Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Adonis

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ADONIS, mignon de la déesse Vénus, était fils de Cinyras, roi de Cypre (A). Les poëtes ont prétendu que Myrrha[a], fille de ce roi[b], devint si éperdument amoureuse de son père, qu’elle se fit introduire dans son lit, sans qu’il sût qui elle était. Quelques-uns disent qu’elle se servit de l’artifice des filles de Lot[c]. Adonis fut le fruit de cet inceste ; il était parfaitement beau, et il parut si aimable aux yeux de Vénus, qu’elle l’enleva (B), et qu’elle quitta tout pour être avec lui. Le ciel même lui sembla un séjour peu agréable, en comparaison des montagnes et des bois où elle suivait Adonis, qui était un grand chasseur (C). Jugez si les poëtes n’ont pas distillé toutes les figures de leur art[d] pour représenter la douleur inexprimable qui saisit le cœur de cette déesse lorsqu’un sanglier lui eut tué son cher Adonis (D). Jamais deuil n’a été plus célébré ni plus immortalisé que celui-là ; presque tous les peuples du monde en perpétuèrent le souvenir par un grand attirail de cérémonies anniversaires (E). Quelques auteurs disent que ce ne fut pas un Sanglier, mais un Dieu, sous la forme de cette bête, qui tua Adonis. Ce fut Mars, selon quelques-uns [e] ; ce fut Apollon, selon quelques autres[f]. Mars, disent ceux-là, fit le coup afin de satisfaire sa jalousie, et pour se venger de Vénus qui lui préférait ce rival. Apollon, disent ceux-ci, se porta à cet excès de violence, afin de venger son fils Erymanthus, qui avait été aveuglé pour avoir vu Vénus pendant qu’elle se lavait, fraîche sorte d’entre les bras de son Adonis [g]. L’endroit de la plaie semble indiquer quelque principe de jalousie [h] ; mais la seconde tradition ne s’accorde pas avec ceux qui ont débité qu’Adonis était un hermaphrodite qui, en tant que mâle, jouissait de Vénus, et en tant que femelle, se donnait à Apollon[i]. D’autres, sans lui donner les deux sexes, n’ont pas laissé de dire qu’il était le favori de Vénus et de Bacchus (F). Il y a un scoliaste qui assure qu’Adonis fut aimé de Jupiter [j], et que Proserpine en devint amoureuse dans les enfers (G). Elle ne laissa pas d’avoir quelque compassion pour sa rivale désolée, qui demandait avec instance la résurrection de son amant (H) ; elle voulut bien consentir à s’en passer pendant six mois en faveur de Vénus. Il fut donc dit qu’Adonis passerait six mois avec Vénus et six mois avec Proserpine. Le scoliaste que j’ai cité nous dit là-dessus le blanc et le noir[k], et quelques-uns ne parlent pas si avantageusement de la complaisance de Proserpine [l]. On allégorise ce partage d’année, comme s’il fallait entendre par-là, ou le temps que les semences sont successivement sous la terre et sur la terre[m], ou le temps employé par le soleil à parcourir tour à tour les signes méridionaux du zodiaque et les signes septentrionaux[n]. Ces explications me paraissent moins solides que la pensée de ceux qui réduisent la fable d’Adonis à l’histoire d’Osiris[o]. Les anciens ne convenaient pas du pays où était la scène d’Adonis ; les uns la mettaient dans la Syrie ; les autres dans l’île de Cypre ou en Égypte, comme on le verra dans les remarques. On a dit d’Hercule deux choses bien opposées par rapport à notre Adonis : l’une, qu’il en fut amoureux, et que la jalousie porta Vénus à indiquer au centaure Nessus comment il pourrait dresser des embûches à Hercule [p] ; l’autre, que ce héros, voyant sortir beaucoup de monde d’un temple dans une ville de Macédoine, y voulut entrer pour y faire ses dévotions ; mais qu’ayant appris qu’Adonis était la divinité qu’on y adorait, il s’en moqua[q]. Quelqu’un débite qu’Adonis était né de Jupiter, sans le concours d’aucune femme[r]. Saint Jérôme a cru que le prophète Ézéchiel a parlé de la fête d’Adonis (I). Au reste, il est difficile de comprendre pourquoi les anciens ont feint que Vénus cacha ou même qu’elle enterra ce sien mignon sous des laitues (K), puisqu’ils observaient que cette plante rend inhabile à l’acte vénérien. On comprendrait peut-être leur allégorie s’ils avaient entendu par-là que Vénus avait mis sur les dents son favori, et qu’elle l’avait fait tellement passer par l’alambic, qu’il n’était plus comparable qu’à la terra damnata, et qu’au caput mortuum des chimistes ; mais ils ne parlent pas d’une telle explication ; ils n’ont pas dit tous qu’il soit mort de sa blessure (L). Il y avait auprès de Byblos une rivière nommée Adonis, qui descendait du mont Liban. Elle devenait rouge une fois l’an, à cause que les vents y transportaient beaucoup de poussière qui ressemblait à du vermillon. On ne manquait pas alors de dire que c’était le temps de pleurer Adonis ; que c’était le temps où il recevait des blessures sur le Liban, et où son sang coulait dans cette rivière[s].

