Dictionnaire des proverbes (Quitard)/enfant

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enfant. — Traiter quelqu’un en enfant de bonne maison.

Autrefois les enfants de bonne maison étaient envoyés en apprentissage d’honneur, bravoure et courtoisie, dans les châteaux des seigneurs suzerains dont ils devenaient les valetons et les pages. Ils n’étaient jamais refusés en cette école de noblesse et de loyauté, dit Froissard, car c’eût été injure et discourtoisie ; aussi tel châtelain en avait-il quelquefois plus de cinquante à son service. Ces jeunes gens remplissaient l’office de domestiques auprès de leurs maîtres et de leurs maîtresses. Ils les servaient à table, fesaient leurs messages et les suivaient en voyage. La discipline à laquelle ils étaient soumis était sévère, et ils ne pouvaient guère l’enfreindre sans recevoir la correction. De là cette façon de parler : Traiter quelqu’un en enfant de bonne maison, c’est-à-dire le châtier, ou, pour employer une expression qui a la même origine, le fouetter comme un page.

Les hommes sont de grands enfants.

« Encore que la nature, en nous faisant croître par certains progrès, nous fasse espérer enfin la perfection, et qu’elle ne semble ajouter tant de traits nouveaux à l’ouvrage qu’elle a commencé que pour y mettre la dernière main, néanmoins nous ne sommes jamais tout à fait formés. Il y a toujours quelque chose en nous que l’âge ne mûrit point, et c’est pourquoi les faiblesses et les sentiments de l’enfance s’étendent toujours bien avant, si l’on n’y prend garde, dans toute la suite de la vie. » (Bossuet.)

L’enfance passe, mais l’enfantillage reste.

Les enfants sont ce qu’on les fait.

Proverbe qui se trouve dans les Adelphes de Térence (act. iii, sc. 5) : Ut quemque suum volt esse, ita est. Chaque enfant est ce que son père veut qu’il soit. — C’est une erreur de croire que les enfants apportent en naissant des inclinations bonnes ou mauvaises qui déterminent leur conduite. Ces inclinations leur surviennent, et la destinée morale de chacun d’eux est attachée, à l’éducation qu’il reçoit, comme la plante à sa racine.

Il n’y a plus d’enfants.

On commence à avoir de la malice de bonne heure. — Les Latins disaient : Pueri nasum rhinocerotis habent, les enfants ont un nez de rhinocéros, parce que, à Rome, on regardait un long nez comme un signe de malice, et qu’il n’y a pas de nez plus long que celui du rhinocéros, à cause de la corne pointue qui s’y trouve. C’est même de là que cet animal a tiré son nom, qui signifie nez cornu.

Une jeune fille de sept ou huit ans répondit un jour à sa mère qui voulait lui faire accroire que les enfants naissaient sous des choux : Je sais bien qu’ils viennent d’ailleurs. — Et d’où viennent-ils donc, mademoiselle ? — Du ventre des femmes. — Qui vous appris cette sottise ? — Maman, c’est l’Ave Maria.

Voici un joli quatrain du vieux poëte Ogier de Gombauld :

Nos enfants, messieurs et mesdames,
À quinze ans passent nos souhaits :
Tous nos fils sont des hommes faits,
Toutes nos filles sont des femmes.