Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Budé

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BUDÉ (Guillaume), en latin Budæus, né à Paris l’an 1467, et issu d’une famille[* 1] ancienne et illustre (A), a été le plus savant homme qui fût de son temps en France. On peut dire qu’il se mit à étudier un peu tard[* 2], car encore qu’on l’eût envoyé de bonne heure dans les écoles pour l’étude du latin, et puis à l’université d’Orléans pour l’étude de la jurisprudence, il ne savait presque rien à son retour d’Orléans, où il avait passé trois années. La barbarie, qui régnait alors dans les colléges, avait été cause qu’il était allé à Orléans sans entendre les auteurs latins, et cette ignorance l’empêcha de profiter dans le droit civil (B). Étant retourné chez son père, il perdit beaucoup plus son temps : il s’amusa à la chasse et aux plaisirs de la jeunesse ; mais il en revint au bout de quelques années, et se trouva saisi d’une telle inclination pour les sciences, qu’on ne saurait exprimer l’ardeur avec laquelle il s’appliqua à l’étude. Il renonça à toute sorte de divertissemens, et il regrettait même les heures qu’il fallait nécessairement donner aux repas et au dormir. Le jour même de ses noces, il se déroba pour le moins trois heures, afin de les passer avec ses livres. On eut beau lui représenter qu’il ruinerait sa santé (C), et qu’il se priverait des moyens de faire fortune : rien ne fut capable de ralentir son ardeur. La profonde érudition qu’il acquit par un si grand attachement à l’étude serait un peu moins étonnante, s’il avait eu de bons maîtres, qui lui eussent au moins servi de guides ; ou s’il avait eu des concurrens, dont les lumières lui eussent donné, avec une grande émulation, un parallèle instructif ; mais il ne trouvait personne dont il pût devenir disciple (D), ni qui courût avec lui dans cette carrière. On peut donc dire qu’il n’étudia que sous lui-même (E). Une des choses qu’il cultiva avec le plus d’assiduité fut la langue grecque : et il débuta même par-là, lorsqu’il voulut donner des marques publiques de ses progrès : car les premiers ouvrages qu’il ait donnés au public sont la Traduction de quelques Traités de Plutarque. Il publia ensuite ses Notes sur les Pandectes (F), et puis son traité de Asse, etc. On lui contesta la gloire d’être le premier qui eût défriché les matières épineuses des monnaies et des mesures des anciens (G) ; mais il montra qu’on ne lui ravirait pas aisément cette couronne. Quelque grands que soient les services qu’il a rendus à la république des lettres par ses écrits, on peut assurer que ce n’est point de ce côté-là qu’elle lui est le plus redevable. Il se ménagea de telle sorte que son grand savoir ne le rendit pas odieux aux inquisiteurs : ainsi sa réputation demeurant saine et entière fut une puissante protection aux belles-lettres, que l’on s’efforçait d’étouffer dans leur renaissance, comme la mère et la nourrice des opinions qui ne plaisaient pas à la cour de Rome (H). Il fut fort considéré à la cour de France (I), depuis qu’une fois son érudition eut été connue ; mais il s’abstint le plus qu’il put d’aller à la cour, jusques à ce qu’il eût appris l’inclination de François Ier. pour les belles-lettres. Ce fut quand la cour était à Ardres, lors de l’entrevue de ce prince avec le roi d’Angleterre, que François Ier. fit venir pour la première fois notre Guillaume Budé (K). Depuis ce temps-là, il se plut à l’entendre discourir, il lui commit sa bibliothéque, et il lui donna une charge de maître des requêtes. En même temps, la maison de ville de Paris l’élut prevôt des marchands. Il fut l’un des principaux promoteurs du dessein que François Ier. exécuta, de fonder des chaires à Paris pour la profession des langues et des sciences. Il se brouilla avec Antoine du Prat, chancelier de France ; ce qui fut cause qu’il ne parut à la cour, qu’autant que sa charge le demandait : mais le temps vint qu’il n’en bougea guère : car son bon ami Poyet fut promu à la charge de chancelier, et le voulut avoir presque toujours auprès de lui. Les chaleurs excessives de l’an 1540 obligèrent François Ier. à faire un voyage sur les côtes de Normandie, pour chercher quelque fraîcheur. Budé fut de ce voyage, et y gagna une fièvre qui lui fit prendre l’envie de se faire porter chez lui. Cela fut exécuté, mais il ne guérit pas pourtant : il eut seulement la consolation de mourir au milieu de sa famille qui était nombreuse[a] (L). La date de sa mort a été falsifiée par quantité d’écrivains (M) ; et cela est bien étrange, vu la gloire qui accompagnait sa réputation. La manière dont il voulut être enterré a produit quelques soupçons contre sa créance (N), qui ont été fort augmentés par la profession ouverte que sa veuve alla faire du protestantisme à Genève, avec une partie de ses enfans (O). Il est néanmoins certain qu’il paraît dans ses écrits fort contraire aux réformateurs (P), quoiqu’il eût parlé quelquefois avec une extrême force contre la cour de Rome, et contre les déréglemens des ecclésiastiques[b]. On dit qu’il ne se voulut jamais laisser peindre (Q), et qu’ayant voulu haranguer Charles-Quint il demeura court (R). Son style, tant latin que français, était un peu rude (S). Son père, comme je l’ai déjà dit, était d’une famille considérable depuis longtemps : néanmoins j’ai lu qu’elle a été anoblie à cause de notre Guillaume (T). Celui-ci s’étant piqué de quelque chose qu’Érasme avait faite ou dite, en garda toujours beaucoup de ressentiment, et ne voulut jamais lui faire la grâce de le citer, et le critiqua quelquefois sans le nommer (U). Il était bien difficile que l’émulation ne dégénérât en haine entre deux hommes de cette force[c]. Ceux qui ont dit que, nonobstant leurs brouilleries, Budé fit en sorte qu’Érasme fut appelé à Paris[d], n’y entendent rien ; car ces brouilleries étaient encore à naître, lorsque Budé, en s’acquittant de la commission qui lui fut donnée, de faire des offres à Érasme de la part de François Ier., lui conseilla de les accepter[e]. On fit une édition de toutes ses œuvres à Bâle, l’an 1557, en quatre volumes in-folio, avec une ample préface de Celius Secundus Curion.

On ne peut pas voir un plus bel éloge que celui qu’a fait Louis Vivès de notre Budé[f] ; car en peu de mots, il le représente comme un prodige de savoir, et il lui attribue les vertus morales les plus dignes de l’admiration de toute la terre. Je pense qu’on pourrait dire assez justement, que ce grand homme se fit plus craindre qu’aimer dans la république des lettres, et il ne me semble pas que ç’ait été une perfection, mais plutôt une forte marque qu’il était fier et mal endurant, et qu’il s’armait de toutes pièces contre ceux qui le critiquaient. Nous connaîtrions suffisamment qu’il s’était rendu très-redoutable[* 3], quand nous ne saurions que le chagrin qu’un professeur de Venise fit paraître, de ce qu’on avait fait prendre garde au public qu’il ne suivait pas le sentiment du docte Budé (X).

