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Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre D

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D

D, dans les abréviations, est pour Decius, Dominus, Deus, Divus; DR. pour Drusus; D. O. M. pour Deo optimo maximo (au Dieu très-bon, très-grand).

DABO, Dagsburg, bourg du dép. de la Meurthe, sur la limite du Bas-Rhin, à 20 k. S. de Phalsbourg; 1507 hab. Patrie de Brunon, pape sous le nom de Léon IX. Aux environs, ruines d'un château détruit en 1679 par les Français. — Dabo, fondé par Dagobert (dont le nom a formé Dags-burg), a été ch.-l. d'un comté vassal des évêques de Strasbourg, qui passa dans la maison de Linange vers 1250,

DACES, habitants de la Dacie. V. DACIE.

DACH (Simon), poète prussien, né à Memel en. 1605, mort en 1695, fut professeur de poésie à l'université de Kœnigsberg. Il a composé des Chants d’église, encore en usage dans les églises luthériennes, et des odes (la Rose, l’Aigle, le Lion, etc.), dont le recueil parut à Kœnigsberg en 1696. On conserve de lui à Breslau 6 volumes manuscrits d'œuvres poétiques. de lui à Breslau 6 volumes manuscrits d’œuvres poétiques.

D’ACHERY, savant compilateur. V. ACHERY.

DACHINABADES, peuple de l’Inde ancienne, habitait, sur la côte O., le pays compris entre Barygaza (Cambaye) et le roy. de Pandion, c.-à-d. une partie de Décan actuel. Dachinabad semble même vouloir dire villes (abad) du Décan.

DACIE, Dacia, grande région de l’empire romain, sur les rives du Danube, avait pour bornes à l’E. le Pont-Euxin, au N. E. les Alpes Bastarnicæ ou monts Krapaths, au N. O. le Danaster ou Dniestr, à l’O. la Theiss, et répondait à la Moldavie, à la Valachie, à la Transylvanie, et au N. E. de la Hongrie. Avant Constantin, on distinguait la Dacie en Dacie Trajane et Dacie Aurélienne. — La Dacie Trajane ou Dacie propre, au N. du Danube, avait pour bornes le Pont-Euxin, le Danaster, les Alpes Bastarniques et une ligne diagonale entre le Danube et la Theiss. Sa capitale était Zarmigéthuse ou Augusta Dacica. — La Dacie d’Aurélien, au S. du Danube, fut formée aux dépens de la Mésie, lorsque Aurélien abandonna la vraie Dacie. Cette nouv. prov. se trouvait entre la Mésie Supérieure à l’E., la Mésie Inférieure à l’O., et avait pour borne au S. la Macédoine ; Sardique en était la capitale. — Sous Constantin on donna le nom de Dacie à l’un des deux diocèses de la préfecture d’Orient : ce diocèse comprenait l’ancienne Mésie Supérieure et la Dacie Aurélienne, plus quelques districts au S. E., et se divisait en 6 provinces, savoir : 1o Dacie Riveraine (Dacia Riparia ou Ripensis), entre les rives de la Theiss et du Danube, auj. partie de la Hongrie et le Banat ; ch.-l., Ratiaria : 2o Dacie Intérieure ou Méditerranée (D. Mediterranea), ch.-l., Sardique ; 3o Dacie Transalpine (Dacia Transalpina), où l’on arrivait en franchissant les Alpes Bastarniques : c’est auj. la Valachie, la Moldavie et la Bessarabie ; 4o Mésie Supérieure (Mœsia Superior), ch.-l., Viminiacum ; 5o Dardanie (Dardania), ch.l., Scupi ; 6o Prévalitane ; ch.-l., Scodra.

Les Daces, dont le nom, le même sans doute que Deutsch, indique une origine allemande, étaient farouches, braves et incivilisés ; ils ne furent soumis que par Trajan, après 10 ans de guerre. Ce prince prit Zarmigéthuse et força Décébale, roi des Daces, à se donner la mort (105 de J.-C.). La Dacie était une des provinces frontières de l’empire et comme une tête de pont contre les Barbares. Trajan y établit beaucoup de colonies ; ses successeurs la négligèrent, et Aurélien l’abandonna (274). Elle tomba bientôt après sous la domination des Goths, puis sous celle des Huns, des Gépides et des Avares (553). Les traces de la domination romaine y sont encore visibles : les Valaques et les Moldaves se nomment Roumains et leur langue est en partie fille du latin.

DACIER (André), né à Castres en 1651 d’un avocat protestant, mort en 1722, étudia à Saumur sous Tanneguy-Lefebvre, et eut pour compagne de ses études la fille de ce savant ; il ne tarda pas à devenir épris de son émule et l’épousa en 1683. Tous deux abjurèrent le protestantisme dans lequel ils avaient été élevés. Dacier fut mis par Montausier au nombre des savants chargés de commenter les auteurs anciens pour l’usage du Dauphin ; il obtint ensuite la place de garde des livres du Cabinet du Roi, fut reçu en 1695 à l’Académie des inscriptions, et peu après à l’Académie française, dont il devint en 1733 le secrétaire perpétuel. On a de lui Pomponius Festus et Verrius Flaccus, ad usum Delph., 1681 ; Horace, lat.-franç., avec remarques, 10 vol. in-12, 1681-1689 ; la traduction des Réflexions de Marc-Antonin, 1690 ; de la Poétique d’Aristote ; d’Epictète, 1715 ; des Hommes illustres de Plutarque, 8 vol. in-4, 1721 ; de tragédies de Sophocle, de dialogues choisis de Platon et autres ouvrages philosophiques. Ses traductions, quoique exactes, manquent d’élégance. — Sa femme, Anne Lefebvre, née à Saumur en 1654, morte en 1720, s’était déjà fait un nom quand il l’épousa (1683). Elle avait publié des éditions estimées de Callimaque, avec traduction latine, 1674 ; de Florus et d’Aurelius Victor, ad usum Delph., 1674, ainsi qu’une excellente traduction d’Anacréon, 1681. Elle a depuis donné des trad. de quelques pièces de Plaute, d’Aristophane, du théâtre complet de Térence (1688) ; mais elle est surtout connue par ses trad. de l’Iliade (1699) et de l’Odyssée (1708). Son admiration exclusive pour Homère l’engagea dans des querelles scientifiques avec plusieurs savants qui avaient parlé irrévérencieusement de son idole, entre autres avec Lamotte et Hardouin ; elle montra peu de modération dans la dispute. Mme Dacier a en outre coopéré à plusieurs des travaux de son mari, particulièrement au Plutarque. Boileau faisait grand cas de Mme Dacier et la mettait au-dessus de son mari.

DACIER (le baron Bon Joseph), né en 1742 à Valognes, mort en 1833, se fit connaître en 1772 par une trad. d’Élien, fut reçu à l’Académie des inscriptions la même année, et en devint secrétaire perpétuel en 1782. Élu membre du corps municipal de Paris en 1790, il quitta bientôt ces fonctions pour vivre dans la retraite. Il fut nommé en 1800 conservateur des manuscrits de la Bibliothèque nationale et entra en 1823 à l’Académie française. On a de lui, outre sa trad. d’Élien, celle de la Cyropédie, 1777, la continuation de l’Histoire de l’Académie des inscriptions, de nombreux Éloges d’académiciens, un Rapport sur les progrès des sciences historiques jusqu’en 1808, et un travail sur Froissart (publié par Buchon).

DACTYLES IDÉENS, prêtres de Cybèle, de Saturne et de Jupiter, habitaient en Crète, sur le mont Ida ; on les nommait, dit-on, Dactyles, parce que leur nombre de dix était égal à celui des doigts (dactylos en grec). Ils enseignèrent aux Crétois les mystères et les premiers arts. On les confond quelquefois avec les Curètes et les Corybantes.

DADIAN, titre que prend le souverain de la Mingrélie. — C’est aussi le nom d’une célèbre famille arménienne de Constantinople, connue dès le Ve s., et dont un des derniers représentants, Khadji Arakel Dad (1753-1812), s’est illustré dans l’industrie, surtout par son habileté dans la fabrication des machines, et a mérité le surnom de Vaucanson de l’Arménie.

DADOUQUE (c.-à-d. en grec porteur de flambeau). le principal ministre des mystères d’Éleusis, représentait le Soleil. Il purifiait les adeptes avant l’initiation et marchait à la tête des Lampadophores dans les courses de Cérès à la recherche de sa fille.

DAGHANA, bourg du roy. d’Oualo, sur le Sénégal, à 114 k. E. N. E. de St-Louis, est la résidence du roi de cet État. Établissement français. Gomme.

DAGHESTAN, prov. de la Russie d’Asie, bornée au N. par le gouvt du Caucase, à l’O. par la Géorgie et la Circassie, au S. par le Chirvan, à l’E. par la mer Caspienne : 400 kil. sur 90 ; 250 000 hab., Lesghis, Nogaïs, Turcomans. Villes princ., Derbend, Kouba, Tarkhou. Le Daghestan se divise en Daghestan septentrional, comprenant, les khanats de Tarki et d’Otemich ; et Daghestan méridional, renfermant les territoires de Tabasseran et de Derbend, les khanats de Koura et de Kouba et la république d’Antzoug. Beaucoup de mont., vallées, torrents ; quelques plaines le long de la mer, sans ports, sans rades. Fer, plomb, armes, feutre, tapis rayés, lainages grossiers. — Le Daghestan appartenait jadis à la Perse ; celle-ci l’a cédé à la Russie en 1813. Néanmoins il n’est encore soumis qu’en partie ; la plupart des peuplades qui l’habitent sont indépendantes. — Le Daghestan et le Chirvan réunis portaient chez les anc. le nom d’Albanie. Ce pays était habité par les Dahæ, dont on retrouve le nom dans celui de Daghestan.

DAGO, île russe de la mer Baltique, à l’entrée S. O. du golfe de Finlande, au N. de l’île d’Œsel ; 10 000 h.

DAGOBERT I, fils de Clotaire II, né en 604, fut reconnu roi de l’Austrasie dès 622, y joignit la Neustrie en 828, à la mort de son père, et l’Aquitaine en 631, à la mort de son frère Caribert. Il soumit les Saxons, les Gascons et les Bretons, mais il ternit l'éclat de son règne par sa cruauté et par sa passion pour les femmes. Il fonda St-Denis en 632, et y fut enterré en 638, à l'âge de 36 ans. Dagobert fit fleurir les arts, surtout la sculpture et l'orfèvrerie. Il eut pour ministre et pour ami S. Éloi, qui avait d'abord été orfévre. On l'a surnommé le Salomon franc.

DAGOBERT II, surnommé le Jeune, succéda à son père Sigebert II, roi d'Austrasie, en 656; mais Grimoald, maire du palais, lui enleva toute l'autorité, et l'exila même en Angleterre. Cependant Dagobert reparut en 674, et recouvra une partie de ses États. Il y régnait en paix lorsqu'il fut assassiné en 679 par des partisans de Grimoald.

DAGOBERT III, succéda en 711 à son père Childebert III, à l'âge de 12 ans, régna sous l'autorité de Pépin le Gros, maire du palais, et mourut en 715. On le compte parmi les rois fainéants.

DAGOBERT (le général), né en 1736 près de St-Lô, s'était déjà distingué dans la guerre de Sept ans et en Italie lorsqu'il fut nommé en 1793 général en chef de l'armée des Pyrénées orientales. Malgré le délabrement des troupes et le mauvais état de sa santé, il défit les Espagnols à Puycerda, à Mont-Louis, à Campredon, prit Urgel, et resta maître du Val d'Aran; mais il succomba bientôt à ses fatigues et à ses blessures (avril 1794).

DAGON, divinité des Philistins, adorée à Azoth et à Gaza, était représentée sous la figure d'une espèce de triton, demi-homme, demi-poisson. On lui attribue l'invention de la charrue. C'est dans son temple que les Philistins placèrent l'arche d'alliance, enlevée aux Hébreux.

DAGOUMBA, roy. de la Guinée Supérieure, près des limites du Soudan, tributaire de l'Achanti, a pour v. princ. Yahndi. Poudre d'or, peaux de chèvres.

DAGSBOURG. V. DABO.

DAGUERRE (L. J. MANDÉ), l'un des inventeurs de la photographie, né en 1788, à Cormeilles-en-Parisis, mort en 1851, se consacra d'abord à la peinture de décors, et exécuta en ce genre des tableaux fort remarquables (notamment les décorations d’Aladin, à l'Opéra); inventa, en 1822, le Diorama, spectacle de jour d'un genre tout nouveau, qu'il exploita avec M. Bouton, et reproduisit par ce procédé les plus belles vues de l'univers; se lia peu après avec Niepce, qui depuis longtemps recherchait les moyens de reproduire les gravures par la seule action de la lumière, et s'associa à ses travaux, mais ne découvrit qu'en 1839, six ans après la mort de Niepce, le procédé aujourd'hui employé pour fixer les images sur la plaque métallique, procédé qui a reçu en son honneur le nom de Daguerréotype. Cette admirable découverte fut aussitôt livrée au public, et Daguerre reçut de l'État, outre des récompenses honorifiques, une pension de 6000 fr. Il a publié : Historique et description du daguerréotype et du diorama, 1839 ; Nouveau moyen de préparer les plaques photographiques, 1844. On monument lui a été élevé à Petit-Brie (Seine), où il est mort.

D'AGUESSEAU. V. AGUESSEAU.

DAHÆ, peuple d'Asie, habitait au N. de l'Hyrcanie, entre les emb. de l'Ochus et de l'Oxus, sur les bords de la mer Caspienne. Il a laissé son nom au Daghestan.

DAHER, émir. V. DHAHER.

DAHOMEY, un des États de la Nigritie maritime, sur la côte des Esclaves, à l'E. du roy. de Bénin ; env. 200 000 h. ; capit., Abomey. Sol sablonneux, mais fertile; forêts produisant des arbres énormes; huile de palmier. Habitants féroces, adonnés au fétichisme et sacrifiant des victimes humaines. Leur roi est gardé par une armée de femmes. Cet État, jadis puissant, a décliné dans la 2e moitié du XVIIIe s., époque où il fut soumis par les tribus voisines. Il y a dans ce pays quelques comptoirs anglais, français et portugais.

DAHRA, contrée montagneuse de l'Algérie (prov. d'Oran), entre la r. dr. du Chélif et la mer, peuplée de Kabyles belliqueux. Bou-Maza y excita en 1845 une violente insurrection, qui fut promptement comprimée par les colonels St-Arnaud et Pélissier.

DAHRA, région du Maroc, entre le Tafilet, le Sahara et la prov. de Sous. Dattes renommées.

DAILLÉ (Jean), Dallæus, ministre protestant, né en 1594 à Chatellerault, m. en 1670, fut précepteur des deux petits-fils de Duplessis-Mornay, et fit avec eux en 1612 plusieurs voyages dans différentes parties de l'Europe. A son retour il exerça le ministère à Saumur, en 1625, puis à Charenton. On a de lui plusieurs ouvrages de controverse hostiles à l’Église romaine : De l'emploi des Pères, Gen., 1632, ; mis en lat. par Mettayer, 1656, Apologie de l'Église réformée, Charenton, 1633; De Cultibus religiosis Latinorum, 1671; et des Sermons.

D'AILLY (Pierre). V. AILLY.

DAÏRI, souverain spirituel du Japon; il est chef de la religion de Sinto. Sa personne est sacrée; il ne meurt pas, mais de temps en temps il renouvelle son âme. Il fait sa résidence ordinaire à Méaco ou Miyako, dans l'île de Niphon, et son domaine s'étend sur cette ville et son territoire. Son habillement consiste dans une tunique, par-dessus laquelle il met une robe rouge couverte d'un grand voile à franges, Ce pontife est regardé comme un dieu sur la terre; le sol étant indigne de le porter, il ne marche jamais. Les Japonais ont une si haute idée de sa sainteté que tout ce qui le touche est regardé comme sacré; l'eau qui a servi à lui laver les pieds est recueillie avec soin comme chose sainte. La famille des Daïris est impérissable; si l'un d'eux se trouve sans successeurs, le ciel lui en procure un : un enfant choisi en secret dans une des familles les plus illustres de l'empire est déposé au pied d'un arbre dans son palais. A la mort d'un Daïri on enterrait autrefois plusieurs esclaves avec son cadavre ; auj. on se contente d'enfermer dans son tombeau des statues d'argile.

DAKHEL, oasis d’Égypte, à l'O. de la Grande Oasis, par 25° 40' lat. N. et 26° 40' long. E., a pour ch.-l. El-Quasr. qui a 2000 hab., d'origine arabe.

DAKKA, v. de l'Inde anglaise, dans la présidence de Calcutta, sur le Vieux-Gange, à 250 kil. N. E. de Calcutta; 200 000 hab. Quelques monuments; factorerie anglaise. Soieries, mousselines, bracelets de coquillages. C'était jadis la ville la plus industrieuse de l'Inde. — Dakka a été 80 ans capit. du Bengale ; mais elle a beaucoup perdu depuis la mort d'Aureng-Zeyb. Elle est auj. le ch.-l. du district de Dakka. — Ce district, arrosé par le Gange et le Brahmapoutre, compte 1 150 000 hab.

DAKOTAH, nouveau territoire des États-Unis, formé en 1860 de la moitié occid. du Minnesota, s'étend, du côté du sud, jusqu'au 40° lat. N.; 10 000 h. Il tire son nom des Dakotahs, tribu de la nation indigène des Sioux.

DAL, rivière de Suède, sort des monts Dofrines, et tombe dans le golfe de Botnie,, après un cours de 500 kil. Belle cataracte près d'Elv-Carleby.

DALAI-LAMA ou GRAND LAMA, chef de la religion bouddhiste chez les Tartares, est leur dieu, vivant. Ce dieu prétendu fait sa résidence ordinaire au couvent de Potala près de Lhassa, dans le Thibet, sur les frontières de la Chine. Les environs de sa résidence sont peuplés de prêtres, nommés Lamas, dont le nombre s'élève à vingt mille. Le grand Lama n'expose jamais sa divinité au grand jour; il se tient toujours renfermé dans le fond d'un temple, entouré de ses prêtres, qui lui rendent tous les hommages dus à l’Être suprême. Les peuples sont persuadés qu'il ne meurt point : pour entretenir cette erreur, lorsque les prêtres s'aperçoivent que sa mort n'est pas éloignée, ils cherchent un homme qui lui ressemble et le lui substituent adroitement.

DALAYRAC (Nic.), compositeur, né en 1753 à Muret en Languedoc, mort à Paris en 1809, était destiné au barreau, mais se sentit entraîné vers la musique par un goût invincible. Il vint de bonne heure à Paris, s'y lia avec Grétry et Langié, travailla pour le théâtre, et donna, depuis 1781 jusqu’à sa mort, un grand nombre d’opéras charmants, dont les paroles étaient le plus souvent composées par Marsollier ou Monvel, et qui eurent presque tous du succès. Les plus connus sont : Mina ou la Folle par amour (1786) ; Renaud d’Ast (1787) ; les Petits Savoyards (1789) ; Camille (1791) ; Ambroise (1793) ; Adolphe et Clara (1799) ; Maison à vendre (1800) ; Picaros et Diego (1803) ; Gulistan (1805). Sa musique est gracieuse, naturelle et facile ; il excellait surtout dans la romance.

DALBERG (Charles, baron de), prince primat de l’église catholique d’Allemagne, né en 1745 à Hernsheim, près de Worms, mort en 1817, sortait d’une des plus anciennes familles de l’Europe, dont les membres remplirent pendant plusieurs siècles les fonctions de trésorier du chapitre de Worms. D’abord gouverneur civil d’Erfurt, puis évêque de Constance, il devint en 1802 électeur de Mayence, évêque de Ratisbonne et archichancelier de l’empire. Il présida les dernières diètes de l’Allemagne, et tenta d’abord de s’opposer aux projets de Napoléon ; mais, voyant que toute résistance était inutile, il se rallia à la France. Il fut nommé président de la Confédération du Rhin, grand-duc de Francfort, et désigna Eugène Beauharnais pour son successeur. Resté fidèle à Napoléon dans ses revers, il fut dépouillé par les alliés d’une partie de ses États ; il ne conserva que l’évêché de Ratisbonne. Aussi bon écrivain que savant éclairé, il a laissé plusieurs ouvrages, dont le principal, Méditation sur l’univers (all.), a eu jusqu’à 10 éditions. — Son neveu, Emmeric, duc de Dalberg, 1773-1833, fut d’abord au service du grand-duc de Bade, puis s’attacha à Napoléon, se fit naturaliser Français et eut part au mariage de l’empereur avec Marie-Louise. A la chute de Napoléon, il fut un des membres du gouvernement provisoire en France : il accompagna Talleyrand au congrès de Vienne comme plénipotentiaire, et reçut en récompense de Louis XVIII la pairie et l’ambassade de Turin. On lui attribue une part dans l’Histoire de la Restauration de M. Capefigue.

DALÉCARLIE, en suédois Dalarne, anc. prov. de Suède, bornée à l’O. et au N. par les Dofrines, à l’E. par l’Helsingie et la Gestricie, au S. par la Westmanie et le Wermeland, forme auj. le gouvt de Falun. Elle doit son nom à la riv. de Dal qui l’arrose. Falun, Hedemora, en étaient les principales villes. La Dalécarlie est hérissée de montagnes couvertes de forêts de sapins et très-riches en mines. Elle a toujours servi de refuge aux mécontents : c’est là que Gustave Wasa se cacha en 1520, après son évasion des prisons de Christian II, et qu’il prépara l’affranchissement de la Suède.

DALECHAMPS (Jacq.), médecin, botaniste et philologue, né à Caen en 1513, mort à Lyon en 1586, exerça la médecine à Lyon depuis 1552. On lui doit : Historia generalis plantarum, Lyon, 1586, trad. par J. Desmoulins, 1615, ouvrage où sont rassemblées toutes les connaissances que l’on possédait alors en botanique, mais dont malheureusement il ne put faire par lui-même la publication, ce qui donna lieu à bien des fautes ; une édition d’Athénée, avec traduction latine et commentaires, 1552 ; Pline, 1587, édition estimée ; et des traductions françaises de Paul d’Égine, de Galien et de Cœlius Aurelianus.

D’ALEMBERT. V. ALEMBERT (D’).

DALESME (André), physicien, né vers 1660, mort en 1727, fut admis en 1699 à l’Académie des sciences. On lui doit un nouveau cric, d’une grande force, et un fourneau dans lequel la fumée, ramenée dans le brasier, se convertit en flamme en se brûlant de nouveau. Il avait imaginé en même temps que Newcomen une machine à vapeur.

DALGARNO (George), savant écossais, né à Aberdeen, publia à Londres en 1661 : Ars signorum, vulgo character universalis et lingua philosophica, ouvrage dans lequel il propose une langue universelle fondée sur une classification méthodique des idées. Déjà Wilkins, dès 1641, avait traité ce sujet.

DALIBARD (Thom. Franç.), naturaliste, fut un des premiers à introduire en France la méthode de Linné et publia en 1749, sous le titre de Floræ parisiensis prodromus, une Flore où les plantes sont distribuées d’après le système de ce savant. Il fut aussi le premier à répéter les expériences de Franklin sur l’électricité atmosphérique et traduisit ses écrits.

DALIE, anc. prov. de Suède, dans la Gothie occidentale, fait auj. partie des gouvts d’Elfsborg et de Gœtheborg-et-Bohus.

DALILA, femme philistine, de la vallée de Sorec, fut aimée de Samson. Gagnée par l’or de ses compatriotes, elle lui coupa pendant la nuit ses cheveux, dans lesquels résidait toute sa force, et le livra ensuite pieds et poings liés à ses ennemis.

DALIN (Olaüs), écrivain suédois, né à Winsberg en 1708, mort en 1763, fut conseiller de la chancellerie, puis chancelier de la cour. Son gouvt le chargea d’écrire l’Histoire générale du royaume. Cet ouvrage, publié à Stockholm en 1747, s’étend jusqu’à la mort de Charles XI. On a encore de lui un poëme : la Liberté de Suède, 1742, et un grand nombre d’Épîtres, de Satires, de Fables, de Pensées.

DALLERY (Ch.), mécanicien, né en 1754 à Amiens, mort en 1835, s’adonna d’abord à la facture de l’orgue, puis perfectionna la bijouterie, inventa en 1780 une machine à vapeur avec chaudière tubulaire, eut le premier l’idée d’appliquer l’hélice à la navigation à vapeur, prit à cet effet un brevet d’invention en 1803, et entreprit de construire un bateau sur ce principe, mais se ruina sans avoir pu achever ce bateau, et le brisa dans son désespoir.

DALMATIE. On désigne sous ce nom une prov. de l’anc. empire romain et le royaume actuel de Dalmatie, qui, joint à l’Albanie, forme un des 15 grands gouvernements des États autrichiens.

DALMATIE ANCIENNE, contrée de l’Europe, située entre l’Adriatique à l’O. et les monts de la Liburnie à l’E., faisait partie de la grande région illyrique. Ses habitants se subdivisaient en Dalmates proprement dits (à Delminium et Salone), Ardyéens ou Vardéens (vis-à-vis de l’île de Pharos), Autariates et Daorizes. Dans la distribution de l’empire en diocèses, la Dalmatie devint une prov. du diocèse d’Illyrie occidentale, et fit partie de la préfecture d’Italie. Elle eut alors pour ch.-l. Salone, qui était aussi capitale de tout le diocèse d’Illyrie occidentale.

DALMATIE-ET-ALBANIE (roy. de), province littorale des États autrichiens, le long de l’Adriatique, bornée au N. par l’Istrie et la Croatie, à l’E. par la Bosnie, au S. par l’Albanie turque, se compose de 4 cercles : Zara, Spalatro, Raguse et Cattaro, et de plusieurs îles : Arbe, Brazza, Bua, etc. ; 450 000 h., de races variées ; ch-l., Zara. La Dalmatie est traversée par les Alpes Dinariques ; elle est arrosée par de petites riv. côtières, dont les principales sont : le Kerba, la Zermania, la Cettina et la Narenta. Climat tempéré dans l’intérieur, chaud sur les côtes ; sol fertile, riches carrières de marbre et d’albâtre ; mines de fer et de houille. Construction de petits bâtiments ; assez de commerce. La langue usuelle est l’esclavon ; dans les villes maritimes, c’est, l’italien.

Histoire. La Dalmatie formait jadis un État puissant, composé de peuples divers qui furent successivement soumis par les Romains. Les Dalmates-Ardyéens étaient devenus sujets dès l’an 229 av. J.-C. Paul-Émile prit Delminium en 219 ; Gentius, roi de l’Illyrie, battu et pris en 168, se vit enlever les provinces dalmates qu’il possédait ; Marcus Figulus (156) et Nasica Corculum (154) domptèrent les Autariates et autres tribus dalmates ; un Métellus soumit le reste du pays sans coup férir en 118, et prit de là le nom de Dalmaticus. L’an 9 de J.-C., la Dalmatie se révolta, mais ce soulèvement fut bientôt réprimé. Après la chute de l’empire d’Occident, la Dalmatie fut conquise par les Hérules, puis par les Ostrogoths ; elle fut réunie à l'empire de Constantinople sous Justinien. Les Slaves Sorabes s'y établirent en 640. Quelque temps tributaires des Avares, ils reconnurent ensuite la suzeraineté des empereurs francs ; cependant la Dalmatie maritime (Zara, Trau, Spalatro, Raguse) fut attribuée à l'empire grec par le traité de 812. Peu à peu ces peuples se rendirent indépendants. Les Croates et les Dalmates de la côte exercèrent longtemps la piraterie. De là des guerres avec Venise qui, à la fin du Xe siècle, s'empara des villes de la Dalmatie maritime. En 1052 le Croate Crescimir Pierre les reprit et s'intitula roi de Dalmatie et de Croatie. Il eut pour successeurs Démétrius Suinimir et Étienne. Les rois de Hongrie héritèrent du dernier en 1088. Venise, qui ne gardait plus que Zara, reconquit la Dalmatie maritime après l'extinction des Arpades, en 1301 ; elle ne la perdit qu'avec son existence politique en 1797. La Dalmatie devint alors prov. de l'Autriche, par le traité de Campo-Formio. En 1805, le traité de Presbourg la donna à Napoléon, qui en 1809 l'annexa aux provinces illyriennes. Elle redevint autrichienne en 1814. — Les doges de Venise prenaient le titre de ducs de Dalmatie. La maison des comtes de Dachau et celle des comtes d'Andechs, son héritière, ont également porté ce titre. Napoléon créa duc de Dalmatie le maréchal Soult.

DALRYMPLE (Alex.), géographe écossais, né à Édimbourg en 1737, mort en 1808, voyagea pour la Compagnie des Indes, visita avec soin l'archipel Oriental et en donna des cartes exactes. Ce fut d'après ses plans que le ministère anglais entreprit les voyages de découverte que Cook a exécutés. On lui doit une collection des Voyages faits dans l'Océan Pacifique, 1770, trad. par Fréville, 1774, et un Atlas des côtes de Malabar, Coromandel, etc., 1806.

DALRYMPLE (John HAMILTON), baron de l'échiquier du roi en Écosse, attaché à la cause royaliste, né vers 1726, mort en 1810, a publié des Mémoires sur la Grande-Bretagne depuis la dissolution du dernier Parlement de Charles II, 1771, trad. par l'abbé Blavet, 1776. Ces mémoires établissent que, sous Charles II, plusieurs membres du Parlement, entre autres Algernon Sydney, étaient soudoyés par Louis XIV.

DALRYMPLE (sir H. Whiteford), général anglais, 1750-1830, commanda en 1808 l'armée britannique en Portugal et fit signer à Junot la célèbre capitulation de Cintra, pour l'évacuation de ce pays.

DALRYMPLE, comte de Stair. V. STAIR.

DALTON (John), physicien et chimiste, né en 1766 à Englesfield (Cumberland), d'une honorable famille de quakers, mort en 1844 à Manchester, enseigna longtemps les mathématiques dans cette dernière ville, puis s'appliqua à la physique et à la chimie. Il étudia surtout les phénomènes produits par l'action de la chaleur sur les gaz et les vapeurs, et mit en lumière la théorie atomique, qui, dès 1789, avait été entrevue par Higgins : il supposait que les corps sont composés de particules indivisibles qui s'unissent entre elles dans des proportions définies. Ses principaux ouvrages sont : Meteorological observations (1793); New System of chemical phylosophy (1808-1810). Dalton était membre de la Société royale de Londres et associé de l'Institut de France.

DAMALA, v. de la Grèce moderne (Argolide), à 8 kil. O. de Poros, est l'ancienne Trézène. Ruines.

DAMAN, v. portugaise de l'Inde, dans le Guzzerate, avec un port sur la mer, à 130 kil. N. de Bombay ; 6000 h. Cél. temple de Parsis où l'on conserve le feu sacré depuis 1200 ans. Aux Portugais depuis 1531.

DAMANHOUR, Hermopolis Parva, v. de la B.-Égypte, ch.-l. de prov., à 80 k. S. E. d'Alexandrie. — Vge à 7 kil. N. E. du Caire. Palais du pacha.

DAMAR, v. d'Arabie (Yémen), dans l'État de Sanaa, à 100 kil. S. de Sanaa; 5000 maisons, (env. 25 000 h.) Université pour la secte des Zeïtes.

DAMAS, Damascus, l’El-Châm des Arabes, v. de Syrie, ch.-l, du pachalik de ce nom, sur le Barady, à 1100 kil. S. E. de Constantinople; 200 000 h., dont 30 000 chrétiens et 5000 juifs. Résidence du patriarche grec d'Antioche et d'un mollah de 1re classe. Assez belle ville : vieilles murailles et tours, château fort; rues étroites et tortueuses ; beaucoup de fontaines ; maisons avec terrasses et trottoirs; 60 mosquées (on remarque la superbe mosquée dite Zékie), séraï ou palais du pacha; beaux bazars, cafés élégants et renommés. Très-grands faubourgs. Damas était jadis célèbre par ses fabriques d'armes blanches et d'acier qui ont fait donner le nom de damas aux meilleures lames, mais ses ouvriers en acier ont été transférés par Tamerlan en Boukharie. Elle produit encore d'admirables ouvrages en nacre, des étoffes de soie brochées, dites damas, des étoffes de coton, cachemires, perles, huile de rose et autres parfums. Grand commerce; grandes caravanes pour La Mecque, pour Bagdad, etc. — Damas est une v. très-ancienne : elle est mentionnée dans la Genèse. Elle fut parfois soumise aux Juifs, et parfois elle forma un roy. indépendant. Elle appartint ensuite aux rois de Perse, à ceux de Syrie, aux Romains, aux Arabes (632). Ceux-ci en firent d'abord leur capitale, d'où les califes ommiades se nomment aussi califes de Damas. Les Croisés l'assiégèrent inutilement en 1158. Tamerlan s'en empara en 1401, et Selim I, sultan turc, en 1516. Les Musulmans y sont très fanatiques : ils firent un horrible massacre des Chrétiens en 1860.

DAMAS (eyalet ou pachalik de), une des 4 grandes divisions de la Syrie, entre le pachalik d'Alep et l'Arabie; 530 kil. sur 450; 1 250 000 hab. Il est séparé de la mer par les pachaliks de Tripoli et d'Acre. Ch.-l., Damas. Il se divise en 6 livahs (Damas, Hama, Tadmour, Soliman ou Jérusalem, Gaza, Naplouse). L'anc. Palestine en fait partie.

DAMAS (famille DE), anc. et noble maison de France, connue dès le XIIIe s., a surtout joué un rôle dans ces derniers temps. Nous citerons : Charles de Damas, né en 1758, mort en 1829, premier gentilhomme de la chambre du roi Louis XVI, puis colonel pendant la guerre d'Amérique. Arrêté avec Louis XVI à Varennes, il fut rendu à la liberté par l'amnistie du 13 novembre 1791, émigra en 1792, accompagna le comte d Artois dans l'expédition infructueuse de l'Ile-Dieu, rentra en France en 1814, suivit Louis XVIII à Gand, et fut à son retour nommé pair; en 1827, il fut élevé au titre de duc. — Roger, comte de Damas, son frère, né en 1765, mort en 1823. Il entra fort jeune comme officier dans le régiment du roi, passa en Russie et se distingua dans la guerre contre les Turcs (1787). Pendant la Révolution, il fut aide de camp du comte d'Artois, puis commanda la légion Mirabeau dans l'armée de Condé (1794-98). 11 servit ensuite le roi de Naples contre les troupes républicaines : sa retraite en Calabre fut admirée par les Français qu'il combattait. En 1814, il rentra en France avec les Bourbons, et fut nommé lieutenant général. Il fut élu député en 1815. — Fr.-Ét. de Damas, né à Paris en 1764, mort en 1828. D'abord sous-lieutenant au régiment de Royal-Auvergne, il parvint au grade de chef d'état-major de Kléber, et le suivit en Égypte (1799). Disgracié par Bonaparte, il quitta le service, fut compromis dans le procès de Moreau, et rendu à la liberté par l'intercession de Murat. Celui-ci, devenu grand-duc de Berg, l'employa comme secrétaire d'État et commandant militaire (1806). Il fit la campagne de Russie, se distingua au passage de la Bérézina, puis revint dans la duché de Berg, et rentra en France en 1815 avec le titre d'inspecteur général d'infanterie.

DAMASCÈNE. V. JEAN et NICOLAS.

DAMASCIUS, philosophe éclectique, né à Damas vers l'an 480 de J.-C., disciple de Marinus, enseignait à Athènes lorsque Justinien fit fermer les écoles païennes (529). Il se réfugia auprès de Chosroës, roi de Perse; ce prince obtint son retour dans sa patrie en 533. Il avait écrit une Histoire des principaux éclectiques, dont Photius a conservé des fragments, et un traité Des Principes, dont la 1re partie a été publiée par J. Kopp, Francf., 1826 (le grec seul). M. Ruelle a donné une Étude sur Damascius, 1861.

DAMASE I (S.), pape, né en Portugal, fut élu en 366, travailla à la conservation de la discipline ecclésiastique, tint plusieurs conciles contres les Ariens, anathématisa plusieurs hérétiques ou schismatiques, et mourut en 384. Il avait S. Jérôme pour secrétaire. Il a laissé quelques poésies chrétiennes et des écrits théologiq., réunis à Paris, avec sa Vie, 1672, in-8. On le fête le 11 déc.

DAMASE II, pape en 1048, était évêque de Brixen (Tyrol), et fut élevé au trône pontifical par l'emp. Henri III, sans avoir été élu. Il ne survécut que 23 jours à sa nomination.

DAMAVEND. V. DÉMAVEND.

DAMAZAN, ch.-l. de c. (Lot-et-Gar.), à 23 k. N. de Nérac sur la r. g. de la Garonne; 955 hab.

DAMBACH, petite v. du dép. du B.-Rhin, à 8 k. N. de Schelestadt; 3000 h., en partie Juifs. Mine de fer et de manganèse.

DAMBRAY (Charles), magistrat, né à Rouen en 1760, mort en 1829, fut avocat général à la Cour des aides de Paris, et remplaça Séguier dans les mêmes fonctions au parlement (1788). Il allait entrer au ministère lorsque la Révolution éclata. Il se retira en Normandie après le retour du roi de Varennes et resta en rapport avec les Bourbons sous l'Empire. En 1814, Louis XVIII le nomma chancelier, ministre de la justice, et président de la Chambre des Pairs. Réfugié en Angleterre pendant les Cent-Jours, il reprit la présidence à son retour.

DAMER, v. du Dongola, au confluent du Nil et du Tacazzé; 500 maisons; capit. d'un État indépendant.

DAMES (paix des). V. CAMBRAY.

DAMIEN (S.) V. COSME (S.)

DAMIEN (S. Pierre), Damianus, docteur de l'Église, né à Ravenne vers 988, mort à Faenza en 1072, avait gardé les pourceaux dans sa jeunesse. Un de ses frères, archidiacre de Ravenne, se chargea de son éducation. Damien, une fois ses études faites, entra dans l'ermitage de Font-Avellana (Ombrie) ; il en fut nommé abbé en 1041. Il rendit de grands services aux papes Grégoire VI, Clément II, Léon IX, Victor II et Étienne IX : ce dernier le créa cardinal-évêque d'Ostie. L'amour de la solitude le porta, en 1062, à renoncer à sa charge, et il rentra dans son ermitage. D'une austérité excessive, il propagea la pratique de la flagellation. Il eut à remplir plusieurs missions importantes, mais il vécut toujours, même au milieu des cours, dans une extrême pauvreté. On le fête le 23 févr. Il a laissé quelques écrits, imprimés à Paris en 1642 et 1643, in-fol.

DAMIENS (Rob. Franç.), régicide, né en 1715, près d'Arras, frappa en 1757 le roi Louis XV d'un coup de couteau au moment où ce prince sortait du château de Versailles. Saisi aussitôt, Damiens fut condamné à mort, et écartelé sur la place de Grève à Paris. Selon quelques historiens, cet homme aurait été en proie, au moment de son action, à une espèce de délire; selon d'autres, il avait été poussé à ce crime par le mécontentement général de la nation. Damiens avait été d'abord soldat, puis domestique chez les Jésuites à Paris; il était sans emploi quand il commit son crime.

DAMIETTE, Tamiathis, v. de la B.-Égypte, sur la branche orientale du Nil, à 9 k. de la mer, à 160 k. N. E. du Caire. Env. 25 000 h., dont 4000 chrétiens. Évêché copte. — Damiette était une ville maritime importante au moyen âge : S. Louis la prit en 1249 et la rendit ensuite aux Musulmans comme partie de sa rançon. La ville fut rasée vers la fin du XIIIe s. ; de ses débris se forma la nouvelle Damiette, à 6 k. au S. Louis IX donna aux remparts d'Aigues-Mortes la forme qu'avaient ceux de la ville égyptienne. — Le nom de Damiette a été donné à une colonie agricole formée en Algérie en 1848, à 3 kil. de Médéah.

DAMILAVILLE (Ét.), né en 1719, mort en 1768, était premier commis au bureau du Vingtième. Il est surtout connu comme l'ami et le correspondant de Voltaire. C'était un homme médiocre, mais il eut le mérite aux yeux des philosophes d'alors d'être un ardent ennemi de la religion. On lui a attribué le Christianisme dévoilé, ouvrage qui fut condamné au feu par le parlement en 1770 et qui paraît être l'ouvrage de d'Holbach.

DAMIRON (Philibert), philosophe français, 1794-1862; fut élève de l’École normale, disciple de M. Cousin, et membre de l'Acad. des sciences morales. On lui doit l’Hist. de la phil. en France au XIXe siècle (1820) et au XVIIe siècle, (1860).

DAMIS. V. APOLLONIUS (de Tyane).

DAMM, v. des États prussiens (Poméranie), à 7 k. S. E de Stettin ; 2500 h. Château fort. V. DAMME.

DAMM (Chr. Tobie), théologien protestant et helléniste, né à Leipsick en 1699, m. en 1778. On a de lui : Novum lexicon græcum etymologicum et reale, Brandebourg, 1765, et Londres, 1842.

DAMMARTIN, Martini dominium, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), à 21 kil. N. O. de Meaux, sur une éminence d'où on a une vue fort étendue ; 2000 hab. Blondes de soie noire. Marché aux grains. — Ce bourg a donné son nom aux comtes de Dammartin, qui remontent au XIe siècle. Philippe Hurepel, fils de Philippe-Auguste, devint comte de Dammartin au commencement du XIIIe siècle par son mariage avec Mahaut, héritière de cette maison. En 1258, ce comté fut porté par mariage dans la maison de Trie; puis, après avoir passé dans diverses familles, échut en 1439 à Antoine de Chabannes dont la fille le porta dans la maison d'Anjou. Anne, duc de Montmorency, l'acheta en 1554. Il fut confisqué en 1632 à la mort du maréchal de Montmorency et donné par Louis XIII aux princes de Bourbon-Condé.

DAMMARTIN (Ant., comte de). V. CHABANNES.

DAMME (du hollandais dam, digue), bourg de Belgique (Flandre occid.), sur un canal de même nom, à 5 k. N. de Bruges; 900 h. Forte digue, du XIIIe siècle. Place jadis forte, prise par Philippe-Auguste (1213), par Charles VI (1384), par Marlborough (1706).

DAMNONII. V. DUMNONII.

DAMOCLÈS, flatteur de Denys le Tyran, vantait souvent le bonheur de ce prince. Celui-ci, pour l'en faire juge, l'invita à un festin, et, l'ayant fait habiller et servir en prince, fit suspendre au-dessus de sa tête, pendant le repas, une épée nue, attachée au plafond par un crin de cheval.

DAMON et PYTHIAS, pythagoriciens, célèbres par leur amitié, vivaient a Syracuse, 400 ans av. J.-C., sous Denys le Jeune. Damon, condamne à mort par le tyran, obtint la permission d'aller dans sa patrie pour mettre ordre à ses affaires, et Pythias se rendit caution de son retour. A l'approche de l'heure marquée, Damon ne paraissant pas, on allait conduire Pythias au supplice; mais il revint à temps, et un combat de générosité s'éleva entre les deux amis pour savoir qui devait mourir. Denys fut si touché de ce trait de fidélité qu'il laissa vivre Damon et demanda à tous deux d'être reçu en tiers dans leur amitié.

DAMOREAU (Laure-Cinthie, dite Mme DAMOREAU-CINTI), cantatrice française, née Montalant (1801), m. en 1863; a laissé un souvenir durable à l'Opéra et à l'Opéra-Comique; a professé pendant 12 ans au Conservatoire, et laissé une méthode de chant.

DAMPIER (Will.), voyageur anglais, né en 1652 au comté de Somerset, fit deux voyages autour du monde (1673-1691 et 1699-1701). Il a laissé son nom à un archipel de la Papouasie (par 20° 39' lat. S. et 140° 6' long. E.). On ne sait pas la date de sa mort. Il donna en 1699, à Londres, en 3 vol. in-8, le Recueil de ses voyages, trad. en français, 1701 et 1732, On lui doit un traité estimé Sur les vents, les marées et les courants.

DAMPIERRE, ch.-l. de c. (Jura), à 21 kil. N. E. de Dôle; 500 hab. Forges, hauts fourneaux. DAMPIERRE, vge de Seine-et-Oise, à 12 k. N. E. de Rambouillet, sur l'Yvette ; 800 h. Beau château, construit par J. H. Mansart, pour le duc de Lorraine, et appartenant auj. au duc de Luynes, qui l'a magnifiquement restauré.

DAMPIERRE-SUR-SALON, ch.-l. de c. (Haute-Saône), à 16k. N. E. de Gray; 1400 h. Forges, pierre détaille.

DAMPIERRE (Guy de), comte de Flandre et pair de France, accompagna S. Louis en Afrique (1270). Ayant marié sa fille à Édouard d'Angleterre sans l'autorisation de Philippe le Bel, son suzerain, celui-ci lui déclara la guerre, le défit à Fumes (1297) et s'empara de ses principales places. Dampierre vint à Paris implorer la clémence du roi, mais Philippe le retint prisonnier à Compiègne où il mourut en 1305.

DAMPIERRE (Aug. PICOT, marquis de), général français, né à Paris en 1756, embrassa avec ardeur les idées nouvelles en 1789, servit en 1792 sous Rochambeau, puis sous Dumouriez, et se distingua par sa bravoure à Nerwinde (1793). A la défection de Dumouriez, il se prononça hautement en faveur de la République, et fut chargé du commandement en chef. Il releva le moral de l'armée, reprit l'offensive et fut tué d'un coup de canon, sous Valenciennes, en 1793. La Convention lui décerna les honneurs du Panthéon. — Un de ses descendants a été tué, pendant le siège de Paris, à Bagneux (oct. 1870).

DAMRÉMONT. V. DANRÉMONT.

DAMVILLE, ch.-l. de c. (Eure), à 18 kil. S. O. d'Évreux, sur l'Iton; 700 hab. Ancienne baronnie.

DAMVILLIERS, ch.-l. de c. (Meuse), à 22 kil. S. de Montmédy; 1000 hab. Patrie du maréchal Gérard. Anc. place forte, démantelée par Louis XIV en 1683.

DAN, 5e fils de Jacob, avait pour mère Bala, servante de Rachel. Il donna son nom à une des 12 tribus d'Israël, bornée à l'E. par les tribus de Benjamin et de Juda; au S. par celle de Juda, dont elle était séparée par le torrent de Sorek; au N., par celle d'Éphraïm; et à l'O., par la mer.

DAN ou LAÏS, v. de la tribu de Nephthali, la plus sept. du pays, était une colonie de la tribu de Dan.

DANAÉ, fille d'Acrisius, roi d'Argos, fut, selon la Fable, enfermée dans une tour d'airain par son père à qui l'oracle avait prédit qu'il serait tué par l'enfant qui naîtrait d'elle. Jupiter pénétra dans cette tour sous la forme d'une pluie d'or, et séduisit Danaé : de cette union naquit Persée. Acrisius voulut le faire périr en l'exposant aux flots ainsi que sa mère ; mais le coffre qui les contenait ayant été recueilli sur les côtes de l'île de Sériphe, ils furent sauvés tous deux. Plus tard Persée devint en effet, quoique involontairement, le meurtrier d'Acrisius. V. PERSÉE.

DANAÏDES, nom de 50 sœurs, toutes filles de Danaüs, roi d'Argos. Egyptus, roi d’Égypte, leur oncle, qui avait 60 fils, ayant voulu leur faire épouser ses fils, qui étaient leurs cousins germains, les Danaïdes se refusèrent à ce mariage, qui leur paraissait impie. Egyptus envoya ses fils à Argos à la tête d'une puissante armée, pour les y contraindre. Danaüs, trop faible pour résister, consentit au mariage, mais il convint secrètement avec les Danaïdes qu'elles massacreraient leurs maris la 1re nuit de leurs noces. Cet horrible projet s'exécuta : la seule Hypermnestre épargna son mari, Lyncée. Pour punir ces criminelles épouses, Jupiter les précipita dans le Tartare et les condamna à y remplir éternellement un tonneau sans fond.

DANAPRIS, fleuve de Sarmatie, auj. le Dniepr.

DANASTER, fleuve de Sarmatie, auj. le Dniestr.

DANAÜS, fils de Bélus, originaire de Chemmis, régna d'abord sur la Basse-Égypte, conjointement avec son frère Egyptus; mais, ayant attenté aux jours de ce prince, il fut forcé de fuir et vint à Argos (vers 1572 av. J.-C., ou un siècle plus tard selon d'autres). Là, le roi Gélanor, de la dynastie d'Inachus, l'accueillit avec la plus grande bienveillance ; mais Danaüs ne le récompensa qu'en usurpant sur lui le trône; d'autres disent que Gélanor abdiqua en sa faveur. Quoi qu'il en soit, c'est alors que commence à Argos la dynastie des Bélides. La Fable donne à Danaüs 50 filles (V. DANAÏDES). Il eut pour successeur Lyncée, son gendre. — Depuis le règne de Danaüs, les Argiens et par suite tous les Grecs furent désignés sous le nom de Danai.

DANCHET (Ant.), poëte dramatique, né en 1671 à Riom, mort à Paris en 1748, fut d'abord précepteur, puis se livra au théâtre. Il donna des tragédies qui eurent peu de succès, et des opéras qui réussirent : le meilleur est celui d’Hésione (1700). Danchet fut de l'Académie française et de celle des inscriptions. Ses œuvres, publiées en 1751 (4 vol. in-12), contiennent, outre ses pièces dramatiques, des odes, des cantates, des épîtres. La versification en est faible, mais douce et facile.

DANCOURT (Florent CARTON), auteur et acteur comique, né à Fontainebleau en 1661, d'une famille noble, mort en 1726, fut d'abord avocat; il quitta cette profession à 24 ans pour épouser la fille du comédien La Thorillière et entrer avec elle dans la troupe des comédiens du roi, se fit en même temps auteur et donna dans l'espace de 33 ans une soixantaine de pièces. Celles qui eurent le plus de succès sont : le Notaire obligeant, le Chevalier à la mode, les Bourgeoises à la mode, les Vendanges de Suresnes, les Vacances, le Mari retrouvé, les Trois Cousines, le Galant Jardinier. Dancourt excelle dans la farce et le genre grotesque, mais trop souvent il brave la décence. Il réussit admirablement à mettre en scène les villageois, ce qui l'a fait surnommer le Téniers de la comédie. Ses œuvres ont été souvent réimprimées; la meilleure édition est celle de 1760, 12 vol. petit in-12. Didot adonné ses Œuvres choisies, 1818, 5 vol in-18.

DANDELOT ou D'ANDELOT (François DE COLIGNY, plus connu sous le nom de), frère puîné de l'amiral Coligny, né à Châtillon-sur-Loing en 1521, embrassa de bonne heure la Réforme et s'en montra un des plus zélés défenseurs. Il défendit avec son frère, en 1557, la place de St-Quentin contre les Espagnols. Lorsque la guerre civile eut éclaté, il se distingua à Dreux en 1562 et à Jarnac en 1569. Il mourut à Saintes deux mois après ce dernier combat.

DANDJOUR, collection de livres bouddhistes, composée de 240 vol. in-4, forme, avec le Gandjour, qui en a 108, l'encyclopédie bouddhiste.

DANDOLO, famille patricienne de Venise, fort ancienne, a donné quelques doges à la république. Le plus célèbre de ces doges est Henri (Enrico) Dandolo, qui fut élu à cette haute dignité en 1192, à l'âge de 82 ans, et fut un des principaux chefs de la 4e croisade. Il fit prendre Zara par les Croisés pour le compte de Venise, puis il les poussa sur Constantinople. Après la prise de cette ville par les Croisés, il refusa, dit-on, la couronne qui lui était offerte; mais il se fit élire despote de la Romanie, obtint pour la république de Venise un quartier de Constantinople et les îles de l'Archipel, acheta Candie, qui était échue en partage au duc de Montferrat, et apporta à Venise une foule de chefs-d'œuvre de l'art, enlevés à l'empire grec. Il mourut un an après (1205) à Constantinople même. En 1173, l'empereur grec Manuel lui avait fait brûler les yeux lorsqu'il était venu, au nom de la république de Venise, lui redemander des députés que ce prince retenait injustement; ce supplice affaiblit sa vue, mais ne la lui fit pas perdre tout à fait. — Jean D., élu en 1280, mort en 1289, soutint contre le patriarche d'Aquilée, au sujet des villes de Pirano et d'Isola en Istrie, qui s'étaient données à Venise, une guerre ruineuse, qui dura autant que son règne. — François Dandolo, doge de 1328 à 1339, avait reçu le surnom de Chien pour s'être présenté (en 1323) au pape Clément V avec une chaîne au cou, en le suppliant de retirer une excommunication que le pontife avait lancée contre la république. Sous son règne, Venise enleva à la maison della Scala les villes de Trévise, Ceneda et Conegliano. — André D., élu en 1342 à l'âge de 36 ans, mort en 1354, soutint une guerre malheureuse contre Louis le Puissant, roi de Hongrie; mais s'illustra par son amour pour les lettres et par la protection qu'il accorda à Pétrarque. Il a écrit une Chronique de Venise, en latin (dans le T. XII de la collection de Muratori).

DANEBROG (ordre de), ordre danois, fondé en 1219 par le roi Valdemar II en mémoire d'une bataille gagnée sur les Livoniens, dans laquelle apparut un étendard miraculeux dit Danebrog, qui rallia les fuyards, fut renouvelé en 1671 par Christian V et réformé en 1808 par Frédéric VI. Il est destiné à récompenser tous les genres de services, militaires ou civils. L'insigne est une croix blanche pattée, bordée rouge et or, avec les mots Gud og Kongen (Dieu et le roi); le ruban est blanc, liseré de rouge.

DANEGELD (c.-à-d. tribut danois), impôt établi en Angleterre par Ethelred II (vers 1001), pour acheter le départ des Danois dont les flottes désolaient les côtes ou pour solder les troupes destinées à les repousser. Maintenu longtemps après l'expulsion des Danois, il ne disparut que sous le roi Étienne, en 1135.

DANEMARK, Dania en latin, roy. de l'Europe septent., le plus petit des trois royaumes Scandinaves (Suède, Norvège et Danemark), est partout baigné par la mer, excepté au Sud, où il est borné par le duché de Sleswig; il a la Baltique à l'E. et la mer du Nord à l'O. ; le détroit du Sund, le Cattégat et le Skager-Rack le séparent de la Suède et de la Norvège: 1 525 000 h.; capit., Copenhague. Villes principales : Elseneur, Aarhuus, Aslborg, etc. Il se compose : 1° de la péninsule cimbrique (Jutland) ; 2° de l'archipel danois : îles Seeland, Fionie, Laaland, Falster, Bornholm, Mœn, Œroë, Alsen, Femern, etc., auxquelles il faut joindre l'Islande et l'archipel de Féroë. Il faut ajouter à ces possessions les colonies danoises, qui consistent en établissements sur la côte du Groënland; plus les îles Ste-Croix, St-Thomas, St-Jean, aux Antilles (Tranquebar et Serampour, dans l'Inde, et les îles Nicobar, ont été vendues aux Anglais, ainsi que les établissements que les Danois possédaient sur la côte occidentale d'Afrique).

Les possessions danoises d'Europe se partagent administrativement en bailliages ou cercles, comme suit :

Pays. Bailliages.
Copenhague,
Frederiksbourg,
Holbek, îles Seeland et Mœn.
Soroë,
Prestoë,
Bornholm, île Bornholm.
Mariboë, île Falster et Laaland.
Odensée, île Fionie.
Svendborg,
Hiorring,
Aalborg,
Thisted,
Viborg,
Randers,
Aarhuus, Jutland.
Skanderborg,
Veile,
Ringkjobing,
Ribe,
Féroë, Archipel de Féroë.
Œroë, île Œroë.
Nordborg,
Sonderborg, île Alsen.
Femern, île Femern.

Le Danemark a peu de montagnes; les cours d'eau qui l'arrosent sont peu importants; on y trouve beaucoup de marais, surtout dans le Jutland. Le climat est peu rigoureux, mais humide; le sol est fertile en pâturages, et nourrit de beau bétail, et de bons chevaux. L'agriculture, y est très-développée : outre les céréales, qui sont le principal produit, on y cultive avec succès la garance, le houblon. — Les hab. sont presque tous de race scandinave ou germanique. Le gouv., d'abord représentatif, devint absolu en 1660; c'est auj. une monarchie tempérée. Le luthéranisme est la religion dominante; les autres sont tolérées : les Juifs sont très-nombreux. L'industrie consiste surtout en toiles à voiles, draps, porcelaines, armes; on fabrique aussi en Danemark beaucoup de gants dits gants de Suède. Le commerce y est depuis longtemps florissant. L'instruction y est très-répandue.

Histoire. Le Danemark était habité au commencement de l'ère chrétienne par les Jutes ou Goths, par les Cimbres et par les Angles. Il eut longtemps pour rois des princes goths, qui se prétendaient issus d'Odin, et qu'on nomme Skioldungiens, du nom de Skiold, qui régna le premier; ils rendaient à Odin un culte sanguinaire. Le Christianisme ne fut introduit chez eux que vers 826, par S. Anschaire. A partir du VIIIe siècle, les Danois s'adonnèrent à la piraterie, ainsi que les Norvégiens, avec lesquels on les comprend souvent sous le nom de Northmans ou Normands (hommes du Nord). Ils secoururent les Saxons contre Charlemagne, mais furent enfin obligés d'implorer la paix en 803. Leurs fréquentes incursions désolèrent l'empire carlovingien, l'Allemagne, l'Espagne et surtout la Grande-Bretagne pendant un siècle. Deux fois ils conquirent presque toute l'Angleterre : la 1re en 878, au temps d'Alfred, qui bientôt reprit sur eux une partie du pays; la 2e en 1015, à la mort d'Edmond Côte de Fer, et sous Canut le Grand; mais leur domination en Angleterre ne dura que jusqu'en 1042. La dynastie skioldungienne s'éteignit en Danemark en 1047 et fut remplacée par les Esthrithides; sous ceux-ci, le Danemark devint un instant fief de l'Allemagne (1153-62). Redevenu indépendant, il acquit l'île de Rügen (1168), la Slavonie, le Mecklembourg actuel (1184-88), la Pomérélie (1210), que toutefois il perdit bientôt, l'Esthonie (1239) que Valdemar vendit en 1347 à l'Ordre Teutonique. Les Esthrithides s'étant éteints en 1375, la succession devint litigieuse jusqu'à ce que la tutrice du Danemark, Marguerite, fille de Valdemar IV, eût donné la couronne à Éric de Poméranie (1396). Elle l'avait déjà fait roi de Norvège en 1389; elle le fit couronner roi de Suède en 1397, par la célèbre union de Calmar, qui fondait les trois États en un seul. Mais cette, union n'exista guères que nominalement : après avoir été plusieurs fois rompue de fait, notamment en 1448, elle le fut enfin pour toujours en 1523, à la suite de la révolte de Gustave Wasa contre Christian II. La Norvége resta néanmoins unie au Danemark, qui conserva de plus en Suède 5 provinces maritimes de la Gothie. En 1448, après la mort de Christophe de Bavière, Christian I, de la maison d'Oldenbourg, fut élu roi par les Danois et devint le chef de la maison qui règne encore aujourd'hui : il réunit le Holstein à ses États qui comprenaient l'archipel danois, le Jutland et le Sleswig (1460). Sous Christian IV, le Danemark prit une part malheureuse à la guerre de 30 ans : par les traités de Bromsœbro (1645), de Roskilde (1658) et de Copenhague (1660), il perdit ses provinces de Gothie et sa supériorité sur la Suède. En 1665, une insurrection du peuple contre les nobles donna à la royauté le pouvoir absolu : elle en usa pour le bien du pays, améliora la législation, abolit le servage et proclama l'égalité de tous devant la loi. Allié de Napoléon, le Danemark fut cruellement traité par l'Angleterre et vit bombarder Copenhague (1807) ; en 1814, il perdit la Norvége, qui fut réunie à la Suède. En 1816, la Prusse lui céda le duché de Lauenbourg. En 1831, Frédéric VI accorda à ses peuples des assemblées d’États provinciaux; en 1849 Frédéric VII leur donna une constitution parlementaire : la diète se compose de 2 assemblées, le Folke-thing (Chambre du peuple) et Lands-thing (Chambre des grands propriétaires). — Le règlement de la future succession au trône donna lieu en 1848 à une grande agitation, le Sleswig, le Holstein et le Lauenbourg ayant tenté à cette occasion de se séparer du Danemark, avec l'appui de la Prusse : après une guerre de 3 ans, dans laquelle la Prusse eut le dessous, le traité de Londres du 8 mai 1852 termina le différend en assurant la succession, après l'extinction de la maison d'Oldenbourg, au prince Christian de Sonderbourg-Glucksbourg. Toutefois, à la mort de Frédéric VII (1863), l'Allemagne réclama l'indépendance du Holstein et du Sleswig, ce qui donna lieu à une nouvelle guerre, désastreuse pour le Danemark : le 30 octobre 1864, une paix fut signée, par laquelle le Danemark céda à l'Autriche et à la Prusse, qui s'étaient chargées de l'exécution fédérale, les duchés de Sleswig, de Holstein et de Lauenbourg.

Rois de Danemark depuis le Xe siècle.
Skioldungiens.
Harald Blaatand, 930
Suénon et Harald VIII, 980
Canut II, le Grand, 1014
Canut III (Hardeknut), 1036
Magnus de Norvége, 1041
Esthrithides.
Suénon II, 1047
Harald IX, 1076
Canut IV, le Saint, 1080
Olof Hunger, 1086
Éric III, 1095
Nicolas, 1103
Éric IV, 1134
Éric V, 1137
Suénon III et Canut V, 1147
Valdemar I, 1157
Canut VI, 1182
Valdemar II, 1202-1241
(avec Valdemar III, 1219-1231)
Éric VI, le Saint, 1241
Abel, 1250
Christophe I, 1252
Éric VII Glipping 1259
Éric VIII Menvend, 1286
Christophe II, 1320
Valdemar IV, 1340
De diverses familles.
Olof II, 1376
Marguerite, 1387
Éric IX, de Poméranie, 1396
Christophe III, Bavarois, 1440
Maison d'Oldenbourg.
Christian I, 1448
Jean, 1481
Christian II, 1513
Frédéric I, 1523
Christian III, 1534
Frédéric II, 1559
Christian IV, 1588
Frédéric III, 1648
Christian V, 1070
Frédéric IV, 1699
Christian VI, 1730
Frédéric V, 1746
Christian VII, 1766
Frédéric VI, 1808
Christian VIII, 1839
Frédéric VII, 1848
Maison de Sonderbourg-Glucksbourg.
Christian IX, 1863

DANÈS (P.), Danesius, né à Paris en 1497, mort en 1577, étudia les langues anciennes sous Lascaris et Budé, fut le premier nommé professeur de grec au Collége royal (1530), et forma des élèves distingués, entre autres Amyot et Daurat. François I l'envoya au concile de Trente; Henri II le nomma précepteur de son fils François II, et le fit évêque de Lavaur. On a de lui des éditions de Justin, Florus, Sextus Rufus, 1519; de Pline, 1532, sous le pseudonyme de Bellocirius; des Éloges et Opuscules, publ. par un de ses descendants, Paris, 1731, in-4.

DANET (l'abbé P.), philologue, né à Paris vers 1640, mort en 1709, était curé de Ste-Croix à Paris. Il est l'auteur de Dictionnaires français-latin (1685) et latin-franç. (1691), composés pour l'usage du Dauphin, et qui eurent longtemps cours dans les écoles. On lui doit aussi une édition de Phèdre, ad usum Delphini, 1675; des Racines latines, 1677; un Dictionnaire d'antiquités grecques et romaines (lat.), 1698.

DANGÉ, ch.l. de c. (Vienne), à 14 kil. N. de Châtellerault, sur la r. g. de la Vienne; 900 h. Station.

DANGEAU, vge du dép. d'Eure-et-Loir, sur l'Ozanne, à 10 kil. N. de Châteaudun; 1370 h. patrie et domaine de la famille Dangeau.

DANGEAU (Phil. DE COURCILLON, marquis de), né en 1638, mort en 1720, était né Calviniste, mais s'était converti de bonne heure. Il jouit auprès de Louis XIV d'une grande faveur, qu'il dut primitivement à son habileté au jeu de cartes ; fut nommé en 1665 colonel du régiment du roi, accompagna Louis XIV dans toutes ses campagnes comme aide de camp, devint gouverneur de la Touraine et remplit plusieurs missions diplomatiques. Il avait une grande réputation d'esprit et d'instruction, et quoiqu'il n'eût rien écrit, il fut reçu à l'Académie française (1668) et à celle des sciences (1704). Dangeau protégeait les gens de lettres; il fut lié avec Boileau qui lui dédia sa Satire sur la noblesse. Il a laissé en manuscrit un Journal de la cour de Louis XIV (1681-1715) : cet ouvrage, fort volumineux, n'était connu que par des extraits qu'avaient publiés Voltaire (1770), Mme de Genlis (1817), Lemontey (1818); il en a été donné une édition complète en 1854-60, 19 vol. in-8.

DANGEAU (Louis DE COURCILLON DE), abbé, frère du préc., né en 1643, mort en l723, fut lecteur du roi, entra en 1682 à l'Académie, s'y distingua par ses travaux sur la grammaire et s'efforça de réformer l'orthographe. On a de lui des Lettres sur les voyelles, sur les consonnes, sur l’orthographe, etc., réunies sous le titre d’Essais de grammaire, 1711 et 1849, et un Précis du Blason, 1705. Comme son frère, il était né protestant et s'était converti.

DANGEREUX (archipel). V. MAUVAISE (MER).

DANGEVILLE (Marie Anne BOTOT, dite Mlle), célèbre actrice, née en 1714, morte en 1796, jouait avec un talent admirable les rôles les plus variés, mais excella surtout dans les soubrettes. Elle quitta la scène en 1763 et se retira à Vaugirard, où sa maison devint le rendez-vous de plusieurs des poëtes de l'époque, Dorat, Lemierre, Ste-Foix, etc.

DANICAN. V. PHILIDOR.

DANIEL, l'un des quatre grands prophètes, de la race royale de David, fut dans son enfance emmené captif à Babylone après la prise de Jérusalem (606 avant J.-C.) et fut élevé à la cour de Nabuchodonosor; il obtint un grand crédit auprès de ce prince en lui expliquant ses songes et fut établi par lui chef des mages et intendant de son palais. Il découvrit l'innocence de Susanne, expliqua à Balthasar les mots mystérieux tracés sur les murs de la salle du festin, et sortit sain et sauf de la fosse aux lions où il avait été jeté pour avoir refusé d'adorer la statue du roi. Ses prophéties forment 14 chapitres ; elles annoncent la venue du Messie après 70 semaines d'années, et les révolutions des 4 grands empires. On ne connaît pas l'époque de sa mort : quelques-uns la plaçant en 536. Du reste, on croit qu'il a existé deux Daniels.

DANIEL (S.), né à Marathe près de Samosate, en 410, mort en 490, vécut plusieurs années sur une colonne, dans la méditation et la prière. Fête, 10 déc.

DANIEL (Gabriel, dit le Père), historiographe, né à Rouen en 1649, mort en 1728, entra dans l'ordre des Jésuites, écrivit des ouvrages d'histoire, de philosophie et de religion. Le plus connu est son Histoire de France, qui parut en 1713, 3 vol. in-fol. (réimprimée avec de grandes améliorations par le P. Griffet, 1755-60, 17 vol. in-4) : cette histoire a été vivement critiquée ; elle n'est guère en effet qu'un long et ennuyeux récit de siéges et de combats ; cependant elle ne manque ni d'exactitude ni de clarté. L'auteur en donna un Abrégé en 1724, 9 vol. in-12. On a aussi du P. Daniel une Hist. de la Milice française, 1721, et quelques écrits polémiques : Voyage du monde de Descartes, 1690, où il combat le système des tourbillons ; Entretiens de Cléandre et d'Eudoxe sur les Lettres provinciales, 1694, où il défend les Jésuites.

DANNECKER (J. H.), sculpteur, né à Stuttgard en 1759, mort en 1841, reçut les leçons de Pajou et de Canova, devint professeur des arts plastiques à l'Académie de Stuttgard et composa un grand nombre de morceaux qui se distinguent par une composition simple, par le naturel, la vérité et le sentiment, notamment le Monument de Schiller, celui du comte de Zeppelin (à Louisbourg), Sapho, Ariane, l’Amour, Psyché, et les bustes du roi de Wurtemberg Frédéric, de l'archiduc Charles, de Glück, Lavater, etc.

DANNEMARIE, ville d'Alsace-Lorraine, à 22 kil. E. de Belfort : 450 hab. Station du chemin de fer.

DANRÉMONT (Denis, comte de), général français, né en 1783 à Chaumont, fit ses 1re armes sous l'Empire, dans la grande armée. Promu en 1821 au grade de maréchal de camp, il reçut en 1823 un commandement en Espagne, remplit ensuite diverses fonctions administratives ou diplomatiques, commanda en 1830 une brigade dans l'expédition d'Alger, fut nommé en 1837 gouverneur de l'Algérie et dirigea en cette qualité la 2e expédition de Constantine : la place fut prise d'assaut, mais Danrémont fut emporté par un boulet de canon en allant reconnaître une batterie. Il avait été nommé en 1835 pair de France.

DANTE ALIGHIERI, célèbre poëte italien, né à Florence en 1265, eut pour maître Brunetto Latini, et cultiva toutes les sciences connues de son temps. Dès sa première enfance il ressentit la passion de l'amour et fut épris de la jeune Béatrix, qu'il perdit à la fleur de l'âge et dont il immortalisa la mémoire dans ses poëmes. Dans les troubles qui agitaient alors l'Italie, Dante fut guelfe ardent : il se signala dans plusieurs expéditions contre les Gibelins d'Arezzo, de Bologne et de Pise, et contribua beaucoup par sa valeur à la victoire de Campaldino (1289), remportée sur ceux d'Arezzo, ainsi qu'à la prise de Caprona, enlevée aux Pisans (1290). Il remplit avec succès un grand nombre de missions politiques, et fut nommé en 1300 un des prieurs ou magistrats suprêmes de Florence. Mais la division s'étant mise entre les Guelfes, qui dominaient à Florence, et la ville s'étant partagée entre deux nouvelles factions, les Noirs, qui voulaient ouvrir leurs portes à Charles de Valois, et les Blancs, qui le repoussaient, Dante, qui avait pris parti pour les Blancs, et s'était avec eux rapproché des Gibelins, fut exilé de sa patrie, 1302. Il erra depuis de ville en ville, luttant contre la misère ; séjourna à Sienne, à Vérone ; vint passer quelque temps à Paris où il fréquenta l'université, et se fixa enfin à Ravenne, où il mourut en 1321, après avoir fait de vains efforts pour rentrer dans sa patrie. Il s'était marié après la mort de Béatrix ; il laissa plusieurs enfants. Dante s'est immortalisé par la composition du célèbre poëme connu sous le titre de la Divine Comédie : cette œuvre comprend trois poëmes ou parties distinctes, l'Enfer, le Purgatoire, le Paradis ; le poëte, racontant le sort des âmes après la vie terrestre, place dans l'enfer et le purgatoire tous ceux qui ne se sont signalés que par leurs crimes ou leurs vices, ceux surtout qui ont été les auteurs de ses maux, et dans le paradis ceux qui ont fait le bien. Il feint que Virgile, son poëte favori, l'accompagne dans l'enfer et le purgatoire, pour lui nommer les réprouvés et lui décrire leurs supplices, et que Béatrix est son guide dans le paradis. C'est une des productions les plus sublimes qu'ait enfantées le génie de l'homme, mais c'est aussi un des ouvrages les plus bizarres et les plus obscurs : les allusions dont il est rempli sont la principale cause de cette obscurité. La Divine Comédie est le premier poëme qui ait été écrit en langue italienne; jusque-là, on n'écrivait qu'en latin. Il est divisé en tercets ou rimes triplées. Ce poëme excita une admiration universelle. Dans plusieurs villes on créa des chaires où il devait être expliqué ; Boccace fut le premier qui remplit la chaire créée dans ce but à Florence. Outre la Divine Comédie, le Dante a aussi composé des Poésies lyriques qui ne sont pas indignes de lui ; la Vita nuova, qui renferme des détails sur ses premières années ; des traités De vulgari Eloquentia, De Monarchia universali (ouvrage où il se montre favorable à l'empereur et qui fut condamné à Rome). Ses œuvres, souvent imprimées, ont été réunies par Zapata de Cisneros, chez Zatta, Venise, 1758, 5 vol. in-4. La Divine Comédie a eu une foule d'éditeurs et de commentateurs : la 1re édition est de 1472 ; l'une des plus estimées est l'édition publiée à Rome par le P. Lombardi, 1791, et réimprimée en 1815 avec des notes. Parmi les trad., on estime celles de Rivarol (1783), d'Artaud (1811 et 1828, 9 vol. in-12, avec texte), de Fiorentino, 1841, de Brizeux, 1843, de Delécluze, 1854, de St-Mauris, 1853, de La Mennais, 1855, de Mesnard, 1857, en prose. Grangier (1596), Terrasson (1817), Antony Deschamps (1830), Gourbillon (1831), C. Calemard de Lafayette (1835), Aroux (1842), Mongis (1846), Ratisbonne (1852-57), l'ont mise en vers. S. Rhéal a trad. le De Monarchia, 1855. La Vie du Dante a été écrite par Boccace, Villani, Léonard Arétin, et par Artaud de Montor. V. Fauriel, Dante et les origines de la littérature italienne, 1854 ; Aroux, Dante hérétique, révolutionnaire et socialiste (1854); Clef de la Comédie anticatholique de Dante (1856) ; Delécluze, D. et la poésie amoureuse, 1854.

DANTINE (dom Maur François), bénédictin de St-Maur, né à Gonrieux, près de Liége, en 1688, mort à Paris en 1746, travailla à la Collection des Décrétales, à une nouv. édit. du Glossaire de Ducange (il en publia les 5 premiers volumes, 1734-35), et à l'Art de vérifier les dates.

DANTISCUM, nom latin de DANTZICK.

DANTON (Georges Jacques), célèbre démagogue, né à Arcis-sur-Aube en 1759, exerçait les fonctions d'avocat aux conseils du roi lorsqu'éclata la Révolution. Il en adopta les principes avec enthousiasme, et ne tarda pas à rompre avec la cour. Comme Mirabeau, il avait reçu de la nature toutes les qualités d'un tribun : énergie prodigieuse, intelligence vaste et féconde, imagination ardente, stature athlétique, visage d'une expression terrible, voix tonnante; aussi obtint-il bientôt un grand ascendant sur le peuple. Il fonda le club des Cordeliers, et y professa les doctrines les plus révolutionnaires. En 1791 il fut nommé membre de l'administration départementale de la Seine, en 1792 substitut du procureur de la Commune de Paris. Cette même année, il fut un de ceux qui dirigèrent le plus activement la journée du 10 août, et qui contribuèrent le plus à faire prononcer la déchéance du roi. Après cet événement, l'Assemblée législative lui confia le portefeuille du ministère de la justice. Au 2 septembre, lorsque l'entrée des Prussiens en Champagne avait répandu la consternation dans Paris, Danton déploya le caractère le plus énergique et montra une confiance qui releva tous les courages ; mais il se déshonora en autorisant ; dans les horribles journées de septembre, le massacre des prisonniers, en organisant la Terreur, et en faisant promener la guillotine par toute la France. Il quitta bientôt le ministère de la justice pour siéger comme député à la Convention, où l'avaient appelé les électeurs de Paris. Rival de Robespierre, il exerça dans l'assemblée un ascendant qui fut très-grand d'abord, mais, s'étant momentanément retiré dans son pays pour y prendre du repos, il trouva à son retour sa popularité abaissée. Danton avait fait répandre le sang par système et non par cruauté : aussitôt qu'il pensa que la terreur n'était plus nécessaire, il conseilla la modération; mais ses sentiments modérés le perdirent : arrêté par l'ordre de Robespierre, il fut condamné sans pouvoir achever sa défense ; il monta avec courage sur l'échafaud le 5 avril 1794. Danton n'était pas inaccessible aux bons sentiments : plusieurs fois les malheureux, et ses rivaux même, lorsqu'ils s'adressèrent à l'homme privé, trouvèrent en lui un protecteur : il sauva Barnave, A. Duport, Barthélemy, etc. M. Alex. de St-Albin a laissé une Vie de Danton, restée manuscrite.

DANTZICK, Danzig en allemand, Gedanum et Dantiscum en lat. moderne, v. et port des États prussiens (Prusse), ch.-l. de la régence de Dantzick, sur la r. g. de la Vistule, près de son emb., à 380 k. N. E. de Berlin; 66 000 hab. Tribunaux, consulats. Fortifications importantes. Belle situation, beaux édifices, établissements scientifiques nombreux, Institut royal de navigation, observatoire, etc. Ville industrielle et commerçante, passementerie d'or et d'argent, maroquins; raffinerie de sucre, bière, eau-de-vie de Dantzick, etc. Chemins de fer pour Berlin et Kœnigsberg. Patrie de Fahrenheit, de Hevel, etc. — Dantzick florissait dès l'an 997, et était la capitale de la Pomérélie. En 1295 elle passa avec cette prov. sous la domination polonaise; mais en 1308 Vladislas IV céda le tout à l'Ordre Teutonique. Les Chevaliers l'agrandirent en 1311, et la fortifièrent en 1314. En 1454, elle fut reconquise par les Polonais; ayant refusé en 1575 de reconnaître Étienne Bathori, elle eut à soutenir la guerre contre ce monarque, qui s'en empara en 1577. Stanislas s'y réfugia en 1734 et y soutint un siége. La Prusse se la fit céder en 1793. En 1807, le maréchal Lefebvre s'empara de cette place et reçut en récompense le titre de duc de Dantzick. Par la paix de Tilsitt, conclue la même année, Dantzick fut déclarée ville libre, sous la protection de la Prusse et de la Saxe, mais conserva garnison française. Les alliés la reprirent en 1813 après un long siége soutenu par Rapp; elle fut rendue à la Prusse. — Dantzick était entrée dès 1310 dans la Hanse et elle en avait été une des principales villes; lors de la dissolution de la ligue, elle resta unie aux trois villes de Lubeck, Hambourg et Brême (jusqu'à ces derniers temps on a nommé ces quatre cités les villes anséatiques). — La régence de D., entre celles de Marienwerder, de Kœnigsberg, de Poméranie et la Baltique, compte 380 000 hab.

DANUBE, Donau en allemand, Danubius ou Ister en latin; grand fleuve de l'Europe, naît dans le grand-duché de Bade, à Donaueschingen, par 6° 10' long. E., 47° 58' lat. N., traverse le Wurtemberg, la Bavière, l'Autriche, la Hongrie, sépare la Hongrie de la Servie, puis la Valachie, la Moldavie et la Bessarabie de la Bulgarie, et tombe dans la mer Noire par plusieurs embouchures, dont les principales sont celles de Kilia, de Sulina et de St-George; cours, 2790 kil. Les principaux lieux qu'il arrose sont Sigmaringen, Ulm, Ratisbonne, Passau, Lintz, Vienne, Presbourg, Gran, Pesth et Bude, Petervaradin, Belgrade, Sémendrie, Widdin, Nicopoli, Silistrie, Brahilov, Galatz, Ismaïl. Ses principaux affluents sont : 1° à droite, l'Iller, le Lech, l'Inn, la Traun, l'Ens, la Trasen, la Leitha, le Raab, la Drave avec la Mur, la Save, la Morava, l'Isker; 2° à gauche, la Brenz, la Wemitz, l'Altmühl, la Nab, la Regen, l'Ilz, la March ou Morava (différente de celle qui aboutit à la r. dr.), le Gran, la Theiss, l'Aluta, l'Ardjich, le Séreth et le Pruth. Ce fleuve forma longtemps la limite de l'empire romain (sauf pendant le temps qui vit la Dacie Trajane unie à l'empire). Le Danube est très-rapide (7 kil. par heure). Sur ses bords, depuis la Hongrie, s'étendent de vastes marais ; il a peu de ponts, et la navigation y est difficile. Elle est en outre entravée par les obstacles de toute nature qu'apportent les gouvernements des pays que traverse le fleuve. Cependant le traité conclu en 1856, après la guerre d'Orient, a déclaré libre la navigation du Danube.

DANUBE (cercle du), un des quatre cercles du Wurtemberg, au S. de celui de l'Iaxt et au N. du lac de Constance; 400 000 h.; ch.-l., Ulm. — Cercle du BAS-D., cercle de Bavière, limitrophe de l'Autriche à l'E. et au S., de la Bohême au N. et N. E. ; 335 200 h. ; ch.-l., Passau. — Cercle du HAUT-D., cercle de la Bavière, bordé à l'O. par le Wurtemberg; au S. O. parle Tyrol et le lac de Constance; 510 000 h.; ch.-l., Augsbourg.

DANUBE (cercles EN DEÇÀ et AU DELÀ DU), deux des quatre grandes divisions de la Hongrie. Les mots au delà et en deçà supposent ici que le point de vue est pris de la partie orientale de la Hongrie. Le cercle au delà du Danube, le plus voisin de l'Autriche, a 11 comitats (Wieselburg, Œdenburg, Eisenburg, Raab, Komorn, Szalad, Szumegh, Veszprim, Stuhlweissenbourg, Baranya, Tolna), et env. 2 000 000 d'h. Le cercle en deçà du Danube a 13 comitats (Presbourg, Neutra, Trencsin, Thurotz, Arva, Lipto, Sohl, Bars, Hont, Neograd, Gran, Pesth, Bacs) et 2 610 000 hab. — Depuis 1849, ces divisions ont été abandonnées. V. HONGRIE.

DANUS, IDANUS, fleuve de Gaule, auj. l’Ain.

DANVILLE, géographe. V. ANVILLE (D').

DAOUALAGHIRI, montagne d'Asie, sur les limites du Népaul, par 29° 4' lat. N. et 79° 31' long, E., est un des plus hauts sommets de l'Himalaya ; il a 8600m ou même selon quelques-uns 9556m d'élévation.

DAOULAS, ch.-l. de c. (Finistère), sur l'Océan, à 31 kil. E. de Brest; 580 hab.

DAOULETABAD, v. de l'Indoustan, dans le Dekkan, à 13 kil. N. O. d'Aurengabad, faisait partie de l'Aurengabad et a été, sous les Mongols, la capitale d'une principauté puissante. Citadelle.

DAOURIE, vaste région de l'Asie centrale, vers le N. E., entre le Saghalien et le lac Baïkal. Elle est très-haute, très-froide; les monts qui la couvrent font partie du Grand-Altaï; elles renferment des mines d'argent, de plomb, de cuivre et de fer. La plupart des habitants sont de race tongouse. Cette contrée est partagée entre la Russie et la Chine : la partie russe a pour capitale Nertchinsk et est comprise dans le gouvernement d'Irkourtsk; la partie chinoise est enclavée dans la Mantchourie.

DAPHNÉ, fille du fleuve Ladon ou du Pénée, fut aimée d'Apollon pendant son exil sur la terre. Ce dieu, poursuivant la nymphe, l'atteignit sur les bords du Pénée. Daphné implora le secours de son père, qui, pour la sauver, la métamorphosa en laurier (en grec daphné). Apollon, désolé, voulut que le laurier lui fût consacré.

DAPHNÉ, vge délicieux, sur l'Oronte, au S. O. d'Antioche, dont il formait comme la faubourg. Les riches y avaient des maisons de campagne. On y célébrait tous les ans, dans un bois de lauriers qui était voisin, les fêtes d'Apollon Daphnéen.

DAPHNIS, berger de Sicile, célébré par Virgile et Ovide, était fils de Mercure et d'une nymphe. Il apprit du dieu Pan à chanter et à jouer de la flûte, et fut protégé des Muses, qui lui inspirèrent l'amour de la poésie et lui en accordèrent le don. Il est le premier, dit-on, qui ait excellé dans la pastorale.

DAQUIN, organiste. V. AQUIN (D').

DARAB GHERD, v. de Perse (Fars), à 176 kil. S. E. de Chiraz; de 15 à 20 000 hab. Tabac, pétrole liquide. Ville grande, mais à peu près en ruines. Elle fut, dit-on, fondée par Darius (Darab) Nothus.

DARADUS, fleuve d'Afrique, se jetait, suivant Ptolémée, dans l'Océan Atlantique, au N. du cap ' Arsenarium (Cap Vert). On pense que c'est la rivière de Sous, ou même le Sénégal.

DARAH. V. DAHRA.

DARALKHIER. V. ADJMIR.

DARANTASIE, Darantasia, v. de Gaule, ch.-l. des Centrones, est auj. Moustier-en-Tarantaise.

DARCET (Jean), chimiste, né en 1725 à Douazit (Landes), mort en 1801 à Paris, fut d'abord précepteur des fils de Montesquieu et jouit de l'amitié de ce grand homme jusqu'à sa mort; il se fit recevoir médecin en 1762, et, s'étant lié avec Rouelle, se livra spécialement à l'étude de la chimie. Il fut nommé en 1774 professeur au Collége de France, puis directeur de la manufacture de Sèvres, inspecteur des monnaies, membre de l'Académie des sciences où il remplaça Macquer, et enfin sénateur. On lui doit l'art de fabriquer la porcelaine, que jusque-là on tirait de l'étranger, l'extraction de la gélatine des os, l'extraction de la soude du sel marin, l'invention de l'alliage fusible qui porte son nom, et une foule d'analyses chimiques. On a de lui un grand nombre de mémoires dans divers recueils ; on a publié à part ses Mémoires sur l'action d'un feu égal sur un grand nombre de terres, 1766. — DARCET (J. Pierre Joseph), fils du préc., né en 1777, mort en 1844, continua les travaux de son père, et fut nommé commissaire général des monnaies et membre de l'Institut. Il créa les premières fabriques de soude et de potasse artificielles ainsi que d'alun, perfectionna la savonnerie, le clichage, fit de nombreuses recherches sur les alliages, l'affinage des métaux, la fabrication et l'essayage des monnaies, et réussit à diminuer, au moyen des ventilateurs, les dangers d'un grand nombre d'industries (dorure, soufroirs, vidanges, etc.); il est surtout connu par ses expériences sur la gélatine, substance dont il paraît s'être exagéré les vertus alimentaires. Il a laissé une foule de savants Mémoires, qui ont été réunis par Th. Grouvelle, son neveu (1843 et ann. suiv.).

DARDANELLES, nom qu'ont d'abord porté en commun les deux villes de Bovalli-Kalessie et Nagara-Bouroun (jadis Sestos et Abydos), situées sur les deux bords du détroit qui sépare l'Europe de l'Asie, et dont une seule (la 2e) est dans l'anc. Dardanie (d'où son nom). Ces deux villes se nomment auj. Anc.-Dardanelles. On appelle Nouv.-Dardanelles deux autres villes situées sur le même détroit : Kilidh-Bahr et Sultanié-Kalessi, dites aussi Château d'Europe et Château d'Asie. Ces quatre villes sont très-fortifiées et rendent presque impossible le passage des Dardanelles. Néanmoins les Anglais, conduits par l'amiral Duckworth, le forcèrent en 1807.

DARDANELLES (canal ou détroit des), l’Hellespont des anciens, détroit qui sépare l'Europe de l'Asie et lie l'Archipel à la mer de Marmara. Sa largeur varie de 2 à 9 kil.; en quelques endroits on peut le traverser à la nage. La côte occident. est européenne; la côte orient. est asiatique (c'est l'anc. Dardanie, en Mysie). Sur ses bords sont les villes des Dardanelles et plusieurs forts (V. l'art. précéd.); à l'extrémité N. O. se trouve Gallipoli, ce qui le fait aussi appeler Détroit de Gallipoli. Par une clause secrète du traité d'Unkiar-Skélessy, la Russie avait fait fermer le détroit à tous les bâtiments de guerre étrangers autres que les bâtiments russes (1833). Cette clause a été annulée par le traité des Détroits (1841).

DARDANELLES (PETITES-). V. Golfe de Lépante.

DARDANIE, Dardania, nom donné très-anciennement à la Troade, où régna Dardanus, et spécialement à la partie N. de cette contrée. Il s'y trouvait une v. de Dardanie, près d'Abydos, dont le nom se retrouve encore dans les Dardanelles, et où Sylla dicta la paix à Mithridate (85 av. J.-C.).

DARDANIE, région de l'Europe anc., au S. de la Mésie centrale, et sur le revers septent. des monts Scordus et Orbelus. Ch.-l., Scupi. La Dardanie fut soumise par Philippe et par Alexandre, mais ne fit que nominalement partie de leur empire. Les Romains ne l'assujettirent qu'au Ier siècle. Au temps de Constantin la Dardanie devint une prov. du diocèse de Dacie.

DARDANUS, un des plus anciens rois de Troie, né à Corythe (Cortone) en Étrurie, était, selon la Fable, fils de Jupiter. Ayant tué son frère Jasion, il fut forcé de s'expatrier, passa dans l'Asie Mineure, où il épousa la fille de Teucer, roi de Teucrie, lui succéda et régna de 1568 à 1537 av. J.-C. On le regarde comme le fondateur de Troie; on lui attribue le Palladium. C'est de lui que les Troyens sont appelés par les poëtes Dardanides, et la Troade Dardanie.

DARÈS le Phrygien, Troyen, grand prêtre de Vulcain, vivait au temps de la guerre de Troie. Il écrivit, au rapport d'Élien, une histoire de cette guerre; mais il est fort probable que l'ouvrage qu'on avait sous le nom de Darès, et qu'on appelait Petite Iliade, était l'œuvre d'un sophiste moderne. Quoi qu'il en soit, nous n'avons plus cet ouvrage en grec, il n'en existe qu'une trad. latine sous ce titre : De Excidio Trojæ, faussement attribuée à Cornélius Népos. Darès est le plus souvent imprimé avec Dictys de Crète ; les meilleures éditions sont celles de Mme Dacier, Paris, 1680, de Périzonius, Amsterdam, 1702, et de Dederich, Bonn, 1835. Il a été plusieurs fois traduit : la trad. la plus récente est d'A. Caillot, 1813.

DARÈS, athlète troyen dont il est parlé au Ve livre de l’Énéide, osa défier Entelle, qui le terrassa.

DAR-FOUR, c.-à-d. roy. de Four, État de l'Afrique centrale, sur les confins de la Nigritie et de la contrée du Bahr-el-Abiad, à l'E. du Dar-Koulla et du Baghermé, au S. O. de la Nubie, à l'O. du Kordofan. Population, 250 000 h. Ch.-l., Kobbé. Climat chaud, mais sain; grands déserts semés d'oasis. Le commerce s'y fait par caravanes et seulement au moyen d'échanges. Les habitants sont noirs, mais diffèrent des nègres de la Guinée; ils professent l'Islamisme. Ils obéissent à un roi absolu. — Le Dar-Four était jadis maître du Kordofan, du Bégo, du Dar-Runga, etc. : il est auj. réduit à ses propres forces. Il a été visité en 1793 par W. G. Browne, en 1853 par M. d'Escayrac, et en 1858 par M. Cuny.

DARIEL, fort russe en Circassie, à la limite de l'Europe et de l'Asie, sur la r. dr. du Térek, entre Mosdok et Tiflis, donne son nom au défilé appelé chez les anciens Portes Caucasiennes (Caucasiæ pylæ), défilé qui n'a pas moins de 100 k. de longueur.

DARIEN, riv. de N.-Grenade, confondue à tort avec l'Atrato, se jette dans l'Océan pacifique au golfe S.-Miguel. — DARIEN (golfe de), golfe formé par la mer des Antilles, sur la côte N. de la Nouvelle-Grenade, entre 7° 50' et 10° 12' lat. N., et entre 77° 55' et 79° long. O. Il reçoit le Darien et l'Atrato.

DARIEN (isthme de), le même que l'isthme de Panama, est ainsi nommé du golfe de Darien. V. PANAMA.

DARIORIGUM, v. de Gaule, auj. Vannes.

DARIQUE, monnaie d'or et d'argent des Perses, ainsi nommée de Darius I, qui la, fit frapper. Le darique d'or est évalué à 25 fr.

DARIUS I, roi de Perse, fils d'Hystaspe, de la race des Achéménides, monta sur le trône l'an 521 av. J.-C., après l'interrègne qui suivit la mort de Cambyse et de l'usurpateur Smerdis le mage. On dit qu'à la mort de ce dernier les principaux seigneurs, ne pouvant s'accorder entre eux, convinrent de reconnaître pour roi celui dont le cheval hennirait le premier au lever de l'aurore, et que Darius obtint la couronne par l'artifice de son écuyer qui mena d'avance une cavale au lieu du rendez-vous. Darius réprima la révolte de la Babylonie, et s'empara de Babylone après un long siége par le dévouement de Zopyre (V. ce nom). Il marcha ensuite contre les Scythes, mais il perdit presque toute son armée (513). Quelques années après, il envahit la Thrace et la soumit (506). Il pénétra jusqu'aux Indes et en conquit une partie. Il résolut ensuite de faire la guerre aux Grecs, qui avaient secouru les Ioniens révoltés contre lui (501), et envoya dans leur pays une armée considérable, sous les ordres de ses meilleurs généraux ; mais la flotte de Mardonius échoua au mont Athos ; Datis et Artapherne, qui avaient pénétré en Grèce, furent vaincus à Marathon par Miltiade, et perdirent plus de 200 000 hommes. l’an 490 av. J.-C. Darius préparait une nouvelle expédition contre la Grèce, et s’efforçait en même temps de soumettre l’Égypte révoltée, quand il mourut, l’an 485. Usserius voit en ce prince l’Assuérus de l’Écriture : Vasthi serait alors Atossa, fille de Cyrus.

DARIUS II, Ochus ou Nothus, c.-à-d. bâtard, fils naturel d’Artaxerce Longuemain, monta sur le trône après avoir fait périr Sogdien, assassin de Xerxès II (423 av. J.-C.). L’Égypte, la Médie, la Lydie, se soulevèrent sous son règne ; mais il réussit à les réduire à l’aide de ses généraux, et laissa le sceptre à son fils Artaxerce Mnémon, l’an 404 av. J.-C.

DARIUS III, CODOMAN, dernier roi de Perse (336-330), descendait de Darius Nothus. L’eunuque Bagoas, après avoir empoisonné plusieurs princes, allait faire subir le même sort à Darius, quand celui-ci, instruit de ses desseins, l’obligea à boire lui-même le poison qu’il avait préparé. Deux ans après, Alexandre envahit les États de Darius, défit ses généraux auprès du Granique (334), le battit lui-même à la bat. d’Issus, où il fit prisonniers sa mère, sa femme et ses enfants (333), lui enleva Gaza, Tyr, toute l’Asie-Mineure, la Syrie, l’Égypte, et, sans s’arrêter à ses propositions de paix, vint lui présenter de nouveau la bataille auprès d’Arbèles : Darius fut encore vaincu et s’enfuit dans la Médie ; mais Bessus, satrape de la Bactriane, l’assassina dans la route (330). Alexandre pleura Darius et lui fit faire des obsèques magnifiques.

