Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/CHAMPAGNE

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CHAMPAGNE, Pagus Campania, vel Tractus Campaniœ. Différentes parties du territoire du Maine et de l’Anjou, sur lesquelles il n’a rien été écrit de satisfaisant jusqu’ici, portaient anciennement et conservent encore le nom de Champagne. L’une paraît le tenir de la nature de son sol, les autres de leurs seigneurs, issus d’une famille de ce nom. En cherchant à débrouiller l’espèce de chaos qui existe sur ce sujet si nous n’y réussissons pas parfaitement, du moins aurons-nous fait tous nos efforts pour y parvenir : on devra nous tenir compte de l’intention.

Nous croyons devoir diviser l’article Champagne en deux parties. Dans la première, nous comprendrons le territoire du ci-devant Maine qui, par la nature de son sol, a dû lui faire attribuer ce nom. Dans la seconde nous traiterons de la Champagne féodale, c’est-à-dire, des portions de territoire qui ont reçu ce nom de leurs seigneurs : cette seconde partie offrira plusieurs sous-divisions.

I. CHAMPAGNE DU MAINE considérée géologiquement ; Pagus Campania in agro Cenomanense.

Le naturaliste Desmarest, dans son grand article Champagne, du Dictionnaire de Géographie physique de l’Encyclopédie méthodique, a dit : « Le grand nombre de villages et de contrées qui portent le nom de Champagne, annonce une certaine dépendance des premières formes des terrains, lorsque les habilans s’y sont établis pour la première fois. » Cette assertion ne paraît pas douteuse ; mais quelle peut être celte dépendance du terrain, par rapport au nom dont il s’agit, et aux lieux auxquels il a été donné originairement ? voilà ce que l’auteur n’explique pas et ne laissse qu’à peine entrevoir. Ce nom a-t-il du indiquer la forme aplatie du sol, ou bien la nature crayeuse ou calcaire du terrain ? probablement toutes les deux à la fois. Du moins, telle est généralement la nature et la forme de la majeure partie du sol de la grande Champagne, province considérable de France, dont quelques portions, d’une nature différente, quant au sol, n’auront reçu ce nom que lorsqu’elles s’y seront trouvées agglomérées par des circonstances accidentelles, comme des conquêtes et des traités, ou des alliances entre les familles féodales du pays. Telle paraît être également l’étymologie de ce nom, pour la Champagne du Maine, assez vaste territoire, relativement à la superficie totale du département de la Sarlhe, dont il forme un huitième environ. Ainsi dans l’origine, et lorsqu’on aura commencé la culture des céréales dans différentes contrées, les terrains en plaine, de nature calcaire, recouverts d’une argile peu profonde, auront présenté plus de facilité à cette culture : on aura désigné ces plaines sous le titre de campanies, campagnes, campus, campania, puis champagne, mot qui, suivant la Mer des Histoires, imprimée en 1483, était fréquemment employé pour plaine.

Un certain nombre de paroisses de l’ancien Maine, toutes comprises, hors une seule, dans le territoire de ce département, reçoivent, non pas unanimement, mais suivant différons auteurs, différentes autorités, l’épithète en Champagne, qui s’ajoute à leur nom. Ce surnom est donné, presque généralement, aux communes de Marcil, de S.-Ouen, et de S.-Christophe, du canton de Rrûlon ; de Domfront, de Neuvy, de S.-Julien et de Ruillé, du canton de Conlie ; à celles de Crannes et de Montrcuil, du canton de Loué. On le donne aussi, mais moins généralement, à celles de Villedieu et de Viré, du premier de ces cantons ; de Rouez et de Rouessé-Vassé, du canton de Sillé ; et, enfin, nous le voyons ajouté aussi à celle de Loué, chef-lieu de canton, mais sur un document qui ne peut faire autorité : ce même surnom est généralement donné encore à la commune de Cossé, comprise dans le déparlement de la Mayenne.

