Dictionnaire de théologie catholique/ORIENTALE (MESSE) III. La messe dans le rit byzantin

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 11.2 : ORDÉRIC VITAL - PAUL (Saint)p. 166-171).

III. La messe dans le bit byzantin. —

Nous avons dit plus haut, que la liturgie byzantine procède de la liturgie antiochienne. Si nous l’analysons à part, c’est parce qu’elle représente mieux la messe de l'Église orientale, étant donné qu’elle est la liturgie de plus de 100 millions de chrétiens, et aussi parce qu’elle est plus accessible dans son texte original au théologien occidental.

L’analyse portera d’abord sur la liturgie byzantine proprement dite, tout en indiquant à la suite, les différences dans la liturgie arménienne, qui est, on le sait, une liturgie byzantine.

Quelques mots d’abord, sur la disposition de l'église grecque, pour l’intelligence des différents gestes et cérémonies : une balustrade sépare l’autel du chœur. Elle est haute, très riche, très ornée et portant de nombreuses icônes (images), d’où son nom d’iconostase. Trois portes y sont pratiquées : l’une devant le maîtreautel, avec deux battants à mi-hauteur, peut se fermer aussi par un grand rideau richement travaillé. Les deux autres correspondent aux deux nefs latérales. Le petit autel de droite est celui de la prothèse. Le prêtre y prépare les éléments du sacrifice. En Orient, chaque église n’a qu’un autel pour le sacrifice, avec une seule messe par jour. (Les uniates se sont éloignés de cette pratique.)

La prothèse.

Ce mot signifie actuellement aussi

bien l’autel de la préparation des oblats que la cérémonie même de la préparation.

Le prêlre et le diacre commencent par faire les prières de la porte, ainsi nommées, parce qu’elles se font devant la grande porte, la porte sainte, qui donne sur le maître-autel. Le diacre demande la bénédiction du prêtre, et prie le Saint-Esprit, roi du ciel et esprit de vérité, de venir le purifier. Il chante trois fois le Trisagion, le Kyrie eleison, enfin le Gloria Patri et le Pater.

Dans la prière qu’ils adressent au Christ devant son icône, placée à gauche de la porte, ils disent :

Vous avez daigné en effet, vous étant fait chair, monter de votre propre volonté sur la croix, afin de délivrer de l’esclavage de l’ennemi, ceux que vous aviez formés. Aussi nous vous crions en vous rendant grâces : O notre Sauveur, vous avez rempli de joie l’univers en venant sauver le monde. Cf. C. Charon, Les saintes et divines liturgies, p. 2. La traduction que nous donnons de la liturgie byzantine a presque toujours élé empruntée à cet ouvrage de M. C. Charon (C. Korolewskij).

Ils font une autre prière devant l’icône de la Vierge, et dans une prière générale ils demandent d'être dignes d’offrir « le sacrifice non sanglant ». Ces prières ou le prêtre parle de son indignité sont, dans les liturgies aussi bien orientales qu’occidentales, d’une époque tardive. A l’origine, la liturgie était plus simple et le prêtre regardait moins son indignité que l'Église qu’il représentait. Ainsi donc toutes les prières récitées au bas de l’autel sont le fruit de la piété personnelle.

Le prêtre fait trois profondes inclinations à l’autel — l’inclination correspond à la génuflexion dans le rit romain — le baise, ainsi que l'évangiliaire placé au milieu de l’autel. Le diacre fait bénir ses ornements et s’en revêt alors que le prêtre prend les siens. Ils se dirigent vers la prothèse, où ils se lavent les mains en chantant alternativement le ps xxv, 6-12, Lavabo.

Le prêtre bénit le pain - — il est fermenté et assez épais — et avec une lance, il en découpe la partie portant l’empreinte carrée et la détache à l’invitation du diacre ; il plante la lance dans le côté droit puis il fait une entaille en forme de croix sur le morceau détaché.

Le prêlre : « En mémoire de Notre-Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ. — Comme une brebis, il a été conduit à la boucherie… Qui racontera sa génération ? »

Le diacre : « Enlevez, Seigneur. »

Le prêtre : « Parce que sa vie est enlevée de la terre.

Le diacre : « Immolez, Seigneur. »

Le prêlre (en faisant l’entaille) : « L’agneau de Dieu est immolé, celui qui enlève le péché du monde pour la vie et le salut du monde. »

Le diacre : « Percez Seigneur. »

Le prêtre : « Un des soldats lui perça le côté de sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau, celui qui l’a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai. » Charon, toc. cil., p. 1.

Le diacre prépare le calice et le fait bénir ; car le diacre est le ministre du calke.

C’est un petit drame réaliste qui reproduit celui de la croix, et un signe extérieur de la réalité du sacrifice qui va s’accomplir sur l’autel.

Le prêtre continue la préparation. Il détache, du même pain ou d’un autre, des parcelles triangulaires. Ces parcelles doivent être rangées selon un ordre prescrit. La parcelle ayant l’empreinte carrée : l'éu.v6ç (l’agneau), nous l’avons vu plus haut, est en souvenir du Christ. Il en mettra maintenant à droite et à gauche et en dessous, en souvenir de la Vierge, des archanges, des patriarches et prophètes, des apôtres, des docteurs : Basile, Grégoire le Théologien, Chrysostome, Athanase, Cyrille ; des martyrs, des anachorètes, du saint du jour, du saint auquel est attribuée l’anaphore (Basile ou Chrysostome), de l'épiscopat orthodoxe et spécialement de l'évêque, des prêtres concélébrants, de tout le clergé, des frères vivants et décédés. Il ajoute d’autres parcelles pour toutes ses intentions propres ; le diacre fait de même.