  1. * Il descendait, dit Leduchat, d’un Dreux Budé, audiencier de la chancellerie, et dont plusieurs descendans ont été secrétaires du roi.
  2. * Launoy, cité par Leclerc, dit qu’il avait dix-sept ans quand il entra au collége de Navarre en 1482. D’après une lettre de Budé lui-même, Leclerc est porté à croire que ce ne serait qu’en 1490, c’est-à-dire à vingt-trois ans.
  3. * Leclerc pense que ce ne fut pas par terreur de Budé qu’agit le professeur de Venise ; mais par attachement et vénération, sentimens qu’il lui portait, ainsi que Bayle le dit textuellement dans la remarque (X).
  1. Tiré de sa Vie, composée par Louis le Roy.
  2. Voyez dans le XXe. livre du Catalogue des témoins de la vérité, pag. 1934 et suiv. plusieurs extraits du livre de Asse. Voyez aussi la remarque (D) de l’article Jules II.
  3. Voyez la remarque (U), à la fin.
  4. Duverdier, Prosopogr., pag. 2404.
  5. Epist. Erasmi XV, lib. I.
  6. Ludovic. Vives, in lib. II, cap. XVII, Augustini de Civitate Dei.

(A) Il est né à Paris, l’an 1467.... d’une famille illustre. ] Louis le Roy, le seul auteur que j’aie suivi[* 1], ne marque point l’année de la naissance ; mais puisqu’il dit que Budé mourut le 23 d’août 1540, à la soixante-treizième année de sa vie, il me donne droit de le faire naître l’an 1467. Le Dictionnaire de Moréri contient une faute très-grossière. On y met la naissance de Budé à l’an 1476[1], et sa mort au 26 août 1540, et on ne laisse pas de le faire vivre septante-trois ans.

Voyons ce qu’on trouve touchant sa généalogie dans un ouvrage du sieur Guichenon. Jean Budé, écuyer seigneur de Verace, qui se signala à la bataille de Pontcharra, où il était lieutenant de la compagnie de gendarmes du seigneur de Briquemaut en l’an 1591, ...... était issu de cette ancienne maison des Budés, seigneurs d’Ierre, de Villiers-sur-Marne, de Marly, Troissi, la Motte-Saint-Loup, et autres places, laquelle tient rang parmi les meilleures familles de l’Ile de France, et de Paris : car il était fils d’un autre Jean Budé, écuyer seigneur de Verace, et de Marie de Jouan, fille de Rogerin de Jouan, écuyer, seigneur de Jonvilliers en Beausse : ledit Jean Budé était fils de Guillaume Budé, chevalier seigneur de Marly et de Villeneuve, conseiller et maître des requêtes du grand roi François, et de Roberte le Lyeur, fille de Roger le Lyeur, seigneur du Bois-Benard et de Malemains, et d’Isabeau de Lailly... Ce Guillaume... était fils de Jean Budé, seigneur d’Ierre, de Villiers-sur-Marne et de Marly, et de Catherine le Picart, fille de Jean le Picart, seigneur de Platteville, de Sivrey, de la Boisselière, et de Catherine de Poncher, fille de François de Poncher, chevalier et chambellan des rois Jean, Charles V, et Charles VI, bailli de Touraine, et de Maguerite de Dormans : et ledit Jean Budé, seigneur d’Ierre, était fils de Dreux Budé, seigneur des mêmes lieux ; et ledit Dreux Budé, fils d’un autre Dreux Budé, seigneur de Villiers-sur-Marne et d’Ierre, et ce Dreux Budé, fils de Jean Budé, qui vivait sous le roi Charles V[2].

(B) Il était allé à Orléans sans entendre les auteurs latins, et cette ignorance l’empêcha de profiter dans le droit civil. ] Quo in gymnasio triennium versatus operam penè omnem perdidit. Neque enim, ignarus latinæ linguæ et ab aliis disciplinis imparatus, artem illam reconditam et multiplicem subtilemque cui sese dediderat, cognitione et scientiâ poterat comprehendere[3].

(C) Il s’attacha tellement à l’étude.... qu’on lui représenta qu’il ruinerait sa santé. ] De fort habiles gens[* 2] prétendent que l’événement fit voir la vanité de ces menaces, et' qu’il sut conserver toute sa santé[4]. Mais d’autres disent qu’il tomba dans une longue et fâcheuse maladie ; et que les maux de tête, qui lui prenaient tous les jours, obligèrent les médecins à lui ordonner une espèce de trépan[5]. L’opération fut très-douloureuse, mais fort inutile. In gravem et diuturnum morbum est prolapsus, quo annos plus viginti ita afflictatus est, ut omnis propè hilaritas è fronte, alacritas ex animo, festivitas in occursu, urbanitas et comitas in convictu eximeretur, ingravescens quoque in dies litterarum amor infringeretur, ne vestigium quidem ejus nec simulachrum, sed quædam effigies spirantis mortui appareret[6]. Il ne faut pas s’étonner que des incommodités si longues et si opiniâtres le rendissent chagrin, et produisissent tant de changemens dans son corps et dans son esprit.

(D) Il ne trouvait personne dont il pût devenir disciple. ] Il faut donner quelque restriction à ces termes généraux ; car il est certain que George Hermonymus, natif de Lacédémone, Jean Lascaris, et Jacques Faber d’Étaples, ont enseigné quelque chose à notre Guillaume. Dès qu’il sut l’arrivée d’Hermonymus à Paris, il l’arrêta auprès de lui par de gros gages. Quem Budæus nactus magnâ mercede conductum ad se acccersivit, et antequàm dimitteret ampliùs quingentis nummis aureis donavit[7]. Hermonymus lui lut Homère, et les autres principaux auteurs ; mais, comme il ne les entendait pas, il était incapable de les expliquer. Huic Græco cùm aliquot annos operam dedisset, et eo prælegente audivisset Homerum auctoresque alios insignes, nihilo doctior est factus. Neque enim præceptor ille plura docere quàm sciret poterat[8]. Jean Lascaris vint peu après à Paris : il conçut beaucoup d’estime pour Budé, le voyant enclin à la langue grecque ; mais, en tout, il ne lui donna pas plus de vingt leçons[9]. Jacques Fabert lui apprit les mathématiques ; mais l’écolier comprenait si aisément tout ce que le maître proposait, qu’il épuisa bientôt la science du maître. Celui-ci, quoique largement payé de ses leçons, fut plus tôt las d’enseigner, que l’autre d’être enseigné. Mathematicas disciplinas ab Jacobo Fabro nobili philosopho didicit : ad quas tantum ingenii et alacritatis initio attulit, ut evolare non excurrere videretur. Itaque dum Faber multa proponit, Budæus omnia assequitur, eo res venit, ut priùs ille docendo defatigaretur, et si magnam mercedem accipiebat, quàm hic discendo. Neminem præterea audivit [10].

