Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Caron

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Henri Plon (p. 137).
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Caron. La fable du batelier des enfers vint, dit-on, de Memphis, en Grèce. Fils de l’Erèbe et de la Nuit, il traversait le Cocyte et l’Achéron dans une barque étroite. Vieux et avare, il n’y recevait que les ombres de ceux qui avaient reçu la sépulture et qui lui payaient le passage. Nul mortel pendant sa vie ne pouvait y entrer, à moins qu’un rameau d’or consacré à Proserpine ne lui servît de sauf-conduit ; et le pieux Énée eut besoin que la sibylle lui fît présent de cette passe lorsqu’il voulut pénétrer dans le royaume de Pluton. Longtemps avant le passage de ce prince, le nocher infernal avait été exilé pendant un-an dans un lieu obscur du Tartare, pour avoir reçu dans son bateau Hercule, qui ne s’était pas muni du rameau.

Mahomet, dans le Koran, chap. 28, a confondu Caron avec Coré, que la terre engloutit lorsqu’il outrageait Moïse. L’Arabe Mutardi, dans son ouvrage sur l’Égypte, fait de Caron un oncle du législateur des Hébreux, et comme il soutint toujours son neveu avec zèle, ce dernier lui apprit l’alchimie et le secret du grand œuvre, au moyen duquel il amassa des sommes immenses. Rien ici n’est conforme aux saintes Écritures.

Selon Hérodote, Caron, d’abord simple prêtre de Vulcain, usurpa le souverain pouvoir en Égypte. Devenu roi, il imposa sur les inhumations un gros tribut ; et de l’or qu’il en tira il fit bâtir le célèbre labyrinthe d’Égypte.