(La fraction de l’hostie dans la liturgie gallicane. avec la disposition des parcelles, en donnant à chacune la représentation d’un mystère de la vie du Christ, ressemble fort à cette cérémonie byzantine).

Il faut remarquer que les orthodoxes ne regardent comme consacré que l'à[j.v6< ; et non les u.£pî8eç, les

petites parcelles. C’est pourquoi Siméon de Salonique († 1429) ainsi que d’autres théologiens orthodoxes, recommandent de ne pas les donner à la communion des fidèles. Les orthodoxes de nos jours ne les mettent dans le calice qu’après la distribution de la communion. Les catholiques consacrent tous les pains qui se trouvent sur le « disque » (patène). Cf. M. Andrieu, Immixlio et consecralio, p. 208.

Le diacre met de l’encens dans l’encensoir et demande au prêtre de le bénir. Le prêtre le fait, en demandant en retour les grâces du Saint-Esprit.

Le prêtre encense 1' « astérisque », qui empêchera le voile de toucher les pains, puis il encense les trois voiles et les mystères ; chaque fois, il récite un petit verset rappelant le geste qu’il fait. Enfin le prêtre fait la prière de la prothèse que voici :

O Dieu, notre Dieu, vous qui avez envoyé le pain céleste nourriture du monde entier, Notre-Seigneur Jésus-Christ, notre Sauveur, notre Rédempteur et bienfaiteur, qui nous bénit et sanctifie, bénissez vous-même cette prothèse et recevez-la à votre autel céleste. Souvenez-vous, dans votre bonté et votre amour pour les hommes, de ceux qui l’ont offerte et de ceux pour qui ils l’ont offerte et gardez-nous sans reproche dans l’accomplissement de vos divins mystères. Parce que a été sanctiiié et glorifié votre nom très honorable et magnifique, Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Charon, op. cit., p. 11-12.

Le diacre encense les oblats, l’autel, l'église et le célébrant, et chante le ps. l, Miserere. Puis tous deux viennent vers l’autel, le baisent, et le diacre invite le prêtre : // est temps de sacrifier au Seigneur… Souvenezvous de moi Seigneur saint. — Pour une étude plus détaillée de la prothèse. Cf. Échos d’Orient, année 1900, t. iii, p. 65-78.

(Dans le rit arménien, le prêtre récite d’abord le ps. cxxxi, Mémento, Domine, David. Le diacre prie et tous ensemble disent douze fois : Seigneur ayez pitié de nous, puis le prêtre fait une prière générale au Christ, prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech, lui demandant de le purifier et de le rendre digne de sacrifier, il se revêt ensuite, de ses ornements en récitant des prières appropriées, alors que le chœur chante une hymne rappelant tous les bienfaits de Dieu depuis la création jusqu'à la rédemption et à la sanctification. Le célébrant récite le ps. xxv, 6-12, Lavabo, en se lavant les doigts. Les mains étendues il demande l’intercession de la Vierge immaculée et Mère de Dieu ; se retournant vers le peuple le célébrant récite le conjiteor qui ressemble fort à celui de la messe romaine ; le plus âgé des prêtres assistants lui donne l’absolution générale ; et le célébrant la donne à son tour, à toute l’assemblée.

Les clercs demandent au prêtre de se souvenir d’eux, puis ils chantent le ps. xcix, Jubilale Deo. Le diacre encense le prêtre qui monte doucement les degrés, les bras en croix et psalmodiant avec le diacre le ps. xlii, Introibo…, Judica me De us. A ce moment on tire le rideau.

Si l’officiant est un évêque, il dit une très longue prière qui n’est qu’un développement théologique sur l’Esprit-Saint. Cette prière est attribuée à saint Grégoire Nareghatzi (951-1003). Cf. Lapostelest, Liturgie de la messe arménienne, p. 8-11.

Le célébrant va à l’autel de la prothèse, reçoit du diacre l’hostie (azyme) et la dépose sur la patène puis il met du vin en forme de croix. Les uniates ajoutent quelques gouttes d’eau. Suit la prière de 1*0blation qui est exactement celle des byzantins. Cf. plus haut.

Le prêtre récite le ps. xcii, Dominus regnavil, puis il bénit trois fois le calice, en disant chaque fois une sorte d'épiclèse : Que le Saint-Esprit descende sur ces dons et que la puissance de Dieu les bénisse :

A ce moment, l’on ouvre le rideau et l’on fait l’encensement des dons, de l’autel et de l’assemblée, comme dans la liturgie byzantine.

Le chœur chante une hymne :

Triomphe et glorifie-toi, ô Sion, Fille de lumière, sainte Mère catholique, avec tes fils ; pare-toi et orne-toi, auguste épouse, splendide tabernacle de lumière semblable au ciel : parce que le Dieu oint, l'Être de l'Être se sacrifie sans cesse pour toi sans être consumé ; et pour nous réconcilier avec le Père, pour notre expiation il distribue sa chair et son précieux sang. Par la vertu de ce sacrifice, donne le pardon à celui qui a érigé ce temple.

La sainte Église reconnaît et confesse la très pure vierge Marie, comme Mère de Dieu, par laquelle nous a été communiqué le pain de l’immortalité et le calice consolateur ; à elle donnez bénédictions dans votre cantique spirituel. Cf. Lapostolest, op. cit., p. 17.

L’emploi de l’azyme et du vin sans eau serait, dans le rit arménien schismatique ou grégorien, une affirmation du monophysisme. Les catholiques font comme les latins. Cf. art. Azyme, t. i, col. 2658.]

