Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Bouton

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BOUTON, s. m. On entend désigner par ce mot un ornement de sculpture qui figure un bouton de fleur. Le bouton est fréquemment employé dans la décoration architecturale pendant le XIIe siècle et au commencement du XIIIe. Il est destiné à décorer les gorges qui séparent des baguettes ou des boudins dans les bandeaux et les arcs ; les boutons sont réunis comme les grains d’un chapelet, ou espacés, simples ou façonnés.
Simples, ils affectent la forme indiquée dans la fig. 1 ; façonnés, ils sont recoupés en trois, en quatre ou cinq feuilles (2).

Dans les monuments du Poitou, élevés pendant le XIIe siècle, on rencontre souvent des boutons qui sont divisés par côtes, comme le pistil de certaines fleurs (3)[1]. Quelquefois le bouton est percé d’un trou carré au milieu et strié sur les bords. Ces sortes de boutons sont fréquents dans la décoration des archivoltes des édifices normands du XIIe siècle (4)[2].

Les roses qui s’ouvraient au-dessus du triforium de la cathédrale de Paris, avant le percement des grandes fenêtres du XIIIe siècle, sont décorées de boutons rapprochés taillés en forme de petit mamelon avec un trou au centre (5)[3].
Les riches arcatures de la grande galerie extérieure qui ceint les tours de la même cathédrale, ont leurs gorges décorées de gros boutons trifoliés qui font un fort bel effet, en jetant des lumières et des ombres au milieu des courbes concentriques, et rompent ainsi leur monotonie (6).
Les boutons disparaissent de la sculpture ornementale des édifices pendant le XIIIe siècle ; alors on ne cherche à imiter que les fleurs ou feuilles épanouies (voy. Flore).

On désigne aussi par bouton une pomme de fer ou de bronze qui, étant fixée aux vantaux des portes, sert à les tirer à soi pour les fermer. Pendant le moyen âge, les vantaux de portes sont plutôt garnis d’anneaux que de boutons ; cependant, vers la fin du XVe siècle, l’usage des boutons de porte n’est pas rare ; ils sont généralement composés d’un champignon de fer forgé, sur le disque duquel on a rapporté des plaques de tôle découpée et formant, par leur superposition, des dessins en relief et à plusieurs plans (voy. Serrurerie).

  1. De l’église de Surgère.
  2. De la tour Saint-Romain, cathédrale de Rouen.
  3. Cette singulière ornementation se voit aujourd’hui sur les roses, de la fin du XIIe siècle, qui ont été replacées au-dessous des fenêtres hautes, dans les bras de croix.