Dictionnaire de théologie catholique/OLIER Jean-Jacques II. Oeuvres

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 11.1 : NAASSÉNIENS - ORDALIESp. 494-496).
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II. Œuvres. — Ses œuvres littéraires sont des manifestations de son zèle comme curé ou fondateur du séminaire. Sa vie les explique.

1° La charge de la cure de Saint-Sulpice engagea M. Olier à composer des Reglemens peur la cenfrairie de la charité establie à Paris dans la paroisse SaintSulpice (en 1643) pour la visite et le sculagement des pauvres malades ; un Règlement peur les mariages ; Déclaration faite par un grand nembre de gentilshommes et de militaires (touchant le duel) ; L’crdre établi dans la paroisse Saint-Sulpice peur le soulagement des pauvres honteux. Ces opuscules publiés à part en 1652, 1662, ont été reproduits dans les Remarques sur l'église et la paroisse de Saint-Sulpice, par l’abbé Simon de Doncourt, au tone ii, pietés justificatives. En collaboration avec plusieurs prêtres de Saint-Sulpice qui servaient à la paroisse, il cemposa le Catéchisme des enfants de la paroisse Saint-Sulpice, publié en 1665 et dans les pièces justificatives de Simon de Doncourt. C’est un des plus pratiques et des mieux adaptés à son but, au jugement de plusieurs éminents catéchistes.

2° La Journée chreslienne, par un prêtre du clergé, in-24, Paris, J. Langlois, 1655. Dans la préface expliquant le but de l’ouvrage il s’exprime ainsi : « Cette vérité que nous devons vivre comme.Jésus-Christ a vécu sur la terre, dans ses mœurs et ses sentiments, m’a donné la pensée de former quelques pratiques et de proposer diverses intentions pour faire saintement chacune de ses œuvres. » L’ouvrage se divise en deux parties : 1° Actions de piété qui nous appliquent particulièrement à Dieu ; 2° Actions communes qui sont pour la nécessité ou le soulagement de la vie. Rééditions in-12, 1657, 1661, 1672, 1684, et in-32, 1838, 1857, 1875, 1907, 1925.

3° Catéchisme chrétien pour la vie intérieure, par un prêtre du clergé, in-12, Paris, Langlois, 1656. en deux parties : 1. De l’esprit chrétien : 2. d’un moyen principal pour acquérir et conserver l’esprit chrétien (la prière). En tête de quelques exemplaires. une très belle vignette d’après les dessins de Le Brun, gravée par Boulenger ; l’idée en avait été fournie au célèbre peintre par M. Olier : Jésus-Christ, instruisant ses disciples, est représenté debout, la main gauche levée et tenant de la droite la croix et le saint Évangile. Rééditions in-12 en 1657, 1662, 1674, 1692, 1697, 1703 ; et in-32, 1822, 1825, 1831, 1836, 1837, 1844, 1847, 1851, 1856, 1867, 1872, 1888 édition précédée d’une introduction par M. Goubin, prêtre de Saint-Sulpice, 1922, 1925. On le trouve au t. n des Catéchismes édités par Migne en deux in-4o en 1842. Il a été traduit en flamand, 1686, en italien, 1858.

4° explication des cérémonies de la grand’messe de ! >aroisse selon l’usage romain, par un prêtre du clergé, in-12, Paris, Langlois, 1656. Cette explication est dans le sens mystique. Dom Guéranger, (Institutions liturgiques, t. it, p. 140) dit que M. Olier « l’un des derniers écrivains mystiques de la France, avait reçu d’en haut l’intelligence des mystères de la liturgie, à un degré rare avant lui, nous dirions presque inconnu depuis. Il lut en cela re digne contemporain du cardinal Bona. » Le manuscrit original conservé au séminaire a très peu de ratures et de corrections. L’auteur semble avoir écrit d’inspiration. Rééditions in-32, 1661, 1667, 1687, 1695, 1835, 1858.