2° La messe des catéchumènes. — 1. La grande litanie diaconale. — -Le diacre fait une longue litanie d’intentions recommandées pour ce sacrifice, et le peuple s’y unit, en répondant Kyrie eleison, après chaque demande.

Le diacre : Prions le Seigneur pour la paix du monde entier, pour la prospérité des saintes Églises de Dieu et pour l’union de tous, pour l'éveque, le clergé… pour le peuple… le roi… l’armée… la victoire… la cité… pour obtenir les biens temporels…

Plions le Seigneur, pour les navigateurs… les voyageurs… les malades, les gens qui souffrent… les prisonniers et pour leur salut à tous…

Le peuple : Kyrie eleison.

Faisons mémoire de la toute sainte, immaculée, bénie par dessus tout et notre glorieuse reine, la Mère de Dieu et toujours vierge, Marie, et de tous les saints. Recommandons-nous, nous-mêmes les uns les autres, et toute notre vie, au Christ, notre Dieu.

Le prêtre (terminant par l’eephonèse) : Parce qu'à vous appartient toute gloire, honneur et adoration, Père, Fils et Saint-Esprit maintenant et toujours et dans tous les siècles des siècles.

Le chœur : Amen. Cf. Charon, op. cit., p. 16-17.

2. Les chants.

Le chœur chante trois antiennes, les ps. en et cxlv et les versets des sept béatitudes, et après iliaque antienne, le diacre fait une petite litanie d’un thème ordinaire et qui se termine comme la grande. Après la seconde antienne le chœur chante :

Le Fils unique, le Verbe de Dieu, étant immortel, et ayant voulu s’incarner dans le sein de la sainte Mère de Dieu, toujours vierge, Marie, pour notre salut, se fit homme sans changer. Vous fûtes crucifié, ô Christ notre Dieu, écrasant la mort par voire mort, vous l’une des personnes de la Sainte Trinité, glorifié avec le Père et le Saint-Esprit, sauvez-nous. Charon, op. cit., p. 22.

3. La petite entrée.

Le prêtre prend le livre des évangiles et le passe au diacre ; précédés par les acolytes et le clergé, ils sortent par la porte nord de l’iconostase ; la procession se déroule dans l'église jusqu'à la porte sainte ; le diacre invite le prêtre à prier et à bénir l’entrée, donne à baiser l'évangile au président du chœur ou au prêtre, puis il élève l'évangéiiaire, en chantant : Avec sagesse, tenons-nous debout. Venons, adorons le Christ… Le cortège entre alors au sanctuaire.

4. Le Trisagion.

A la demande du diacre de bénir le chant du Trisagion, le prêtre prie Dieu d’agréer cette « hymne trois fois sainte ». Voici le texte du Trisagion :

Dieu saint, saint et fort, saint et immortel, ayez pitié de nous (trois fois).

Gloire au Père…

Saint et immortel, ayez pitié de nous.

Dieu saint, saint et fort, saint et immortel ayez pitié de nous. Charon, op. cit., p. 28 sq.

Ce chant est remplacé par d’autres hymnes à quelques fêtes de l’année : Noël, Epiphanie, Pâques…

Le Trisagion aurait été introduit dans la liturgie sous le patriarcat de Proclus (434-417) et par l’ordre de Théodose II, à la suite d’une apparition céleste, en 446. Théophane, Chronic, t. XIV, c. xlvi, P. G., t. cviii, col. 243-247, et S. Jean Damascène, He fide orthodoxa, t. III, n. x, P. G., t. xc.vi, col. 1022 ; Rahinani, op. cit., p. 154, 395 en note. Cf. Le Brun, t. ii, p. 353.

5. Les lectures.

Le diacre debout devant l’iconostase annonce : Soyons attentifs. Le lecteur, tourné vers le peuple, lit l'épître. Anciennement on lisait une lecture de l’Ancien Testament, actuellement on lit d’ordinaire un passage des Actes ou des épîtres de saint Paul, quelquefois des épîtres catholiques. Cependant on trouve des lectures de l’Ancien Testament à quelques dates de l’année : Pâques… C’est à Pâques également que les Byzantins lisent les livres saints dans diverses langues ; c’est bien là un témoignage que l'Église est, de droit, catholique. Elle est au-dessus des nations et des langues ou plutôt pour toutes les nations.

A la fin de l'épître le célébrant dit au lecteur : paix à toi, puis il s’incline pour demander l’intelligence des évangiles. Pendant ce temps le diacre encense l’autel, le sanctuaire, le peuple et le prêtre, il se présente ensuite avec les évangiles devant le prêtre : Bénissez, Seigneur, celui qui va annoncer l'évangile du saint apôtre et évangéliste. Le diacre, précédé de deux acolytes va à l’ambon (ou chaire).

Le prêtre : Tenons-nous debout avec sagesse. Écoutons le saint évangile. Paix à tous.

Le chœur : Lt avec votre esprit.

Le diacre : Lecture du saint évangile selon N…

Le prêtre : Soyons attentifs.

Le chœur (avant et après le chant de l'évangile) : Gloire à vous Seigneur, gloire à vous.

Le prêtre (au diacre qui revient de l’ambon) : Paix à toi qui as annoncé l'Évangile. Cf. Charon.op. cit., p. 31-33.

6. Litanies.

Le diacre chante de nouvelles litanies aux mêmes intentions énuinérées plus haut. Le peuple répond à chaque demande par trois Kyrie eleison. Prions encore pour tous ceux qui offrent des fruits. M. Cyrille Charon, op. cit., p. 34, dit à ce propos et justement : Il y a ici un souvenir des oblations en nature faites dans les premiers siècles de l'Église par les fidèles, pendant le sacrifice eucharistique.

