Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre O

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persécutés par les empereurs de Constantinople ; au VIe, elle devint le siège d'un évêché; en 943, elle tomba au pouvoir des Arabes. Cette Oasis renferme les ruines de temples bâtis sous Darius Ier, fils d'Hystape, sous les Ptolémées et sous les empereurs Domitien, Trajan, Adrien, Antonin. Elle dépend auj., ainsi que les deux autres, du pacha d’Égypte et lui paye tribut.

OATES (Titus), intrigant anglais, né en 1619, m. en 1705. Condamné pour faux, il se réfugia en Hollande, s'y fit catholique et jésuite, puis apostasia dans l'espoir d'obtenir quelque riche bénéfice de l’Église anglicane. N'obtenant pas les avantages qu'il avait espérés, il imagina, sous l'inspiration des Covenantaires, une prétendue conspiration des catholiques contre Charles II et la religion protestante, et s'en fit le délateur. L'affaire fut d'abord prise au sérieux : plusieurs illustres personnages périrent, et Oates obtint une pension ; mais, la fraude ayant été découverte, Jacques II le condamna à une prison perpétuelle et à être fustigé quatre fois par an. La révolution de 1688 lui rendit la liberté et sa pension.

OAXACA, v. du Mexique, capit. de l’État d'Oaxaca, sur le Rio-Verde, à 360 kil. S. E. de Mexico ; 30 000 h. Évêché. La ville est située dans une belle vallée et bien bâtie; on y remarque la cathédrale, le palais épiscopal, l'hôtel de ville, etc. — Fondée par Nuno del Mercado au temps de F. Cortez; elle doit son nom au grand nombre d'arbres à cochenilles, appelés quaxes par les indigènes, qui croissent aux environs. — L'État d'Oaxaca a pour bornes les États de Puebla au N. et à l'O., de Vera-Cruz au N. E., le Guatemala à l'E., et le Grand-Océan au S. : 40 kil. de l'E. à l'O. sur 292; env. 600 000 hab. Climat salubre, sol fertile (coton, sucre, cochenille, etc.); mines d'or, argent, plomb, soufre, porphyre et basalte.

OBDORSK, la ville la plus septentr. de la Sibérie (Tobolsk), sur l'Obi, à 920 kil. de Tobolsk, par 66° 30' long. E., 64° 58' lat. N.

OBÉDIENCE (Pays d'), pays dans lesquels le pape nomme aux bénéfices vacants. — Dans les temps de schisme, où il y avait deux papes à la fois, le mot d’obédience servait à désigner les différents pays qui reconnaissaient l'un ou l'autre pape. Ainsi, au XIVe s., pendant le grand schisme d'Occident, on distinguait l'Ob. d'Urbain VI, comprenant l'Italie septentr., l'Allemagne, la Bohême, la Hongrie, la Pologne, la Prusse, le Danemark, la Suède, la Norvège et l'Angleterre; et l’Ob. de Clément VII, qui comprenait le reste de l'Europe.

OBÉID-ALLAH-AL-MAHDY, fondateur de la dynastie des Fatimites, né vers 882, m. en 934, prétendait descendre d'Ali et de Fatime, d'où les noms d'Alides et de Fatimites donnés à ses descendants. Il se fit passer pour le Mahdy annoncé par la tradition, conquit la province d'Afrique, en chassa les Aglabites (909), fonda Al-Mahdyab, dont il fit la capitale de son empire, détruisit en 919 l'empire des Édrisites, tenta, mais vainement, la conquête de l'Égypte, et ravagea à diverses reprises les côtes de la Calabre.

OBÉLISQUES (du grec obélos, broche, aiguille), pyramides quadrangulaires très-effilées et brusquement terminées par le haut, étaient fort communes chez les Égyptiens. Leur hauteur varie de 20 à 40 mètres ; beaucoup étaient monolithes, en granit rose de Syène. Leur place ordinaire était un peu en avant des grands temples et parmi les avenues de sphinx. Du sommet à la base, les obélisques sont couverts d'hiéroglyphes. Auguste et d'autres empereurs firent transporter plusieurs obélisques à Rome ; on en compte encore treize aujourd'hui dans cette ville. On voit depuis 1836, sur la place de la Concorde à Paris, un magnifique monolithe de cette espèce, connu sous le nom d’Obélisque de Louqsor ; il a 24m de haut.

OBERKAMPF (Christophe Philippe), créateur de la manufacture de toiles peintes de Jouy, né en 1738 à Weissenbach (Anspach), m. en 1815, était fils d'un teinturier; il se rendit à Paris à 19 ans, et, deux ans après, n'ayant pour tout capital que 600 fr., s'établit dans une chaumière de la vallée de Jouy, où il commença ses essais, se chargeant seul du dessin, de la gravure, de l'impression et de la teinture des toiles. Bientôt ces toiles, connues sous le nom d’indiennes, devinrent de mode; son établissement prit une extension prodigieuse et fit la richesse du pays. C'est aussi Oberkampf qui éleva en France (à Essonne) la 1re filature de coton. Louis XVI lui donna des lettres de noblesse; Napoléon le décora de sa main et lui offrit une place au sénat, qu'il eut la modestie de refuser.

OBERLAND (c-à-d. haut pays), nom donné à quelques contrées montueuses de la Suisse (Berne) et de l'Allemagne (Prusse orientale).

OBERLIN (Jacques), savant français, né à Strasbourg en 1735, m. en 1806, étudia la théologie et s'attacha spécialement à la partie archéologique des livres saints. Il fut successivement chargé de diverses chaires, puis de la direction du gymnase de Strasbourg(1787) ; fit avec succès un cours de bibliographie, et fut nommé correspondant de l'Institut. On lui doit, outre des Manuels élémentaires (en allemand), adoptés dans diverses écoles d'Allemagne, des éditions estimées d’Horace, 1788, de Tacite, 1801, de César, 1805, et plusieurs travaux d'érudition variée, notamment l’Alsatia litterata, Strasb, 1782, et l’Almanach historique de l'Alsace, 1782-92. — Son frère, Frédéric O., 1740-1826, pasteur au Ban-de-La-Roche (Vosges), civilisa sa paroisse, l'une-des plus incultes de la Lorraine, et fut le bienfaiteur de la contrée.

OBERNAI, ville d'Alsace-Lorraine, à 23 kil. N. de Schelestadt; 4996 hab.

OBÉRON, roi des Génies de l'air, dans la mythologie Scandinave, avait pour épouse ou pour amante Titania, ou, selon d'autres, la fée Mab. Shakspeare et Wieland l'ont chanté.

OBI, principal fleuve de la Sibérie, sort du lac Altin (Tomsk), arrose le gouvt de Tomsk et la partie septentr. de celui de Tobolsk, et se jette dans l'Océan glacial arctique, où il forme le golfe de l'Obi. Son cours est de 3200 kil. environ, presque entièrement navigable, et a deux directions, au N. O. et au N. Affluents, l'Irtich, la Tom, la Tim, la Vakh, etc.

OBIDOS, v. de Portugal (Estramadure),à 35 k. N. O. d'Alenguer; 4000 h. Prise sur les Maures au XIIe s. Combat entre les Français et les Anglais en 1808. — V. du Brésil, sur l'Amazone, à 800 kil. O. de Para.

OBLATES, — , religieuses. V. FRANÇOISE (Ste).

OBLATS, Oblati (c.-à-d. offerts). On désignait sous ce nom : 1° des religieux qui, en entrant dans un ordre monastique, faisaient à la communauté l'abandon de tous leurs biens; 2° ceux qui étaient consacrés dès leur enfance à la vie religieuse ; 3° des laïques qui venaient vivre à leurs frais dans une abbaye; 4° enfin, des soldats invalides que les rois de France faisaient loger et nourrir dans une abbaye, avant la fondation de l'Hôtel des Invalides.

OBLATS DE ST-AMBROISE, congrégation de prêtres séculiers établie à Milan en 1578 par S. Charles Borromée, fut approuvée par Grégoire XIII, qui attribua à ces religieux des revenus considérables et les destina principalement à aller en mission, à desservir des cures et à diriger des collèges et des séminaires.

OBLATS DE MARIE-IMMACULÉE, congrégation établie à Aix en 1815 par l'abbé Mazenod, et approuvée par le pape en 1826, se consacre aux missions, à la direction des grands séminaires et au service des prisons.

OBLIGADO (Punta d'), lieu situé sur le Parana, près de sa jonction avec l'Uruguay. Une escadre anglo-française y battit les troupes de Rosas, dictateur de la Plata, le 20 nov. 1845, et força l'entrée du Parana.

OBOTRITES, tribu slave de la Germanie, faisait partie des Weudes ou Venèdes, et habitait sur les bords du Haut et du Moyen Oder (auj. le Mecklembourg). Ils furent battus par Louis le Germanique (844) et soumis par Louis de Saxe (862). Ils avaient pour capitale Rereg (auj. Mecklembourg).

OBRECHT (Ulrich), jurisconsulte et philologue français, né à Strasbourg en 1646, m. en 1701, voyagea en Allemagne et en Italie, fut à son retour chargé d’enseigner l’histoire à Strasbourg, abjura le luthéranisme entre les mains de Bossuet (1684), fut nommé par Louis XIV préteur royal de Strasbourg et remplit une mission diplomatique à Francfort-sur-le-Mein (1698). On a de lui : Alsaticarum rerum prodromus, Strasb., 1681, des éditions de Dictys, de Quinlilien, de l’Histoire Auguste, et une traduction latine de la Vie de Pythagore par Jamblique.

OBRÉGON (Bernardin), instituteur de l’ordre des Frères-infirmiers Minimes qui soignent les malades des hôpitaux en Espagne, né à Las Huelgas près de Burgos en 1540, m. à Madrid en 1599, avait été d’abord militaire et s’était livré au désordre ; il se convertit en 1568 et fonda l’ordre auquel son nom est resté attaché.

OBRENOWITCH, famille de princes de Servie. V. MILOCH et SERVIE.

O’BRIEN, anc. et illustre famille royale d’Irlande, issue de Brien, qui vivait au Xe s., régna sur le Munster pendant 500 ans. Le dernier roi de cette famille, Murrough O’Brien, échangea en 1542 le titre de Roi de Munster contre celui de Comte de Thomond que lui conféra Henri VIII. Cette maison a formé plusieurs branches. Lord J. Ch. O’Brien, vicomte de Clara, puis comte de Thomond, qui servit en France au XVIIIe s. et devint maréchal, appartenait à l’une d’elles ; les Mac-Mahon, desquels descend le maréchal de ce nom, duc de Magenta, sortent également de cette famille.

OBRINGA, l’Ahr ? riv. de la Gaule, séparait la Germanie supérieure de la Germanie inférieure.

OBSEQUENS (Julius), auteur latin de la fin du IVe s., n’est connu que par des fragments d’une compilation De Prodigiis, tirée surtout de Tite-Live, et imprimée ordinairement à la suite d’Aurelius Victor. Des éditions spéciales en ont été données par Lycosthène, Bâle, 1552 ; Oudendorp, Leyde, 1720 ; Hof, 1772. Il a été trad. en français par La Bouthière, Lyon, 1547, et par Verger, 1843, dans la collect. Panckoucke.

OBSERVANCE (Religieux de l’), religieux qui s’imposaient la loi d’observer dans toute leur rigueur les règles monastiques. On distinguait : 1° les Pères de l’Observance ou Observantins, issus de l’ordre de S. François et constitués à la suite de la réforme de 1363 ; 2° les religieux de l’Étroite Observance, de l’ordre de Cîteaux ; 3° ceux de la Grande Observance ; de l’ordre de la Merci ; 4° les Frères prêcheurs de la primitive Observance, réforme des Dominicains qui s’introduisit en France en 1636.

OBSERVANTINS. V. OBSERVANCE (Pères de l’).

OC (Langue d’). V. LANGUEDOC.

OCA (Sierra d’), Idubeda mons, la partie la plus septentrionale des monts Ibériens en Espagne, se rattache au versant méridional des monts Cantabres, dans la province de Palencia, entre les sources de l’Èbre et de la Pisuerga, se dirige au S. E. dans la province de Burgos, et va se lier à la Sierra de San-Millan, après un parcours de 110 kil.

OCAMPO (Florian de), historien espagnol du XVIe s., né à Zamora, était historiographe de Charles-Quint. Il avait entrepris d’écrire une Chronique générale de l’Espagne ; il en fit paraître en 1544 une 1re partie, qui allait jusqu’à la 2e guerre punique. Cet ouvrage a été continué jusqu’à J.-C. par Ambrosio Morales.

OCANA, Althæa ou Olcania, v. d’Espagne (Tolède), à 48 kil. N. E. de Tolède ; 6000 hab. Palais du duc de Frias, belle place, bel aqueduc de Fuenta-Vieja. — Cette ville appartint aux chevaliers de Calatrava jusqu’en 1182, puis à ceux de St-Jacques. Les Français y battirent les Espagnols le 19 nov. 1809.

OCANA, bourg d’Amérique (Nouv.-Grenade), sur le Rio-de-Oro, à 400 kil. N. E. de Bogota. Mines de cuivre. Il s’y tint en 1828 une célèbre Convention nationale pour modifier la constitution de Cucuta.

OCCAM (Guill. d’), philosophe scolastique, surnommé le Docteur invincible, né en 1270 au village d’Occam (Surrey), m. en 1347, appartenait à l’ordre des Cordeliers et fut disciple de Duns Scot. Après avoir rempli en Angleterre divers emplois ecclésiastiques, il fut banni de l’Université d’Oxford, pour avoir excité des troubles par la nouveauté de ses doctrines : il vint à Paris où il enseigna la théologie. Il prit la défense de Philippe-le-Bel contre Boniface VIII, et attaqua avec violence les prétentions temporelles des papes. Excommunié en 1330, il se réfugia à la cour de Louis de Bavière, qu’il soutint dans ses querelles avec le St-Siége. Il mourut à Munich. Occam combattit les Réalistes et soutint avec tant de succès la cause du Nominalisme qu’on l’appelait le Prince des Nominaux. Ses principaux écrits sont : Super quatuor libros Sententiarum, 1495 ; Summa logicæ, 1488 ; Quodlibeta, 1487 ; Super potestate summi pontificis, 1496.

OCCASION (l’), divinité allégorique qui présidait au moment le plus favorable pour réussir. On la représentait sous la forme d’une femme nue, chevelue par devant et chauve par derrière (ce qui signifie qu’on ne peut la saisir quand elle est passée) ; elle avait un pied en l’air et l’autre sur une roue.

OCCHIALI (KILIG-ALI, dit), renégat calabrais. Pris jeune par les Turcs, il se fit pirate sous les ordres de Dragut, s’éleva aux plus hauts grades dans la marine ottomane, se distingua en 1571 à la bataille de Lépante, ramena, après la défaite, les débris de la flotte turque à Constantinople, fut nommé par Sélim II capitan-pacha, et enleva en 1573 aux Espagnols La Goulette (fort de Tunis). Il mourut comblé de gloire en 1577. Il avait fondé à Constantinople une mosquée, et un collége pour 100 étudiants.

OCCIDENT (Empire d’), un des deux États formés de l’empire romain par le partage qui eut lieu entre Valentinien et Valens en 364, puis par le partage définitif entre Honorius et Arcadius en 395, comprenait la Bretagne romaine, les Gaules, l’Italie, l’Hispanie et l’Afrique (V. pour plus de détails, l’art. Empire ROMAIN). — L’Empire d’Occident périt après un siècle environ d’existence, sous Romulus Augustulus, en 476. Depuis 408, il allait sans cesse perdant de ses provinces par les invasions des Barbares ou par abandon volontaire. Milan, puis Ravenne, furent après Rome capitales de l’Empire d’Occident.

On appelle Second empire d’Occident, ou Saint empire romain d’Occident, celui qui fut fondé par Charlemagne eu 800, et qui fut continué par l’Empire d’Allemagne, constitué en 962 par Othon le Grand.

OCCIDENT (Église d’). On appelle quelquefois ainsi l’Église latine, comme on appelle Église d’Orient l’Église grecque. V. LATINE (Église).

OCCITANIE (c.-à-d. Pays de la langue d’Oc), nom donné souvent, dans le moyen âge, au Languedoc et même à tout le littoral français de la Méditerranée.

OCÉAN, Oceanus, dieu de la mer chez les païens, frère et époux de Téthys, et père des Océanides.

OCÉAN. On nomme ainsi l’immense étendue d’eau salée qui couvre la plus grande partie du globe ; on la divise en 5 grands bassins : le Grand-Océan ou O. Pacifique ; l’O. Atlantique ; l’O. Indien ; l’O. glacial Arctique et l’O. glacial Antarctique. V. ces noms.

OCÉANIDES, nymphes des mers, filles de l’Océan.

OCÉANIE, 5e partie du monde, est composée d’îles répandues dans le Grand-Océan, et s’étend, entre l’Amérique à l’E. et l’Asie à l’O., de 91° long. E. à 105° long. O., de 35° lat. N. à 56° lat. S. ; sa longueur est donc d’env. 174 degrés, et diagonalement d’au moins 20 000 kil. ; sa largeur va toujours diminuant à mesure qu’on s’avance vers l’est ; on évalue sa population à 20 millions d’âmes. Généralement on divise l’Océanie en trois régions, subdivisées chacune, comme il suit, en archipels et en groupes :

Groupe de Sumatra.
Archipel de la Sonde, Groupe de Java.
Arch. de Sumbava-Timor.
Malaisie ou Notasie (à l’O.) Archip. des Moluques, Gr. des Moluques.
Gr. de Célèbes.
Groupe de Bornéo,
Archip. des Philippines,
Australie propre, dite aussi Nouv.-Hollande.
Groupe des Papous.
Arch. de la Louisiade.
Arch. de la Nouv.-Bretagne.
Autralie (au milieu) Arch. de Salomon.
Archipels, Arch. de La Pérouse.
Arch. de Quiros.
Groupe de la Nouv.-Calédonie.
Gr. de Norfolk.
Gr. de la Tasmanie.
Gr. de la Diéménie.
Arch. de Mounin-Volcanique.
Arch. des Mariannes.
Polynésie Boréale, dite aussi Micronésie, Arch. de Palaos.
Arch. des Carolines.
Sporades boréales.
Archipel central ou de Mulgrave,
Arch. de Viti.
Arch. de Tonga ou des Amis.
Polynésie et Micronésie (à l’E.) Arch. d’Ooua-Horn.

Arch. de Hamoa.

Arch. de Kermadec.
Polynésie Australe, Arch. de Cook.
Gr. de Toubouai.
Arch. de Tahiti.
Arch. Poumatou.
Arch. de Mendana.
Arch. de Hawaii ou des îles Sandwich.

L’Océanie a peu de montagnes, sauf dans les grandes îles occidentales. Généralement le climat y est chaud et humide. Le sol est très-fertile et produit tous les fruits des zones tropicales. La mer abonde en poissons, en mollusques, en zoophytes ; les côtes sont hérissées de bancs de coraux. Les habitants forment deux masses, les peuples malaisiens et les peuples nègres ; ils sont en général peu civilisés. Il y a cependant des traces de civilisation assez ancienne à Java, à Sumatra, aux Philippines ; les insulaires de Tahiti, des îles Sandwich, d’Hamoa, des Marquises, de Tonga, ont quitté l’état sauvage depuis les visites des Européens. La plupart des Polynésiens sont d’intrépides navigateurs : ils fendent la mer sur des pirogues d’une grande légèreté. Un Polythéisme plus ou moins grossier règne chez les indigènes ; l’Islamisme est la religion des Malais ; le Brahmanisme subsiste encore à Java et dans quelques îles voisines. Les îles colonisées par les Européens se partagent entre les divers cultes chrétiens. — Les anciens ne connaissaient pas l’Océanie : Marco-Polo, dès le XIIIe s., avait visité les îles malaises ; ce n’est que trois siècles plus tard que les Portugais explorèrent ce nouveau monde : en 1511, ils visitent Sumatra et s’établissent aux Moluques ; en 1513, ils explorent Bornéo et Java ; en 1521, Magellan, dans le premier voyage qui ait été fait autour du monde, découvre les îles Philippines. Les Espagnols et les Hollandais continuèrent l’œuvre des Portugais. À la fin du XVIIe s., les Anglais succèdent aux Hollandais ; au XVIIIe s., Byron, Carter, Wallis, et surtout Cook multiplient les découvertes ; Bougainville, La Pérouse, d’Entrecasteaux, et de nos jours Freycinet, Dumont d’Urville, Du Petit-Thouars les complètent.

OCELLUM, Oulx ou Usseaux, v. de la Gaule transpadane, ch.-l. des Garoceli (vallée de Maurienne).

OCELLUS DE LUCANIE, philosophe grec de l’école pythagoricienne, né en Lucanie, florissait vers 500 av. J.-C. On a sous son nom un petit traité en 4 livres intitulé : De la nature de l’Univers, où il traite du tout, des éléments, de l’homme et de la morale ; il y soutient l’éternité de la matière et explique l’ordre du monde par l’harmonie de deux éléments, l’un actif et l’autre passif. Ce traité a été publié pour la 1re fois à Paris, 1539, en grec avec trad. latine de Nogarola, Venise, 1559 ; la meilleure édition est celle de Rudolphi, Leipsick, 1801. Il a été traduit par d’Argens, Berlin, 1762, et par Le Batteux, Paris, 1768.

OCHIN (Bernadin), moine apostat, né a Sienne en 1487, m. en 1564, entra dans l’ordre de St-François, puis dans celui des Capucins, quitta ce dernier ordre, dont il était vicaire général, pour embrasser la Réforme à Genève (1542), et se maria. Il fut appelé en Angleterre en 1547 par Cranmer pour y propager la Réforme, mais il sortit de ce pays à l’avènement de la reine Marie. Il mena depuis une vie errante, habitant successivement Strasbourg, Zurich, Bâle, Cracovie, et mourut de la peste en Moravie. On a de lui : des Sermons, Sienne, 1543, 600 Apologues contre les abus et les erreurs de la synagogue papale, Genève, 1554 ; 30 Dialogues, Bâle, 1563 ; l’Image de l’Antéchrist, etc. Ces ouvrages, écrits en italien, sont pleins de déclamations contre l’Église romaine. Les Dialogues ont été trad. en latin par Castalion, 1563.

OCHOSIAS, roi d’Israël en 888 av. J.-C., m. en 887, marcha sur les traces de l’impie Achab, son père, adorant Baal et consultant Belzébuth.

OCHOSIAS ou AZARIAS, roi de Juda de 877 à 876, fils cadet de Joram et d’Athalie, s’unit, à Joram, roi d’Israël, pour faire la guerre au roi de Syrie Hazaël, et fut tué par ordre de son général Jéhu.

OCHRIDA, Lychnidus, v. forte de la Turquie d’Europe (Roumélie), ch.-l. de livah, sur le bord N. du lac d’Ochrida, à 180 kil. N. de Janina ; 2500 h. Évêché grec. Mines d’argent, de cuivre, de soufre. — Le livah d’Ochrida correspond à peu près à la Dassarétie des anciens.

OCHS (Pierre), homme d’État suisse, né à Bâle en 1749, m. en 1808, entra en rapport avec les agents du Directoire, contribua à la paix de Bâle, fit de concert avec Brune et le colonel La Harpe la révolution helvétique de 1798, et fut nommé membre du Directoire de la république nouvelle. Il abdiqua en 1799, prit part à la consulta helvétique de Paris en 1802 et à la rédaction de la constitution suisse. Il a laissé une Histoire de Bâle (Bâle, 1786-1821, 5 v. in-8).

OCHSFELD, vaste plaine qui s’étend entre Thann et Cernay (H.-Rhin). Les Suédois y vainquirent en 1634 les Impériaux, que commandait le duc de Lorraine. Il est probable que cette plaine est la même que le fameux Lügenfeld ou Champ-du-Mensonge.

OCHUS (l'), auj. le Tedjend, riv. d’Asie, sortait du mont Paroparaisus, bornait la Bactriane à l’O., arrosait l’Asie, la Parthie, l’Hyrcanie, et se jetait dans la mer Caspienne selon les uns, dans l’Oxus selon d’autres. Le Tedjend se perd auj. dans les sables.

OCHUS, roi de Perse. V. ARTAXERXE III.

OCKER, Obracus, riv. d’Allemagne, naît dans le roy. de Hanovre (Klausthal), arrose une partie du Brunswick et se jette dans l’Aller par la r. g., après un cours de 120 k., qui se dirige du S. au N. Cette riv. avait donné son nom à un dép. du roy. (français) de Westphalie, dont Brunswick était le ch.-lieu.

O’CONNELL (Daniel), le Grand Agitateur, le Libérateur de l’Irlande, né en 1775 dans le comté de Kerry, était issu d’anciens chefs de clan du pays. Élevé au collège des Jésuites de St-Omer, et destiné à l’Église, il préféra entrer au barreau, qui venait d’être rouvert à ses compatriotes, fut reçu avocat en 1798, et eut bientôt une nombreuse clientèle qui lui valut une immense fortune. Il s’affilia de bonne heure aux associations qui avaient pour but l’émancipation de l’Irlande, et soutint avec véhémence la cause nationale dans les clubs et les journaux : provoqué par un alderman anglican de Dublin, qu’il avait traité avec peu de ménagements, il le tua en duel (1815). Il posa en 1823, avec l’avocat Sheil, les bases d’une association catholique qui s’étendit bientôt sur toute l’Irlande et réunit d’immenses capitaux ; traduit en 1824 devant un grand jury pour provocation à la révolte, il fut acquitté. Élu en 1828 membre de la Chambre des Communes, après une lutte acharnée contre le candidat protestant, il ne put siéger parce qu’il refusa de prêter le serment du Test (V. ce mot) ; mais, aussitôt après l’émancipation des catholiques, qu’il n’avait cessé de réclamer, il entra à la Chambre (1830), où il exerça une puissante influence. Il prêta son appui aux whigs, dont il amena le triomphe, et vota avec eux la réforme parlementaire (1832) ; il obtint l’abolition de lois vexatoires pour les Irlandais, fit admettre ses compatriotes aux magistratures municipales, et fut lui-même nommé lord maire de Dublin (1841). Non content de ces succès, il sollicita le rappel de l’union, c’est-à-dire la dissolution de l’union législative de l’Irlande et de l’Angleterre, et provoqua dans ce but des pétitions et des meetings, qui devinrent bientôt menaçants : il fut alors arrêté de nouveau et condamné à la prison ; mais il réussit à faire casser l’arrêt par la Cour des lords (1844). Cependant il avait épuisé ses forces dans la poursuite d’un but impossible : il se rendit en Italie pour rétablir sa santé, mais il mourut à Gênes, en 1847. O’Connell possédait tout ce qu’il faut pour agir sur la foule : taille athlétique, voix retentissante, éloquence vive, sarcastique, style hardi et plein de métaphores ; aussi exerça-t-il un ascendant prodigieux sur le peuple irlandais. Cependant le caractère de l’agitation qu’il excita fut d’être purement pacifique : habile jurisconsulte, il se servait pour résister à la loi des ressources fournies par la loi même, et il s’attacha à prévenir toute collision sanglante. Il a laissé des Mémoires sur l’Irlande. Le P. Lacordaire, à Paris, et le P. Ventura, à Rome, ont prononcé son Éloge.

O’CONNOR, dynastie de rois irlandais qui régna sur le Connaught jusqu’en 1542. Turlogh O’Connor, né en 1088, m. en 1156, chercha à dominer sur toute l’île, détrôna O’Brien, roi du Munster, mais fut battu en 1152 par Mac-Lochlin O’Neill, roi de l’Ulster. — Roderick O’Connor, qui régnait en 1171, se fit reconnaître comme roi du Connaught par Henri II. En 1542, les O’Connor échangèrent le titre de roi du Connaught contre celui de baron d’Offaley, que leur donna Henri VIII.

O’CONNOR (Feargus), avocat irlandais, né dans le comté de Cork en 1796, m. en 1855, fut plusieurs fois député au parlement, se rendit populaire parmi les classes laborieuses par sa défense du chartisme, mais se fit fréquemment condamner pour discours séditieux. Il fut placé en 1853 dans un asile d’aliénés.

OCTAVE. V. AUGUSTE et OCTAVIEN.

OCTAVIE, sœur d’Auguste, épousa d’abord M. Claudius Marcellus, puis Antoine, qui bientôt, épris de Cléopâtre, devint insensible à sa beauté et à ses vertus. Elle avait eu de son 1er époux le jeune Marcellus, qu’Auguste destinait à l’empire ; la mort prématurée de ce prince la plongea dans une affliction profonde qui abrégea ses jours (11 ans av. J.-C.). V. MARCELLUS.

OCTAVIE, fille de Claude et sœur de Britannicus, fut donnée en mariage à Néron, qui la répudia et la fit tuer pour épouser Poppée (62) : elle n’avait que 20 ans.

OCTAVIEN, Octavianus, nom que prit Octave après son adoption par Jules César.

OCTEVILLE, ch.-l. de c. (Manche), à 3 kil. S. O. de Cherbourg ; 2346 hab.

OCTOBRE 1789 (journées des 5 et 6), grande insurrection à Paris : la populace des faubourgs et une foule de femmes se portent en désordre à Versailles, massacrent les gardes et forcent Louis XVI et la famille royale à venir habiter Paris.

OCTODURUS ou OCTODORUM, v. des Helvétiens, capitale des Veragri, est auj. Martigny. C’est près de là qu’on place le massacre de la légion Thébéenne.

OCZAKOV, v. de Russie. V. OTCHAKOV.

ODALISQUES, c.-à-d. en turc chambrières, esclaves du Harem impérial, attachées au service des femmes du sultan ou destinées à ses plaisirs. On a étendu ce nom à toutes les femmes d’un harem. Ce sont généralement des Circassiennes ou des Géorgiennes. On leur prête vulgairement une grande beauté.

ODÉNAT (Septimius), prince arabe, phylarque ou cheikh des tribus sarrasines de la Palmyrène et sénateur de la colonie romaine de Palmyre, se rendit à peu près indépendant sous le règne de Valérien. Il seconda Sapor dans ses attaques sur la Syrie romaine (256), puis il harcela ce prince dans sa retraite ; néanmoins il sollicita son alliance quand Valérien fut tombé dans les mains du roi sassanide : n’ayant reçu qu’un refus injurieux, il se jeta dans les bras des Romains, battit Sapor sur les bords de l’Euphrate, le força de reculer jusqu’à Ctésiphon, et l’assiégea dans cette ville, mais sans pouvoir la prendre. Il marcha ensuite contre les tyrans qui avaient pris la pourpre sous Gallien, les écrasa tous, et reçut de cet empereur en récompense le titre de général de tout l’Orient (263) ; mais, peu content de ce titre, il prit la pourpre et força Gallien à le reconnaître pour collègue. Après de nouveaux succès contre les Perses, les Goths et les Scythes, il fut assassiné à Émèse en 267 par son neveu, dont la main avait été armée, dit-on, par la célèbre Zénobie, sa seconde femme.

ODENSÉE, v. de Danemark capit. de l’île de Fionie, au centre de l’île, sur la riv. d’Odensée, à 140 k. S. O. de Copenhague ; 9000 h. Évêché luthérien. Assez belle cathédrale, bibliothèque. Gants, drap, savon, bière estimée, etc. Commerce maritime. — On attribue la fondation de cette ville à Odin, dont elle a retenu le nom. Il s’y tint en 1528 une diète pour la réformation de l’église danoise,

ODÉON (du grec ôdé, chant), nom de divers édifices consacrés chez les anciens à des combats de musique et de poésie. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

ODER, Viadrus, fleuve d’Allemagne, naît en Moravie, baigne la Silésie, le Brandebourg, la Poméranie, passe à Ratibor, Oppeln, Brieg, Glogau, Francfort-sur-l’Oder, Custrin, Stettin, se divise près de Gartz en 4 bras (Oder propre, Parnitz, grand et petit Redlitz), mais les réunit tous ensuite et tombe dans la mer Baltique, après un cours de 940 kil. environ, par 3 embouchures (Peene, Swiene, Dievenow), qui forment les îles d’Usedom à l’O. et de Wollin à l’E. L’Oder reçoit, à droite, l’Olsa, la Klodnilz, la Malapane, la Weida, la Bartsch, la Wartha, la Miezel, la Plône ; à gauche, l’Oppa, la Zinna, la Neisse, l’Oblau, la Lohe, la Weistriz, la Katzbach, la Boher. Le canal de Bromberg, en Pologne, l’unit à la Vistule.

ODESCALCHI. V. INNOCENT XI.

ODESSA, v. de la Russie d’Europe (Kherson), à 176 k. O. S. O. de Kherson, sur la mer Noire ; 100 000 h., dont beaucoup de Grecs. Port franc depuis 1817, citadelle ; université, créée en 1882, lycée Richelieu, bibliothèques, écoles de langues orientales, de commerce, d’hydrographie. Odessa est bien percée et bien bâtie et a de beaux monuments : cathédrale, théâtre, lazaret, bourse, banque. Poudre, soieries, savons, forges, brasseries, chantiers de construction, etc. ; très-grand commerce de grains. — En 1792, Odessa n’était encore qu’un misérable village nommé Hadji-bey : Catherine II l’agrandit en 1795, et lui donna le nom d’Odessa en mémoire de l’ancienne colonie grecque d’Odessus qui en était voisine. Le duc de Richelieu en fut le gouverneur en 1803 et 1804, et lui fit prendre un grand essor. Le port et la citadelle d’Odessa ont été bombardés en 1854 par la flatte anglo-française, qui eut soin d’épargner la ville.