DARIUS LE MÈDE, prince mentionné dans la Bible par Daniel, est le même, selon les uns, que Cyaxare II, et, selon d’autres, que Darius I, fils d’Hystaspe.

DARLINGTON, v. d’Angleterre (Durham), à 28 k. S. de Durham ; 12 000 hab. Industrieuse et très-commerçante. Moulin pour tailler et polir les verres d’optique. Source minérale.

DARMSTADT, capitale du grand-duché de Hesse-Darmstadt, sur le Darm, à 877 kil. E. de Paris (par le chemin de fer de Bruxelles), à 23 k. S. de Francfort-sur-le-Mein ; 32 000 hab. Darmstadt est divisée en Ville Vieille ou Ville neuve. Quelques édifices remarquables : château ducal, muséum, etc. Collége, bibliothèque, école dite Realschule, école militaire, sociétés savantes, etc. Draps, toiles, tanneries, etc. — Jusqu’au XIVe siècle, Darmstadt n’était qu’un vge, qui appartenait aux comtes de Katzenellenbogen : érigée en ville en 1330, elle passa par mariage en 1479 dans la maison de Hesse, et devint en 1567 la résidence de George, fondateur de la ligne de Hesse-Darmstadt. — Pour le duché, V. HESSE.

DARNÉTAL, ch.-l. de c. (Seine-Infér.), sur l’Aubette, à 3 k. E. de Rouen ; 5979 h. Draps, indiennes, teintureries, tonderies de draps.

DARNEY, ch.-l. de c. (Vosges), à 25 k. S. de Mirecourt ; 1400 hab. Jadis place forte. Fer étamé.

DARNLEY (H. STUART, lord), seigneur écossais, fils du comte de Lennox et de Marguerite Douglas, nièce de Henri VIII, roi d’Angleterre, épousa en 1565, à l’âge de 20 ans, Marie Stuart, reine d’Écosse, sa cousine, qui avait conçu pour lui une vive passion. Il se livra bientôt à un grossier libertinage, persécuta tous ceux qu’il croyait les favoris de la reine, et fit mettre à mort, dans l’appartement même de Marie Stuart, Rizzio, secrétaire de la reine (1566), qu’il soupçonnait. Il périt lui-même dans la nuit du 9 février 1567, la maison où il se trouvait ayant sauté en l’air. ' Marie Stuart et Bothwell furent accusés de ce meurtre,

DAROCA, v. d’Espagne (Calatayud), dans la prov. d’Aragon, sur la Xiloca, à 33 kil. de Calatayud ; 3000 hab. Enlevée aux Maures en 1123.

DAROUAR ou NASSIRABAD, v. forte de l’Inde anglaise (Bombay), ch.-l. de district, à 160 k. S. O. de Bedjapour. En 1784 Tippou-Saïb la prit aux Mahrattes, mais il la reperdit en 1791. Cédée aux Anglais en 1825. — Le district a env. 900 000 hab.

DARSZALEH, contrée intérieure de l’Afrique, dite aussi Bergou. V. BERGOU.

DARTFORD, v. d’Angleterre (Kent), à 22 k. S. E. de Londres, sur le Darent ; 6000 hab. Poudrerie, papeterie. Mausolée de J. Spilman, qui introduisit en Angleterre en 1588 les manufactures de papier.

DARTMOUTH, v. d’Angleterre (Devon), à 44k. S. d’Exeter, sur le Dart, près de son emb. ; 4500 hab. Les Français s’en sont emparés sous Richard I et sous Henri IV (d’Angleterre).

DARU (Pierre Ant. Noël Bruno, comte), homme d’État et littérateur, né à Montpellier en 1767, mort en 1829, fut commissaire des guerres de 1783 à 1789. Partisan modéré de la Révolution, il fut emprisonné sous la Terreur, et n’obtint sa liberté qu’au 9 thermidor. En 1801, il entra au tribunat ; en 1806, il fut nommé plénipotentiaire à Berlin. Ministre secrétaire d’État en 1811, il s’opposa dans les conseils de l’empereur à la guerre de Russie. Après la Restauration, il fut nommé pair, et défendit avec constance la cause des libertés publiques. Ses ouvrages principaux sont : une Traduction en vers des Œuvres d’Horace, 1804, une des meilleures que nous possédions ; l’Histoire de la république de Venise, 1819 et 1822, ouvrage devenu classique ; l’Hist. des ducs de Bretagne, 1826, et l’Astronomie, poëme en 6 chants, publié après sa mort, 1830. Il avait été admis en 1811 à l’Académie française. — Son fils, {{M.|[[w:Napoléon}} Daru|Napoléon Daru]] (1802-1873), a été pair de France en 1832, membre de l’Assemblée nationale en 1848 et 1849, et membre libre de l’Académie des sciences morales.

DARVANDS ou DEVS. V. DEVS et AMSCHASPANDS.

DARWIN (Érasme), poëte anglais, né en 1731 à Elston (Nottingham), mort en 1802, était médecin et exerça son art avec un grand succès à Lichfield. On a de lui un poëme célèbre, le Jardin botanique, 1781, divisé en 2 parties, intitulées : l’Économie de la végétation et les Amours des plantes (la 2e partie a été trad. par Deleuze, 1799), et un ouvrage fort original, la Zoonomie ou Lois de la vie organique, 1801 : il y classe les maladies de l’homme d’après une méthode analogue à celle adoptée par Linné pour les plantes, et les explique toutes par l’excitabilité, comme Brown. Ce dernier ouvrage a été trad. en franç. par Kluyskens, 1813.

DASSARÉTIE, région de la Macédoine, entre les monts Bermii et Candavii, au N. de l’Orestide et à l’O. de la Lyncestide, avait pour v. principale Lychnidus. Elle répond au sandjakat d’Ochrida.

D’ASSAS', 'D’ASSOUCY. V. ASSAS, ASSOUCY.

DASYPODIUS (P.), nom grécisé de Rauchfuss (pied velu), maître d’école à Frauenfeld, puis professeur de grec à Strasbourg, mort en 1559, a publié le plus ancien Dictionn. grec-latin-allemand, Strasbourg, 1534, in-8. — Son fils, Conrad, 1532-1600, professeur de mathématiques à Strasbourg, a tracé le plan de la fameuse horloge de la cathédrale de cette ville et en a rédigée la description dans son Héron mathematicus, 1580.

DATAME, général des Perses sous Artaxerce Ochus, remporta des victoires signalées sur les ennemis de ce prince. Disgracié par le roi, auprès duquel des envieux l’avaient desservi, il fit révolter la Cappadoce, défit le satrape Artabaze, envoyé contre lui, et resta quelques années indépendant ; mais il fut tué par trahison, 361 av. J.-C. Cornélius Népos a écrit sa Vie.

DATHAN. V. CORÉ et ABIRON.

DATIS, général de Darius I, commandait, avec Artapherne, l’armée des Perses qui fut battue par Miltiade à Marathon, 490 av. J.-C.

DATTES (Pays des). V. BILÉDULGÉRID.

D’AUBE (Fr. RICHER), jurisconsulte (1686-1752), était parent de Fontenelle et s’était acquis une certaine célébrité par son ardeur pour la discussion. Rulhière l’a mis en scène dans son poëme sur les Disputes. On a de lui un Essai sur les principes du droit et de la morale, 1743, ouvrage médiocre.

DAUBENTON (L. J. Marie), naturaliste, né à Montbard en 1716, mort à Paris en 1800, exerça d'abord la médecine, puis s'adjoignit à Buffon pour la rédaction de l’Histoire naturelle des animaux, et fournit aux 15 premiers volumes des articles de description anatomique, qui sont des chefs-d'œuvre d'exactitude et qui forment encore auj. une des bases de l'anatomie comparée. Buffon le fit nommer en 1745 garde et démonstrateur du Cabinet d'histoire naturelle; il devint en 1778 professeur d'hist. naturelle au Collége de France, en 1783 prof, d'économie rurale à l'école d'Alfort, et fit en 1795 quelques leçons aux écoles normales. Il fut reçu de bonne heure à l'Académie des sciences et fournit à cette société un grand nombre de mémoires. Il a en outre donné des articles à l’Encyclopédie et à plusieurs recueils savants. On lui doit la naturalisation des moutons espagnols en France; il a publié plusieurs ouvrages sur la manière d'élever ces animaux. Comme médecin, il recommanda les pastilles d'ipécacuanha, qu'on appelait pastilles de Daubenton. — Mme Daubenton est l'auteur du roman intitulé : Zélie dans le désert.

DAUBENTON (le P.), jésuite, né en 1648 à Auxerre, mort en 1723 à Madrid, accompagna Philippe V en Espagne comme son confesseur, fut éloigné en 1670 par l'influence de la princesse des Ursins, revint a Madrid en 1716, après la disgrâce de la favorite, et reprit sa position de confesseur du roi. Il seconda les projets d'Alberoni. On a de lui des Oraisons funèbres et une Vie de S. François-Régis, 1716.

D'AUBIGNAC, D'AUBIGNÉ. V. AUBIGNAC (D'), etc.

DAUDIN (Fr. Marie), naturaliste, né vers 1770, mort en 1804, a composé un traité d’Ornithologie (1800), ouvrage peu exact et qui est resté incomplet, et une Histoire naturelle des reptiles (1802-3, 8 vol. in-8), qui fait suite au Buffon de Sonnini, et qui est plus estimée que son Ornithologie.

DAULIS, d'abord Anacris, auj. Davlia, v. de Phocide, au pied du Parnasse, à l'E. de Delphes.

DAUMESNIL (Pierre), général, surnommé la Jambe de bois, né à Périgueux en 1777, mort en 1832, servit d'abord comme simple soldat dans les guerres d'Italie et d’Égypte, fut nommé major de la garde en 1809 à la suite d'une foule d'actions d'éclat, et eut une jambe emportée par un boulet de canon à Wagram. En 1812, il fut élevé au grade de général de brigade, et reçut de l'Empereur pour retraite le gouvernement du château de Vincennes. Il défendit ce poste avec le plus grand courage en 1814 contre les troupes alliées; aux sommations qui lui furent faites, il répondit plaisamment : Je vous rendrai la place lorsque vous m'aurez rendu ma jambe. Il refusa un million qu'on lui offrit pour se rendre. Il n'en fut pas moins mis à la retraite par Louis XVIII. On s'empressa en 1830 de le rétablir dans son gouvernement. À cette époque, il s'opposa avec énergie aux exigences du peuple de Paris, qui s'était porté en foule à Vincennes et qui demandait à grands cris la tête des ministres de Charles X. Une statue lui a été élevée à Périgueux. — Sa veuve a été nommée par Napoléon III surintendante de la maison impériale de St-Denis.

DAUN (Léopold Marie, comte de), feld-maréchal d'Autriche, né à Vienne en 1705, mort en 1766. Généralissime des troupes impériales pendant la guerre de Sept ans, il gagna en 1757 sur Frédéric II à Kollin une victoire complète et fut proclamé le sauveur de la patrie ; mais la même année il fut défait à Leuthen. Il reprit ses avantages l'année suivante en battant Frédéric à Hochkirch. En 1759, il prit Dresde; mais il se laissa battre en 1760 à Torgau, malgré la supériorité du nombre et les avantages de la position. On lui reprochait ses temporisations.

DAUNIE, Daunia, à peu près la Capitanate, région de l'Apulie, dont elle formait la partie septent. Villes principales : Arpi ou Argyrippa, Cannes, célèbre par la défaite des Romains; Venusia, patrie d'Horace. La Daunie doit son nom à Daunus, son 1er roi, qui était beau-père: de Diomède.

DAUNOU (P. Claude François), secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, né en 1761 à Boulogne-sur-Mer, mort en 1840. Il entra d'abord chez les Oratoriens et enseigna les belles-lettres, la philosophie et la théologie dans plusieurs de leurs colléges. A la Révolution, il embrassa les idées nouvelles, fut nommé député à la Convention, où il se distingua par sa modération et s'occupa surtout de l'instruction publique; puis au Conseil des Cinq-Cents, dont il fut le premier président et un des membres les plus actifs; fit un instant partie du Tribunat, d'où son indépendance le fit exclure; devint en 1801 garde de la bibliothèque du Panthéon, et en 1804 archiviste de l'Empire, charge qu'il perdit sous la Restauration, mais qui lui fut rendue en 1830. Il fut nommé en 1819 professeur d'histoire au Collége de France, et fut élu la même année membre de la Chambre des Députés, où il siégea parmi les défenseurs des libertés nationales. Il venait d'être élevé à la pairie lorsqu'il mourut. Parmi ses nombreuses et utiles publications, nous citerons : De l'influence de Boileau sur la littérature française, 1787; Étendue et limites de la puissance paternelle, 1788, la continuation de l’Histoire de Pologne de Rulhière, 1807 ; un Essai historique sur la puissance temporelle des papes, 1810; la continuation de la collection des Historiens de France et de l’Histoire littéraire de la France, ouvrages commencés par les Bénédictins; le Discours sur l'état des lettres au XIIIe siècle; l’Essai sur les garanties individuelles, 1819; enfin de nombreuses éditions, avec notices, de divers auteurs, tels que Boileau, 1809; Chénier, 1811; La Harpe, 1826. Il a laissé un Cours d'études historiques, publié après sa mort par MM. Taillandier et Gorré, ; 20 v. in-8, 1842-49 : cet ouvrage, fruit des leçons qu'il faisait au Collége de France, traite de la manière d'écrire l'histoire, des ressources de la critique historique. Ce savant laborieux et modeste fut également remarquable par ses vertus privées et pudiques. M. Mignet a lu en 1843 son Éloge à l'Académie des sciences morales, dont il était membre depuis la fondation. M. V. Le Clerc et M. B. Guérard lui ont aussi consacré des Notices étendues.

DAUPHIN, nom que portaient d'abord les seigneurs du Dauphiné de Vienne (par allusion au dauphin qui ornait leur casque), fut ensuite donné à l'héritier présomptif du trône de France, lorsque le Dauphiné eut été cédé à la couronne (V. DAUPHINÉ). Ce titre n'impliquait point d'ailleurs, chez le prince héréditaire de France, la souveraineté réelle du Dauphiné. On connaît sous le nom spécial de Grand Dauphin le fils aîné de Louis XIV, Louis de France, né en 1661, m. avant son père en 1711 ; et sous celui de Second Dauphin, Louis, fils du Grand Dauphin, né en 1682 et mort en 1712, aussi avant Louis XIV (V. LOUIS). C'est pour le premier que fut faite la collection des classiques latins dite ad usum Delphini. — Le titre de Dauphin fut pareillement porté par les seigneurs de la branche aînée de la maison d'Auvergne, du XIIe au XVe s. — On appelait Dauphine l'épouse du Dauphin.

DAUPHIN (FORT-), établissement français sur la côte S. E. de l'île de Madagascar, au N. E. du cap Ste-Marie. Longtemps délaissé, repris en 1827.

DAUPHINÉ, Delphinatus en latin moderne, anc. gouvt de la France, avait pour bornes au N. la Bresse et le Bugey, à l'E. la Savoie et le Piémont, au S. la Provence, à l'O. le Lyonnais, le Forez, le Vivarais, au S. O. le comtat Venaissin. On le divisait en Haut-Dauphiné et Bas-Dauphiné. Dans le premier, on distinguait le Grésivaudan, le Royanez, Champsaur, le Briançonnais, l'Embrunais, le Gapençais, les Baronnies; dans le 2e, le Viennais, le Valentinois, le Diois, le Tricastinois, la pté d'Orange. Grenoble était le ch.-l. de toute la prov. Ce pays forme auj. les dép. de l'Isère, des H.-Alpes, et une petite partie de celui de la Drôme. Il est très-accidenté, très-pittoresque, et offre de nombreuses curiosités naturelles, qu'on a nommées les merveilles du Dauphiné. — Le Dauphiné, occupé jadis par les Allobroges, les Segalauni, les Vocontii et les Tricastini, fit partie d'abord de la Viennaise et de la Narbonnaise 2e, puis du roy. des Burgundes, de la Bourgogne Cisjurane, du roy. d'Arles. Lorsque ce dernier roy. se divisa en fiefs nombreux, le Dauphiné se forma de la réunion de plusieurs de ces fiefs au comté de Vienne ou d'Albon, comté dont les titulaires se qualifiaient Dauphins. Il y a eu 3 maisons de Dauphins de Vienne : la 1re, la maison des comtes d'Albon, issue de Guigues I (1063-1212) ; la 2e, dite dynastie de Bourgogne, commençant à Guigues VI, et finissant en 1281; la 3e, dite maison de La Tour-du-Pin (1281-1349). Par un traité signé en 1343 et confirmé en 1349, Humbert II, héritier de cette maison, assura le Dauphiné à Philippe de Valois, à condition que toujours le fils aîné du roi de France prendrait le nom de Dauphin. Le Dauphiné accueillit au XIVe s. les doctrines des Vaudois et au XVIe s. celles de Calvin, ce qui attira sur ce pays les plus cruelles persécutions. En 1690, le duc de Savoie et le prince Eugène envahirent le Dauphiné et le mirent à feu et à sang. Ce pays fut un des plus empressés à se prononcer en faveur de la Révolution et à accueillir l'Empereur à son retour de l'île d'Elbe.

DAUPHINÉ D'AUVERGNE, nom donné du XIIe au XVe s. à une seigneurie appartenant à la branche aînée des comtes d'Auvergne, et qui se composait d'une partie de la Limagne et de la moitié de la v. de Clermont.

DAURAT. V. DORAT.

DAUSQUE (Claude), commentateur, né à St-Omer en 1566, m. en 1644, jésuite et chanoine de Tournai, a donné une édition estimée de Silius Italicus, avec notes, 1615 ; une trad. latine des Homélies de S. Basile, Paris, 1622 ; des notes sur Quintus Calaber, Coluthus, etc.; Antiqui novique Latii orthographia, 1632.

DAUVERGNE (Ant.), compositeur, né en 1713 à Clermont, m. en 1797, était fils d'un maître de violon. Il donna en 1753, avec Vadé, les Troqueurs, un des premiers opéras-comiques réguliers, devint maître de la musique du roi (Louis XVI) et composa des ballets et de la musique d'église.

DAVE, Davus, personn. de la com. lat., est, comme nos Frontins, le type de l'esclave rusé et pervers. (Voir, dans Térence, l’Andrienne, le Phormion, etc.).

DAVENANT (sir Will.), poëte anglais, né à Oxford en 1605, mort en 1668, fut nommé en 1637 poëte lauréat. Il s'attacha dans les guerres civiles à Charles I, combattit vaillamment et fut fait chevalier en 1643. Quelque temps avant la mort de ce prince, il passa en France et se fit catholique. Il revint en Angleterre lorsque Charles II monta sur le trône. Ses ouvrages ont été publiés à Londres en 1673, in-fol. On y trouve des Tragédies, des Tragi-Comédies, des Mascarades, des Comédies et des poésies diverses, entre autres le poëme de Gundibert, qui eut un grand succès. — Son fils Charles D. (1656-1714), s'est fait un nom par plusieurs ouvrages de politique, de poésie et d'économie, imprimés en 1771, 5 vol. in-8.

DAVID, roi-prophète, fils d'Isaï ou Jessé, né à Bethléem vers 1086 ou 1071 av. J.-C., conduisait les troupeaux de son père, lorsqu'il fut désigné par Samuel, à l'âge de I5ans, pour succéder à Saül, et reçut l'onction royale. Il tua le géant philistin Goliath, qui avait défié les Juifs, et se couvrit de gloire en plusieurs autres occasions ; mais Saül, jaloux de ses succès, voulut le faire périr, ce qui le força à se cacher pendant plusieurs années, et même à chercher un refuge chez l'étranger. Après la mort de Saül, qui périt à Gelboé, il se fit reconnaître roi à Hébron (1056 ou l040). Le trône lui fut d'abord disputé par un fils de Saül, Isboseth ; mais ce prince ayant été assassiné, David régna seul au bout de 7 ans. Il fit de grandes conquêtes, enleva aux Jébuséens Jérusalem, dont il fit sa capitale, vainquit les rois de Syrie et de Mésopotamie ; mais il ternit la gloire de son règne en cédant à des passions coupables : on lui reproche surtout la mort d'Urie, dont il se défit pour épouser sa femme Bethsabée ; cependant, ayant fait pénitence, il obtint de Dieu son pardon. David eut de grands chagrins domestiques : il vit un de ses fils, Amnon, tué par son frère Absalon, et eut à réprimer la révolte et à déplorer la mort de ce. dernier. Il mourut en 1016 ou 1001, laissant le trône à Salomon, le plus jeune de ses fils. On a sous le nom de David 150 psaumes qui sont regardés comme le chef-d'œuvre de la poésie lyrique. Outre qu'ils se trouvent trad. en prose dans toutes les versions de la Bible, ils ont été pour la plupart imités en vers français ; les trad. les plus estimées sont celles de Marot, de Malherbe, de Racan et de J. B. Rousseau.

DAVID de Nerken, philosophe arménien des Ve et VIe siècles, était cousin germain et disciple de Moïse de Khoren. Il étudia la philosophie à Athènes sous Syrianus, et fut condisciple de Proclus. Il fut chargé par le patriarche Isaac I de visiter Édesse, Alexandrie, Athènes, Constantinople, pour s'y instruire et recueillir des manuscrits. Il a trad. en arménien les ouvrages d'Aristote sur la Logique, et a laissé des commentaires importants sur Aristote, Porphyre, etc., les uns en grec, les autres en arménien. Ils sont restés manuscrits pour la plupart ; on en trouve des fragments dans l'Aristote de l'Académie de Berlin.

DAVID (S.), patron du pays de Galles, né vers 480, mort en 544, était fils d'un prince du Cardigan. Il prêcha le Christianisme dans la partie mérid. de la Grande-Bretagne, fonda 12 monastères, et fut évêque de Menevia, ville qui prit depuis le nom de St-David. On l'honore le 1er mars.

DAVID COMNÈNE, dernier empereur de Trébizonde, avait usurpé le trône après la mort de son frère. Il consentit à livrer ses États à Mahomet II, en 1458, à condition que ce sultan épouserait sa fille Anne, et que lui-même aurait la vie sauve. Le sultan observa la première condition ; mais il fit tuer David avec sept de ses fils, en 1462.

DAVID I et [[w:David II (roi d'Écosse)|II], rois d’Écosse. V. ÉCOSSE et BRUCE.

DAVID (J. L.), célèbre peintre français, né à Paris en 1748, était parent du peintre Boucher. Il eut Vien pour maître, remporta le grand prix en 1775 et fut admis à l'Académie de peinture en 1783. Il s'attacha à restaurer l'art en France, en faisant revivre le goût des beautés antiques. Il prit aussi une grande part aux événements de la Révolution. Passionné pour les républiques de la Grèce et de Rome, il espérait en transplanter chez nous les institutions. En 1791, il offrit à l'Assemblée constituante l'esquisse du tableau du Serment du jeu de paume ; il exécuta deux ans après la Mort de Michel Lepelletier. Nommé membre de la Convention en 1792, il s'y fit remarquer par son ardeur républicaine, vota la mort de Louis XVI, siégea avec les Montagnards, et fut un moment président de l'assemblée. La Mort de Marat lui fournit le sujet d'un tableau célèbre (1793). A partir de l'année 1796, il ne s'occupa plus de politique et s'adonna tout entier aux arts. De son atelier sont sortis, entre autres chefs-d'œuvre, Bélisaire, Brutus, les Horaces, la Mort de Socrate, l’Enlèvement des Sabines, Bonaparte au mont Str-Bernard, le Couronnement de l'Empereur, la Distribution des aigles, Léonidas aux Thermopyles, etc. À la Restauration, David fut exilé. Il mourut en 1825 à Bruxelles. Le gouvt d'alors ne permit pas qu'on rapportât ses restes en France ; les Belges lui érigèrent un monument. On compte parmi ses élèves Gérard, Girodet, Gros, Ingres, Léopold Robert. M. Delécluze a publié L. David et son temps, 1854, in-12.

DAVID (Émeric), savant, né à Aix en 1755, mort en 1839. D'abord avocat, puis maire d'Aix, en 1791, il fut appelé au Corps législatif en 1809 et nommé député en 1814. Quittant le barreau et la politique pour les lettres, il composa une Histoire de la peinture au moyen âge, 1842, une Histoire de la sculpture française (posthume, 1853), l’Éloge de P. Pujet et celui du Poussin, une Introduction à l'étude de la Mythologie. On a aussi de lui de savantes recherches sur Jupiter, 1833, Vulcain, 1837, Neptune, 1839. Il avait été admis en 1816 à l'Acad. des inscriptions.

DAVID (Pierre Jean), dit D. d'Angers, né en 1792, à Angers, mort en 1856, vint jeune à Paris, étudia sous Roland, remporta le grand prix et fut envoyé a Rome ; exécuta, peu après son retour, la statue du Grand Condé, qui figure dans la cour d'honneur de Versailles ; fut élu en 1826 membre de l'Institut, et nommé, la même année, professeur à l’École de Peinture et de Sculpture. Il a produit une foule d'ouvrages de genres divers, monuments, tombeaux, statues, bustes, médaillons, bas-reliefs, qui tous sont empreints d'un talent vrai et énergique. Préférant le réel à l'idéal, il s'attacha surtout à la fidèle représentation des personnages illustres. On lui doit : le nouveau Fronton du Panthéon ; les Tombeaux des généraux Foy et Gobert, au Père-Lachaise ; le Monument de Fénelon, à Cambray ; le Mausolée de Marco Botzaris, à Missolonghi ; Philopémen blessé, aux Tuileries ; les statues de Corneille, à Rouen, de Racine, à la Ferté-Milon, d’Ambroise Paré, à Laval, de Larrey, au Val-de-Grâce, de Bichat, à l'École de Médecine, de Bernardin de St-Pierre et Delavigne, au Havre, de Cuvier, au Jardin des Plantes, de Talma, au Théâtre-Français; les bustes de La Fayette et Washington, dans la salle du congrès des États-Unis; de Gœthe, à Dresde, de Visconti, à l'Institut ; de Grégoire, Sieyès, Barrère, Lamennais, etc. Ardent démocrate, il fut élu en 1848 représentant du peuple par le département de Maine-et-Loire. Il quitta la France en 1852, et se dirigea vers la Grèce ; mais sentant ses forces décliner, il rentra dans sa patrie, où il ne tarda pas à succomber. M. Halévy a lu à l'Institut en 1857 une Notice sur sa vie et ses ouvrages.

DAVIES (John), critique anglais, né à Londres en 1679, mort en 1732, fut ministre à Fen-Ditton près de Cambridge, puis chanoine d'Ely, et devint en 1717 chef du Collége de la Reine à Cambridge. On a de lui des éditions estimées de César et de Maxime de Tyr, 1706 ; mais il est surtout connu par ses travaux sur les ouvrages philosophiques de Cicéron : on lui doit les Tusculanes, Cambridge, 1709 ; De Finibus, 1715 ; De natura Deorum, 1718 ; les Académiques, 1725 ; De Legibus, 1727, avec d'excell. commentaires. On lui reproche d'être trop hardi dans ses corrections.

DAVILA (Henri Catherin), historien, né en 1576 près de Padoue, d'une famille originaire d'Avila en Espagne, et qui avait fourni plusieurs connétables au royaume de Chypre, fut amené de bonne heure en France, où son père jouissait de la faveur de Henri III et de Catherine de Médicis (en souvenir de quoi il reçut les noms de Henri et Catherin) ; fut d'abord page, puis prit du service sous Henri IV pendant la guerre civile, et se distingua à Honfleur et devant Amiens (1597). A la paix, il retourna à Padoue, qu'il fut obligé de quitter en 1606 à la suite d'un duel, et alla se fixer a Venise, où il reprit les armes et rendit de grands services à la république. Il périt assassiné près de Vérone en 1631. Depuis son retour de France, Davila n'avait cessé de travailler à une Histoire des guerres civiles de France depuis la mort de Henri II (1559) jusqu'à la paix de Vervins (1598); il la publia en 1630 à Venise en italien (il en a paru des éditions bien préférables, à Paris, 1644, et à Venise, 1733). Cet ouvrage est universellement estimé pour l'exactitude des faits et pour le mérite du style. On reproche cependant à l'auteur quelque partialité pour Catherine de Médicis. L’Histoire de Davila a été trad. par J. Baudouin, 1642, et par l'abbé Mallet, 1757.

DAVIS (John), navigateur anglais, fit, en 1585 et années suivantes, plusieurs voyages dans le but de chercher un passage aux Indes orientales par le N. O. de l'Europe ; visita les côtes du Groënland, découvrit le détroit qui porte son nom et l'île de Cumberland, mais ne put trouver le passage cherché. Il fit ensuite plusieurs voyages pour la Compagnie des Indes orientales, et fut tué, en 1605, près de Patani, sur la Côte de Malacca, par des pirates japonais. La relation de ses voyages, écrite par lui-même, se trouve dans le t. III du recueil d'Hackluyt, celle de ses voyages aux Indes, dans les tomes I et III de Purchas et dans Harris.

DAVIS (détroit, ou mieux canal de), bras de mer de l'Amérique du N., par lequel la mer de Baffln est unie à l'Océan Atlantique, est situé entre le Groënland au N. E. et la terre de Cumberland au S. O., par 52°-68° 20' long. O., 63°-67° lat. N.

DAVOS, bourg de Suisse (Grisons), à 20 kil. S. E. de Coire ; 1500 hab. Ch.-l. de la haute juridiction de Davos dans la Ligue des Dix Droitures.

DAVOUT (L. Nic.), prince d'Eckmühl, maréchal de France, né en 1770 à Annoux (Yonne), fut élève à l'école de Brienne en même temps que Napoléon, servit comme chef de bataillon sous Dumouriez à l'armée du Nord, fit, en qualité de général de brigade, les campagnes de 1793, 94 et 95 aux armées de la Moselle et du Rhin, où il se signala par sa bravoure et son audace ; fit ensuite partie de l'expédition d’Égypte et contribua puissamment à la victoire d'Aboukir ; fut nommé général de division à son retour en France, et en 1804 maréchal de l'Empire ; prit la part la plus glorieuse aux victoires d'Ulm, d'Austerlitz (1805), gagna lui-même celle d'Auerstædt (1806), contribua puissamment à celle d'Eckmülh (1809) et reçut en récompense les titres de duc d'Auerstædt, de prince d'Eckmülh ; fut peu après nommé gouv. de la Pologne ; montra un grand dévouement dans la campagne de Russie et battit Bagration à Mohilev (1812); défendit Hambourg en 1813 avec un talent, un courage et une persévérance qui mirent le comble à sa gloire. Il se retira dans ses terres au retour des Bourbons ; accepta de Napoléon pendant les Cent-Jours le portefeuille de la guerre, et reçut le commandement général de l'armée sous les murs de Paris après la bataille de Waterloo ; mais il se vit bientôt forcé de signer une capitulation (3 juillet 1815). Il ne parut à la cour de Louis XVIII qu'en 1818, fut nommé pair de France en 1819, et mourut en 1823.

DAVY (sir Humphry), chimiste anglais, né en 1778 à Penzance, dans le Cornouailles, mort à Genève en 1829. D'abord placé chez un pharmacien, il fit de bonne heure quelques découvertes, fut appelé à Londres où il fit avec succès des leçons de chimie à l'institution royale créée par Rumford, et fut ensuite chargé d'enseigner l'application de la chimie à l'agriculture. Il devint en 1803 membre de la Société royale, et en 1820 président de cette société. On lui doit plusieurs découvertes importantes, entre autres celles du protoxyde d'azote ou gaz hilarant, de la vraie nature du chlore, qu'on regardait à tort comme un composé, de la formation des acides sans oxygène, enfin celle de la décomposition des terres par la pile galvanique : c'est à l'aide de ce nouveau et si puissant moyen d'analyse qu'il put isoler le potassium, le sodium, le calcium, le magnésium. On lui doit aussi des recherches sur l'emploi comme force mécanique des gaz amenés à l'état liquide, sur le doublage des vaisseaux, et enfin l'invention d'une lampe de sûreté pour les mineurs qui porte son nom (1817). On a de lui des mémoires sur des sujets scientifiques, des Éléments de philosophie chimique, 1812 (trad. par Van Mans, 1813); des Éléments de chimie agricole, 1813 (trad. par Bulos, 1819), et un traité de la pêche à la ligne, intitulé Salmonia. Son frère, J. Davy, a publié en 1858 à Londres ses Opuscules. L'Institut de France lui décerna un grand prix en 1807, au fort de la guerre, et le nomma en 1817 associé étranger. Cuvier prononça son Éloge à l'Institut.

DAWALAGHIRI. V. DAOUALAGHIRI.

DAX ou ACQS, Aquæ Tarbellicæ, ch.-l. d'arr. (Landes), sur l'Adour, à 55 k. S. O. de Mont-de-Marsan : 9856 hab. Trib. de 1re inst., collège. Murs flanqués de tours, château fort, pont hardi, belle cathédrale. Sources thermales (dont une a 70° centigr.). Cabinet de minéralogie et de fossiles. Vins, grains, jambons dits de Bayonne. Patrie de Borda. S. Vincent de Paul naquit à Pouy, lieu voisin. — Jadis ch.-l. des Tarbelli en Novempopulanie, Dax appartint ensuite aux différents maîtres de l'Aquitaine. Après l'expulsion des Anglais au XVe s., elle revint à la France. Dax avait jadis un évêché (auj. réuni à celui d'Aire), et était le ch.-l. d'une des 4 vicomtés des Landes en Gascogne.

DAYAKS, peuple de l'île de Bornéo, se trouve répandu dans toute l'étendue de cette île, spécialement au S. On suppose que ce peuple, assez industrieux et fort supérieur aux Malais, est la souche des hab. des îles de la Polynésie. Il a une langue à part.

DEA, v. de la Gaule Viennaise, auj. Die.

DEAL, v. d'Angleterre (Kent), à 22 kil. S. E. de Cantorbéry, sur la Manche; 7000 hab. Cette ville, qui est une dépendance de Sandwich, est comptée au nombre des Cinq-Ports (V. ce mot); cependant elle n'a pas de port proprement dit; elle n'a qu'un mouillage, qui du reste est sûr et très-fréquenté. Château fort, tours, batteries. César débarqua aux environs lors de sa 1re descente.

DEBA, v. sainte du Thibet, par 77° 42' long. E., 31° 11' lat. N., est la capit. du pays d’Urna-Desa. La v. se divise en trois parties : le collège du Lama et de ses prêtres, le couvent des femmes et la ville proprement dite. On remarque parmi beaucoup d'autres temples celui de Narayana. Dans les env., on élève les chèvres qui fournissent le meilleur duvet du Thibet.

DE BAY, nom d'une famille d'artistes français : J.-B. Joseph, sculpteur, 1779-1863; J.-B. Joseph, son fils aîné, 1802-1862, sculpteur; Aug. Hyacinthe, frère du préc., 1804-1865, sculpteur et peintre.

DEBELLE (Jean Franç.), général d'artillerie, né en 1767 à Voreppe (Isère), se distingua dans les premières guerres de la République, contribua puissamment à la victoire de Fleurus (1794), et à la prise de Dusseldorf (1795), dirigea la retraite de l'artillerie après la malheureuse affaire de Novi, accompagna le général Leclerc à St-Domingue, battit Dessalines (1802), et mourut peu après d'une blessure. Debelle est un des créateurs de notre artillerie légère.

DEBELLOY, poëte tragique. V. BELLOY (de).

DÉBONNAIRE (Louis), oratorien, docteur de Sorbonne, et ardent janséniste, né près de Troyes, mort à Paris en 1752. On a de lui : Parallèle de la morale des Jésuites et de celle des Païens, Troyes, 1726; Examen critique, philosophique et théologique des Convulsions, 1733; Leçons de la sagesse, 1737 ; Traité de la fin du monde, 1737; la Religion chrétienne méditée, 1745; Règle des devoirs, 1758.

DÉBORA, prophétesse juive, gouverna le peuple hébreu comme juge pendant 40 ans (1396-1356 av. J.-C.). Elle accompagna à la guerre le général Barac, qui délivra les Juifs de la captivité dans laquelle les retenait Jabin, roi des Chananéens (1392) : après la victoire, elle chanta le beau cantique qui se trouve dans la Bible (Jug., ch. V) et qui porte son nom.

DEBRAUX (Paul Émile), chansonnier, né en 1798 à Ancerville (Meuse), mort en 1831, fut quelque temps bibliothécaire à l'École de Médecine. On lui doit nombre de chansons populaires et nationales, qui eurent une grande vogue et qui ont été réunies par Béranger (1835, 3 vol. in-32). On connaît surtout Fanfan la Tulipe, Marengo, la Colonne, le Prince Eugène, le Mont St-Jean, Soldat, t'en souviens-tu ?

DEBRECZIN, v. de Hongrie, ch.-l. du comitat de Bihar, à 60 k. au N. de Grand-Varadin; 62 000 hab. Grande, mais mal bâtie. Cour d'appel, colléges pour les divers cultes. Industrie active et variée : imprimeries, fabriques de savon, lainages dits guba. Prise par les Turcs en 1684. Ville libre depuis 1715. Le gouvernement hongrois s'y réfugia en 1849 après la prise de Pesth par l'armée austro-russe. — Les env., dans un rayon de près de 100 k., forment des landes stériles.

DEBROSSE (Jacques), architecte du XVIe s., m. en 1626, était calviniste. Il bâtit pour Marie de Médicis de 1615 à 1620 le palais du Luxembourg, à Paris. On lui doit aussi la salle des Pas-perdus au Palais de justice de Paris, le temple de Charenton, le portail de St-Gervais, le nouvel aqueduc d'Arcueil, etc.

DEBROSSES (Charles), premier président au parlement de Bourgogne, né à Dijon en 1709, mort en 1777, cultiva les lettres avec distinction tout en remplissant ses fonctions avec zèle. On a de lui des Lettres sur Herculanum, 1750, le premier ouvrage qui ait été publié sur ce sujet; une Histoire des navigations aux terres australes, 1766; une Dissertation sur les dieux Fétiches, 1760; un Traité de la formation mécanique des langues, 1765, ouvrage précieux pour les étymologistes et le plus important de ses écrits; l’Histoire du VIIe siècle de la République romaine, 1777 : dans ce dernier ouvrage, il se proposa de suppléer à la grande histoire de Salluste que nous avons perdue : pour cela il traduisit tous les morceaux qui nous restent de cette histoire, et les enchâssa dans son travail. De Brosses fut reçu à l'Académie des inscriptions en 1758. Des démêlés qu'il eut avec Voltaire l'empêchèrent d'entrer à l'Académie française. On a publié en l'an VIII et en 1836 ses Lettres d'Italie (écrites en 1739).

DEBRY (Théodore), graveur et libraire, né à Liége en 1528, mort en 1598, est connu, ainsi que son fils Jean Théodore (1561-1623), par plusieurs publications utiles, notamment une collection de Grands et Petits voyages intitulée : Peregrinationes in Indiam orientalem et Indiam occidentalem, Francfort-sur-le-Mein, 1590-1634, 25 part. in-fol., avec figures.

DE BRY (Jean), né en 1760 à Vervins (Aisne), mort en 1834 à Paris, était avocat au moment de la Révolution. Il fut successivement élu membre de l'Assemblée législative, de la Convention et du Conseil des Cinq-Cents, se signala par un ardent républicanisme, et fit partie des comités de Sûreté générale et de Salut public. Nommé en 1797 plénipotentiaire à Rastadt avec Bonnier et Roberjot, il échappa par miracle au massacre dont ses deux collègues furent victimes (1799), et vint demander vengeance de cet attentat. Il seconda Bonaparte au 18 brumaire et fit partie du Tribunat. Sous l'Empire, il fut préfet du Doubs et du Bas-Rhin et se montra bon administrateur : il fut en récompense créé baron. Exilé en 1816, il ne rentra en France qu'en 1830. On a de lui un Essai sur l'éducation nationale et un Éloge de Mirabeau, 1790. — Son fils, le baron De Bry, a longtemps administré comme préfet le dép. de la Côte-d'Or.

DEBURE, famille de libraires de Paris, s'est fait un nom dans la bibliographie. Les plus connus sont : Guillaume-François D., né en 1731, mort en 1782, à qui on doit : Musæum typographicum, seu Collectio in qua omnes fere libri rarissimi... recensentur, 1755, tiré seulement à 12 exemplaires et publié sous le nom de G. F. Rebude, anagramme du sien; Bibliographie instructive, ou Traité de la connaissance des livres rares et singuliers, 1763-1768, 7 vol. in-8; et plusieurs Catalogues de bibliothèques que l'on recherche pour la manière dont ils sont rédigés.— Guillaume D., cousin-germain du préc., 1734-1820, libraire de l'Académie des inscriptions, membre de la commission des monuments pendant la Révolution, s'est surtout recommandé aux bibliophiles, ainsi que ses deux fils, J. J. et Marie Jean D., par d'excellents catalogues, parmi lesquels on remarque ceux des Bibliothèques du duc de La Vallière, de Brienne, de Randon de Boisset, du duc d'Aumont, de d'Holbach.

DECAEN (Ch. Math. Isidore), général français, né en 1769 à Caen, mort en 1832, était fils d'un huissier au bailliage. Il s'enrôla en 1792, se signala l'année suivante à Mayence sous les yeux de Kléber, qui le fit capitaine, seconda Moreau avec une rare intelligence dans ses opérations sur le Rhin, fut en récompense élevé rapidement aux grades de général de brigade (1796), de général de division (1800), emporta Munich par un coup de main, et décida la victoire de Hohenlinden; fut chargé en 1802 d'aller commander les établissements français dans l'Inde, déploya dans cette difficile mission les qualités de l'administrateur aussi bien que celles du guerrier, et défendit pendant 8 ans les îles de France et Bourbon contre tous les efforts des Anglais; fut, à son retour, mis à la tête de l'armée de Catalogne, et gagna l'estime des vaincus mêmes par sa justice et son désintéressement. Après avoir vainement tenté, au commencement de 1814, de repousser les Anglais de Bordeaux, il reconnut Louis XVIII. Nommé gouverneur de la 11e division militaire (Bordeaux), il s'efforça, mais sans succès d'y maintenir l'autorité royale après le débarquement de Napoléon; il n'en fut pas moins incarcéré au retour des Bourbons. Il recouvra sa liberté au bout d'un an, mais fut laissé sans emploi. Il fut rappelé à l'activité par Louis-Philippe en 1830. Decaen avait été fait comte sous l'Empire.

DECAMPS (Gabriel), peintre, né à Paris en 1803, mort en 1860, élève d'Abel de Pujol, se distingua de bonne heure par l'originalité de ses productions. A la suite d'un voyage en Orient, il exposa des tableaux de genre et des paysages empruntés aux contrées orientales qui attirèrent l'attention : Souvenir de la Turquie, Paysage en Anatolie, les Ânes d'Orient, le Café turc, la Ronde de Smyrne, etc. Il a aussi traité quelques sujets historiques (Moïse sauvé des eaux, Joseph vendu par ses frères, le Siége de Clermont, la Défaite des Cimbres); mais il se plaisait surtout à peindre des animaux (chevaux, ânes, chiens, singes) et des scènes de chasse : il périt à Fontainebleau d'une chute de cheval, en suivant une chasse de la Vénerie. Decamps excellait par l'énergie du coloris, les effets de lumière, la vérité, et accusait fortement les contrastes, au risque de forcer l'expression.

DÉCAN ou DEKKAN, c.-à-d. en sanscrit Sud, le pays des Dachinabades des anciens, partie méridionale de l'Inde en deçà du Gange, est bornée au N. par le Nerbudda et le Kattack, et ne se termine au S. qu'au cap Comorin comme la péninsule elle-même. Il se divisait jadis en Décan septentrional, qui comprenait le Kandeich, l'Aurengabad, le Bedjapour, l'Haïderabad, le Bider, le Bérar, le Gandouana, l'Orissa, les Circars septentr., et en Décan méridional (le Karnatic actuel), ou se trouvaient le Kanara, le Malabar le Kotchin, le Travancore, le Koïmbetour, le Karnatic, le Salem ou Barramahal, le Maïssour et le Balaghan. Auj. le nom de Decan ne s'applique plus qu'à la contrée comprise entre la Nerbuddah au N. O. et la Kistnah au S. E. — Cette immense contrée forma longtemps un État particulier; elle fut conquise au XVIIe siècle par Aureng-Zeyb; après la mort de ce prince, elle se partagea en un nombre infini de petites principautés; les Mahrattes y avaient la prépondérance. Après eux, les Anglais ont peu à peu réuni tout le Décan à leurs possessions. Il y forme la plus grande partie de la présidence de Bombay et la partie O. de la présid. de Calcutta. On y compte env. 50 000 000 d'hab.

DÉCAPOLE, c.-à-d. dix villes, nom que portaient divers pays qui comprenaient sans doute dans l'origine dix villes seulement ; mais le nom et le nombre de ces villes ont souvent varié. La Décapole de Palestine, autour du lac de Génésareth, avait pour v. princ. : Gadara, Gérasa, Canatha, Damas, Panéas, Philadelphie.

DECAZES (Élie, duc), homme d'État, né en 1780 à St-Martin-de-Laye près de Libourne, m. en 1860, fut d'abord avocat à Libourne, devint en 1805 juge au tribunal de la Seine, en 1811 conseiller à la Cour impér., fut en même temps attaché comme conseil au jeune roi de Hollande, Louis, et à l'impératrice mère; n'en accueillit pas moins la Restauration avec empressement, refusa de signer une adresse de félicitation à Napoléon après son retour de l'île d'Elbe; fut nommé par Louis XVIII préfet de police le 7 juill. 1815, et bientôt après ministre de la police et pair de France; prit sur ce prince un grand ascendant, qu'il devait à l'aménité de ses manières et au charme de son esprit tout autant qu'à l'accord des vues; s'opposa de toutes ses forces aux excès de la réaction ultraroyaliste, fit rendre dans ce but la célèbre ordonnance du 5 sept. 1816, qui dissolvait la Chambre introuvable; fit abolir la plupart des lois d'exception et modifier la loi électorale dans un sens libéral en abaissant l'âge et le cens (1817); remplaça en 1818 le duc de Richelieu au ministère de l'intérieur; prit plusieurs mesures réparatrices et brisa l'opposition de la Chambre des pairs par une fournée de 60 pairs nouveaux (5 mars 1819); mais devint par là en butte aux plus violentes attaques des royalistes. Il recourut pour se maintenir à un système de bascule qui laissait dominer alternativement chaque parti : il consentit même à abandonner sa propre loi électorale et à constituer un ministère royaliste, dont il fut le président (19 nov.). Malgré ces concessions, il se vit, après l'assassinat du duc de Berry (1820), que des royalistes exaltés ne craignirent pas de lui imputer, contraint de quitter le ministère. Louis XVIII, dont il emportait les regrets, le créa duc et le nomma ambassadeur en Angleterre. Rappelé de ce poste en 1821 sous le ministère Villèle, il prit place, à la Chambre des Pairs, parmi les libéraux modérés. Après la révolution de 1830, il se rallia au roi Louis-Philippe et fut nommé en 1834 grand référendaire de la Chambre des Pairs. Il quitta entièrement les affaires en 1848. Indépendamment de son rôle politique, Decazes signala son administration par des mesures favorables aux arts, à l'agriculture et à l'industrie : il rétablit en 1819 l'exposition quinquennale des produits de l'industrie. Il créa en 1825, avec ses ressources privées, un des plus importants établissements métallurgiques de France. V. DECAZEVILLE.

DECAZEVILLE, bourg de l'Aveyron, à 40 kil. N. E. de Villefranche, dans une vallée, près du Lot; 8842 h. Chemin de fer. Houille, minerai de fer. Immense fabrication de rails pour chemins de fer. Ce lieu était inhabité lorsque le duc Decazes y créa en 1825 une usine qui est auj. une des plus importantes.

DÈCE, Cn. Messius Decius, empereur romain, né en 201 près de Sirmium en Pannonie, dans un rang obscur, était gouverneur de la Mésie pour Philippe l'Arabe, lorsque ses soldats le proclamèrent empereur, en 249. Philippe vint lui livrer bataille près de Vérone : Dèce le tua de sa propre main. Après avoir remporté plusieurs avantages sur les Goths, qui avaient envahi l'empire, il périt, au bout de 2 ans de règne, dans un dernier combat livré en Thrace contre ces barbares. Quelques historiens disent que ce fut par la trahison de Gallus, un de ses lieutenants. Dèce est surtout fameux par une terrible persécution qu'il ordonna contre les Chrétiens et qui commença dès la 1re année de son règne (c'est la 7e persécution). Malgré ses cruautés, le sénat romain ne rougit pas de lui décerner les surnoms d’Optimus et de Trajanus.

DÉCÉBALE, roi des Daces, fit avec succès la guerre aux Romains sous Domitien qui consentit à lui payer tribut (89), mais fut vaincu par Trajan (106).

DÉCÉLIE, v. d'Attique, au N. O. de Marathon.

DÉCEMBRE (DEUX). Le 2 décembre 1851, eut lieu un coup d'État par lequel le prince L. Napoléon supprima l'Assemblée législative, et se fit autoriser par un plébiscite à promulguer une constitution.

DÉCEMVIRS, magistrats qui furent créés à Rome au nombre de dix, l'an 451 av. J.-C., pour rédiger un code de lois, étaient tirés de l'ordre des patriciens. On suspendit en les créant toutes les autres magistratures, et on leur donna un pouvoir absolu. Ils rédigèrent leurs lois sous dix titres, et les firent graver sur dix tables d'airain. Pour compléter ces lois, on élut l'année suivante de nouveaux décemvirs, qui ajoutèrent deux nouvelles tables aux précédentes, ce qui fit appeler ce code Lois des Douze Tables. Pendant cette seconde année, ces magistrats abusèrent du pouvoir et exercèrent un odieux despotisme : Appius Claudius, le plus puissant d'entre eux, s'attira surtout la haine du peuple. Au bout de l'année, ses collègues, excités par ses avis, gardèrent le pouvoir de leur propre autorité, s’entourèrent d’une garde nombreuse, et étouffèrent toutes les plaintes. La mort tragique de Virginie, que son père immola pour la soustraire aux violences d’Appius Claudius, et le meurtre du brave Sicinius Dentatus firent éclater le mécontentement. L’armée, puis la cité, se révoltèrent : le décemvirat fut aboli ; les décemvirs emprisonnés, et l’on rétablit les consuls (449).

DECIUS MUS (P.), Romain célèbre par son dévouement. En 343 av. J.-C., étant tribun militaire, il sauva Cornélius Cossus, qui s’était laissé enfermer par les Samnites dans les gorges de Saticule. Il fut nommé consul deux ans après. Dans une bataille qu’il livra aux Latins à Veseris, près du Vésuve, avec son collègue Manlius Torquatus, il se dévoua aux dieux infernaux afin d’assurer la victoire aux Romains, et se jeta au milieu des rangs ennemis où il périt percé de coups. — Décius eut un fils et un petit-fils qui, dit-on, imitèrent son dévouement, le 1er à la bataille de Sentinum, livrée aux Gaulois et aux Samnites, 295 av. J.-C. ; le 2e à la bataille d’Asculum, dans la guerre contre Pyrrhus, 279.

DECIUS (Cn. Messius), empereur. V. DÈCE.

DECIZE, Decetia, ch.-l. de c. (Nièvre), dans une île de la Loire, à 34 k. S. E. de Nevers ; 3195 h. Station. Houille, forges. Pat. de Guy Coquille et de St-Just.

DÉCLARATION DES DROITS, acte par lequel une assemblée nationale tenue à Westminster le 22 janv. 1689 proclama les bases de la constitution anglaise, que Guillaume III jura d’observer : le roi reconnaissait au parlement le droit de se réunir, de voter l’impôt et de veiller à l’exécution des lois, et aux citoyens le droit d’élire leurs représentants et d’être jugés par le jury. — On connaît en France sous le nom de Déclaration des droits de l’homme et du citoyen un acte célèbre par lequel l’Assemblée constituante proclama, le 1er oct. 1789, toutes les libertés nouvelles, l’égalité de l’impôt, ainsi que l’admissibilité de tous aux fonctions publiques.

DÉCLARATION DU CLERGÉ. V. GALLICANE (ÉGLISE).

DÉCRÈS (Denis), amiral français, né à Château-Villain (Hte-Marne) en 1765, mort en 1820, s’engagea dans la marine à 14 ans, et passa par tous les grades jusqu’à celui de vice-amiral. Échappé au désastre d’Aboukir, où il avait commandé l’escadre légère, il revenait à Toulon avec le Guillaume Tell, lorsqu’il fut rencontré par une escadre anglaise ; il ne se rendit qu’après une glorieuse défense. Il fut ministre de la marine de 1802 à 1815, réorganisa la flotte, fit exécuter de grands travaux à Venise, Anvers, Flessingue et Cherbourg. Il fut fait duc par Napoléon.

DÉCRÉTALES, recueil des lettres écrites par les papes des premiers siècles en réponse aux questions qui leur étaient adressées par des évêques ou de simples particuliers. Le 1er recueil de ce genre est dû au moine Denys le Petit, qui vivait à Rome vers 550. Au VIIIe et au Xe siècle, des compilateurs insérèrent dans ce recueil des lettres qui exagéraient la puissance des papes : on connaît ces lettres sous le nom de Fausses Décrétales. Parmi les recueils des Décrétales, il faut citer celui de Gratien, communément appelé le Décret, formé en 1151, et le code supplémentaire que Grégoire IX fit rédiger par le dominicain Raimond de Pennafort, et qu’on appelle Extra, c.-à-d. en dehors du Décret de Gratien : il se compose de 5 livres, que Boniface VIII augmenta d’un 6e, connu sous le nom de Sexte. On y ajoute encore deux autres recueils, l’un, dit Clémentines, contenant les lettres de Clément V, l’autre, dit Extravagantes (c.-à-d. restées en dehors du code principal), contenant les décisions des papes depuis Urbain IV jusqu’à Sixte IV. — Le recueil des Décrétales a été plusieurs fois imprimé. V. GRATIEN.

DECUMATES AGRI, à peu près le Brisgau, territoire situé à l’angle S. O. de la Germanie, entre le Nicer (Necker) et le Rhin, était ainsi nommé par les Romains, parce qu’au IIIe siècle on y établit des vétérans comme colons, à la seule charge de payer au trésor la dîme (decimam partem) du revenu.

DÉCURIE, division civile chez les Romains, formait le 10e de la centurie et se composait, dans l’origine, de 10 hommes, lorsque la centurie était de cent hommes. Mais le nombre des citoyens qui formaient une centurie ayant augmenté dans la suite, la décurie s’accrut dans la même proportion. Ce nom s’appliquait aussi à une subdivision de la milice. — Le chef d’une décurie, civile ou militaire, était nommé décurion. On donnait aussi ce nom aux sénateurs des colonies romaines et des municipes.

DÉDALE, personnage fabuleux, natif d’Athènes, est célèbre comme mécanicien et statuaire. Il inventa, dit-on, le vilebrequin, la scie, la hache, le niveau, les mâts et les voiles de vaisseaux. Ayant tué par jalousie son neveu Talus, qui promettait de le surpasser un jour, il fut exilé par l’aréopage et se retira dans l’île de Crète. Là il bâtit, par les ordres de Minos, le fameux Labyrinthe ; mais ayant favorisé les amours criminelles de Pasiphaé, épouse de Minos, ce prince l’enferma lui-même dans cet édifice avec son fils Icare. Il fabriqua, pour s’échapper, des ailes formées de cire et de plumes d’oiseaux, et traversa ainsi les airs avec son fils ; Icare ayant péri dans la mer par son imprudence, Dédale arriva seul à Cumes en Italie. Il y bâtit un temple à Apollon ; de là il passa en Sicile, où Cocalus, foi de la contrée, le reçut d’abord très-bien ; mais ensuite, craignant que Minos ne lui déclarât la guerre, ce roi le fit tuer. — Les Grecs ont donné depuis le nom de Dédale à plusieurs autres artistes habiles.

DEE, nom commun à plusieurs riv. de la Grande-Bretagne, dont une dans le pays de Galles (Mérioneth) : elle passe à Chester et se jette dans la mer d’Irlande (c’est l’anc. Deva ou Seteia) ; et une autre en Écosse : elle sort du mont Cairntoul, coule au S. et tombe dans la mer du Nord près d’Aberdeen (à laquelle elle donne son nom), après 150 kil. de cours : c’est la Devana des anciens.

DEE (J.), astrologue et illuminé, fils d’un marchand de vin de Londres, né en 1527, mort en 1607, avait des connaissances en mathématiques et en astronomie, mais donna dans les rêveries de l’astrologie, de la cabale et de la magie, chercha la pierre philosophale, et prétendit avoir des entretiens avec les esprits malins. Il parcourut l’Europe, s’introduisit auprès de plusieurs souverains, tels que la reine Élisabeth, l’empereur Rodolphe, Étienne, roi de Pologne ; jouit d’un moment de faveur, puis se fit chasser, et mourut dans la misère. Il a publié de 1564 à 1591 un grand nombre d’écrits où sont consignées ses folies. Méric Casaubon a donné ses Œuvres, Londres, 1659. On a publié à Londres la même année une Relation fidèle du commerce de Dee avec les esprits. — Son fils, Arthur Dee (1579-1651), médecin de Charles I, a aussi écrit sur la philosophie hermétique.

DEFAUCONPRET (Aug. J. B.), célèbre traducteur, né à Lille en 1767, mort à Fontainebleau en 1843, remporta en 1786 le prix d’honneur au concours général de l’Université, fut quelques années notaire à Paris, mais quitta de bonne heure une profession qui lui convenait peu et alla se fixer à Londres, où il se livra tout entier à ses goûts littéraires. Il a publié des tableaux de mœurs anglaises et a composé des romans historiques (Jeanne Maillotte ou l’Héroïne lilloise, 1824 ; Wat Tyler, 1825 ; Masaniello, 1827) ; mais c’est surtout par ses traductions de l’anglais qu’il est connu : il a traduit les œuvres complètes de Walter Scott et de Fenimore Cooper, ainsi qu’un grand nombre d’ouvrages de Marryat, Washington Irving, lady Morgan, Maria Edgeworth, etc. Ses traductions se distinguent par l’exactitude, l’élégance, et par une connaissance profonde du génie de la langue anglaise.

DEFENDERS, association politique secrète qui se forma en Irlande après la victoire de la Boyne (1690), remportée par Guillaume III d’Orange, avait pour but de défendre les Catholiques opprimés. Elle était opposée à la faction des Orangistes. Elle joua un grand rôle dans les soulèvements de 1798 et de 1803.

DÉFENESTRATION DE PRAGUE, nom donné à un acte de violence exercé à Prague le 23 mai 1618 par les États de Bohême contre les gouverneurs impériaux Slavata et Martiniz, et leur secrétaire Fabricius. L'empereur Mathias ayant violé les privilèges de la Bohême, les mécontents, guidés par le comte de Thurn, se présentèrent en armes au château du Hradchine à Prague, résidence des gouverneurs impériaux ; et comme ces derniers, qui ne pouvaient sans un ordre de l'empereur satisfaire à leurs demandes, imploraient un délai, ils les précipitèrent par les fenêtres ; mais tous trois échappèrent à la mort. Cet événement fut le signal de la guerre de Trente ans.

DEFOE (Daniel), auteur du Robinson, né à Londres vers 1663, mort en 1731, était fils d'un boucher et exerça lui-même l'état de bonnetier ; mais, entraîné par son goût pour la politique et la littérature, il ne s'occupa guère que d'écrire. Appartenant au parti des Whigs et des Non-Conformistes, il combattit dans plusieurs pamphlets virulents le gouvernement impopulaire de Jacques II, et prépara de tout son pouvoir la révolution de 1688. Il jouit de quelque faveur auprès de Guillaume d'Orange, et obtint alors des emplois lucratifs. Mais sous le règne moins libéral de la reine Anne, il fut condamné en 1704 au pilori et à la prison pour avoir écrit contre l'intolérance de l'église anglicane. Il publia de sa prison une Revue, ouvrage périodique qui eut un grand débit, 1704-1713. Rendu à la liberté, il fut employé par le gouvernement à travailler à l'union de l’Écosse et de l'Angleterre et réussit dans cette mission. Mais de nouveaux pamphlets lui ayant attiré de nouvelles disgrâces, il se dégoûta de la politique et ne s'occupa plus que de littérature ; il publia dans les quinze dernières années de sa vie plusieurs ouvrages fort originaux qui obtinrent pour la plupart beaucoup de succès : l'Instituteur de famille, 1715, qui eut une vingtaine d'éditions ; la Vie et les Aventures de Robinson Crusoé, 1719, que tout le monde a lu ; la Vie du capitaine Singleton ; Histoire de Duncan Campbell, — de Molly Flanders, — du colonel Jack, — de Roxane ; Mémoires d'un cavalier, 1720-24; Histoire politique du Diable, 1726 ; Système de Magie, 1729. Le Robinson Crusoé a été traduit dans toutes les langues ; la première traduction française, par St-Hyacinthe et Van Effen, parut dès 1720 ; une des plus fidèles est celle de Mme Tastu, 1833.

DEFORIS (J. P.), bénédictin de la congrégation de St-Maur, né à Montbrison en 1732, guillotiné à Paris en 1794, continua la collection des Conciles des Gaules, et publia : Réfutation d'un nouvel ouvrage de J. J. Rousseau (L’Émile), 1762 ; Réponse à la lettre de J. J. Rousseau à M. de Beaumont, 1764 ; De la Vie monastique, 1768 ; Doctrine de l'Église sur les vertus chrétiennes, 1776. Il a continué la belle édition de Bossuet commencée par Lequeux.

DEFTERDAR, c.-à-d. garde-rôle, grand officier chargé, en Turquie et en Perse, de tenir les rôles de la milice et des revenus de l'État. Comme nos anciens surintendants des finances, il dispose des revenus de l'empire et reçoit les comptes de tous les agents du fisc. Il siège au Divan.

DEGO, bourg du Piémont, à 25 kil. S. d'Acqui, sur la Bormida. Victoire de Bonaparte sur les Autrichiens, 15 avril 1796.

DEGUERLE (J. N. Marie), littérateur, né en 1766 à Issoudun (Indre), mort à Paris en 1824, fut professeur de rhétorique au Prytanée et au Lycée Bonaparte, puis censeur au Lycée impérial (Louis-le-Grand). On a de lui : Éloges des perruques (jeu d'esprit qui parut sous le nom supposé du docteur Akerlio), Paris, an VII (1799); la Guerre civile, imitation libre de Pétrone (en vers français), imprimée avec le texte latin en regard, an VII ; et une traduction en prose de l’Énéide, Paris, 1825,2 vol. in-8, posthume.

DEGUIGNES (Jos.), savant orientaliste, né en 1720 à Pontoise, mort en 1800, étudia les langues orientales, spécialement le chinois, sous Fourmont; fut nommé en 1745 secrétaire-interprète pour ces langues, en 1753 membre de l'Académie des inscriptions, en 1757 professeur de syriaque au Collége de France, et en 1769 garde des antiques du Louvre. Ses principaux ouvrages sont : l’Histoire des Huns, des Turcs, des Mogols et autres Tartares, 1756-1758, 5 vol. in-4, et un Mémoire dans lequel on prouve que les Chinois sont une colonie égyptienne, 1769 : ce système, établi fort ingénieusement par l'auteur, a été fortement attaqué et paraît auj. abandonné.

DEHLI, v. de l'Inde. V. DELHI.

DÉIDAMIE, fille de Lycomède, roi de Scyros, fut aimée d'Achille, alors caché à la cour de Scyros sous des habits de femme, et devint mère de Néoptolème. Stace a chanté cette aventure dans son poëme d’Achille à Scyros.

DEINSE, v. de Belgique (Flandre orient.), sur la Lys, à 20 k. N. E. de Courtray ; 3700 hab. Toiles, grains, bière, genièvre, bestiaux. Les Normands la ravagèrent en 880. Philippe IV, roi d'Espagne, l'érigea en marquisat en faveur de Diego de Guzman, qui la vendit à Florent de Mérode en 1632.

DÉIPHOBE, Deiphobe, sibylle de Cumes. Aimée d'Apollon dans sa jeunesse, elle lui avait demandé de vivre autant d'années qu'elle tenait de grains de sable dans ses mains, mais elle oublia de demander en même temps une jeunesse inaltérable. Quand Énée vint en Italie, elle avait déjà 700 ans : c'est elle qui le guida aux Enfers ; c'est elle aussi, suivant Servius, qui vendit à Tarquin les livres Sibyllins.

DÉIPHOBE, Deiphobus, prince Troyen, fils de Priam, et d'Hécube, épousa Hélène après la mort de Pâris. Il fut poignardé pendant son sommeil par Ménélas, qu'Hélène même avait introduit dans sa maison.

DEIR-EL-KAMAR, c.-à-d. maison de la lune, v. de Syrie (Acre), à 90 kil. N. E. d'Acre ; 2000 hab., Druses et Chrétiens. Église et couvent catholiques. Les Chrétiens y furent égorgés en 1860 par les Druses, qui furent bientôt après châtiés par les Français. Aux env., château fort, résidence de l'émir des Druses.

DÉIRIE, roy. fondé par les Angles dans la Grande-Bretagne au VIe s., fut réuni à celui de Bernicie en 547, et forma le roy. de Northumberland, un des sept de l'Heptarchie.

DÉJANIRE, fille d'Œnée, roi de Calydon, en Étolie, fut épousée par Hercule qui en eut Hyllus. Le centaure Nessus, qui la portait pour lui faire traverser le fleuve Événus, ayant voulu l'enlever, Hercule tua le ravisseur en lui lançant une flèche envenimée. Avant de mourir, Nessus, pour se venger, donna à Déjanire sa tunique teinte de son sang empoisonné, en lui assurant que c'était un talisman propre à ramener son époux s'il était infidèle. Quelque temps après, Hercule s'étant attaché à Iole, fille d'Euryte, roi d'Œchalie, Déjanire voulut faire l'essai de la tunique fatale, mais le poison qu'elle contenait fit mourir le héros dans des souffrances cruelles. Déjanire se tua de désespoir. Cet événement a fourni le sujet des Trachiniennes de Sophocle et de l’Hercule au mont Œta de Sénèque. L’Enlèvement de Déjanire est un des plus beaux tableaux du Guide.

DEJAURE (J. BEDENC), poëte dramatique, né en 1761, mort à Paris en 1799, a donné de 1789 à 1798 18 pièces, comédies, opéras, opéras-comiques, qui, pour la plupart, ont eu du succès, entre autres : Lodoïska, musique de Kreutzer, 1791 ; la Dot de Suzette, comédie en un acte, mêlée d'ariettes, musique de Boïeldieu, 1798 ; Montano et Stéphanie opéra, musique de Berton, 1799 ; Imogène, imitée de la Cymbeline de Shakespeare.

DEJEAN (P. Franç., comte), général du génie, né en 1749 à Castelnaudary, mort à Paris en 1824 ; fut chargé de différentes missions sous le Consulat ; tint de 1802 à 1809 le portefeuille de la guerre ; adhéra au gouvernement de Louis XVIII en 1814, et fut nommé pair de France ; se rallia à l'Empereur après les Cent Jours; fut néanmoins rappelé à la pairie en 1819.

DEJEAN (P. F. Aug., comte), lieutenant général et entomologiste, né en 1780 à Amiens, m. en 1845, était fils du précédent. Général de brigade à 30 ans, il fut dès 1813 aide de camp de Napoléon, prit une part glorieuse aux bat. de Ligny et de Waterloo, fut exilé par les Bourbons de 1815 à 1818, et ne reprit d'activité qu'en 1830. En même temps il se plaçait parmi nos premiers entomologistes par une collection d'insectes la plus complète que l'on connaisse, dont il a publié le Catalogue, 1821-33, et par d'importantes publications : Species général des coléoptères, 1825-1839, 7 vol. in-8; Iconographie et histoire naturelle des coléoptères d'Europe, avec Boisduval et Aube, 1829 et suiv.

DÉJOCÈS, d'abord juge, puis roi des Mèdes (de 733 à 630 selon les uns, de 710 à 657 selon d'autres). Il fonda Ecbatane, et réunit en un seul peuple toutes les tribus de la Médie.

DÉJOTARUS, roi de Galatie, avait été dépouillé de ses États par Mithridate et rétabli par les Romains; embrassa le parti de Pompée; fut dépouillé de ses États par César, qui les lui rendit bientôt; fut dans la suite accusé d'avoir conspiré contre le dictateur, mais défendu par Cicéron et acquitté; mourut vers l'an 42 av. J.-C.

DEKEN (Agathe), née en 1741 à Amsterdam, m. en 1804, a publié en société avec Elizabeth Bekker des romans hollandais qui eurent une grande vogue, entre autres Sara Burgerhart, 1782; Histoire de Wilhem Leevenp, 1784-1785. Agathe Deken et Elizabeth Bekker sont regardées comme avant créé le roman hollandais.

DEKKAN (roy. de). V. DÉCAN.

DELABORDE, DELACHAMBRE, etc. V. LABORDE, etc.

DELACROIX (Eugène), peintre français, né à Charenton-St-Maurice (Seine) en 1798, m. en 1863; était fils d'un conventionnel; fut élève de Guérin, mais abandonna bientôt la tradition académique, sacrifia le dessin à la couleur, et, suivant un mouvement semblable à celui qui s'accomplissait alors dans la poésie, produisit une foule d'œuvres fort admirées des uns, fort critiquées des autres, qui firent de lui le chef de l'école romantique dans la peinture, et dont les incontestables mérites lui ouvrirent, après bien des résistances, les portes de l'Institut (1857). Les principales sont Dante et Virgile, Marino Faliero, le Christ au Jardin des Oliviers, Justinien, Méphistophélès et Faust, la Mort de Sardanapale, le Combat du giaour et du pacha, la Liberté guidant les peuples sur les barricades, la Mort de l’Évêque de Liége, la Bataille de Nancy, les Femmes d'Alger, le Prisonnier du Chillon, la Bataille de Taillebourg, Médée, Hamlet et Horatio, la Prise de Constantinople par les Croisés, la Mort de Marc Aurèle, le plafond de la Galerie d'Apollon, au Louvre, des peintures décoratives pour la Chambre des Députés, le palais du Sénat et diverses églises, etc. Quelles que soient les objections que soulèvent, pour le dessin, plusieurs des toiles d'E. Delacroix, on est aujourd'hui d'accord pour y reconnaître une composition dramatique, un pinceau vigoureux, une rare puissance de coloris.

DELAFORGE (L.), médecin de Saumur, ami de Descartes, a donné un Traité estimé de l'âme et de son union avec le corps, d'après les principes de Descartes, en latin, 1666.

DELAHAYE, graveur-géographe, né en 1725 à Paris, mort en 1802, élève de Delisle, grava les cartes de d'Anville et de Robert de Vaugondy. On le regarde comme le créateur de la gravure topographique.

DELAISTRE (Franç. Nic.), statuaire, né a Paris en 1746, m. en 1822, a exécuté des œuvres qui le placent à côté des Pajou, des Cartelier, entr'autres : L’Amour et Psyché, Phocion, Joseph Bonaparte, les Quatre évangélistes, et plusieurs bas-reliefs pour le Panthéon et la Colonne Vendôme.

DELAMALLE (Gaspard Gilbert), avocat, né en 1752, m. en 1834; fut sous l'Empire conseiller de l'université et conseiller d'État; a laissé un Essai d'institutions oratoires, 1816.

DELAMALLE (DUREAU-). V. DUREAU.

DELAMARCHE (Ch. Fr.), géographe, né en 1740, mort en 1811, acquit en 1786 le fonds de Robert de Vaugondy, et fit aux traités classiques de géographie des améliorations qui rendirent longtemps ses ouvrages populaires. On estime surtout son Traité de la sphère et de l'usage des globes, 1790.

DELAMARCHE (Olivier). V. LA MARCHE.

DELAMBRE (J. B. Joseph), astronome, né en 1749 à Amiens, mort en 1822; fut d'abord professeur de belles lettres, et ne commença à étudier l'astronomie qu'à l'âge de 36 ans; débuta par la construction des tables d'Uranus (planète récemment découverte par Herschell), et publia plusieurs Mémoires qui firent faire de grands progrès à la science ; fut nommé (1792) membre et plus tard secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, et fut chargé avec Méchain de la mesure de la méridienne de France; entra au Bureau des Longitudes (1795); fut nommé (1802) inspecteur général des études; succéda (1807) à Lalande dans la chaire d'astronomie au Collége de France; devint (1808) membre du conseil de l'Université, d'où il se vit écarté en 1815. Ses principaux ouvrages sont : Base du système métrique, 1810; Abrégé d'astronomie, 1813; Traité complet d'astronomie théorique et pratique, 1814; Histoire de l'astronomie, en 3 parties (ancienne, moderne, et du moyen âge), 1817-1827, 5 vol. in-4.

DELANDINE (Ant. François), littérateur, né à Lyon en 1756, m. en 1820; fut membre de l'Assemblée constituante, et s'y montra fort opposé aux républicains ; fut incarcéré sous la Terreur. On a de lui : Biblioth. des histor. de Lyon, 1787; et une édition augmentée du Dictionnaire de Chaudon, 13 vol. in-8, Lyon, 1804.

DELANNEAU. V. LANNEAU.

DELAROCHE (Paul), peintre d'histoire, né à Paris en 1797, mort en 1856, était fils d'un expert en tableaux et eut Gros pour maître. Il ne commença à être remarqué qu'au salon de 1824, où parurent S. Vincent de Paul prêchant pour les enfants trouvés et Jeanne d'Arc dans sa prison. Il exposa, dans les années suivantes : la Mort d’Elizabeth, Miss Mac-donald secourant le Prétendant, les Enfants d’Édouard, le plus populaire de ses tableaux, Richelieu trainant ses prisonniers sur le Rhône, Mazarin mourant, Strafford marchant au supplice, Charles Ier insulté par des soldats, Cromwell regardant le cadavre de Charles Ier, le Supplice de Jane Gray, l’Assassinat du duc de Guise. A partir de 1837, il cessa d'exposer, mais n'en continua pas moins à travailler sans relâche : il termina en 1841, après quatre années d'assiduité, l’Hémicycle de l'École des beaux-arts, admirable peinture à fresque, qui rassemble les plus grands artistes de toutes les époques (on y compte 75 figures). Parmi les autres fruits de sa retraite, on remarque Bonaparte franchissant les Alpes, Napoléon à Ste-Hèlène, Marie-Antoinette après sa condamnation, la Cenci marchant au supplice, le Dernier adieu des Girondins, et plusieurs sujets religieux : Moïse exposé sur le Nil, le Christ à Gethsemani, le Christ sur la croix, le Christ espoir des affligés, l’Ensevelissement du Christ, la Vierge au pied de la croix, la Vierge chez les saintes femmes, la Vierge en contemplation devant la couronne d'épines, une Jeune martyre. Paul Delaroche a peint en outre, pour le musée de Versailles, le Baptême de Clovis, le Sacre de Pépin, le Passage des Alpes par Charlemagne et son Couronnement à Rome, et a exécuté un grand nombre de portraits, parmi lesquels on admire ceux de MM. Guizot, Salvandy, Rémusat et Thiers. Il fut admis en 1832 à l'Institut et nommé, peu après, professeur à l’École des beaux-arts. Il avait épousé une fille d'Horace Vernet, dont la mort prématurée assombrit ses dernières années. P. Delaroche rajeunit l’art en traitant des sujets modernes. Il s’attachait à la représentation du vrai plutôt qu’à celle de l’idéal et de l’héroïque ; il se plut surtout dans le choix de sujets dramatiques, et fut le Casimir Delavigne de la peinture. On s’accorde à louer en lui la parfaite intelligence de la composition, la correction du dessin, un goût exquis et un rare talent d’exprimer par les traits de la physionomie le caractère et les sentiments les plus intimes de ses personnages. N’ayant guère traité que des anecdotes historiques et exécuté que des tableaux de petite dimension, il se place entre les peintres de genre et les vrais peintres d’histoire. Ses plus belles œuvres ont été gravées par Henriquel Dupont, Calamatta, Mercuri, Prudhomme, Martinet, François. M. Halévy a lu en 1858 à l’Académie des beaux-arts une Notice sur ce peintre.

DELATOUCHE. V. LATOUCHE et GUIMOND.

DELATOUR. V. LATOUR

DELAUNAY ou DELAUNEY (JOURDAN), gouverneur de la Bastille sous Louis XVI, défendit cette forteresse contre le peuple de Paris au 14 juillet 1789. Étant tombé entre les mains des insurgés, il fut massacré.

DELAUNAY (Mlle). V. STAAL (la baronne de).

DELAVIGNE (Casimir), né au Hâvre en 1793, mort en 1843, était fils d’un négociant et étudia au lycée Napoléon. Il composa, étant encore sur les bancs, un Dithyrambe sur la naissance du roi de Rome (1811), qui lui valut, avec un prix, la protection de Français (de Nantes) et une place dans les droits réunis. Il disputa pendant quelques années les palmes académiques, et présenta aux concours plusieurs pièces de vers qui furent remarquées (Charles XII à Narva, la Vaccine, les Charmes de l’étude), mais dont une seule, l’Enseignement mutuel, fut couronnée ; puis il se fraya une route nouvelle en consacrant sa muse, après les désastres de 1815, à des sujets nationaux, et pleura les malheurs de la France dans d’admirables élégies, qu’il intitulait Messéniennes, assimilant nos malheurs à ceux de l’antique Messénie. Il se tourna enfin vers le théâtre pour lequel il s’était senti une vocation précoce. Il donna en 1819 la tragédie des Vêpres siciliennes, qui fut représentée à l’Odéon avec un succès extraordinaire, bien qu’elle eût été refusée au Théâtre-Français ; il fit jouer l’année suivante, au même théâtre, une comédie en vers, les Comédiens, qui ne fut pas moins bien accueillie ; puis, en 1821, une nouvelle tragédie, le Paria, également remarquable par la nouveauté des situations, par la générosité des sentiments et la perfection de la poésie. Le ministère d’alors, irrité de l’esprit libéral qui perçait dans ses écrits, lui enleva une modeste place de bibliothécaire ; le duc d’Orléans (roi depuis) s’empressa de le dédommager en lui confiant sa bibliothèque du Palais-Royal. En 1823 parut l’École des Vieillards, qui fut représentée au Théâtre-Français. Le succès de cette œuvre détermina l’admission de son auteur à l’Académie (1825). Au retour d’un voyage en Italie, il fit jouer la Princesse Aurélie (1828), comédie qui fut froidement accueillie, puis Marino Faliero (1829), tragédie en cinq actes, qui réussit beaucoup mieux. En 1830, C. Delavigne improvisa, le lendemain des journées de juillet, la Parisienne, chant patriotique, qui fut bientôt répété d’un bout de la France à l’autre. Retournant bientôt à ses travaux dramatiques, il donna successivement quatre grands ouvrages, où son talent flexible se montra sous des faces toutes nouvelles : Louis XI (1832), les Enfants d’Édouard (1833), don Juan d’Autriche (1835), drame en prose, la Popularité (1838), comédie en 5 actes et en vers, indépendamment de plusieurs pièces moins importantes : une Famille au temps de Luther (1836), tragédie en un acte ; la Fille du Cid (1840), tragédie en 3 actes ; le Conseiller rapporteur (1841), comédie en prose ; Charles VI (1841), opéra fait en société avec son frère Germain. Épuisé par tant de travaux, il quitta Paris en 1843 pour aller chercher le repos en Italie ; mais il ne put arriver au terme de son voyage, et mourut à Lyon. Ses Œuvres complètes ont été réunies en 6 vol. in-8, 1846, avec une Notice par son frère. — C. Delavigne est le plus pur et le plus classique des poëtes de notre époque ; il rappelle la perfection de Racine. Tout en se garantissant des écarts du romantisme, il n’a pas craint, surtout dans la dernière moitié de sa arrière, d’emprunter à l’école nouvelle plus de hardiesse dans les situations, plus de liberté dans l’allure et de familiarité dans le style. Voué au culte de son art, ce poëte refusa constamment les honneurs ou les fonctions qui l’en auraient détourné ; il vécut fort retiré, offrant le modèle des vertus privées et domestiques. Son mérite littéraire a été apprécié par M. Sainte-Beuve, qui le remplaça à l’Académie française. Le Hâvre lui a élevé une statue. Son buste a été placé au Théâtre-Français et au lycée Napoléon.

DELAVILLE, auteur comique. V. LAVILLE.

DELAWARE (lord), gouverneur de la Virginie sous Jacques I, rendit à cette colonie les plus grands services. On a depuis donné par reconnaissance son nom à une rivière et à un État de l’Union.

DELAWARE, riv. des États-Unis, naît dans l’État de New-York, coule au S., arrose Philadelphie, et se jette dans la baie de Delaware après un cours de 400 kil. Elle sépare la Pensylvanie des États de New-York et de New-Jersey. Elle tire son nom d’un comte Delaware. V. ci-dessus.

DELAWARE, un des États-Unis de l’Amérique septentr., entre 77° 16′-78° long. O. et 38° 27′-39° 50′ lat. N., dans une presqu’île, a pour bornes au N. la Pensylvanie, à l’O. et au S. le Maryland à l’E. la riv. et la baie de Delaware ; env. 155 kil. sur 40 et 100 000 hab. ; ch.-l., Dover. Sol plat, climat tempéré. Beaucoup de marais ; quelques districts très-fertiles, superbes pâturages ; mines exploitées. Ce pays fut occupé dès 1623 par les Hollandais ; les Suédois y formèrent en 1627 un établissement, la Nouv.-Suède ; la guerre s’étant allumée entre les deux peuples en 1651, les Suédois furent expulsés. Les Anglais dépossédèrent à leur tour les Hollandais en 1664. Charles II donna la colonie à son frère (Jacques II), qui la vendit en 1682 à W. Penn ; elle fit partie de la Pensylvanie jusqu’en 1701. Ce pays prit une part active à la guerre de l’indépendance : c’est sur son territoire qu’eut lieu la bataille de Brandywine (1777). État libre dès 1776, il se donna une constitution en 1792.

DELEBOÉ, médecin. V. SYLVIUS.

DÉLÉMONT, Delsberg en allemand, v. de Suisse (Berne), à 48 kil. N. de Berne, sur la Sorne ; 2000 h. Château, jolis édifices. Horlogerie, toiles peintes, blanchisseries. Délémont est le ch.-l. d’un bailliage qui dépendait jadis de l’évêché de Bâle et qui a fait partie du dép. français du H.-Rhin jusqu’en 1815.

DE LENS (Jacques), savant médecin, né à Paris en 1786, mort en 1846, fut membre de l’Académie de médecine dès sa fondation, fut nommé en 1823 agrégé de la Faculté de Paris et devint bientôt après inspecteur général de l’Université. Il perdit cette position en 1830, et se livra dès lors tout entier à la pratique de la médecine et à la littérature médicale. Il est surtout connu par le Dictionnaire de matière médicale et de thérapeutique, qu’il publia avec Mérat (V. ce nom), ouvrage qui fait autorité et auquel l’Acad. des sciences décerna un des prix Montyon.

DELESSERT (Étienne), banquier, né à Lyon en 1735, mort à Paris en 1816, d’une honorable famille de Calvinistes, vint en 1777 se fixer à Paris, y fonda un établissement de banque qui devint bientôt l’un des plus importants, contribua au développement de l’industrie des tissus de gaze, forma la première compagnie d’assurances contre l’incendie, provoqua en 1782 la création de la caisse d’escompte, germe de la banque de France ; fut, malgré ses services, emprisonné en 1792 ; s’occupa dès qu’il fut libre de perfectionner l’agriculture et améliora nos troupeaux en introduisant en France 6000 mérinos. Amateur éclairé des arts, il forma une belle galerie de tableaux, agrandie par ses fils, et riche surtout en chefs-d'œuvre des écoles hollandaise et flamande. Il laissa plusieurs enfants, dont trois sont connus: Benjamin (dont l'art. suit); François, banquier, député, membre libre de l'Institut (né 1780, m. 1867); Gabriel, pair de France, m. en 1858, préfet de police de 1836 à 1848, à qui Paris doit d'utiles réformes.

DELESSERT (Benjamin), fils du préc., né à Lyon en 1773, mort en 1847 en Angleterre, prit dès 1795 la direction de la maison de banque de son père, fonda en 1801 à Passy une raffinerie de sucre où il introduisit des procédés nouveaux, réussit le premier en France à fabriquer le sucre de betterave, et reçut en récompense la croix d'honneur de la main de Napoléon (1812); importa d'Angleterre l'institution de la caisse d'épargne (1818); siégea 25 ans à la Chambre des Députés, et en fut deux fois élu vice-président : c'est lui qui proposa de décerner une récompense nationale au duc de Richelieu après la libération du territoire français, et qui fit abolir la loterie, ainsi que les maisons de jeu. Il fut un des principaux membres de la Société philanthropique, et l'un des fondateurs de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale ; fervent propagateur de l'instruction primaire, il fut surtout le patron des salles d'asile. Justement surnommé le Père des ouvriers, il légua 150 000 fr. à la caisse d'épargne, à la charge de donner des livrets de 50 fr. à 3000 ouvriers choisis chaque année. B. Delessert était membre libre de l'Académie des sciences; il a formé de magnifiques collections botaniques et conchyliologiques; son herbier se compose de 80 000 espèces, qui ont été décrites par de Candolle dans ses Icones selectæ plantarum. On a de lui, outre des discours politiques et des écrits sur les caisses d'épargne, le Guide du bonheur, 1839. L'Académie de Lyon a couronné en 1850 l’Éloge de B. Delessert par M. Cap.

DELEUZE (J. Ph. Fr.), aide-naturaliste, puis bibliothécaire du Muséum d'histoire naturelle, né à Sisteron en 1753, mort en 1835, est surtout connu par son zèle pour la propagation du magnétisme animal. Il avait des connaissances également étendues dans les lettres et dans les sciences, et y joignait des qualités morales qui le firent universellement aimer et respecter. On a de lui : Hist. critique du magnétisme animal, 1813, 2 vol. in-8 (réimprimée en 1819); Instruction pratique sur le magnétisme animal, 1819 et 1836; et plusieurs autres écrits sur le même objet. Il a traduit les Amours des plantes de Darwin, 1799, les Saisons de Thompson, 1801, et a donné en 1810 Eudoxe, ou Entretiens sur l'étude des sciences, excellent guide pour l'étudiant.

DELEYRE (Ant.), littérateur, né aux Portets, près de Bordeaux en 1726, mort à Paris en 1797, étudia chez les Jésuites et fut d'abord d'une dévotion outrée ; se jetant ensuite dans l'incrédulité, il se lia avec les philosophes. Protégé par le duc de Nivernais, il fut nommé bibliothécaire du duc de Parme. A la Révolution, il fut envoyé à la Convention par le dép. de la Gironde, et s'y occupa surtout d'instruction publique. Deleyre a publié une Analyse de la philosopnie de Bacon, 1755, élégamment écrite, mais où il mêle trop souvent ses idées à celles de l'auteur; le Génie de Montesquieu, 1758; l’Esprit de St-Évremond, 1761, et plusieurs articles dans l’Encyclopédie.

DELFT, v. forte de Hollande (Holl. mérid.), à l3 k. N. O. de Rotterdam; 18 000 hab. Murs flanqués de vieilles tours; canaux; belle place du Marché; église neuve dont la tour a 100m de haut (cette tour renferme les mausolées de Guill. d'Orange, de Grotius et de Leuwenhœck) ; hôtel de ville, dit Prinsenhof ; grand arsenal, école d'artillerie. Faïenceries, fabriques de draps et lainages jadis en renom. Aux env., fonderie de canons et poudrière. — Delft fut fondée, dit-on, en 1704, par Godefroy le Bossu, duc de Basse-Lotharingie. Patrie de Leuwenhœck et de Grotius. C'est à Delft que Guillaume de Nassau fut assassiné, en 1584.

DELFTSHAVEN, v. maritime de la Hollande mérid., à 8 k. de Delft, dont elle est comme le port; 4000 h. Chantiers de construction.

DELHI, primitivement Indra-Prast'ha (c.-à-d. demeure d'Indra), grande v. de l'Hindoustan, ch.-l. du district de Delhi, dans la présidence de Calcutta, jadis capit. du roy. du Delhi et de toute la monarchie des grands Mogols, à 1300 kil. N. O. de Calcutta, à 180 kil. N. O. d'Agra, sur la r. dr. de la Djomnah, par 28° 42' lat. N., 74° 46' long. E. Cette ville a eu, dit-on, près de 2 000 000 d'hab.; elle n'en compte plus guère que 200 000. Quoique déchue, elle a de superbes édifices, notamment la grande mosquée et la Kottab-Minar, tour de 80m de haut. A Delhi résida jusqu'en 1858 l'héritier nominal des Grands Mogols; un agent anglais était chargé de le surveiller. — Des souverains hindous régnèrent à Delhi jusqu'en 1101. Elle fut alors conquise par Mahmoud le Gaznévide; en 1193, elle tomba aux mains de princes afghans ou patans. Tamerlan la prit et la pilla en 1398. Elle ne se releva qu'en 1631, époque où Chah-Djihan en fit de nouveau le siége de l'empire. Très-florissante sous Aureng-Zeyb, Delhi commença à déchoir à la mort de ce prince. Elle fut prise et inondée de sang en 1739 par Nadir à la tête des Persans, en 1760 par les Mahrattes : le premier pillage valut, dit-on, aux vainqueurs plus de 10 milliards de francs. Les Anglais s'en emparèrent une 1re fois en 1761, et une 2e en 1803. Elle s'insurgea en 1857, mais fut réduite la même année. — L'anc. prov. de Delhi, entre le Lahore au N., l'Agrah au S., l'Aoude au S. E., le Moultan au S. O., avait 500 kil. sur 270, et env. 6 millions d'hab. ; elle est arrosée par le Gange et la Djomnah; le sol en est très-fertile. Ce pays a été le centre de la monarchie des Grands Mogols; auj. il appartient presque en entier aux Anglais et forme 6 districts de la présidence de Calcutta.

DELILLE (Jacq.), poëte didactique, né à Aigueperse en 1738, était fils naturel d'un avocat du présidial de Clermont. Il fut successivement professeur à Beauvais, à Amiens, puis au Collége de la Marche à Paris. Il donna en 1769 une trad. des Géorgiques en vers qui fut reçue avec une admiration universelle et qui lui valut la chaire de poésie latine au Collége de France. Il fut admis à l'Académie française en 1774. Il publia en 1782 son poëme des Jardins, qui eut aussi beaucoup de succès. En 1784, il accompagna Choiseul-Gouffier dans son ambassade à Constantinople : en visitant le beau sol de l'Asie et les ruines de la Grèce, il conçut le plan du poème de l’Imagination. Ruiné par la Révolution, il s'éloigna de Paris, alla d'abord en Lorraine, puis parcourut la Suisse, l'Allemagne, l'Angleterre, marquant son séjour dans chaque pays par quelque œuvre nouvelle. Il revint en France en 1802, s'y maria, reprit sa chaire au Collége de France, publia plusieurs ouvrages, fruit de son exil, et mourut en 1813, travaillant au poëme de la Vieillesse. Il était depuis plusieurs années affligé d'une cécité complète. On refuse généralement à Delille le génie et l'invention, mais on le met au premier rang pour l'art de la versification et pour le talent descriptif. Outre les Géorgiques (1769), et les Jardins (1782), on a de lui : l’Homme des Champs, 1800; un Dithyrambe sur l'immortalité de l'âme, 1802; la Pitié, 1803; une trad. en vers de l’Énéide, inférieure à celle des Géorgiques; la trad. en vers du Paradis Perdu, de Milton, 1805; l’Imagination, 1806; les trois Règnes de la Nature, 1809, la Conversation, 1812; des Poésies fugitives; une trad. de l’Essai sur l'Homme, de Pope, 1821, posthume. Ses œuvres ont été publiées par Michaud, 1824, 16 vol. in-8, et éditées par Lefèvre, avec notes, 1833, 1 vol. grand in-8. On les a réunies en un seul vol. compacte dans le Panthéon littéraire. Delille porta quelque temps le titre d’abbé parce qu'il possédait l'abbaye de St-Séverin ; mais il ne suivit pas la carrière ecclésiastique et même obtint une dispense pour se marier.

DELISLE (Guill.), géographe du roi, né à Paris en 1675, mort en 1726, reçut les leçons de Cassini et publia un grand nombre de cartes bien préférables à toutes celles qu'on avait alors. Il entra en 1702 à l'Académie des sciences, et fut chargé d'enseigner la géographie à Louis XV encore enfant. Outre ses cartes, on a de lui un Traité du cours des fleuves. Delisle est le premier qui ait réformé la géographie d'après les observations modernes des voyageurs et des astronomes. Fontenelle a écrit son Éloge. — Claude Delisle, père du préc. (1644-1720), a laissé plusieurs ouvrages d'histoire et de chronologie; Joseph Nicolas Delisle, frère cadet de Guill., astronome distingué, membre de l'Acad. des sciences (1714), professeur au Collége de France, eut pour élèves Lalande et Messier.

DELISLE DE SALES (J. B. ISOARD, dit), écrivain médiocre, né à Lyon en 1743, mort à Paris en 1816, quitta l'Oratoire pour vivre dans le monde, se lia avec les philosophes et publia un grand nombre d'écrits dont les plus connus sont : Philosophie de la nature, 1769 et 1804, ouvrage qui fut poursuivi et brûlé au Châtelet; Philosophie du bonheur, 1796; Mémoire en faveur de Dieu, 1802; Histoire des Hommes (continuée par Mercier), 1781 et années suiv., 52 vol. On l'a surnommé le Singe de Diderot. Il a cependant combattu le matérialisme et l'athéisme. On trouve dans ses écrits quelques idées neuves et brillantes, mais un style diffus et emphatique. Outre ses ouvrages originaux, il a donné une trad. de Suétone.

DELIUM, v. de Béotie, vis-à-vis de l'Eubée, au S. E. d'Aulis. Il s'y livra en 424 av. J.-C., entre les Thébains et les Athéniens, un combat où Socrate sauva la vie à Alcibiade et à Xénophon.

DELLA-MARIA (Domenico), compositeur, d'origine italienne, né à Marseille en 1764, m. en 1800, passa dix ans en Italie, reçut les leçons de Paesielio, débuta en 1796 par le Prisonnier (paroles d'Al. Duval), opéra-comique qui excita un véritable enthousiasme, et donna en quatre ans 6 autres opéras qui, bien que moins connus, eurent aussi du succès. Son mérite réside surtout dans la naïveté.

DELLA-ROBIA. V. LUCA DELLA ROBIA.

DELLE, ch.-l. de c. (terr. de Belfort), à 21 kil. S. E. de Belfort, au pied d'un rocher qui portait un château détruit par les Français en 1674; 1100 h. Douane.

