Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/CHÂTEAU-L'HERMITAGE

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CHÂTEAU-L’HERMITAGE, CHATEAU-SOUS-L’HERMITAGE, château et chateaux-en-l’hermitage ; Castellum in heremo, suivant d’anciens titres ; Castella in heremo, d’après le Cenomania et d’autres documens, qui emploient le pluriel. Commune cadastrée (omise par le Paige dans son Dictionnaire du Maine), qui tire son nom d’une ou de plusieurs forteresses construites anciennement dans le voisinage de Thermitage de S. Thibaut ; du canton et à 6 kilom. N. de Pontvallain ; de l’arrondissement et à 22 kil. S. O. de la Flèche ; à la même distance au S. du Mans. Ancienne paroisse du doyenné d’Oizé, dans l’archidiaconé de Châteaudu-Loir ; du diocèse et de l’élection du Mans. — Distances légales, 7, 25 et 26 kilomètres.

descript. Bornée au N., par S.-Ouen et S.-Bié-en-Belin ; à l’E. et au S., par Pontvallain ; au S. O., à l’O. et au N. O., par Bequeil et Yvré-le-Pôiin ; cette commune de forme ovale irrégulière, s’étendant de TE. à l’O., a un diamètre central, dans ce sens, de 4 kilom. 1/2. ; sur 3 kilom. 1/2, , du N. au S. Le bourg, situé à la presqu’extrémité O. de la commune, ne consiste que dans l’église, dans l’ancienne maison dite abbatiale qui y est attenante, et dans trois autres maisons. L’église paroissiale, qui était en même temps celle de cette abbaye ou prieuré conventuel, à ouvertures cintrées, à colonnes extérieures de la porte occidentale anguleuses, crénelées et engagées, avec ebapitaux à cordons tressés et autres ornemens, renferme un tombeau dont il sera parlé plus bas. Clocher en flèche ; cimetière clos de haies vives, à deux cents pas au N. de l’église.

populat. De 4-7 f eux autrefois, elle en contient 52 actuellement, qui^se composent de 123 individus mâles, de 127 femelles, total, 2 5o ; dont 3o dans le bourg.

Mouv. décenn. De i8o3 à 1812 inclusiv. : mariages, i3 ; naiss., 63 ; déc., 66. — De 1812 à 1822 : mar., 19 ; naiss., 58 ; déc., 56.

hist. ecclés. L’ancien prieuré régulier des chanoines de S. Augustin, vulgairement et à tort appelé abbaye de Châteaul’Hermitage, fut fondé vers le 6. e siècle ; ce prieuré valait 6 mille liv. de revenu au prieur commendataire nommé par le roi, indépendamment de la mense conventuelle, servant à l’entretien des religieux, au nombre de douze en 1777 ; de cinq, dont un avait le titre de prieur régulier, et de plusieurs novices, en 1790. La cure paroissiale, annexée à ce couvent, était à la présentation des religieux : le prieur commendataire était présenté par l’Abbé de Sainte — Geneviève de Paris. Ce priear, à son tour, présentait à la cure de Nauvay dans le Saosnois, qui était un prieuré ressortissant de celui-ci ; aux prieurés de Varenne-1’Enfant, paroisse d’Epineu-le-Chevreuil (Mayenne) ; de S.-Blaise, paroisse d’Yvré-l’Evêque, réuni par la suite, au Séminaire S.-Charles du Mans ; au prieuré séculier de la chapelle N.-D. des Bois, de la Suze ; aux chapellenies de la Thorinière, en Verneil-le-Chétif, et de la Rondelière, en Yvré-le-Polin— Il était, en outre, l’un des décimateurs des paroisses de Mayet et de Cérans. L’église prieurale et paroissiale était sous le patronage de S. Etienne. Deux assemblées, qui avaient lieu dans la paroisse, l’une à la fête de S. Julien, le 27 janvier, l’autre à celle de S. Etienne, le lendemain de Noël, n’existent plus. Une troisième se tenoit à l’hermitage de S. Thibaut. La commune est actuellement réunie, pour le spirituel, à celle de Requeil.

Frère Adam Morin, prieur du Château-en-FHermitage (sic), fut l’un des membres de Tordre du clergé de la province, qui signèrent au procès-verbal d’examen de la coutume du Maine, le 8 août i5o8.

