Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Dualisme

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Henri Plon (p. 223).
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Dualisme. Il y a des tremblements de terre, des tempêtes, des ouragans, des débordements de rivières, des maladies pestilentielles, des bêtes venimeuses, des animaux féroces, des hommes naturellement méchants, perfides et cruels. Or, un être bienfaisant, disaient les dualistes, ne peut être l’auteur du mal. Donc il y a deux êtres, deux principes, l’un bon, l’autre mauvais, également puissants, coéternels, et qui ne cessent point de se combattre. Si l’on réfléchit sur le dualisme, dit Saint-Foix, je crois qu’on le trouvera encore plus absurde que l’idolâtrie.

Les Lapons disent que Dieu, avant de produire la terre, se consulta avec l’esprit malin, afin de déterminer comment il arrangerait chaque chose. Dieu se proposa donc de remplir les arbres de moelle, les lacs de lait, et de charger les plantes et les arbres de tous les plus beaux fruits. Par malheur, un plan si convenable à l’homme déplut à l’esprit malin, qui fit toutes sortes de niches ; et il en résulta que Dieu n’établit pas les choses aussi bien qu’il l’aurait voulu… Un certain Ptolomée soutenait que le grand Être avait deux femmes ; que, par jalousie, elles se contrariaient sans cesse, et que le mal, tant dans le moral que dans le physique, venait uniquement de leur mésintelligence, l’une se plaisant à gâter, à changer ou à détruire tout ce que faisait l’autre. Les manichéens ont adopté le système des deux principes. Bardesane, les Appellistes et une foule d’autres chefs de secte les ont dans cette voie précédés ou suivis. La vérité et le sens commun ont toujours repoussé ces absurdes suppositions. Les luttes du bien et du mal nous sont exposées dans leur réalité par la doctrine de l’Église catholique.