DELLEY (de), famille noble et anc. du pays de Vaud, s'établit en France au XVIIe siècle et y forma les branches d'Agier, de Blancmesnil et d'Avaize. — Pierre de Delley d'Agier, né à Romans en 1750, m. en 1827, député de la noblesse du Dauphiné aux États généraux de 1789, puis membre du Conseil des Cinq-Cents et du Corps législatif, qu'il présida en 1800, sénateur sous l'Empire, pair sous Louis XVIII, donna un grand essor à l'agriculture dans la Drôme, et fonda à ses frais un hospice au Bourg-du-Péage, une caisse de secours pour les ouvriers sans ouvrage, et plusieurs autres établissements philanthropiques. Il fut fait comte par Louis XVIII.

DELLYS, v. et port d'Algérie (prov.d'Alger), à 95 k. E. d'Alger (par terre); 1069 h. Beaucoup de pirates jadis. Bâtie sur les ruines de l'anc. Rusucurru; occupée par les Français en 1844. Paquebots pour Alger.

DELME, ch.-l. de cant. (Meurthe-et-Moselle), à 12 kil. N. O. de Château-Salins; 666 hab.

DELMINIUM, auj. Douvno ? capit. de l'anc. Dalmatie, au S. E. de Salone et au N. O. de Narona. Prise en 155 av. J.-C. par Scip. Nasica Corculum.

DELOLME (J. L.), publiciste de Genève, né en 1740, mort en 1806, exerça la profession d'avocat dans sa patrie, puis voyagea pour étudier la constitution de divers États, et se fixa en Angleterre où il resta presque jusqu'à la fin de sa vie, composant des écrits politiques ou écrivant dans les journaux. Son traité de la Constitution d'Angleterre, 1771, est l'ouvrage le plus propre à faire connaître et apprécier le gouvernement de ce pays. Malgré son mérite, il mena une vie misérable, ce qu'il dut à sa passion pour le jeu et le plaisir; il ne fréquentait que la société la moins relevée.

DELORME (Philibert), architecte français, né à Lyon vers 1518, mort à Paris en 1570, étudia en Italie, et fut attiré à Paris en 1537 par le cardinal Du Bellay, qui le fit connaître à la cour de François I et de Henri II. Il y fut comblé de faveurs et reçut même en don plusieurs abbayes, quoiqu'il ne fût que tonsuré. Delorme donna pour Henri II les plans des châteaux d'Anet et de Meudon, et plus tard, pour Catherine de Médicis, ceux du palais des Tuileries, dont il fut nommé gouverneur. Il a publié un Traité complet de l'Art de bâtir, suivi de Nouvelles Inventions pour bien bâtir et à petits frais, Paris, 1561; il a laissé son nom à une espèce de couverture en charpente de son invention. Enthousiaste de l'architecture antique, Ph. Delorme s'efforça de l'adapter au climat et aux mœurs de la France!

DELORME (Marion), fameuse courtisane, née en l612 ou 1615 à Blois, d'une famille bourgeoise, brillait par l'esprit autant que par la beauté. Elle eut pour premier amant le poëte Desbarreaux, et après lui Cinq-Mars, le duc de Buckingham, ainsi que plusieurs autres jeunes seigneurs de la cour. Louis XIII lui-même fut, dit-on, un des premiers à lui offrir ses hommages. Liée avec Ninon de Lenclos, elle partagea avec elle les suffrages de tout ce que Paris avait de plus galant et de plus spirituel. Après l'arrestation des princes de Condé et de Conti pendant les troubles de la Fronde, elle fut sur le point d'être arrêtée elle-même; mais sa mort, qui survint inopinément, empêcha l'exécution de l'arrêt (1650). Selon une version romanesque, qui ne mérite aucune créance, elle ne serait réellement pas morte à cette époque, mais elle aurait fait répandre le bruit de sa mort, afin de fuir plus aisément. Elle aurait eu depuis une foule d'aventures et n'aurait cessé de vivre qu'en 1706. Tallemant des Réaux, son contemporain, la fait mourir à 39 ans et donne sur sa mort des détails qui ne peuvent laisser aucun doute. La vie singulière de cette femme a fourni en 1804 à Dumersan et Pain le sujet de la Belle Marie, vaudeville, et à M. V. Hugo l'idée du beau drame de Marion Delorme.

DELORME (P. Cl. Franç.), peintre d'histoire, né à Paris en 1783, mort en 1859, eut Girodet pour maître et suivit les traditions classiques de l'Empire. Après avoir passé plusieurs années en Italie, il exposa, à son retour, en 1810, la Mort d'Abel, où se révèle déjà la puissance de son pinceau. Il produisit ensuite un grand nombre d’œuvres remarquables : Héro et Léandre, 1814; la Résurrection de la fille de Jaïr, 1817 (à St-Roch); Jésus dans les limbes, 1819 (à Notre-Dame); Céphale enlevé par l'Aurore, 1822 (au Luxembourg); Sapho et Phaon, 1833 ; Ève cueillant le fruit défendu, 1834; la Madeleine au tombeau du Christ, 1835 ; le Repos en Égypte, 1850. En outre il exécuta de nombreuses peintures pour les palais de Versailles, de Fontainebleau, de Neuilly, de Compiègne, décora la chapelle de la Vierge à St-Gervais, celle de St-Pierre à St-Eustache, et peignit pour la coupole de Notre-Dame-de-Lorette la Translation de la Ste Maison par les anges. Ce maître alliait avec un goût parfait le choix des formes et l'expression qui donne le charme.

DÉLOS, une des Cyclades, au N. O. de Naxos, entre Mycone et Rhénée, renfermait le mont Cynthus et était consacrée à Apollon et à Diane. Suivant la Fable, Neptune la fit sortir des eaux pour que Latone, poursuivie sur terre et sur mer par la jalousie de Junon, trouvât enfin un asile où elle pût mettre au monde ses deux enfants. Depuis, cette île fut un lieu sacré : il n'était pas permis aux femmes d'y accoucher ; on ne pouvait non plus y enterrer les morts : on les transportait dans l'île de Rhénée qui en était voisine. Tous les 4 ans les Athéniens envoyaient à Délos une théorie ou députation sacrée. — Sur la côte O. de l'île de Délos était une v. du même nom, avec un magnifique temple d'Apollon, où le dieu rendait des oracles célèbres. — Darius et Xerxès avaient respecté Délos pendant les guerres médiques, mais les généraux de Mithridate la dévastèrent; depuis ce temps elle est restée fort pauvre; elle est auj. presque inhabitée.

DELPECH (Jacq. Matthieu), savant médecin, né à Toulouse en 1772, mort assassiné en 1832, fut nommé en 1812 professeur de chirurgie à Montpellier, et rivalisa pendant 20 ans avec les professeurs les plus célèbres. On a de lui : Précis des maladies chirurgicales, 1815; Chirurgie clinique de Montpellier, 1823; Orthomorphie, 1829; Mémorial des hôpitaux du Midi, 1831.

DELPHES, Delphi, auj. Castri, v. de Phocide, sur la pente S. O. du Parnasse, fut d'abord nommé Pytho, du serpent Python, tué, dit la Fable, par les flèches d'Apollon, sur le lieu même qu'occupa depuis la ville. Les anciens regardaient Delphes comme une ville sacrée et la plaçaient au centre de la terre (ombilicus terræ). Son temple et son oracle d'Apollon la rendirent célèbre dans tous les pays habités par des Grecs (V. PYTHIE). Elle était le centre d'une puissante amphictyonie. Les villes grecques, et même les princes étrangers, envoyaient à Delphes de riches présents, ou y mettaient leurs trésors en dépôt, en les plaçant sous la protection du dieu. Aussi les richesses ne cette ville tentèrent-elles souvent la cupidité : pendant la guerre sacrée (de 355 à 345 av. J.-C.), Philomèle, Onomarque, Phaylle, Phalèque les enlevèrent presque toutes; en 278 av. J.-C., les Gaulois, conduits par Brennus, marchèrent sur Delphes, qui ne fut préservée que par la déroute qu'ils éprouvèrent au passage du mont Parnasse.

DELPHINATUS, nom latinisé du DAUPHINÉ.

DELRIEU (E. J. Bapt.), auteur dramatique, né en 1760, mort en 1836, fut professeur de rhétorique à Versailles. Il a composé une foule de pièces : tragédies, comédies, drames, opéras, mélodrames, il a tout tenté. Ses meilleurs ouvrages sont : le Jaloux malgré lui, comédie en un acte, et Artaxerce, 1808, tragédie en 5 actes, où il imita Métastase; Démétrius, 1815; Léonide, 1836. En 1793, il faisait des Couplets en l'honneur de la Montagne; en l811, il fit une Ode sur la naissance du roi de Rome.

DELRIO (Mart. Ant.), savant jésuite, né à Anvers en 1551, mort en 1608. Il remplit d'abord de hautes fonctions publiques, fut sénateur au conseil de Brabant et vice-chancelier; mais dégoûté des affaires par les guerres civiles, il se fit jésuite en Espagne. Il enseigna les saintes lettres à Salamanque, à Douay, à Liége, à Louvain. Il a donné des notes estimées sur C. Solin, Claudien et Sénèque le Tragique, 1674, et a laissé 6 livres de Disquisitiones magicæ, 1599, où il montre une grande crédulité : cet ouvrage a été trad. en français par A. Duchesne, 1611.

DELTA DU NIL, grand territoire triangulaire de l’Égypte, était compris entre les deux bras du Nil dits branches Canopique et Agathodémon ou Pélusiaque, et la Méditerranée; un autre bras, l'Athribitique, le divisait en Grand-Delta à l'O. et Petit-Delta à l'E. Le nom de Delta avait été donné au pays à cause de la ressemblance de la configuration avec la lettre grecque ∆. — Par suite, on a donné le nom de Delta aux contrées situées de même entre les 2 bouches extrêmes de plusieurs grands fleuves, tels que le Danube, le Pô, le Rhin, l'Indus, le Gange, le Niger, le Missouri.

DELUC (J. André), savant, né à Genève en 1727, mort à Windsor en 1817, était fils d'un horloger. Nommé en 1768 délégué de Genève à Paris, il devint en 1770 membre du grand Conseil de Genève. Il s'est surtout occupé de physique et de géologie, a parcouru presque toute l'Europe pour recueillir des observations, et s'est efforcé de faire cadrer ses découvertes avec le texte de la Genèse. Il passa une partie de sa vie en Angleterre, et fut nommé lecteur de la reine (1773). Ses principaux ouvrages sont : Théorie des baromètres et des thermomètres; Nouvelles idées sur la météorologie, 1786; Lettres à la reine d'Angleterre sur les montagnes et l'histoire de la Terre, 1778-80; Éléments de géologie, 1809, Voyages géologiques, 1810. Il donna en 1801 un Précis de la philosophie de Bacon, dans le but de combattre Lasalle, traducteur infidèle du philosophe anglais; cet ouvrage est peu digne de lui. On doit à J. A. Deluc des perfectionnements importants dans le baromètre, le thermomètre et l'hygromètre.

DE LUC (le comte), ambassadeur. V. LUC (comte de).

DÉLUGE. Suivant la Genèse, Dieu submergea toute la terre en punition des crimes toujours croissants de ses habitants. Noé y échappa seul avec sa famille, en se réfugiant dans l'Arche (V. NOÉ). On place cet événement l'an du monde 1656, 3308 av. J.-C. (2348 selon Usserius). — On trouve chez presque toutes les nations anciennes le souvenir d'un cataclysme analogue. Les annales de la Grèce ont conservé la mémoire de plusieurs déluges partiels : les deux principaux arrivèrent sous Ogygès et sous Deucalion : ce dernier inonda la Thessalie l'espace de trois mois.

DELVINCOURT (Claude Étienne), jurisconsulte, né à Reims en 1762, mort à Paris en 1831, était avant la Révolution agrégé à la Faculté de droit de Paris. Il y rentra dès que les écoles furent rouvertes, devint doyen, et fut des premiers a commenter le nouveau Code : il publia dans ce but des Institutes de Droit civil (1808, 3 vol, in-8), et de Droit commercial (1810, 2 vol. in-8). Malgré des vices de rédaction, ces ouvrages rendirent service parce qu'ils défrichèrent le terrain. Légitimiste ardent, Delvincourt fut nommé censeur en 1814, et membre du Conseil de l'instruction publique en 1824; il perdit ce dernier poste en 1830.

DELVINO ou DELONIA, Gythanæ, v. de Turquie d'Europe (Roumélie), dans l'anc. Albanie, ch.-l. de sandjak, à 64 kil. S. O. de Janina; 12 000 hab. — Le sandjak de Delvino s'étend le long de l'Adriatique et est traversé par les monts de la Chimère (montes acroceraunii). Il répond à l'anc. Chaonie.

DELY-IBRAHIM, commune d'Algérie, à 11 kil. S. S. O. d'Alger; env. 1500 hab. C'est notre premier essai de colonisation en Algérie.

DÉMADE, orateur d'Athènes, qui de simple matelot s'éleva par son éloquence aux premiers emplois de la République. Fait prisonnier par Philippe à la bataille de Chéronée (338 av. J.-C.), il sut se concilier l'estime du vainqueur par sa franchise et obtint sa liberté. Il resta depuis toujours attaché à la Macédoine, soit par conviction, soit plutôt par vénalité, et fit prévaloir à Athènes les propositions les plus favorables au parti macédonien. Adversaire acharné de Démosthène, il proposa, à l'approche d'Antipater, le décret qui condamnait à mort ce grand orateur. Ayant plus tard trahi Antipater pour Perdiccas, il fut mis à mort par Cassandre, fils d'Antipater, (318). Il ne reste sous son nom qu'un seul discours (dans les Oratores græci de Reiske, tome IV, et dans la Bibliothèque grecque de Didot), dont l'authenticité n'est même pas démontrée.

DÉMARATE, Corinthien, fut chassé de sa patrie lors de l'usurpation de Cypsélus, et vint en 658 av. J.-C. s'établir à Tarquinies en Italie. Son fils, qu'il nomma Tarquin, régna sur Rome.

DÉMARATE, roi de Sparte de 520 à 492, fut exilé par les intrigues de son collègue Cléomène qui le fit passer pour bâtard, et se réfugia à la cour de Darius. La franchise de ses discours ayant irrité le grand roi, celui-ci le fit mettre à mort. On dit qu'ayant eu connaissance des projets du roi de Perse contre la Grèce, il en avait donné avis à ses compatriotes.

DEMARNE (J. L.), peintre flamand, né à Bruxelles en 1744, mort en 1829, a produit une foule de charmants tableaux de genre dans lesquels les personnages, les animaux et le paysage se disputent l'intérêt. Le Musée de Paris en possède trois (une Noce de village, une Diligence sur une route, une Foire), qui peuvent faire apprécier cet éminent artiste. Le ton vigoureux de ses jolies figures ne nuit jamais à l'harmonie de l'ensemble.

DÉMARQUE (c.-à-d. chef de déme), magistrat placé à la tête d'un des démes ou communes de l'Attique, était analogue à nos maires.

DEMAVEND, v. de Perse, ch.-l. du Tabaristan, à 45 kil. N. E. de Téhéran, au pied des monts Elbourz ; 3000 hab. — Près de cette v. et sur la limite du Tabaristan et du Mazanderan s'élève le pic volcanique de Demavend, qui a environ 6600m de hauteur.

DEMBÉA, prov. du roy. de Gondar en Abyssinie, faisait jadis partie de l'Amhara; elle est très-fertile. Gondar en est la capitale. — Le lac de Dembéa, dans l'État de même nom, situé à peu près au centre de l'Abyssinie et à 75 kil. S. O. de Gondar, a 700 k. de tour. Le Bahr-el-Azrek le traverse.

DÉMÉRARY ou DÉMÉRARA, riv. de la Guyane anglaise, tombe dans l'Atlantique un peu à l'E. de l'emb. de l'Esséquébo. Elle donne son nom à un gouvt de la Guyane anglaise, qui s'étend sur une longueur de 75 k. env. le long de l'Atlantique, depuis l'embouchure de l'Abary jusqu'à celle de l'Esséquébo, par 59° 71'-61° 42' long. O., 4° 10'-6° 50' lat. N. ; 180 850 hab., dont 75 000 esclaves. ; ch.-l., Stabrœk et Georgetown. Sucre et autres denrées coloniales ; beaucoup de bétail dans les savanes. — Les Hollandais occupèrent ce district dès 1740. Par le traité de 1814, ils le cédèrent à l'Angleterre avec les établissements voisins de Berbice et d'Esséquébo.

DÉMÉTER (c.-à-d. Terre-Mère), nom grec de Cérès.

DÉMÉTRIADE, Demetrias, v. de Magnésie, au S. O. de Cynocéphales, sur le golfe Pélasgique, fut fondée par Démétrius Poliorcète, et devint la résidence des rois de Macédoine. C'était une des clefs du pays. — v. de Phénicie, sur la côte, est auj. Akkar.

DÉMÉTRIUS I, surnommé Poliorcète (c.-à-d. preneur de villes), roi de Macédoine, né en 337 av. J.-C., était fils d'Antigone, un des généraux et des successeurs d'Alexandre. Il servit d'abord sous son père, défendit pour lui, mais sans succès, la Syrie contre Ptolémée et la Babylonie contre Séleucus, s'empara d'Athènes, sous prétexte d'y assurer la liberté (308), en chassa Démétrius de Phalère et s'y fit proclamer roi. Il enleva à Cassandre toute l'Attique, la Béotie, et une partie du Péloponèse, y joignit Chypre, Tyr, Sidon, mais assiégea inutilement Rhodes, fut battu, avec Antigone, à la bat. d'Ipsus (301 av. J.-C.), et réduit pendant quelque temps à mener la vie d'un aventurier. Cependant, ayant rassemblé de nouvelles troupes, il réussit, après la mort de Cassandre, à s'emparer de la Macédoine et s'y maintint de 295 à 287. Détrôné par Pyrrhus, il envahit l'Asie où régnait Séleucus ; mais celui-ci le prit (286) et le tint captif jusqu'à sa mort (283). Plutarque a écrit sa Vie. Son surnom vient du grand nombre de villes qu'il avait prises.

DÉMÉTRIUS II, roi de Macédoine, 242-232, était fils d'Antigone Gonatas et petit-fils du précédent. Il fit la guerre aux Étoliens, aux Achéens, à Alexandre II, roi d'Épire, et conquit la Cyrénaïque.

DÉMÉTRIUS I, Soter (sauveur), roi de Syrie, fils de Séleucus Philopator, fut envoyé dans sa jeunesse en otage à Rome, s'échappa après la mort de son père, chassa Antiochus Eupator qui avait usurpé le trône et se fit reconnaître roi (162 av. J.-C.). Il fit la guerre aux Juifs avec des succès variés, et eut à combattre Judas et Jonathas Machabée; il conquit la Cappadoce. Il fut détrôné et mis à mort par l'usurpateur Alexandre Bala, que soutenait le roi d’Égypte, Ptolémée Philométor (149). Il avait reçu le nom de Soter des Babyloniens, parce qu'il les avait délivrés de deux tyrans, Timarque et Héraclide.

DÉMÉTRIUS II, Nicator (vainqueur), roi de Syrie de 144 à 125 av. J.-C., fils aîné de Démétrius Soter, épousa Cléopâtre, fille de Ptolémée VI, chassa, avec le secours de son beau-père, l'usurpateur Alexandre Bala, et fit la guerre aux Parthes, mais il tomba entre leurs mains. Mithridate, leur roi, le traita avec douceur et lui fit épouser sa fille Rodogune. Cléopâtre, sa 1re femme, irritée de se voir répudiée, épousa Antiochus Sidète, frère de Démétrius, qu'elle fit reconnaître roi. Cependant Démétrius Nicator, s'étant échappé de chez les Parthes, réussit à remonter sur son trône ; mais il se rendit odieux à ses sujets et fut détrôné par Alexandre Zébina. Il avait pris le nom de Nicator après sa victoire sur Alex. Bala.

DÉMÉTRIUS III, Eucærus (l'heureux), 4e fils d'Antiochus VIII ou Grypus, monta sur le trône de Syrie avec son frère Philippe, l'an 95 av. J.-C. Les deux frères se firent la guerre; Philippe ayant appelé les Parthes à son secours, Démétrius fut fait prisonnier par eux. Il fut traité avec douceur par Mithridate leur roi ; mais il resta captif jusqu'à sa mort, en 87.

DÉMÉTRIUS de Phalère, orateur et homme d'État d'Athènes, s'attacha au parti des Macédoniens et fut élu par leur influence archonte décennal, l'an 318 av. J.-C. Il gouverna sagement, et les Athéniens charmés de son gouvernement lui élevèrent 360 statues de bronze. Il y avait dix ans qu'il gouvernait la république au nom de Cassandre, roi de Macédoine, lorsque Démétrius Poliorcète s'empara de la ville, et proclama la liberté des Athéniens pour les soustraire à l'influence macédonienne. Démétrius de Phalère perdit dès lors toute autorité; il se retira en Égypte, où Ptolémée Lagus l'accueillit avec honneur. On dit que le musée et la célèbre bibliothèque d'Alexandrie furent créés par son conseil. A la mort de Ptolémée Lagus (283), Ptolémée Philadelphe, successeur de ce prince, irrité contre Démétrius, qui avait voulu le faire éloigner du trône, le relégua dans la H.-Égypte et le fit garder à vue. Démétrius, ne pouvant supporter sa captivité, se donna la mort en se faisant piquer par un aspic. Il avait composé des harangues et des histoires dont on n'a plus rien auj. Il nous reste sous son nom un Traité de l'élocution, publié par Schneider, Altenbourg, 1779, et par Gœller, Leips., 1837, qui paraît être l'œuvre d'un Démétrius d'Alexandrie, grammairien du IIe siècle. Bonamy a donné une excellente dissertation sur la Vie et les écrits de Démétrius (Mém. de l'Ac. des inscr.).

DÉMÉTRIUS ou DMITRI, princes russes. V. DMITRI.

DÉMÉTRIUS CANTACUZÈNE, CANTEMIR. V. CANTACUZÈNE, CANTEMIR.

DEMIDOFF, riche famille russe, a pour tige Demide, armurier fondeur à Toula, qui fut chargé par Pierre le Grand de fondre les canons dont ce prince avait besoin pour ses nombreuses expéditions militaires, et qui fut anobli pour avoir puissamment secondé l'activité du czar. Il établit en 1699 la première fonderie de fer à Neviansk en Sibérie et découvrit en 1725 les mines de Koliwan, dont l'exploitation l'enrichit. — Son fils Nikita et ses petits-fils se distinguèrent dans la même carrière et finirent par amasser une fortune colossale. On connaît surtout : Procope Demidoff, né à Moscou vers 1730, qui exploita avec un grand profit les mines de fer, de cuivre et d'or des monts Ourals; et Nicolas Nikitich, comte Demidoff, zélé philanthrope, né en 1774 à St-Pétersbourg. Après avoir combattu l'invasion française à la tête d'un régiment qu'il avait levé lui-même, il dota sa patrie de plusieurs industries, y créa des établissements d'utilité publique, perfectionna l'exploitation des mines, et se fit par son industrie un revenu qui s'élevait a 5 millions. C'est lui qui acclimata en Crimée les vignes de Bordeaux et de Champagne, ainsi que l'olivier de Lucques. Il passa ses dernières années en France et en Italie, vivant dans la société des savants et répandant autour de lui d'innombrables bienfaits. Il mourut à Florence en 1828. — Il a laissé deux fils, Paul et Anatole Demidoff, qui, en héritant de sa fortune, ont conservé sa bienfaisance et son goût éclairé pour les lettres. L'un d'eux, le comte Anatole, s'est allié à la famille de Napoléon en épousant une de ses nièces, la princesse Mathilde, fille de Jérôme (1840). Il a publié en 1839 un savant Voyage dans la Russie méridionale et la Crimée.

DEMIR-HISSAR, c.-à-d. château de fer, jadis Heraclea, ville de Turquie d'Europe (Roumélie), à 90 kil. N. E. de Salonique, sur un mont au haut duquel est un vieux château fort ; 8000 hab.

DEMIR-KAPOU, c.-à-d. porte de fer, défilé très-important de la Turquie d'Europe, dans le Balkan, mène de Selimnia en Roumélie à Staréka en Bulgarie. — Ville du Daghestan. V. DERBEND.

DÉMOCÈDE, médecin de Crotone, né vers 558 av. J.-C., vivait à la cour de Polycrate, tyran de Samos, dont il gagna la faveur. Après la fin tragique de ce prince, il devint esclave de Darius. Le grand roi s'étant luxé le pied, Démocède put seul le guérir ; il fut dès lors rendu à la liberté et comblé de richesses et d'honneurs par ce prince, qui voulut le retenir à sa cour. Néanmoins, il renonça à tous ces avantages pour retourner dans sa patrie.

DÉMOCRITE, philosophe grec, né à Abdère vers l'an 490, ou, selon d'autres, 470 av. J.-C., fut élevé par des mages qui étaient restés dans son pays après l'invasion de Xerxès ; étudia sous Leucippe et voyagea en Égypte et en Asie pour augmenter son instruction. Il avait dissipé son patrimoine dans ces voyages, ainsi que dans les expériences qu'il fit en étudiant la nature, et il avait pour ce fait encouru une peine : afin de se justifier, il lut devant les Abdéritains un traité qu'il avait composé sur le Monde; ses concitoyens en furent tellement charmés qu'ils lui firent présent de 50 talents. On raconte que la bizarrerie de son genre de vie le fit plus tard passer pour fou, et que les Abdéritains ayant appelé Hippocrate pour le guérir, le sage médecin, après l'avoir entendu, déclara aux Abdéritains qu'ils étaient plus-fous que lui. Il vécut, dit-on, 109 ans. Démocrite riait sans cesse des folies humaines; on l'oppose à Héraclite qui, dit-on, pleurait toujours. Comme Leucippe, son maître, Démocrite expliquait tout par les atomes, le mouvement et le vide. Il admit pour expliquer la perception des corps des images ou idoles qui, émanant des objets, sont reçues par nos sens. Mullach a recueilli les Fragments de D., Berlin, 1843. G. Ploucquet a écrit : De Placitis Democriti, 1767. On doit à M. Lafaye une dissertation sur la Philosophie atomistique, 1833.

DÉMON (le), V. SATAN. — V. aussi l'art. DÉMONS au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

DEMONA (VAL DI), une des 3 anc. divisions de la Sicile, ainsi nommée de ce qu'elle renfermait l'Etna, qui, dans les superstitions vulgaires, était regarde comme le séjour des démons; elle comprenait le N. E. de la Sicile et avait pour ch.-l. Messine. Auj. elle forme l'intendance de Messine et une partie de celles de Palerme et de Catane.

DÉMONAX, philosophe cynique, né en Chypre, contemporain d'Adrien et de Marc-Aurèle, vécut 100 ans et se laissa mourir de faim. Il était d'un caractère fort gai; on cite de lui plusieurs bons mots. Au moment de rendre le dernier soupir, il dit à ceux qui l'entouraient : « Retirez-vous ; la farce est jouée ; » mot qu'on attribue aussi à Auguste. Les Athéniens voulant établir un spectacle de gladiateurs, il leur dit: « Renversez donc d'abord l'autel que vos ancêtres ont élevé à la Pitié. »

DÉMOSTHÈNE, le prince des orateurs grecs, né à Athènes en 381 ou 385 av. J.-C., suivit les leçons d'Isée et de Platon. Il plaida dès l'âge de 17 ans contre ses tuteurs qui voulaient le dépouiller de son bien, et gagna sa cause; mais lorsqu'il voulut parler dans l'assemblée du peuple, il fut loin d'avoir le même succès : l'imperfection de son style et plus encore un vice de prononciation le rendirent ridicule et le firent couvrir de huées. Il alla vivre alors pendant plusieurs années dans une retraite profonde, se mit à lire et à relire les grands maîtres, surtout Thucydide; lutta contre les vices de son organe, en s'exerçant à parler avec des cailloux dans la bouche et au bruit des vagues de la mer, parvint à force de constance à corriger tous ses défauts et reparut en public à l'âge de 27 ans : il emporta aussitôt tous les suffrages. Après avoir passé quelques années au barreau, il entra dans l'administration publique et fut bientôt porté aux plus hautes charges. Il employa tout son crédit et toute son éloquence à combattre les projets ambitieux de Philippe, roi de Macédoine, qui méditait l'asservissement de la Grèce ; prononça contre ce prince ces admirables harangues que l'on connaît sous le nom de Philippiques et d’Olynthiennes, et réussit enfin à former contre lui une ligue à la tête de laquelle étaient Athènes et Thèbes. Il combattit lui-même à Chéronée contre le roi de Macédoine dans les rangs des Athéniens (338 av. J.-C.), mais, moins brave qu'éloquent, il prit, dit-on, la fuite dès qu'il vit la victoire se décider pour Philippe. Il n'en conserva pas moins toute son influence. À la mort de Philippe, il chercha à rallumer la guerre; mais Alexandre, déjà vainqueur de Thèbes, se fit livrer les orateurs d'Athènes, et Démosthène ne dut sa liberté qu'à la générosité du jeune prince. Quelques années après, il fut exilé sur l'accusation de s'être laissé corrompre par Harpalus, qui s'était révolté contre Alexandre, et cherchait à soulever les Athéniens; mais dès que le roi fut mort, on le rappela. Il reprit tout son ascendant, et fit déclarer la guerre à Antipater, gouverneur de Macédoine. Les Athéniens ayant encore échoué, Antipater, vainqueur à Cranon, exigea qu'on lui livrât Démosthène, ainsi que tous les orateurs. Il se réfugia dans l'île de Calaurie, dans le temple de Neptune; mais se voyant près de tomber entre les mains de soldats, qui avaient violé son asile, il s'empoisonna, 322. On admire surtout dans Démosthène la concision, l'énergie, le mouvement, le sublime; Longin le compare à la foudre qui éclate et tue. Ce grand homme travaillait beaucoup ses ouvrages, ce qui faisait dire à ses envieux que ses harangues sentaient l'huile. Ceux de ses discours que l'on estime le plus, avec les Philippiques et les Olynthiennes, sont le discours sur l’Ambassade d'Eschine, dans lequel il accusait cet orateur de s'être laissé corrompre par Philippe, et le discours pour la Couronne, où il justifie Ctésiphon poursuivi par Eschine pour avoir proposé de lui décerner à lui-même une couronne d'or en récompense de ses services et où il fait l'apologie de toute sa vie politique. On a de Démosthène 61 discours, 65 exordes, et 6 lettres écrites au peuple d'Athènes pendant son exil. Les éd. les plus estimées de ses œuvres sont celles de Jér. Wolff, avec version latine, Bäle, 1549, souvent réimprimée; de Reiske, dans ses Oratores græci, Leipsick, 1770-75, de Bekker,dans les Oratores Attici, Oxford, 1822, Leipsick, 1823, tomes I-IV; de G. Dindorf, 1825 et 1855, celle qui a été publiée à Londres, 1827, 10 vol. in-8, avec les notes des commentateurs, et celle de la Biblioth. grecque de Didot. Ses harangues ont été trad. en français par Tourreil (les Philippiques seulement), 1701, in-4; par l'abbé Auger, 1777 (nouv. éd. revue par J. Planche, avec le grec, 1819-21, 10 vol. in-8); par Stiévenart, 1842, gr. in-8; par Plougoulm, sous le titre d’Œuvres politiques, 1862-64. Sa Vie a été écrite par Plutarque et Libanius; son Éloge, par Lucien.

DÉMOSTHÈNE, général athénien, remplaça Alcibiade dans le commandement de la flotte qui devait conquérir la Sicile (416 av. J.-C.), fut chargé avec Nicias de la conduite de cette expédition, et attaqua Syracuse. Après de nombreux revers, il fut enfin complètement battu et se tua de désespoir; d'autres disent qu'il tomba entre les mains des Syracusains qui le firent périr cruellement (413).

DEMOTIKA. V. DIMOTIKA.

DEMOURS (Pierre), oculiste, né à Marseille en 1702, mort en 1795, fils d'un pharmacien de Marseille, était déjà un chirurgien distingué lorsque, par le conseil d'Ant. Petit, il se livra au traitement des maladies des yeux. Il y obtint bientôt un grand succès et enrichit de plusieurs découvertes la chirurgie oculaire. — Son fils, Ant. Pierre, né a Paris en 1762, mort en 1836, poussa au dernier degré l'habileté dans son art : il fit la 1re opération de pupille artificielle. Il a laissé un Traité des maladies des yeux, Paris, 1818, où sont consignés les fruits de l'expérience du père et du fils.

DEMOUSTIER (Ch. Albert), écrivain, né à Villers-Cotterets en 1760, mort en 1801, exerça quelque temps avec distinction la profession d'avocat, et se livra ensuite à la littérature. On a de lui : Lettres à Émilie sur la mythologie, 1786-98, ouvrage mêlé de prose et de vers qui eut un succès prodigieux, mais auquel on reproche de l'afféterie ; le Conciliateur, comédie en 5 actes; les Femmes, comédie en 5 actes; Alceste à la campagne, comédie; le Divorce, l'Amour filial, Agnès et Félix, opéras; le Siége de Cythère, la Liberté du cloître, poëmes, 1790, etc. — Son oncle, P. Ant. Demoustier, 1755-1803, fut un de nos meilleurs ingénieurs : c'est lui qui construisit le pont Louis XV, ainsi que le pont des Arts, en fer fondu.

DEMPSTER (Thomas), savant écossais, né en 1579, mort en 1625, quitta son pays à cause de son attachement au Catholicisme, enseigna les humanités à Louvain, à Paris, à Rome et à Bologne, où il mourut. On a de lui : Etruria regalis, composée par ordre de Cosme II de Mêdicis, et publiée seulement en 1723 ; Antiquitatum romanarum corpus post Rosinum, 1613; Apparatus ad historiam scoticam, 1622; Hist. ecclesiastica Scotorum, 1627 : dans ces deux derniers ouvrages il montre une grande partialité.

DENAIN, vge du dép. du Nord, dans l'anc. Hainaut, à 9 kil. O. de Valenciennes; 9496 h. Mines de houille; forges importantes, laminoirs, fonderies. Station de chemin de fer. Villars y remporta en 1712, sur les Impériaux et les Hollandais, commandés par le prince Eugène, une victoire qui sauva la France d'une invasion : un obélisque rappelle cette victoire.

D'ÉNAMBUC. V. ÉNAMBUC (d').

DENBIGH, v. d'Angleterre (pays de Galles), ch.-l. de comté, à 330 k. N. O. de Londres; 3800 h. Ruines d'une anc. abbaye de Bénédictins et d'un château bâti par Édouard I. Le comté de Denbigh, entre la mer d'Irlande et les comtés de Flint et de Caernarvon, a 75 kil. sur 25, et 97 000 hab. Pays montagneux, belles et fertiles vallées; plomb, houille.

DENDERAH, Tentyra ou Tentyris, v. de la Hte-Égypte, à 80 k, S. E. de Djirdjeb, à l'O. du Nil. Ruines magnifiques, parmi lesquelles on distingue celles d'un grand temple où se trouvait le fameux zodiaque transporté en France en 1822 et à l'aide duquel on a voulu, bien à tort, faire remonter très-haut l'origine de l'astronomie égyptienne. Il parait que ce zodiaque ne remonte pas au delà des Ptolémées.

DENDERMONDE ou TERMONDE, v. de Belgique (Flandre orientale), à 26 k. E. de Gand, au confluent de la Dender et de l'Escaut; 6000 hab. Château fort dont on peut inonder les approches. Louis XIV l'assiégea en 1667, mais ne put le prendre; les Français s'en emparèrent en 1745.

DENDRE, riv. de Belgique, prend sa source au N. de Mons, passe à Ath, Lessines, Grammont, Alost, et se jette dans l'Escaut à Dendermonde; 75 k. de cours.

DENHAM (J.), poëte irlandais, né à Dublin en 1615, mort en 1668, étudia à Oxford où il se fit la réputation de joueur et de dissipé, puis réforma sa conduite et écrivit même un Essai sur le jeu, 1636. Il donna en 1641 le Sophi, tragédie qui eut du succès, et publia deux ans après la Colline de Cooper, le premier poëme descriptif qui ait été publié en anglais et le meilleur de ses ouvrages. Pendant la guerre civile, il prit parti pour Charles I et l'aida à correspondre avec la reine. Il obtint à la Restauration un emploi lucratif. Denham est un de ceux qui ont le plus contribué à former la langue poétique.

DENHAM (le major), officier anglais, né à Londres en 1786, visita de 1822 à 1825 le Bournou, le lac Tchad, et le pays des Fellatahs, fut ensuite nommé directeur de Sierra-Léone sur la côte occidentale d'Afrique, et y mourut des fièvres en 1828. Il avait publié en 1825 à Londres la relation de ses voyages avec celle de Clapperton : elle a été trad. par Eyriès.

DENIA, Hemeroscopium, Dianium, v. murée d'Espagne (Alicante), à 81 kil. N. E. d'Alicante, près de la Méditerranée; 3000 h. Port d'un accès dangereux. Forte tour. — Ville très-anc. ; elle avait jadis un temple consacré à Diane, d'où son nom latin.

DENIER, monnaie romaine et française. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

DENINA (Carlo), littérateur italien, né à Revel en Piémont en 1731, mort en 1813, enseigna d'abord la rhétorique au collége de Turin, puis obtint la chaire d'éloquence italienne et de langue grecque à l'université de la même ville. Frédéric II l'appela à Berlin en 1782, et le fit entrer dans son Académie. Napoléon le nomma en 1804 son bibliothécaire; il vint alors se fixer à Paris. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages, la plupart en italien; les principaux sont : Discours sur les vicissitudes de la littérature, 1760; Révolutions d'Italie, 1769 et 1820 (trad. par Jardin, dès 1770) ; Histoire politique et littéraire de la Grèce, 1781 ; Essai sur la vie de Frédéric II, 1788 (en français); la Prusse littéraire sous Frédéric II, 1790; Révolutions de la Germanie, 1804; Hist. du Piémont, 1805; la Clef des langues (en français), 1805; Hist. de l'Italie occid., 1809. Cet auteur écrit avec indépendance, mais il manque de style.

DENIS. V. DENYS et SAINT-DENIS.

DENISART (J. B.), procureur au Châtelet, né près de Guise en 1712, mort en 1765, a donné une Collection de décisions, plusieurs fois réimprimée de 1754 à 1771. Cet ouvrage renfermait des inexactitudes qu'on a cherché à faire disparaître dans le Nouveau Denisart, publié de 1783 à 1808.

DENNER (J. Chr.), né à Leipsick en 1655, mort à Nuremberg en 1707, est l'inventeur de la clarinette. — Un autre D. (Balthazar), né à Hambourg en 1685, s'est distingué comme peintre de portraits.

DENNEWITZ, vge de Prusse (Brandebourg), près de Potsdam : 250 h. Bernadotte et le général prussien Bulow y défirent en 1813 le maréchal Ney; Bulow reçut en récompense le titre de comte de Dennewitz.

DENNIS (J.), critique anglais, né à Londres en 1657, mort en 1733, fut le Zoïle des poëtes contemporains, et attaqua surtout Pope, qui se vengea en lui donnant place dans sa Dunciade. Il finit ses jours dans la misère et l'isolement. On a de lui, outre des pamphlets oubliés auj., deux tragédies: la Liberté défendue et Appius Claudius; des comédies ; un Essai sur la critique.

DENON (le baron Dominique VIVANT), célèbre par son goût pour les arts, né à Chalon-sur-Saône en 1747, mort à Paris en 1825, puisa le goût de l'antique dans les entretiens de Caylus, fit établir sous Louis XV un cabinet de pierres gravées, dont il reçut la direction ; puis entra dans la diplomatie, fut sept ans chargé d'affaires à Naples (1782), entra en 1787 à l'Académie de peinture, accompagna Bonaparte en Égypte, fut à son retour nommé directeur général des musées et conserva cette place jusqu'en 1815. Il recueillit dans les pays conquis un grand nombre d'objets d'art dont il enrichit les musées français. Denon était lui-même habile dans le dessin et la gravure : il donna les dessins de plusieurs monuments, entre autres celui de la colonne de la place Vendôme. On a de lui : Voyage en Sicile, 1788, Voyage dans la Haute et la Basse-Égypte pendant les campagnes de Bonaparte, 1802; Monuments des arts du dessin, publiés et décrits par Amaury Duval, 1829.

DENTATUS V. CURIUS et SICINUS.

DENTELIN (duché de), ancien pays de France, situé en partie dans la Normandie actuelle, s'étendait, à ce qu'on croit, le long des côtes de la Manche entre la Seine et la Somme, ayant l'Oise au S. E. Ce duché forma sous les Mérovingiens, aux VIe et VIIe siècles, un grand fief qui appartint d'abord aux rois de Neustrie ; mais l'an 600, Clotaire II fut obligé de le céder à Théodebert II, roi d'Austrasie. Les successeurs de ce dernier le conservèrent jusqu'au règne de Dagobert qui, de son vivant (634), le donna en partage à son jeune fils Clovis II, plus tard roi de Neustrie. Depuis cette époque, le duché de Dentelin reste uni à la Neustrie et cesse de figurer dans l'histoire.

DENYS, Dionysius, surnommé l'Ancien ou le Tyran, tyran de Syracuse, était fils d'un homme obscur et fut d'abord soldat. Il se signala par ses exploits dans les guerres des Syracusains contre les Carthaginois; puis, profitant de l'empire qu'il avait sur les soldats, il se fit proclamer souverain par l'armée, 405 av. J. C. : il n'avait encore que 25 ans. Il repoussa les Carthaginois qui avaient envahi la Sicile; mais, ayant laissé prendre la v. de Géla (403), les Syracusains se révoltèrent contre lui. Il réussit à étouffer la sédition, et reprit bientôt l'avantage sur l'ennemi, auquel il enleva successivement Enna, Catane, Léontium, Messine, Taurominium, Sélinonte; il porta même ses armes en Italie, prit Locres, Crotone et ravagea jusqu'aux côtes de l'Étrurie. En butte à de nombreuses conspirations, Denys devint inquiet, cruel, et se rendit odieux à ses sujets. Il était si soupçonneux, qu'il n'admettait jamais sa femme et ses enfants dans son appartement sans les fouiller. Il fit, dit-on, creuser dans le roc, pour servir de prison, d'immenses souterrains, dont un était disposé de manière à ce qu'il entendît tout ce qui s'y disait : c'est ce qu'on appelait l'oreille de Denys. Il recherchait les philosophes, appelait Platon à la cour, protégeait les poëtes, et faisait lui-même des vers, quoiqu'il y réussît peu (V. PHILOXÈNE). Une de ses tragédies ayant été couronnée à Athènes, il fut plus flatté de cette victoire que de toutes celles qu'il avait remportées sur les champs de bataille ; il ordonna que l'on rendît aux dieux de solennelles actions de grâces, et fit préparer un festin magnifique. Il se modéra si peu dans ce repas qu'il mourut d'indigestion, l'an 368 av. J.-C. Il était âgé de 63 ans, et en avait régné 38.

DENYS le Jeune, fils du préc., lui succéda l'an 368 av. J.-C., sous la tutelle de son beau-frère Dion. Il appela le philosophe Platon à la cour et parut vouloir se conduire par ses conseils; mais il le chassa bientôt pour se livrer sans frein à la débauche et à la cruauté. Ayant banni Dion, celui-ci reparut bientôt avec quelques troupes, emporta Syracuse en trois jours, et en chassa le tyran, 357. Denys y rentra 10 ans après, mais comme il opprimait encore les Syracusains, il fut de nouveau chassé par Timoléon, général des Corinthiens. Alors il se réfugia à Corinthe, où il se fit, dit-on, maître d'école.

DENYS de Milet, logographe grec an Ve s. av. J.-C., avait écrit un Cycle mythique, recueil de traditions des anciens poëtes, et un Cycle historique, où il traitait sans doute des âges postérieurs au siége de Troie. Il n'en reste que des fragments, dont l'authenticité même est douteuse (dans les Historic. græc. fragm. de la collect. Didot).

DENYS d'Halicarnasse, historien et critique, né à Halicarnasse en Carie, vint à Rome l'an 30 av. J.-C., et y publia vers l'an 7 av. J.-C., sous le titre d’Antiquités romaines, un savant ouvrage en 20 livres, qui contenait l'histoire des premiers temps de Rome jusqu'à l'an 266 av. J.-C., et où l'on trouve sur l'histoire, le culte et les institutions des Romains des renseignements que l'on chercherait vainement ailleurs. Il ne nous en reste malheureusement que les 11 premiers livres avec des extraits et des fragments des autres. Denys a aussi laissé des ouvrages de critique et de rhétorique très-estimés : De l'arrangement des mots ; Rhétorique (ouvrage d'une authenticité douteuse); Jugements sur les anciens écrivains; Examen de Lysias, Isocrate, Isée, Dinarque; Examen du style de Thucydide, de l’éloquence de Démosthène, etc. Toutes les œuvres de Denys d'Halicarnasse ont été publiées par Sylburge, grec-latin, Francfort, 1586, in-fol.; par Reiske, gr.-lat., Lepisick, 1774, 6 vol. in-8. Les Antiquités romaines ont été trad. en français par le P. Lejay, 1722, et par l'abbé Bellenger, 1723; le traité de l’Arrangement des mots, par Le Batteux, 1788; les Jugements sur les orateurs, par M. Gros, sous le titre d’Examen critique des écrivains de la Grèce, avec le texte, 1827-28.

DENYS le Grammairien, était originaire de Thrace, mais né à Alexandrie vers 100 av. J.-C. Il fut disciple d'Aristarque et enseigna les belles-lettres à Rome du temps de Pompée. On lui doit une Grammaire grecque, longtemps classique, qui a été publiée par Fabricius dans le tome VII de sa Bibliothèque grecque, et par Bekker, Anecdota græca, t. II, Berlin, 1816. Il en existe une trad. arménienne, publiée par Cirbied.

DENYS le Périégète, écrivain grec, né à Charax en Susiane, auteur d'un poème sur la géographie, intitulé : Periegesis, ou Voyage autour du monde, vivait, à ce qu'on croit, dans le Ier siècle de notre ère. Son poëme a été trad. en vers latins par Priscianus, Avienus et Papius, en prose latine par H. Étienne, et en vers français par Bénigne Saumaise, 1597. Les meilleures éditions du Periegesis sont celle d'Oxford, 1717. (avec le commentaire d'Eustathe et les trad. lat.), et celle donnée par Passow, Leips., 1825. Il se trouve aussi dans les Geographi minores de Bernhardy, Leips., 1828, et dans la collect. Didot, 1855.

DENYS (S.), dit l'Aréopagite, était un des juges de l'Aréopage quand S. Paul comparut devant ce tribunal ; il fut converti par le discours de l'apôtre, fut établi par lui premier évêque d'Athènes, et fut brûlé vif vers l'an 95. L’Église l'hon. le 3 oct. — On a sous son nom des écrits mystiques qui paraissent avoir été fabriqués vers le Ve siècle par des Néo-platoniciens. Ces ouvrages sont au nombre de quatre : De la Hiérarchie céleste; De la Hiérarchie ecclésiastique; Des Noms divins; De la Théologie mystique. Envoyés en présent à Louis le Débonnaire par un empereur d'Orient, ces livres obtinrent un grand crédit et devinrent un des éléments de la philosophie scolastique. Ils contenaient une application du Platonisme et de la doctrine de l'émanation au Christianisme. L'édition la plus estimée de ces ouvrages est celle de B. Corder, Paris, 1644, in-fol., gr.-lat. Ils ont été trad. en français par M. l'abbé Darboy (1844, in-8), qui paraît croire à leur authenticité. On peut consulter sur la valeur de ces livres Ch. Hersent (In Dionysii areop. librum apparatus, 1626), Daillé (De scriptis quæ sub Dionysii areop. nomine circumferuntur, 1666), et la thèse de M. Montet sur Les livres du pseudo-Denys l'Aréopagite, Paris, 1848.

DENYS (S.), l'apôtre des Gaules, fut envoyé de Rome dans les Gaules vers 250 pour y prêcher la foi, devint le premier évêque de Paris, fonda plusieurs églises en France, et souffrit le martyre avec Rustique et Éleuthère ses compagnons vers 272, pendant la persécution de Valérien. C'est, selon les uns, à Montmartre (mons Martyrum), selon les autres au lieu où s'élève auj. la ville de St-Denys, qu'ils furent mis à mort. On l'honore le 9 oct. Dans les temps d'ignorance, on crut qu'après son martyre il avait marché, portant son chef dans ses mains : cette ridicule tradition vient de ce que, pour rappeler son supplice, on le représentait la tête séparée du tronc, et qu'on plaçait sa tête entre ses mains.

DENYS (S.), pape de 259 à 269, tint à Rome en 261 un concile où fut anathématisée l'hérésie de Sabellius. On l'hon. le 26 déc.

DENYS, surn. le Petit à cause de sa taille, moine originaire de Scythie, vint à Rome vers 500, y fut fait abbé d'un monastère, s'acquit une grande réputation par des ouvrages sur la discipline ecclésiastique et la chronologie, et mourut en 540. On a de lui des recueils de Canons apostoliques (publiés pour la 1re fois en 1628, in-8, par Justel); de Décrétales (dans la Bibliothèque du droit canon); des versions latines des ouvrages de S. Pacôme et autres Pères. Ce fut Denys le Petit qui introduisit l'usage décompter les années à partir de la naissance de J.-C., qu'il plaça à l'année 753 de Rome (4 ans trop tard, à ce qu'il paraît). Il trouva une période de 532 ans qui commençait à l'année même de l'incarnation, et qu'on appela, d'après son nom, période dionysienne. DENYS, roi de Portugal, né à Lisbonne en 1261, mort en 1325, succéda en 1179 à son père Alph. III, et mérita les beaux noms de Père de la patrie, de Roi libéral, de Roi laboureur, par les chartes qu'il octroya à ses sujets, chartes qui protégeaient le peuple contre les seigneurs et encourageaient les arts et l'agriculture. Il fit avec avantage la guerre contre la Castille et l'Aragon, pour défendre les droits des infants de Lara. En 1310 il embrassa avec chaleur la cause des Templiers, soutenant leur innocence. Quand l'ordre eut été détruit, il en recueillit les débris et les admit dans un ordre nouveau, qu'il créa en Portugal sous le nom d'Ordre du Christ (V. ce mot). Denys fonda en 1291 la 1re université du Portugal, celle de Coïmbre, et créa la marine du pays.

DENYS le Flamand, peintre. V. CALVART.

DÉOLS ou BOURG-DIEU, bourg du dép. de l'Indre, sur l'Indre, à 2 kil. N. E. de Châteauroux; 2355 hab. Jadis ch.-l. de principauté. On attribue la fondation de cette v., jadis plus importante, à Léocade, préfet de la Gaule Lyonnaise sous les premiers empereurs, dont on voit encore le tombeau. Anc. abbaye de Bénédictins, sécularisée en 1613.

DEOULINA ou DIVILINO, bourg de Russie (Moscou), à 62 kil. N. de Moscou. Il y fut signé, en 1618, entre la Russie et la Pologne, un traité par lequel le prince Wladislas, fils de Sigismond III, roi de Pologne, renonçait à la couronne de Russie.

DEPARCIEUX (Ant.), mathématicien, né près de Nîmes en 1703, mort en 1768, se fit d'abord remarquer par son habileté à exécuter les cadrans solaires et devint membre de l'Académie des sciences. Il est surtout connu par un Essai sur les probabilités de la durée de la vie humaine (1746), où il donna des Tables de mortalité qui ont longtemps servi de base aux placements viagers. — Son neveu, Ant. D., 1753-99, a donné un traité estimé des Annuités, 1781, et a laissé des mémoires sur les Moyens d'élever l'eau et sur les Globes aérostatiques.

DEPPING (G. Bernard), historien, né à Munster en 1784, mort en 1853, vint de bonne heure se fixer en France, et consacra toute sa vie à des recherches historiques. On lui doit une Histoire des expéditions maritimes des Normands au Xe siècle, couronnée en 1820 par l'Académie des inscriptions, une Histoire de la Normandie depuis Guillaume le Conquérant, une Hist. des Juifs au moyen âge, enfin une Hist. du commerce entre le Levant et l'Europe, couronnée en 1828. Il a publié dans la collection des Documents de l'Hist. de France le Livre des Métiers d'Est. Boyleaux et la Correspondance administrative sous Louis XIV.

DEPTFORD, v. d'Angleterre (Kent), au confluent de la Tamise et de la Ravensbourne, à 9 k. S. E. de Londres, dont elle touche même deux quartiers, Greenwich et Southwark; 25 000 hab. Chantier royal de construction où Pierre le Grand travailla comme ouvrier en 1698; hospices pour les maîtres d'équipage, les pilotes et leurs veuves.

DE PURE (Michel), abbé, né à Lyon on 1634, mort en 1680, était un faible prédicateur, et n'est guère connu que par le ridicule dont Boileau l'a couvert, pour se venger d'un pamphlet que cet abbé avait fait contre lui. Il a traduit Quintilien, 1663, l’Hist. des Indes de Maffei, 1665, la Vie de Léon X, de Paul Jove, a donné lui-même la Vie du maréchal de Gassion, 1673, et a risqué au théâtre quelques pièces médiocres.

DÉPUTÉS. V. CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

DER ou DEIR. V. DEIR.

DERBEND ou DERBENT, l’Albana des anciens, le Demir-Kapou des Turcs, v. de la Russie d'Asie (Pays du Caucase); jadis ch.-l. du Daghestan, près de la côte O. de la mer Caspienne, à 300 k. N. E. de Tiflis; 10 000 h. Murs flanqués de tours, citadelle. Aspect oriental, bazars, belle mosquée. Soie, safran, bon vin. Non loin de là, on voit les débris d'une grande muraille qui, dit-on à tort, allait de la mer Noire à la mer Caspienne, et que coupait un défilé célèbre, le défilé de Derbend (Albaniæ pylæ), fermé par des portes de fer. — Suivant les traditions, Alexandre serait le fondateur de Derbend. Chosroès le Grand la fortifia; les Arabes s'en emparèrent au VIIe siècle. Haroun-al-Raschid y séjourna plusieurs fois. Les Russes l'ont prise aux Persans en 1722, rendue en 1735, et reprise en 1795; ils la possèdent depuis.

DERBY, v, d'Angleterre, ch.-l. de comté, sur la Derwent, à 178 k. N. O. de Londres; 44 000 hab. Arsenal; magasin à poudre; fabrique de tissus; orfèvrerie; station. — Le comté, entre ceux de Chester, Stafford, Leicester, Nottingham et York, a 88 kil. sur 35, et 300 000 hab. Surface inégale, montagnes, étangs; sol assez fertile dans les parties basses. Plomb, fer, houille, spath, pierre à chaux, marbre; usines à fer, toiles, soieries, lainages. Antiquités romaines et Saxonnes. Ce pays, anciennement habité par les Coritani, fut compris sous les Saxons dans le roy. de Mercie.

DERCÉTO, grande divinité des Syriens, adorée dans Ascalon et Joppé, était fille de Vénus. On la représentait sous la figure d'un homme dont la partie inférieure se terminait en queue de poisson. On pense que Dercéto était la mère de Sémiramis, que cette reine divinisa. Elle avait un temple célèbre à Hiérapolis, à l'O. de l'Euphrate.

DERCYLLIDAS, général lacédémonien, dirigea, de 399 à 397 av. J.-C., une expédition en Asie-Mineure pour défendre contre le grand roi les colonies grecques de cette contrée, défit les Perses en plusieurs rencontres, prit sur eux en un seul jour 3 v., Arisbé, Hamaxite et Colones en Troade, fit signer à Tissapherne un traité qui garantissait la paix des colonies et éleva un mur entre la Thrace et la Chersonèse.

DERHAM (Will.), né en 1657 à Stowton près de Worcester, mort en 1735, fut recteur ou curé d'Upminster près de Londres, puis chapelain du prince de Galles et chanoine de Windsor. Chargé en 1711 et 1712 des sermons pour la fondation de Boyle, il prononça à cette occasion sur la théologie naturelle 16 discours qui donnèrent naissance à deux ouvrages fort estimés : Physico-Theology, 1713, et Astro-Theology, 1714. Il y ajouta plus tard la Christo-Theology, 1730, où il expose les preuves du Christianisme. Derham était à la fois versé dans la théologie et dans la physique, l'astronomie, et toutes les sciences naturelles ; il était membre de la Société royale; il fut très-lié avec Ray et publia les ouvrages posthumes de ce savant. Sa Théologie astronomique a été trad. par Bellanger, 1726, et E. Bertrand, 1760; sa Théologie physique a été trad. en 1730.

DERJAVINE (Gabriel), poète russe, né en 1743 à Kasan, mort en 1816, fut successivement militaire et magistrat, devint ministre de la justice en 1801, et se retira des affaires en 1803, pour cultiver les lettres. On a de lui des poésies lyriques, parmi lesquelles on remarque l’Hymne à Dieu (1775), trad. dans presque toutes les langues de l'Europe, et que l'empereur de Chine même fit traduire, et l’Ode sur l'expulsion des Français (1813); des compositions dramatiques et des écrits en prose. Ses Mémoires ont paru à Moscou en 1860. Ses ouvrages dénotent un esprit fécond et original. Ils ont été trad. en français en 1861.

DERNEH, Darnis, v. d'Afrique, dans l'État de Tripoli, sur la Méditerranée, à 890 kil. E. de Tripoli et à 225 kil. E. N. E. de Bengazy. Aux env., grande fertilité. Cette v. est souvent ravagée par les invasions de Bédouins et infestée par la peste, qui a réduit la population de 5000 à 1000 hab. L'amiral Gantheaume y débarqua en 1799.

DEROSNE (Ch.), industriel, né à Paris en 1780, mort en 1846, exerça d'abord la pharmacie et s'associa avec Cadet-Gassicourt, fut des premiers en France à fabriquer le sucre de betterave (1811), obtint le noir animal par la fabrication des os, reconnut la propriété décolorante du charbon et l'appliqua à la purification des sirops de sucre (1813), et fonda en 1825 à Chaillot, avec Cail, une usine pour la construction des machines et des locomotives, qui ne tarda pas à devenir une des plus importantes du monde. Il a trad. de l'allem. le Traité d'Achard sur le sucre de betterave.

DERPT, v. de Russie. V. DORPAT.

DERREYEH, v. de l'Arabie centrale, capit. du Nedjed, sur le golfe persique, à 750 kil. N. E. de La Mecque, par 25° 15' lat. N., 44° 10' long. E. Cette ville, qui est très-forte, était le ch.-l. des Wahabites. Ibrahim-Pacha, fils de Méhémet-Ali, s'en empara en en 1819 et la dévasta : elle avait alors 15 000 hab.; auj. elle est presque déserte.

DERTONA, auj. Tortone, v. de la Ligurie, entre Gênes et Plaisance. Colonisée par Æmilius Scaurus.

DERTOSA, auj. Tortose, v. d'Hispanie (Tarraconaise), ch.-l. des Ilercaones, sur l'Èbre, près de la côte, reçut une colonie romaine sous Auguste.

DERVAL, ch.-l. de c. (Loire-Inf.), à 23 kil. S. O. de Châteaubriant; 2520 hab. Anc. château fort.

DERVICHES, c.-à-d. pauvre en persan, espèce de moines musulmans. Ils font vœu de pauvreté et de chasteté, mais observent fort peu ces deux points. Ils s'imposent tous les jeudis un jeûne complet : ce qui ne les empêche pas de faire un grand usage d'opium et même de liqueurs fortes. Pour obtenir les aumônes des fidèles, ils exécutent sous leurs yeux une foule de jongleries et de tours d'adresse : quelques-uns tournent des heures de suite sur eux-mêmes, répétant sans cesse le nom d’Allah. Les derviches vivent en commun dans des espèces de couvents. On en compte dans l'empire ottoman 32 ordres, dont le plus ancien date de l'an 759 de J.-C. Leur établissement principal est à Konieh, dans la Caramanie.

DERWENT, riv. d'Angleterre, dans le comté de Derby, passe à Derby et se joint au Trent après un cours de 90 kil. — Riv. du comté de Cumberland, traverse un lac de même nom et se jette dans la mer d'Irlande à Workington.

DESAGUADERO, riv. de Bolivie, naît dans les Andes, sur la limite des dép. de Chuquisaca et de Potosi, coule au N., et tombe dans le lac Titicaca, après un cours de 250 kil.

DÉSAGULIERS (J. Théoph.), physicien, né à La Rochelle en 1683, mort en 1743, était fils d'un ministre protestant, qui, à la révocation de l'édit de Nantes, passa en Angleterre. Il étudia à Oxford sous Keill, et reçut les ordres en 1717. Il fit différents cours à Oxford, puis à Londres, de 1710 à 1740, poursuivit les expériences de Newton et fut reçu à la Société royale. Il publia en anglais son Cours de physique expérimentale, Londres, 1719, 2 vol., trad. par le P. Pézenas, et traduisit en français plusieurs ouvrages de Gregory, d'Ozanam et de Sgravesande.

DESAIGNES, bourg du dép. de l'Ardèche, à 30 k. O. N. O. de Tournon; 3800 hab. Antiquités romaines.

DESAIX (L. Ch. Ant.), général français, né en 1768, d'une famille noble, à St-Hilaire-d'Ayat en Auvergne, était lieutenant au régiment de Bretagne lorsqu'éclata la Révolution. Il en adopta les principes, fut nommé aide de camp du général de Broglie, se signala aux combats de Wissembourg et de Lauterbourg et fut promu au grade de général de division à 26 ans. Il se distingua en cette qualité à l'armée du Rhin en 1796, et défendit avec un rare courage le fort de Kehl. En 1798, il accompagna Bonaparte en Égypte, se rendit maître de la Hte-Égypte, et y exerça le pouvoir militaire avec tant de modération et d'équité, que les Musulmans eux-mêmes ne l'appelaient que le Sultan juste. Rentré en France en 1800, il reçut le commandement de deux divisions à l'armée d'Italie : il contribua puissamment à la victoire de Marengo en rétablissant le combat avec sa réserve (14 juin 1800); mais il y perdit la vie. Desaix était un caractère antique : à une bravoure à toute épreuve il joignait une probité rigide et un complet désintéressement. Napoléon fit placer son tombeau dans la chapelle du grand St-Bernard. Deux monuments ont été élevés en son honneur, l'un à Paris (place Dauphine), l'autre à Clermont. — V. DESAIX.

DESARGUES (Gérard), géomètre et architecte, né à Lyon en 1593, mort en 1662, servit quelque-temps, quitta les armes pour la science et se lia avec Descartes, qu'il défendit en toute occasion. Il s'occupa surtout de la métaphysique de la géométrie, sans cependant négliger les applications pratiques, et créa la stéréotomie scientifique. On a de lui un Traité de Perspective (1636), qui a permis de perfectionner la peinture, et des traités estimés De la Coupe des pierres, des Sections coniques; il est à regretter que la rédaction en soit fort négligée.

DÉSAUGIERS (Marc Ant.), chansonnier, fils d'un compositeur auquel ou doit les Jumeaux de Bergame, les Deux Sylphes, Florine, etc., naquit à Fréjus en 1772, et m. en 1827. Il se trouvait à St-Domingue lors de l'insurrection et faillit y perdre la vie. De retour en France, il se fit bientôt connaîtra par ses chansons et ses vaudevilles. Il fut longtemps l'âme du Caveau moderne, et devint en 1815 directeur du théâtre du Vaudeville. On a de lui un recueil de chansons pleines d'esprit et de gaieté, parmi lesquelles on distingue l’Épicurien, Ma fortune est faite, Cadet Buteux, la parodie de la Vestale, M. et Mme Denis. Il a donné une foule de petites pièces, vaudevilles, comédies ou parodies, dont quelques-unes, comme les Petites Danaïdes, la Chatte merveilleuse, M. Vautour, Je fais mes farces, ont eu une vogue prodigieuse. Un recueil complet de ses Chansons a été publié en 1827. 3 v. in-18. — Son frère aîné, Auguste Désaugiers, 1770-1836, consul à Copenhague pendant 20 ans, a composé des odes qui furent peu remarquées, et des tragédies lyriques, qui n'ont pu être représentées. — Un frère cadet, Jules-Joseph Désaugiers, 1775-1855, consul, puis directeur des affaires commerciales, a traduit de Heeren les Idées sur les relations commerciales des anciens peuples de l'Afrique, 1820.

DESAULT (P. Joseph), chirurgien, né en 1744, au Magny-Vernois, en Franche-Comté (Hte-Saône), vint en 1764 à Paris, et, tout en suivant les leçons de Petit et des chirurgiens célèbres de l'époque, commença dès l'âge de 22 ans à faire des cours qui attirèrent bientôt la foule. Il fut nommé successivement professeur à l'école pratique, membre du collége de chirurgie en 1776, chirurgien en chef de la Charité en 1782, puis de l'Hôtel-Dieu en 1788. Il fut élu en 1792 membre du comité de santé des armées, devint professeur de clinique chirurgicale à la nouvelle école de santé, et fut chargé en 1795 de donner des soins au jeune fils de Louis XVI. Il mourut lui-même pendant ce traitement, à l'âge de 51 ans. Desault était également remarquable comme professeur et comme opérateur. Il a fait faire un grand pas à l'anatomie chirurgicale. La chirurgie lui doit un grand nombre d'inventions ou de perfectionnements importants, parmi lesquels on remarque ses appareils pour les fractures et pour les maladies des voies urinaires. Il n'a presque rien publié lui-même : Chopart, son ami, a donné un Traité des maladies chirurgicales fait en commun avec lui, 1780; Bichat, l'un de ses élèves les plus distingués, a publié sous son nom 4 vol. d’Œuvres chirurgicales, 1798-99.

DESBARREAUX (Jacq. VALLÉE), fameux épicurien, né à Paris en 1599, mort en 1673, était fils d'un président au grand conseil. Pourvu de bonne heure d'une charge de conseiller au parlement de Paris, il s'en démit pour se livrer plus librement à son goût pour la bonne chère et le plaisir. Il changeait de climat selon les saisons. Desbarreaux fut lié avec les beaux esprits de son temps, avec Balzac, avec Chapelle et même avec Descartes. Il avait composé un assez grand nombre de chansons et de poésies fugitives dans lesquelles il affichait l'incrédulité et même l'athéisme; on n'a conservé de lui que ce fameux sonnet où il chante la palinodie :

Grand Dieu! tes jugements sont remplis d'équité, etc.

il le composa dans une maladie, mais il le désavoua, dit-on, quand il fut revenu à la santé. Voltaire assure que ce sonnet n'est même pas de lui, et l'attribue à l'abbé de Lavau.

DESBASSYNS DE RICHEMONT (Ph. PANON), administrateur, né en 1774 à St-Paul (Ile Bourbon), d'une riche famille de colons, mort en 1840, fut chargé sous le Consulat et l'Empire, de négociations avec l'Angleterre qu'il mena à bonne fin, fit relâcher en 1811 nos soldats retenus sur les pontons, obtint à la paix la restitution de plusieurs colonies, fut successivement administrateur de nos établissements dans l'Inde, intendant de l'île Bourbon, membre du conseil de l'amirauté, et membre de la Chambre des Députés. Possesseur d'une grande fortune, il en fit un noble usage : il légua 140 000 fr. aux pauvres.

DESBILLONS (le P. Fr. Jos. TERRASSE), poëte latin moderne, né en 1711 à Châteauneuf en Berry, mort en 1789, entra chez les Jésuites, enseigna les humanités avec distinction à Nevers, à Caen, à La Flèche, puis vint à Paris afin de s'y livrer à son goût pour la littérature. Lors de la dissolution de la société des Jésuites, il se retira à Manheim où il resta jusqu'à sa mort. On a de lui 15 livres de fables latines fort estimées, sous le titre de Fabulæ Æsopicæ, Manheim, 1768; deux poëmes : Ars bene valendi, 1788; De Pace christiana, 1789; des Miscellanea, 1792, où l'on trouve des odes, des lettres et deux nouveaux livres de fables. Il s'est beaucoup rapproché de La Fontaine.

DESBORDES-VALMORE (Mme), femme poëte, née à Douai en 1787, morte en 1859, était fille d'un doreur. Luttant contre l'adversité, elle se fit actrice, épousa le tragédien Valmore, puis quitta le théâtre pour les lettres. Elle publia en 1818 un recueil intitulé Élégies et Romances, en 1824 des Élégies nouvelles, en 1833 les Pleurs, en 1839 Pauvres fleurs, toutes poésies remarquables par une émotion vraie ainsi que par un heureux tour d'expression, et qui lui valurent une pension de 1500 fr. et plusieurs couronnes académiques. Elle a aussi donné quelques romans et a composé des Contes pour les enfants.

DESBOULMIERS (J. Aug. JULIEN), homme de lettres, né à Paris en 1731, mort en 1771, avait été capitaine de cavalerie. On a de lui une Histoire du Théâtre-Italien, 1769; une Histoire de l'Opéra-Comique, 1769, et quelques autres œuvres médiocres.

DESCAMISADOS, nom donné en Espagne, de 1820 à 1823, à la fraction la plus violente du parti démocratique; ce mot, qui veut dire sans chemise, répond à notre mot sans-culotte.

DESCAMPS (Jean Baptiste), peintre, membre de l'Académie, né à Dunkerque en 1714, mort en 1791, avait étudié sous L. Coypel, son oncle maternel, et sous Largillière. Il fonda à Rome une école gratuite de dessin. Comme peintre, il excella dans les scènes de village. Il a publié une Vie des peintres flamands, allemands et hollandais, 1753-63, et le Voyage pittoresque de la Flandre et du Brabant, 1769.

DESCARRIÈRES, littérateur. V. HÉRISSANT.

DESCARTES (René), Cartesius, philosophe français, né à La Haye en Touraine l'an 1596, d'une famille noble, étudia à La Flèche sous les Jésuites, se distingua surtout en philosophie et sentit dès lors le vide des doctrines qui étaient en honneur. Il suivit d'abord la carrière des armes et servit comme volontaire sous Maurice de Nassau (1617) et sous le duc de Bavière (1619); mais il quitta le service au bout de peu d'années (1620), se mit à voyager, parcourut l'Allemagne, la Hollande, l'Italie et vint à plusieurs reprises à Paris, où il se lia avec les savants, particulièrement avec Mersenne, Mydorge, Sorbière, Clersellier. Après être resté plusieurs années indécis sur le choix d'un état, il résolut de se livrer tout entier à la méditation. Pour y mieux réussir, il quitta la France, où il eût trouvé trop de distractions, et se retira en Hollande (1629), où il vécut dans la retraite, habitant tantôt Amsterdam, Deventer, La Haye ou Leyde, tantôt les délicieuses solitudes d'Eyndegeest ou d'Egmont. Le premier fruit de ses travaux avait été un Traité du Monde, dans lequel il admettait, comme Galilée, le mouvement de la terre ; mais il supprima prudemment cet ouvrage dès qu'il connut la condamnation du philosophe italien (1633). En 1637 il publia le Discours de la Méthode, avec la Dioptrique, les Météores et la Géométrie, rédigés en français; il y enseignait une méthode nouvelle qui devait faire révolution dans la philosophie, et il présentait comme applications de cette méthode plusieurs de ses plus admirables découvertes. En 1641 parurent les Méditations sur la philosophie première, qu'il rédigea en latin, et qu'il dédia à la Sorbonne ; elles furent suivies en 1644 des Principes de la philosophie, écrits aussi en latin, et où l'auteur présentait l'ensemble de sa doctrine. Ces ouvrages attirèrent à Descartes un grand nombre d'admirateurs, mais ils lui suscitèrent aussi de vives contradictions et même des persécutions. A la tête de ses adversaires se plaça un théologien d'Utrecht, Gisbert Voët, qui l'accusa d'athéisme : peu s'en fallut que ses livres ne fussent brûlés par la main du bourreau (1643); quelques-uns furent mis à l'index à Rome, notamment les Méditations (toutefois, la condamnation ne fut prononcée que longtemps après sa mort, en 1663). Il eut aussi à répondre aux objections toutes philosophiques de Hobbes, de Gassendi, d'Arnauld et d'un grand nombre d'autres. Mais d'un autre côté il comptait d'illustres suffrages : ses principes étaient enseignés dans plusieurs universités; la princesse Élisabeth, fille de l'électeur palatin Frédéric V, recherchait ses entretiens; Mazarin lui accordait une pension de mille écus (1647) ; enfin la reine Christine le pressait de se rendre à sa cour. Flatté de cette invitation, Descartes partit pour Stockholm à la fin de 1649, mais au bout de peu de mois il succomba à la rigueur du climat. Il mourut en 1650, âgé de près de 54 ans. Ses restes furent rapportés en France en 1667, et déposés avec honneur à Ste-Geneviève, mais il ne fut pas permis de prononcer son oraison funèbre. Descartes est regardé comme le rénovateur des sciences. Sentant combien étaient peu solides la plupart des connaissances que les anciens nous ont transmises, il résolut de douter provisoirement de tout et de reconstruire l'édifice entier sur de nouvelles bases en ne se fiant qu'à l'évidence, et en suivant une méthode toute nouvelle. Dans les travaux qu'il entreprit pour opérer cette grande restauration, il faut distinguer le métaphysicien, le mathématicien, le physicien et l'astronome. En Métaphysique il prit pour point de départ ce célèbre enthymème, Je pense, donc je suis, et se servit de cette première vérité pour établir et l'existence de l'âme, à laquelle il donne pour essence la pensée, et l'existence de Dieu, qu'il fonde sur l'idée même que nous en avons, et celle des corps, qu'il fonde sur la véracité de Dieu; il distingua nettement l'esprit de la matière (à laquelle il donne pour essence l’étendue), mais sans expliquer l'action réciproque des deux substances ; il plaça le siége de l'âme dans la glande pinéale et lui donna pour agents les esprits animaux; il réduisit les animaux à n'être que de pures machines; enfin il admit des idées innées. En Mathématiques, il fit faire un pas immense par l'invention d'un nouveau mode de notation en algèbre, celui des exposants, et par l'application de cette science à la géométrie des courbes; ce qui lui permit de résoudre comme en se jouant les problèmes regardés jusqu'alors comme insolubles. En Physique, il découvrit la véritable loi de la réfraction, et proposa la plus exacte théorie de l'arc-en-ciel qu'on pût donner alors; mais il se livra aussi trop souvent, dans l'explication des météores aux hypothèses les plus gratuites. En astronomie, et en cosmologie, il imagina ce fameux système des tourbillons, suivant lequel le soleil et les étoiles fixes sont le centre d'autant de tourbillons de matière subtile qui font circuler autour d'eux les planètes ; mais, moins hardi ou moins franc que Copernic, il ajoutait que tous ces tourbillons circulaient eux-mêmes autour de la terre. Il s'occupa aussi beaucoup de physiologie et d'anatomie. Les ouvrages de Descartes, outre ceux que nous avons déjà cités, sont les Passions de l'âme, Amsterdam, 1649 ; le Monde ou Traité de la lumière, 1664 (posthume) ; Traité de l'homme et de la formation du fœtus, 1664, Compendium musicæ, 1650; la Mécanique, 1668 ; et de nombreuses Lettres, 1657-67. Plusieurs de ses ouvrages, qui avaient été écrits en latin, ont été traduits par Clersellier, notamment : les Lettres, 1667, 3 vol. in-4; les Méditations, 1673 (déjà trad. dès 1647 par le duc de Luynes) ; le Traité de l'Homme, 1677; les Principes, 1681. L'édition de ses Œuvres la plus complète est celle de M. V. Cousin, en 11 volumes in-8, Paris, 1824-1826; M. Ad. Garnier a donné à part les œuvres purement philosophiques, 1835, 4 vol. in-8, avec des notes ; M. Foucher de Careil a publié en 1859-60 deux volumes d’Œuvres inédites. La Vie de Descartes a été écrite par Baillet, 1691; son Éloge, par Thomas et par Gaillard, 1761. — Malgré l'opposition que la philosophie de Descartes avait rencontrée à son début, elle ne laissa pas de se propager dans toute l'Europe, et d'y obtenir, sous le nom de Cartésianisme, un grand nombre de partisans, qui furent appelés Cartésiens. Parmi ceux-ci, les uns, comme Delaforge, Clersellier, Clauberg, Sylvain Régis, Jacques Rohault, se contentèrent de reproduire la doctrine du maître, et de la commenter timidement; les autres, comme Malebranche, Spinosa, Fardella, en tirèrent des conséquences chacun à leur manière, et bâtirent des systèmes qui s'en écartaient fort; d'autres enfin n'empruntèrent à Descartes que son esprit et sa méthode, dont ils se servirent, tantôt pour défendre les vérités religieuses et morales, comme Arnauld, Bossuet, Fénelon, Nicole, et la plupart des Jansénistes de Port-Royal; tantôt, comme Bayle, pour battre en brèche toutes les croyances. Après une vogue de plus d'un demi-siècle, le cartésianisme s'éclipsa rapidement devant la faveur qui s'attachait aux systèmes nouveaux de Locke, de Newton, de Leibnitz; cependant il continua d'être en France la philosophie dominante jusqu'à Condillac. Voltaire lui porta les derniers coups. M. Fr. Bouillier a donné l’Histoire de la philosophie cartésienne, 1854.

DESCHAMPS (Eustache), dit Morel, à cause de son teint basané ou parce qu'il aurait été prisonnier chez les Maures, vieux poëte français, né vers 1325 à Vertus en Champagne, mort en 1421, fut huissier d'armes de Charles V et Charles VI. On le regarde comme le créateur de la ballade et de la chanson à boire. Son ouvrage le plus étendu est intitulé : Miroir du mariage, satire fort hostile aux femmes. Il a écrit un grand nombre de fables; La Fontaine en a imité quelques-unes, notamment la Cigale et la Fourmi et le Conseil tenu par les Rats. La Bibliothèque impériale possède toutes ses œuvres en manuscrit. M. Crapelet a publié en 1832 un choix de ses poésies, quia été complété en 1850 par M. Tarbé.

DESCHAMPS (Chrétien), poëte, né près de Troyes en 1683, mort en 1747, fut abbé, militaire et enfin financier : devenu premier commis du célèbre Paris-Duverney, il ne tarda pas à faire fortune. On a de lui plusieurs tragédies médiocres : Caton d'Utique, 1715; Antiochus et Cléopâtre, 1717; Médus, 1739. On lui doit aussi des Recherches historiques sur le théâtre français, 1735.

DESCOUTURES, traducteur. V. COUTURES (DES).

DESCROIZILLES (Fr. Ant. H.), chimiste, né à Paris vers 1750, mort en 1825, se forma sous Rouelle et fut successivement professeur de chimie à Rouen et secrétaire du Conseil des manufactures à Paris. Ou lui doit plusieurs applications importantes de la science, entre autres l’Alcalimètre, l’Alambic d'essai (perfectionné par Gay-Lussac), et une méthode très-simple pour conserver les grains (1819).

DESENNE (Alex.), dessinateur, né à Paris en 1785, mort en 1827, était fils d'un libraire. Il se consacra de bonne heure à la vignette et orna les plus belles éditions de nos classiques, Boileau, Racine, Molière, J. J. Rousseau, Voltaire, etc., de dessins qui se distinguent par la simplicité, le naturel et la grâce.

DESENZANO, v. de Lombardie, à 63 k. E. S. E. de Brescia, sur le lac de Garda; 3500 h. Bon port. Pêche active. Vins estimés.

DES ESSARTS (Pierre), surintendant des finances sous Charles VI, dut son élévation à la protection du duc de Bourgogne Jean sans Peur. En 1411 il était prévôt de Paris : les Parisiens lui donnèrent le titre de Père du peuple pour avoir assuré les approvisionnements de la capitale au milieu des troubles qui l'agitaient; mais il ne sut pas conserver longtemps leur amour. On l'accusa d'avoir dilapidé les finances ; il fut obligé de fuir, et demeura quelque temps caché dans ses terres. Il chercha à rétablir son crédit en s'attachant au duc de Guyenne, et s'empara, au nom de ce seigneur, de la Bastille, qu'il voulait livrer aux Armagnacs. Mais il y fut assiégé, obligé de se rendre, poursuivi comme dilapidateur par les Cabochiens, accusé d'avoir voulu enlever le roi, condamné à mort et pendu à Montfaucon en 1413.

DES ESSARTS (Charlotte), comtesse de Romorantin, devint maîtresse de Henri IV en 1590, en eut deux filles. Elle vécut ensuite dans la plus grande intimité avec Louis de Lorraine, cardinal de Guise, et, après la mort de ce prélat, épousa, en 1630, le maréchal de l'Hôpital, alors connu sous le nom de Du Hallier. Elle mourut en 1651.

DESESSARTS (N. LEMOYNE), bibliographe, né en 1744, mort en 1810, d'abord avocat, puis libraire, est auteur ou éditeur de volumineuses compilations, dont les plus connues sont : Causes célèbres, 1773-89, 196 vol. in-12; Bibliothèque de l'homme de goût, 1798, 3 vol. in-8 (refondu en 1808, avec Barbier); Siècles littéraires de la France, 1800-1803, 7 vol. in-8.

DESESSARTZ (Jean Charles), docteur régent de la faculté de Paris, membre de l'Institut, né en 1729 à Bragelogne (Aube), mort en 1811, devint en 1776 doyen de la faculté, il a donné : un Traité sur l'éducation corporelle des enfants en bas âge, 1760, qui servit à J. J. Rousseau dans la composition de son Émile; Discours sur les inhumations précipitées; Traité sur le croup, 1807; et une édit. des Fundamenta materiæ medicæ de Cartheuser, 1769.

DE SÈZE (Raym.), célèbre avocat, né à Bordeaux en 1748, d'une famille ancienne, mort en 1828; plaida d'abord dans sa ville natale ; fut appelé à Paris par le ministre Vergennes; défendit à son début la cause des filles d'Helvétius; fut choisi pour être le conseil de Marie-Antoinette dans l'affaire du Collier, fit acquitter Besenval, accusé de haute trahison (1789); fut désigné par Louis XVI, au refus de Target, pour être adjoint à ses défenseurs Tronchet et Malesherbes, et prononça avec courage la défense du roi devant la Convention, le 26 déc. 1792, fut par suite arrêté comme suspect, et ne sortit de prison qu'après le 9 thermidor. En 1815, il fut nommé président de la Cour de cassation et pair de France; il fut élu à l'Académie franç. en 1816, et fait comte en 1817.

DESFAUCHERETS (J. L. brousse), né à, Paris en 1742, mort en 1808, a donné plusieurs comédies qui brillent par l'esprit et la gaieté. La meilleure est le Mariage secret, 178G, en 3 actes et en vers, Il remplit avec intégrité des fonctions municipales pendant la Révolution et fut censeur sous l'Empire.

DESFONTAINES (P. guyot, abbé), critique, né à Rouen en 1685, mort à Paris en 1745, était fils d'un conseiller. Il entra d'abord chez les Jésuites, mais il les quitta en 1715. Il prit alors le rôle d'aristarque et publia, soit seul, soit avec Fréron, Grasset, etc., différents recueils périodiques, notamment le Journal des Savants, auquel il rendit quelque éclat; le Nouvelliste du Parnasse (1731); Observations sur les écrits modernes; Jugements sur les écrits nouveaux, 1745. Ses critiques pleines d'âpreté lui firent de nombreux ennemis ; le plus redoutable fut Voltaire, qui l'accabla d'épigrammes et même d'invectives. Il paraît, au reste, que l'abbé Desfontaines était un homme dépravé : il eut plusieurs aventures fort scandaleuses. On a de lui, outre les écrits périodiques déjà cités, une édition de la Henriade, avec la critique de ce poëme, 1728 ; un Dictionnaire néologique, 1726 ; la traduction de Gulliver, 1727 ; une traduction de Virgile, 1743, longtemps estimée, quoique fort prosaïque.

DESFONTAINES (G. Fr. FOUQUES DESHAYES, dit), écrivain, né à Caen en 1733, mort en 1825, avait été avant la Révolution censeur royal, secrétaire et bibliothécaire de Monsieur (Louis XVIII). Il coopéra à la publication de la Nouvelle Bibliothèque des romans, composa lui-même quelques romans, entre autres : Lettres de Sophie et du chevalier de***, 1765, et donna soit seul, soit en société avec Barré et Radet, un grand nombre de pièces dont les plus goûtées sont : la Cinquantaine ; la Dot ; le Droit du Seigneur ; Arlequin afficheur ; la Chaste Suzanne ; l'Amant statue ; la Fête de l'Égalité ; le Rêve; M. Durelief; Petit Voyage du vaudeville, etc. Il fut un des fondateurs des Dîners du Vaudeville et du Caveau.

DESFONTAINES (René LOUICHE), botaniste, né à Trembley (Ille-et-Vilaine) en 1750, mort en 1833, fut reçu membre de l'Académie des sciences en 1783, alla en Afrique pour étudier la flore des côtes de Barbarie, y resta jusqu'en 1786 et publia après son retour la Flore Atlantique, 1798, 2 vol. in-4, avec planches. On lui doit des observations nouvelles sur le dattier, le lotos de Libye, le chêne à glands doux, sur l'irritabilité des plantes ; l’Histoire des plantes et des arbrisseaux qui peuvent être cultivés en France en pleine terre, 1809 ; des Expériences sur la fécondation artificielle des plantes, 1831. Le premier il présenta l'organographie et la physique végétales comme devant être l'introduction nécessaire de la botanique.

DESFORGES (P. J. B. CHOUDARD), acteur et auteur, né à Paris en 1746, mort en 1806, joua d'abord à la Comédie-Italienne, fut engagé à St-Pétersbourg en 1779, revint à Paris en 1782, abandonna la scène et se livra dès lors tout entier à la littérature. Ses principales pièces sont : Tom Jones à Londres, 1782 ; la Femme jalouse, 1785 ; le Sourd ou l'Auberge pleine, Joconde, opéra-comique, 1790. Il a publié en 1798 des Mémoires où il affiche l'immoralité.

DESFORGES-MAILLARD (P.), poëte, né au Croisic en Bretagne en 1699, mort en 1772. Du fond de sa province, il adressait de mauvais vers au Mercure : le rédacteur du journal lui ayant signifié qu'il n'insérerait plus rien de lui, il imagina d'adresser ses poésies sous le nom d'une muse bretonne imaginaire, Mlle Malcrais de La Vigne. Elles furent dès ce moment reçues avec empressement ; le rédacteur s'éprit même d'une belle passion pour la nouvelle Sapho. Desforges mit un terme à cette mystification en se faisant connaître. Cette aventure a fourni à Piron le sujet de sa Métromanie. Les Poésies de Mlle Malcrais ont été publiées en 1735.

DESFOUL ou DESPOUL, v. de Perse (Khousistan), à 60 kil. O. de Chouster ; 15 000 hab. Étoffes de soie et de laine. Aux env., ruines d'une ville ancienne, qu'on croit être Suse ou Elymaïs.

DESGENETTES (René Nic. DUFRICHE, baron), médecin, né à Alençon en 1762, mort en 1837, fut dès 1793 médecin ordinaire à l'armée d'Italie, s'éleva bientôt au grade de médecin en chef, fit partie de l'expédition d’Égypte (1798), eut à combattre la peste à Jaffa, et ne craignit point, pour relever le courage du soldat, de s'inoculer le virus pestilentiel. Nommé à son retour professeur à la Faculté de Paris, il devint en 1804 inspecteur général du service de santé : il fit en cette qualité toutes les campagnes de l'Empire. Disgracié sous la Restauration, il devint en 1830 médecin en chef de l'hôtel des Invalides, place qu'il conserva jusqu'à sa mort. On lui doit une Histoire médicale de l'armée d'Orient, 1812, et des Essais de Biographie médicale, 1835.

DESGODETS (Antoine), architecte, né à Paris en 1653, mort en 1728, était contrôleur des bâtiments du roi. Il fut reçu à l'Académie d'architecture en 1694 et y devint professeur en 1719. Il publia par ordre de Colbert les Édifices antiques de Rome, dessinés et mesurés très-exactement, 1682, in-fol. On a aussi de lui un traité des Lois des bâtiments (1748, avec des notes de Goupy), ouvrage souvent réimprimé et qui fait encore autorité.

DESHAUTERAYES (Michel Ange André 1erOUX), orientaliste, né à Conflans-Ste-Honorine vers 1724, m. en 1795, était neveu d'E. Fourmont, qui lui enseigna l'hébreu, le syriaque et l'arabe. Il fut nommé interprète à la bibliothèque du roi et professeur d'arabe au Collége royal, où il enseigna 32 ans. Il a publié l’Histoire générale de la Chine, 1777-84, trad. du chinois par le P. de Mailla, et a formé de savants élèves.

DESHAYES (Louis), baron de Courmenin, né à la fin du XVIe siècle, fut chargé par Louis XIII de plusieurs missions dans le Levant, en Danemark, en Perse et en Moscovie. Étant entré dans une conspiration contre le cardinal Richelieu, il fut arrêté et décapité à Béziers, 1632. On a publié sous son nom : Voyage du Levant, fait par le commandement du roi en 1621, Paris, 1624, Voyages au Danemark, 1664.

DESHOULIÈRES (Antoinette DU LIGIER DE LA GARDE, dame), femme remarquable à la fois par son esprit et par sa beauté, née à Paris en 1633 ou 34, morte en 1694, épousa en 1651 G. de Lafon de Boisguérin, seigneur Deshoulières, officier distingué, qui avait suivi la fortune du grand Condé et qui mourut en 1693, la laissant sans fortune. Elle était liée avec les deux Corneille, avec Fléchier, Mascaron, Pélisson, etc. Ses contemporains la surnommèrent la Dixième Muse, la Calliope française. Mme Deshoulières s'essaya dans presque tous les genres, depuis la chanson jusqu'à la tragédie ; mais elle ne réussit que dans l'idylle et l'églogue. On a surtout admiré son idylle des Moutons, touchante allégorie où elle déplore en beaux vers le sort de ses enfants qui avaient perdu leur père. Une des meilleures éditions de ses Œuvres est celle de Crapelet, Paris, 1799, 2 vol. in-8.

DESIMA, c.-à-d. île avancée, îlot artificiel du Japon, au S. O. de la v. de Nagasaki, avec laquelle il communique par un pont. Résidence des Hollandais qui font commerce avec le Japon.

DESIO, bourg de Lombardie, à 17 k. N. de Milan ; 2200 hab. Les Visconti y remportèrent sur les Torriani en 1277 une vict. qui leur assura le duché de Milan.

DÉSIRADE (la), une des Petites-Antilles françaises, à 9 k. N. E. de la Guadeloupe, n'a que 17 k. sur 9, et 1250 h. Cette île est d'origine volcanique. Elle fut découverte par Colomb en 1493. Les Français s'y établirent les premiers. Les Anglais s'en emparèrent en 1762 et pendant la Révolution ; ils la rendirent en 1815.

DÉSIRÉ (S.), Desideratas, Desiderius. V. DIDIER.

DESJARDINS (Martin BOGAERT), sculpteur, né à Bréda (Hollande), en 1640, mort à Paris en 1694, devint recteur de l'Académie de sculpture, 1686. Il se rendit célèbre par ses monuments en bronze : c'est lui qui exécuta en 1686 le beau monument de la place des Victoires, à Paris, où Louis XIV était représenté couronné par la Victoire, et tenant sous ses pieds Cerbère, dont les trois têtes figuraient trois nations vaincues. Ce monument, qui avait été commandé par La Feuillade, a été brisé dans la Révolution.

DESLANDES (André Franç. BOUREAU), né à Pondichéry en 1690, mort à Paris en 1757, fut commissaire de la marine, puis se démit de ses fonctions pour cultiver les lettres. Il a laissé entre autres ouvrages : Histoire critique de la philosophie, 1737 et 1756, ouvrage médiocre et superficiel ; Essai sur la marine et le commerce, 1743 ; Essai sur la marine des anciens, 1748 ; Des différents degrés de la certitude morale, 1750, etc. il affectait l'incrédulité.

DESLAURIERS, acteur. V. BRUSCAMBILLE. DESLON (Charles), médecin de la Faculté de Paris, mort jeune en 1786, fut un des plus zélés défenseurs du système de Mesmer, dont il avait suivi les leçons ; il a composé quelques ouvrages sur le Magnétisme animal, publiés de 1780 à 1782.

DESMAHIS (Ed. de CORSEMBLEU), poëte, né à Sully-sur-Loire en 1722, mort en 1761, se fit d'abord connaître, sous les auspices de Voltaire, par des pièces fugitives, dont les plus estimées sont le Voyage de St-Germain, l’Heureux amant qui sait te plaire, et fit jouer en 1750 l’Impertinent, comédie en un acte, qui pétille d'esprit, mais qui manque d'action. On a recueilli ses Œuvres en 2 vol. in-12, 1778.

DESMAISEAUX (Pierre), né en Auvergne en 1666, mort en 1745 à Londres, membre de la Société royale de cette ville, était lié avec Bayle et St-Évremond. Il est l'auteur, l'éditeur ou le traducteur d'un grand nombre d'ouvrages qui intéressent l'histoire littéraire, tels que : Vie de Boileau, 1712 ; Recueil de plusieurs pièces de J. Locke, 1720 ; Recueil de diverses pièces sur la philosophie, par Leibnitz, Clarke et Newton, 1720 ; Vie de St-Évremond; Œuvres diverses de Bayle, 1727 ; Lettres de Bayle, 1729 ; Vie de Bayle, 1732 ; Scaligerana, Thuana, etc.

DESMARAIS (RÉGNIER-). V. RÉGNIER.

DESMARES (Jos.), oratorien, né à Vire en 1599, mort en 1669, était janséniste et fut toute sa vie inquiété pour ses opinions. C'était un des meilleurs prédicateurs du temps ; Boileau a dit de lui :

Desmares dans St-Roch n'aurait pas mieux prêché.

Il publia un grand nombre d'ouvrages de controverse, oubliés aujourd'hui.

DESMARETS (Jean), avocat général au parlement de Paris, fut l'un des plénipotentiaires qui signèrent le traité de Brétigny (1360), et le seul magistrat qui osa rester dans Paris lors de la révolte des Maillotins, 1381. Il avait refusé en 1359 l'entrée de la ville à l'évêque de Laon et aux partisans du roi de Navarre : il se fit ainsi de nombreux ennemis, qui le calomnièrent auprès de Charles VI ; ce prince le fit décapiter en 1382, lors de son retour à Paris.

DESMARETS DE ST-SORLIN, l'un des premiers membres de l'Académie française, né à Paris en 1596, mort en 1676, travailla d'abord pour le théâtre et donna plusieurs pièces, entre autres les Visionnaires, qui eurent du succès, grâce à la faveur de Richelieu ; puis, passant tout à coup d'un relâchement extrême à une dévotion outrée, il tomba dans une espèce de folie fanatique, et proposa au roi dans un écrit apocalyptique, intitulé Avis du St-Esprit, de lever une armée pour exterminer les hérétiques. Il est surtout connu par le poëme intitulé Clovis ou la France chrétienne, qui fut beaucoup loué par Chapelain et que Boileau a livré au ridicule. Ce poëme, publié d'abord en 26 chants (1657), fut refondu par l'auteur et réduit à 20 chants dans une édition de 1673. Dans la querelle des anciens et des modernes, Desmarets se montra un des plus acharnés contre les anciens.

