Dictionnaire historique, critique et bibliographique/1re éd., 1766/Zoroastre

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ZOROASTRE, Philosophe de l’Antiquité, fut, dit-on, Roi des Bactriens, & s’acquit une grande reputation parmi les Perses, auxquels il donna des Loix sur la Religion. Quelques Auteurs le font plus ancien qu’Abraham, & d’autres le reculent jusqu’à Darius, qui succéda à Cambise ; enfin, d’autres distinguent plusieurs Zoroastres. Quoiqu’il en soit de ces différentes opinions, on ne peut guere douter qu’il n’y ait eu dans la Perse, long temps avant Platon, un fameux Philosophe nommé Zoroastre, qui devint le Chef des Mages, c’est à dire de ces Philosophes qui joignoient à l’Etude de la Religion celle de la Metaphysique, de la Physique, & de la science Naturelle. Apres avoir établi sa Doctrine dans la Bactriane & dans la Medie, Zoroastre alla à Suze sur la fin du regne de Darius, dont il fit un prosélite de sa Religion. Il se retira en suite dans une Caverne, & y vêcut long temps en reclus. Ce fut dans cette retraite qu’il composa un livre qu’il appella ses Revelations ; ce livre s’est conservé dans la Perse & dans les Indes. Il se trouve en manuscrit dans la Bibliotheque du Roi, & le savant Oter en avoit conmmence la Traduction ; mais il y trouva tant de fables, qu’il abandonna son projet : Les Sectateurs de Zoroastre subsistent encore en Asie, & principalement dans la Perse & dans les Indes. Ils ont pour cet ancien Philosophe la plus profonde vénération, le regardant comme le grand Prophête que Dieu leur avoit envoyé pour leur communiquer sa Loi. Le nom de Gaure ou Guebre qu’ils portent, est odieux en Perse ; il signifie en Arabe infidele & on le donne à ceux de cette secte comme un nom de nation. Ils ont à Ispahan un Faubourg appel le Gaurabard, ou la Ville des Gaures, & ils y sont employés aux plus basses & aux plus viles occupations. Les Gaures sont ignorans, pauvres, simples, patiens, superstitieux, d’une morale rigide, d’un procédé franc & sincère, & très zélés pour leurs rites. Ils croient la résurrection des morts, le jugement dernier, & n’adorent que Dieu seul ; quoiqu’ils pratiquent leur culte en présence du feu, en se tournant vers le soleil, ils protestent n’adorer ni l’un ni l’autre, disant que le feu & le soleil étant les simboles les plus frappans de la Divinité, ils l’adorent en se tournant vers eux. Les Persans & les autres Mahométans les persecutent par-tout, & les traitent peu-près comme les Chrétiens traitent les Juifs. Les Guebres ne se marient qu’a des femmes élevées & qui persevérent dans leur Religion, & si


dans les neuf premiers mois de mariage elles sont stériles, ils peuvent en prendre une seconde, ils ont enfin un goût particulier pour les mariages incestueux.