Dictionnaire des proverbes (Quitard)/maçon

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M

maçon. — J’aimerais mieux servir les maçons que de…

On lit dans le Blason des faulces amours, par Guillaume Alexis :

Mieux vaudrait servir les maçons
Que d’avoir au cœur tels glaçons.

Cette locution proverbiale a son équivalent dans cette autre : J’aimerais mieux être aux galères. Elle fait allusion à la peine qu’on infligeait autrefois à certains hommes repris de justice, en les condamnant à servir les maçons. Œxmelin parle d’un chef de flibustiers qui, sommé par les Espagnols de se rendre, ne le fit qu’après avoir reçu l’assurance qu’on lui donnerait quartier à lui et aux siens, et qu’on ne leur ferait porter ni pierre ni chaux ; car c’est ainsi, ajoute cet auteur, que les Espagnols en usent, lorsqu’ils prennent ces sortes de gens. Ils les tiennent deux ou trois ans dans des forteresses qu’ils bâtissent, et les emploient au service des maçons.

Cette punition, qui a été l’origine des travaux forcés, est de toute antiquité. On sait que les Juifs, en Égypte, furent condamnés à élever les pyramides, et les Pélasges de l’Attique, à construire l’Acropolis.

Vers la fin du xiie siècle, on disait, en Languedoc, j’aimerais mieux être prêtre, dans le même sens que j’aimerais mieux être maçon. C’est qu’alors le clergé de ce pays était dépossédé de ses biens et abreuvé d’humiliations par la secte albigeoise, qui fut persécutrice avant d’être persécutée. Sicut dicitur mallem esse judœus, sic dicebatur maltem esse capellanus quam hoc vel illud facere. (Guillelm de Podio Laur. In prologo ap. scr. fr. xix, 194.)