ODESSUS, auj. Varna ? v. de la Mésie-Infér., sur la côte O. du Pont-Euxin, était une colonie de Milet. — V. de Sarmatie, sur la côte N. du Pont-Euxin, à l’emb. de l’Axiacès (Téligol), à l’O. de l’anc. Olbia Borysthenis et près de la ville actuelle d’Odessa. Elle paraît être Otchakov, mais non Odessa.

ODETTE de CHAMPDIVERS, femme d’une beauté remarquable, fille d’un marchand de chevaux, fut placée, pour le distraire, auprès de Charles VI tombé en démence (1392), réussit souvent à calmer ses fureurs et prit sur lui un tel ascendant qu’on appelait la petite reine. Elle en eut une fille, Marguerite, que Charles VII maria à un seigneur de Belleville. ODEYPOUR, v. de l'Inde anglaise médiate, ch.-l. d'une principauté de même nom, dans l'anc. Adjmir, à 380 k. S. O. de l'Adjmir. — La principauté, dite aussi Slewar, occupe la partie S. O. de l'Adjmir.

ODILE (Ste), patronne de l'Alsace, fille d'un duc d'Alsace, était abbesse d'Hohenbourg et mourut en 690 ou 720. Elle est fêtée le 13 déc.

ODILON (S.), abbé de Cluny, né en Auvergne l'an 962, m. en 1048, entretint des relations avec l'empereur Henri II, les rois de France Hugues Capet, Robert et Henri I, le roi de Bourgogne, Rodolphe, le roi de Pologne, Casimir, qui avaient tous pour lui une grande vénération. Il refusa l'archevêché de Lyon. On a de lui des Vies de saints, des sermons, des lettres, des poëmes. C'est lui qui établit à Cluny cette discipline qui porta si haut son ordre. L’Église l'honore le 1er janvier.

ODIN ou WODAN, le plus grand des dieux Scandinaves, le père des dieux et du monde (d'où son nom d’All-fadher, père de tout), était spécialement le dieu des combats. Il prit pour épouse Frigga, fille de Fiorgvin, dont il eut Thor, Balder, et tous les Ases. Il habitait le palais de Valhalla, dans la région des nuages, et y recevait les ombres des braves morts dans les batailles. Odin avait en propre la toute-puissance, la science universelle, la bonté infime. C'est lui qui donnait aux rois la couronne, aux héros le courage, aux poëtes l'inspiration, aux devins l'esprit prophétique. Il est mêlé dans les légendes à une foule d'aventures de guerre et d'amour, où il joue un rôle très-humain. Une de ces légendes le fait monter volontairement sur un bûcher où il meurt, victime dévouée pour le salut des siens. Il est probable qu'une partie des événements mythiques attribués à Odin appartiennent à la vie d'un ancien chef qui aura conduit les Scandinaves d'Asie en Scandinavie, et que les uns font vivre 70 ans av. J.-C. et les autres 250 ans après. On le représente sur un cheval à 8 pattes (Sleipnir), tenant une lance, et ayant sur les épaules 2 corbeaux, ses messagers.

ODJAK, nom donné au corps des janissaires en général, et notamment aux milices turques qui dominaient au nom du sultan les régences barbaresques. L’odjak d'Alger, fondée par les frères Barberousse en 1517, fut détruite par les Français en 1830.

ODOACRE, conquérant de l'Italie, était fils d'un ministre d'Attila. Ayant perdu son père en 465, il erra dans le Norique, vivant de pillage avec quelques compagnons, puis se fit admettre avec eux dans la garde impériale à Ravenne, et devint ainsi le chef des Hérules à la solde de l'empire. En 476, il se révolta contre l'empereur Augustule, qu'il détrôna sans peine. Maître de l'Italie, il supprima le titre d'empereur d'Occident, se contentant de gouverner le pays avec celui de patrice, que lui donna l'empereur d'Orient. Il distribua à ses compagnons le tiers des terres conquises ; néanmoins, sa modération, ses vertus, son respect pour les lois et les usages des Romains, ses utiles reformes firent aimer sa domination. Il rétablit le consulat, repoussa des frontières les peuples barbares de la Gaule et de la Germanie, battit les Rugiens en Norique et soumit la Dalmatie. Mais en 489, Théodoric, suivi de presque toute la nation des Ostrogoths, vint envahir l'Italie, le battit successivement sur le fleuve Isonzo près d'Aquilée (489), à Vérone, et près de l'Adda (490), et le contraignit à s'enfermer dans Ravenne. Odoacre s'y défendit plus de deux ans : il rendit la ville en 493, en stipulant qu'il régnerait conjointement avec le prince goth. Mais quelques jours après, Théodoric le fit tuer dans un banquet. Son tombeau a été trouvé en 1854 près de Ravenne.

ODON (S.), né en Angleterre, vers 875, de parents danois d'origine, m. en 961, fut employé par les rois Alfred et Édouard dans les affaires les plus importantes, devint chapelain du roi Athelstan, puis évêque de Wilton et archevêque de Cantorbéry. On l'hon. le 4 juill — Un autre S. Odon, natif de Tours, abbé de Cluny de 927 a 942 est hon. le 18 nov. Il a laissé quelques écrits (insérés dans la Bibliotheca Clunacensis de dom Marrier, 1612).

ODON, frère utérin de Guillaume le Conquérant, était comme lui fils de la belle Arlette. Né en 1030, il fut nommé en 1049, à 17 ans, évêque de Bayeux, équipa en 1066 cent navires pour seconder Guillaume dans son expédition contre l'Angleterre, gouverna ce royaume tyranniquement pendant l'absence du conquérant, fut le principal auteur des mesures de spoliation qui désolèrent le pays et eut pour sa part jusqu'à 254 fiefs, outre la ville de Douvres et le comté de Kent. Aspirant à la papauté, il commit tant de concussions afin de se procurer les trésors nécessaires pour acheter les suffrages qu'enfin Guillaume le disgracia et le mit en prison à Rouen. Devenu libre à la mort de ce prince, il fut l'âme des conseils de Robert Courte-Heuse, duc de Normandie, et tenta de faire tomber le sceptre des mains de Guillaume le Roux. Dépouillé pour ce fait de tous ses biens en Angleterre, il partit avec Robert pour la croisade, mais il mourut en route, à Palerme, en 1096.

ODON DE DEUIL, Odo de Diogilo, né vers 1100 à Deuil, dans la vallée de Montmorency, mort en ll62, fut chapelain de Louis le Jeune, l'accompagna en Terre-Sainte, et devint, à son retour, abbé de St-Denis en remplacement de Suger. On a de lui : De Ludovici VII, Francorum regis, profectione in Orientem : c'est une histoire de la 2e croisade. Elle a été trad. en français dans la collection de M. Guizot.

O'DONNELL (don. J. Enrique), général espagnol, d'origine irlandaise, né en 1770, m. en 1834, se distingua dans la guerre de l'indépendance, fut fait maréchal de camp et comte de l'Abisbal a la suite d'un avantage remporté en 1810 sur les Français près d'un village de ce nom et fut nommé en 1814 capitaine général de l'Andalousie par Ferdinand VII. En 1823, lors de l'expédition française, il reçut des constitutionnels le commandement de l'armée du Centre, mais il ne fit rien pour repousser l'invasion et tint une conduite équivoque qui le rendit suspect à tous les partis. Forcé de se démettre, il se réfugia en France : il mourut à Limoges dans l'oubli. — A la même famille appartient le général Léopold O'Donnell, né en 1808, fait en 1839 comte de Lucena, pour avoir forcé le général carliste Cabrera de lever le siége de cette ville, et en 1860 duc de Tétuan, pour avoir pris cette ville sur les Marocains.

ODRYSES, peuple de Thrace, habitait vers le centre de cette contrée, sur les bords de l'Hèbre, s'étendant de l'Artiscus et même de l'Agriane jusqu'au S. de l'Hémus. Les poëtes désignent quelquefois la Thrace entière sous le nom d’Odrysia tellus. — Quand Darius envahit l'Europe, les Odryses échappèrent au joug des Perses. A la faveur des guerres Médiques, Térès, un de leurs rois, fonda un empire que son fils Sitalcès étendit de Byzance à l'embouchure de l'Ister, et de l'Hellespont au Strymon. En 343 av. J.-C., Philippe, père d'Alexandre le Grand, enleva à Kersoblepte, un autre de leurs rois, le pays entre le Strymon et le Nestus, et, pour contenir les Odryses, fonda Philippopolis au milieu de leur territoire. Ce peuple se souleva souvent contre les successeurs d'Alexandre; les Romains le laissèrent longtemps libre, bien qu'il eût fourni des secours à Persée; mais, à la suite de quelques révoltes dont la principale eut lieu sous Tibère en 21, il fut incorporé à l'Empire sous Claude.

ODYSSÉE (d’Odusseus, Ulysse), poëmes d'Homère, où sont racontées les pérégrinations d'Ulysse après la guerre de Troie. V. HOMÈRE et ULYSSE.

OEBALIE, OEbalia, nom donné quelquefois à la Laconie en l'honneur d'Œbalus, un de ses anciens rois.

ŒCHALIE, OEchalia, auj. Carpenitzion, v. de la Thessalie septentr., chez les Eurytanes, était la demeure d'Euryte, père d'Iole. Ce prince ayant refusé sa fille à Hercule, après la lui avoir promise, le héros prit et saccagea la ville et enleva Iole. — Il y avait en Eubée et en Messénie deux autres villes d'Œchalie où l'on place aussi ce même événement.

ŒCOLAMPADE (Jean HAUSSCHEIN, qui se fit appeler, en grécisant son nom), un des auteurs de la Réforme, né en 1482 à Weinsberg en Franconie, m. en 1531, avait d'abord été destiné au commerce, puis à la jurisprudence, mais il préféra la théologie. D'abord catholique orthodoxe, il prêcha quelque temps dans sa ville natale, puis à Bâle, où il se lia avec Érasme. Ayant obtenu une cure à Bâle en 1522, il prit ouvertement parti pour la Réforme et se maria. Mêlé aux querelles entre Carlostad et Luther, entre Luther et Zwingle, il finit par s'attacher à ce dernier. On a de lui des Commentaires sur divers livres de l'Ancien et du Nouveau-Testament ; un traité De vero intellectu verborum : Hoc est corpus meum, où il adopte le sens de Zwingle contre celui de Luther, et plusieurs autres écrits de controverse.

ŒCUMÉNIQUES (Conciles). V. CONCILES.

ŒDENBURG, Sempronium, v. de Hongrie, ch.-l. du comitat d'Œdenburg, sur l'Ikva, à 190 kil. O. de Bude et à 5 kil. O. du lac de Neusiedel ; 15 000 h. Drap, potasse, coutellerie, poterie, etc.; vins renommés. Aux environs, houille, pierre à chaux. — Le comitat d Œ., entre l'Autriche propre au N. et à l'O., le comitat de Wieselburg au N. et à l'E., celui d'Eisenburg au S., a 90 kil. sur 40; 220 000 hab.

ŒDIPE, fils de Laïus et de Jocaste, fut exposé dès sa naissance parce qu'un oracle avait prédit qu'il serait le meurtrier de son père et l'époux de sa mère, mais fut sauvé par un berger de Polybe, roi de Corinthe, et élevé à la cour de ce prince comme son propre fils. Devenu grand, il apprit le fatal oracle et, pour y échapper, s'éloigna de celui qu'il croyait être son père ; mais, le destin lui ayant fait rencontrer Laïus dans un chemin creux et étroit de la Phocide, il se prit de querelle avec lui au sujet du passage et le tua sans le connaître. Se trouvant à Thèbes, Œdipe délivra cette ville du Sphinx, en devinant l'énigme que proposait ce monstre (V. SPHINX) ; il reçut en récompense le trône de Thèbes, avec la main de la reine Jocaste (sa mère). Étéocle et Polynice, Antigone et Ismène naquirent de cette union incestueuse. Instruit, mais longtemps après, de ces fatales méprises, Œdipe se creva les yeux de désespoir et vécut caché dans son palais ; il en fut chassé par ses fils. Il mena depuis une vie errante, n'ayant d'autre compagne que sa fille Antigone, qui ne voulut jamais le quitter. Il mourut au bourg de Colone, sur le territoire de l'Attique, où Thésée lui avait donné asile. Œdipe a été le sujet de plusieurs pièces tant anciennes que modernes; les plus célèbres sont l’Œdipe roi et l’Œdipe à Colone de Sophocle, l’Œdipe de Voltaire et l’Œdipe chez Admète de Ducis. On fait régner Œdipe au XIVe s. av. J.-C. Son nom, qui veut dire en grec pieds enflés, vient, selon la Fable, de ce que le Berger qui le sauva le trouva suspendu à un arbre par les pieds.

OEFELS (Félix d'), en latin Evelius, né à Munich en 1706, m. en 1780, visita la France, les Pays-Bas, diverses parties de l'Allemagne, fut chargé de l'éducation des princes Maximilien et Clément de Bavière, et devint en 1746 conservateur de la bibliothèque de Munich. On lui doit le recueil intitulé : Rerum boïcarum scriptores, Augsbourg, 1763, 2 vol. in-f.

ŒHLENSCHLAGER (Adam), fécond poète danois, né en 1778 à Frederiksborg, résidence royale dont son père était régisseur, mort en 1850. Il s'essaya d'abord comme acteur, mais, ayant peu réussi, il abandonna la scène et se consacra tout entier aux lettres. Après avoir voyagé pendant quatre années et visité l'Allemagne, la France, la Suisse et l'Italie, il se fixa à Copenhague et obtint, en 1809, à l'université de cette ville la chaire de belles-lettres qu'il occupa jusqu'à sa mort, attirant constamment une grande affluence d'auditeurs. Admiré de ses compatriotes, il fut en outre comblé d'honneurs par son souverain. Œhlenschlager créa en Danemark le théâtre national ; il avait étudié avec soin l'ancienne mythologie du Nord : il lui emprunta la plupart des sujets de ses compositions, ce qui le rendit promptement populaire. Outre plusieurs poèmes (la Mort de Balder, les Dieux du Nord, Aladin), il a composé avec un succès égal des tragédies et des comédies; ce qui l'a fait surnommer à la fois le Corneille et le Molière danois. Parmi ses tragédies, on cite Staerkodder, héros scandinave, l'Achille du Nord; Haken, iarl de Norvège, le dernier défenseur du paganisme; Palnatoke, fameux roi de mer du Xe s.; Axel et Valborg; la Mort du Corrége (trad. par X. Marmier, 1834); parmi ses comédies, l’Amiral Tordenskiold, l’Autel de Freya, l’Enfant du berger. Il a également composé plusieurs opéras et de nombreuses pièces fugitives. Il traduisit lui-même en allemand la plupart de ses pièces. Il a laissé des Mémoires, publ. en 1850. On doit à M. Lefebvre-Deumier une Étude biographique et littéraire sur OElenschlager, 1855.

ŒHRINGEN, v. du Wurtemberg (Iaxt), à 53 kil. N. E. de Stuttgard; 3500 hab. Château des princes de Hohenlohe-Œhringen.

ŒIL-DE-BOEUF (l'). On désignait spécialement sous ce nom aux XVIIe et XVIIIe s. une vaste salle du palais de Versailles, éclairée seulement par un œil de bœuf, qui précédait la chambre à coucher du roi et servait de salon d'attente. Le plafond en était décoré par Van der Meulen et sur les murs étaient représentés les enfants de Louis XIV.

OEIRAS, v. du Portugal (Estramadure), sur le Tage, à 17 kil. O. de Lisbonne; 3400 h. Château, hôpital; eaux thermales. Érigée en seigneurie pour le marquis de Pombal.

ŒLAND (c.-à-d. Terre du foin), île de Suède, dans la Baltique, près de la côte de Calmar, dont elle est séparée par le détroit de Calmar : 150 kil. sur 13; 30 000 h. ; ch.-l. Borkholm. Forêts, riches pâturages, qui donnent beaucoup de foin ; grains et bestiaux.

OELS, v. des États prussiens (Silésie), sur l'Œls, affluent de l'Oder, à 24 kil. N. E. de Breslau; 6000 h. Gymnase, château ducal, bibliothèque. Elle était la capit. d'un petit duché, qui appartint aux Piasts, puis au Wurtemberg, et à partir de 1792 au Brunswick, et qui depuis a été médiatisé ; 92 000 hab.

ŒNÉE, Œneus, roi de Calydon, eut d'Althée, sa première femme, Méléagre et Déjanire, et de Péribée, la seconde, Tydée, père de Diomède.

ŒNOMAUS, roi de Pise, père d'Hippodamie et beau-père de Pélops. V. HIPPODAMIE et PÉLOPS.

ŒNONE, nymphe du mont Ida, fut aimée d'Apollon (dont elle reçut le don de prédire), et ensuite de Pâris, qui l'abandonna. Elle prédit à ce dernier qu'il reviendrait un jour à elle : il y revint en effet, lorsqu'il eut été blessé à mort par Philoctète d'une des flèches d'Hercule. Œnone tenta en vain de le guérir et elle le suivit de près au tombeau.

ŒNOPHYTA, v. de Béotie où les Athéniens battirent les Béotiens. V. MYRONIDÉS.

ŒNOPIDE, de Chios, philosophe péripatéticien, contemporain d'Anaxagore (Ve s. av. J.-C.). On lui attribue plusieurs découvertes mathématiques et astronomiques, notamment selles de l'obliquité de l'écliptique et du mouvement propre du soleil. Il donnait à l'année 365 jours et 8 h.; il imagina un cycle luni-solaire de 21 557 jours, formant 59 années solaires.

ŒNOTRIE, Œnotria, un des anciens noms de l'Italie mérid., lui fut donné après qu'Œnotrus y eut émigré et eut occupé les lieux jadis habités par les Ausones. On étend parfois ce nom à l'Italie entière.

ŒNOTRUS, le plus jeune des fils de Lycaon, roi d'Arcadie, s'établit dans l'Italie mérid. vers l'an 1710 av. J.-C., et donna son nom à cette contrée. Quelques-uns prétendent qu'Œnotrus était un roi sabin.

OENUS, riv. de la Rhétie, est auj. l’Inn.

ŒREBRO, v. de la Suède propre, ch.-l. du gouvt d'Œrebro, sur le lac d'Hielmar, à 66 kil. O. de Stockholm; 5000 h. Lazaret, vieux château. Il s'y tint et 1529 une sorte de concile national qui abolit le Catholicisme en Suède et adopta la Confession luthérienne; et en 1540 une diète qui conféra l'hérédité du trône à la famille Wasa. Des traités y furent conclus en 1812 entre la Suède, l'Angleterre et la Russie. — Le gouvt d'Œ., formé surtout de l'anc. Néricie, a 136 k. sur 85 et 45 000 h. Fer, cuivre, cobalt, alun, soufre, vitriol.

ŒRSTED (J. Christian), physicien danois, né en 1774 à Rudkiœbing, dans l'île de Langeland, m. en 1851, était fils d'un pharmacien et occupait une chaire de physique à l'Université de Copenhague. Il soupçonna dès 1802 l'identité du magnétisme et de l'électricité, mais ce n'est qu'en 1820 qu'il réussit à la mettre hors de doute : il prouva à cette époque par des expériences irréfragables qu'une aiguille aimantée, placée sous un fil métallique communiquant par ses extrémités avec une pile voltaïque, était affectée par le courant qui se produit alors dans le fil; il reconnut aussi que durant l'action de la batterie le fil devenait magnétique et affectait une aiguille aimantée : il fonda ainsi une branche nouvelle de la physique, l’Électro-magnétisme, dont Ampère donna aussitôt la théorie. Œrsted visita en 1821 et 1822 les principales capitales de l'Europe, Berlin, Paris, Londres, répétant partout ses belles expériences. Déjà membre et secrétaire de l'Académie des sciences de Copenhague, il fut élu associé par l'Institut de France et la Société royale de Londres et reçut de ces deux compagnies les prix destinés aux plus grandes découvertes. Le roi de Danemark le décora de l'ordre de Danebrog, le nomma conseiller d'État, et lui conféra la noblesse. Ses principaux écrits sont : Mécanisme de la propagation des forces électrique et magnétique, 1806; Considérations sur l'histoire de la chimie, 1807; Recherches sur l'identité des forces chimiques et électriques, 1812 (trad. par Marcel de Serres, 1813); Expériences sur l'effet du conflit électrique sur l'aiguille aimantée (1820, en danois et en latin), mémoire où est exposée sa découverte et qui fut traduit dès 1820 par Gay-Lussac et Arago; l’Esprit de la nature (2e éd., 1851), écrit qui est comme la philosophie générale des sciences physiques. — Son frère cadet, Anders Œ., 1778-1860, devint en 1853 président du cabinet de Copenhague, mais il ne se signala que par des actes impopulaires, fut accusé avec ses collègues de dépenses illégales et, quoique acquitté, se vit forcé de quitter le ministère. On a de lui des ouvrages estimés sur le droit danois et norvégien.

OESEL, île de Russie (Riga), dans la mer Baltique, à l'entrée du golfe de Livonie; 90 kil. sur 50; 45 000h.; ch.-l., Arensbourg. Grains, lin, etc. Cette île était un lieu saint pour les anciens Livoniens. Elle tomba en même temps que la Livonie au pouvoir des chevaliers Teutoniques. En 1583 elle passa au Danemark, qui la céda à la Suède. Elle fut annexée à la Russie en 1721.

ŒTA (l'), auj. Katavothra ou Kommaïta, mont. de la Grèce, sur les confins de la Thessalie, de la Phocide et de la Doride, près du golfe Maliaque et des Thermopyles et au centre de la Doride. C'est là que, selon la Fable, Hercule monta sur le bûcher.

OETINGER (Christophe), savant wurtembergeois, né en 1702, m. en 1782, fut pasteur dans plusieurs villes et enfin prélat à Murrhard. C'est un des chefs des Piétistes : il a traduit en allemand les Œuvres mystiques de Swedenborg (Leipsick, 1765), et a laissé un grand nombre d'ouvrages, entre autres un Dictionnaire biblique et emblématique, Heilbronn, 1776.

ŒTTINGEN, v. de Bavière (Rezat), ch.-l. de principauté, à 60 k. S. O. de Nuremberg; 2300 h. Lainages, toiles, indiennes, etc. Résidence des princes d'Œttingen. Les Français y défirent les Anglais en 1743.

ŒUF (Château de l'). V. NAPLES et NAVARRE (P. de).

OEXMELIN (Olivier), voyageur flamand. Conduit en 1666 à l'île de la Tortue comme engagé de la Compagnie des Indes occidentales, il prit parti avec les Flibustiers en 1669, et, après avoir été des leurs jusqu'en 1674, revint en Europe sur un vaisseau hollandais. Il fit encore trois autres voyages en Amérique et assista à la prise de Carthagène en 1697. Il a laissé une curieuse Histoire des aventuriers qui se sont signalés dans les Indes, avec la vie, les mœurs et les coutumes des Boucaniers, qui a été publiée d'après ses manuscrits par Frontignières, Paris, 1686.

OFANTO, Aufidus ou Ufens, petite riv. de l'Italie mérid., naît dans la Principauté Ultérieure, sépare cette prov. de la Basilicate et celle-ci de la Capitanate, court à l'E., puis au N. E., passe près de Cannes et tombe dans l'Adriatique entre Barletta et le lac de Salpi, après un cours de 140 kil.

OFEN, nom allemand de BUDE.

OFFA, roi anglo-saxon de Mercie, le plus grand des royaumes de l'Heptarchie, régna de 757 à 796, joignit à ses États l'Est-Anglie après avoir donné là mort au roi du pays, Éthelbert, se rendit à Rome en 794 pour implorer son pardon du pape, fut absous et en retour augmenta le tribut appelé depuis Denier de S. Pierre. Il fit recueillir toutes les lois qui régissaient ses États; on les retrouve en grande partie dans le Code anglosaxon que publia depuis Alfred le Grand.

OFFENBACH, v. de Hesse-Darmstadt, sur le Mein, à 22 kil. N. O. de Darmstadt et à 5 kil. S. E. de Francfort ; 10 000 hab. Anc. château des princes d'Isenbourg-Budingen. Toiles, carrosserie, soieries, instruments de musique, passementerie, teinturerie.

OFFENBOURG, v. du grand-duché de Bade, ch.-l. du cercle de la Kinzig, sur la Kinzig, à 83 kil. S. de Carlsruhe ; 4000 h. Jadis ville impériale. Vins estimés.

OFFICIERS (Grands) de LA COURONNE. V. OFFICES au Dict. univ. des Sciences.

OFFRANVILLE, ch.-l. de c. (Seine-Infér.), à 8 k. S. de Dieppe, près de la Scie; 1797 hab.

OFTERDINGEN (Henri d'), minnesinger du XIIIe s., vivait à la cour de l'archiduc d'Autriche Léopold VII. Il assista au combat poétique de la Wartbourg et y lutta contre Wolfram d'Eschenbach. On n'a conservé de ce poète que fort peu de choses. On lui attribue la plus grande partie du recueil intitulé Heldenbuch (le livre des héros) publié à Haguenau, 1509. Quelques-uns le regardent comme l'auteur des Niebelungen; mais rien n'est moins certain. Novalis a donné sous le nom d’Ofterdingen un roman intéressant.

OG, roi de Basan (contrée située à l'E. du Jourdain), était de la race des Géants. Attaqué par les Israélites que conduisait Moïse, il fut exterminé avec tout son peuple.

OGER ou OGIER, dit le Danois, Adalgarius, un des paladins de l'époque de Charlemagne, contemporain de Roland et d'Olivier, était originaire d'Austrasie. Il s'était déjà distingué sous Pépin le Bref, qui le chargea de plusieurs missions, notamment de protéger le voyage du pape Étienne II en France. Après la mort de Carloman, il soutint les enfants de ce prince contre Charlemagne, s'unit, pour le combattre, à Didier, roi des Lombards et tenta, mais vainement, de lui résister dans le Montferrat et la Lombardie. Las de combattre, il se retira dans l'abbaye de St-Faron à Meaux, où il mourut après le milieu du IXe s. Roland avait épousé la sœur d'Oger, la belle Auda. Son souvenir est resté dans les romans de chevalerie, dans les Chansons de Geste, et dans quelques publications populaires de Montélimart; on le retrouve aussi dans les figures de nos jeux de cartes, où il représente le valet de pique.

OGHAM ou OGMIUS, dieu de l'éloquence et de la poésie chez les Gaulois, était représenté sous les traits d'un vieillard, armé d'un arc et d'une massue, attirant à lui nombre d'hommes par des filets d'ambre et d'or qui partaient de sa bouche.

OGIER. Voy. OGER.

OGILBY (J.), écrivain écossais, né à Édimbourg en 1600, m. à Londres en 1676, fut successivement maître de danse, directeur de théâtre, homme de lettres, imprimeur, ingénieur, cosmographe et géographe du roi. Il fut chargé en 1661 de diriger la partie poétique des fêtes pour le couronnement de Charles II On lui doit de nombreuses traductions en vers, entre autres celles de l’Énéide, 1650, de l’Iliade, 1660, de l’Odyssée, 1685, qui ont eu de la réputation dans leur temps. Il a encore composé d'autres ouvrages d'un genre fort différent, entre autres un Atlas et des Hist. de l'Amérique, de l'Asie, du Japon.

OGINSKI (Michel, comte), noble polonais, né en 1731, m. en 1803, fut présenté à Catherine II par l'ambassadeur danois Osten dans le but de détourner sur sa personne les dispositions de la czarine eu faveur de Poniatowski (1763) : Catherine effectivement s'éprit de lui, mais elle ne changea rien à ses projets, et Poniatowski devint roi de la Pologne. Oginski fut nommé grand maréchal de Lithuanie. En 1771, il prit parti pour les patriotes polonais, battit les Russes à Ianof, et leur enleva Minsk; mais il fut surpris à Stolowice, et se vit forcé, après une déroute complète, de se réfugier à Kœnigsberg (1771), puisa Dantzick. Il revint plus tard en Pologne, et y fit creuser à ses frais un canal qui fait communiquer la Baltique et la mer Noire en liant le Niémen au Dnieper. — Son neveu, Cléophas O., 1765-1833, prit une part glorieuse aux luttes de la Pologne et fut un des plus Braves compagnons d'armes de Kosciuzko. Il rentra dans sa patrie à l'avènement d'Alexandre I, et fut nommé sénateur de Russie en 1810. Il a laissé des Mémoires sur la Pologne de 1778 à 1815, Paris, 1826.

OGIVE, reine de France, fille d'Édouard Ier, roi d'Angleterre, épousa Charles le Simple, dont elle eut Louis. Quand son époux eut été pris par le comte de Vermandois, elle s'enfuit au delà de la Manche, à la cour de son frère Athelstan, et y fit élever son fils, ce qui valut à ce prince le surnom d’Outre-mer.

OGLIO, Ollius, riv. de l'Italie septentr., naît dans la prov. ue Bergame, traverse le lac d'Iseo, reçoit la Mella, la Chiese, et joint le Pô sous Borgoforte (entre l'Adda et le Mincio), après un cours de 260 k.

OGMIOS ou OGMIUS, dieu gaulois. V. OGHAM.

OGNATE, v. d'Espagne (Guipuscoa), à 50 kil. S. O. de Bilbao; 4500 h. Anc. comté, anc. université dite du St-Esprit, réunie en 1842 à celle de Valladolid. Aux env. eaux minérales et mines de fer.

OGOURS, OGRES. V. OIGOURS.

OGYGÈS, roi de l'Attique et de la Béotie, passait pour fils de Neptune, sans doute parce qu'il était venu par mer; il bâtit la ville d'Éleusis. Sous son règne eut lieu un déluge qui inonda tout le pays soumis à ses lois. On place ce déluge environ 250 ans avant celui de Deucalion, vers l'an 1832 av. J.-C. On l'attribue à l'engorgement des canaux qui conduisaient l'eau du lac Copaïs à la mer. — Chez les poëtes, Ogygius signifie souvent très-ancien.

OGYGIE, Ogygia, pays où régnait Ogygès. comprenait toute la contrée qui fut depuis l'Attique et la Béotie. — Terre fabuleuse où l'on fait régner Calypso : c'était une île voisine de la côte mérid. de l'Italie, à l'E. du Brutium et au S. de Crotone.

OHIO (l'), grande rivière des États-Unis, est formée par l'Alleghany et la Monongahela, qui se réunissent à Pittsburg, coule à l'O., au S., à l'O. encore, puis au S. O., arrose Cincinnati, Louisville, et tombe dans le Mississipi à Jefferson, par 91° 18' long. O., 37° lat. N., après un cours d'env. 1600 k. Affluents, la Tennessee, le Cumberland, le Kentucky, etc.

OHIO (État de l'), un des États-Unis de l'Amérique du Nord, à l'O. de la Pensylvanie et de la Virginie, au S. du lac Érié et de l’État de Michigan : 336 kil. sur 300; 2 400 000 h.; le ch.-l. est Columbus; mais la ville principale est Cincinnati. Climat tempéré, humide; sol varié, aride sur beaucoup de points; vastes prairies et marais; vignobles estimés. Riches mines de houille dans l'est, près de l'Ohio; sources salines. Nombreux chemins de fer. — Ce pays était connu dès 1634 ; mais ce ne fut qu'en 1763 qu'il commença à être habité. C'est en 1802 qu'il a été érigé en État. On y trouve beaucoup d'antiquités provenant d'un peuple éteint.

OHMACHT, sculpteur, né en 1761 à Rothweil en Wurtemberg, m. en 1834, fut lié avec Klopstock, Lavater et Canova, duquel il apprit tous les secrets de son art, et se fixa à Strasbourg. Il se distingua par la grâce et la pureté, ce qui l'a fait surnommer le Corrége des statuaires. Parmi ses œuvres, on remarque : le Jugement de Pâris, à Munich; une Vénus sortant de la mer, à Lisbonne ; le Mausolée de l'empereur Rodolphe, à Spire; la statue de Luther, à Wissembourg; la Foi et la Charité, à Carlsruhe; 6 Muses, de grandeur colossale, au théâtre de Strasbourg.

OHOD, mont. d'Arabie, voisine de Médine, à l'O. Mahomet y fut vaincu par les habitants de la Mecque en 625 (an 3 de l'Hégire).

OHSSON (MOURADGEA D'). V. MOURADGEA.

OIGNON (l'), riv. de France, naît dans le dép. de la Hte-Saône (arr. de Lure), sépare ce dép. de ceux du Doubs et du Jura, et tombe dans la Saône au-dessus de Pontaillier; cours, 150 kil.

OIGOURS, peuple tartare de la famille ouralienne, émigra d'Asie en Europe vers le Ve s. Quelques-uns les croient les mêmes que les Hunigares ou Hounogoures, desquels les Hongrois Madgyars paraissent issus ; les autres les identifient avec les Ogours, peuple célèbre au moyen âge pour sa cruauté dont le nom a formé celui d’ogre, si fréquent dans les contes de fées. Les Oigours possèdent de temps immémorial une écriture à part et une littérature remarquable.

