litcratur bis zur frûnkischen Zeit (Ende des 11. Jahrhunderts), dans Strassburger theologische Studien, t. vii, fasc. 1, Fribourg-en-Brisgau, 1905, p. 22. Plusieurs traductions arabes des évangiles ont été faites sur la PeSittâ, mais nous n’avons pas d’indications historiques certaines sur leur origine, et rien n’a permis jusqu’ici de discerner avec certitude laquelle a été faite à l’usage des fidèles nestoriens de Mésopotamie. Celle que l’on trouve communément dans les manuscrits mésopotamiens récents, est une vulgate remaniée d’après la tradition égyptienne, qui est lue également par les maronites, les melkites et les jacobites. Rochaïd Dahdah (cité par I. Guîdi, Le truduzioni degli Evangelii in arabo ed in etiopico, dans Atii délia R. Accademia dei Lincei, ser. IV, classe di scienze morali, storichee fllologiche, t. iv, 1888, Memorie, p. 26), mentionne comme étant de l’un des Boktiso' la

traduction arabe en prose rimée, qui se lit dans plusieurs manuscrits, dont les Vaticans arabes 17 et 18, ce dernier copié au Caire en 993. L’accomplissement d’une entreprise de ce genre, avec les noms propres écrits suivant l’orthographe musulmane, s’expliquerait au mieux à la cour des califes des viiie et ixe siècles, où lettrés chrétiens et musulmans se rencontraient constamment ; toutefois, à défaut d’un témoignage positif, il vaut mieux avouer notre ignorance.

Mais il faut retenir à l’honneur de l'Église nestorienne la traduction arabe du Dialessaron par Abû'lFaradj 'Abdallah ibn at-Tayyib ; la donnée du manuscrit Borgia arabe 250 a étéconfirmée par les recherches de S. Euringer, relativement à la transmission de cette traduction, Die Ueberlieferung der arabischen Uebersetzung des Diatessarons, dans Biblische Studien, t. xvii, fasc. 2, p. 59 sq.

L’exégèse des Livres saints était en grand honneur dans les écoles, mais elle semble comme à l'époque précédente avoir été plutôt orale qu'écrite. Élie, métropolite de Merv au viie siècle, écrivit un commentaire aux quatre évangiles en forme de chaîne, et composa des travaux exégétiques sur la Genèse, les psaumes et les livres sapientiaux. Denhâ, dans la première moitié du viiie siècle, commenta le psautier d’après Théodore. Iso’dadde Merv, évêque de Hëdattâ, est le grand commentateur de cette époque pour l’Ancien et le Nouveau Testament. Ses commentaires sont basés sur une abondante documentation, y compris la syro-hexaplaire et quelque chose de la recension lucianique. D’autre part, tout en tenant le plus grand compte des doctrines exégétiques courantes dans l'Église nestorienne, et en particulier dusystème d’interprétation littérale de Théodore de Mopsueste, il y apporte un élément nouveau, qui le rattache à l’exégèse plus allégorique de Hënânâ l’Adiabénien. G. Diettrich, Isô dahd’s Stellung in der Auslegungsgeschichte des Alten Testamentes an seinen Commentaren zu Hosea, Joël, Jona, Sacharia 9-14 und einigen angehàngten Psalmen veranschaulicht, dans Beihejte zur Zeitschrift fur die alttestamentliche Wissenschaft. fasc. vi, 1902 ; recension de A. Baumstark dans Oriens Christianus, t. ii, 1902, p. 451-458 ; A. Baumstark, criechische und hebràische Bibelzitate in der Pentateucherklarung Iso’dâds von Merw, dans Oriens christianus, sér. II, t. i, p. 1-19. Les commentaires d’Iso' dad, comme les compilations des caténistes grecs, ont fait tort aux commentaires originaux, en se substituant à eux et en causant leur perte. Il est remarquable par ailleurs qu’Iso’dad n’a pas seulement dominé l’exégèse postérieure des nestoriens, mais encore a largement influé sur celle des j acobites, en particulier celle de Barhébreeus. On a cru que les commentaires d' Iso’dad permettraient de restituer une partie notable des ouvrages perdus ou cachés de Théodore de Mopsueste. J. Vosté, après d’autres, L'œuvre exégétique de Théodore de Mopsueste au IIe concile de Constantinople, dans Revue biblique, 1929, p. 382-395 et 542-554 ; mais ce n’est pas démontré.

Abû'l-Faradj 'Abdallah ibn at-Tayyib. dont la mort eut lieu en 1043 d’après Barhébra’us et qui ne peut donc avoir été le secrétaire de Timothée I er. composa sous le titre de Paradis des chrétiens un commentaire aux deux Testaments, où sont insérés des chapitres sur la mort des prophètes et celle des apôtres (manuscrits Vaticans arabes 36 et 37) ; cf. G. Graf, Christlicharabisches, dans Theologische Quartalschrift, t. xcv, 1913, p. 184. Il écrivit en outre un commentaire à l'évangile selon saint Matthieu, précédé d’une introduction où il réfute l’objection faite au christianisme, sur ce que son fondateur n’avait pas reçu d’instruction ; un commentaire aux quatre évangiles, dont la seconde partie aurait été écrite en syriaque avant 78

d'être rendue en arabe par son auteur, une introduction aux Psaumes et le commentaire de certains psaumes et cantiques de l’Ancien Testament.

A la fin de la période arabe, à ce qu’il semble, après Sabriso' bar Paulos qu’il cite, mais assez longtemps avant Ébedjésus qui ne le connaît plus que sous son pseudonyme, vécut l’auteur du Gannat Bussamê, dit « l’Interprète des Turcs ». Son ouvrage est un commentaire aux leçons évangéliques du cycle liturgique, intéressant surtout pour les fragments de commentaires perdus, qui y sont cités. Analyse et étude par .1. M. Vosté, Étude sur le Gannat Bussamê, dans Revue biblique, 1928, p. 221-232, 386-419.

La théologie sous les Arabes ne se cantonna pas dans les discussions d'écoles : beaucoup de traités ont un caractère apologétique ou polémique, et plusieurs, afin d’atteindre un public plus nombreux, sont écrits en arabe. Surin qui était exégète à l'école de Nisibe, écrivit en vers un éloge de Narsaï et de ses neveux, Abraham et Jean d’Beit-Rabban, composa un ouvrage contre les hérétiques où il s’appuyait sur la méthode de la philosophie aristotélicienne ; Sylvain, du Beit Qardu, écrivit contre les astrologues et contre les superstitions qui avaient cours parmi les chrétiens ; Gabriel, du Beit Qatarayë, professeur à l'école de Séleucie, composa un livre sur l’union des natures en Jésus-Christ et des réponses à diverses questions d’ordre théologique, dont nous ne possédons que la mention par Ébedjésus. Apnimaran était connu comme l’auteur d’une lettre sur Dieu et les créatures ; Sabriso' Rostam polémiqua contre les hérétiques, qui erraient en matière de spéculation mystique et produisit un ouvrage en huit livres sur la vie de NotreSeigneur et l’activité missionnaire des apôtres, dont nous ignorons le caractère, peut-être simple lecture édifiante à l’usage des moines. Simon bar Tabbahë, trésorier chrétien d’Al-Mansur écrivit, au dire d'Ébedjésus, sur ceux qui se rassemblèrent à Chalcédoine, ou plutôt contre les chalcédoniens. De même, l’ouvrage de Sahdost de Tirhan sur les raisons de la séparation entre les Occidentaux et les Orientaux, dont quelques fragments étaient conservés dans un manuscrit de Séert, devait être de caractère polémique plutôt qu’historique. Abu Nûh, secrétaire du catholieos Timothée I er, polémiqua contre les jacobites, ainsi que Gabriel « la Vache » ou Tauretâ, de Zirzor, qui écrivit spécialement contre les moines de Qartamin et contre Sahdonâ. Éphrem, métropolite de Beit Lapât, composa un ouvrage en deux parties sur l’ordre des préceptes et l’objet de la foi, dont nous ne connaissons que le titre ; une lettre à Gabriel bar Boktiso' contre la réception de l’eucharistie distribuée par les Grecs et les jacobites s’est conservée.