(E) On peut dire qu’il n’étudia que sous lui-même. ] Il représenta en mots grecs les deux circonstances notables de ses études, l’une qu’il les commença sur le tard, l’autre qu’il n’eut point de maître ; il les représenta, dis-je, par les termes d’αὐτομαθής τε καὶ ὀψιμαθής, dans une lettre qu’il écrivit à Érasme, et qui fut montrée à Culbert Tonstal[11]. Il écrivit ensuite une lettre à ce dernier, où il lui fit une description assez longue de la manière dont il avait étudié. Il avoue, qu’après son retour de l’université d’Orléans, il passa quelques années à ne faire que ce que font les jeunes gens qui ne savent rien. Domum reversus salutem dixi litteris, studiis utique indulgens juventutis illiteratæ, quoad post aliquot annos intra paternos parietes clam studere mecum ipse institui [12]. Il dit ailleurs, qu’outre ces deux choses, il y en eut une troisième qui l’obligea à s’appliquer extrêmement à l’étude : c’est qu’il n’avait pas beaucoup de pénétration d’esprit. Omnia majorem in modum facere atque etiam maximum mihi necesse erat homini nec ingenio felici prædito, et qui in adolescentiæ clausulâ non dico discipulus, sed tantùm tyrunculus hujus studii esse cœpissem, et vero gentilis illius Aristippi qui metrodidactus appellatus est : denique qui à memet ipso omnia mutuarer, si quidem nullus erat undè rogare possem [13].

(F) Il publia des notes sur les Pandectes. ] C’est-à-dire, sur les XXIV premiers livres des Pandectes. L’épître dédicatoire au chancelier de France Joannes Deganaius, Jean de Ganay, est datée de Paris, le 4 de novembre 1508. Badius donna en 1530 une édition corrigée et augmentée. Il avait imprimé la suite de cet ouvrage l’an 1528.

(G) On lui contesta la gloire d’être le premier qui eût défriché les... monnaies et les mesures des anciens. ] Un Italien, nommé Léonardus Portius, prétendit être le vrai possesseur de cette gloire. Budé, l’ayant appris, n’entendit point raillerie[* 3]. Il s’en fâcha tout de bon, et déclara qu’il ne tenait d’aucune personne vivante ce qu’il avait publié sur cette matière, et que Portius était son voleur. Quod cùm est ad Budæum allatum, graviter exarsit, quòd nihil tam præter opinionem accidisset quàm ut depelleretur de ejus laudis possessione, quam caducam et vacuam primus bonâ fide occupâsset, et sine cujusquam injuriâ quasi usucepisset. Igitur vehementissimâ animi, ingenii, virium, contentione jus suum defendit, atque hoc ipsum palam testatus est, à nullo se unquàm homine duntaxat qui viveret, his de rebus quas tradidisset, quicquam didicisse vel fando vel legendo : tantùmque abesse ne quid à Portio acceperit, ut omnia quæ sub nomine Portii ad eam prodierunt, illa uno eodem continuato perpetuoque furto essent ex suo Asse translata. Ac æmulo illi sempiternam notam ac ignominiam inussisset, nisi intercessissent amici [14]. Jean Lascaris, qui était ami de l’un et de l’autre, empêcha que cette querelle n’allât plus avant, et obtint à force de prières que Budé n’insérât point dans la seconde édition le discours piquant qu’il avait fait contre Portius[* 4]. L’auteur connut lui-même, quand le feu de la colère fut passé, qu’il avait eu trop d’emportement ; et c’est ce qui fit qu’il ne voulut plus prendre intérêt aux attaques qui lui furent faites. Il laissa dire tout ce qu’on voulut : il souffrit tranquillement qu’Agricola se donnât telle portion que bon lui semblait de cette gloire[15].

Lorsqu’il fit son livre de l’Institution du prince, il n’avait reçu encore que des applaudissemens sur son ouvrage de Asse. Il s‘en glorifia, mais sans sortir des limites de la modestie. Comme il s’exprima d’une manière qui peut servir de patron à plusieurs autres grands personnages, je ne ferai point difficulté de rapporter ses propres paroles, quoique son style soit rude. A vostre tresdesiré et tresheureux advenement à la tresnoble coronne de France (il s’adresse à François Ier.), qui fut le jour des Calendes de janvier.... je parachevay et mis en avant et évidence, le livre des poids et mesures, nombres, monnoyes, et toute la manière de compter des anciens, tant Grecs, que Latins, auquel j’ai monstré et estimé les richesses des grands royaulmes, principaultés, dominations, et empires, dont les histoires font mention. Et le tout reduict à la monnoye de présent. Et en ce faisant, ay esclarcy et interprété grand nombre de lieux et passages, sans rien obmettre à mon pouvoir et sçavoir tant ès histoires, que ès aultres autheurs Grecs et Latins. Lesquelz au paravant estoient mal entendus, combien que plusieurs gens sçavants s’en fussent mis en effect : et pense qu’il me sera permis d’en dire ce petit mot, sans aulcune arrogance, puisque aulcuns plus sçavants que moi, estrangers, et aultres le confessent, ainsy que aulcuns de leurs livres le tesmoignent, qui par eux ont esté depuis publiés par impression. Et en cela seulement je me vouldroye maintenir avoir mieux faict, ou par adventure mieulx remonstré en cest endroict, que les aultres. Car j’ay esté tout seul opinant de ceste matière contre touts ceulx, qui paravant moy ont escript, et mesmes depuis cent ans ; ou au moins tout aultrement qu’ilz n’ont faict. Qui a esté la cause et le moyen du grand labeur, et du temps de quinze moys que j’ai occupé à entendre et escripre ceste matière, et la mener jusques à résolution finale, et conclusion du livre [16] ...... Nul ne s’est encore depuis apparu, qui en ce m’ayt ouvertement contredict. Mais y en a (comme dict est) qui l’ont expressément approué : combien que au reste des choses concernentes le faict des bonnes lettres, je me répute moindre que les aultres, ainsy que la raison le veult, et ma congnoissance le juge : Et mesmement que ceulx mesmes, contre lesquelz j’ay esté d’opinion contraire en ceste matière. Car je confesse avoir beaucoup apprins d’eulx en aultres choses, comme de gens de souveraine science et industrie. Dont la plus part sont allés de vie à trespas. Mais un homme moyen en intelligence de sçavoir, et moindre que médiocre, comme je suis, peult bien surmonter un grand et excellent homme en une intention, en laquelle il est fort addonné, jaçoit ce que en aultres choses il ne soit égal à luy[17].

(H) Sa réputation...... fut une puissante protection aux belles-lettres, que l’on s’efforçait d’étouffer........, comme la mère et la nourrice des opinions qui ne plaisaient pas à la cour de Rome. ] Il vaut mieux, et pour cause, que j’explique cela par les paroles de Louis le Roy, que par les miennes. Cùm in maximis, dit-il[18], opiniorum procellis et turbulentissimis tempestatibus ingens græcæ linguæ conflata esset invidia, quòd harum stirps, et semen malorum omnium videretur, cùm odii faces undique ab improbis præferrentur, cùm in perturbatione veteris disciplinæ spem haberent inimici ad elegantium litterarum non dignitatem modo extinguendam [19] sed etiam gloriam per principes viros infringendam, cùm in his asperitatibus rerum eruditi plerique de religione suspecti haberentur, nec satis essent inter imperitorum greges tuti : hic solus non modo integrâ mente, verùm etiam existimatione permansit. Nihil in ejus vitâ aut in oratione quisquam potuit invenire, quod jure reprehenderet. Quod labenti rei litterariæ certissimum præsidium attulit. Nisi enim is contigisset orbæ politiori doctrinæ quasi legitimus tutor, qui eam apud principem, in senatu, in concionibus exagitatam tueretur, ac tantisper dum invidia consideret, domi septam teneret liberali custodiâ, atque à sceleratorum hominum impetu prohiberet, haud dubiè nostris finibus coacta esset excedere.

