Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Malices des démons

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Henri Plon (p. 438-439).
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Malices des démons. On trouve sur ce chapitre des légendes bien naïves. Il y avait à Bonn, dit Gésaire d’Heisterbach, un prêtre remarquable par sa pureté, sa bonté et sa dévotion. Le diable se plaisait à lui jouer de petits tours de laquais ; lorsqu’il lisait son bréviaire, l’esprit malin s’approchait sans se laisser voir, mettait sa griffe sur la leçon du bon curé et l’empêchait de finir ; une autre fois il fermait le livre, ou tournait le feuillet à contre-temps. Si c’était la nuit, il soufflait la chandelle. Le diable espérait se donner la joie de mettre sa victime en colère ; mais le bon prêtre recevait tout cela si bien et résistait si constamment à l’impatience, que l’importun esprit fut obligé de chercher une autre dupe[1].

Cassien parle de plusieurs esprits ou démons de la même trempe qui se plaisaient à tromper les passants, à les détourner de leur chemin et à leur indiquer de fausses routes, le tout par malicieux divertissement[2].

Un baladin avait un démon familier qui jouait avec lui et se plaisait à lui faire des espiègleries. Le matin il le réveillait en tirant les couvertures, quelque froid qu’il fît ; et quand le baladin dormait profondément, son démon l’emportait hors du lit et le déposait au milieu de la chambre[3]. Pline parle de quelques jeunes gens qui furent tondus par le diable. Pendant que ces jeunes gens dormaient, des esprits familiers, vêtus de blanc, entraient dans leurs chambres, se posaient sur leur lit, leur coupaient les cheveux proprement, et s’en allaient après les avoir répandus sur le plancher[4].

  1. Cœsarii Heisterb. miracul., lib. V, cap. liii.
  2. Cassiani collat. VII, cap. xxxii.
  3. Guillelmi Parisiensis partis II princip., cap. viii.
  4. Plin., lib. XVI, epist. xxvii.