  1. Voyez l’article Myrrha.
  2. Ovid. Metam. lib. X, vs. 337.
  3. Hygin., cap. CLXIV.
  4. Ovidius, Metam., lib. X. Bion, Εἰδύλλ. α. Voyez aussi Théocrite, Εἰδύλλ. λά : et entre les modernes M. Ménage, dans ses Poésies grecques, pag. 167
  5. Servius in Eclog. X ; Firm. Matern., pag. 22 ; Nonnus Dionysius, lib. XLI : Cyrillus in Esaïam.
  6. Ptolem. Hephæst. apud Photium, pag. 472.
  7. Διότι ἴδοι λουομένην Ἀϕροδίτην, ἀτὸ τῆς Ἀδώνιδὸς μίξεως. Quòd post congressum cum Adonide lavantem Venerem vidisset. Ibidem.
  8. Trux aper insequitur, totosque sub inguine dentes.
    Abdidit. Ovid. Metam., lib. X, vs. 715.

  9. Ptolem. Hephæst. apud Photium, pag. 485.
  10. Scholiast. Theocriti in Syracus., sive Eidyll. XV.
  11. Vide Seldenum, de Diis Syris. lib. II, cap XI. pag. 259 et la remarque (I).
  12. Voyez la remarque (G).
  13. Scholiast. Theocriti Eidyll. XV.
  14. Macrobius Saturnal., lib. I, cap. XXI.
  15. Voyez le IIIe. volume de la Bibliothéque Universelle, pag. 7. Berkelius, in Stephanum Byzant. Voyez Ἀμαθοῦς.
  16. Ptolem. Hephæst. apud Photium, pag. 473.
  17. Scholiast. Theocriti, ad vs. 21, Eidyll. V. Zenobius et Apostolius in Proverb.
  18. Val. Prob. in Ecl. X. Virgil. ex Philostephano.
  19. Lucian. de Deâ Syriâ.

(A) Fils de Cinyras, roi de Cypre. ] Presque tous les auteurs conviennent que Cinyras régnait en cette île[1], encore que quelques-uns aient dit qu’il avait régné premièrement dans l’Assyrie [2]. Voyez l’article Byblos. Ovide le fait naître dans l’île de Cypre ; mais il veut que Myrrha, fuyant son père, qui la voulait tuer, après qu’il eut connu son inceste, ait traversé l’Arabie, et soit accouchée d’Adonis au pays des Sabéens[3]. Il n’eût pas mal fait de remarquer en quatre mots, que Cinyras était passé de l’île de Cypre dans l’Arabie, ou que Myrrha s’était embarquée dans cette île. Lorsque Adonis naquit, sa mère avait déjà été métamorphosée en l’arbre d’où coule la myrrhe. Nous apprenons de Ptolomée, fils d’Héphestion, que Vénus, cherchant Adonis, dont elle avait su la mort, le trouva à Argos, ville de Cypre, dans le temple d’Apollon Érythien. Il y avait donc des gens qui disaient qu’il avait été tué dans cette île. Properce est de ce nombre, lorsqu’il dit dans la XIIIe. élégie du IIe. livre :

Testis, qui niveum quondàm percussit Adonim.
Venantem Idalio vertice, durus aper.


Il y avait à Amathonte, dans l’île de Cypre, un temple d’Adonis et de Vénus[4]. Strabon dit que Byblos était le séjour du roi Cinyras, et qu’on y voyait des temples d’Adonis[5]. Notez qu’Antonius Liberalis conte que Myrrha, qu’il appelle Smyrna, était née au mont Liban, et que son père s’appelait Theias[6]. Apparemment Panyasis lui avait donné le même nom, et non pas celui de Thoas, qu’on lit aujourd’hui dans Apollodore[7]. On le lit aussi dans Probus sur la Xe. églogue de Virgile, avec cette circonstance, que ce Thoas était roi de Syrie et d’Arabie : c’est d’Antimachus que Probus emprunte cela.

(B) Vénus.... l’enleva. ] Ce fait n’a été guère remarqué par les anciens écrivains : je m’en étonne, car il était connu d’un chacun. Les peintres en faisaient la matière de leurs tableaux, tout comme du ravissement de Ganymède : c’est ce que Plaute nous apprend :

Me. Dic mihi : numquà vidisti tabulam pictam in pariete,
Me. Ubi aquila calamitum raperet, aut ubi Venus Adoneum ?
Pe. Sæpè[8].