(I) Il fut fort considéré à la cour de France. ] Il y fut connu dès avant la mort de Charles VIII. Ce prince, ayant ouï dire que Budé était fort savant, le voulut voir, et le fit venir auprès de lui ; mais il ne vécut pas assez depuis ce temps-là pour l’avancer. C’est Budé lui-même qui nous l’apprend. A Carolo ego commodum in aulam accersitus fueram, cùm ille repentino casu sublatus est : exierat jam rumusculus quidam studiorum meorum qui ad eum permanaverat nihil minus me agente[20]. Gui de Rochefort, chancelier de France, procura cet honneur à notre Budé, comme on le remarque dans la page 87 de sa Vie. Louis XII, successeur de Charles VIII, employa deux fois Budé à des ambassades en Italie[* 5], et le mit ensuite au nombre de ses secrétaires[* 6]. De maximis rebus legatum in Italiam misit cum aliquot proceribus suis : quibus in legationibus sic fidem suam, diligentiam, ingenium regi probavit, ut magnam gratiam ab eo ipso iniret, ac paulo mox in scribarum regiorum numerum adscriberetur[21]. On l’eût fait conseiller au parlement de Paris, s’il n’eût mieux aimé ménager son temps pour ses études, que de s’engager à une charge qui lui eût cause trop de distractions.

(K) Ce fut lorsque la cour était à Ardres......, que François Ier. le fit venir pour la première fois. ] Je ne crois pas avoir tort de me conduire généralement parlant par ce principe, c’est qu’un auteur, qui écrit la vie d’un homme, est plus croyable que ceux qui ne parlent de cet homme que par occasion. Cela ne m’empêche pas de croire, qu’en certains cas, on doit préférer à ce qu’on trouve dans la vie particulière d’un homme ce qu’on lit dans d’autres livres. J’en donne un exemple dans cette remarque. Louis le Roy, non-seulement ne dit pas que François Ier. ait envoyé Guillaume Budé à Rome pour négocier avec le pape Léon X ; mais aussi il remarque expressément, qu’on ne fit venir Guillaume Budé à la cour de François Ier., que lorsque ce prince était à Ardres pour s’aboucher avec le roi d’Angleterre : Primum evocatus Ardeam quem in locum rex quoque Britannorum Henricus convenerat, cum tanti conventûs splendore excitatus, tum admirabili famâ incredibilium virtutum sui principis incensus, sanè quàm libenter regis imperio obtemperavit, atque eo magis quod virtutis, et litterarum ergo se intelligebat accersiri[22]. L’entrevue d’Ardres se fit l’an 1520. Il serait donc faux, selon Louis le Roy, que notre Guillaume eût négocié pour François Ier. avec Léon X l’an 1515[* 7]. Cependant je n’oserais révoquer en doute l’ambassade dont M. Varillas a fait mention sous l’année 1515. « Budé n’était pas maladroit en négociation, quoiqu’il eût vécu dans Paris sans autre conversation que celle de ses livres. L’académie de Rome, qui n’avait jamais été si polie depuis le siècle d’Auguste qu’elle l’était alors, lui fit un accueil extraordinaire, et il acquit bientôt la familiarité du pape, parce qu’il excellait principalement dans la connaissance des antiquités grecques, que sa sainteté se piquait de savoir[23]. » Cet auteur ajoute que les objections que faisait le pape, fournissaient à Budé un champ assez vaste pour étaler sa profonde doctrine, et que le pape, qui ne demandait pas mieux que d’allonger la négociation et de ne rien conclure, n’avait garde de l’interrompre, ni de le faire apercevoir des digressions où il s’engageait insensiblement : qu’au contraire, sa sainteté lui faisait naître de temps en temps les occasions d’en faire de nouvelles. Joignez à ceci ce qu’il dit dans sa préface. « L‘exemple de Budé sert admirablement à montrer, que pour être des plus savans, on n’en est pas plus propre à négocier les affaires délicates[* 8] ; et l’on me doit savoir bon gré de l’avoir rapporté, quand ce ne serait que pour la rareté du fait. » Mais comment est-ce que M. Varillas a pu débiter que Budé avait vécu dans Paris sans autre conversation que celle de ses livres, si les deux ambassades sous Louis XII sont véritables ? Ne fait-il pas bien connaître qu’il ignorait, non-seulement ce que Louis le Roy en a dit, mais aussi ce que Budé en insinue ? Budé représente à Cutbert Tonstal de quelle manière il s’était conduit dans ses études : il avoue qu’il avait vu en Italie plusieurs savans, et il ajoute qu’il n’avait pas eu le loisir de les bien connaître, parce qu’il était chargé d’affaires publiques. Interim bis Romam adii, urbesque insignes Italiæ, doctos ubi homines per transennam vidi potiùs quàm audivi, et litterarum meliorum professores tanquam à limine salutavi, quantùm scilicet homini licuit Italiam raptim peragranti nec liberâ legatione[24]. Enfin je remarque qu’il était devenu homme de cour auprès de François Ier., avant l’entrevue de ce prince et de Henri VIII. Cela paraît par une lettre d’Érasme, datée du mois de février 1519[25], où il écrit à Budé. Quomodo tibi successerit expeditio quemadmodùm vocas aulica partim ex tuis ad Ludovicum Vivem litteris intellexi[* 9].
Cela paraît encore plus clairement par une lettre de Budé, où il parle d’un voyage qu’il devait faire avec Étienne Poncher promu depuis peu de jours à l’archevêché de Sens. Episcopus Parisiensis jam Senonensis archiepiscopus factus est liberalitate regiâ, etsi nondum res peracta est. Totus jam est aulæ, nec nobis licet cum eo loqui. Quodam tamen die, cùm in interiori cubiculo principis esset, dixit mihi se ad te scribere statuisse. Iturus est propediem in legationem Narbonem versus cum aulicorum dispensatorum decurione : cum quo etiam ire me rex jussit, ut numerus sim potiùs quàm ut aliquam operam certam navem in eâ provinciâ : sic enim interpretor[26]. Il ne marque point l’année dans la date de cette lettre ; mais on connaît qu’il l’écrivit pendant que la cour se remuait à l’occasion de la mort de l’empereur Maximilien. Cet empereur décéda le 12 de janvier 1519.