Un hermile du nom de S. Thibaut fonda, dans un temps fort éloigné mais qu’on ne précise pas, à peu de distance


forma dans les environs. Comme ce monticule appartient à la commune dont nous traitons, et à celle de S.-Ouen, nous faisons un article particulier de ce qui concerne cet établissement, sous le titre de saint thibaut, hermitage. (V. ce mot).

On voyait jadis, dans le chœur de l’église de Château-l’Hermilage, un tombeau, caché aujourd’hui par une boiserie, orné de sculptures et de peintures, représentant Marie de Bueil, épouse de Baudouin de Crenon, avec les armes réunies de ces deux époux ; celles de Crenon, de gueules, semées de fleurs de lis d’or, sans nombre. Les mêmes armoiries se retrouvaient dans l’église de Mansigné, où était la statue de Baudouin de Crenon, qui y était inhumé. Comme on ne sait point quels furent les fondateurs du prieuré de Château-rHermitage, il est permis de conjecturer que Marie de Bueil fut bienfaitrice, ou descendante des bienfaiteurs de cet établissement religieux.

La maison prieurale actuelle, reconstruite à la moderne, il y à 130 à 135 ans, est d’une magnificence qui étonne, eu égard à sa destination. Le pavillon de l’ouest, précédé d’une cour fermée par une grille en fer et par des fossés en maçonnerie, à laquelle vient aboutir une belle avenue, semble lui seul une superbe maison bourgeoise ; et l’on est tout surpris, quand arrivant de ce côté on n’a vu que cette partie, de découvrir la longue façade au sud, plus remarquable par son étendue que par son architecture, d’assez mauvais goàt. La multiplicité de ses ouvertures lui donne l’aspect d’une caserne ou d’un vaste attelier, destination qui lui conviendrait infiniment, et qui aurait l’avantage de vivifier le pays, en utilisant ses produits agricoles et en occupant les bras d’une partie de ses habitans peu aisés. De beaux jardins en terrasse régnent le long de celte façade, et dominent le vallon arrosé par le ruisseau du Pin ou des Hermites et par la rivière d’Aune. Cette vaste maison appartient à M. Micault, de la Flèche, homme infiniment respcctahle, par les secours qu’il prodigue aux nombreux indigens de ce canton.

antiq. Nous avons parlé déjà plusieurs fois, de l’ancienne grande route du Mans au Lude, considérée comme une voie romaine qui, partant d’Alonne ( V. ce mot), se dirigeait vers la Touraine et l’Anjou. C’est surtout vis-à-vis la commune de Château-l’Hermitage, qu’elle sépare de celle d’YVrélePôlin, qu’on remarque des traces d’encaissements offrant le caractère de ceux que les romains confectionnaient. Une ferme nommée les Forges, une autre les Minerais, dépendantes de l’une et de l’autre de ces communes ; le riche minerai de fer et les amas de scories qu’on rencontre sur ce territoire, ne permettent pas de douter que les romains n’y aient eu des forges à bras.

hist. civ. Il existait, avant la révolution, un collège à Requeil dans lequel les enfans pauvres de Château — FHermitage étaient admis.

hydrogr. Le ruisseau du Pin, qu’on appelle aussi des Hermitcs, d’un pont de bois placé au-dessous du moulin situé sur ce ruisseau, nommé Pont-aux-Hermites, traverse la commune de l’E. au S. Une autre source, venant du S., fournit de l’eau à un canal du jardin de l’abbaye, et se rend dans le ruisseau du Pin. — Moulin du Pin, à blé, sur le ruisseau du même nom.

géolog. Minéral. Terrain de plaine, interrompu par plusieurs monticules, à-peu-près arrondis, nommés buttes de S. Thibaut, de la Racine et de Montagenet, situés au N. O. de la commune. Le noyau de la première de ces buttes sur la croupe Sud de laquelle est l’église et le prieuré, est de nature crayeuse : on y trouve aussi du grès blanc et du grès ferrugineux arénacé : ce dernier forme le noyau des deux autres. Dans le terrain d’alluvion qui constitue le sol de la plaine, de 5o à 70 centimètres de profondeur, on rencontre une couche épaisse de i5 à 18 centimètres au plus, de couleur noirâtre, semblable à de la suie, qui parait être un commencement d’agglomération du sable ferrugineux servant à former le grès dit roussard. Minerai de fer hydroxidé noir, compacte.

