Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Agriculture

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Éd. Garnier - Tome 17
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AGRICULTURE[1].


Il n’est pas concevable comment les anciens, qui cultivaient la terre aussi bien que nous, pouvaient imaginer que tous les grains qu’ils semaient en terre devaient nécessairement mourir et pourrir avant de lever et produire. Il ne tenait qu’à eux de tirer un grain de la terre au bout de deux ou trois jours, ils l’auraient vu très sain, un peu enflé, la racine en bas, la tête en haut. Ils auraient distingué au bout de quelque temps le germe, les petits filets blancs des racines, la matière laiteuse dont se formera la farine, ses deux enveloppes, ses feuilles. Cependant c’était assez que quelque philosophe grec ou barbare eût enseigné que toute génération vient de corruption, pour que personne n’en doutât : et cette erreur, la plus grande et la plus sotte de toutes les erreurs, parce qu’elle est la plus contraire à la nature, se trouvait dans des livres écrits pour l’instruction du genre humain.

Aussi les philosophes modernes, trop hardis parce qu’ils sont plus éclairés, ont abusé de leurs lumières mêmes pour reprocher durement à Jésus notre sauveur, et à saint Paul son persécuteur, qui devint son apôtre, d’avoir dit qu’il fallait que le grain pourrît en terre pour germer, qu’il mourût pour renaître ; ils ont dit que c’était le comble de l’absurdité de vouloir prouver le nouveau dogme de la résurrection par une comparaison si fausse et si ridicule. On a osé dire, dans l’Histoire critique de Jésus-Christ[2], que de si grands ignorants n’étaient pas faits pour enseigner les hommes, et que ces livres si longtemps inconnus n’étaient bons que pour la plus vile populace.

Les auteurs de ces blasphèmes n’ont pas songé que Jésus-Christ et saint Paul daignaient parler le langage reçu ; que, pouvant enseigner les vérités de la physique, ils n’enseignaient que celles de la morale ; qu’ils suivaient l’exemple du respectable auteur de la Genèse[3]. En effet, dans la Genèse, l’Esprit saint se conforme dans chaque ligne aux idées les plus grossières du peuple le plus grossier ; la sagesse éternelle ne descendit point sur la terre pour instituer des académies des sciences. C’est ce que nous répondons toujours à ceux qui reprochent tant d’erreurs physiques à tous les prophètes et à tout ce qui fut écrit chez les Juifs. On sait bien que religion n’est pas philosophie.

Au reste, les trois quarts de la terre se passent de notre froment, sans lequel nous prétendons qu’on ne peut vivre. Si les habitants voluptueux des villes savaient ce qu’il en coûte de travaux pour leur procurer du pain, ils en seraient effrayés.


DES LIVRES PSEUDONYMES SUR L’ÉCONOMIE GÉNÉRALE.


Il serait difficile d’ajouter à ce qui est dit d’utile, dâns l’Encyclopédie, aux articles Agriculture, Grain, Ferme[4], etc. Je remarquerai seulement qu’à l’article Grain, on suppose toujours que le maréchal de Vauban est l’auteur de la Dîme royale. C’est une erreur dans laquelle sont tombés presque tous ceux qui ont écrit sur l’économie[5]. Nous sommes donc forcés de remettre ici sous les yeux ce que nous avons déjà dit ailleurs[6].

« Bois-Guillebert s’avisa d’abord d’imprimer la Dîme royale, sous le nom de Testament politique du maréchal de Vauban. Ce Bois-Guillebert, auteur du Détail de la France, en deux volumes, n’était pas sans mérite : il avait une grande connaissance des finances du royaume ; mais la passion de critiquer toutes les opérations du grand Colbert l’emporta trop loin ; on jugea que c’était un homme fort instruit qui s’égarait toujours, un faiseur de projets qui exagérait les maux du royaume, et qui proposait de mauvais remèdes. Le peu de succès de ce livre auprès du ministère lui fit prendre le parti de mettre sa Dîme royale à l’abri d’un nom respecté : il prit celui du maréchal de Vauban, et ne pouvait mieux choisir. Presque toute la France croit encore que le projet de la Dîme royale est de ce maréchal si zélé pour le bien public ; mais la tromperie est aisée à connaître.