Si l’on cherchait à circonscrire le territoire de toutes ces communes, par une ligne circulaire la plus restreinte possible, en dehors de chacun de leurs chefs-lieux, on aurait un espace de terrain qui, s’étendant de l’O. au N. E., en longueur, depuis Cossé jusqu’à Rouez et Domfront, présenterait une espèce de croissant, de 33 à 34 kilomètres dans le premier sens, sur 1 1 kilomètres en largeur, depuis la partie centrale de sa concavité, entre Montrcuil et Ruillé, jusqu’à sa partie centrale convexe, à Crannes, c’est-à-dire, du N. O. au S S. E. : le ruisseau le Treulon le limiterait, à-peu-près. à l’O. ; et celui de Gée, à l’E. Mais il est évident que cette circonscription n’offrirait plus rien de géognosliquement exact, en considérant ce territoire comme nous le devons faire ici, eu égard à la nature du sol ; ce qui nous conduit à tirer cette conséquence, que plusieurs des communes désignées ci-dessus n’ont pu prendre l’épithète en Champagne, que de leurs anciens rapports ou ressorts féodaux.

Ainsi, sous le rapport géognostique[1], le territoire qui nous offrira une plaine calcaire, quelquefois crayeuse, appartenant aux terrains secondaires, sera la champagne dont il s’agit, la champagne du maine, dont nous allons donner la description.

Limitée au S., par la rivière de Sarthe ; à l’O., par celle de Vègre, jusqu’à Loué, à-peu-près ; elle aura le ruisseau de Palais et la Charnie (v. ce mot), pour limites au N. O. Le ruisseau de Renom et l’une de nos deux petites rivières d’Orne[2], celle que nous distinguons sous le nom d’Orne-Nord (v. ce mot), qui a son confluent dans la Sarthe à Roizé, lui servirait de borne à l’E., jusqu’à la hauteur de Chauffour. Au N., Conlie et Neuville-Lalais, semblent la terminer, quant à sa dénomination, car le terrain calcaire n’y disparaît pas ; il remonte un peu plus haut, en se contournant au N. E., où il comprend toute la plaine du Saosnois, et va se terminer, du moins quant au déparlement de la Sarthe, à Mamers, où a été observé, par M. J. Desnoyers, le calcaire oolithe à empreintes de fougères, lequel doit se représenter dans l’oolithe de Chantenay, commune dont nous allons bientôt parler.

Ainsi, et d’après les limites que nous donnons à la Champagne du Maine, son territoire formerait une espèce d’ovoïde, ayant sa base ou partie arrondie au S. S. O., et sa pointe au N. N. E. Son diamètre, dans ce sens, ou depuis la Sarthe, en face de Parce, jusqu’à Neuville-Lalais, serait de £o à 4— 2 kilomètres, ( 10 lieues de posle, environ) ; sa largeur varierait de 12 à 16 kilom. ( 3 à 4 lieues de poste), de l’E. à l’O., jusqu’aux deux tiers de son étendue en remontant au N., où elle diminue sensiblement de largeur. Dans cette espèce d’ellipse, seront comprises la plupart des communes des cantons de Brûlon, de Loué et de Conlie ; Avoise, en partie, dans le canton de Sablé ; Noyen, dans celui de Malicorne ; Chemiré-le-Gaudin et ses annexes, dans celui de la Suze ; Chaufour et Fay, en partie, dans celui du Mans ; total, £3 communes, qui pourraient se recruter encore de quelques autres au N. N. E.

Alors, tout ce qui se trouve compris sur la rive droite de la Vègre, ne fera point partie de cette Champagne, dont il faudra retrancher, par conséquent, parmi les communes qui en portent le surnom, Viré et Cossé, ainsi que Rouez, au N., dont le territoire appartient aux terrains de transition.

La Champagne, telle que nous venons de la circonscrire, ne présente pas toujours une plaine parfaitement unie dans toute son étendue. Plus les cours d’eau qui la sillonnent, approchent de la Sarthe, où est leur confluent, plus ils ont de largeur et de profondeur, plus leurs vallons sont profonds, les coteaux qui les bordent élevés : mais ces cours d’eau, dont les principaux sont les petites rivières ou ruisseaux de Deux-Fonts et de Clairon, de Gée et de Renom, étant peu considérables, celte plaine en a d’autant moins d’irrégularité, et son sol devient d’autant plus uni que l’on remonte davantage au N., où le calcaire horizontal se trouve presque à nu, recouvert à peine de quelques pouces de terre végétale, très-propre à la culture des céréales, qui en sont le principal produit, mais le bois y manque et ne consiste qu’en quelques haies d’épines, comme on peut le remarquer, par exemple, sur la portion de ce territoire comprise entre Bernay, Tennie, Conlie et Domfront.