DESMARETS (Nic.), contrôleur général des finances, né vers 1650, mort en 1721, était neveu de Colbert, et père du maréchal de Maillebois. Il succéda en 1708 à Chamillard, remit l'ordre dans les finances, et se fit estimer pour sa modestie, son intégrité et son urbanité. Injustement attaqué après la mort de Louis XIV (1715), il rédigea pour se défendre un Mémoire sur l'administration des finances depuis le 20 fév. 1708 jusqu'en 1715.

DESMARETS (Nic.), physicien, membre de l'Académie des sciences, né en 1725 à Soulaines en Champagne, mort en 1815, exerça de 1757 à 1792 les fonctions d'inspecteur général des manufactures. Il a publié en grande partie le Dictionnaire de géographie physique, dans l’Encyclopédie méthodique, 1798-1828, 5 vol. in-4. On lui doit un grand nombre de mémoires, parmi lesquels nous citerons ceux qu'il a écrits : Sur l'origine et la nature du basalte, Sur la constitution physique de la colline de Montmartre. Il a rédigé des Notes sur les Questions naturelles de Sénèque, pour la traduction de Lagrange.

DESMASURES (L.), poëte, né à Tournay vers 1523, mort à Metz en 1580, était pasteur protestant dans cette ville. Il est l'auteur d'une trad. en vers de l’Énéide (1560), de tragédies saintes : David combattant ; David triomphant ; David fugitif, 1565, et de quelques autres poésies françaises et latines.

DESMICHELS (le général), né à Digne en 1779, m. en 1845, avait fait avec distinction la plupart des campagnes de la République et de l'Empire. Envoyé en 1833 en Algérie, il prit le gouvernement d'Oran, battit la tribu des Garabas et Abd-el-Kader lui-même, s'empara de Mostaganem et d'Arzew ; mais, au retour d'une expédition contre les Smélas, il fut si vivement pressé par les Arabes qu'il signa, le 26 février 1834, le traité désavantageux d'Oran, qui le fit momentanément disgracier. Néanmoins, il fut dès l'année suivante élevé au grade de général de division et chargé du gouvernement de la Corse.

DESMOLETS (P. Nic.), oratorien, né en 1678, mort en 1760, a donné des éd. et des recueils faits avec soin, entre autres : le 2e vol. de l’Historia ecclesiæ parisiensis, du P. Gérard Dubois, 1710 ; divers Traités du P. Lami, 1720 ; une éd. de la Bibliotheca sacra du P. Lelong, 1723 ; 2 vol. in-fol. Il a dirigé la suite des Mémoires de littérature et d'histoire de Sallengre, 1726, 11 vol. in-12, et l'éd. de l’Histoire de l'empire ottoman, par Jonquières, 1743.

DESMOULINS (Camille), conventionnel, né à Guise (Aisne) en 1760, fils d'un magistrat de cette ville, était avocat à Paris lorsqu'éclata la Révolution. Il en adopta les principes avec chaleur et fut un des principaux orateurs du club des Cordeliers. Le 12 juillet 1789, lendemain du renvoi de Necker, il harangua la multitude au Palais-Royal, et, après avoir donné aux insurgés une feuille verte pour signe de ralliement, il entraîna à la Bastille cette armée improvisée qui le 14 juillet força les murailles de la forteresse. De 1789 a 1791 Desmoulins rédigea avec une extrême vigueur de pensée et de style un journal intitulé : Révolutions de France et de Brabant ; en 1792 il fut nommé député à la Convention. Il s'y lia avec Danton, vota comme lui toutes les mesures violentes qui furent prises à cette époque ; mais comme lui il chercha à arrêter l'effusion du sang aussitôt qu'il pensa qu'elle n'était plus nécessaire. Il publia même dans ce sens, vers la fin de 1793, quelques numéros d'un nouveau journal intitulé : le Vieux Cordelier. Sa perte fut dès ce moment résolue par Robespierre, alors tout-puissant : il fut jugé avec Danton, condamné sans avoir été entendu, et monta sur l'échafaud le 5 avril 1794. Sa femme, à peine âgée de 23 ans, y porta elle-même sa tête huit jours après, accusée d'avoir voulu le délivrer. Ses Œuvres ont été recueillies en 1828 ; sa Correspondance en 1846. Ed. Fleury a publié une Étude sur C. Desmoulins.

DESNA, riv. de Russie, sort du gouvt de Smolensk, traverse ceux d'Orel et de Tchernigov, et tombe dans le Dniepr à 9 k. de Kiev, après un cours d'env. 800 k.

DESNOYERS (L. BOUCHER), graveur, né à Paris en 1779, mort en 1857, étudia le dessin sous Lethière, la gravure sous Alex. Tardieu, et publia depuis 1796 une foule d'œuvres remarquables qui lui valurent, avec l'aisance, un fauteuil à l'Académie des beaux-arts (1816), et les titres de premier graveur du roi (1825) et de baron (1828). Ses Vierges de Raphaël surtout eurent un grand succès.

DÉSOLATION (île de la). V. KERGUELEN.

DESOTEUX (Franç.), médecin, né en 1724 à Boulogne-sur-Mer, mort en 1803, devint en 1760 chirurgien-major du régiment du roi et fit établir par Louis XVI l'école de chirurgie militaire de Paris. Il donna en 1801 un Traité historique sur l'Inoculation, et combattit les adversaires de cette découverte.

DESPAUTÈRE (J.), en flamand, Van Pauteren, grammairien, né vers 1460 à Ninove (Brabant), m. à Commines en 1524, professa successivement à Louvain et à Bois-Ie-Duc. On a de lui une Grammaire latine, Commentarii grammatici, Paris, 1537, in-fol., qui malgré ses nombreuses imperfections, a été longtemps classique dans les écoles.

DESPÉRIERS (Bonaventure), écrivain français, né à Arnay-le-Duc en Bourgogne, était valet de chambre de Marguerite de Valois, sœur de François I. On croit qu'il se donna la mort en 1544. On a de lui : Cymbalum Mundi ou Dialogues satiriques sur différents sujets (1537) où éclate un scepticisme effréné; Nouvelles récréations et joyeux devis. Ses Œuvres ont été publiées en 1544 et rééditées en 1858, par L. Lacour, 2 vol. in-16.

DESPORTES (Phil.), poëte et abbé, né à Chartres en 1546, m. en 1606, était oncle du poëte Régnier. Il s'attacha au duc d'Anjou, qu'il suivit en Pologne, et fut comblé de bienfaits par ce prince devenu roi (Henri III); il en reçut plusieurs abbayes qui lui formaient un revenu de 10 000 écus. Boileau, dans son Art poétique, lui donne le même éloge qu'à Bertaut (V. ce nom). Ses Poésies, en partie galantes, en partie dévotes, 1575-1591, eurent un grand succès : il y imite avec bonheur Marot et les poëtes italiens. M. A. Michiels a réimprimé ses Œuvres, 1858, avec notes. M. P. Gaudin a donné en 1862 ses Chefs-d'œuvre.

DESPORTES (Franç.), peintre français, né en 1661 à Champigneul (Marne), mort à Paris en 1743, excella surtout dans la peinture des animaux et des chasses. Il fut reçu à l'académie de peinture en 1699. Le musée du Louvre possède son portrait peint par lui-même et plusieurs de ses meilleurs tableaux.

DESPOTO-DAGH, le mont Rhodope, chaîne de mont. de la Roumélie, se rattache au Balkan et s'étend entre les sandjakats de Sophia et de Gallipoli jusqu'à la Maritza, sur une longueur de 270 kil.

DESPOUL, v. de Perse. V. DESFOUL.

DESPRÉAUX, V. BOILEAU et COUSIN.

DESPRETZ (César Mansuète), physicien français, né à Lessines (Hainaut), mort en 1863, vint jeune à Paris pour étudier la physique et la chimie, professa à l'École polytechnique et à la Faculté des sciences, et devint membre de l'Académie des sciences, pour laquelle il a fait de savants Mémoires. Il a publié de bons Traités de physique et de chimie, et attaché son nom à la cristallisation du charbon.

DESROCHES (J. B.), né à la Rochelle, mort en 1766, aida Bruzen de La Martinière dans la composition de son Dictionnaire géographique, traduisit l’Hist. de Suède, de Pufendorf, la continua jusqu'en 1730, et donna lui-même une Hist. du Danemark, 1730, et une Hist. de Pologne sous Auguste II, 1733.

DESRUES (Ant. Fr.), empoisonneur, était marchand épicier à Paris. Il s'enrichit par des escroqueries et des crimes, et sut par son hypocrisie se faire une telle réputation de vertu que pendant longtemps on ne put le soupçonner. S'étant fait vendre par M. de La Motte, écuyer du roi, la terre de Buisson-Soëf, qu'il devait payer 130 000 fr., il résolut de faire mourir toute la famille de son créancier afin de s'emparer du bien sans rien débourser : il avait déjà empoisonné la femme et le fils, lorsque son crime fut découvert. Il fut roué vif en 1777.

DESSAIX (Jos. Marie), général, né à Thonon en Savoie, en 1764, mort en 1834, avait d'abord étudié la médecine. En 1792, il proposa à la Convention la création de la légion des Allobroges : il fut envoyé à Grenoble pour l'organiser et en eut le commandement. Il fut en 1803 élevé au rang de général de brigade, et en 1809 à celui de général de division. Il avait fait avec éclat les campagnes d'Italie et d'Allemagne ; il fit aussi celle de Russie et perdit un bras à la Moskowa. Chargé en 1814 de défendre une partie des Alpes, il repoussa les Autrichiens et mérita par sa bravoure d'être surnommé le Bayard de la Savoie. Il quitta la France en 1816 et se retira d'abord en Suisse, puis en Piémont, où il fut arrêté par ordre du roi de Sardaigne. Rendu à la liberté au bout de cinq mois, il vécut dans la retraite jusqu'en 1830, époque à laquelle il fut appelé au commandement de la garde nationale de Lyon. — V. DESAIX.

DESSALINES (Jacq.), 1er empereur d'Haïti, né en 1758 aux Cormiers (Haïti), était noir et fut d'abord esclave à St-Domingue. Dans les troubles de l'île, il devint lieutenant de Toussaint Louverture, et combattit le général mulâtre Rigaud et le général français Leclerc, 1802; mais après la déportation de Toussaint, il se soumit à la France. S'étant insurgé peu après, il se retira au N. de l'île; il réussit à repousser Rochambeau dans le sanglant combat de St-Marc. Alors il se fit déclarer empereur sous le nom de Jacques I (1804) ; mais son gouvt ayant bientôt dégénéré en une tyrannie insupportable, les généraux Christophe et Pétion se révoltèrent : en marchant contre eux, il périt dans une embuscade, 1806.

DESSAU, capit. du duché d'Anhalt-Dessau,, sur la Mülde, près de son confluent avec l'Elbe, à 120 kil. S. O. de Berlin; 15 000 hab. Elle est divisée en trois parties: vieille ville, ville neuve, Sand. Station du ch. de fer de Berlin à Leipsick. Château du prince, nouvelle chancellerie, manège, arsenal, observatoire, galerie de tableaux. Maison d'orphelins, célèbre institut pédagogique dit Philanthropinon (V. BASEDOW). Draps, bonneterie, chapeaux, passementerie, fabrique de tabac; banque, fondée en 1847; commerce de grains. Patrie de Moïse Mendelssohn. Aux env., jolis châteaux des ducs, beau parc de Wœrlitz, sépulture ducale, Stieglizberg, digue de l'Elbe. Wallenstein battit Mansfeld au pont de Dessau, 1626. — V. ANHALT.

DESSOLES (le marquis), général, né à Auch en 1767, mort en 1828, fit sous Bonaparte la campagne d'Italie, se distingua dans la Valteline contre les Autrichiens (1800), commanda en Espagne et en Russie, se prononça en 1814 en faveur des Bourbons, fut nommé pair et major général des gardes nationales, et devint en 1818 ministre et président du conseil; mais il se retira deux mois après, dégoûté des exigences du parti réactionnaire. Il se montra toujours depuis partisan des libertés publiques.

DESTIN, Fatum, divinité aveugle des païens, n'est autre chose que cette fatale nécessité suivant laquelle tout arrive dans le monde. Toutes les autres divinités étaient soumises au Destin, et rien ne pouvait changer ce qu'il avait résolu. On le représentait ayant sous ses pieds le globe de la terre, et tenant dans ses mains l'urne qui renferme le sort des mortels.

DESTOUCHES (Ph. NÉRICAULT), auteur comique, né à Tours en 1680, mort à Paris en 1754, fut dans sa jeunesse acteur, puis militaire, s'attacha enfin à Puysieux, ambassadeur en Suisse, qui le fit entrer dans la diplomatie. Tout en travaillant pour le théâtre, il remplit avec succès plusieurs missions importantes, particulièrement en Angleterre où il accompagna le cardinal Dubois (1717). Après la mort du Régent, il se consacra tout entier aux lettres. Il fut reçu à l'Académie en 1723. Sa 1re pièce fut le Curieux impertinent, comédie en 5 actes et en vers, qu'il composa en Suisse (1709); il donna ensuite l'Ingrat, l'Irrésolu, le Médisant (1715), le Triple Mariage, l'Obstacle imprévu, le Philosophe marié (1727), le Glorieux (1732), le Dissipateur (1736), imité du Timon de Shakespeare, etc. Il laissa en manuscrit plusieurs pièces dont deux furent jouées avec succès après sa mort : la Fausse Agnès (1759), et le Tambour nocturne (1762). Ses chefs-d'œuvre sont le Philosophe marié et le Glorieux, tous deux en 5 actes et en vers. Destouches est un de nos bons comiques du second ordre ; on lui reproche de manquer de gaieté et de naturel. A la fin de sa vie, il ne s'occupa que de théologie et écrivit contre les philosophes. Les meilleures éditions de ses Œuvres ont été publiées par son fils en 1757, 4 vol. in-4, et par Crapelet, 1822, 6 v. in-8. Auger a donné en 1810 un choix de ses pièces, 2 vol. in-18.

DESTOUCHES (L. Camus), dit Destouches-Canon, officier distingué d'artillerie 1668-1726, devint eu 1720 contrôleur général de l'artillerie. Adonné au plaisir, il eut avec Mme de Tencin une liaison secrète dont le célèbre d'Alembert fut le fruit.

DESTRÉES (l'abbé Jacq.), critique, né à Reims vers 1700, était prieur de Neufville. Il fut le collaborateur de l'abbé Desfontaines. Il a publié avec lui et Fréron : Observations sur les écrits modernes, 1735 et ann. suiv., 34 vol. in-12; le Contrôleur du Parnasse, Berne, 1745, 3 vol. in-12. On a aussi de lui : Mémorial de chronologie généalogique et historique, de 1752 à 1755, et l'Europe vivante et mourante, 1759-60, sans nom d'auteur : c'est la continuation de l'ouvrage précédent. — V. ESTRÉES.

DESTUTT-TRACY. V. TRACY.

DES VIGNES (Pierre), Petrus a Vineis, chancelier de Frédéric II, né à Capoue vers 1190, d'une famille pauvre, s'éleva par son savoir et ses talents, acquit le plus grand crédit sous l'empereur Frédéric II, améliora la législation et l'administration; excita Frédéric à se rendre indépendant des papes, et indisposa vivement par cette conduite la cour de Rome. Frédéric finit pourtant par se croire trahi par lui, l'accusa d'avoir voulu l'empoisonner, et ordonna de lui crever les yeux : Pierre Des Vignes, dans son désespoir, se brisa la tête contre les murs de sa prison (1246). On pensa généralement qu'il était innocent. On a sous son nom un recueil de Lettres, publ. pour la 1re fois en 1566, et souvent réimpr. ; mais l'authenticité de la plupart est contestée. M. Durand a écrit : P. Des Vignes, sa biographie, ses lettres, 1848.

DES VIGNOLES (Alph.), savant chronologiste, né en 1649 au château d'Aubais (Gard), mort en 1744, fut d'abord ministre protestant, émigra à la révocation de l'édit de Nantes, séjourna successivement à Genève, à Lausanne, à Berne et à Berlin, où il obtint une cure avantageuse; fut nommé en 1701 membre, puis directeur de l'Académie de Berlin (1721), et prit la plus grande part à la rédaction de la Bibliothèque germanique. On a de lui : Chronologie de l'histoire sainte et des histoires étrangères depuis la sortie d’Égypte jusqu'à la captivité de Babylone, Berlin, 1738, 2 vol. in-4, ouvrage plein d'érudition et qui fait encore autorité.

DESVRES, ch.-l. de c. (Pas-de-Calais), à 18 k. S. E. de Boulogne; 2750 h. Gros draps, faïence, tanneries.

DES YVETEAUX (Nicolas VAUQUELIN, seigneur), poëte épicurien, né en 1567, près de Falaise, d'une famille noble et ancienne, mort en 1649, fut lieutenant général au bailliage de Caen, vint à Paris dans les dernières années de Henri IV, et fut précepteur du duc de Vendôme, fils naturel du roi et de Gabrielle, puis du Dauphin (Louis XIII) ; mais les désordres d'une vie licencieuse le firent éloigner de la cour en 1611. On a de lui un poëme intitulé : De l'Institution du prince, composé pour le duc de Vendôme, des Stances, des Sonnets et autres pièces de vers. Ses Œuvres poétiques ont été réunies pour la 1re fois par Pr. Blanchemain, Paris, 1854, gr. in-8.

DETMOLD, capit. de la principauté de Lippe-Detmold, à 90 kil. S. O. de Hanovre, sur la Werra; 4000 hab. Toiles, tanneries. Aux env., carrières de marbre et de gypse.

DÉTROIT, v. des États-Unis (Michigan), sur le Detroit-River, entre le lac St-Clair et le lac Erié, à 600 kil. N. O. de Washington ; 35 000 hab. Évêché catholique. Belle cathédrale, arsenal, entrepôt d'artillerie, belles casernes, lycée, banque, etc. Commerce actif avec l'Ohio, la Pensylvanie, l’État de New-York et les postes militaires du lac Supérieur. — Les Français fondèrent cette ville en 1683 sous le nom de Fort-Pontchartrain ; les Anglais la leur enlevèrent en 1759 et la conservèrent jusqu'en 1795, époque où elle fut cédée aux États-Unis.

DÉTROIT-RIVER. V. SAINT-CLAIR (détroit de).

DÉTROITS (traité des), traité conclu le 13 juill. 1841 entre l'Angleterre, l'Autriche, la France, la Prusse, la Russie et la Turquie, par lequel le sultan s'engageait à fermer à toutes les nations indistinctement le Bosphore et les Dardanelles, révoquant le privilège accordé à la Russie par le traité d'Unkiar-Skelessi.

DETTINGEN, vge de Bavière (Bas-Mein), à 14 k. N. O. d'Aschaffenbourg, sur le Mein ; 500 hab. Vict. des Anglo-Autrichiens, commandés par George II sur les Français, conduits par le maréchal de Noailles, 1743.

DEUCALION, ancien roi de Thessalie, était, selon la Fable, fils de Prométhée et mari de Pyrrha. Sous son règne eut lieu le déluge qui porte son nom, et que l'on place en 1600 ou 1500 av. J.-C. Deucalion et Pyrrha, conservés seuls à cause de leur justice, se réfugièrent sur le Parnasse et reçurent de l'oracle de Thémis l'ordre de jeter derrière eux les os de leur grand'mère afin de repeupler la terre. Comprenant qu'il s'agissait de la terre, dont les pierres sont les os, ils ramassèrent, des pierres et les jetèrent derrière eux : celles que jetait Deucalion se changèrent en hommes; et celles que jetait Pyrrha, en femmes. Cette fable paraît fondée sur le double sens du mot grec laos, qui signifie à la fois pierre et peuple. Deucalion fut père d'Hellen et d'Amphictyon.

DEULE, riv. de France, naît dans le Pas-de-Calais, arrose Lens, Lille, Quesnoy et s'unit à la Lys. — Le Canal de la Deule commence à 2 kil. N. de Douai, et joint la Scarpe à la Lys après avoir reçu par le canal de Lens les eaux de la Deule ; 73 kil.

DEUTÉRONOME, le Ve livre du Pentateuque, contient ce qui s'est passé dans le désert pendant la 40e année à partir de la sortie d’Égypte, et récapitule les prescriptions de Moïse; d'où son nom, qui veut dire en grec : loi donnée une 2e fois. On en faisait lecture au peuple tous les sept ans à la fête des Tabernacles.

DEUTZ, v. forte des États prussiens (prov. Rhénane), sur le Rhin, riv. dr., vis-à-vis de Cologne, avec laquelle elle communique par un pont de bateaux et dont elle est comme le faubourg; 4000 hab., en partie Juifs. Cette v. souffrit beaucoup de la guerre de Trente ans. Ses fortifications, détruites à la paix de Nimègue (1678), furent relevées en 1816.

DEUX-AMANTS (la Côte des), au confluent de la Seine et de l'Andelle (Eure), tire son nom, selon la tradition, de ce que deux amants, contrariés dans leur projet d'union, se donnèrent la mort en se précipitant de son sommet.

DEUX-PONTS, Zweybrücken en allemand, Bipontum ou Bipontium en latin moderne, ville de la Bavière (cercle du Rhin), ch.-l. de district, sur l'Erlbach, à 77 kil. O. de Spire; 8000 hab. Imprimerie renommée, de laquelle est sortie, entre autres éditions, une célèbre collection des classiques latins, connue sous le nom de Collection des Deux-Ponts, publiée à la fin du siècle dernier et au commencement de celui-ci. Fabriques de mousseline et de lainages, usines, haras célèbre. Cette ville était jadis ch.-l. de la principauté de deux-Ponts.

DEUX-PONTS (Principauté de). Cette principauté, dont les limites ont souvent varié, se composait de la v. de Deux-Ponts et de celles d'Anweiler et de Berg-Zabern avec leurs env.; plus tard elle s'accrut du comté de Spanheim et de la plus grande partie de celui de Veldenz. — Son existence date du XIIIe s. ; à cette époque elle portait le titre de comté et appartenait à des seigneurs vassaux de l'évêque de Metz. En 1390, cette 1re maison s'étant éteinte, le comté passa, d'abord par moitié, au comte palatin du Rhin de la maison de Wittelsbach, et au comte de Hanau, Philippe V; mais bientôt après, tout le comté fut réuni par Louis le Noir, comte palatin, mort en 1489, et 2e fils d’Étienne, électeur palatin du Rhin. Louis prit le premier le titre de duc. Les descendants de ce prince se partagèrent en plusieurs branches, dont les plus importantes sont celles de Deux-Ponts proprement dite, érigée en principauté, de Neubourg, et de Birkenfeld. La 1re s'éteignit au XVIIIe siècle, après avoir fourni 4 électeurs palatins. La 2e donna trois rois à la Suède : Charles X (Charles-Gustave), élu après l'abdication de Christine, 1654, Charles XI et Charles XII. Celui-ci étant mort sans enfants, 1718, la principauté de Deux-Ponts passa à la branche des Birkenfeld, 1731, à laquelle appartient Charles Théodore, électeur palatin, et souverain de la Bavière (1777), tige de la maison de Bavière auj. régnante. Les Français s'emparèrent en 1792 de la principauté de Deux-Ponts; après le traité de Lunéville ils la comprirent dans le dép. du Mont-Tonnerre; ils la perdirent en 1814, et la plus grande partie fut donnée à la Bavière ; le reste fut partagé entre les ducs de Saxe-Cobourg, de Hesse-Hombourg et d'Oldenbourg.

DEUX-ROSES (Guerre des). V. ROSES.

DEUX-SÈVRES (Dép. des). V. SÈVRES.

DEUX-SICILES (Roy. des). V. NAPLES et SICILE.

DEVA, fl. et v. de la Bretagne romaine : c'est auj. la riv. de Dee et la v. de Chester. — Riv. d'Espagne (Guipuscoa). Pélage, roi des Asturies, y battit les Arabes en 719. — V. maritime d'Espagne (Guipuscoa), à 27 k. O. de St Sébastien, à l'emb. de la Deva dans le golfe de Gascogne ; 3000 hab. Importante autrefois.

DEVA, Decidava, bourg de Transylvanie, ch.-l. du comitat de Hunyad, sur le Maros, à 100 k. S. E. de Klausenbourg ; 4000 hab.

DEVANA, nom latin de la ville d'ABERDEEN.

DEVAPRYAGA (c.-à-d. le divin confluent), v. de l'Inde anglaise (Calcutta), dans le district de Sirinagor, au confluent des fleuves Alakananda et Bagirathi, qui en se réunissant forment le Gange ; env. 1500 hab. C'est une des cinq cités saintes des Bramines ; temple fort ancien, où se font de nombreux pèlerinages. Presque toute la population permanente est composée de brahmes.

DEVENTER, ville de Hollande (Over-Yssel), sur l'Yssel, à 30 k. S. de Zwoll ; 16 000 h. Rues étroites, bel hôtel de ville, beau pont. Athénée, académie de dessin, écoles diverses. Fonderie de fer ; pain d'épices renommé. Patrie de Gronovius. Deventer eut de 1559 à 1591 un évêché catholique et fut longtemps la capitale de l'Over-Yssel.

DÉVEREUX, famille noble de l'Angleterre, dont l'origine remonte à la conquête normande, paraît tirer son nom de la v. d'Évreux en Normandie. Elle a fourni plusieurs comtes d'Essex (V. ESSEX), et plusieurs vicomtes d'Hereford.

DEVÉRIA (Achille), peintre, élève de Girodet, né à Paris en 1800, mort en 1857, s'exerça dans les genres divers. On lui doit plusieurs tableaux religieux, et des aquarelles fort recherchées. Il est le 1er qui ait su appliquer la couleur à la lithographie.

DEVILLE (Ant.), ingénieur, né à Toulouse en 1596, m. en 1657, fut chargé par Louis XIII de défendre les places fortes de la Picardie contre les Espagnols. On lui attribue une grande part dans la construction de la fameuse machine de Marly (V. RENNEQUIN). Il a laissé plusieurs ouvrages estimés, entre autres l'exposé d'un système de fortification (1672, avec 63 pl.).

DÉVILLE-LÈS-ROUEN, village de la Seine-Inf., à 3 k. O de Rouen, sur le Cailly ; 3916 h. Toiles peintes, plomb laminé ; filatures, teintureries, blanchisseries.

DEVINS, V. DIVINATION au Dict. univ. des Sciences.

DÉVOLUTION (Guerre de). On donne ce nom à la guerre que Louis XIV déclara à l'Espagne en 1667 pour faire valoir les prétentions qu'il formait au nom de Marie-Thérèse, son épouse, sur une partie des Pays-Bas espagnols. Ces prétentions étaient fondées sur le droit de dévolution en usage dans les Pays-Bas, et qui voulait que les immeubles apportés en mariage par l'un des époux devinssent la propriété des enfants du premier lit lorsque le père ou la mère contractaient un second mariage. Or, Marie-Thérèse était fille du premier lit de Philippe IV, tandis que Charles II, successeur de ce prince, était né du second lit. Cette guerre fut terminée par le traité de paix d'Aix-la-Chapelle (2 mai 1668), par lequel l'Espagne cédait à la France presque toute la Flandre.

DEVON, DEVONSHIRE, comté méridional de l'Angleterre, borné à l'O. par le comté de Cornouailles, à l'E. par celui de Dorset, au S. par la Manche, au N. et au N. O. par le canal de Bristol : 115 kil. sur 100 ; 491 000 h. ; ch.-l., Exeter. Sol plat en général ; quelques vallées. Climat doux, moins humide que dans les comtés environnants ; tout le S. est un pays charmant ; cependant les habitants sont sujets à une maladie endémique dite colique du Devon. Marbre, gypse, houille, plomb, étain, cuivre, fer, un peu d'or et d'argent. Rivières poissonneuses, grands bancs d'huîtres. Moutons, bœufs estimés. — Ce comté, anciennement habité par les Dumnonii, fit partie du roy. de Wessex. Il a donné son nom à deux familles nobles d'Angleterre, dont l'une a pris le titre de comtes de Devon et l'autre de comtes de Devonshire.

DEVON SEPTENTRIONAL, contrée peu connue de l'Amérique du Nord, fait partie des Terres Arctiques anglaises. Ce ne sont que des îles glacées et inhabitées, comprises entre 75°-77° lat. N. et 80°-95° long. O.

DEVON (comtes de), illustre famille d'Angleterre issue de la maison française des Courtenay. Hugh, 5e baron de Courtenay, fut le premier membre de cette famille qui porta le titre de comte de Devon (1335). Dans la guerre des Deux-Roses, Thomas de Devon périt sur l'échafaud, en 1466 ; son frère John fut tué à la bataille de Tewkesbury, 1471. Après leur mort, le titre passa à une branche collatérale ayant pour chef sir Édouard de Courtenay de Boconnoc ; mais cette branche cessa de le porter en 1656. Il a été repris en 1768 par W. Courtenay, baronnet d'Irlande et pair d'Angleterre.

DEVONPORT, v. et port du comté de Devon, à l'emb. du Tamar dans la Manche, à l'O. de Plymouth, et contiguë à cette ville ; 45 000 hab. Avant 1824, Devonport n'était qu'un faubourg de Plymouth ; il a dû son accroissement rapide à la création de son port et de ses immenses docks, ainsi qu'à celle de vastes chantiers de construction.

DEVONSHIRE, comté d'Angleterre. V. DEVON.

DEVONSHIRE (ducs de), titre que porte depuis 1618 la famille des Cavendish, a été emprunté au comté de Devon, mais diffère de celui des comtes de Devon.

DEVONSHIRE (Georgina SPENCER, duchesse de), célèbre par sa beauté et son esprit, née à Londres vers 1746, morte en 1806, était fille du comte Spencer, et épousa en 1774 W. Cavendish, duc de Devonshire. Elle se mêla aux luttes politiques, soutint Fox, et écrivit plusieurs poésies, dont la principale est le Passage du mont St-Gothard, trad. par Delille, 1802.

DEVRIENT (Dan. Louis), acteur allemand, né à Berlin en 1784, mort en 1833, quitta l'état de passementier pour la scène, entra au théâtre de Berlin en 1814, et y joua jusqu'à sa mort. Il créa plusieurs rôles, dont le plus important est celui de Franz dans les Brigands de Schiller, et fit goûter aux Allemands les pièces de Shakespeare.

DEVRIGHI, Nicopolis, v. de Turquie d'Asie (Caramanie), ch.-l. de livah, à 142 kil. S. E. de Sivas. Mines de fer et d'aimant. Pompée fonda cette ville en mémoire d'une victoire qu'il avait remportée sur Mithridate : de là son nom grec (ville de la victoire).

DEVS ou DARVANDS, nom donné dans le Zend-Avesta aux génies malfaisants, dont Ahriman est le chef. Ils accablent l'humanité d'une foule de maux, malgré les efforts des Izeds ou génies bienfaisants qui obéissent à Ormuzd ou Oromase.

DEWINTER, amiral hollandais. V. WINTER.

DEWSBURY, v. d'Angleterre (York), sur la Calder, à 11 k. S. O. de Leeds ; 24 000 hab. Filature de laine, draps, tapis.

DEXIPPE (P. Herennius), général grec, repoussa en 269 les Goths qui avaient envahi l'Attique. Il avait rédigé une Histoire universelle, dont il reste quelques fragments dans les Excerpta de legationibus, imprimés au Louvre, 1648, et dans le Corpus scriptorum byzantinorum de Niebuhr, Bonn, 1829.

DEY, nom que portait, avant la conquête française, le chef de l'État musulman d'Alger, veut dire, à ce qu'on croit, oncle ou tuteur. Vers 1600, la milice turque qui résidait à Alger, et qui avait été jusque-là sous l'autorité d'un pacha envoyé de Constantinople, obtint du sultan la permission de se donner un dey, pour lui servir d'appui contre la tyrannie des pachas gouverneurs. Le pouvoir de ces chefs s'accrut rapidement; enfin Baba-Aly, élu en 1710, déposa le pacha, et obtint du sultan Achmet III l'investiture de la régence. Comme leur pouvoir était électif, les deys restèrent toujours à la merci de la soldatesque, qui les élevait ou les déposait à son gré : on en vit six installés et assassinés le même jour (1732). Baba-Mohammed eut seul le privilège de régner 25 ans (1760-91). Le dernier dey d'Alger, Hussein, régnait depuis 12 ans au moment de l'occupation française, en 1830. V. HUSSEIN.

DEYEUX (Nic.), chimiste, né à Paris en 1744, m. en 1837, dirigea pendant 20 ans une officine privée à Paris, devint successivement pharmacien de l'empereur Napoléon I, professeur à l'École de pharmacie, professeur de.chimie à la Faculté de Médecine, membre du conseil de salubrité, membre de l'Institut et de l'Académie de médecine. Deyeux avait publié, avec Parmentier, des recherches sur le lait, le sang, la noix de galle, l'acide gallique. On lui doit, en outre, des travaux sur l'éther nitreux, sur l'huile de ricin, l'acide benzoïque. l'acide pyroligneux, les eaux minérales de Passy, l'extraction du sucre de betterave, etc. 11 consigna le fruit de ses recherches dans de nombreux mémoires publiés dans les recueils scientifiques du temps.

DEZALLIER D'ARGENVILLE (Ant. Jos.), naturaliste, né à Paris en 1680, mort en 1765, fut maître des comptes, conseiller du roi, et se lia avec d'Aguesseau. On a de lui : la Théorie et la pratique du jardinage, 1747; la Conchyliologie ou Traité sur la nature des coquillages, 1752; Dénombrement de tous les fossiles de France; l'Oryctologie ou Traité des pierres, des minéraux et autres fossiles, 1755 (ces 2 derniers ouvrages en latin). Il s'occupait aussi de beaux-arts, et a composé un Abrégé de la vie de quelques peintres célèbres, 1762.

DEZÈDE, compositeur, né à Lyon vers 1740, de parents inconnus, m. en 1792, fit représenter sur la scène italienne à Paris un grand nombre d'opéras-comiques, dont plusieurs ont eu la vogue. Les principaux sont les Trois Fermiers (1777) ; Blaise et Babet (1783) ; Alexis et Justine (1785). Il excellait dans le genre pastoral, ce qui le fit surnommer l’Orphée des champs.

DEZOTEUX. V. DESOTEUX.

DHAHER, cheik de Palestine, né en 1689, se rendit indépendant et soutint avec succès pendant 30 ans des guerres continuelles ; il battit les armées du sultan de Constantinople, et sut se faire respecter de ce prince. Ses États ayant été envahis par Mohammed Aboudhahab, beglerbeg d’Égypte, il se jeta dans la place de St-Jean-d'Acre et s'y défendit quelque temps, mais fut tué dans une sortie, 1775. On trouve de grands détails sur Dhaher dans le Voyage en Égypte et en Syrie de Volney. — Plusieurs califes d’Égypte ont aussi porté, le nom de Dhaher et de Dhaher-Billah. V. la liste des Califes.

DHARA ou DHARANAGOR, v. de l'Inde, dans l'anc. Malwa, à 80 kil. s. O. d'Oudjein, était importante avant Tamerlan, et est auj. la capit. de la principauté de Dhara, vassale des Anglais ; env. 15 000 h. — Contrée d'Algérie. V. DAHRA.

D'HOZIER (P.), sieur de La Garde, généalogiste, né à Marseille en 1592, d'une famille noble, mort en 1660, jouit de la faveur de Louis XIII et de Louis XIV, fut juge d'armes, commis pour certifier la noblesse des pages et des écuyers et devint en 1654 conseiller d'État. Il est le premier qui ait débrouillé l'histoire généalogique et qui en ait fait une science. Il a composé la Généalogie des principales familles de France, ouvrage immense, en 150 vol. in-fol., resté manuscrit et conservé à la Bibliothèque royale. Il a en outre dressé à part et fait imprimer la généalogie de plusieurs familles, telles que celles de Bretagne, de La Rochefoucauld, etc., et a donné l’Hist. de l'ordre du St-Esprit, 1634. — Son fils, Ch. René d'H., l'aida dans ses recherches, lui succéda dans la charge de juge d'armes et fut nommé généalogiste du roi. — L. P. d'H., neveu de Ch. René, fut aussi juge d'armes et rédigea, avec son fils, Ant. Marie d'H. de Sérigny, l'Armorial de France, 1738-86, 10 v. in-fol.

DIABLE (le Mur du), Pfahlgraben en all., grande muraille qui traversait une partie de l'Allemagne, s'étendait entre le Danube et le Rhin, et avait plus de 500 kil. Elle fut élevée par les Romains pour préserver leurs possessions dans le S. de la Germanie des incursions des Teutons et des Germains, et fut commencée vers le temps d'Adrien. On en voit encore des restes entre Abensberg en Bavière et Cologne, et à Dinkelsbuhl.

DIABLE (Pont du), pont construit sur un précipice du mont St-Gothard, au fond duquel la Reuss roule ses eaux; ce pont a une seule arche de 25m d'ouverture. Il est dans le canton d'Uri, à l'issue de la vallée d'Urseren. — Pont de l'Angleterre, dans le Cardigan (Galles), est aussi jeté sur un précipice, au fond duquel coule le Mynach ou Monk's brook.

DIABLERETS (Monts), petite chaîne secondaire des Alpes, en Suisse, à l'extrémité occid. des Alpes bernoises, entre le Valais et le canton de Vaud. Leur plus haute cime a 3000m. Glaciers.

DIABLINTES (AULERCI). V. AULERQUES.

DIABLINTES ou NOIODUNUM, auj. Jubleins, ch.-l. des Aulerques Diablintes. n'est plus qu'un bourg.

DIACRE, DIACONESSE. V. ces mots au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

DIADIN, Daudyana, v. forte de Turquie d'Asie (Erzeroum), à 97 kil. N. de Van; 500 maisons. Près de là, couvent d'Arméniens, bâti par Héraclius, prince de Géorgie.

DIADUMENIANUS (M. Opelius Macrinus Antoninus), fils de l'empereur Macrin, né en 202, fut associé par son père à l'empire après la mort de Caracalla, en 217, et périt l'année suivante, massacré par ses propres soldats.

DIÆUS, dernier chef de la Ligue achéenne (147 av. J.-C.), tenta vainement de défendre Corinthe, fut battu par le consul Mummius à Leucopetra (146), et se réfugia dans Mégalopolis, sa v. natale, où il s'empoisonna après avoir égorgé sa femme et ses enfants.

DIAGORAS, philosophe de Mélos, disciple de Démocrite, avait été esclave, puis affranchi. Ayant été victime d'un parjure qui resta impuni, il s'en prit aux Dieux et passa de la superstition à l'athéisme; ce qui le fit appeler Diagoras l'Athée. Il fut chassé d'Athènes vers 415 av. J.-C., pour avoir tourné en ridicule les mystères d’Éleusis. Les Athéniens ayant mis sa tête à prix, il quitta la Grèce et périt dans un naufrage, vers 400. Suivant une autre version, il mourut à Corinthe. Diagoras avait cultivé la poésie lyrique; des fragments de ses poésies se trouvent dans les Poetæ lyrici græci de Th. Bergk, 1838. M. Mounier a publié : De Diogora melio, Leyde, 1838.

DIAGORAS, athlète de Jalyse dans l'île de Rhodes, qui florissait vers 470 av. J.-C., remporta de nombreuses couronnes dans les jeux publics de la Grèce et eut en outre la gloire de voir ses deux fils couronnés en même temps. Pindare l'a célébré dans une de ses odes.

DIALA, Delas, riv. de la Turquie, sort du Djebel-dagh (Zagros), et tombe dans le Tigre à 13 kil. S. E. de Bagdad, après un cours d'env. 270 kil.

DIALMATH, v. et fort de Sénégambie, capit. du Dimar, au bord d'un bras du marigot de N'Dor; 50 000 hab. Prise par les Français en 1854.

DIAMANT (LE), bourg et petit port de la Martinique, sur la côte mérid., à 13 kil. de Fort-Royal; 1550 hab. Sucreries.

DIAMANTE (J. B.), auteur dramatique espagnol qui florissait au milieu du XVIIe siècle, a donné entre autres pièces : El honrador a su padre (le Vengeur de son père), qui n'est autre que notre Cid; ' l'Hercule d'Ocana, les Amours d'Alphonse VIII, la Juive de Tolède, Madeleine de Rome. Son Théâtre a paru à Madrid en 2 vol., 1670-74. Son Cid est imité et quelquefois traduit de Corneille, dont la tragédie avait été représentée dès 1636 ; c'est par un anachronisme auj. reconnu que quelques critiques ont pu dire qu'il avait servi de modèle à Corneille.

DIAMANTIN (District), au Brésil, dans la comarque du Cerro-Frio, qui fait partie de la prov. de Minas-Geraës : il a 70 kil. du S. au N., 35 de l'E. à l'O. ; ch.-l., Sto-Antonio-de-Tijuco. Riche en diamant : dans les 20 premières années de la découverte, au XVIe s., on en exporta, dit-on, 35 kilog. de diamants. Le produit annuel, quoique riche encore, est séduit auj. à 5 kilogrammes. Le district des Diamants renferme en outre des saphirs, des émeraudes et des mines d'or et d'argent.

DIANA (Antonin), casuiste, né à Palerme vers 1590, mort en 1663, jouit d'une grande réputation de son temps, et fut examinateur des évêques sous Urbain VIII, Innocent X et Alexandre VIII. Il a laissé douze livres de Résolutions morales, Palerme, 1629-56, réimpr. à Lyon, 1667, sous le titre de Diana coordinatus. Il en a été fait de nombreux abrégés.

DIANE, Artémis chez les Grecs, fille de Jupiter et de Latone, était sœur d'Apollon et comme lui née à Délos. Elle avait à remplir trois rôles distincts, sur la terre, au ciel et dans les enfers, et recevait en conséquence trois noms différents : sur la terre, elle était connue sous le nom de Diane et était la déesse de la chasse et de la chasteté; elle était aussi invoquée par les femmes enceintes. Dans le ciel, elle s'appelait Phébé, et était la déesse de la lune, comme Apollon, son frère, était le dieu du soleil. Dans les enfers, on la nommait Hécate ; là elle présidait aux enchantements et aux expiations. Diane changea en cerf le chasseur Actéon qui avait eu l'imprudence de la regarder lorsqu'elle était au bain. Quoiqu'elle fût si fière de sa chasteté, elle avait aimé Endymion, Pan et Orion. Cette déesse était surtout adorée à Éphèse, où elle avait le plus beau temple de l'univers (ce temple fut brûlé par Érostrate); en Tauride, où on lui immolait les étrangers que la tempête jetait sur la côte; à Aricie près de Rome, où son temple était desservi par un prêtre qui ne pouvait parvenir à cette fonction qu'en tuant son prédécesseur. On la représente vêtue d'une tunique courte et légère, un arc à la main, le pied chaussé d'un brodequin, accompagnée d'une biche ou d'un chien de chasse, et suivie de nymphes, chastes comme elle.

DIANE DE POITIERS, duchesse de Valentinois, fille aînée de Jean de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier, née en 1499, morte en 1566, fut mariée dès l'âge de 13 ans à Louis de Brézé, comte de Maulévrier, grand sénéchal de Normandie, perdit son mari en 1631 et devint, quelques années après, la maîtresse du duc d'Orléans, fils de François I, et roi depuis sous le nom de Henri II. Diane partagea d'abord l'influence avec la duchesse d'Étampes, maîtresse de François I : chacune d'elles eut son parti à la cour, et leur rivalité occasionna plusieurs scènes scandaleuses. Mais à l'avènement de Henri II, Diane fit exiler la duchesse d'Étampes et devint toute-puissante : Catherine de Médicis, femme de Henri II, dut elle-même céder à l'ascendant de la favorite, qui fut faite duchesse de Valentinois, et qui s'entoura d'une cour brillante. C'est pour elle que fut construit, par Philibert Delorme, le château d'Anet, un des plus beaux ouvrages de l'époque. Après la mort de Henri II (1559), elle se retira à Anet. Un beau monument lui fut érigé par J. Goujon dans l'église du château. Ses Lettres ont été publiées (1866) par G. Guiffrey.

DIANE DE FRANCE, duchesse d'Angoulême, née en 1538, morte en 1619, était fille naturelle du Dauphin Henri (Henri II) et d'une Piémontaise, ou, suivant Brantôme, de Diane de Poitiers. Elle fut légitimée et épousa Horace Farnèse, puis François de Montmorency, fils du connétable (qu'elle sauva de la St-Barthélemy). Après le meurtre de Henri de Guise, 1588, elle négocia la réconciliation de Henri III son frère avec Henri roi de Navarre. Elle jouit d'un grand crédit auprès de ce dernier, devenu roi de France.

DIANIUM, Denia, v. de la Tarraconaise, chez les Contestani, sur la mer, près du cap Dianium (auj. cap Martin), était une colonie de Marseille. V. DENIA.

DIARBEK ou DIARBÉKIR, autrement Kara-Amid, l’Amida des anciens, v. forte de la Turquie d'Asie, ch.-l. du pachalik de Diarbékir, sur le Tigre, r. dr., par 37° 31' long. E., 37° 55' lat. N.; sa population est évaluée à 40 000 h. par les uns, et à 80 000 par les autres. Archevêché nestorien, évêché chaldéen et patriarcat jacobite. Murailles épaisses et très-élevées, flanquées de tours, cathédrale arménienne, mosquées remarquables, fontaines, bazar, caravansérail, couvent de Terre sainte, où les voyageurs reçoivent l'hospitalité. Maroquins renommés; tissus de soie, laine, coton; poterie, ustensiles de cuivre. Grand commerce avec Smyrne, Alep, Bassora, Constantinople. Aux env., beaux jardins, fruits exquis. — On ignore l'époque de la fondation de l'antique Amida. Elle fut plusieurs fois détruite; sa dernière restauration date de Valens et de Valentinien. Après avoir subi diverses dominations, elle finit par tomber en 958 au pouvoir des Turcs, qui la possèdent encore auj. — Le pachalik de D., un des 4 de l'Aldjézireh, est situé au S. de celui d'Erzeroum et au N. de celui de Bagdad : 324 kil. sur 169; env. 400 000 h. C'est la partie N. O. de l'anc. Mésopotamie. Sa population se compose de Kourdes, de Turcs, d'Arabes, d'Arméniens et de Juifs. Au N. s'élèvent les monts Nimrod et Bareina, d'où sortent un grand nombre de riv. ; au S. les monts Karadjadagh et Giondi-dagh, et à l'O. la partie du Taurus qui donne naissance au Tigre. Ce fleuve reçoit dans le Diarbékir un grand nombre d'affluents, dont les principaux sont le Khabour et l'Erzen. Climat chaud et sec dans les vallées, froid dans les montagnes, sol fertile. Mines d'or, d'argent, de cuivre, d'étain, de fer; marbre, albâtre, chaux, etc. Le commerce se fait surtout par des caravanes de mulets et de chameaux.

DIAZ (Barthélemy), navigateur portugais, découvrit en 1486 le cap qui termine l'Afrique au S.; il le nomma cap des Tourmentes à cause des tempêtes qu'il y avait essuyées ; mais le roi Jean II préféra l'appeler cap de Bonne-Espérance, parce qu'il espérait, à juste titre, que cette découverte ouvrirait la route des Indes. Diaz périt en 1500 dans une tempête.

DIAZ (Michel), Aragonais, un des compagnons de Christophe Colomb, découvrit en 1495 les mines d'or d'Hayna dans l'île St-Domingue, et fut nommé en 1509 gouverneur de Porto-Rico.

DIAZ (Balthazar), poëte portugais du XVIIe siècle, né à Madère, était aveugle de naissance. Il a composé un grand nombre de ces œuvres dramatiques que les Espagnols et les Portugais appellent autos (actes), entre autres : l'Acte du roi Salomon, 1612 ; — de la Passion, 1613; — de S. Alexis; — de Ste Catherine; — de la Malice des Femmes; Conseil pour se bien marier, 1633. — V. SOLIS (Diaz de).

DIBBIE, dit aussi Bahr-Tieb (lac noir), lac du Soudan, vers 16° lat. N. et 3° long. O., au S. O. de Tombouctou, est traversé par le Djoliba. Son étendue n'est pas connue.

DIBDIN, auteur dramatique anglais, né en 1748 à Southampton, mort en 1815, créa à Londres, dans le Leicester-square, un petit théâtre où il était à la fois auteur, compositeur et acteur. Ce théâtre acquit une vogue immense, grâce à la gaieté de Dibdin et à l'à-propos de ses chansons contre la France, qui lui valurent même une subvention de la part de Pitt. A la mort de ce ministre, Dibdin, ne pouvant couvrir ses frais, ferma son théâtre. Ses pièces sont auj. oubliées, ainsi que plusieurs romans qu'il avait composés. Il a écrit une Histoire du théâtre anglais, 1793.

DIBDIN (Thomas Frognall), bibliophile anglais, né en 1773, mort en 1847, était ministre anglican et bibliothécaire de lord Spencer. Il débuta par une Introduction à la connaissance des éditions rares et précieuses des classiques grecs et latins, 1802; donna en 1809 Bibliomania ou la Folie des livres, en 1810 et années suivantes les Antiquités bibliographiques, en 1815 Bibliotheca Spenceriana, magnifique catalogue de la collection confiée à sa garde, en 1817 le Décaméron bibliographique, où l'on trouve les renseignements les plus curieux sur la calligraphie, la peinture des manuscrits, les origines de l'imprimerie, la reliure et l'ornementation des livres; en 1821 un Voyage bibliographique en France, en Allemagne, etc., 3 vol. grand in-8, exécuté avec un grand luxe (la partie qui concerne la France a été trad. par Liquet et G. A. Crapelet, 1825). Ses ouvrages abondent en documents intéressants et sont écrits d'un style piquant et original; mais l'auteur est quelquefois tombé dans de fâcheuses excentricités et dans des erreurs qui sont l'effet d'un examen superficiel.

DIBUTADE, potier de Sicyone ou de Corinthe, qui vivait à une époque incertaine, mais fort reculée. Sa fille ayant imaginé de tracer l'ombre de son amant, dont le profil était dessiné sur une muraille par la lumière d'une lampe, ce fut là, dit-on, l'origine de la peinture. Le père appliqua de l'argile sur ces mêmes traits en observant leurs contours, et fit cuire ce profil de terre : ce fut là l'origine de la sculpture en relief.

DICÉARQUE, disciple d'Aristote, de Messine en Sicile, ou plutôt de Messène en Péloponèse, fut à la fois philosophe, historien, géographe, et fleurit vers l'an 320 av. J.-C. Il avait écrit, sous le titre de Corinthiaques et de Lesbiaques, des dialogues où il traitait de l'âme et où il soutenait que la matière a par elle-même la faculté de sentir et que l'âme n'est qu'une force vitale naturelle au corps. Il avait aussi composé une histoire de Sparte qu'on lisait tous les ans en public à Sparte même pour l'instruction de la jeunesse. Cicéron, Varron et Pline le citent avec honneur. Il ne reste de lui que des fragments d'un ouvrage sur la Grèce, que l'on trouve dans les Petits Géographes grecs et dans les Historic. græc. fragmenta de la Bibliothèque grecque de Didot, 1848.

DICQUEMARE (l'abbé J. Franç.), naturaliste, né au Havre en 1733, enseigna la physique et l'histoire naturelle dans cette ville, et y mourut en 1789. Il a fait de nombreuses observations sur les animaux marins sans vertèbres, particulièrement sur les orties de mer, les actinies ou anémones de mer, les poulpes, les huîtres, etc., que l'on trouve consignées ans le Journal de Physique, 1772-89. Il s'occupa aussi d'astronomie et de géographie, inventa un cosmoplane pour résoudre les problèmes d'astronomie nautique et publia la Connaissance de l'astronomie mise à la portée de tout le monde, 1771.

DICTAMNUM, v. de Crète. V. DICTYNNA.

DICTATEUR, magistrat extraordinaire que l'on investissait à Rome de l'autorité suprême dans les moments difficiles, surtout dans les cas urgents de guerre. Il était nommé par les consuls. La durée de son commandement était de 6 mois au plus. A l'exception des tribuns du peuple, tous les autres magistrats étaient suspendus pendant cet espace de temps. Il nommait pour commander la cavalerie sous ses ordres un lieutenant qu'on appelait le maître de la cavalerie (magister equitum). Il marchait précédé de 24 licteurs, faisait la paix et la guerre et avait droit de vie et de mort, sans appel au peuple. Il ne pouvait toutefois disposer des deniers publics sans l'autorisation du peuple, ni s'éloigner de l'Italie, et il rendait compte de sa gestion à l'instant où il sortait de charge. La dictature fut créée l'an 498 av. J.-C., sur la proposition de T. Lartius, qui en fut le premier revêtu. Primitivement, les patriciens seuls exercèrent cette magistrature, mais ensuite les plébéiens l'obtinrent (356 av. J.-C.). Parmi les plus célèbres dictateurs on cite Cincinnatus, Camille, Papirius; Sylla (82) et César (48-44) en furent les derniers revêtus; ils se firent nommer dictateurs perpétuels, titre qui équivalait à celui de roi. La dictature fut abolie avec la république, ou plutôt les empereurs ne furent de fait que des dictateurs perpétuels.

DICTYNNA ou DICTAMNUM, v., promontoire et mont. de Crète, au N. O. L'herbe merveilleuse appelée dictamne y croissait en abondance. Pour cette herbe, V. DICTAMNE au Dict. univ. des Sciences.

DICTYS de Crète, l'un des compagnons d'Idoménée au siége de Troie. On a donné son nom à l'auteur inconnu d'une Hist. de la guerre de Troie en 6 livres. On conte qu'à son retour de Troie le compagnon d'Idoménée écrivit en phénicien l'histoire du siége, que son ouvrage fut mis avec lui dans son tombeau, et qu'il y resta jusqu'au règne de Néron, époque à laquelle il aurait été découvert par l'effet d'un tremblement de terre, et traduit en grec, puis en latin. Toutes ces circonstances sont autant de fables : l’Histoire de Dictys, que nous n'avons auj. qu'en latin, paraît avoir été traduite ou fabriquée au IIIe ou au IVe s. par un certain Q. Septimius. Quelques-uns prétendent même que le texte latin ne remonte pas au delà du XVIe s. Cet ouvrage, qui du reste n'est pas sans intérêt, fut imprimé pour la 1re fois vers 1477; il est généralement joint à Darès de Phrygie. Dederich en a publié à Bonn, en 1833, une édition séparée. Il a été trad. en français par Achaintre, 1813.

DICUIL, géographe irlandais du IXe siècle, était un moine sorti de Luxeuil. Il a composé un traité De Mensura Orbis, publié par Walckenaër, Paris, 1807 (texte seul), et par Letronne en 1814, avec de savants commentaires. Cet ouvrage a permis de fixer l'époque de la découverte de l'Islande et des îles Féroé, et celle de la rupture du canal entre le Nil et la mer Rouge.

DIDEROT (Denis), philosophe du XVIIIe siècle, né à Langres en 1712, mort en 1784, était fils d'un coutelier. Destiné à l'état ecclésiastique, il fut envoyé à Paris pour étudier en théologie, puis il entra chez un procureur; mais n'ayant de goût que pour les sciences et les lettres, il renonça à prendre un état, et se livra tout entier à l'étude, embrassant tout à la fois littérature, métaphysique, morale, physique, géométrie. Il se mit en même temps à donner des leçons et à faire des livres pour vivre. Il débuta par des traductions de l'anglais; il publia en 1745 un Essai sur le mérite et la vertu, imité de Shaftesbury ; en 1746, des Pensées philosophiques, qui commencèrent à attirer sur lui l'attention, et qui furent condamnées au feu par le parlement; en 1749, la Lettre sur les aveugles, à l'usage de ceux qui voient, qui renfermait quelques paradoxes impies et quelques allusions hardies à des personnages puissants, ce qui le fit enfermer à Vincennes. Devenu libre, il conçut le projet de l’Encyclopédie, et s'étant associé d'Alembert et quelques autres gens de lettres, il réussit, à travers mille obstacles que lui suscitaient le clergé et l'autorité civile, à mettre à fin cette grande entreprise (1751-72, 28 vol. in-fol., savoir, 17 de texte et 11 de planches). Il s'y réserva les articles sur la philosophie ancienne et ceux sur les arts et métiers, et les traita avec un talent supérieur. En même temps, il composait divers ouvrages, les uns sérieux, tels que les Pensées sur l’interprétation de la nature, 1754, inspirées par le Novum Organum de Bacon; les autres frivoles, tels que Jacques le Fataliste, la Religieuse, romans licencieux qui déshonorèrent sa plume; il donnait deux drames, le Fils naturel, 1757, et le Père de Famille, 1758, pièces d'un genre tout nouveau; il faisait connaître et goûter Richardson; il jugeait dans ses Salons les ouvrages de peinture exposés en 1765 et 1767. Cependant, tous ces travaux ne l'enrichissaient pas, et il se vit réduit en 1765 à vendre sa bibliothèque : l'impératrice de Russie, Catherine II, qui favorisait les philosophes, l'acheta 50 000 francs, à la condition qu'il continuerait d'en jouir, et dès ce moment elle se chargea de pourvoir à ses besoins. En 1773, Diderot fit le voyage de St-Pétersbourg pour visiter sa bienfaitrice ; après avoir passé quelques mois auprès d'elle, il revint à Paris où il vécut fort retiré jusqu'à sa mort. Il publia dans ses dernières années un Essai sur les règnes de Claude et de Néron, 1779, qui n'est autre chose qu'une apologie déclamatoire de Sénèque, avec une appréciation de sa philosophie et de ses écrits. Outre les ouvrages qu'il publia sous son nom, Diderot a beaucoup contribué à l’Histoire philosophique des deux Indes de Raynal, au Système de la nature de d'Holbach, et à quelques autres publications antireligieuses. On lui attribua, mais à tort, le Code de la nature (V. MORELLY) et autres écrits du même genre. Diderot était un des ennemis les plus acharnés du christianisme, et même de toute idée religieuse; il professait ouvertement le matérialisme et l'athéisme, et prêchait ces doctrines désolantes avec une sorte d'enthousiasme et de fanatisme. Comme écrivain, il brille par le mouvement, la chaleur, l'abondance, la hardiesse; mais il ne sait pas tempérer son imagination et tombe souvent dans la déclamation. On a dit de lui : « Il a écrit de belles pages, il n'a jamais su faire un livre. » Diderot fut lié avec les principaux écrivains du XVIIIe s., avec J. J. Rousseau, qui plus tard devint son ennemi, avec Voltaire, d'Alembert, d'Holbach. Il eut pour amis particuliers Grimm et Naigeon. Il s'était marié de bonne heure, et il eut une fille qu'il chérit tendrement (Mme de Vandeuil). Naigeon publia en 1798 une édition de ses œuvres en 15 vol. in-8. Il en a été donné en 1821, par Brière, une édition plus complète, en 22 vol., avec les Mémoires de Naigeon sur Diderot. Enfin il a paru en 1830, chez Paulin, des Mémoires et Œuvres inédites de Diderot, 4 vol. in-8, précédés de Mémoires sur sa vie par sa fille. Génin a réuni les Romans et les Contes de Diderot, avec un extrait de sa Correspondance, chez Didot, 1854, 2 v. in-12. Pour l'appréciation de ce philosophe, on peut surtout consulter MM. Bersot et Damiron.

DIDIER (S.), Desiderius, évêque de Langres, subit le martyre en 264. L'Église le fête le 23 mai. — Archevêque de Vienne en Dauphiné (596), assassiné en 608 ou en 612 près de Lyon par ordre de la reine Brunehaut. On le fête aussi le 23 mai.

DIDIER, dernier roi des Lombards, était d'abord duc d'Istrie. Astolphe, roi des Lombards, étant mort sans enfants, Didier rassembla une armée et força Rachis, frère d'Astolphe, à lui céder ses droits, 757. Il attaqua ensuite le pape Étienne II; mais fut repoussé par Pépin. En 770, il donna sa fille à Charlemagne espérant avoir en ce prince un allié sûr; mais dès l'année suivante, il eut la douleur de voir sa fille répudiée, et en 773 ses propres États furent envahis par son gendre, qu'avait appelé le pape Adrien, menacé par les Lombards. Assiégé et pris dans Pavie (774), il fut relégué au monastère de Corbie, où il m.

DIDIER (J. P.), né en 1758 dans le Dauphiné, avocat, puis professeur de droit à Grenoble, était en 1814 maître des requêtes au Conseil d'État. Destitué en 1815 pour s'être rallié à Napoléon pendant les Cent-Jours, il entra dans une conspiration tramée à Lyon contre les Bourbons, tenta de soulever Grenoble, fut repoussé et vivement poursuivi par le général Donnadieu, se réfugia en Piémont, mais fut livré au gouvt français, condamné à mort par une cour prévôtale et exécuté aussitôt, 1816.

DIDIUS JULIANUS, empereur romain, né à Milan en 133, avait servi avec distinction sous Commode, et avait subjugué les Cattes, peuple germain. Après la mort de Pértinax (30 mars 193), il acheta l'empire, mis à l'encan par les prétoriens. Il se rendit bientôt odieux par son luxe et son extravagance; ayant d'ailleurs refusé de payer la somme qu'il avait promise aux prétoriens, il fut tué par ses soldats, à l'approche de Septime Sévère, 2 juin 193.

DIDJEL ou PETIT-TIGRE. V. TIGRE.

DIDON, nommée aussi Élise, princesse de Tyr, fille de Bélus, était sœur de Pygmalion et épouse de Sichée. Forcée de quitter sa patrie à cause des cruautés de son frère, qui avait fait périr Sichée pour s'emparer de ses trésors, elle s'enfuit en Afrique, où elle fonda Carthage, vers 860 ou 880 av. J.-C. On raconte que, pour se soustraire aux poursuites d'Iarbas, roi des Gétules, qui voulait la forcer à l'épouser, elle se précipita sur un bûcher et s'y frappa d'un poignard. Virgile, par un anachronisme permis au poëte, fait vivre Didon du temps d'Énée (auquel elle est postérieure de 300 ans), et feint qu'éprise du héros troyen, elle ne put survivre à son départ. Didon a fourni à Jodelle, à Scudéry, à Lefranc de Pompignan, à Marmontel, des sujets de tragédie, et à P. Guérin le sujet d'un de ses meilleurs tableaux.

DIDOT, famille d'imprimeurs-libraires, qui a beaucoup contribué au progrès de la typographie en France. Le premier qui se soit distingué est François Ambroise D., né à Paris en 1730, mort en 1804 : il établit chez lui une fonderie d'où sortirent les plus beaux types qu'on eût vus jusque-là, inventa un instrument propre à donner au corps des caractères une juste proportion, et publia des éditions admirables par la correction du texte, entre autres la collection dite d'Artois, en 64 vol. in-18, et une Collection de classiques français, imprimée par ordre de Louis XVI, dans les trois formats in-4, in-8 et in-18. — Pierre D., son fils aîné, 1760-1853, mérita que ses presses fussent placées au Louvre comme récompense nationale, et donna la magnifique collection in-fol. dite du Louvre, où l'on admire, entre autres ouvrages, le Virgile, in-fol. (1798), l’Horace, in-f. (1799), le Racine, 3 v. in-f., avec gravures d'après les plus grands maîtres (1801-5), et le La Fontaine. — Firmin D., 2e fils de Fr. Ambroise, 1764-1836, travailla, de concert avec son frère Pierre, à perfectionner son art, se distingua surtout comme graveur et fondeur, et fit le premier des éditions stéréotypes, 1797. Parmi les éditions des deux frères, on distingue, outre les ouvrages déjà cités, le Camoëns, en portugais, 1817; la Henriade, 1819, in-4, et les Tables de logarithmes de Callet, dont la correction est devenue irréprochable. Firmin D. cultivait les lettres : on lui doit de bonnes traductions en vers des Bucoliques de Virgile, 1806, des Idylles de Théocrite, 1833, et une tragédie d’Annibal. Élu député en 1827, il défendit les intérêts de la librairie et de la presse. — Ses 2 fils, Ambr. et Hyac. Firmin D., qui ont dirigé la maison depuis 1827, ont soutenu l'honneur du nom. Outre leurs grandes publications (Thesaurus Græcæ linguæ, Glossarium mediæ et infimæ Latinitatis, Bibliothèques des auteurs grecs, etc.), on leur doit d'importants perfectionnements dans la fabrication du papier : ils ont les premiers fabriqué le papier sans fin. M. Ambroise-Firmin a donné, entre autres écrits, une nouvelle traduction de Thucydide, 1833, et un curieux Essai sur la typographie, 1852.

DIDYME, c.-à-d. jumeau, nom ou surnom de plusieurs personnages anciens : de S. Thomas, un des apôtres ; — d'un martyr, mis à mort à Alexandrie en 304 et honoré le 13 avril; — d'un grammairien d'Alexandrie, contemporain d'Auguste, travailleur infatigable, surnomme pour ce motif Chalkenteros (aux entrailles de fer), qui, selon Athénée, composa plus de 3500 ouvrages, tous perdus auj. On lui attribue cependant un traité De Marmoribus et lignis, publié à Milan en 1817, grec-lat., et des Scholies sur Homère, dans l'édition d’Homère d'Elzévir, Leyde, 1656, et réimpr. à Leips. en 1845, par Ritter, et en 1855 par Schmidt.

DIDYME, docteur de l'Église d'Alexandrie, né en 308, mort martyr en 395, était aveugle et n'en devint pas moins un profond théologien. S. Jérôme et S. Isidore vinrent l'entendre. Il composa des écrits fort estimés, entre autres des traités du St-Esprit, contre les Macédoniens, de la Trinité, et une réfutation des Manichéens. Ce qui reste de lui a été publ. dans la Patrologie de l'abbé Migne, 1858. DIDYMOTICHOS, v. de Thrace, auj. Dimotika.

DIE, Dea Vocontiorum ou Augusta Dea, ch.-l. d’arr. (Drôme), à 46 kil. S. E. de Valence : 3900 hab. Tribunal, église calviniste. Porte St-Martin, ancien hôtel de l’évêché. Draps, tanneries, soie. Bon vin blanc mousseux, dit clairette de Die. — Cette v. était jadis le ch.-l. des Voconces ; elle reçut sous Auguste une colonie romaine, devint ensuite le ch.-l. du pays de Diois (Diensis tractus), et fut jusqu’au XIIIe siècle le siége d’un évêché, suffragant de Valence. Avant la révocation de l’édit de Nantes, les Calvinistes y étaient en grand nombre.

DIÉ (S.), Deodatus, évêque de Nevers au VIIe s., mort vers 680, fonda l’abbaye de Jointure dans les Vosges, autour de laquelle se forma la ville qui porte son nom (V. ST-DIÉ). On l’honore le 19 juin.

DIEBITSCH-ZABALKANSKI (Frédéric, comte de), général russe, né en 1785 d’une famille noble de Silésie, entra des 1805 au service de la Russie, fut blessé à Austerlitz, se distingua à Eylau et à Friedland (1807), puis à Dresde (1813), et commanda une division lors de l’invasion de la France. On prétend que c’est lui qui donna le premier l’idée de marcher sur Paris. À l’avènement de Nicolas I, 1826, il réprima la conspiration tramée contre l’Empereur. Dans la guerre contre les Turcs (1828), il se signala par le passage du Balkan et prit Varna, ce qui lui valut le surnom de Zabalkanski et le bâton de feld-maréchal. Il commanda l’armée russe dans la guerre de Pologne, en 1831, et vainquit à Ostrolenka, mais il éprouva ensuite des revers et mourut peu après. Les uns attribuent sa mort à un suicide, d’autres au choléra ou aux excès.

DIEFFENBACH (le Dr J. Fréd.), chirurgien en chef de l’hôpital de la Charité à Berlin et professeur de clinique chirurgicale, né à Kœnigsberg en 1792, mort en 1847, est le premier qui ait pratiqué la section des muscles de l’œil pour la guérison du strabisme, et la section du tendon d’Achille pour la guérison du pied bot. On lui doit aussi des méthodes nouvelles pour guérir le bagayement, pour former artificiellement des nez, des lèvres, des paupières. Il a laissé une Chirurgie opératoire et des Essais de Chirurgie, trad. par Philippe, 1840.

DIÉGO, corruption de Jacobus, Jacques, prénom commun en Espagne. V. le nom qui suit Diego.

DIÉMEN (Ant. van), gouverneur général des établissements hollandais dans les Indes orientales, de 1636 à 1645, avait d’abord été simple commis. Il s’empara des établissements portugais à Ceylan et à Malacca, introduisit le commerce hollandais au Tonquin, contracta plusieurs alliances avantageuses, et fit faire des voyages de découvertes. V. l’art. suiv.

DIÉMEN (TERRE DE VAN), dite aussi DIÉMÉNIE et TASMANIE, grande île de l’Océanie, au S. de l’Australie (ou Nouv.-Hollande), dont la sépare le détroit de Bass, a 280 kil. sur 240 ; env. 80 000 hab. européens. Les indigènes, de race nègre, sont peut-être les hommes les plus stupides du globe ; ils ont presque tous disparu. Villes principales : Hobart-town, Launceston. C’est depuis 1804 le lieu où sont déportés les Convicts anglais. — La Diéménie fut découverte en 1642 par Abel Janssen Tasman, Hollandais, qui l’appela Terre de Van Diémen, dunom d’Ant. Van Diémen, gouverneur de Batavia. Cook en visita la côte méridionale en 1776 ; en 1784 le chirurgien Bass découvrit le détroit qui porte son nom et constata que la Terre de Diémen était une île. Les Anglais s’y établirent en 1804 et ne tardèrent point à y fonder les villes de Hobart-Town et de Georges-Town ou Port-Dalrymple.

DIÉMEN (détroit de), dans la mer du Japon, entre les îles de Ximo, de Tanega-Sima et de Jakuno-Sima, par 128° 20′ long. E., 30° 51′ lat. N., a 31 k. de large.

DIEPHOLZ, v. de Hanovre, ch.-l. du comté de Diephoiz, à 55 kil. S. de Hoya ; 3000 hab. — Le comté, situé entre le comté de Hoya au N. et à l’E., les États prussiens au S., la prov. d’Osnabruck et le grand-duché d’Oldenbourg à l’O., a 44 kil., sur 20, et 22 000 hab. Ce comté, longtemps indépendant, passa en 1585 à la maison de Zelle, en 1675 à celle de Brunswick-Lunebourg, fit partie en 1806 du roy. de Westphalie et fut donné au Hanovre en 1814.

DIEPPE, ch.-l. d’arr. (Seine-Inf.), à 167 kil. N. O. de Paris par route, et 201 par chemin de fer, sur la Manche, à l’emb. de l’Arques ; 20 000 hab. Cette ville se divise en 2 parties, la ville proprement dite et le Pollet (c.-à-d. port de l’Est), qui sont séparées par le port et réunies par un pont volant. Port sûr, mais étroit à l’entrée ; chemin de fer, télégraphe sous-marin, aboutissant à New-Haven ; vieilles murailles, anc. château fort ; églises St-Remi et St-Jacques ; 68 fontaines ; statue de Duquesne et de J. Bouzard, pilote célèbre par le dévouement avec lequel il sauva nombre de naufragés. Bains de mer très-fréquentés. Tribunaux de 1re instance et de commerce ; collége ; école de navigation, biblioth. ; chantiers, corderie, etc. Ouvrages d’os et d’ivoire. Armements pour la pêche ; commerce d’importation et d’exportation. Patrie de l’armateur Ango, de Duquesne, Pecquet, Lamartinière, etc. — Dieppe, au XIe siècle, n’était encore qu’un village habité par des pêcheurs. On fait dériver son nom de Deep (profond), anc. nom de la rivière d’Arques. Les Dieppois s’illustrèrent au moyen âge par leurs entreprises maritimes, visitèrent les côtes d’Afrique, où ils bâtirent Petit-Dieppe à l’emb. de la Gambie, reconnurent les Canaries, créèrent plusieurs établissements dans l’Amérique du Nord, notamment au Canada, et fondèrent Québec. La prospérité du Havre a presque anéanti le commerce de Dieppe et les galets ont envahi son port. Cette v. fut prise et reprise par les Anglais et les Français pendant les XIe et XIIe siècles, et bombardée par les Anglais et les Hollandais en 1694. Tourville battit les flottes anglaise et hollandaise devant Dieppe en 1690.

DIERNSTEIN, vge d’Autriche, sur le Danube, à 5 kil. O. de Krems ; 500 hab. Aux env., ruines du château où fut retenu Richard Cœur de Lion. 4000 Français y battirent 30 000 Russes le 11 nov. 1805.

DIESBACH (famille de), noble famille de Suisse, a fourni au canton de Berne plusieurs avoyers, dont le plus connu est Nic. D., né en 1431, mort en 1475, qui fut nommé avoyer en 1465. Il s’allia avec Louis XI contre Charles le Téméraire, 1474, fit la guerre à ce dernier, à cause des exactions du sire de Hagenbach, gouverneur du comté de Ferrette, remporta plusieurs victoires en Franche-Comté et mourut en 1475, laissant sa dignité à son cousin Guillaume, dont l’influence fit encore dominer le parti français à Berne. Ce dernier mourut en 1517. — Rochus de D., n’ayant pas adopté la réforme, se retira en 1532 a Fribourg, où il devint la tige d’une nouvelle branche.

DIEST, v. murée de Belgique (Brabant mérid.), sur la Demer, à 26 kil. N. E. de Louvain ; 8000 h. La ville est grande, mais elle renferme des jardins et des terres labourées. Distilleries, brasseries.

DIÈTE (de diaita, conduite, régime, ou de dies indicta, jour désigné), est le nom que l’on donne aux assemblées nationales dans plusieurs contrées de l’Europe, et spécialement en Allemagne, en Suisse et en Pologne. — La Diète germanique ou D. de l’Empire est chargée de veiller sur les affaires générales de l’Allemagne et de concilier les différends qui pourraient s’élever entre les États confédérés. Le président est toujours un représentant de l’Autriche ; les décisions de cette assemblée portent le nom de recès. Cette diète existe depuis les temps les plus anciens et a subi pendant le cours des siècles une foule de transformations. Longtemps la diète n’eut pas de siège fixe, se tenant tantôt à Nuremberg, tantôt à Augsbourg ou à Ratisbonne ; auj. elle se tient à Francfort-sur-le-Mein. Elle se réunit, selon les circonstances, soit en séance ordinaire (alors chaque État n’a qu’une voix et les décisions sont prises à la majorité absolue), soit en séance générale (le nombre des voix des divers États est alors fixé selon l'importance politique de chacun d'eux). — La Diète helvétique ou Assemblée fédérale date du XVe siècle : dissoute en 1797 par l'invasion française, elle fut rétablie en 1803 par Napoléon, et confirmée par le congrès de Vienne. Elle se rassemble tous les ans pendant un mois; longtemps elle se réunit alternativement dans un des cinq cantons directeurs (Fribourg, Soleure, Bâle, Zurich et Lucerne) ; depuis 1848, c'est à Berne qu'elle se tient constamment. Elle se compose de 24 députés; elle est chargée de toutes les affaires extérieures et de tout ce qui peut être d'un intérêt général. — En Pologne la diète se composait généralement de la noblesse polonaise, et n'était réunie que sur l'invitation du souverain et pour lui donner son avis sur les mesures qu'il voulait prendre. Elle avait le droit d'élire le roi de Pologne ; elle prenait alors le titre de diète d'élection. Ses décisions devaient être prises à l'unanimité. Les diètes se tenaient en plein champ, à Wola près de Varsovie ; tous les membres y assistaient à cheval.

DIETZ, Theodissa, v. des États prussiens, à 9 k. N. E. de Nassau; 3000 hab. Pépinière d'arbres à fruits. Elle a donné son nom à la branche des Nassau qui obtint le stathoudérat en Hollande et qui occupe encore auj. le trône des Pays-Bas.

DIEU ou D'YEU (île), Ogia insula, île de France, dans l'Atlantique, sur la côte du dép. de la Vendée, entre Belle-île et La Rochelle, à l9k. du continent; 13 k. sur 4; 2600 hab. Ce n'est qu'un vaste rocher granitique, défendu par un fort et des batteries. Elle ne renferme qu'un petit bourg. Ses hab. sont tous pêcheurs. Son nom semble venir de celui du dieu Hésus. Le comte d'Artois (Charles X), voulant débarquer en Vendée, y vint avec les Anglais en 1795, mais il n'exécuta pas son projet.

DIEUDONNÉ, nom francisé de deux papes : l'un, Deus-Dedit (615-618), est le 1er qui ait scellé ses bulles en plomb; l'autre, Adeodatus (672-676), est le 1er qui ait daté par les années de son pontificat.

DIEU-LE-FIT, ch.-l. de cant. (Drôme), à 29 k. E. de Montélimar; 4135 hab. Église calviniste. Eaux thermales. Poteries, draps, lainages; fileries et moulineries de soie.

DIEULOUARD, bourg du dép. de la Meurthe, à 21 kil. N. O. de Nancy; 1390 hab. Station.

DIEUX. Les Païens les divisaient en Grands dieux (Dii majorum gentium) et Dieux subalternes (Dii minorum gentium). Les premiers, au nombre de 12, étaient Jupiter, Neptune, Mars, Mercure, Apollon, Vulcain, Vesta, Junon, Minerve, Cérès, Diane, Vénus. Les autres étaient innombrables.

DIEUZE, Decem Pagi, ch.-l. de c (Meurthe-et-Moselle), à 15 k. E. de Château-Salins, sur la Seille et le canal des Salines; 3965 hab. Collége. Grande saline exploitée depuis le XIe s. qui produit 500 000 quintaux de sel par an. Fabrique de soude et de produits chimiques. — Ville très-ancienne : sous les Romains c'était déjà un poste militaire important.

DIGBA, ville d'Assyrie, auj. Corna.

DIGBY (Éverard), gentilhomme anglais, zélé catholique, né en 1581, prit une part très-active à la conspiration des Poudres (1605), dont le but était de faire sauter le Parlement le jour où le roi (Jacques I) y viendrait : arrêté les armes à la main dans le Staffordshire, où il préparait un soulèvement, il fut pendu le 30 janv. 1606. ainsi que ses complices.

DIGBY (Kenelm), fils du précédent, célèbre par son esprit et sa science, né en 1603, mort en 1665, jouit de la faveur de Charles I et s'attacha à ce prince pendant la guerre civile. Il fut emprisonné par ordre du Parlement; ayant obtenu sa liberté, il vint en France et fut chargé par Charles I de plusieurs missions. Cependant il se rallia à Cromwell et resta sans emploi à la Restauration. Après la fin tragique de son père, on l'avait fait élever dans la religion protestante, mais il l'abandonna pour le Catholicisme, et même écrivit en faveur de sa nouvelle foi. On a de lui un traité De la nature des corps, un autre De la nature et des opérations de l'âme (1644), des Institutiones peripateticæ, 1651. Il partageait en physique les erreurs de son temps et crut aux rêveries de l'alchimie; il prétendait guérir les blessures par une poudre sympathique ; il écrivit en 1658 un Discours sur la guérison des plaies et la poudre de sympathie. Il a légué 238 mss. à la bibliothèque Bodleienne.

DIGBY (John), comte de Bristol, de la même famille, né en 1580, m. à Paris en 1653, était membre du conseil de Jacques I. Il fut envoyé en Allemagne en 1620 pour intercéder auprès de Ferdinand II en faveur de l'électeur palatin; à Madrid en 1622 pour préparer le mariage du prince Charles avec l'infante d'Espagne. Cette négociation, qu'il avait menée à bien, échoua par les fautes de Buckingham, qui lui imputa tous ses torts et le fit emprisonner à son retour. Il n'en prit pas moins parti pour Charles I, et fut contraint à s'exiler pendant les troubles de la révolution, après avoir perdu toute sa fortune.

DIGBY (George), comte de Bristol, fils du préc., né en 1612, mort en 1676, avait d'abord figuré parmi les adversaires de Charles I. Attaqué par ceux de son parti pour avoir refusé de voter le bill d’attainder, il passa dans le parti opposé et devint un des royalistes les plus fougueux. Il porta une funeste atteinte à la cause royale, qu'il croyait servir, en conseillant à Charles I l'arrestation de six membres du Parlement accusés de haute trahison. Après avoir porté les armes pour la défense de Charles I, il appuya, sous son successeur, le projet de rétablir la religion catholique et se rendit par là si odieux qu'il fut obligé de prendre la fuite.

DIGESTE, recueil de lois. V. ce mot au Dict. univ des Sciences, des Lettres et des Arts.

DIGNE, Dinia, ch.-l. du dép. des Basses-Alpes, à 764 kil. S. E. de Paris; 5500 h. Évêché, cour d'assises, tribunal, collége communal. Vieux murs, flanqués de tours; cathédrale, hôtel de la préfecture, statue de Gassendi (né près de là), bibliothèque publique. Commerce de fruits secs, etc. Ville très-anc., saccagée pendant les guerres de religion en 1562 et en 1591, dévastée par la peste en 1629. A 2 k. de là, établissement d'eaux thermales sulfureuses.

DIGOIN, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à l9 kil. O. de Charolles, sur la Loire, au lieu où le canal du Centre s'unit à la Loire; 3090 h. Hôpital. Faïence, sel.

DIJON, Divio, ch.-l. du dép. de la Côte-d'Or, sur l'Ouche, à 271 k. S. E. de Paris; 304 par Troyes; 323 par Auxerre; 315 par chemin de fer; 37 074 hab. Évêché, cour d'appel, cour d'assises, tribunaux de 1re inst. et de commerce; académie universitaire, facultés de sciences et de lettres, écoles de droit, de médecine, lycée; société académique; bibliothèque publique, riches archives de la Bourgogne; jardin botanique, etc. Rues larges et bien pavées, beau Parc, attenant à la ville, promenades du Cours fleuri, des Marronniers et de l’Arquebuse; château fort, bâti par Louis XI et qui servit souvent de prison d'État. Quelques beaux édifices, notamment la cathédrale, dont la flèche a 100m, et l'anc. Palais des États de Bourgogne, belle place Royale, quartier St-Bernard, au milieu duquel s'élève la statue du saint (né à Fontaine-lès-Dijon). Quelques monuments antiques. Chemin de fer. Commerce actif : vins, grains, moutarde renommée, etc. À Dijon sont nés Bossuet, Crébillon, Longepierre, Piron, Rameau, Bouhier, De Brosses, La Monnoye, Cazotte, Guyton de Morveau, Clément, Maret, Brifaut. — Dijon doit son origine à un camp retranché établi par César. Son nom lui vint d'un temple que l'empereur Aurélien y avait élevé aux dieux (Divis). Elle ne prit quelque importance qu'au IVe siècle. Aux env., Clovis vainquit le roi burgunde Gondebaud en 500. Dijon fut entièrement détruite en 1137 par un incendie. Rebâtie 20 ans après, elle devint bientôt la capitale du duché de Bourgogne. En 1477, après la réunion du duché à la couronne, elle resta la capitale de la Bourgogne et le siége des états de la prov. ainsi que d'un célèbre parlement. En 1513 les Suisses vinrent l'assiéger et le gouverneur La Trémouille ne put les éloigner qu'en leur comptant 400 000 écus. Belle défense contre l'armée allemande (31 oct. 1870).

DIJONNAIS, partie du duché de Bourgogne, contenait, outre le bailliage de Dijon, les 4 bailliages de Beaune, Nuits, Auxonne et St-Jean de Losne. Il est aussi compris dans le dép. de la Côte-d'Or.

DILEM, partie mérid. du Ghilan. V. GHILAN.

DILLEN (J. J.), Dillenius, botaniste, né à Darmstadt en 1687, mort à Oxford en 1747, se fit de bonne heure connaître par ses travaux sur les cryptogames et établit la possibilité de tirer l'opium du pavot d'Europe. En 1721, il quitta sa patrie pour se fixer en Angleterre où l'appelait un riche amateur, W. Sherard, qui prit soin de sa fortune et qui créa pour lui une chaire de botanique à Oxford. Il publia en 1724 une éd. du Synopsis plantarum Angliæ de Ray; en 1732, l’Hortus elthamensis, où il décrit les plantes du jardin de Sherard à Eltham, et en 1741 l’Histoire des mousses, son chef-d'œuvre ; il en avait lui-même dessiné et gravé les figures. Dillenius fut recherché de Linné qui lui dédia un de ses écrits et qui donna en son honneur le nom de dillenia à un genre des magnoliers.

DILLENBURG, v. des États prussiens, à 30 k. N. E. de Nassau, sur la Dille; 3200 h. Cour d'appel, direction des mines; manufactures de tabac, fabriques de potasse ; haras; fonderies de fer et de cuivre, bonneterie , etc. Anc. château des princes de Nassau-Dillenburg. — Comprise en 1806 dans le grand duché de Berg, elle fut depuis le ch.-l. du dép. de la Sieg.

DILLINGEN, v. de Bavière, ch.-l. de district, sur le Danube, r. g., à 35 kil. N. O. d'Augsbourg; 4500 h. Anc. résidence des évêques d'Augsbourg ; anc. université, créée en 1554, supprimée en 1804. Gymnase et autres écoles.

DILLON (Arthur, comte de), général, d'une famille noble d'Irlande, né en 1670 dans le comté de Roscommon, mort en 1733, s'attacha à la fortune de Jacques II, prit du service en France, fut nommé colonel d'un régiment irlandais que son père avait levé à ses frais et qui portait son nom, devint maréchal de camp à 34 ans et lieutenant général à 36, fit avec gloire les campagnes de Vendôme en Espagne, de Villeroi en Italie, servit sous Villars (1708), sous Berwick (1709), et s'empara en 1713 de Kaiserslautern. — Son petit-fils, Arthur D., fut aussi colonel du régiment Dillon. Il servit d'abord dans les îles et fut gouverneur de St-Christophe. Chargé en 1792 d'un commandement en Champagne, il battit les Prussiens; mais sa conduite ayant dans la suite paru équivoque, il fut rappelé et condamné à mort en 1794. — Théobald D., son frère, maréchal de camp, fut employé en 1792 sur la frontière de Flandre, sous les ordres de Rochambeau, et périt victime de la défiance et de l'indiscipline des troupes : ayant, d'après ses instructions, évité le combat que lui offrait une division ennemie, ses soldats crurent qu'il trahissait et ils le massacrèrent (28 avril 1792). La Convention punit de mort ses assassins et lui décerna les honneurs du Panthéon.

DIMAR, contrée du Sénégal, limitrophe du Fouta-Toro, a pour lieu principal Dialmath. V. ce nom.

DÎME. V. ce mot au Dictionnaire universel des Sciences, des Lettres et des Arts.

DIMITRI ou DMITRI. V. DÉMÉTRIUS et DMITRI.

DIMOTIKA, Didymotichos, v. de Turquie (Roumélie), à 42 kil. S. d'Andrinople, sur la Maritza; 8000 hab. Archevêché grec. Érigée en seigneurie par les Croisés et donnée au comte de St-Pol. Charles XII y séjourna après sa défaite à Pultava.

DINA, fille de Jacob et de Lia. V. JACOB et SICHEM.

DINABOURG, v. de Russie. V. DUNABOURG.

DINADJPOUR, v. de l'Inde anglaise (Calcutta), par 25° 36' lat. N., 86° 26' long. E. ; 30 000 hab. ; ch.-l. d'un district de même nom qui a près de 3 000 000 d'h. Commerce considérable en riz, indigo et tabac ; culture du coton et de la canne à sucre.

DINAN, Dinellum au moyen âge, v. de France, ch.-l. d'arr. (Côtes-du-Nord), à 59 kil. E. de St-Brieuc, sur la r. g. de la Rance; 8237 h. Petit port, épaisse muraille, vieux château fort, tour St-Vincent, statue de Du Guesclin, érigée en 1823. Trib., collége; soc. d'agriculture. Toiles, flanelles, basins, souliers de pacotille, etc. On trouve près de Dinan une source minérale. Dinan était jadis une ville des Diaulites; au moyen âge et jusqu'en 1280, elle eut des seigneurs particuliers qui prenaient le titre de vicomtes. Du Guesclin la défendit contre le duc de Lancastre qui l'assiégeait en 1359. Patrie de Duclos.

DINANT, Dinandium, au moyen âge, v. forte de Belgique (Namur), à 23 kil. S. de Namur, sur la Meuse ; 3700 hab. Belle cathédrale gothique avec un riche jubé. Chaudronnerie et quincaillerie renommées; exploitation de marbre noir. — Philippe le Bon, duc de Bourgogne, la détruisit en 1466; elle fut reconstruite aussitôt, mais Jean, duc de Nevers, la prit et la pilla en 1554; Les Français s'en emparèrent en 1675 et 1794 et en firent un ch.-l. d'arr. du dép. de Sambre-et-Meuse.

DINARIQUES (monts), parfois nommés Alpes Dinariques, chaîne de montagnes qui traverse l'Illyrie, la Croatie, la Dalmatie, l'Albanie et la Bosnie, joint les Alpes Juliennes au Balkan. Elle doit son nom au mont Dinara, son pic le plus élevé, qui a env. 2000m. L'Unna, la Bosna, la Drina et la Morava, y ont leur source.

DINARQUE, orateur grec, né à Corinthe vers 360 av. J.-C., vint s'établir à Athènes et y gagna de grandes sommes d'argent à composer pour les autres des harangues que sa qualité d'étranger ne lui permettait pas de prononcer lui-même. Accusé, ainsi que plusieurs citoyens d'Athènes, d'avoir contribué à mettre cette ville sous le joug des Macédoniens, il prit la fuite et se réfugia à Chalcis en Eubée (322 av. J.-C.); il fut rappelé 15 ans après. Des nombreux discours qu'il avait composés, trois seulement nous sont parvenus ; ils se trouvent dans les Oratores græci de Reiske, Leipsick, 1770, dans la Biblioth. græca de Didot, ont été publiés à part à Leipsick, en 1827 par Schmidt, en 1842 par Matzner, et ont été trad. par Ath. Auger. Plusieurs lui attribuent l’Accusation contre Théocrine, qui est dans les œuvres de Démosthène.

DINDYME, Dindymus, mont. de la Grande-Phrygie, dans la presqu'île de Cyzique, doit son nom à sa cime double (didymos en grec). On y rendait un culte particulier à Cybèle, de là le surnom de Dyndimène donné à cette déesse.

DINGWALL, v. et port d’Écosse (Ross), sur le golfe de Cromarthy, à l'emb. du Conan, à 30 kil. N. O. d'Inverness; 2000 hab. Obélisque élevé sur un caveau qui était autrefois destiné à la sépulture des comtes de Cromarthy.

DINIA, v. de Gaule (Narbonnaise 2e), auj. Digne.

DINKELSBUHL, v. de Bavière (Rezat), sur la Wœrnitz, à 34 kil. S. O. d'Anspach; 6500 hab. Murs flanqués de tours (restes du fameux Mur du Diable). Lainages, chapeaux, papeteries, brasseries. Jadis v. impériale; elle appartient à la Bavière depuis 1803.

DINOCRATE, architecte macédonien, releva le temple d’Éphèse incendié par Érostrate, et fut appelé en Égypte par Ptolémée Philadelphe pour embellir Alexandrie. On lui a prêté le projet gigantesque de tailler le mont Athos en forme d'homme tenant une ville dans sa main. — Préteur des Messéniens, détacha ses compatriotes de la Ligue Achéenne, combattit les Achéens, fit prisonnier Philopémen et l'empoisonna dans sa prison (183 av. J.-C.). Lycortas, successeur de Philopémen, étant arrivé peu après avec une armée à Messène, Dinocrate se tua de peur de tomber entre ses mains.

DINTER (Edm.), chanoine de St-Pierre de Louvain, mort en 1448, vécut à la cour des ducs de Bourgogne, et fut chargé par Philippe le Bon, de rédiger les chroniques du Brabant. On lui doit : Genealogia ducum Burgundiæ, Brabantiæ, Flandriæ, Francfort, 1529, in-fol., et une Chronique des ducs de Lorraine et de Brabant, jusqu'en 1445, restée manuscrite. — Gust. Fréd. Dinter, né en 1760 à Borna (Saxe), mort en 1831, fut successivement pasteur à Kitzscher près de Borna, directeur du séminaire normal de Friedrichstadt près de Dresde (1797), ministre évangélique à Gœritz (1807), et membre du conseil de l'instruction publique à Kœnigsberg (1816). On lui doit une foule d'écrits sur l'instruction primaire, qui sont populaires en Allemagne, principalement ses Règles de la pédagogie, 1806.

DIOCÉSARÉE. V. SÉPHORIS.

DIOCÈSE, Diœcesis, c.-à-d. gouvernement, nom donné aux subdivisions des préfectures dans l'organisation de l'empire romain qui eut lieu depuis Constantin ; le diocèse à son tour se décomposait en provinces. Le diocèse était régi par un vicaire du préfet. L'empire romain comptait en tout 14 diocèses : 4 dans la préfecture d'Italie : Italie, Rome, Illyrie occidentale, Afrique; 3 dans la préfecture des Gaules : Gaule, Hispanie, Bretagne; 2 dans la préfecture d'Illyrie : Dacie, Macédoine; 5 dans la préfecture d'Orient : Thrace, Asie, Pont, Orient, Égypte (V. ces noms). — On n'entend plus auj. par diocèse qu'une division ecclésiastique : c'est le territoire soumis à la juridiction d'un même évêque.

DIOCLÈS, médecin grec, de Caryste en Eubée, que l'on place après Hippocrate, s'occupa un des premiers d'anatomie, mais n'étudia que sur les animaux. Il perfectionna la thérapeutique et composa sur son art des écrits qui ne nous sont pas parvenus.

DIOCLÈS, citoyen de Syracuse, donna à sa patrie, peu après la malheureuse expédition des Athéniens en Sicile, des lois renommées par leur sagesse (412 av. J.-C.). Une de ces lois punissait de mort quiconque se présentait en armes dans l'assemblée publique : ayant lui-même enfreint cette loi par mégarde, il se frappa de son épée pour se punir. On raconte le même fait de Charondas.

