Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/CHASSILLÉ

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CHASSILLÉ, CHASSILLY, Chassilleio, nom qu’on suppose venir de castel-lié, Castrum ligatum, de la position de son château fort, dont le système de défense se liait à la rivière de Vègre, ou de ce qu’il était comme lié, entouré par cette rivière. Voir plus bas hist. ecclés. Commune du canton et à 4 kilom. N. N. E. de Loué ; de l’arrondissement et à 23 kilom. O. du Mans. Autrefois, dans le territoire de la Charnie ( v. ce mot), du doyenné de Vallon, de l’archidiaconé de Sablé, du diocèse et de l’élection du Mans. — Distances légales, 4 et 17 kilomètres.

descript. Bornée au N., par Epineu-le— Chevreuil ; à l’E., par Longne ; au S. et à l’O., par Loué ; sa forme est à-peuprès celle d’un ovale qui va se rétrécissant vers le N. N. O. Diamètres centraux : du N. au S., 3 kil. ; de l’E. à l’O., 4 kil. Le bourg, situé au bas d’une éminence, dans une presqu’île, sur la rive droite de la Vègre, se trouve placé au milieu du diamètre vertical de la commune, et au tiers à l’E. de son diamètre transversal. Il consiste dans un petit nombre de maisons, formant une rue que traverse la grande route du Mans à Laval, passant au N. de l’église. A son extrémité O. était l’ancien château, ayant une grosse tour carrée de 10 mètres sur chaque face, laquelle était placée sur une motte, entourée de fossés profonds. L’église, petite mais bien entretenue, ayant la forme des basiliques de la primitive église, avec autel à la romaine en marbre du pays, orné de deux gradins en marbre blanc. On remarque dans cette église huit beaux tableaux de main de maître, représentant les sacremens, etc., sortis de la chapelle de l’ancien évêché du Mans. Deux autres tableaux sur bois adaptés aux deux piliers de l’arcade du chœur, paraissent aussi d’une assez bonne exécution. Clocher pyramidal, en bois. Cimetière entourant l’église, clos me murs.

populat. Cette commune de g5 feux anciennement, en compte actuellement 178, qui se composent de 3i8 individus mâles, de 3i2 femelles, total, 63o ; dont i55 dans le bourg. Six hameaux dont les plus importans de 7, 8, 10 et i5 maisons, contiennent de 3o à 60 individus chacun.

Mouv. décenn. De i8o3 à 18 12, inclusivemeut : mariages, 29 ; naissances, 201 ; décès, 121. — De i8i3 à 1822 : inar., 34 ; naiss., 176 ; déc, 126.

De 161 3 à 1791 ( 190 ans) : mariages, 621 ; naissances : garçons, 1620, filles, i558, total, 3, 178 ; décès : mâles, 996, femelles, 94 2 > total, 1, 938. Ce qui fait par 10 ans : mariages, 33 ; naissances, 167 ; décès, 102. ( Benseignein. fourni par M. Goussin, curé-desservant, de qui nous tenons la majeure partie de ceux qui nous ont servi à rédiger cet article).

11 est remarquable que depuis plus de deux siècles, celte commune possède plus de garçons que de filles, tandis que le contraire a généralement lieu dans le déparlement.

hist. ecclés. Église dédiée à la Vierge, ce qui nous porte à croire que la véritable étymologie du nom de cette commune est la même que celle que nous indiquons à l’article chassé. Assemblée patronale le dimanche le plus voisin du 2 juillet, fête de la Visitation, réglée de manière à ce qu’elle tienne le dimanche d’après celui où a lieu la fête et les assemblées de la S.-Pierre, dans les environs. La fête de S.-Eloi, second patron, ne se célèbre qu’à l’église. La cure, ancien prieuré régulier des chanoines de S.— Augustin, élait à la présentation de l’abbé de Bcaulieu, près le Mans.