Au xe siècle, alors que s’affirme définitivement dans la production littéraire la prédominance de la langue arabe, nous trouvons cependant encore quelques auteurs écrivant sur la théologie en syriaque. Élie d’Anbar, après avoir professé que le Christ n’aurait point participé à l’eucharistie pendant la dernière Cène et avoir abjuré son erreur en 922-923 devant le catholieos Abraham III, publia une rétractation en forme littéraire. Il avait composé comme diacre une Somme théologique en 40.000 vers rimes de sept syllabes, dont il reste de nombreux manuscrits. Emmanuel as-Sahhar écrivit lui aussi, sous couleur d’hexaméron, une Somme en 28 traités, dont neuf concernent l'économie du salut et trois les fins dernières.

Dès la deuxième moitié du viie siècle, apparaît un traité de polémique contre l’Islam, sous la forme qui sera fréquente dans la suite, d’une discussion entre un chrétien et un musulman : chose curieuse, cet écrit du moine Abraham de Beit-Halê a été- rédigé en sy

riaque, sans doute parce qu’il s’agissait moins de convertir que d’empêcher des défections ; de même, le traité contre le Coran par Abu Nûh, qui avait écrit aussi contre les hérétiques. Mais Ibrahim ibn Nûh alvnbari, qui obtint la faveur du calife Al-Mutawakkil, écrivit en arabe son apologie du christianisme intitulée Le livre de la résolution des doutes, conduite sous forme de discussion entre un chrétien et un juif. G. Graf, op. cit., p. 37 sq. C’est aussi en arabe qu'Élie, métropolite nestorien de Damas, après avoir été jusqu’en 893 évêque de Jérusalem, écrivit son traité De la concorde de la foi entre les Syriens, où il s’efforça de démontrer que nestoriens, jacobites et melkites avaient une même foi et ne différaient que dans l’expression de cette foi. Ibid., p. 38 sq. Le catholieos Jean V écrivit en 903 une lettre en arabe sur le jeûne de Ninive, réponse à un Abû'l-'Abbâs al-Fadl ibn Sulaymân, qui devait être un musulman. Son homonyme, Jean VI, écrivit lui aussi en arabe, un siècle plus tard, un traité par demandes et réponses sur les devoirs du clergé ; ces deux ouvrages sont exceptionnels dans la production des catholieos, habituellement fidèles à l’usage de la langue syriaque ; cf. G. Graf, Christlich-arabisches, dans Theologische Quartalschri/t, t. xcv, 1913, p. 175. Israël I er, qui fut catholieos pendant quelques mois de l’année 960 ou 961, avait écrit lorsqu’il était évêque de Kaskar un traité sur les fondements de la foi, comme aussi sur la dualité des natures dans le Christ contre le melkite Kosta ibn Luqâ. G. Graf, Die christlich-arabische Literatur. p. 38.

Un contemporain de Yahyâ ibn 'Adi (893-974), nommé Cyriaque, écrivit en arabe une brève réfutation de son traité sur l’incarnation, qui existe dans le manuscrit Vatican arabe 115. Abu' 1-Faradj 'Abdallah ibn at-Tayyib, dont nous avons vu les travaux exégétiques, ne fut pas moins actif dans le domaine de la théologie, car il nous reste de lui un traité sur l’unité et la trinité en Dieu, un autre sur la personne et la substance, et sur ce que l’action appartient à la substance, un traité sur la pénitence et un autre contre ceux qui appellent Marie mère de Dieu, enfin une discussion feinte entre un moine chrétien et deux interlocuteurs musulmans sur les vérités de la foi chrétienne. Ibid., p. 67-69. Ibn 'Atradi, son disciple, probablement le même que Abù'l-Hasan Sa’id ibr Hibatallâh, est l’auteur d’un traité sur la théologie dogmatique et morale, conservé dans le manuscrit de Paris, arabe 82, fol. 102-137, ibid., p. 59.

La nécessité d'être compris par ceux qui ne connaissaient plus le syriaque, amena les nestoriens à composer en arabe jusqu'à des collections canoniques, tel le recueil d'Élie Djauharï, peut-être différent du métropolite de Damas (J. Graf, op. cit., p. 39. n. 1, atténué par Christlich-arabisches, p. 174 sq.) et celui d’Abû' 1-Faradj 'Abdallah ibn at-Tayyib, ce dernier étant composé surtout de traductions et remaniements d’originaux syriaques, mais aussi de compléments. G. Graf, Die christ, arab. Liter…, p. 57. En principe cependant, la langue du droit est le syriaque, si l’on excepte deux ouvrages écrits en persan, le recueil de 22 réponses sur des questions de droit familial et successoral par Simon de Rewardasir, qui nous est parvenu dans la traduction d’un moine inconnu du Beit Qatarayë, et les six livres de décisions juridiques par Iso' bokl de Rewardasir sur le mariage, les successions et les contrats, qui furent traduits en syriaque par les soins de Timothée I er. Le monument juridique le plus important de cette époque est le recueil des actes synodaux, formé selon toute probabilité par les soins de Hënaniso' II, puisque les synodes de Timothée n’y figurent pas : c’est le Synodicon orientale, dont il a été parlé au début de cet article, col. 158. Un autre recueil fut composé par Gabriel, métropolite de Bassorah

(fin du ixe siècle). Jean V, qui écrivit en arabe dans d’autres circonstances, prit la précaution de faire accompagner d’une traduction arabe les canons syriaques de son synode.

Le droit successoral étant réglé par le Coran pour les musulmans, devait être fixé pour les chrétiens par les chefs des communautés, patriarches, catholicos, ou mafriens ; d’où la nécessité pour les chrétiens d’avoir des manuels de droit successoral. Les décisions de Jean V en cette matière furent acceptées aussi par les jacobites. Un résumé de Georges d’Arbèles est connu uniquement par des manuscrits nestoriens ; enfin, le traité d’Abdiso' bar Bahriz sur le même sujet n’est connu que par la mention d'Ébedjésus.