(L) Sa famille...... était nombreuse. ] Il laissa sept fils et quatre filles. On n’en dit pas davantage dans son histoire ; mais j’ai lu dans d’autres livres, qu’à cause qu’il avait un grand nombre de fils et de petits-fils, il ordonna qu’on l’enterrât de nuit ; car il prévoyait que si on l’eût fait de jour, il y aurait en trop de cris de petits enfans, et trop de larmes répandues dans la maison. L’auteur, qui m’apprend cela, remarque que la femme de Budé, bien loin d’empêcher que son mari n’étudiât, lui servait de second aussi-bien dans le cabinet que dans le lit, et lui cherchait les passages et les livres nécessaires[* 10]. Je ne traduis pas littéralement : on s’en apercevra bientôt ; mais je ne pense pas m’écarter de la pensée de mon auteur. Nec Budæum à litteris uxor avocavit, sed magis in iis confirmavit, quam sibi in Musarum sacrario semper assidentem, et aliquid librorum in manibus habentem, non tantùm vitæ, sed studiorum quoque sociam et commilitonem nominabat : nec eumdem magnus liberorum nepotumque numerus in studiis interpellavit, qui quidem dicitur fuisse tantus, ut antequàm moreretur, noctu suum funus efferri, tumularique mandaret, ut aliquo modo compesceret fletum ejulatumque puerorum, quem futurum non obscurè providebat[27]. J’ai lu une lettre de Budé[28], où il se contente de dire que les caresses de sa femme n’avaient pas été capables de le détacher de ses livres : il ne dit point qu’il trouvât en elle une aide semblable à lui par rapport à ses études. Il se représente comme marié à deux femmes ; l’une était celle qui lui donnait fils et filles ; l’autre était la philologie, qui lui produisait des livres. Il était marié depuis douze ans, lorsqu’il écrivait cette lettre, et il avait déjà six fils et une fille[29]. La philologie avait été moins féconde. Budé avait produit moins de livres que d’enfans, il avait plus travaillé du corps que de l’âme ; mais il espérait qu’enfin il ferait plus de livres que d’enfans. « La fécondité de l’âme aura son tour, disait-il ; elle s’élèvera sur les ruines de celle du corps : la vertu prolifique n’est point donnée tout à la fois aux organes naturels et à la plume. » Sic enim statuebam mihi esse faciendum, ut conjugem quidem legitimam haberem liberorum parentem, ex philologiâ autem libros, id est, nominis mei æternam memoriam, prolemque immortalem gignerem. Liberos jam plures aliquanto quàm libros genui, plus corpori fortasse quàm animo indulgens. Posthac (ut spero) marcescente corpore, animus in dies vegetior et vividior fiet : utrumque autem simul ex æquo prolificum esse nequit, sed cùm emeritæ facultates corporis esse cœperint, tum demùm viribus animi stipendia plenè procedent[30]. Nous parlerons ci-dessous[31] du changement de religion de cette famille.

(M) La date de sa mort a été falsifiée par quantité d’écrivains. ] La Croix du Maine le fait mourir le 25 d’août 1540, M. de Sponde le 20 d’août[32], et Pierre de Saint-Romuald le 3 d’août de la même année[33] ; le père Garasse en 1539[34], M. de Launoi le 1er. septembre 1573[35]. La vérité est qu’il mourut le 23 d’août 1540[* 11]. Celui qui a cru pouvoir corriger Reusnerus par M. de Launoi, se trompe : Launoius.... dicit Budæum abiisse A. 1573, calend. septembr., ut falli necesse sit Nicolaum Reusnerum, qui in Iconibus ejus obitum refert. ad. A. 1540[36].

(N) La manière dont il voulut être enterré a produit quelques soupçons contre sa créance. ] Il déclara par son testament, un an avant qu’il mourût, qu’il voulait être enterré sans aucune cérémonie. Voici ses paroles : Je veux estre porté en terre de nuit, et sans semonce, à une torche ou à deux seulement, et ne veux estre proclamé à l’église ne il la ville, ne alors que je serai inhumé, ne le lendemain. Car je n’approuverai jamais la coustume des cérémonies lugubres et pompes funèbres...... Je défens qu’on m’en fasse, tant pour ce, que pour autres choses qui ne se peuvent faire sans scandale : et si je ne veux qu’il y ait cérémonie funèbre, ne autre représentation à l’entour du lieu où je seray enterré, le long de l’année de mon trépas, parce qu’il me semble imitation des cénotaphes, dont les gentils anciennement ont usé[37]. Un jésuite, qui était d’ailleurs mal endurant, et fort aisé à effaroucher sur les moindres innovations, a condamné ceux qui ne donnèrent pas un bon sens à cette conduite. Il veut que ce savant homme n’en ait usé de la sorte, que par un principe d’humilité, et par une suite de cette humeur studieuse, qui l’avait tant fait vivre dans la retraite. Ce bon esprit, dit-il[38], ayant vescu parmi les morts, pour vivre a tout jamais entre les vivans, et s’estant entièrement sevré des compagnies pour s’adonner à la solitude durant sa vie, retint encores cette humeur en sa mort ; car il ordonna par son testament, que son corps fust porté de nuict, sans flambeaux, et sans pompe funèbre, depuis la rue Saincte-Avoye, où il demeurait lors de sa mort, jusques aux Célestins[39], qui est une assez longue traitte : et voulut estre enterré sans cérémonie, sans advertissement et son de cloches. Il est vrai que cette nouveauté donna sujet de discourir diversement, et que les prédicateurs de ce temps-là prindrent l’affaire au criminel, a l’occasion du temps, qui commençait à ressentir le fagot, et s’estoit desjà abbreuvé de certaines opinions soupçonneuses ; car ce fut l’an m. d. xxxix[40], lorsque Luther avoit embrasé quasi toutes les Allemagnes : mais la vie précédente de Budé, l’intégrité et l’innocence de ses mœurs, l’opinion publique, et les actions héroïques qui’il avoit faites, tant à Venise qu’à Paris, pour l’honneur de la religion, et l’avancement des lettres, furent fidelles tesmoings du contraire : de façon que les plus sages demeurèrent édifiés de son humilité, au lieu que les autres se formalisoient de la nouveauté : et du faict, il est vray que Budé pouvoit faire ce qu’il fit par pur sentiment d’humilité, comme nous voyons plusieurs saincts, qui ont désiré que leur corps fust exposé à la voyrie, ou enseveli sans honneur. Peu après, il continue de cette manière : Melin de Saint-Gelais, sçachant que l’intention de Budé avoit esté bonne et saincte, conforme à ses humeurs, qui estoient retirées, et ennemies du tracas des compagnies, fit un excellent épigramme en l’honneur du défunct, par lequel il faisoit voir, que Budé, en s’humiliant, avait acquis plus de gloire par cette action, que les autres par leurs pompeuses obsèques ; car il disoit,

Qui est celui que tout le monde suit ?
Las ! c’est Budé au cercueil estendu.
Pourquoi n’ont fait les cloches plus grand bruit ?
Son nom sans cloche est assez espandu.
Que n’a-t-on plus en torches despendu,
Suivant la mode accoustumée et saincte ?
Afin qu’il fust par l’obscur entendu,
Que des Français la lumière est esteinte.