« Les louanges que Bois-Guillebert se donne à lui-même dans la préface le trahissent ; il y loue trop son livre du Détail de la France ; il n’était pas vraisemblable que le maréchal eût donné tant d’éloges à un livre rempli de tant d’erreurs ; on voit dans cette préface un père qui loue son fils pour faire recevoir un de ses bâtards. »

Le nombre de ceux qui ont mis sous des noms respectés leurs idées de gouvernement, d’économie, de finance, de tactique, etc., n’est que trop considérable. L’abbé de Saint-Pierre, qui pouvait n’avoir pas besoin de cette supercherie, ne laissa pas d’attribuer la chimère de sa Paix perpétuelle au duc de Bourgogne.

L’auteur du Financier citoyen[7] cite toujours le prétendu Testament politique de Colbert, ouvrage de tout point impertinent, fabriqué par Catien de Courtilz. Quelques ignorants[8] citent encore les Testaments politiques du roi d’Espagne Philippe II, du cardinal de Richelieu, de Colbert, de Louvois, du duc de Lorraine, du cardinal Albéroni, du maréchal de Belle-Isle. On a fabriqué jusqu’à celui de Mandrin.

L’Encyclopédie, à l’article Grain, rapporte ces paroles d’un livre intitulé Avantages et Désavantages de la Grande-Bretagne, ouvrage bien supérieur à tous ceux que nous venons de citer[9] :

« Si l’on parcourt quelques-unes des provinces de la France, on trouve que non seulement plusieurs de ses terres restent en friche, qui pourraient produire des blés et nourrir des bestiaux, mais que les terres cultivées ne rendent pas, à beaucoup près, à proportion de leur bonté, parce que le laboureur manque de moyens pour les mettre en valeur...

« Ce n’est pas sans une joie sensible que j’ai remarqué dans le gouvernement de France un vice dont les conséquences sont si étendues, et j’en ai félicité ma patrie ; mais je n’ai pu m’empêcher de sentir en même temps combien formidable serait devenue cette puissance si elle eût profité des avantages que ses possessions et ses hommes lui offraient, O sua si bona norint[10] ! »

J’ignore si ce livre n’est pas d’un Français qui, en faisant parler un Anglais, a cru lui devoir faire bénir Dieu de ce que les Français lui paraissent pauvres, mais qui en même temps se trahit lui-même en souhaitant qu’ils soient riches, et en s’écriant avec Virgile : « Ô s’ils connaissaient leurs biens ! » Mais soit Français, soit Anglais, il est faux que les terres en France ne rendent pas à proportion de leur bonté. On s’accoutume trop à conclure du particulier au général. Si on en croyait beaucoup de nos livres nouveaux, la France ne serait pas plus fertile que la Sardaigne et les petits cantons suisses.


DE L’EXPORTATION DES GRAINS.


Le même article Grain[11] porte encore cette réflexion : « Les Anglais essuyaient souvent de grandes chertés dont nous profitions par la liberté du commerce de nos grains, sous le règne de Henri IV et de Louis XIII, et dans les premiers temps du règne de Louis XIV. »

Mais malheureusement la sortie des grains fut défendue en 1598, sous Henri IV. La défense continua sous Louis XIII et pendant tout le temps du règne de Louis XIV. On ne put vendre son blé hors du royaume que sur une requête présentée au conseil, qui jugeait de l’utilité ou du danger de la vente, ou plutôt qui s’en rapportait à l’intendant de la province. Ce n’est qu’en 1764 que le conseil de Louis XV, plus éclairé, a rendu le commerce des blés libre, avec les restrictions convenables dans les mauvaises années.


DE LA GRANDE ET PETITE CULTURE.


À l’article Ferme, qui est un des meilleurs de ce grand ouvrage, on distingue la grande et la petite culture. La grande se fait par les chevaux, la petite par les bœufs ; et cette petite, qui s’étend sur la plus grande partie des terres de France, est regardée comme un travail presque stérile, et comme un vain effort de l’indigence.

Cette idée en général ne me paraît pas vraie. La culture par les chevaux n’est guère meilleure que celle par les bœufs. Il y a des compensations entre ces deux méthodes, qui les rendent parfaitement égales. Il me semble que les anciens n’employèrent jamais les chevaux à labourer la terre ; du moins il n’est question que de bœufs dans Hésiode, dans Xénophon, dans Virgile, dans Columelle. La culture avec des bœufs n’est chétive et pauvre que lorsque des propriétaires malaisés fournissent de mauvais bœufs, mal nourris, à des métayers sans ressources qui cultivent mal. Ce métayer, ne risquant rien, puisqu’il n’a rien fourni, ne donne jamais à la terre ni les engrais ni les façons dont elle a besoin ; il ne s’enrichit point, et il appauvrit son maître : c’est malheureusement le cas où se trouvent plusieurs pères de famille[12].