(C) Le ciel lui sembla un séjour peu agréable en comparaison.... des bois où elle suivait Adonis, qui était un grand chasseur. ] Lisez ce passage d’Ovide :

Abstinet et cælo : cælo præfertur Adonis.
Hunc tenet : huic comes est : assuetaque semper in umbrâ
Indulgere sibi, formamque augere colendo,
Per juga, per sylvas, dumosaque saxa vagatur[9].


Virgile représente Adonis sous une autre idée que sous celle de chasseur :

Nec te pœnitas pecoris, divine poëta,
Et formosus oves ad flumina pavit Adonis[10].


Peu de gens, ce me semble, ont parlé de ce mignon de Vénus comme d’un berger. Servius débite sur ce passage certaines choses qui ne sont pas moins éloignées de la traditive commune que celle-là. Quelques-uns ont dit que cette inclination pour la chasse était l’ouvrage des Muses[11]. Elles voulaient du mal à Vénus, de ce qu’elle avait inspiré à plusieurs d’entre elles de l’amour pour les mortels. Afin d’en tirer vengeance, elles chantèrent devant Adonis quelques airs qui lui donnèrent une passion violente pour la chasse. C’est peut être par-là qu’il devint odieux à Diane ; car gens de même métier ne s’aiment pas trop. Quelques-uns ont dit que la colère de Diane fut cause qu’un sanglier tua ce jeune homme[12].

(D) Lorsqu’un sanglier lui eut tué son cher Adonis. ] Théocrite feint que Vénus s’étant fait amener ce sanglier, le querella rudement ; mais qu’il lui fit ses excuses sur la passion violente qui l’avait saisi à la vue d’une si belle cuisse. Il la voulut baiser, et le fit d’une manière trop emportée, il en eut tant de regret, qu’il trouva que ses défenses méritaient d’être coupées, et qu’il les brûla lui-même[13]. C’est ainsi qu’un écrivain docte et poli[14] a expliqué le dernier vers de cette idylle de Théocrite. Les éditions portent ἔκαιε τὼς ἔρωτας, excussit amores ; mais il croit qu’il faudrait lire ὀδόντας dentes, au lieu d’ἔρωτας. Ce terrible baiser me fait souvenir d’une pensée du cavalier Marin : il introduit le dieu Pan, qui se vante que les taches qu’on voit sur la lune sont les impressions des baisers qu’il lui a donnés. Il fallait qu’il y allât d’une grande force. Quelles caresses ! pour peu qu’on y ajoutât, elles ressembleraient à celles des singes. On dit qu’ils étouffent quelquefois leurs petits à force de les caresser. Qu’aurait dit Horace sur tout ceci, puisque pour une bien plus petite chose il a parlé de cette manière ?

........ Sive puer furens
Impressit memorem dente labris notam.
Non, si me satis audias,
Speres perpetuum dulcia barbare
Lædentem oscula, quæ Venus
Quintâ parte sui nectaris imbuit[15].


Nous parlerons peut-être de ces sortes de morsures dans l’article Flora.

Notez qu’un très bon critique m’a fait savoir que la correction ὀδόντας pour ἔρωτας n’est point nécessaire. La véritable explication de ce vers, dit-il, est que le sanglier τῶ πυρὶ προσελθὼν, en se jetant dans le feu, ἔκαιε τὼς ἕρωτας, brûla en même temps ses amours. Il y a non-seulement de la raison, mais de la finesse, à dire que ce sanglier, brûlé auparavant par son amour, avait trouvé à son tour le secret de le brûler. Politien a bien fait valoir cette pensée dans l’épigramme qu’il fit sur Pic de la Mirande, qui jeta au feu ses vers d’amour. Ajoutez à tout ceci, qu’il est bien difficile de s’imaginer comment l’amoureux sanglier aurait pu mettre ses dents au feu et les brûler, sans se brûler lui-même.

