Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/BREIL

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BREIL (le), BREUIL, BRAIL ; Brogilo, Bralia ; nom qui vient du mot brai (voir l’article précédent) ; de breul, bruel, prés que les vassaux étaient obligés de faucher et de charroyer les foins, pour leur seigneur ; ou de breuil, verger, parc ou bois. Voir plus bas, l’article antiquités. Commune du canton et à 7 kil. 1/2 S. E. de Montfort-le-Rotrou ; de l’arrondissement et à 21 kil. 1/2 E. du Mans. Elle était jadis du doyenné et de l’archidiaconé de Montfort ; du diocèse et de l’élection du Mans. — Distances légales, 7 et 24. kilom.

descript. Bornée au N., par Nuillé-le-Jalais ; au N. E. et à l’E, par Bouloire ; au S., par Surfond ; à l’O., par Ardenay. Son diamètre, du N. au S., est d’environ 4 kil. 1/2 ; et de 6 kil. 1/2 de l’E à l’O. — Le bourg, situé dans une plaine sablonneuse, vers l’extrémité N. N. O. de la commune, se compose d’une rue allant du S. au N. et de deux autres se rendant de celle-ci à l’O., à-peu-près à angle droit. On y voit plusieurs jolies maisons dont la plus remarquable appartient à M. Hamond. Église à ouvertures cintrées et semi-ogives, restaurées dans un genre gothique bâtard, probablement lorsqu’elle fut reconstruite, après un incendie, en 1583, date qu’on lisait autrefois sur son pignon oriental. On remarque dans son intérieur deux bas-reliefs en pierre, formant le fond de deux autels latéraux, assez bien et tout nouvellement exécutés. Clocher en flèche sur une grosse tour. — Cimetière, hors du bourg au N., clos de murs et en partie et devant l’être en entier, sous peu de tems.

populat. Cette commune qui ne comptait que 100 feux avant la révolution, en possède 305 actuellement, qui se composent de 705 individus mâles, 712 femelles, total, 1,417 dont 600 dans le bourg. — Un grand nombre d’habitans sont agglomérées dans 4 hameaux qui contiennent de 20 à 100 individus. Les principaux sont la Butte, les Moirés, la Brière, les Poplinières et les Pilavinières.

Mouv. décenn. De 1803 à 1812, inclusivement : mar., 95 ; naiss., 359 ; décès, 333. — De 1813 à 1822 : mar., 129 ; naiss., 445 ; déc., 312.

hist. ecclés. Eglise dédiée à S. Pierre ; assemblée le 29 juin ou le dimanche le plus rapproche de ce jour. — La cure était l’une des quarante à la présentation du chapitre cathédral du Mans, par le don que lui en fit l’évêque Guillaume de Passavent. — L’évêque S. Aldric, qui siégea de 852 à 856, et qui possédait l’affection de Louis-le-Débonnaire, se servit de l’autorité de ce prince, qui le vint voir au Mans, pour faire restituer à son chapitre les droits de l’église du Breil, qu’un seigneur puissant de la cour, nomme Erembault, avait usurpés.

hist. féod. La seigneurie de paroisse était annexée, dit Lepaige, au château de Pescherai, Pescheray, ou Pescheré, que nous voyons appartenir, dès le commencement du 15.e siècle, et jusqu’au commencement du 17.e, à la famille le Vayer. De 1655 à 1678, Louise de Vallée épouse, puis veuve de Thomas de Laval, rend plusieurs aveux pour la terre de Pescherai, qui passa ensuite dans les maisons de Broc et de Fontaine de Biré. Elle appartient aujourd’hui à M. Goupil, receveur-général du département, qui l’a acquise de cette dernière famille, en 1820. Voir l’article pescherai.

hist. civ. Louise de Vallée, veuve de Thomas de Laval, en fondant la chapelle du château de Pescherai, le 17 octobre 1673, obligea le titulaire à faire l’école et le catéchisme aux enfans de la paroisse du Breil. Il ne reste plus rien de cette fondation, qui était à la présentation du seigneur, et consistait en une maison avec jardin, une métairie et un bordage qui ont été vendus dans la révolution, nonobstant les réclamations de M. de Fontaine de Biré, qui prétendait que ces biens n’étaient point dans la classe de ceux appartenant à l’église. — Dans l’année 1825 ou 1826, la dame Guelien, veuve Boisseau, légua, en faveur des pauvres, le capital d’une rente de 10 fr. constituée sur l’état.

Le Breil est la patrie de Mathurin Héret, médecin. Voir la biographie.

antiq. Nous avons indiqué plus haut, trois étymologies différentes des mots Breil, Breuil et Brail : nous ajouterons ici quelques explications à ce sujet. Suivant les capitulaires de Charlemagne et ceux de Charles-le-Chauve, son fils, le Breuil était une espèce de parc ou de bois. La coutume d’Anjou, art. 36, définit le Brail. « un grand marmentau (Armentaux, in quibus annenta pascuntur) ou taillis, auquel les grosses bestes ont de coustume de se retirer ; » et notre coutume du Maine s’exprime ainsi sur le même sujet, art. xl : « Qui n’a forest ou brail de forest, qui est à entendre Buisson, tel que convenablement les grosses bestes s’y puissent retirer, tiltre ou longue possession, n’est fondé d’avoir chasse deffensable à grosses bestes, s’il n’est Chastelain pour le moins. » Et le commentateur ajoute : « Je tiens avec M. Guillaume le Rouillé, que le mot Brail, vient de Brailler, qui est le propre des grosses bestes, ou de bramer, qui est le cri des cerfs. » Au surplus, on peut croire aussi, avec Marchangy (Tristan-le-Voyageur, t. V, chap. 225) que le nom de Breil se donnait à certaine époque, ou dans certaines contrées, à un simple verger.