DIOCLÉTIEN, C. Valerius Jovius Aurelius Diocletianus, empereur romain, né près de Salone, en Dalmatie en 245, était fils d'un greffier. Il commença par être simple soldat et s'éleva par degrés aux premières charges : il était commandant des officiers du palais à la mort de Numérien, 284. Il tua de sa propre main Aper, meurtrier de ce prince, et se fit proclamer empereur à Nicomédie, malgré l'opposition de Carin, frère de Numérien. Deux ans après (286), il s'associa Maximien Hercule, et l'envoya commander en Occident, en se réservant l'Orient. Il marcha contre les Perses, leur reprit la Mésopotamie, puis, tournant ses armes contre la Germanie, il vainquit les Barbares. Outre Maximien, auquel il donna le nom d’auguste, Dioclétien s'adjoignit en 292 deux autres collègues, qu'il nomma césars (titre qui équivalait à celui d'héritier présomptif de l'empire) : ce furent Constance Chlore et Galérius; il assigna des provinces à chacun d'eux, en se réservant la suprématie. Ces quatre princes obtinrent des succès chacun de leur côté; Dioclétien, pour sa part, réduisit l’Égypte révoltée, et tous les quatre triomphèrent à Rome l'an 303. En cette même année Dioclétien, à l'instigation de Galérius, commença contre les Chrétiens une terrible persécution qui dura dix ans (c'est en souvenir de cette persécution qu'on a donné le nom d’ère des martyrs à l'ère qui commence avec le règne de Dioclétien). L'année suivante il tomba dans une grave maladie qui affaiblit sa raison. Cet affaiblissement, joint aux menaces de Galérius, l'engagea à abdiquer, 305. Il se retira à Salone, où il cultivait lui-même son jardin; il disait n'avoir commencé à vivre que du jour de son abdication. On ajoute même que, Maximien ayant voulu l'engager à reprendre la couronne, il se borna, pour toute réponse, à l'inviter à venir voir ses jardins de Salone. Il mourut en 313.

DIODORE de Sicile, historien grec, né à Agyrium en Sicile, vivait du temps de César et d'Auguste. Après avoir visité les principaux pays de l'Europe et de l'Asie, il s'établit à Rome et y publia sous le titre de Bibliothèque historique un ouvrage en 40 livres qui contenait l'histoire universelle depuis le commencement du monde jusqu'à la 180e olympiade (60 av. J.-C.). Il ne nous en reste malheureusement que 15 livres, savoir : les 5 premiers, qui traitent de l’Égypte, de l'Assyrie et des premiers temps de la Grèce; le XIe et suivants jusqu'au XXe, qui vont jusqu'à la bataille d'Ipsus (301 ans av. J.-C.). Photius et Constantin Porphyrogénète nous ont conservé des fragments des VIe, VIIe, VIIIe, IXe et Xe livres, ainsi que des 20 derniers. Cet historien montre peu de critique, il paraît n'avoir pas puisé aux meilleures sources; néanmoins son ouvrage est fort précieux et contient des détails qu'on ne trouve pas ailleurs. Son style est simple et clair, mais peu élégant. Les éditions les plus estimées de Diodore sont celles de H. Étienne, Paris, 1559, in-fol., toute grecque et la première qui soit complète; de Wesseling, grec-lat., Amsterdam, 1746, 2 vol. in-fol. ; de Heyne, Deux-Ponts. 1790-1806, 11 v. in-8, et celle de L. Dindorf, Leipsick, 1828-32, 6 vol. in-8, reproduite dans la Bibliotheca græca de Didot, avec tous les fragments et une trad. latine, 1843, 2 vol. grand in-8. Diodore a été trad. en français, en partie par Amyot, 1554, en totalité par Ad. Terrasson, 1737, et plus récemment par A. F. Miot, 1834, 7 vol. in-8, et par M. Hœfer, 1846, 4 vol. in-18.

DIOGÈNE d'Apollonie (en Crète), philosophe ionien disciple et successeur d'Anaximène, flonssait vers 500 av. J.-C. Il se distingua parmi les philosophes qui enseignaient en Ionie avant que Socrate philosophât à Athènes; il croyait, comme son maître, que l'air est la matière première de tous les êtres; mais il attribuait à ce principe primitif une vertu divine. Il fut accusé d'impiété et courut risque de la vie. Diogène Laërce nous a conservé le début de son traité De la nature. Les fragments qui restent de lui ont été publiés à Leipsick en 1830 par Panzerbutter.

DIOGÈNE, philosophe cynique, né à Sinope 413 ans av. J.-C., mort en 324 à Corinthe. Accusé avec son père d'avoir fabriqué de la fausse monnaie, il quitta sa patrie de bonne heure et vint à Athènes, où il étudia la philosophie sous Antisthène. Il y vécut dans la plus grande misère, ne subsistant guère que d'aumônes. Dans la suite, ayant été fait prisonnier par des pirates, il fut vendu comme esclave à Corinthe, et acheté par le philosophe Xéniade, qui, frappé de son mérite, lui confia l'intendance de ses biens et l'éducation de ses enfants. Diogène avait ordonné qu'on jetât son corps à la voirie; mais ses amis lui firent des funérailles magnifiques. On plaça sur son tombeau un chien en marbre de Paros. Ce philosophe outra les austérités de la secte cynique. Il logeait, dit-on, dans un tonneau, n'ayant pour meubles qu'une besace, un bâton et une écuelle. Il jeta même son écuelle après avoir vu un jeune enfant boire dans le creux de sa main. On conte que, plein de mépris pour ses contemporains, il se promena un jour en plein midi une lanterne à la main, répondant à ceux qui l'interrogeaient :« Je cherche un homme. » Un partisan de Zénon d'Élée niait devant lui le mouvement : il se leva, et se mit à marcher, réfutant ainsi en action les ridicules arguties du sophiste. Ayant entendu Platon définir l'homme un animal à deux pieds et sans plumes, il jeta dans son auditoire un coq plumé en disant : « Voilà l'homme de Platon. » Il y avait dans sa pauvreté volontaire beaucoup d'orgueil et de vanité. Alexandre le Grand, étant à Corinthe, eut la curiosité de le voir, et lui demanda ce qu'il pouvait faire pour lui : « Te retirer de mon soleil, » répondit le philosophe. On assure qu'Alexandre s'écria : « Si je n'étais Alexandre, je voudrais être Diogène. » Toutes ces anecdotes et une foule d'autres, que l'on raconte de Diogène, sont loin d'être authentiques. On a sous son nom des Lettres qui sont évidemment supposées. Elles ont été imprimées dans Epistolæ cynicæ et trad. en français en 1545 par L. Dupuis.

DIOGÈNE le Babylonien, philosophe du IIIe s. av. J.-C., natif de Séleucie, était stoïcien. Envoyé en en ambassade à Rome par les Athéniens, avec Carnéade et Critolaüs, il y ouvrit une école.

DIOGÈNE LAËRCE, Laertius, natif de Laërte en Cilicie, vivait l'an 190 de J.-C., et appartenait, à ce qu'on croit, à la secte épicurienne. On a de lui, sous ce titre, De vitis, dogmatibus et apophthegmatibus clarorum philosophorum, un ouvrage en 10 livres, fort précieux pour l'histoire de la philosophie. Il est à regretter que l'auteur manque de critique ; il s'attache plus aux anecdotes qu'aux vues scientifiques, vise au bel esprit et mêle des épigrammes en vers de sa façon aux récits historiques. Les éditions les plus estimées de Diogène Laërce sont celles de Meibomius, grec-lat., avec notes de Ménage, Casaubon, etc., Amsterdam, 1692, 2 vol. in-4; celle de Hübner, Leipsick, 1828, toute grecque, et celle qui fait partie de la Biblioth. græca de MM. Didot, collationnée sur de nouveaux mss. par G. Cobet, Paris, 1852. Gassendi a donné à part le Xe livre (Épicure), avec un commentaire. Tout l'ouvrage a été trad. en français par Gilles Boileau, 1668 ; par un anonyme, en 1758, et par M. Zévort dans la Bibliothèque Charpentier, 1846. Klipper a donné une dissertation De Diogenis Laertii vita, scriptis, etc., Nordhausen, 1831.

DIOIS (pays de), Diensis tractus, petite prov. de l'anc. France, comprise auj. dans le dép. de la Drôme, faisait partie du Bas-Dauphiné, et était située entre le Valentinois et le Gapençais ; 40 k. sur 30 ; ch.-l., Die ; autres places, Aoust, Luc, Saillans, etc. Le Diois était jadis habité par les Vocontii et les Tricastini, peuple de la Viennaise; ce fut dès le Xe s. un comté vassal des comtes de Toulouse, marquis de Provence : en 1189, ceux-ci le donnèrent en fief à Aymar II de Poitiers, qui le réunit au comté de Valentinois. Il fut vendu à Charles VI en 1404. Les évêques de Die avaient depuis 1178, par don de l'empereur Frédéric I, le domaine direct de cette ville.

DIOLIBA, DJOLIBA, riv. d'Afrique. V. NIGER.

DIOMÈDE, roi fabuleux des Bistones, peuple de Thrace, est célèbre par sa cruauté : il nourrissait ses chevaux de chair humaine. Hercule le vainquit et le fit dévorer lui-même par ses chevaux.

DIOMÈDE, héros grec, fils de Tydée et roi d'Étolie, se distingua parmi les plus braves au siége de Troie, livra des combats singuliers à Hector, à Énée, accompagna Ulysse à Lemnos, où il réussit à se saisir des flèches de Philoctète, s'empara des chevaux de Rhésus, s'enferma dans le cheval de bois pour pénétrer dans Troie et y enleva le palladium. Conduit par Pallas, il combattit les dieux eux-mêmes : il blessa Mars et Vénus qui venaient secourir Énée. Au retour de Troie, trahi par son épouse Égialée, il s'éloigna de sa patrie, et alla se fixer en Italie, où il fonda Argos-Hippium, Venusie, Canusium, Bénévent, etc. Homère l'a surtout célébré dans le Ve chant de l’Iliade.

DIOMÈDE, grammairien latin du Ve siècle, auteur d'un traité De Oratione et partibus oratoriis, publié par Putschius dans ses Grammatici veteres, 1605.

DIOMÈDE (Champs de), plaines de l'Apulie orientale ou Daunie, entre l'Aufide et le Cerbale : c'est là que se livra en 216 av. J.-C. la bat. dite de Cannes.

Iles de DIOMÈDE, auj. îles Tremiti, îles de l'Adriatique, sur la côte du roy. fondé par Diomède dans la Daunie, vis-à-vis de l'emb. du Tiferne.

DION de Syracuse, disciple et ami de Platon, était gendre de Denys l'Ancien. Il jouit de la confiance de ce prince, fut exilé par son fils Denys le Jeune, jaloux de ses vertus et de son crédit, rentra dans Syracuse à la tête des mécontents, 357 av. J.-C., et y fut revêtu de l'autorité souveraine. Il périt en 354, assassiné par l'Athénien Calippe, qu'il avait comble de bienfaits. Sa Vie a été écrite par Plutarque et par Cornélius Népos.

DIOMÈDE CHRYSOSTÔME, c.-à-dire Bouche d'or, ainsi surnommé à cause de son éloquence, rhéteur grec, né à Pruse en Bithynie vers l'an 30 de J.-C., mort vers 116, se fit admirer à Rome et dans tout l'empire sous Néron et ses successeurs. Consulté en Syrie par Vespasien, qui venait d'être proclamé empereur, il l'engagea, mais vainement, à rétablir la république. Impliqué sous Domitien dans une conspiration, il se réfugia dans le pays des Gètes où il resta longtemps ignoré. A la nouvelle de la mort de Domitien, l'armée romaine campée sur les bords du Danube était sur le point de se révolter : Dion, qui se trouvait dans le camp, déguisé en mendiant, se fait aussitôt connaître, harangue les troupes et fait proclamer Nerva. Il jouit de la faveur de ce prince et de Trajan. Il reste de lui 80 discours, parmi lesquels on remarque 4 Discours sur la royauté, qui sont un panégyrique détourné de Trajan. Cet écrivain est en général élégant et ingénieux ; cependant on trouve chez lui des traces du faux goût qui plus tard caractérisa les sophistes. Ses écrits ont été publiés par P. Morel, gr.-lat., Paris, 1604 ; Reiske, Leipsik, 1784 ; Emperius, Brunsw., 1844. Bréquigny a traduit trois de ses discours dans ses Vies des orateurs grecs, 1751-52.

DION CASSIUS, historien grec, né à Nicée vers l'an 155, était fils de Cassius Apronianus (consul en 191), et descendait par sa mère de Dion Chrysostôme. Il occupa les plus hauts emplois, fut sénateur sous Commode, préteur sous Pertinax, consul sous Alexandre Sévère (229), gouverneur en Asie-Mineure et en Afrique. Il renonça aux affaires vers 235 et se retira à Nicée pour s'y livrer à l'étude. Il avait composé entre autres écrits une Histoire romaine depuis l'arrivée d'Énée en Italie jusqu'à l'année de son consulat, en 80 livres. Il ne nous en reste que 19 (XXXVI° à LIV°), et quelques fragments. On supplée au reste par l’Abrégé de Xiphilin. M. Morelli a retrouvé quelques fragments des livres LV° et LVI° (Bassano, 1798). Dion Cassius est en général exact ; on lui reproche cependant sa partialité contre quelques-uns des plus grands hommes de Rome, notamment contre Pompée, Brutus, Cicéron, Sénèque. Les meilleures éd. de Dion Cassius sont celles de Rob. Tienne, Paris, 1548, in-f.; de Reimar, gr.-lat., Hambourg, 1750-52, 2 vol. in-f.; de F. G. Sturzius, Leipsick, 1825-1843, 9 vol. in-8 (avec de nouveaux fragments); de Bekker, Leipsick, 1849, 2 vol. in-8. Il a été trad. en lat. par Xylander, Bâle, 1558, in-fol., et en français par Cl. d'Éroziers, Paris, 1542, in-fol. M. Ét. Gros en avait entrepris en 1845 une nouvelle édition, avec trad. française ; cette édition, interrompue par sa mort (1856), a été continuée par Boissée, 1863-66.

DIONÉ, mère de Vénus, fille de l'Océan et de Téthys, fut aimée de Jupiter. C'est d'elle que Vénus tire le surnom de Dionée, que lui donnent les poëtes.

DIONIS (Pierre), chirurgien et anatomiste, né à Paris en 1673, mort en 1718, fut médecin de la reine Marie-Thérèse (femme de Louis XIV), du Dauphin et de plusieurs princes du sang. Il professa l'anatomie et la chirurgie au Jardin des Plantes. On a de lui : Anatomie de l'homme suivant la circulation du sang, 1690, ouvrage traduit en plusieurs langues et même en chinois ; Cours de chirurgie, 1707 ; Traité des accouchements, 1718.

DIONIS DU SÉJOUR (Ach. Pierre), géomètre, parent éloigné du préc., né à Paris en 1734, mort en 1794, était conseiller au parlement et devint en 1765 membre de l'Académie des sciences. Il appliqua avec succès l'analyse aux phénomènes célestes, surtout aux éclipses. On a de lui : Traité des courbes algébriques (avec Goudin), 1756 ; Recherches sur le gnomonique et les rétrogradations des planètes, 1761 ; Traité des mouvements apparents des corps célestes, 1774 ; Essai sur les comètes, 1775 ; Essai sur les disparitions périodiques de l'anneau de Saturne, 1776, etc.

DIONYSIAQUES, fêtes de Bacchus (qui se nommait en grec Dionysos). Ces fêtes se célébraient tous les ans, avec une grande magnificence, à Athènes. On y faisait des processions où l'on portait d'immenses vases remplis de vin et couronnés de pampres, des corbeilles d'or pleines de fruits et d'où s'échappaient des serpents apprivoisés; ony voyait des Silènes, des Faunes et des Phallophores, hommes portant un phallus, emblème de la fécondité de la nature. On y représentait les comédies et les tragédies nouvelles.

DIONYSIENNE (période). V. DENYS LE PETIT.

DIONYSIUS (c.-à-d. consacré à Bacchus), forme grecque du nom de Denys. V. DENYS.

DIONYSOS, nom grec de Bacchus.

DIOPHANTE, mathématicien d'Alexandrie, vivait sous Néron, selon les uns, sous Antonin ou même sous Julien, selon d'autres. Il est regardé comme l'inventeur de l'algèbre. Nous avons sous son nom le traité le plus ancien de cette science ; il ne nous en reste que les 6 premiers livres sur 13. Ils ont été publiés, gr.-lat., avec des notes de Bachet de Meiziriac et de Fermat, Toulouse, 1670, et ont été trad. en français par Simon Stévin et Alb. Girard, 1625.

DIOSCORE, patriarche d'Alexandrie, succéda à S. Cyrille en 444, adopta les principes d'Eutychès, soutint cette hérésie dans le faux concile d’Éphèse, connu sous le nom de brigandage d'Éphèse (449), et osa excommunier le pape S. Léon. Le concile général de Chalcédoine, tenu en 451, le déposa de l'épiscopat et du sacerdoce, et l'empereur Marcien l'exila a Gangres en Paphlagonie, où il m. en 454.

DIOSCORIDE (Pedanius), médecin grec, d'Anazarbe en Cilicie, vivait dans le Ier siècle de notre ère. Il a laissé six livres sur la Matière médicale, qui sont la source la plus abondante pour les connaissances botaniques des anciens. Les meilleures éd. de cet ouvrage sont celles des Aldes, Venise, 1499 et 1518; de Marcellus Vergilius, Cologne, 1529, gr.-lat.; de Sprengel, Leipsick, 1828, 2 vol. in-8. Il a été commenté par Matthiole, Venise, 1554, et trad. en français par Mart. Mathée, Lyon, 1559.

DIOSCORIDIS INSULA, île de la mer Érythrée, dans le golfe Avalites, est auj. Socotora.

DIOSCURES, c.-à-d. enfants de Jupiter, surnom de Castor et Pollux, dieux tutélaires de l'hospitalité et de la navigation. Ils présidaient aussi aux jeux gymniques.

DIOSCURIADE, depuis Sebastopolis, auj. Isgaur ou Iskuriah, v. de Colchide, sur le Pont-Euxin, était une colonie grecque. Elle doit son nom aux Dioscures, Castor et Pollux, qui y abordèrent, sous la conduite de Jason, lors de l'expédition des Argonautes.

DIOSPOLIS, c.-à-d. ville de Jupiter, nom commun à plusieurs villes anciennes dont les principales sont : 1° Diospolis, dans la B.-Égypte, au S. de Mendès, qu'on croit être la même que Panephysis; — 2° Diospolis Magna, dans la H.-Égypte, la même que Thèbes (V. THÈBES); — 3° Diospolis parva, dans la H.-Égypte, au N. O. de Tentyra, auj. Hou; — 4° une ville d'Asie-Mineure, plus connue sous le nom de Sébaste. — 5° une v. de Palestine. V. LYDDA.

DIPHILE, poëte comique grec, né à Sinope, contemporain de Ménandre, florissait vers 300 av. J.-C. Il avait composé cent comédies, dont il ne nous reste que de courts fragments, qu'on trouve dans les recueils de G. Morel et de Grotius, ainsi que dans les Comicorum fragm. de Meinecke, et qui ont été trad. dans les Soirées littéraires de Coupé. Plusieurs ont été imitées par Plaute, notamment dans la Casina et le Rudens, et par Térence, dans les Adelphes.

DIPPEL (J. Conrad), théologien et chimiste, né en 1672 près de Darmstadt, mort en 1734, était fils d'un ministre protestant. Il s'occupa d'abord de théologie et fut un adepte du piétiste Spener. Quoique protestant, il écrivit contre ses coreligionnaires un petit traité intitulé : Papismus Protestantium, qui lui fit beaucoup d'ennemis. Dégoûté de la théologie, il s'occupa de médecine et d'alchimie, et mena une vie errante et persécutée, résidant tantôt en Allemagne, tantôt en Hollande ou en Suède. Au milieu de ses extravagances, il fit quelques découvertes utiles, entre autres celle du bleu de Prusse et de l'huile animale qui porte son nom, qu'on employa longtemps contre l'épilepsie et le ver solitaire. Il a laissé 70 ouvrages, la plupart oubliés, parmi lesquels on remarque cependant son traité De vitæ animalis morbo et medicina. Les principaux ont été réunis sous le titre de Christianus Democritus, 1747.

DIRCÉ, 2e femme de Lycus, roi de Thèbes, fit par jalousie enfermer dans une prison Antiope, que Lycus avait répudiée pour l'épouser elle-même; mais Jupiter délivra Antiope, qui bientôt donna le jour à deux fils, Amphion et Zéthus. Ceux-ci devenus grands firent mourir Lycus, et attachèrent Dircé à la queue d'un cheval indompté, qui l'emporta sur des rochers où elle fut mise en pièces. Les dieux, touchés de son malheur, la changèrent en une fontaine qui porta son nom et qui coulait près de Thèbes.

DIRÉ, v. et promontoire d’Éthiopie, à l'entrée du détroit appelé auj. de Bab-el-Mandel.

DIRECTOIRE, nom donné en France au pouvoir exécutif qui, d'après la constitution de l'an III, devait régir l'État, conjointement avec le Conseil des Cinq-Cents et celui des Anciens. Il fut installé le 27 oct. 1795 (5 brumaire an IV). Le Directoire se composait de 5 membres, nommés par les deux Conseils; il se renouvelait par cinquième d'année en année, et ses membres ne pouvaient être réélus ; il nommait les ministres, les généraux en chef, mais l'initiative en fait de mesures gouvernementales et législatives appartenait au Conseil des Cinq-Cents; les directeurs pouvaient seulement inviter ce Conseil à prendre un objet en considération. Les premiers directeurs furent La Revellière-Lepeaux, Letourneur, Rewbell, Barras et Carnot (ce dernier nommé en remplacement de Sieyès qui avait refusé). Ceux qui furent nommés après eux sont : Barthélemy, Merlin de Douay, François de Neufchâteau, Treilhard, Roger-Ducos, Gohier, Moulin, Sieyès, qui accepta en 1799. Le Directoire fut, au commencement surtout, une époque de gloire pour nos armées : toute l'histoire militaire de ce temps est dans les noms de Bonaparte, de Kléber, de Desaix, de Masséna, de Moreau. A l'intérieur, le travail du Directoire tendit à rapprocher peu à peu les intérêts, à éteindre les passions et les haines, à asseoir le nouveau gouvernement, sans employer de moyens odieux et criminels; cependant il se vit dans la nécessité de recourir à une banqueroute, qui fut déguisée sous le nom de tiers consolidé. A la suite de quelques échecs, on ne tarda pas à accuser les Directeurs d'incapacité ; d'ailleurs ils étaient sans cesse en lutte entre eux. Après avoir subi plusieurs révolutions intérieures (V. FRUCTIDOR, PRAIRIAL), le Directoire fut renversé par le général Bonaparte, dans la célèbre journée du 18 brumaire an VIII. Il avait duré 4 années. Cette époque fut signalée par la corruption des mœurs et par un agiotage effréné. M. de Barante (1855) et M. Granier de Cassagnac (en 1863) ont écrit l’Hist. du Directoire.

DIRSCHAU, v. de la prov. de Prusse, sur la Vistule, à 31 k. S. S. E. de Dantzick; 3000 h. Navigation active. Patrie du voyageur Forster.

DISCORDE, divinité malfaisante, fille de la Nuit, était la compagne de Mars, de Bellone et des Furies. Jupiter l'exila des cieux, parce qu'elle ne cessait d'en brouiller les habitants. Piquée de n'avoir point été invitée aux noces de Thétis et de Pelée, la Discorde jeta au milieu des déesses la fatale pomme d'or, cause de cette fameuse contestation dont Pâris fut le juge. Les poëtes anciens donnent à cette déesse une chevelure hérissée de serpents et nouée avec des bandelettes sanglantes. Les poëtes modernes ont aussi personnifié la Discorde : elle figure dans la Jérusalem délivrée, le Lutrin et la Henriade.

DISSENTIS, vge de Suisse (Grisons), à 52 kil. S. O. de Coire, dans la vallée du Rhin, à 1300m au-dessus de la mer; 1200 h. Abbaye fondée au VIIe s. par Sigebert, bénédictin écossais, et dont les abbés étaient princes d'empire et présidents de la diète de la Ligue-Grise. Les Français brûlèrent ce bourg en 1799.

DISTRICT FÉDÉRAL, nom donné, dans les républiques fédératives de l'Amérique, au territoire qui contient la capitale générale de la fédération, sans appartenir à aucun État particulier. Aux États-Unis Washington et son territoire forment le District fédéral, nommé aussi district de Colombia.

DITHMAR, évêque de Mersebourg, né en 976, d'abord moine au couvent de Bergen, fut sacré évêque en 1009 et mourut en 1018. Il eut à soutenir de longues guerres avec les margraves de Misnie. On lui doit une Chronique de l'histoire d'Allemagne, en 8 livres, qui s'étend de 876 à 1018 et comprend les règnes de Henri I, Othon I, II et III et Henri II. Elle a été publiée par Reineccius, 1580, par Leibnitz, dans son recueil d'écrivains pour l'histoire de Brunswick et se trouve dans les Monumenta germanorum historicor. de Pertz, Hanov., 1839. Wagner l'a réimprimée en 1808, Nurenberg, in-4.

DITHMARSES (Pays des), petite contrée de l'Allemagne septentrionale (Holstein), entre l'Elbe, l'Eyder et la mer du Nord, occupe 40 kil. sur 25; v. princ., Meldorf et Luden. Les Dithmarses, quoique nominalement soumis à l'empire d'Allemagne, ont presque toujours vécu indépendants. Leur pays a fait successivement partie du comté de Stade, du duché de Saxe (1144-80), de l'archevêché de Brême (contre lequel ils se révoltèrent pour se donner à l'évêché de Sleswig). En 1474, Christian I, roi de Danemark, obtint de l'empereur Frédéric III la réunion du Holstein, du Sleswig et du pays des Dithmarses en un duché relevant de la couronne de Danemark : mais bientôt les Dithmarses se révoltèrent ; le roi de Danemark Jean I leur fit en vain la guerre (1500) ; Frédéric II les soumit en 1559, à l'aide des ducs de Holstein : le pays fut alors partagé entre le duché de Holstein et le Danemark. En 1773, il fut réuni tout entier au duché de Holstein.

DITTERS DE DITTERSDORF (Charles), compositeur allemand, né à Vienne en 1739, mort en 1797, montra dès l'âge de 7 ans sa vocation pour la musique et acquit sur le violon un talent extraordinaire. Il parcourut l'Allemagne, accompagna Gluck en Italie, résida plusieurs années à Berlin et à Vienne et fut maître de chapelle à Breslau. Il était lié avec Haydn, Métastase et Martini. Ses princ. ouvrages sont : les Métamorphoses d'Ovide, composées de 15 symphonies, Vienne, 1785; les oratorios d’Isaac, de David, de Job, d’Esther (ce dernier est son chef-d'œuvre) : il a aussi donné plusieurs opéras-comiques, où il imite le genre de Grétry. L’Histoire de sa vie, par lui-même, a été publ. par son fils, Leips., 1801.

DIU, île de la mer des Indes, au S. du Guzzerat; a pour ch.-l. une ville de même nom, bâtie par les Portugais; 5000 hab. — L'île Diu renfermait jadis le temple le plus riche de l'Hindoustan, temple que pilla en 1025 Mahmoud le Gaznévide. Les Portugais la prirent en 1535. En 1670 leur établissement fut pillé par les Arabes de Maskat; ils l'ont repris en 1710, mais il ne s'est pas relevé.

DIUM, auj. Malathria, v. de Macédoine, dans la Piérie, sur le golfe Thermaïque, au S. d'Hallacmon. — V. d'Eubée, sur la côte N. O., est auj. Agia.

DIVE, riv. de France, naît dans le dép. de la Vienne, sépare ce dép. de celui des Deux-Sèvres, et se jette dans le Thouet à St-Hippolyte, après un cours de 65 kil. Elle est en partie canalisée.

DIVES, riv. qui arrose les dép. de l'Orne et du Calvados, et se jette dans la Manche : cours de 90 k.

DIVES, bourg du Calvados, canton de Dozulé, sur la Dives, à 19 kil. O. de Pont-l'Évêque; 600 hab. Petit port, où s'embarqua Guillaume le Conquérant.

DIVILINO, v. de Russie, la même que Déoulina.

DIVIO, v. de Gaule, auj. Dijon.

DIVITIAC, chef des Éduens, membre du collége des Druides, fut envoyé à Rome par ses compatriotes pour demander du secours contre les Séquanais et les Arvernes et s'y lia avec César et Cicéron. Il introduisit le premier les Romains dans la partie des Gaules où il commandait, et rendit de grands services à César dans sa guerre contre les Belges.

DIVODURUM, v. de Gaule, auj. Metz.

DIVONA, v. de Gaule, auj. Cahors.

DIVONNE, bourg du dép. de l'Ain, à 10 kil. de Gex ; 1800 hab. Établissement hydrothérapique.

DIX (Conseil des), à Venise. V. CONSEIL.

DIX DROITURES (Ligue des). V. GRISONS.

DIX MILLE (retraite des), retraite célèbre que fit à travers l'Asie-Mineure, sous la conduite de Xénophon, un corps de 10 000 Grecs qui avaient combattu à Cunaxa pour Cyrus le Jeune (401 av. J.-C.). Après la défaite et la mort de ce dernier, Cléarque, qui commandait les Grecs, refusa de déposer les armes et traita avec le grand roi, qui s'engagea à lui fournir des vivres jusqu'aux côtes du Pont-Euxin ; mais, trois jours après s'être mis en marche, il fut mis à mort par trahison, dans une conférence qu'il eut avec le satrape Tissapherne. Les Grecs, réduits au désespoir, allaient se rendre, lorsque Xénophon, qui n'était encore que simple officier, se mit a leur tête. Après mille fatigues et des dangers inouïs, il les conduisit jusqu'à Chrysopolis, sur la côte orientale du Bosphore, où ils s'embarquèrent pour Byzance. Xénophon nous a, dans son Anabase, raconté lui-même cette admirable retraite.

DIXMUDE, v. de Belgique (Flandre occid.), sur l'Yser, a 13 kil. S. E. de Furnes; 4000 h. Raffineries de sel. Prise en 1647 par Rantzau et en 1658 par Turenne.

DIX-SEPT PROVINCES (les), nom donné quelquefois aux possessions suivantes de Charles-Quint ; Franche-Comté, Flandre, Artois, Malines, Anvers, Hainaut, Namur, Brabant, Limbourg, Luxembourg, Hollande, Zélande, Gueldre (avec Zutphen), Utrecht, Over-Yssel, Frise, Groningue (avec Drenthe). Cambray y fut joint plus tard. Ces 17 prov. furent divisées par la trêve d'Anvers (1609) et formèrent deux masses : les 7 Provinces de Hollande, Zélande, Utrecht, Gueldre, Over-Yssel, Groningue et Frise furent déclarées indépendantes sous le nom de Provinces-Unies ; les dix autres formèrent les Pays-Bas espagnols.

DJ. Pour les mots qui commencent ainsi, et qui ne seraient pas ci-après, cherchez DI, G et J.

DJAFAR. V. GIAFAR.

DJAFNA, v. de l'île de Ceylan, ch.-l. d'un district de même nom, à l'extrémité sept. de l'île, à 300 kil. N. de Colombo; 8000 hab. Forteresse.

DJAGATHAÏ, 2e fils de Gengis-Khan, mort en 1248, donna son nom à l'un des empires formés à la mort du conquérant. Cet empire était compris entre les États de Kaptchak au N. O., de Cachemire au S. E., de Delhy et des Beloutchis au S., des Mongols de Perse à l'O., et avait pour villes principales Kachgar et Aksou. Auj. le nom de Djaggathaï s'applique encore à une partie du Turkestan.

DJAGUERNAT, JAGERNAUT, ou POURY, ville de l'Inde anglaise (Orissa), à 480 kil. S. O. de Calcutta, par 81° 25' long. E., 19° 49' lat. N., près du golfe de Bengale et du lac de Chilka, sur une branche du Mahanaddy; env. 36 000 hab. Temple immense où l'on vient en pèlerinage de toutes les parties de l'Inde; 1 200 000 pèlerins s'y rendent annuellement, et l'on prélève sur eux des sommes qui montent à plus de 22 millions de francs. Jadis beaucoup de fanatiques se faisaient écraser dans les fêtes solennelles qui s'y célèbrent, en se jetant sous les roues du char sacré qui porte la statue de Vichnou; mais ce zèle a beaucoup diminué depuis la domination anglaise.

DJALAOUAN, une des prov. de la confédération des Béloutchis, entre le Saraouan au N., le Lous au S., les monts Brouhies à l'E., a pour capit. Khozdar.

DJAMY (Abd-al-Rahman), poëte célèbre de Perse né en 1414 au bourg de Djam dans le Khoraçan, m. en 1492, fut appelé à la cour du sultan Abou-Sâïd, et y fut nommé poëte royal. Les plus remarquables de ses nombreux ouvrages sont: la Chaîne d'or; Selman et Absal; le Rosaire des justes; Yusuph et Soleika; Medjoun et Léila, poëme trad. par Chézy, Paris, 1807; le Beharistan (Séjour du printemps), poëme moral, mêlé de prose et de vers; et ses fabes, trad. par Langlès, 1788. Djamy appartenait à la secte des Sophis : il a exposé leur doctrine dans un de ses ouvrages et a donné la vie de 619 sophis. La Bibliothèque impériale possède en ms. un grand nombre de ses ouvrages.

DJANIK, v. de Turquie d'Asie (Sivas), à 100 kil. N. O. de Rivas, est le ch.-l. d'un livah de même nom qui s'étend le long de la mer Noire, entre les pachaliks d'Anatolie et de Trébizonde. Pays montagneux et humide ; beaucoup de grains et de chanvre.

DJAPARA, v. de l'île de Java, sur la côte N., ch.-l. d'une prov. de même nom, qui compte 150 000 hab.

DJÉANGIR. V. GÉANGIR.

DJEBEL, GEBEL ou GIBEL, c.-à-d. en arabe montagne. Pour ceux des mots commençant ainsi qui ne seraient pas ici, cherchez Gibel ou le mot qui suit.

DJEBEL ou DJEBAÏL, Byblos, v. et port de la Syrie (Tripoli), à 53 k. S. O. de Tripoli; 6000 hab., Druses et Maronites. Évêché maronite. Fort où réside l'émir des Maronites, église chrétienne, d'architecture byzantine; belles ruines. — Les Arabes s'en emparèrent sous le califat d'Omar; les Chrétiens la prirent en 1100 et la conservèrent pendant les croisades : on l'appelait alors Gebelet ou Bersabée. Elle tomba ensuite au pouvoir des Turcs, qui la possèdent encore. Les Anglais l'enlevèrent en 1840 à Méhémet-Ali.

DJEBEL-EL-KAMAR ou KOUMR. V. lune (monts de la).

DJEBEL-EL-TARIK. V. GIBRALTAR.

DJEBEL-NOUR, mont de la lumière, mont. d'Arabie (Hedjaz), près de La Mecque. C'est là, selon les Musulmans, que l'ange Gabriel apporta le premier chapitre du Coran à Mahomet.

DJEBEL-SELSELEH, Silsilis, mont. d’Égypte, voisines de Koum-Ombou, et dont les vastes carrières ont fourni ces blocs énormes qui ont servi aux constructions colossales de Thèbes.

DJEDDAH, v. et port d'Arabie (Hedjaz), sur la mer Rouge, à 90 k. O. de La Mecque; 15 000 h. Elle est regardée comme le port de La Mecque. Parfums, café; tissus, marchés d'esclaves. Port sûr et très-fréquenté avant les conquêtes des Wahabites. Résidence d'un pacha turc et de consuls européens. Elle a été le ch.-l. d'un des 4 pachaliks turcs de l'Arabie. Conquise sur les Wahabites en 1811 par Méhémet-Ali. Djeddah est une ville sainte, où règne un violent fanatisme : le consul français Eveillard y fut assassiné en 1858, ce qui attira sur la v. un sévère châtiment.

DJELALABAD, v. de l'Afghanistan, ch.-l. du Seistan, sur un canal dérivé de l'Helmend, à 1050 k. E. de Kaboul et à 520 k. de Kandahar. — Une autre v. de l'Afghanistan, du nom de Djelalabad, sur la riv. le Kaboul, a été saccagée en 1842 par les Anglais.

DJELAL-EDDIN, c.-à-d. Gloire de la Religion, sultan seldjoucide de Perse. V. MÉLIK-CHAH.

DJELAL-EDDIN-ROUMY, poëte persan, de la secte des sophis, né à Balkh en 1203, mort vers 1271, était issu du sang royal. Il quitta sa patrie pour se soustraire à la jalousie du sultan, vint se fixer à Konieh dans le Roum (Asie-Mineure), d'où son nom de Roumy, et y tint une école célèbre. On a de lui le Metsnevi, poëme moral, allégorique et mystique de 40 000 strophes, et le Divan, recueil de poésies lyriques. Les Persans le regardent comme un saint. Il fonda un ordre de derviches, les Mevlevis.

DJELALPOUR, v. de l'Indostan, dans l'État fédératif des Seikhs, à 142 k. N. O. de Lahore. On croit que c'est près de là qu'eut lieu la célèbre bataille entre Alexandre et Porus. — Plusieurs autres villes de l'Inde portent le nom de Djelalpour : une d'elles, dans la présidence de Calcutta, à 30 k. de Kalpi, donne son nom au district anglais de Dakka-Djelalpour.

DJELEM, Hydaspes, riv. de l'Inde, une des cinq grandes rivières du Pendjab, sort de l'Himalaya, dans la prov. de Cachemire, traverse le roy. de Lahore, et se jette dans le Tchenab, affluent du Sind, à 130 k. N. E. de Moultan; cours, env. 700 k.

DJEM, prince turc. V. ZIZIM.

DJEMALABAD, v. forte de l'Inde anglaise (Madras), dans le district de Kanara, par 13° 3' lat. N., 73° 5' long. E. Fort bâti par Tippou-Saïb et pris par les Anglais après la chute de Seringapatam.

DJEMCHID, ancien roi de la Perse ou Iran, de la race des Pichdadiens, est un personnage à la fois fabuleux et historique. Il est regardé comme le père de la civilisation en Perse : il régnait à une époque fort incertaine : selon les uns vers l'an 1890, selon les autres seulement vers 800 av. J.-C. Il agrandit Istakhar (Persépolis), inventa plusieurs arts et fonda plusieurs institutions utiles. Il fut détrôné par Zohak, venu d'Arabie, et laissa un fils, Féridoun, qui remonta dans la suite sur le trône. — Les Grecs ont changé son nom de Djemchid en celui d'Achéménès et ont donné le nom d'Achéménides aux rois de Perse qu'ils regardaient comme ses descendants.

DJEMMA-GHAZOUAT (c.-à-d. Assemblée de Pirates), dit aussi NEMOURS, v. et port d'Algérie (Oran), ch.-l. de cercle, à 162 k. N. O. d'Oran, près du Maroc. Poste fortifié en 1844. Monument en mémoire des Français massacrés près de là, à Sidi-Brahim.

DJENGIS-KHAN. V. GENGIS-KHAN.

DJENNY, v. de l'Afrique centrale, capit. du Bas-Bambarra, sur le Djoliba, à 180 k. N. E. de Ségo; 10 000 h. Commerce d'esclaves et de poudre d'or. Visitée par Caillié en 1828.

DJESSALMIRE, principauté de l'Inde, dans le Radjepoutanah, est comprise dans les domaines médiats de la Grande-Bretagne, et a pour ch.-l. Djessalmire, v. de 20 000 h., à 130 k. N. O. de Bikanir.

DJESSORE, district de l'Inde anglaise (Bengale), borné à l'E. par le district de Dakka-Djelalpour, au N. par le Gange, au S. par le golfe de Bengale, à l'O. par l'Hougly; env. 12 000 hab.; ch.-l. Moorlay. Indigo, riz, tabac, vers à soie.

DJEYPOUR, v. de l'Inde anglaise, ch.-l. d'une principauté de même nom, dans le pays des Radjepoutes, à 240 kil. S. O. de Dehli; env. 60 000 hab. Belle et bien bâtie. On y remarque le palais du Radjah dont l'architecture représente une queue de paon. Fabriques de drap, de tissus de coton. Commerce considérable, surtout en, chevaux. — La principauté est située dans la partie S. E. du Guzzerat ; 800 000 h.

DJEZZAR (Ahmed), pacha de St-Jean-d'Acre, né vers 1720 en Bosnie, mort en 1804. Vendu comme esclave en Égypte, il s'éleva successivement du rang de simple Mamelouk à la dignité de gouverneur du Caire, puis de Beyrouth, 1773. Nommé ensuite pacha de St-Jean-d'Acre, 1775, il s'y rendit indépendant lors de l'expédition des Français en Égypte, 1799. Enfermé dans St-Jean-d'Acre, il soutint contre les Français un siége mémorable, où la fortune de Bonaparte éprouva son premier échec. Sa cruauté lui avait valu le surnom de Djezzar (boucher).

DJIGELLI ou GIGERI, Igilgilis des anc., v. d'Algérie (Constantine), à 100 kil, N. O. de Constantine, à l'entrée du golfe de Bougie. Petit château fort. Les Français s'emparèrent de cette v. en 1664, mais ils l'abandonnèrent la même année, décimés par le climat. Duquesne y fonda le Fort-français, qui existe encore auj. Les Français l'ont prise de nouveau et occupée définitivement en 1839. Elle a été presque ruinée en 1856 par un tremblement de terre.

DJIHAN. V. CHAH-DJIHAN et GÉANGIR.

DJIHOUN, dit aussi Amou, Amou-Daria, l'ancien Oxus, un des plus grands fleuves de l'Asie, naît par 69° 30' long. E., 38° 25' lat. N., dans la chaîne du Belour, traverse le Badakchan et les pays de Bokhara et de Khiva, reçoit le Kafernihan, le Toupabak, le Golam, le Termedz-roud ; se divise dans le khanat de Khiva en 2 bras, et se perd dans la mer d'Aral après un cours d'env. 1600 kil. On présume que le cours du Djihoun a changé par l'effet d'un tremblement de terre, et que ce fleuve se jetait autrefois dans la mer Caspienne.

DJIMILLAH, Gemellæ ou Cuiculum, v. d'Algérie, entre Constantine et Sétif. Ruines romaines, théâtre, bel arc de triomphe. Les Français y ont établi un camp retranché en 1839.

DJINNS, esprits malfaisants dans l'antique religion des Arabes et des Persans, sont des êtres d'une nature éthérée ou ignée. S'étant révoltés contre Dieu ou ayant refusé de reconnaître la suprématie d'Adam, ils furent maudits, chassés du ciel et relégués à l'extrémité du monde. On leur attribue tout le mal qui arrive sur la terre. Les Perses modernes en font des génies femelles et les disent maudits par Salomon.

DJIRDJEH ou GIRGEH, v. de Hte-Égypte, sur la r. g. du Nil, à 420 kil. S. E. du Caire; 12 000 hab. Jadis capit. de la Hte-Égypte, auj. ch.-l. de dép. Évêché copte. Aux env., ruines de Ptolémaïs.

DJIRGENTI. V. GIRGENTI.

DJIZEH, v. de la Moyenne Égypte, ch.-l. de dép., sur la r. g. du Nil, presque vis-à-vis du Caire, entre les grandes Pyramides à l'O. S. O., et les ruines de Memphis au S. Cette ville est regardée comme la plus agréable de l’Égypte.

DJOCJOKARTA, v. forte de l'île de Java, ch.-l. d'un État de même nom soumis aux Hollandais, à 400 kil. E. S. E. de Batavia et à 22 kil. de la mer; 100 000 hab. Palais avec fossé; murailles, artillerie. Résidence du prince javanais. L’État de Dj., qui compte plus de 600 000 hab., relève de la Compagnie hollandaise depuis 1755.

DJOHORE, v. de la presqu'île de Malacca, à 200 k. S. E. de Malacca et près de Singapour, est la capit. d'un petit État de même nom, Gutta-percha. — L’État de Djohore, puissant jadis, est auj. faible et dépeuplé. Il dépend des Anglais. Aux XVIe et XVIIe siècles, il avait dépendu des Portugais, qui y fondèrent en 1511 la ville actuelle. — On donne aussi le nom de Djohore à un archipel voisin, qui dépend du sultan de Djohore.

DJOLIBA ou NIGER. V. NIGER.

DJOM, nom de l'Hercule égyptien.

DJOMNAH, le Jomanes des anciens, riv. de l'Hindoustan, sort du mont Yamounavatari, sur le versant S. de l'Himalaya, par 76° long. E., 30° 38' lat. N.; traverse les prov. de Delhi, Agra, Allahabad, et y baigne les trois villes du même nom; reçoit le Tchambal, le Betouah, la Kiane, et joint le Gange sous les murs d'Allahabad. Cours, 1350 kil.

DJONKSEILON ou SALANGA, île de l'Océan indien, sur la côte S. O. de la péninsule de Malacca, dépend de l'empire birman et compte env. 15 000 hab. Importante par sa position et ses mines d'étain; très-florissante avant l'invasion des Birmans en 1810, elle a beaucoup déchu depuis.

DJORDJAN, Syringis, v. de Perse (Mazanderan), près de l'emb. du fleuve Djordjan dans la mer Caspienne. On y cultive les lettres.

DJORHAT, v. de l'Inde Transgangétique anglaise, à 300 kil. N. E. de Calcutta, dans l'anc. roy. d'Assam, dont elle a été la capit. Thé, caoutchouc.

DJOUANPOUR, v. de l'Inde anglaise (Calcutta), ch.-l. de district, dans l'anc. Allahabad, à 65 kil. N. O. de Bénarès, sur le Goumy. Beau pont, belles ruines. Le district fournit beauc. de canne à sucre.

DJOUBOULPOUR, v. forte de l'Inde Anglaise (Calcutta), à 200 kil. N. E. de Nagpour. Résidence d'un gouverneur, cour de justice. Manuf. de tapis.

DJOUNYR, v. de l'Inde anglaise (Bombay), ch.-l. de district, dans l'ancien Aureng-abad, à 132 k. E. de Bombay. Ruines d'édifices turcs taillés dans le roc. — Le district, à l'E. de la chaîne des Ghattes occid., a pour ch.-l. Pouna.

DJOWAR, v. de l'Inde anglaise (Bombay), ch.-l. de district, dans l'ancien Aurengabad, par 71° 20' long. E., 19° 55' lat. N. — Le district est borné au N. par le Guzzerat, et à l'O. par la mer d'Oman.

DLUGOSZ (Jean), dit aussi Longinus, historien polonais, né à Brzeznic en 1415, d'une famille noble, fut précepteur des enfants de Casimir IV, remplit diverses missions diplomatiques en Prusse, en Hongrie et an Bohême, fut nomme au retour d'un voyage en Palestine archevêque de Lemberg, et mourut à Cracovie en 1480, avant d'avoir été consacré. On a de lui : Historia Polonica usque ad annum 1480, Leipsick, 1711, 2 vol. in-fol.

DMITRI, DIMITRI, ou DÉMÉTRIUS, nom de plusieurs souverains russes : Dm. I, fils d'Alexandre Newsky, régna de 1276 à 1294 à Vladimir avec le titre de grand-prince, eut à combattre son propre frère, André, avec lequel il finit par se réconcilier, vit ses États désolés par les Tartares de la Horde d'Or et, désespérant de leur résister, se fit moine. — Dm. II, de Tver, grand-prince de Vladimir, 1323-26, ne régna que sous le bon plaisir des Tartares et fut mis à mort par Usbek, leur khan, pour avoir tué Iourié, l'assassin de son père et son compétiteur. — Dm. III, de Souzdal, régna à Moscou de 1359 à 1362, mais fut contraint de céder le trône à son cousin Dmitri, fils d'Ivan II, qui suit. — Dm. IV, surn. Donskoy, né en 1349, régna à Moscou de 1362 à 1389, se fit céder la couronne par Dmitri III, en épousant sa fille, fit la guerre aux princes de Tver et de Riazan, qui lui disputaient le trône, fortifia Moscou (1367), construisit le Kremlin, et battit les Tartares en 1380 à Koulikof, près des bords du Don (d'où son surnom de Donskoy); mais deux ans après, il vit sa capitale prise et pillée et fut forcé de payer tribut.

Un dernier prince du nom de Dmitri, fils puîné d'Ivan IV, et dernier rejeton de la race de Rurik, né en 1581, était en bas âge quand son père mourut : seul frère de Fédor, qui avait succédé à Ivan sous la tutelle de Boris Godounov, il était destiné au trône; mais il fut mystérieusement assassiné en 1591 : on accusa de ce meurtre Godounov, à qui sa mort assurait le trône. La disparition du jeune Dmitri fournit à plusieurs imposteurs l'occasion de se faire passer pour l'héritier du trône. Le plus remarquable parut en Pologne en 1603 : il disait avoir été soustrait à l'attentat commis par Godounov, dont un enfant substitué avait seul été victime. Il se vit promptement entouré d'une nombreuse armée, battit Godounov, qui mourut peu après d'apoplexie, et fut universellement reconnu pour czar en 1605; mais il indisposa ses sujets par son mépris pour leurs usages et sa prédilection pour les Polonais, et périt l'année suivante, victime d'une conspiration ourdie par Chouisky. On l'a identifié, mais à tort, avec un certain Grégoire Otrepiev, moine apostat, qui à la même époque avait soulevé les Cosaques contre Boris Godounov. — Les faux Dmitri ne cessèrent de paraître qu'après l'établissement définitif de la maison Romanov (1613). M. Mérimée a écrit leur histoire.

DMITRIEFF (Ivan Ivanovitch), poëte russe, né en 1760 dans le gouvt de Simbirsk, mort en 1837, servit d'abord dans l'armée et parvint jusqu'au rang de colonel, remplit sous Paul Ier les fonctions de procureur général, et fut, sous Alexandre, ministre de la justice. Il occupé comme fabuliste la première place après Krylof, comme notre Florian après Lafontaine. Ses œuvres ont paru à St-Pétersbourg, en 1823.

DMITROV, v. de Russie (Moscou), à 65 k. N. de Moscou; 3200 hab. Fondée en 1154 par le grand-duc Iourie Vladimirovitch ; elle a plusieurs fois servi d'apanage à des princes russes.

DNIEPER ou DNIEPR, Danapris ou Borysthenes, fleuve de la Russie d'Europe, sort du gouvt de Smolensk, arrose les gouvernements de Mohilev, Minsk, Tchernigov, Pultawa, Iékatérinoslav, Kherson, et tombe dans la mer Noire par une large emb. entre Otchakov et Kinbourn, après un cours d'env. 1600 k. Ses principaux affluents sont : la Bérézina et le Pripetz à droite; la Desna et le Psioul à gauche. Son cours est rapide et embarrassé par des blocs de granit et des bancs de craie qui donnent naissance à plusieurs cataractes. Le Dniepr n'a qu'un pont, celui de Kiev; encore s'enlève-t-il l'hiver. Ses eaux sont très-poissonneuses. Ce fleuve communique par des canaux avec le Niémen, la Vistule et la Dwina.

DNIESTER ou DNIESTR, Danaster ou Tyras, fleuve de la Russie d'Europe, sort des monts Krapacs en Galicie, coule d'abord au N., puis au N. E., et ensuite au S. E.; passe à Sambor, Halicz, Mariampol, Zaleszczyski, Mohilev, Bender, et tombe dans la mer Noire au-dessous d'Ovidiopol, après avoir reçu le Sered, la Podharca, le Reout. On lui donne env. 1500 kil. de cours.

DOBBERAN, bourg du grand-duché de Mecklembourg-Schwérin, sur la Dobber, à 58 k. N. E. de Schwérin, à 4 kil. de la mer Baltique; 2400 h. Église gothique où sont les tombeaux des grands ducs. Pillée en 1637 par les troupes de Wallenstein, puis par les Suédois.

DOBOKA, comitat de la Transylvanie, dans le Pays des Hongrois, borné au N. par le district de Bistritz, au sud par le comitat de Klausenbourg, et à l'O. par celui de Krasna, a 160 kil. sur 15, et env. 110 000 hab. ; ch.-l., Szek. Depuis 1848 une portion du territoire à l'E. a été incorporée au district de Reteg, une portion à l'O. à celui de Klausenbourg.

DOBROUTCHA, contrée marécageuse de la Turquie d'Europe (Bulgarie), s'étend le long de la mer Noire depuis la branche la plus mérid. du Danube jusqu'au mur d'Adrien, au N. de Varna. Elle comprend les villes de Babadagh, Bazardschik, Kustendji, Hirsova, Rassova, Toulcha, et Matschin. Elle fut envahie en 1854 par les Russes, contre lesquels le général Espinasse dirigea une expédition que l'insalubrité du climat fit échouer.

DOCÈTES (du grec dokein, paraître), hérétiques des premiers siècles qui contestaient la vie réelle de J.-C. et prétendaient qu'il n'avait eu qu'une chair apparente, qu'il n'était né, n'avait souffert et n'était mort qu'en apparence.

DOCTRINAIRES, ordre religieux. V. DOCTRINE (Prêtres de la). — On a aussi désigné par ce nom depuis 1815 quelques hommes d'État et publicistes qui ont surtout travaillé à établir en France le gouvernement constitutionnel, pensant que l'on peut concilier le pouvoir et la liberté. Ils reconnaissaient pour chef M. Royer-Collard. On les nomma ainsi soit parce qu'ils avaient une doctrine politique arrêtée, soit parce que leur chef était un élève des Pères de la Doctrine. On comptait parmi eux Camille Jordan, de Serre, Guizot, de Broglie, Duchâtel, Rémusat, Jaubert, Duvergier de Hauranne. Bien que peu nombreux, les Doctrinaires exercèrent par l'ascendant du talent une grande influence sous les deux monarchies de 1814 et de 1830.

DOCTRINE (Prêtres de la) ou DOCTRINAIRES, congrégation religieuse fondée en 1592 par César de Bus, à Avignon, et approuvée par le pape en 1597, avait pour but de catéchiser le peuple des campagnes. Elle accepta depuis la direction de plusieurs colléges et eut des établissements florissants. Une fraction des Doctrinaires, ayant refuse de faire des vœux, se sépara en 1619 de César de Bus et se réunit aux Oratoriens. — César de Bus forma aussi une congrégation de Filles de la Doctrine (Ursulines).

DODART (Denis), médecin de Louis XIV, né à Paris en 1634, mort en 1707, avait été élu en 1673 membre de l'Académie des sciences. Il a rédigé un grand nombre de mémoires sur la médecine, l'histoire naturelle et la physique médicale; on remarque surtout ses expériences sur la transpiration insensible et ses recherches sur la production de la voix. Fontenelle a prononcé son Éloge.

DODDRIDGE (Philippe), théologien anglais non conformiste, né à Londres en 1702, mort à Lisbonne en 1751, se consacrait à l'éducation et travailla surtout pour l'enfance. Ses principaux ouvrages sont : Sermons sur l'éducation des enfants, 1732; Sermons aux jeunes gens, 1735 ; l'Interprète des familles, paraphrase de l'Écriture, 1739-56; la Naissance et les progrès de la religion dans l'âme, 1754; Lectures sur différents sujets, 1763, et un recueil d’Hymnes, remarquables par le sentiment et par une poésie facile. La plupart de ses écrits ont été trad. en français.

DODE DE LA BRUNERIE (Guillaume), maréchal de France, né en 1775, mort en 1851, était fils d'un notaire de Geoire (Isère). Officier du génie, il fit les campagnes d’Égypte, d'Allemagne, d'Espagne, dirigea les sièges de Saragosse (1809) et de Badajoz (1810), s'enferma dans Glogau après le désastre de Russie et s'y maintint jusqu'à la paix, commanda le génie dans l'expédition d'Espagne en 1823, emporta le Trocadéro, assiégea Cadix, et fut à son retour créé pair de France et vicomte. Nommé en 1840 président du conseil des fortifications, il eut en cette qualité à diriger la construction des fortifications de Paris, et acheva en cinq années cette œuvre immense : il reçut en récompense le bâton de maréchal (1847). Dode a rédigé les travaux de siége dans l’Expédition d’Égypte et a publié un Précis des opérations devant Cadix.

DODÉCARCHIE, gouvernement des douze rois qui se partageaient l’Égypte vers l'an 680 av. J.-C. La dodécarchie ne dura qu'environ 18 ans.

DODOENS (Rembert), Dodonæus, savant hollandais, né dans la Frise en 1517, mort à Leyde en 1585, cultiva avec succès l'astronomie, la médecine et surtout la botanique, et devint médecin des empereurs Maximilien II et Rodolphe II. On distingue dans le nombre de ses ouvrages : Frumentorum et leguminum historia, Anvers, 1566; Florum historia, 1568; Purgantium, radicum et herbarum historia, 1574; Stirpium historia, 1576, ouvrage qui résume tous ses travaux et qui a été traduit par L'Écluse, sous le titre d’Histoire des plantes; Historia vitis, 1580. Il travailla en commun avec L’Écluse et Lobel.

DODONE, Dodona (auj. Heloni-Mon ou Gardiki, au N. de Janina), v. d'Épire, en Chaonie, sur les confins de la Thesprotie, au pied du Tomarus, au milieu de vastes forêts, était le sanctuaire du culte pélasgique, et avait un oracle de Jupiter, l'un des plus célèbres comme des plus anciens de la Grèce. Les prophéties étaient rendues par un chêne, nommé l’arbre fatidique : la prêtresse interprétait tantôt le bruissement des branches, tantôt le son rendu par des vases de cuivre suspendus à l'arbre sacré, tantôt le chant des colombes cachées dans son feuillage ou le murmure d'une source voisine.

DODSLEY (Robert), littérateur et libraire anglais, né en 1703 à Mansfield (Nottinghamshire), mort en 1764, fut d'abord laquais et commença à se faire connaître par un petit recueil en vers intitulé : la Muse en livrée, qui lui concilia l'estime de Pope. On a de lui en outre : la Boutique de bijoux, comédie satirique, 1735, trad. en 1767; le Roi et le Meunier de Mansfield, 1736, farce qui eut un grand succès (trad. avec d'autres pièces par Patu, 1756); Cléone, tragédie, 1758; l'Économie de la vie humaine ou le Bramine inspiré, 1748, traité de morale en style oriental (plusieurs fois trad., notamment par Destournelles, 1812), et des Fables en vers qui ont été aussi traduites, il publia à partir de 1758 l’Annual Register, qui est le type de nos annuaires historiques.

DODWELL (Henri), savant philologue, né à Dublin en 1641, mort en 1711, se livra avec ardeur aux sciences ecclésiastiques, quoiqu'il fût laïque. Il se lia étroitement avec Lloyd, évêque de St-Asaph, et fut nommé en 1688 professeur d'histoire à Oxford; mais il se fit destituer pour avoir refusé le serment d'allégeance : il écrivit à cette occasion un pamphlet qu'il intitula Non-jurors (1701). On a de lui de savantes dissertations sur S. Cyprien, S. Irénée, Sanchoniathon; des notes sur Velléius Paterculus, Xénophon, Denys d'Halicarnasse; une belle éd. des Petits Géographes grecs, Oxford, 1698; un traité estimé de chronologie : De veteribus Græcorum Romanorumque cyclis, Oxf., 1703 ; mais il est surtout connu par des opinions singulières qui l'engagèrent dans de vives disputes avec Clarke, Norris, Baxter, Burnet : il soutenait, entre autres paradoxes, que l'âme est mortelle de sa nature et que l'immortalité ne lui est conférée que par un don de Dieu et, depuis les Apôtres, par le ministère des évêques ; que les quatre Évangiles avaient été rédigés du temps de Trajan, etc. — Son fils aîné, Henri D., publia en 1742 le Christianisme non fondé en preuves, pamphlet anonyme, où il attaquait la révélation, tout en affectant du zèle pour le Christianisme. — W. D., frère du préc., 1709-88, entra dans le clergé anglican et devint archidiacre de Berks. On a de lui une Libre réponse aux Libres recherches du docteur Middleton, et un grand nombre de Sermons, dont un contre le livre de son frère, le Christianisme non fondé. — Édouard D., 1737-1832, s'est fait connaître comme antiquaire. On a de lui : Classical tour in Greece, 1819, et Vues et description des constructions cyclopéennes de la Grèce et de l'Italie, avec un texte franç., Paris, 1834, ouvrages très-estimés.

DOEBEREINER (J. Wolfgang), chimiste, né en 1780 à Hof (Bavière), mort en 1849, enseigna à partir de 1810 la chimie à l'Université d'Iéna. On lui doit, entre autres découvertes, celle des chlorures alcalins, des propriétés désinfectantes du charbon, des procédés propres à extraire la soude du sel de Glauber, de la singulière propriété qu'a le platine à l'état spongieux d'enflammer l'hydrogène au contact de l'air, propriété qu'il appliqua à la construction de briquets, de veilleuses et d'eudiomètres de platine. Il a laissé, outre de nombreux mémoires, des Éléments de chimie pharmaceutique, Iéna, 1819; des Essais de chimie pneumatique, 1821, et des Principes de chimie générale, 1826.

DOERING (Wilh. Asmus), poëte allemand, né en 1789 à Cassel (Hesse), mort en 1833. On a de lui 2 drames : Cervantes, 1809, et Albert le Sage, 1825 ; 4 tragédies : Posa et le Fidèle Eckert, 1822; Zénobie, 1823; le Secret du tombeau, 1824; plusieurs opéras, plusieurs romans et des nouvelles en prose et en vers : c'est dans ce dernier genre qu'il réussit le mieux. Il fournit un grand nombre d'articles aux journaux littéraires de l'Allemagne, et fonda lui-même deux journaux, l'Iris, en 1816, et le Kaléidoscope, en 1819.

DOES (van der). V. DOUSA et VAN DER DOES.

DOESBURG, v. forte de Hollande (Gueldre), à 13 k. S. de Zutphen, au confluent des deux Yssel; 2400 h. Prise par Louis XIV en 1672.

DOFRINES, dites aussi Alpes Scandinaves, chaîne de mont. qui traverse dans toute sa longueur la péninsule Scandinave en séparant la Norvége de la Suède, et en formant la ligne de partage des eaux entre la Baltique et la mer du Nord. Son point culminant, le Sneehættan (Bonnet de neige), a 2500m. Les Dofrines sont les mont. les plus riches de l'Europe en mines de fer et de cuivre. On y trouve aussi du plomb, de l'arsenic, du cobalt et de l'argent.

DOGADO (c.-à-d. État du doge), anc. prov. de l'État de Venise, entre la Polésine au S., le Padouan à l'O., le Trévisan au N., et l'Adriatique à l'E., comprenait les nombreux îlots qui forment la v. de Venise, plus Giudeca, St-George, St-Rasmo, Malamocco, et un peu de terre ferme. Venise en était le ch.-lieu.

DOGES. On appelait ainsi le premier magistrat de plusieurs républiques italiennes, particulièrement de Venise et de Gênes. A Venise, le doge avait pour attributions principales : de décider la guerre ou la paix, de commander les armées, de nommer aux fonctions civiles et ecclésiastiques, de présider le sénat; mais il ne pouvait prendre aucune résolution sans l'assentiment du Conseil des Dix. La monnaie était frappée au nom du doge, mais non à ses armes; il ne pouvait choisir une épouse ailleurs qu'à Venise. En entrant en charge il se fiançait avec la mer Adriatique, usage qui faisait sans doute allusion à l'empire que Venise avait sur les mers. Le 1er doge fut Paulucci Anafesto (697), et le dernier, Ludovico Marini, qui était en exercice lorsque la république de Venise fut conquise par les armes françaises (1797). Les doges vénitiens les plus célèbres sont les Dandolo, les Faliero, les Tiepolo et les Gradenigo. V. ces noms.

A Gênes, la dignité de doge fut créée en 1339 et fut d'abord conférée à vie; le doge devait être de famille plébéienne et de la faction gibeline. Parmi ces doges perpétuels nous citerons les noms de Guarco, Montaldo, Fregoso et Adorno. En 1528 André Doria fit décréter qu'on élirait un nouveau doge tous les deux ans et qu'il serait choisi parmi les familles aristocratiques; ce doge devait partager le pouvoir avec un conseil de 400 membres choisis dans la noblesse. Les Spinola, les Doria, les Grimaldi, les Imperiali, les Durazzo, les Balbi, les Pallavicino, sont les plus célèbres de ces derniers doges. Gênes cessa d'avoir des doges en 1797, lors de l'occupation de cette république par les années françaises.

DOGGER-BANK, c.-à-d. Banc des Chiens, long banc de sable de la mer du Nord, entre l'Angleterre, la Hollande et le Danemark, par 54° 10'-57° 23' lat. N. et 1° 21'-4° 17' long. E. Il est très-fréquenté pour la pêche de la morue. Il s'y livra, le 5 août 1781, un combat naval entre les Hollandais et les Anglais.

DOHNA (comtes de), anc. et illustre famille d'Allemagne, est originaire de la Gaule Viennoise (Dauphiné), et fut transportée en Allemagne par Charlemagne (806), pour défendre les frontières de l'empire contre les Wendes. Elle tire son nom du château de Dohna ou Donye, situé à quelques kil. S. E. de Dresde. Le titre de burgrave était héréditaire dans cette maison. Elle forma deux lignes principales, celle de Silésie, qui s'éteignit en 1611, et celle de Prusse, qui existe encore auj. Elle a produit un grand nombre de personnages distingués. Les principaux sont : Fabien, burgrave de Dohna, né en 1550, mort en 1622; il fut le compagnon d'enfance d'Albert, premier duc de Prusse, parcourut la France et l'Italie, puis entra au service de Jean-Casimir, comte palatin, qui le chargea de plusieurs missions, et lui donna le commandement d'un corps de troupes allemandes envoyé au secours de Henri IV, roi de France. De retour en Prusse, il reçut de l'électeur de Brandebourg, Jean-Frédéric, le titre de grand burgrave du duché de Prusse; 1604. — Acace, burgrave de Dohna, neveu du préc., né en 1581 : après un voyage en France, il fut nommé gouverneur du fils de l'électeur palatin, et fut, dans la suite, chargé de plusieurs missions diplomatiques par son élève, Frédéric V, devenu électeur palatin et roi de Bohême. Après les désastres de ce prince, Dohna se retira en Prusse, où il mourut en 1647. — Frédéric, bourguemestre de Dohna, acheta en 1657 la seigneurie de Coppet en Suisse, reçut le droit de bourgeoisie à Berne, et occupa une place dans le grand conseil de ce canton. Bayle fut le précepteur de ses trois fils. — Alexandre, comte de Dohna, né en 1661, mort en 1728, feld-maréchal de Prusse, premier ministre d'État de Frédéric I et Frédéric-Guillaume I : il avait été gouverneur de ce dernier.

DOIRE BALTÉE, Dora Baltea des Italiens, Duria Major des anciens, riv. d'Italie qui prend sa source au pied du Petit-St-Bernard, arrose Aoste et Ivrée, et tombe dans le Pô entre Crescentino et Brusasco, après 175 kil. de cours. — Elle a donné son nom à un dép. de l'empire français dont Ivrée était le ch.-l.

DOIRE RIPAIRE, Dora Riparia des Italiens, Duria Minor des anciens, riv. d'Italie, au S. de la précédente, sort du versant oriental des Alpes Cottiennes, traverse la province de Suse, et va grossir le Pô un peu au-dessous de Turin après 120 kil. de cours.

DOKKUM, v. de Hollande (Frise), à 19 kil. N. E. de Leeuwarden, à 9 kil. de la mer, à laquelle elle communique par un canal navigable à la marée haute pour les gros bâtiments; 3600 hab. Patrie de l'astronome Gemma Frisius. Prise et dévastée par les Espagnols en 1572.

DOL, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 28 kil. S. E. de St-Malo; 4000 hab. Collége; anc. évêché, qui fut quelque temps métropolitain de toute la Bretagne; place jadis importante, qui joua un rôle pendant les guerres avec l'Angleterre.

DOLABELLA (P. Corn.), gendre de Cicéron, embrassa pendant la guerre civile le parti de César, servit sous ce général à Pharsale, a Thapsus et à Munda, et fut successivement tribun, consul (44 av. J.-C.), et gouverneur de Syrie. Après la mort de César, il fut dépouillé de son gouvernement par Cassius, et s’en vengea en faisant périr Trébonius, gouverneur de l’Asie-Mineure, et l’un des meurtriers du dictateur. Déclaré pour ce meurtre ennemi de la république, il s’enferma dans Laodicée, et y fut assiégé par Cassius, qui le réduisit à se donner la mort, l’an 43 av. J.-C. Il avait à peine 30 ans. Dolabella était très-petit : Cicéron, le voyant un jour ceint d’une épée fort longue, dit plaisamment : « Qui donc a attaché mon gendre à cette épée ? »

DOLCE (Carlo), peintre florentin, né en 1616, mort en 1686, excellait surtout dans le portrait. On lui doit aussi plusieurs tableaux très-estimés, entre autres : J.-C. dans le jardin des Oliviers, qu’on voyait au musée du Louvre avant 1815 ; Hérodiade portant la tête de S. Jean-Baptiste ; une Ste Cécile ; J.-C. bénissant le pain ; la Vierge allaitant Jésus. Il se distingue par une expression vraie et touchante, par la suavité et l’harmonie de la couleur, et par une douceur de pinceau qui lui a valu sans doute le nom sous lequel il est connu.

DOLCE (Ludovico), littérateur vénitien, 1508-1566, a traduit la Vie d’Apollonius de Philostrate, les Métamorphoses d’Ovide (en vers), les Œuvres d’Horace, et a donné plusieurs tragédies dont la plus cél., Marianne, a été refaite par Tristan et par Voltaire.

DÔLE, Dola Sequanorum et Didattium, ch.-l. d’arr. (Jura), près du Doubs et sur le canal du Rhin au Rhône, qui y prend son origine, à 52 kil. N. de Lons-le-Saulnier ; 11 000 hab. Station, belle église de Notre-Dame. Trib., collége (jadis aux Jésuites). Produits chimiques ; mécaniques hydrauliques, etc. Quelques restes de monuments romains. — Dôle est très-ancienne : elle fut érigée en commune en 1274. Elle était la capit. de la Franche-Comté avant Besançon, et eut un parlement et une université célèbre, créée en 1422. Louis XI s’en empara en 1479, mais la perdit bientôt ; Charles-Quint la fortifia en 1530 ; le prince de Condé l’assiégea vainement en 1636, mais Louis XIV la prit en 1674 ; il transféra le siége du gouvernement à Besançon. Patrie du général Malet.

DÔLE (la), un des plus hauts sommets de la chaîne du Jura, est située en Suisse (pays de Vaud), à 26 kil. N. de Genève, et s’élève à 1690m au-dessus du niveau de la mer ; de cette hauteur, on voit le Mont-Blanc et toute la chaîne des Alpes, depuis le St-Gothard jusqu’au Mont-Cenis.

DOLET (Étienne), né à Orléans en 1509, fut dans sa jeunesse secrétaire d’ambassade à Venise, puis étudia la jurisprudence à Toulouse, où il se fit, par son humeur turbulente, des querelles avec le parlement et d’où il fut expulsé en 1534. Il alla s’établir imprimeur à Lyon ; mais il s’attira dans cette ville de nouvelles difficultés par son caractère satirique et par la publication d’ouvrages entachés d’hérésie. Deux fois mis en prison (1542 et 44), il fut bientôt relâché ; mais ayant donné lieu à de nouvelles plaintes, il fut incarcéré une 3e fois, après avoir été condamné par la Sorbonne et par le parlement de Paris. François I, qui l’avait d’abord protégé, l’ayant abandonné, il fut amené de Lyon à Paris pour y subir le supplice : il fut pendu, puis brûlé en place Maubert (1546). On dit que, voyant le peuple attendri sur son sort, il fit lui-même ce vers en allant au supplice :

Non dolet ipse Dolet, sed pia turba dolet.

Son crime était, selon les uns, d’avoir professé le matérialisme et l’athéisme, selon les autres, de s’être montré favorable aux opinions de Luther. Ses principaux ouvrages sont : Commentarii linguæ latinæ, Lyon, 1536-38, 2 vol. in-f. ; Formulæ latinarum locutionum, 1539 ; De Imitatione Ciceroniana, 1535 et 1540, où il combat Érasme. Il a aussi laissé des poésies latines et françaises fort médiocres, des traductions franç. de quelques écrits de Platon et de Cicéron, des pamphlets de circonstance, dont deux sur son emprisonnement, intitulés : le Premier et le Second Enfer d’Ét. Dolet, 1544, et un autre où il demande qu’il soit loisible de lire l’Écriture en langue vulgaire, et qui fut brûlé. Ses Œuvres ont été réimpr. chez Techener, Paris, 1830. M. Jos. Boulmier a écrit sa Vie, 1857 ; M. Taillandier a publié son Procès, 1856.

DOLGOROUKI (les princes), illustre famille russe, qui fait remonter son origine à S. Vladimir et à Rurik. Son nom, qui signifie longue main, fut porté pour la 1re fois, au XIIe siècle, par George, 8e fils de Vladimir Monomaque, qui régna comme grand prince à Moscou, puis à Kiev, de 1147 à 1157. Elle a fourni un grand nombre de généraux et d’hommes d’État distingués. Jacques Fédorovitch D., né en 1639, mort en 1720, fut en 1687 chef de la première ambassade russe envoyée en France et en Espagne, combattit contre les Turcs, puis contre le roi de Suède Charles XII, fut fait prisonnier à Narwa, parvint à s’échapper après dix ans de captivité, fut nommé sénateur en 1702 et se distingua par sa franchise et par la fermeté avec laquelle il sut résister aux volontés souvent despotiques de Pierre le Grand. — Ivan, prince de D., petit-neveu du préc., s’empara de l’esprit de Pierre II, czar de Russie, avec lequel il avait été élevé, fiança sa propre sœur Catherine au czar en 1729, et fit exiler Menzikoff ; à l’avènement de l’impératrice Anne, il fut exilé lui-même en Sibérie avec sa femme, et quelques années après (1738), il fut mis à mort avec la plus grande partie de sa famille sur les plus faibles soupçons. — Parmi les membres de cette famille qui survécurent à ce tragique événement, nous pouvons mentionner Vasili Dolgorouki, général en chef sous Catherine II, qui força les lignes de Pérékop en 1771 et mérita le nom de Krymski pour avoir conquis la Crimée, 1774 ; — Ivan-Mikaïlovitch D., né en 1764, mort en 1824, qui se distingua comme poëte : il a composé des odes, des épîtres philosophiques et des satires. Ses œuvres parurent à Moscou en 1819 sous ce titre : État de mon âme, ou Poésies du prince J. M. Dolgorouki.

D’OLIVET. V. OLIVET et FABRE D’OLIVET.

DOLLART (golfe de), golfe de la mer du Nord, à l’emb. de l’Ems, entre les prov. de Groningue (Hollande) et de Frise orient. (Hanovre) ; il a de 30 à 35 k. d’enfoncement sur 15 de large. Il fut formé par deux irruptions de la mer (1277 et 1287), qui engloutirent 33 villages et firent périr 100 000 hab.

DOLLOND, famille d’habiles opticiens anglais. Jean Dollond, né en 1706, mort en 1762, issu de réfugiés français, était d’abord fabricant de soie ; il étudia seul les mathématiques, et ayant formé ses deux fils, Pierre et Jean Dollond, il se consacra avec eux à la fabrication des instruments de mathématiques et d’astronomie. Ils ont perfectionné les lunettes achromatiques, les télescopes réfringents et le micromètre.

DOLOMIEU, vge du dép. de l’Isère, au N. O. et à 8 kil. de la Tour-du-Pin ; 1300 h. Anc. seigneurie, érigée en marquisat en 1688.

DOLOMIEU (Tancrède GRATET de), géologue et minéralogiste, né en 1750, au château de Dolomieu en Dauphiné, mort en 1801, membre de l’Institut, ingénieur et professeur à l’École des mines et au Muséum d’histoire naturelle, a enrichi la science par ses recherches sur les substances volcaniques et sur une foule de questions de géologie et de minéralogie. Il était entré jeune dans l’ordre de Malte, mais il le quitta après avoir tué en duel un des chevaliers et avoir subi pour ce fait une détention de 9 mois. Rendu à la liberté, il se consacra à l’étude des sciences. Il parcourut à pied pour faire ses observations la plus grande partie de l’Europe, et visita ainsi Malte, le Portugal, la Sicile, la Calabre, l’Italie, le Tyrol, la France, les mont. de la Suisse et de la Savoie, et enfin l’Égypte, pendant l’expédition française dont il fit partie. Au retour d’Égypte, il fut jeté sur les côtes du roy. de Naples, et y subit pendant 21 mois la plus dure captivité. Les plus remarquables de ses ouvrages sont : Voyage aux îles de Lipari, suivi d'un Mémoire sur une espèce de volcan d'air, et d'un autre sur la température du climat de Malte, 1783 ; Sur le tremblement de terre de la Calabre, 1784; Sur les îles Ponces et les produits volcaniques de l'Etna, 1788; la Philosophie minéralogique, 1802, ouvrage qu'il écrivit à Naples dans sa prison. Les minéralogistes ont donné en son honneur le nom de dolomie à une espèce de pierre calcaire phosphorescente. Lacepède prononça en 1809 son Éloge à l'Institut.

DOLON, soldat troyen, s'offrit à Hector pour aller reconnaître le camp des Grecs et tenta de pénétrer jusqu'à la tente d'Agamemnon, mais il fut reconnu et pris par Ulysse et Diomède. Il demanda la vie, et donna, pour l'obtenir, des renseignements sur la ville et sur les forces des Troyens. Malgré cette trahison, il fut égorgé par Diomède.

DOLOPES, anc. peuple de la Thessalie, au S. O., habitait au pied du Pinde, sur les confins de l'Étolie et de l'Épire. Leur pays était traversé par l'Achéloüs. Ils vinrent à Troie, sous la conduite de Phénix.

DOM ou DON, de dominus, seigneur, titre d'honneur, usité en Espagne et en Portugal, ne s'appliquait d'abord qu'aux princes, aux évêques et aux seigneurs ; dans la suite, il fut donné à tout hidalgo. Ce n'est plus auj. qu'une formule de politesse. La qualification de dona (diminutif de domina) se donne également aux dames de tout rang. — Le titre de dom est aussi appliqué aux religieux de certains ordres qui jadis ne recevaient que des nobles, par ex. aux Bénédictins, aux Chartreux, etc. On dit qu'il fut primitivement porté par le pape, d'où il passa aux évêques et enfin aux simples moines. Devant les noms de religieux on écrit toujours dom.

DOMAIRON (L.), littérateur, né à Béziers en 1745, mort en 1807, fut professeur à l'École Militaire depuis 1788 jusqu'à la Révolution; devint au rétablissement des études professeur de belles-lettres, puis principal à Dieppe, et enfin inspecteur de l'instruction publique. On a de lui plusieurs ouvrages de littérature et d'histoire, dont les plus estimés sont : Principes généraux des Belles-Lettres, 1785 et 1802, les Rudiments de l'histoire, 1801, ouvrage qui fut longtemps classique, une Rhétorique et une Poétique.

DOMART, ch.-l. de c. (Somme), à 20 k. S. O. de Doullens; 1483 h. Foire aux chevaux.

DOMAT (Jean), savant jurisconsulte, né à Clermont-Ferrand en 1625, mort en 1695, fut avocat du roi au présidial de Clermont, et consacra toute sa vie à l'étude de la jurisprudence. Le droit romain avant lui était un véritable chaos : il y porta la lumière en replaçant les lois romaines dans leur ordre naturel, et en élaguant tout ce qui dans ces lois était absolument étranger à nos mœurs et à nos usages. Ses plus importants ouvrages sont : Lois civiles dans leur ordre naturel; le Droit public; Legum delectus, choix des lois les plus usuelles renfermées dans les recueils de Justinien. Ces divers ouvrages ont été réimprimés ensemble, Paris, 1717, in-fol.; puis avec des additions d'Héricourt, Paris, 1724, 2 vol. in-fol.; avec les notes de Boucheul, Berroyer et Chevalier, 1744, 2 vol.; et enfin avec le supplément de Dejouy, 1755-67, et 1777, 2 vol. in-fol.; ils ont été réimprimés en 1828-30, par J. Rémy, avec les articles correspondants de nos codes. Compatriote et ami de Pascal, Domat était comme lui fervent janséniste, ce qui n'empêcha pas Louis XIV de le pensionner.

DOMBASLE (Christophe MATHIEU de), agronome, né à Nancy, en 1777, mort en 1843, dirigea depuis 1822 la ferme expérimentale et l'institut agricole de Roville (Meurthe), éleva cet établissement à un haut point de prospérité, et contribua puissamment au perfectionnement de l'agriculture, soit en formant d'habiles élèves, soit en inventant des instruments aratoires et en publiant de bons ouvrages. Outre les Annales agricoles de Roville, il a publié la Théorie de la charrue, le Calendrier du bon cultivateur, a trad. l’Agriculture de J. Sainclair, et a laissé un Traité d'agriculture, publ. en 1861. Il a introduit en Lorraine la culture en grand du lin. Nancy lui a élevé une statue.

DOMBES (pays de), anc. pays de France, compris dans le grand-gouvt de Bourgogne, était situé entre la Bresse, le Lyonnais, le Beaujolais et le Maçonnais, et formait une principauté qui avait pour capit. Trévoux et qui correspondait à peu près à l'arr. de Trévoux. Après avoir fait partie du roy. de Bourgogne, elle appartint aux maisons de Beaujeu, de Bourbon et d'Orléans, et ne fut réunie à la couronne qu'en 1762. Elle possédait un parlement (à Trévoux). — Ce pays est couvert d'étangs, qui le rendent malsain, et qu'on a récemment entrepris de dessécher.

DOMBEY (Jos.), naturaliste, né à Mâcon en 1742, mort en 1794, à Montserrat, fut chargé par le ministre Turgot d'explorer le Pérou, en compagnie de savants espagnols, fit de 1778 à 1784 une foule d'observations intéressantes, et envoya en France un précieux herbier que l'on conserve au Jardin des Plantes; mais se vit traversé dans ses opérations par la jalousie de ses compagnons de voyage, et ne put publier lui-même la Flore péruvienne, qui ne parut qu'après sa mort, à Madrid. V. LHÉRITIER.

DOMBOVITZA, riv. de Valachie, sort du mont Tamas en Transylvanie, coule du N. O. au S. E., arrose Bucharest et se jette dans l'Ardjich, après un cours de 190 k.

DOMBROWSKI (H. Jean), général polonais, né près de Cracovie en 1755, mort en 1818, prit les armes en 1791 pour défendre la Pologne, remporta plusieurs avantages sur les Russes et les Prussiens, mais fut néanmoins obligé de se réfugier en France (1796), y forma une légion polonaise, qu'il commanda pendant l'expédition d'Italie; revint en Pologne en 1806, après la victoire d'Iéna, et y rassembla plus de 30 000 combattants, qui vinrent grossir l'armée française. Nommé commandant de la 3e division du grand-duché de Varsovie (1809), il repoussa les Russes qui avaient envahi la Pologne. En 1812, après avoir fait les plus grands efforts pour couvrir la retraite de la grande armée, il ramena les débris de l'armée polonaise en deçà du Rhin. En 1815, Dombrowski fut nommé sénateur palatin du nouveau roy. de Pologne. Il s'occupa dans ses dernières années de rédiger l’Histoire de la légion polonaise en Italie, publiée par Chodzo à Paris, en 1829.

DOMÈNE, ch.-l. de cant. (Isère), à 11 k. E. N. E. de Grenoble, au confluent de la Domène et de l'Isère; 1400 hab. Forges.

DOMENICHI (Ludovico), littérateur, né à Plaisance, mort à Pise en 1564, était lié avec Paul Jove, l'Arétin et Doni. Il a traduit Xénophon, Plutarque, Polybe, Pline l'Ancien, a refondu l’Orlando innamorato de Boiardo, Venise, 1645, et a composé lui-même : Dialoghi d'amore, Venise, 1562; Detti e fatti notabili, 1556: la Donna di corte, 1564; la Progne, tragédie, Florence, 1561, et des Facéties, 1548, trad. en français, Lyon, 1574.

DOMERGUE (Urbain), grammairien, né à Aubagne (Bouches-du-Rhône) en 1745, mort à Paris en 1810, fut professeur de grammaire générale à l'école centrale des Quatre-Nations à Paris, professeur d'humanités au lycée Charlemagne et membre de l'Institut. Il s'occupa avec zèle à réformer la langue, défigurée par le néologisme révolutionnaire, et fonda à cet effet un Journal de la langue française, qui obtint un grand succès. Ses écrits ont longtemps fait autorité. On a de lui : Grammaire simplifiée, 1778; la Prononciation française déterminée par des signes invariables, 1796; Grammaire générale analytique, 1798; Solutions grammaticales, 1808. Il proposa, mais en vain, de mettre en harmonie la prononciation et l'orthographe, et tenta d'introduire dans la grammaire une nomenclature savante, mais bizarre, qui n'a pas été adoptée. DOMESDAY ou DOOMSDAY-BOOK (c.-à-d. livre du jugement), grand rôle des propriétés foncières de l'Angleterre, analogue à notre cadastre, que Guillaume le Conquérant fit dresser de 1080 a 1086, afin de servir de base pour régler à l'avenir tous les différends qui s'élèveraient au sujet des fiefs. Le manuscrit, conservé dans l'abbaye de Westminster, existe encore. Le Domesday-book a été imprimé à Londres en 1783, 2 vol. in-f. En 1816, on publia des Additions et des Index, 2 vol. in-fol. On y joint une Introduction générale, rédigée par Ellis en 1833, 2 vol. in-8.

DOMÈVRE, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle), à 18 kil. N. de Toul; 400 hab. Filature de coton, manufacture de calicot. Station du chemin de fer de l'Est.

DOMFRONT, Donnifrons ou Dumfronium, ch. l. d'arr. (Orne), sur une colline d'où sort la Varenne, à 61 kil. N. O. d'Alençon; 2417 hab. Tribunal, collége. Toiles, coutils, droguets, serges; forges, papeteries, verreries. — Fondée au XIe siècle par Guillaume, comte de Bellesme, elle fut prise et reprise plusieurs fois par les Français et les Anglais aux XIIIe et XIVe siècles, et par les Protestants et les Catholiques pendant les guerres religieuses du XVIe s. ; en 1574 elle fut définitivement enlevée aux Protestants.

DOMINICAINE (République). V. HAÏTI.

DOMINICAINS ou FRÈRES PRÊCHEURS, ordre religieux de la règle de St-Augustin, fut fondé par S. Dominique, à Toulouse, en 1215, et approuvé la même année par le pape Innocent III. Il reçut pour mission de prêcher et de convertir les hérétiques. Les fonctions inquisitoriales furent ajoutées en 1233 à ses attributions. L'ordre des Dominicains se répandit bientôt dans toute la chrétienté et forma un grand nombre de maisons distribuées en 8 provinces : Espagne, Toulouse, France, Provence, Lombardie, Rome, Allemagne, Angleterre. Il s'introduisit dès 1218 à Paris, où les Dominicains furent connus sous le nom de Jacobins, parce que leur couvent était rue St-Jacques. Cet ordre a fourni un grand nombre de papes et de personnages célèbres : Albert le Grand, S. Thomas d'Aquin, Raymond de Penafort, Vincent de Beauvais, Caïetan, Dom. Soto, etc. Il soutint une longue rivalité avec celui des Franciscains. Supprimés en France en 1790, les Dominicains se sont conservés dans les autres pays catholiques, notamment à Rome, où ils ont un couvent célèbre, qui leur sert de ch.-l. Ils ont été depuis peu d'années réintroduits en France par le P. Lacordaire (1841). Ils portent une robe blanche, avec scapulaire et capuchon de même étoffe, et ont un rosaire ou un chapelet suspendu à leur ceinture. Touron a écrit l’Histoire des hommes illustres de l'ordre de S. Dominique, Paris, 1743.

DOMINIQUE (la), une des Antilles anglaises, entre la Guadeloupe au N. et la Martinique au S. ; 46 kil. sur 22; 23 000 hab. (dont 15 000 nègres ou hommes de couleur); ch.-l., Le Roseau. Montagnes volcaniques, beaucoup de soufre, eaux thermales, sol fertile; pas de port. — La D. fut découverte en 1493 par Christophe Colomb, un dimanche, dies dominica : d'où son nom; elle appartint aux Espagnols jusqu'en 1625, puis aux Français, qui la cédèrent aux Anglais en 1763, la reprirent en 1778 et la rendirent à l'Angleterre par la paix de 1783.

DOMINIQUE (S.), fondateur de l'ordre des Dominicains, né en 1170 à Calahorra dans la Vieille-Castille, était, à ce qu'on croit, de l'illustre famille des Guzman. Il se distingua de bonne heure par la ferveur de son zèle et par son talent pour la prédication ; il enseigna la théologie à Palencia, entra en 1198 dans le chapitre de l'évêque d'Osma, et accompagna ce prélat à la cour de France, où le roi de Castille l'avait chargé d'une négociation. A leur retour, ils s'arrêtèrent tous deux dans le Languedoc qui était alors infecté de l'hérésie des Albigeois, et s'étant mis à la tête de quelques missionnaires, ils travaillèrent à convertir les hérétiques. Pendant que Simon de Montfort, à la tête d'une formidable armée de Croisés, les exterminait par le fer (1205-15), S. Dominique opérait un grand nombre de conversions par la seule persuasion ; il ne prit aucune part à la guerre, ne voulant d'autres armes que la prédication, la prière et les bons exemples. Durant son séjour dans le Languedoc, il fonda à Toulouse l'ordre des Frères Prêcheurs, qui a pris de lui le nom de Dominicains (1215). Il alla ensuite se fixer à Rome : Honorius III créa pour lui l'office de maître du sacré palais, le chargea de tenir une école spirituelle au Vatican et de nommer les prédicateurs. Il employa ses dernières années à répandre son institut, qui bientôt compta de nombreux couvents en France, en Italie, en Espagne. Il mourut à Bologne en 1221. Quelques-uns le regardent comme le premier inquisiteur, et disent qu'il fut chargé d'exercer ces fonctions dans le Languedoc; cependant l'inquisition existait avant lui : dès 1198 l'office d'inquisiteur avait été conféré à deux moines de l'ordre de Cîteaux. On attribue à S. Dominique plusieurs miracles; il fut canonisé en 1234 par Grégoire IX, qui fixa sa fête au 4 août. Sa Vie a été écrite par plusieurs auteurs, notamment par le P. Touron, 1739, et par le P. Lacordaire, 1841.

Un autre S. Dominique, surnommé l'Encuirassé, parce qu'il portait une cuirasse de mailles de fer qu'il ne quittait que pour se flageller, vivait en Italie au XIe siècle et mourut en 1060. Il se rendit célèbre par ses austérités. Il passa sa vie dans les déserts de Montefeltro et de Fontavellano, au milieu des Apennins, ne vivant que de pain et d'eau, et se flagellant sans cesse. On l'hon. le 14 oct.

DOMINIQUE de VENISE, peintre du XVe siècle (1420-1470?), reçut d'Antonello le secret de la peinture à l'huile et le communiqua à André del Castagno, qui, poussé par une horrible jalousie, l'assassina pour rester seul en possession d'un si important secret. Dominique avait travaillé à Lorette, à Pérouse, et enfin à Florence. Ses meilleurs ouvrages ont péri. Son dessin était correct et ses raccourcis savants.

DOMINIQUE BIANCOLELLI, nom de deux acteurs de la Comédie-Italienne, père et fils, qui eurent un grand succès sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV, surtout dans le rôle d'Arlequin. Le père, Joseph D., faisait partie de la troupe que Mazarin fit venir à Paris en 1660. — Le fils, Pierre Franç. D., composa lui-même des comédies et excella dans la parodie. L’Œdipe travesti, parodie de l’Œdipe de Voltaire, et l’Agnès de Chaillot, parodie de l’Inès de Castro de Lamotte, firent courir tout Paris.

DOMINIQUIN (le), Domenico Zampieri, vulgairement appelé du diminutif il Domenichino, peintre célèbre, né à Bologne en 1581, mort à Naples en 1641, était fils d'un cordonnier. Il se forma à l'école de Carrache à Bologne, où il se lia avec l'Albane, puis se rendit à Rome. Ce fut dans cette dernière ville qu'il exécuta son premier ouvrage : Adonis tué par un sanglier. Peu de temps après il peignit son beau tableau de la Flagellation de S. André, qu'il composa en rivalité avec le Guide, et sa Communion de S. Jérôme, à Rome, où il resta fidèle au principe de son maître Annibal, qui n'admettait pas plus de 12 figures dans une composition. Le Dominiquin exécuta ensuite à Bologne la Vierge du Rosaire et le Martyre de Ste Agnès; puis il revint à Rome, où il produisit de nouveaux chefs-d'œuvre. Ses succès lui valurent de puissants protecteurs, entre autres le cardinal Aldobrandini, mais aussi ils soulevèrent contre lui une foule d'envieux. Appelé à Naples pour orner à fresque la chapelle du trésor, il essuya dans cette ville de la part de ses envieux les mortifications les plus humiliantes, et il y mourut empoisonné, selon quelques historiens. On refuse au Dominiquin l'invention; mais il s'est placé, par son dessin exact et expressif, par son coloris vrai, au premier rang après Raphaël, le Corrège et le Titien. On estime surtout ses peintures à fresque. Ses contemporains l'avaient surnommé le Bœuf, à cause de son travail lent et opiniâtre. Le Louvre possède plusieurs tableaux de ce maître : Dieu reprochant à Adam sa désobéissance, David jouant de la harpe, la Fuite en Égypte, le Ravissement de S. Paul, Ste Cécile, Énée et Anchise, le Triomphe de l'Amour, etc. Son Œuvre a été recueilli par Landon en 158 pl. Le Dominiquin réussissait aussi dans l'architecture et la sculpture.

DOMINIS (Marc Antonio de), né en 1556, dans l'île d'Arbe, sur les côtes de la Dalmatie, entra d'abord chez les Jésuites, enseigna avec succès la philosophie, l'éloquence dans leurs collèges, devint évêque de Segni, archevêque de Spalatro et primat de Dalmatie et de Croatie (1602) ; mais ayant embrassé l'opinion des Réformés, il se démit de ses dignités et se réfugia en Angleterre (1616), où il écrivit contre le pape le traité De Republica christiana (1617-70) : Jacques I lui donna de riches bénéfices et le nomma doyen de Windsor. Au bout de peu d'années il changea encore une fois d'opinion, quitta furtivement l'Angleterre, et vint à Rome où Grégoire XV l'accueillit, et où il se rétracta publiquement (1622). Mais ayant laissé entrevoir que sa conversion n'était pas sincère, il fut enfermé en 1624 au château St-Ange, où il mourut au bout de peu de jours. Dominis cultiva la science avec quelque succès : il eut la première idée de l'explication de l'arc-en-ciel, que Descartes perfectionna depuis. Cette explication se trouve dans le traité De Radiis in vitris perspectivis et iride, Venise, 1611, ouvrage qui d'ailleurs est rempli d'erreurs.