Plant. rar. Myrica gale, lin.

cadastr. Surface totale de g3g hectares 17 ares, qui se divise ainsi : — Terres labour., 328 hect. 19 ar. 55 centiar., en 5 classes, de 4 f. 5o c., 11, 18, 3o et 36 f. — Jardins, 17-04-75 ; 3 cl. : 36, 4-5 9 54 f. — Vignes, 3-14-70 ; 2 cl. : 9, 18 f. — Prés, 108-77-40 ; 4 cl. : 9, 18, 36, 54 f : — Pâtures, 67-47-20 ; 2 cl. : 6, 12 f. — Rois taillis, 95-20-90 ; 3 cl : 7, il, 16 f. — Pinières, 138-4-3-go ; 4— cl : 3 f. 5o c., 7, ii, i4— f. — Landes, 151-09-80 ; 3 cl. : i, 4— —, 7 f • Mares, 0-26-70 ; à 1 f. — Douves, 0-4.9-0 ; à 36 f. Superfic. de bâtim., 3— 1 6-4.0 ; à 36 f. Objets non imposables : Egl. > cimet., etc. o-3i-5o. — Chemins, 24.-28-80. Ruisseaux, 1-26-4.0. c= 55 maisons, en 5 class., de 5 à 20 f. — 1 château, à 200 f. — 1 moulin, à a5 f.

Le Total du Revenu imposable, est de i2, 5o4— f. 09 c.

contrib. Foncier, 1, 182 f. ; personn et mobil., 106 f. ; port, et fen., 70 f. ; 1 patenté : droit fixe, 5 f. ; dr proport., q f. Total, 1, 072 f— — Perception de Pontvallain.

cultur. Une portion des terres sablonneuses, couvertes autrefois par la forêt de Douvres, Test depuis quelques années par des semis de pins maritimes. 11 existe aussi dans la commune quelques bois taillis essence de chêne. Culture des céréales, principalement en seigle et en avoine, pour les deux tiers des ensemencés ; en froment, orge et méleil, pour l’autre tiers. Beaucoup de pommes de terre ; sarrasin, maïs, citrouilles, trèfle, chanvre ; un peu de vigne ; arbres à cidre, noyers et maronniers Elèves de quelques poulains, de jeunes bestiaux ; moutons, quelques chèvres ; engrais des porcs. Assolement varié ; 10 fermes, un plus grand nomLre de bordages et de très-petites tenues ; 11 charrues.

comm. agric. Point d’exportation de grains ; chanvre et fil ; un peu de vin et de cidre ; bois, marrons des trois espèces, noix ; veaux et génisses, porcs gras ; volailles, menues denrées,

comm. industr. Extraction du lufeau non taillé, appelé moche. Fabrication de quelques pièces de toile, pour particuliers et pour la halle du Mans,

march. fréq. Pontvallain, Mansigné ; surtout Ecommoy et Mayet.

rout. et chem. Ancienne route du Mans au Lude et à Tours, par Château-la-^ allière ; et à Saumur, par Noyant et Mouliherne ; fort importante et pourtant négligée. ISous en parlerons plus amplement, sous ce rapport, à l’article pontvillain (Canton de). Le grand chemin d’Ecommoy à Pontvallain, quoiqu’il ne passe pas tout à fait sur la commune, sert au transport de ses denrées dans plusieurs des marchés voisins.

habit. et lieux remarq. L’Abbaye ou mieux le Château de l’Hermitage, car c’est ainsi qu’on devrait appeler cette maison, est l’une des plus belles habitations du département. Point d’autres noms remarquables que ceux déjà cités dans le cours de cet article, si ce n’est la ferme de la Fleur-de-Lys, qui pourrait tirer son nom de ce qu’elle servait d’habitation au garde chargé de la marque des bois, laquelle était une fleur-de-lys pour les forets royales.

établ. publ. Mairie, seulement. Bureau de poste aux lettres à Foulletourte.