(E) Grand attirail de cérémonies anniversaires. ] Aristophane dans sa comédie de la Paix compte la fête d’Adonis pour l’une des principales fêtes des Athéniens. Presque tous les peuples de la Grèce la célébraient : les femmes y jouaient le principal personnage, en pleurant la mort de ce galant, ou de ce mari[16] de Vénus : Feminæ miserabili planctu in primævo flore succisam spem gentis solitis fletibus conclamabant, ut lacrymare cultrices Veneris sæpè spectantur in solemnibus Adonidis sacris[17]. Elles y faisaient des funérailles en peinture, comme nous l’apprend Plutarque, dans la Vie d’Alcibiade, et dans celle de Nicias. Les courtisanes n’étaient pas des moins empressées à célébrer cette grande solennité, comme on le peut recueillir d’un passage du poëte Diphilus, rapporté par Athénée[18]. On n’oubliait pas de dresser deux lits, dans l’un desquels on couchait la figure de Vénus, et dans l’autre celle d’Adonis. C’est ce qu’on apprend de Théocrite[19]. Les esprits forts se moquaient d’un culte de religion qui consistait à pleurer : Quid absurdius quàm.... homines jam morte deletos reponere in Deos, quorum omnis cultus esse futurus in luctu[20] ? Saint Augustin approuve cette raillerie : Sacra sunt Veneris, dit :[21], ubi amatus ejus Adonis aprino dente exstinctus juvenis formosissimus plungitur. Les peuples de Syrie étaient encore plus fous à cet égard-là que les Grecs, puisqu’ils ne se contentaient pas de gémir et de pleurer, ils se donnaient aussi la discipline ; et après s’être fouettés, et avoir assez pleuré, ils faisaient le sacrifice des morts pour Adonis, et se rasaient la tête. Les femmes qui ne voulaient pas être rasées devaient se prostituer tout un jour aux étrangers ; et l’argent qu’elles gagnaient était employé à un sacrifice qu’on offrait à Vénus. Le deuil finissait par la joie ; car on feignait qu’Adonis avait recouvré la vie. Lucien, qui nous apprend ces circonstances, dit aussi que les Syriens prétendaient qu’Adonis avait été tué par un sanglier dans leur pays[22]. Voyez la remarque (I), où nous dirons, entre autres choses, que cette fête se célébrait encore à Alexandrie, au temps de saint Cyrille. La procession était pompeuse, puisque la reine même y portait le simulacre d’Adonis. Arsinoé, femme de Ptolémée Philadelphe, reçoit sur cela de l’encens de Théocrite[23]. Les femmes qui accompagnaient la reine portaient des fleurs et des fruits, et cent autres choses. On prétend que tout cela, et le simulacre même d’Adonis, devaient être jetés dans la mer, ou dans des fontaines. Voyez Hesychius, Zenobius, Suidas, le Scoliaste de Théocrite, cités par Fasoldus, aux pages 75 et 76 de son Iérologie des anciens Grecs. Les jardins d’Adonis ont passé en proverbe, pour signifier une chose de passade, et qui n’est pas faite pour durer. C’est manifestement en ce sens-là que Platon, que Plutarque, et que l’empereur Julien, se sont servis de ce proverbe, dont l’origine venait de ces pots et de ces corbeilles de fleurs qu’on portait en procession pendant la fête d’Adonis. Voyez Érasme à la page 23 de ses Adages. Au reste, il y a de l’apparence que la célébration de cette fête n’a pas moins duré à Antioche qu’à Alexandrie. Julien l’Apostat fit son entrée dans la première de ces deux villes, l’an 362, lorsqu’on y célébrait la fête d’Adonis, ce qui fut pris pour mauvais augure. Evenerat autem iisdem diebus, annuo cursu completo, Adonia ritu veteri celebrari, amato Veneris, ut fabulæ fingunt, apri dente ferali deleto, quod in adulto flore sectarum est indicium frugum Et visum est triste, quòd amplam urbem principumque domicilium introëunte imperatore nunc primùm ululabiles undique planctus et lugubres sonus audiebantur[24]. Une pareille chose parut de mauvais augure aux Athéniens en deux occasions[25].

(F) Favori de Vénus et de Bacchus. ] Dans l’endroit où Athénée rapporte quelques exemples d’expressions énigmatiques [26], il n’oublie point l’oracle qui fut rendu à Cinyras ; le voici :

Ὠ Κινύρα, βασίλεῦ Κυπρίων ἀνδρῶν δασυπρώκτων,
Παῖς σοι κάλλιςος μὲν ἔϕυ θαυμαςότατος τε
Πάντων ἀνθρώπν, δύο δ᾽ αὐτὸν δαίμον᾽ ἔχητον.
Ἡ μὲν ἐλαυνομένη λαθρίοις ἐρετμοῖς, ὁ δ᾽ ἐλαύνων.

O Cinyra, rex Cypriorum quibus hirtus podex est,
Infans tibi genitus est formosissimus et pulchritudinis
Jnter universos homines summoperè admirandæ
Illum duo numina in potestate habebunt,
Occultis et aviis callibus alterum ille subiget, illum verò alter.


Athénée ajoute que cela signifiait Vénus et Bacchus ; car tous deux l’aimèrent. Platon le comique avait rapporté cet oracle[27]. Il n’est pas le seul poëte qui ait parlé de ces amours de Bacchus. On trouve deux vers dans Plutarque, qui assurent que Bacchus, ayant vu le bel Adonis dans l’île de Cypre, en devint amoureux, et l’enleva [28]. Ce que Plutarque ajoute est curieux, et pourrait en un besoin faire leçon à ceux qui nous donnent tant de généalogies orientales de la religion et de la mythologie païennes. Un des interlocuteurs de Plutarque soutient fort sérieusement et fort gravement, qu’Adonis et Bacchus sont la même divinité, et que les Juifs s’abstenaient du porc, à cause qu’Adonis avait été tué par un sanglier. Or il prétend que leur religion, leurs fêtes, leurs cérémonies, étaient à peu près ce qu’on faisait dans la Grèce pour Bacchus ; et il dit même que leurs lévites étaient ainsi appelés, à cause de Λύσιος ou d’Εὔιος, Lysius, Evius, deux noms de cette divinité. Ausone déclare que Bacchus, Osiris, Adonis, etc. étaient un seul et même Dieu[29]. Macrobe va encore plus loin[30].