DOMITIEN, Titus Flavius Domitianus, empereur romain, 2e fils de Vespasien, né à Rome l'an 51 de J.-C., succéda à Titus son frère en 81. Au commencement de son règne il laissa espérer un gouvernement assez heureux : il se montra libéral et juste; il embellit la ville de plusieurs édifices, rétablit la bibliothèque d'Auguste qui avait été brûlée, et fit avec quelque succès la guerre contre les Cattes et les Germains. Mais, se livrant bientôt à son naturel féroce, il mit à mort un grand nombre de sénateurs et de Romains distingués, Helvidius Priscus, Cerealis, Arulenus Rusticus, ainsi que ses propres cousins Sabinus et Fl. Clemens, et s'empara de leurs biens; il ordonna la plus cruelle persécution contre les Chrétiens, qui refusaient de contribuer à la reconstruction du temple du Capitale; proscrivit les philosophes, entre autres Épictète et Dion Chrysostôme, ainsi que les historiens, dont il craignait les jugements sévères. Il se livrait en même temps aux plus infâmes débauches et séduisait sa propre nièce Julie. Ambitionnant la gloire militaire, il se fit décerner le triomphe quoiqu'il eût été vaincu par les Daces; poussant l'orgueil jusqu'à la folie, il voulut être regardé comme dieu et se fit élever des autels. Enfin une conspiration fut formée contre lui dans son palais même par Domitia, son épouse, qui craignait pour sa vie, et il fut assassine par Étienne, affranchi de cette femme, l'an 95 de J.-C., à l'âge de 45 ans. Ce monstre se plaisait à faire trembler ses sujets, lors même qu'il les épargnait. Un jour il invita à un festin les principaux sénateurs et les reçut dans une salle tendue de noir, où étaient préparés autant de cercueils que de convives; après s'être fait un jeu de leur frayeur, il les laissa sortir. Plein de mépris pour le sénat, il le convoqua une fois pour décider dans quel vase on devait faire cuire un turbot. Dans ses moments de loisir, il s'amusait à percer des mouches avec un poinçon, ce qui donna occasion à Vibius Priscus, auquel on demandait s'il n'y avait personne avec l'empereur, de répondre : « Ne musca quidem, pas même une mouche; » mot qui lui coûta la vie. Domitien devint chauve de bonne heure, ce qui le fait appeler par Juvénal le Néron chauve, Calvus Nero.

DOMITIUS, famille plébéienne de Rome qui fournit un grand nombre de consuls et de magistrats à la république. Les deux branches les plus connues sont celles des Calvinus et des Ahenobarbus. Le nom de cette dernière, qui signifie barbe d'airain ou barbe rousse, vint, selon Plutarque, de ce que la barbe d'un certain L. Domitius fut tout à coup changée de noire en rousse.

DOMITIUS AHENOBARBUS (CNEUS), consul l'an 122 av. J.-C., défit dans un grand combat les Allobroges et leur tua 20 000 hommes. Il souilla sa victoire par une trahison : ayant invité Bituitus, leur roi, à se rendre auprès de lui pour une entrevue, il le chargea de chaînes et l'envoya à Rome. Nommé censeur, il dégrada 7 sénateurs. C'est lui qui fit construire la voie romaine qui portait son nom.

DOMITIUS AHENOBARBUS (CN.), préteur et consul sous Tibère, épousa Agrippine, et en eut Néron, qu'Agrippine fit adopter par l'empereur Claude, dès qu'elle s'en fut fait épouser. Domitius, d'un naturel violent et débauché, disait lui-même que de sa femme et lui il ne pouvait naître qu'un monstre.

DOMITIUS AFER, orateur. V. AFER.

DOMMARTIN-SUR-YÈVRE, ch.-l. de c. (Marne), à 13 k. S. O. de Ste-Menehould; 300 h.

DOMME, ch.-l. de c. (Dordogne), sur la Dordogne, à 12 k. S. de Sarlat; 2044 hab. Anc. place forte, bâtie en 1282 par Philippe le Hardi, sur l'emplacement d'un fort rasé par Simon de Montfort.

DOMMEL, riv. de Belgique, naît dans le Limbourg, baigne Bois-le-Duc, reçoit l'Aa, et se perd dans la Meuse au fort de Crèvecœur, après un cours de 75 k.

DOMNONÉE, c.-à-d. vallée profonde, partie N.O. de l'anc. Armorique (Bretagne), s'étendant du Couesnon à la riv. de Morlaix, comprenait les évêchés de Vannes, Quimper, Tréguier, Dol, St-Brieux et St-Malo. Ce pays avait été peuplé par les Dumnonii, venus du S. O. de la Bretagne romaine. Il forma du VIe au VIIIe siècle un petit royaume particulier.

DOMO D'OSSOLA, Oscelia, v. du Piémont, sur la Toce, à 123 k. N. N. E. de Turin et à 28 k. N. O. de Pallanza, au pied du Simplon; 2000 h. Petit fort. Elle fit d'abord partie du duché de Milan, puis du roy. de Sardaigne; appartint à la France de 1796 à 1814, puis revint à la Sardaigne.

DOMPAIRE, ch.-l. de c. (Vosges), à 13 k. S. E. de Mirecourt; 950 h. Clouterie, dentelle. Ville importante autrefois : les rois d'Austrasie et les ducs de Lorraine y eurent une résidence. Elle fut brûlée en 1475 par le duc de Bourgogne Charles le Téméraire.

DOMPIERRE, ch.-l. de c. (Allier), à 26 k. E. de Moulins; 1900 h. Près de là, antique abbaye de Sept-Fonts, fondée en 1132.

DOMREMY, vge du dép. des Vosges, à 11 k. N. de Neufchâteau; 320 h. C'est là que naquit Jeanne d'Arc Sa maison existe encore; on y a établi une école de filles. Fontaine de Jeanne d'Arc, construite en 1820 et surmontée du buste de l'héroïne.

DON, Tanaïs, riv. de la Russie d'Europe, sort du lac Ivan-Ozero, dans le gouvt de Toula, coule d'abord au S., puis au S. E., jusqu'au pays des Cosaques du Don; se dirige alors vers le S. O., et tombe dans la mer d'Azov, après un cours de 1450 k. Il reçoit à droite la Metcha, la Tsimlia et le Petit-Don; à gauche, la Voronèje, la Toulouschéva, le Rhoper et le Manitche. Son embouchure est encombrée de sable. — Ce fleuve donne son nom au Pays des Cosaques du Don, l'un des gouvts de la Russie d'Europe, entre ceux de Voronèje et d'Iékatérinoslav au N. O. et à l'O., la prov. du Caucase et la mer d'Azov au S., les gouvts d'Astracan et de Saratov à l'E. et au N. E. ; 540 k. sur 450 ; 600 000 h. ; ch. l. Tcherkask. Sol plat, couvert de steppes riches en pâturages; chevaux,

DON, riv. de France, naît dans le dép. de Maine-et-Loire, et s'unit à la Vilaine dans le dép. de la Loire-Inf., après un cours de 90 k.

DON, DONA, titres d'honneur. V. DOM.

DONALD I, anc. roi d’Écosse, qu'on fait régner de 195 à 216, fut l'allié de l'empereur Septime-Sévère, se fit baptiser, et chercha, mais en vain, à introduire le Christianisme dans ses États. — D. II. roi en 254, périt la même année des blessures qu'il reçut dans une bataille contre un autre Donald, prince des îles Hébrides, qui lui succéda sous le nom de DONALD III. Celui-ci régna en tyran, et fut tué en 260. — D. IV, prince pieux, régna de 636 à 651. Il accueillit la famille d'Ethelred, chassée du Northumberland, l'aida à recouvrer ses États et envoya des missionnaires dans le Northumberland pour y prêcher la foi. — D. V, prince voluptueux, monta sur le trône en 857, eut à combattre les Pictes et les Bretons, éprouva des revers, et mourut en 858 dans une prison où il avait été jeté par ses seigneurs mécontents. — D. VI, 892-903, secourut Alfred contre les Danois, et se fit chérir de ses sujets par sa justice et sa douceur. — D. VII, 1023-40, repoussa avec succès les attaques de Suénon, roi de Norvége. Il périt assassiné par Macbeth. C'est ce prince qui figure sous le nom de Duncan dans le Macbeth de Shakespeare. — D. VIII, fils du préc., s'enfuit aux îles Hébrides durant la tyrannie de Macbeth, s'empara en 1093 du trône d’Écosse au préjudice des fils de son frère aîné Malcolm III, fut chassé au bout de six mois par Duncan pour avoir cédé les Hébrides au roi de Norvége, puis rappelé à cause de la sévérité de son successeur, et enfin chassé de nouveau par Edgard, fils de Malcolm. Livré à son rival, il fut jeté en prison et y m. en 1098.

DONAT, Donatus, nom de deux évêques schismatiques d'Afrique, dont les partisans prirent le nom de Donatistes. Le premier, évêque de Cases-Noires (Cellæ nigræ) en Numidie, excita un schisme vers 305 en refusant d'admettre à la communion les traditeurs, c'est-à-dire ceux qui pendant la persécution de Dioclétien avaient livré aux Païens les vases sacrés et les livres saints. Il fit déposer Cécilien, évêque de Carthage, qu'il accusait d'indulgence à cet égard; mais il fut lui-même excommunié par le pape Melchiade (313), et par les conciles de Rome et d'Arles. — Le 2e, élu en 316 évêque schismatique de Carthage, se montra aussi intolérant. Condamné par le pape et l'empereur, il se révolta, se porta avec ses partisans aux plus grands excès contre les Catholiques, et alluma une guerre civile qui désola l'Afrique sous les règnes de Constantin et de ses successeurs jusqu'à l'invasion des Vandales, qui persécutèrent également Donatistes et Catholiques. Les Donatistes ont été combattus par S. Augustin et par S. Optat, qui a écrit leur histoire.

DONAT, Ælius Donatus, grammairien latin du IVe siècle, fut précepteur de S. Jérôme. On a de lui un commentaire estimé sur Térence (Venise, 1473), qui offre de précieux rapprochements entre Térence et Ménandre, et deux traités De Barbarismo et De octo partibus orationis, 1522. Ce dernier fut longtemps adopté dans les écoles. On lui attribue aussi une Vie de Virgile, qui n'est qu'un tissu de fables, et un Commentaire sur l'Énéide; ces deux derniers ouvrages paraissent être d'un autre Donat, postérieur, qui aurait eu pour prénoms Claude Tibère.

DONATELLO (DONATO, plus connu sous le diminutif de), sculpteur, né à Florence en 1383 d'une famille pauvre, mort en 1466. Élevé par un homme généreux qui, devinant son talent, lui donna des maîtres de dessin et de sculpture, il fit de rapides progrès et bientôt il n'eut plus d'égal dans son art. Il donna successivement plusieurs chefs-d'œuvre : une figure de Vieillard à tête chauve, les statues en bronze de S. Pierre, S. George et S. Marc, et celle de ääJudith qui vient de couper la tête d'Holopherne, à Florence ; il exécuta à Venise en bas-reliefs l'histoire de S. Antoine, et fut en dernier lieu employé à Florence par les Médicis qui soutinrent sa vieillesse de leurs bienfaits. On reproche à cet artiste de tomber dans le réalisme.

DONATIEN (S.), jeune Armoricain de Namnetes (Nantes), se fit chrétien, convertit son frère Rogagien et subit le martyre avec lui sous Maximien, vers 287. On les honore ensemble le 24 mai.

DONATISTES. V. DONAT.

DONATO, nom de quelques doges de Venise. Franc. D. gouverna de 1545 à 1553, fit respecter la neutralité de la république, malgré l'opposition de Charles-Quint et de Henri II; fit construire l'hôtel des Monnaies et la bibliothèque, et enrichit le palais Ducal des œuvres des meilleurs maîtres. — Léonard D., doge de 1606 à 1612, résista au pape Paul V qui voulait interdire au sénat d'exercer sa juridiction sur les ecclésiastiques, et faire rapporter une loi qui défendait à ceux-ci d’acquérir de nouveaux immeubles.

DONAUESCHINGEN, v. du grand-duché de Bade, à 82 kil. N. O. de Constance; 3500 hab. Château, dans la cour duquel on voit la source principale du Danube (Donau), et qui sert de résidence aux princes de Furstenberg. Bibliothèque de 30 000 volumes, belle collection de tableaux et de gravures.

DONAWERT, v. de Bavière (H.-Danube), sur le Danube, à 40 kil. N. O. d'Augsbourg; 2500 hab. Jadis ville libre, érigée en ville impériale par Albert I en 1308, réunie à la Bavière en 1607, prise par Baner en 1632. Marlborough y battit les Bavarois en 1704; Soult y vainquit Mack en 1805.

DONCASTER, Danum, v. d'Angleterre (York), sur le Don, à 59 kil. S. d'York; 12 000 hab. Jolie ville, renommée par ses courses de chevaux, fondées en 1703. Ancienne station romaine, antiquités.

DONCHERY, v. forte du dép. des Ardennes, sur la Meuse, à 5 kil. O. de Sedan; 1800 hab. Serges, toiles et dentelles. Donchery appartint successivement aux abbés de St-Médard de Soissons et aux comtes de Réthel; elle fut fortifiée en 1358, pendant les troubles de la Jacquerie, et vainement assiégée par Charles-Quint; prise par les Espagnols en 1641, par Louis XIII, 1642.

DONCOURT, vge près de Metz, où se livra un des combats du siége (août 1870).

DONDUS ou DE DONDIS (Jacq.), surnommé Horologius, médecin et mécanicien, né à Padoue en 1298, mort en 1360, inventa une horloge qui marquait, outre les heures, les révolutions du soleil et des planètes et les phases de la lune. Cette horloge fut placée en 1344 sur la tour du palais de Padoue. On a de Dondus : Promptuarium medicinæ, Venet., 1481, compilation de remèdes tirés des médecins grecs, latins et arabes. — Son fils, Jean Dondus, mort en 1380, est aussi auteur d'une horloge célèbre, placée à Pavie.

DONEAU (Hugues), Hugo Donellus, jurisconsulte, né en 1527 à Châtillon-sur-Saône, mort en 1591, enseigna le droit dès l'âge de 24 ans à Toulouse, eut dans cette ville de vifs démêlés avec Cujas, quitta la France après la St-Barthélemy parce qu'il était calviniste, et fut successivement professeur à Heidelberg, à Leyde, à Altorf, où il mourut. Doué d'une mémoire prodigieuse, il était aussi bon littérateur que savant jurisconsulte. Il a laissé des Commentaires sur le Digeste et le Code et des traités particuliers. Ses ouvrages se distinguent par la méthode philosophique. Ses Opera omnia juridica ont été réunis en 12 vol. in-fol, Lucq., 1762-68; Rome et Macerata, 1828-33.

DONEGAL, Dungalia, v. d'Irlande (Ulster), dans le comté de son nom, à 195 kil. N. O. de Dublin, à l'emb. de l'Erne. Bon port. — Le comté de Donegal, sur l'Océan Atlantique, à l'O. de ceux de Londonderry et de Tyrone, a 115 kil. sur 71 et 300 000 hab. Ch.-l., Lifforg. Lacs, dont le principal est le lac Derf, contenant une île dite Purgatoire de S. Patrick.

DONGOLA, contrée de la Nubie, entre 25° 40'-35° long. E., et 18° 20-19° 50' lat. N., a pour ville, principales le Vieux-Dongola, auj. envahi par les sables, et le Nouveau-Dongola ou Marakah, sur la r. g. du Nil, avec 6000 hab. Le Nil traverse cette contrée et la couvre en partie par ses inondations annuelles. Déserts arides, sauf sur les bords du Nil et du Tacazzé. Le Dongola se divise en plusieurs petits États, parmi lesquels les plus importants étaient le pays des Chaykiés et le Dongola proprement dit. Ce dernier fut longtemps le plus puissant, puis il est devenu, comme tous les autres tributaire, d'abord des Chaykiés, ensuite des Mamelouks échappés d'Égypte (1814), enfin du pacha d’Égypte, qui en fit la conquête en 1820 et auquel il obéit encore.

DONI (Ant. François), né à Florence en 1053, m. en 1574, fut d'abord servite, et ensuite prêtre séculier. Il écrivit des satires et s'adonna au genre plaisant. Il se lia avec l'Arétin et avec Domenichi, dont il devint ensuite l'ennemi. Il a laissé, entre autres ouvrages, des Lettres italiennes ; La Libraria, 1557; La Zucca, 1565, collection d'anecdotes, de bons mots et de proverbes, en 4 parties; I Mondi celesti, terrestri ed infernali, 1562, trad. par G. Chapuis, 1580. Les Lettres italiennes sont à l’Index.

DONI (J. B.), antiquaire, né à Florence en 1594, mort en 1647, fut professeur d'éloquence à Florence et secrétaire du Sacré Collége à Rome. Il a écrit des ouvrages très-savants sur la musique des anciens et a laissé un précieux recueil d'inscriptions, de vases et autres objets curieux, publié par Gori, Florence, 1731. J. B. Doni parait être le premier qui ait employé le do au lieu de l’ut dans la solmisation.

DONIZETTI (Gaëtan), compositeur, né à Bergame en 1798, mort en 1850, était fils d'un employé, il se voua à la carrière musicale malgré son père qui le destinait au barreau, reçut à Bergame les leçons de J. Simon Mayer, et à Bologne celles du P. Mattei, savant contre-pointiste; débuta à Venise en 1818 par l'opéra Enrico di Borgogna, écrivit à Rome en 1822 Zoraïde di Granata, qui commença sa réputation, fit représenter à Milan en 1831 Anna Bolena, en 1834 Lucrezia di Borgia, qui renferment des beautés supérieures; vint en 1835 à Paris où il donna Marino Faliero; composa la même année à Naples, en six semaines, la Lucia di Lammermoor, son chef-d'œuvre, qui fit bientôt le tour du monde; revint en 1840 à Paris, donna en cette seule année à l'Opéra-Comique la Fille du régiment, à l'Académie de musique les Martyrs, opéra tiré du Polyeucte de Corneille, qui, malgré de mâles beautés, eut peu de représentations; puis, la Favorite, l'une des plus admirables partitions de notre scène lyrique, et fit enfin représenter en 1843 Don Sébastien, vaste ouvrage qu'il avait écrit en deux mois. La composition hâtive de cette dernière œuvre, jointe à l'abus des plaisirs, épuisa ses forces : atteint bientôt d'aliénation mentale, puis frappé de paralysie, il fut transporté dans sa ville natale, où il mourut à 50 ans. Doué d'une facilité prodigieuse, Donizetti avait, dans sa courte carrière, composé plus de 60 opéras. Aux œuvres déjà citées nous ajouterons : la Parisina, Florence, 1833 ; Gemma di Vergi, Milan, 1835 ; Linda di Chamouni, qui fut représentée avec un grand succès à Vienne en 1842; l’Élixir d'amour et Don Pasquale, qui brillent par une musique vive et piquante; Catarina Cornaro, sa dernière œuvre, donnée à Naples en 1844. Donizetti avait été nommé en 1836 professeur de contre-point à Naples et en 1842 maître de chapelle à Vienne. Ce maître procède de Rossini, mais il s'attacha davantage à la vérité de l'expression : il sait unir à la tendresse du sentiment la noblesse et la vigueur ; il est à regretter qu'il ait quelquefois abusé de sa facilité jusqu'à la négligence. P. Scudo lui a consacré une bonne notice dans la Revue des Deux Mondes (juillet 1848).

DONJON (Le), ch.-l. de c. (Allier), à 16 k. N. E. de La Palisse; 1900 h. Fabrique de draps.

DONNADIEU (le général), né à Nîmes en 1777, mort en 1849, avait fait avec distinction les campagnes de la République et de l'Empire lorsqu'il fut compromis dans une conspiration contre Napoléon et interné à Tours (1812). En 1814, il s'empressa d'offrir ses services aux Bourbons : commandant en 1816 la 7e division militaire, il eut à réprimer, à Grenoble, l'insurrection que dirigeait Didier : il déploya dans cette occasion une rigueur excessive que l'opinion publique taxa de cruauté. Après avoir été d'abord récompensé par le ministère, il fut désavoué, et se livra à de violentes récriminations à la suite desquelles il fut emprisonné. Cependant il ne tarda pas à rentrer en grâce et eut même un commandement dans la guerre d'Espagne (1823). Il a publié quelques écrits de circonstance, ou il attaque surtout le ministre Decazes, qui l'avait désavoué.

DONNE (John), poëte et théologien, né à Londres en 1573, mort en 1631, fut d'abord secrétaire du chancelier Egerton (lord Ellesmere), dont il épousa la nièce, perdit sa place à cause de ce mariage, auquel la famille du lord s'opposait, puis entra dans la carrière ecclésiastique, en 1613, réussit dans la prédication et devint doyen de St-Paul. On a de lui, outre quelques écrits historiques, des poésies légères, des satires, des épigrammes, des chansons, œuvres de sa jeunesse, où l'on trouve beaucoup d'esprit, mais où règne le goût alambiqué qui dominait alors. Ses Œuvres ont été réunies à Londres en 1839, 6 v. in-8. On raconte de Donne un trait fort surprenant de seconde vue.

DONNEMARIE, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), sur la Vielle, à 14 k. S. O. de Provins; 1200 h.

DONNEZAN, petit pays de France, faisait jadis partie du comté de Foix (Ariége) et avait pour place principale Quérigut. Ce fut une petite souveraineté depuis le XIVe siècle jusqu'à Henri IV, qui le réunit à la couronne.

DONOSO CORTÈS (don Juan), marquis de Valdegamas, publiciste espagnol, né en 1809, m. en 1853, fut dès l'âge de 20 ans professeur de philosophie à Cacérès, devint en 1834 secrétaire des commandements de la reine mère Marie-Christine, en 1836 chef de division au ministère de la justice, en 1837 député de Cadix aux Cortès, accompagna dans son exil la reine mère (1840), rentra avec elle en Espagne en 1843, fut nommé secrétaire et directeur des études de la jeune reine Isabelle, et bientôt appelé au Sénat, et fut envoyé comme ambassadeur en Prusse, puis en France. Après avoir longtemps professé les idées les plus libérales, il les abjura tout à coup, en 1849, pour adopter les doctrines théocratiques des Bonald et des De Maistre, Outre plusieurs ouvrages de circonstance en espagnol, on a de lui un livre écrit en français: Essai sur le Catholicisme, le Libéralisme et le Socialisme, Paris, 1851. Une éd. complète de ses œuvres a été donnée a Madrid après sa mort.

DONZENAC, ch.-l. de c. (Corrèze), à 8 k. N. de Brives; 4000 h. Ardoises.

DONZY, ch.-l. de c. (Nièvre), sur le Nohain, à 15 k. S. E. de Cosne; 4000 hab. Forges, hauts fourneaux. Commerce en bois et en fer. Jadis titre d'une baronnie, réunie au domaine en 1477.

DOOMSDAY-BOOK. V. DOMESDAY.

DOPHRINES. V. DOFRINES.

DORAT (Jean), Auratus, savant du XVIe siècle, né vers 1510 à Limoges, mort en 1588, se fit d'abord remarquer par des poésies françaises, qui lui valurent la faveur de François I et le firent placer parmi les poëtes de la Pléiade, fut nommé en 1560 professeur de grec au Collége de France, et se fit une grande réputation par ses vers latins et grecs. Il forma Ant. Baïf et Ronsard. Il publia en 1586 le recueil de ses poésies : elles contiennent des Poëmes, des Épigrammes, des Anagrammes, des Odes, des Églogues. On y remarque le Tumulus Caroli (Charles IX). — Il laissa deux fils et une fille qui se distinguèrent aussi comme poëtes et érudits.

DORAT (Claude Joseph), poëte français, né à Paris en 1734, d'une famille de robe, mort en 1780, mena une vie fort dissipée et épuisa son patrimoine en dépenses pour ses plaisirs, et pour l'impression de ses ouvrages. Il réussit dans la poésie légère, tout en restant loin de Voltaire, qu'il avait pris pour modèle; mais il voulut aussi être auteur dramatique, faire des odes, des héroïdes dans le genre d'Ovide, des fables, des romans, et il échoua le plus souvent. Il se déclara l'ennemi des philosophes, qui en revanche lui firent une rude guerre : il fut accablé d'épigrammes. On reproche à Dorat de l'afféterie, un style maniéré, un ton perpétuel de persiflage et une monotonie fastidieuse. Outre ses poésies légères, on estime son poëme de la Déclamation et le Mois de Mai. Sa tragédie de Régulus et sa comédie de la Feinte par amour eurent quelque succès, ainsi que les Preneurs ou le Tartufe littéraire, dirigée contre les philosophes, surtout contre d'Alembert. Il fut, ainsi que Cubières, étroitement lié avec Fanny de Beauharnais, et fit quelques romans en commun avec elle. Ses Œuvres furent publiées en 20 vol., de 1764 à 1780. Sautreau de Marsy en a donné un choix en 3 v. in-12, 1786.

DORAT-CUBIÈRES. V. CUBIÈRES.

DORAT (le), ch.-l. de c. (H.-Vienne), sur la Sèvre, à 11 kil. N. de Bellac; 2625 hab. Église curieuse du Xe siècle, avec crypte. Fabrique de poids et mesures métriques, de baromètres, etc.

DORCHESTER, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Dorset, près de la Frome, à 124 k. O. S. O. de Londres; 5000 h. Établissements de bienfaisance; prison à la Howard. Serges, ale renommée. Ruines romaines. — V. du comté d'Oxford, à 13 k. S. E. d'Oxford; 1000 h. Anc. évêché, transféré à Lincoln.

DORDOGNE, Duranius, riv. de France, formée de la Dore et de la Dogne, naît au mont Dore (Puy-de-Dôme), passe à Beaulieu, Souillac, Domme, Bergerac, Ste-Foix, Castillon, Libourne, Bourg; reçoit la Vezère grossie de la Corrèze, l'Isle grossie de la Dronne, puis la Cère, joint la Garonne au Bec-d'Ambez après un cours de 460 k., et forme avec elle la Gironde qui se jette dans l'Océan.

DORDOGNE (dép. de la), dép. de France, entre ceux de la Charente-Inf. et de la Gironde, à l'O.; de la H.-Vienne, de la Corrèze et du Lot, à l'E. ; 124 kil. sur 110; 9414 k. carrés; 501 687 h. ; ch.-l. Périgueux. Il est formé de l'anc. Périgord et d'une partie de l'Agénais, de l'Angoumois et du Limousin. Mont. et quelques belles vallées. Excellent fer, cuivre, plomb, manganèse, houille; marbre, albâtre, grès, etc.; eaux minérales. Landes, quelques forêts à. l'O. et au S.; beaucoup de grains et de châtaignes; truffes renommées, champignons; vins, eaux-de-vie, etc. Gros bétail, mulets, ânes, porcs excellents; étangs poissonneux; menu gibier délicat. Forges, tanneries; distilleries; fabriques de papiers. — Ce dép. se divise en 5 arr. (Périgueux, Sarlat, Nontron, Bergerac, Riberac), 47 cantons et 583 communes; il dépend de la 14e division militaire, ressortit à la cour de Bordeaux, et forme le diocèse de Périgueux.

DORDRECHT ou DORT, v. de Hollande (Hollande mérid.), dans une île du Waal, bras de la Meuse, à 15 k. S.E. de Rotterdam; 22 000 h. Port spacieux, belle cathédrale, hôtel de ville, bourse, école d'artillerie et de génie ; société dite Diversa sed Una. Moulins à huile, raffineries de sucre et de sel; chantiers de construction; commerce de bois. — Dordrecht fut fondée en 994 : c'est la plus anc. ville de la Hollande. Elle fut séparée de la côte par une terrible inondation en 1421. L'indépendance des sept Provinces-Unies y fut proclamée en 1572. Il s'y tint en 1618 et 1619 un fameux synode calviniste, qui condamna les opinions d'Arminius et de Barnevelt, et établit la doctrine qui fait encore auj. la base de l'église réformée en Hollande. Patrie des deux De Witt, de Vossius (Denys), de Paul Merula, etc.

DORE (mont), mons Duranius, la partie la plus élevée de la chaîne des monts d'Auvergne, s'étend du Puy-de-Dôme aux monts de la Margeride, à 32 k. S. O. de Clermont. Le mont principal, le mont Dore, a 1886m; les autres, tous de nature volcanique sont le Sancy (1936m), le Ferrand, la Croix-Morand, le Cadadogne. Affreuses aspérités, aspect imposant. On fait au mont Dore des fromages estimés. C'est de ce mont que descendent les sources qui fournissent les eaux thermales carbo-chlorurées dites Eaux du Mt-Dore. V. DORE-LES-BAINS.

DORE-LES-BAINS ou DORE L'ÉGLISE, bourg du dép. du Puy-de-Dôme, à 40 kil. S. O. de Clermont-Ferrand, dans une vallée du mont Dore; 1900 hab. Fromages de lait de chèvre. Eaux minérales fort recherchées: 8 sources chaudes, 2 froides. Restes d'un Panthéon romain.

DORE (LA), riv. de France, passe à Ambert et se jette dans l'Allier, après un cours de 80 kil. — Ruisseau qui sort du mont Dore, forme la belle cascade de la Dore, et se joint à la Dogne pour former la Dordogne.

DORIA, une des familles les plus anciennes et les plus illustres de Gênes. Oberto D. gagna en 1284 la bataille navale de la Meloria, qui mit fin à la longue rivalité entre Gênes et Pise, en anéantissant la marine de cette dernière république. — Lamba D., amiral des Génois dans la guerre contre les Vénitiens en 1298, défit, devant l'île Curzola, l'amiral vénitien André Dandolo et imposa une paix glorieuse. — Paganino D. s'empara de Ténédos en 1350 et commanda en 1352 la marine génoise, dans un combat livré à Pisani, amiral des Vénitiens, en vue de Constantinople : la victoire resta aux Génois; mais elle leur coûta si cher que le commandement fut ôté à Doria. Il lui fut rendu en 1354 : cette fois il battit complètement Pisani à Porto-Longo, et le fit prisonnier avec toute sa flotte. Ce brillant succès mit fin à la guerre; Venise accepta les conditions de paix que lui imposa Gênes. — Lucien D. prit quelques places aux Vénitiens, et leur livra en 1379, en vue de Pola, une bataille où il fut tué, mais dont le succès resta à sa flotte. — Pierre D., qui lui succéda, prit Chiozza en 1379, mais fut assiégé dans cette place par Vettor Pisani, et tué d'un boulet de canon. Sa flotte fut obligée de se rendre (1380).

DORIA (André), restaurateur de la liberté génoise, un des plus grands généraux et des meilleurs marins de son siècle, naquit à Oneille en 1468 et mourut en 1560. Voyant sa patrie en proie aux factions, il s'éloigna et s'engagea successivement au service du pape Innocent VIII, de Ferdinand l'Ancien, roi de Naples, et d'Alphonse II, son fils. Lors de l'invasion du royaume de Naples par Charles VIII, Doria resta fidèle à Alphonse tant qu'il y eut espoir de salut ; mais il s'attacha quelque temps après à Jean de la Rovère, qui tenait pour Charles VIII à Naples, et lutta glorieusement contre Gonzalve de Cordoue. Ayant ensuite quitté le service de terre pour celui de mer, il arma huit galères à ses frais, attaqua les Maures et les Turcs qui infestaient alors la Méditerranée, et les défit partout où il les rencontra, notamment à Pianosa en 1519. L'Italie étant devenue à cette époque le théâtre d'une nouvelle guerre entre la France et l'Autriche, Doria embrassa d'abord le parti de la France : il fut nommé par François I au commandement des galères françaises, et battit la flotte de Charles-Quint sur les cotes de Provence, 1524; mais, s'apercevant qu'il était l'objet de la jalousie des ministres français, et que François I tardait à ratifier les promesses qu'il avait faites en faveur de Gênes, il se tourna vers Charles-Quint, 1528, en stipulant la restauration de la liberté de Gênes, et chassa les Français de cette ville à l'aide de la flotte impériale. Il mit un terme aux querelles des factions dans Gênes, changea la forme du gouvernement et fit décréter que les doges, qui auparavant étaient perpétuels, seraient élus pour deux ans seulement; quant à lui, il refusa la dignité de doge, continua à servir l'empereur, battit plusieurs fois les Turcs et lutta avec avantage contre le fameux Barberousse. Dans sa patrie, quelques conjurations éclatèrent contre lui (V. FIESQUE), et il ternit sa gloire par sa cruauté envers ses ennemis. Néanmoins, Gênes, ne se souvenant que de ses services, lui érigea une statue avec cette inscription : Au père de la patrie. Sa Vie a été écrite par Lorenzo Capelloni, Venise, 1560.

DORIDE, Doris, nom commun : 1° à un petit territoire situé entre la Phocide, la Locride, la Thessalie : ce pays, appelé auparavant Dryopide, est le berceau des Doriens ; 2° à une contrée de l'Asie-Mineure, située à l'angle S. O. de la Carie, ainsi nommée parce que des colonies doriennes y florissaient. La lre de ces deux contrées était appelée Tétrapole, à cause de ses quatre villes, Dryope, Pinde, Érynée, Citynium ; la 2e, à laquelle on ajoutait les îles de Rhodes et de Cos, était dite Hexapole, à cause de ses six villes, Cnide, Halicarnasse, Cos, Jalyse, Camire, Linde. — Dans le roy. actuel de Grèce, la Doride forme une éparchie du gouvt de Phocide ; ch.-l., Lidoriki ou Ægition.

DORIENS, Dori, Dores, Dorienses, une des 4 tribus helléniques. Ils tiraient leur nom de Dorus, fils d'Hellen. Ils habitaient d'abord au pied de l'Œta, puis ils occupèrent l'Histiéotide, où ils eurent des démêlés avec les Lapithes. Hercule les délivra des attaques de ce peuple, mais en stipulant que les Doriens lui feraient cession d'un tiers de leur pays. Plus tard, les Cadméens, dit-on, ravirent toute l'Histiéotide aux Doriens, qui alors se fixèrent autour du Pinde. Mais bientôt ils quittèrent encore ce pays pour s'établir, avec les Maliens de Trachine, dans la Dryopide, qui prit dès lors le nom de Doride. Un siècle après, les Doriens, unis aux Thesprotes de Thessalie et aux Héraclides, subjuguèrent presque toute l'Hémonie et l'enlevèrent aux Éoliens, mais sans la garder pour eux ; puis, unis aux Héraclides, sous la conduite de Cléodée et d'Aristomaque, ils attaquèrent à deux fois, mais vainement, le Péloponèse. Enfin, en 1190 av. J.-C., 120 ans après la mort d'Hercule, les Doriens, fondus désormais avec les Héraclides, et aidés des Étoliens, occupèrent le Péloponèse, moins l'Arcadie : ils gardèrent pour eux l'Argolide, la Laconie, la Messénie ; l'Élide passa aux Étoliens. L'Égiale, enlevée aux Ioniens, ne resta point aux conquérants, mais reçut de nouveaux habitants, les Achéens. Plus tard, les Doriens s'emparèrent aussi de Mégare et de l'île de Crète. Enfin, comme tous les peuples grecs, ils envoyèrent au loin des colonies ; les principales sont : Cos, Rhodes et plusieurs villes de l'Asie-Mineure, dont la partie S. O. prit d'eux le nom de Doride (V. DORIDE), puis Byzance, Corcyre, Syracuse, Tarente, Héraclée en Italie, etc. — C'est a tort qu'on identifie parfois les Doriens et les Hellènes. Les Doriens, derniers venus dans la Grèce méridionale, ont dépossédé non pas les Pélasges, mais les autres Hellènes, Ioniens, Achéens, Éoliens, et toujours l'opposition a subsisté entre eux et ces tribus, tant pour le caractère que pour le gouvernement, les lois et le dialecte. L'invasion dorienne fit rétrograder la civilisation en Grèce et causa une espèce de moyen âge de cinq à six siècles. L’Histoire des peuples Doriens a été écrite par Ottfried Müller (1824 et 1844).

DORIGNY, famille d'artistes distingués. Michel D., né en 1617 à St-Quentin, mort en 1663, élève de Vouet, réussit à la fois dans la peinture et la gravure et grava les meilleures œuvres de Vouet. — Son fils, Louis D., 1654-1742, également peintre et graveur, peignit à fresque la coupole de la cathédrale de Trente et grava la Descente des Sarrasins à Ostie d'après Raphaël ; — Nicolas D., 2e fils de Michel, 1658-1746, admis en 1725 à l'Académie de peinture, grava surtout d'après Raphaël, le Dominiquin, le Guerchin, C. Maratte et Lanfranc.

DORIS, fille de l'Océan et de Téthys, épousa Nérée, dont elle eut 50 filles appelées les Néréides.

D'ORLÉANS (le P. Joseph), jésuite, né à Bourges en 1644, m. à Paris en 1698, professa d'abord les belles lettres dans différents colléges, se livra ensuite a la prédication et à la rédaction d'ouvrages d'histoire qui obtinrent un succès mérité. On a de lui : Histoire des révolutions d'Angleterre, Paris, 1693, continuée par F. Turpin, 1786 ; Histoire des révolutions d'Espagne, 1734-1735, terminée par Brumoy et Rouillé, et un grand nombre de biographies particulières.

DORMANS, ch.-l. de c. (Marne), à 24 kil. O. d'Épernay ; 2300 h. Station du chemin de fer de Strasbourg. Vins, poteries. Anc. châtellenie qui appartint à la maison de Condé et aux princes de Ligne. Henri de Guise y reçut, en combattant un corps d'Allemands, la blessure qui lui valut le surnom de Balafré (1575).

DORMANS (Jean de), cardinal, chancelier et garde des sceaux sous les rois Jean et Charles V, avait été d'abord avocat au parlement. Il s'éleva par son mérite aux premières dignités de l’État et de l'Église et fut fait évêque de Beauvais, puis cardinal, en 1368. Ce fut lui qui fonda à Paris le collège dit de Beauvais ; il le nomma ainsi en l'honneur de la ville dont il était évêque. Il mourut en 1373.

DORMANTS (les Sept), nom donné à sept frères qui, selon la légende, souffrirent le martyre à Éphèse sous l'empereur Dèce en 251. S'étant cachés dans une caverne, ils y furent murés par ordre de l'empereur : on les y retrouva 157 ans après : ils paraissaient n'être qu'endormis. On les fête le 27 juillet.

DORMEILLES, bourg de Seine-et-Marne, canton de Moret, à 21 kil. de Fontainebleau ; 800 hab. Clotaire II y fut défait par Théodebert et Thierry en 600.

DORNACH, vge de Suisse (Soleure), à 10 kil. S. de Bâle ; 500 hab. Bat. célèbre où 6000 Suisses battirent 15 000 Autrichiens en 1499. L'église renferme le tombeau de Maupertuis.

DORNES, ch.-l. de c. (Nièvre), à 50 kil. S. E. de Nevers ; 1400 hab. Élève d'abeilles.

DORNOCH, v. d’Écosse, eh.-l. du comté de Sutherland, à 330 kil. d’Édimbourg, sur un petit bras de mer qui sépare les comtés de Sutherland et de Ross ; 3500 hab. Anc. résidence des évêques de Caithness.

DOROTHÉE (Ste), vierge et martyre, confessa la foi sous Maximin (311), fut dépouillée de ses biens et bannie. On la fête le 6 février.

DOROTHÉE (S.), prêtre d'Antioche, natif de Tyr, contemporain de S. Cyrille, fut, dit-on, martyrisé en 362. Il est auteur d'un livre intitulé : Synopsis de vita et morte apostolorum. On l'hon. le 5 juin.

DOROTHÉE, l’Archimandrite, disciple du moine Jean le Prophète, et maître de Dosithée, vivait vers 560 en Palestine, et devint chef d'un monastère près de Gaza. Il a laissé des Sermones de vita recte instituenda, trad. en français par l'abbé de Rancé, 1686, et des Lettres, en grec et en latin.

DORPAT, en allemand Derpt, v. de Russie (Livonie), sur l'Embach, à 230 k. N. E. de Riga ; 13 000 h. Commerce de transit. Anc. évêché, université établie en 1635 par Gustave Adolphe, et renouvelée en 1802 par l'empereur Alexandre, école vétérinaire, jardin botanique, observatoire. Dorpat fut fondée en 1030, détruite en 1191, mais rebâtie peu de temps après. Elle appartint pendant le XIIIe siècle aux chevaliers de l'Ordre Teutonique, qui y fondèrent un évêché en 1224, et fit partie de la ligue hanséatique. Plusieurs fois prise par les Polonais, par les Suédois et par les Russes, qui la possèdent depuis 1704.

DORSET, comté de l'Angleterre, au S. O., entre-ceux de Southampton à l'E. et de Devon à l'O. ; 84 k. sur 58 ; 175 000 hab.; ch.-l. Dorchester. Beau pays, surnommé le Jardin de VAngleterre : pâturages, céréales, fruits, chanvre, légumes ; moutons renommés, laine ; pêche. Anciennement habité par les Durotriges, ce pays fit ensuite partie du roy. de Wessex et fut conquis par le roi Egbert.

DORSET (Thomas SACKVILLE, comte de), grand-trésorier d'Angleterre, né en 1536 à Withian (Sussex), mort en 1608, sortait d'une famille normande venue en Angleterre avec Guillaume le Conquérant, et était proche parent de la reine Élisabeth. Élevé en 1567 à la pairie avec le titre de lord Buckhurst, il siégea en cette qualité parmi les juges qui condamnèrent Marie Stuart ; ce fut lui que l'on chargea d'aller annoncer cette sentence à la malheureuse princesse. En 1598, il fut fait grand trésorier, et présida la commission qui jugea le comte d'Essex. Jacques I le créa comte de Dorset, et lui continua la faveur dont il avait joui sous le règne précédent. Dorset avait dans sa jeunesse cultivé la poésie ; il est le premier qui ait donné à l'Angleterre un drame régulier, la tragédie de Gordobuc, 1561. Il avait publié en 1559 le Miroir des magistrats, recueil de poèmes où de grands personnages racontent les malheurs dont ils ont été victimes.

DORSET (Édouard, comte de), petit-fils du préc., né an 1590, mort en 1652, fut un des régents du royaume pendant le voyage de Charles I en Écosse, 1640, et se montra un des plus intrépides défenseurs de ce prince dans les guerres civiles qui suivirent : il est un de ceux qui signèrent en 1646 la capitulation d'Oxford. — Plusieurs autres membres de cette famille occupèrent de hauts emplois sous les règnes suivants.

DORTMUND, v. murée des États prussiens (Westphalie), à 40 kil O. d'Arensberg; 12 000 hab. Belle place dite Kœnigsberg, station du chemin de fer. Gymnase évangélique. Industrie et commerce. Jadis ville impériale et hanséatique; donnée en 1802 au duc de Nassau-Dietz, en 1806 au duc de Berg, et en 1815 à la Prusse.

DORVIGNY, auteur et acteur comique, qu'on disait fils naturel de Louis XV, né en 1734, mort à Paris en 1812, a composé pour les théâtres du second ordre un grand nombre de pièces qui parurent de 1775 à 1800 et dont quelques-unes eurent la vogue, entre autres : Jeannot ou les Battus paient l'amende; le Tu et le Toi; Roger Bontemps; le Désespoir de Jocrisse, et toutes les autres parades qui portent le nom de Jocrisse. Dorvigny a aussi publié des romans, dont le plus connu est le Nouveau Roman comique, 1799.

D'ORVILLE. V. ORVILLE.

DORYLÉE, Dorilasum, auj. Eskichehr, anc. ville d'Asie-Mineure, au N. E. de Konieh. Godefroy de Bouillon y défit les Turcs seldjoucides, 1097.

DORYPHORES, c.-à-d. Porte-lances, soldats de l'armée des Perses, qui marchaient devant le char du roi, formaient un corps de 15 000 hommes.

DOSITHÉE, magicien de Samarie, au Ie s., contemporain de Simon le Magicien, est regardé comme le 1er hérésiarque : il s'appliquait à lui-même les prophéties qui regardent J.-C. et prétendait être le Messie. Il observait la circoncision, jeûnait et recommandait la virginité. Poursuivi par les Juifs, il se retira dans une caverne, où il se laissa mourir de faim. Il y avait encore de ses disciples au IVe siècle. — Un autre Dosithée, disciple de Dorothée, est mis au nombre des saints et fêté le 23 février.

DOTIS, v. de Hongrie (Komorn), à 19 kil. S. E. de Komorn; 8600 hab. Collége de Piaristes. Eaux minérales aux environs. Cette ville appartient à la famille d'Esterhazy, qui y a un beau château.

DOTTEVILLE (le P.), oratorien, né en 1710 à Palaiseau, mort en 1807, était fils naturel d'un ambassadeur. Il fut longtemps professeur au collége de Juilly. On a de lui des trad. estimées de Salluste, 1749, et de Tacite, 1772-1792. Il avait en outre préparé des traductions de Pline et de Tite-Live.

DOUAI ou DOUAY, Duacum, v. de France, ch.-l. d'arr. (Nord), sur la Scarpe, à 32 kil. S. de Lille et à 200 kil. de Paris; 24 486 hab. Belle place d'armes, arsenal, remparts, hôtel de ville; chemin de fer. Cour d'appel, académie univ., faculté des lettres, lycée, société savante, bibliothèque, musée de tableaux; école d'artillerie, fonderie de canons. Chapeaux, tulles, fils, toiles, tanneries, brasseries, etc. Patrie de Jean dit de Bologne, de Calonne; Merlin dit de Douai était d'Arleux, à 10 kil. de Douai. — Douai existait du temps de César. Elle obtint une charte de commune en 1175. Elle appartenait alors aux comtes de Flandre, auxquels Philippe le Bel l'enleva en 1297; Charles V la leur rendit en 1368. Louis XIV s'en empara en 1667, la perdit en 1710, la reprit en 1712 et la garda définitivement par le traité d'Utrecht (1713). Douai eut une université dès 1560. Elle devint en 1714 le siège du parlement de Flandre.

DOUARNENEZ, ch.-l. de cant. (Finistère), à 25 k. N. O. de Quimper, sur la baie de Douarnenez, en face de l'île Tristan; 4500 hab. Vaste baie, offrant aux vaisseaux un abri sûr. Pêche de sardines.

DOUBLE (Franç. Jos.), habile praticien, né en 1776 à Verdun-sur-Garonne (Tarn-et-Garonne), mort a Paris en 1842, étudia à Montpellier, vint à Paris vers 1803, s'y fit connaître par les succès de sa pratique et par ses ouvrages, et remplaça Portal à l'Académie des sciences en 1832. Ses principaux ouvrages sont : Traité du croup (1811), qui obtint la 1re mention honorable dans le concours ouvert sur cette maladie; Séméiologie générale, traité des signes et de leur valeur en médecine, 1811-1822. On a en outre de lui un grand nombre de Mémoires et Rapports lus à l'Académie de médecine, notamment un rapport sur le choléra. La pairie lui avait été offerte sous Louis-Philippe, à la condition qu'il renoncerait à l'exercice de son art : il se fit honneur en refusant.

DOUBLET (Mme), née LEGENDRE, vécut près d'un siècle (1677-1771). Veuve en 1732 de L. Doublet de Persan, intendant du commerce, qui la laissa dans l'aisance, elle acquit quelque célébrité en réunissant chez elle (au couvent des Filles-Saint-Thomas) une société de gens de lettres parmi lesquels on comptait Ste-Palaye, Chauvelin, Voisenon, Piron, Bachaumont; on y tenait un journal des nouvelles du jour : c'est de ce journal qu'ont été extraits les Mémoires de Bachaumont (V. ce nom).

DOUBS, Dubis, riv. de France, a sa source au mont Rixon, une des montagnes du Jura, à 2 kil. de Mouthe, baigne Pontarlier, Morteau (où il forme une cataracte, connue sous le nom de Saut du Doubs), Baume, Besançon, Dôle; reçoit à droite la Savoureuse, à gauche la Dessoubre, la Loue, le Dorain, la Guiotte, et tombe dans la Saône à Verdun-sur-Saône, après un cours de 450 kil. Le Doubs a été rendu navigable de Dôle à Vougeaucourt par le canal de Monsieur.

DOUBS (dép. du), un des dép. frontières, borné à l'E. par la Suisse, à l'O. par les dép. de la Haute-Saône et du Jura; 100 kil. sur 96; 5310 kil. carrés; 296 280 hab. ; ch.-l., Besançon. Il est formé d'une partie de la Franche-Comté et du comté de Montbéliard. Il est arrosé par le fleuve qui lui donne son nom et par ses affluents et est couvert par une partie du Jura, dont le point culminant est le Suchet (1610m); nombreuses vallées; trois lacs, beaucoup d'étangs et de marais salants. Riches minerais de fer; marbre, albâtre, plâtre, tourbe, pierre de taille, etc. Belles forêts et riches pâturages; maïs, vin, légumes, fruits, pommes de terre. Forts chevaux, belles vaches comtoises, moutons et chèvres. Usines à fer; horlogerie; draps, toiles et tissus de coton; papier, dentelles, bleu de Prusse, soude, verreries; fromages dits de Gruyère, etc. Commerce actif, tant local que de transit. — Ce dép. se divise en 4 arr. (Besançon, Montbéliard, Baume-les-Dames, Pontarlier), 27 cant. et 640 communes : il dépend de la 7e division militaire, est dans le ressort de la cour impériale de Besançon et fait partie du diocèse de même nom.

DOUDEAUVILLE. V. LAROCHEFOUCAULD.

DOUDEVILLE, ch.-l. de cant. (Seine-Inf.), à 15 kil. E. N. d'Yvetot; 3308 hab. Foires pour bestiaux.

DOUÉ, Theodoadum, ch.-l. de cant. (Maine-et-Loire), à 18 kil. O. de Saumur; 2490 hab. Collége, belle fontaine; ruines d'un amphithéâtre romain; débris d'un palais de Dagobert. Mine de houille. Défaite des Vendéens en 1793.

DOUERA, village et poste militaire de l'Algérie (province d'Alger), créé par les Français en 1834, à 23 kil. S. d'Alger, sur la route d'Alger à Blidah; 2000 hab., dont moitié d'Européens.

DOUGLAS, v. d’Écosse (Larnak), à 13 kil. S. de Larnak, à 65 k. S. O. d’Édimbourg; 3000 h. Patrie de l'illustre famille des Douglas.

DOUGLAS, v. d'Angleterre, dans l'île du Man, dont elle est la capitale; 8000 hab. Bon port.

DOUGLAS, ancienne et puissante famille d’Écosse, se signala surtout dans les guerres acharnées que ce pays eut à soutenir contre l'Angleterre. William D. fut le compagnon d'armes de Wallace et assista à la bataille de Stirling, 1297. — Son fils James soutint Robert Bruce et commanda la cavalerie à Bannokburn, 1314. — Archibald, frère de James, fut régent pendant la minorité de David Bruce, repoussa le prétendant Baliol, que protégeaient les Anglais et périt à la bataille d'Halidon-hill, 1333. — Un autre Archibald fut envoyé par la régente d’Écosse avec 10 000 hommes pour secourir Charles VII contre les Anglais en 1421, les défit entièrement dans la sanglante bataille de Baugé, où périrent le duc de Clarence et le marquis de Somerset, l'un frère, l'autre oncle du roi d'Angleterre, et fut, en récompense, créé lieutenant général du royaume de France et duc de Touraine. Il fut tué en 1425, en combattant Bedford. — Deux autres D. périrent de manière tragique pour s'être mis à la tête des nobles insurgés pendant la minorité de Jacques II : le père fut massacré au château d’Édimbourg; le fils fut poignardé quelques années après par Jacques II lui-même, 1452 ; ce qui n'empêcha pas un autre membre de cette famille de se révolter contre Jacques III et de faire pendre son favori Cochrane.

DOUGLAS (Gavin), poëte écossais, né à Brechin en 1474, mort de la peste en 1522, était fils d'Archibald Douglas, comte d'Angus, et fut évêque de Dunkeld. Il composa vers 1511 une traduction en vers de l’Énéide, que l'on regarde comme un chef-d'œuvre pour le temps ; elle parut pour la 1re fois en 1553 à Londres.

DOUGLAS (John), littérateur et théologien écossais, né en 1721, mort en 1807, fut évêque de Carlisle (1785), puis de Salisbury (1792). Il se fit connaître comme critique, défendit Milton contre les attaques de Lauder, et réfuta les objections de Hume contre les miracles. Il coopéra à la rédaction des Voyages de Cook.

Le nom de Douglas a aussi été porté au XVIIIe s. par deux chirurgiens écossais, qui étaient frères : ils étaient surtout habiles pour la taille de la pierre. John a laissé une Lithotomia estimée, qui a été trad. en français; James, mort en 1742, a laissé plusieurs ouvrages d'anatomie.

DOULAINCOURT, ch.-l. de cant. (H.-Marne), à 35 kil. S. E. de Vassy; 1100 hab.

DOULEVANT-LE-CHÂTEAU, ch.l. de cant. (Hte-Marne), à 18 kil. S. de Vassy; 750 hab. Usines.

DOULLENS, Donicum, ch.-l. d'arr. (Somme), sur l'Authie, à 30 kil. N. d'Amiens; 3912 hab. Vieilles murailles; bonne citadelle, qui a servi de prison d'État et qui, depuis 1856, est une maison de force et de détention. Huile de graines grasses; filature de coton. — Doullens dépendait jadis du comté de Ponthieu; donnée à Louis VIII en 1225, elle fut cédée à la maison de Bourgogne par le traité d'Arras, 1435, mais elle revint à la France en 1477. Les Protestants s'en emparèrent en 1572 : mais le maréchal de Cossé la reprit l'année suiv. Henri IV y éprouva en 1595 un échec, à la suite duquel les Espagnols la prirent, mais elle fut rendue par le traité de Vervins, 1598.

DOUR, v. de Belgique (Hainaut), à 14 k. S. O. de Mons; 7000 hab. Houille, fers; blanchisserie.

DOURANIS, tribu d'Afghans, répandue dans les provinces de Kandahar, Hérat, Ferrah, au nombre d'environ 500 000. C'est de cette tribu que sont sortis les souverains récents du Kaboul.

DOURDAN, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), sur l'Orge, à 22 k. S. E. de Rambouillet; 2546 hab. Vieux château fort, qui a servi de maison de détention jusqu'à l'érection de celle de Poissy. Commerce de grains et de laines. Dourdan était la capitale du Hurepoix.

DOURGNE, ch.-l. de c. (Tarn), à 13 k. S. O. de Castres, au pied de la Montagne-Noire ; 1900 h. Carrières de marbre statuaire gris et blanc.

DOURLACH, Durlacum, Turris ad Lacum (la tour du lac), v. du grand-duché de Bade (Rhin-moyen), ch.-l. de bailliage, à 6 k. S. E. de Carlsruhe; 5000 h. C'était jadis le ch.-l. du margraviat de Bade-Dourtech. Prise en 1644 par le duc de Weimar et en 1648 par le duc d'Enghien. Station de chemin de fer.

DOURO, Durius, riv. d'Espagne et de Portugal, naît en Espagne, au pic d'Urbion, à 4 k. S. E. du bourg de Mansilia, dans la prov. de Soria; arrose cette prov., sépare celles de Burgos et de Ségovie, traverse celles de Valladolid et de Zamora, forme la frontière entre l'Espagne et le Portugal jusqu'à sa réunion avec l'Agueda; traverse alors le Portugal de l'E. à l'O. et se jette dans l'Océan un peu au-dessous d'Oporto, après un cours de 710 k. Il reçoit entre autres riv. la Pisuerga, le Sabor, le Tormès, l'Agueda et la Tavora. Les v. princ. qu'il arrose sont Soria, Aranda, Toro, Zamora, Miranda et Oporto. Son cours est rapide et plein de tourbillons.

DOUSA (Janus) ou Jean VAN DER DOES, seigneur de Noordwyk, eu Hollande, né en 1545, mort en 1604, fut à la fois magistrat, guerrier et littérateur. En 1572, il fut envoyé en Angleterre pour engager la reine Élisabeth à se déclarer en faveur des Hollandais contre les Espagnols; en 1574, il soutint avec fermeté les assauts que ceux-ci livrèrent à la ville de Leyde, les força à lever le siége, et contribua par ses services civils et militaires à l'affranchissement de sa patrie. Il fonda l'université de Leyde, en fut le premier curateur et conserva ce poste 29 ans. Nommé en 1574 conservateur des archives hollandaises, il puisa dans les titres originaux les matériaux d'un important ouvrage historique, les Annales de la Hollande depuis l'an 898 jusqu'en 1218, qu'il rédigea en latin, et sous deux formes : elles parurent en 1599 en vers élégiaques, et deux ans après en prose. Il avait eu pour collaborateur son fils aîné Jean Dousa (1571-96). Outre ces Annales, on a de Dousa des Élégies, des Satires, des Épigrammes en vers latins, et des Commentaires sur Horace, Catulle, Tibulle, Pétrone, Plaute. etc. — On connaît aussi George D., son 2e fils, né en 1574, qui publia l'ouvrage de G. Codinus sur les Origines de Constantinople, qui visita lui-même cette capitale et publia son voyage en 1599 (D. itinere suo) ; et François D., son 4e fils, né en 1577, à qui l'on doit Lucilii reliquiæ, Leyde, 1597, et un recueil des Lettres et Discours de Scaliger.

DOUVAINE, ch.-l. de cant. (Hte-Savoie), arr. de Thonon, près du lac de Genève;, 1150 h.

DOUVRES, Dubris des anc., Dover en anglais, v. d'Angleterre (Kent), à 110 k. E. S. E. de Londres, sur la Manche, en face de Calais; 16 000 h. Beaucoup d'ouvrages de fortification. Port où entrent les navires de 40 à 50 tonneaux; c'est un des Cinq-Ports (V. CINQ-PORTS). Le passage de Douvres à Calais est de tous les passages d'Angleterre en France le plus usité. Bains de mer. Chemin de fer pour Londres; télégraphe électrique sous-marin. — Anc. station romaine. Le château fort de Douvres, construit sur un rocher escarpé, résista en 1216 aux attaques du prince Louis de France (Louis VIII),

DOUVRES-LA-DÉLIVRANDE, ch.-l. de c. (Calvados), à 12 k. N. de Caen; 6500 h. Dentelles.

DOUZE TABLES (lois des), code publié à Rome par les décemvirs en 451 et 450 av. J.-C., et ainsi nommé parce qu'il était gravé sur douze tables d'airain. On n'en publia d'abord que dix ; mais comme elles étaient incomplètes, on en ajouta deux autres l'année suivante (V. DÉCEMVIRS). Ce code régit les Romains jusqu'au temps d'Auguste. Il était fort obscur pour les Romains dès le temps de Cicéron. On ne le connaît que par des fragments épars. Ces fragments ont été recueillis dans les Tabulæ chronologicæ de Haubold, Leips., 1790. Ant. Bouchaud en a donné un excellent Commentaire, Paris, 1787 et 1803.

DOUZY, Duziacum, bourg du dép. des Ardennes, arr. et à 10 k. E. S. E. de Sedan; 1500 hab. Les rois mérovingiens et carlovingiens y eurent un palais. Il s'y tint en 871 un concile où fut condamné Hincmar.

DOVER, v. et port d'Angleterre. V. DOUVRES.

DOVER, v. des États-Unis, ch.-l, de l'État du Delaware, à 125 k. N. E. de Washington; 4500 h. Grand commerce de farine. — Il y a plusieurs autres villes de ce nom dans l'Amérique du Nord ; mais elles sont peu importantes, à l'exception de celle du New-Hampshire, ch.-l. du comté de Strafford, à 100 k. N. de Boston; 9000 hab. Chemin de fer. DOVIZI, cardinal. V. BIBBIENA.

DOW (Gérard), peintre hollandais, élève de Rembrandt, né à Leyde en 1613, mort en 1680, s'attacha à représenter les objets de la vie commune et la nature morte. Tous ses tableaux sont d'un fini admirable; on remarque surtout la Femme hydropique, son chef-d'œuvre (au musée du Louvre; la jeune Ménagère; l'Épicière de village; le Trompette; une Cuisinière hollandaise; le Peseur d'or; l'Astrologue; l'École du soir; une vieille Femme en prières; le portrait de sa famille et le sien. G. Dow forma Miéris et Metzu.

DOW (Alex.), officier écossais, mort en 1779, entra au service de la Compagnie des Indes et se distingua à la fois par ses services militaires et ses talents littéraires. Il a donné une Histoire de l'Indostan (1772), trad. de l'ouvrage persan intitulé Tarychki Ferichtah, et a traduit plusieurs Contes persans.

DOWLATABAD, v. de l'Inde. V. DAOULATABAD.

DOWN, comté maritime de l'Irlande, dans l'Ulster, au S. de celui d'Antrim : 80 k. sur 40 ; 352 500 h. Ch.-l., Down-Patrick. Sol montueux, plusieurs lacs, entre autres le Neagh, eaux thermales ; houille, cuivre, plomb, marbre, ardoises, etc. Beaucoup d'avoine et de pommes de terres ; moutons excellents.

DOWN-PATRICK, v. d'Irlande, ch.-l. du comté de Down, à 130 k. N. E. de Dublin; 4800 h. Anc. résidence des rois de l'Ulster et siège d'un évêché catholique. Commerce de toiles et de pommes de terre. Sépulture de S. Patrick, patron de l'Irlande.

DOYEN (François), peintre, né à Paris en 1726, mort en 1806, eut Vanloo pour maître et fut lui-même le maître de David. Il visita l'Italie et la Flandre pour se perfectionner et fut nommé en 1776 professeur à l'Académie de peinture. Il a donné trois tableaux remarquables : la Mort de Virginie; Ste Geneviève des Ardents (à St-Roch), et la Mort de S. Louis (pour l'École militaire). Il exécuta une suite de peintures d'après l’Iliade pour servir de modèles aux tapisseries des Gobelins. Au commencement de la Révolution, Doyen, sur les instances de la czarine Catherine II, alla s'établir en Russie : il y fut nommé directeur de l'Académie des beaux-arts et y exécuta plusieurs ouvrages remarquables.

DOZULÉ, ch.-l. de c. (Calvados), à 17 k. S. O. de Pont-l'Évêque; 930 h. Foires importantes.

DRAC, riv. de France, naît au col des Deux-Couvettes (Htes-Alpes), entre dans le dép. de l'Isère, et tombe dans l'Isère sous Sassenage, après un cours de 130 k. Son cours torrentiel cause de grands ravages.

DRACON, archonte et législateur des Athéniens, donna, vers l'an 624 av. J.-C., des lois si rigoureuses, que l'orateur Démade les disait écrites avec du sang. Aussi tardèrent-elles peu à tomber en désuétude, et à être remplacées par celles de Solon. On trouve 11 de ces lois dans un ouvrage publié à Lyon en 1588, sous le titre de Jurisprudentia vetus Draconis, Pardulpho Prateio collectore ac interprete, 1559.

DRACONTIUS, poëte latin chrétien du Ve siècle, mort vers 450, était Espagnol et prêtre. Il a compose sous le titre d’Hexaëmeron un poëme sur les 6 jours de la création, auquel Eugenius, évêque de Tolède du VIIe s., ajouta un complément pour le 7e jour. Ce poëme, fort obscur et entaché de l'emphase espagnole, a été publié pour la 1re fois à Paris en 1560, et réimprimé, avec le complément, par Carpzov, Helmstædt, 1794, et par Glaeser, 1847. On a prétendu que Milton lui avait fait des emprunts.

DRAGONNADES, nom donné aux cruelles vexations exercées par des gens armés contre les Protestants sous le règne de Louis XIV, par suite de la révocation de l'édit de Nantes (1685) ; on les nomme ainsi parce qu'on y employait surtout des dragons. Ces soldats, logés à discrétion chez les Calvinistes, y commettaient impunément toutes sortes de violences.

DRAGONS, milice française. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

DRAGUIGNAN, Anteis, Dracenum, ch.-l. du dép. du Var, dans une vallée, sur l'Artuby, à 858 k. S. E. de Paris; 11 052 h. Tribunal, cour d'assises, collége, joli jardin botanique, bibliothèque, petit musée. Belle promenade d'Azemar, nombreuses fontaines. Magnaneries, filatures de soie, fabriques de bas, de gros draps; distilleries, savon, sel de saturne ; grand commerce d'huile d'olive. — Cette ville fut fondée au Ve siècle; elle eut beaucoup à souffrir aux XVIe et XVIIe s. des guerres de religion.

DRAGUT, amiral ottoman, né vers 1500 en Anatolie (sandjak de Mentech), avait été d'abord domestique d'un corsaire. Émule de Barberousse, il se signala par ses courses et ses dévastations sur les côtes du roy. de Naples et de la Calabre. Jeannetin Doria, neveu d'André Doria, le fit prisonnier en 1550, et ne le relâcha qu'à prix d'argent. Bloqué de nouveau par André Doria dans l'île de Zerbi, il échappa par son audace (1560). Il rejoignit les Turcs devant Malte, en 1565, avec 15 galères, et fut tué à ce siége par un boulet de canon.

DRAKE (François), célèbre marin anglais, né en 1540 près de Tavistock (Devonshire), fut capitaine de vaisseau dès l'âge de 22 ans. En 1572, à la tête de deux navires, il surprit et enleva aux Espagnols les places de Nombre-de-Dios et de Venta-de-Cruz situées sur la côte orientale de l'isthme de Panama. De 1577 à 1580 il fit, avec l'approbation de la reine Élisabeth, un voyage autour du monde, pendant lequel, après avoir franchi le détroit de Magellan, il attaqua les Espagnols dans leurs possessions de l'Amérique occid., prit possession de la Californie, qu'il nomma la Nouvelle-Albion, et revint en Espagne par les Indes orientales et le cap de Bonne-Espérance. En 1585 il s'acquit une nouvelle gloire en s'emparant de plusieurs places aux Canaries, au cap Vert et à Saint Domingue. La reine le nomma alors vice-amiral. En 1588 il coula à fond dans le port de Cadix 23 vaisseaux de la fameuse flotte espagnole dite l'Armada, dirigée par Philippe II contre l'Angleterre. L'année suivante, il tenta, mais sans succès, de reconquérir le Portugal pour Antonio de Crato. En 1595, il enleva aux Espagnols en Amérique Ste-Marthe et Rio-de-la Hacha; mais il échoua dans l'attaque de Panama. Le chagrin qu'il en conçut le fit mourir à Porto-Bello la même année. On attribue à Drake l'introduction en Europe de la pomme de terre, qu'il apporta de Santa-Fé (Mexique). Franç. Pretty a écrit en anglais le journal de la navigation de Drake : The famous Voyage of Drake into the south sea, Londres, 1600; trad. par Louvencour, Paris, 1627 et 1641. Son voyage autour du monde, rédigé d'après ses papiers, a été publié à Londres en 1851 seulement, sous le titre de The world encompassed, par Fr. Fletcher. Sa Vie a été racontée par Samuel Johnson.

DRAKENBORCH (Arnold), professeur et commentateur, né à Utrecht en 1684, mort dans la même ville en 1747, remplaça Burmann dans sa chaire de rhétorique et d'histoire à l'université d'Utrecht, 1716. Il a donné d'excellentes éditions de Silius Italicus, Utrecht, 1717, in-4, et de Tite Live, Amst., 1738 à 1746, 7 vol. in-4; et de savantes dissertations De offico præfectura urbis, De officio præfectorum prætorii, etc.

DRAMMEN, nom sous lequel on comprend les deux villes réunies de Strœmsoë et de Bragernaes, en Norvége, situées à 35 kil. S. E. de Christiania, sur le Drammen-elv; 6000 h. Grand commerce de bois.

DRANGIANE, contrée de l'Asie anc., entre l'Arie au N., l'Arachosie à l'E., la Gédrosie au S., et la Cannanie à l'O., formait une des prov. de l'empire perse, et avait pour ch.-l. Prophthasia. C'est auj. le Seistan, et une partie du Kandahar.

DRANSE, nom de 2 riv., la Dranse savoyarde, qui vient du S. et tombe dans le lac de Genève, à 6 kil. N. E. de Thonon; et la Dranse valaisane, formée de 2 torrents qui naissent dans le Grand-St-Bernard, qui se jette dans le Rhône à Martigny.

DRAPARNAUD (J. Raimond), naturaliste, né à Montpellier en 1772, mort en 1804, professa l'histoire naturelle à l'école de médecine de sa ville natale. Il a laissé une Hist. naturelle des mollusques terrestres et fluviatiles de la France, publiée en 1805.

DRAPARNAUD (Victor), poëte dramatique, frère du précédent, né à Montpellier en 1773, mort en 1833, eut une vie fort aventureuse et finit par s'attacher aux Bourbons, qui le pensionnèrent. Il a donné au théâtre : le Prisonnier de Newgate, drame, 1817 ; Louis le Débonnaire, trag., 1822 ; Maxime ou Rome livrée, trag., 1823 ; la Clémence de David, trag., 1825 ; Honneur et Préjugé, drame, 1826 ; Thomas Morus, 1827 ; l'École de la Jeunesse, 1828 ; toutes pièces qui ne s'élèvent pas au-dessus du médiocre.

DRAVE (la), Dravus, Drau en allem., riv. des États autrichiens, naît dans le Pusterthal en Tyrol, près d'Innichen, sépare la Croatie et l'Esclavonie de la Hongrie, devient navigable à Villach, reçoit le Gurk, le Glan, la Muhr, et se jette dans le Danube, par la r. dr., sous Eszek, après un cours très-sinueux d'env. 600 kil. La navigation en est dangereuse.

DRAYTON (Michel), poëte anglais né en 1563 dans le comté de Warwick, mort en 1631, a publié des Pastorales, des Élégies, des Chansons, la Guerre des Barons, poëme historique, 1596 et 1603, et une curieuse Description de l'Angleterre (Polyolbion) en 30 000 vers alexandrins. On a imprimé ses Œuvres à Londres en 1748 et 1753.

DREBBEL (Corneille VAN), physicien et mécanicien, né en 1572 à Alkmaër (Hollande), mort à Londres en 1634. Il était précepteur des fils de l'empereur Ferdinand II et membre de son conseil privé, lorsqu'il fut pris et dépouillé, pendant la guerre de Trente ans, par les troupes de l'électeur palatin Frédéric V, gendre de Jacques I, roi d'Angleterre. Rendu à la liberté par l'intercession du roi d'Angleterre, il se fixa à Londres, où il passa le reste de sa vie. Drebbel inventa, vers 1621, le thermomètre qui porte son nom : c'est un thermomètre à air, composé d'un vase plein d'air terminé par un tube contenant de l'eau : l'air, en se dilatant, déplaçait la colonne d'eau dans le tube. On lui attribue, mais à tort, l'invention du microscope et du télescope. Il passa de son temps pour un magicien ; il paraît avoir connu la fantasmagorie. Drebbel a laissé deux ouvrages en hollandais, qui ont été trad. en français sous le titre de Traités de la nature des Éléments et de la Quintessence, Paris, 1672.

DRENGOT, aventurier normand du XIIe siècle, se rendit en Italie, vers l'an 1016, avec ses 2 frères, Rainulf et Osmonde, et 250 gentilshommes, traita avec Mélo, riche citoyen de Bari, pour expulser les Grecs de la Pouille, les battit en trois rencontres, mais fut tué à Cannes en 1019, accablé par le nombre. Néanmoins un de ses frères, Rainulf, parvint plus tard à fonder le comté d'Aversa, et à conquérir la principauté de Capoue.

DRENTHE, prov. de Hollande, entre celles d'Over-Yssel, de Frise, de Groningue, et le roy. de Hanovre ; 62 kil. sur 60 ; 86 000 hab.; ch.-l., Assen. Sol sablonneux et peu fertile ; pâturages, tourbières. — C'était, au moyen âge, un comté relevant de l'empire. L'empereur Henri II le concéda en fief aux évêques d'Utrecht en 1024. Charles-Quint l'incorpora aux Pays-Bas en 1528.

DRÉPANE, Drepanum, auj. Trapani, v. et promontoire de Sicile, sur la côte occid., au N. de Lilybée, au pied de l'Eryx, furent ainsi nommés parce qu'ils offraient la forme d'une faux (depranon en grec), ou, selon la Fable, de ce que Saturne chassé du ciel y avait laissé tomber sa faux. Adherbal remporta sur Claudius Pulcher une victoire navale près de Drépane, l'an 249 av. J.-C. Drépane fut avec Lilybée la dernière ville que Carthage garda en Sicile.

DREPANIUS (PACATUS). V. PACATUS.

DRESDE, capit. du roy. de Saxe, dans le cercle de Misnie, sur l'Elbe et le Weisseritz, à 160 kil. S. de Berlin, à 845 kil. E. de Paris ; 95 000 hab., presque tous luthériens. Elle se divise en trois parties, Dresde ou la Résidence, Vieux-Dresde et Friedrichstadt. Château royal, palais des princes, surmonté d'une tour de 118m, belle église Notre-Dame, avec une tour de 110m, beau pont, riche musée, palais japonais (avec bibliothèque et belles collections de médailles et de porcelaines), arsenal, avec une riche collection d'armes. Chemins de fer pour Leipsick, Berlin, Prague, etc. Académies et sociétés savantes ; école militaire, école de médecine et de chirurgie, école vétérinaire, école pour la jeune noblesse ; hôtel des monnaies. Draps, lainages, soieries, voiles, passementerie, plaqué, chapeaux, dentelle, fleurs artificielles, cartes à jouer, orfèvrerie, fonderie de canons. Dessinateurs et graveurs renommés. Patrie du poète Kœrner. — Dresde n'était d'abord qu'un village de pêcheurs ; elle n'est citée pour la 1re fois qu'en 1206. En 1270, elle devint le séjour des margraves de Misnie. Lors du partage de 1485, elle échut à la ligne Albertine. Elle fut souvent ravagée par les armées, notamment dans la guerre de Sept ans et dans la campagne de 1813. Ses fortifications furent détruites en 1815. Un traité de paix, qui assurait la Silésie à la Prusse, y fut conclu en 1745 entre l'Autriche, la Prusse et la Saxe. Napoléon I y tint en 1812 un célèbre congrès. Il y battit, le 26 et le 27 août 1813, l'armée combinée des Autrichiens, des Russes et des Prussiens : Moreau, qui combattait dans les rangs des alliés, y trouva la mort. — Le cercle de Dresde, entre ceux de Leipsick à l'O., de Bautzen à l'E., les États prussiens au N. et les États autrichiens au S., compte 420 000 hab.

DREUX, Durocasses chez les anc., Drocæ au moyen âge, ch.-l. d'arr. (Eure-et-Loir), à 34 k. N. de Chartres ; 6379 hab. Trib., collége. Bel hôtel de ville, cathédrale gothique, vieux remparts, restes du château fort des anciens comtes de Dreux, réparé par Louis-Philippe et contenant, depuis 1816, la sépulture de la famille d'Orléans ; chemin de fer. Filatures de coton, tanneries. Grains, volaille, veaux ; bonneterie de laine. Patrie de Rotrou, Philidor, Godeau, etc. — Cette ville est très-ancienne : son nom paraît venir de Druides ou du moins avoir la même étymologie. On croit qu'elle occupe la place d'un lieu regardé par les Gaulois comme saint, et où les Druides avaient établi le centre de leur culte et une de leurs plus fameuses écoles. Dreux fut au moyen âge le ch.-l. d'un comté célèbre (V. ci-après); elle fut érigée en commune vers 1108, par Louis le Gros, ou même, selon quelques-uns, dès 1092. C'était une place forte, qui soutint divers siéges remarquables. Henri IV la prit en 1593 et la démantela. Aux env. se livra la bat. dite de Dreux (1562), gagnée par les Catholiques sur le prince de Condé et les Protestants.

DREUX (comté de), ancien comté de France, ainsi nommé de Dreux, sa capitale, était situé au N. du Pays Chartrain, sur les confins de la Normandie et de l'Ile-de-France, et dépendait originairement du duché de Normandie. Au commencement du Xe siècle il était possédé par un certain Landry, dont la fille Ève le porta en dot à Gauthier, comte du Vexin ; il échut ensuite à Richard I, duc de Normandie (942-996), dont la fille le porta en mariage à Eudes II, comte de Chartres (1017). Robert II, roi de France, l'enleva à ce dernier et le réunit à la couronne. Louis VII, le Jeune, le donna en 1137 à son frère Robert, qui devint le chef de la maison royale des comtes de Dreux. En 1377, après la mort du comte Simon, il fut acquis par le roi de France, de l'héritière de la branche aînée de cette maison. En 1382, Charles VI le donna en dot à Marguerite de Bourbon en la mariant avec Arnaud, sire d'Albret. Repris par la couronne en 1556, il fit partie en 1559 du douaire de Catherine de Médicis, et en 1569 fut érigé en duché pairie et donné en apanage à François, duc d'Alençon, puis duc d'Anjou, mort en 1584. Vendu en 1585 à la maison de Nemours, il ne revint à la couronne que sous Louis XV.

DREUX (Robert DE FRANCE, comte de), 3e fils de Louis VI, reçut en 1137 de son frère Louis VII le comté de Dreux, qui passa à sa postérité. En 1147 il prit part à la 2e croisade. Il mourut en 1188. Ce prince accorda en 1159 une charte communale à la ville de Dreux, déjà depuis longtemps érigée en commune, et fonda la ville de Brie-Comte-Robert, ainsi appelée de son nom. — Son fils, Robert II, suivit Philippe-Auguste à la 3e croisade. Il fut père de Robert III, qui lui succéda, de Pierre Mauclerc, tige des ducs de Bretagne de la maison de Dreux (V. PIERRE MAUCLERC), et de Philippe, qui suit.

DREUX (Philippe de), évêque de Beauvais en 1176, mort en 1217, était fils de Robert II. Prélat belliqueux, il se croisa deux fois, fut pris par les Musulmans à St-Jean-d'Acre en 1190, et, à son retour, combattit les Anglais, qui le firent prisonnier près de Milly (Seine-et-Oise) en 1196. Il prit part à la croisade contre les Albigeois, 1210, et se signala en 1214 près de Philippe-Auguste à la journée de Bouvines. Interprétant d'une manière digne du temps les lois canoniques, qui défendent aux prêtres de verser le sang, Philippe de Dreux ne se servait pas d'armes tranchantes; mais il assommait ses ennemis avec une lourde massue.

DREUX-BRÉZÉ (famille de), ancienne famille, issue au XIVe siècle de Pierre, 9e comte de Dreux. Elle n'ajouta à son nom celui de Brézé qu'au XVIIe siècle, par suite de l'échange qu'un de ses membres, Thomas de Dreux, seigneur de La Pommeraye, conseiller au parlement de Paris, fit, avec le grand Condé, du marquisat de La Galissonnière contre la terre de Brézé, qui fut érigée en marquisat en 1685. Du reste, la famille des Dreux-Brézé n'avait d'autres rapports avec celle des Brézé que d'avoir également possédé la terre de Brézé. — Thomas de Dreux-Brézé, baron de Berrye, fils du seigneur de La Pommeraye, fut nommé en 1701 grand maître des cérémonies, fonction qui depuis resta à ses descendants. Il mourut en 1749. — H. Evrard de Dreux-Brézé, son petit-fils (1762-1829), grand maître des cérémonies sous Louis XVI, est célèbre par l'incident qui termina la fameuse séance royale du 23 juin 1789 : chargé par le roi, qui voulait empêcher la réunion des trois ordres, de notifier à l'Assemblée nationale l'ordre d'évacuer la salle des séances, il fut accueilli par une violente apostrophe de Mirabeau (Allez dire à votre maître, etc.) et se retira sans avoir pu se faire obéir. Le marquis de Dreux-Brézé émigra avec la famille royale et ne rentra en France qu'en 1801. En 1815 il reprit ses fonctions de grand maître des cérémonies et fut nommé pair de France. — Son fils aîné, Scipion, 1793-1845, hérita de la pairie, qu'il conserva même après la révolution de 1830, et fut, à la Chambre des Pairs, sous le règne de Louis-Philippe, un loyal et éloquent défenseur de la cause légitimiste. — Emmanuel, son 2e fils, né en 1797, aide de camp du maréchal Moncey en Espagne (1823), quitta le service après 1830. — Un 3e fils, Pierre Simon, né à Brézé en 1811, entra dans l'Église, se distingua comme prédicateur et fut fait évêque de Moulins en 1850.

DREUX DU RADIER (Jean François), avocat, né à Châteauneuf-en-Thimerais en 1714, mort en 1780, fut quelque temps lieutenant civil et criminel, et quitta cette place pour se livrer à la littérature. Il a publié, de 1749 à 1778, un grand nombre d'ouvrages ; les principaux sont : Bibliothèque historique et critique du Poitou, 1754; Tablettes historiques et anecdotiques des rois de France, 1759; Hist. des Fous en titre d'office, 1767; Mémoires historiques des reines et régentes de France, 1763-76.

DREVET (Pierre), habile graveur, né à Lyon en 1664, mort en 1739, vint étudier à Paris sous Girard Audran et fut admis en 1707 à l'Académie. Il a gravé les portraits des hommes célèbres du temps : Louis XIV, Philippe V, Villars, Boileau, Dangeau, Girardon, le cardinal Fleury, etc. — Son fils, nommé aussi Pierre Dr., 1697-1739, s'est illustré dans le même genre : on estime son portrait de Bossuet, son chef-d'œuvre, ceux du cardinal Dubois, de Samuel Bernard, de Mlle Lecouvreur, ainsi que les gravures qu'il fit des plus beaux tableaux de Coypel, Rigaud, Boullongne, Restout.

DREVLIENS, peuple slave, voisin de Kiev, fut soumis en 880 par le grand-duc de Russie Igor I, mais se révolta fréquemment et fut presque exterminé au Xe siècle.

DRILO, fleuve de l'Illyrie mérid., auj. le Drin.

DRIN, Drilo ou Drinus, riv. de Turquie, dans l'ancienne Albanie, se forme dans le sandjak de Scutari de la jonction de deux cours d'eau nommés Drin Blanc et Drin Noir, et se jette dans l'Adriatique au-dessous d'Alessio. Elle formait autrefois la limite de l'empire d'Orient et de l'emp. d'Occident.

DRIN ou DRINA, Drinus, riv. de Turquie d'Europe (Bosnie), sort des monts Dinariques, sépare la Bosnie de la Servie, baigne Zvornick, et grossit la Save, après un cours de 260 kil.

DROCÆ, un des noms latins de DREUX.

DROGHEDA, v. et port d'Irlande, dans le Leinster, ch.-l. du comté de Drogheda, sur la Boyne, à 40 k. N. de Dublin; 20 000 hab. Grand commerce (importation de houille, exportation de grains). Cette ville fut prise en 1649 par Cromwell. C'est près de là que fut livrée la fameuse bataille de la Boyne, 1690 : un obélisque en perpétue le souvenir. Le comté, enclavé entre ceux de Louth et de Meath, ne se compose que de la ville de Drogheda et de sa banlieue.

DROGON, 3e fils de Tancrède de Hauteville, accompagna son frère Guillaume Bras de fer en Italie, lui succéda en 1046 dans son comté normand de la Pouille, obtint en 1047 de l'emp. Henri III l'investiture de la Pouille et du comté de Bénévent, mais eut bientôt à se défendre contre une ligue formée entre les Grecs, le pape Léon IX, et l'empereur Henri III lui-même. Il fut assassiné en 1051 par un Grec, dans l'église de Monteglio, au moment où il allait commencer la guerre.

DROISSY ou DROISY (Aisne). V. TRUCCIA.

DROITS (Déclaration des). V. DÉCLARATION.

DROLLING (Martin), peintre de genre, né en 1750 à Oberhergheim (H.-Rhin), m. à Paris en 1817, lutta longtemps contre la misère, reçut les conseils de Mme Lebrun et de Greuze, et réussit dans les scènes d'intérieur. On cite de lui : Maison à vendre, le Marchand forain, la Marchande d'oranges, la Laitière, la Cuisine, la Salle à manger, la Maîtresse d'école, la Dame de Charité. — Son fils, Michel D., 1786-1851, élève de David, obtint en 1810 le grand prix de Rome et se distingua comme peintre d'histoire. Il fut admis en 1837 à l'Institut et devint en 1837 professeur à l’École des beaux-arts. Ce peintre, éminemment classique, continua David, avec plus de couleur et de mouvement : ses sujets sont bien choisis, son style pur et élevé, son dessin correct et sa touche pleine de vérité. Ses meilleurs tableaux sont la Mort d'Abel, Orphée et Eurydice, Ulysse enlevant Polyxène à sa mère (au Luxembourg), Richelieu mourant, le Bon Samaritain (au musée de Lyon), le Christ au milieu des docteurs (à N.-D. de Lorette).

DRÔME, Druna, riv. torrentielle du dép. de la Drôme, naît au Val-Drôme, sur la limite du dép. des Hautes-Alpes; arrose Die, Pontaix, Saillans, Crest, et tombe dans le Rhône, par la r. g., au-dessous de Pont-Livron, après un cours de 110 kil. env.

DRÔME (dép. de la), dép. situé à l'E. du Rhône qui le sépare de celui de l'Ardèche, à l'O. du dép. des Htes-Alpes, au S. du dép. de l'Isère, au N. de celui de Vaucluse; 124k. sur 80; 6570 k. carrés; 326 684 h.; ch.-l., Valence. Il est formé d'une partie du Dauphiné et de la Provence. Houille, marbre blanc, granit, albâtre, pierre de taille statuaire, plâtre, argile à potier, cristal de roche. Belles forêts à l'E. ; très-bons vins (de l'Ermitage, de Die, etc.); fruits exquis, chanvre, garance, truffes noires. Lainages communs; distilleries, poteries, verreries, papeteries, etc. Commerce de vins, miel, cire, amandes, nougats, etc. — Le dép se divise en 4 arr. (Valence, Die, Nyons, Montélimart), 28 cantons et 359 communes; il dépend de la 8e division militaire, ressortit à la cour impériale de Grenoble et forme le diocèse de Valence.

DROMORE, v. d'Irlande, dans le comté de Down, à 30 kil. O. N. O. de Down-Patrick; 15 000 h. Très-ancien évêché catholique. Dromore est, avec Armagh, le siège de l'archevêque primat d'Irlande.

DRONNE, riv. de France, naît près de Montbrun dans le dép. de la Haute-Vienne, baigne Brantôme, Bourdeilles, Ribérac, Aubeterre, La Roche-Chalais, et tombe dans l'Isle à 2 kil. au-dessous de Coutras.

DRONTHEIM, v. de Norvége (Nordenfiels), ch.-l. de bailliage, sur la Nid, à son emb., à 400 kil. N. de Christiania; 15 000 hab. Évêché luthérien. Bon port, où stationne une partie de la flotte; jolie ville, quoique en bois. Cathédrale de St-Olof, fondée en 1183, et qui fut pendant des siècles un but de pèlerinage. Académie des sciences, biblioth., cabinet des sciences naturelles, séminaire pour l'instruction des Lapons. Entrepôt du cuivre des mines de Roraas. Commerce de bois, de harengs et d'huile de poisson. La v., construite en bois, est sujette à de fréquents incendies. — Drontheim, fondée en 908 par Olof I, devint en 1152 le siége de l'archevêché du royaume; depuis 1164, les rois de Norvége s'y firent sacrer.

DROUAIS (Jean-Germain), peintre français, de l'école de David, né d'une famille de peintres à Paris en 1763, m. à vingt-cinq ans (1788). Le Louvre possède ses deux principaux tableaux, La Cananéenne aux pieds du Christ et Marius à Minturnes; lorsque ce dernier ouvrage parut, il excita un enthousiasme universel, fut admiré de Goethe, et inspira la tragédie d'Arnault sur le même sujet.

DROUÉ, ch.-l. de c. (Loir-et-Cher), à 26 kil N. de Vendôme, 900 h.

DROUET (J. B.), conventionnel, né en 1763, mort en 1824, était maître de poste à Ste-Menehould lorsque Louis XVI passa par cette ville, le 21 juin 1791 : il dénonça et fit arrêter le roi et sa famille; fut élu député à la Convention, fut envoyé en qualité de commissaire à l'armée du Nord (1793), tomba aux mains des Autrichiens, et ne revint en France qu'en 1795. Il fut exilé sous la Restauration et ne rentra qu'à la faveur d'une amnistie.

DROUET D'ERLON, maréchal de France, né à Reims en 1765, mort en 1844, s'enrôla en 1792, devint général de division en 1803, fut blessé à Friedland, servit sous Masséna en Espagne, résista aux Anglais jusqu'à la fin. combattant sur l'Adour, à Orthez, à Toulouse (1814) ; fut un des plus empressés à reconnaître Napoléon au retour de l'île d'Elbe, commanda le 1er corps d'armée pendant les Cent-Jours et combattit à Waterloo, fut condamné à mort par contumace en 1816, trouva un asile en Prusse, rentra en 1825, mais ne reprit du service qu'en 1830, et fut nommé en 1834 gouverneur général de l'Algérie. Il adopta quelques mesures utiles, créa les bureaux arabes et introduisit le régime municipal : mais comme il ne déployait pas contre Abd-el-Kader la vigueur nécessaire, il fut rappelé dès 1835; il n'en fut pas moins nommé maréchal en 1843. Un camp créé par lui près de Bouffarick conserve le nom de camp d'Erlon. Drouet a écrit lui-même sa Vie militaire, 1844.

DROUOT (le comte), général d'artillerie, né à Nancy en 1774, mort en 1847, était fils d'un boulanger, et se forma à l'École d'artillerie de Metz. Nommé en 1808 major de l'artillerie de la garde impériale, il assista aux grandes batailles de l'Empire, et contribua puissamment à nos succès, surtout à Wagram, à la Moskowa, à Lutzen, à Bautzen; fut fait après cette dernière affaire général de division, battit l'ennemi à Wachau la veille de la bataille de Leipsick (16 oct. 1813), sauva les débris de l'armée devant Hanau en lui frayant un passage (30 oct.), défendit pied à pied le territoire français en 1814, fit des prodiges à Nangis, suivit à l'île d'Elbe Napoléon, qui le nomma gouverneur de l'île, l'accompagna à son retour en France en 1815, bien qu'il désapprouvât l'entreprise; fit à Waterloo des efforts incroyables, se retira après le désastre au delà de la Loire à la tête de la garde impériale, sut contenir cette troupe qu'on craignait encore et aida à la licencier. Il ne s'en vit pas moins proscrit par Louis XVIII, et traduit devant un conseil de guerre, mais il fut acquitté. Retiré dans sa ville natale, il refusa constamment d'accepter aucune fonction publique. Drouot n'était pas moins remarquable par son sang-froid au milieu du danger que par son habileté à diriger l'artillerie. Il possédait en outre toutes les vertus antiques : Napoléon l'avait surnommé le Sage; il lui laissa par son testament 100 000 fr. D'une piété sincère, Drouot pratiqua, même au milieu des camps, les devoirs de la religion. M. J. Nollet a donné sa Biographie (1850). Le P. Lacordaire a prononcé son Éloge funèbre. Nancy lui a élevé une statue; une rue de Paris, l'anc. rue de La Grange-Batelière, a reçu son nom.

DROZ (Pierre JACQUET), habile mécanicien, né en 1721 à La Chaux-de-Fond (Neuchâtel), m. à Bienne en 1790, trouva le moyen d'adapter aux horloges communes un carillon et des jeux de flûte; inventa une pendule qui, au moyen de la combinaison de deux métaux inégalement dilatables, marchait sans être remontée; fit une pendule astronomique et un automate qui écrivait lisiblement et faisait tous les mouvements des doigts. — H. Louis D., son fils et son élève, né à La Chaux-de-Fond en 1752, m. en 1791, n'avait pas encore 22 ans lorsqu'il apporta à Paris un automate dessinateur et une figure de jeune fille qui touchait du clavecin, suivait des yeux la musique, et indiquait la mesure par des mouvements de tête, se levait quand elle avait fini de jouer, et saluait la compagnie. Droz fabriqua encore deux mains artificielles remplaçant presque la nature; Vaucanson lui dit en les voyant : « Jeune homme, vous commencez par où je voudrais finir. » — J. Pierre, parent des préc., 1740-1823, est aussi auteur de diverses inventions ; il s'adonna à la gravure et à la fabrication des monnaies, frappa les monnerons, qui eurent cours sous la République, trouva le moyen de multiplier la gravure des coins de monnaie, invention qui fut appliquée à la fabrication des assignats, et fut nommé directeur de la monnaie des médailles.

DROZ (Franç. Xavier Joseph), écrivain estimable, né à Besançon en 1773, d'une famille de magistrats, mort en 1850, s'enrôla en 1792 dans le bataillon du Doubs, mais quitta bientôt une carrière qui convenait peu à ses goûts, professa les belles-lettres à Besançon, vint en 1803 à Paris, où il occupa pendant plusieurs années un emploi dans les Droits-Réunis, fut admis dans la société d'Auteuil, où il devint l'ami de Cabanis et de Ducis, débuta comme écrivain par un roman sentimental, Lina, qui fut peu remarqué, publia en 1806 l’Art d'être heureux, qui n'est que la confidence du secret de son propre bonheur, concourut en 1811 pour l’Éloge de Montaigne par un discours qui fut distingué, publia en 1823 son livre De la philosophie morale, où il cherche à concilier les divers systèmes des moralistes, et auquel l'Académie française décerna le prix Montyon; fut admis dans cette compagnie dès l'année suivante, et entra en 1832 à l'Académie des sciences morales. Il justifia ces deux choix par de nouveaux écrits : Études sur le beau dans les arts, Application de la morale à la politique, Économie politique (1829), Histoire du règne de Louis XVI : ce dernier (3 vol. in-8, 1839-1842) est le plus important de ses ouvrages; il y montre que l'on eût pu prévenir ou diriger la Révolution. Dans ses dernières années il publia : Pensées sur le Christianisme, Aveux d'un philosophe chrétien. Écrivain pur, Droz fut en même temps un homme sage, aimable et conciliant. M. Mignet a lu à l'Institut une Notice sur sa vie et ses travaux.

DRUENTIA, riv. de Gaule, auj. la Durance.

DRUIDES, prêtres des anc. Gaulois. On fait dériver leur nom, soit du grec drus ou du celtique deru, qui tous deux signifient chêne, soit des mots celtiques De (Dieu) et rhouyd (parler), parce qu'ils étaient les interprètes des dieux. Ils se partageaient en trois classes : 1° les druides proprement dits ou prêtres, qui furent dans l'origine possesseurs du suprême pouvoir, mais qui le cédèrent dans la suite aux brenns ou chefs des guerriers; 2° les eubages, devins et sacrificateurs; 3° les bardes, qui chantaient les hymnes divins et célébraient les exploits des héros. Les Druides croyaient à l'immortalité de l'âme et à la métempsycose ; l'objet de leur culte était surtout la Nature; cependant ils reconnaissaient plusieurs dieux : Hésus, Teutatès, Belenus, Taranus, etc. Ils n'avaient point de temples ; ils se réunissaient dans de sombres forêts. Leur assemblée générale se tenait entre Chartres et Dreux, dans un lieu qu'on croit être Lèves, près de Chartres; ils avaient une école célèbre à Dreux. Dans les grandes calamités, les Druides immolaient des victimes humaines. Les dol-men, les men-hir, les cromlechs, pierres énormes qu'on trouve en grand nombre sur les côtes de la Bretagne, sont regardés comme les autels où se consommaient ces sacrifices sanglants. Le druidisme était mêlé d'une foule de pratiques superstitieuses : il attachait de mystérieuses vertus à certaines plantes, telles que la sélage, la samole, la verveine, et surtout le gui, qu'on regardait comme la panacée universelle : à certains jours les Druides allaient cueillir en grande cérémonie le gui sacré sur un chêne antique. Les Druides étaient en même temps médecins, astronomes, physiciens; ils n'avaient rien d'écrit ; toute leur science était contenue dans des pièces de vers qu'ils apprenaient par cœur. — Il y avait aussi des Druidesses, qui avaient leur principal sanctuaire dans l'île de Sena ou de Sein, sur la côte du Finistère; elles prédisaient l'avenir en consultant les entrailles des victimes. — Les invasions des Romains, puis des barbares et l'établissement du Christianisme mirent fin à la religion des Druides ; elle disparut vers le VIIe siècle. Ses dernières pratiques furent condamnées par le concile de Nantes en 618. M. Herrig a résumé ce qu'on sait des Druides dans son livre De Druidibus (Leips., 1853).