OIHÉNART (A.), écrivain basque du XVIIe s., né à Mauléon, m. vers 1675, était avocat au parlement de Navarre. Il a composé, sous le titre de Notitia utriusque Vasconiœ (Paris, 1637), une des meilleures histoires qui existent sur nos anciennes provinces. Il a aussi laissé un recueil de Proverbes basques (1657), réimprimé en 1847 par Francisque Michel.

OIL (Langue d'). Voy. LANGUEDOC.

OILÉE, roi des Locriens et l'un des Argonautes, fut père d'un des deux Ajax.

OISE (l'), OEsis, Isara, naît en Belgique, à Sélogne (Hainaut), sur les confins du dép. de l'Aisne, arrose Guise, La Fère, Noyon, Compiègne, Creil, Beaumont, Pontoise, reçoit à droite le Thérain, à gauche l'Aisne, et tombe dans la Seine par la r. dr. à Conflans-Ste-Honorine, après un cours de 240 kil. Elle donne son nom aux dép. de l'Oise et de Seine-et-Oise. L'Oise communique avec le canal de St-Quentin. Un canal latéral à cette rivière, long de 28 kil., a été creusé de 1826 à 1828 entre Longueil et Janville.

OISE (dép. de l'), entre ceux de la Somme au N., de l'Aisne à l'E., de Seine-et-Marne et de Seine-et-Oise au S., de l'Eure et de la Seine-Infér. à l'O. : 5825 kil. carrés; 401 417 h. ; ch.-l. Beauvais. Il a été formé de parties de l'Ile-de-France et de la Picardie. Il est arrosé par l'Oise, qui lui donne son nom, et par l'Aisne, l'Ourcq et le Thérain. Pierres de taille et pierres meulières; marbre lumachelle, etc. Sol gras, riche; beaucoup de blé, lin, chanvre, navette ; peu de vin; cidre et bière; bons pâturages et belles forêts. Gros et menu bétail; volaille, gibier, poisson. Lainages, tapis de pied et autres tapisseries, passementerie, toile, dentelle, tabletterie; sulfate de fer, limes, râpes, etc. — Ce dép. a 4 arr. (Beauvais, Clermont-en-Beauvoisis, Senlis, Compiègne), 35 cant., 700 communes ; il appartient à la 1re div. milit., dépend de la cour imp. d'Amiens et a un évêché à Beauvais.

OISEAUX (Iles des). V. AVES.

OISEMONT, ch.-l. de cant. (Somme), à 40 kil. O. d'Amiens; 1072 hab. Grains, laines, chevaux.

OISSEL, v. du dép. de la Seine-Inférieure, à 12 kil. S. de Rouen, sur la r. g. de la Seine et sur le chemin de fer de Paris au Havre ; 3685 h. Filatures. Près de là, célèbre station des Normands sur la Seine.

OJÉDA (Alph. d'), capitaine espagnol, né à Cuença au XVe s., fut de la 2e expédition de Colomb, commanda l'expédition de 1499, dont Améric Vespuce faisait en partie les frais, mais se sépara de lui à la suite de brouilles. Il eut une foule d'aventures extraordinaires, et mourut dans la dernière pauvreté.

OKA, riv. de la Russie d'Europe, naît dans le gouvt d'Orel et près de cette ville, arrose ceux de Toula, Kalouga, Riazan, Tambov, Vladimir, Nijnéi-Novogorod, reçoit la Moskova et se joint au Volga à Nijnéi-Novogorod, après un cours d'env. 1400 kil. OKEN (Laurent), savant naturaliste, né en 1779, à Offenbourg en Souabe, m. en 1851, enseigna à Gœttingue, à Iéna, à Munich, et, à partir de 1833, à Zurich. Il rédigea pendant plusieurs années à Iéna l’Isis, revue encyclopédique, dont la rédaction indépendante lui fit perdre sa chaire. Oken s'est efforcé de créer un système général qui embrassât les trois règnes de la nature : ses vues à cet égard sont exposées dans son Manuel de la philosophie naturelle, 1808 et 1831, et dans son Histoire naturelle générale, 1833-35; il fait à l'histoire naturelle l'application du système de l'identité de Schelling.

OKHOTSK, v. et port de Sibérie (Irkoutsk), ch.-l. de la prov. d'Okhotsk, sur la mer d'Okhotsk, à l'emb. d'une riv. de même nom, par 140° 53' long. E., 59° 20' lat. N., à près de 10 000 kil. E. de St-Pétersbourg; 3000 hab. Petit fort; commerce de quelque importance; anc. entrepôt de la Compagnie américaine pour les pelleteries et passage ordinaire de ceux qui vont au Kamtchatka ou en Amérique. — La prov. d'Okhotsk, à l'E. de celle d'Iakoutsk, à l'O. des mers d'Okhotsk et de Behring, au S. de l'Océan Glacial arctique, a env. 1700 kil. du S. O. au N. E. (en y comprenant le Kamtchatka et les Tchouktchis), mais est presq. déserte : elle ne compte guère que 20 000 h. Elle est traversée par les monts Stanovoï. Climat très-rude, chasse et pêche abondantes (surtout de phoques); commerce de pelleteries. Jaspe, cristal de roche, houille, cuivre, fer, argent.

OKHOTSK (mer d'), vaste golfe formé par le Grand Océan Boréal sur la côte N. E. de l'Asie, s'étend entre le Kamtchatka et le district d'Okhotsk.

OKNA, nom de 2 bourgs, l'un en Moldavie, l'autre en Valachie, qui possèdent de riches mines de sel gemme.

OKTAÏ, grand khan des Tartares Mongols, 3e fils de Gengis-khan, lui succéda en 1227, conquit le nord de la Chine et renversa du trône la dynastie des Kin, puis, se tournant vers l'O., soumit l'Arménie, se rendit maître de Moscou, de la Pologne, de la Hongrie, et fit trembler la chrétienté. Il mourut en 1241. Sa mort arrêta ou suspendit les progrès des Mongols. Oktaï avait pour ministre le sage Yé-liu-tchou-tsaï, qui fit fleurir la justice dans son empire, et qui tenta mais en vain d'adoucir la férocité des Mongols. — Oktaï est connu en Chine sous le nom de Taï-tsoung.

OLAF, rois de Suède et de Danemark. V. OLAÜS.

OLAFSEN (Magnus), savant pasteur islandais, né en 1573, m. en 1636, a traduit l’Edda en latin et a laissé un Specimen Lexici runici, Copenh., 1650. — Et. O., pasteur en Islande, m. en 1688, a publié en islandais et en latin la Voluspa, philosophia antiquissima Norwago-Danica, Copenhague, 1665. — Eggert O., naturaliste et voyageur, né en 1721, m. en 1768, fit par ordre de l'Académie des sciences de Copenhague un voyage scientifique en Islande, et remplit dans cette île les fonctions de vice-grand bailli du Sud et de l'Est : il a laissé un Voyage en Islande (en danois), Sorœ, 1772 (trad. en franç. par Gauthier de La Peyronie 1802). — Jean O., frère du précéd., 1731-1811, a publié en 1786 de savantes recherches sur l’Ancienne poésie des peuples du Nord, ouvrage couronné par l'Académie de Copenhague.

OLAHUS (Nic.), prélat hongrois, né en 1493. à Hermanstadt, m. en 1562 à Presbourg, fut conseiller intime de Marie (veuve de Louis II), gouvernante des Pays-Bas, puis chancelier de l'empereur Ferdinand, évêque de Zagrab, archevêque de Strigonie, et couronna Maximilien II à Presbourg. Il fit concéder aux Jésuites le collège de Tyrnau (1560). On a de lui une Histoire d'Attila, en latin, 1538.

OLAN (mont), montagne de France, entre les dép. de l'Isère et des Htes-Alpes, est un contre-fort des Alpes Cottiennes; elle a 4102m de haut.

OLARGUES, ch.-l. de c. (Hérault), sur la mer, à 18 kil. N. E. de St-Pons; 101 hab. Aux env., mines de houille, eaux minérales, grotte à stalactites.

OLAÜS, OLAF ou OLOF, nom commun à plusieurs rois de Norvège, de Danemark et de Suède.

OLAÜS, roi de Suède, né en 984, m. en l026, monta sur le trône vers 1021. Il est le 1er prince de ce pays qui ait pris le titre de roi et le 1er aussi qui ait adopté le Christianisme : le moine anglais Siegfrid l'avait baptisé dès 1008. Il eut à soutenir des guerres malheureuses contre la Norvége et perdit plusieurs provinces.

OLAÜS I, roi de Danemark, ne régna que sur le Jutland, et périt en 814 dans un combat contre les Francs. — II, 3e fils de Suénon II, régna de 1086 à 1095. Une famine horrible désola le roy. sous son règne, ce qui lui fit donner le nom de Hunger, c.-à-d. l’Affamé.

OLAÜS I, roi de Norvége, fils de Tryggve, l'un des rois de ce pays, avait 19 ans lors de l'assassinat de son père en 974. Il passa plusieurs années à la cour, de Vladimir le Grand à Novogorod, puis se fit roi de mer. Après beaucoup d'aventures, il reparut en Norvège au moment où une révolution détrônait Haquin, et monta sur le trône en 994. Il s'était fait baptiser à Londres ; il introduisit le Christianisme en Norvége ainsi qu'en Islande (996) et dans le Groënland (1000). Battu à Swolde par les rois de Suède et de Danemark (1000), il se précipita dans la mer plutôt que de se rendre. D'après une tradition populaire, il se serait sauvé à la nage et serait arrivé en Terre-Sainte pour s'y faire anachorète. Après sa mort, la Norvège fut partagée par les vainqueurs. — II, dit le Gros et le Saint, eut à disputer son héritage à Canut le Grand, roi de Danemark, ne put se faire reconnaître roi qu'en 1017, fixa sa résidence à Drontheim (1019), travailla de toutes ses forces à la propagation du Christianisme, mais froissa si violemment ses sujets que, bien qu'il eût soumis le Groënland (1023), l'archipel Fœroer (1026), et l'Islande (1029), les intrigues et les armes de Canut le firent tomber du trône (1030). Il tenta d'y remonter à main armée en 1032, mais fut défait et tué à Stiklestad par les habitants de Drontheim. A sa mort, la Norvège devint le partage de Suénon II, fils naturel de Canut. Bientôt les Norvégiens, mécontents du nouveau roi, proclamèrent saint ce roi qu'ils avaient tué : il fut même déclaré en 1146 patron de la Norvège. On l'hon. le 21 août, jour de sa mort. Un ordre de chevalerie a été institué en son honneur par Oscar Ier en 1847. — III, le Pacifique, régna avec son frère Magnus II de 1066 à 1069, et seul de 1068 à 1093. Il ne négligea rien pour vivre en paix avec ses voisins, favorisa le commerce, les arts et le luxe, bâtit Bergen et donna aux Anglais un quartier dans cette ville, assura au clergé un revenu fixe, et organisa des associations religieuses pour étendre la civilisation. — IV, fils de Magnus III, régna avec ses deux frères, Sigurd et Eystein, de 1103 à 1116. — V, fils de Haquin VII et petit-fils par sa mère de Waldemar IV, roi de Danemark, succéda à son grand-père sur le trône de Danemark en 1376, à son père sur le trône de Norvège en 1380, et acquit en même temps des prétentions sur la Suède. A sa mort, en 1387, sa mère, la célèbre Marguerite, réunit les 3 royaumes.

OLAVIDE (Joseph), homme d'État espagnol, né à Lima en 1725, m. en 1803, suivit en qualité de secrétaire le comte d'Aranda, ambassadeur en France, fut nommé par Charles III intendant de Séville et signala son administration en colonisant et défrichant la Sierra-Morena. Ayant exprimé son adhésion aux doctrines philosophiques qui dominaient en France, il fut accusé d'hérésie et l'Inquisition le condamna à huit ans de réclusion dans un couvent. Il trouva moyen de s'échapper au bout de 3 ans et se réfugia en France. A la fin de sa vie, il se convertit, écrivit le Triomphe de l'Évangile ou Mémoires d'un philosophe converti (trad. en franç. par Buynand des Échelles, Lyon, 1805), et put rentrer en Espagne.

OLBERS (Guill.), astronome, né près de Brème en 1758, m. à Brême en 1840, était fils d'un pasteur et exerça la médecine. On lui doit la découverte de deux nouvelles planètes, de Pallas en 1802 et de Vesta en 1807, ainsi que celle de plusieurs comètes. Il a émis l'idée que les petites planètes sont les éclats d'une plus grande qui a fait explosion, mais cette hypothèse ingénieuse n'a pas été admise par les astronomes. Olbers fut nommé en 1829 associé étranger de l'Académie des sciences de Paris. Il a laissé une Méthode nouvelle pour calculer l'orbite des comètes, 1797 et 1847, ouvrage qui fit époque.

OLBIA, dite aussi Borysthenis et Miletopolis, auj. Kudac ou Otchakov? v. de Scythie européenne, sur le Borysthène, près de sa jonction avec l’Hypanis, était une colonie de Milet, et fut très-florissante par le commerce aux Ve et IVe s. av. J.-C. — Il y avait aussi une Olbia en Pamphylie, sur la côte O. (auj. Satalieh); et une autre en Gaule, dans la Narbonaise 2e : c'est auj. Eoube.

OLDENBOURG, capit. du duché d'Oldenbourg, sur la Hunte, à 28 kil. O. de Brême; 8000 hab. Château ducal, école militaire, gymnase. Patrie du philosophe Herbart et de l'historien Woltmann. Fondée vers 1155 par le comte Christian I, désolée par un incendie en 1676, embellie par le roi Christian VI en 1737.

OLDENBOURG (Grand-Duché d'), un des États du N. de l'Empire allemand, est comme enclavé au S., à l'O. et à l'E. dans l'ancien royaume de Hanovre, et est borné au N. par la mer du Nord : 116 kil. sur 75 ; 295 000 h., dont 73 000 catholiques ; capit., Oldenbourg. Outre l'Oldenbourg proprement dit, le duc possède les principautés de Lubeck et de Birkenfeld et les seigneuries de Jever et de Kniphausen. Le grand-duc d'Oldenbourg a une voix au conseil fédéral de l'Empire allemand. Le pays est arrosé par le Weser. Sol médiocre, sauf vers les rivières; blé, houblon, légumes, navette ; bétail, élève de chevaux, qui donne lieu à d'importantes exportations ; tourbières. Industrie assez active. — Le pays d'Oldenbourg était, dans les temps les plus reculés, habité par des Frisons et des Saxons; il devint au XIIe siècle un comté, dont les titulaires ne furent comtes souverains qu'après la chute de Henri le Lion, duc de Saxe. Il eut pour 1er comte, en 1155, Christian I, que l'on fait descendre de Witikind. Thierry le Fortuné, un des descendants de Christian I, après avoir réuni le comté de Delmenhorst à celui d'Oldenbourg (1435), laissa deux fils : Christian VIII, qui parvint au trône de Danemark en 1448 sous le nom de Christian I et qui y joignit en 1460 le Slesvig et le Holstein, et Gérard, tige de la moyenne ligne d'Oldenbourg-et-Delmenhorst; celle-ci finit en 1667. Mais la branche royale, dite maison de Danemark, subsistait toujours : les deux comtés d'Oldenbourg et de Delmenhorst lui revinrent, et elle les garda jusqu'en 1773. Dès 1534, cette maison avait formé deux lignes, l'aînée ou royale, et la cadette ou de Holstein-Gottorp; puis, en 1694, Gottorp avait à son tour formé deux branches, celle de Gottorp ou branche ducale, celle de Lubeck ou branche épiscopale, représentée par Christian-Auguste, évêque luthérien de Lubeck, qui laissa plusieurs fils. La branche ducale de Holstein-Gottorp, formée en 1694, est auj. la maison régnante de Russie, et le rameau aîné de la branche épiscopale a régné sur la Suède de 1751 à 1818. En 1773 eut lieu entre le chef de la branche ducale, Paul, duc de Holstein-Gottorp (qui plus tard devait régner en Russie), et le roi de Danemark, Christian VII, un échange qui, donnant au Danemark le Holstein, attribuait à Paul les comtés d'Oldenbourg et Delmenhorst, que l'empereur Joseph II érigea en duché. Paul, en montant sur le trône, abandonna ce duché au rameau puîné de la branche cadette (la branche épiscopale). Le duc d'Oldenbourg Pierre-Frédéric-Guillaume, qui depuis longtemps était en tutelle sous son cousin Pierre-Frédéric-Louis, étant mort en 1823, ce dernier lui succéda, avec le titre de grand-duc, que lui conféra le congrès de Vienne. Ce sont ses descendants qui règnent encore sur le duché. — L'Oldenbourg entra en 1808 dans la Confédération du Rhin et fut en 1810 incorporé à l'empire français : il formait le dép. des Bouches-du-Weser. Il redevint indépendant en 1814. Le grand-duché a obtenu en 1849 une constitution, qui a été révisée en 1852.

OLDENBOURG (H.), physicien, né à Brême en 1626, mort à Charlton en 1678, fut consul de Brême en Angleterre, puis précepteur de W. Cavendish, et se fixa à Londres. Il fut un des premiers membres de la (Société royale de Londres, en devint secrétaire et a ce titre entretint une correspondance active avec les principaux savants de l'époque, notamment avec Bayle et Leibnitz. C'est lui qui publia les Transactions philosophiques de 1665 à 1677.

OLDHAM, v. d'Angleterre (Lancastre), à 9 kil. N. E. de Manchester; 60 000 hab. Station de chemin de fer. Futaine, chapeaux, filatures de coton. Riches mines de houille. Cette ville a atteint depuis peu une grande prospérité.

OLD-SARUM, Sarbiodunum, un des bourgs pourris de l'Angleterre (Wilts), à 3 kil. N. de Salisbury. Anc. forteresse, anc. évêché, transféré à Salisbury au XIIIe siècle. Bien que tombé en ruines et réduit à une seule ferme, ce bourg n'avait pas cessé, jusqu'à la réforme parlementaire, d'envoyer 2 députés au Parlement.

OLÉARIUS (Adam), dont le vrai nom est OElschlæger, savant allemand, né en 1600 à Aschersleben (Anhalt), m. en 1671, fut secrétaire de l'ambassade que le duc de Holstein-Gottorp envoya en 1633 au czar de Russie et au chah de Perse, passa six ans dans cette mission, traversa ainsi la Russie, la mer Caspienne, visita Astrakhan, Derbend, Ispahan, et fut à son retour nommé conseiller, bibliothécaire et mathématicien du duc de Holstein. Il a publié ses Voyages en Moscovie, Tartarie et Perse, Slesvig, 1647 (trad. en franç. par Wicquefort. Paris, 1656-66), et a traduit en allemand le Gulistan de Saadi et les Fables de Lokman.

OLEARIUS (Godef.), professeur des langues grecque et latine à Leipsick, né en 1672, mort en 1715, donna une excellente édition de Philostrate (Leipsick, 1709, in-fol), traduisit en latin l’Histoire de la philosophie de Stanley et composa une Histoire romaine et d'Allemagne, 1699.

OLEG, grand-duc de Moscovie de 879 à 913, avait d'abord été tuteur du jeune Igor, fils de Rurik. Il conquit en 882 Kiev, Smolensk et Lioubitch, rendit tributaires les Sévénens, les Radimitches, les Drevliens (885), conduisit en 904 contre Constantinople 2000 barques et força l'empereur Léon VI à signer un traité de commerce à l'avantage de la Russie (911). — Fils de Sviatoslav I, eut pour lot, à la mort de son père (973), le pays des Drevliens ; mais fut attaqué par Iaropolk I, son frère, qui remporta sur lui la victoire d'Ovroutch; Oleg y périt (977). — Fils de Sviatoslav (prince de Vladimir) et petit-fils de Iaroslav I, fut, jeune encore, dépouillé et enfermé par ses oncles, s'échappa, devint prince de Tmoutarakan, et, uni aux Polovises, battit Sviatoslav II en 1078, enleva sous Sviatopolk II les villes de Tchernigov, Riazan, Mourom, etc., et mit le siège devant Kiev en 1096, mais sans succès. Il mourut en 1124.

OLEN, ancien poète et pontife grec, antérieur à Orphée, était de Xanthe en Lycie, ou, selon d'autres, de Sarmatie. On chantait à Delphes et à Delos, dans les fêtes solennelles, des hymnes composés par lui. On croit que c'est Olen qui établit à Delphes l'oracle d'Apollon et qui institua le culte de ce dieu à Délos ; on lui attribue l'invention de l’Hexamètre.

OLENUS, v. d'Achaïe, au N. O., sur le golfe de Patras, entre Dymes à l'O. et Patras à l'E., était une des 12 villes de la confédération achéenne.

OLÉRON (île d'), Uliarus et Olario, île de France, dans l'Atlantique, vis-à-vis des embouch. de la Seudre et de la Charente, est séparée de l'île de Ré par le pertuis d'Antioche et du continent par la passe de Maumusson. Elle a 29 600 hect., 30 Kil. sur 10, 60 kil. de tour et 20 000 hab.; v. principales, St-Pierre-d'Oléron et Château-d'Oléron (V. ces noms). Grains, légumes, vins, eaux-de-vie ; beau sel blanc. — Cette île appartint longtemps aux comtes d'Anjou et aux ducs d'Aquitaine. Elle fut acquise à la France par Charles V ; prise par les Anglais, elle fut reconquise sous Charles VII. Elle fut souvent prise et reprise du temps de la Ligue. Louis XIV la fortifia. — La Coutume d'Oléron, connue sous les noms de Rôles ou Jugements d'Oléron, a été longtemps célèbre comme code maritime. Écrite probablement vers la fin du XIe siècle, elle a été attribuée aux Flamands, à Richard Ier d'Angleterre, à Othon de Saxe, seigneur d'Oléron en 1196, à Éléonore de Guyenne. Adoptée en France, en Angleterre, en Espagne, elle s'est conservée en Angleterre comme droit subsidiaire. Pardessus l'a insérée dans ses Us et coutumes de la mer.

OLETTA, ch.-l. de cant. (Corse), à 11 kil. S. O. de Bastia ; 1046 hab.

OLETTE, ch.-l. de c. (Pyr.-Orient.), à 16 kil. S. O. de Prades ; 1012 h. Sources sulfureuses.

OLGA, femme du grand-duc de Russie Igor, était de basse extraction, mais fut remarquée par Oleg, qui l'unit à son pupille Igor (913). Régente après la mort de son époux (945), elle vengea sa mort sur les Drevliens qui l'avaient assassiné, puis remit à Sviatoslav I, son fils, les rênes du gouvernement (955). Elle se fit baptiser à Constantinople, où elle prit le nom d'Hélène ; de retour en Russie, elle essaya, mais avec peu de succès, d'y répandre le Christianisme. Elle mourut en 968. L'église grecque en a fait une sainte.

OLGIERD, grand-duc de Lithuanie de 1330 à 1381, était fils de Ghédimin. Il détrôna son frère aîné Iavnut, et partagea le pouvoir avec Kieistut, son autre frère, mais porta seul le titre de grand-duc. Il vengea la mort de son père sur l'Ordre teutonique (1330), auquel il reprit les conquêtes faites en Samogitie ; enleva la Podolie aux Tartares du Dniéper, fut ensuite battu par les chevaliers Teutoniques, se laissa prendre deux fois, échappa par stratagème, et parvint à empêcher l'Ordre de s'établir en Lithuanie, mais perdit pendant cette lutte la Volhynie, la Podolie, les palatinats de Brzesc et de Belz, que lui ravirent les Polonais ; défit en 1362 trois hordes de Mongols nomades en Podolie et sur le Dniéper, puis pilla et détruisit Kherson ; dirigea contre la Russie trois expéditions, dont deux en 1367 pour soutenir Michel II contre Dmitri ; envahit la Prusse en 1370, mais perdit la sanglante bataille de Rudan et vit les Allemands porter le fer et le feu jusque dans Vilna. Il mourut en 1381, laissant douze fils, dont le plus célèbre est Jagellon.

OLIER (J. J.), curé de St-Sulpice, né à Paris en 1608, mort en 1657, fonda et établit à Vaugirard en 1641 une compagnie de prêtres destinés à l'instruction des jeunes ecclésiastiques, et connue de puis sous le nom de Sulpiciens. Nommé en 1642 curé de St-Sulpice, il commença en 1646 la construction de la célèbre église de ce nom (terminée par le curé Languet), ainsi que du séminaire voisin, et créa dans diverses parties de la France et même au Canada plusieurs séminaires de Sulpiciens. Il a laissé des ouvrages estimés, entre autres Explication des cérémonies de la grand'messe, 1655 ; Traité des saints ordres, 1676. Il était l'ami de S. Vincent de Paul.

OLIM. On désigne sous le nom d’Olim (c.-à-d. autrefois) les plus anciens registres du parlement de Paris. Ils renferment les arrêts rendus par cette cour en matière civile depuis 1254 jusqu'à 1318, comprenant ainsi les règnes de S. Louis, Philippe le Hardi, Philippe le Bel, Louis le Hutin et Philippe le Long. On y trouve de précieux renseignements, non-seulement sur l’administration de la justice et l'organisation du parlement, mais aussi sur la hiérarchie féodale et sur les grands événements contemporains. Le parlement dérobait ces registres à tous les yeux : ce n'est que sous Louis XVI qu'on parvint à en avoir une copie entière. M. Beugnot les a publiés dans les Documents inédits sur l'Histoire de France, 1840, etc.

OLINDA, v. et port du Brésil, sur l'Océan Atlantique, tout près de Pernambouc, dont on la considère même comme faisant partie ; 8000 hab. Évêché, école de droit, jardin botanique, bibliothèque.

OLISIPPO, plus tard Felicitas Julia, auj. Lisbonne, v. de Lusitanie, fondée, disait-on, par Ulysse.

OLITE, v. d'Espagne (Pampelune), sur le Cidacos, à 35 kil. S. de Pampelune ; 3000 hab. Anc. résidence des rois de Navarre. Reste d'un palais construit au XVe s. par Charles III, roi de Navarre.

OLIVA, vge de la Prusse propre, sur le golfe de Putsig, l'un des golfes de la Baltique, à 10 kil. N. O. de Dantzick ; 1200 hab. Anc. abbaye de Cisterciens, fondée en 1170, supprimée en 1829. C'était la sépulture des princes poméraniens. Une célèbre paix y fut conclue en 1660 entre la Pologne et la Suède (celle-ci acquit l'Esthonie et presque toute la Livonie).

OLIVARÈS, bg d'Espagne (Andalousie), prov. et à 15 kil. O. N.O. de Séville ; 2100 hab. Titre d'un comté possédé par les comtes-ducs d'Olivarès. Riche abbaye.

OLIVARÈS (Gaspar GUZMAN, comte d'), fameux ministre espagnol, né à Rome en 1587, m. en 1643, était fils de l'ambassadeur d'Espagne près du St-Siége. Il gagna de bonne heure la confiance de l'infant, depuis Philippe IV, et quand ce prince fut sur le trône (1621), il devint son premier ministre, avec le titre de duc de San-Lucar. Esprit entreprenant et brouillon, il conçut de gigantesques projets pour relever l'Espagne, qui déclinait sensiblement : il renouvela la guerre contre les Provinces-Unies et envoya Spinola pour les attaquer, mais sans succès ; il tenta d'enlever la Valteline aux Suisses et fut forcé de la leur rendre ; il noua diverses intrigues avec les Calvinistes français et avec les ennemis de Richelieu, et finit par entamer avec la France la célèbre guerre que devait terminer la paix des Pyrénées (1635) ; mais il n'en vit pas la fin. La lutte, d'abord assez favorable à l'Espagne, tourna contre elle ; l'insurrection de la Catalogne, la révolution du Portugal en 1640 lui portèrent encore deux coups terribles ; l'insuccès de la conspiration de Cinq-Mars, suscitée par l'Espagne, acheva de rendre la chute du ministre inévitable. Il fut exilé et mourut peu après de chagrin. Olivarès était un homme spirituel, mais vain, léger, et incapable de jouter avec un rival tel que Richelieu.

OLIVENZA, v. forte d'Espagne (Estramadure), à 22 kil. S. O. de Badajoz ; 10 500 h. Jadis au Portugal ; les Espagnols la lui enlevèrent en 1657 ; ils la rendirent en 1668 ; elle revint à l'Espagne en 1801. Elle fut prise par les Français en 1811. Les traités de 1815 l'avaient restituée au Portugal ; mais l'Espagne n'a pas exécuté cette clause.

OLIVET, bg de France (Loiret), sur le Loiret, à 5 kil. S. d'Orléans ; 3518 h. Pont sur le Loiret. Bons fromages, vins, cristaux dits diamants d'Olivet. Sites charmants. Près de là est le château de la Source (où naît le Loiret). Célèbre abbaye fondée par Clovis en 510, auj. détruite. Ce fut à la tête du pont d'O. que François de Guise fut assassiné par Poitrot en 1563.

OLIVET (Jos. THOULIER, abbé d'), grammairien et traducteur, né à Salins en 1682, m. à Paris en 1768, avait été quelque temps jésuite, mais quitta l'ordre de bonne heure. Il a donné, entre autres ouvrages, une Histoire de l'Académie française (jusqu'en 1700), un Traité de Prosodie, des Essais de grammaire ; de bonnes traductions de plusieurs ouvrages de Cicéron (les Philippiques, les Catilinaires,le De Natura Deorum), ainsi qu'un choix des Pensées de Cicéron, et une excellente édition de ses œuvres : Ciceronis opéra omnia, cum delectu commentariorum, Paris, 1740-42, 9 vol. in-4 ; enfin un recueil de Poemata didascalica, 1749, 3 vol. in-12. Reçu à l'Académie Française en 1723, il travailla beaucoup au Dictionnaire publié par cette Compagnie.

OLIVÉTAINS, congrégation fondée en 1319 par Bernard Tolomei, Ambroise Piccolomini et Patrice Patrici, sur le mont Oliveto, près d'Arezzo, suit la règle de S.-Benoît. Leur monastère fut établi dans l'ancien désert d'Accona, dit aussi Monte Oliveto, près de Buonconvento (prov. de Sienne), d'où leur nom.

OLIVÉTAN (Robert), parent de Calvin, né à Noyon vers 1490, m. à Ferrare en 1538, fut un des premiers à propager les idées de Réforme à Genève, oùil était précepteur. Il publia à Neuchâtel en 1535 une traduction française de la Bible, qui n’est guères que la version retouchée de Lefèvre d’Étaples. Cette traduction est connue sous le nom de Bible de Genève.

OLIVIER (François), chancelier de France sous François I et Henri II, né à Paris en 1493, m. en 1560, fut successivement avocat, conseiller au grand conseil, maître des requêtes, ambassadeur, chancelier de la reine de Navarre, président à mortier au parlement de Paris, garde des sceaux et enfin chancelier du royaume (1545). Il signala son passage au pouvoir par des ordonnances sages, mais ses réformes et sa sévérité lui suscitèrent de nombreux ennemis : Diane de Poitiers, irritée contre des lois somptuaires qui mettaient des entraves aux libéralités de Henri II, provoqua sa disgrâce et lui fit enlever les sceaux ; néanmoins, il portait toujours le titre de chancelier. Retiré dans sa terre de Leuville près de Montlhéri, Olivier y vécut en sage, et fut souvent visité par L’Hôpital. Le cardinal de Lorraine le fit rappeler en 1559 (sous François II), pour couvrir d’un grand nom les actes des Guises. Après la conjuration d’Amboise, d’amers reproches furent adressés par les victimes au vieillard, qui n’avait pu prévenir l’événement ; il mourut peu après en proie à une profonde mélancolie.

OLIVIER (Ant.), entomologiste, né à Fréjus en 1756, m. en 1814, reçut en 1792 une mission en Perse, revint au bout de 6 ans avec de riches collections sur toutes les branches de l’histoire naturelle et fut admis à l’Institut en 1800. On lui doit, outre de nombreux Mémoires : Histoire naturelle des Coléoptères, 1789-1808, 6 vol. in-4 ; Dictionn. de l’Histoire naturelle des insectes (avec Mauduyt, Latreille, Godard), 1789-1819, 9 vol.in-4 (dans l’Encyclopédie méthodique) ; Voyage dans l’Empire ottoman, l’Égypte, la Perse, 1802-7.

OLIVIER (Th.), géomètre, professeur au Conservatoire des arts et métiers de Paris et l’un des professeurs-fondateurs de l’École centrale des Manufactures, né à Lyon vers 1790, m. en 1853, a introduit avec succès dans la géométrie des méthodes de construction fondées sur le mouvement des figures et sur les changements de projection. On estime son Cours de Géométrie descriptive, ainsi que les Applications qu’il fit de la science aux ombres, à la perspective, à la coupe des pierres, des bois, etc.

OLIVIER LEDAIN, LAMARCHE, etc. V. LEDAIN, etc.

