Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/BAZOUGES

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BAZOUGES, BASOUGES, Basilica, Bazolgia, nom dont nous avons donné l’étymologie à l’article précédent. Commune cadastrée du canton, de l’arrond. et à 7 kilom. O de la Flèche ; à 44 kil. S. O. du Mans ; autrefois de l’archiprêtré et de l’élect. de la Flèche ; du diocèse d’Angers et de la province d’Anjou ; elle dépendait aussi, en partie, de la sénéchaussée de Baugé. — Distances légales, 8 et 52 kil.

descript. Bornée au N. et au N. E., par Crosmières ; à l’E., par Verron et la Flèche ; au S. E. et au S., par Cré ; au S. O., à l’O. et au N. O., par Gouis et Durtal (Maine-et-Loire) ; la forme de cette commune, comprise presque en entier dans le vallon du Loir et traversée par cette rivière, de l’E N. E. au S. O., est celle d’un carré long, rétréci vers le centre, qui s’étend du S. au N. Son diamètre dans cette direction, est de 12 kil. ; et de 2 kil. seulement, dans la partie la plus rétrécie, de l’E. à l’O. — Le bourg, situe sur la rive droite du Loir, forme deux rues parallèles, ayant la même direction que cette rivière, et dont la principale longe la route royale de Paris à Nantes. Deux petites places, plantées d’arbres, et d’assez jolies maisons ornent ce bourg, à l’une des extrémités duquel on remarque le château qui porte son nom. — L’église, l’une des plus intéressantes du département, a tous les caractères d’une très-ancienne construction du genre roman. Porte occidentale à plein-cintre, avec moulures rondes et en zigzags ; colonnes à chapiteaux représentant des oiseaux, des feuillages, des têtes grotesques ; ouverture des croisées et des arcades intérieures à plein-cintre et légèrement ogives ; couloirs ou dégagemens latéraux, conduisant des branches de la croix dans la nef, outre l’arcade principale ; apside circulaire, un peu anguleuse à la tête ; chaire en pierre, appartenant à la masse du pilier auquel elle est adossée ; belle tour du clocher, percée de deux ouvertures allongées et cintrées sur chaque face et d’une autre ronde au-dessus, ornées de moulures ; contreforts plats sur les angles de cette tour ; toit pyramidal assez raccourci, remplaçant une flèche fort allongée, qui fut abattue, comme celle de l’église S.-Thomas de la Flèche, par l’ouragan du 18 décembre 1725. — Cimetière attenant au bourg, au S. O., sans clôtures : deux anciens cimetières qui existaient dans l’intérieur du bourg, dont l’un entourait l’église, furent supprimés il y a environ 80 ans.

populat. Portée à 271 feux avant la révolution, elle est aujourd’hui de 428, qui se composent de 888 indiv. mâles, 914 fem., Tot., 1802 ; dont 784 dans le bourg. Les deux principaux hameaux, la Beste et Marigné, comptent l’un 30 et l’autre 50 individus.

Mouv. décenn. De 1793 à 1802, inclusiv. : mar., 117 ; naiss., 445 ; déc., 337. — De 1803 à 1812 : mar., 134 ; naiss., 483 ; décès, 392. — De 1813 à 1822 : mar., 131 ; naiss, 511 ; déc, 349.

hist. ecclés. L’église de Bazouges, dédiée à S. Aubin, fut fondée en 1008, d’après une ancienne chartre. « Il ne reste rien de cet édifice, dit-on, que le portail qui en est séparé, et ne fait pas corps avec la nouvelle construction. » Sans nier qu’il y ait des parties de cette église qui soient postérieures à la construction primitive, la description que nous en donnons plus haut ne permet guères de croire qu’il n’en soit resté que le portail, à moins que le nouvel édifice n’ait été construit exactement sur le modèle de l’ancien. — La cure était à la présentation de l’abbé de S.-Serge d’Angers. Dix chapelles étaient annexées à cette cure, dont la Grande-Chapelle, qui exigeait résidence ; celle du Petit-Chêne-de-la-Grange, alias de la Fontaine, à laquelle présentait le seigneur de ce dernier nom ; et celle de S.te-Barbe de Marigné, dont le seigneur de la Barbée était présentateur. Aujourd’hui deux chapelles ou oratoires sont autorisés à la Barbée et à la terre d’Ambrières. — Fête patronale ou Assemblée le dimanche qui suit le 29 juin, fête de S. Pierre et S. Paul. — On observe dans cette commune plusieurs maisons construites sur ses limites, de manière à ce que les bâtimens se trouvassent sur le territoire de deux paroisses. Cette disposition était un acte de piété, afin d’obtenir le passage par sa maison des processions de deux paroisses lors de celles de S.-Marc, des Rogations, etc.

