Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Constantin

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Henri Plon (p. 181-182).

Constantin. Tout le monde sait que, frappé de l’apparition d’une croix miraculeuse et de l’avis qui lui était donné qu’il vaincrait par ce signe, Constantin le Grand se convertit et mit la croix sur ses étendards.

Jusqu’au seizième siècle, aucun écrivain n’avait attaqué la vision de Constantin ; tous les monuments contemporains attestent ce miracle. Mais les protestants, voyant qu’il pouvait servir à autoriser le culte de la croix, ont entrepris d’en faire une ruse militaire… Les philosophes du dernier siècle n’ont pas manqué de copier leurs déraisonnements.

J.-B. Duvoisin, évêque de Nantes, et l’abbé de l’Estocq, docteurs en Sorbonne, ont publié des dissertations sur la vision de Constantin, qui a au moins cela pour elle qu’elle n’a été contestée qu’après plus de douze siècles par des gens intéressés à tout nier.

« Combien de remarques ne pourrait-on pas ajouter, dit Lenglet-Dufresnoy dans son Traité des visions. On peut voir ce qu’ont dit de celle-ci le savant père Pagi sur Baronius, et Tillemont dans son histoire. Ces témoignages rendus à la vérité par de tels écrivains doivent l’emporter sur les doutes des critiques à qui rien ne plaît que ce qui part de leur incrédule imagination. Volontiers pour se distinguer du commun, ils adoptent des fables qui peuvent préjudicier à quelque doctrine généralement avouée ; mais ils se gardent bien de croire des points d’histoire, appuyés sur les preuves communément reçues dans la discussion des faits historiques. »