5° Introduction à la vie et aux vertus chrestiennes, in-12, Paris, Langlois, 1658. L’approbation de M. de Maupas, évêque du Puy, est datée du 2 avril 1657, jour de la mort de M. Olier. Rééditions in-12, en 1659, 1661, 1672, 1684, 1692, 1698 ; et in-32, 1828,

1830, 1833, 1837, 1853, 1859, 1875, 1880, 1927. Pour ces quatre derniers ouvrages, en plus des éditions aut lientiques, on rencontre plusieurs contrefaçons, Lyon, Rouen Toulouse, Bordeaux, Grenoble, Avignon, etc.

6° Traite des saints ordres par M. Olier, ancien curé de la paroisse Saint-Sulpice, Paris, Langlois, 1676. Publié par les soins de M. Tronson qui enrichit l’ouvrage d’un nombre considérable de textes latins, tirés des Pères, des conciles, des théologiens. Rééditions in-12, 1684, 1685, 1817 ; en 1831, belle édition in-8o ; in-12, 1834. 1856, 1861. 1868 ; in-32, 1873, 1879. L'édition 1896 a été publiée par M. Branchereau, et depuis édit., 1925. 1928. Traduction en italien.

7° Lettres de M. Olier. La 1e édition parut à Paris, Langlois, en 1672, in-8o, sous le litre de Lettres spirituelles de M. Olier avec une préface de M. Tronson qui ne lit entrer dans son recueil qu’un nombre limité de lettres (250) et encore souvent incomplètes, sans Indiquer les destinataires. Le but de cette publication était de donner un abrégé « les dispositions spirituelles et des maximes de M. Olier. Il y eut de ce recueil plusieurs rééditions en 1673, 1681, et in-32,

1831, 1851, 1862. Dans ses Mijstici in tulo, c. xxx.

n. 99, Bossuet fait grand cas de ces lettres spirituelles et de son auteur. En 1885, en 2 in-8o, Paris, Lecoffre, parut une édition aussi complète que M. Gamon, prêtre de Saint-Sulpice, avait pu la faire d’après les autographes et les copies authentiques. Elle comprend 433 lettres. Pour le plus grand nombre, il indique le nom du destinataire et la date au moins approximative de l’envoi. Il se prépare en ce moment une nouvelle édition plus complète.

8' l’ietas Seminarii Sancti Sulpitii. Ce petit opuscule très connu dans les séminaires de Saint-Sulpice. parut pour la première fois seulement en 1819, dans un recueil intitulé : Pia exercitia ad usum seminarii Sancti Sulpitii. Depuis il a été inséré dans des recueils semblables, (.1 1820, 1839, 1877, 1904. Édité à part, in-32, Desclée, 1928. L’ne édition critique en fut laite à Bourges en 1879 et rééditée en 1885 : Pietas seminarii Sancti Sulpitii opusculum ad fidem autographi Oleriatti, explanalione perpétua et notis auxit F. Labbe de Champgrand.

9° Quelques autres opuscules ont été publiés dans le Manuel du séminariste de M. Tronson, édition de 1823 : Examen sur tes vertus chrétiennes et ecclésiastiques et des Avis salutaires aux ministres du Seigneur. Un petit opuscule de 32 pages : Sentiments de M. Olier sur la dévotion à Saint-Joseph fut publié en 1843 ; l'édition de 1858 in-32, fut très répandue en France et au Canada. On en tira plus de quarante mille exemplaires. On trouve cet opuscule à la fin de la dernière édition de la Journée chrétienne et dans le Pietas Seminarii, dernière édition. En 1845, à Lyon, fut imprimé un opuscule contenant avec les Maximes chrétiennes et ecclésiastiques de M. Bourdoix, les Maximes sur l’obéissance de M. Olier, réédition en 1862.

10° Œuvres complètes de M. Olier… réunies pour la première fois en collection… et publiées par l’abbé Migne, 1 vol. grand in-8o, 1856. « Le mot complètes s’entend de toutes les œuvres éditées en quelque lieu, en quelque temps et en quelque format que ce soit, non de celles manuscrites qui peuvent exister dans les archives de Saint-Sulpice. » (Note de l'éditeur.)