On croit qu’un hameau qui porle le nom de Biomer, élait un oratoire consacré en l’honneur de S. Bigorner, Bichomer, qui évangélisa dans le Maine, sous le pontificat de S. —Innocent, et se fixa in Valle Subligneâ ( Souligné-sous-Vallon). Un ormeau qui, dit-on, avait plusieurs siècles et dans lequel était placée une image de la S. te —Vierge, était visité comme une bonne place, ainsi qu’on s’exprime dans le pays.

hist. féod. La seigneurie de paroisse appartenait, avant Ja révolution, à la famille le Bourdais de Chassillé, de qui M. Leprince de Clairsigny a acheté le nouveau château. Il paraît avoir existé aussi un ancien fief à la Finaudière, qui est actuellement un hameau.

hist. civ. L’épithète de coquins, dont on qualifie les habitans de Chassillé, loin d’être une injure, ne fait que perpétuer un des faits les plus honorables de leur histoire. La tradition rapporte que, lors d’une épidémie qui eut lieu dans la contrée, en 1640, la mortalité fut telle, que dans plusieurs fermes il ne resta qu’un seul habitant, quelquefois point ; qu’on renonçait à enterrer les morts, et que l’on refusait même ce dernier devoir à ses parens les plus chers. Un nommé Coquin, pauvre journalier, et sa femme, âgée de 19 ans et enceinte, se dévouèrent a un danger cerlain pour prodiguer tous leurs soins à leurs concitoyens. La mort ne respecta point un si héroïque dévouement : les deux époux périrent, seulement la jeune femme pût mettre au monde une fille que tint sur les fonts baptismaux le prieur-curé Pierre Lombard, qui ne tarda pas lui-même à succomber à ce cruel fléau. On ne sait ce que devint la malheureuse orpheline à qui la femme Coquin donna le jour. Le lieu où l’on enterra les nombreuses victimes que fit cette épidémie, situé à quatre portées de fusil à l’E. N. E. de l’église, porte encore le nom de Champ de la mort.

On raconte que, lors de la retraite des restes de l’armée vendéenne détruite au Mans, le i3 décembre 1793, beaucoup de ces malheureux fugitifs, atteints sur le territoire de Chassillé, ou ramassés dans les fermes où ils se réfugiaient, y furent fusillés.* on en indique jusqu’à 75 dans une seule fosse, et l’on montre encore celle d’un prétendu évêque et celle d’un autre ecclésiastique qui, après avoir offert en vain son bréviaire, son argent et sa montre, à une femme du lieu, pour qu’elle le cachât, voyant venir à lui deux chasseurs de l’armée républicaine, s’agenouilla, et croisant ses bras sur sa poitrine, reçut la mort avec résignation. — Chassillé a été, pendant les guerres de la Chouannerie, le théâtre d’un grand nombre de combats entre les royalistes et les républicains, auxquels prenaient part les habitans, en faisant le coup de feu dans les rangs d’un détachement, de ces derniers, qui resta long-temps cantonné dans la commune. On cite plus de vingt affaires qui eurent lieu sur son territoire, notamment une à la Groye, quatre à la Croix-Billot, une à la Cornillère de Maucartier : cette dernière fut la suite du combat fort sérieux de Livoas, en Amnay, où fut blessé à mort un chef de chouans nommé Saint-Paul. (v. l’article amnay au supplément ; et à la Biographie, l’art. saint-paul). Le général Watrin écrivait le i5 janvier 1795, au représentant du peuple Genissieu : « Le" 8, les communes de Chassillé, Bernay, Epineu et Symphorien (sic), district de Sablé, ont été le théâtre des cruautés des Chouans. » — Dans les cent jours de i8i5, une affaire eut également lieu dans le bourg de Chassillé, entre un parti royaliste qui, de Brûlon, se rendait au château de Coulans, et un parti de napoléonistes composé d’habitans de Loué et des environs : plusieurs coups de pistolets furent échangés. Quelques mois après, le corps prussien d’occupation établit une vigie sur le tertre du Sablonay, comme nous avons dit qu’il en fut placé une sur celle des JSouleries ( v. ce mot), et une autre sur la butte de S.-Denis-d’Orques, etc.