Un fait très curieux et propre à la liturgie orientale se présente ici : le diacre occupe les fidèles, prie avec eux, alors que le prêtre fait une prière analogue à voix basse, qu’il termine par une doxologie ou eephonèse.

7. Prière des catéchumènes et renvoi de ceux-ci. — Le diacre invite les catéchumènes à prier, demande aux fidèles de prier pour eux, fait pour eux plusieurs demandes avec la réponse du peuple : Kyrie eleison ; il les invite enfin à incliner la tête pour recevoir la bénédiction. Le célébrant pendant tout ce temps fait une prière pour eux et la termine par une eephonèse.

Le diacre : Tous les catéchumènes, sortez. Les catéchumènes, sortez. Tous les catéchumènes, sortez. Pas un seul des catéchumènes ici.

Les fidèles : Encore et encore prions en paix, le Seigneur.

On trouve là un vestige de la cérémonie effective du renvoi des catéchumènes. D’autres renvois existaient encore ; successivement après les catéchumènes, on faisait sortir les énergumènes et les pénitents. Les seuls communiants restaient pour assister aux mystères. La fin de la messe des catéchumènes est nettement marquée par ce renvoi. Les païens et les chrétiens non communiants étaient donc admis à la lecture des livres saints et à leur commentaire par l’homélie que nous ne rencontrons plus dans le missel.

[La messe des catéchumènes dans le rit arménien. — Quant au rit arménien, après la bénédiction, le diacre avertit le peuple en grec, d'être attentif au chant du Trisagion, qu’on répète trois fois. Les uniates en ont enlevé les mots : crucifié pour nous. Les grégoriens n’y voyaient pourtant pas une affirmation hérétique, puisqu’ils remplaçaient cette phase par une autre, suivant les fêtes ; c’est au Christ que le Trisagion est adressé : à Noël : « qui nous apparûtes » ; le samedi saint : « enseveli pour nous » ; pour l’Ascension : « monté avec gloire vers le Père ». A la Pentecôte, il est adressé au Saint-Esprit : « descendu sur les apôtres ». Donc, les arméniens rapportent les mots « crucifié pour nous », au Christ seul. Nersès IV (1166-1173) ne voyait dans le maintien de ces mots, qu’une question de discipline et de respect pour la piété des fidèles. Cf. E. Dulaurier, Histoire de l'Église arménienne, p. 43 ; Le Brun, t. iii, p. 145. Cf. art. Arménie, t. i, col. 1951-1952.

Un des fidèles est invité, après le chant du Trisagion, à venir baiser les saints livres. C’est le délégué de l’assistance : le prêtre le bénit, puis fait une longue prière, les bras en croix ; quant au diacre, comme dans la liturgie de Constantinoplc, il récite avec le peuple les diaconales ou prières litaniques. Comme dans la liturgie byzantine, aussi, le prêtre prie aux mêmes intentions et termine sa prière par une eephonèse.

Un diacre lit l'épître. Quelquefois on a trois lectures de l’Ancien et du Nouveau Testament, d’autres fois une seule lecture des épîtres ou des Actes avant l'Évangile. Le célébrant dit à plusieurs reprises : la paix à tous. A la petite entrée, ou procession autour de l’autel, l’archidiacre porte solennellement les évangiles jusque devant la porte. Alors un diacre avertit en grec de se tenir debout. Les avertissements ordinaires terminés, l’archidiacre chante l'évangile. Le fait de chanter le Credo immédiatement après l'évangile, éloigne le rit arménien du byzantin pour le rapprocher de la liturgie syriaque. C’est l’archidiacre qui chante le Credo, en élevant l'évangéliaire au-dessus de sa tête. Voir le texte du Credo, à l’art. Arménie, t. i, col. 1946.

Puis un anathème est lancé contre ceux qui nient l'éternité et la consubstantialité des trois personnes. Le Brun, t. iii, p. 156-159. D’après Le Brun, ibid., p. 161 sq., les arméniens auraient adopté le symbole dans leur liturgie, peu d’années après 486, date de son introduction, dans la liturgie d’Antioche, par Pierre le Foulon.

Le diacre récite une nouvelle litanie, pendant que le prêtre fait les mêmes demandes à voix basse qu’il termine par l 'eephonèse habituelle.

Le prêtre : Que la paix soit avec vous tous.

Le diacre : Qu’aucun des catéchumènes et de ceux dont la foi est imparfaite, qu’aucun des pénitents et des impurs ne s’approche de ce mystère divin. Dulaurier, op. cit., p. 137.

Ici nous rencontrons, outre les catéchumènes, la catégorie des pénitents et des énergumènes.]

Messe des fidèles.

 1. Préliminaires. — Le célébrant demande à Dieu de le rendre digne d’offrir le

sacrifice pour tout le peuple.

a) Le chéroubicon.

Nous qui, mystiquement, représentons les chérubins et chantons à la vivifiante Trinité l’hymne trois fois sainte, déposons toute sollicitude mondaine, afin de recevoir le le roi de l’univers escorté invisiblement des armées angéliques.