Le prieur Ogier ne fut pas aussi indulgent que Garasse ; il le blâma d’avoir défendu la conduite de Budé : il l’eût blâmé peut-être de l’avoir critiquée, si Garasse eût fait ce que fit l’un de ses confrères en parlant du chancelier de l’Hôpital[41] ; car voilà ce que font pour l’ordinaire ceux qui critiquent un livre : ils prennent partout le contrepied. Voyons les paroles du censeur de la Doctrine curieuse : « Page 919, il veut justifier Guillaume Budé des accusations des docteurs et prédicateurs de son temps, qui avaient conçu quelque soupçon de lui depuis sa mort, à cause de la nouveauté de son enterrement. Ils avaient certes quelque sujet de faire un sinistre jugement de lui. Car outre la mauvaise impression que donna la nouveauté de son convoi, en un temps où il fallait se bander contre l’hérésie naissante, et ne rien relâcher des cérémonies ordinaires de l’église, il était d’ailleurs de même avis que ce bon grammairien dont Garasse parle en la section 7 du liv. 3, qui estimait, que de disputer de questions importantes de théologie, était perte de temps mal employé. Voici comme il parle en une sienne épître à Érasme. Reddiderat epistolam juvenis, is quem mihi commendâsti, Sorbonæ nunc agentem μᾶλλον δὲ ἐν σερϐοντίδι λίμνῃ διατρίϐοντα, οὕτω γὰρ εἰκότως ἀποκαλοίημεν τὴν τῶν σοϕιςῶν διατριϐὴν. Si Garasse eût été informé de ce passage[42], je veux croire qu’il estime tant la Sorbonne, qu’il eût renvoyé Budé aux falots des Romains, aussi falotement qu’il relègue ce bon grammairien au pays des Lanternois, parmi les lanternes des Athéniens[43]. »

(O) Sa veuve alla faire profession ouverte du protestantisme à Genève, avec une partie de ses enfans. ] Le passage des lettres de Mélanchthon, que je m’en vais rapporter, témoigne que l’exemple de cette femme fut d’un grand poids ; parce qu’on crut que les beaux discours de son mari l’avaient fort aidée à connaître la vérité. Venit huc quispiam ex Galliâ nobilis vir ac doctus, qui narrat honestissimam matronam viduam Budæi, unà cum filiabus Lutetiâ migrâsse ad Calvini ecclesiam, ut ibi et vocem Evangelii audiat, et longiùs absit à sævitiâ quæ in regno Gallica adversùs Evangelii studiosos exercetur. Hoc exemplo matronæ valdè moveri multos homines in Galliâ idem affirmat ; proptereà quod mortui mariti sui doctissimi et gravissimi viri judicio existimatur hanc doctrinam amplecti, de quâ ipsum multa piè disseruisse ante mortem constat[44]. Dans une lettre de Mélanchthon à Camérarius, datée du 11 Septembre 1539, se trouvent ces paroles, page 908 de l’édition de Londres 1642. Hæc narratio si vera est, admirationem magnam res pariet. Budæi conjugem anum cum filiabus ajunt migrâsse Genevam ad Calvini ecclesiam, in quâ et alii multi nobiles homines in Galliâ exulare dicuntur. Les filles du grand Budé ne furent pas les seules de la famille qui se retirèrent à Genève : Louis Budé, leur frère, s’y retira aussi, et y fut professeur en langue hébraïque. Il publia une traduction latine des psaumes, avec des notes. Voyez la Gallia orientalis de Colomiés, pages 15 et 16. Nous avons parlé ci-dessus[45] de Jean Budé[* 12], qui fut l’un des trois députés qu’on envoya en Allemagne, pour les affaires de l’église. Matthieu Budé, leur frère, est loué par Henri Étienne, comme un homme qui entendait à fond la langue hébraïque[46]. Les descendans de Budé subsistent encore à Genève, et y font une figure très-considérable.

(P) Dans ses écrits, il paraît fort contraire aux réformateurs. ] Voyez l’ouvrage qu’il intitula de Transitu Hellenismi ad Christianismum, et qu’il dédia à François Ier. l’an 1535, peu après que Calvin eut dédié à ce monarque son Institution chrétienne. Budé lui recommande l’ancienne foi, et le loue de la fameuse procession qui fut faite pour expier l’attentat des hérétiques[47] (c’est ainsi que l’on parlait). M. de Launoi cite ce passage[48], et y en ajoute un autre, qui fait voir le zèle de notre Budé contre ceux qu’on appelait novateurs.

(Q) On dit qu’il ne se voulut jamais laisser peindre. ] Je ne puis donner autre preuve de cela que ces quatre vers :

Nec voluit vivus fingi pingive Budæus,
Nec vatum moriens quæsit elogia.
Hunc qui tanta sua mentis monumenta reliquit,
Externâ puduit vivere velle manu.


L’auteur, que je cite en note, dit qu’ils sont l’épitaphe de Budé composée par Étienne Pasquier[49].

(R) ....... et qu’en voulant haranguer Charles-Quint, il demeura court. ] Je n’ai lu cela que dans le premier volume du père Abram sur les oraisons de Cicéron. Petrus Messius, libro III variarum lectionum cap. VIII, multa magnorum oratorum exempla corradit, quos initio dicendi perturbatos repente memoria defecit. Ut Demosthenem coram Philippo, Theophrastum coram Areopagitis, Herodem Atticum coram M. Antonino, Heraclidem Lycium coram Severo Augusto, Bartholomæum Socinum coram Alexandro Sexto. Addi potuisset et magnus ille Budæus, qui Carolum V Cæsarem Parisios venientem oratione excepturus repentè obmutuit[50].

(S) Son style...... français était un peu rude. ] « On a trouvé à redire ce qu’il dit au livre de l’Instruction du prince, adressé à François Ier., appelant en l’épître au roi sa manière d’écrire un style de haute lice et resplendissant : outre qu’il était obscur et peu poli, témoin ces mots de la même épître : Je vous requiers de recevoir mon offre avec grand liesse et alacrité, offre d’exigue estimation comparé à vostre hauteur[51]. » Voyez ce que Génebrard et Daniel Augentius disent de lui dans la Bibliothéque de du Verdier.

Ayant consulté l’épître dédicatoire de l’Institution du prince, je n’y ai trouvé quoi que ce soit de ce que Saint-Romuald en allègue. Mon édition est celle que Messire Jean de Luxembourg, abbé d’Ivry, de la Rivou, et de Salmoisy, fit faire dans son abbaye de la Rivou, l’an 1546, in-folio. Notez, en passant, une faute de M. Joly, qui a dit que cet ouvrage ne fut imprimé que sous le règne de Henri II, en 1547, in-folio et in-8o.[52]. Il est d’ailleurs très-certain qu’on peut connaître par l’épître dédicatoire, et par tout le reste du livre, que l’auteur se connaissait en avouant qu’il ne pourrait, ni ne se voudrait bonnement louer.... de savoir la pureté de la diction française,..... et qu’il était bien peu exercité en ce style français[53].

(T) Sa famille fut anoblie à cause de lui. ] « Ses héritiers furent déclarés nobles, par arrêt de la cour des aides, à cause de ses mérites, l’an 1578[54]. » Je crois que le moine qui dit cela n’a point eu de bons mémoires. Voyez ci-dessus la remarque (A).