OLIVIERS (le mont des), auj. Djebel-tor, montagne située à l’E. de Jérusalem, et séparée de cette ville par le torrent de Cédron et la vallée de Josaphat. Il s’y trouvait un enclos où croissaient beaucoup d’oliviers et où Jésus se rendait quelquefois avec ses disciples ; c’est là qu’il fut pris par la trahison de Judas pour être conduit chez Pilate.

OLLIERGUES, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 20 k. N. N. O. d’Ambert, sur la r. g. de la Dore ; 1998 h. Vieux château des La Tour-d’Auvergne.

OLLIOULES, ch.-l. de c. (Var), à 9 k. O. N. O. de Toulon, dans un vallon sauvage, dit les Gorges d’Ollioules ; 3360 h. Fruits secs, vins, huile d’olives.

OLMETO, ch.-l. de c. (Corse), à 20 kil. N. O. de Sartène ; 1831 h. Aux env., eaux sulfureuses.

OLMI-CAPELLA, ch.-l. de cant. (Corse), à 30 kil. E. de Calvi ; 857 hab.

OLMUTZ, en latin Eburum, puis Olomaca, Olomutium, v. des États autrichiens (Moravie), ch.-l. de cercle, sur la r. dr. de la March, à 65 kil. N. E. de Brunn ; 18 000 hab. Archevêché (depuis 1777) ; université. fondée en 1527, transférée en 1778 à Brünn, mais rétablie en 1827. Citadelle, cinq faubourgs ; quelques édifices remarquables, entre autres la cathédrale gothique, deux belles fontaines. — Jadis capit. de la Moravie. Assiégée vainement par Frédéric II en 1758 ; prise et saccagée par les Suédois dans la guerre de Trente ans (1642). Lafayette y a été détenu en 1794. L’empereur d’Autriche François-Joseph s’y retira en 1848, après l’insurrection de Vienne, et y donna, le 4 mars 1849, une constitution, qu’il s’empressa de retirer dès que le danger fut passé. — Le cercle d’Olmutz, dans le gouvt de Moravie-et-Silésie, au N. O., touche à la Bohême et à la Silésie ; 488 400 hect. ; 210 kil sur 100 ; env. 450 000 hab. Fer, alun, grains, bestiaux ; toiles, lainages.

OLONA, riv. de l’Italie septentr., a sa source dans la prov. de Côme, près de Varèse, passe à Milan et se jette dans le Pô au-dessous de Pavie après un cours d’env. 100 k. Elle donnait son nom à un des dép. du royaume d’Italie, qui avait Milan pour ch.-l.

OLONETZ ou OLONÈJE, v. de Russie, dans le gouvt de son nom, sur l’Olonka, à 160 kil. S. de Petrozavodsk ; 8000. C’est là que Pierre le Grand fit construire le premier vaisseau destiné à St-Pétersbourg. — Le gouvt d’Olonetz, au S. de celui d’Arkhangel et à l’E. de la Finlande, a 660 kil. du N. O. au S. E., mais ne compte guères que 300 000 h. ; ch.-l., Petrozavodsk. Il renferme les lacs Ladoga et Onega.

OLONNAIS (NAU, dit l'), fameux flibustier, né aux Sables-d’Olonne (XVIIe siècle), était le chef des aventuriers réunis dans l’île de la Tortue, près de St-Domingue, et fut longtemps le fléau des Espagnols. En 1667, il fut pris par des Indiens qui le mangèrent.

OLONNE, bourg de France (Vendée), sur la mer, à 5 kil. N. des Sables-d’Olonne ; 2000 h., presque tous pêcheurs. — Jadis v. forte et titre d’un comté qui appartenait à la maison de La Trémoille. Prise et ruinée en 1570 par La Noue, général calviniste.

OLONZAC, ch.-l. de cant. (Hérault), à 32 k. S. de St-Pons ; 1763 h. Eau-de-vie. Jadis place forte.

OLORON, Iluro, ch.-l. d’arr. (B.-Pyrénées), au confluent des gaves d’Aspe et d’Ossau, qui y forment le gave d’Oloron, à 32 kil. S. O. de Pau ; 9362 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce, collège, bibliothèque. Laines, peaux de moutons, jambons ; fabr. de peignes en buis, mouchoirs, bérets ; papeteries ; dépôt de bois de mâture. Anc. évêché. — Cette ville fut ravagée en 732 par les Sarrasins, puis par les Normands ; Centule IV, vicomte de Béarn, la releva vers 1080, et y bâtit les deux églises de Ste-Marie et de Ste-Croix, encore existantes.

OLOT, v. d’Espagne (Catalogne), dans la prov. et à 60 k. N. O, de Girone, au pied des Pyrénées et près de la frontière de France ; 10 000 hab. Cotonnades, bonneterie, soieries, cuirs, chapeaux.

OLTENITZA, village de Valachie, sur le Danube, à 50 kil. S. E. de Bukharest. Les Turcs y battirent les Russes le 4 nov. 1853.

OLTIS, riv. de Gaule, est auj. le Lot.

OLYBRIUS (Anicius), issu de l’illustre famille romaine des Anicius, quitta Rome après le sac de cette ville par Genséric, se réfugia à Constantinople, y épousa Placidie, fille de Valentinien III, et fut envoyé en Occident par l’emp. d’Orient Léon I pour soutenir l’empereur Anthémius contre le rebelle Ricimer ; mais il accepta la pourpre des mains de ce dernier et l’aida à s’emparer de Rome, où Anthémius fut mis à mort, 472. Il ne régna que peu de mois et mourut la même année, de mort naturelle, sans avoir rien fait de remarquable.

OLYMPE, Olympus, célèbre chaîne de montagnes de la Grèce, entre la Thessalie et la Macédoine, formait l’extrémité orientale des monts Cambuniens. Son sommet principal, le mont Olympe proprement dit, auj. le Lacha, avait une hauteur de 2972m. Les anciens y plaçaient la demeure des dieux.

OLYMPE, petite chaîne de montagnes de l’Asie Mineure, dans la Bithynie occidentale, sur les confins de la Phrygie et de la Mysie, n’avait guère que 400m de hauteur. C’est auj, le Kechich-dagh (montagne du Moine). — Il y avait sur les confins de la Bithynie et de la Galatie un autre mont Olympe, où les Gaulois Tolistoboies soutinrent contre les Romains un combat sanglant, en 89 av. J.-C. : c’est auj. Ala-dagh.

OLYMPE (Ste), née en 368, morte en 410, épousa Nébride, préfet de Constantinople, devint veuve après 20 mois de mariage et vécut dans la pratique de toutes les vertus chrétiennes ; on la fête le 17 déc.

OLYMPIADE, période de 4 années qui s'écoulaient entre deux célébrations des Jeux olympiques. Les anc. Grecs comptaient les années par Olympiades. La 1re commence en 776 av. J.-C., année où les jeux furent reconstitués et où Corœbus fut vainqueur; la dernière, qui fut la 293e va de l'an 392 à l'an 396. Dans ce mode de supputation, on emploie 2 nombres, dont l'un désigne l'olympiade et l'autre l'année de l'olympiade; d'ordinaire on écrit le 1er en chiffres romains, le 2e en chiffres arabes : ainsi Ol. LXXI, 3, veut dire 3e année de la 71e olympiade.

OLYMPIAS, fille de Néoptolème, roi d'Épire, femme de Philippe II de Macédoine et mère d'Alexandre le Grand, fut répudiée vers 336 av. J.-C. pour son caractère acariâtre, se retira en Épire, auprès de son frère Alexandre, roi de ce pays, dirigea de là le bras qui tua Philippe (V. PAUSANIAS), revint en Macédoine après ce meurtre, fit rendre de grands honneurs à la mémoire du meurtrier et réduisit à se pendre Cléopâtre, 2e femme de Philippe. Elle n'eut presque aucune autorité pendant l'absence d'Alexandre, mais elle n'en suscita pas moins toutes sortes de difficultés à Antipater, auquel Alexandre avait confié le gouvernement de la Macédoine. Après la mort de son fils (323), elle se retira de rechef en Épire, où Roxane, veuve d'Alexandre, la vint rejoindre, et prit part, malgré son éloignement, aux guerres civiles des Macédoniens. Rappelée en Macédoine, après la mort d'Antipater, par Polysperchon, qui lui fit confier la tutelle du jeune Alexandre Aigus, fils du conquérant (319), elle fit mourir Eurydice et Phil.-Arrhidée (318), que soutenait Cassandre, et donna ainsi l'exemple de verser le sang de la famille d'Alexandre. Peu après, Cassandre vint la bloquer dans Pydna et la força à se rendre. Il lui avait promis la vie; mais il suscita contre elle les parents de ceux qu'elle avait fait massacrer et elle fut égorgée par eux en 317.

OLYMPIE, lieu de l'Élide, sur la r. dr. de l'Alphée, près et à l'O. de Pise, entre les villages actuels de Miraka et de Drouva, était célèbre par les Jeux olympiques, qu'on y donnait tous les 4 ans en l'honneur de Jupiter olympien; par le superbe temple d'ordre dorique consacré à ce dieu, par le bois sacré qui l'environnait, enfin par le nombre extraordinaire d'œuvres d'art qui décoraient le bois et le temple. La plus remarquable était une statue de Jupiter en or et en ivoire, chef-d'œuvre de Phidias, représentant le dieu assis sur un trône, couronné d'olivier, tenant dans sa main droite une Victoire, et dans la gauche un sceptre surmonté de l'aigle. Les restes du temple de Jupiter Olympien ont été retrouvés en 1829 par la Commission française de Morée, qui en a rapporté à Paris de précieuses sculptures.

OLYMPIODORE, philosophe néo-platonicien, enseignait à Alexandrie au commencement du VIe s. On a de lui un Commentaire sur le 1er Alcibiade, précédé d'une Vie de Platon, publié à Francfort par Creuzer, 1821, et des Commentaires sur le Phédon, le Gorgias, le Philèbe, dont quelques-uns seulement ont été imprimés (de 1816 à 1847), et dont M. Cousin a donné l'analyse dans ses Fragments philosophiques. — Un autre Olympiodore, qui vivait au Ve s., était péripatéticien : on lui attribue un Commentaire sur la météorologie d'Aristote, publié avec trad. lat. par Camozzi, Venise, 1551. On a aussi sous son nom une continuation de l’Hist. des philosophes d'Eunape, qui va jusqu'en 425, publ. avec Eunape par Bekker et Niebuhr, Bonn, 1829.

OLYMPIQUES (Jeux), fêtes célébrées à Olympie en l'honneur de Jupiter, revenaient tous les quatre ans. Ces jeux, les plus magnifiques de la Grèce, avaient été institués ou renouvelés par Hercule; souvent interrompus depuis, ils furent rétablis en 884 av. J.-C. par Iphitus, roi d'Élide, et reçurent une constitution nouvelle en 776 : c'est de cette dernière époque que date l'ère des Olympiades (V. ce mot). Les jeux avaient lieu au solstice d'été et duraient cinq jours. Il y avait cinq exercices différents : le saut, la lutte, la course, le jet du disque et celui du javelot, dont on disputait le prix dans le stade. Plus tard, on y introduisit les courses de chevaux et de chars, le pugilat, le pancrace et des luttes de musique et de poésie. Tant que duraient les jeux, on faisait trêve à toutes les inimitiés. Les vainqueurs étaient récompensés le 5e jour, et recevaient une couronne d'olivier ; ils rentraient en triomphe dans leurs villes par une brèche ouverte exprès pour eux dans la muraille ; leurs noms étaient gravés sur des tables de marbre dans le gymnase d'Olympie. Ces Jeux furent supprimés en 394, par Théodose. — En 1858, le gouvernement grec, sur l'initiative d'un riche citoyen grec du nom de Zappas, décréta le rétablissement de ces jeux, modifies conformément aux besoins modernes : Zappas fit les fonds des prix.

OLYNTHE, Olynthus, v. de la Chalcidique, entre les riv. Olynthus et Amnias, et près du golfe Toronaïque, n'était qu'un misérable village, quand le roi de Macédoine Perdiccas II la donna, vers 433 av J.-C., à des émigrés des colonies athéniennes de la Chalcidique. Elle devint bientôt très-puissante et étendit sa domination sur plus de 30 villes voisines. Elle sut échapper aux Athéniens et aux Spartiates qui la convoitaient, mais fut réduite par Philippe II (père d'Alexandre), et réunie à la Macédoine (348). Démosthène avait inutilement tenté de prévenir ce dénoûment et d'ouvrir les yeux au peuple d'Athènes sur les vues de Philippe relativement à Olynthe, en les engageant, par trois harangues célèbres, dites les Olynthiennes, à secourir les Olynthiens.

OM, riv. de la Sibérie, vient de la steppe de Baraba (Tomsk), coule à l'O., et tombe dans l'Irtich à Omsk, après un cours de 850 kil.

OMAD-EDDYN-ZENGHY. V. ZENGHY.

OMAGH, v. d'Irlande (Ulster), ch.-l, du comté du Tyrone ; 3000 hab. Titre de baronnie. Ruines d'une abbaye et d'un château fort.

OMAN, une des cinq régions de l'Arabie, au S. E., sur le golfe Persique et la mer d'Oman, comprend entre autres États l'imamat de Mascate et a pour ville principale Oman, qui lui donne son nom. Cette ville est située sur la mer d'Oman, à 220 k. N. O. de Mascate. L'intérieur du pays est peu connu.

OMAN (mer d'), Erythræum mare, partie de la mer des Indes qui baigne les côtes de l'Arabie, du Béloutchistan et de l'Indoustan, s'étend entre 54°-59° long. E., et 22°-27° lat. N., et communique par le détroit d'Ormuz avec le golfe Persique.

OMAR I (Abou-Hafsa-Ibn-al-Khattab), 2e calife, était cousin au troisième degré de Mahomet. D'abord persécuteur ardent de l'Islamisme, il l'embrassa en 615 et devint bientôt un de ses principaux apôtres. Il succéda en 634 à Abou-Bekr, et reçut, avec le titre de calife,celui d'émir-al-mouménim (chef des croyants). Soit par lui-même, soit par ses lieutenants, dont les principaux sont Khaled et Amrou, il recula au loin les limites de l'empire arabe, conquit la Syrie, la Perse, l’Égypte, la Mésopotamie, où il bâtit Bassora, et poussa en Afrique jusqu'à Tripoli. Il fut tué en 644, au milieu de ses succès, par un fanatique persan. Il avait 63 ans. Omar détruisit, dit-on, 4000 temples chrétiens et éleva 1400 mosquées. On raconte qu'après la prise d'Alexandrie (641), son lieutenant Amrou lui proposa de conserver la célèbre bibliothèque de cette ville, et qu'il lui donna l'ordre de la brûler, en lui disant que le Coran tenait lieu de tous les livres; mais ce fait a été contesté. C'est lui qui introduisit en Orient l'ère de l'hégire. Omar se faisait remarquer par une austère simplicité, par sa sobriété et sa justice; la sagesse de son administration consolida ses conquêtes. Sa mémoire est en vénération chez les Musulmans Sunnites ou traditionnaires; mais les Chyites ou hétérodoxes l'ont en exécration, le regardant comme un usurpateur. V. ALI. — Omar II, 8e calife ommiade, arrière-petit-fils par sa mère d'Omar I, succéda en 717 à Soliman, son cousin. Ce fut un prince simple, modeste et juste; néanmoins, il déplut aux autres princes ommiades par son affection pour les descendants d'Ali et fut empoisonné en 720, à 40 ans.

OMAR (Al-Galedh-ben-Schoaib), né près de Cordoue, se révolta contre Abdérame II, fut battu, s'enfuit, parcourut la Méditerranée en pirate, conquit la Crète et y bâtit un fort qu'il appela El-Khandak (le retranchement) , d'où le nom moderne de Candie.

OMBOS, auj. Koum-Ombos, v. de la Thébaïde, ch.-l. de Nome, sur la r. dr. du Nil, entre Syène et Apollinopolis-la-Grande, était fameuse par le culte qu'elle rendait au crocodile et par sa haine pour Tentyra, qui avait ce culte en horreur. — Vis-à-vis d'Ombos, de l'autre côté du Nil, était Contra-Ombos.

OMBRES. Les païens nommaient ainsi une image impalpable du corps qui servait comme d'enveloppe à l'âme. C'était l'Ombre qui descendait aux Enfers.

OMBRIE, Umbria, contrée de l'Italie ancienne, bornée au N. parla Gaule Cispadane, à l'O. par l'Étrurie (dont elle était séparée par le Tibre), à l'E. par le Picenum et la mer Adriatique, au S. par le pays des Sabins. Fulginium, Sena Gallica, Iguvium en étaient les villes principales. Les Umbri, ses habitants (dont le nom dérive d’Ombra, homme fort, en celtique), étaient Gaulois d'origine et très-braves. Ils prirent part aux grandes guerres des Étrusques et des Samnites contre Rome (311-307 et 297-95 av. J.-C.). Leur soumission eut lieu en 280. Leur pays correspondait à peu près aux provinces actuelles de Spolète et d’Urbin.

OMBRONE, Umbro, riv. de Toscane (Sienne), naît dans les Apennins, à 22 kil. E. de Sienne, coule au S. et se jette dans la mer de Toscane près de Grosseto, après 150 kil. de cours. Sous l'Empire, elle donnait son nom à un dép. français qui avait pour ch.-l. Sienne.

O'MEARA (Ed.), chirurgien de marine au service de l'Angleterre, né en Irlande vers 1780, m. en 1836, servait sur le Bellérophon quand Napoléon y chercha un refuge. Il s'attacha au noble exilé, et fut autorisé par l'amiral anglais à le suivre à Ste-Hélène; mais il devint bientôt suspect au gouverneur Hudson Lowe, et fut éloigné en 1818. Il publia à Londres en 1822, sous le titre de Napoléon en exil, les notes précieuses qu'il avait recueillies à Ste-Hélène (trad. en français en 1823). Cette publication, où il révélait des faits peu honorables pour le gouvernement anglais, fut lue avec avidité, mais elle le fit priver de tout emploi.

OMER (S.), Audomarus, moine de Luxeuil, né vers 600, près de Constance en Helvétie, d'une famille noble, devint en 637 évêque de Thérouanne (près de la v. actuelle de St-Omer, qui prit son nom). Il travailla avec S. Bertin à rétablir la discipline dans son diocèse. Il mourut vers 670; l’Église le fête le 9 sept.

OMESSA, bg de Corse, ch.-l. de c., à 9 kil. N. E. de Corte; 977 hab.

OMMERAPOURA. V. AMARAPOURA.

OMMIADES, dynastie arabe, monta sur le trône de Damas en 661 à la mort d'Ali, en la personne de Moaviah, descendant d'Ommiah. Elle tire son nom d'un membre de la tribu des Koraïchites, Ommiah, aïeul d'Abou-Sofyân, qui était chef du temple de la Mecque avant l'Islamisme, et qui fut père de Moaviah. Cette dynastie régna sur la totalité de la monarchie arabe jusqu'en 749 : elle avait son siège à Damas. Détrônée par les Abbassides, elle alla régner en Espagne, où, sous le nom de califat de Cordoue, elle forma un empire nouveau, démembrement de l'ancien. Ce 2e califat commença à tomber en dissolution vers l'an 1000; le dernier Ommiade cessa de régner en 1031. Pour la série des califes Ommiades, V. CALIFES.

OMNIBONUS. V. LEONICENUS.

OMONT, ch.-l. de c. (Ardennes), à 18 kil. S. de Mézières; 437 h. Restes d'un vieux château.

OMORCA, déesse chaldéenne, était, selon Bérose, femme de Baal, et coexistait dans l'éternité avec ce dieu. Quand le temps de la création fut venu, elle fut coupée en deux par son époux : la partie supérieure du corps forma le ciel; l'inférieure, la terre.

OMPHALE, reine de Lydie, femme de Tmolus, resta maîtresse du trône après la mort de ce prince. Elle acheta Hercule, lorsqu’en expiation des ravages et des massacres dont il s'était souillé pendant sa démence, il fut vendu comme esclave par Mercure. Elle se plaisait à faire filer le héros à ses pieds ; mais bientôt elle conçut de l'amour pour lui et en eut un fils, Agélaüs ou Alcée, duquel descendit une dynastie de rois Lydiens, les Héraclides. Au dire de quelques mythographes, Hercule s'éprit d'Omphale en passant par la Lydie et devint volontairement son esclave.

OMSK, v. forte de la Russie d'Asie (Sibérie), ch.-l. du gouvt d'Omsk, au confluent de l'Om et de l'Irtich, à 480 k. S. E. de Tobolsk, par 54° 57' lat. N, et 71° 2' long. E.; 12 000h. Citadelles, fortifications, églises; école d'agriculture. Commerce avec les Kirghiz et les Kalmouks. — Le gouvt d'Omsk, entre ceux de Tobolsk au N., de Tomsk au N. E., la Dzoungarie au S. E., et le pays des Kirghiz au S. O., a env. 1300 k. sur 500, et ne compte guères que 21 000 hab.

ON, ville d’Égypte. V. HELIOPOLIS.

ONAN, fils de Juda et mari de Thamar, se livra à un vice détestable et périt maudit de Dieu.

ONATE, v. d'Espagne. V. OGNATE.

ONCHESTE, Onchestus, anc. ville de Béotie, sur le lac Copaïs, près et au S. E. d'Haliarte, était le siège d'une amphictyonie. Dès le temps de Pausanias, cette ville était en ruines.

ONDINS, ONDINES, génies élémentaires, imaginés par les Cabalistes, habitent, selon eux, les profondeurs des lacs, des fleuves et de l'Océan, dont ils sont les gardiens. On peut les comparer aux naïades et aux dieux fleuves des Grecs et des Romains.

ONÉGA, riv. de la Russie d'Europe, naît dans le gouvt d'Olonetz, qu'il arrose, ainsi que celui d'Arkhangel, coule au N. E., puis au N. O., pendant 500 kil., et tombe dans le golfe de la mer Blanche dit golfe d'Onega. A son embouchure est une petite ville de même nom, avec un port de pêche; elle a 1800 hab.

ONÉGA (lac), lac de Russie, entre le lac Ladoga et la mer Blanche, reçoit la Svir, qui le fait communiquer avec le lac Ladoga, puis la Vitegra et la Chouia. Il a 220 kil. sur 80. Eaux limpides et poissonneuses. Navigation difficile, évitée par un canal latéral.

ONEIDA, petit lac des États-Unis (New-York), communique au lac Ontario par l'Oswego : 38 kil. sur 9.

O'NEILL, anc. roi d'Irlande, régna sur la plus grande partie de ce pays de 379 à 406, s'unit aux Pictes et aux Scots contre les Romains, contribua, puissamment à chasser ceux-ci de la Grande-Bretagne, et envahit l'Armorique. Il périt assassiné par Eochy, prince du Leinster, auquel il faisait la guerre. — Après avoir régné sur le Munster, les O'Neill s'emparèrent de l'Ulster au Ve s. ; ils sont surtout connus comme rots de l'Ulster, titre qu'ils gardèrent jusqu'en 1603. Sous Elisabeth, Hugh O'Neill, le dernier qui l'ait porté, lutta pendant 7 ans contre les forces de l'Angleterre, et fut sur le point d'affranchir sa patrie.

ONEILLE, Oneglia en italien, v. d'Italie, dans les anc. États sardes, ch.-l. d'une prov. de même nom, sur le golfe de Gênes; 5000 hab. Petit port. Patrie d'André Doria. Prise par les Français en 1792 et 94. — La prov. d'O. a 50 764 hect. et 60 000 h. Sol montagneux. Marbre, pierre à chaux; huile excellente.

ONÉSICRITE, historien grec, natif d'Égine, suivit Alexandre en Asie comme commandant de trirèmes, et composa une Histoire de l'expédition de ce prince : ce n'était qu'une espèce de roman, calqué sur l’Anabase de Xénophon : cependant on y trouvait des faits intéressants sur la géographie et l'histoire naturelle des Indes. L'ouvrage n'existe plus, mais Strabon, Élien et Pline le citent souvent.

ONÉSIME (S.), disciple de s. Paul, était d'abord esclave de Philémon, riche habitant de Colosses, et s'était enfui de chez son maître après l'avoir volé. S. Paul le convertit, écrivit pour lui à Philémon une lettre que nous possédons, le fit rentrer en grâce auprès de son maître, et le retint près de lui pour s'aider de ses services. Onésime subit le martyre en 95. On l'honore le 2 mars.

ONFROI ou HUMFROI. V. HUMFROI.

ONIAS, nom de quatre grands sacrificateurs des Juifs. Onias I gouverna de 321 à 300 av. J.-C. — O. II, petit-fils d'O. I, gouverna de 241 à 229 et ne se signala que par son avarice. — O. III succéda en 200 à son père Simon II, régit le pays avec sagesse, mais fut déposé par Antiochus Épiphane, qui lui donna pour successeurs d'abord Jason, puis Ménélas, ses frères. Mandé à Antioche par le monarque pour rendre compte de sa conduite, il y fut assassiné sur l'ordre de Ménélas, 168. — O. IV, fils d'Onias III, ne régna point en Judée, mais obtint de Ptolémée IV et de Cléopâtre, sa femme, l'autorisation de bâtir un temple juif eu Égypte, près d'Héliopolis, et d'y vivre en souverain (150). Autour du temple qu'il avait élevé se forma bientôt une ville qui fut appelée Onion, du nom de son fondateur. Devenue veuve, Cléopâtre chargea Onias de faire la guerre à Ptolémée Physcon qui disputait le trône à son fils : Onias marcha sur Alexandrie, mais il se laissa prendre par Physcon et fut mis à mort.

ONKÉLOS, rabbin auquel on attribue le Targum (paraphrase chaldaïque du Pentateuque), aurait été, selon les uns, disciple de Gamaliel et condisciple de S. Paul, ou, suivant les autres, serait le même qu'Aquila, auteur d'une traduction grecque de l'Ancien Testament. Le Targum a été publié à Bologne en 1482, et traduit en latin par Alph. de Zamora, par B. Baldi, et par P. Fagius.

ONOLDINUM, nom latin de la ville d’Anspach.

ONOMACRITE, poëte et devin d'Athènes, florissait vers 516 av. J.-C., et fut chassé de sa patrie par le tyran Hipparque, fils de Pisistrate. On le regarde comme l'auteur des Poésies qu'on attribue vulgairement à Orphée et à Musée.

ONOMARQUE, général des Phocidiens pendant la guerre Sacrée, commanda d'abord conjointement avec son frère Philomèle, et devint après la mort de Philomèle le seul chef de l'armée phocidienne (353 av. J.-C.). Il prit Thronium, Amphisse et les villes principales de la Doride, envahit la Béotie, et battit deux fois Philippe en Thessalie ; mais fut vaincu et pris par ce prince près de Phères, et attaché à un gibet.

ONORE ou HANAWAR, v. et port de l'Inde anglaise (Madras), par 14° 16' lat. N., 72° 14' long. E., à 180 k. de Mangalore, près de la mer d'Oman. — Jadis ch.-l. d'un petit État. Elle appartint successivement, à partir du XVe s. siècle, aux Portugais, aux Hollandais, à Haïder-Ali (1763), enfin aux Anglais (1799).

ONOSANDER, écrivain grec, qui vivait, à ce qu'on croit au Ier siècle de J.-C., sous le règne de Claude, est auteur d'un livre intitulé : la Science du chef d'armée, où il a recueilli les traditions de l'art militaire des Romains. Camerarius a le premier publié cet ouvrage, Nuremberg, 1595. Rigault en a donné une édition plus correcte, avec traduction latine, Paris, 1599; cette édition elle-même a été surpassée par celle de Schwebel, à Nuremberg, 1761, avec une trad. française de Zurlauben. Guischard en a aussi donné une traduction française (dans les Mémoires militaires des Romains). L'empereur grec Léon et le maréchal de Saxe faisaient grand cas de ce traité.

ONSLOW (Georges), compositeur, né en 1784, à Clermont-Ferrand, d'un gentilhomme anglais et d'une Française, m. en 1853, se familiarisa particulièrement avec la musique allemande. Il a composé un grand nombre de quatuors, de quintettes, de symphonies et diverses compositions pour piano, et a donné deux opéras-comiques qui ont eu du succès, l’Alcade de la Véga (l824) et le Colporteur; mais c'est dans la musique de chambre qu'il a le mieux réussi.

ONTARIO (lac), grand lac de l'Amérique du Nord, entre les États-Unis et le Canada, est le plus oriental des cinq grands lacs; il est compris entre 43° 15'-44° 10' lat. N. et 78° 40'-82° long. O.; 320 k. sur 110. Il communique par le Niagara avec le lac Érié, parle St-Laurent avec la mer. Il reçoit le Black-River, l'Oswego, le Trent, etc. Beaucoup d'îles, mais peu de ports. Poisson excellent et en grande quantité Les eaux de ce lac sont profondes et supportent les plus gros bâtiments ; mais il est sujet à de fréquents orages.

ONUPHIS, un des trois bœufs sacrés de l’Égypte (les deux autres étaient Apis et Mnévis); c'était une des incarnations animales d'Osiris. Il donnait son nom à une ville de B.-Égypte, ch.-l. du nome Onuphite, sur la branche Atarbéchite du Nil, au S. de Bouto.

ONZAIN, vge de France (Loir-et-Cher), à 18 kil. S. O. de Blois, sur le chemin de fer de Paris à Bordeaux; 2254 hab. Ancien château, où Louis XI enferma La Balue, et où fut détenu le prince de Condé, pris à la bataille de Dreux, en 1562.

OPÉRA (Théâtre de l'). On donne ce nom à tout théâtre où l'on joue les drames lyriques connus sous le nom d'opéras (V. ce mot dans notre Dictionn. univ. des Sciences), mais on l'applique plus spécialement à celui de Paris, qui porte officiellement le titre d’Académie impériale de musique. Créé en 1656 par P. Perrin et installé d'abord rue Mazarine, l'Opéra français a depuis changé fréquemment de place : établi par Lulli en 1672 rue de Vaugirard, près du Luxembourg, puis au Palais-Royal, il fut transporté en 1781 dans la salle qui porte auj. le nom de la Porte St-Martin, et en 1794 sur la place Louvois, qu'il occupait tout entière. Ce dernier théâtre fut démoli en 1820, après l'assassinat du duc de Berry, qui y avait été accompli, et une nouvelle salle, construite provisoirement rue Lepelletier, ouverte en 1821, fut détruite par un incendie en 1873. Enfin l'Opéra a trouvé une résidence définitive et digne de lui dans l'édifice du boulevard des Capucines, qui est dû au talent de M. Ch. Garnier (1862-74).

OPHIR, pays oriental où les flottes de Salomon allaient chercher de l'or. On sait que, pour s'y rendre, on s'embarquait au port d'Asiongaber et que l'on descendait le golfe Arabique, mais on ignore la position précise de cette contrée. Les savants l'ont placé, les uns le long de l'Afrique orientale (à Sofala par exemple, ou aux environs); les autres sur le littoral de l'Arabie Heureuse ou dans l'Inde, vers Surate ou même à Cambaye. L'aller et le retour de la flotte duraient trois ans.

OPHIR, mont. de l'île de Sumatra, presque sous l'équateur (par 0° 4' lat. N.) ; elle a 4500m de haut.

OPHIUSA, nom anc. de l'île de Formentera, une des Baléares qui était infestée de serpents (en grec ophis).

OPIE (J.), peintre d'histoire anglais, né en 1761 en Cornouailles, m. en 1807, était fils d'un charpentier et fut d'abord destiné à l'état de son père. Il s'est placé au 1er rang pour le coloris, la vérité et la perfection de l'exécution. Il a fait entre autres beaux tableaux : Le Meurtre de Rizzio, le Meurtre de Jacques I, la Mort de Saphira. Il devint après Fuessli professeur a l'Académie royale de peinture de Londres et laissa quelques écrits sur son art : ses Lectures sur la Peinture ont été publiées en 1808 par sa veuve, qui elle-même a laissé des Mémoires, 1854.

OPIMES (Dépouilles), c.-à-d. les Dépouilles les plus riches, nom donné à Rome aux dépouilles prises par le général en chef romain sur le général en chef ennemi; elles étaient consacrées à Jupiter Férétrien. L'histoire romaine n'offre que trois exemples de dépouilles opimes : elles furent remportées par Romulus sur Acron, roi des Céniniens, par A. Cornélius Cossus sur Lars Tolumnius, roi des Véiens, et par Marcellus sur Viridomare, chef des Gaulois Gésates.

OPIMIUS (L.), consul en 121 av. J.-C., entreprit de faire casser les lois agraires rendues par les Gracques. Ayant éprouvé quelque résistance, il se fit investir par le sénat de pouvoirs illimités et cita C. Gracchus devant son tribunal : comme celui-ci refusait de comparaître, il fit attaquer son cortège par des troupes dont il s'était entouré, mit sa tête à prix, et le réduisit à se donner la mort. Il fit ensuite bâtir un temple à la Concorde. Quelques années après, L. Opimius fut envoyé en Afrique contre Jugurtha; mais il se laissa corrompre par l'or de ce prince et fut condamné à l'exil. Il mourut dans la misère à Dyrrachium. L'année du consulat d'Opimius (633 de Rome, 121 av. J.-C.) fut marquée par une récolte de vins d'une qualité exquise et à laquelle il est souvent fait allusion par les anciens écrivains.