L’activité liturgique à l'époque arabe fut considérable ; c’est alors surtout que la liturgie fut codifiée, principalement grâce aux efforts des catholicos instruits que furent Iso’yahb III et Timothée I er. La liste serait longue des auteurs à qui l’on doit soit une hymne (teSbohtà), soit un répons ('onità) ; les manuscrits ne portent pas toujours des indications d’auteurs, et il n’est pas certain que toutes leurs attributions soient exactes. Le livre de l’office divin pour les dimanches, les fêtes et les fériés du jeune de Ninive (hudrâ ou pendikliDîut mis en ordre parles soins d’Iso’yahb III. Le gazzâ, qui contient les offices des saints et des fêtes du Seigneur, qui ne sont pas assimilées à des dimanches, fut mis en ordre seulement sous Yahballâhâ I er ; l’euchologe — aiic’phores et rites des sacrements — entre ces deux points extrêmes, à une date qui n’a pas encore été précisée. Le catholicos Georges I er, dans la deuxième moitié du viie siècle, et Sabriso' bar Paulos vers 1200, sont connus comme ayant écrit des formulaires de proclamations diaconales. Cyprien, métropolite de Nisibe, écrivit certaines parties du rite de l’ordination, auquel avait déjà contribué Iso’yahb III. Yazzirâ est l’auteur de prières pour le dimanche de la consécration des églises et choisit des homélies de saint Éphrem et de Narsaï pour les longs offices du jeûne de Ninive.

Les commentateurs des textes liturgiques méritent davantage de retenir l’attention, car il y a souvent à prendre, du point de vue théologique, dans leurs commentaires. Le plus ancien pour cette période est l’ourage en cinq livres de Gabriel Qatarayâ sur l’office <<es fériés et des dimanches, qui est peut-être le début d’un ouvrage en neuf livres sur toute la liturgie. A. Baumstark, op. cit., p. 200 et n. 14. Abdiso' bar Bahriz et Jean de Mossoul sont connus aussi comme auteurs de commentaires sur la liturgie ; l'œuvre de ce dernier en vers de sept syllabes nous a été transmise aussi par des manuscrits jacobites, qui le placent sous le nom de Georges de Kudadâ. Le commentaire le plus important est l’explication anonyme de l’office divin, transmise quelquefois sous le nom de Georges d’Arbèles. Bien que sa date ne puisse être exactement déterminée, cet ouvrage marque un point de repère très important pour la connaissace du développement de la liturgie nestorienne.

Avec l’histoire, nous quittons le domaine des sciences sacrées, bien que dans la plupart des chroniques les faits de l’histoire ecclésiastique tiennent une place prépondérante. Au commencement du vue siècle, Jean du Beit Garmaï passe pour avoir composé une chronique, laquelle cependant doit être plutôt un ouvrage sur la chronologie et les divers calendriers ; nous n’en avons que la mention dans le catalogue d'Ébedjésus. Daniel bar Maryam, qui avait écrit un ouvrage du même genre, est en outre l’auteur d’une histoire ecclésiastique en quatre livres, qui semble avoir été la source principale de la Chronique de Séert. Allâhâ-zkâ est cité par Elie bar Sinayà pour les événements des années 593-60(5. Mikâ du Beit Garmaï

pour les années 594-605, Iso’denah de Bassorah pour les années 624-715 (il avait écrit une histoire ecclésiastique en trois parties), un abbé du Grand-Monastère pour les années 740-743, un Péthion, inconnu par ailleurs, pour les années 765-769, Élie d’Anbar pour les années 899 et 900. Les œuvres de ces auteurs sont perdues, mais nous possédons encore un ouvrage de Jean bar Penkayê, rempli de considérations philosophiques jetées à travers le récit des événements de l’origine du monde jusqu'à l’année 686 : analyse des quinze livres par A. Baumstark, Eine syrische Wellgeschichte des siebten Jahrhiindertes, dans Rëmische Quartalschrift, t. xv, 1901, p. 273-280. L’autre chronique importante pour cette époque, la Chronique de Séert, qui a été composée en arabe peu après 1036, a été indiquée au début de cet article, col. 158. La Chronique de Simon de Sanqëlabad n’est pas un livre d’histoire, mais un manuel de chronologie et d’héortologie. F. Millier, Die Chronologie des Simeon Sankelâwâjâ, Leipzig, 1899.

La Tour, de Mari ibn Sulaymân, dont nous avons cité la liste patriarcale, n’est pas un livre d’histoire, mais une Somme, de contenu assez complexe, où l’histoire de l'Église nestorienne n’occupe qu’une section. Voici l’analyse de cet ouvrage, encore presque totalement inédit, d’après les manuscrits Valicans arabes 108 et 109, et. J.S.Assémani, Bibliotheca orientalis, t. m a, p. 580-586, et A. Mai, Scriptorum veterum nova collectio, t. iv, Borne, 1831, part, ii, p. 221-223. Chapitre I er. L'édifice, préface. Ch. n. La démonstration. 1) Somme : sur l’unité de Dieu et ses attributs. 2) Fondement : sur l’incarnation, la généalogie du Christ, les prophéties messianiques. 3) Construction : sur la Trinité et l’incarnation. Ch. ni. Les bases. 1) Le baptême. 2) Sur l’excellence du sacrifice liturgique. 3) Preuves tirées de l'évangile sur la divinité et l’humanité du Christ. 4) Sur la crucifixion. Ch. iv, Les sept candélabres. 1) Sur la piété, les vertus et les vices. 2) Sur la charité. 3) Sur la prière. 4) Sur le jeûne. 5) Sur la miséricorde. 6) Sur l’humilité. 7) Sur la pureté, la virginité et la continence. Ch. v. Les colonnes. 1) Sur la création du monde. 2) Sur la vérité de la résurrection, du jugement et des châtiments. 3) Sur la vérité des prophéties depuis Isaac jusqu'à la venue de NotreSeigneur. 4) Démonstration de la venue de Notre-Seigneur. 5) Sur les constitutions, lois, décrets et canons portés par les apôtres et leurs successeurs (c’est dans cette section que se trouve l’histoire des catholicos nestoriens). 6) Sur l’action des rois et des prélats pour confirmer la foi et s’opposer aux nouveautés en matière de religion. 7) Sur le sentiment unanime des chrétiens au sujet des livres de l’Ancien et du nouveau Testament. Ch. vi. Les fossés. 1) Sur la prière dite en se tournant vers l’Orient. 2) Sur la sanctification du dimanche. 3) Sur le port de la ceinture, l’allumage des lampes pendant l’office et l’usage de l’encens. 4) Sur la satisfaction parla pénitence. Ch. vu. Les jardins. 1) Sur l’abandon de la pratique de la circoncision. 2) Sur la suppression du sabbat dans le Nouveau Testament. 3) Sur l’autorisation de manger les viandes, qui étaient interdites dans l’Ancien Testament. 4) Sur les erreurs blâmables des Juifs. Cette analyse est donnée par Abû'l-Barakât ibn Kabar dans sa Lampe des Ténèbres, sous le nom d’Amr ibn Mattaï. Cf. W. Biedel, Der Katalog der christlichen Schriften in arabischer Sprache von Abû'l Barakât, dans Nachrichten von der kgl. Gesellschaft der Wissenschaften zu Gôttingen, philologisch-historische Klasse, 1902, p. 680-682.