(G) Proserpine en devint amoureuse dans les enfers. ] S’il en faut croire Apollodore[31], elle n’attendit pas tant à l’aimer, et n’attendit pas même qu’il fût sorti du berceau. Vénus, charmée de la beauté de cet enfant, le mit dans un coffre, et ne le montra qu’à Proserpine. Celle-ci protesta qu’elle le voulait garder. Il fallut que Jupiter prononcât sur le différent ; et voici de quelle manière il le partagea : qu’Adonis serait libre pendant les quatre premiers mois de l’année, et qu’il passerait auprès de Proserpine les quatre suivans, et auprès de Vénus les quatre autres. Il aurait mieux valu mettre la portion d’Adonis au milieu de l’an ; et peut-être l’avait-on ainsi dit avant que les abréviateurs ou les copistes d’Apollodore eussent mis sa Bibliothéque dans l’état où nous l’avons. Quoi qu’il en soit, Adonis ne voulut point des vacances que Jupiter lui avait données : il y renonça en faveur de Vénus ; car il lui fit présent de ses quatre mois. D’autres[32] disent, 1°. que la muse Calliope, chargée de la décision de cette dispute par Jupiter, ordonna qu’Adonis serait six mois à Vénus, et six mois à Proserpine. 2°. Que Vénus, indignée qu’on ne lui donnât qu’à moitié ce qu’elle voulait avoir tout entier elle seule, inspira à toutes les femmes de Thrace un tel amour pour Orphée, fils de Calliope, que chacune le voulant ôter aux autres, elles le mirent en cent pièces. L’une des plaintes que Vénus fait de son fils dans les Dialogues de Lucien, est qu’il l’envoie courir tantôt sur le mont Ida pour Anchise, tantôt sur le mont Liban pour le bel Assyrien, dont il lui enlevait la moitié, par le soin qu’il avait pris de le faire aimer de Proserpine.[33] Arnobe[34] et Clément Alexandrin[35] ont parlé des amours de cette dernière déesse pour Adonis : et c’est sans raison que Sylburgius voudrait mettre dans le père grec Ἀιδωνεῖ, au lieu de Ἀδώνιδι ; car, si on lisait Ἀιδωνεῖ, on ferait dire à Clément Alexandrin une fausseté : savoir, que l’amour de Proserpine pour Pluton était un adultère. Méziriac est l’auteur de cette dernière remarque. Voyez la page 403 de son Commentaire sur les épîtres d’Ovide. Le jugement de Calliope me fait souvenir de ces deux vers :

Et vitulâ tu dignus et hic, et quisquis amores,
Aut metuet dulces, aut experietur amaros[36].

(H) Vous dit là-dessus le blanc et le noir. ] D’un côté, et avec peu de vraisemblance, qu’Adonis séjournait six mois chez Proserpine, et six mois chez Vénus, sans les toucher, lit à part : Ἅνευ τοῦ συγκαθεύδειν καὶ προςερνίζεσθαι[37] ; et de l’autre, qu’il passait six mois entre les bras de Proserpine, et autant entre les bras de Vénus : Ἕξ μῆνας ἐποίησεν ἐν ταῖς ἀγκάλαις τῆς Ἀϕροδίτης, ὥσπερ καὶ ἐν ταῖς ἀγκάλαις τῆς Περσεϕόνης[38]. Remarquez qu’on disait quelque chose de semblable touchant les conventions de Cérès et de Pluton ; savoir, qu’il fut accordé que Proserpine demeurerait avec lui six mois, et qu’elle irait achever l’année chez Cérès. Les anciens n’étaient point assez féconds, ils appliquaient à trop de sujets le dénoûment de leurs fables. D’ailleurs, l’Égypte, la Phénicie, l’île de Cypre, qui ont été la scène d’Adonis, ne sont pas assez éloignées du soleil, depuis le mois de septembre jusqu’au mois de mars, pour qu’on puisse dire qu’Adonis est alors dans le sépulcre, ou dans les enfers : et je ne sais pas à quoi songeait M. Moréri, avec ces six mois que les jours sont si courts et les nuits si longues. Dans les pays dont je parle, la différence du plus long jour de l’année, et du plus court, ne donne point lieu à cette expression. Il y aurait bien d’autres choses à corriger dans l’Adonis de cet auteur.