Un bordage nommé les Ardens, indique l’existence d’un ancien hospice pour les maladies si fréquentes dans le moyen âge, auxquelles on donnait le nom de mal des Ardens. Il paraît que cet hospice fut réuni à l’hôpital du Mans, puisque ce bordage, avec les bois qui en dépendent, lui appartiennent. Un de ses champs porte le nom de la Fosse, d’un trou appelé Trou du Diable, que le malin esprit, snivant îa tradition, y creusa dans une seule nuit. Maucartier, autre ferme, paraît avoir été une de ces anciennes maisons fondées aussi dans le moyen âge, pour l’hébergement des pèlerins voyageurs : il s’y trouvait une chapelle, anciennement, et un moine pour la desservir. Les vieillards de la commune se rappellent d’y avoir vu tous les pauvres des environs y exiger l’aumône et l’hospitalité, et l’on y envoie encore fréquemment coucher les mendians vagabonds, que le fermier de ce lieu ne se croit pas en droit de refuser, sachant qu’une des trois meules de foin qu’il a le droit de choisir chaque année dans le pré des Courbes, n’est qu’une indemnité de cette hospitalité : ce pré, qui appartenait à la cure, a été vendu pendant la révolution. Le bourg possédait une maison de charité fondée le i5 juillet 1675, par Louis de Samson, prêtre, bachelier en Sorbonne et seigneur de la paroisse, pour laquelle il donna une maison meublée avec jardin et enclos, et six mille livres en espèces qui furent placées sur les gabelles. Ce précieux établissement, que dirigeaient trois sœurs de S. incent-de-Paule, ayant perdu tous ses biens à la révolution, est tombé, ainsi qu’un collège fondé anciennement à Chassillé.

antiq. Sous l’emplacement de l’ancienne forteresse, on découvrit en 1666, un chemin taillé dans le roc, de près de 3 mètres de largeur, sur 1 mètre 1/2 de hauteur, qui paraît se diriger vers l’église et avoir été destiné à communiquer soit avec elle et le prieuré, soit avec le moulin, ou avec le petit castel qui existait à la Finaudière. Les puits de l’ancien et du nouveau presbytère ont été construits, à ce qu’il semble, dans la direction de ce souterrain, puisqu’on y * « "*%£ « £ q „e personne n’a encore osé Parc°unr jasou* e a f me du ïïoif onS ^ u^ e r ilt pierTZct, d’un grain fi, r^L d’un couvercle semblab le, « Je avec un « men^ le quelette qu’il contenait s’est décompose. » ’a’r „ ^_ aussi trouvé’tout récemment dans ks. fo. n ^°"*A™ « t, ^ p. S on du bourg, des compart.mens en br.qaes noires et ver nissées:ce lieu paraît avoir serv. de magas.n, par la grande ..mmiié de charbons qu’on y a rencontrée. — tntin, au na Tau’de Planchette, sur bord de la Végre. —£ « £ £ traces de l’existence d’une ancienne forge; et « c’lcs d J^" a lerie, dans un champ qui porte ce nom, dépendant de ferme des Ormeaux., ,

hydrogr. La Vègre, sur laquelle est un beau pom eu •, ?, Q S F.laboure, arrose la commune du N. N. r r a r u’S puî « cônSè à l’O., pour redescendre de nouveau 8 au I Le ruisseau de Neaux ou des Noes ; qm prend sa source dans les bois de l’Hommoye, la hm.tea 1 U « n autre faible ruisseau.passe comme g^. » ^ pour aller se jeter dans celui des Vaux ™ Dcrt =d’Anet et de Courcelles, à blé, ce dernier a 2 roues, tous <1e,.v sur la Vèere. — Plusieurs sources d eau minérale pui

géolog. Minéral. celle rivière, offrent des points de vue fort inleressans. îas ^ ge d er, lins de. transition aux secondaires, offrant le ma bre de couleur grisâtre, argileux, difficile a polir, a cause 5 grains quartfeux qu’il contient ; calcaire oohOuqne formant le FUj-p^ « ^a^*^ssi^

Ae h arrière de la Groyc, riche en fossiles, la ^erviuie , tue e des Térébratules d’une parfaite conservation ; on jl.que, et des *", Bélemnitc bicanaliculée ; et aussi Sïï e Lo ?  : ~e à briqae et propre à la poterie.