OPIQUE, Opica, nom donné dans des temps très-anciens à une grande partie de l'Italie du S. et du centre, fut réservé dans la suite à la partie méridionale du Latium et à la Campanie. Les habitants de l'Opique se nommaient Opici, Opsci, et par abréviation Osci; ce dernier nom finit par prévaloir. V. OSQUES.

OPITZ (Martin), poète et littérateur allemand, né en 1597 à Bunzlau en Silésie, mort de la peste en 1639, mena une vie vagabonde, voyagea dans presque toute l'Allemagne, professa les humanités à Weissembourg en Transylvanie (1622), puis s'attacha au duc de Leignitz, au burgrave de Dohna, et se fixa enfin à Dantzick, où il reçut le titre de secrétaire et historiographe du roi de Pologne Ladislas IV. Il a écrit dans tous les genres littéraires, surtout dans la poésie didactique, et a exercé la plus grande influence sur la langue de son pays, dont il a révélé les ressources à ses compatriotes : il a mérité par là le titre de Père de la poésie allemande. Ses OEuvres complètes ont eu au moins 12 éditions ; on remarque celles de Breslau, 1690 et 1724. Outre de nombreuses poésies, on y trouve un traité De contemptu linguæ germanicæ, qui eut 10 éditions.

OPITZ (H.), orientaliste, né en 1642 à Altenbourg (Misnie), m. en 1712, professait l'hébreu et la théologie à Kiel. C'était un des plus savants protestants de son temps ; mais la singularité de ses opinions le fit passer pour visionnaire. Il a donné, entre autres ouvrages, une Bible hébraïque très-estimée, Kiel, 1709, et un Lexicon hebræo-chaldæo-biblicum, 1692.

OPLITES ou HOPLITES (du grec hoplon, arme). On nommait ainsi chez les Grecs des soldats à pied pesamment armés. Ils avaient pour armes défensives un casque, une cuirasse, un bouclier rond, et des bottines garnies de fer ; pour armes offensives, une longue pique et une épée. — On donnait le même nom à des athlètes qui disputaient le prix de la course à pied, et couraient coiffés d'un casque, chaussés de bottines militaires, avec un bouclier au bras.

OPONTE, Opus, auj. Atalanti ou Bodonitza, v. de la Grèce propre, capit. d'un petit État des Locriens qui prenaient de là le nom de Locriens Opuntiens, était à l'E., près de la mer d'Eubée. — Ajax, fils d'Oïlée, était roi d'Oponte. Patrocle, l'ami d'Achille, y était né.

OPORIN (J.), savant imprimeur de Bâle, dont le vrai nom était HERBST (herbst en allemand, comme opora en grec, veut dire automne), né à Bâle en 1507, m. en 1568, fut correcteur d'épreuves chez Froben, puis directeur du gymnase de Bâle, secrétaire de Paracelse, médecin et professeur de grec à Bâle. Il fonda dans cette ville, avec Robert Winter, son parent, une imprimerie célèbre, qu'il finit par gérer seul jusqu'à sa mort. Peu d'imprimeurs ont mieux mérité des lettres : outre d'excellentes éditions, il a donné des notes estimées sur Solin, Pline, Plutarque.

OPORTO, ville de Portugal. V. PORTO.

OPPÈDE (J. MEYNIER, baron d'), né à Aix en 1495, m. en 1558, devint 1er président du parlement de sa ville natale, provoqua la mise à exécution de l'arrêt qu'il avait rendu lui-même en 1540 contre les Vaudois de Mérindol et de Cabrières, fut chargé d'exécuter cet arrêt, et s'en acquitta avec une rigueur qui lui valut une fâcheuse célébrité (1545). A la mort de François I, Henri II fit examiner sa conduite par le parlement de Paris (1551) : après des débats solennels, qui remplirent 50 audiences, il fut absous, et put reprendre son fauteuil, qu'il occupa jusqu'à sa mort. D'Oppède cultivait la poésie : il a traduit en vers français les Triomphes de Pétrarque, 1538.

OPPELN, v. des États prussiens (Silésie), ch.-I. de la régence d'Oppeln, sur la r. dr. de l'Oder, à 50 k. S. E. de Breslau, à 420 kil. S. E. de Berlin ; 7000 h. Gymnase catholique, institution de sages-femmes. Belle église de St-Adalbert, érigée en 995 par l’évêque de Gnesne, et regardée comme la plus ancienne de la Silésie supérieure ; belles promenades dans les environs. Commerce très-actif de vins, bestiaux, produits minéraux. — Oppeln a jadis été le ch.-l. d'une principauté. Elle fut depuis 1200 la résidence des ducs de la Silésie supérieure de la maison des Piast. Cette maison s'étant éteinte en 1532, la principauté passa sous la domination de l'Autriche ; elle fut incorporée par Frédéric II, en 1742, avec le reste de la Silésie, à la monarchie prussienne. — La régence d'Oppeln est bornée au N. par celle de Breslau et le grand duché de Posen, à l'E. par le royaume de Pologne, au S. par la Moravie, à l'O. par la Bohême ; elle a 230 kil. sur 160 ; 900 000 h. Sol montagneux, riche en mines de fer et de zinc

OPPENHEIM, Bonconica, v. de la Hesse-Darmstadt, sur la r. g. du Rhin, à 16 k. S. E. de Mayence ; 2500 hab. Pont de bateaux ; belle église gothique de Ste-Catherine, contenant les tombeaux de la famille Dalberg. Sur une montagne voisine, ruines du château impérial de Landskron, bâti par Lothaire II, et détruit par les Français en 1689. Vins renommés. — Forteresse romaine dès le 1er siècle av. J.-C., elle devint ville impériale en 1079. Cette ville a beaucoup souffert pendant la guerre de Trente ans ; elle a été prise par les Suédois en 1631, par les Français en 1689, 1792 et 1794.

OPPIDO, Mamertum, v. d'Italie (Calabre-Ult. 1re), à 40 kil. N. E. de Reggio ; 8000 hab. Évêché. Ruinée par le tremblement de terre de 1783.

OPPIEN, Oppianus, poète grec de la fin du IIe s. de J.-C., natif de Coryce ou d'Anazarbe en Cilicie, suivit en exil son père, sénateur d'Anazarbe, qui n'avait pas voulu fléchir devant Septime-Sévère, et consacra son loisir à la poésie. Étant venu à Rome, il sut plaire à Caracalla, qui, à sa prière, rappela son père de l'exil ; mais il y fut, quelque temps après, emporté par une maladie épidémique : il comptait à peine 30 ans. On a sous son nom deux poèmes didactiques, la Pêche (Halieutica et la Chasse (Cynegetica). Selon Schneider et H. Martin, ces deux poèmes ne peuvent être d'un même auteur, et il y aurait lieu à distinguer un premier Oppien, auteur des Halieutica, natif d'Anazarbe, qui aurait vécu sous Marc-Aurèle, et un 2e Oppien, auteur des Cynegetica, qui se dit lui-même natif d'Apamée sur l'Oronte, et qui aurait vécu sous Septime-Sévère et Caracalla; ce 2e O. serait pour le talent fort inférieur au premier. La 1re édit. d'Oppien fut publiée par les Juntes à Florence en 1515 ; les meilleures sont celles de Schneider, Strasbourg, 1776 et 1813 ; de Belin de Ballu, Paris, 1786, et de Lehrs, dans la Bibliothèque grecque des Didot, 1846. La Chasse a été trad. en français par Belin de Ballu, 1786, et la Pêche par Limes, 1817.

OPPIUS (C.), tribun du peuple en 215 av. J.-C. A la suite des malheurs causés par les victoires d'Annibal, il fit rendre une loi qui mettait des bornes au luxe des femmes et leur interdisait de porter sur elles plus d'une demi-once d'or. Cette loi excita chez les dames romaines un mécontentement général, et elles parvinrent, 18 ans après, à la faire révoquer, malgré l'opposition de Caton. — Un autre C. Oppius, lieutenant et ami de César, est regardé comme le véritable auteur de la Guerre d'Afrique, qu'on attribue vulgairement à César même et qu'on trouve à la suite des Commentaires de ce général.

OPPORTUNE (Ste), abbesse de Montreuil, dans le diocèse de Séez, au VIIIe siècle, était d'une des meilleures familles du pays d'Auge en Normandie. Elle mourut saintement en 770. Où la fête le 23 avril.

OPS, la grande déesse italique des temps primitifs, passait pour l'épouse de Saturne, et a été en conséquence identifiée avec Rhée, Cybèle, et la Terre. Son nom veut en effet dire Terre dans la vieille langue italique. On célébrait à Rome en son honneur le 14 des calendes de janvier (19 décembre) des fêtes appelées Opales. OPSLOE, v. de Norvège (Aggerhuus), contiguë à Christiania, à l'E., est regardée comme un faubourg de cette capitale. C'est une ville très-ancienne : elle fut fondée en 1058 par le roi Harold Haardraade. Après l'union de la Norvège avec le Danemark, elle devint la capitale du royaume; mais elle fut détruite par un incendie en 1624, et Christian IV fit construire à sa place la ville de Christiania. Elle est restée néanmoins la résidence de l'évêque de Christiania.

OPSOPOEUS (Vincent), philologue, né en Franconie au XVe s., mort en 1540, tint une école à Anspach pour l'enseignement des langues anciennes. Il a laissé des corrections et des notes sur Démosthène, 1534, des notes sur l’Anthologie, un petit poëme de Arte bibendi, et a donné les premières éditions de Polybe, de Diodore de Sicile, des Lettres de S. Basile et de S. Grégoire de Nazianze. — Jean Opsopœus, médecin, né en 1556 dans le Palatinat, mort à Heidelberg en V596, a donné des éditions de divers traités d'Hippocrate et des Oracles sibyllins, et des notes sur Sénèque, Frontin, Macrobe, etc.

OPTAT (S.), Optatus, évêque de Milève en Numidie, au IVe siècle, m. vers 384, était, au témoignage de S. Augustin, un des prélats les plus savants de son temps. Il combattit l'erreur des Donatistes. On a de lui un traité De schismate Donatistarum (Paris, 1569 et 1700, in-fol., édit. Dupin). Ses autres écrits sont perdus. On le fête le 4 juin. — V. HERSENT.

OPTATIEN, P. Porphyrius Optatianus, poëte latin qui vivait sous Constantin, est auteur d'un Panégyrique de Constantin, morceau bizarre dont les vers forment diverses figures, tel qu'un autel, un orgue, etc. Ce panégyrique se trouve dans les Poemata vetera de Pithou, Paris, 1590, et a été donné à part par Welser, Augsbourg, 1595.

ORACLES, Oracula. On nommait ainsi chez les Païens et les réponses que faisaient les dieux aux mortels qui venaient les consulter et les lieux où l'on venait recevoir ces réponses. L'Asie Mineure, la Grèce, l'Italie comptaient beaucoup d'oracles, entre autres ceux de Dodone, de Delphes, d'Épidaure, de Trophonius, de Cumes, de Préneste ; il faut y joindre l'oracle de Jupiter Ammon en Libye. Les réponses s'obtenaient de diverses manières. A Delphes, elles étaient rendues par une prêtresse nommée pythie; à Dodone, tantôt par des femmes, tantôt par des colombes ou même par le bruit des arbres; dans l'antre de Trophonius et à Épidaure le dieu parlait en songe au fidèle ; à Préneste, on agitait des espèces de dominos; à Rome, on consultait les Livres sibyllins. Parfois on prenait pour la réponse de l'oracle le premier mot que l'on entendait au sortir du temple, ou bien on interprétait comme révélation des dieux un coup de tonnerre, un éclair ou même le moindre bruit, le mouvement fortuit d'un être ou d'un objet appartenant à l'oracle. Les réponses étaient souvent en vers; parfois on les écrivait sur des feuilles de roseau ; elles étaient toujours conçues en termes ambigus, de manière à pouvoir s'adapter à l'événement une fois accompli. Les oracles se turent à mesure que diminua l'idolâtrie et que le Christianisme fit des progrès. Porphyre avait écrit une Philosophie des Oracles dont nous n'avons que des fragments. On doit à Van Dale un curieux ouvrage De oraculis veterum ; Fontenelle a donné l’Histoire des Oracles.

ORACLES MAGIQUES. V. ZOROASTRE

ORADOUR-SUR-VAYRES, ch.-l. de cant. (Hte-Vienne) à 12 kil. S. E. de Rochechouart; 3310 hab. Marne, blanc d'Espagne; gants de peau d'agneau.

ORAN, Gilba ? v. maritime de l'Algérie, ch.-l. de la prov. d'Oran, à 360 kil. O. S. O. d'Alger, par 35° 44' lat. N., 2° 60' long. O., au fond d'une baie de la Méditerranée , entre les caps Falcon et Ferrat ; 17 370 h., dont env. 10 000 indigènes. Préfecture, ch.-l. de division militaire, trib. de 1re inst. et de commerce. Évêché, créé en 1867. Oran n'a qu'un mauvais mouillage : Mers-el-Kébir lui sert de port. Fortifications; plusieurs beaux édifices. — Fondée par des Maures chassés d'Espagne, cette ville fut prise en 1505 par les Espagnols, qui y firent de magnifiques travaux de défense et d'embellissement, ce qui lui avait valu le surnom de Corte-chica, petite cour. Les Maures la reprirent en 1708, et, malgré une interruption de 60 ans (1732-92), ils la possédèrent jusqu'au temps de la conquête française ; elle fut occupée par les Français en 1831. Elle avait été presque ruinée par des tremblements de terre en 1790 et 91 : c'est à la suite de ce dernier que les Arabes rentrèrent dans la place, abandonnée par les Espagnols. — La prov. d'Oran, la plus occidentale des 3 prov. de l'Algérie, entre la Méditerranée au N., le Maroc à l'O., le Sahara au S., et la prov. d'Alger à l'E., a 102 000 kil. carr. et compte 670 697 hab., dont 50 000 Européens. Elle est arrosée par le Chélif, la Macta, la Tafna, et est divisée en territoire civil et territoire militaire, dont les proportions varient avec les progrès de la colonisation.

ORANGE, Arausio, ch.-l. d'arr. (Vaucluse), près de la r. dr. de l'Aygues, à 30 kil. N. d'Avignon; 10 007 h. Trib. de lre inst., collége, bibliothèque ; station du chemin de fer de la Méditerranée. Filatures de soie, moulins à ouvrer la soie; garance, truffes, safran, vins, eaux-de-vie, miel, laines, etc. Belles ruines d'un amphithéâtre romain et d'un arc de triomphe, dit de Marius, qui aurait été érigé en mémoire de la victoire gagnée par Marius à Aix sur les Teutons (102 av. J.-C.), mais qui est plus probablement de l'époque d'Adrien; statue de Raimbaud, comte d'Orange en 1099 (érigée en 1831), et l'un des héros du Tasse. Anc. évêché, université et parlement. — Anc. cité des Cavares, célèbre par la victoire des Teutons sur Manilius et Cépion, en 105 av. J.-C.; colonisée par César ; prise au Ve s. par les Wisigoths, les Bourguignons et les Francs; elle finit par avoir des princes particuliers (V. ci-après); le dernier étant mort en 1702, Louis XIV s'empara de la ville, qui depuis est restée unie à la France. Orange eut beaucoup à souffrir pendant les guerres de religion. Il s'y tint un grand nombre de conciles.

ORANGE (Principauté d'), anc. seigneurie enclavée dans le Comtat Venaissin, avait au XVIIIe siècle 60 k. sur 30, mais avait été jadis plus considérable. Places principales : Orange (ch.-l.), Courteson, Causans. — Jadis partie du pays des Cavares, dans la Viennaise ; comprise ensuite dans le roy. des Burgundes et dans la Bourgogne mérovingienne et carlovingienne puis dans la Bourgogne cisjurane de Boson et dans le roy. d'Arles, elle devint seigneurie dès le IXe ou le Xe s., et comté au XIe. Quatre maisons y ont régné successivement : 1° celle de Giraud d'Adhémar, éteinte en 1174, à laq. appartient le comte Raimbaud; 2° celle de Baux, de 1185 à 1373; 3° celle de Châlon, jusqu'en 1530; 4° celle des Nassau. Ceux-ci s'étant éteints en 1702, Louis XIV réunit la principauté à la France, malgré les prétentions diverses des Nassau-Dietz, du roi de Prusse Frédéric-Guillaume I (qui y prétendait du chef de sa mère), et du prince de Conti, héritier des Longueville, qui déjà avaient eux-mêmes contesté cet héritage aux premiers Nassau. Néanmoins la maison de Nassau, qui règne auj. en Hollande, donne touj. le titre de Prince d'Orange à l'héritier présomptif de la couronne. D'un autre côté, une maison française, celle de Mailly, dont un membre avait épousé une héritière d'Orange, conserva le droit de porter le titre de Princes d'Orange. La principauté d'Orange fut annexée au Dauphiné; en 1790 elle fut comprise dans le dép. de Vaucluse.

ORANGE, grand fleuve de l'Afrique australs (Hottentotie), est formé de deux branches qui sortent du Drakensberg dans le pays des Cafres, le Gariep septentr. ou Fleuve Jaune et le Gariep mérid. ou Fleuve Noir, coule, après sa jonction, de l'E. à l'O. et tombe dans l'Océan Atlantique par une seule embouchure, par 28° 32' lat. S., après un cours de 1650 kil. Les hippopotames et les crocodiles y abondent. Ce fleuve croît périodiquement comme le Nil. Son lit contient beaucoup de quartz et des opales. ORANGE (Philibert de CHALON, prince d'), grand capitaine du XVIe s., né en 1502, au château de Nozeroy (Jura), m. en 1530. François I lui ayant confisqué en 1517 la principauté d'Orange parce qu'il ne voulait pas reconnaître la suzeraineté de la France, il se retira auprès de Charles-Quint, qui lui donna le comté de St-Pol. Pris par les Français en 1525, il fut enfermé au château de Lusignan et y resta jusqu'au traité de Madrid (1526). Il accompagna le connétable de Bourbon au siège de Rome, lui succéda dans le commandement des Impériaux, s'empara du château St-Ange, et força le pape à accepter les plus dures conditions. Vice-roi de Naples en 1528, il força les Français à lever le siège de cette ville et à quitter le royaume (1528), mais il se déshonora dans cette occasion par la cruauté qu'il exerça envers ceux des Napolitains qui avaient accueilli les Français. Chargé de commander l'armée impériale en Toscane, il assiégeait Florence (1530) lorsqu'il fut tué, à l'âge de 28 ans. Brantôme a écrit sa Vie.

ORANGE (Guillaume et Henri Frédéric DE NASSAU, princes d'). V. GUILLAUME et NASSAU.

ORANGISTES, Orangemen, nom de mépris donné en 1689, par les Catholiques restés fidèles à la cause de Jacques II, aux Protestants d'Irlande qui avaient reconnu l'usurpation de Guillaume d'Orange. Il désigne encore aujourd'hui ceux des membres du parti tory qui s'opposent dans le parlement à toute concession en faveur des Catholiques d'Irlande.

ORANIENBAUM (c.-à-d. oranger), v. forte de la Russie (St-Pétersbourg), à 41 k. S. O. de St-Pétersbourg, sur le golfe de Finlande, vis-à-vis de Kronstadt; 1500 hab. Château impérial (ancienne maison de plaisance bâtie par Menzikoff) ; école des cadets ; hôpital des marins.

ORATOIRE (Pères de l'), congrégation religieuse, fondée à Rome en 1550, par S. Philippe Néri, sous le nom de Confrérie de la Trinité, fut d'abord destinée à donner des secours aux pèlerins que la piété amenait à Rome. Quelque temps après, le fondateur, ayant entrepris d'instruire les enfants, se fit aider par de jeunes ecclésiastiques qu'on nommait Oratoriens, parce qu'ils se plaçaient devant l'église pour appeler le peuple à la prière. Ce nom s'étendit bientôt à l'ordre entier. Les Pères de l'Oratoire vivaient en communauté, sans aucun vœu spécial. Leur nombre, qui n'était d'abord que de 15, s'accrut bientôt indéfiniment et l'ordre s’enrichit rapidement. Leur siège principal à Rome était l'église de Notre-Dame de la Vallicella, dite Chiesa Nuova. — En 1611, P. de Bérulle imita cet institut en France en y fondant l’Oratoire de Jésus, que confirma Paul V en 1613. Cette dernière institution avait pour but d'honorer l'enfance, la vie et la mort de J.-C., d'instruire la jeunesse, d'élever des clercs pour l'Église dans les séminaires, d'enseigner le peuple par la prédication et les missions. Cet ordre a produit beaucoup d'hommes distingués (Malebranche, Massillon, Mascaron, Richard Simon, le P. Lelong, La Bletterie, Foncemagne, Dotteville, Daunou, etc.), et a rendu de grands services à l'enseignement : ses colléges les plus renommés étaient ceux de Juilly et du Mans. Établi d'abord rue St-Jacques, à Paris, il eut dans la suite son ch.-l. dans l'église de l’Oratoire (rue St-Honoré). — Supprimé en 1790, l'Oratoire a été rétabli à Paris en 1853, mais sur de nouvelles bases, par M. l'abbé Petétot, sous le titre d’Oratoire de l'Immaculée Conception. On doit au P. Perraud l’Oratoire de France aux XVIIe et XIXe siècles, 1 vol. in-8, 1865.

ORB, Orobis, riv. de France (Hérault), naît près du Caylar, passe à Béziers, et se jette dans la Méditerranée près de Port-Vendres, après un cours de 110 k.

ORBE, Orben en allemand, Urba ou Urbigenum en latin, v. de Suisse (Vaud), sur l'Orbe (qui tombe dans le lac de Neufchâtel), à 24 kil. N. de Lausanne; 2100 h. — Conquise par les Suisses en 1475.

ORBEC, ch.-l. de c. (Calvados), dans l'anc. pays d'Auge, à 20 kil. S. E. de Lisieux, sur l'Orbec (affluent de la Toucque) ; 3266 hab. Collége. Draps, étoffes de laine, rubans, tanneries.

ORBIGNY (Alcide d'), naturaliste, né en 1802 à Couëron (Loire-Inf.), m. en 1857, était fils d'un chirurgien de marine. Il exécuta de 1826 à 1833 un grand voyage d'exploration dans l'Amérique du Sud, et fut nommé en 1852 professeur de paléontologie au Muséum, chaire créée pour lui. Il a publié, entre autres ouvrages : Voyage dans l'Amérique méridionale (7 v. gr. in-4, avec planches, 1835-1849), où sont décrites beaucoup d'espèces nouvelles; Galerie ornithologique (1836) ; Paléontologie française (1836), et a pris part au Dictionnaire universel d'histoire naturelle de Ch. d'Orbigny, son frère (13 v. in-8, 1829-1849).

ORBITELLO, v. d'Italie (Toscane), à 100 kil. S. de Sienne, sur le petit lac d'Orbitello; 3000 hab. Port commode. Prise par les Français en 1646.

ORCADES, Orkneys en anglais, groupe d'îles situé au nord de la pointe septentrionale de l’Écosse, par 38° 42-59° 22' lat. N. et 4° 35'-5° 35' long. O., est séparé du comté de Caithness par le détroit de Pentland. On en compte 67, dont 29 habitées : Pomona ou Mainland, Hoy, les deux Ronaldshay, Sanda, Shapinshay, Stronsay, Westray sont les principales ; on y compte 31 000 hab. Climat humide, pluies perpétuelles, froid moins vif que n'indiquerait la latitude; sol montueux et peu fertile, pâturages, bétail, pêche. Les Orcades, jointes au Shetland, forment un des comtés de l’Écosse; il compte 62 000 h. et a pour ch.-l. Kirkwall. — C'est la flotte d'Agricola qui fit connaître ces îles aux Romains, vers 84. Au Xe siècle, elles furent conquises par des pirates normands qui en exterminèrent les habitants ; plus tard, elles passèrent à la Norvège : le roi d’Écosse Jacques III les recouvra par son mariage avec Marguerite, fille du roi de Norvège (1470). Jacques VI consolida cette possession, qui était disputée par le Danemark, en épousant Anne, fille du roi de ce pays. Données en apanage à un fils naturel de Jacques V, elles passèrent en 1696 dans la famille Hamilton.

ORCADES AUSTRALES, dites aussi Nouvelles-Orcades et Powell, groupe d'îles du Grand-Océan Austral, par 60° 46' lat. S. et 47° long. O., au S. E. de l'Amérique et à l'E. N. E. des Nouvelles Shetland. Elles sont arides et désertes : des pics aigus forment les sommets de la plupart. Les deux principales sont Pomona ou Coronation, dominée par deux montagnes, dont l'une a 1645m de hauteur et l'autre 1320m; et Laurie, dont le point culminant a 940m. On pêche des phoques sur leurs bords. — Ces îles furent découvertes en 1819 par le capitaine anglais Smith.

ORCAGNA, peintre. V. ORGAGNA.

ORCHA, v. de Russie (Mohilev), sur le Dniepr, à 75 kil. N. de Mohilev; 2000 hab. Défaite du czar Wasili IV par les Polonais en 1514.

ORCHIES, Origiacum, ch.-l. de cant. (Nord), à 18 kil. N. E. de Douai; 3708 hab. Huile, bière, genièvre; tanneries, poteries, etc.

ORCHIMONT, village de Belgique (Luxembourg), sur la Semoy, près des frontières de France, et de la prov. de Namur ; 300 hab. Restes d'un château fort, pris et rasé en 1636 par les Français. Ane, comté.

ORCHOMÈNE, Orchomenus, auj. Kalpaki, ville fort ancienne d'Arcadie, à l'E., un peu au N. de Mantinée, existait dès le temps d'Homère. Dans la guerre du Péloponèse, elle fut prise par les Athéniens. Dans les guerres entre les Étoliens et les Achéens, elle tint d'abord pour les premiers; prise par Cléomène, puis par Antigone, elle finit par entrer dans la ligue achéenne. Elle était en ruines du temps de Strabon; à l'époque de Pausanias elle avait été rebâtie et renfermait des temples remarquables de Neptune et de Vénus.

ORCHOMÈNE, v. de Béotie, dite O. Minyenne, parce qu'elle fut fondée par les Minyens, avait d'abord été bâtie dans la plaine qui depuis fut couverte par le lac Copaïs, mais une inondation, força les habitants à aller s'établir sur le mont Acontion, presque à l'embouchure du Cephise dans le lac. Elle était jadis la capit. de l'empire minyen, qui comprenait tout le N. O. de la Béotie, Chéronée, Haliarte, Lébadée, Coronée, et qui même rendit Thèbes tributaire; mais, 60 ans après la ruine de Troie, elle fut prise par les Béotiens et fit dès lors partie de leur ligue. Ayant voulu s'en séparer en 367, elle fut prise par les Thébains qui mirent ses habitants à mort ou les réduisirent en esclavage. Rétablie par les Athéniens pour affaiblir Thèbes, elle fut détruite de nouveau par les Thébains; rebâtie une 3e fois par Philippe en 338, elle ne put reprendre son ancienne splendeur : elle était presque déserte à l'époque de Strabon. On trouve encore près du village de Scripou des ruines importantes de son acropole. On plaçait dans cette ville l'oracle de Tirésias et le tombeau d'Hésiode. — Sylla battit près d'Orchomène Archélaüs, général d'Antiochus le Grand, en 87 av. J.-C.

ORCIÈRES, ch.-l. de cant. (Hautes-Alpes), sur le Drac, à 52 kil. N. d'Embrun; 1405 hab.

ORCUS, nom de Pluton chez les Romains. On le fait dériver du grec orkos, serment, parce que Pluton était invoqué lors de la prestation des serments, et que l'onde du Styx était le garant le plus terrible de la sainteté des promesses.

ORDALIE, du saxon ordal, le même mot qu’urtheil, jugement. Voy. JUGEMENT DE DIEU.

ORDELAFFI (Cecco), d'une famille gibeline, s'empara en 1315 du gouvernement de Forli, sa ville natale, qui resta dans sa famille jusqu'en 1480, époque à laquelle la veuve du dernier Ordelaffi le vendit à Jérôme Riario, neveu de Sixte IV.

ORDERIC VITAL, né en 1075 en Angleterre, à Atcham, près de Shrewsbury, de parents français, mort vers 1150, dans l'abbaye de St-Évroul en Ouche (Normandie), a laissé une Histoire ecclésiastique, en 13 livres, qui va de la naissance de J.-C. à l'an 1141, et qui est une des sources les plus précieuses pour l'histoire de France. Elle a été publiée par Duchesne, dans les Scriptores historiæ normannicæ, Paris, 1619, et par A. Leprévost, 1838-55. M. Dubois l'a traduite en français (dans les Mémoires relatifs à l'histoire de France de M. Guizot, 1827).

ORDOGNO, nom de plusieurs rois des Asturies et de Léon, dont le plus important est Ordogno II, qui régna de 913 à 923. Il quitta Oviédo pour s'établir à Léon. Il prit et rasa Talavera, battit Abdérame III en 916 et alla au secours de la Navarre; mais il perdit la bataille du Val de la Jonquera, 921.

ORÉADES (du grec oros, montagne), nymphes des montagnes, et compagnes de Diane.

ORÉE, v. de l'Eubée. Voy. HISTIÉE.

ORÉGON (l'), fleuve des États-Unis, prend sa source dans les monts Rocheux, par 50° lat. N. et 118° 50' long. 0., coule d'abord au N. O. jusqu'à 52° lat. N., puis retourne au S., et, arrivé au 46° lat. N., se dirige à l'O. pour se jeter dans le Grand-Océan par 46° 19' lat. N. et 126° 14' long. O., entre les caps du Désappointement et d'Adam après un cours d'env. 1800 k. Il avait d'abord été appelé Columbia, du nom du premier navire qui y entra en 1792.

ORÉGON, vaste contrée de l'Amérique du Nord, entre les monts Rocheux à l'E., le territoire de Washington au N., le grand Océan à l'O. et la Californie au S., est arrosée par l'Orégon, qui lui donne son nom. Ce pays, anc. annexe des possessions françaises du Canada, ne commença à être exploré qu'en 1792 : à cette époque, un bâtiment américain, le Columbia, entra dans le fleuve qui depuis a pris son nom. Vers 1811, un citoyen américain, J. Astor, fonda près de l'embouchure du fleuve un établissement pour le commerce des pelleteries : c'est la ville actuelle d'Astoria. Pendant la guerre de 1812, les Anglais se rendirent maîtres de cet établissement et accaparèrent la navigation du fleuve. De là entre les Anglais et les Américains de longues contestations; en 1846 le pays fut partagé et un traité fixa la limite entre les deux puissances au 49° de lat. N., donnant aux États-Unis ce qui est au S. de cette ligne et à la Grande-Bretagne ce qui est au N. L'Orégon américain a été érigé en territoire en 1850 et en État en 1858 ; il a pour ch.-l. Orégon-City, Cornwallis ou Salem ; un archevêché y a été créé par le pape Grégoire XVI ; il a une université (à Marysville).

OREILLY (Alex.), général au service de l'Espagne, né en Irlande en 1735, avait d'abord servi la France. Ayant sauvé la vie au roi Charles III lors d'une émeute suscitée à Madrid en 1766, il obtint la faveur de ce prince. Il alla prendre possession de la Louisiane cédée à l'Espagne par la France, dirigea en 1774 une expédition contre Alger, échoua, mais n'en conserva pas moins sa faveur. Il mourut en 1794, au moment où il allait marcher contre la France.

OREL ou ORLOW, v. de la Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt d'Orel, sur l'Oka et l'Orlik, à 1050 kil. S. S. E. de St-Pétersbourg ; 32 000 hab. Évêché, tribunaux, gymnase. Grand entrepôt entre la Russie sept, et la Crimée (grains, chanvres; vins, miel, suif, etc.). Cette ville fut saccagée au XVIIe les Lithuaniens, et depuis par les Polonais et les Tartares de Crimée. — Le gouvt d'Orel, entre ceux de Kalouga et Toula au N., de Smolensk et de Tchernigov à l'O., a 420 k. de l'E. à l'O., 172 du N. au S. ; 1 450 000 hab. Grande exportation de céréales.

ORELLANA (Fr.), voyageur espagnol, né à Truxillo vers 1500, suivit Pizarre, s'abandonna sur un brigantin au cours du fleuve des Amazones depuis le lieu où il reçoit le Napo, et parvint ainsi à découvrir, en 1541, l'embouchure de ce fleuve (qui pendant quelque temps porta son nom). Il obtint de Charles-Quint des lettres patentes pour établir des colonies dans les régions qu'il avait visitées et repartit en 1549 avec trois vaisseaux; mais il en perdit deux, et peu après mourut de chagrin à Caracas.

