Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Coutumes

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Éd. Garnier - Tome 18
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COUTUMES[1].

Il y a, dit-on, cent quarante-quatre coutumes en France qui ont force de loi ; ces lois sont presque toutes différentes. Un homme qui voyage dans ce pays change de loi presque autant de fois qu’il change de chevaux de poste. La plupart de ces coutumes ne commencèrent à être rédigées par écrit que du temps de Charles VII ; la grande raison, c’est qu’auparavant très-peu de gens savaient écrire. On écrivit donc une partie d’une partie de la coutume de Ponthieu ; mais ce grand ouvrage ne fut achevé par les Picards que sous Charles VIII. Il n’y en eut que seize de rédigées du temps de Louis XII. Enfin aujourd’hui, la jurisprudence s’est tellement perfectionnée qu’il n’y a guère de coutume qui n’ait plusieurs commentateurs et tous, comme on croit bien, d’un avis différent. Il y en a déjà vingt-six sur la coutume de Paris. Les juges ne savent auquel entendre ; mais pour les mettre à leur aise, on vient de faire la coutume de Paris en vers[2]. C’est ainsi qu’autrefois la prêtresse de Delphes rendait ses oracles.

Les mesures sont aussi différentes que les coutumes ; de sorte que ce qui est vrai dans le faubourg de Montmartre devient faux dans l’abbaye de Saint-Denis. Dieu ait pitié de nous !


  1. Questions sur l’Encyclopédie, quatrième partie, 1771. (B.)
  2. La Coutume de Paris en vers français (par Garnier des Chesnes, ancien notaire, mort en 1812) avait paru en 1769, petit in-12. (B.)
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