Plant. rar. Campanula glomerata, un. i ^ « le^cochroa, desv. : Inula Hclenium, lin. ; H.erac.um sylval.cum, gouan.

divis. des terr. En labour, 3.3 hectares ; jardins, J, prés et prairies, 5 2 ; bois taillis presque en ; ni.seul bouquet, dit bois de la Morandière, i54 ; superficie des bat.mens, cours, 7 ; routes et chemins, 12 ; eaux courantes, i5. Total, 56o hectares.

contrib. Foncier, 3, 2i3 f. ; personn. et mobil., 299 f. ; port, et fen., 1 19 f. ; i4 patentés : dr. fixe, 92 f. 5o c. ; dr. proport., 34. f. Total, 3, 757 f. 5o c. — Chef-lieu de perception.

cultur. Sol fertile, de deux espèces, la partie élevée pierreuse, dite terre de grouas ; la partie basse offrant une terre plus profonde, plus meuble, mais un peu froide et inerte, ayant besoin d’être échauffée par la chaux, qui la fait produire abondamment. On y cultive froment, méleil, orge, en quantité ; peu de seigle, très-peu d’avoine et de sarrasin ; trèfle, luzerne, sainfoin, jarosses, pommes de terre, etc. ; arbres à cidre, dans la partie basse, pas autant qu’il serait possible d’en planter ; noyers. Elèves de bêtes à cornes, porcs, moutons et chèvres. — Assolement triennal et quadriennal. 8 métairies, 9 gros bordages, beaucoup plus de petits, réunies en hameaux pour la plupart. 45 charrues. (voir encore sur la culture, l’article loué (canton de)).

comm. agric. Exportation réelle d’une portion des grains récoltés ; beaucoup de graine de trèfle, de chanvre et de fil ; bois, cidre, fruits, noix. Jeunes bestiaux, peu de porcs, moutons, chevreaux, laine, beurre, menues denrées.

comm. industr. Extraction du calcaire, dans plusieurs carrières, pour bâtir, pour la chaux et pour charger la grande route. Fourneau à chaux, briqueterie, au lieu de la Tuilerie, où se font annuellement 45 pipes de chaux et 24 milliers de briques, tuiles et pavés. La pierre à chaux se prend à la Croie, la terre à tuile près du fourneau : on a projeté d’y établir aussi une poterie, pour laquelle cette terre serait très-convenable.

march. fréquent. Loué, Vallon, Conlie.

rout. et chem. La roule royale n.° 157, de Blois à Laval, par le Mans, qui traverse la commune, et le chemin de Loué à Conlie, qui passe à son extrémité S, , sont ses principaux moyens d’exploitation ; ses chemins vicinaux sont généralement mauvais ; deux chaussées sur la rivière, bien entretenues, facilitent les communications avec les communes voisines ; une troisième, qui servait au même usage, pour la partie septentrionale, détruite pendant la révolution, serait volontiers rétablie par les habitans, qui en sentent toute l’utilité.

habitat. et lieux remarq. L’ancien château, dont il ne reste plus qu’une fuie ronde en pierre, remplacé par une maison moderne assez simple, appartenant à M. Leprince de Clairsigny, embellie par des dehors charmans qui s’étendent sur le bord de la Vègre, consistent en jardins, serre-chaude, orangerie, bosquets à l’anglaise et bois bien perce, < hstnbué et orné de nombreuses fabriques, avec îles.chûtes d eau etc etc. Rioiner, les Ardens, Maucartier, Malabry, dont nous avons parlé p^lus haut ; la Croix-du-Billot, lieu ou se percevait la billette, espèce de douane féodale, que payait chaque marchand, en entrant sur les terres d un seigneur ; les Defers ou Défais, defactum, ferme, ancien heu de justice et d’administration seigneuriale, en matière de bois et torets, la Tuilerie, la Forge, le Sablonnay, noms qui n ont pas besoin d’explication. _.,

établ. publ. Mairie, succursale ; résidence d une brigade de gendarmerie à cheval, d’un percepteur ; débit de tabac. Bureau de poste aux lettres au Mans.