(I) Que le prophète Ézéchiel a parlé de la fête d’Adonis. ] Saint Jérôme a cru que le Thammus de ces paroles d’Ézéchiel : Il me fit entrer par l’huis de la porte de la maison de l’Éternel qui est vers Aquilon ; et voici il y avoit là des femmes qui estoient assises pleurantes Thammus[39], est Adonis. Il n’a pas oublié de remarquer les deux faces de cette fête : d’abord on pleurait Adonis comme mort ; et puis on le chantait, et on le louait comme revenu au monde : Plangitur à mulieribus quasi mortuus, et posteà reviviscens canitur atque laudatur[40]. Saint Cyrille nous apprend diverses particularités de cette fête. Il dit qu’on la célébrait encore dans Alexandrie [41], et quand il explique ces paroles, malheur sur le pays... qui envoie par mer des ambassadeurs, et ce en des vaisseaux de jonc sur les eaux [42], il veut qu’on les entende des lettres que l’on envoyait pour faire savoir qu’Adonis était retrouvé. Ils prenoient, dit-il[43], un vase de terre ; et ensuite, écrivant une lettre aux femmes de Biblos, comme si Adonis eût été véritablement retrouvé, et la mettant dans ce vase, ils le scelloient, et le mettoient sur la mer, après avoir employé quelques cérémonies. Ce vase, à ce qu’ils assuroient, se rendoit de lui-même à Biblos dans certains jours de l’année, et quelques femmes chéries de Vénus l’y recevant, cessaient de pleurer, après avoir ouvert la lettre, comme si Vénus eût retrouvé son Adonis. Lucien dit qu’il a vu à Byblos la tête de carton que les Égyptiens y envoyaient tous les ans, sans autre cérémonie que de la jeter dans la mer. Les vents la portaient tout droit à Byblos dans sept jours, qui était le temps ordinaire qu’on employait pour passer d’Égypte à cette ville. Procope de Gaze raconte ceci tout de même que saint Cyrille[44]. Selon ce dernier, les Grecs croyaient que Vénus était descendue dans les enfers, pour le recouvrement d’Adonis : et comme ils disaient qu’à son retour on avait su qu’elle l’avait retrouvé[45], il fallait que les commencemens tristes et lugubres de la fête se terminassent par de grandes réjouissances.

(K) Sous des laitues. ] C’est Callimachus qui a dit que Vénus cacha Adonis sous des laitues[46]. Selon Cratinus, elle en fit autant à Phaon, pour qui elle avait beaucoup d’amour. Qu’avait fait Athénée de son bon sens lorsqu’il avança que les poëtes ont voulu signifier par une semblable allégorie, que les laitues causent une espèce d’impuissance à ceux qui en mangent ordinairement ? Si elles avaient cette vertu, Vénus les aurait-elle choisies, pour en faire une couverture à ses mignons ? Ne les eût-elle pas abhorrées jusqu’au nom et à la vue ? n’eût-elle pas craint que leur simple attouchement ne fît un mauvais effet ? Remarquez une différence entre Callimachus et Eubulus : ce dernier a dit, qu’après qu’Adonis fut mort, Vénus l’enterra sous des laitues : d’où il infère que cette plante n’est bonne que pour les morts[47]. L’origine de tous ces contes pourrait bien être ce que l’on disait, qu’Adonis, ayant bien mangé d’une certaine laitue qui croissait dans l’île de Cypre, fut tué par un sanglier. Ceux qui feront réflexion sur l’endroit où le sanglier le blessa, trouveront sans peine le dénoûment de tout ceci. Adonis était devenu impuissant pour avoir trop mangé de ces laitues : voilà pourquoi on a feint qu’après cela il reçut à l’aine une blessure mortelle. Il ne faut donc point préférer le mot καταϕυγὼν à celui de καταϕαγὼν[48] ; et il est beaucoup plus raisonnable de penser que Nicander a parlé de cette laitue comme d’un aliment d’Adonis, que de croire qu’il en ait parlé comme d’un asile qu’Adonis chercha contre le sanglier.