DRULINGEN, v. d'Alsace-Lorraine, à 24 kil. N. O. de Saverne; 547 h. Brasseries; pierres de taille.

DRUMMOND (W.), historien et poëte, surnommé le Pétrarque écossais, né en 1585 à Hawthornden, était tout dévoué à la cause royaliste et mourut, en 1649, du chagrin que lui causèrent les malheurs et la fin tragique de Charles I. Il a écrit une Histoire d’Écosse de 1423 à 1643, rédigée au point de vue monarchique, et des poésies élégiaques remarquables par leur mélodie. On a publié ses Œuvres complètes, Édimbourg, 1711, in-fol.

DRUNA, riv. de Gaule, auj. la Drôme.

DRUSES, Ituræi, peuple de la Syrie (pachalik d'Acre), habite le versant occid. du Liban, et presque tout l'Anti-Liban, le long de la Méditerranée, entre Djébaïl et Saïde. Leur nombre s'élève à près de 160 000 individus, dont 40 000 environ pouvant porter les armes. Ils sont tributaires de l'empire ottoman, mais de fait presque indépendants. Les Druses sont hospitaliers, belliqueux; ils professent une religion particulière, dérivée de celle des Ismaéliens et dont le point capital est l'adoration du calife Al-Hakem Biamrillah, qui vivait au commencement du XIe siècle, et qu'ils croient un dieu incarné; aussi leur chef s'appelle-t-il toujours hakem. Ce chef réside à Déir-el-Kamar. Les Druses ont pris, dit-on, leur nom de Durzi, un des premiers apôtres du calife Hakem, qui conduisit en Syrie ses partisans persécutés en Égypte. Retirés dans les montagnes du Liban, ils se rendirent redoutables, résistèrent longtemps aux attaques des Turcs, et ne furent soumis au tribut qu'en 1588 par le sultan Amurat III. La Porte leur a donné en 1842 un chef de leur nation. Ils sont fréquemment en guerre avec les Maronites, secte de chrétiens qu'ils ont pour voisins au N. En 1860, ils en ont fait un horrible massacre, qui nécessita l'intervention française. M. Sylvestre de Sacy a donné en 1838 un Exposé de la religion des Druses.

DRUSIPARA, v. de Thrace, à 90 kil. E. d'Andrinople. Anc. évêché, auj. titre d'év. in partibus.

DRUSUS (M. Livius), tribun du peuple l'an 122 av. J.-C., fut opposé par le sénat à C. Gracchus, qui s'était rendu redoutable par sa popularité. Pour détruire l'influence de ce tribun séditieux, Drusus, au nom du sénat, combla le peuple de faveurs et de largesses, et distribua gratuitement des terres. Il géra ses fonctions avec la plus grande intégrité, fut nommé consul l'an 112 av. J.-C. et vainquit les Scordisques. — M. Livius Drusus, son fils, tribun l'an 91 av. J.-C, suivit le même plan de conduite que lui, et chercha à rattacher le peuple au sénat par des largesses et des lois populaires. Il venait de proposer d'étendre aux Italiens le droit de cité, lorsqu'il périt assassiné (90). Ce crime, qu'on imputa au tribun Varius et au consul Philippe, fut l'origine de la Guerre sociale.

DRUSUS (Cl. Néro), fils de Livie et frère puîné de Tibère, né l'an 38 av. J.-C., fut adopté par Auguste. Il remporta plusieurs victoires dans les Gaules, la Rhétie, la Vindélicie et la Germanie, fit creuser la Fossa Drusiana, canal du Rhin au Flevo (Yssel), et reçut le premier le surnom de Germanicus. Il mourut l'an 9 av. J.-C. Il fut père du célèbre Germanicus et de l'empereur Claude.

DRUSUS (César), fils de Tibère et de Vipsanie, sa 2e femme, comprima par son courage la révolte des légions de Pannonie (14 de J.-C.) et triompha des Alemani. Son père l'éleva au consulat (21) et partagea avec lui la puissance tribunitienne. Mais le jeune prince ayant donné un soufflet à Séjan, celui-ci, pour se venger, le fit empoisonner, l'an de J.-C. 23.

DRYADES (du mot grec drys, chêne), nymphes qui présidaient aux bois et aux arbres en général. Il ne faut point les confondre avec les Hamadryades. Celles-ci étaient pour ainsi dire attachées à l'arbre, ne pouvaient le quitter un instant et mouraient avec lui. Les Dryades au contraire pouvaient errer dans les bois; elles formaient des danses autour des arbres confiés à leur garde, dont les troncs leur servaient de retraite.

DRYANDER (Jonas EICHMANN, connu sous le nom grécisé de), naturaliste suédois, disciple de Linné, né en 1748, mort en 1810, se rendit en Angleterre, devint membre de la Société Linnéenne de Londres, et fut mis par J. Banks à la tête de sa bibliothèque. On a de lui des Mémoires, qui se trouvent dans les Transactions delà Société Linnéenne, et le Catalogue de la bibliothèque de J. Banks, 1800, 5 vol. in-8, ouvrage qui présente la bibliographie la plus complète et la mieux faite des sciences naturelles.

DRYDEN (J.), célèbre poëte anglais, né en 1631 à Adwinkle (Northamptonshire), mort en 1701, commença à faire des vers au collége. D'un caractère versatile et vénal, il débuta devant le public par des stances à la louange de Cromwell (1658), et deux ans après, il célébra le retour de Charles II, dans un poëme intitulé : Astrea redux; il composa aussi en l'honneur de ce prince l’Annus mirabilis (1066), et fut en récompense nommé poëte lauréat (1668). Il s'adonna ensuite au théâtre, fit des comédies et des tragédies, et obtint pendant trente ans une suite de succès non interrompue : ses meilleures pièces sont les Femmes rivales, Don Sébastien et la Conquête de Grenade. Il s'exerça aussi dans le genre satirique, publia des satires politiques et littéraires, entre autres Absalon et Achitophel (contre la révolte de Monmouth) et Mac-Flecknoe (contre le poëte Shadwell), qui lui attirèrent beaucoup d'ennemis et l'exposèrent même à de mauvais traitements. Il s'était fait catholique sous Jacques II, peu avant la révolution de 1688 : aussi perdit-il, sous Guillaume d'Orange, son titre de poëte lauréat, avec les avantages qui y étaient attachés. N'ayant plus d'autre ressource que son talent, il se remit à l'œuvre, quoique déjà vieux. C'est alors qu'il composa plusieurs de ses meilleurs ouvrages : sa trad. de l’Énéide, 1697; ses trad. de Juvénal et de Perse, ainsi que ses Fables, 1698, et la plus belle de ses odes, la Fête d'Alexandre, pour la Ste-Cécile (mise en musique par Hændel). Outre ses ouvrages en vers, il en a composé quelques-uns en prose ; le plus estimé est l’Essai sur la poésie dramatique, en dialogue. Dryden est à la tête des poëtes classiques de l'Angleterre pour l'élégance, l'harmonie, le goût; on le regarde comme le père de la critique dans son pays. Il est à regretter que, pressé le plus souvent par le besoin, il ait travaillé avec trop de précipitation. Walter Scott a donné en 1808 une édition complète de ses Œuvres, Londres, 18 vol. in-8. Malone a écrit sa Vie.

DRYOPES, peuplade pélasgique de la Thessalie, était, à ce qu'on croit, sortie de l'Arcadie. Ils se fixèrent à une époque reculée sur les bords du Haut-Céphise et au S. du mont Œta (Dryopide), d'où ils étendirent leurs ravages dans les environs. Hercule les chassa de ce pays, qui reçut alors les Doriens et prit le nom de Doride. Les Dryopes se dispersèrent et allèrent, les uns en Argolide où ils élevèrent Asiné, les autres en Eubée où ils fondèrent Caryste ; quelques-uns passèrent en Asie, avec les émigrants athéniens et ioniens, et s'établirent près de Cyzique; quelques-uns même abordèrent dans l'île de Cypre.

DUACUM, ville de la Gaule, auj. Douai.

DU BARRY (Jeanne VAUBERNIER, comtesse), maîtresse de Louis XV, née à Vaucouleurs en 1743, était fille naturelle d'un commis aux barrières. Après avoir passé quelque temps chez une marchande de modes, puis dans une maison de débauche à Paris, sous le nom de Mlle Lange, elle fut présentée à Louis XV en 1769 par le comte Jean Du Barry, dont elle avait été la maîtresse et qui spécula honteusement sur ses attraits. Le vieux roi, frappé de sa beauté, conçut pour elle une vive passion, lui fit épouser, pour lui donner un rang à la cour, Guill. Du Barry, frère du comte Jean, et lui accorda un crédit sans bornes. Elle devint bientôt l'instrument de tous les intrigants; fit disgracier le ministre Choiseul, qui avait osé reprocher au roi l'abjection de son choix; contribua beaucoup à l'élévation du duc d'Aiguillon, à la faveur du chancelier Maupeou et à l'exil des parlements (1771); distribua les grâces au hasard, et dilapida les finances. Louis XV fit bâtir pour elle le joli pavillon de Luciennes, près de Marly. Après la mort du roi (1774), elle se retira de la cour et vécut ignorée jusqu'à la Révolution. En 1792 elle alla en Angleterre pour mettre ses diamants en sûreté et fit courir le bruit qu'on les lui avait volés. Arrêtée à son retour et accusée d'intrigues royalistes, elle fut condamnée à mort en 1793 : elle montra la plus grande faiblesse dans ses derniers moments, et dénonça pour se sauver plusieurs personnes dont elle causa ainsi la mort. On a publié un grand nombre d'ouvrages sur Mme Du Barry. On peut consulter l’Histoire de France au XVIIIe siècle, de Ch. Lacretelle, et la Vie privée de Louis XV, par Moufle d'Angerville, Londres, 1781. Quant aux Lettres originales de la comtesse Du Barry (fabriquées par Pidansat de Mairobert), Londres, 1779, et aux Mém. de Mme Du Barry, par Mme Guénard, ces écrits n'ont aucune autorité.

DU BARTAS (Guill. DE SALUSTE, seigneur), poëte français, né à Montfort près d'Auch en 1544, mort en 1590, se distingua sous Henri IV par sa bravoure dans les combats et en même temps par son talent pour les négociations, fut chargé de missions en Angleterre et en Danemark, et fut blessé mortellement à la bataille d'Ivry. Il composa des poésies qui obtinrent un grand succès; le plus connu de ses ouvrages est La première Semaine, ou la Création, en 7 livres, qui eut plus de 30 éditions en six ans; il a fait aussi une Seconde Semaine, qui comprend des histoires de l'Ancien Testament. Ce poëte avait de la verve, de l'imagination, mais manquait de goût. Ses Œuvres ont été réunies en 1611, 2 vol. in-fol., avec commentaires de Simon Goulard.

DU BELLAY (Guill.), seigneur de Langey, un des plus braves généraux de François I, né en 1491 au château de Glatigny près de Montmirail, dans le Perche (Sarthe), m. en 1543, se trouva à la bataille de Pavie, pénétra dans la prison du roi à Madrid pour lui porter des consolations, fut nommé en 1527 vice-roi du Piémont, où il battit les Impériaux, remplit diverses missions, et réussit plus d'une fois à déjouer les projets de Charles-Quint. Il laissa de précieux mémoires qu'il intitula Ogdoades (Huitaines), parce qu'ils étaient divisés de 8 en 8 livres. Ils les avait d'abord rédigés en latin : il les mit en français sur la demande du roi. — Ces mémoires ont été continués par son plus jeune frère, Martin Du B., mort en 1559, qui fut aussi grand capitaine et bon négociateur. Ses mémoires ont été réimprimés dans la coll. Petitot et la coll. Michaud.

DU BELLAY (Jean), cardinal et homme d'État, frère des précédents, 1492-1560, jouit de la faveur de François I, occupa les siéges de Bayonne, Paris, Limoges, Bordeaux, fut ambassadeur près de Henri VIII et de Paul III, puis lieutenant général du royaume pendant que le roi repoussait Charles-Quint en Provence, 1536. Disgracié à la mort de François I, il se retira à Rome, où il fut fait évêque d'Ostie. Le cardinal Du Bellay protégea et cultiva les lettres : c'est sur sa proposition que fut fondé le Collége de France. On a de lui des Poésies latines, des Lettres, des Harangues et une Apologie de François I, publ. en 1546. Rabelais avait été attaché à sa maison et l'avait accompagné à Rome comme médecin ; il lui fit donner à son retour la cure de Meudon.

DU BELLAY (Joachim), poëte, cousin des préc., né vers 1525 à Liré (Maine-et-Loire), mort à Paris en 1560, avait embrassé l'état ecclésiastique et devint chanoine de Notre-Dame de Paris, ce qui ne l'empêcha pas de mener une vie assez mondaine. Ses vers lui donnèrent accès à la cour, où on l'appelait l’Ovide français. Des ennemis secrets le firent accuser d'irréligion, ce qui nuisit à son avancement; ces tracasseries le conduisirent prématurément au tombeau. On a de lui : Poésies françaises, dédiées à la princesse Marguerite, sœur de Henri II, Paris, 1549; Poésies latines, 1558; deux recueils de sonnets, Olive et les Regrets, et un ouvrage en prose, Défense et illustration de la langue française, 1549. J. Du Bellay est avec Ronsard un de ceux qui tentèrent de régénérer la poésie française en lui donnant les Grecs et les Latins pour modèles; son livre sur la langue française fut comme le manifeste de la nouvelle école. Ses Œuvres ont été publiées en 1568 par Aubert de Poitiers, et en 1850 par Ackermann.

DUBIENKA, v. de Pologne (Lublin), sur le Boug, à 80 kil. E. S. E. de Lublin; 2000 hab. Kosciusko y battit les Russes en 1792.

DU BIEZ (OUDART), maréchal de France, servit avec distinction en Italie sous François I et Henri II, et reçut le bâton de maréchal en 1542. Il eut avec le connétable de Montmorency la gloire d'avoir déconcerté les projets de Charles-Quint lorsque ce prince envahit la Provence (1544). Il avait déjà battu deux fois les Anglais en Picardie, lorsque son gendre, Jacques de Coucy-Vervins, leur rendit la place de Boulogne (1545); il s'efforça de la reprendre : n'ayant pu y réussir, il fut mis en jugement avec Coucy (1549), et tous deux furent condamnés à perdre la tête. Coucy subit sa sentence. Henri II fit grâce au maréchal, qui fut enfermé au château de Loches. Il en sortit au bout de trois ans, et mourut de chagrin à Paris en 1551. Sa mémoire et celle de son gendre furent réhabilitées en 1575.

DUBIS, riv. de Gaule, auj. le Doubs.

DUBLIN, Eblana, capit. de l'Irlande, ch.-l. de la prov. de Leinster, sur la côte E. de l'île, à 500 kil. N. O. de Londres; 265 000 hab. C'est une des plus belles villes du Royaume-Uni. Le Liffey la traverse. 2 canaux l'environnent, et elle est située sur une superbe baie; mais le mouillage est incommode, malgré les immenses travaux qu'on y a exécutés. Plusieurs chemins de fer. Siége du vice-roi de l'Irlande; deux archevêchés, l'un anglican, l'autre catholique ; université, écoles des sciences naturelles, école de chirurgie, institut des sourds-muets; Académie royale irlandaise, Société royale de Dublin (agricole); Société Irlandaise (des écoles élémentaires), Société Biblique; bibliothèques, musée. Boulevards de 16 k. de tour, bassins, phare, docks, place dite Saint-Stephen's Green; cirque royal; nombreux jardins de plaisance; 6 ponts en pierre et un en fer. Édifices principaux : banque nationale, bourse, douane, palais de justice, autre palais dit Conciliation-hall, élevé par les soins d'O'Connell et aux frais de l'association du rappel, pour servir au parlement irlandais; archives; collége de la Trinité, siége de l'université; théâtre royal, mairie, timbre, cathédrale de St-Patrick, superbes hôpitaux, casernes, halles aux toiles, nouvelle halle aux blés, palais du lord-lieutenant, construit en 1205. Soieries, brasseries, distilleries, etc. Commerce de lin, toile, serge, laines, etc. — Suivant Ptolémée, Eblana existait dès l'an 140 de J.-C. Néanmoins, ce ne fut longtemps qu'un misérable bourg. Un évêché y fut érigé en 1018; en 1213 les Anglais, qui s'en étaient rendus maîtres, y élevèrent un château : elle fut fortifiée pendant le XVe siècle. Élisabeth et Charles I l'embellirent; mais la guerre arrêta son accroissement, et ce n'est guère que depuis 60 ans que Dublin a pris un grand essor. Patrie d'Usher, Denham, Parnell, Steele, Sheridan, Grattan, Burke.

DUBOCAGE. V. BOCCAGE et BARBIÉ.

DUBOIS (Phil. GOIBAUD), de l'Acad. française, né à Poitiers en 1626, mort en 1694, avait d'abord été maître de violon et de danse. Ayant donné des leçons de danse au duc de Guise, il plut à ce jeune seigneur, qui ne voulut plus d'autre gouverneur que lui. Il se mit alors à apprendre pour enseigner et devint un savant distingué. On lui doit des traductions de S. Augustin (Confessions, Lettres, Sermons, Traités de la Continence, de la Tempérance, de la Patience, etc.), et de quelques ouvrages de Cicéron (les Offices, l'Amitié, la Vieillesse).

DUBOIS (Guill.), abbé, puis cardinal, né en 1656 à Brive-la-Gaillarde, était fils d'un pauvre apothicaire. Il fit ses études au collège de St-Michel à Paris, tout en remplissant auprès du principal les fonctions de domestique, fut ensuite précepteur dans différentes maisons, et réussit enfin à se faire placer en cette qualité auprès du duc de Chartres, depuis duc d'Orléans et régent. D'un esprit vif, pénétrant et adroit, il sut promptement gagner la confiance de son élève : il s'appliquait à cultiver son intelligence, sans combattre son goût pour le plaisir. Il sut également se concilier la faveur de Louis XIV, en déterminant son élève à épouser une fille légitimée du roi, Mlle de Blois; il reçut en récompense une riche abbaye. Le duc d'Orléans, devenu régent en 1715, l'appela au conseil d'État et le chargea des plus importantes missions. En 1717, Dubois se plaça au rang des grands diplomates en concluant à La Haye, de concert avec lord Stanhope, la triple alliance entre l'Angleterre, la France et la Hollande contre l'Espagne, qui inquiétait le Régent : il fut, en récompense, nommé ministre des affaires étrangères. Il acquit bientôt de nouveaux titres à l'affection du Régent en découvrant et en faisant échouer la conspiration de Cellamare, 1718, et en obtenant du roi d'Espagne la disgrâce du ministre Alberoni. Peu après, il se lit donner à force d'intrigues l'archevêché de Cambray (1720), et obtint enfin le chapeau de cardinal (1721). L'Académie Française lui ouvrit en même temps ses portes, et bientôt après l'Assemblée du clergé le choisit pour président. En 1722 il se fit nommer premier ministre. Dès lors il régna réellement en maître absolu et la dépravation de la cour ne connut plus de bornes. Il mourut l'année suivante d'un abcès à la vessie. Ses ennemis se sont plu à le représenter comme unissant à la débauche l'avarice, l'ambition, la basse flatterie, la fourberie; cependant on ne peut lui refuser une activité infatigable et de grands talents politiques. V. Vie privée du cardinal Dubois, 1789, par la Houssaye-Pegeault; Mémoires secrets et Correspondance inédite du cardinal Dubois, recueillis par Sevelinges, 1814-17 ; l'abbé Dubois, par M. de Seillac, 1862.

DUBOIS DE CRANCÉ, ministre de la guerre, né à Charleville en 1747, mort en 1814, était lieutenant des maréchaux de France, lorsqu'il fut nommé député aux États généraux de 1789. Il se rangea parmi les plus fougueux démagogues, et devint membre du comité du salut public : il y rendit des services en organisant les armées républicaines. Envoyé à Lyon pour réprimer l'insurrection de cette ville (1793), il pressa le siège avec énergie. Après le 9 thermidor, il entra dans le parti de la réaction, et fut nommé membre du Conseil des Cinq-Cents, mais il y joua un faible rôle. Il fut appelé par le Directoire au ministère de la guerre; mais après le 18 brumaire, auquel il s'était montré opposé, Bonaparte lui ôta son portefeuille.

DUBOIS (Antoine), professeur à la faculté de médecine de Paris, né en 1756 à Gramat, près de Cahors (Lot), mort en 1837, fut nommé professeur au collége de chirurgie en 1790, fit partie de l'expédition d’Égypte, devint en 1802 chirurgien de la maison de santé connue encore aujourd'hui sous le nom de Maison Dubois, fut choisi en 1811 pour accoucher l'impératrice Marie-Louise, et reçut à cette occasion le titre de baron. Nommé en 1820 professeur de clinique à la Faculté de Paris, il fut destitué en 1822, mais réintégré en 1829 et élevé en 1830 au décanat. Dubois remplit jusqu'à sa mort ses fonctions de médecin dans les hospices de Paris. Ce qui le distinguait, c'était la sûreté et la pénétration de son coup d'œil. Sa vie a été toute pratique, il a peu écrit ; on a seulement de lui plusieurs articles dans le Dictionnaire des sciences médicales. Il a perfectionné plusieurs instruments de chirurgie, entre autres le forceps. Il a créé en face de l'École de Médecine à Paris un hôpital pour la clinique, qui porte encore son nom. M. Dubois (d'Amiens), a prononcé son Éloge à l'Académie de médecine en 1849. — Son fils, M. Paul Dubois, né en 1795, s'est comme lui distingué dans l'art obstétrique, et est aussi devenu doyen de la Faculté et accoucheur de l'impératrice.

DUBOIS (Fr.) ou DELEBOÉ, méd. holland. V. SYLVIUS.

DUBOIS-FONTANELLE. V. FONTANELLE.

DUBOS (l'abbé J. B.), né à Beauvais en 1670, mort à Paris en 1742, s'appliqua d'abord à la théologie, qu'il abandonna bientôt pour l'étude du droit public, fut chargé de diverses missions par M. de Torcy, par le cardinal Dubois et le régent, et s'en acquitta toujours avec succès. Cependant son goût pour l'histoire et la littérature lui firent abandonner la carrière politique. Il fut reçu à l'Académie française en 1720 et devint deux ans après secrétaire perpétuel de cette compagnie. Le plus connu et le plus estimé de ses ouvrages est intitulé : Réflexions critiques sur la poésie et la peinture, 1719; il a été souvent réimprimé. On a aussi de lui : Histoire de la ligue de Cambray, 1709; Histoire critique de l'établissement de la monarchie française dans les Gaules, 1734: dans ce dernier ouvrage, il prétend que l'établissement des Francs dans les Gaules eut lieu sans conquête, thèse qui fut vivement attaquée.

DUBOS (Constant), professeur de rhétorique au Lycée impérial (auj. Louis-le-Grand) de 1810 à 1820, né en 1798 à Massy, près de Lonjumeau, m. en 1845, donna en 1808 les Fleurs, charmant recueil d'idylles et d'allégories; composa jusque dans sa vieillesse des poésies remarquables, parmi lesquelles on cite une Ode à P. Riquet, le créateur du cana! du Languedoc (1838), et donna une traduction en vers d’Épigrammes choisies de Martial (1841). On a aussi de lui une traduction de Juvénal.

DUBOULAY (ÉGASSE), né vers 1610 à St-Ellier (Mayenne), mort en 1678, fut professeur d'humanités au collége de Navarre, puis recteur et historiographe de l'université de Paris. On a de lui une Histoire de l'Université de Paris, depuis 800 jusqu'à 1600, écrite en latin, 1665-73, 6 vol. in-fol., ouvrage capital, qui a été abrégé par Crevier, et quelques autres écrits sur l'université, entre autres : De Patronis Quatuor Nationum universitatis, 1662; Fondation de l'Université de Paris par Charlemagne, en français, 1675.

DUBOURG (Ant.), président au parlement de Paris, fut nommé par François I, en 1535, chancelier de France, après la mort du cardinal Duprat, et contribua à faire rendre l'édit de tolérance signé à Coucy la même année. Accompagnant le roi dans une visite à Laon, il fut renversé de sa mule au milieu de la foule et mourut de ses blessures, 1538.

DUBOURG (Anne), conseiller au parlement de Paris, né à Riom en 1521, était neveu du chancelier. Il se prononça ouvertement dans le parlement pour le Calvinisme, et parla au roi Henri II avec une grande hardiesse en faveur des nouvelles opinions. Immédiatement conduit à la Bastille, il fut, malgré la mort du roi qui survint, condamné, pendu, puis brûlé en place de Grève. 1559. Ce supplice amena par représailles la conspiration d'Amboise.

DUBRIS, v. de la Bretagne anc., auj. Douvres.

DU BUAT NANÇAY (L. G., comte), historien et écrivain politique, né en 1732 près de Livarot (Calvados), mort en 1787, fut élève du chevalier Folard, auprès duquel il puisa une rigidité de principes qui ne l'abandonna jamais. Après avoir été ministre de France à Dresde et à Ratisbonne, il quitta les affaires, se fixa en Allemagne, et s'y maria. Ses principaux écrits sont : Les Origines, ou l'Ancien gouvernement de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, etc., La Haye, 1757, et une Hist. ancienne des peuples de l'Europe, Paris, 1772, 12 vol. Cet auteur, fort savant d'ailleurs, manque de méthode et d'élégance.

DUBUQUE, ville des États-Unis (Iowa), sur la rive droite du Mississipi, aux confins de l'Illinois et du Wisconsin; 10 000 hab. Évêché, créé par Grégoire XVI. Écoles dirigées par le clergé; missionnaires. — Fondée par des Français du Canada en 1786.

DUC, en lat. dux, général. L'origine de ce titre remonte aux premiers temps de l'empire romain. On voit sous l'empereur Probus, en 276, le titre de dux porté non-seulement par les généraux d'armée, mais aussi par les proconsuls et les préteurs. C'est surtout à partir de Constantin que ce titre prévalut. Les ducs étaient alors chefs de l'administration et de la justice aussi bien que du commandement militaire dans les prov. qui leur étaient confiées. Ils étaient, ainsi que les comtes, subordonnés au chef de la milice. On comptait 13 ducs dans l'emp. d'Occident, et 12 dans celui d'Orient. L'invasion des Barbares permit à la plupart des ducs de se rendre indépendants dans leurs gouvernements : tels furent les ducs des Bavarois et des Alemani. En France, dès le VIIIe siècle, Eudes, duc d'Aquitaine, transmit le premier son duché à ses descendants, et au Xe siècle, sous les derniers Carlovingiens, tous les ducs avaient érigé en principautés héréditaires les gouvernements qui leur étaient confiés. Sous les Capétiens la puissance territoriale des ducs diminua à mesure que grandit le pouvoir royal, et la titre de duc finit par n'être plus qu'une dignité. On distinguait les ducs et pairs, qui siégeaient au parlement; les ducs héréditaires, et les ducs à brevet, dont le titre n'était point transmissible. Une ordonnance de Charles IX, rendue en 1566, établit que les duchés héréditaires seraient réversibles à la couronne à défaut des mâles. — Le titre de duc, aboli à la Révolution, fut rétabli en 1806. Plusieurs ducs furent créés sous l'Empire et sous les gouvernements qui suivirent. — Sous l'ancien régime, on désigna, à partir du XVIIe s., sous le titre Monsieur le Duc, le fils aîné du prince de Condé. On connaît particulièrement dans l'histoire sous ce nom le duc H. de Bourbon, qui fut ministre en 1723.

DU CANGE (Ch. DU FRESNE), historien et glossateur, né à Amiens en 1610, mort en 1688, fut trésorier de France à Amiens, puis vint se fixer à Paris (1668), pour se livrer tout entier à des recherches sur l'antiquité et le moyen âge et mérita d'être surnommé le Varron français. On a de lui : Hist. de Constantinople sous les empereurs français, 1657, in-fol., faisant suite à l’Hist. de la conquête de Ville-Hardouin; Glossarium mediæ et infimæ latinitatis, 1678, 3 vol. in-fol., et, avec un supplément de Carpentier, 1766; Glossarium mediæ et infimæ græcitatis, 1688, 2 vol. in-fol., ouvrages indispensables pour la lecture des écrits du moyen âge. Il a en outre édité plusieurs ouvrages précieux pour les études historiques : Hist. de S. Louis par Joinville, 1668, in-fol.; Historia Byzantina, 1680, in-fol.; Zonaras, 1686, 2 vol. in-fol. Il a laissé de nombreux manuscrits, qui se trouvent à la Bibl. impériale et à la Bibl. de l'Arsenal, entre autres une Géographie de la France par provinces. Le Glossarium latinitatis a été abrégé par Adelung et réimprimé, avec de nombreuses additions, par les Bénédictins, 1733-36, et par Honschel, chez MM. Didot 1840-61, 8 vol. ia-4. Une statue en bronze a été érigée à Du Cange à Amiens en 1849. Une Étude sur sa vie et ses ouvrages a été publiée par M. L. Feugère, Paris, 1852.

DUCANGE (Victor), romancier et auteur dramatique, né en 1783 à La Haye, mort en 1833, était fils d'un secrétaire de l'ambassade française en Hollande. Il occupa sous l'Empire un emploi au ministère du commerce, mais ayant perdu cette place à la Restauration, il s'adonna à la littérature : en moins de 20 années, il produisit 60 volumes de romans. Comme il frondait dans ses écrits les abus de l'ancien régime qu'on voulait faire revivre, il s'attira de perpétuelles vexations. Trop souvent aussi il tombe dans la licence. Ses principaux ouvrages sont : Valentine ou le Pasteur d'Uzès, 1821, où il flétrit les massacres de 1815 (il subit pour ce livre 7 mois de prison); Léonide ou la Vieille de Surène, 1825; la Luthérienne ou la Famille Morave, et l’Artiste et le Soldat, 1827. V. Ducange réussit aussi dans le drame : on se rappelle surtout Calas, 1819, Thérèse, 1820, et Trente Ans de la vie d'un joueur, 1827, mélodrame fait en commun avec le pseudonyme Dinaux (Beudin et Goubaux), et qui a eu une vogue prodigieuse.

DUCAS, famille qui fournit plusieurs empereurs à Constantinople. V. ALEXIS V, CONSTANTIN XI, JEAN III.

DUCAS (Michel), de la famille impériale des Ducas, fut témoin, en 1453, de la prise de Constantinople par Mahomet II, après laquelle il se réfugia dans l'île de Lesbos. Il a écrit l'histoire de l'empire d'Orient depuis Jean Cantacuzène jusqu'à la chute de l'empire. Cette histoire, publiée au Louvre en 1649 in-f., fait partie de la Byzantine; elle a été trad. en latin par Boulliau, et en français par le président Cousin.

DU CASSE (J. B.), marin, né dans le Béarn vers 1650, mort en 1715, se distingua de bonne heure par son intrépidité, fut nommé en 1691 gouverneur de St-Domingue, devint chef d'escadre et lieutenant général des armées navales. S’étant mis à la tête des flibustiers de St-Domingue, il fit beaucoup de mal aux Anglais, et battit l'amiral Benbow près de Ste-Marthe en 1701. Nommé chef d'escadre en 1703, puis lieutenant général des armées navales, il commanda en 1714 la flotte qui investit Barcelone.

DUCATO, Leucate promont., cap situé à l'extrémité mérid. de l'île Ste-Maure, V. LEUCATE.

DUCAURROY (Eustache), compositeur du XVIe s., né en 1549 à Gerberoy, mort en 1609, était chanoine. Maître de la Ste-Chapelle et de la Chapelle royale sous Charles IX et Henri III, il fut nommé par Henri IV surintendant de la musique du roi. Il est auteur d'une Messe des morts, qui eut le privilège d’être la seule chantée à St-Denis pour les obsèques des rois jusqu’au XVIIIe siècle. On lui attribue l’air de Charmante Gabrielle.

DUCAURROY (A. M.), jurisconsulte, né à Eu en 1788, mort à Paris en 1850, enseigna jusqu’à sa mort le droit romain à la Faculté de Paris et se distingua par la lucidité de ses leçons et la solidité de ses doctrines. Débarrassant l’enseignement du droit romain des commentaires qui l’étouffaient et de l’esprit de système, il le ramena à l’étude des textes : il publia dans ce but les Institutes de Justinien, trad. sur le texte de Cujas, 1813, les Institutes nouvellement expliquées, 1822-27. Il publiait, avec MM. Bonnier et Roustain, un Commentaire du Code Civil lorsque la mort vint le surprendre. Ducaurroy est un des fondateurs de la Thémis et de la Revue de Législation.

DU CAYLA (Zoé, comtesse), née en 1784, morte en 1850, était fille de l’avocat Talon, qu’elle sauva, par ses prières, des poursuites auxquelles il fut exposé sous Napoléon I comme agent des Bourbons. Admise dans l’intimité de Louis XVIII, elle prit sur lui un grand ascendant. Elle consentit à brûler les papiers de la procédure Favras, qui lui venaient de son père, et reçut en don du roi le château de St-Ouen, près Paris. Elle s’occupa d’exploitations agricoles et obtint la belle race de moutons qui porte son nom.

DU CERCEAU (le P.), jésuite, né à Paris en 1670, mort en 1730, enseigna dans plusieurs colléges de son ordre, composa plusieurs pièces, latines et françaises, qui furent jouées dans ces colléges, fut produit à la cour, devint précepteur du prince de Conti, et périt accidentellement, tué par son élève qui le frappa involontairement en maniant un fusil. On a de lui des poésies latines, publiées en 1705, sous le titre de Carmina varia, et parmi lesquelles on remarque le drame de l’Enfant prodigue, des poésies françaises (fables, contes, épîtres, épigrammes), dont les meilleures éditions sont de 1785 et de 1805 ; des petites comédies françaises, parmi lesquelles on cite Grégoire ou les Incommodités de la grandeur, Ésope au Collége, la Défaite du Solécisme, et dont le recueil a été publié en 1803 ; une Histoire de Thamas Koulikhan, 1728 et 1742 ; la Conjuration de Rienzi, laissée imparfaite, et achevée par le P. Brumoy, 1733. M. Péricaud a donné en 1828 une édition des Œuvres de Du Cerceau (théâtre et poésies), 2 vol. in-8.

DU CERCEAU (ANDROUET), architecte. V. ANDROUET.

DUCEY, ch.-l. de cant. (Manche), sur la Selune, à 9 kil. S. E. d’Avranches ; 1932 hab.

DUCHÂTEL (Pierre), Castellanus, savant prélat, né à Arc en Barrois vers 1480, mort en 1552, étudia à Dijon, et fut, dès l’âge de 16 ans, en état d’enseigner le latin et le grec. À la recommandation d’Érasme, il fut employé pendant quelque temps à Bâle comme correcteur d’imprimerie ; puis il se mit à voyager, visita l’Italie, l’Égypte, la Palestine, la Syrie, la Grèce. À son retour, il fut présenté par le cardinal Du Bellay à François I qui, goûtant son esprit, le nomma son lecteur ordinaire, puis l’éleva aux siéges de Tulle, de Mâcon, d’Orléans (1551), et en fit enfin son grand aumônier. Il jouit d’un grand crédit et s’en servit pour favoriser les lettres. Il était très-tolérant : il défendit courageusement les droits de l’église gallicane et protégea tant qu’il le put Robert Estienne et Dolet.

DUCHÂTEL (TANNEGUY). V. TANNEGUY.

DU CHÂTELET (Émilie LE TONNELIER DE BRETEUIL, marquise), femme célèbre par son esprit, née à Paris en 1706, morte en 1749, fut mariée jeune au marquis Du Châtelet, lieutenant général, et vécut avec la licence que la Régence avait introduite dans les mœurs. Elle avait étudié le latin, l’anglais et l’italien, ainsi que les sciences physiques et mathématiques. Elle fut liée avec les hommes les plus distingués de son temps, principalement avec St-Lambert et avec Voltaire, qui passa plusieurs années près d’elle à Cirey et qui l’appelle dans ses vers la docte Uranie. On lui doit des Institutions de physique, avec une Analyse de la philosophie de Leibnitz, 1740, une trad. des Principes de Newton, publiée par Clairaut, 1756, avec son éloge par Voltaire. On a publié en 1806 des Lettres inédites de la marquise Du Châtelet au comte d’Argental, et en 1820 la Vie privée de Voltaire et de Mme Du Châtelet.

DUCHÉ DE VANCY, poëte, né à Paris en 1668, mort en 1704, était fils d’un gentilhomme de la maison de Louis XIV, fut lui-même valet de chambre du roi et suivit en Espagne le duc de Noailles comme secrétaire. Son talent plut à Mme de Maintenon, qui lui fit obtenir la pension qu’avait eue Racine et le chargea de composer pour la maison de St-Cyr des poésies sacrées, des histoires édifiantes et des tragédies religieuses (Absalon, Jonathas, Débora). On a aussi de lui des opéras ; les plus connus sont Céphale et Procris, et Iphigénie en Tauride. Duché avait pris Racine pour modèle et il en approcha quelquefois. Il était membre de l’Acad. des inscriptions.

DUCHESNE (André), Quercetanus, érudit, né en 1584 à l’Ile-Bouchard en Touraine, se concilia par ses utiles travaux la protection de Richelieu, et fut nommé géographe et historiographe du roi. Il mourut par l’effet d’un funeste accident, écrasé par une charrette, en 1640. Il a laissé un grand nombre d’ouvrages précieux pour l’histoire : les Antiquités et recherches de la grandeur des rois de France, 1609 ; les Antiquités des villes, châteaux, 1610 ; Bibliothèque des auteurs qui ont écrit l’histoire et la topographie de la France, 1618 ; Histoire des rois, ducs et comtes de Bourgogne, 1619 ; Historiæ Normannorum scriptores, 1619 ; Historiæ Francorum scriptores coætanei, 1636-1641. Il a aussi publié les Œuvres d’Abélard, 1616, d’Alain Chartier, 1617 ; les Lettres d’Étienne Pasquier, 1619, et laissé de nombreux manuscrits. Il avait traduit Juvénal dans sa jeunesse, 1606. — Son fils, François Duchesne, né en 1616, mort en 1693, fut aussi historiographe. Il acheva et publia quelques-uns de ses ouvrages, entre autres le recueil des Historiens de l’Hist. de France, l’Histoire des papes, 1653, celle des cardinaux, 1660, et rédigea lui-même une Hist. des Chanceliers, 1680.

DUCHESNE (J. B. Joseph), peintre en miniature, né à Gisors en 1770, mort à Paris en 1856, se fit remarquer à l’exposition de 1804 et devint sous la Restauration peintre de la famille royale. Il ne réussit pas moins dans la peinture sur émail et fut chargé de continuer au Musée du Louvre la série des émaux commencée par Petitot et interrompue depuis plus d’un siècle. On admire ses portraits de Napoléon, des duchesses d’Angoulême et de Berry, de Louis-Philippe et de la reine Amélie, et celui du jeune duc de Galiera, qu’il exécuta à 82 ans. Ses miniatures se distinguent par le naturel de la pose, la vérité de l’expression, la vie et la fraîcheur des carnations.

DUCHESNE (le Père). V. HÉBERT.

DUCHESNOIS (Mlle Joséphine RAFIN), tragédienne, née en 1777, à St-Saulve près de Valenciennes, morte en 1835, débuta en 1802 dans le rôle de Phèdre, et obtint sur le champ un succès prodigieux. Elle fut reçue sociétaire du Théâtre-Français en 1804 et quitta la scène en 1833. Sa figure était peu avantageuse ; mais sa taille, sa voix et le jeu de sa physionomie faisaient oublier facilement ce défaut. Cette actrice, d’une sensibilité exquise, excellait dans les tragédies de Racine ; parmi les rôles qu’elle a créés, Jeanne d’Arc (de d’Avrigny) et Marie Stuart (de Lebrun) sont ceux où elle s’éleva le plus haut.

DUCIS (Jean François), poëte tragique, né à Versailles en 1733, d’une famille pauvre, originaire de Savoie, mort à Paris en 1816, ne prit aucune part aux grands événements politiques de son temps, et s’adonna tout entier à sa passion pour la poésie et le théâtre. Shakespeare fut son principal modèle : il eut le mérite de transporter sur notre scène quelques-unes des beautés du poëte anglais, mais il l’affaiblit en voulant l’accommoder au goût français. Les pièces qu’il imita sont : Hamlet (1769) ; Roméo et Juliette
DUCO
DUDE
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(1772) ; le Roi Léar (1783) ; Macbeth (1784), et Othello (1792), qui obtinrent un brillant succès. En 1778, il donna Œdipe chez Admète, tragédie imitée d’Euripide et de Sophocle. La seule tragédie qui lui appartienne en propre est Abufar ou la Famille arabe, tableau intéressant des mœurs patriarcales. Ducis est le plus souvent énergique, pathétique, et il atteint quelquefois au sublime ; mais il ne sait pas combiner un plan, composer un ensemble. Outre ses tragédies, il a composé des épîtres et des poésies fugitives où l’on admire un grand talent uni aux plus nobles sentiments. Ducis remplaça Voltaire à l’Académie française en 1778. Ce poëte vécut pauvre et indépendant, et refusa de brillants avantages que lui offrait Bonaparte. C’est de lui qu’Andrieux a dit, dans un vers célèbre, qu’on trouvait en sa personne :

L’accord d’un grand talent et d’un beau caractère.


Cet homme de bien eut de nombreux amis ; il fut surtout intimement lié avec Thomas. Ses Œuvres ont été publiées à Paris, 1813, 3 vol. in-8 ; 1819, 6 vol. in-18 et 3 v. in-8. Campenon a donné ses Œuvres posthumes précédées d’une Notice, 1826. On doit à M. Onésime Leroy des Études sur Ducis, 1832.

DUCKWORTH (John Thomas), amiral anglais, né près d’Ulm, vers 1760, mort en 1817, se distingua en 1778 au combat livré devant la Grenade par le commodore Byron à l’amiral d’Estaing, contribua en 1794 à la victoire remportée par les Anglais sur Villaret-Joyeuse près du cap Lizard ; en 1798, à la prise de Minorque, et fut, en récompense, nommé gouverneur de la Jamaïque. En 1802, il bloqua St-Domingue et contraignit Rochambeau à se rendre ; il détruisit en 1806 une escadre envoyée pour reprendre l’île. En 1807, il fOrça l’entrée des Dardanelles : il eût même pris Constantinople sans les efforts de l’ambassadeur français Sébastiani. Il quitta le service la même année.

DUCLAIR, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), sur la Seine, à 20 k. N. O. de Rouen ; 1800 h. Petit port.

DUCLERCQ (Jacq.), chroniqueur du xve siècle, né vers 1420 en Artois, mort en 1459, fut conseiller de Philippe le Bon en Flandre. On a de lui des Mémoires qui vont de 1448 à 1467, où l’on trouve d’intéressants détails sur les ducs de Bourgogne. Ils ont été publiés à Bruxelles en 1823 et réimprimés par Buchon.

DUCLOS (Ch. pineau), moraliste et historien, né en 1704 à Dinan en Bretagne, mort en 1772, débuta par des romans, oubliés aujourd’hui, puis s’adonna à un genre plus grave, et composa une Histoire de Louis XI, qui lui valut la place d’historiographe de France (1745). Il publia ensuite les Considérations sur les Mœurs, qui lui firent prendre rang parmi les moralistes ; Louis XV disait de ce livre : « C’est l’ouvrage d’un honnête homme. » Les Mémoires pour servir à l’histoire des mœurs du xviiie siècle, qu’il donna peu après, sont comme le complément des Considérations. Profitant des avantages de sa position d’historiographe, il rédigea des Mémoires secrets des règnes de Louis XIV et de Louis XV, qui ne parurent qu’après sa mort ; ils renferment des renseignements précieux. Duclos fut admis en 1739 à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et en 1741 à l’Académie française, dont il devint en 1755 le secrétaire perpétuel. Il rendit de nombreux services à cette compagnie, et eut la principale part à l’édition du Dictionnaire donnée en 1762 ; il a aussi laissé des Remarques sur la Grammaire de Port-Royal. Duclos avait beaucoup d’esprit et une grande liberté de parole ; on cite de lui nombre de mots heureux. Obligé de s’éloigner en 1766 pour avoir blâmé trop vivement la condamnation de La Chalotais, son ami, il voyagea : ce qui lui donna lieu d’écrire ses Considérations sur l’Italie, qui n’ont paru que longtemps après sa mort (1791). Ses ouvrages ont été publiés en 1806, 10 vol. in-8, et en 1820, 9 vol. in-8, et 3 vol. gros in-8, avec une Notice par Villenave.

DUCORNET (L. César), peintre, né à Lille en 1806, mort en 1850, était né sans bras et se servait de ses

pieds pour peindre. Il reçut les leçons de Watteau et de Lethière, attira l’attention par son talent en même temps qu’il excitait l’intérêt par son infirmité, fut pensionné par Louis XVIII et eut de nombreuses commandes. Parmi ses productions on remarque les Adieux d’Hector et d’Andromaque, 1828 ; S. Louis rendant la justice sous un chêne, 1831 (à Lille) ; Marguerite interrogeant une fleur, 1834 ; la Mort de la Madeleine, 1840 ; S. Denis prêchant dans les Gaules (à Paris, église St.-Louis en l’Ile) ; Vision de Ste Philomène, 1846 ; la belle Édith, l855 (à Compiègne). Il est surtout bon coloriste.

DUCOS (le comte roger), né en 1754 à Dax (Landes), était avocat dans son pays lorsqu’il fut nommé en 1792 par le dép. des Landes, député à la Convention. Il fut successivement secrétaire et président de l’assemblée : il la présidait dans la fameuse séance du 18 fructidor an v (4 sept. 1797). Il passa dans la suite au Conseil des Anciens. En juin 1799 il fut nommé membre du Directoire. Au 18 brumaire, il se réunit à Bonaparte et à Sieyès, pour renverser ses collègues et fut proclamé 3o consul provisoire. Sous l’Empire, il devint sénateur et comte. Au retour des Bourbons, il reçut l’ordre de quitter la France, et périt en 1816, en s’élançant hors de sa voiture au moment où elle versait.- Un autre Ducos, J. François, député girondin, né à Bordeaux en 1765, fut condamné à mort en 1793 avec Vergniaud, Gensonné, etc. — Théodore D., neveu de J. François, né à Bordeaux en 1801, mort en 1855, fut élu dès 1834 député de Bordeaux, et se prononça pour la liberté commerciale ; siégea en 1848 et 1849 dans l’Assemblée constituante, devint ministre de la marine en 1851 et occupa ce poste jusqu’à sa mort. Il régularisa l’administration, développa la marine à vapeur, accrut le chiffre de l’inscription maritime et poussa avec une activité extrême les préparatifs de la guerre d’Orient.

DU COUÉDIC (Ch. Louis), officier de marine, né à Quimperlé en 1739, commandait la frégate la Surveillante comme lieutenant de vaisseau, lorsque, le 6 oct. 1779, il rencontra, à la hauteur d’Ouessant, le Québec, frégate anglaise, à laquelle il livra un combat des plus opiniâtres et qu’il fit sauter en l’air avec son commandant ; sa frégate, totalement désemparée, put rentrer à Brest, et il fut fait capitaine de vaisseau ; mais, tout couvert de blessures, il mourut peu de mois après (1780). Un tombeau lui fut élevé à Brest ; son nom fut donné à un bâtiment.

DUCRAY-DUMINIL (Franç. Guill.), romancier, né à Paris en 1761, mort en 1819, est auteur d’un grand nombre de romans, écrits surtout pour la jeunesse, qui eurent pendant longtemps un succès populaire. Quoique péchant par le style, ils offrent un vif intérêt et ont le mérite de ne pas offenser les mœurs. Les plus connus sont : Alexis ou la Maisonnette dans les bois, 1790 ; les Soirées de la chaumière, 1794 ; Victor ou l’Enfant de la forêt, 1796 ; Cœlina ou l’Enfant du mystère, 1798 ; Paul ou la Ferme abandonnée, 1802. Ducray-Duminil rédigeait la partie littéraire des Petites Affiches.

DU DEFFANT (Marie de vichy-chamrond, marquise), femme célèbre par sa beauté et son esprit, née en 1697 d’une famille de Bourgogne, noble, mais pauvre, morte à Paris en 1780, épousa étant encore très-jeune, le marquis Du Deffant, qui était déjà d’un certain âge et dont elle ne tarda pas à se séparer. Belle, spirituelle, d’une morale peu sévère, elle se vit bientôt entourée d’adorateurs ; sa maison devint le rendez-vous de tout ce que la cour, la robe et surtout la littérature renfermaient d’hommes marquants. Elle entretint avec Voltaire, Horace Walpole, d’Alembert, le président Hénault, etc., une correspondance suivie, où elle jugeait avec sévérité, mais avec un rare discernement, les personnages et les productions de l’époque. Privée de la vue à 54 ans, elle n’en conserva pas moins toute l’amabilité et toute la vivacité de son esprit jusqu’à l’âge le plus avancé : elle mourut à 84 ans. On a de cette dame : ' Correspondance avec d’Alembert et le président Hénault, 1809; Corresp. avec Walpole et Voltaire, 1811; Corresp. complète avec notice par St-Aulaire, 1859.

DUDERSTADT, v. de Hanovre, à 22 k. E. de Gœttingue; 4200 h. Cette ville appartint successivement à l'électeur de Mayence, à la Prusse (1802), au roy. de Westphalie (1807). Elle est au Hanovre depuis 1815.

DUDLEY, v. d'Angleterre (Worcester), à 13 k. N. O. de Birmingham; 23 043 hab. Fabrication d'ustensiles de fer, clouteries, verreries. Dudley donne son nom à un canal qui va s'unir à ceux de Stourbridge et de Worcester-et-Birmingham.

DUDLEY (Edmond), ministre de Henri VII, né en 1562, prit une grande part au traité d'Étaples, conclu avec la France en 1493. Il aida Henri VII à remplir ses coffres par toutes sortes d'extorsions, et se rendit tellement odieux qu'à la mort de ce roi (1509), Henri VIII, son successeur, se vit obligé de l'abandonnera la fureur du peuple. Il fut condamné comme coupable de haute trahison et mis à mort, en 1510.

DUDLEY (John), duc de Northumberland, fils du préc. et d’Élisabeth Grey, né en 1502, jouit de la faveur de Henri VIII, malgré la disgrâce de son père, et fut nommé par lui grand amiral d'Angleterre. Il eut encore plus de crédit auprès de son successeur, le jeune Édouard VI, fut créé comte de Warwick, duc de Northumberland, grand maréchal d'Angleterre, et supplanta Somerset, son rival en puissance. Celui-ci, ayant tenté de l'assassiner par vengeance, fut mis à mort (1552). Égaré par l'ambition, Dudley conçut le projet de faire entrer la couronne dans sa famille : voyant Édouard VI près du tombeau, il lui persuada d'exclure du trône ses propres sœurs Marie Tudor et Élisabeth et de choisir pour héritière Jeanne Grey, issue de Henri VII, à laquelle il avait marié un de ses fils, Guildford Dudley. Jeanne reçut en effet pendant quelques jours le titre de reine; mais la princesse Marie, sœur d’Édouard, ayant fait reconnaître ses droits, Dudley, abandonné de tout le monde, fut mis à mort, ainsi que son fils et Jeanne Grey (1553).

DUDLEY (Robert), comte de Leicester, fils du préc., né en 1531, fut quelque temps emprisonné lors de la sentence prononcée contre son père, recouvra sa liberté dès 1554 et jouit du plus grand crédit sous Élisabeth. Il prit sur cette princesse un ascendant presque absolu par la beauté de sa figure, l'élégance de ses manières, par sa souplesse et ses flatteries, et fut, dit-on, sur le point d'obtenir sa main. La reine le combla de faveurs, le fit comte de Leicester (1564), chancelier de l'université d'Oxford, lieutenant général du royaume, et le chargea en 1585 et 1587 d'aller dans les Pays-Bas soutenir les provinces révoltées contre Philippe II. Dépourvu de talents militaires, il n'éprouva que des revers; il n'en conserva pas moins sa faveur jusqu'à sa mort (1588). On accuse Leicester d'avoir conseillé à Élisabeth d'empoisonner Marie Stuart, d'avoir lui-même empoisonné le comte d'Essex afin d'épouser sa veuve (1576), enfin d'avoir commis toutes sortes de crimes et de perfidies. — W. Scott a mis ce personnage en scène dans le Château de Kenilworth.

DUDON, doyen de St-Quentin, chroniqueur du XIe siècle, a laissé une Histoire des premiers ducs de Normandie depuis Rollon, en 912, jusqu'à la mort de Richard I, en 996. Cet ouvrage, écrit en latin, et mêlé de vers, est inséré dans les Historiæ Normannorum scriptores de Duchesne. Il est rempli de fables.

DUERO, fleuve. V. DOURO.

DUFAUR DE PIBRAC. V. PIBRAC.

DUFAY (Ch. Fr. DE CISTERNAY), savant universel, né en 1698 à Paris, mort en 1739, fit marcher de front le service militaire et les sciences, accompagna le cardinal de Rohan à Rome, où il prit le goût des antiquités, fut reçu en 1733 membre de l'Académie des sciences, et rédigea pour, cette compagnie des mémoires appartenant aux six sections de géométrie, astronomie, mécanique, anatomie, chimie et botanique, dont ce corps savant était alors composé. C'est à lui qu'est due l'hypothèse des deux fluides électriques (1733), qui a prévalu depuis. Dufay fut le premier directeur spécial du Jardin des Plantes; il fit de cet établissement, négligé avant lui, le plus beau jardin de l'Europe, et obtint que Buffon lui succédât dans l'intendance générale.

DUFF, MACDUFF. V. FIFE (comtes de).

DU FOSSÉ (Thomas), écrivain janséniste, né à Rouen en 1634, m. en 1698, fut élevé à Port-Royal, se lia de l'amitié la plus étroite avec Tillemont, Lemaistre, Arnaud d'Andilly, Singlin, subit une captivité d'un mois à la Bastille avec L. de Sacy en 1666, puis fut exilé dans sa terre du Fossé, près de Forges-les-Eaux. On a de lui : Vie de Barthélemy des Martyrs, 1663; Vie de S. Thomas de Cantorbéry, 1674 (sous le nom de Beaulieu); Histoire de Tertullien et d'Origène, 1675; Vies des Saints (pour les mois de janvier et de février), 1685-87, et des Mémoires, publiés à Utrecht en 1735. Après la mort de Sacy, il continua la Grande Bible, commencée par ce savant : les commentaires sur les Nombres, le Deutéronome, Josué, Ruth, les Psaumes et les Évangiles sont de lui.

DU FOUILLOUX (Jacq.), gentilhomme du Poitou, né en 1519 au château du Fouilloux près de Parthenay (Deux-Sèvres), mort en 1580, était un grand chasseur. On lui doit un livre célèbre sur la Vénerie, dédié à Charles IX. Publié pour la 1re fois à Poitiers en 1561, cet ouvrage a été fréquemment réimprimé et traduit. On y trouve sur les habitudes des animaux une foule d'observations curieuses qui ont été recueillies et confirmées par les naturalistes. Du Fouilloux a aussi laissé un poëme sur son Adolescence.

DUFRESNE (QUINAULT), acteur. V. QUINAULT.

DUFRESNOY (Ch. Alph.), peintre et poëte, né à Paris en 1611, mort en 1665, fut l'élève de Vouet, et l'ami de Mignard, avec lequel il visita l'Italie. Le Musée possède de cet artiste un Groupe de Naïades et une Ste Marguerite foulant aux pieds un dragon. Ces deux compositions, qui ne manquent point de mérite, ont moins contribué à sa réputation que son poëme latin sur la peinture : De Arte graphica, publié après sa mort par Roger de Piles, Paris, 1684, avec une trad. en prose et des notes estimées. Renou en donna une 2e traduction, en vers français, 1789, et Rabany une 3e, en 1810. Enfin cet ouvrage a été traduit en vers anglais par Dryden.

DUFRESNOY (Adélaïde BILLET, dame), femme poëte, née à Nantes en 1765, morte à Paris en 1825, épousa à quinze ans un riche procureur au Châtelet. Ruinée par la Révolution, elle eut quelque temps à lutter contre la misère ; mais elle en fut tirée par le général Bonaparte, à qui elle voua une reconnaissance sans bornes. Elle s'était fait connaître dès 1787 par de charmantes poésies insérées dans l’Almanach des Muses; elle doit surtout sa réputation à ses élégies. Elle a aussi donné des traductions de l'anglais, quelques romans et des livres pour l'éducation des filles. Le recueil de ses élégies a paru en 1807, et a été plusieurs fois réimprimé avec des augmentations. On y remarque la Boutade, le Pouvoir d'un amant, la Journée d'une amante, l'Anniversaire, les Derniers moments de Bayard, couronné par l'Académie en 1815. On trouve dans tous ses écrits un style gracieux et une âme ardente ; quelquefois même elle exprime la passion avec une vivacité excessive chez une femme. Elle fut recherchée des hommes les plus distingués de l'époque, particulièrement de Fontanes.

DUFRESNOY (Pierre Armand), géologue, fils de la préc., né en 1792, mort en 1857, entra dans le corps des mines, devint inspecteur général, professeur a l'École des mines, puis directeur de l'établissement, et fut admis en 1840 à l'Académie des sciences. De concert avec M. Élie de Beaumont, il exécuta la grande Carte géologique de France, qui parut en 1841, avec un texte explicatif en 3 vol. in-4 : cette œuvre n'avait pas demandé moins de 18 années de travaux assidus. Il publia avec le même savant un Voyage métallurgique en Angleterre (2 vol. in-8, 1827 et 1839). On lui doit en outre un Traité de minéralogie (3 vol. in-8, 1845), qui présente le dernier état de la science, et une foule d’articles et de mémoires. Il dota l’École des mines de vastes constructions et de riches collections, et en rendit les cours publics.

DUFRESNY (Ch. RIVIÈRE), auteur comique, né à Paris en 1648, mort en 1724, passait pour descendre de la Belle jardinière d’Anet, qui fut aimée de Henri IV. Il excellait dans l’embellissement des jardins : c’est lui qui introduisit en France le goût des jardins anglais. Louis XIV le nomma contrôleur des jardins royaux ; il lui accorda en outre le privilège d’une manufacture de glaces ; mais Dufresny, qui aimait la table et les femmes, vendit sa charge et son privilège pour se livrer à ses goûts, et vint vivre à Paris, où il se mit à faire des comédies. Il travailla d’abord avec Regnard ; puis, s’étant brouillé avec lui, il composa seul. Ses meilleures pièces sont : l’Esprit de contradiction, 1 acte, en prose, 1700 ; le Double Veuvage, 3 actes, en prose, 1701 ; le Jaloux, 5 actes, en prose, 1708 ; la Coquette de Village, 3 act., en vers, 1715 ; la Réconciliation normande, 5 act., en vers, 1719 ; le Mariage fait et rompu, 3 act., en vers, 1721 ; toutes pétillent d’esprit et de gaieté, mais l’auteur y prend trop souvent la place des personnages. On a en outre de Dufresny des Nouvelles, les Amusements sérieux et comiques, roman de mœurs, et des Poésies diverses. Il a rédigé le Mercure galant après Visé. Son Théâtre forme 6 vol. in-12, Amsterdam, 1731. M. Auger a donné ses Œuvres choisies, 1810, 2 vol. in-18.

DUGALD STEWART. V. STEWART.

DUGAS-MONTBEL (J. B.), né à St-Chamond dans le Forez, en 1776, mort en 1834, fut d’abord à la tête d’une grande maison de commerce, mais quitta les affaires à 30 ans, pour se livrer aux lettres et à l’étude de l’antiquité. On lui doit une traduction complète d’Homère en prose française : l’Iliade parut en 1815, l’Odyssée et les autres œuvres en 1818. Cette trad., très-estimée, a été publiée de nouveau, accompagnée du texte grec, d’un précieux commentaire et de l’Histoire des poésies homériques, de 1828 à 1833, en 9 vol. in-8. Elle ouvrit à Dugas-Montbel en 1830 les portes de l’Académie des inscriptions.

DUGAZON (H. GOURGAUD, dit), comédien, né à Marseille en 1743, mort fou en 1809, débuta en 1772 au Théâtre-Français dans l’emploi des valets, succéda à Préville, dont il devint presque l’égal, et quitta le théâtre en 1807. Il était remarquable par le jeu de sa physionomie ; il avait de la chaleur et du mordant ; mais il se laissait souvent emporter par l’envie d’exciter le rire, et tombait dans le mauvais ton. Pendant la Révolution, Dugazon donna deux pièces de circonstance très-médiocres, l’Émigrante et le Modéré. Il arrangea en outre et augmenta de trois scènes les Originaux, comédie de Fagan, qu’il publia en 1802. Il fut nommé professeur de déclamation au Conservatoire. — Sa femme, née à Berlin en 1755, morte à Paris en 1821, avait débuté dès l’âge de 12 ans au Théâtre Italien et se retira vers 1806. Elle jouait les soubrettes et les amoureuses avec tant de perfection qu’elle a donné son nom à ces emplois.

DUGDALE (sir W.), historien et antiquaire, né en 1605 dans le comté de Warwick, mort en 1686, fut nommé en 1644 héraut (harald) de Chester et devint en 1667 roi d’armes de l’ordre de la Jarretière. Il publia en latin et en anglais onze ouvrages volumineux sur l’histoire et les antiquités de son pays ; les principaux sont : les Antiquités du comté de Warwick, Londres, 1656, in-fol ; Baronage of England, histoire de la noblesse anglaise depuis le temps des Saxons, 1675-76, 3 vol. in-fol. ; Monasticon Anglicanum, 1655-61, in-fol. ; Histoire de l’église de St-Paul, 1658 et 1716, in fol.

DUGÈS (Ant. Louis), médecin et naturaliste, né en 1797 à Mézières, mort en 1838, était neveu de Mme Lachapelle. Reçu agrégé à la Faculté de Paris en 1824, il fut nommé peu après professeur de pathologie et de médecine opératoire à Montpellier. On lui doit, outre la publication de la Pratique de Mme Lachapelle, plusieurs ouvrages originaux : Essai sur la nature de la fièvre, 1823 ; Manuel d’Obstétrique, 1826 ; Sur la conformité organique dans l’échelle animale, 1832 ; Recherches sur les Batraciens, 1834, ouvrage couronné par l’Institut.

DUGHET, dit le Guaspre, peintre. V. GUASPRE (le).

DUGOMMIER (Jean François COQUILLE), général français, né en 1736 à la Basse-Terre (Guadeloupe), adopta les idées de la Révolution, fut nommé en 1789 commandant de la garde nationale de la Martinique, et prit une part très-active aux troubles qui agitèrent cette île. En 1792 il passa en France, et fut élevé au grade de général de division. Chargé du siége de Toulon vers la fin de 1793, il le dirigea avec autant d’habileté que de vigueur, et se distingua par son humanité après la reddition de la place. Nommé ensuite commandant de l’armée des Pyrénées-Orientales, il reprit aux Espagnols le fort St-Elme, Collioure, Port-Vendre, Bellegarde ; mais il fut tué par un éclat d’obus le 17 nov. 1794 à Sierra-Negra, au moment où il remportait une nouvelle victoire. La Convention ordonna d’inscrire son nom au Panthéon.

DUGUAY-TROUIN (René), célèbre marin, né à St-Malo en 1673, d’un riche armateur de cette ville, mort en 1736, servit d’abord dans la marine marchande, et s’y distingua bientôt par de si brillants faits d’armes qu’à l’âge de 23, ans il fut présenté à Louis XIV comme un homme destiné à être la gloire de sa nation. En 1697 il passa de la marine marchande dans la marine royale. La guerre pour la succession d’Espagne s’étant allumée en 1703, Duguay-Trouin, avec 2 vaisseaux et 3 frégates, résista à une escadre hollandaise de 15 vaisseaux de guerre ; en 1704 il prit sur les côtes d’Angleterre un vaisseau de guerre de 54 canons ainsi que 12 vaisseaux marchands ; en 1706, il attaqua avec 3 vaisseaux, à la hauteur de Lisbonne, la flotte du Brésil, qui était chargée de vivres et de munitions pour l’archiduc et qu’escortaient 10 vaisseaux de guerre : le combat dura deux jours, et jamais Duguay-Trouin ne montra plus d’intrépidité ; mais des circonstances malheureuses firent échouer ses projets. En 1707, il répara cet échec en s’emparant d’un convoi de 200 voiles, escorté par 6 gros vaisseaux de guerre, succès qui acheva de ruiner en Espagne les affaires de l’archiduc. De toutes les expéditions de Duguay-Trouin, la plus célèbre est la prise de Rio-Janeiro (1711) : les fortifications de cette place paraissaient inexpugnables : en onze jours elles furent toutes enlevées. En 1715, il fut nommé chef d’escadre, et en 1728 lieutenant général. En 1731, il reçut de Louis XV le commandement d’une escadre destinée à soutenir les intérêts du commerce menacés par les Barbaresques et réprima les corsaires de Tunis. Ce fut là son dernier fait d’armes. Ses Mémoires, rédigés par lui-même, ont paru à Paris en 1740 ; son Éloge a été écrit par Thomas, 1761 ; sa Vie, par Richer, 1784.

DU GUESCLIN (Bertrand), connétable de France, né en 1320, dans le château de la Motte-Broons, près de Dinan, d’une des plus anciennes familles de Bretagne, se fit remarquer dès son enfance par sa force, son habileté dans les exercices du corps et ses goûts belliqueux. Il commença à signaler sa bravoure dans les guerres que se livraient Charles de Blois et Jean de Montfort pour l’héritage du duché de Bretagne : il soutenait les droits du premier. Il passa en 1361 au service de la France et célébra l’avènement de Charles V en battant à Cocherel l’armée du roi de Navarre, 1364. Après cette victoire, il vola de nouveau au secours de Charles de Blois en Bretagne ; mais, malgré tous ses efforts, son parti fut battu à Auray et lui-même fait prisonnier par Chandos, chef de l’armée anglaise (sept. 1364). Rendu à la liberté contre une rançon de 100 000 livres, il fut chargé par Charles V de délivrer le royaume des Grandes compagnies, ramas de soldats indisciplinés qui ravageaient les provinces. Il leur persuada d'aller combattre en Espagne, se mit à leur tête, et les conduisit défendre les droits de Henri de Transtamare qui disputait à Pierre le Cruel le trône de Castille. Il s'y couvrit de gloire, et déjà il avait anéanti le parti de Pierre le Cruel, lorsque celui-ci appela à son secours deux vaillants capitaines anglais, Chandos et le prince Noir. Du Guesclin fut défait et pris après des prodiges de valeur à la bataille de Navarette, livrée contre son avis (1367). Racheté de nouveau, il vengea sa défaite par la victoire de Montiel, 1369, et rétablit Henri sur le trône. Nommé connétable en 1370, il chassa les Anglais de la Normandie, de la Guyenne, de la Saintonge et du Poitou. Charles V, ayant en 1378 confisqué la Bretagne sur Jean IV, les soldats bretons, jaloux de l'indépendance de leur patrie, désertèrent l'armée de Du Guesclin, et le connétable fut soupçonné lui-même de trahison. Indigné d'un tel soupçon, il renvoya aussitôt au roi l'épée de connétable, et voulut passer en Espagne auprès de Henri de Transtamare ; mais, apaisé bientôt par le roi, qui avait reconnu son erreur, il retourna dans le midi pour combattre encore les Anglais, et mit le siège devant Châteauneuf-de-Randan, en Auvergne : après plusieurs assauts terribles, la place promit de se rendre, si elle n'était secourue dans 15 jours. Le héros mourut dans cet intervalle, le 13 juillet 1380, et le gouverneur vint, la trêve expirée, déposer les clefs de la place sur son cercueil. Son corps fut déposé à St-Denis. Sa Vie a été écrite plusieurs fois ; nous citerons l’Hist. de Bertrand Du Guesclin, par Guyard de Berville, Paris, 1767, et la Chronique de Cuvellier, en vers, publiée par Charrière, 1845.

DUGUET (Jacques Joseph), théologien et moraliste, né à Montbrison en 1649, mort à Paris en 1733, était entré dans la congrégation de l'Oratoire, mais fut obligé d'en sortir à cause de son attachement aux opinions de Jansénius et de Quesnel et se rendit à Bruxelles près d'Arnauld. Ses principaux ouvrages sont : Traité sur les devoirs d'un évêque, 1710; Traité des scrupules, 1717 ; Lettres sur divers sujets de morale et de piété, 1718; Principes de la foi, 1736; Institution d'un prince (composée pour le duc de Savoie), 1739; Conférences ecclésiastiques, 1742. On estime surtout son Traité de la prière publique, son Explication de l'ouvrage des six jours et son Explication de la Passion. On place Duguet, avec Nicole, au 1er rang des écrivains moralistes. On a publié en 1764 l'Esprit de Duguet ou Précis de la morale chrétienne. M. S. de Sacy a réimprimé plusieurs de ses traités dans sa Bibliothèque spirituelle, 1858.

DU HAILLAN (Bernard DE GIRARD, seigneur), historiographe de Charles IX et de Henri III, né à Bordeaux en 1535, mort à Paris en 1610, avait été secrétaire d'ambassade. On a de lui : Regum Gallorum icones a Pharamundo ad Franciscum II ; item ducum Lotharingiæ icones, Paris, 1559, in-4; Hist. générale des rois de France depuis Pharamond jusqu'à Charles VII, 1576, 1584, in-fol. : c'est le premier corps d'histoire de France qui ait paru dans notre langue. Du Haillan a traduit Eutrope, Cornélius Népos et les Offices de Cicéron.

DUHALDE (le P. J. B.), jésuite, né en 1674 à Paris, mort en 1743, fut quelque temps secrétaire du P. Letellier, confesseur du roi, et rédigea, après le P. Legobien, les Lettres édifiantes écrites des missions étrangères ; il prit cet ouvrage au IXe volume, et le continua jusqu'au XXVIe. On en a donné une nouvelle éd., Paris, 1781, 26 v. in-12. Duhalde a aussi publié la Description géographique et historique de l'empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, 1735, 4 vol. in-fol., avec fig. et 42 cartes de d'Anville.

DUHAMEL (J. B.), savant oratorien, né à Vire en 1624, mort en 1706, cultiva avec succès toutes les sciences, surtout la physique, et fut secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences de Paris dès sa fondation. Il visita l'Angleterre et la Hollande pour se mettre en relation avec les savants, et fit pénétrer dans l'enseignement, par d'excellents ouvrages classiques, un grand nombre de vérités nouvelles. D'un esprit élevé et conciliant, il s'efforça d'accorder entre eux les philosophes anciens et les modernes. Ses principaux ouvrages sont : Astronomia physica, Paris, 1660 ; De Consensu veteris et novæ philosophiæ, 1663 ; De corporum affectionibus, 1670 ; De Mente humana, 1672 ; Philosophia vetus et nova ad usum scholæ, 1678 ; Theologia speculatrix et practica, 1691. Il a aussi donné une Hist. de l'Académie des sciences, en latin, 1698.

DUHAMEL DU MONCEAU (H. L.), savant agronome, inspecteur général de la marine, né à Paris en 1700, mort en 1782. Propriétaire de grands biens en Gâtinais ; il consacra tous ses loisirs à des recherches utiles pour les arts industriels, et contribua surtout aux progrès de l'agriculture. Admis à l'Acad. des sciences dès 1728, il fournit à cette société plus de 60 mémoires sur la marine, l'agriculture et le commerce. Ses principaux ouvrages sont : Traité de la culture des terres, suivi d’Expériences sur cette culture, 1751-60; Des Arbres et arbustes qui se cultivent en France, 1755 ; Des Semis et plantations des Arbres, 1760 ; Éléments d'agriculture, 1762, auj. arriérés ; De l'Exploitation des bois, 1764 ; Des Arbres fruitiers, 1768 : c'est le traité le plus complet sur cette matière ; Des Pêches maritimes et fluviatiles, 1769. Plusieurs de ses ouvrages ont été réimprimés avec des augmentations par Poiteau, Turpin, J. E. Bertrand, Ét. Michel, etc. Duhamel fit avec Buffon plusieurs expériences sur la croissance des bois, et admit, avant Franklin, l'identité de la foudre et de l'électricité. Il se faisait aider dans la rédaction de ses ouvrages par son frère Duhamel De Nainvilliers.

DUHAMEL (J. P. François GUILLOT), ingénieur, né en 1730 près de Coutances (Manche), mort en 1816. Il avait déjà rendu de grands services à l'Industrie dans plusieurs manufactures particulières lorsqu'il fut nommé, en 1775, professeur de métallurgie. Il devint bientôt inspecteur général des mines, et fut admis en 1786 à l'Acad. des sciences. On lui doit de nouveaux procédés pour la cémentation de l'acier, pour l'extraction de l'argent et de plusieurs autres métaux. Il publia en 1788 le Ier vol. de sa Géométrie souterraine, ouvrage qui, bien qu'inachevé, est encore un des meilleurs guides pour les mineurs.

DUHESME (le général), né en 1766 à Bourgneuf (Saône et Loire), servit sous Dumouriez et couvrit la retraite des Français après la défaite de Nerwinde (1793), contribua à la victoire de Fleurus et à la prise de Maestricht, après laquelle il fut fait général de division (1794), se signala aux batailles de Biberach et de Hohenlinden, surprit Barcelone en 1808 et fut pendant deux ans gouverneur de cette place, prit part aux combats les plus meurtriers pendant la campagne de France, et périt en 1815 à Waterloo, à la tête de la jeune garde.

DUILLIUS NEPOS (C.), consul l'an 260 av. J.-C., remporta sur les Carthaginois, à Myles, près de la côte de Sicile, une victoire navale qui leur coûta 58 vaisseaux : c'était le premier combat naval que livrassent les Romains. Il dut la victoire à l'emploi d'une sorte de grappin (dit corbeau) qui facilitait l'abordage. Le sénat lui accorda, en récompense, des honneurs particuliers et fit élever au milieu du Forum une colonne rostrale qui subsiste encore en partie, et dont l'inscription est un des monuments les plus antiques de la langue latine. Duillius fit en outre lever le siége de Ségeste en Sicile, et prit Macelle en Calabre.

DUINGT, ch.-l. de c. (Hte-Savoie), arr. d'Annecy au bord du lac d'Annecy ; 350 h. Château dans le lac.

DUISBOURG, v. murée des États prussiens (Westphalie), à 22 kil. N. O. de Dusseldorf ; 8000 hab. Gymnase, bibliothèque, observatoire. Draps, étoffes de soie et de coton, velours, toile, savon, amidon, porcelaine ; forges. Une université avait été fondée en 1655 à Duisbourg : elle a été supprimée en 1802. DUIVELAND, île de Hollande (Zélande), entre les emb. de la Meuse et de l'Escaut, à l'E. et très-près de l'île Schouwen; 13 kil. sur 9. Son nom lui vient de la grande quantité de pigeons (duive en hollandais) qu'on y trouvait autrefois.

DUJARDIN (Carle), peintre hollandais, né à Amsterdam en 1640, mort à Venise en 1678, après une vie courte et fort dissipée, s'est surtout exercé dans le genre familier, et a réussi à peindre les animaux et les bambochades. Un de ses chefs-d'œuvre est le Charlatan, qui se trouve au Musée du Louvre et que Boissieu a gravé. Dujardin grava lui-même à l'eau forte avec succès : il publia en 1652 un recueil de paysages en 52 pièces.

DUKER (Charles André), philologue, né en 1670 à Unna dans le comté de La Mark (Westphalie), mort en 1752, professa longtemps l'histoire et l'éloquence à l'université d'Utrecht, et fut un des savants les plus laborieux du XVIIIe s. On lui doit d'excellentes éditions de Florus, Leyde, 1722, et de Thucydide, Amsterdam, 1731, in-fol. Ses Notes ont toutes été conservées dans le Thucydide de Deux-Ponts.

DULARD (P. Alex.), poëte médiocre, né en 1696 à Marseille, m. en l760, fut secrétaire de l'académie de sa ville natale. Il a donné un poëme des Grandeurs de Dieu dans les merveilles de la nature, 1749, auquel le mérite du sujet a valu quelque succès.

DULAURE (Jacq. Ant.), historien, né à Clermont-Ferrand en 1755, mort en 1835, fut membre de la Convention, du Conseil des Cinq-Cents et du Corps législatif, et rentra dans la vie privée après le 18 brumaire. Ruiné par une faillite, il ne chercha de ressources que dans son talent. Il publia un grand nombre d'écrits savants et curieux, dont les principaux sont des Esquisses historiques sur les principaux événements de la révolution française, 1823, 6 vol. ; une Hist. civile, physique et morale de Paris, 1825, 6 vol. in-8 (réimprimée en 1837, 8 vol. in-8, avec des additions et des notes par J. L. Belin); une Hist. des environs de Paris, 1825, 7 vol.; une Hist. abrégée des différents cultes, 1825; une Hist. de la révolution de 1830 (ouvrage posthume publié en 1838), etc. La plupart de ces ouvrages, hostiles au clergé et empreints d'un esprit d'opposition libérale, ont joui dans leur temps d'une grande popularité.

DULAURENS (H. Jos.), né à Douai en 1719, était entré chez les chanoines réguliers de la Trinité, mais il quitta la vie monastique pour se livrer à la littérature et vint dans ce but à Paris. Lors de l'arrêt rendu par le parlement contre les Jésuites (1761), il publia contre cet ordre une satire violente sous le titre de Jésuitiques. Poursuivi pour la publication d'écrits irréligieux et immoraux, il se réfugia en Hollande et se mit aux gages des libraires d'Amsterdam, de Liége, de Francfort, mais sans pouvoir sortir de l'indigence. Dénoncé à la chambre ecclésiastique de Mayence, comme auteur d'ouvrages impies, il fut condamné à une prison perpétuelle (1767) et enfermé au couvent de Mariabom, où il mourut au bout de 30 ans (1797). Dulaurens avait de l'esprit, de l'imagination et surtout une facilité prodigieuse; mais il a fait un déplorable usage de ses talents. Outre les Jésuitiques, on a de lui deux poèmes héroï-comiques : le Balai, 1761, et la Chandelle d'Arras, 1765 ; l'Arétin moderne, 1776 ; l'Évangile de la raison, 1764; le Compère Matthieu, ouvragé licencieux, qui fut d'abord attribué à Voltaire.

DULCIGNO, Ulcinium, v. de la Turquie d'Europe (Albanie), sur l'Adriatique, à 32 kil. S. O. de Scutari; 7500 h., la plupart marins. Évêché catholique.

DULCIN, hérésiarque de Novare, annonçait que le règne du St-Esprit avait commencé en l'an 1300, et que depuis cette époque le pape avait cessé d'être le vicaire de J.-C. Il fut brûlé vif avec sa femme en 1307 par ordre du pape Clément V. Ses disciples s'appelèrent Dulcinistes ou Dulciuiens.

DULGIBINI, peuple de Germanie, au N. E., sur les bords de l’Amisius (Ems), était, dit-on, une colonie des Chérusques, et avait pour ville principale Ascalingium (Hildesheim).

DULICHIUM, auj. Neochori, île de la mer Ionienne, et l'une des Échinades, formait avec Ithaque le royaume d'Ulysse. V. ITHAQUE.

DÜLMEN, v. des États prussiens (Westphalie), à 28 kil. S. O. de Munster; 3500 hab. Résidence des ducs de Croy-Dülmen.

DULONG (Pierre Louis), savant physicien, né à Rouen en 1785, mort à Paris en 1838, exerça d'abord la profession de médecin, mais y renonça pour s'appliquer tout entier aux sciences, fut successivement professeur à l'école vétérinaire d'Alfort, à l’École Normale de Paris et à la Faculté des sciences, examinateur, puis professeur de chimie et de physique à l’École polytechnique et enfin directeur des études à cette même école (1830). Il avait été reçu à l'Académie des sciences en 1823. Dulong a fait faire des progrès à la chimie et à la physique. En chimie, nous citerons ses travaux Sur la décomposition mutuelle des sels; 1811; Sur l'acide nitreux, 1815; Sur les combinaisons du phosphore avec l'oxygène, 1816. Il avait découvert en 1812 le chlorure d'azote : en faisant des expériences sur ce composé si dangereux, il perdit, par suite d'une explosion, un œil et un doigt. En physique, Dulong reconnut, avec Petit, que la chaleur spécifique des corps est en raison inverse du poids de leurs atomes, et détermina, avec Arago, la force élastique de la vapeur d'eau à différentes températures. On lui doit aussi des travaux Sur la mesure des températures et Sur tes fluides élastiques, 1820. La plupart de ses écrits ont été insérés dans les Annales de Chimie et de Physique.

DULOT, poëte du XVIIe siècle, passe pour l'inventeur des bouts rimés. Sarrazin, qui n'avait pu réussir dans ce pitoyable genre, s'en vengea en publiant Dulot vaincu, ou la Défaite des bouts rimés.

DULWICH, vge du comté de Surrey, à 6 kil. S. de Londres. Maison fondée en 1617 par W. Alleyn, acteur célèbre, sous le nom de Gods' Gift (don de Dieu), pour l'éducation de 12 enfants et l'entretien de 12 pauvres; bibliothèque, musée de peinture.

DUMANIANT (Jean André BOURLAIN, dit), né en 1754 à Clermont-Ferrand, mort en 1828, quitta le barreau pour le théâtre, fut comédien à Paris jusqu'en 1798, puis entrepreneur breveté des spectacles de province. Il a donné au théâtre quelques comédies : (les Français en Huronie, 1778; Guerre ouverte, ou Ruse contre ruse, 1787; la Double intrigue, 1790), où l'on trouve de la verve, de la gaieté et où l'intrigue est bien menée. Il a aussi écrit plusieurs romans : l'Enfant de mon père, 1798; Aventures d'un émigré, 1798; Trois Mois de ma vie, 1811, etc.

DUMARSAIS (César CHESNEAU), grammairien philosophe, né à Marseille en 1676, mort en 1756, vint jeune à Paris, s'y maria et se fît recevoir avocat; mais, se trouvant dans la gêne, il quitta sa famille et le barreau pour faire des éducations particulières. Il eut entre autres élèves les enfants de Law, mais il n'en devint pas plus riche. Il ouvrit plus tard une pension au faubourg St-Victor, mais il y eut peu de succès. Il mourut pauvre et accablé d'infirmités. Ses principaux ouvrages sont : Méthode raisonnée pour apprendre la langue latine (1722) ; il y présente d'abord les mots dans l'ordre de la construction française avec une version interlinéaire; Traité des Tropes, 1730, le meilleur de ses écrits ; Principes de grammaire, 1769, où il traite la grammaire en philosophe; enfin une petite Logique classique, fort superficielle. Il écrivit dans l’Encyclopédie et laissa une Exposition de l'Église gallicane (publ. an 1758). On lui attribue quelques écrits antireligieux qui ne paraissent pas lui appartenir. Il a proposé des réformes dans l'orthographe qui n'ont pas été accueillies. Ses Œuvres ont été publiées en 1797, 7 vol. Son éloge a été écrit par d'Alembert (dans l’Encyclopédie, t. VII), et par A. de Gérando (1805).

DUMAS (Louis), ami de l'enfance, né à Nîmes en 1676, mort en 1744, s'occupa surtout d'éducation. Il imagina, pour faciliter l'art d'apprendre à lire, d'imiter les procédés de l'imprimerie et de donner aux enfants des lettres détachées qu'on leur faisait assembler, comme en jouant, pour en former des mots : c'est ce qu'il appela le bureau typographique. Cette invention eut un grand succès. On a de lui la Bibliothèque des enfants, ou les premiers éléments des lettres, 1733, ouvrage composé pour l'application de sa méthode. Il voulut aussi l'appliquer à la musique et publia l’Art de la musique enseigné et pratiqué par la méthode du bureau typographique, 1753.

DUMAS (Ch. L.), médecin, né à Lyon en 1765, mort en 1813, étudia à Montpellier, fut employé à l'Hôtel-Dieu de Lyon, où il rendit de grands services pendant le siège de la ville (1793), puis à l'armée des Alpes (1794), fut nommé en 1795 professeur d'anatomie et de physiologie à Montpellier, devint successivement doyen de la faculté de médecine, recteur de l'Académie de Montpellier, et correspondant de l'Institut. Ses principaux ouvrages sont : Principes de physiologie, 1800-6, où il développe la doctrine du principe vital de Barthez, et Doctrine des maladies chroniques, 1812, où il expose une théorie nouvelle sur la formation de ces maladies.

DUMAS (Alexandre DAVY), général de division, né à Jérémie (St-Domingue) en 1762, mort à Villers-Cotterets en 1807, était un homme de couleur, fils du marquis de la Pailleterie, riche colon, et d'une Africaine. Il servit avec distinction sous Dumouriez, et conquit tous ses grades par des actions d'éclat. En 1798, il défendit seul, à Brixen, le passage d'un pont d'où dépendait le succès de la journée, ce qui le fit surnommer l’Horatius Coclés du Tyrol. Pendant l'expédition d’Égypte, il comprima, à la tête de quelques braves, une insurrection dont le général Dupuy venait d'être victime au Caire; mais une maladie le força bientôt à se retirer. Il est père du célèbre Alexandre Dumas, né en 1803.

DUMAS (le comte Matthieu), général et administrateur, né à Montpellier en 1753, mort en 1837, entra dès l'âge de 15 ans dans la carrière des armes, combattit en Amérique comme aide de camp de Rochambeau, prit une glorieuse part aux campagnes de la République et de l'Empire et fut fait général de division en 1805. Il fit partie de l'Assemblée législative et du Conseil des Anciens, fut ministre de la guerre à Naples, négociateur à Vienne en 1809, et intendant général de la Grande-Armée de Russie en 1812. Sous la Restauration, il fut nommé conseiller d'État et président du comité de la guerre. Après 1830, il fut élevé à la pairie. On a de lui un Précis des événements militaires de 1799 à 1807, en 19 vol. in-8, 1817-26, ouvrage capital, une trad. de l’Histoire des guerres de la Péninsule de W. Napier, avec d'importantes rectifications, et des Souvenirs (1839).

DUMBARTON, le Dumbritonium des Romains, la Balclutha d'Ossian, v. d’Écosse, ch.-l. d'un comté de son nom, à 80 k. O. d’Édimbourg; 5000 h. Port franc. Verreries, filatures, tanneries. Vieux château fort, bâti sur une hauteur de 200m et qui a été habité par Robert Bruce, Marie-Stuart, Charles I et Cromwell. Patrie, de Smollet. Archibald II, comte d'Argyle, y fut pris et mis à mort en 1685. — Le comté, entre ceux de Perth, Stirling, Lanark, Renfrew, la Clyde et la mer, a 75 kil. de long sur 9 de large et 50 000 hab. Il est traversé par le Grand-Canal et offre plusieurs lacs dont le principal est le Lomond.

DUMÉRIL (Constant), zoologiste, né en 1774 à Amiens, mort en 1860, fut nommé en 1801 chef des travaux anatomiques à l’École de Médecine de Paris, obtint en 1801, à la Faculté, la chaire d'anatomie, qu'il échangea plus tard contre celles de physiologie et de pathologie, y joignit, après la mort de Lacépède, la chaire d'ichthyologie et d'erpétologie du Muséum et remplit ses diverses fonctions avec zèle presque jusqu'à la fin de sa longue vie. Il avait été nommé en 1816 membre de l'Académie des sciences et fut de l'Académie de médecine dès sa fondation. Disciple de Cuvier, Duméril étendit le champ de l'anatomie comparée. Ses principaux ouvrages sont : Traité élémentaire d'Histoire naturelle (1804), ouvrage classique ; Zoologie analytique (1806) : Erpétologie générale ou Histoire naturelle des Reptiles (1835-39, 5 vol. in-8) : c'est son principal titre.

DUMERSAN (Marion), vaudevilliste et numismate, d'une famille noble de Bretagne, né en 1780, mort en 1849. Il était attaché au Cabinet des médailles, et fut nommé en 1842 conservateur adjoint de cet établissement. Faisant marcher de front la littérature légère et l'érudition, il composa, soit seul, soit avec Désaugiers, Chazet, Bouilly, Merle, Carmouche, Francis, Scribe, et surtout avec Brazier, une foule de pièces (plus de 200), la plupart pétillantes d'esprit et de gaieté, qui furent représentées avec succès sur les petits théâtres (V. BRAZIER), et parmi lesquelles on remarque les Saltimbanques (1838). En même temps il publiait de savants ouvrages qui le placent au rang de nos meilleurs numismates : Éléments de numismatique, 1834; Hist. du cabinet des médailles, 1838; Notice des monuments exposés dans le cabinet des médailles antiques, 1828 et 1840, etc. Il donna en 1845 un recueil de Chansons nation. et popul., avec l'histoire de la chanson.

DUMESNIL (Mlle), célèbre actrice, née à Paris en 1713, morte en 1803, débuta au Théâtre Français en 1737, remplit dans la tragédie, avec un succès toujours croissant, les rôles de reines et de princesses et fut la rivale de Mlles Lecouvreur et Clairon. Elle excellait surtout dans les rôles de Mérope, de Clytemnestre, d’Athalie et d’Agrippine. Elle n'était pas douée d'un extérieur avantageux; elle manquait même quelquefois de grâce et de noblesse dans ses attitudes et dans ses gestes; mais quand elle s'animait, sa voix devenait terrible, l'expression de ses yeux était foudroyante, ou bien elle arrachait des larmes, excitant ainsi au plus haut point dans l'âme du spectateur la terreur ou la pitié. Elle quitta le théâtre en 1775. On a publié sous son nom, en 1800 et 1823, des Mémoires rédigés sur ses notes, qui renferment des conseils utiles sur la déclamation.

DUMFRIES, v. d’Écosse, ch.-l. du comté de son nom, à 114 k. S. O. d’Édimbourg; 12 000 hab. Port sur le Nith, près de son emb. dans le golfe de Solway. Quelques édifices, obélisque élevé en 1780 en l'honneur de Charles, duc de Queensberry. Tanneries, brasseries, bonneteries, chapeaux, etc. — Le comté, formé de la province romaine de Valentia, est situé dans la partie S. de l’Écosse, entre ceux de Peebles, Selkirk, Roxburgh à l'E., Ayr et Kirkcudbright à l'O.; il a 80 kil. de long et 80 000 hab. Pays montagneux; plomb, houille, pierre calcaire.

DUMNONII, anc. peuple de l'île de Bretagne (Bretagne 2e), au S. O., dans les comtés actuels de Cornouailles et de Devon. — Le cap Lizard, situé à la pointe S. O. de leur pays, s'appelait Dumnonium prom.

DUMNORIX, chef éduen de haute naissance, frère de Divitiac et gendre d'Orgétorix, roi des Helvètes, avait un commandement dans l'armée de César. Suivant à regret le général romain, il cherchait à soulever ses soldats contre lui : César, ayant découvert ses menées, le fit mettre à mort, l'an 54 av. J.-C.

DUMONT (Jean), publiciste français, né vers 1660, mort à Vienne en 1726, suivit d'abord la profession des armes, puis voyagea dans presque toutes les contrées de l'Europe et finit par se fixer en Autriche. Les renseignements qu'il avait recueillis dans ses voyages lui fournirent le sujet de plusieurs ouvrages qui eurent un grand succès et lui valurent l'estime de l'empereur d'Allemagne, qui le nomma son historiographe et lui donna le titre de baron de Carlscroon. Les plus importants de ses ouvrages sont : Mémoires politiques pour servir à l'intelligence de la paix de Ryswyck, l699; Recueil des traités d'alliance, de paix et de commerce depuis la paix de Munster, 1710; Corps universel diplomatique, ou Recueil des traités depuis Charlemagne, 1726 et ann. suiv., ouvrage capital, qui a été continué par J. Rousset.

DUMONT (Étienne), publiciste, né à Genève en 1759, mort en 1829, fut d'abord pasteur de l'église française réformée à Genève, vint en France en 1789, se mit en relation avec Mirabeau, rédigea pour lui plusieurs discours et l'aida dans la publication du Courrier de Provence; alla quelques années après s'établir en Angleterre, s'y lia étroitement avec Jérémie Bentham, dont il fut le collaborateur pendant plus de vingt ans et ne revint à Genève qu'en 1814 : il y fut nommé membre du Conseil souverain et fit adopter un code pénal conforme aux principes de Bentham. Les ouvrages qu'il a rédigés pour exposer les doctrines de ce publiciste sont : Traité de législation civile et pénale, 1802 ; Théorie des peines et des récompenses, 1812 ; Tactique des assemblées délibérantes, 1816; Traité des preuves judiciaires, 1823; De l'organisation judiciaire et de la codification, 1828. Il fit en outre paraître une série de Lettres sur Bentham (dans la Bibliothèque britannique, vol. V-VII). On a publié après sa mort ses Souvenirs sur Mirabeau, 1831.

DUMONT, sculpteurs. Ce nom a été porté par une famille honorablement connue depuis le XVIIe s. dans la statuaire. Pierre D., né vers 1650, beau-frère d'Ant. Coypel, remporta en 1709 le 1er prix de sculpture en traitant David pardonnant à Abigaïl. — François D., son fils, 1688-1726, reçu académicien en 1712, a fait pour St-Sulpice 4 statues qu'on y voit encore : S. Pierre, S. Paul, S. Jean et S. Joseph. — Edme D., fils de François, 1720-1775, admis à l'Académie en 1768, est auteur d'un Milon de Crotone, auj. au Musée du Louvre. — Jacques, fils d'Edme, 1761-1844, a exécuté un grand nombre de groupes, de statues et de bas-reliefs pour les monuments publics, entre autres : le général Marceau, au Luxembourg, Pichegru, pour la ville d'Arbois, Malesherbes, au Palais de Justice. — Alex. D., son fils, né en 1801, reçu à l'Institut en 1838, a élevé plus haut encore l'honneur de cette famille.