ORELLI (Jean Gaspard d'), philologue, né en 1787 à Zurich, d'une famille originaire d'Italie, mort en 1849, d'abord pasteur de l'Église réformée à Bergame, puis professeur à Coire (1814), fut appelé en 1819 à Zurich pour occuper la chaire d'éloquence et d'herméneutique, résigna ses fonctions en 1822 parce qu'on suspectait son orthodoxie, mais fut bientôt rappelé et fut nommé en 1833, lors de la fondation de l'Université de Zurich, professeur extraordinaire de littérature ancienne. Outre quelques ouvrages originaux (Histoire de la poésie italienne, 1810; Victorin de Feltre, 1812; la Réforme en Suisse, 1849), on lui doit des éditions fort estimées de Cicéron, Zurich, 1826-38; de Phèdre, 1832; de Velleius Paterculus, 1835; de Salluste, 1840; d’Horace, 1837 et 1843; de Tacite, 1846-48; de la Théogonie d'Hésiode, 1836, une édit. toute grecque de Platon, avec les scholies et les glossaires anciens, 1839; et un précieux recueil d'inscriptions, Inscriptionum latinarum amplissima collectio, 1828, 2 vol. in-8, préférable à tous les recueils analogues publiés jusque-là. La plupart de ses éditions sont accompagnées de commentaires où brillent une érudition variée et choisie, une rare sagacité, une précision et une correction remarquables. — Son frère, Conrad d'O., 1771-1849, est connu par de savantes recherches sur la langue française. — Jean Conrad d'O., cousin des préc., 1770-1826, pasteur et conseiller ecclésiastique à Zurich, a donné des éditions des fragments de Nicolas de Damas, grec-latin, Leipsick, 1804-11, 2 vol. in-8; d’Arnobe, 1816; du philosophe Salluste (De diis et mundo), 1821 ; les Opuscula Græcorum sententiosa, 1819-21, et une édition de Procope, qui n'a été terminée qu'après sa mort, 1828.

ORENBOURG, v. forte de la Russie d'Europe, dans le gouvt d'Orenbourg, au confluent de l'Oural et de la Sakmara, à 1900 kil. S. E. de St-Pétersbourg et à 1300 k. S. d'Oufa; 15 000 h. Évêché grec; mufti musulman; école militaire. On remarque la cathédrale, bâtie sur un rocher de jaspe rouge, la chancellerie, la Cour de commerce et celle des échanges. Entrepôt du commerce de l'Asie avec l'Europe du Nord; les caravanes de Khiva, de la Boukharie et des Indes viennent y échanger les objets les plus précieux de l'Asie contre les produits européens : draps, velours, toiles et vêtements, cuirs de Russie, suifs renommés ; verroterie. Grandes foires de chevaux et de moutons. — Bâtie d'abord en 1734 au confluent de l'Oural et de l'Or sous le nom d’Orsk, cette ville fat transférée en 1739 à 200 kil. plus bas sous le nom de Krasnogorskaïa; elle fut construite dans son emplacement actuel en 1742, et reçut alors le nom d'Orenbourg. Elle a été quelque temps le ch.-l. du gouvt qui porte encore son nom. — Ce gouvt, l'un des gouvts orientaux de la Russie d'Europe, confine à l'Asie : il est situé entre ceux de Perm au N., de Viatka au N. 0., de Kazan et de Simbirsk à l'O., d'Astrakhan au S., et le gouvt de Tobolsk au N. E. ; il a 40 000 000 d'hect., 900 kil. sur 680, et compte environ 1 700 000 hab., dont beaucoup de Cosaques, Baskirs, Tchérémisses, qui sont mahométans ou païens; il a pour ch.-l. Oufa (c'était précédemment Orenbourg). Ce pays est divisé en 2 parties par les monts Ourals et arrosé par l'Oural, le Tobol, la Kama et l'Oufa. Sol généralement fertile en blé, lin, chanvre. Bétail et animaux sauvages, dont quelques-uns féroces. Or, cuivre, fer, vitriol, marbre, albâtre, cristaux, jaspe, agate, etc.; poisson, caviar, ichthyocolle, etc. Toute la frontière est garnie d'une ligne de fortins en bois pour la défendre contre les Kirghiz.

ORÉNOQUE, Orinoco en espagnol, grand fleuve de l'Amérique du Sud, naît dans les monts de Parime (Venezuela), par 65° long. O., 5° 5' lat. N., décrit un large quart de circonférence, puis coule au N. et à l'E., arrose Esmeralda, Atures, Urbana, Caycara, Angostura, et se jette dans l'Atlantique par 50 bouches (dont 7 navigables, entre autres la Bocca de Navios), après un cours de 2500 kil. Il reçoit à droite le Marquiritari, le Padamo, le Caroni, le Ventuari, et à gauche le Guaviare, la Meta et l'Apure. Un bras célèbre, le Cassiquiare, le fait communiquer avec l'Amazone. Ses cataractes, près d'Atures, sont effrayantes. Profond et large, il déborde dans la saison des pluies jusqu'à 100 kil. de ses rives; à son embouchure, il ressemble à un lac ; la marée y est sensible jusqu'à 450 kil. de son embouchure; il porte les plus gros navires. — Colomb, dans son 3e voyage, en 1498, vit l'Orénoque ou du moins la plus grande de ses branches (la Bocca de Navios), et de sa largeur conclut l'existence d'un très-vaste continent.

ORENOQUE (dép. de l'), un des dép. de la république de Vénézuela, séparé du Brésil par le fleuve des Amazones, est divisé en 3 provinces (Varinas, Apure et Guayana), et a pour ch.-l. Varinas. Quoique très-vaste (1250 kil. sur 1100), il n'a guères que 180 000 hab.; il est couvert de vastes forêts.

ORENSE ou CALDAS D'ORENSE, Aquæ Calidæ, v. d'Espagne (Galice), capit. de la prov. d'Orense, sur la r.g. du Minho, à 320k. N. O. de Madrid; 5000 hab. Eaux thermales renommées. — La prov. d'Orense, entre celles de Lugo au N., de Pontevreda à l'O., le Portugal au S., et la Vieille-Castille à l'E., est arrosée par le Minho, le Sil et la Lima; 390 000 hab.

ORESME (Nic.), écrivain français, né à Caen vers 1320, m. en 1382, devint en 1356 grand maître du collège de Navarre, fut chargé de terminer l'éducation du Dauphin (Charles V), et nommé en 1377 évêque de Lisieux. On a de lui, entre autres ouvrages, des traductions françaises de la Morale (1488) et de la Politique d'Aristote (1489), entreprises par ordre de Charles V, et 115 sermons.

ORESTE, Orestes, fils d'Agamemnon et de Clytemnestre, fut, après le meurtre d'Agamemnon par Clytemnestre et Égisthe, envoyé par sa sœur Électre, chez le roi de Phocide, Strophius son oncle, où il passa sa jeunesse et contracta avec Pylade, fils du roi, cette amitié qui les a rendus si célèbres l'un et l'autre. Rentré furtivement dans Argos, il se fit reconnaître d'Électre et, de concert avec elle, vengea la mort de son père par celle des deux coupables; mais il fut aussitôt poursuivi par les Furies, et depuis il promena partout ses remords et sa démence : en Attique, où l'Aréopage et Minerve l'acquittèrent; à Trézène, où il se fit expier; en Tauride, où il acheva de se purifier encourant risque de la vie, et où il retrouva sa sœur Iphigénie. De retour en Grèce, il monta sur le trône d'Argos, auquel il joignit celui de Sparte après la mort de Ménélas, donna Électre, sa sœur aînée, en mariage à Pylade, et épousa lui-même Hermione, fille d'Hélène et de Ménélas, après avoir tué ou fait tuer au pied des autels Pyrrhus, fils d'Achille, qui avait voulu la lui enlever. Il mourut à plus de 90 ans, piqué par un serpent. Les aventures tragiques d'Oreste ont inspiré Eschyle dans les Choéphores et les Euménides, Sophocle dans Électre, Euripide dans Électre, Oreste et Iphigénie en Tauride. Elles ont aussi été représentées sur la scène moderne dans l’Andromaque de Racine, l’Oreste et Pylade de Lagrange-Chancel, l’Électre de Crébillon et celle de Longepierre, l’Oreste de Voltaire et celui d'Alfieri, l’Iphigénie en Tauride de Guimond de la Touche, etc.

ORESTE, gouverneur d'Égypte sous Théodose, eut sans cesse à lutter contre les violences de S. Cyrille et ne put empêcher le meurtre de la savante Hypatie, dont il était le disciple et l'ami.

ORESTE, père de l'emp. Augustule, était un officier d'Attila. S'étant fixé en Italie après la mort de ce chef, il y devint tout-puissant sous l'empereur Julius Népos (473); mais bientôt il détrôna ce prince et donna la couronne à son propre fils Romulus Augustule (475). Odoacre, vainqueur de ce dernier, fit mettre Oreste à mort (476).

ORFA, primitivement Callirhoë, l’Édesse des Grecs et des Croisés, v. de la Turquie d'Asie (Diarbêkir), ch.-l. de livah, près du lac El-Ibrahim-el-Kalil, à l80 k. S. O. de Diarbékir; 50 000 hab. Évêché arménien; belles mosquées; ruines d'un palais dit Palais de Nemrod, caravenserais, bains. Étoffes de coton, cuirs, maroquins, bijouterie, etc. Grand commerce par caravanes. Environs délicieux, où l'on a voulu placer le paradis terrestre. V. ÉDESSE.

ORFILA (Mateo), médecin toxicologiste, né en 1787 à Mahon (Minorque), m. à Paris en 1853, était fils d'un négociant aisé. Il étudia la médecine à. Barcelone et se distingua tellement, surtout én chimie, qu'il fut envoyé aux frais de la junte de cette ville à Paris (1807), pour faire une étude plus approfondie de cette science. Reçu docteur en 1811, il se fit naturaliser Français et ouvrit des cours sur la chimie et la médecine légale, dont le succès fonda sa réputation; il publia en 1813 un Traité des poisons qui le plaça au rang des premiers chimistes. En 1819, il remplaça Halle dans la chaire de médecine légale, chaire qu'il échangea en 1822 contre celle de chimie; il fut élevé en 1831 au décanat de la Faculté, et appelé en 1832 au Conseil de l'Instruction publique. Enlevé en 1848 à son décanat, il conserva cependant sa chaire. Orfila fit faire de grands progrès a la médecine légale et fut le véritable créateur de la toxicologie: il était appelé par les tribunaux d'un bout de la France à l'autre, dans les accusations d'empoisonnement. Comme professeur il réunissait à une science solide une exposition vive et lucide. Comme administrateur, il organisa les écoles préparatoires de médecine, enrichit l'École de Paris de l'hôpital des cliniques, créa un musée d'anatomie comparée qui, à bon droit, a été appelé de son nom Musée Orfila, et légua une somme de 121 000 pour l'achever; il établit en outre une Société de prévoyance destinée à assister les médecins tombés dans l'infortune. Ce savant possédait un rare talent pour la musique et une admirable voix de basse-taille qui lui aurait permis de rivaliser avec les artistes les plus renommés. Ses principaux ouvrages, outre le Traité des poisons, sont : Éléments de chimie médicale (1817), Leçons de médecine légale (1821-23), Traité des exhumations juridiques (1830), ouvrages qui ont eu de nombreuses éditions. Il a donné en outre plusieurs mémoires, parmi lesquels on remarque ses Recherches sur l'empoisonnement par l'acide arsenieux. Il a laissé d'amples Mémoires autobiographiques, encore inédits. Son Éloge a été prononcé par M. Dubois d'Amiens à l'Académie de Médecine et par M. Bérard à la Faculté.

ORFORD (comtes d'). V. RUSSEL et WALPOLE.

ORFYRÉE (Élie BESSLER, dit), né en 1680 à Zittau (Lusace), m. en 1745 à Furstenberg, fut tour à tour frère lai, soldat, empirique, horloger, chercheur de trésors et enfin conseiller de commerce à Cassel. Il crut avoir trouvé le mouvement perpétuel (1712), montra dans diverses villes de Saxe et de Hesse une machine qui, selon lui, résolvait ce problème, et publia le Mouvement perpétuel triomphant (allemand et latin, Cassel, 1719); mais il brisa sa machine après le rapport défavorable qu'en fit S. Gravesande. Se jetant alors du côté des matières religieuses, il conçut le plan d'un grand établissement qu'il appelait Gottersburg (la ville de Dieu), où l'on recevrait des Chrétiens, des Turcs, des Juifs, etc., pour les initier tous en même temps à la piété, aux sciences, aux arts, et il publia sous le titre d’Orfyrée orthodoxe (Cassel, 1723) un plan de réunion de toutes les sectes religieuses.

ORGAGNA (André CIONE), artiste florentin, 1329-89), fils d'un habile orfèvre, auteur lui-même de beaux bas-reliefs, réussit à la fois dans la peinture, la sculpture et l'architecture, peignit à fresque dans le Campo Santo de Pise le Triomphe de la Mort et le Jugement dernier, et dans la chapelle Strozzi de Ste-Marie-Nouvelle, à Florence, le Paradis et l’Enfer. Enthousiaste du Dante, il l'imita souvent dans ses compositions ; comme lui, il plaça ses amis parmi les élus, ses ennemis parmi les damnés. Il travailla souvent avec son frère Bernard, qui était aussi un bon peintre. Comme architecte, Orgagna se distingua en construisant à Florence la Monnaie et la belle loge des Lanzi, qui lui fut confiée à la suite d'un concours où luttèrent les plus célèbres architectes du temps ; il fut enfin chargé de tous les travaux d'une chapelle de richesse merveilleuse votée par la corporation d'Or-san-Michele après la peste de 1348, et y déploya tout son génie comme architecte, sculpteur et ornementiste. Dans la plupart de ses édifices, il substitua aux églises gothiques les voûtes à plein cintre. Cet artiste se plaisait à signer comme peintre ses travaux de sculpture ou d'architecture et comme sculpteur ceux de peinture. Il cultiva aussi la poésie avec succès.

ORGE (l'), petite riv. de France (Seine-et-Oise), naît près de Dourdan, traverse Arpajon, passe près de Juvisy, reçoit la Remarde, l'Yvette, et se jette dans la Seine, par la r. g., au S. O. de Villeneuve-St-Georges, après un cours de 50 kil.

ORGELET, ch.-l. de c. (Jura), à 17 kil. S. de Lons-le-Saulnier; 1912 hab. Anc. place forte. Tanneries, fromages dits de Gruyère. Ruines du château de Présilly, pont dit de la Pile, tour de May.

ORGÈRES, ch.-l. de c. (Eure-et-Loir), à 32 k. N. E. de Châteaudun ; 545 hab.

ORGÉTORIX, riche helvétien, décida ses compatriotes à se jeter sur la Gaule, l'an 59 av. J.-C., et, pour y réussir, fit une ligue avec le Séquanais Casticus et l'Éduen Dumnorix, les engageant à se rendre maîtres du pouvoir chacun dans sa république et promettant d'en faire autant parmi les Helvétiens. Ceux-ci, avertis de son projet, le citèrent à comparaître; il se déroba au jugement, mais il périt presque aussitôt. On pensa qu'il s'était donné la mort.

ORGIES, Orgia, fêtes de Bacchus,les mêmes que les Dionysiaques ou Bacchanales, devaient leur nom à la fureur sacrée (orghè) qui agitait les célébrants.

ORGON, ch.-l. de c. (Bouches-du-Rhône), sur la r. g. de la Durance, à 34 kil. N. E. d'Arles; 3174 h. Ruines d'un château fort, démoli par Louis XI ; restes d'un aqueduc romain; canal de Boisgelin, dont on remarque les écluses et la voûte souterraine.

ORIA, Uria, v. d'Italie (Otrante), à 38 k. E. de Tarente: 5000 h. Évêché. Fondée par des Crétois, cette ville reçut au XVe s. des Grecs réfugiés.

ORIBASE, de Pergame ou de Sardes, médecin grec, né vers l'an 325 de J.-C., m. vers 400. Attaché à la personne de Julien, il suivit ce prince en Gaule, facilita son élévation à l'empire, et l'accompagna dans l'expédition de Perse. Julien l'avait nommé questeur du palais : Valentinien et Valens le dépouillèrent de cet emploi et l'exilèrent chez les barbares. Oribase ne tarda pas à se faire un grand renom parmi ces peuples. il fut rappelé et dédommagé par l'empereur, vers 369. Il avait rédigé sous le titre de Collections médicales une vaste et précieuse compilation en 70 livres où il avait recueilli les passages les plus, importants d'anciens médecins; il ne nous en reste qu'env. 22 livres, dont 9 seulement en grec. Ils ont été publiés sous le titre de Collectanea artis medicæ, Paris, 1556. Nous avons aussi de lui un abrégé de cet ouvrage : Synopseos libri IX, Paris, 1555, et quelques autres écrits. Ses OEuvres complètes ont été publiées en grec et trad. en fr. par MM. Bussemaker et Daremberg. Par., 1851-60, 6 v. in-8.

ORICELLARIUS. V. RUCCELLAI.

ORICHOVIUS. V. ORZECHOWSKI.

ORICUM, v. et port d'Épire, sur l'Adriatique, auront d'un golfe qui sépare l'Épire de l'Illyrie. Fondée, dit-on, par une colonie de Colchide. Après la guerre de Troie, elle fut la résidence d'Hélénus et d'Andromaque.

ORIENT (Empire d'), dit aussi Bas-Empire, Empire Grec ou Byzantin, Empire de Constantinople, un des deux empires romains formés après la mort de Théodose le Grand, en 395. L'histoire de l'empire d'Orient se divise en six périodes. Pendant la 1re (395-565), dont Justinien est le personnage principal, l'empire grec, après avoir subi les ravages des Huns et perdu presque toute l'Arménie, vit périr l'empire d'Occident; mais il ne tarda pas à s'annexer quelques-unes des dépouillés de cet empire (Italie, Afrique, Barbarie, partie de l'Espagne). — La 2e période (565-717) commence sa décadence : les Lombards occupent les deux tiers de l'Italie; les Bulgares, Serbes et Croates s'établissent au sud du Danube ; les Arabes soumettent la Syrie, l’Égypte, l'Afrique et l'île de Cypre (622-632) ; Maurice, Héraclius, Pogonat sont les princes les moins nuls de cette période de 150ans. — Avec la 3e (717-867), commence la dynastie isaurienne, dont le zèle iconoclaste provoque l'insurrection des Romains, qui reconnaissent les papes pour princes temporels, et amène la perte de presque tout ce qui reste aux Grecs de l'Italie. Sous les sept princes qui succèdent à Irène, le culte des images est rétabli (842), mais bientôt (858) Photius prépare le schisme d'Orient (qui fut consommé en 1054 par Michel Cerularius) ; Candie, presque toute la Sicile, la Cilicie, échappent aux empereurs ; les guerres contre les Bulgares amènent d'affreux désastres. — La dynastie macédonienne, qui, souvent interrompue par des usurpations, remplit la 4e période (867-1056), ralentit la chute de l'empire et offre quelques princes remarquables; les Bulgares, les Russes, les Petchenègues viennent bien encore insulter et ravager l'empire, mais la Bulgarie est deux fois reprise (971,1018), avec la Servie (1018) ; Cypre, la Cilicie, Candie rentrent sous la domination de l'empire (961-964) ; Alep (962), la Sicile (1038-40) sont momentanément recouvrées. — Au commencement de la 5e période (1056-1260), les Seldjoucides s'emparent des deux tiers de l'Asie Mineure; Alexis, Jean et Manuel Comnène ne peuvent reconquérir qu'une faible partie des provinces sur la mer Noire (1081-1180) ; des guerres contre les Normands, qui ont conquis la Sicile, et contre les Hongrois épuisent les forces des Grecs. A la mort du dernier Comnène, la décadence devient de plus en plus sensible; les Serbes et les Bulgares redeviennent indépendants. La 4e croisade se détourne de Jérusalem sur Constantinople : en 1204, les Croisés s'emparent de cette ville, et en font le siège d'un Empire latin ; l'empire d'Orient démembré forme une douzaine de petits États latins, entre autres le royaume de Thessalonique, la principauté d'Achaïe, le duché d'Athènes, le duché de Naxie, les provinces vénitiennes en Crète. Cependant il reste trois États grecs, le despotat d’Épire, l’empire de Nicée, l’empire de Trébizonde. — L’empereur de Nicée Michel Paléologue reprend Constantinople en 1261 : il ouvre ainsi la 6e période, que remplit la dynastie des Paléologues. Mais ni lui, ni Andronic, son fils, ne peuvent recomposer l’empire. Trébizonde, la Servie, la Bulgarie, la Bosnie, les îles et presque tout le sud de la péninsule sont indépendants ; le reste passe au pouvoir des Turcs, ainsi que les neuf dixièmes de l’Asie Mineure. Les guerres civiles (sous Andronic III, Cantacuzène, etc.) achèvent la ruine de l’empire. En vain les empereurs mendient les secours de l’Occident et promettent d’abjurer le schisme : les Turcs redeviennent maîtres de la Bulgarie (1391), font la guerre en Servie, pressent Constantinople de tous côtés, imposent tribut à Jean VII, et, sans l’invasion de Tamerlan. l’empire grec était détruit dès 1402 par Bajazet. Enfin, en 1453, Mahomet II s’empare de Constantinople, malgré la défense héroïque du dernier des Constantins, et met fin à l’empire d’Orient. Les annales de cet empire n’offrent guère qu’une suite de crimes, de trahisons et de bassesses ; tout occupés de querelles théologiques, les empereurs ne savent pas résister aux Barbares, et l’empire, affaibli de jour en jour par les invasions, par les dissensions et les vices des princes, périt de décrépitude.

Géographie de l’empire d’Orient. Les provinces de l’empire d’Orient, de 395 à 534, sont à peu près celles qui, dans l’empire romain, composaient les deux préfectures d’Illyrie orientale et d’Orient proprement dit. Les conquêtes de Justinien firent ajouter aux 59 ou 60 provinces qui composaient cet empire : 1° l’Afrique, la Numidie, les 3 Mauritanies ; 2° 4 districts espagnols, dans la Carthaginoise, la Bétique, la Lusitanie, la Gallécie ; 3° l’Italie entière. De 569 à 590, l’Italie grecque se réduisit à l’Exarchat de Ravenne (avec la Pentapole), aux duchés de Gênes, de Mantoue, de Rome, de Naples, aux 2 Calabres, aux 3 grandes îles. En 624, toutes les possessions espagnoles passèrent aux Wisigoths. La Syrie et la Mésopotamie échappèrent en 636, l’Égypte en 640, l’Afrique de 670 à 707, toute la rive du Danube, de 623 à 641, le duché de Rome en 728, l’Exarchat en 752. Au VIIe s., les provinces qui restaient à l’empire prirent le nom de Thèmes. On en compta d’abord 32, dont 15 en Europe : Europe, Dyrrachium, Nicopolis, Strymon, Rhodope, Thrace, Hémimont, Hellade, Péloponèse, Thessalonique, Macédoine, Cherson, Lombardie (qui était alors la Terre d’Otrante), Calabre, mer Égée ; et 17 en Asie : Samos, Obsequium, Optimates, Thracésiens, Cibyrrhéotes, Buccellariens, Paphlagonie, Arménie, Chaldie, Colonée, Mésopotamie, Sébaste, Cappadoce, Lycande, Séleucie, Anatolie, Cypre. Après les succès des Seldjoucides et la fondation du roy. turc de Konieh, l’empire grec n’eut plus en Asie que deux provinces occid. de l’Asie Mineure, celles d’Héraclée et de Séleucie, plus le littoral de la mer Noire (Paphalagonie et Chaldie). En 1261, l’empire ne contenait plus en Europe que la Thrace au S. de l’Hémus, la Macédoine et l’Empire oriental ; en Asie, que la Mysie, la Lydie et un peu de la Lycie et de la Carie ; on le divisait alors en 8 régions : 1° Thrace, Orient, Occident, Grande Vlaquie, Morée grecque ; 2° Bithynie, Cilbianum, Mageddo. À l’avènement de Bajazet I ces provinces se réduisaient à 4 districts en Europe (Constantinople, Thessalonique, Zeitoun, Sparte) et quelques ports sur la mer Noire. Enfin, au moment de la prise de Constantinople, toutes les possessions grecques consistaient en cette seule ville, avec 20 ou 30 bourgades voisines et deux districts de la Morée.

Empereurs d’Orient.
Dynastie théodosienne. Constantin IX seul, 1025
Arcadius, 395 Romain III Argyre, 1028
Théodose II, 408 Michel V le Paphlagonien, 1034
Pulchérie seule, 450 Michel IV le Calfat, 1041
Pulchérie et Marcien, 450 Zoé avec Constantin X Monomaque, 1042
Marcien seul, 453 Théodora, 1054
Dynastie de Thrace. Michel VI Stratioq., 1056
Léon I, 457 Comnènes, Ducas.
Léon II, 474 Isaac I Comnène, 1057
Zenon, 1re fois, 474 Constantin XI Ducas, 1059
Basilisque, 475 Eudocie, avec Michel VII Parapinace, Andronic et Constantin XI bis, 1067
Zenon, 2e fois, 477 Romain IV (et Eudocie), 1068
Anastase I, 491 Michel VII seul, 1071
Dynastie de Justinien et de ses annexes. Nicèphore III Botoniate (Nicéphore IV Bryenne, compétiteur), 1078
Justin I, 518 Alexis I, 1081
Justinien I, 527 Jean II (Jean I Comnène), 1118
Justin II, 565 Manuel I, 1143
Tibère II, 578 Alexis II, 1180
Maurice, 682 Andronic I (Andronic Comnène), 1183
Phocas, 602 Anges.
Dyn. d’Héraclius. Isaac II, 1re fois, 1185
Héraclius I, 610 Alexis III, 1195
Héraclius Constantin, 641 Isaac II, 2e fois, avec Alexis IV, son fils, 1203
Héracléonas Constantin, 641 Alexis V Murzuphle, 1204
Constant II, 641 Empereurs latins, 1204-61
Constantin III Pogonat, 668 (On en trouvera la liste à l’art. Empire Latin).
Justinien II, 1re fois, 685 Les Grecs règnent à Nicée pendant que les Latins règnent à Constantinople.
Léonce, 695 Anarchie.
Tibère III (Absimare), 698 Paléologues et Cantacusènes.
Justinien II, 2e fois, 705 Michel VIII Pal. ou Michel-Andronic I, 1261
Philépique ou Philippique (Bardane), 711 Andronic II, seul, 1282
Anastase II, 713 Andronic II et Michel IX (ou Michel-Andronic II), 1295
Théodose III, 716 Andronic II seul, 1320
Dyn. isaurienne et les 3 Michel. Andronic III, le Jeune (Paléologue), 1328
Léon III l’Isaurien, 717 Jean V Paléologue, 1341
Constantin IV Copronyme, 741 Jean VI Cantac et Jean V Paléologue, 1347
Léon IV le Khazare, 775 Jean VI, Mathieu Cantac. et Jean V, 1355
Constantin V Porphyrogenète I, 780 Mathieu Cantacuzène et Jean V, 1355
Irène (impératrice), 797 Jean V, seul, 1356
Nicéphore I, 802 Manuel II Pal., 1391
Staurace, 811 Jean VII Pal., co-régent, 1399
Michel I, Curopalate, 811 Jean VIII Paléol. 1425
Léon V l’Arménien, 813 Constantin XII Dracosès Paléol., 1448-53
Michel II le Bègue, 820
Théophile, 829
Michel III l’Ivrogne, 842
Dyn. macédonienne.
Basile I, 867
Constantin VI, avec Basile, son père, 868-78
Léon VI le Philosophe, 886
Alexandre, 911
Constantin VII, dit Porphyrogenète II, avec Romain I Lécapène et ses 3 fils, Christophe, Étienne et Constantin VIII, 919
seul de nouveau, 945
Romain II, 959
Basile II et Constantin IX, 963
avec Nicéphore II, 963
avec Jean I Zimiscès, 969
seuls tous deux, 976

ORIENT (Église d'). V. GRECQUE (Église).

ORIENT (Schisme d'). V. SCHISME.

ORIFLAMME, Auriflamma, célèbre bannière de France : c’était une espèce de gonfalon ou d’étendard en taffetas rouge ou couleur de feu, sans broderie ni figure, fendu par le bas en 3 pointes, orné de houppes de soie verte, et suspendu au bout d’une lance dorée. C’était originairement la bannière de l’abbaye de St-Denis ; les comtes du Vexin la portaient à la guerre comme avoués de cette abbaye. Quand, Philippe I eut, en 1082, réuni le Vexin au domaine de la couronne, il hérita aussi du droit de porter l’oriflamme : elle figura à côté de la bannière de France proprement dite, qui était bleue ou violette et semée de fleurs de lis d’or. C’est Louis VI qui le premier fit porter officiellement l’oriflamme à la tête de l’armée française, en 1124, en s’avançant vers le Rhin contre l’empereur Henri V ; on ne la voit plus reparaître après la bataille d’Azincourt (1415).

ORIGÈNE, célèbre docteur de l’Église, né à Alexandrie en 185, m. en 253, vit, en 202, trancher la tête à son père Léonide, qui était chrétien. Instruit dans les belles-lettres et les saintes Écritures, il enseigna la grammaire pour subvenir aux besoins de sa famille, remplaça Clément, son maître, dans la direction de l’école chrétienne d’Alexandrie, se signala dès lors par une rigidité de principes et de mœurs qu’il poussa au point de se mutiler pour se soustraire à toute tentation, donna des leçons publiques à Césarée en Syrie, se rendit à Athènes pour secourir les églises d’Achaïe, et reçut les ordres en 230 à Jérusalem. Démétrius, évêque d’Alexandrie, regardant son ordination comme irrégulière, l’excommunia et lui interdit le séjour de son diocèse. Origène n’y rentra effectivement qu’après la mort de ce prélat. Pendant la persécution de Dèce (249), il fut mis en prison à Tyr, chargé de fers et livré à la torture. Il sortit de la prison estropié, et mourut peu après. On a de lui un grand nombre d’écrits (en grec), parmi lesquels on distingue ses Commentaires sur toute l’Écriture sainte, dont une bonne édition a été donnée par Huet, Rouen, 1668 ; les Hexaples, édition de l’Écriture sainte en 6 colonnes qui offrait, avec le texte hébreu, les diverses versions grecques alors en usage (on n’en a que des fragments, publiés par Monfaucon. Paris, 1713, et par C.-F. Bahrdt, Leipsick, 1768-70) ; l’Apologie du christianisme contre Celse (éditée par Guill. Spencer, Cambridge, 1658, in-4). On lui a attribué, mais sans fondement suffisant, les Philosophoumena ou Réfutation des hérésies, ouvrage récemment retrouvé et attribué également à S. Hippolyte (V. ce nom). Les Œuvres complètes d’Origène ont été publiées à Bâle, par Érasme, 1536, à Paris, par De La-Rue, 1733-1759, à Wurtzbourg, 1776-1794, à Berlin, par Lommatsch, 1831-46, 24 v. in-8, et réimprimées dans la collection de l’abbé Migne, 1860. Genoude en a traduit en français quelques parties dans ses Pères des trois premiers siècles, 1837-43. Malgré son zèle pour la religion, Origène est resté entaché d’erreur. Il enseignait une doctrine mystique qui se rapprochait de celle des Gnostiques ; il croyait à la préexistence des âmes dans une région supérieure, d’où elles étaient venues animer les corps terrestres ; elles pouvaient, pendant la vie, se purifier et s’élever à la félicité suprême par la communication intime avec Dieu. Il soutenait encore que J.-C. n’est fils de Dieu que par adoption ; que l’âme de l’homme a péché même avant d’être unie au corps, que les peines de l’enfer ne sont pas éternelles, etc. C’est surtout dans le livre des Principes, traduit en latin par Rufin, que se trouvent ces erreurs, qui ont été condamnées en 325 par le concile de Nicée. — Il y eut aussi au iiie s. un autre Origène, philosophe néoplatonicien et païen, condisciple de Plotin et de Longin, qu’on a quelquefois confondu à tort avec le docteur de l’Église.

ORIHUELA, Orcelis, v. d’Espagne (Valence), sur la Segura ; 18 000 hab. Évêché, collège, bibliothèques ; anc. université, fondée en 1568, supprimée en 1835. Élève de vers à soie ; soieries, huile, savon. Environs charmants et très-fertiles. — Habitée d’abord par les Contestani, soumise successivement aux Carthaginois, aux Romains et aux Goths, cette ville fut prise par les Maures en 715 et reconquise par Jacques I, roi d’Aragon, en 1264. Elle fut maltraitée par la peste en 1648, par une inondation en 1651, et par un tremblement de terre en 1829.

ORION, fils de Neptune ou d’Hyriée, était, selon la Fable, sorti de la peau d’une génisse, sacrifiée aux dieux par Hyriée. C’était un géant d’une taille colossale et un habile et infatigable chasseur. Il osa défier Diane ou mépriser son amour : la déesse pour le punir le fit piquer par un scorpion dont la morsure le fit mourir ; puis, inconsolable de sa perte, elle obtint sa translation au ciel, où il forme une des plus brillantes constellations. — Ces fables ont fait supposer qu’Orion passait les nuits à observer les astres.

ORISSA, prov. de l’Hindoustan anglais, entre le Bengale au N., le golfe du Bengale à l’E. et les Circars au S., a 840 kil. (du N. au S.) sur 150 de moyenne largeur, et environ 1 000 000 d’hab. ; Kattak en est le ch.-l. général. Chaleur extrême, climat malsain. Le sol, très-fertile, n’est pas cultivé partout. Les rivières, très-poissonneuses, sont infestées de gavials et de serpents. L’Orissa forme 6 districts de la présidence de Calcutta.