(U) Il ne voulut jamais...... citer Érasme, et le critiqua sans le nommer. ] Il en fallut venir à des éclaircissemens, qui ne firent pas un trop bon effet. Voyez parmi les lettres d’Érasme celles qu’ils s’entr’écrivirent : il m’a toujours paru qu’Érasme eut plus de modération et d’honnêteté envers Budé, que celui-ci envers Érasme. N’était-ce pas être bien farouche, que de ne vouloir pas accorder la grâce d’une citation ? Id parùm amicæ voluntatis argumentum crediderunt, quòd à Budæo in tot numero libris mentio nusquàm facta sit Erasmi, quanquam ut fieret multis precibus ab Erasmo ambiretur. Prætereà putant id quoque ad ista quæ dixi accedere, quod Budæus dissimulanter Erasmum in suis libris nonnunquàm perstringere videtur, velut in commentariis, quando ridet illos, qui de singularum ingenio et eloquentiâ sententiam ferre audent, qui Laurentio inferiores præscribunt loquendi facultas, qui leviora quædam scripta in vulgus edunt, quæ nec solem nec ætatem ferant[55]. Voyez ci-dessus[56] les vacarmes qu’on fit contre Érasme, sur ce que l’on prétendit qu’il mettait en parallèle Budé et Badius. Je citerai encore un passage, qui témoigne quelles sont pour l’ordinaire les suites de l’émulation entre les grands hommes. Et difficillimum inter illos nullum intercedere obtrectationem, inter quos tantæ laudis est æmulatio, quantùm fuit incidere necesse, inter Erasmum atque Budæum, cùm se uterque in litteris esse principem cuperet. Nam quicquid est ejusmodi, in quo excellere præclarum existimant, in eo plerumque sit tanta contentio, ut vix possit benevolentia servari[57].

(X) Un professeur de Venise fit paraître son chagrin de ce qu’on avait fait prendre garde au public qu’il ne suivait point le sentiment de Budé. ] Nous avons vu[58], que sur les monnaies et les mesures des anciens, il s’éleva une dispute entre Guillaume Budé, et Léonard Portius. Or il arriva que Jean-Baptiste Egnatius, dans quelque endroit de son commentaire sur Suétone, se conforma aux calculs de ce Portius, et qu’Érasme ajoutant une préface à ce même commentaire, dans une nouvelle édition[59], dit nommément et expressément, qu’Egnatius n’était pas du sentiment de Budé. Il arriva aussi qu’Egnatius se fâcha beaucoup de cette note d’Érasme : il en craignit les suites, il employa promptement les voies de la justification, il recourut aussitôt à l’intercession d’une personne d’importance, qu’il conjura d’apaiser Budé ; il l’en conjura, dis-je, par tout ce qui est le plus propre à émouvoir les entrailles : on verra ceci plus clairement dans son latin. Cùm nudius tertius in Tranquillum Cæsaresque meos Basileæ nuper excusos annotationes, et in his nescio quid ab Erasmo nostro de nummis scriptum legissem, ubi dissentire me à Budæo doctus alioqui vir et amicissimus asserebat, dum Portium sequor : animadverti aliquanto altius vulnus descendisse, quàm ego ab initio suspicatus essem, affecitque me vis minimè expectata, uti solet, non admiratione solum, verùm etiam molestiâ. Quæ enim mihi cum Budæo studiorum dissensio esse potest, ubi tanta sit animorum conjunctio ? aut quæ testificatio mea honestior aut amplior esse potuit tum benevolentiæ erga Budæum meæ, tum judicii, quàm ea, quæ à me in eis annotamentis adhibita est? Uti facile declarârim me tantùm in hoc studiorum genere Budæo tribuere, quantùm mihi ipsi vix optarem : ut si aliter vel Budæus vel Erasmus sentit, næ ambo cum summo animi mei mærore id sentiant. Quare ego te, Grolierie, per eam animi propensionem, quam in doctos præ te fers, oro ; per humanitatem et divinam istum tuam beneficentiam obtestor ; per eam pietatem, quam tibi reliquæque genti debeo, adjuro, uti hunc Budæo scrupulum per litteras etiam tuas eximus, meque illi ita concilies, ut intelligat vir doctissimus, esse in terris hodiè neminem, cujus ego doctrinam magis admirer, de cujus ingenio libentiùs prædicem, quemque ego pluris faciam[60]. Il dit plusieurs autres choses de la même force, qui marquaient son attachement pour Budé, sa vénération, son admiration ; et puis il déchargea sur Érasme tout son chagrin : l’endroit est bien méprisant. Quare non possum non vehementer admirari, quid tandem Erasmo in mentem venerit, ut etiam aliud agens de studiorum dissensione nostrorum, præsertim falsâ, publicandum sibi censuerit, cùm Budæi vestigia me sequi profitear, cùm doctrinam hominis tantoperè laudem, et ejus præsertim libros quinque de Asse. Sed homo alioqui doctus cùm numerorum rationem non probè calleat, et scriptione multâ sese oblectet, et sibi plus æquo placeat, dùm modò aliquid edat, quid tandem dicat non satis pensi habuit. Ita fit ut dum verborum copiæ studet, minùs res observet. Quod si maturare sibi pateretur diutiùs ea quæ parturit, pareret ille sæpè eos liberos, qui et vitales essent, nec vitiosi illi et morbosi sæpe in lucem prodirent[61].