Le prêtre récite une longue prière :

…Rendez-moi capable… de consacrer votre corps saint et immaculé, et votre sang précieux… c’est vous qui offrez et qui êtes offert, qui recevez et qui êtes distribué, ô Christ

notre Dieu, et c’est à vous que nous rendons gloire avec votre Père éternel… Cf. Charon, p. 39-40.

b) La grande entrée et l’offertoire. — Pendant le chant du chéroubicon, on fait la procession pour apporter les oblats de la prothèse au maître-autel. Le prêtre encense d’abord l’autel, le clergé et le peuple, en récitant le Miserere ; puis il engage l’assemblée à adorer le « Christ notre roi et notre Dieu ». Le diacre invite le prêtre à commencer la procession. Celui-ci lui passe la patène couverte et garde le calice pour lui. La procession avec cierge et encens, se déroule de la prothèse dans la petite nef et on rentre par la nef du milieu.

Le prêtre dépose les oblats, les couvre du grand voile et prie : …Votre tombeau… c’est la source de notre résurrection, puis il encense les oblats. On ferme la porte de l’iconostase et le diacre vient occuper le peuple. Complétons notre prière au Seigneur et une nouvelle litanie se déroule avec le Kyrie du peuple. Pendant ce temps le prêtre fait l’offertoire.

c) Le baiser de paix. — On ouvre l’iconostase et le prêtre bénit les fidèles, alors que le diacre exhorte au baiser de paix : Aimons-nous les uns les autres.

Les portes, les portes ! c’est l’avertissement de les bien garder.

d) Le Credo. — Le diacre : Avec sagesse, soyons attentifs. Le peuple ainsi préparé récite le symbole de Nicée-Constantinople. L'Église byzantine, d’après Théodore le lecteur, aurait commencé à le chanter vers 510. Il passa de là en Espagne et en Gaule. Théodore le lecteur, dans son Histoire ecclésiastique, t. II, c. xxxii, P. G., t. lxxxvi, col. 201, dit que le patriarche Timothée (512-514) en a ordonné la récitation. Le Brun, op. cit., t. iii, p. 161. En 568, Justin II en faisait une loi. Cf. art. Mozarabe, t. x, col. 2536.

Les melkites, les ruthènes catholiques et les italogrecs y ont ajouté le Filioque. Benoît XIV, dans sa lettre Elsi pasloralis du 26 mai 1742, permet aux autres uniates byzantins, de l’omettre, à condition toutefois d’y croire. — Les grecs de Syrie réservent le droit de représenter le peuple, dans la récitation du Credo, au vieillard le plus digne de l’assemblée. Lui refuser ce droit est une injure.

[La préparation au sacrifice dans le rit arménien. — La grande entrée y est aussi solennelle que dans le rit byzantin pur. Entouré de diacres et précédé d’acolytes, l’archidiacre s’avance en portant les dons ; un sous-diacre les encense pendant toute la procession. Les hymnes chantées à la procession disent :

Le corps de Notre-Seigneur et le sang de notre rédempteur sont prêts à se montrer à nous. Les puissances célestes chantent invisibles et s'écrient sans interruption : Saint, Saint, Saint est le Seigneur des armées. Dulaurier, op. cit., p. 137.

Il semble qu’une procession de la sainte réserve se faisait avec toute cette solennité pour la messe des présanctifiés. Ou peut-être est-ce un vestige de l’usage du fermentum, c’est-à-dire d’une hostie consacrée à une messe précédente pour être mêlée au sacrifice et en symboliser l’unité.

Le prêtre attend à l’autel, pour recevoir les dons. Il les encense, puis se met à genoux avec le peuple.

Le diacre : Attollite portas vestras et elevamini…

Le prêtre : Quis est iste rex gloriæ ?

Le diacre ( portanl les dons) : Ipse est rex gloriae.

Le prêtre bénit le peuple avec les dons qu’il a reçus, se lave les mains en récitant le ps. xxv, Lavabo et fait l’offertoire.

Le diacre : Donnez-vous, les uns les autres, le saint baiser de paix, et que ceux qui ne peuvent participer à ces divin-, mystères sortent et aillent prier dehors.

Tout le peuple se salue, en se disant : « Jésus-Christ est avec nous. »

Le chœur chante :

L'Église est devenue un seul corps et notre baiser le gage de cette union ; l’inimitié a été éloignée et la charité a pénétré partout.

Le diacre : « Tenons-nous respectueusement et avec crainte soyons attentifs, pour offrir la sainte oblation. »

Le diacre : « Gardez les portes, les portes ! avec le plus de vigilance et de circonspection possible. »

Le baiser de paix avec les avertissements aux indignes de s'éloigner, prouvent que l'Église à l’origine avait grand souci de ne célébrer les mystères que devant les seuls communiants. Dulaurier, op. cit., p. 142-143.]

2. L’anaphore.

Le rit byzantin ne possède que deux anaphores, appelées liturgies. La liturgie ordinaire est attribuée à saint Jean Chrysostome ; celle de saint Basile n’est célébrée qu'à la fête du saint, les jeudi et samedi saints et à quelques autres fêtes. La liturgie des présanctifiés est attribuée à saint Grégoire le Grand. Quant au rit arménien, il n’a qu’une seule liturgie en usage.

Le diacre commence l’anaphore byzantine par avertir les fidèles de se bien tenir et d'être attentifs. On ouvre l’iconostase et le prêtre se sert d’une formule prise à saint Paul, II Cor., xiii, 13, pour donner la bénédiction.

Le prélre : Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu (le Père) et la communication du Saint-Esprit soient avec vous tous.

Le chœur : Et avec votre esprit.

Le prêtre : Ayons en haut les cœurs.

Le cliœur : Nous les avons vers le Seigneur.

Le prêtre : Rendons grâces au Seigneur.

Le chœur : Il est digne et juste d’adorer le Père, le Fils et le Saint-Esprit, Trinité consubstantielle et indivisible.