ORISTANO, Auristagnum, v. de l’île de Sardaigne (intend, de Busachi), sur la côte O., à 78 kil. de Cagliari et de Sassari, près du Tirso ; 6600 hab. Archevêché, cathédrale, palais archiépiscopal, séminaire. Petit port militaire, un peu de commerce maritime ; pêche du thon. Aux env., soude et vin dit Guerraccia. — Cette ville fut fondée en 1070, aux dépens de Tarras, dont on voit encore les ruines à 20 k. à l’O. ; elle était autrefois la capitale du Judicat d’Arborée. Elle fut prise par le comte d’Harcourt en 1637. — Oristano donne son nom à une intendance qui fait partie de la grande intendance de Cagliari, et qu’on nomme aussi intend. de Busachi. V. ce nom.

ORITHYIE, fille d’Érechthée, roi d’Athènes, fut, selon la Fable, enlevée par Borée. V. BORÉE.

ORIZABA, v. du Mexique (Vera-Cruz), au S. E. d’une montagne du même nom, à 80 kil. O. de Vera-Cruz et à 200 k. E. S. E. de Mexico ; 10 000 h. Occupée en 1862 par les Français. — Au N. O. de la ville s’élève un célèbre pic volcanique, haut de 5 295 m. Aux environs sont d’immenses plantations de tabac.

ORKHAN, 2e sultan ottoman, fils d’Othman I, venait de s’emparer de Pruse, quand il fut appelé au trône par la mort de son père, 1326. Il choisit pour ministre le sage Ala-Eddyn, enleva aux Grecs Nicomédie (1328), Nicée (1333) et le reste de la Bithynie ; conquit la plus grande partie de l’Asie Mineure, la Thrace, la Bulgarie, battit les Vénitiens, et pilla les faubourgs de Constantinople (1337). Il donna des lois et des institutions à son empire, et forma les Janissaires. Il épousa en 1347 Théodora, fille de J. Cantacuzène, devenu empereur, et envoya à ce prince en 1350 des troupes contre le roi de Servie. Orkhan mourut en 1360 et eut pour successeur Amurat I. Sous son règne, Brousse avait remplacé Konieh comme capitale de l’empire ottoman. Aussi vaillant, mais plus humain que son père, ce prince se fit remarquer par sa clémence, sa justice et son amour pour les sciences.

ORKHON, riv. de Mongolie, chez les Khalkas, coule au N. E. et se jette dans la Sélenga, à 65 kil. S. O. de Maïmadchan ; 450 kil. de cours. Karakorum, la capitale de Gengis-Khan, se trouvait sur ses bords, dans la partie supérieure de son cours.

ORLANDINI (Nic.), jésuite, né à Florence en 1554, m. en 1606, devint recteur du collège de Nole, puis directeur du noviciat à Naples, et fut appelé à Rome pour travailler à la secrétairerie générale. On a de lui : Historia societatis Jesu, Rome, 1615, ouvrage qui fut continué par Fr. Sacchini, P. Possin, Jouvency et J. Cordara, et qui forme 7 vol. in-fol.

ORLÉANAIS, prov. et grand gouvt de l’ancienne France, avait pour bornes au N. l’île de France ; au S. le Berry, la Touraine ; à l’O. la Normandie, le Perche, le Maine ; à l’E. le Nivernais, la Champagne : 150 kil. sur 160 ; capit., Orléans. On le divisait en Orléanais propre, Sologne, Blaisois, Gâtinais, Beauce ou pays Chartrain, Dunois, Vendomois, Perche-Gouet. Il était arrosé par plusieurs rivières : Loire, Loiret, Loir, Cher, Beuvron, Cousson, Saudre, Yonne, Essonne, Loing. Il forme auj. le dép. de Loir-et-Cher, presque tout celui d’Eure-et-Loir et la plus grande partie de celui du Loiret. — Ce pays, jadis occupé par les Aureliani, les Carnutes et les Senones, fut sous les Mérovingiens compris dans le Roy. d’Orléans, puis dans la Neustrie. Il faisait partie des domaines d’Hugues Capet en 987.

ORLÉANS, Aureliani en latin (et plus anciennement Genabum, selon l’opinion vulgaire), ville de France, ch.-l. du dép. du Loiret, sur la r. dr. de la Loire, à 119 k. S. O. de Paris par la route, à 123 k. par chemin de fer ; 50 798 h. Évêché, suffragant de l’archev. de Paris ; cour d’appel, trib. de 1re inst. et de commerce, lycée, école normale, séminaires. Chemin de fer ; canal dit d’Orléans, qui joint le Loing à la Loire ; long faubourg de 3 kil. ; beaucoup de belles maisons, quelques belles rues ; cathédrale Ste-Croix de style mauresque perfectionné, commencée en 1600 et achevée seulement de nos jours ; église St-Agnan, beau pont, hôtel de ville, théâtre, statue équestre de Jeanne d’Arc (en bronze), statue à pied de la même héroïne (à l’entrée du pont) ; promenade du Mail. Académie des sciences, belles-lettres et arts, riche bibliothèque, musées, jardin botaniq. Banque ; industrie active : draps fins, couvertures et autres tissus de laine et de coton, calottes-tunis, chapeaux, dentelles ; blanchisserie de cire, raffinerie de sucre, vinaigreries, teintureries, quincailleries, etc. Grand commerce par la Loire, le canal d’Orléans et le chemin de fer. Orléans est un point de jonction commercial entre Paris et tout le bassin de la Loire au S. - Orléans, que l’on croit avoir été fondée sur les ruines de Genabum, détruite par César, ne devint cité que sous Aurélien, de qui elle reçut son nom d’Aureliani (270-275). Attaquée par Attila en 450, la ville fut sauvée par son évêque S. Agnan. Clovis s’en empara en 486, et après sa mort elle devint la capitale du royaume d’Orléans. Elle fut pillée par les Normands en 856 et 865. En octobre 1428, les Anglais vinrent assiéger cette ville, restée fidèle à Charles VII ; après une héroïque défense, la place, réduite à l’extrémité, fut sauvée par Jeanne d’Arc : l’héroïne y entra le 29 avril 1429, et dès le 8 mai les Anglais battirent en retraite. Les Calvinistes s’étaient emparés d’Orléans en 1562 : le duc François de Guise vint l’assiéger l’année suivante et il allait la prendre quand il fut assassiné par Poltrot de Méré. Pendant la Fronde, Mlle de Montpensier, fille de Gaston d’Orléans, prit cette ville en 1652. Il s’est tenu à Orléans plusieurs conciles et synodes (511, 533, 538, 541, 549, 645, etc.). Une université y fut créée en 1309. Sous Charles IX, Catherine de Médicis inaugura sa régence par les États généraux d’Orléans (1560-61), qui préparèrent l’Ordonnance d’Orléans. Catherine, par l’Édit d’Orléans (28 janv. 1561), mit en liberté les Calvinistes, et accorda une amnistie. Dans la guerre de 1870, Orléans fut prise par les Bavarois (11 oct.), reprise le 10 nov. par le général d’Aurelles de Paladine, et réoccupée par les Prussiens le 4 décembre. A Orléans sont nés Dolet, Petau, Amelot de la Houssaye, Michel Le Vassor, Bongars, Pothier.

ORLÉANS (Roy. d’), roy. formé à deux reprises des démembrements qui eurent lieu à la mort de Clovis et à celle de Clotaire I. La 1re fois ce royaume, formé pour Clodomir et ses fils (511-528), comprit, outre l’Orléanais, le Maine et la Novempopulanie, la Touraine, le Berry et l’Anjou ; il avait pour capit. Orléans. La 2e, sous Gontran (561-593), il fut grossi du roy. de Bourgogne, et la capitale, au lieu d’être Orléans, fut Chalon-sur-Saône. Dans les partages subséquents, le royaume d’Orléans ne fut plus nommé.

ORLÉANS (Comté, vicomte, et duché d’). Sous les Carlovingiens, Orléans devint le centre d’un comté et d’une vicomté. Le comté fut une première fois et momentanément réuni au domaine par le mariage de Charles le Chauve avec Ermentrude, fille d’Eudes, comte d’Orléans ; la vicomté fut donnée en 878 par Louis II le Bègue à Ingelger d’Anjou ; enfin le comté, devenu principauté indépendante à la fin du IXe s., passa aux ducs de France Eudes et Robert (qui devinrent rois en 888 et en 923), puis à Hugues le Grand et à Hugues Capet, qui se trouvèrent à la fois possesseurs du fief (duché de France) et de l’arrière-fief (comté d’Orléans) : ce fut là la base solide du domaine royal nouveau, et par suite du pouvoir royal. Le comté d’Orléans ne fut point séparé de la couronne sous les Capétiens directs ; mais il le fut souvent depuis pour être donné en apanage : 1o Philippe VI l’érigea en duché en 1344 pour Philippe, son 4e fils, m. en 1375 ; 2o Charles V en donna le titre en 1392 à son 2e fils, Louis, dont le petit-fils (Louis XII) monta sur le trône en 1498, et réannexa Orléans au domaine ; 3o Louis XIII l’en détacha de rechef pour son frère Gaston, qui n’eut pas d’héritier mâle : 4o il passa alors au frère de Louis XIV, Philippe. Louis-Philippe, 5e descendant de ce dernier, monta sur le trône en 1830, et laissa le titre de duc d’Orléans à son fils aîné, Ferdinand Philippe, précédemment duc de Chartres. Voici la liste des deux principales maisons d’Orléans :

1re maison, Orléans-Valois. Philippe II (régent), 1701
Louis I (fils de Ch.V), 1392 Louis I, 1723
Charles, 1407 Louis-Philippe I, 1752
Louis II (depuis le roi Louis XII), 1465 Louis-Philippe-Joseph (dit Philippe-Égalité), 1785
2e maison, Orléans-Bourbon. Louis-Philippe II, (roi en 1830), 1793 Philippe I, fils de Louis XIII et frère de Louis XIV, 1661 Ferdinand-Philip., 1830

ORLÉANS (LA NOUV.-), v. des États-Unis, anc. capit. de l’État de Louisiane, sur la r. g. du Mississipi, à 160 kil. de son embouchure dans la mer du Mexique, à 2000 kil. S. O. de Washington ; 172 000 hab. Évêché catholique ; cour suprême ; trib. civil, criminel et de commerce, école de médecine, collège, bibliothèque. La ville est protégée contre les inondations du Mississipi par une digue de 80 kil. de long. Elle se divise en 6 quartiers en forme de parallélogramme, dont les rues se coupent à angle droit. On y remarque la cathédrale catholique, les palais de l’État et du gouvernement, le palais de justice, l’arsenal, deux théâtres, la douane, un marché construit sur le modèle des Propylées d’Athènes, le Charity-Hospital. Elle est le centre d’un vaste commerce : exportation de coton, tabac, café, sucre, peaux, grains, farines, porc salé, plomb ; importation de soieries, vins, esprits, etc. : la Nouv.-Orléans est, après New-York, la 1re place de l’Union pour l’exportation. Malheureusement, cette ville si florissante est désolée annuellement par la fièvre jaune. - La Nouvelle-Orléans fut fondée par les Français en 1717 (au temps de Law) et reçut son nom du duc d’Orléans, alors régent. Suivant le sort de la Louisiane, elle fut cédée en 1803 à l’Union. Les Anglais ont vainement tenté de la prendre en 1814. Dans la guerre civile des États-Unis, elle a été prise et occupée en 1862 par les Fédéraux. Capitale de la Louisiane jusqu’en 1849, elle a été à cette époque remplacée par Bâton-Rouge.

ORLÉANS (Louis I, duc d’), tige de la 1re maison d’Orléans-Valois, né à Paris en 1371, était 2e fils de Charles V, et frère de Charles VI, et porta d’abord le titre de duc de Valois. Charles VI lui donna en 1392 le duché d’Orléans en échange de celui de Touraine. Il joua un des premiers rôles pendant la démence de son frère, eut souvent tout le pouvoir grâce à l’appui de la reine Isabeau, et fut lieutenant général du royaume à la mort de Philippe le Hardi (1404) ; mais il n’usa du pouvoir que pour gaspiller les finances et fut sans cesse en lutte avec le duc de Bourgogne Jean sans Peur : la guerre allait éclater entre eux lorsqu’il fut assassiné par les gens de son rival (1407), ce meurtre, qui eut lieu à Paris (Vieille-rue-du-Temple près la rue Barbette) fut l’origine des factions des Armagnacs (partisans d’Orléans) et des Bourguignons, qui ensanglantèrent si longtemps la France. Le duc d’Orléans avait épousé en 1389 Valentine Visconti, qui lui apporta en dot le comté d’Asti et des droits sur le Milanais, droits que ses héritiers firent valoir. Esprit vif et gracieux, ami des lettres, protecteur des savants, ce prince était en même temps très-dissolu : il laissa plusieurs enfants naturels, entre autres le célèbre Dunois.

ORLÉANS (Charles d'), comte d'Angoulême, fils aîné du précédent et de Valentine Visconti, né en 1391, fut connu d'abord sous le nom de comte d'Angoulême. Il prit les armes en 1411 pour venger son père qui avait été assassiné par Jean sans Peur, duc de Bourgogne, s'allia dans ce but avec Bernard d'Armagnac, son beau-père, d'où le nom d'Armagnac donné au parti d'Orléans, mais ne réussit qu'à ensanglanter la France sans assouvir sa vengeance. Il se distingua en 1415 à la bataille d'Azincourt, mais il y fut blessé et pris : les Anglais le retinrent prisonnier pendant 25 ans. De retour en France, il entreprit vainement de se mettre en possession du duché de Milan, qui lui revenait du chef de sa mère, et ne put se rendre maître que du comté d'Asti. Il mourut en 1465, laissant, entre autres enfants, Louis d'Orléans, depuis Louis XII. Ce prince, pour charmer l'ennui de sa captivité, cultiva la poésie; on a de lui des pièces élégantes et gracieuses. L'abbé Sallier est le premier qui les ait fait connaître. A. Champollion et Guichard les ont publiées en 1842, sur les Mss. authentiques. On doit à M. C. Beaufils une Étude sur Charles d'Orléans, 1861.

ORLÉANS (Louis II, duc d'), V. LOUIS XII (roi de Fr.).

ORLÉANS (Gaston, duc d'), 3e fils de Henri IV et frère de Louis XIII, né en 1608, porta le titre de duc d'Anjou jusqu'en 1626, qu'il reçut en apanage le duché d'Orléans. Il passa sa vie dans les intrigues et les révoltes. Marié par force à l'héritière de Montpensier, qui mourut en 1627, il voulut, dès qu'il fut libre, s'unir, malgré sa mère, à Marie de Gonzague (fille de Charles I, duc de Mantoue, 1629); n'ayant pu réussir, il épousa secrètement Marguerite de Lorraine (1632). Il entra dans tous les complots formés contre Richelieu, mais il échoua toujours et vit périr ses adhérents, Montmorency (1632), Cinq-Mars et de Thou (1642), qu'il abandonna lâchement. Il n'obtint qu'à force d'humiliations la reconnaissance de son 2e mariage. Nommé lieutenant du royaume à la mort de Louis XIII, il se réhabilita un peu par ses trois campagnes de 1644, 45, 46, prit Gravelines, Mardick, Courtray, Bergues, etc.; mais il joua un rôle déplorable pendantlaFronde (1649-53), passant sans cesse d'un parti à l'autre. C'était du reste un homme spirituel, ami des lettres et des sciences naturelles ; il fut le protecteur de Voiture et de Vaugelas. Il mourut en 1660, ne laissant que des filles, entre autres la célèbre Mademoiselle, duchesse de Montpensier. Il a laissé des Mémoires de ce qui s'est passé en France de plus considérable de 1608 à 1635, publiés à Amsterdam en 1683, réimprimés en 1756.

ORLÉANS (Philippe I, duc d'), tige de la 2e maison d'Orléans, né en 1640, m. en 1701, était le 2e fils de Louis XIII et le frère unique de Louis XIV. Il eut pour précepteur Lamothe-Levayer, épousa en 1661 Henriette d'Angleterre, connue sous le nom de Madame, dont il se montra constamment jaloux et qu'il perdit de la manière la plus inopinée (V. HENRIETTE), et se remaria en 1671 à la princesse Palatine Charlotte Élisabeth de Bavière. Il fit avec gloire les campagnes des Pays-Bas (1667) et de Hollande (1672), battit le prince d'Orange à Cassel en 1677 et par là détermina la reddition de St-Omer ; mais il excita par ses succès la défiance jalouse de Louis XIV, qui depuis ne lui donna plus de commandement. Il protesta, mais en vain, contre le testament du roi d'Espagne, Charles II, qui, en appelant au trône Philippe d'Anjou, le frustrait d'une couronne à laquelle il croyait avoir des droits comme fils d'Anne d'Autriche. — La princesse palatine, femme de beaucoup de sens et d'esprit, morte en 1722, a laissé une curieuse Correspondance, en allem., qui a été trad. et publ. par G. Brunet, 1857.

ORLÉANS (Philippe II, 2e duc d'), le Régent, fils du précéd., né en 1674, eut parmi ses précepteurs l'immoral abbé Dubois, qui acquit sur lui un empire funeste. Doué de talents brillants, il se distingua dans les armes dès 1693, au point de faire ombrage à Louis XIV. Éloigné des armées, il se livra avec succès à l'étude des sciences naturelles. Cependant il fut quelques années après chargé d'un commandement en Italie, où il livra la bat. de Turin, dans laquelle il fut blessé, 1706, et en Espagne, où il soumit les royaumes de Valence et d'Aragon, prit Lerida, Tortose et entra à Madrid (1707 et l708). Témoin dans cette campagne de la faiblesse de Philippe V, il conçut la pensée de se placer lui-même sur le trône d'Espagne; Louis XIV, en ayant été instruit, voulut le mettre en jugement : il en fut empêché par l'intervention du duc de Bourgogne; mais depuis il ne vit plus le duc d'Orléans qu'avec répugnance. Toutefois, lorsqu'en 1711 et 1712 des bruits injurieux accusaient Philippe d'avoir causé, par le poison, la mort de plusieurs princes de la famille royale, Louis XIV lui-même repoussa hautement ces horribles imputations. Nommé par le testament du roi simple président d'un conseil de régence (1715), le duc d'Orléans se fit reconnaître par le parlement comme régent avec un pouvoir presque absolu. Tout changea aussitôt de face : les Stuarts quittèrent la France; les Jésuites perdirent leur pouvoir; 25 000 soldats reçurent leur congé; des dettes montant à 400 000 000 de livres furent éteintes. Cependant le régent se laissa éblouir par les projets gigantesques de Law, qui amenèrent la ruine d'une foule de familles. Il se forma bientôt un parti de mécontents : la duchesse du Maine, unie au duc de Cellamare, ambassadeur d'Espagne, conspira pour lui enlever la régence et la donner à Philippe V; mais la conspiration fut déjouée. Le régent irrité s'allia alors avec l'Angleterre contre l'Espagne, et fit échouer les vastes plans d'Albéroni. Louis XV, devenu majeur en 1723, laissa le duc d'Orléans à la tête des affaires : mais ce prince mourut à la fin de cette même année. Les grandes qualités du régent furent ternies par un goût immodéré pour le plaisir, goût qui trouva partout des imitateurs : ce qui fait de la régence une des époques les plus corrompues de notre histoire. Philippe avait épousé en 1692 Mlle de Blois, fille légitimée de Louis XIV et de Mme de Montespan : il en eut, outre un fils (qui suit), 5 filles dont la plus connue est la duchesse de Berry. Une Vie de Ph. d'Orléans a été publiée en 1737 par La Motte dit La Hode.

ORLÉANS (Louis, 3e duc d'), fils du préc. (1703-52), fut élevé par le sage abbé Mongault et donna l'exemple des vertus et de la piété. Il était gouverneur du Dauphiné, mais il préféra l'étude aux affaires. Il passa les dix dernières années de sa vie à l'abbaye de Ste-Geneviève, recevant et protégeant les savants, et eut lui-même de la réputation comme hébraïsant. Il avait formé un magnifique cabinet d'histoire naturelle et un riche médailler ; il a laissé, des ouvrages d'érudition et de piété, qui sont restés manuscrits. On l'a soupçonné de jansénisme, mais sans preuve suffisante. Il avait épousé une princesse de Bade, qu'il perdit après 2 ans d'une heureuse union.

ORLÉANS (Louis Philippe, 4e duc d'), fils du préc. (1725-85), d'abord comte de Chartres, eut part aux campagnes de 1742, 43, 44, fut fait lieutenant général en 1744 et nommé, après la mort de son père, gouverneur général du Dauphiné, se distingua dans les guerres de Flandre et d'Allemagne, et passa ses dernières années dans sa délicieuse maison de Bagnolet, protégeant les savants et les gens de lettres et jouant souvent lui-même la comédie. Veuf d'Henriette Bourbon-Conti, il épousa secrètement en secondes noces Mme de Montesson (1773). Ce prince éclairé favorisait les découvertes : il fut le 1er en France à faire inoculer ses enfants. Il faisait beaucoup de bien et en secret, distribuant aux malheureux jusqu'à 240 000 fr. par an.

ORLÉANS (Louis Philippe Joseph, 5e duc d'), fils du préc., né en 1747, fit de bonne heure preuve d'indépendance et d'opposition systématique à la cour et refusa de siéger au parlement Maupeou. Ayant commandé avec succès une escadre au combat d’Ouessant (1778), il sollicita la charge de grand amiral, mais il ne reçut qu’un injurieux refus, qu’il imputa à l’inimitié de la reine Marie-Antoinette. À partir de 1785, il offrit un centre et un point de ralliement aux ennemis de la cour. Chef du 3e bureau à l’Assemblée des Notables (1787), il déclara que les États généraux avaient seuls le droit de voter les impôts, et protesta contre les édits bursaux : il fut exilé. Député aux États généraux en 1789, il se prononça pour les idées nouvelles et fut du nombre des nobles qui donnèrent l’exemple de se réunir au tiers état. En 1790, il se rendit avec ses fils à l’armée du Nord, mais, après la défection de Dumouriez, il reçut l’ordre de la quitter. Jeté de plus en plus dans le parti révolutionnaire, il devint membre du club des Jacobins, se fit élire représentant du peuple à la Convention, prit dans cette assemblée le titre de Philippe-Égalité, et, sous la pression du parti de la Montagne, se laissa entraîner à voter la mort du roi. Il n’en fut pas moins mis lui-même en accusation, comme partisan des Girondins, et eut la tête tranchée le 6 nov. 1793. Il avait épousé en 1769 Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, qui lui apporta des biens immenses : il abreuva de dégoûts cette femme vertueuse et, la laissant à l’écart, donna toute son affection et toute sa confiance à Mme de Genlis, qu’il chargea seule de l’éducation de ses enfants. — Son fils aîné, Louis-Philippe, 6e duc d’Orléans, devint en 1830 roi des Français.

ORLÉANS (Ferdinand, duc d’), prince royal, né en 1810 à Palerme, fils aîné de Louis-Philippe, alors duc d’Orléans, porta d’abord le titre de duc de Chartres. Il reçut une éducation toute nationale et suivit les cours du collège Henri IV, où il fit de fortes études et se concilia l’affection de, ses camarades ainsi que de ses maîtres. Colonel au 1er régiment de hussards dès 1825, il était en 1830 à Joigny avec son corps quand éclata la révolution de Juillet ; il vint aussitôt rejoindre son père à la tête de son régiment, auquel il avait fait prendre la cocarde tricolore, et fut accueilli avec enthousiasme. En 1831, il se rendit à Lyon afin de cicatriser par des bienfaits les plaies de cette malheureuse cité. En 1832, il prit la part la plus active au siège d’Anvers et commanda l’avant-garde. Envoyé en Algérie en 1835, il livra aux Arabes plusieurs brillants combats, notamment sur les bords de l’Habrah, ou il fut blessé, et entra avec l’armée triomphante à Mascara ; en 1839, il franchit avec le maréchal Valée les fameuses Portes de fer (Bibans), réputées infranchissables ; l’année suivante, il força, malgré la plus vive résistance, le col de Mouzaïa, défilé dont l’entrée était défendue par Abd-el-Kader, puis enleva Médéah et Milianah. Il avait créé et organisé en 1836 à Vincennes les Chasseurs à pied, qui furent d’abord appelés de son nom Chasseurs d’Orléans, et qui ont rendu depuis de si grands services. Il périt de la manière la plus déplorable, le 13 juillet 1842, près du château de Neuilly, en s’élançant de sa voiture dont les chevaux s’étaient emportés. Affable, généreux, brave, instruit et ami des idées libérales, protecteur des arts, doué en outre d’avantages extérieurs, ce prince avait conquis une immense, popularité ; sa mort fut un deuil universel. On lui fit de magnifiques obsèques. Une chapelle fut érigée, sous le vocable de St-Ferdinand, au lieu même où il avait péri. Une ville de l’Algérie a reçu en mémoire de ce prince le nom d’Orléans-ville. Le duc d’Orléans avait épousé en 1837 la princesse Hélène de Mecklembourg (qui suit), qui lui donna deux fils, le comte de Paris (né en 1838), et le duc de Chartres (1842).

ORLÉANS (Hélène, duchesse d’), née en 1814, morte en 1858, était fille du grand-duc de Mecklembourg-Schwerin, et professait le culte luthérien. Aussi distinguée par ses manières, son instruction et son goût que par les grâces de sa personne, elle fut choisie pour être l’épouse du jeune duc d’Orléans, héritier présomptif du trône de France : le mariage fut accompli en 1837. Après cinq années de l’union la plus heureuse, elle perdit son époux par une affreuse catastrophe (V. ci-dessus). Le 24 février 1848, quand Louis-Philippe eut abdiqué en faveur de son petit-fils, le comte de Paris, elle se rendit avec ses enfants, à travers mille périls, à la Chambre des députés, où elle devait être reconnue régente ; mais la salle ayant été envahie et la république proclamée, elle ne réussit qu’à grand’peine à s’échapper et à sortir de France. Elle alla s’établir à Eisenach (Saxe-Weimar), d’où elle se rendait fréquemment près de la famille royale en Angleterre : c’est pendant un de ces séjours qu’elle mourut, à Richmond. Il a paru en 1859 un livre intitulé : Mme la duchesse d’Orléans, qui fait bien apprécier cette princesse.

ORLÉANS (Louise d’), fille aînée de Louis-Philippe, et reine des Belges. Voy. LOUISE.

ORLÉANS (Marie d’), princesse royale, 2e fille du roi Louis-Philippe, née en 1813 à Palerme, fut mariée en 1837 au duc Alexandre de Wurtemberg, et fut enlevée en 1839 par une mort prématurés. Elle se distingua par son goût pour les arts, et cultiva elle-même la statuaire avec un rare succès. On admire au musée de Versailles sa belle statue de Jeanne d’Arc, qu’elle avait achevée à 20 ans ; on a en outre de cette princesse l’Ange gardien du ciel, la Péri, et nombre de bas-reliefs, de bustes, de jolies statuettes.

ORLÉANS (Adélaïde, princesse d’), sœur cadette de Louis-Philippe, née en 1771, morte en 1847, fut élevée avec son frère par Mme de Genlis dans des idées philosophiques, n’émigra que quand elle y fut forcée, et ne put se réunir aux siens qu’après avoir longtemps erré de pays en pays. Dévouée à son frère, elle contribua, sous la Restauration, à rallier autour de lui les hommes les plus distingués du parti libéral, et, en 1830, à le décider à accepter la couronne. Femme de tête, elle exerçait un grand ascendant sur l’esprit de Louis-Philippe : on la surnommait son Égérie. Sa mort plongea ce prince dans un abattement qui facilita les funestes événements de 1848. Elle laissait une grande fortune, qu’elle légua à ses neveux.

ORLÉANS (le Bâtard d’). Voy. DUNOIS.

ORLÉANS (le Père d’), historien. Voy. D’ORLÉANS.

ORLÉANSVILLE, v. d’Algérie, ch.-l. de subdivision militaire, dans la prov. et à 210 kil. O. S. O. d’Alger, sur la r.g. du Chélif ; 1375 hab. Fondée par les Français en 1843, cette ville reçut son nom en mémoire du jeune duc d’Orléans. On y a trouvé les fondations et le pavé en mosaïque d’une ancienne église chrétienne.

ORLOF (Grégoire), né en 1734, issu d’un strélitz auquel Pierre le Grand avait laissé la vie, était simple aide de camp quand l’éclat d’une aventure galante qu’il avait eue avec la princesse Kourakin attira sur lui l’attention de la grande duchesse Catherine ; elle voulut le voir, fut charmée de sa bonne mine et lui accorda sa faveur, bientôt elle trama et exécuta avec lui et son frère Alexis cette révolution de palais qui fit périr, Pierre III et qui mit Catherine sur le trône (1762). Nommé grand maître de l’artillerie, chargé d’honneurs et devenu tout-puissant, Orlof était encore mécontent. Ses indiscrétions, ses caprices, ses hauteurs, blessèrent au vif Catherine II : le dédain avec lequel il refusa le mariage secret qu’elle lui offrait acheva de le perdre. Catherine lui envoya l’ordre de voyager à l’étranger ; toutefois, elle lui assura une fortune considérable. De retour à St-Pétersbourg, Orlof ne put supporter le spectacle de la faveur de Potemkin : il mourut en 1783, dans d’horribles accès de démence. — Alexis O., son frère, soldat aux gardes russes, homme d’une force herculéenne et d’une audace a toute épreuve, fut un des trois assassins de Pierre III. Il fut récompensé magnifiquement et nommé amiral sans avoir jamais servi dans la marine. Il remporta pourtant, avec le secours de l’Anglais Elphinstone, la victoire de Tchesmé sur les Turcs, et pris le surnom de Tchesminski (1770). Il se déshonora par un acte de perfidie : étant à Rome sous un déguisement, il se fit aimer de la jeune princesse Tarakanof, fille de l’ancienne impératrice Élisabeth, et, l’ayant épousée secrètement, la conduisit en Russie pour la livrer à Catherine II, son ennemie mortelle, qui la fit périr dans un cachot. À l’avénement de Paul I, Alexis Orlof fut exilé et se retira en Allemagne, d’où il ne revint qu’à la mort de Paul. Il mourut en 1808. — Un cousin des précéd., Grégoire O., 1777-1826, séjourna longtemps en France et en Italie pour sa santé, s’occupant avec goût et avec succès des lettres et des arts. On a de lui : Mémoires historiques, politiques et littéraires sur le roy. de Naples, avec additions d’Amaury Duval, Paris, 1821 ; Histoire de la Musique en Italie, 1822; Histoire de la Peinture en Italie, 1823 ; Voyage en France, 1824 ; et une traduction française des Fables de Kryloff, 1825.

ORME (Robert), historien anglais, né en 1728 dans l’Inde, m. en 1801, passa la plus grande partie de sa vie au service de la Compagnie des Indes. En revenant en Europe, il fut pris par les Français, et conduit à l’île de France, puis à Nantes. Quand il eut été rendu à la liberté, il fut nommé historiographe de la Compagnie des Indes et membre du Conseil de Madras. On lui doit l’Hist. de la guerre des Anglais dans l’Hindoustan de 1745 à 1763, Londres, 1763-76 (trad. par Targe, 1765). — V. DELORME.

ORMES (les), bourg du dép. de la Vienne, sur la r. dr. de la Vienne, à 18 kil. S. O. de Châtellerault; 1715 hab. Pont suspendu, station de chemin de fer ; beau château, avec parc, appartenant à la famille d’Argenson : dans la galerie du château sont peintes les batailles de Louis XV. Le parc est en partie détruit.

ORMESSON (LEFÈVRE d'), famille de robe qui a donné à la France plusieurs magistrats illustres : 1o Olivier d’O., né en 1525, m. en 1600, intendant et contrôleur général des finances sous Charles IX et Henri III, puis président de la Chambre des comptes : il fut un des premiers à reconnaître Henri IV. Il avait épousé une petite-nièce de S. François de Paule : ses descendants portèrent ce glorieux nom. — 2o Olivier II, son petit-fils, 1610-86, maître des requêtes, fut le rapporteur dans le procès du surintendant Fouquet, dont il a laissé un précieux Journal, publié de 1856 à 1862 par M. Chéruel dans les Documents inédits sur l’hist. de France; — 3o Henri François de Paule, petit-fils du préc., 1681-1756, membre du conseil de régence lors de la minorité de Louis XV, puis intendant des finances: — 4o L. François de Paule, fils du préc. et neveu de d’Aguesseau, 1748-89, 1er président du parlement de Paris, membre honoraire de l’Académie des inscriptions; — 5o Anne L. François de Paule, fils du préc., né en 1753, conseiller au parlement de Paris (1770), président à mortier (1788), fut député de la noblesse aux États généraux (1789), bibliothécaire du roi, et périt en 1794, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire. Il était membre de l’Acad. des inscriptions. — L. François de Paule, cousin germain d’Anne L. Fr., 1751-1807, fut successivt conseiller au parlement, maître des requêtes, intendant des finances, contrôleur général (1783) et conseiller d’État. En 1792, il avait été élu maire de Paris, mais il refusa ces fonctions.