Le service des bœufs est aussi profitable que celui des chevaux, parce que, s’ils labourent moins vite, on les fait travailler plus de journées sans les excéder ; ils coûtent beaucoup moins à nourrir ; on ne les ferre point, leurs harnais sont moins dispendieux, on les revend, ou bien on les engraisse pour la boucherie : ainsi leur vie et leur mort procurent de l’avantage ; ce qu’on ne peut pas dire des chevaux.

Enfin on ne peut employer les chevaux que dans les pays où l’avoine est à très-bon marché, et c’est pourquoi il y a toujours quatre à cinq fois moins de culture par les chevaux que par les bœufs.


DES DÉFRICHEMENTS.


À l’article Défrichement, on ne compte pour défrichement que les herbes inutiles et voraces que l’on arrache d’un champ pour le mettre en état d’être ensemencé.

L’art de défricher ne se borne pas à cette méthode usitée et toujours nécessaire. Il consiste à rendre fertiles des terres ingrates qui n’ont jamais rien porté. Il y en a beaucoup de cette nature, comme des terrains marécageux ou de pure terre à brique, à foulon, sur laquelle il est aussi inutile de semer que sur des rochers. Pour les terres marécageuses, ce n’est que la paresse et l’extrême pauvreté qu’il faut accuser si on ne les fertilise pas.

Les sols purement glaiseux ou de craie, ou simplement de sable, sont rebelles à toute culture. Il n’y a qu’un seul secret, c’est celui d’y porter de la bonne terre pendant des années entières. C’est une entreprise qui ne convient qu’à des hommes très riches ; le profit n’en peut égaler la dépense qu’après un très long temps, si même il peut jamais en approcher. Il faut, quand on y a porté de la terre meuble, la mêler avec la mauvaise, la fumer beaucoup, y reporter encore de la terre, et surtout y semer des graines qui, loin de dévorer le sol, lui communiquent une nouvelle vie.

Quelques particuliers ont fait de tels essais ; mais il n’appartiendrait qu’à un souverain de changer ainsi la nature d’un vaste terrain en y faisant camper de la cavalerie, laquelle y consommerait les fourrages tirés des environs. Il y faudrait des régiments entiers. Cette dépense se faisant dans le royaume, il n’y aurait pas un denier de perdu, et on aurait à la longue un grand terrain de plus qu’on aurait conquis sur la nature. L’auteur de cet article a fait cet essai en petit, et a réussi.

Il en est d’une telle entreprise comme de celle des canaux et des mines. Quand la dépense d’un canal ne serait pas compensée par les droits qu’il rapporterait, ce serait toujours pour l’État un prodigieux avantage.

Que la dépense de l’exploitation d’une mine d’argent, de cuivre, de plomb ou d’étain, et même de charbon de terre, excède le produit, l’exploitation est toujours très utile : car l’argent dépensé fait vivre les ouvriers, circule dans le royaume, et le métal ou minéral qu’on en a tiré est une richesse nouvelle et permanente. Quoi qu’on fasse, il faudra toujours revenir à la fable du bon vieillard[13] qui fit accroire à ses enfants qu’il y avait un trésor dans leur champ ; ils remuèrent tout leur héritage pour le chercher, et ils s’aperçurent que le travail est un trésor.

La pierre philosophale de l’agriculture serait de semer peu et de recueillir beaucoup. Le Grand Albert, le Petit Albert, la Maison rustique, enseignent douze secrets d’opérer la multiplication du blé, qu’il faut tous mettre avec la méthode de faire naître des abeilles du cuir d’un taureau, et avec les œufs de coq dont il vient des basilics. La chimère de l’agriculture est de croire obliger la nature à faire plus qu’elle ne peut. Autant vaudrait donner le secret de faire porter à une femme dix enfants, quand elle ne peut en donner que deux. Tout ce qu’on doit faire est d’avoir bien soin d’elle dans sa grossesse.