DUMONT D'URVILLE (César), contre-amiral, né en 1790 à Condé-sur-Noireau, fit partie d'une expédition scientifique envoyée en 1819 dans l'Archipel et la mer Noire, découvrit la belle Vénus de Milo qui décore aujourd'hui le Musée du Louvre; accompagna, de 1822 à 1825, le capitaine Duperrey dans un voyage de circumnavigation, publia à son retour divers mémoires scientifiques et une Flore des Malouines (en latin), fut nommé en 1820 capitaine de frégate, reçut à la même époque le commandement des deux corvettes l’Astrolabe et la Zélée, avec mission d'explorer l'Océanie, reconnut dans l'île de Vanikoro (V. ce nom) le lieu où avait péri l'infortuné Lapérouse, rassembla une foule de matériaux précieux pour la géographie et la botanique, fit paraître, sous le titre de Voyage de l'Astrolabe (13 vol. in-8, 1830 et années suivantes), le résultat de ses recherches; entreprit en 1837 un nouveau voyage, explora les mers australes, poussa fort avant vers le pôle antarctique, en affrontant les plus grands périls, découvrit quelques nouvelles terres, notamment la terre Louis-Philippe et la terre Adélie, fut à son retour créé contre-amiral (déc. 1840) et reçut de la Société de Géographie la grande médaille d'or. Il s'occupait de publier son Voyage au pôle Sud et dans l'Océanie lorsqu'il périt avec toute sa famille dans l'affreuse catastrophe qui eut lieu au chemin de fer de Versailles, le 8 mai 1842. Le Voyage au pôle Sud a paru en 1842-1848.

DUMOULIN (Charles), jurisconsulte, né à Paris en 1500, mort en 1566, descendait d'une famille noble, alliée à Anne de Boulen, mère de la reine Élisabeth. Il fut reçu avocat au parlement de Paris en 1522; mais n'ayant pu vaincre un bégaiement auquel il était sujet, il se retira du barreau, et se consacra aux travaux du cabinet. Les Observations sur l'édit de Henri II relatif aux petites dates, qu'il publia en 1551, et où il soutenait que le roi avait le droit de réprimer les abus et les fraudes qui se commettaient à Rome dans la distribution des bénéfices, lui valut les bonnes grâces de Henri II, mais donna lieu à de vives réclamations de la part du St-Siége. Ch. Dumoulin avait embrassé le Calvinisme, puis l'avait abandonné pour le Luthéranisme. Inquiété pour ses opinions, il se réfugia en Allemagne, où il fut reçu avec la plus grande distinction. Il revint à Paris en 1557, mais ce fut pour y subir de nouvelles tribulations. Ayant publié en 1564 un ouvrage intitulé : Conseil sur le concile de Trente, dans lequel il voulait prouver que ce concile était nul, il fut jeté en prison et ne recouvra sa liberté qu'à la condition de ne plus rien publier sans la permission du roi. Ch. Dumoulin trouva le premier les véritables sources du droit français et en posa les règles fondamentales : il a commenté les principales coutumes de France; sa Révision de la Coutume de Paris passe pour un chef-d'œuvre. La meilleure édition de ses œuvres est celle de Paris, 1681, 5 vol. in-fol.

DUMOULIN (Pierre), théologien protestant, né en 1568 à Buhy (Seine-et-Oise), mort à Sedan en 1658, professa la philosophie à Leyde, devint chapelain de la princesse Catherine de Bourbon (1609), fut appelé en 1615 en Angleterre pour y travailler à une réunion des églises protestantes, et présida le synode d'Alais, 1620. Il a laissé un grand nombre d'écrits polémiques, entre autres : De Monarchia temporali pontificis romani, Leyde, 1614; Nouveauté au papisme, Sedan, 1627. — V. Molin et Moulin.

DUMOURIEZ (Charles Franç.), né en 1739 à Cambray, fils d'un commissaire des guerres, était déjà maréchal de camp quand éclata la Révolution ; il en adopta les principes et écrivit même en leur faveur. Il fut nommé en 1792 ministre des affaires étrangères par l'appui des Girondins et provoqua la déclaration de guerre à l'Autriche, mais il ne tarda pas à encourir la disgrâce de ce parti, se retira du ministère, et reprit du service. Chargé après le 10 août du commandement de l'armée du Nord, il fit la belle campagne de l'Argonne, arrêta les progrès de l'ennemi à Valmy, remporta la victoire de Jemmapes, et conquit toute la Belgique (1792). Pendant le procès de Louis XVI, il vint à Paris dans l'espoir de sauver le roi; n'ayant pu y réussir, il alla se remettre à la tête de ses troupes, prit plusieurs places en Hollande avec une armée de 13 500 hommes qui manquait de tout, repoussa le prince Cobourg, et livra la bataille de Nerwinde (18 mars 1793), où nos troupes, tout en restant maîtresses du champ de bataille, éprouvèrent un véritable échec. A partir de ce revers, il se vit en butte à de nombreuses attaques; il avait d'ailleurs irrité par sa hauteur la Convention et les commissaires qu'elle avait envoyés à son armée; se voyant menacé d'être traduit à la barre de cette Assemblée, il fit des ouvertures au prince de Cobourg, et lui proposa de se joindre à lui pour rétablir la constitution, donnée par l'Assemblée nationale, et dissoudre la Convention. Mais ses projets ayant transpiré, la Convention envoya, le ministre Beurnonville et les députés Camus, Bancal, Lamarque et Quinette, pour le suspendre et lui ordonner de venir rendre compte de sa conduite. Dumouriez fit arrêter les commissaires, et voulut marcher sur Paris; mais il fut abandonné dé ses soldats, et contraint de gagner en fugitif le camp ennemi. A partir de cette époque, il mena une vie errante : il finit par se fixer en Angleterre, dont le gouvernement lui fit une pension. On l'accuse d'avoir fourni des plans aux Anglais dans la guerre d'Espagne et aux Alliés lors de l'invasion de la France en 1814. Dumouriez a beaucoup écrit sur la Révolution ; nous ne citerons que ses Mémoires, publiés par lui-même sous ce titre : Vie et ouvrages du général Dumouriez, Hambourg, 1795.

DUN, Dunum, c.-à-d. colline en celtique. Cherchez par DON ou DIN les mots qui ne seraient pas ici.

DUN-LE-PALLETEAU, ch.-l. de c. (Creuse), à 22 k. O. de Guéret; 1140 h. DUN-LE-ROI, ch.-l. de c. (Cher), sur l’Auron, à 18 k. N. de Saint-Amand ; 4300 h. Anc. place forte.

DUN-SUR-MEUSE, ch.-l. de c. (Meuse), à 28 k. S. O. de Montmédy ; 925 h. Scierie, tanneries, brasseries. Cédée à la France en 1633 par le duc de Lorraine.

DUNA ou mieux DWINA. V. DWINA.

DUNABOURG, v. de Russie (Witepsk), ch.-l. de district, sur la Dwina occ., à 270 k. de Witepsk ; 7000 h. Anc. capit. de la Livonie polonaise. Chemin de fer.

DUNAMUNDE, forteresse de Russie (Livonie), sur la r. g. de la Dwina, près de son embouchure. Prise et reprise par les Suédois et les Russes, qui la possèdent depuis 1710.

DUNBAR, v. et port d’Écosse (Haddington), à 40 k. E. d’Édimbourg, à l’emb. du golfe du Forth dans la mer du Nord ; 5000 h. Anc. château fort. Chantiers de construction, forges, fabrication de machines à vapeur. Château célèbre, que les comtes de Northumberland possédèrent de 1072 à 1434, et qui reçut Édouard II après sa défaite à Bannockburn, Marie Stuart après le meurtre de Rizzio, 1566, et où Bothwell conduisit cette princesse lorsqu’il voulut la forcer à l’épouser (1567). Ce château fut démoli en 1567 par ordre du Parlement. En 1650, Cromwell battit à Dunbar les royalistes écossais.

DUNBLANE, v. d’Écosse (Perth), à 9 k. N. de Sterling ; 3300 h., possédait un évêché, érigé en 1142.

DUNCAN I, roi d’Écosse. V. DONALD VII.

DUNCAN II, fils naturel de Malcolm III, chassa en 1093 l’usurpateur Donald VIII qui avait enlevé la couronne au jeune Edgard, fils légitime de Malcolm ; mais la garda pour lui-même. Il se rendit odieux et fut assassiné par un émissaire de Donald en 1095.

DUNCAN (lord), amiral anglais, né en 1731, mort en 1804, commanda de 1795 à 1800 comme vice-amiral la station de la mer du Nord, surveilla activement les côtes de Hollande, et remporta en 1797 sur l’amiral hollandais De Winter, près du cap Campredon, une victoire qui lui valut le titre de vicomte de Campredon et la dignité d’amiral du Pavillon blanc.

DUNDALK, v. et port d’Irlande (Leinster), ch.-l. du comté de Louth, au fond de la baie de Dundalk, à 60 k. N. de Dublin ; 14 000 h. Manufacture de batiste, fondée par des Français en 1737. Bataille entre Édouard Bruce et Édouard II, roi d’Angleterre (1318) : Bruce y périt.

DUNDAS (Henry). V. MELVILLE.

DUNDÉE, Allectum, Donum Dei, v. d’Écosse (Forfar), sur le golfe du Tay, à 54 k. N. E. d’Édimbourg ; 80 000 hab. Port sûr et commode. Jolie ville : quatre grandes rues, belle place. Plusieurs édifices remarquables : la vieille église, St-André, l’hôtel de ville ; arc de triomphe de style saxon construit en 1844, etc. Toiles, fils, raffineries de sucre, filatures hydrauliques de coton. — Cette ville était autrefois la 2e de l’Écosse ; mais les ravages de la guerre lui ont fait perdre de son importance : presque détruite par Monk en 1651, elle ne se releva qu’en 1745.

DUNDONALD (comtes de). V. COCHRANE.

DUNES, monticules mobiles de sable qui s’élèvent le long de l’Océan, principalement sur les côtes d’Écosse, de Hollande et de France, et qui, poussés par les vents, envahissent graduellement les terres. C’est en vue des Dunes de Flandre, qui s’étendent entre Nieuport et Dunkerque, que les Espagnols furent battus sur mer par Martin Tromp en 1639, et sur terre par Turenne en 1658.

DUNFERMLINE, v. d’Écosse (comté de Fife), à 22 k. N. O. d’Édimbourg ; 15 000 h. Belle église antique, superbe église moderne, hôtel de ville. Toiles, linge de table renommé ; étoffes de coton. Malcolm III fonda vers 1070 à Dunfermline une abbaye de Bénédictins. Cette v. fut jadis la résidence et la sépulture des rois d’Écosse. Charles I y naquit. Elle fut désolée par un grand incendie en 1604, puis par la peste en 1615 et en 1651.

DUNGANNON, v. d’Irlande, dans l’Ulster (Tyrone), à 40 k. S. E. d’Omagh ; 4000 h. Riche collège. Résidence des O’Neil, anciens souverains de l’Ulster. Les délégués de l’Ulster y proclamèrent en 1782 l’indépendance de l’Écosse.

DUNI (Egidio Romualdo), compositeur, né en 1709 à Matera (roy. de Naples), mort en 1775, étudia sous Durante au Conservatoire de Naples, fut d’abord en concurrence avec Pergolèse et l’emporta quelquefois sur ce maître, vint en 1757 se fixer à Paris, où il composa, le plus souvent sur les paroles de Favart, divers opéras qui presque tous ont eu du succès : Minette à la Cour, la Chercheuse d’esprit, les Sabots, les Chasseurs et la Laitière, la Fille mal gardée, la Fée Urgèle, les Moissonneurs, la Clochette, et dont plusieurs sont restés au répertoire. Sa musique, claire et chantante, était comprise de tout le monde.

DUNKELD, bourg d’Écosse (Perth), sur le Tay, à 24 k. N. de Perth ; 1800 h. Haute muraille, beau pont en pierres, château des ducs d’Athol, ruines d’une cathédrale gothique.

DUNKERQUE, Duinkerken en flamand (c.-à-d. église des Dunes), v. et port de France, ch.-l. d’arr. (Nord), à 79 kil. N. O. de Lille, à 88 k. par chemin de fer, et à 281 N. N. E. de Paris, sur la mer du Nord ; 32 113 h. Rade magnifique, citadelle, bassin naval, magasins de la marine, phare. Église gothique de St-Éloi ; carillon célèbre, rétabli en 1853. Trib. de 1re inst. et de commerce, bourse ; collége, école de navigation, société d’agriculture, bibliothèque. Fonderies de fer et de cuivre ; savon, amidon, huiles, ferblanterie, distilleries ; voileries, raffineries, chantiers de construction ; armements pour le commerce. Jean Bart est né à Dunkerque et y a une statue, érigée en 1845. — Dunkerque fut fondée vers 960 par Baudouin le Jeune, comte de Flandre, autour d’une chapelle élevée par saint Éloi au milieu des Dunes. Elle passa par héritage aux mains de Charles-Quint, fut prise par les Anglais sous Philippe II, et reprise par les Français en 1558 ; ceux-ci la cédèrent à l’Espagne en 1559, mais Condé la reprit en 1646 ; perdue de nouveau, elle fut reprise par Turenne (1658), puis cédée aux Anglais, et enfin achetée par Louis XIV (1662). Ce roi fut forcé par le traité d’Utrecht de combler le port et de raser les fortifications (1713), ce qui toutefois ne fut exécuté qu’en partie. Louis XV la fortifia de nouveau. Le duc d’York essaya vainement de la prendre en 1793. Pendant les guerres des XVIe et XVIIe siècles, les corsaires de Dunkerque firent de grands ravages dans les marines ennemies.

DUNOD DE CHARNAGE (Franç. Ignace), jurisconsulte, né à St-Claude en 1679, mort en 1752, enseigna le droit à l’université de Besançon. Il a publié plusieurs ouvrages qui jouissaient d’une grande autorité avant notre nouvelle législation, entre autres : Traité des prescriptions, 1730 ; Observations sur la coutume du comté de Bourgogne, 1756 ; De la main-morte et des retraits, 1733. Il a aussi laissé des ouvrages d’histoire, notamment : Histoire du comté de Bourgogne, Dijon, 1735-37 et Besançon, 1740 ; Hist. de l’église, ville et diocèse de Besançon, 1750.

DUNOIS, anc. pays de France, compris avant 1789 dans le grand-gouvt de l’Orléanais, était situé à l’O. de l’Orléanais propre et au S. O. de la Beauce. Places principales : Châteaudun (chef-lieu), Fréteval, Cloyes, Bonneval, Patay, Marchenoir. Il fait auj. partie des arr. de Vendôme et de Châteaudun. Vicomte héréditaire au Xe s., le Dunois fut vendu au comte de Blois en 1382, et revendu avec le comté de Blois en 1391 à Louis d’Orléans, qui le donna à son frère naturel, Jean, comte de Dunois (qui suit). Il fut réuni à la couronne en 1707. — Un autre petit pays, dans la Marche (Creuse), portait aussi le nom de Dunois : il avait pour lieux principaux Dun-le-Palleteau, La Celle-Dunoise, St-Sulpice-le-Dunois et Bussière-Dunoise.

DUNOIS (Jean, comte de LONGUEVILLE et de), dit le Bâtard d’Orléans, né à Paris en 1392, mort en 1470, était fils naturel de Louis, duc d’Orléans, et de Mariette d’Enghien. Il se distingua de bonne heure par sa vaillance : à 25 ans, il battit, avec 1600 hommes, sous les murs de Montargis, 3000 Anglais commandés par Warwick, Suffolk et Jean de la Poll. Il partagea sous les murs d’Orléans la gloire de Jeanne d’Arc et contribua puissamment à la victoire de Patay en 1429. En 1432, il réduisit la ville de Chartres, et en 1436 il reprit Paris alors occupé par les Anglais. Après tant de services, Dunois fut un instant coupable : il entra dans une conspiration tramée par La Trémouille contre Charles VII (V. PRAGUERIE), et seconda la révolte de son fils, le Dauphin (depuis Louis XI) ; mais bientôt, repentant de sa faute, il vint se jeter aux pieds du monarque et obtint son pardon. Il fit oublier sa conduite aux siéges d’Harfleur, de Gallardon et de Dieppe. En 1444, le roi le nomma son lieutenant général ; à peine revêtu de cette haute dignité, il expulsa entièrement les Anglais de la Normandie par la victoire de Formigny, 1450 ; la même année, il conquit la Guyenne, occupée aussi par les Anglais ; il reçut en récompense le titre de grand chambellan avec les honneurs de prince légitime. Après la mort de Charles VII, Dunois, mécontent de son successeur, entra dans la Ligue du Bien public, 1465 ; il négocia le traité de Conflans, et, rentré en grâce, présida le conseil de réformation pour le bien public. C’est de Dunois qu’était issue l’illustre famille de Longueville.

DUNOYER (Charles), économiste, né à Carennac (Lot) en 1786, m. en 1862 ; fonda avec Ch. Comte le Censeur (1814), où ils défendirent les opinions libérales, et publia divers ouvrages d’économie politique, dont le principal est De la Liberté du travail (3 vol. 8° 1845) ; devint membre de l’Académie des sciences morales (1832), et conseiller d’État sous la République (1848).

DUNS SCOT. V. SCOT.

DUNSTABLE, v. d’Angleterre (Bedford), à 26 kil. S. de Bedford ; 3000 hab. Chapeaux de paille. Restes d’un prieuré fondé par Henri Ier. C’est à Dunstable que furent jouées les 1res pièces de théâtre en Angleterre.

DUNSTAN (S.), né à Glastenbury (Somerset), vers 924, d’une famille illustre ; jouit d’abord de la faveur du roi ; puis, disgracié, embrassa l’état ecclésiastique ; devint évêque de Worcester en 957, de Londres en 959, et archevêque de Cantorbéry en 961. Le pape Jean XII le nomma son légat en Angleterre pour y opérer la réforme des moines. Il publia à ce sujet la Concorde des règles, recueil d’anciennes constitutions monastiques. Il mourut le 19 mai 988, jour auquel l’on célèbre sa fête.

DUPATY (J. B. MERCIER), né à La Rochelle en 1744, mort à Paris en 1788, fut avocat général, puis président à mortier au parlement de Bordeaux ; se fit un nom comme homme de lettres et par son intégrité comme magistrat. Ses principaux ouvrages sont : Mémoire pour trois hommes condamnés à la roue (il réussit à leur sauver la vie) ; Réflexions historiques sur les lois criminelles ; Lettres sur l’Italie, 1788 ; ce dernier écrit, quoique superficiel et ampoulé, eut du succès en France, grâce à un certain sentiment de l’art et à la philosophie du temps, mais il fut mis à l’Index à Rome.

DUPATY (Ch.), fils aîné du préc., sculpteur distingué, né à Bordeaux en 1771, mort en 1825, était destiné à la magistrature, mais préféra les arts. Il étudia la sculpture sous Lemot, alla se perfectionner en Italie et fut nommé à son retour membre de l’Institut (1816), puis professeur à l’École des beaux-arts. On distingue parmi ses compositions Le général Leclerc, Vénus genitrix, Cadmus, Biblis mourante, Ajax poursuivi par la colère de Neptune, son chef-d'œuvre. Il a fait le modèle de la statue équestre de Louis XIII exécutée par Cortot (à la place Royale, à Paris).

DUPATY (Emmanuel), auteur dramatique, né à Bordeaux en 1775, mort à Paris en 1851, était le 2e fils du président Dupaty. Appelé sous les drapeaux en 1792, il fit avec honneur plusieurs campagnes ; mais il quitta le service en 1797 pour venir à Paris se livrer à ses goûts littéraires. Il donna en 1802 les Valets dans l’antichambre, opéra-bouffon qui faillit le faire déporter, parce que la police y vit des allusions blessantes ; fit représenter depuis sur différents théâtres une série de pièces charmantes, mêlées de couplets, parmi lesquelles on remarque Picaros et Diego (qui n’est guère que la reproduction des Valets), le Chapitre second, la Jeune mère, la Jeune prude, la Leçon de botanique, Ninon chez Mme de Sévigné, l’Intrigue aux fenêtres, le Poëte et le Musicien, les Voitures versées ; il s’éleva jusqu’à la haute comédie dans la Prison militaire, (1803), en cinq actes et en prose. Après la Restauration, il se joignit aux écrivains libéraux pour combattre la réaction royaliste dans la Minerve, le Miroir, et autres petits journaux, et composa en 1816 les Délateurs, poëme satirique qui stigmatisait justement d’odieux excès. Admis en 1835 à l’Académie, il consacra le reste de ses forces à la composition d’un grand poëme, Isabelle de Palestine, qu’il a laissé manuscrit. Il avait été nommé en 1842 administrateur de la bibliothèque de l’Arsenal. Membre des Sociétés du Caveau, des Dîners du Vaudeville, des Enfants d’Apollon, Dupaty a fourni aux recueils de ces sociétés nombre de jolies pièces de vers et de joyeuses chansons. A. de Musset, son successeur à l’Académie, y a fait son Éloge.

DUPÉRAC (Ét.), artiste distingué du XVIe siècle, mort en 1601, cultiva à la fois l’architecture, la peinture et la gravure. Nommé architecte de Henri IV, il termina la 1re partie de la grande galerie du Louvre, qu’avait commencée Androuet Ducerceau.

DUPÉRIER (Charles), poëte, né à Aix vers 1620, vint à Paris, se lia avec Ménage, Rapin, Commire, Bouhours ; s’appliqua aux vers latins, et réussit surtout dans l’ode. Ménage le nomme le prince des poëtes lyriques de son temps ; il fut mis au nombre des auteurs qui formaient la Pléiade française (V. ce mot). Dupérier était neveu de François Dupérier, à qui Malherbe adressa une de ses plus belles odes, celle qui commence par ce vers :

Ta douleur, Dupérier, sera donc éternelle.

DUPERRÉ (Victor Guy), amiral, né en 1775 à La Rochelle, mort en 1846, était fils du trésorier de la guerre. Il s’embarqua à 16 ans, se signala dans divers combats contre les Anglais, prit ou brûla dans les mers de l’Inde plusieurs de leurs bâtiments, leur disputa longtemps l’Ile de France:, gagna sur eux dans le Grand-Port de cette île une brillante victoire le 23 août 1810, et fut fait à son retour contre-amiral et baron (1811). Il bloqua et bombarda Cadix en 1823, conduisit en 1830 la flotte qui portait notre armée en Algérie, contribua puissamment à la prise d’Alger, et fut en récompense nommé amiral et pair de France. Appelé plusieurs fois depuis au ministère de la marine, il quitta l’administration en 1843, sentant ses forces, décliner. M. Tupinier a prononcé son Éloge funèbre à la Chambre des Pairs.

DUPERRON (Jacques DAVY), cardinal, né en 1556 à St-Lô, mort à Paris en 1618, avait été dès son enfance transporté en Suisse par son père, ministre réformé, et y fut élevé dans le Calvinisme. Il vint à Paris après avoir été suffisamment instruit par son père dans les langues grecque et latine, y abjura le Calvinisme, embrassa l’état ecclésiastique, obtint la place de lecteur du roi Henri III, et s’attacha ensuite par quelques services à Henri IV, devenu roi de France. Celui-ci le nomma évêque d’Évreux (1595), et l’envoya à Rome pour solliciter la levée de l’interdit lancé contre la France : il réussit dans cette mission. À son retour, il combattit dans deux célèbres conférences les doctrines du Calvinisme, qu’y défendaient Mornay et d’Aubigné. La cour de Rome lui donna en récompense la chapeau de cardinal (1604). Le roi le fit archevêque de Sens pour avoir contribué à rétablir la paix entre le Saint-Siége et les Vénitiens. Duperron a laissé plusieurs ouvrages, les uns de controverse ou de littérature, les autres relatifs à ses négociations ; ils ont été recueillis en 3 v. in-fol., 1622. Il avait beaucoup d’esprit et d’éloquence, et jouissait d’une grande autorité en littérature. Ses auteurs favoris étaient Rabelais et Montaigne. Il était ami de Ronsard, dont il composa l’oraison funèbre. On reproche à ce prélat beaucoup d’ambition et peu de délicatesse sur les moyens de réussir. Sa Vie a été écrite par Pelletier. — V. ANQUETIL et ANISSON.

DUPES (journée des). Marie de Médicis et Gaston d’Orléans avaient arraché à Louis XIII malade la promesse de destituer son ministre, le cardinal de Richelieu : cette promesse allait être exécutée le 11 nov. 1630, lorsque le ministre, averti à temps, vole à Versailles auprès du roi, regagne sa confiance et le décide à lui livrer ses ennemis. Richelieu, non content d’avoir ainsi dupé ses adversaires, se vengea bientôt d’eux avec une excessive rigueur.

DU PETIT-THOUARS (Aristide AUBERT), capitaine de vaisseau, né en 1760 près de Saumur, fit une expédition infructueuse à la recherche de Lapérouse, fut pris en mer par les Portugais (1792), et subit une longue détention à Lisbonne. A son retour, il fit partie de l’expédition d’Égypte, commanda le Tonnant, et périt glorieusement à Aboukir (1798), après avoir forcé le Bellérophon à amener pavillon.

DUPETIT-THOUARS (L. M. AUBERT), botaniste, frère aîné du préc., né en 1758, mort en 1831, devait accompagner son frère à la recherche de Lapérouse, mais, parti après lui, il tenta inutilement de le rejoindre à l’île de France. Obligé de s’arrêter dans cette île, il profita de son séjour pour étudier la flore du pays. Il passa ensuite quelques mois à Madagascar, revint en France en 1802, publia en 1804 l’Hist. des végétaux des îles de France, Bourbon et Madagascar, et fut admis à l’Institut en 1820. A partir de 1806, il dirigea la pépinière du Roule. Outre l’ouvrage déjà cité, il a publié plusieurs écrits sur la botanique et l’agriculture : il soutint à l’Académie des sciences, sur la formation des couches du bois, une théorie célèbre, qui fut vivement débattue. M. Flourens a prononcé son Éloge à l’Institut.

A la même famille appartient le vice-amiral Abel Du Petit-Thouars, membre de l’Académie des sciences, né en 1793, m. en 1864, qui établit en 1842 le protectorat français à Taïti et assura à la France les îles Marquises.

DUPHOT (Léonard), général français, né à Lyon vers 1770, se distingua dans diverses actions de la campagne d’Italie en 1796, et fut chargé par Bonaparte d’organiser une partie des troupes de la République Cisalpine. Il se trouvait à Rome en déc. 1797, dans le palais de l’ambassadeur français, Joseph Bonaparte, lorsqu’il fut tué par des soldats du pape au moment où il tentait d’apaiser une émeute occasionnée par une fête que célébraient les Républicains français. Sa mort fut vengée peu de jours après par la prise de Rome. Duphot était poëte : son Ode aux mânes des héros morts pour la liberté eut une grande vogue.

DUPIN (Louis ELLIES), docteur de Sorbonne, né en 1657, d’une famille noble de Normandie, mort en 1719, était professeur de philosophie au Collége de France. Il consacra la plus grande partie de sa vie à rédiger la Bibliothèque universelle des auteurs ecclésiastiques, ouvrage immense, dans lequel il donne la vie de ces écrivains, le catalogue et la chronologie de leurs ouvrages, un jugement sur leur style et leur doctrine et le dénombrement avec l’examen critique des différentes éditions de leurs œuvres. Les jugements qu’il portait dans cet ouvrage sur plusieurs Pères le firent condamner à Rome ; il fut aussi vivement critiqué par de savants théologiens français, notamment par Bossuet. S’étant déclaré, avec les Jansénistes, contre la bulle Unigenitus, il fut exilé à Châtellerault et privé de sa chaire. Il fut encore inquiété à la fin de sa vie pour avoir entretenu une correspondance avec l’archevêque de Cantorbéry dans le but de rapprocher les catholiques et les anglicans. La Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, publiée en 1686 et ann. suiv., forme, avec les suppléments. 61 vol. in-8. Dupin a en outre donné des éditions de S. Optat, 1700, de Gerson, 1703, la Bibliothèque universelle des historiens, 1707, une Hist. abrégée de l’Église, 1712, des Traités de la Puissance temporelle, 1707, — des Excommunications, 1715, etc.

DUPIN (Claude), fermier général, né à Châteauroux vers 1700, mort en 1769, a écrit sous le voile de l’anonyme plusieurs ouvrages utiles : Œconomiques, 1745 ; Mémoires sur les blés, 1748 ; Observations sur l’Esprit des Lois, 1757-58. — Sa femme, Mme Dupin, née Fontaine, fille naturelle de Samuel Bernard, a été célèbre par sa beauté et son esprit. Elle confia quelque temps l’éducation de son fils à J. J. Rousseau, et l’employa à transcrire ses manuscrits ; ce dernier la mentionne très-souvent dans ses Confessions. On lui attribue quelque part dans les écrits de son mari. Elle mourut en 1800, à près de 100 ans.

DUPIN DE FRANCUEIL (Marie Aurore, dame), fille naturelle du maréchal de Saxe, née en 1750, morte en 1821, épousa le comte de Horn, resta veuve fort jeune, et s’unit au fermier général Dupin de Francueil, fils de Claude Dupin. — De ce mariage naquit Maurice Dupin, officier distingué, qui servit sous la République, et dont la fille est célèbre sous le pseudonyme de George Sand ; c’est Mme Dudevant.

DUPLAN de CARPIN. V. CARPIN.

DUPLEIX (Scipion), historien, né à Condom en 1569, mort dans cette même ville en 1661, vint à Paris en 1605, à la suite de la reine Marguerite de Valois, qui le fit maître des requêtes de son hôtel, fut précepteur d’Antoine de Bourbon, fils légitimé de Henri IV, puis fut nommé par Louis XIII en 1619 historiographe de France et conseiller d’État. On a de lui : Mémoires des Gaules depuis le déluge jusqu’à l’établissement de la monarchie française, 1619 ; Hist. romaine, 1636 ; Hist. générale de France, publiée de 1621 à 1643 : il y traite fort mal Marguerite, femme de Henri IV, qui avait été sa bienfaitrice, et donne de grands éloges à Richelieu. On a encore de lui un traité des Causes de la veille et du sommeil, des songes, de la vie et de la mort, 1613, et un Cours de philosophie, 1607 et 1642 : c’est le 1er ouvrage de ce genre qu’on ait rédigé en français ; il le composa pour le prince, son élève.

DUPLEIX (Joseph, marquis), gouverneur des établissements français dans l’Inde, né vers 1690, était fils d’un directeur de la Compagnie des Indes orientales. Envoyé en 1720 à Pondichéry comme membre du conseil supérieur et commissaire des guerres, il s’acquitta de ses fonctions avec un grand talent. Unissant le commerce à l’administration, il fit en peu de temps une grande fortune. La Compagnie le nomma en 1730 directeur du comptoir de Chandernagor, qu’il releva de sa ruine, et, en 1742, gouverneur de Pondichéry et directeur général des comptoirs français. Il déploya dans ce poste important un génie supérieur. Profitant de l’anarchie produite par la dissolution de l’empire mongol, il voulut faire une puissance territoriale de la Compagnie, qui n’avait été jusque-là que commerçante, et projeta ce qu’a depuis réalisé la Compagnie anglaise des Indes. Au mépris des capitulations, il garda Madras que Labourdonnais s’était engagé à rendre aux Anglais, moyennant de fortes sommes (1746). Dans la guerre qui s’ensuivit, il montra un courage et des talents qui firent oublier ses torts, et défendit pendant 42 jours Pondichéry contre une flotte anglaise formidable et contre une armée de terre. Il se fit céder, par un prince indien qu’il avait placé sur le trône du Décan, tout le territoire situé entre le Krichna et le cap Comorin, avec le titre de nabab. Enflé de ses succès, il s’engagea dans une suite d’expéditions aventureuses et finit par lutter contre la Compagnie même dont il était l’agent, et qui voulait s’opposer à ses entreprises. Ruiné par tant de guerres, il chercha quelque temps à cacher le véritable état des choses ; mais la vérité ayant été connue, on le rappela (1754). Il passa le reste de sa vie à plaider contre la Compagnie, à laquelle il réclamait 13 millions, qu’il avait, disait-il, avancés pour son service, et mourut dans la misère et l’humiliation à Paris, en 1763, sans avoir pu se faire rendre justice. Il avait publié peu avant sa mort un Mémoire qui fit grand bruit.

DUPLESSIS. V. RICHELIEU, MORNAY et GRATET.

DUPONT DE NEMOURS (Pierre Samuel), économiste, né à Paris en 1739, mort en 1817 en Amérique, s’attacha au célèbre Quesnay, composa en commun avec lui plusieurs ouvrages, entre autres la Physiocratie (1768), se lia avec Turgot, qui l’appela près de lui pendant qu’il était ministre des finances, partagea la disgrâce de ce ministre, puis fut rappelé aux affaires par Vergennes, et fut un des rédacteurs du traité de 1783, qui reconnaissait l’indépendance de l’Amérique. Député en 1789 aux États généraux par le bailliage de Nemours, il vota les réformes les plus importantes, mais il encourut la colère du peuple pour avoir combattu la création des assignats et s’être montré fidèle à Louis XVI. Soustrait à la mort sous la Terreur par un ami qui le cacha, il alla chercher un refuge en Amérique, où il fut fort bien accueilli. Il ne revint en France que sous le Directoire et fut du Conseil des Cinq-Cents. En 1814 il fut nommé secrétaire du gouvernement provisoire ; mais après le rétablissement de Napoléon il retourna en Amérique. Dupont de Nemours a laissé une foule d’ouvrages sur l’économie, la politique, la physiologie, l’histoire naturelle, la physique générale. Outre la Physiocratie, nous citerons la Philosophie du bonheur, où il fonde la morale sur une seule loi, aimer ; de curieux Mémoires sur les animaux, où il prête aux brutes un langage ; une traduct. en vers du Roland furieux, et d’intéressants mémoires sur Turgot. Il rédigea quelque temps le Journal d’agriculture. Il avait été nommé membre de l’Institut dès sa fondation.

DUPONT DE L’ÉTANG (Pierre), lieutenant général, né à Chabannais (Charente) en 1765, mort en 1840, fut, au commencement de la Révolution, aide de camp des généraux Théobald et Arthur Dillon ; se distingua au combat de l’Argonne, et fut nommé successivement général de brigade (1793) et général de division (1797). Il combattit à Marengo et sur le Mincio ; parut avec beaucoup d’éclat dans les campagnes de 1805 et de 1806, et contribua puissamment à la victoire de Friedland. Envoyé en Espagne en 1808, il y obtint d’abord quelques avantages ; mais bientôt Castanos l’obligea de signer la capitulation déplorable de Baylen (23 juillet 1808). A son arrivée en France, il fut arrêté comme ayant trahi les intérêts de l’armée ; il demeura enfermé au fort de Joux jusqu’au retour de Louis XVIII. Appelé en 1814 au ministère de la guerre, il servit les passions du parti réactionnaire avec un tel excès que le roi fut obligé de l’éloigner au bout de quelques mois. Il fut député de la Charente de 1815 à 1830. Ce général cultivait la poésie dans sa retraite ; on a de lui une trad. des Odes d’Homère, 1836 ; l’Art de la guerre, poëme en dix chants, 1839, et quelques pièces détachées.

DUPONT (J. H.), dit D. de l’Eure, homme politique, né en 1767 à Neubourg (Eure), mort en 1855, fut successivement avocat au parlement de Rouen, accusateur public près le tribunal criminel de l’Eure, membre du Conseil des Cinq-Cents (1797), conseiller à la Cour impériale de Rouen (1811), puis président de cette cour ; siégea sous l’Empire au Corps législatif, et sous la Restauration à la Chambre des Députés, prit place parmi les membres les plus courageux de l’opposition libérale, fut, pour ce motif, destitué de ses fonctions de président (1818), devint, après la révolution de 1830, ministre de la justice, mais ne tarda pas à rentrer dans l’opposition et acquit une telle popularité qu’en 1848 il fut appelé par acclamation à la présidence du gouvernement provisoire ; mais, affaibli par l’âge, il ne fut président que de nom et ne put rien pour empêcher le mal qui se fit alors. Dans les différents postes qu’il occupa, Dupont de l’Eure se signala constamment par son intégrité et son patriotisme : aussi était-il respecté de tous les partis.

DUPORT (Adrien), député de la noblesse de Paris aux États généraux, né à Paris en 1759, était conseiller au parlement lors de la Révolution. Il fut une des lumières de l’Assemblée constituante, où il forma avec Lameth et Barnave une sorte de triumvirat qui hérita de la popularité de Mirabeau. Il présenta le 29 mars 1790 un travail admirable sur l’organisation du pouvoir judiciaire, et fit adopter le jugement par jurés. Chargé d’interroger Louis XVI après son évasion, il le fit avec tous les égards convenables. Poursuivi après le 10 août, il quitta la France, se retira en Suisse et mourut à Appenzell en 1798.

DUPORT DU TERTRE (François Joachim), littérateur, né à St-Malo en 1716, mort en 1759, abandonna l’ordre des Jésuites, où il était entré, pour s’occuper de littérature et d’histoire, et fut le collaborateur de Fréron et de l’abbé de La Porte. Il a laissé : Abrégé de l’histoire d’Angleterre, 1751 ; Histoire des conjurations, conspirations et révolutions célèbres, 1754 et années suivantes ; Bibliothèque amusante et instructive, 1755. - Son fils, L. Franç., né en 1754, était avocat avant la Révolution, en adopta les principes, mais avec modération, fut en 1790 ministre de la justice, perdit cet emploi à la chute de Lessart, et périt sur l’échafaud révolutionnaire en 1793. Il passe pour l’un des auteurs de l’Histoire de la Révolution par deux amis de la liberté, 1790.

DUPPEL, vge du Sleswig, en face de Sonderbourg. Les Danois y battirent les troupes de la Confédération germanique en 1848.

DUPPLIN, vge d’Écosse (Perth), voisin d’Aberdalgie, où les Écossais furent battus par les Anglais, 1332. V. ABERDALGIE.

DUPRAT (Ant.), cardinal, chancelier de France, né à Issoire en 1463, mort en 1535, était premier président au parlement de Paris (1507), lorsque la comtesse d’Angoulême lui confia l’éducation de soh fils, depuis François I. A l’avénement de ce prince (1515), il fut nommé chancelier. Il suivit François I en Italie, négocia avec Léon X le Concordat de 1516, qui sacrifiait les libertés gallicanes, et le fit enregistrer au parlement de Paris, malgré la plus vive opposition des cours souveraines, des universités et du clergé de France. Le chancelier devint dès lors l’objet d’une haine universelle, haine qui s’accrut encore lorsque, pour faire face aux dépenses qu’occasionnait la guerre contre Charles-Quint et aux profusions de la cour, il créa et vendit des offices, et leva des contributions sur le clergé. Cependant il n’en conserva pas moins un immense crédit : pendant l’absence et la captivité de François I, la duchesse d’Angoulême, régente du royaume, ne gouverna que par ses conseils, et le roi, à son retour, anéantit une procédure que le parlement avait commencée contre lui. Duprat, veuf depuis plusieurs années, avait embrassé l’état ecclésiastique, et la régente l’avait nommé archevêque de Sens ; en 1527 il fut créé cardinal, et en 1530 légat a latere. Il s’occupa alors particulièrement des affaires de religion, et provoqua toutes les mesures de rigueur qui furent prises contre les réformés. Ce ministre déploya une grande habileté, mais il fit le malheur du peuple par son ambition, son avidité et son dévouement servile aux volontés du prince. A la mort de Clément VII, 1534, il voulut lui succéder, et offrit à François I de subvenir par lui seul aux frais de son élection ; mais le roi n’accueillit pas la proposition. Sa Vie a été écrite en 1857 par le marquis Duprat, un de ses arrière-neveux, qui a cherché à réhabiliter sa mémoire. — Son fils, Guillaume Duprat, né en 1507, mort en 1560, évêque de Clermont, assista au concile de Trente, et introduisit à Paris les Jésuites, pour lesquels il fonda le collége de Clermont, depuis collége de Louis-le-Grand.

DUPRAT (PARDOUX), Pardulphus Prateius, jurisconsulte, né en 1520 à Aubusson, mort vers 1569, publia à Lyon : Jurisprudentia vetus (Dracon, Solon, XII Tables, etc.), 1559 ; Jurispr. media, 1561 ; Lexicon juris, 1569, et quelques trad., notamment celle du centon de Falconia en vers français.

DUPRÉ, joaillier, né aux environs de Grenoble vers 1715, m. en 1772, découvrit par hasard un nouveau feu grégeois, et communiqua sa découverte à Louis XV (1759). Les effets en étaient si terribles que, par humanité, le prince préféra ensevelir ce secret dans l’oubli, et acheta le silence de Dupré en lui donnant une pension de 2000 livres.

DUPRÉ DE SAINT-MAUR, maître des comptes, né à Paris vers 1695, mort en 1774, cultiva les lettres tout en remplissant les devoirs de sa place, goûta surtout la littérature anglaise et devint membre de l’Académie Française en 1733. On a de lui une trad. du Paradis perdu de Milton avec les remarques d’Addison, 1729 ; et des ouvrages estimés d’économie sociale : Essai sur les monnaies, 1746 ; Recherches sur la valeur des monnaies et le prix des grains, 1713, Il a dressé une Table de mortalité insérée par Buffon dans son Histoire naturelle de l’homme.

DUPRÉAU (Gabriel), Prateolus, théologien et philologue, né en 1511 à Marcoussis, mort à Péronne en 1588, professa la théologie au collége de Navarre à Paris, et combattit avec ardeur les nouveautés de Luther et de Calvin. On a de lui : Commentarii ex præstantissimis grammaticis desumpti, et Flores et sententiæ scribendique formulæ ex Ciceronis Epistolis familiaribus ; De Vitis, sectis et dogmatibus hæreticorum, 1569, par ordre alphabétique ; Histoire de l’état et succès de l’Église, en forme de chronique universelle, 1585. Il a traduit du grec deux livres attribués à Mercure Trismégiste, sur la puissance et la volonté de Dieu ; et du latin l’Histoire de la guerre sainte, de Guillaume de Tyr, 1573.

DUPUIS (Ch.), graveur, né à Paris en 1685, mort en 1742, élu en 1730 membre de l’Académie, a gravé un grand nombre de tableaux des galeries de Versailles et du Palais-Royal. On estime surtout : la Terre et l’Air, d’après L. Boullongne ; S. Jean dans le désert, d’après Carle Maratte ; le Mariage delà Vierge, d’après Vanloo. — Son frère, N. Gabriel, 1695-1771, sut donner à son burin la souplesse de la pointe. Ses œuvres les plus estimées sont : Énée sauvant son père de l’incendie de Troie, d’après Vanloo ; l’Adoration des rois, d’après P. Véronèse ; la Vierge et l’Enfant Jésus, d’après Annibal Carrache.

DUPUIS (Franç.), érudit, né à Trie-le-Château, près de Gisors, en 1742, mort en 1809, était fils d’un maître d’école. Il se fit d’abord connaître comme humaniste, fut nommé en 1766 professeur au collège dit de Lisieux (à Paris), et devint plus tard prof. d’éloquence latine au Collége de France. S’étant lié avec Lalande, dont il suivait les cours, il prit goût à l’astronomie, et rapprochant de cette nouvelle étude ses connaissances en mythologie, il fut conduit à imaginer que les divinités de la fable ne sont autre chose que des constellations, que les noms des dieux sont les mêmes que ceux des astres, que leurs bizarres aventures ne sont qu’une expression allégorique du cours des astres et de leurs rapports mutuels. Il exposa cet ingénieux système, dès 1777, dans le Journal des Savants ; en 1781, il publia un Mémoire sur l’origine des Constellations et sur l’explication de la Fable par l’astronomie ; en 1794, il fit paraître l’Origine de tous les Cultes, ou la Religion universelle (3 vol. in-4, ou 12 vol. in-8), où il développait tout au long son système ; il en donna un Abrégé en 1798. À la Révolution, il joua un moment un rôle politique, fut député à la Convention, puis au Conseil des Cinq-Cents, et fut même ballotté avec Moulins pour la place de directeur. Il avait été reçu en 1788 membre de l’Académie des inscriptions ; il fut de l’Institut dès sa formation. Outre l’Origine des Cultes, on a de lui un Mémoire sur le zodiaque de Tentyra, 1806, qui a excité une dispute célèbre : il veut y prouver que ce zodiaque représentait l’état du ciel à une époque où le point équinoxial coïncidait avec le signe de la Vierge, époque qui remonterait à 15 ou 16 mille ans (V. DENDERAH). On regrette que Dupuis ait exagéré jusqu’au ridicule l’idée fondamentale de son système, et surtout qu’il y ait joint des déclamations fort déplacées contre la religion. Dacier a prononcé son Éloge à l’Institut.

DU PUY, l’une des plus anc. familles du Dauphiné, eut pour berceau la terre de Peyrins près de Valence. Hugues Du Puy prit la croix en 1096 avec ses 3 fils et fut en Palestine un des plus vaillants capitaines. — Son 3e fils, Raymond Du Puy, né en 1080, mort en 1160, fut le 2e chef de l’ordre des Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem. Il succéda en 1121 à Gérard, instituteur de l’ordre, en fit un ordre militaire, de simple hospitalier qu’il était, établit la division des membres en trois rangs (chevaliers, servants et chapelains), s’illustra à la tête de ses chevaliers par ses exploits et prit Ascalon en 1153. — Du Puy de Montbrun, l’un des plus vaillants chefs des Protestants au XVIe siècle, descendait de cette famille.

DUPUY (Henri), en latin Erycius Puteanus, en hollandais Van den Putte, professeur et philologue, né à Venloo en 1574, mort à Louvain en 1646, enseigna les belles-lettres dans l’université de cette ville. Il a publié 98 ouvrages divers sur l’éloquence, la philologie, la philosophie, l’histoire, la politique et les mathématiques. Nous citerons seulement : De usu fructuque librorum Bibliothecæ Ambrosianæ, Milan, 1605 ; Comus sive Phagesiposia cimmeria, de luxu somnium, Louvain, 1608, trad. par Nic. Pelloquin, sous ce titre : Comus, ou Banquet dissolu des Cimmériens, Paris, 1613 ; Bruma, Munich, 1619. C’était un homme fort érudit, mais il recherchait trop l’esprit et tombait dans des jeux de mots forcés.

DUPUY (Pierre), garde de la Bibliothèque du roi, né à Agen en 1592, mort en 1651, travailla avec ardeur à l’inventaire du trésor des chartes. Ami du président de Thou, il donna ses soins aux éditions de son histoire qui parurent en 1620 et 1626. On a de lui : Traités des droits et libertés de l’Église gallicane, avec les Preuves, 1639 ; la Condamnation des Templiers, l’Histoire du schisme d’Avignon, et quelques procès criminels, 1654 ; Traité de la majorité de nos rois et des régences du royaume, 1655 ; Hist. des plus illustres favoris anciens et modernes, 1654. — Son frère, Jacques, prieur de St-Sauveur, mort en 1656, fut également garde de la Bibliothèque du roi : il légua à cet établissement 9000 volumes précieux qu’il avait rassemblés, et 296 manuscrits : c’est ce qui forme encore auj. le fonds Dupuy.

DUPUY (Louis), érudit, né en 1709 à Chazey (Ain), mort en 1795, dirigea pendant 30 ans le Journal des Savants, fut admis en 1756 à l’Académie des inscriptions et en devint secrétaire perpétuel en 1773. Il a fourni à l’Académie de savants mémoires, notamment sur les monnaies anciennes et sur les langues orientales, et a traduit pour le Théâtre des Grecs du P. Brumoy plusieurs tragédies de Sophocle.

DUPUYTREN (Guill.), un de nos plus grands chirurgiens, né en 1777 à Pierre-Buffière (H.-Vienne), mort en 1835, fut nommé à 18 ans prosecteur de la Faculté de Paris, et à 24 chef des travaux anatomiques, devint en 1812 professeur de médecine opératoire, en 1815 chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu, fut fait baron en 1816 et nommé 1er chirurgien du roi, et fut admis à l’Institut en 1820. Il avait été nommé inspecteur général dès la fondation de l’Université (1808). Dupuytren a peu écrit ; sa thèse pour le doctorat, quelques articles disséminés dans le Dictionnaire de médecine, des mémoires sur les anus contre nature, sur la ligature des principaux troncs artériels, sur la fracture du péroné, sont à peu près tout ce qui reste de lui ; mais il fut avant tout professeur et praticien ; il a exécuté et perfectionné presque toutes les opérations chirurgicales. Sa dextérité, son sang-froid, sa hardiesse, que l’on a voulu taxer d’inhumanité, son esprit inventif, lui ont acquis le premier rang ; on lui doit plusieurs opérations nouvelles, notamment la cicatrisation de l'intestin dans les hernies étranglées. Dupuytren amassa une grande fortune, que l'on porte à 3 000 000 de fr.; en 1830, il en offrit le tiers à Charles X exilé. Il a légué à la Faculté une somme de 200 000 fr., qui a été appliquée à la fondation d'une chaire d'anatomie pathologique et à la création d'un musée anatomique, justement nommé en son honneur le Musée Dupuytren.

DUQUESNE (Abraham), célèbre marin français, né à Dieppe en 1610, mort en 1688, se forma sous les yeux de son père, habile capitaine, et donna bientôt une si haute idée de sa valeur et de ses talents qu'à peine âgé de 27 ans il obtint le commandement d'un vaisseau, avec lequel il contribua puissamment à chasser les Espagnols des îles de Lérins. Il se signala aussi au combat de Tarragone en 1641, Et à celui du cap de Gata, où il fut blessé, en 1643. Pendant les troubles de la minorité de Louis XIV, il alla servir le roi de Suède : nommé vice-amiral par ce prince, il défit complétement devant Gothembourg la flotte danoise commandée par Christian IV en personne. Rappelé en France en 1647, il arma à ses frais une escadre; il battit en 1650 les Anglais et les Espagnols qui avaient envoyé plusieurs vaisseaux au secours de Bordeaux révolté et fut en récompense créé chef d'escadre. Dans la guerre de 1672, Louis XIV opposa Duquesne au fameux Ruyter, amiral hollandais : il remporta en 1676, près de Messine, une victoire signalée sur ce terrible adversaire, qui mourut de ses blessures quelques jours après. Chargé ensuite de purger de pirates la Méditerranée, il battit à Chio la flotte de Tripoli (1681), bombarda 2 fois Alger (1682, 1683), et força le dey à restituer tous les esclaves chrétiens; il bombarda de même Gênes, qui avait vendu quelques secours aux Algériens, et contraignit le doge à venir s'humilier aux pieds du roi de France (1684). Duquesne était protestant, ce qui empêcha Louis XIV de l'élever à la dignité d'amiral. Cependant il le fit marquis et érigea eu marquisat sa terre du Bouchet près d'Étampes. Dieppe, sa patrie, lui a élevé une statue (1844).

DUQUESNOY (François), sculpteur, connu sous le nom de François Flamand, né à Bruxelles en 1594, mort à Rome en 1646, eut pour maître son propre père, et pour protecteur l'archiduc Albert d'Autriche, qui lui accorda une pension pour aller se perfectionner en Italie. A peine avait-il atteint l'âge de 25 ans, qu'il perdit son bienfaiteur, et se vit obligé de travailler pour vivre. Il se fixa à Rome et s'y lia avec Poussin, comme lui malheureux et comme lui passionné pour les arts. Duquesnoy avait fait une étude particulière du Titien et de l'Albane : aussi excellait-il à représenter les enfants; on regarde comme ses chefs-d'œuvre les Groupes d'enfants qui accompagnent les colonnes du maître autel de St-Pierre de Rome ; la Ste Susanne de Lorette et le S. André de St-Pierre. Ces deux derniers ouvrages sortent cependant de son genre favori. Il se disposait à venir en France quand il fut empoisonné, dit on, par son frère Jérôme Duquesnoy, sculpteur comme lui, qui était jaloux de son talent.

DUQUESNOY (F. J.), député à l'Assemblée législative, puis à la Convention, était un ancien prêtre. Violent terroriste, il fut envoyé avec Lebon dans l'Artois, la Picardie et à l'armée du Nord, et égala son collègue en cruauté. Ayant pris part à l'insurrection du 1er prairial an III (1795), qui tendait à ressusciter le système de Robespierre, il fut condamné à mort; il se tua au moment d'aller au supplice. — Son frère, le général Duquesnoy, mort en 1797, commanda la Colonne infernale en Vendée et se signala également par sa cruauté : il se nommait lui-même le Boucher de la Convention. — Un autre Duquesnoy, Adrien, député aux États généraux en 1789, puis maire de Nancy, se signala au contraire par sa modération, et n'échappa au supplice que grâce au 9 thermidor. Placé depuis dans les bureaux de l'Intérieur, il s'occupa surtout des établissements de bienfaisance. Il mourut en 1808.

DURANCE, Druentia, rivière de France, naît au mont Genèvre, dans les Alpes; passe à Briançon, Mont-Dauphin, Embrun, Sisteron, Cavaillon, et tombe dans le Rhône à 6 kil. au-dessous d'Avignon, après un cours précipité de 330 kil. Elle est sujette à de fréquents débordements. Elle reçoit l'Ubaye, la Bléone, le Verdon et le canal de Craponne.

DURAND (Guill.), dit le Spéculateur, né vers 1232 près de Riez, mort en 1296, enseigna le droit à Modène, puis à Rome, où Clément IV le nomma auditeur de Rote, administra pour Grégoire X le patrimoine de St-Pierre, mais excita une révolte par sa rigueur et se vit contraint de quitter l'Italie; il revint en France et obtint l'évêché de Mende (1287). Il avait composé des ouvrages qui eurent une vogue extraordinaire au moyen âge : le Speculum judiciale (Miroir du Droit), qui lui valut son surnom de Spéculateur; le Rationale divinorum officiorum, un des premiers livres qui aient été imprimés (Mayence, 1459). M. V. Le Clerc lui a consacré une savante notice dans l’Hist. littéraire de France.

DURAND de St-Pourçain (Guill.), dominicain, né à St-Pourçain (Allier), mort vers 1333, fut maître du sacré palais, évêque du Puy en 1318 et de Meaux en 1326. Il se fit un nom parmi les scolastiques par la hardiesse et la nouveauté des solutions qu'il proposa, et mérita le surnom de Doctor resolutissimus. Il a laissé des Commentaires sur Pierre Lombard, 1508, et des écrits sur la juridiction ecclésiastique.

DURAND (David), ministre protestant, né en 1681 à St-Pargoire (Hérault), mort en 1763, fut obligé de quitter la France à cause de sa religion, séjourna quelque temps en Hollande où il se lia avec Bayle, se rendit en 1714 à Londres, ou il fut nommé ministre d'une église française, et y mourut à 82 ans. Il a laissé une Vie de Vanini, 1717; la Religion des Mahométans, 1721; a continué Rapin Thoyras, et a traduit les Académiques de Cicéron, Londres, 1740.

DURAND DE MAILLANE (Pierre Toussaint), canoniste, né en 1790 à St-Remi en Provence, mort en 1814, fut successivement député d'Arles aux États généraux de 1789, représentant des Bouches-du-Rhône à la Convention, membre du Conseil des Anciens. Il a écrit : Dictionnaire du droit canonique, Avignon, 1761, 2 vol. in-4; Institutes et Hist. du Droit canonique, Lyon, 1770, 10 vol. in-12; les Libertés de l'Église gallicane, Lyon, 1771, 5 v. in-4.

DURANDAL, nom donné dans les romans de la Table ronde à l’épée merveilleuse du paladin Roland.

DURANGO, v. du Mexique, ch.-l. de l'État de Durango, à 490 kil. de Chihuahua et à 725 k. N. O. de Mexico; 25 000 hab. Cette v. est située à 2282m au-dessus de la mer. Évêché. Durango fut fondée en 1551 par Alonzo Pacheco. — L’État, situé entre ceux de Cohahulla, Xalisco, Zacatecas, Sonora-y-Sinaloa et le Nouv.-Mexique, a 880 kil. sur 600 et 200 000 h. Mines d'or et d'argent.

DURANIUS, riv. de Gaule, auj. la Dordogne.

DURANTE (François), compositeur italien né à Naples en 1693, mort en 1755, maître de chapelle au Conservatoire de St-Onofrio, est regardé comme le chef de l'école musicale moderne : c'est lui qui forma Pergolèse, Duni, Piccini, Sacchini, Paisiello. Il s'est exercé principalement sur des sujets d'église.

DURANTI (le président Étienne), fils d'un conseiller au parlement de Toulouse, fut capitoul en 1563, ensuite avocat général, et enfin 1er président au parlement de Toulouse, 1581. Il s'opposa avec force aux fureurs de la Ligue. Après avoir échappé plusieurs fois à la mort en voulant calmer les séditions du peuple, il succomba enfin victime de son généreux dévouement : les rebelles le tuèrent d'un coup d'arquebuse en 1589. Toulouse lui a élevé une statue. La Mort du président Duranti a été reproduite sus la toile avec un rare talent par Paul Delaroche.

DURAS, ch.-l. de cant. (Lot-et-Garonne), à 26 k. N. de Marmande ; 648 hab. Ce lieu, qui a donne son nom à une branche de la maison de Durfort, fut érigé en marquisat en 1609, en duché en 1689, en faveur de la maison Durford.

DURAS (Jacques Henri de DURFORD, duc de), maréchal de France, d’une des plus anciennes familles de Guyenne, né en 1626, mort en 1704, servit d’abord sous Turenne, son oncle maternel, et sous le grand Condé ; se distingua à Mariendal, à Nordlingue ; suivit en 1651 le parti de Condé, alors rebelle ; rentra au service du roi en 1657, avec le titre de lieutenant général ; eut une grande part à la conquête de la Franche-Comté ; fut nommé par Louis XIV gouverneur de cette province et maréchal (1675), et fait duc et pair en 1689. - Son frère, Gui Aldonce de Duras, qui fut aussi maréchal, est plus connu sous le nom de duc de Lorges (V. LORGES). — Un autre frère, Louis de D., comte de Feversham, entra au service de Charles II, roi d’Angleterre, devint vice-roi d’Irlande, premier écuyer de la reine, et défit le duc de Monmouth à Sedjemoor. Il donna les premières leçons de l’art de la guerre au fameux Churchill, comte de Marlborough. — J. B., duc de Duras, fils de Jacq. Henri, né en 1684, mort en 1770, se distingua en Allemagne, en Flandre, en Espagne ; fut fait en 1720 lieutenant général et gouverneur de la Guyenne ; se trouva aux sièges de Kehl (1733), de Philipsbourg ; prit Worms (1734), et fut fait maréchal en 1741. — Mlle de Duras, sœur de Jacques Henri, dame d’atours de la duchesse d’Orléans, était protestante et fut convertie au catholicisme par Bossuet en 1678, à la suite de célèbres conférences.

DURAS (Claire LECHAT DE KERSAINT, duchesse de), fille du comte de Kersaint, née à Brest en 1777, morte en 1828, fut l’amie de Mme de Staël. Elle a publié deux romans qui eurent une grande vogue, Ourika et Édouard, Paris, 1824. Elle avait épousé Amédée, duc de D., 1er gentilhomme de la chambre, qui montra beaucoup de dévouement à Louis XVI, et qui fut nommé par Louis XVIII maréchal de France.

DURAS ou DURAZZO (ducs de), princes italiens de la maison d’Anjou. V. DURAZZO et CHARLES DE DURAS.

DURAZZO, Epidamnus, puis Dyrrachium, ville maritime de Turquie (Albanie), sur un cap, à 82 k. S. de Scutari ; 5000 hab. Citadelle en ruines ; petit port. Archevêché grec ; évêché catholique. César, poursuivant Pompée, l’assiégea dans cette ville. — Les Normands, commandés par Robert Guiscard, y défirent l’empereur grec Alexis Commène en 1081. Cette ville devint au moyen âge un duché qui fut possédé par plusieurs princes de la maison d’Anjou-Sicile. Bajazet II la réunit à la Turquie.

DURAZZO (Ch. de). V. CHARLES DE DURAS (à la série des Charles, rois de Naples).

DURBAN, ch.-l. de cant. (Aude), à 35 k. S. O. de Narbonne ; 564 hab. Mines de houille.

DURDENT (R. J.), écrivain médiocre, né à Rouen vers 1776, mort à Paris en 1819, abrégea sa vie par son intempérance. Il coopéra à la Gazette de France, au Mercure étranger, à la Biographie universelle, et publia, entre autres ouvrages : Campagne de Moscou en 1812, Paris, 1814 ; Hist. critique du Sénat conservateur, 1815 ; Hist. de Louis XVI, 1816 ; Clémentina ou le Sigisbéisme, 1817 ; Hist. de la Convention, 1817 ; Hist. littéraire et philosophique de Voltaire, 1818. Il a aussi composé un poëme sur la victoire d’Austerlitz, 1806.

DUREAU DE LA MALLE (J. B. René), traducteur, né à St-Domingue en 1742, mort en 1807, vint étudier à Paris. Possesseur d’une brillante fortune, il se consacra tout entier aux lettres et fit de sa maison le rendez-vous des écrivains les plus distingués. Il débuta par la trad. des Bienfaits de Sénèque, 1776 ; donna en 1793 une trad. de Tacite, qui fit sa réputation (réimprimée en 1808 et 1816), et laissa une traduction de Salluste, qui parut en 1808. Il avait entrepris la trad. de Tite-Live : cette trad., complétée par son fils et par Noël, a été publiée de 1810 à 1815 en 15 vol. in-8. Sa trad. de Tacite a passé pour la meilleure jusqu’à la publication de celle de M. Burnouf. Dureau de la Malle avait été nommé membre du Corps législatif en 1802 et de l’Académie française en 1804.

DUREAU DE LA MALLE (Aug.), fils du précéd., né à Paris en 1777, mort en 1857, cultiva à la fois la poésie, le dessin, les sciences et l’érudition, débuta en 1798 par une trad. en vers de l’épisode de Françoise de Rimini, de Dante, donna en 1811 une trad., également en vers, de l’Argonautique de Valerius Flaccus, et en 1823 Bayard, poëme original, en 12 chants, auj. oublié. En même temps il se livrait à de profondes recherches sur la géographie et la statistique des anciens, et publiait la Géographie physique de la Méditerranée et de la mer Noire (1807). Admis en 1818 à l’Académie des inscriptions, il justifia ce choix par de nombreux travaux : Poliorcétique des anciens (1819-22) ; De l’Origine et de la patrie des Céréales (1819 et 1826) ; Des Progrès et de la décadence du Luxe chez les Romains ; De la Population de l’Italie ancienne (1825) ; De l’Agriculture, de l’Administration, des Poids et Mesures des Romains (1827-28) ; De la Topographie de Carthage (1835). Il rédigea, au nom de l’Académie, les Recherches sur l’histoire de la régence d’Alger et sur la colonisation de l’Afrique sous la domination romaine (1837 et ann. suiv.), et donna en 1840 l’Économie politique des Romains (2 vol. in-8), ouvrage qui résumé toutes ses recherches sur ce peuple.

DUREN, Marcodurum, ville des États prussiens (prov. Rhénane), sur la Roër, à 15 k. S. E. de Juliers et à 20 k. E. d’Aix-la-Chapelle ; 8500 h. Chemin de fer. Draps, couvertures, etc. Charlemagne tint à Duren deux Champs de mai, 775 et 779. Elle devint ensuite ville impériale. Elle fut prise et incendiée par Charles-Quint, 1543. Les Français la prirent en 1794, et la gardèrent jusqu’en 1814 : elle était comprise dans le dép. de la Roër.

DURER (Albert), artiste célèbre, né à Nuremberg en 1471, m. en 1528, se distingua également comme peintre et comme graveur, perfectionna la gravure sur cuivre et sur bois, fit usage de la pointe et inventa, selon quelques-uns, la gravure à l’eau-forte. Il parcourut les Pays-Bas, visita Venise, Vienne, obtint la faveur des empereurs Maximilien I, Charles-Quint et de Ferdinand, qui employèrent fréquemment ses talents, fut nommé par Charles-Quint peintre de la cour impériale, et reçut de lui des titres de noblesse. Ses ouvrages sont fort nombreux ; on estime surtout, parmi ses tableaux : Adam et Ève, une Adoration des Mages, le Christ sur la croix, environné d’une gloire, le Martyre de S. Barthélemy, le Martyre des dix mille saints, et les portraits d’Erasme, de Mélanchthon, de l’empereur Maximilien, d’Albert, électeur de Mayence ; parmi ses gravures : le Chevalier de la mort, le Diable chevalier, Juda et Thamar, la Fortune, la Mélancolie, la Modération, S. Hubert, S. Jérôme, S. Eustache, le Joueur de cornemuse. Il a laissé un Traité des proportions du corps humain, 1525, trad. par L. Meigret, 1557, et a enrichi de ses dessins plusieurs ouvrages, tels que l’Arc triomphal et le Char triomphal de Maximilien, la Passion de J.-C., l’Apocalypse, l’Histoire de la vierge Marie. On admire dans les peintures d’A. Durer une vérité parfaite et un vif coloris ; mais elles manquent quelquefois de grâce et de noblesse. Eye a donné sa Vie avec la liste de ses œuvres, Leips., 1860.

DU RESNEL (J. Fr. du Bellay), abbé de Sept Fontaines, né à Rouen en 1692, mort à Paris en 1761, a trad. en vers l’Essai sur la critique et l’Essai sur l’homme, de Pope, 1730 et 1737. Il fut membre de l’Académie Française et de celle des inscriptions.

DURFORT, anc. famille de Guyenne, tirait sans doute son nom de Durfort près de Sorèze (Tarn), vge de 600 h. Les principales branches sont celles de Duras et de Lorges. V. ces noms.

DURHAM, Dunelnum, v. d’Angleterre, ch.-l. du comté de Durham, à 418 k. N. E. de Londres, sur la Wear ; 20 000 hab. Évêché, université ecclésiastique, fondée en 1832 par l’évêque de Durham, belle cathédrale gothique du XIe siècle, renfermant le tombeau de Bède le Vénérable. Air très-salubre. Durham passe pour avoir été bâtie 70 ans avant la conquête romaine. — Le comté, au N. de l’Angleterre, sur la mer du Nord, entre ceux d’York au S., de Northumberland au N., a 71 kil. sur 44, et 412 000 h. Riche et fertile, surtout au S. Chevaux, bétail estimé ; race de taureaux renommée. Mines de houille, de fer et de plomb. Industrie métallurgique très-active.

DURIA, nom anc. de la Doire. V. ce nom.

DURIS, de Samos, historien grec, né vers 340 av. J.-C., m. vers 270, s’empara de la tyrannie à Samos et fut chassé en 301. Il avait composé plusieurs ouvrages, qui sont perdus. Il reste seulement quelques fragments de ses Macédoniques, qui commençaient à l’année qui suivit la bat. de Leuctres (370) et allaient jusqu’à la mort de Lysimaque ou de Séleucus. On l’accusait de manquer de critique. Les fragments de Duris ont été recueillis par J. G. Hullemann, Utrecht, 1841, et par C. Muller, 1848, dans les Historic. græc. fragmenta de la collection Didot.

DURIUS, fleuve d’Hispanie, auj. le Douro.

DURLACH. V. DOURLACH.

DUROC (Michel), duc de Frioul, grand maréchal du palais de Napoléon, né à Pont-à-Mousson (Lorraine) en 1772, mort en 1813. Aide de camp du général Bonaparte dès 1796, il se distingua en Italie, surtout au passage de l’Isonzo, où il fut blessé grièvement (1797), et en Égypte à Jaffa, Aboukir et St-Jean-d’Acre. Revenu en France avec Bonaparte, il fut employé par lui, après le 18 brumaire, dans différentes négociations délicates auprès des cours étrangères ; s’en acquitta au gré de son maître, et obtint de lui par là une entière confiance. Lors de la formation de la nouvelle cour, en 1805, il fut créé grand maréchal du palais, spécialement chargé de veiller à la sûreté de la personne impériale. Il commanda une division de grenadiers à Austerlitz, contribua au succès des batailles de Wagram et d’Essling, et mourut atteint d’un boulet de canon à Wurtschen (22 mai 1813). Napoléon pleura longtemps sa perte ; en 1815, au moment de s’embarquer à bord du Bellérophon, il demanda qu’il lui fût permis de vivre en Angleterre sous le nom de colonel Duroc. Les restes du grand maréchal ont été portés aux Invalides sous L.-Philippe et déposés à côté de ceux de l’empereur.

DUROCASSES, v. de Gaule, auj. Dreux.

DUROCATALAUNUM, auj. Châlons-sur-Marne.

DUROCORTORUM, v. de la Gaule, auj. Reims.

DU ROURE (maison de), noble maison du Viennois, qui au XIIe siècle s’établit dans le Gévaudan et le Vivarais, a donné naissance à plusieurs branches ; une d’entre elles s’est perpétuée en Italie sous le nom de della Rovere (mais il ne faut pas la confondre avec la célèbre maison de Rovere, originaire de Savone, d’où sortirent les papes Sixte IV et Jules II). En France, les branches principales de cette famille sont celles des barons de Beaumont, des marquis de Grisac et des sires de Brison. À cette dernière appartient :

DU ROURE (Joachim de BEAUVOIR), dit le Brave Brison, né en 1577, mort en 1628. Il servit d’abord en Savoie, sous Lesdiguières ; puis, ayant abandonné le Catholicisme, se mit à la tête des Huguenots du Vivarais, s’empara de Privas (1620), favorisa par son activité les opérations des réformés de Nîmes et de Montpellier, et tint en échec pendant six ans les troupes de Lesdiguières. Il fit enfin sa paix avec le connétable, et fut nommé maréchal de camp (1626) ; mais, devenu par là suspect à ses coreligionnaires, il fut assassiné par eux près de Privas.

DUROVERNUM, v. de Bretagne, auj. Cantorbéry.

DURRENBERG, mont. de l’archiduché d’Autriche, à 3 kil. S. O. de Hallein, a 544m de haut. Elle est très-riche en sel gemme ; on en tire annuellement 300 000 quintaux.

DURRENSTEIN. V. DIERNSTEIN.

DURTAL, ch.-l. de cant. (Maine-et-Loire), sur le Loir, à 17 kil. N. O. de Baugé ; 1600 hab. Papeterie, briqueterie, tuileries. Bâti en 1040, érigé en comté en 1564 par le comte d’Anjou Foulques de Nerra.

DU RYER (André), orientaliste, né à Marcigny en Bourgogne vers 1580, fut agent diplomatique à Constantinople et consul de France à Alexandrie en Égypte. Il publia en 1630 une grammaire Turque, en latin ; traduisit en français Gulistan ou l’Empire des Roses, de Saadi, 1634, l’Alcoran, 1647, et laissa en ms. un Dictionnaire turc-latin (à la Bibl. impér.).

DURYER (Pierre), fécond écrivain, né à Paris en 1605, mort vers 1658, fut secrétaire de César, duc de Vendôme, puis historiographe de France, et fut reçu en 1646 à l’Académie française. Il passa la plus grande partie de sa vie dans la misère, et travailla pour les libraires à bas prix. On a de lui un grand nombre de tragédies, dont la moins mauvaise est Scévole, 1647, et des traductions d’Hérodote, Tite-Live, Polybe, Ovide, Cicéron, Sénèque, Quinte-Curce, Strada, de Thou, etc., dont la plupart ne sont que des réimpressions ; la plus estimée est celle de Cicéron, qui est originale et presque complète.

DUSART (Corneille), peintre hollandais, né en 1665 à Harlem, mort en 1704, élève d’Adrien Van Ostade, a peint des scènes de la vie rurale, où il approche de son maître par l’énergie, la couleur et le ton. Ses fleurs sont très-estimées. Ses eaux-fortes sont aussi recherchées que ses tableaux.

DUSOMMERARD (Alex.), antiquaire, né à Bar-sur-Aube en 1779, mort à Paris en 1842, était conseiller à la Cour des comptes. Plein d’admiration pour l’architecture du moyen âge, il conçut de bonne heure le projet de conserver le souvenir d’un art dont les traces disparaissaient tous les jours : il alla dans ce but s’établir dans l’hôtel de Cluny (rue des Mathurins), palais gothique que George d’Amboise, avait fait construire à la fin du XVe s., et y créa un musée d’antiquités nationales qui, à sa mort, fut acquis par l’État. On lui doit des Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes, 1834 ; et les Arts au moyen âge (510 pl. in-fol. et 5 vol. de texte, 1842-1846), ouvrage capital, auquel il travailla jusqu’à sa mort, et qui prouve autant de goût que d’érudition.

DUSSAULT (Jean Joseph), critique, né à Paris en 1769, mort en 1824, avait étudié à Ste-Barbe. Il fut un des fondateurs du Journal des Débats, et y rendit compte pendant 30 ans, avec goût et convenance, des ouvrages littéraires. On a réuni ses articles sous le titre d’Annales littéraires, 5 vol., 1818-24. Il fut nommé sous Louis XVIII conservateur de la Bibliothèque Ste-Geneviève. Il avait commencé, pour la collection Lemaire, une édition de Quintilien qui a été achevée par MM. Defrenne et Bouillet.

DUSSAULX (Jean), littérateur, né à Chartres en 1728, mort en 1799, était petit-neveu de Nicolle. Il fit la campagne de Hanovre en qualité de commissaire des guerres, puis se livra aux lettres, se fit connaître avantageusement en 1770 par une traduction de Juvénal, fut admis en 1776 à l’Académie des inscriptions, devint secrétaire du duc d’Orléans, et fut député à l’Assemblée législative et à la Convention où il se signala par sa modération. Outre la traduction de Juvénal, Dussaulx a publié un traité estimé De la Passion du Jeu, 1779, et a donné à l’Acad. plusieurs Mémoires, dont un sur Horace.

DUSSEK (J. Ladislas), compositeur et pianiste, né en 1762 à Czaslau en Bohême, mort en 1812, était fils d’un habile organiste. Il composa dès l’âge de 13 ans une messe solennelle, séjourna successivement à la Haye près du stathouder, à Hambourg, où il se perfectionna sous Emmanuel Bach, enfin à Paris, qu’il quitta lors de la Révolution pour se réfugier en Angleterre, mais où il revint dès 1800 et où finit ses jours. On a de lui 70 morceaux pour le piano (sonates, symphonies, concertos, duos, fantaisies), une excellente Méthode de piano, des oratorios, entre autres la Résurrection. Dans ses compositions, sages et devenues classiques, on trouve une verve tempérée par la grâce du chant, des coupes heureuses, et une mélodie soutenue qui enchante sans fatiguer. Il releva la sonate du discrédit où elle était tombée.

DUSSELDORF, v. des États prussiens (prov. Rhénane), ch.-l. de régence, sur le Rhin et le Dussel, à 600 kil. S. O. de Berlin; 40 000 hab. Très-jolie ville, divisée en 3 parties, Altstadt ou vieille-ville, Neustadt ou ville-neuve, et Karlstadt. Port franc, pont fixe sur le Rhin ; chemin de fer. Belle place du Marché, belle cathédrale St-Lambert, renfermant les tombeaux des ducs de Juliers-et-Berg, hôtel du Gouvernement; observatoire, cabinet de physique. La galerie de tableaux, longtemps célèbre, fut transférée en 1805 à Munich. Acad. des sciences et des arts, école de commerce. Draps, velours, savon, blanchisseries, imprimeries lithographiques et sur toiles, etc. — Érigée en ville en 1288, Dusseldorf fut longtemps la capitale du duché de Juliers-et-Berg, puis passa sous la domination des comtes palatins. Prise par les Français sur les Bavarois en 1795, restituée à la Bavière par le traité de Lunéville en 1801, elle passa avec le duché de Berg à la Prusse en 1815. — La régence de D., entre la Hollande au N. et à l'O., les régences d'Aix-la-Chapelle et de Cologne au S., et la prov. de Westphalie à l'O., a 54 myriam. carrés et 891 000 hab. Outre Dusseldorf, elle a pour villes principales : Elberfeld, Crevelt et Barmen. C'est un des pays les plus industriels de l'Allemagne.

DUTEMPS (l'abbé), docteur de Sorbonne, prof. d'histoire et de morale au Collége de France, né en 1745 en Franche-Comté, m. en 1811, a publié, entre autres écrits, le Clergé de France, tableau historique des prélats du royaume, 1774-75, 4 vol. in-8, et l’Hist. du duc de Marlborough, 1808.

DUTENS (Louis), savant polygraphe, né à Tours en 1730, de parents protestants, mort en 1812, quitta la France à cause de ses opinions religieuses, adopta l'Angleterre pour patrie et entra dans le clergé anglican. Il accompagna Stuart de Mackenzie, ambassadeur à Turin (1758), fut lui-même plusieurs fois chargé d'affaires de l'Angleterre dans cette résidence et obtint le titre d'historiographe de la Grande-Bretagne, avec un riche bénéfice. Il était membre de la Société royale de Londres et associé de l'Acad. des inscriptions de France. On a de lui une édition estimée, quoique incomplète, des Œuvres de Leibnitz (J. G. H. Leibnitzii Opera omnia), 1768-69, 6 v. in-4; et plusieurs ouvrages originaux, entre autres : un mémoire Sur le Miroir d'Archimède, Genève, 1777; Recherches sur l'origine des découvertes attribuées aux modernes, 1766 et 1802; un Traité des moyens de réunion de toutes les églises chrétiennes, Genève, 1781, et un livre intitulé : Mémoires d'un voyageur qui se repose, 1806 (ce sont ses propres mémoires). — Son neveu, J. Michel D., né à Tours en 1732, mort en 1848, s'est fait un nom comme économiste; il professait les doctrines de Quesnay, de Turgot et de toute l'école des physiocrates. Ses principaux ouvrages sont : Analyse des principes fondamentaux de l’Économie politique, Paris, 1804; Les travaux publics de l'Angleterre, 1819, savant mémoire fruit d'une mission que lui avait donnée le gouvernement; Hist. de la navigation intérieure de la France, 1829. Il était membre libre de l'Acad. des sciences morales.

DUTERTRE (Jean Baptiste), religieux dominicain, né à Calais en 1610, mort à Paris en 1687, avait été employé de 1640 à 1658 dans les missions des Antilles, et publia, d'après les observations et les recherches qu'il y avait faites, une Hist. générale des Antilles habitées par les Français, 1667-1691, 4 v. in-4, avec cartes et fig. — V. DUPORT-DUTERTRE.

DUTILLET (Jean), greffier du parlement de Paris, mort en 1570, est le premier qui ait traité l'histoire de France d'après les chartes et les titres authentiques. Il a laissé plusieurs savants ouvrages qui n'ont été imprimés qu'après sa mort : Sommaire de la guerre faite contre les Albigeois, 1590; Mémoire et advis sur les libertés de l'Église gallicane, 1594; Recueil de guerres et de traités de paix.... entre les rois de France et d'Angleterre, depuis Philippe I jusqu'à Henri II, 1588; Recueil des rois de France, leur couronne et maison, 1618. — V. TITON DU TILLET.

DUTOT, économiste du XVIIIe siècle, était caissier de la compagnie des Indes fondée par Law. Il se rendit célèbre par ses Réflexions politiques sur les finances et le commerce, publiées d'abord sous forme de lettres, 1735, puis comme ouvrage, 2 vol. in-12, 1738. Il y montre que le numéraire n'a point une valeur arbitraire que le souverain puisse modifier à son gré, comme on le prétendait. Cet ouvrage a été réimprimé en 1843 dans les Économistes français.

DUTROCHET (Joachim), savant physiologiste, né en 1776 au château de Néol (Indre), mort en 1847, était issu d'une famille noble, qui émigra et fut ruinée par la Révolution. Il fit plusieurs campagnes comme médecin des armées, se retira près de Château-Regnaud, où il se livra à une étude approfondie des faits les plus mystérieux de la nature, fut élu en 1828 membre de l'Académie dés sciences et vint alors se fixer à Paris. Entre ses nombreux travaux, on remarque sa Nouvelle théorie de la voix (1800), et de l'harmonie (1810), sa Théorie de l'habitude et des sympathies (1810), ses Recherches sur l'accroissement et la reproduction des végétaux (1821), — sur l'Ostéogénie (1822), — sur la Structure intérieure des animaux et des végétaux (1824), — sur l'Agent immédiat du mouvement vital (1826), — sur l'Endosmose et l'Exosmose (1828), — sur le Développement de l'œuf et du fœtus, — sur la Direction radicale des végétaux et l'ascension de la sève. Il réunit en 1837 tous ses travaux sous le titre de Mémoires pour servir à l'histoire anatomique et physiologique des végétaux et des animaux. Il a publié depuis des Recherches physiques sur la force épipolique, 1842-1843. Les travaux de Dutrochet se distinguent par l'originalité; il s'efforça surtout d'expliquer par les lois de la physique et de la chimie les phénomènes de la vie. Son nom restera attaché à la découverte des singuliers phénomènes d’endosmose et d’exosmose.

DUTTWEILER, v. des États prussiens (prov. Rhénane), à 3 kil. N. de Sarrebruck; 1000 hab. Mines d'alun, qui fournissent 800 quintaux par an.

DUUMVIRS, magistrats au nombre de deux, institués chez les Romains pour certaines fonctions spéciales, le plus souvent temporaires. On distinguait des D. frumentaires, chargés de distribuer le blé au peuple; des D. édificateurs, dédicateurs, chargés de faire bâtir un temple ou d'en faire la dédicace; des D. coloniaux ou municipaux, magistrats supérieurs des municipes ou des colonies, qui y remplissaient les fonctions des consuls de Rome et en avaient le rang.

DU VAIR (Guill.), garde des sceaux sous Louis XIII, né en 1556 à Paris, mort en 1621, était ecclésiastique. Il remplit avec distinction plusieurs hauts emplois dans la magistrature, embrassa le parti des Politiques dans nos discordes civiles, reçut les sceaux en 1616 sans les avoir sollicités, et eut à lutter contre les intrigues des courtisans. Il fut fait comte et évêque de Lisieux en 1620. On a de lui des ouvrages de piété, la trad. d’Épictète et de quelques discours de Démosthène et de Cicéron, un traité de l’Éloquence française, la Morale des Stoïques, un traité de la Constance ès calamités publiques, et un ouvrage intitulé : De la sainte Philosophie, que Charron a mis à contribution et d'où il a tiré sa description des passions. Du Vair fut un des meilleurs écrivains de son temps. Ses Œuvres, réunies en 1606, ont été plusieurs fois réimprimées, notamment en 1641, in-fol. M. Sapey, en 1847, et M. Cougny, en 1858, ont publié des Études sur sa vie et ses ouvrages.

DUVAL (Guill.), savant, né à Pontoise vers 1570, mort en 1646, cultiva à la fois les langues anciennes, la théologie, la philosophie, la médecine, la botanique : enseigna avec un grand éclat la philosophie au Collége de Lisieux (à Paris), puis au Collége de France (1606); devint médecin du roi et doyen de la faculté de médecine (1640). On lui doit une excellente édition d’Aristote, grecque-latine, Paris, 1619, 4 vol. in-4, réimprimée dès 1629 en 2 vol. in-fol., avec une analyse (Synopsis analytica) de la doctrine du philosophe grec; une Hist. du Collége royal de France, 1644, et quelques autres écrits.

DUVAL (Pierre), géographe, né à Abbeville en 1618, mort en 1683, neveu de Nicolas Sanson, professait la géographie. On a de lui, entre autres ouvrages : le Monde, ou Géographie universelle, Paris, 1658; la Sphère, 1659; la France depuis son agrandissement par les conquêtes du roi, 1691; et diverses cartes pour la géographie ancienne, pour la chronologie, et les voyages modernes, 1665.

DUVAL (Valentin JAMERAY), antiquaire, né en 1695 au village d'Arthonnay (Yonne), était fils d'un pauvre paysan et commença à s'instruire par lui seul en gardant les troupeaux. Il fut élevé par les soins du duc de Lorraine, Léopold, qui avait remarqué son ardeur pour l'étude ; devint bibliothécaire du duc, professeur d'histoire a Lunéville, et fut nommé conservateur du cabinet des médailles de Vienne quand le fils de son protecteur fut devenu empereur sous le nom de François I (1748). On a de lui le catalogue des médailles de Vienne et quelques autres écrits. Koch a publié ses Œuvres, Paris, 1785, 3 vol. in-8, avec une intéressante notice sur sa vie.

DUVAL (Amaury PINEU), membre de l'Académie des inscriptions, né à Rennes en 1760, mort en 1838, fut d'abord avocat au parlement de Bretagne, puis secrétaire d'ambassade en Italie ; quitta la diplomatie pour les lettres, vint se fixer à Paris et créa la Décade philosophique, journal qui fut réuni plus tard au Mercure, et qu'il dirigea jusqu'en 1814. Après avoir été couronné pendant trois années consécutives pour des questions d'érudition proposées par l'Institut, il fut nommé membre de cette compagnie en 1811. Voici ses principaux ouvrages : Des Sépultures chez les anciens et les modernes, 1801 ; Paris et ses monuments, 1803; Monuments des arts du dessin chez les anciens et les modernes, recueillis par Denon, expliqués par Am. Duval, 1829, 4 vol. in-fol. Am. Duval a coopéré à la Continuation de l'histoire littéraire de la France des Bénédictins.

DUVAL (Alexandre PINEU), auteur dramatique, frère du précédent, né à Rennes en 1767, mort à Paris en 1842, fut successivement buraliste, marin, militaire, ingénieur, acteur, et se fit enfin auteur. Il donna soit seul, soit avec Picard ou autres, plus de 50 pièces, dont quelques-unes du genre le plus élevé, et qui pour la plupart eurent du succès; devint en 1807 directeur de l'Odéon, ranima un moment ce théâtre par ses propres compositions, fut nommé quelques années après bibliothécaire de l'Arsenal, et fut admis à l'Académie française en 1812. Parmi ses comédies, on remarque : Édouard en Écosse, en 3 actes et en prose (1802); le Menuisier de Livonie (1805); le Tyran domestique, en 5 actes et en vers (1805); le Chevalier d'industrie, en 5 actes et en vers (1809) ; le Retour d'un Croisé, parodie des mélodrames alors en vogue (1810); la Jeunesse de Henri V, en 3 actes (1812); la Manie des grandeurs, en 5 actes et en vers (1817); la Fille d'honneur, en 5 actes et en vers (1819) : c'est son chef-d'œuvre. On lui doit aussi de charmants opéras-comiques : le Prisonnier, musique de Délia Maria (1796); Maison à vendre, musique de Dalayrac (1801), et un drame lyrique, Joseph (1807), dont la musique, due à Méhul, est bien supérieure au poëme. Ses Œuvres ont été réunies par lui-même en 9 vol. in-8, 1812-1825, avec d'intéressantes notices. Alex. Duval peignit avec esprit et fidélité les mœurs de son époque. Venu à la fin de la République, il rendit à l'art la décence que lui avaient fait perdre les écrivains révolutionnaires. M. Ballanche, qui lui succéda à l'Académie française, a fait son Éloge dans son discours de réception.

DUVAL (George), auteur dramatique, né en 1777 à Valognes, mort en 1853, était chef de bureau au ministère de l'intérieur. Il travailla surtout pour les petits théâtres et donna 70 pièces, dont plusieurs eurent la vogue, entre autres : M. Vautour, ou le Propriétaire sous les scellés, 1805; le Retour au comptoir ou l'Éducation déplacée, 1808; Une Journée à Versailles, ou le Discret malgré lui, jolie comédie en 3 actes, 1814; Werther ou les Égarements d'un cœur sensible, 1817, spirituelle parodie du roman de Goethe; le Mari impromptu, ou la Coutume anglaise, en 3 actes, 1836. G. Duval a laissé en outre : Souvenirs de la Terreur, 1841-42, et Souvenirs thermidoriens, 1843. V. ÉPRÉMESNIL.

DUVERDIER (Ant.), seigneur de Vauprivas, né à Montbrison en 1544, mort en 1600, était conseiller du roi et contrôleur général de Lyon. On a de lui la Prosopographie, description des personnages insignes, avec portraits, Lyon, 1573, et la Bibliothèque d'Ant. Duverdier, contenant le catalogue de tous les auteurs qui ont écrit en français, 1585, ouvrage de bibliographie précieux, qui a été réimprimé en 1776 avec celui de Lacroix du Maine.

DUVERGIER DE HAURANNE (Jean), abbé de St-Cyran, fameux théologien, né à Bayonne en 1581, mort en 1643, suivit les cours de l'université de Louvain, s'y lia avec Jansénius, dont il embrassa les doctrines avec ardeur, obtint vers 1620 l'abbaye de St-Cyran, se livra avec un grand succès à la direction des consciences à Paris, compta beaucoup de disciples et d'amis, entre autres, Arnauld, Lemaistre de Sacy, Bignon, auxquels il fit partager ses opinions, attaqua les Jésuites dans quelques écrits, et fut pour ce fait dénoncé à Richelieu, qui le tint en prison de 1638 à 1642. Il venait de recouvrer la liberté lorsqu'il mourut. C'était un homme de parti, adroit, remuant, et qui exerçait sur les siens un grand ascendant. Parmi ses écrits on distingue la Somme des fautes et faussetés contenues dans la Somme théologique du P. Garasse, 1626; Petrus Aurelius, 1631, ouvrage estimé, où il traite de la hiérarchie ecclésiastique ; et les Considérations sur la mort chrétienne.

DUVERNEY (Joseph GUICHARD), anatomiste, né à Feurs en Forez en 1648, mort en 1730, fut nommé en 1676 membre de l'Académie des sciences, et en 1679 professeur d'anatomie au Jardin Royal, Il portait si loin le talent de l’élocution que des comédiens même venaient l'entendre. On a de lui : Traité de l'organe de l'ouïe, Paris, 1683 et 1718; Traité des maladies des os, 1751; Œuvres anatomiques, 1761. On lui doit d'intéressantes observations sur la circulation du sang dans le fœtus et dans les amphibies, ainsi que la découverte des sinus occipitaux qui ont conservé son nom. — V. PARIS-DUVERNEY.

DUVILLARD (Ét.), économiste, né à Genève en 1775, d'une famille de réfugiés français, m. en 1832, fut employé aux finances sous Turgot et attaché en 1805 au ministère de l'intérieur comme chargé de la statistique de la population. Il avait été nommé en 1796 membre correspondant de l'Institut, et en 1799 membre du Corps législatif. On a de lui : Recherches sur les rentes et les emprunts, 1787, Plan d'une association de prévoyance, 1790, Influence de la petite vérole sur la mortalité, 1806, ouvrage qui renferme une table de mortalité souvent consultée.

DUVIVIER (Franciade Fleurus), général de division, né à Rouen en 1794, passa par l’École polytechnique, fit ses premières armes en 1814 contre les alliés qui cernaient Paris, prit part à l’expédition d'Alger en 1830, se signala au passage du col de Mouzaïa (1831), fut chargé de divers commandements en Afrique, et réussit partout a repousser les Arabes; organisa en 1848 la Garde mobile, fut élu la même année représentant du peuple par le dép. de la Seine, défendit vaillamment, en juin 1848, l'hôtel de ville contre les insurgés, mais fut blessé le 25 et succomba peu de jours après. Il a publié des écrits estimés sur l'Algérie. En outre, il avait entrepris d'intéressantes recherches sur les rapports de la langue des Kabyles avec le phénicien. M. H. Frère a donné une Biographie de Duvivier, couronnée par l'Académie de Rouen.

DUVOISIN (J. B.), prélat français, né à Langres en 1744, mort en 1813, fut reçu le 1er de sa licence en Sorbonne, fut peu après pourvu d'une chaire de théologie dans cette célèbre école, puis choisi pour grand vicaire par l'évêque de Laon ; fut exilé en 1792 comme prêtre réfractaire, rentra en 1801, et ne tarda pas à attirer par son mérite l'attention de Napoléon, qui le nomma évêque de Nantes et lui donna toute sa confiance : il fut un des 4 évêques chargés de résider près de Pie VII pendant son séjour à Savone et à Fontainebleau. On lui doit plusieurs ouvrages qui eurent surtout pour but de défendre la religion contre les philosophes du temps : l’Autorité du Nouveau Testament, 1775; l’Autorité des livres de Moïse, 1778; Essai sur la Religion naturelle, 1780; Démonstration évangélique, 1802; Essai sur la Tolérance, 1805.

DWINA ou DUNA, nom commun à deux riv. de la Russie. 1° La Dwina occid. naît près de la source du Volga, dans le gouvt de Tver, coule à l'O., reçoit la Meja, la Kasplia, la Loutchossa, l'Oula, la Disna ; baigne Velij, Souraj, Vitebsk, Polotzk, Disna, Dunabourg, Jacobstadt, et tombe dans le golfe de Livonie à Dunamund, 15 k. au-dessous de Riga, après un cours de 750 k. — 2° La Dwina orient. se forme à Oustioug-Veliki dans le gouvt de Vologda, par la réunion de la Soukhona et du Ioug, coule au N. O., reçoit la Vitchegda, la Vaga, la Jahitsa, la Pinéga, et tombe au-dessous d'Arkhangel dans la mer Blanche, après un cours de 620 k.

DYLE, riv. de Belgique, naît dans le Brabant méridional, près de Marbais, passe à Wavre, Louvain, Malines, et après avoir reçu la Senne se joint à la Nèthe pour former le Rupel. Cours, 90 k. — Sous la République et l'Empire, elle donnait son nom à un dép. français, qui fut formé en 1802 du Brabant méridional, et qui avait pour ch.-l. Bruxelles.

DYMES, Dymæ, v. de l'anc. Grèce (Achaïe), au N. O., sur la mer, entre Olène et le cap Araxe, fut prise et pillée par les Romains pour avoir embrassé la cause de Persée (146 av. J.-C.). Elle reçut une colonie romaine peu après.

DYRRACHIUM, auj. Durazzo, v. et port de l'Illyrie anc., chez les Taulantii, sur l'Adriatique, vis-à-vis de Brundusium ou Brindes en Italie, se nommait d'abord Epidamnus. C'était le port le plus fréquenté pour passer de Grèce en Italie.

DZAISANG, grand lac de Mongolie, dans la Dzougarie, par 47°-48° lat. N., 81°-83° long. E., est traversé par l'Irtyche. Il a 110 k. sur 40.

DZANG, prov. du Thibet. V. THIBET.

DZOUNGARIE, en chinois Thian-chan-pe-lou (c-à-d. gouvt. au N. des monts Thian-chan), grande contrée de l'Asie centrale, fait partie de l'empire chinois et est comprise entre 72°-88° long. E., et 41° 30'-48° 40' lat. N. Elle a pour bornes la Sibérie au N. le Turkestan à l'O., le Thibet au S. et la Mongolie à l'E. ; on la partage en trois grandes divisions militaires qui portent le nom de leurs chefs-lieux : Ili ou Gouldja, au S. O.; Kour-khara-oussou, à l'E., et Tarba-gataï, au N. E. — Les Dzoungares sont de race mongole et descendent de la famille éleuthe ou kalmouke; leur nom, qui signifie main gauche, vient de ce que leur pays est situé à gauche de la Chine, c-à-d. à l'O. Ils furent longtemps sous la domination des Mongols proprement dits; c'est vers 1745 qu'ils ont été soumis par les Chinois.



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