J’avertirai mon lecteur, que M. de la Monnaie n’est pas de ce sentiment. Voici une remarque, qu’il a bien voulu me communiquer : « Le καταϕυγὼν des manuscrits est préférable de beaucoup au καταϕαγὼν des imprimés. Nicandre, dans l’endroit que cite Athénée, parle d’une sorte de laitue, sous laquelle, dit-il, Adonis s’était réfugié, lorsque le sanglier le tua. Cela fait un fort bon sens ; au lieu qu’il y en aurait trop peu à dire que c’est de cette laitue qu’Adonis avait trop mangé lorsque le sanglier le tua : l’expression ne serait ni claire ni suivie, et ce ne serait qu’un mélange confus de l’allégorie et de la fable. Il faut prendre garde de plus que θρίδαξ étant du féminin, il faudrait ἧς ou ἣν καταϕαγὼν, parce que alors οὗ se prend adverbialement pour quò. » Il est certain que Casaubon a préféré καταϕυγὼν à καταϕαγὼν[49] : il a confirmé son sentiment par les paroles qui se trouvent dans la même page d’Athénée, ἐν καλαῖς θριδακίναις ἀποκρύψαι[50], in pulchris lactucis abdidisse ; mais il aurait dû prendre garde qu’Athénée ne les rapporte qu’après avoir cité un long passage d’un poëte qui a dit que si quelqu’un mange de ces laitues il ne peut rien faire avec une femme[51]. Remarquez bien que les paroles de ce poëte suivent immédiatement ce qu’a dit Nicander. Or c’est un signe qu’Athénée n’a point écrit οὗ καταϕυγὼν, Mais ἣν ou ἧς καταϕαγὼν. C’en est un signe d’autant plus clair, que nous voyons que cet auteur ayant cité Calimaque, qui a dit que Vénus cacha Adonis sous des laitues, observe que c’est une allégorie destinée à montrer que ceux qui mangent ordinairement cette herbe, deviennent lâches et invalides par rapport à cette déesse : Αλληγορούντων τῶν ποιητῶν ὅτι ἀσθενεῖς εἰσὶ πρὸς ἀϕροδίσια ὁι συνεχῶς χρῶιενοι θρίδαξι. Eâ quidem allegoriâ poëtis innuentibus, qui assiduè lactucâ vescuntur, ad Venerem esse invalidos. Il ne faut point se faire une affaire de ce que Nicander aurait mêlé fort confusément l’allégorie avec la fable ; car les poëtes sont tout pleins de ce mélange. Remarquons de plus qu’il a entendu très-mal le mot qu’il a voulu expliquer : Βρένθιν λέγεσθαι ϕησὶ παρὰ Κυπρίοις θρίδακα[52]. Lactucam à Cypriis dicit vocari Brenthin. Il a pris un sapin pour une laitue[53]. Cette faute l’a dû conduire à changer la tradition ; car il a bien vu qu’il eût été ridicule de supposer qu’Adonis se réfugia sous une laitue. Il a donc conté qu’elle lui servit d’aliment.

(L) Ils n’ont pas dit tous qu’il soit mort de sa blessure. ] Consultez sur cela le troisième tome de la Bibliothéque universelle[54]. On peut ajouter aux remarques que l’on y trouve un passage de Ptolomée fils d’Héphestion [55] : c’est celui où il est dit que ce vers de l’Hyacinthe d’Euphorion,

Κωκυτὸς μοῦος τὸν ἀϕελκέα νίψεν Ἀδωνιν,
Solus Cocytus sua vulnera lavit Adonim,


n’a pas été entendu. Il signifie tout autre chose que ce que l’on pense ; car il nous apprend qu’un certain Cocyte, disciple de Chiron, avait guéri Adonis de la blessure du sanglier. Les cérémonies de la fête nous doivent persuader qu’Adonis n’en mourut pas. On s’affligeait au commencement, comme s’il eût été mort ; et ensuite l’on se réjouissait, comme s’il fût revenu au monde. « Il n’est pas difficile de deviner que l’on a formé cette fable sur quelques expressions fortes des Égyptiens ou des Phéniciens, qui disaient que ceux qui étaient guéris d’une grande maladie, ou échappés d’un grand péril, avaient été tirés du tombeau. On en trouve divers exemples dans les psaumes [56]. Ajoutez à cela que c’était la coutume des Orientaux, de consacrer des figures d’or des parties du corps dans lesquelles ils avaient été incommodés. On en trouve un exemple dans le Ier. livre de Samuel, ch. VI, vs. 4. Adonis, ayant été blessé dans l’aine, et étant guéri de sa blessure, il consacra un phallus d’or... L’on avait un très-grand respect pour cette figure dans les mystères d’Osiris[57]. » Nous trouvons ici la confirmation de la remarque précédente : les nuages se dissipent ; on commence à voir le jour. Vénus crut avoir perdu pour jamais, non pas la vie, mais le sexe de son mari ; soit qu’effectivement un sanglier lui eût maltraité cette partie, soit qu’un sortilége, ou bien quelque autre principe que nous ne connaissons pas, y eût jeté un dévolu et une funeste mortification ; voilà le sujet de ses larmes. Mais la plaie ayant été consolidée, ou le charme ayant été levé, Vénus se persuada que son mari ressuscitait, et qu’il lui revenait du plus profond des enfers : voilà le sujet de sa joie ; et afin de conserver la mémoire de tout cela plus mystérieusement, et plus honorablement tout ensemble, il fut dit que tous les ans la fête d’Adonis serait célébrée de telle et de telle manière. Il serait aisé d’adapter à cette hypothèse les explications de Macrobe : son soleil descendant aux parties inférieures du zodiaque, et puis remontant aux supérieures : son sanglier, l’image du froid, et par conséquent de ceux qui appartiennent au titre du Droit canonique De frigidis et maleficiatis : sa Vénus désolée, à cause qu’elle est veuve de son soleil, et puis riante au retour de ce bel astre qui la rend féconde. Chacun voit qu’il ne serait pas difficile de faire usage des conventions de Vénus et de Proserpine, je veux dire de ces semences concentrées au sein de la terre pendant quelques mois, dont elles sortent ensuite pour la propagation de l’espèce.