Partout, la Champagne du Maine offre le calcaire secondaire, quelquefois cristallin (marbres de Loué). Tels sont ceux de Bernay, qui donnent la plus belle pierre de taille connue ; ceux de Chaufour et de Chassillé, où l’on a observé des mâchoires de Crocodiles et des vertèbres d’un animal non encore déterminé, à l’état fossile ; les calcaires à oolithes de Chantenay et de Noyen, tous riches en fossiles, notamment en une espèce de Gervillie, et que nous indiquons à chaque article de localités. La craie proprement dite se présente quelquefois, mais en assez petite quantité et sur quelques points seulement.

Le calcaire secondaire de la Champagne semble s’échapper de la limite que nous venons de lui tracer. Il s’étend sur la rive gauche de la Sarthe, en traversant cette rivière sur deux points, à Malicorne et à Parce. D’ici, il va par une bande étroite, en gagnant le territoire des communes de Yion, de Louaille et de Précigné, se rattacher aux calcaires de l’Anjou ; de Malicorne, aux terrains crayeux des bords du Loir, par Clermont, Mareil et Luché.


Nous avons dit que le terrain calcaire de la Champagne allait se joindre, en se contournant au N. E., au calcaire du Saosnois ; mais cette réunion n’a pas lieu immédiatement. Ces deux plaines, de formations secondaires, sont séparées l’une de l’autre, tantôt par des terrains tertiaires, offrant des grès de différentes natures, tantôt par des roches de glaucome composées de nombreuses espèces de coquilles fossiles, fort étendues, et qui s’enfoncent à une grande profondeur. Cette formation s’étend le long de la rive droite de la Sarthe, depuis S.-Benoît, au S., jusqu’à Beaumont, en remontant au N., et formant une bande de g à 10 kilom., ( 2 lieues 1/2 de poste), de largeur, entre le cours de cette rivière et le territoire ci-dessus décrit ; puis, se contournant à l’E., à la hauteur de Dom front, traverse la Sarthe, et suit le cours de l’Orne Nord-Est, jusqu’à ce qu’elle rencontre la plaine du Saosnoîs ( v. ce mot), qu’elle paraît limiter au S.

Au moment de mettre cet article sous presse, on nous communique une note précieuse, extraite des manuscrits de M. Ménard de la Groye, qui donnera plus d’autorité à la description que nous venons de tracer : « le pays signalé sous le nom de Champagne, dans le département de la Sarthe, doit sans doute ce nom à son aspect large et découvert d’arbres, à la fertilité et aussi à la couleur de son sol. Ce sol est partout le calcaire jurassique et même souvent oolithique ou compacte. Aussi le pays a-t-il par le caractère de ses inégalités, par l’abondance et la pureté de ses eaux, par la nuance de sa verdure, un rapport frappant avec la surface du Jura. C’est ce que j’exprime toujours, quand je m’y trouve, en disant : me voilà dans le Jura du Maine. »

II. CHAMPAGNE FÉODALE. L’histoire de la Champagne féodale, du Maine ou de l’Anjou, est, comme nous l’avons dit plus haut, fort difficile à établir. 11 est probable que les premiers seigneurs qui ont porté le nom de Champagne, le prirent du territoire dont ils devinrent possesseurs, et que ce territoire le tenait, comme nous l’avons déjà expliqué, de la forme et de la nature de son sol. Ceci paraît acquérir une sorte de certitude, de l’espèce de terrain qui constitue le sol de Parce, chef-lieu de la Champagne-d’Anjou, parfaitement analogue avec celui de la Champagne du Maine, de l’article précédent.

Pour éclaircir le plus possible l’histoire de la Champagne féodale, nous en ferons deux articles principaux, dont le dernier exigera plusieurs subdivisions.

I.° champagne du maine, champagne—hommet. Suivant Expilly, la Champagne du Maine, de l’élection et du comté de Laval, était une baronnie non affouagée, érigée en cette qualité en faveur de Jacques le Clerc, seigneur de Juigné. Elle valait douze mille livres de rente, ajoute-t-il. Ce géographe s’accorde à dire, avec tous les anciens chroniqueurs et historiens, que « Guillaume-le-Conquérant s’étant emparé » d’une grande partie de la province du Maine, donna la » terre dont il est question, à Tancrède-Hommet, seigneur » normand, de qui il avait reçu de grands services, et qui » lui donna son nom. » Du reste, ni Expilly, ni aucun autre écrivain, n’expliquent quel était le chef-lieu de cette baronnie et quelle était sa composition : on peut inférer de l’expression non affouagée, qu’elle ne consistait qu’en une terre et château, et non en paroisses, offrant une population par feux.

