Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Architrave

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ARCHITRAVE, s. f. Ce mot, qui désigne le premier membre de l’entablement antique, ne trouvait pas son emploi du Xe au XVIe siècle, puisque alors on avait abandonné la plate-bande posant sur des colonnes ; celles-ci n’étant plus destinées à porter que des arcs. Si dans quelques cas particuliers, pendant le moyen âge, des plates-bandes sont posées d’une colonne à l’autre, on doit plutôt les regarder comme des linteaux que comme des architraves (voy. Linteau), car l’architrave demande, pour conserver son nom, la superposition de la frise et de la corniche. En effet, architrave signifie proprement maîtresse poutre, et dans l’entablement antique c’est elle qui porte les autres membres de l’entablement. C’est à l’époque de la Renaissance que l’on retrouve l’architrave employée avec les ordres antiques, et ses proportions sont alors, par rapport au diamètre de la colonne, très-variables. L’architrave antique est formée d’une seule pièce d’une colonne à l’autre. Il n’y a pas d’exception à cette règle dans l’architecture grecque ; si déjà les Romains ont appareillé des architraves en claveaux, c’est une fausse application du principe de l’entablement antique. Lorsque l’on rencontre des architraves dans les ordres appartenant à l’architecture de la Renaissance, elles sont généralement, de même que pendant la bonne antiquité, formées d’un seul morceau de pierre. Ce n’est guère que vers la moitié du XVIe siècle que l’on eut l’idée d’appareiller les architraves ; et plus tard encore, quand la manie de copier les formes de l’architecture antique s’empara des architectes, sans avoir égard aux principes de la construction de cette architecture, on appareilla ensemble l’architrave et la frise, en faisant passer les coupes des claveaux à travers ces deux membres de l’entablement : c’était un grossier contre-sens qui s’est perpétué jusqu’à nos jours.