La méthode la plus sûre pour recueillir un peu plus de grain qu’à l’ordinaire est de se servir du semoir. Cette manœuvre, par laquelle on sème à la fois, on herse, et on recouvre, prévient le ravage du vent, qui quelquefois dissipe le grain, et celui des oiseaux, qui le dévorent. C’est un avantage qui certainement n’est pas à négliger.

De plus la semence est plus régulièrement versée et espacée dans la terre ; elle a plus de liberté de s’étendre ; elle peut produire des tiges plus fortes et un peu plus d’épis. Mais le semoir ne convient ni à toutes sortes de terrains ni à tous les laboureurs. Il faut que le sol soit uni et sans cailloux, et il faut que le laboureur soit aisé. Un semoir coûte ; et il en coûte encore pour le rhabillement, quand il est détraqué. Il exige deux hommes et un cheval ; plusieurs laboureurs n’ont que des bœufs. Cette machine utile doit être employée par les riches cultivateurs, et prêtée aux pauvres.


DE LA GRANDE PROTECTION DUE À L’AGRICULTURE.


Par quelle fatalité l’agriculture n’est-elle véritablement honorée qu’à la Chine ? Tout ministre d’État en Europe doit lire avec attention le Mémoire suivant, quoiqu’il soit d’un jésuite. Il n’a jamais été contredit par aucun autre missionnaire, malgré la jalousie de métier qui a toujours éclaté entre eux. Il est entièrement conforme à toutes les relations que nous avons de ce vaste empire.

« Au commencement du printemps chinois, c’est-à-dire dans le mois de février, le tribunal des mathématiques ayant eu ordre d’examiner quel était le jour convenable à la cérémonie du labourage, détermina le 24 de la onzième lune, et ce fut par le tribunal des rites que ce jour fut annoncé à l’empereur dans un mémorial, où le même tribunal des rites marquait ce que Sa Majesté devait faire pour se préparer à cette fête.

« Selon ce mémorial, 1° l’empereur doit nommer les douze personnes illustres qui doivent l’accompagner et labourer après lui, savoir trois princes, et neuf présidents des cours souveraines. Si quelques-uns des présidents étaient trop vieux ou infirmes, l’empereur nomme ses assesseurs pour tenir leur place.

« 2° Cette cérémonie ne consiste pas seulement à labourer la terre, pour exciter l’émulation par son exemple ; mais elle renferme encore un sacrifice que l’empereur comme grand-pontife offre au Chang-ti, pour lui demander l’abondance en faveur de son peuple. Or, pour se préparer à ce sacrifice, il doit jeûner et garder la continence les trois jours précédents[14]. La même précaution doit être observée par tous ceux qui sont nommés pour accompagner Sa Majesté, soit princes, soit autres, soit mandarins de lettres, soit mandarins de guerre.

« 3° La veille de cette cérémonie, Sa Majesté choisit quelques seigneurs de la première qualité, et les envoie à la salle de ses ancêtres se prosterner devant la tablette, et les avertir, comme ils feraient s’ils étaient encore en vie[15], que le jour suivant il offrira le grand sacrifice.

« Voilà en peu de mots ce que le mémorial du tribunal des rites marquait pour la personne de l’empereur. Il déclarait aussi les préparatifs que les différents tribunaux étaient chargés de faire. L’un doit préparer ce qui sert aux sacrifices. Un autre doit composer les paroles que l’empereur récite en faisant le sacrifice. Un troisième doit faire porter et dresser les tentes sous lesquelles l’empereur dînera, s’il a ordonné d’y porter un repas. Un quatrième doit assembler quarante ou cinquante vénérables vieillards, laboureurs de profession, qui soient présents lorsque l’empereur laboure la terre. On fait venir aussi une quarantaine de laboureurs plus jeunes pour disposer la charrue, atteler les bœufs, et préparer les grains qui doivent être semés. L’empereur sème cinq sortes de grains, qui sont censés les plus nécessaires à la Chine, et sous lesquels sont compris tous les autres : le froment, le riz, le millet, la fève, et une autre espèce de mil qu’on appelle cacleang.

