Dictionnaire national et anecdotique par M. De l’Épithète/SERMENT NATIONAL, SERMENT CIVIQUE

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SERMENT NATIONAL, SERMENT CIVIQUE : le premier est celui qu’on a fait prêter à tous les régimens, pour prévenir les civicides qu’on vouloit leur faire commettre. Quel spectacle d’entendre ces braves grenadiers sermenter de bonne foi, en maudissant ceux en qui ils s’étoient confiés, & qui les avoient si cruellement trompés ! Parisiens, vous ne connoissez pas la loyauté grenadiere de nos troupes françoises ; avant comme après le serment, soyez persuadés qu’ils eussent mis en pieces les aristocrates qui auroient osé leur commander de faire feu sur des François. On vous a donné une preuve de leurs sentimens par ces cohortes tudesques dont on a couvert votre Champ-de-mars.

Le second serment, le civique, est celui que prononce de cœur & de bouche tout bon citoyen, sans aucune interprétation préalable.

En voici la formule, qui doit nous être présente dans tous les temps & dans tous les lieux : Je jure d’être fidele à la nation, à la loi, au roi et à la constitution décrétée par l’assemblée nationale, et acceptée par le roi.

La prestation de ce serment, dont l’assemblée nationale a donné l’exemple, a été faite dans plusieurs districts, à la face du ciel, par les citoyens de tous les âges de l’un & de l’autre sexe. L’enthousiasme qui le prononçoit étoit le garant des sentimens qui le dictoient. Que de larmes ont coulé ! que cette scene étoit intéressante ! que les parjures étoient coupables !… Mais non… il n’en étoit point dans ces groupes civiques ; ils n’auroient osé s’y mêler, le front radieux du patriote eût contrasté trop visiblement avec le front morne & l’œil hagard de l’aristocrate.

La province s’empresse d’imiter la capitale ;& déjà, par une suite du serment, les libelles-Pelletier, les déjeûners, les dîners du vicomte, & autres feuilletons anti-patriotiques, restent aux bureaux des postes, où ils sont dédaignés même des garçons de bureaux.

Ô toi, douce concorde ! toi qui semblois fuir de nos contrées, obéis à la voix du monarque qui t’appelle ; viens entrelacer les bras de nos citoyens, & que, dans cette posture amicale, ils ne cessent de répéter les paroles de paix que ce prince a portées dans l’assemblée de nos représentans.