hist. féod. Bazouges était une châtellenie relevant de la seigneurie de la Flèche ; on voit par ce qui suit, qu’elle avait le titre de baronnie assez anciennement. — Brandelis de Champagne, V.e du nom, baron de Bazouges, sénéchal d’Anjou et du Maine, était fils de Pierre de Champagne, sire de Pescheseul et baron de Parcé, qui fut fait vice-roi de Naples, maréchal et chevalier du Croissant par le roi René, duc d’Anjou : Brandelis vivait vers le milieu du 15.e siècle. Il n’épousa point sa cousine, Anne de Champagne, comme le dit Ménage, et celle-ci ne put par conséquent lui apporter par mariage les terres de la Suze, Loupelande, Coulans et Briolé : ce fut Magdeleine de Champagne, qui, s’étant mariée à René de Laval, lequel avait dissipé sa dot, reprit ses droits en 1414, obtint ces terres en remploi de dot, et les légua à Brandelis son cousin.

On connaît dès le 11.e siècle, un Hugues et un Albéric de Bazouges, Hugo et Albericus de Basilicis, qui signent comme témoins, une donation faite par une dame de Durtal. — En 1414, le duc d’Alençon, faisant aveu au duc d’Anjou, pour sa baronnie de la Flèche, comprend dans ledit aveu les seigneuries de Bazouges et de la Barbée. — 1509, Transaction entre D.lle Jacquette du Pié-du-Fou (de la maison de Durtal), veuve de messire Joachim Girard, seigneur de Bazouges et messire Jean de Belleville, seigneur dudit lieu de Belleville. — 1668, 1670. Gédéon l’Enfant, chevalier, sieur du Bois-Moreau, et Suzanne Poitevin, son épouse, v.e de Philippe de la Vayrie, chevalier, gentilhomme ord. de la Chambre, font aveu des château, terre et seigneurie de Bazouges, délaissés à ladite v.e par son premier mari, laquelle terre appartenait en 1455 à Robert Sarrazin, chevalier. Relèvent d’eux : Mathurin le Feron, sieur de la Barbée ; Jacq. Gaultier, sieur de Fontaines, écuyers ; et cinq autres chevaliers et écuyers (Noms féodaux.) — Dans ces derniers temps, la terre et seigneurie de Bazouges fut acquise par François Aumorit, dont la veuve, remariée à un sieur des Essarts, intenta procès au baron de la Barbée, pour la seigneurie de paroisse. Le parlement, dans l’arrêt qu’il rendit à ce sujet, déclara les barons de la Barbée fondateurs de l’église et de la paroisse, et la seigneurie du tout attachée au château de Bazouges. Chacun des plaideurs, comme on voit, eut son écaille, mais la justice eut l’huître, c’est-à-dire beaucoup d’argent des deux parties François Aumont de Bazouges, fils du précédent, mort en 1808, fit toutes les campagnes de l’émigration dans l’armée des Princes, et celle de 1799, dans le régiment de Condé, au service de Russie : il n’a laissé que des filles héritières du château. — Une portion du bourg, appelée Bourge-Pins, dépendait de la seigneurie des Pins, sur le territoire de la Flèche. V. l’art. Pins (Les) ; et l’art. Barbée (La). — Les autres fiefs de la paroisse étaient la Fontaine, dont nous avons indiqué plus haut le nom d’un des seigneurs, dans le 17.e siècle ; Coulon, la Masselière, etc.