11° Des écrits autographes de M. Olier, M. Faillon tira deux volumes publiés à Rome : Vie intérieure de la très sainte Vierge, 2 vol. gr. in-8o, 1866. L’ouvrage est revêtu de l’imprimatur du Maître du Sacré Palais et en outre des approbations de trois membres de la Congrégation de l’Index. Cependant quelques objections furent faites contre cet ouvrage. Comme les fragments sont tirés d'écrits différents de date, de style, de but. et ne sont souvent que de simples ébauches. M. Faillon en les groupant a pu facilement leur donner une portée qui dépassait la pensée du serviteur de Dieu. Cet éditeur répondit aux difficultés qui lui furent laites dans un appendice imprimé. mais non publié : De quibusdam di/licultatibus minoris rr.omenti a RR. censoribus Olerio objectis.

Il se proposait d’ailleurs de mettre les choses au point dans une nouvelle édition. La mort l’a empêché de la donner. En 1875, M. Tcard donna cette édition, mais abrégée, dégagée des réllexions de M. Faillon et des textes de Pères et de théologiens qu’il avait recueillis pour expliquer et justifier les expressions de M. Olier. Une nouvelle édition fut publiée par M. Icard en 1880. Mgr Pellei, évêque d’Acquapendente, près d’Orvieto, a puisé dans l’ouvrage édité par M. Faillon, le fond d’un volume qui a été traduit en français sous ce titre : La très sainte Vierge, jondatrice en Jésus-Christ de la sainte Église.

12° l’n bon nombre d’autres écrits plus ou moins achevés, quelques-uns simples fragments, sont restés manuscrits, ils ont pour objet : la création, les anges, les sacrements, l’oraison, des sermons et des

panégyriques de saints ; les mystères et les fêtes de la liturgie, les vertus chrétiennes, des esquisses ou essais relatifs au séminaire et à la Compagnie de Saint-Sulpice.

Des extraits de ces manuscrits sont entrés dans l’ouvrage suivant : L’esprit de M. Olier, où sont représentés ses grâces, ses sentiments, ses dispositions, ses pratiques touchant les principaux mystères et les vertus chrétiennes, tirés de ses écrits, de ses entretiens, de sa vie. L’ouvrage fut commencé par M. de Bretonvilliers, continué par M. Tronson, qui n’eut pas le temps d’y mettre la dernière main. M. Goubin, supérieur de la Solitude, l’a complété et publié en 2 vol. in-4o, lithographies à cent exemplaires. En 1916, M. Letourneau, curé de Saint-Sulpice, en a extrait lui-même un petit volume in-18, Paris, Gabalda : Pensées choisies sur le culte de Notre-Seigneur, de la sainte Vierge, des anges et des saints.

13° On conserve aussi, mais en cjopie (les autographes n’existant plus), divers écrits : La vie divine, les attributs divins, les mystères de Notre-Seigneur appliqués à chaque action de la journée, explication du Pater. La retraite d’un curé, opuscule désigné dans quelques copies sous le titre : Le maître des exercices, titre qui est celui de l’introduction. Divers écrits pour la direction de la paroisse.

14° Le premier dessein de l’ouvrage connu sous le nom A’Examens particuliers de M. Tronson remonte à M. Olier, qui commença ;  : le réaliser avec la collaboration de M. de Poussé placé i la tête du séminaire Saint-Sulpice. Une lettre d’octobre 1648, que le serviteur de Dieu lui écrivait, montre que les sujets d’examens concernant les vertus étaient sur le métier. On conserve au séminaire un exemplaire manuscrit où les examens sont encore dans l'état premier de leur composition. Les sujets sont au nombre de 85 et traités d’une façon très brève sans les détails pratiques et les citations des Pères et des conciles qu’y ajouta M. Tronson. Il porte le titre de : Méthode très utile aux ecclésiastiques qui veulent arriver à la perfection de leur état et qui leur enseigne comme ils doivent vivre dans une fonction si sublime. La Ve partie traite des vertus ; la seconde porte sur ce qui se pratique dans le séminaire de Saint-Sulpice. (Cf. Préface de l'édition des Examens particuliers, de M. Tronson, édition de 1927.)