Cette seigneurie, quoique appartenant à la famille le Clerc <3c Juigné, ne se trouvait point dans la commune ou paroisse de ce dernier nom, les le Clerc n’ayant possédé la terre de Juigné que dans le i3. c siècle, lors’du mariage de Roland le Clerc avec une fille cadette de Gervaise Poussin, seigneur de Juigné. Il paraît qu’elle était attachée à la terre et château de Verdelle, situés dans la commune de Poillé, actuellement du canton de JBrûlon, puisqu’on voit : i.°, que celte terre fut érigée en baronnie en faveur de Jacques le Clerc ; 2. que la famille le Clerc possède les château et terre de Verdelle, depuis fort longtemps ; 3.° qu’il existait deux juridictions dans la paroisse de Poillé, celle de Varenne-l’Enfant, à laquelle était annexée la seigneurie de paroisse, quoique le chef-lieu ou manoir de la Varenne fut situé dans la paroisse d’Epineu — le — Séguin ; et celle de Champagne ; 4° enfin, que dans le testament de Jean Lessillé, seigneur de Juigné-sur-Sarthe, de i382, ce seigneur désigne deux espèces de mesures pour les différens dons en grains qu’il fait, l’une sous le titre de mesure de Champagne, et l’autre sous celui de mesure de Parrecé. Or, nous avons vu à l’article Avessé, que Poillé avait ses mesures particulières, qui étaient celles de la baronnie de la Champagne-Hommet, dont le château de Verdelle était le chef-lieu ; ce qui paraît bien établi par ce que nous venons d’exposer. Qu’on nous pardonne si, à défaut de documens positifs, il nous a fallu nous jeter dans les dissertations. — La juridiction de la baronnie de Champagne, qui ressortissait à Laval, fut portée à Château-Gontier, lors de l’érection du présidial de celte dernière ville, en i63g. Avant de relever du comté du Maine, la châtellenie de Champagne était une dépendance de la baronnie de Sablé, comme on le voit par un aveu de Jean-le-Devin ( dont la famille a pris postérieurement le nom de le Divin), du 12 mai i444 j pour un fief situé dans la paroisse d’Aligné. — En 12 3g, Avoise de Montmorency, fille de Mathieu de Montmorency, connétable de France, et d’Emme, comtesse d’Alençon et de Laval, épouse Jacques de Château-Gontier, et lui porte en dot la seigneurie de Mellay et celle de Champagne au Maine. — Ménage rapporte, (Histoire de Sablé, p. 330), la mention d’un titre de Foulques-le-Bon, comte d’Anjou, qu’on dit être à la tour de Londres, daté de Paris, de la 3 e année du règne de Lothaire, vers g5y, par lequel ce comte donne à Humbert dit le Veneur, son fils, et à ses enfans, les châteaux de Sablé et de Champagne, possédés auparavant par Hervé son beau-père, vicomte du Mans. Mais Ménage regarde ce titre comme apocryphe, ayant été vérifié, Mainard, qui, lui-même, donne à l’église du Mans, plusieurs paroisses, entr’autres celles de Tassé et d’Avessé, ce qui semble établir la connexité. — Suivant un aveu de 167 1, Jacques le Clerc de Juigné, seigneur de Champagne, relève de Henri duc de la Trimouille, comte de Laval. — Une Gillette de Champagne épousa, dans le i5. e siècle, Almot de la Hautonnière, seigneur d’une terre de ce nom, située à Fougerolles, au Bas-Maine. Un de leurs fils nommé Robert, fut tué dans une bataille contre les Anglais, sous Charles VII. Les armes de Champagne étaient : écartelé au i. er et au 4>. e, d’azur, à la bande d’argent, accompagnées de deux cotices potencées et entre-potencées d’or ; au 2. e et au 3„ e fretté d’argent et de sable ; au chef d’argent, chargé d’un lion naissant de gueules.

