Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Abbot 2

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ABBOT (Robert)[* 1], frère aîné du précédent, naquit comme lui à Guildford[a], et fit comme lui ses études à Oxford, dans le collége de Bailleul. L’un de ses premiers emplois fut la charge de lecteur à Worchester, d’où il passa à celle de ministre de l’église de Tous les Saints au même lieu ; et peu après à celle de ministre de la paroisse de Bingham, dans la province de Northampton. Tout cela se fit entre l’an 1581 et l’an 1558. Il fut reçu docteur en théologie à Oxford l’an 1597 ; et il devint chapelain ordinaire du roi Jacques, dès les premières années de son règne. Il fut fait en 1609 principal du collége de Bailleul. Trois ans après, il fut élevé à la charge de professeur royal en théologie dans l’université d’Oxford. Il choisit pour ses leçons une matière si agréable au roi Jacques, et il la traita si profondément et si doctement, qu’on a cru que ce fut la seule cause de sa promotion à l’évêché de Salisbury. La matière qu’il choisit fut l’autorité des rois, laquelle il mit à couvert de toutes les subtiles attaques de Bellarmin et de Suarez. C’est ce qu’on peut voir dans livre de Supremâ Potestate Regiâ, imprimé à Londres en 1619. Il avait publié lui-même en 1613 un livre latin qui ne fut pas moins agréable que ses leçons : ce fut une Réponse à l’Apologie que le jésuite Eudæmon-Joannes avait publiée pour son confrère Henri Garnet. Il ne jouit pas long-temps de sa prélature ; car, ayant été sacré le 3 de décembre 1615, il mourut de la pierre le 2 de mars 1618[b]. Il n’y avait pas encore deux ans qu’il avait convolé en secondes noces ; ce qui avait fort déplu à l’archevêque de Cantorbéri son frère[c]. On s’est étonné qu’ayant fait paraître son savoir et son mérite, tant de vive voix que par écrit ; réussissant à tout, à prêcher, à faire des livres et des leçons, à disputer, à soutenir une thèse, à présider, et développant à merveilles les questions les plus difficiles, il soit monté si tard à la prélature. On en a donné trois raisons : premièrement, il n’était pas ambitieux ; secondement, on le soupçonnait d’être puritain ; troisièmement, enfin, ses parens avaient de la peine à consentir que l’Église fût ornée des dépouilles de l’académie, et qu’il quittât la qualité de professeur pour prendre celle d’évêque [d]. Cette dernière raison me semble très-fausse. Quoi qu’il en soit, ceux qui ont comparé les deux frères l’un avec l’autre donnent l’avantage à Georges, en fait de prêcher éloquemment ; et à Robert, en fait de prêcher savamment. Ils disent que Georges était plus propre aux affaires, et que Robert était plus profond théologien. Ils ajoutent que la gravité de Georges était accompagnée d’un air sévère, et que celle de Robert avait l’air riant[e]. Celui-ci passe pour un calviniste mitigé ; car il expliquait selon l’hypothèse des infralapsaires le dogme de la prédestination. Je donne les titres de ses ouvrages (A). Il y a eu depuis lui un Robert Abbot, natif de Cambridge, qui a publié divers livres en anglais. Il a été ministre à Londres, après l’avoir été au pays de Kent et ailleurs[f]. Le Catalogue de la Bibliothéque d’Oxford a coupé cet auteur en trois : on y parle de trois Robert Abbot, auxquels on partage les livres qui n’ont été composés que par une seule et même personne.

  1. * Joly se contente de renvoyer au tome XVI des Mémoires de Niceron.
  1. En 1560.
  2. Le sieur Witte met cette mort au onzième mars 1617. Ce qui l’a trompé, est que des Anglais ne commencent pas l’année comme les autres nations.
  3. Athen. Oxoniens.
  4. Fuller, Worthies of England.
  5. Là même.
  6. Athen. Oxoniens.

(A) Je donne les titres de ses ouvrages. ] Outre ceux dont j’ai parlé, il fit le Miroir des Subtilités Papistiques, à Londres, en 1594 ; Sermons sur le Psaume cent dix, au même lieu, en 1601 ; la Défense du Catholique réformé de Guillaume Perkins, contre le docteur Bishop ; et une Réplique à la Réponse du même docteur, à Londres, en 1611 : ces quatre ouvrages sont en anglais, et j’en ai abrégé les titres. Antichristi Demonstratio contra Pontificios, à Londres, en 1603 [1] ; Exercitationes de Gratiâ et Perseverantiâ Sanctorum, à Londres, en 1618. Son Commentaire latin sur l’Épître de saint Paul aux Romains fut trouvé dans son cabinet ; il contient quatre volumes, et il a été donné à la bibliothéque d’Oxford, par le docteur Édouard Corbet, mari de Marguerite Brent, fille de Marthe Abbot ; laquelle Marthe fut la fille unique et héritière de notre Robert, évêque de Salisbury [2]. L’Épître aux Romains ne fournit point de sujet de controverse sur lequel ce docte prélat n’étende le grand talent qu’il avait pour la polémique.

  1. Scaliger loue fort ce livre dans le Scaligerana, pages 1 et 2.
  2. Voyez les auteurs anglais que j’ai cités dans le corps de cet article.

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