  1. * Plusieurs particularités de la vie de Budé omises par L. le Roy sont, dit Leduchat, rapportées par Boivin le cadet dans les Mémoires de littérature, tirés des registres de l’académie des inscriptions et belles-lettres, tom. Ier., pag. 135 et suiv.
  2. * C’est Baillet que Bayle désigne et cite ici ; mais Baillet, ainsi que le remarque Leclerc, a commis une faute. Le Roy dit le contraire, et à l’appui de son récit vient une lettre de Budé du 18 février 1518.
  3. * Bayle avance cela sur la foi de Le Roy, le seul auteur que j’aie suivi, dit-il dans sa remarque (A). Leclerc rapporte que Budé n’eut connaissance du travail de Portius que tardivement et par hasard, et qu’au lieu de s’offenser de la concurrence, il écrivit (voyez son épître XLIX) qu’un autre pouvait bien avoir fait les mêmes découvertes que lui.
  4. * D’après l’observation rapportée ci-dessus, Leclerc doute avec raison de cette circonstance.
  5. * Leclerc convient bien que Budé alla deux fois à Rome : bis Romam adii, dit Budé lui-même ; mais il ne parle que d’une ambassade : interim legatione functus sum.
  6. * C’est une erreur de le Roy qu’ont aussi copiée Boivin et Niceron ; mais, dit encore Leclerc, Budé nous apprend qu’il était déjà secrétaire du roi, mais non secrétaire d’état, lorsqu’il fut appelé à la cour par Charles VIII, prédécesseur de Louis XII : jam enim regis non à secretis sed secretarius eram.
  7. * Dans la remarque (I) il a été question de deux ambassades au nom de Louis XII. Celle au nom de François Ier. serait une troisième. Leclerc pense que c’est la seule qu’ait eue Budê ; il se fonde sur ce que c’est en 1518 qu’il écrivait bis Romam adii et legatione functus sum. La première fois qu’il serait allé à Rome ce serait à la suite de l’ambassade envoyée par Louis XII.
  8. * Cette question de l’aptitude des gens de lettres aux affaires a été agitée de nouveau il y a quelques années. Ce fut à cette occasion que M. de Châteaubriand fit un article intitulé : des lettres et des gens de lettres, inséré dans le Mercure du 3 mai 1806, tome XXIV, pages 201–214.
  9. * Bayle, dit Leclerc, aurait dû voir dans la réponse de Budé qui suit la lettre d’Érasme, qu’en effet Budé ne vint à la cour qu’au temps marqué par Le Roy.
  10. * Loin de là, dit Leclerc, Budé écrivait à Th. Morus le 9 septembre 1518, que sa femme était jalouse de son amour pour l’étude ; et une lettre à L. Vivès du 2 février 1519, dont Leclerc cite aussi un passage, est une nouvelle déposition de Budé contraire et préférable au témoignage de l’anonyme cité par Bayle.
  11. * La Monnoie, qui a compté jusqu’à neuf opinions différentes sur la mort de Budé, rapporte dans ses notes sur La Croix du Maine que Bayle a suivi ce qu’on lit dans la première édition de la Vie de Budé, publiée dès 1540. Dans cette première édition, publiée l’année même de la mort de Budé, on fixe cette mort au 23 août ; mais la Monnoie ajoute que dans l’édition de 1517 (il n’a pu parler que de l’édition posthume de 1577, et ce n’est probablement qu’une faute d’impression) le réviseur, mieux instruit, au lieu de X a mis VII des calendes de septembre, ce qui est le 26 août.
  12. (*) Le Citadin de Genève, qui le qualifie sieur de Vérace (pag. 43), remarque qu’il avait été disciple de Duaren ; et ce livre, imprimé en 1609, parle aussi d’une sœur de Jean Budé, matrone de quatre-vingts ans, laquelle vivait encore en ce temps-là. Du reste, un Guillaume Budé, aussi sieur de Vérace, et petit-fils du grand Budé ; car c’est en ce sens-là, et non pas en celui de neveu, comme a fait Videl (Histoire du connétable de Lesdiguières, liv. IV, chap. IV), qu’il faut prendre le Guilielmi nepos, de M. de Thou (liv. CII) : ce Guillaume Budé, dis-je, lieutenant des gens-d’armes de Briquemaut, commandait les coureurs à la bataille de Pontcharra. Rem. crit.
  1. Cette faute est originaire de l’imprimerie. La transposition d’un seul chiffre a changé 1467 en 1476.
  2. Guichen, Histoire de Bresse, IIIe. part., pag. 251, 252.
  3. Lud. Regius, in Vitâ Budæi, initio.
  4. Voyez les Enfans célèbres par leurs études, article LXXXVIII, § 10.
  5. Lud. Regius, in Vitâ Budæi, pag. 50, 51.
  6. Idem, ibidem.
  7. Ibidem, pag. 38.
  8. Ibidem.
  9. Ibidem, pag. 39. Voyez aussi la Lettre de Budè à Tonstal : elle est la XXXe. du IIe. livre de celles d’Érasme, pag. 155.
  10. Lud. Regius, in Vitâ Budæi, pag. 39.
  11. C’est la onzième du premier livre, pag. 39.
  12. Epistolâ XXX libri II Erasmi, pag. 155.
  13. Budæus, de Philologiâ, lib. I, Operum tom. I, pag. 35.
  14. Lud. Regius, in Vitâ Budæi, pag. 61.
  15. Lud. Regius, in Vitâ Budæi, pag. 64.
  16. Budé, de l’Institution du prince, chap. XLV, pag. 186.
  17. Là même, pag. 187.
  18. Lud. Regius, in Vitâ Budæi, pag. 83.
  19. Conférez avec ceci la Lettre d’Érasme rapportée ci-dessus dans la remarque (L) de l’article de (Catherine de) Bore.
  20. Bodeæus, de Philologiâ, lib. I.
  21. Lud. Regius, in Vitâ Budæi, pag. 88.
  22. Ibid., pag. 90.
  23. Varillas, Histoire de François Ier., liv. I, pag. 32. Il cite en marge : Dans la négociation de Budé, maître des requêtes et de la librairie du roi avec Léon X, en 1515. Sainte-Marthe, dans ces Éloges, pag. 6, parle ainsi : Vir tantâ animi contentione musis operatus à civilibus interim negotiis et reipubl. curâ non abfuit. Nam et à Francisco primo in aulam sæpè accersitus et Romam de belli societate cum Leone summo pontifice adversùs Cæsarem et Helvetios contrahendâ unà cum aliquot regni proceribus ab eodem principe legatus est. Il ne dit rien des ambassades sous Louis XII.
  24. Epist. Erasmi XXX, lib. II, pag. 156.
  25. La LXXe. du IIIe. liv., pag. 262.
  26. Epist. Erasmi LIX, lib. III, pag. 245.
  27. Anonymus, in Dissertatione de Literati Matrimonio, pag. 367. Elle est imprimée avec les Amours de Baudius.
  28. Elle est la XXXe. du IIe livre parmi celles d’Érasme.
  29. Moréri se trompe donc, lorsqu’il dit que Budé eut quatre fils et deux filles.
  30. Epist. XXX Erasmi, lib. II, pag. 150.
  31. Dans la remarque (O).
  32. Spondan., ad ann. 1540, num. 10.
  33. Pierre de Saint-Romuald, Journal chronolog., tom. II, pag. 137.
  34. Garasse, Doctrine curieuse, pag. 920.
  35. Laun., Hist. Gymn. Navarræ, pag. 882.
  36. Joh. Albertus Faber, Decade Decad., folio V verso.
  37. Voyez M. de Launoi, Histoire du collége de Navarre, pag. 881.
  38. Garasse, Doctrine curieuse, pag. 920.
  39. C’est à l’église de Saint-Nicolas-des-Champs qu’il fut enterré, selon Louis le Roy.
  40. Il se trompe ; ce fut en 1540.
  41. Maimbourg, Histoire du Calvinisme, pag. 205, sur quoi voyez la Critique générale, lettre XVI, pag. 274 de la troisième édition.
  42. Launoi, pag. 877, montre que ce passage ne fait rien contre la catholicité de Budé.
  43. Ogier, Jugement et Censure du livre de la Doctrine curieuse, pag. 190, 191.
  44. Melanchth., Epistol., pag. 585, edit. Basil. 1565, apud Colomesium, in Galliâ orient., pag. 16.
  45. Dans la remarque (G) de l’article de Bèze.
  46. Henr. Stephan., in Præfat. Dicæarchi apud Colomesium in Galliâ orient., pag. 257.
  47. Voyez le Luthéranisme de Maimbourg, tom. I, pag. 233, édition de Hollande.
  48. Hist. Gymnasii Navarræ, pag. 878 seq.
  49. Saint-Romuald, Journal chronologique, sous le 3 d’août.
  50. Nicol. Abramus in Cicer. Orat., tom. I, pag. 409.
  51. Saint-Romuald, Journal chronologique, sous le 3 d’août.
  52. Joly, Codicille d’or, pag. 36.
  53. Budé, dans l’épître dédicatoire de son Institut du prince.
  54. Saint-Romuald, Journal chronologique, sous le 3 d’août. Voyez l’Invent. de l’Histoire journalière, pag. 169.
  55. Lud. Regius, in Vitâ Budæi, pag. 77.
  56. Dans la remarque (E) de l’article Badius, tome 3, pag. 71.
  57. Lud. Regius, in Vitâ Budæi, pag. 76.
  58. Dans la remarque (G).
  59. Celle de Bâle apud Joh. Frobenium, 1518, in-folio, où sont avec Suétone plusieurs autres historiens.
  60. Jo. Baptista Egnatius, Epist. ad Jo. Grolierium. Elle est datée de Venise, le 5 de janvier 1518 : c’est la XXXVe. de la centurie publiée par Goldast.
  61. Idem, ibid., pag. 150, 151.

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