On referme l’iconostase et le prêtre poursuit : Il est digne… Cette prière correspond à la préface latine et amène naturellement le Sanclus. Le même thème est développé dans la liturgie de saint Jean Chrysostome et celle de saint Basile. Seulement, dans la première, on passe des attributs de Dieu à ses bienfaits dans la création et la sanctification, tandis que, dans celle de saint Basile, après avoir loué Dieu pour ses attributs et assez longuement, on passe en revue les attributs du Fils : sagesse, vie, sanctification, puissance, toute la doctrine paulinienne ; puis on parle du Saint-Esprit et de ses attributs propres de sanctificateur, vivificateur… Les deux aboutissent au Sanctus qui a le même texte que celui de la liturgie romaine.

a) Le Vere sanctus. — Comme la liturgie syriaque, la liturgie byzantine suit un développement normal dans l’anaphore. Le Vere sanctus de la liturgie de saint Jean Chrysostome donne les raisons de ces louanges, c’est que Dieu a aimé le monde jusqu'à envoyer son Fils qui a accompli toute sa mission ; on aboutit ainsi à la prière de l’institution. Tandis que le Vere sanctus de saint Basile passe en revue la création de l’homme, sa chute, la promesse du Messie par les prophètes (une grande partie du premier chapitre de l'épître aux Hébreux esteitée), puis il rappelle la vie du Christ jusqu'à l’ascension et à son second avènement, il poursuit qu’il nous a laissé les souvenirs de sa pr.ssion… et il revient sur le récit de l’institution.

b) Les paroles de la consécration. — Pour bien affirmer la liberté du Christ dans sa passion, l’anaphore de saint Basile dit : « Alors qu’il était sur le point d’aller à sa volontaire, mémorable et vivifiante mort. » Comme dans toutes les liturgies orientales, le prêtre chante les paroles de la consécration :

S. Jean Chrysostome S. Basile La nuit où il fut livré, ou La nuit où il se livra luimieux, où il se livra luimême pour la vie du monde, même pour la vie du monde, ayant pris du pain dans ses

ayant pris du pain dans ses mains saintes et immaculées, mains saintes, pures et l’ayant élevé vers vous, immaculées, ayant rendu Dieu le Père, ayant rendu grâces et l’ayant béni, sancgrâces, l’ayant béni, sanctilié et rompu, il le donna tifié et rompu, il le donna à à ses saints disciples et apô- ses saints disciples et apôtres en disant : Prenez, mantrès en disant : Prenez… gez, ceci est mon corps, qui pour vous est rompu pour la rémission des péchés. Amen.

Pareillement aussi le calice Pareillement ayant pris le après avoir soupe en disant : calice, plein du fruit de la Buvez-en tous, ceci est mon vigne, et ayant fait le mésang, celui de la nouvelle, lange, rendu grâces, l’ayant alliance, qui pour vous et béni et sanctilié, il le donna pour beaucoup est répandu à ses saints disciples et pour la rémission des péchés, apôtres en disant : Buvez en Amen. Cf. dom Moreau, Les tous… anaplwres… p. 44-49.

Il est à remarquer que la formule commence par in qua nvcle et se termine par l’Amen après chaque consécration. C’est le peuple qui le dit et ainsi participe-t-il à ce sacrifice que l'Église ofïre à son intention. Il n’est pas question que le Christ ait élevé ses regards vers le ciel. Le parallélisme à la fin de la consécration du pain est emprunté à la seconde consécration. Cela est propre à la liturgie orientale : i qui pour vous est rompu pour la rémission des péchés… »

Il ne semble pas que les mots « et ayant fait le mélange », dans la consécration du calice, d’après l’anaphore de saint Basile, signifient le mélange de plusieurs espèces de vin pour en améliorer le goût, comme le dit M. Charon, op. cit., p. 88, en note ; mais il s’agit plutôt du mélange de vin et d’eau. Les liturgies syriaques, on l’a vu plus haut, en font une mention claire. Aussi les Byzantins ont-ils eu de longues discussions avec les Arméniens, sur la nécessité de mettre quelques goultes d’eau dans le calice.

c) L’anamnèse. — La liturgie de saint Basile rappelle la recommandation du Christ que nous trouvons dans saint Paul, I Cor., xi, 26 :

Faites ceci en mémoire de moi. Toutes les fois, en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez ce calice, vous annoncez ma mort, vous confessez ma résurrection ».

Une légère variante existe avec le texte de saint Paul qui est en style indirect et ne parle pas de la résurrection.

L’anamnèse est un vrai symbole rappelant les grands événements de la vie du Christ, jusqu'à son second avènement.

En tout et par tout, nous vous offrons ce qui est à vous, de ce qui est à vous.

d) L’epiclèse. — Le prêtre et le diacre s’inclinent trois fois, profondément et demandent au Père l’envoi du Saint-Esprit.

Le diacre : Seigneur, bénissez le pain saint.

Le prêtre (bénit l’hostie et dit) : Et faites ce pain le corps précieux de votre Christ.

Le diacre : Ainsi soit-il. Seigneur, bénissez le saint calice.

Le prêtre : Et ce qui est dans ce calice le sang précieux de votre Christ :

Le diacre : Ainsi soit-il. Seigneur, bénissez l’un et l’autre.

Le prêtre : Les changeant par votre Saint-Esprit.

Le diacre : Ainsi soit-il (trois fois).

Le prêtre : Afin qu’ils soient pour les communiants la purification de l'âme, la rémission des péchés, la communication du Saint-Esprit… Cf. Charon, op. cit., p. 51-52.