hist. civ. L’armée vendéenne traversa la commune de Bazouges, en 1793, lorsque revenant de faire le siège de Granville, elle se porta de Laval sur Angers, en passant par Sablé et la Flèche. Pendant les insurrections royalistes des années suivantes et celle de 1815, son territoire fut souvent sillonné par les différens partis armés, sans qu’aucun fait d’armes important y ait eu lieu. — Il existe une rente sur l’état, de 25 fr., au profit des pauvres ; et une fondation de charité, faite par M. le baron de la Bouillerie et la commune. Le premier a de plus constitué une rente de 300 fr., au profit de la succursale de la commune. — M. Deslandes, né à Bazouges, a publié différens ouvrages sur l’agriculture et sur plusieurs autres sujets. Voir la Biographie.

antiq. Il est présumable que si, comme nous le pensons, le nom de Bazouges vient de quelque ancien établissement romain dans ce lieu, son origine et son histoire se rattachent à celles de la station ou camp de cette nation, dont on croit reconnaître encore des vestiges sur le territoire de la commune de Cré, attenante à celle de Bazouges, et que nous décrirons à l’article Cré.

hydrogr. Le Loir, dont nous avons déjà parlé, sur la rive droite duquel sont construits le bourg et le château ; la petite rivière ou ruisseau de Verdun (v. cet article), arrosant l’extrémité S. O. de la commune ; ruisseau de Mondagron, qui coule du N au S., à 1/2 kilom. à l’E. du bourg, celui de Fontaine, prend sa source au lieu de ce nom, coule du N. E. au S. ; celui de la Masselière, se dirigeant également du N. au S., près et à l’O. du bourg ; celui de la Petite-Fontaine, ayant son cours du N. E. au S. O. ; enfin, le ruisseau la Fontaine-Bouteiller, roulant des paillettes d’or ou d’argent (du mica probablement), prend sa source près la ferme de la Cheminée, et sert de limite sur ce point entre les deux départemens de la Sarthe et de la Mayenne. Les quatre derniers de ces ruisseaux prennent leur source dans les coteaux qui dominent la rive droite du Loir et vont se perdre dans cette rivière, comme le ruisseau de Verdun. — Etang de la Barbée, alias d’Amboué. — Moulins : de Bazouges, attenant au château ; de la Barbée, et de Tête-de-Veau ou Moulin-Neuf, tous trois sur le Loir et à blé.

géolog. Terrain plat dans le vallon, dominé par un coteau au N., garni de vignobles dont le calcaire et le grès forment la base.

hist. natur. Minéral. Argile, sable, grès, calcaire coquillier contenant des Huîtres, Gryphées, etc. ; bois pétrifiés, en morceaux assez considérables, qui appartiennent à la classe des Dicotylédones.

Pl. rar. Euphorbia Lathyris, lin. Aristolochia clematitis, lin. Borrago officinalis, lin. Orchis militaris, lin. Saponaria officinalis, lin. Senecio sylvatica, lin. Lathyrus sylvestris, lin. Ranunculus lanuginosus, lin. Stachys recta, lin.