« Ce furent là les préparatifs ; le vingt-quatrième jour de la lune, Sa Majesté se rendit avec toute la cour en habit de cérémonie au lieu destiné à offrir au Chang-ti le sacrifice du printemps, par lequel on le prie de faire croître et de conserver les biens de la terre. C’est pour cela qu’il l’offre avant que de mettre la main à la charrue... »

« L’empereur sacrifia, et après le sacrifice il descendit avec les trois princes et les neuf présidents qui devaient labourer avec lui. Plusieurs grands seigneurs portaient eux-mêmes les coffres précieux qui renfermaient les grains qu’on devait semer. Toute la cour y assista en grand silence. L’empereur prit la charrue, et fit en labourant plusieurs allées et venues ; lorsqu’il quitta la charrue, un prince du sang la conduisit et laboura à son tour. Ainsi du reste.

« Après avoir labouré en différents endroits, l’empereur sema les différents grains. On ne laboure pas alors tout le champ entier ; mais les jours suivants les laboureurs de profession achèvent de le labourer.

« Il y avait cette année-là quarante-quatre anciens laboureurs, et quarante-deux plus jeunes, La cérémonie se termina par une récompense que l’empereur leur fit donner. »

À cette relation d’une cérémonie qui est la plus belle de toutes, puisqu’elle est la plus utile, il faut joindre un édit du même empereur Yong-Tching. Il accorde des récompenses et des honneurs à quiconque défrichera des terrains incultes depuis quinze arpents jusqu’à quatre-vingts, vers la Tartarie, car il n’y en a point d’incultes dans la Chine proprement dite ; et celui qui en défriche quatre-vingts devient mandarin du huitième ordre.

Que doivent faire nos souverains d’Europe en apprenant de tels exemples ? admirer et rougir, mais surtout imiter.

P.-S. — J’ai lu depuis peu un petit livre sur les arts et métiers, dans lequel j’ai remarqué autant de choses utiles qu’agréables ; mais ce qu’il dit de l’agriculture ressemble assez à la manière dont en parlent plusieurs Parisiens qui n’ont jamais vu de charrue. L’auteur parle d’un heureux agriculteur qui, dans la contrée la plus délicieuse et la plus fertile de la terre, cultivait une campagne qui lui rendait cent pour cent.

Il ne savait pas qu’un terrain qui ne rendrait que cent pour cent, non seulement ne payerait pas un seul des frais de la culture, mais ruinerait pour jamais le laboureur. Il faut, pour qu’un domaine puisse donner un léger profit, qu’il rapporte au moins cinq cents pour cent. Heureux Parisiens, jouissez de nos travaux, et jugez de l’opéra-comique[16] !


  1. Questions sur l’Encyclopédie, première partie, 1770. (B.)
  2. L’Histoire critique de Jésus-Christ, ou Analyse raisonnée des Évangiles, in-8° (sans date, mais imprimée vers 1770), est attribuée au baron d’Holbach.
  3. Voyez Genèse.
  4. Ces articles sont de Quesnay.
  5. C’est Voltaire, au contraire, qui est là dans l’erreur, aussi bien que lorsqu’il conteste à Richelieu le Testament politique qui porte le nom de ce cardinal-ministre.
  6. Lettre imprimée à la suite des Doutes nouveaux. Voyez Mélanges, année 1764 ; voyez aussi tome XIV, page 141.
  7. Il s’appelait Navau.
  8. Voyez Ana, Anecdotes. (Note de Voltaire.)
  9. Voici le titre de cet ouvrage : Remarques sur les avantages et désavantages de la France et de la Grande-Bretagne, par rapport au commerce et aux autres sources de la puissance de l’État ; traduction de l’anglais du chevalier John Nichols (par Dangeul) ; 1754, in-12.
  10. Virgile,Géorg., II, 458.
  11. Note e.
  12. M. de Voltaire indique ici la véritable différence entre la grande et la petite culture. L’une et l’autre peuvent employer des bœufs ou des chevaux. Mais la grande culture est celle qui se fait par les propriétaires eux-mêmes ou par des fermiers ; la petite culture est celle qui se fait par un métayer à qui le propriétaire fournit les avances foncières de la culture, à condition de partager les fruits avec lui. (K.)
  13. La Fontaine, livre V, fable ix.
  14. Cela seul ne suffit-il pas pour détruire la folle calomnie établie dans notre Occident, que le gouvernement chinois est athée ? (Note de Voltaire.)
  15. Le proverbe dit : « Comportez-vous à l’égard des morts comme s’ils étaient encore en vie. » (Id.)
  16. Voyez Bled ou Blé. (Note de Voltaire.)


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