Pour le texte et la question de l’epiclèse, cf. art. Épiclèse, t. v, col. 194 sq.

e) Les diptyques. — De même que dans la liturgie syriaque, le prêtre en rappelant le souvenir des saints, confesseurs, martyrs, patriarches et celui de la sainte Vierge, demande leur intercession, tandis qu’il prie aux intentions des vivants et des morts. Voir à ce

DICT. DE THÉOI.. CATHOL.

propos les paroles de saint Cyrille de Jérusalem, citées plus haut, col. 1457. Toutes les intentions, que l’on a remarquées dans les litanies du diacre, reviennent. En somme c’est le mémento des vivants et des morts de la liturgie romaine. Outre les intentions pour l'évêque et le patriarche, les uniates ont ajouté celles du pape.

Et de toutes les intentions de chacun et de tous et de toutes. Le chœur : et de tous et de toutes.

Encore une fois l’on constate l’union du peuple à la prière de l'Église, au sacrifice. Le diacre s’assure que pas une intention n’a été oubliée.

/) Prière catholique. — Le prêtre prie de son côté à voix basse pour la cité, ses habitants, les malades, les captifs, les voyageurs.

Après la bénédiction du prêtre on tire le rideau. Le diacre prie avec le peuple ; d’abord il remercie Dieu, puis il fait des demandes générales « catholiques », auxquelles le peuple répond Kyrie eleison ; quant au prêtre, il fait une prière dans le même sens, mais derrière le voile de l’iconostase. On remarquera, dans les différentes litanies, le rôle prépondérant du diacre qui occupe le peuple, ainsi que les prières simultanées du prêtre et du diacre.

En retour du sacrifice, le diacre demande la grâce divine, le don du Saint-Esprit, l’unité de la foi, la paix. Charon, ibid., p. 53-57.

g) Le Pater. — Le prêtre introduit le Pater qu’un lecteur récite et le prêtre le termine ainsi : « parce que c’est à vous qu’appartient la royauté, la force et la gloire, Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen. » Sur cette eephonèse voir plus haut le Pater dans le rit syriaque.

[Le sacrifice dans le rit arménien. — Voici les paroles de la consécration :

Il prit le pain, entre ses mains saintes, divines, immaculées et vénérables, et lorsqu’il eut rendu grâces, et l’eut béni, sanctifié et rompu, il le donna à ses saints disciples et apôtres, en disant : « Prenez et mangez, ceci est mon corps, qui est rompu pour vous et pour plusieurs pour la rémission des péchés. »

Les clercs : Amen.

Le diacre : Seigneur, bénissez-nous.

Le prêtre : Pareillement, il prit le calice qu’il bénit et le présenta à ses fidèles et saints disciples qui étaient réunis avec lui, en disant : « Buvez-en tous. Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance qui est versé pour vous et pour plusieurs pour la rémission des péchés. »

Les clercs ; Amen. Père céleste, qui avez livré votre Fils en holocauste pour nous, en le chargeant du poids de nos dettes, par l’effusion de son sang, nous implorons voire miséricorde, en faveur de votre troupeau.

Pour l’epiclèse le prêtre bénit trois fois l’hostie en répétant trois fois l’invocation et le diacre répond par trois Amen ; il fait de même sur le calice et récite trois fois, sur les deux ensemble, cette prière :

Par l'œuvre duquel (de l’Esprit-Saint) vous ferez du pain et du vin consacrés, le corps et le sang véritable de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en les transformant par votre Esprit-Saint. Dulaurier, op. cit., p. 145-149 ; Lapostolest, op. cit., p. 35-39.

II est à remarquer que la consécration ne commence pas par la formule habituelle in qua nocle. Belevons aussi la belle prière des clercs, après la consécration du c ; ilice. A l’epiclèse, le prêtre demande la transformation du pain consacré et il répète trois fois la demande sur chaque élément et trois fois sur les deux et le diacre répond amen (9 fois).

Aux diptyques, on trouve une liste de noms d’apôtres, d’anachorètes, d’empereurs. Le célébrant fait mémoire de ceux qui se sont recc mm ondes à ses prières : c’est une formule qui se trouve dans la liturgie syriaque. Pendant le Pater le diacre encense les clercs et l’assistance. Le prêtre récite à voix basse un

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embolisme du Pater et le termine par l’ecphonèsc ordinaire.]

3. La communion.

a) Prière de l’imposition des

mains. — On ouvre le rideau et le diacre invite les fidèles à incliner la tête devant le Seigneur ; et le prêtre appelle la bénédiction et la grâce du Très Haut sur ceux qui inclinent leur front. Cette prière est dite à voix basse, mais elle est terminée par une ecphonèse. Une autre prière est faite pour demander la purification des fidèles présents ; car, on l’a vu plus haut, les seuls communiants étaient admis au sacrifice.

Faites-nous la grâce de recevoir, de votre main toute puissante, votre corps immaculé et votre précieux sang, et de les donner à tout le peuple.

Le prêtre a préparé l’assemblée à la communion qui va avoir lieu. Ceci est plus net dans la liturgie arménienne comme on va le voir.

b) L'élévation. — M. Gharon avertit bien, en note, dans sa traduction que ce rite n’a rien de commun avec l'élévation usitée dans la liturgie romaine, immédiatement après la consécration, cérémonie qui n’a été introduite qu’au Moyen Age, après les erreurs de Bérenger sur la présence réelle. Op. cit., p. 59 sq.