La Somme de Mari nous amène à un groupe de polygraphes qui ont occupé des situations importantes dans la hiérarchie nestorienne, et ont presque tous terminé leur vie comme catholicos. Plusieurs ont joint à la

connaissance des sciences sacrées une culture profane assez complète pour leur avoir attiré la considération des musulmans.

Iso’yahb II, qui s'était rangé comme étudiant parmi les opposants de Hénânâ, enseigna ensuite à l'école de Balad, puis fut consacré évêque, bien que marié. Envoyé auprès d’Héraclius en qualité d’ambassadeur au commencement de son épiscopat, la profession de foi qu’il lit alors le rendit suspect au clergé nestoricn. 11 écrivit un commentaire aux Psaumes, des compositions d’histoire monastique et d’hagiographie, des homélies en prose et en vers, des lettres. Une lettre dogmatique au rabban Abraham le Mède s’est conservée en syriaque, tandis que le symbole souscrit pour être présenté à Héraclius existe seulement en arabe. M. Labourt a noté, Le christianisme…, p. 243, n. 3, que la doctrine professée dans la lettre citée correspond à l’enseignement courant parmi les nestoriens : les chalcédonicns y sont formellement condamnés.

Iso’yahb III, formé à Beil’Abë, puis à Ninive, évêque de Ninive, puis métropolite d’Arbèles, fut un homme d’action, dont les lettres montrent au mieux l’activité multiforme. Nous avons dit qu’il réalisa pour une bonne part l’organisation de l’office divin ; il composa lui-même les prières du baptême et du rite de la réconciliation, et probablement une bonne partie des leçons ou madrasê, qui se lisent dans les sessions ou mautabè de l’office nocturne. Il avait écrit un récit du martyre d’Iso’sabran, mis à mort en 620, des sentences pour les novices, un traité contre les hérétiques, des sermons et des oraisons funèbres.

Hënaniso' I er, qui mourut après avoir été renversé par le métropolite Jean de Nisibe, écrivit, au témoignage d'Ébedjésus et d’Amr, des homélies, des oraisons funèbres, des lettres et divers traités en réponse à des gestions qui lui avaient été soumises, une biographie de son contemporain Sargis Dudâ, un commentaire aux Analytiques d’Aristote et un livre sur les causes de ce qui existe. Une collection de 24 décisions juridiques nous est parvenue, ainsi que des extraits d’un commentaire aux évangiles du cycle liturgique, et un éloge en vers de son ancien maître, Iso’yahb III.

Abâ II, formé à l'école de Séleucie, écrivit de nombreux ouvrages que Mari ibn Sulaymàn prétend avoir été interpolé par ses disciples. On cite de lui un Livre des stratèges, un commentaire aux discours de saint Grégoire de Nazianze, des homélies, un commentaire à plusieurs livres de VOrganon d’Aristote, et un éloge poétique du martyr Zakë. Nous possédons seulement un écrit aux étudiants de l'école de Séleucie, à propos d’un différend que le catholicos eut avec le clergé de la ville.

Timothée I er et Théodore bar Koni seront l’objet d’articles spéciaux.

Iso' bar Nun, qui avait été condisciple de Timothée I er à l'école de Séleucie, fut son adversaire avant de lui succéder. Nous avons de lui des questions sur le texte biblique, un recueil de canons et lois en 133 paragraphes, des oraisons funèbres, des lettres sur des questions liturgiques, un traité sur les mots ayant même consonnes et des voyelles différentes. Des passages contre les païens et les hérétiques appartiennent peut-être à une Théologie, dont Ébedjésus cite le titre. Des homélies d’Iso' bar Nun furent jointes à celles de deux auteurs, dont nous ignorons le nom, , pour former un recueil de prédications correspondant à l’année liturgique, dont l'étude était imposée aux prêtres à l'époque d'Ébedjésus.

Élie I er écrivit, comme évêque de Tirhan, une grammaire syriaque en 22 questions et réponses d’après la méthode des grammairiens arabes, puis, comme catholicos, composa plusieurs pièces liturgiques et régla plusieurs offices. Il décida en synode des questions

relatives au droit successoral et aux empêchements de mariage ; il semblcen outre qu’il ait été le compilateur du grand recueil canonique du manuscrit Borgta syriaque 82, dont M. J.-B. Chabot a donné l’analyse dans le Synodicon orientale, p, 4-10, Son œuvre la plus importante était un traité en 22 chapitres, intitulé Fondements de la foi, dont les quatre premiers chapitres, sur la Trinité, sur le Christ comme Dieu, suite Christ comme homme, sur le Christ comme HommeDieu, sont contenus dans la Tour d’Amr ibn Mattal, Cet ouvrage contenait aussi les témoignages des prophètes sur la venue du.Messie, sa naissance, sa vie, sa passion, sa mort, sa glorification ; puis traitait delà descente du Saint-Esprit, de l’invention de la croix, du second avènement, de la vérité de la religion chrétienne, des ablutions et de la prière, des jeûnes, des aumônes, du feu dont souffrent les damnés, de la résurrection, etc. On ne sait si ce traité fut écrit directement en arabe ou traduit du syriaque par Amr. Voir G. Graf, Die christlirh-arabische l.itcralur…, p. 67.

Élie bar Sinâyâ, métropolite de Nisibe (975- après 1049), écrivit plus en arabe qu’en syriaque. Il écrivit en syriaque plusieurs pièces liturgiques et une pfirtie de ses lettres, dont une au clergé et au peuple de Bagdad au sujet de l'élection d' Iso’yahb IV, qui est remarquable par la connaissance du droit ecclésiastique ; Ébedjésus a utilisé dans son nomocanon une collection de décisions juridiques en quatre livres, qui doit avoir été écrite en syriaque. Élie bar Sinâyâ composa encore en syriaque une grammaire de la langue syriaque qui est devenue le manuel des écoles nestoriennes, et compila un dictionnaire arabe-syriaque, ordonné par sujets en trente chapitres. Sa chronique, disposée comme celle d’Eusèbe, qui nous est parvenue dans un unique manuscrit bilingue, fut écrite en arabe, puisque la colonne arabe de la première partie est autographe, mais elle avait été destinée dès l’origine à être lue dans les deux langues. Les autres ouvrages d'Élie sont en arabe : un commentaire du symbole de Nicée, où le texte syriaque est traduit en arabe, puis expliqué, manuscrit Vatican arabe 143, fol. 127-147 v° ; un traité sur les avantages du célibat et de la continence, en forme de lettres ; un traité sur la création du monde, l’unité du Créateur et la Trinité des personnes, qui a été partiellement inséré dans la Tour d’Amr ibn Mattaï, un traité sur les joies de la vie future contre la conception matérialiste du paradis musulman ; un livre de la démonstration de la vérité de la foi, qui est une apologie du nestorianisme contre les Juifs, les musulmans et les chrétiens orientaux de croyance différente.