15° Le catalogue manuscrit de l’ancienne bibliothèque du séminaire conservé à la bibliothèque Mazarine signale : J. J. Olier ecclesise Sancti Sulpilii pasloris et seminarii fundatcris I^oci communes, in-4o. Le n. 3882 de la Mazarine est bien l’autographe de M. Olier. C’est un répertoire ou recueil de textes par ordre alphabétique des sujets, par exemple sur l'Écriture sainte, saint Ambroise, les révélations de sainte Brigitte, Denys l’Aréopagite. Ce sont les écrits de ce dernier qui reviennent le plus souvent. Les textes sont en français, en latin, ou même en grec, toujours exactement accentués.

16° Mémoires autographes. — Dans l'écrit qu’on appelle Mémoires de M. Olier, il y a deux parties différentes : une partie qui est un récit de sa vie passée, sorte de revue ou confession générale faite pour son directeur ; le ton en est simple et s’arrête aux choses principales. Une autre partie plus longue est une sorte de confidence faite au jour le jour. Son directeur, le P. Bataille, alors à Saint-Germain-des-Prés, lui demanda d’y consigner toutes ses pensées, ses sentiments, même ce qu’il n’accepterait pas entièrement, « e qui traversait son esprit, son imagination, comme les rêves et les songes. On y trouve les pensées théologiques, mystiques qui l’occupaient dans l’oraison ou au cours de la journée : ce sont tantôt des vues sublimes, tantôt des ébauches imparfaites jetées au

courant de la plume, avec des sens mystiques parfois subtils et même un peu étranges. N'écrivant pas pour le public, mais pour son directeur, il ne s’arrête pas à préciser, ù expliquer. Un jour il jette sa pensée sur le papier, puis, une cause extérieure l’interrompant, il n’achève pas le lendemain et passe à un autre ordre d’idées. Pour avoir sa vraie pensée sur les questions dogmatiques ou mystiques, il est préférable de lire ses lettres et ses ouvrages imprimés ou traités manuscrits. D’ailleurs, il ne relisait pas les cahiers, qu’il remettait à son directeur pour qu’il en fît ce qu’il jugerait à propos, les jetât au feu, ou les conservât s’ils devaient servir à la gloire de Dieu. ¥.n les écrivant il s’arrête parfois et se demande pourquoi son directeur l’oblige à écrire et s’en excuse : « Mon courage est parfois abattu, voyant les impertinences que j'écris, qui n>e paraissent de grandes pertes de temps, et me semble le même pour mon cher Directeur dont je plains les heures qu’il y doit employer et que j’ai crainte d’amuser. Aussi il me semble à toute heure qu’il me doit défendre d'écrire, tout cela étant niaiseries insupportables. » Mais en attendant que son directeur lui dise de cesser, il écrira tout par obéissance, sous l’impression du moment dans l'état où les choses se présentent à son esprit, même incomplètement. « Je prie mon Sauveur, écrit-il le 15 juillet 1642, ne souffrir plus que je perde et consume mon temps en autre chose qu’en son amour. » M. Olier resta en relations avec le P. Bataille jusque vers la fin de 1646.

La congrégation de Cluny, après quelques années d’union avec celle de Saint-Maur, s'étant séparée, le P. Bataille quitta Saint-Germain-des-Prés et devint prieur de Saint-Martin-des-Champs (1645-1646). Après son départ à Cluny, M. Olier se mit sous la direction de M. Picoté, qui semble l’avoir engagé à continuer à noter ses pensees.Toutefois.de 1646 au 15 février 1652, les Mémoires sont dix fois moins amples et beaucoup moins personnels que de 1642 à 1646. Durant les six dernières années de sa vie, les Mémoires sont interrompus. Après la mort de M. Olier les cahiers ont été remis par dom Bataille à M. de Bretonvilliers, quelques-uns depuis se sont égarés. On les a ensuite réunis en 8 volumes très bien reliés. Mais ils ont alors été en partie disposés dans l’ordre chronologique des faits rapportés, au lieu d'êlre laissés dans l’ordre de leur composition. Une copie exacte en a été faite, et plus complète que l’original actuel.