Cette élévation de l’hostie au dessus de la patène dans la liturgie orientale n’est que l’invitation à la communion, faite par ces mots : Sancta sanctis ; et le peuple de répondre : un seul saint, un seul Seigneur, Jésus-Christ dans la gloire du Père. Ainsi soit-il.

c) La fraction et la commixtion. — A l’invitation du diacre le prêtre rompt la grande hostie en quatre en disant :

Est rompu et partagé l’agneau de Dieu, le Fils du Père, lui qui est rompu sans division, lui qui est mangé partout et jamais consumé mais qui sanctifie ceux qui le mangent.

II place les morceaux en forme de croix. (La liturgie gallicane fait de même.)

Le diacre : « Seigneur remplissez le saint calice. »

Le prêtre : « La plénitude de la foi du Saint-Esprit. »

et il jette le morceau portant les initiales du Christ, dans le calice, en faisant le signe de la croix. C’est le rite de la commixtion.

Le diacre présente dans une petite cuillère une goutte d’eau chaude appelée Çéov ; le prêtre dit : bénie soit la f erreur de vos saints… et le diacre verse l’eau en forme de croix dans le calice, en disant : la ferveur de la foi remplie du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

Pendant cette cérémonie le chœur chante une antienne propre au jour : Kinonikon. On a fait remonter l’usage de l’eau chaude à Justinien I er (527-565) ; et l’on en discute encore le symbolisme ; cependant les paroles du diacre semblent bien signifier l’action du Saint-Esprit. Cf. Le Brun, t. ii, p. 412-413 et l’art. Messe, t. x, col. 133 sq. Sur l’origine et la signification de l 'immixtion ; cf. M. Andrieu, Immixtio et consecralio.

d) Le rite de la communion. — Le prêtre fait une longue prière, demandant au Christ de le rendre digne de la communion, et rappelle tout au long l’amour du Christ pour les pécheurs. Il invite le diacre à s’approcher ; celui-ci s’incline profondément demande le précieux et saint corps de Notre-Seigneur, et tend sa main droite soutenue par l’autre main. C’est le rite primitif de la communion, même des fidèles, seulement les femmes avaient la main couverte d’un voile.

Le prêtre donc y dépose la parcelle d’hostie, en disant :

Le corps précieux, saint et immaculé de notre Seigneur, Dieu et sauveur Jésus-Christ est donné au diacre N. pour la rémission de ses péchés et la vie éternelle. Ainsi soit-il.

Le diacre va derrière l’autel pour prendre l’hostie. Le prêtre dit la même prière en prononçant son nom,

pour communier, prend par trois fois le précieux sang, faisant avant et après le signe de la croix, avec le calice ; enfin il fait boire le diacre au même calice et cela à trois reprises. Le diacre a déjà prononcé son acte de foi :

Je crois Seigneur et je confesse que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant qui êtes venu dans le monde, sauver les pécheurs, dont je suis le premier. Cf. Math., xvi.

Dans le rit uniate, le diacre met toutes les parcelles d’hostie dans le calice, pour la communion des fidèles. Les orthodoxes, comme il a été dit plus haut à la prothèse, réservent ces parcelles pour les consommer après la communion ; car ils ne les considèrent pas comme étant consacrées.

Le diacre élève le calice devant l’iconostase et invite les communiants : Approchez avec crainte de Dieu, foi et charité.

Debout, les fidèles reçoivent la communion, sous les deux espèces, à l’aide d’une petite cuillère. A l’origine on recevait la communion des deux espèces mais chacune à part. Les melkites donnent la communion avec la main. L’hostie est simplement imbibée de quelques gouttes du précieux sang.

Pendant la communion des fidèles le chœur chante une hymne.

e) Post-communion. — Le diacre porte la patène à la prothèse, alors que le prêtre encense le calice qu’il a rapporté à l’autel. Il l'élève, bénit le peuple, et le porte à la prothèse. Le diacre vient devant l’iconostase pour réciter avec le peuple une litanie d’action de grâces.

Le prêtre : Allons en paix.

Le chœur : Au non du Seigneur.

Le diacre : Prions le Seigneur.

Le chœur : Kurie eleison (ter). Seigneur, bénissez.

Le prêtre prononce une prière de bénédiction alors que le diacre consomme les saintes espèces et purifie les vases sacrés.

Les fidèles, qui n’ont pas communié, reçoivent du prêtre un morceau de pain bénit appelé Antidoron. Ce sont les fragments des pains laissés à la prothèse et dans lesquels le prêtre a découpé les hosties à consacrer. Le lecteur chante pendant cette cérémonie le ps. xxxiii, Benedicam Dominum ; à la suite de la distribution, le prêtre bénit le peuple a nouveau et va déposer ses ornements.

(Dans le rit arminien la prière de l’imposition des mains est plus significative, comme préparation à la communion :

Esprit-Saint, source de vie, effusion de miséricorde, ayez pitié de tout ce peuple ici présent, prosterné devant votre divinité, conservez-le dans l’innocence ; imprimez dans l'âme de chacun d’eux, cette humilité qu’il montre extérieurement, pendant qu’il demande à recevoir la sainte communion comme gage de son salut à venir. Cf. Dulaarier, op. cit., p. 160.

Les rites propres aux Arminiens sont d’abord de plonger l’hostie dans le précieux sang avant la com munion. En prenant chaque parcelle le prêtre rend grâces à une des personnes divines. Actuellement, les Arméniens récitent le prologue de saint Jean, à la lin de la messe. Quant à la communion des fidèles, les uniates ne la donnent plus que sous une seule espèce ; de même ils ont imité les Latins dins l'élévation du calice après l'élévation de l’hostie.]