Le plus célèbre des ouvrages d'Élie est le compte rendu des sept conférences qu’il eut en 1026 (certains manuscrits ont 1029) avec le vizir Abû'l-Qasim Husayn ibn 'Ali al-Magribi sur les vérités de la foi chrétienne. Voici le sujet de ces conférences : 1) sur l’unité et la Trinité ; 2) sur l’habitation de Dieu dans le fils de Marie et l’union des deux natures ; 3) preuves du monothéisme des chrétiens tirées du Coran ; 4) démonstration de la vérité de la foi chrétienne par les preuves de raison et les miracles ; 5) sur ce que la doctrine chrétienne est exempte d’erreur ; 6) sur la supériorité des chrétiens en matière de grammaire, lexicographie et rhétorique ! 7) sur l’opinion des chrétiens relativement à l’astrologie, aux musulmans et à l'âme. Il n’est pas certain que le livre sur les moyens de chasser la tristesse ait été écrit par Élie de Nisibe. les raisons de l’attribuer à Barhébrrcus l’emportent. G. Graf, Die christlich-arabische Literatur…, p. 59-67 ; Christlich-arabisches, p. 185 sq. ; cf. M. Steinschneider, Polemische und apologetische Literatur in arabischer Sprache…, dans Abhandlungen fur die Kunde des Morgent andes, t. vi, fasc. 3, Leipzig, 1877, p. 51-55.

Salomon, métropolite de Bassorah, qui vécut dans la première moitié du xme siècle, appartient encore à la série de ces savants prélats, qui gouvernèrent l'Église nestorienne sous les califes. Son Livre de l’Abeille, divisé en GO chapitres, contient dans les 32 premiers chapitres une histoire abrégée de l’Ancien Testament, où abondent les détails légendaires ; dans la seconde partie, après 14 chapitres sur la vie, la passion et la glorification de Notre-Seigneur, quatre chapitres, (xlvii-l) sont consacrés aux apôtres et un (li) aux catholicos nestoriens, avec mention du lieu de leur sépulture (liste complétée par les copistes au delà de Sabriso' V). Le c. lu est une histoire schématique des dynasties, suivie de considérations générales sur les successions (c. lui). Le c. lxiv traite de Gog et Magog. Le c. lv de l’Antéchrist, les c. lvi-lx des fins dernières. Salomon avait écrit aussi un livre sur l'état du ciel et de la terre, de caractère cosmographique, un traité sur le calendrier, des prières, de brefs traités sur divers sujets.

Élie de Nisibe, parlant aux musulmans, tirait argument en faveur du christianisme de ce que les chrétiens s'étaient occupés avec fruit de grammaire, de lexicographie et de rhétorique. Les nestoriens s’acquirent en effet une grande réputation auprès des califes et de leur entourage, comme traducteurs des ouvrages grecs et comme savants dans les sciences profanes. Les plus célèbres sont Gabriel bar Boktiso', médecin de Haroun ar-Rasid, qui composa le premier dictionnaire syriaque-arabe en plus de nombreux ouvrages médicaux ; Hunayn ibn Ishàq, diacre et médecin, attaché à la personne d’Al-Mutawakkil, qui est le Johannicius des traductions latines : son œuvre comme traducteur et comme auteur d'écrits originaux sur la médecine est considérable ; il composa aussi des sentences ascétiques à la manière d'Évagre, une grammaire et un lexique. Plus important du point de vue théologique est un court traité sur la manière de démontrer la vérité du christianisme, où il développe des considérations très habiles sur les Sommes de la connaissance de la vérité et des intérêts pouvant servir à déterminer la vérité ou la fausseté d’une religion. G. Graf, Christliche Polemik geyen den Islam, dans Gelbe Helfte, t. ii, p. 829. Élie d’Anbar montra son talent de philologue dans une explication des termes difficiles du Paradis de’Enaniso'. Iso' bar 'Ali et Abu’l-Hasan bar Bahlûl ont compilé des dictionnaires qui sont les meilleures sources que nous possédions, pour une connaissance historique de la langue syriaque. Iso’yahb bar Malkon écrivit une exposition en prose de la grammaire syriaque que l’on trouve écrite sur deux colonnes, en syriaque, et arabe. Deux de ses compositions métriques traitent de grammaire, tandis que plusieurs autres sont de caractère liturgique. Jean bar Zo’bi poussa plus loin encore l’art du grammairien : dans sa grammaire en prose.il marque l’apogée des études grammaticales chez les nestoriens.

Il n’y a guère de poésie en dehors des hymnes religieuses et des memrë ou traités en vers sur les sujets les plus variés : on peut citer cependant les compositions d’Iso’denah de Bassorah (éloge de Yaunan en 22 parties). Georges Wardâ, Maria bar Mesihayê, Le catholicos Yahballàhâ II écrivit en syriaque des maqâmât ou séances dans le genre de celles de Hariri.

4° La littérature nestorienne après la prise de Bagdad par les Mongols. — Jean bar Zo’bi a été dénoncé par A. Baumstark, p. 310 sq., comme le type des écrivains, qui employèrent la forme poétique pour traiter des matières les plus diverses ; il s’en servit en effet pour un exposé de la théologie dans le mètre heptasyllabique, pour une explication de la liturgie eucharistique en vers de douze syllabes, pour un traité sur l’eucharistie, le fermentum et l’eau baptismale, pour une

grammaire, pour un traité de ponctuation, pour un exposé sur quatre problèmes fondamentaux de la philosophie. Ce genre faux est presque le seul qui ait subsisté, dans la débâcle de l'Église nestorienne après l’invasion mongole.

Le grand polygraphe, que fut Ébedjésus (Abdiso' métropolite de Nisibe, pour lequel nous avons réservé la forme latinisée du nom, afin de le distinguer des autres Abdiso') est à peu près isolé au début de la période post-arabe ; cf. les articles Abdiésu ou Ebedjésu par J. Parisot, t. i, col. 24-27, Ébedjésus bar Berika, par F. Nau, t. iv, col. 1985 sq. Nous ne pouvons en rapprocher qu’Amr (' Amr) ibn Mattaï, évêque de Tirhan, dont l'œuvre, comme nous l’avons dit, col. 158, fut retouchée dès 1332 par Slibâ ibn Yuhannâ, prêtre de Mossoul. La Tour d’Amr a été conservée dans un manuscrit mutilé, Vatican arabe 110, qui semble autographe ; la recension de Slibâ, dont la bibliothèque Vaticane possède un exemplaire, Neoflli 54 (olim 41), est également incomplète. Le Vatican arabe 110 est analysé dans A. Mai, Scriptorum veterum noua collectio, t. iv, part. 2. p. 224-227 ; voici le contenu des sections les plus intéressantes : Partie II, préface 2 : sur l’appellation de nestoriens donnée aux chrétiens orientaux ; préface 5 : sur la signification de l’union et de la filiation. Partie III : épilogue sur les empereurs chrétiens de Constantin à Héraclius, d’après Eutychiuset Sévère ibn al-Moqalïa'. Partie IV : sur les nations, les sectes et les conciles, sur les Juifs, sur les Samaritains, sur les Grecs et les Romains ; sur les hérésies, de Simon le magicien aux monothélites, d’après Eut ychius, sur les conciles occidentaux et les canons rendus en synode par les catholicos nestoriens. Partie V : sur le Christ et ses apôtres (19 chapitres) ; sur les catholicos nestoriens jusqu'à Yahballàhâ III (partie éditée par H. Gismondi, supra, col. 158) ; sur la foi orthodoxe, avec extraits d'Élie I er sur les fondements de la foi, d'Élie de Nisibe sur la vérité de la foi, de Georges de Mossoul, de Makikâ II ; profession de foi composée par Michel, métropolite de Diarbékir, mise en arabe par Slibâ (qui était donc le contemporain, peut-être le collaborateur d’Amr) ; extraits du livre d'Ébedjésus sur les fondements de la foi ; profession de foi d’Iso’yahb bar Malkon ; traité envoyé par Makikâ II, lorsqu’il n'était encore que métropolite de Ninive, à un chrétien d’Ispahan ; discussion de Sabriso' bar Paulos avec un Juif sur la divinité du Christ ; discussion sur la maternité divine de Marie, d’après Iso’yahb bar Malkon : arguments divers contre les jacobites et les melkites.