hydrogr. La commune est arrosée au S. par le ruisseau de la Merise ou de Landon, qui prend sa source au S. E. du bourg ; par la Tortue, qui coule à l’E., et la sépare de Bouloire ; par le Fazone, qui prend sa source au S. E. du château de Pescherai, coule de l’E. à l’O., et la sépare de Surfond. — Quatre étangs, situés au S. du bourg, sont peuplés de carpes, de tanches et de brochets. — Moulins : de la Merise, sur le ruisseau de ce nom ; Neufs, sur la Tortue, dont une seule de ses deux roues est de la commune ; tous deux à blé. géolog. Minéral. Sol montueux au N. E., à l’E. et au S. E. de la commune ; quelques monticules détachés au S. O. On y compte plusieurs buttes de 30 mètr. environ d'élevation, parmi lesquelles on désigne celles de Landon, de la Merise, du Chapitre, au S. E. ; du Bourg, de Tillé, à l’E. ; du Turet, au N. E. ; de Moiré à l’E. Réunion des terrains secondaire et d’alluvion, offrant le calcaire oolilique, le calcaire en petites masses arrondies, ou tête de chat, les ludus quartzeux jaunes et rouges, et des sables siliceux.

Plant. rar. Carex dioïca, lin. ; Ranunculus lanuginosus, lin.

divis. des terr. Terres labourables, 1,189 hectares 76 ares; jardins, 72-60 ; vignes, 2-20 ; prés, 22-44 ; pâtures, 8-80 ; landes, 55-88 ; bois futaies, 2-64 ; bois taillis, 151-80 ; pinières[1], 26-40 ; marais, 1-18 ; douves et pièces d’eau, 12-72 ; superficie des bâtimens, 7-96 ; chemins, rivières, ruisseaux, 4-40 ; Total, 1,551 hectares 78 ares. = Maisons, 360 ; augmentation de 65 depuis 1819.

contrib. Foncier, 4,797 f. ; personn. et mobil., 785 f. ; port. et fen., 407 f. ; 64 patentés : dr. fixe, 349 f. ; dr. proport., 159 f. 92 c. Total, 6,497 f. 92 c. — Chef-lieu de perception.

cultur. Sol sablonneux autour du bourg, argileux du S. à l’E. ; on y cultive 1/8.e des terres labourables en froment, 1/4 en orge, 1/4 en seigle, 1/12.e en méteil, 1/24.e en maïs, 1/30.e en sarrasin ; pommes de terre, peu de trèfle, chanvre ; arbres à fruits. Peu d’élèves de bestiaux ; beaucoup de porcs ; moutons, volailles, quelques ruches. — Assolement quadriennal ; 52 charrues.

comm. agric. Exportation du quart au tiers des produits en grains ; chanvre et fil ; porcs gras, laine, cire et miel ; cidre ; menues denrées.

comm. indust. Fabrique de toile commune, occupant de 200 à 300 métiers dans la commune, suivant que la facilité des débouchés la rend plus ou moins active. Toiles blanches, dites communs, de 50 à 60 aunes de longueur sur une aune de largeur pour la plupart ; le surplus 3/4, 7/8.es, 15/16.es, etc., qui se vendent à la Ferté-Bernard et au Mans. Cette fabrique fait la prospérité de ce bourg, qui s’augmente progressivement. Blanchiment des fils du pays ; le surplus est acheté des blanchisseurs de Montfort. Voir cet article et celui bonnétable. Extraction du calcaire, pour bâtir et pour la chaux, qui se cuit sur la commune de Soulitré.

march. fréq. Bouloire, Montfort-le-Rotrou ; la Ferté-Bernard, et le Mans, pour les toiles.

rout. et chem. Situés à peu de distance à la gauche de la partie de la route royale n.°157, du Mans à Bouloire, la commune et le bourg du Breil sont traversés, du N. O. au S. E., par le grand chemin de Montfort à Saint-Calais.

habit. et lieux remarq. Le château de Pescherai, que P. Renouard, dans l’Annuaire de 1815, a confondu avec celui de Pescheseul. (Voir l’article pescherai.) ; la Taille, ancien fief, maison bourgeoise peu remarquable. Les noms de Mézière, des Bruyères, d’Etre-Brûlé, de Brûlon, que portent différentes terres, indiquent un mauvais terrain, aride, brûlant, ou des incendies accidentels, pour les deux derniers ; Mortœuvre, des eaux dormantes, sans écoulement ; la Poterie, une fabrique qui n’existe plus.

établ. publ. Mairie, succursale, résidence d’un notaire ; résidence d’un percepteur ; un débit de tabac et un débit de poudre de chasse. — Bureau de poste aux lettres à Connerré.

établ. particul. Une institutrice primaire, sans allocation communale.

  1. Nous substituons le nom de pinières à celui de sapinières : il est bon d’en faire contracter l’habitude, puisque nulle part le sapin, Abies, n’est cultivé dans notre département, mais bien partout le pin maritime, Pinus maritima des botanistes, et quelquefois le Pinus sylvestris.