2.° champagne d’anjou, champagne de parcé. La maison de Champagne d’Anjou ne nous paraît avoir aucun rapport, aucune liaison de famille, avec celle du Maine ; du moins serait-il difficile, ce nous semble, de les établir. Pour ne pas nous engager à cet égard dans des discussions qui ne conduiraient à rien, nous ne nous occuperons que de ce qui paraît être appuyé de documens certains.

« La maison de Champagne (d’Anjou), dit Le Paige, est incontestablement une des plus anciennes du royaume : elle se prétend descendue de Thibaud, comte de Chartres, de Troyes et de Blois. Messieurs de Sainte-Marthe et Ménage contestent ce fait : ils ne contestent pas que Aramburge de Montmorenci fut parente de Foulques-Nera, comte d’Anjou, qui la maria à Herbert I. er d’Arnai en Champagne, dont Herbert II, etc. » Mais, outre que nous n’avons pu trouver le nom de cette Aramburge dans les généalogies des familles de Montmorenci et de Laval, et qu’épouser un seigneur de la province de Champagne, n’est pas épouser quelqu’un de cette famille, nous penchons à croire que les seigneurs de la Champagne d’Anjou n’ont pris ce nom que du territoire de Parce, appelé Champagne, de la nature de son sol plat et calcaire, comme le tenaient de la même cause, ceux de la Champagne du Maine.

Les seigneurs de la Champagne de Parcé descendaient d’une branche cadette de ceux de Durestal (Durtal), barons de Matefêlon, seigneuries réunies dès la 4 e génération connue, sur la tête d’Herbert IV de Champagne. On les voit successivement être seigneurs de Ravadun et Parce ; d’Avoise, Pcschcseul et la Perrine au Jw ou an Joe ; de Bazouges, de Lésigné, de S.-Léonard-de-Durial du BaiUeul, de Vion, de Souldé et du royaume Roullé, qui leur donne droit de battre monnaye maille, d’Hierré en lasse ; de rDureil et du Breil ; de Bonne-Fontaine et de la Boche-Simon, en Vilaines-sous-Malicorne ; etc., ^.posséder des droits féodaux de chasse, de prenage, d aubaines et daubainage sur les terres et forêts des baronmes de Longaunai, Sablé, Château-du-Loir et Baugé.

Les alliances de celte maison de Champagne, avec celles de Crénon, de Laval, de Tucé, de Beaumanoir-Lavardin, de Bois— Dauphin, etc., etc., mirent dans celle famille un grand nombre de seigneuries du Maine, outre celles dejadelignées, comme Vallon et Bérus, Crénon et Maigne, Neuvilette, la Chapelle— Rainsoin, etc. Philippine de Champagne, dernier rejeton de la ligne masculine de cette maison, épousa, en 1781, messire Gilbert du Puy-du-Fou baron du Puy-du-Fou des dauphins d’Auvergne de Combronde, qui prit le nom de Champagne, que ses descendans continuèrent déporter. — La baronnie de Parce relevait du comte de Durtal. La seigneurie de Pescheseul, quoiquW à la baronnie de Parce, Lit, avec ses dépendances, un franc-alleu noble du comte du Maine, et relevait par conséquent des comtes de cette province et en dernier lieu du roi. — En « 4o4 et i^, Jean, seigneur de Champaigne, ( comme on écrivait alors), fait aveu pour la terre seigneuriale de Lésine, alias Lesigne, et le fief de S.-Léonard, près de Durestal ; et de i4bo a 1602, Pierre de Champaigne, seigneur dudit lieu, rend plusieurs aveux pour les mêmes possessions. Noms féodaux, p. iôl,.

Nous entrerons dans des détails plus précis sur cette famille, qui offre un certain nombre de personnages remarquables, aux articles parcé et pescheseul ; et nous subdiviserons celui que nous traitons présentement, en deux paragraphes, de deux seigneuries qui ont pris le nom de Champagne, des membres de cette famille à qui elles ont appartenu.