Kamis bar Qardahë composa un grand nombre de poésies liturgiques, dont certaines en strophes alternées, en syriaque et en mongol ; dans le recueil très considérable du manuscrit Vatican syriaque 186, se trouve une série de 454 pièces de 4 ou 8 strophes, de nature très variée, contenant jusqu'à des formules de lettres d’amitié et des odes amoureuses. Il eut plusieurs imitateurs dans la poésie profane. A. Baumstark. p. 322 sq. Gabriel Qamsâyâ écrivit un long éloge en vers du fondateur de son couvent Sabriso' d’BeitQoqâ : Brikiso' versifia un éloge de son maître Samli ; Iso’yahb bar Mëqaddam, qui laissa 50 lettres et bon nombre de répons liturgiques, composa une grammaire en vers heptasyllabiques et se fil remarquer par ses distiques ; l'œuvre capitale d’Isaac Qardahë est une longue composition en 29 parties sur l'économie du salut, de la création à la fin du monde : Sargis bar Wahlë mit en vers une histoire des catholicos nestoriens jusqu'à Timothée II ; nous avons encore une composition de Slibâ bar David sur Nestorius. qui a été souvent copiée, et plusieurs autres morceaux. Mais tous ces auteurs ne sont que de médiocres versificateurs ainsi que Simon, métropolite de Diarbékir. Attàyê 285

NESTORIENNK (L'ÉGLISE), LITTÉRATURE

>*( ;

Abraham d’Beit Slok, les poètes d’Alkoche, etc.

A. Baumstark, p. 329-335.

Les auteurs clialdeens catholiques.

Dans l’immense pénurie de littérature syriaque mésopotamienne après le xvr siècle, c’est à peine si la question

de l’union à Rome a provoqué quelques écrits. Abdiso' bar Yohannan, successeur de Sulaqâ, mil en vers le récit du voyage que celui-ci lil à Home, de son retour et de sa mort. Un recueil de ses poésies sur des sujets variés a été conservé, ainsi que plusieurs pièces pour l’usage liturgique, une composition en vers sur les mots à consonnes identiques et voyelles différentes, un traité sur l'âme. Bibliotheca orientalis…, 1. 1, p. 536543 ; art. Ébedjésus, par F. Nau, t. iv, col. t984 sq.

Joseph II, patriarche de Diarbékir, composa un traité d’apologétique, intitulé Le miroir pur, dont les cinq chapitres traitent des points suivants : 1) l'Église romaine est la tête de toutes les Églises ; le pape est le père de tous les chrétiens ; l'Église romaine ne peut errer en matière de foi ; 2) Vérité des formules dogmatiques de l'Église catholique démontrée contre les nestoriens ; 3) Sur l’incarnation contre tous les hérétiques en général, mais surtout contre les jacobites et les arméniens ; -i) Foi de l'Église romaine sur d’autres points : procession du Saint-Esprit ab utroque, feu du purgatoire, fixation immédiate des âmes dans l'éternité heureuse ou malheureuse, sans attendre le jugement dernier ; réponse à certaines objections formulées surtout au sujet de pratiques liturgiques. Bibliotheca orientalis, t. m a, p. 602-008.

Parmi les écrivains plus récents, d’ailleurs peu nombreux, nous nous contenterons de citer, par ce qu’elles sont imprimées, les Lecliones dogmaticæ de divini Verbi Incarnalione quas in Perside habebat Iosephus Guriel persa-chaldœus, Rome, 1858.

Nous n’avons presque jamais renvoyé dans les pages qui précédent aux histoires littéraires de W. Wright, B. Duval, A. Baumstark, citées col. 159 et 168, parce qu’il est très facile de chercher dans ces ouvrages munis d’excellentes tables onomastiques. On peut citer en outre pour l’histoire littéraire : A. Baumstark, Die christlichen Literaluren des Orients, dans Sammlung Goschen, n. 527-538 : considérations générales, 1. 1, p. 7-34, littérature syriaque, p. 34-106 ; littérature arabe-chrétienne, t. ii, p. 7-36 ; Geschichte der christ(iehen Literaluren des Orients, dans Die Literaturen des Ostens in Einzeldarstellungen, t. vii, part. 2, Leipzig, 1907 : Diesyrische and christlich-arabische Literatur, par C. Brockelmann, p. 1-74 ; A. Scher, Étude supplémentaire sur les écrivains orientaux, dans Revue de l’Orient chrétien, t. XI, 1906, p. 1-33. Plusieurs polémistes nestoriens sont traités dans M. Steinschneider, Polemische und apologetische Literatur in arabischer Sprache, dans Abliandlungen fur die Kunde des Morgent andes, t. vi, fasc. 3, Leipzig, 1877. Les nestoriens, traducteurs d’ouvrages grecs en arabe sont mentionnés dans la plupart des manuels de littérature arabe et surtout dans M. Steinschneider, Die arabischen Uebersetzungen ans dent Griechischen, Leipzig, 1897, mémoire couronné par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dont le texte français est demeuré inédit, mais dont la traduction allemande a été imprimée dans une série d’articles, dont un petit nombre de collections complètes a été mis dans le commerce.