  1. Voyez Meursius de Insulâ Cypro, lib. II, cap. IX.
  2. Apollodor., lib. III, pag. 238.
  3. Ovid. Metam., lib. X, vs. 480 et 513.
  4. Pausan. in Bœoticis.
  5. Strab., lib. XVI, pag. 520.
  6. Antonin. Liberalis, cap. XXXIV.
  7. Vide Munckeri Notas in Hygin., cap. LVIII.
  8. Plaut. in Menæchmis, act. I, scen. II, vs. 34.
  9. Ovid. Metam., lib. X, vs. 532.
  10. Virgil. Eclog. X, vs. 17.
  11. Tzetzès sur Lycophon.
  12. Apollod., lib. III, pag. 238.
  13. Theoc. Εἰδύλλ. XXXI, ou XXX selon d’autres éditions.
  14. M. de Longepierre. Voyez sa traduction de Bion pag. 47, édit. de Paris, en 1686, in-12.
  15. Horat. Od. XIII, lib. I, vs. 11.
  16. Vénus, dans l’Idylle XXXe. de Théocrite, le nomme son mari.

    Σύ μου τὸν ἄνδρ᾽ τυψας ;
    Tun’ meum virum percussisti ?

    Bion dans l’Idylle sur la mort d’Adonis, représente Venus, βοόωσα πόσιν, appelant son mari ; et Cicéron, de Naturâ Deorum, lib. III, cap. 23, parle d’une Vénus de Syrie, mariée à Adonis. Voyez l’Idylle XV de Théocrite ; et Firm. Maternus, de Error. prof. Relig., pag. 21.

  17. Amm. Marcel., lib. XIX, cap. I.
  18. Athen., lib. VII, pag. 292.
  19. Theocrit. Eidyll. XV.
  20. Cic. de Naturâ Deor., lib. I, cap. XV.
  21. August. de Civit. Dei, lib VI, cap. VII. Voyez aussi Firm. Mater. de Errore profan. Relig., pag. 21.
  22. Lucianus, de Deâ Syriâ.
  23. Theocrit. Eidyll. XV. Voyez le sommaire de cette Idylle.
  24. Amm. Marcell., lib. XXII, cap. IX.
  25. Plutarch. in Alcib., pag. 200 ; in Niciâ, pag. 532.
  26. Athen., lib. X, cap. XXII, pag. 456.
  27. In Adonide, apud Athen., lib. X, cap. XXII, pag. 456.
  28. Plut. Sympos., lib. IV, cap. V.
  29. Auson. Epigramm. XXX.
  30. Macrob. Saturnal., lib. I, cap. XVIII et XXI.
  31. Apollod. Bibl, lib. III, pag. 240.
  32. Hygin. Astronom., lib. II, cap. VII.
  33. Lucian. Dialog. Veneris et Lunæ.
  34. Arnob., lib. IV, pag. 145.
  35. Clem. Alex. in Protrep., pag. 21.
  36. Virgil. Ecl. III, vs. 109.
  37. Scholiast. Theocriti, ad vs. 23, Eidyll. V.
  38. Ibid.
  39. Ezéchiel, chap. VIII, vs. 14. Je me sers de la version de Genève.
  40. Hieron., lib. III. Comment. in Ezechiel.
  41. Cyril. in Esaïam, lib. II.
  42. Esaïe, chap. XVIII, vs. 1 et 2.
  43. Cyrill. in Esaïam, liv. II. Je me sers de la Traduction de M. de Longepierre qui rapporte ce passage dans ses Notes sur Bion, pag. 45.
  44. Procop. Gaz. Comment. in Esaï., cap. XVIII.
  45. Ἀνελθούσης δὲ ἐξ Ἅδου καὶ μὴν καὶ ἡυρησθαι λεγούσης τὸν ζητούμενον σουνήδεσθαι καὶ ἀνασκιρτᾶν. Cyrill. in Esaïam lib. II.
  46. Apud Athenæum lib. II, cap. XXVIII, pag. 69.
  47. Ibidem.
  48. Dans le passage de Nicander, rapporté par Athénée, là même.
  49. Casaubon. in Athen., lib. II, cap. XXVII, pag. 144.
  50. Casaubon dit κατακρύψαι. C’est le même sens.
  51. Amphis in Ialemo.
  52. Athenæus, lib. II, cap. XXVIII, p. 69.
  53. Voyez la Bibliothéque Universelle, tom. III, pag. 28.
  54. Pag. 31.
  55. Apud Photium, pag. 472.
  56. Biblioth. Univers. tom. III, pag. 31.
  57. La même, pag. 33.

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