cadastr. Superficie totale de la commune, de 2,989 hect. 65 ar. 99 cent., qui se divisent en Terres labour., 1,713 h, 77 ar. 10 cent. ; en 5 classes, de 4, 9, 15, 32 et 40 fr. — Avenues, 13-10-80 ; à 40 f. — Pièc. d’eau et Douves, 2-85-25 ; à 40 f. — Aires, 1-33-80 ; à 40 f. — Mares et Marais, 0-78-0 ; à 2 f . — Jardins, 72-64-55 ; 3 cl. : 40, 45, 50 f. — Pépinières, 0-06-80 ; à 40 f. — Vergers, 5-14-20 ; 3 cl. : 32, 40, 50 f. — Vignes, 257-53-17 ; 5 cl. : 6, 12, 18, 45, 54 f. — Prés, 343-21-95 ; 5 cl. : 9, 18, 27, 52, 64 f. — Pâtures et Pâtis, 88-55-70 ; 4 cl. : 2, 4, 8, 16 f. — B. futaies, 10-08-50 ; 2 cl. : 4 et 8 f. — B. taillis, Semis, Aulnaies, Broussils, 285-45-82 ; 5 cl. : 2, 4, 6, 8, 10 f. — Châtaigneraies, 2-60-50 ; à 10 f. — Sapinières, 6-39-95 ; 3 cl. : 2, 4, 6 f. — Landes, terr. vain, et vag., 41-74-60 ; 3 cl. : 2, 3, 4 f. — Etangs, 3-34-10 ; à 8 f. — Sol des propr. bâties, 22-52-10 ; en masse, a 900 f. 82 c. Obj. non imposabl., Rout., chem., égl., etc. 72-20-70. — Riv. et ruiss., 46-28-40. = 218 maisons classées, de 1 à 10 f. ; 214 autres, estim. ensemble, à 2,725 f. — 3 moulins, à 40, 100 et 120 f.

Le Total du Revenu imposable est de 59,202 fr. 28 c.

contrib. Foncier, 10,640 f. ; pers, et mobil., 1,219 f. ; port. et fen., 407 f. ; 56 patentés : dr. fixe, 239 f. 50 c. ; dr. proport., 149 f. ; Total, 12,654 f. 50 c. — Chef lieu de Perception.

culture. Sol assez fertile, principalement sur la rive droite du Loir où il est moins sablonneux que sur la gauche, produisant seigle en majeure partie, moins de froment, très-peu d’orge et d’avoine, vignes en quantité (v. sur sa culture, ses esp. et ses prod., l’art. Canton de la Flèche) ; beaucoup de chanvre, peu d’arbres à fruits, noyers. Engrais de porcs et de quelques poulardes. — 30 fermes à charrues, 60 closeries ou petites fermes à bras ; assolement triennal et quadriennal.

comm. agric. Peu d’exportation de grains ; foins ; vins rouges pour les 2/3 ou les 3/4, blanc pour le surplus, dont les 3/4 du produit, qui varie de 1500 à 2000 pièces, s’exportent dans la Sarthe, la Mayenne et l’Orne ; chanvre et fil, fruits, légumes ; porcs gras, poulardes, menues denrées. Les vins rouges de Bazouges sont les plus estimés du département, quoiqu’on leur reproche un peu de goût de terroir.

comm. industr. Il ne reste plus aucune des cinq tanneries que possédait Bazouges avant la révolution. Quelques métiers à toile, de commande, pour l’usage des habitans.

march. fréq. La Flèche et Sablé ; Durtal et Bazouges en Maine-et-Loire. Un petit marché de denrées assez bien approvisionné tient à Bazouges, le dimanche matin.

habit. et lieux remarq. Le Château, au S. E. du bourg et y attenant, sur la rive droite du Loir, l’un des mieux ; conservés du pays, comme lieu fortifié, avec ses tours à crénaux, ses tourelles en guérites, un balcon extérieur au-dessus de la porte d’entrée, servant de communication d’une tour à l’autre, la place de sa herse et de son pont-levis, et ses fossés qu’il était aisé d’emplir d’eau, etc., construction du 16e siècle, à ce qu’il me paraît. — La Barbée, (v. cet article) château moderne, actuellement à M. le baron de la Bouillerie ; Fontaines, ancien château ; la Masselière, belle maison d’ancienne construction ; la Boisselière, jolie maison moderne avec des dehors agréables ; ces deux dernières à M. Deslandes, membre du Conseil-général ; Ambrières, maison moderne avec chapelle, à l’héritière Rocher-Desperrés ; Caillebert, jolie habitation avec avenues et jardins, au général Schramm, etc.

établ. publ. Mairie, succursale ; bureau de charité, quatre sœurs d’Evron pour faire les écoles aux filles, et donner des secours à domicile aux indigens (v. plus haut hist. civ.) ; un instituteur primaire pour les garçons. Receveur buraliste, débits de tabac et de poudre de chasse. Bureau de poste aux lettres à la Flèche.