Beaucoup de textes ont été publiés dans des chrestomathies, qui n’apparaissent pas ailleurs ; voici ceux qui appartiennent a la littérature nestorienne : G. Miisinger, Monuments syriaca ex romanis codieibus collecta, Inspruck, t. i, 1869, Isaac de Xinive, deux sermons, p. 95-101, Jean de Dalyata (ou Saba), un chapitre et une lettre, p. 102-4 ; t. ii, 1878, histoire de Karka d’Beit Slok, p. 63-75, deux pièces de Kamis bar Qardahe, P- 168-174. La chrestomathie intitulée Le petit livre des miettes (Ktabana dpartuta), Ourmiah, 1898, est particulièrement riche en passages d’auteurs nestoriens ; voici ceux mentionnés dans la table des auteurs, p. 377-379 : Abdiso' bar Yohannan (le patriarchecatholique) 'Abdiso d'Élam, 'Abdiso de Nisibe (Ébedjésus)), Babaï, Denha, Élie de Pirozsabur, Emmanuel as-SahhaT, Georges d’Arbèles. Georges Warda, Isaac de Ninive, Isaac Esbednâyà. ~Iso’denah, Jean bar l’enkaye, Jean bar Zo' bi, Jean de Mos soul, Kamis bar Qardahe, Narsaï, Salomon de Bastorah

Simon de Sunqclahad, Théodore bar Koni, Thomas de Marge. Dans J. E, Manna, Morceaux choisis de littérature araméenne, Mossoul, 1001, t. i : Aphraate, p. 20-33, Harouta de Mayphcrqat, p. 120-149, morceaux liturgiques, p. 171207, Narsaï, 208-271, Iso’yahb III, p. 320-353 ; t. n : Isaac de Ninive, p. 1-8, Timothée I", p. 31-35, Thomas dc.Marga, p. 54-08, Hunayn ibn Ishaq p. 89-93, Bile d’Anbar, p. 123142, Emmanuel as-Sahhar, p. 1 13-207, Elie III, p. 272-281, Georges Warda, p. 295-322, Kamis bar Qardahe, p. 323-330, Ébedjésus de Nisibe, p. 396-450.

A ceci nous ajouterons seulement les éditions de textes, qui n’ont pas été citées au cours de l’article :

Exégèse.

B. Vandenholï, Exegesis psalmorum, imprimis messianicorum apud Syros nestorianos, Bheine, 1899,

contient l'édition de l’introduction aux Psaumes par Ahob Qâlaraya, et celle de Nathanaël, évoque de Sirzor ; J. Schliebitz, Iso’dads' Kommentar zum Bûche Iliob, part. I, texte et trad. allemande, dans Beihefle zur Zeitschrift fur die A. T. Wissenschaft, t. XI, Giessen, 1907 ; M.D.Gibson, .T/ie coHimentaries of Ishô dâd of Merv… texte et trad. anglaise, évangiles, dans Iloræ semilicie, t. v-vn, Cambridge, 1911 ; épîtres de saint Paul, ibid, t. x-xi, Cambridge, 1913-16.

2° Théologie, apologéligue et polémique. — Traduction arabe de la conférence de Timothée I er avec Al-Mahdi. éd. par L. Cheikho dans al-Masriq, t. xix, 1921, p. 359-374 et 408-418 ; extrait du traité de Hunayn sur la manière de saisir la vérité religieuse, texte et trad. française par L. Cheikho, Un traité inédit de Honein, dans Orientalische Studien Theodor Nôldeke… gewidmet. …Giessen, 1906, p. 283-291 ; Élie de Nisibe : L. Horst, Des Melropoliten Elias von Nisibis Buch vom Beiveise der Wahrheit des Glaubens, Colmar, 1888 ; texte arabe des conférences avec le vizir Abu’I-Qasim dans L. Cheikho, Trois traités anciens de polémique et de théologie chrétiennes, Beyrouth, 1923, p. 1-26 ; sur la création du monde éd. Malouf, dans al-Masriq, t. vi, 1903, p. 112-116.

Liturgie.

Les livres liturgiques proprement dits

seront recensés plus loin ; d’autre part, les éditions de textes isolés sont trop nombreuses, nous nous bornerons donc à citer : A. Baumstark, Paradigmengebeteostsyrischer Kirchendichtung…, dans Oriens christianus, t. x-xi, 1923, p. 1-32 ; Die neslorianische Schriflen « de cousis festorum », dans Oriens christianus, t. i, 1901, p. 320-342 ; A. Riicker, Zwei nestorianische Hymmen ùber die Magier, ibid., p. 35-55 ; S. J. Carr, Thomas Edesseni tractatus de NativitateD.N. J.-C> Rome, 1898 ; Abraham bar Lipeh, commentaire sur l’office divin, éd. R. H. Connolly, Anonymi auctoris expositio officiorum Ecclesiæ Georgio Arbelensi vulgo adscripta, dans Corpus script, christ, orient., Scriptores syri, ser. II, t. xcii, p. 101-180, trad., t. xci, p. 147-166.

Ascétique et histoire monastique.

 Le Paradis de 'Enaniso’a été publié d’abord par P. Bedjan, Acta martyrum et

sanctorum, t. viii, Paris et Leipzig, 1897, avec en appendice l'éloge des saints Pères égyptiens par Abraham de Ncthpar, p. 1001-1010 ; E. A. W. Budge a donné ensuite une édition avec traduction anglaise, The book of Paradise…, dans Lady Meux manuscript n" G, Londres, 1904, 2 vol. ; W. Frankenberg, Evagrius Ponticus, dans Abliandlungen der kgl. Gesellschafl der Wissenschaften zu Gôttingen, philologisch-historische Klasse, ser. II, t. xiii, lasc. 2, contient, outre les Centuries, V Antirrheticus, le Gnosticus et les lettres. L’histoire de Sergius l’anachorète et d’Abraham a été éditée et traduite par F. Nau, Résumé de monographies syriaques, dans Revue de l’Orient clirétien, t. xx, 1915-1917, p. 24-32 ; Id., Histoires d’Abraham de Kaskar et de Babaï de Nisibe dans Revue de l’Orient chrétien, t.xxi, 1918-1919, p. 161-172 ; F. A. W. Budge, The life of Rabban Hormizd, dans Semilische Studien, Erganzungshefte zur Zeitschrift fur Assgriologie, fasc. 2-3, Berlin, 1894 ; V. Scheil, La vie de Mar Benjamin, dans Zeitschrift fur Assgriologie…, t. XII, 1897, p. 62-96 ; Id., La vie de Mar Benjamin (titre : Binjamin), traduite en syriaque, dans Revue de l’Orient chrétien, t.n, 1897, p. 245-27U ; Sabriso' Bostam, histoire de Sabriso' d’Beit Qoqa, éi". A. -Mingana, dans Sources syriaques, p. 171-220, trad., p. 221-267 ; Jean de Mossoul, éd. E. I. Millos, Direclorium spirituelle ex libris sapientialibus desumptum a presbytero dodore loanne monacho composilum anno Domini MCC :.L'…, Rome, 1868, p. 24-162 ; traité sur la crainte de Dieu par Jean bar Penkaye, ibid., p. 102-171.

Hagiographie.

