Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Schramm

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Henri Plon (p. 600-601).
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Schramm (Michel), jeune Allemand qui faisait ses études à Wurzbourg, et qui, selon l’usage malheureusement trop fréquent, y fit de mauvaises connaissances. Il avait dix-sept ans, lorsqu’un de ses amis qui, comme lui, étudiait le droit le présenta chez un homme qui s’occupait de magie. Tout en buvant, on parla d’une certaine racine qui, introduite dans un doigt, ouvrait les portes et les caisses et attirait l’or. Le magicien ajouta qu’il était facile de se la procurer ; qu’il fallait seulement avoir le courage de supporter la vue du démon, qui du reste n’était pas trop désagréable, et lui signer un petit écrit.

 
 
Cette merveille les tente ; le magicien rédige deux pactes, pique à chacun des deux étudiants un doigt ; il en sort une goutte de sang avec laquelle ils signent leur engagement. Le magicien leur donne à chacun un bâton, les conduit à un carrefour hors de la ville, trace autour d’eux un cercle et appelle le diable, qui paraît sous les traits d’un jeune homme. L’épouvante les saisit, et ils veulent fuir ; mais le magicien les avait liés. Ils présentent en tremblant leurs pactes, au bout de leurs bâtons ; le diable fixe alors la racine magique dans leurs doigts, à l’endroit qui avait été piqué et sans qu’ils en ressentent aucune douleur. Dès le lendemain leurs doigts ouvraient les serrures et attiraient les pièces d’or ; ils devenaient donc riches.

Mais Michel Schramm, en songeant qu’il avait vendu son âme, perdit tout repos. Il eut l’heureux | courage ou plutôt la grâce de retourner à Dieu. Il se rendit chez les jésuites de Molsheim, abjura sa lâcheté et fut délivré au bout de trois semaines, le démon, contraint par les exorcismes, ayantrendu son pacte. Ce qui eut lieu le 13 janvier 1613[1].


  1. Gloria posthuma S. Ignatii, cité par Görres, Mystique, liv. VI, ch. xvi.