A. champagne de la suze.

La châtellenie de la Suze, après avoir eu des seigneurs de son nom dès le commencement du n. e siècle, passa dans plusieurs maisons nobles du Maine, de l’Anjou, etc., avec Fa terre de Louplande. En i566, elle se trouvait entre les mains de Nicolas de Champagne, en faveur de qui elle fut érigée en comté, par Charles IX Ce comte se composait des baronnies et châtellenies de la Suze Louplande, Coulans, Brouassin, S.-Pierre-des-Bois et Ferce, en parlie ; Longaunai et Mézières, par engagement seulement ; le Plessis-Buret sis-Buret et S. tc — Jame-le-Robert. René de Laval, baron âd Rais, ayant épousé Magdeleine de Champagne et dissipé tout son bien, celle-ci reprit ses droits, et rentra en i4i4 * en possession de la Suze, Louplande, etc., dont elle fit don par testament à son cousin Brandelis I. er de Champagne, sire de Pescheseul, de Parce, etc. Gaspard de Champagne, descendant de Brandelis, ayant aussi dissipé sa fortune, la terre de la Suze fut divisée : son chef-lieu passa par acquêt dans la maison de Chamillart, , qui en prit et en conserve encore le nom. Avant cette division, ce comté s’étendait dans 3o paroisses ; 76 hommages ou fiefs en relevaient. Voir l’article suze (la). — Le 8 octobre i5o8, Pierre, seigneur de Champagne, châtelain de Vallon, Maigné, Louplande et la Suze, est présent en personne, à l’assemblée des trois ordres de la province, pour l’examen de la Coutume du Maine, publiée le i5 du même mois. — En 1661, Louis de Champaigne, chevalier de l’ordre, rend aveu pour le comté de la Suze et terres seigneuriales en dépendant. En 166 1, Gaspard de Champaigne, chevalier, marquis de Normanville et du Broussin, rend aveu pour le même comté de la Suze.

— Pierre Olivier, sieur du Bouchet, né à la Suze, qui vivait en i584 > avait écrit des Mémoires touchant l’antiquité de la noblesse des comtes de la Suze de la maison de Champagne, restés manuscrits.

B. champagne de vilaine.

Vilaine-la-Juhée ou la Juhel, dans le Bas-Maine, reçut aussi le nom de Champagne, de Pierre de Champagne, fils de Brandelis I. cr, vice-roi de INaples, maréchal d’Anjou, etc., à qui Louis, roi de Sicile et de Jérusalem, duc d’Anjou et comte du Maine, donna cette châtellenie en 1426, avec la tour et la forteresse qui s’y trouvaient, sous la réserve de l’hommage et des droits anciens dus à la baronnie de Mayenne. Ce seigneur épousa Marie de Laval Loué, qui lui apporta aussi le marquisat de S. le —Suzanne. Pierre était, de son chef, seigneur de Parce, de Pescheseul, de Coulans, etc. La seigneurie de Vilaine fut érigée en marquisat, en i58y, en faveur de Brandelis II de Champagne, petit-fils de Pierre. Cette terre passa par alliance, en 1 782, dans la famille de Choiseul-Praslin. Elle relevait nuement et en plein-fief, en une seule foi et hommage, du château du Mans. — Il ne faut pas confondre le marquisat de Vilaine, avec la terre de Vilaine, située en Louplande et Chemiré-le-Gaudin, qui fut érigée en comté en 1767. Quoique Louplande ait fait partie de la Champagne de la Suze, celle de Vilaine n’en dépendait point, elle était dès-lors dans la famille de Gaignon, qui acheta la seigneurie de Louplande plus tard. — En i4-74 •> Pierre de Champaigne fait aveu pour la terre seigneuriale de Villaine-la-Juhel. En 1478, le même Pierre de Champaigne, écuyer, seigneur dudit lieu et de Brouassin, tient du comte du Maine un droit de chasse dans la foret de Longeaulnay (sic). En 1670, Hubert de Champaigne, chevalier, fils unique de Brandelis de Champaigne, rend aveu pour le marquisat de Villaines.

  1. Le mot géognosie exprime la science qui fait connaître la composition du globe ; géologie signifie discours ou écrit sur cette science. Si nous avons pu conserver ce dernier mot dans nos articles de détail et au titre de celui-ci, pour être plus généralement entendu, nous ne le pouvons dans le cours de cet article, où l’emploi du mot propre est essentiel.
  2. On sait que le département de la Sarthe possède deux cours d’eau nommés orne, différens de celui qui donne son nom à un des departemens limitrophes, dont Alençon est le chef-lieu. Ce nom d’Orne, a une étymologie qui pourrait convenir à la plupart des cours d’eau ; ce qui explique la triplicité de rivières de ce nom, dans le même pays à peu-près. Nous distinguons sous les noms de orne-nord et orne nord-est, les deux rivières de ce nom qui se trouvent dans notre département. (Voir ces mots).