La plupart des textes relatifs aux

saints de l'Église de Perse, ont été édités ou réédités par P. Bedjan, Acta inarlurumel sanctorum, t. 1-vn, Pariset Leipzig, 1800-1897. I Guidi en a donné une table onomastique Indice agiografico degli Acla marlyrum et sanctorum del P. Bedjan, dans Rendiconli délia R. Accademia dei Lincei, t. xxviii, 1919, p. 207-229 ; nous indiquerons ici les vies et passions se rapportant à l'Église de Perse : t. i, Mari, p. 4594 ; Jean bar Malke, p. 344-365, Zia, p. 398-423 ; Salitâ, p. 424-465 ; Jonas d’Anbar, p. 466-525 ; t. ii, Sultan Mahduk, Adorparwâ et Mihrnarsaï.p. 1-39 ; Zbinâ, Lazare, etc., p. 3951 ; Sapor, év. de Beit Xiqalor, Isaac, év, de Karkâ d’Beit Slok, etc., p. 51-56 ; nouvelle édition, améliorée, des actes publiés par Assémani, p. 57-396 ; Behnam, p. 497-441 Qardagh, p. 441-506 ; histoire de Karkâ d’Beit Slok, p. 507, "> ; iô ; Mihr^abur, p. 535-539 ; Jacques Tinteras, p. 539-559 ; Pcthion, Adorhormizd. Anahid, p. 559-631 ; Baboï, p. 631634 ; Saba l’ascète, p. 635-680 ; t. IV, Jean, év. d’Arbèles et Jacques prêtre, p. 128-130 ; Abraham, év. d’Arbèles, p. 130 sq. ; Ananie, p. 131 sq. ; Aytallâhâ et Hafsaï, p.133-137 ; Jacques prêtre et Azad, diacre, p. 137-141 ; Gubarlâhâ et Oazo, sa sœur, p. 141-163 ; Badas, piètre, p. 163-165 ; Gelâyâ le Perse, p. 166-170 ; les 20 martyrs de Beit Garmaï, p. 184188 ; Jacques le notaire, p. 189-200 ; Christine et Yazdaï, p. 201-207 ; Phinées, p.208-218 ; Dadou, p. 218-221 ; Pirgousnap, p. 222-249 ; Abdâ, p. 250-253 ; Piruz, p. 253-262 ; Bassu «  et Suzanne, p. 471-505 ; t. vi, Julien Saba, p. 380-104 ; Abraham Qidunâyâ, p. 465-499. Dans la deuxième édition de l’Histoire de Mar Jabalaha…, Paris et Leipzig, 1895, on trouve aussi, en plus des vies devbâ I", Sabriso’V et Denhâ, les actes de Grégoire Pirangusnap, p. 347-394, de Yazdpanah, p. 394-415, de Georges, martyr en 615, p. 416-571.

6° Histoire — Les éditions des ouvrages historiques ont été citées dans les premières parties de cet article. L’histoire des principaux événements de l’histoire du monde de Jean bar Penkaye a été éditée par A. Mingana, Sources syriaques, l>. 1-171, trad., p. 172-197. M. Scott-Moncrietï, The book o/ consolations or the pastoral epistles of Màr Isho’yahb of Kûphlânû in Adiabene, dans Luzac’s semiiic lext and translation séries, t. xvi, Londres, 1904 ; J.-B. Chabot, La lettre du catholicos Mar-Aba II aux membres de l'école patriarcale de Séleucie, dans Arles du onzième congrès international des orientalistes, Paris 1897, quatrième section, Paris, 1898, p. 296-335 ; Id., La légendede Mar Bassus, martyr persan, suivie de la fondation de son couvent à Apamée, Paris, 1893 ; B. Vandenhoff, Ein Bricf des Elias bar oinûjâ iiber die Wahl des Katholikos Iso’jahb IV, dans Oriens christianus, sér. II, t. iii, p. 59-81, 236-262 ; E. A. W. Budge, The book o/ the Bec (Salomon de Bassorah), dans Anecdota Oxoniensia, semitic séries, 1. 1, fasc. 2, Oxford, 1886.

Droit.

Le Synodicon orientale contient les synodes

suivants : Isaac (an. 410), Yahballâhâ I"(an. 420), Dadiso' (an. 424), Acace (an. 486), Babaï (an. 497), Abâ I" (an. 544), Joseph (an. 554), Ézéchiel (an. 576), Isoy’ahb Ie ' (an. 585), Sabriso' I er (an. 596), Grégoire I" (an. 605), Georges I er (an. 676), Henaniso' II (an. 775). Le synode de Timothée I er (an. 790) est publié en appendice ainsi que divers documents ou lettres ayant rapport aux synodes cités. Traduction allemande des synodes par O. Braun, Das Buch der Synhados, Stuttgart et Vienne, 1900. E. Sachau, Syrische Reehtsbiichcr, t. liii, Berlin, 1907-1914, contient les écrits suivants : t. i, Leges Conslantini, Throdosii, Leonis ; t. ii, Richterliche Urteile des Putriarchen Chenànischû, p. 2-51 ; Geseizbuch des Patriarchen Timotheos, p. 54-117 ; Gesctzbuch des Patriarchen Jesubarnun, p. 120-177 ; t. iii, Corpus juris des persischen Erzbischofs Jesubocht, p. 1-201 ; Erbrecht oder Canones des persischen Erzbichofs Simeon, p. 203-253 ; Erbrecht des Patriarchen Abhâ, p. 235-285.

Philologie.

Les glosses de Bar 'Ali ont été éditées,

d’aleph à mim par G. Hoffmann, Syrisch-arabische Glossen, Kiel, 1874, celles de nun à tau par B. Gottheil, Bar 'Ali (Isho') The syriac-arabie glosses, dans Memorie délia R. Accademia Nazionale dei Lincei, classe di scienze morali sloriche e fdologiche, sér. V, t. xiii, part. 2, Borne, 1910-1928 ; B. Duval, Lexicon syriacum auctore Bar Bahlul, Paris, 1886-1903, 3 vol. ; F. Bæthgen, Syrische Grammatik des Mar Elias von Tirlian, Leipzig, 1880 ; Elie de Nisibe, dictionnaire dans Thomas de Novare, Thésaurus urnbico-syro-lutinus, Borne, 1636, et dans P. de Lagarde, Pra-termissorum libri duo, Gœttingue, 1879, p. 1-89 ; B..1. II. Gottheil, A treatise on syriac grammar by Mar(j) Elia o/ Sôbhâ, Berlin, 1887 ; P. Martin, Traité sur l’accentuation chez les Syriens orientaux, Paris, 1877 ; G. Hoffmann, Opuscula nestoriana, Kiel et Paris, 1880, contient : 'NantsÔnis Hdhaijabheni et Hunaini Hêrheni liber cunonum de eequilitleris, 'Abdhiso’nis Gàzartenitcarmen heptasyllubum de asquilitteris, Anonymi inlerpretatiovocumdifjicilium biblicarum, Anonymi scholia biblica.

Poésie.

G. Cardahi, Liber thesauri de arte poctica

Syrorum neenon de eorum poctarumvitis et car minibus. Borne, 1875 ; IL Hilgenfeld, Ausgeu>dhlte Gesdnge des Giwargis Warda von Arbel, Leipzig, 1904 ; Slibâ sur Nestorius, éd. F. Nau dans Patrologia orientalis, t. xiii, p. 287-316 ; poésie d’Abdiso' bar Yohannan sur le pape dans P. Bedjan, Manuel de piété, 2e éd., Paris et Leipzig, 1886, p. 481 sq.

E. Tisserant.