ORMOND (Jacques BUTLER, duc d'), né à Londres, en 1610, d’une anc. et noble famille irlandaise, m. en 1688, fut le dernier appui de la cause de Charles I et un des principaux auteurs de la restauration de 1660. Nommé vice-roi d’Irlande, il s’appliqua à relever dans cette île le commerce et l’agriculture. — Son petit-fils, né à Dublin en 1665, m. en 1747, embrassa le parti de Guillaume d’Orange, et jouit de la plus grande faveur sous son règne et sous celui de la reine Anne. Envoyé contre l’Espagne en 1702, il força le port de Vigo et fut à son retour nommé vice-roi d’Irlande. À la mort de la reine Anne et après l’avénement de Georges I de Hanovre, il fut condamné comme partisan des Stuarts et coupable de haute trahison. Il se réfugia en France et y devint un des chefs du parti Jacobite.

ORMUS ou mieux HORMOUZ, Armuzia, Ogyris, vge et port d’Asie, sur la côte N. E. de l’île d’Ormus, à l’entrée du golfe Persique et sur le détroit d’Ormus, qui joint ce golfe à la mer d’Oman ; environ 500 hab. plus 200 soldats de l’iman de Maskate. — L'île d’Ormus, qui a 20 k. de tour, était jadis le centre des riches pêcheries de perles des environs : quoique stérile, ses pêcheries et sa position, qui en fait la clef du golfe Persique, lui donnent de l’importance. Albuquerque la prit en 1514 et en fit une des premières stations des Portugais en Orient; mais Chah-Abbas I, aidé des Anglais, la reprit en 1623. Elle appartient auj. à l’iman de Maskate, sous la suzeraineté de la Perse. La pêche des perles y produit peu à présent.

ORMUZD, l’Oromaze des Grecs, le bon principe chez les Perses, était en tout l’antagoniste d’Ahriman, et venait immédiatement après le dieu suprême Zervane-Akérène. Ormuzd est la lumière primitive : c’est lui qui a ordonné le monde, qui a fait le Soleil (Mithra), ainsi que toute l’armée des Étoiles et des Puissances bienfaisantes; c’est lui qui répand la lumière et la chaleur, qui lutte contre l’esprit de ténèbres; c’est aussi lui qui couronne les rois, qui a armé Djemchid et Féridoun, qui a inspiré Zoroastre. Son nom, en zend Ahura Mazda, veut dire le seigneur très-savant. Une des meilleures manières de l’honorer était de cultiver la terre, de nourrir et de protéger les animaux domestiques. Le culte d’Ormuzd le Mazdéisme, s’est maintenu chez les Parsis.

ORNAIN, riv. de France, naît dans le dép. de Hte-Marne, près de Neuville et au S. E. de Joinville, baigne Gondrecourt, Ligny, Bar-le-Duc ou Bar-sur-Ornain, entre dans le dép. de la Marne, reçoit la Saulx, passe à Vitry-le-Brûlé et se jette dans la Marne à 2 kil. N. de Vitry-le-Français, après un cours de 150 kil.

ORNANO, bg de Corse, à 13 kil. S. E. d’Ajaccio, a donné son nom à la maison d’Ornano.

ORNANO, famille corse, a fourni à la France trois maréchaux et plusieurs officiers distingués. Elle s’éteignit en France dès 1674; mais se continua en Corse, où elle subsiste encore.

ORNANO (Sampietro d'). V. SAMPIETRO.

ORNANO (Alphonse d'), né en Corse vers 1548, m. en 1610, était fils de Sampietro et de Vanina d’Ornano, fille d’un des plus riches seigneurs de la Corse, dont il prit le nom. Il fut élevé à la cour de Henri II comme enfant d’honneur des princes de France, rentra en Corse à 18 ans pour y poursuivre, après la mort de son père, la lutte engagée contre les Génois, fit la paix en 1568, revint en France avec 800 hommes et fut nommé par Charles IX colonel général des Corses au service du roi. Fidèle à Henri III pendant les troubles de la Ligue, il fut envoyé en Dauphiné après la mort du duc de Guise pour y calmer les esprits. Il reconnut et soutint de bonne heure Henri IV, contribua avec Lesdiguières et Montmorency à la soumission de Lyon, de Grenoble, de Valence, fut envoyé contre d’Épernon en Provence, fut lieutenant général en Dauphiné, puis fut fait maréchal. Nommé en 1599 gouverneur de la Guyenne, il se signala par son dévouement pendant une épidémie qui désola Bordeaux et fit dessécher les marais qui infectaient cette ville. — J. B. d’O., son fils, colonel général des Corses après lui, né à Sisteron en 1581, fut d’abord gouverneur, puis 1er gentilhomme et surintendant général de la maison de Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII; il fut fait maréchal en 1626. Il prit une part active aux intrigues de l’époque, devint l’âme des conseils du jeune duc d’Orléans et fut impliqué, dans la conspiration de Chalais. Richelieu le fit enfermer à Vincennes (4 mars 1626), et il y mourut (le 2 septembre) : on prétendit qu’il avait été étranglé ou empoisonné. — A la même famille appartiennent Philippe Antoine, comte d’O., 1784-1863, qui fit de la manière la plus brillante toutes les campagnes de l’Empire, fut exilé par les Bourbons, et fut fait maréchal de France par Napoléon III en 1861 : il était alors le doyen des généraux; — et Rodolphe Auguste d'O., fils du préc., né en 1817, chambellan de l'empereur Napoléon III, ancien préfet, auteur d'une Hist. de l'ordre de Malte et de poésies parmi lesquelles on remarque les Napoléoniennes.

ORNANS, ch.-l. de c. (Doubs), sur la Loue, à 25 k. S. E. de Besançon; 3522 hab. École ecclésiastique, bibliothèque, tanneries, papeteries, fabriques d'absinthe, de fromages dits de Gruyère. Patrie du card. Granvelle. Près de la ville, puits de la Bréme, dont les eaux s'élèvent pendant les pluies et vomissent des poissons.

ORNE, Olina, riv. de France, naît dans le dép. auquel elle donna son nom, près de Séez, coule au N. O., puis presque directement au N. E., baigne Séez, Argentan et Caen, et tombe dans la Manche après un cours de 140 kil. Aloses estimées.

ORNE (dép. de l'), entre ceux du Calvados au N., de la Mayenne et de la Sarthe au S., de la Manche à l'O., de l'Eure et d'Eure-et-Loir à l'E. : 6105 kil. carr.; 423 350 hab. ; ch.-l., Alençon. Il est formé d'une partie de la Basse-Normandie, du Perche et du duché d'Alençon. Il est traversé par une chaîne de collines boisées et arrosé par l'Orne, la Dive, la Touques, la Mayenne et la Sarthe. Fer, manganèse, marbre, grains, pierre de taille, kaolin, tourbe, marne. Sol assez fertile; grains, légumes, fruits, lin, chanvre, cidre ; herbages renommés ; élève de bons chevaux normands. Industrie : toiles, basin, dentelles (point d'Alençon), mousselines, coutils, papier, quincaillerie, verrerie, usines à fer; sucre de betteraves, chapeaux de paille. — Ce dép. a 4 arr. (Alençon, Argentan, Domfront, Mortagne), 36 cant. et 511 comm. Il appartient à la 2e division militaire, forme le diocèse de Séez et dépend de la cour imp. de Caen.

ORO (MONTE d'), mont. de Corse, au centre, à 35 kil. N. d'Ajaccio, a 2652m de haut. — Mont. des Alpes Rhétiques, entre les Grisons et la Valteline : 2590m.

OROBIO (Isaac), écrivain juif du XVIIe s., né en Espagne, fut élevé dans le Christianisme, enseigna les mathématiques à Salamanque, puis exerça la médecine à Séville. Accusé de Judaïsme, il fut jeté dans les prisons de l'Inquisition et y resta trois ans. Rendu à la liberté, il passa en France, puis se fixa à Amsterdam et s'y fît circoncire. Il m. dans cette ville en 1687. Il a écrit : Certamen philosophicum adversus Bredenborgium et Spinosam, Amst., 1684, où il combat le Spinosisme, et plusieurs ouvrages contre la religion chrétienne, qui ont été réfutés par Limborch.

ORODES, roi des Parthes de 54 à 36 av. J.-C., fils de Phraate III, monta sur le trône en assassinant son frère Mithridate III. Attaqué par Crassus, il envoya contre le général romain son lieutenant Suréna, qui le vainquit et le tua à la bataille de Carrhes (53). Orodes fut à son tour battu en personne par Ventidius en 38. Il périt peu après, assassiné par un de ses fils.

OROMAZE. V. ORMUZD.

ORONTE (l'), Orontes ou Axius, auj. El-Aasi, riv. de Syrie, sort de l'Anti-Liban, à 80 kil. de Damas, arrose Antioche, et tombe dans la Méditerranée près de Séleucie, après un cours de 400 kil.

OROPE, Oropos, v. de l'anc. Grèce, sur la frontière de la Béotie et de l'Attique, non loin de l'emb. de l'Asopus, en face d'Érétrie, avait pour port sur l'Euripe Delphinion ou le Port Sacré, auj. Skala, et était le ch.-l. d'un petit district appelé Oropie, qui renfermait l'oracle d'Amphiaraüs. Cette ville appartenait dans l'origine aux Béotiens : elle fut prise vers 505 par les Athéniens. Les Thébains, l'ayant reprise en 402, en transportèrent les habitants dans un nouvel emplacement, sur la rive béotienne de l'Asopus. Il y eut alors deux Oropes : l'ancienne, qui est encore auj. appelée Oropo; et la nouvelle, représentée par ie village actuel de Sycamino.

OROPESA, v. de Bolivie, ch.-l. de la prov. de Cochabamba, à 30 kil. N. de Cochabamba; 18 000 hab. — v. d'Espagne (Tolède), à 36 kil. S. O. de Talavera; 1500 hab. ; vaste palais ; patrie du navigateur Maldonado. — Autre v. d'Espagne (Valence), à 22 k. N. E. de Castellon-de-la-Plana : château fort, que les Français firent sauter en 1813.

OROSE (Paul), historien chrétien, né à Tarraco, (dans la Catalogne actuelle), à la fin du IV s. de J.-C., fut disciple de S. Augustin, voyagea en Palestine (415), se montra très-zélé contre le Pélagianisme, exhorta S. Augustin à combattre cette hérésie, et publia lui-même contre elle l’Apologeticus de arbitra libertate ; mais il est bien plus connu par son histoire du Christianisme, intitulée Historiarum adversus paganos libri VII. Cet ouvrage, entrepris pour combattre ceux qui attribuaient les calamités de l'Empire à l'introduction du Christianisme, va depuis l'origine du monde jusqu'à l'an 417. On y trouve beaucoup de traditions populaires, qu'il faut savoir apprécier. Il a été publié à Augsbourg, 1471, et à Leyde, 1738, par Sig. Havercamp. Alfred le Grand en avait fait une traduction anglo-saxonne, qui a été publiée avec version anglaise, Londres, l773. Il en existe une traduction française anonyme, qui parut dès 1491; on l'attribue à Claude de Seyssel.

OROSPEDA, chaîne de montagnes de l'Hispanie, se détachait des monts Idubeda, séparait la Bétique de la Tarraconnaise et finissait aux colonnes d'Hercule, près de Calpé. Le Bœtis (Guadalquivir) en sortait. C'est auj. la Sierra d’Alcaraz et de Ronda.

ORPHANITES, secte de Hussites, qui, professant une admiration sans bornes pour la mémoire de Ziska, leur chef, ne voulurent point lui donner de successeurs, et confièrent la direction des affaires à un conseil. Néanmoins, Procope le Petit obtint parmi eux une influence prédominante. Après avoir horriblement dévasté l'Allemagne, ils furent anéantis à Lomnicze en 1434, par les Calixtins ou Hussites modérés.

ORPHÉE, Orpheus, est, selon la mythologie, un chantre ou poète thrace, fils du roi Œagre et de la muse Calliope, ou, suivant d'autres, d'Apollon et de Clio; il vécut environ un siècle avant la guerre de Troie, fut disciple de Linus, prit part à l'expédition des Argonautes, voyagea en Égypte, où sa femme Eurydice périt blessée au talon par un serpent, osa descendre aux Enfers pour la redemander à Pluton, obtint qu'elle lui fût rendue, mais à la condition qu'il ne la regarderait qu'après avoir quitté les enfers, ne put résister au désir de la revoir et la perdit aussitôt pour toujours. Il revint alors en Thrace, au pays des Cicones, vécut retiré dans les bois de l'Hémus ou du Rhodope, ne cessant d'exhaler sa douleur par des chants funèbres; au son de sa voix, les animaux farouches accouraient, les arbres agitaient leurs branches en cadence, les fleuves suspendaient leur cours. Les femmes de la Thrace tentèrent en vain de lui faire oublier ses chagrins; furieuses de ses mépris, elles le déchirèrent. Sa lyre et sa tête furent jetées dans l'Hèbre, et le flot les porta jusqu'à Lesbos. Les Grecs des temps postérieurs prétendirent qu'Orphée avait été un théologien, un hiérophante, et qu'il avait institué des mystères dans lesquels il dévoilait aux initiés des dogmes sublimes sur Dieu, le monde et la cosmogonie. Selon la tradition, il poliça ses contemporains, leur enseigna l'astronomie, perfectionna la morale et la poésie, inventa le vers hexamètre, ajouta trois cordes à la lyre, etc. il reste, sous le titre de Poëmes orphiques, des Hymnes, des Poëmes sur la guerre des Géants, l'enlèvement de Prosperine, le deuil d'Osiris, l'expédition des Argonautes, et un poëme De lapidibus (sur les vertus occultes des pierres). Ces ouvrages paraissent avoir été fabriqués en partie au temps de Pisistrate, en partie dans les 1ers siècles du Christianisme, par les poètes et les philosophes néoplatoniciens d'Alexandrie; on attribue l’Argonautique à Onomacrite. Ces poëmes, ont été plusieurs fois imprimés; la meilleure édition est celle qu'à publiée God. Hermann sous le titre d’Orphica, Leipsick, 1805. On doit à Gerlach une dissertation De hymnis orphicis, Gœtt., 1797, et à Bode des recherches De Carminum orphicorum ætate, 1838.

ORPIERRE, ch.-l. de c. (H.-Alpes), 45 kil. S. O. de Gap ; 818 hab. On en expédie des caisses d'excellentes prunes dites brignoles ou pistoles.

ORRERY. V. BOYLE.

ORSINI, célèbre famille des États romains, était rivale de celle des Colonna, tant par la grandeur de ses possessions que comme parti politique. Elle était guelfe et soutenait en général la cause des papes et de l'indépendance italique. Le 1er membre connu de cette famille est Jordano Orsino, qui rendit comme général de grands services à la cour de Rome. Il entra dans l'Église, fut fait cardinal en 1145, et envoyé comme légat près de l'empereur Conrad en 1152. — Matth. O., son neveu, fut préfet de Rome en 1153. — J. Gaétan Orsino devint pape en 1277 sous le nom de Nicolas III. — Un autre O. fut pape en 1724 sous le nom de Benoît XIII. — V. URSINS.

ORSINI (Fulvio), Fulvius Ursinus, antiquaire et philologue, fils naturel d'un commandeur de l'ordre de Malte, né à Rome en 1529, m. en 1600, fut abandonné par son père, embrassa l'état ecclésiastique, fut choisi pour bibliothécaire par le cardinal Farnèse et se vit honoré des bienfaits du pape Grégoire XIII. Il consacra toute sa fortune à la formation d'un magnifique cabinet qu'il légua au cardinal Odoard Farnèse, neveu de son protecteur. On a de lui des éditions des poésies des femmes grecques sous le titre de Novem feminarum illustrium carmina, Rome, 1568; de Verrius Flaccus et de Festus, 1580; d’Arnobe, 1583; Virgilius collatione scriptorum græcorum illustratus, 1568; Familiæ romanæ, 1577; Imagines et elogia virorum illustrium ex antiquis lapidibus et numismatibus expressa, 1579, traduit par Baudelot de Dairval sous le titre de Portraits d'hommes et de femmes illustres, Paris, 1770.

ORSOVA, nom de deux villes situées près de l'emb. de la Cserna dans le Danube. L'une, dite Vieille-Orsova, sur la r. g. du fleuve, dans le Banat valaque, appartient à l'Autriche; l'autre, Nouv.-Orsova, en Servie, dans une île du Danube, à 10 k. N. E. de la précéd. et à 72 k. de Widdin, appartient à la Turquie. On y compte 3000 h. Forteresse. Longtemps disputée entre l'Autriche et la Turquie, elle appartint à la 1re de 1738 à 1789; à cette dernière époque, elle a été abandonnée à la Turquie.

ORSOY, v. de la Prusse rhénane, à 40 k. S. E. de Clèves, sur la r. g. du Rhin ; 2000 hab. Prise et démantelée par Louis XIV en 1672.

ORTA, Horta et Hortanum, v. de l'Italie centr., à 26 k. N. E. de Viterbe, au confluent du Nar et du Tibre; 1800 h. Évêché (créé en 330).

ORTA, v. de la Hte-Italie (Novare), à 52 kil. N. N. O. de Novare, sur la rive orient. d'un lac de son nom, au pied d'une montagne que couronne un célèbre monastère de S. François d'Assise. — Le lac d'Orta, Hortanus lacus, a 13 kil. sur 3.

ORTÉGAL (cap), le cap le plus septentr. de l'Espagne (Galicie), à la pointe N. N. O., sur l'Atlantique, par 10° 14 long. O. ; 43° 46' lat. N., ainsi nommé par corruption de Norte de Galicia.

ORTELIUS (Abraham), géographe, né à Anvers en 1527, mort en 1598, avait beaucoup voyagé. Il composa le premier atlas, connu, sous le titre de Theatrum orbis terrarum, Anvers, 1570, auquel il faut joindre le Theatri orbis terrarum parergon sive Veteris geographiæ tabulæ, 1595. On lui doit encore : Synonymia geographica, 1578: c'est le 1er dictionnaire géographique; Itinerarium per nonnullas Galliæ Belgicæ partes, 1584. Ces savants ouvrages lui valurent, en 1575, le titre de géographe de Philippe II, roi d'Espagne.

ORTELSPITZE, vulg. ORTLER, mont. des États autrichiens, la plus haute des Alpes Rhétiques, sur la limite du Tyrol et de la Vénétie, près de Bormio, a 3908m de hauteur. Neiges éternelles.

ORTHEZ ou ORTHES, Orthesium, ch.-l. d'arr. (B.-Pyrénées), près du Gave de Pau, à 40 kil. N. O. de Pau; 6724 h. Trib. de 1re inst., collège, église calviniste. Beau sel blanc, jambons (dits de Bayonne), plumes d'oie, flanelle ; teintureries, tanneries, mégisserie, etc. — Orthez appartint d'abord aux vicomtes de Dax; elle fut sous la maison de Moncade la capit. du Béarn : Gaston VII de Moncade y fit bâtir le Château de Moncade ou Château Noble, qui fut, jusqu'en 1460, la résidence des vicomtes de Béarn. Au XVIe s., Orthez devint un foyer du Protestantisme; les Catholiques s'en emparèrent; Montgomery la reprit et. y massacra tous les prêtres. La reine Jeanne III (d'Albret) y fonda une université calviniste, qui fut supprimée par Louis XIII. En 1814 Welliugton y remporta un avantage sur le maréchal Soult.

ORTHEZ (H. D'APREMONT, vicomte d'), gouverneur de Bayonne sous Charles IX. Selon une tradition accréditée, ayant reçu l'ordre d'égorger le jour de la St-Barthélemy tous les Calvinistes de son gouvernement (1572), il aurait répondu au roi : « Sire, j'ai communiqué la lettre de Votre Majesté à la garnison et aux habitants de cette ville. Je n'y ai trouvé que de braves soldats, de bons citoyens, et pas un bourreau. » Malheureusement, l'authenticité de cette belle réponse est contestée : on sait qu'au contraire le vicomte d'Orthez se montra cruel envers les protestants, au point de les faire poursuivre par des chiens.

ORTLER, montagne. V. ORTELSPITZE.

ORTOCIDES, c.-à-d. fils d'Ortok, dynastie turcomane, qui en 1082 s'établit en Syrie et en Arménie. Mélik-Chah leur abandonna Jérusalem, mais ils s'en laissèrent dépouiller par les Fatimites lors de la 1re croisade. Les fils d'Ortok, Soliman et Il-Ghazi, avaient, à la même époque, fondé deux principautés, l'une à Miafarékin, l'autre à Marédin; ils régnèrent aussi à Alep de 1117 à 1126.

ORTONA, v. d'Italie (Abruzze Cit.), à 14 kil. N. de Chieti, sur la mer, entre les embouch. du Sangro et de la Pescara : 7000 hab. Évêché.

ORTYGIE, Ortygia, nom célèbre dans la mythologie, semble avoir été donné à plusieurs lieux à cause de l'abondance des cailles (ortyges) qui s'y trouvaient. Délos porta ce nom. C'était aussi celui d'un îlot de la rade de Syracuse où était la fontaine d'Aréthuse, et d'un lieu voisin d'Éphèse, près du Cenchrius, où Latone se reposa.

ORURO, v. de Bolivie, ch.-l. du dép. qui porte son nom, à 100 kil. S. O. d'Oropesa; 5000 hab. — Le dép. est au S. de celui de La Paz, à l'O. de celui de Cochabamba et à l'E. du Pérou : 400 kil. sur 320; 35 000 hab. Très-hauts plateaux; on y remarque le Cerro-d'Oruro, qui a 4134m. Moutons, lamas. Mines d'argent, d'or, d'étain, de plomb.

ORVIÉTAN, anc. pays des États romains qui avait pour ch.-l. Orviéto, est auj. compris dans les délégations d'Orviéto et de Viterbe.

ORVIÉTO, Urbs vetus ou Herbanum, v. du roy. d'Italie,anc. ch.-l. de délégation dans les États romains, à 95 k. N. N. O. de Rome et à 35 k. N. de Viterbe ; 7000 hab. Évêché ; belle cathédrale gothique, bâtie en 1290, ornée de peintures fort anciennes, palais épiscopal; puits très-profond et très-large au fond duquel on descend-par un double escalier en spirale, creusé dans le roc par A. San-Gallo. C'est dans cette ville que Lupi inventa la préparation médicinale dite Orviétan (V. ce mot au Dict. des Sciences). — La délégation d'Orviéto, au N. de celle de Viterbe, avec laquelle elle formait jadis une province appelée l'Orviétan, a 167 750 hect. et 30 000 h. Excellent vin.

ORVILLE (Jacques Philippe d'), érudit, né à Amsterdam en 1696, de parents français protestants qui avaient été forcés d'émigrer, m. en 1751, avait beaucoup voyagé. Il remplit avec succès de 1732 à 1742 la chaire d'humanités à l'Athénée d'Amsterdam. Collaborateur de Burmann pour les Observationes miscellaneæ, il publia avec lui 10 vol. de ce recueil, puis il le continua seul et en donna encore 12 vol. (1732-50). On lui doit de plus un voyage en Sicile intitulé: Sicula, et publié par Burmann II, des éditions d'auteurs anciens, et l'écrit intit. Critica vannus in inanes Corn. J. Pavonis (de Pauw) paleas, 1737. ORVILLIERS (L. GUILLOUET, comte d'), né à Moulins en 1708, lieutenant général en 1777, commandait en 1778 l'armée navale de France ; il battit l'amiral anglais Keppel près de Brest le 27 juillet 1778; mais, par suite de ses mauvaises mesures, il ne put réussir à opérer un débarquement en Angleterre ; il donna alors sa démission et se retira peu après dans un couvent. Il émigra en 1791.

ORZÉCHOWSKI (Stan.), Orichovius, historien polonais du XVIe s., fut d'abord chanoine, puis se maria, fut pour ce fait excommunié par son évêque, mais s'amenda et fut relevé des censures ecclésiastiques au synode de Petrikau. Il assista comme nonce à la diète de 1561. Il a écrit en latin des Annales de Pologne et des Annales du règne de Sigismond-Auguste, et en polonais une éloquente Oraison funèbre du même roi. Son éloquence le fit surnommer le Démosthène de la Pologne.

OSAGE, riv. des États-Unis (Missouri), naît par 36° 54' lat. N., coule à l'E. N. E., puis à l'E., se perd dans le Missouri à Jefferson après 600 kil. de cours. Elle a donné son nom à un district des États-Unis auj. compris dans l'Arkansas.

OSAGES, peuplade américaine qui fait partie de la famille des Sioux, habite auj. en grande partie le District Osage, vers le confluent du Missouri et de l'Osage par 37° lat. N. Le reste de la nation habite env. 300 kil. plus à l'O. sur des affluents de l'Arkansas. Cette peuplade, brave et guerrière, était jadis nombreuse ; elle est auj. réduite à 7000 individus environ. Elle commence à se civiliser. — Dans les guerres entre la France et l'Angleterre, les Osages se sont toujours déclarés pour la première.

OSAKA, v. et port de l'île de Niphon, sur la côte S. O., une des 5 villes impériales, à 52 kil. S. O. de Miyako ; env. 80 000 hab. en état de porter les armes.

OSBORNE, château royal d'Angleterre, dit la Résidence marine, est dans l'île de Wight, sur la côte.

OSCA, auj. Huesca, v. d'Hispanie (Tarraconaise), chez les Ilergètes, au N. O. de Cæsarea Augusta (auj. Saragosse). Mines d'argent.

OSCAR, fils d'Ossian. V. OSSIAN.

OSCAR 1er, roi de Suède, né en 1799, m. en 1859, était fils du général français Bernadotte, élevé au trône sous le nom de Charles XIV. Il lui succéda sans obstacle, en 1844, et eut un règne tout pacifique. Plus libéral que son peuple, il fit plusieurs réformes dans la législation, abolit le droit d'aînesse, et réforma le code criminel. S'occupant aussi activement d'améliorations industrielles, il fit exécuter plusieurs chemins de fer. Avant de monter sur le trône, il avait publié des écrits estimés sur l’Éducation du peuple (1839), et sur les Lois pénales (1841).

OSÉE, le 1er des petits prophètes, vécut à Samarie, prophétisa sous les rois de Juda Osias et ses successeurs jusqu'à Ézéchias, et mourut vers 723 av. J.-C., à plus de 80 ans. Sa prophétie, qui se compose de 14 chapitres, a principalement pour objet la ruine de Jérusalem et la captivité de Babylone.

OSÉE, dernier roi d'Israël, avait usurpé le trône sur Phacée, qu'il tua. Il régna 9 ans, de 726 à 718. Ayant refusé de payer tribut a Salmanasar, il fut conduit en captivité en Médie avec les dix tribus.

OSERO, Apsorus, île des États autrichiens (Dalmatie), dans l'Adriatique, au S. O. de l'île de Cherso, à laquelle elle est unie par un pont : 40 kil. sur 5 ; 3500 h. Sur la côte O. est une ville d'Osero. Bons vins.

OSEROFF. V. OZEROV.

OSIANDER (André HOSEMANN, dit), théologien protestant, né en 1498 en Franconie, m. en 1552, fut un dés premiers à embrasser la réforme de Luther, dont toutefois il s'éloigna sur quelques points, fut pasteur à Nuremberg, eut part à la Confession d'Augsbourg, refusa de se soumettre à l’Intérim d'Augsbourg, et fut appelé à Kœnigsberg par le duc de Prusse comme professeur à l'université de cette ville et prédicateur. De ses nombreux ouvrages, le plus connu est Harmoniæ evangelicœ, Bâle. 1537.

OSIAS, roi de Juda. V. AZARIAS,

OSIMO, Auximum, v. d'Italie (Ancône), sur le Musone, à 15 k, S. d'Ancône ; 12000 hab. Évêché. Jolie cathédrale, palais épiscopal remarquable, collection d'inscriptions et de vieilles statues. — Prise par Bélisaire sur les Ostrogoths.

OSIRIS, dieu égyptien, naquit de lui-même, eut pour femme Isis, sa sœur jumelle, et pour fils Horus. Il eut en outre, mais sans le vouloir, commerce avec Nefté, qui mit alors au monde Anubis. Osiris représente, avec Isis et Horus, le bon principe ou l'ensemble des influences bienfaisantes, personnifiant à la fois le Soleil et le Nil fécondant la vallée. Tandis qu'Isis initiait les Égyptiens à l'agriculture, Osiris fonda Thèbes, institua les lois et le culte, établit le mariage, fit connaître l'écriture et les arts ; puis, voulant civiliser la terre entière, il se mit en marche à la tête d'un grand cortège et, se dirigeant vers l'est, soumit tout jusqu'à la mer Érythrée et à l'Inde. Après son retour et au sein de son triomphe, Typhon lui tendit des pièges, le fit périr en l'enfermant par ruse dans un coffre, et abandonna son cadavre au cours du Nil. Isis en deuil le retrouva et l'ensevelit ; mais Typhon ouvrit la tombe, coupa le corps d'Osiris en 14 morceaux et les dissémina par toute l’Égypte. Isis parvint encore à les recueillir tous, sauf un seul, et éleva pour la sépulture de chacun d'eux autant de tombeaux séparés. C'était une idée populaire en Égypte que l'âme d'Osiris était passée dans un bœuf : de là le culte rendu au bœuf Apis, qu'on croyait être Osiris lui-même. Les villes de Busiris et d'Abydos se disputaient la gloire de posséder le véritable tombeau d'Osiris. Le jour de la fête de ce dieu, chaque Égyptien immolait un pourceau devant sa porte. A Philé, on lui offrait tous les jours 360 coupes de lait. On représentait Osiris tantôt avec la tête d'homme et coiffé du pchent, espèce de mitre, tantôt avec une tête de bœuf, d'épervier ou de grue ; ses attributs étaient la croix ansée, le sceptre à tête de coucoupha, le van sacré, et le bâton augural. Les Grecs faisaient naître Osiris de Jupiter et de Niobé, ou bien de Saturne et de Rhéa ; quelquefois ils l'identifient avec Bacchus.

OSIMII, peuple de la Gaule Lyonnaise 3e, entre la mer Britannique au N., l'Atlantique à l'O., les Curiosolites à l'E., les Corisopites au S., avait pour capitale Vorganium (Carhaix ?). On retrouve leur nom au moyen âge dans Osismor, ville auj. détruite (près de St-Pol-de-Léon). Leur pays est compris dans le dép. actuel du Finistère.

OSMA, Uxama, v. d'Espagne (Soria), à 50 kil. S. O. de Soria ; 1000 h. Évêché ; antiquités romaines. — Ville très-ancienne, qui appartenait aux Arévaques. Ayant pris parti pour Sertorius, elle fut prise et ruinée par Pompée. Alphonse I, roi de Léon, l'enleva en 746 aux Maures, qui la reprirent au Xe siècle. Elle leur fut définitivement enlevée en 1083.

OSMAN. V. OTHMAN.

OSMANLIS, nom donné aux Ottomans, est tiré d'Osman ou Othman, fondateur de leur empire.

OSMOND (S.), fils d'un comte de Séez, suivit Guillaume à la conquête de l'Angleterre (1066), devint comte de Dorset, grand chancelier, puis évêque de Salisbury, et adoucit autant que possible les maux de l'invasion. Il mourut en 1099. On lui doit une liturgie et un rituel qui furent employés dans toute l'Angleterre jusqu'au schisme. Il est honoré le 4 décembre.

OSMOND, noble maison de Normandie, qui remonte au XIIe s., a fourni un grand nombre de personnages distingués ; ses chefs portaient le titre de marquis.

OSNABRUCK, v. forte du Hanovre, ch.-l. de la principauté d'Osnabrück, sur la Hase, à 130 kil. O. de Hanovre ; 12 000 hab., moitié catholiques et moitié protestants. Évêché catholique, érigé par Charlemagne, rétabli en 1859, consistoire, cour d'appel, séminaire, école luthérienne d'instituteurs primaires, bibliothèque. Cathédrale du XIIIe s.; hôtel de ville, où fut signé, le 6 août 1648, un des deux traités compris dans celui de Westphalie. Fabr. de toiles. draps, tabac, papier. Antiquités romaines ; quelques restes d'un château de Witikind. Osnabrück fut le ch.-l. du dép. du Weser dans le royaume français de Westphalie, et de l'Ems-Supérieur après la réunion de ce royaume à l'empire français. — Le gouvt d'Osnabrück, entre celui d'Aurich au N., le grand-duché d'Oldenbourg, à l'E., la Prusse rhénane au S. et la Hollande à l'O., est formé de l'anc principauté d'Osnabrück, des comtés de Lingen et de Bentheim, et du duché d'Arenberg-Meppen ; 280 000 h., partie catholiques et partie protestants. Ce gouvt répond à l'anc. Frise orientale. Houille, sel, tourbières, marécages. Pays pauvre : 6 ou 7000 ouvriers de ce pays s'expatrient tous les ans et vont se louer en Hollande.

OSORIO (Jérôme), écrivain portugais, né à Lisbonne en 1506, mort en 1580, embrassa l'état ecclésiastique, enseigna la théologie à Coïmbre, obtint la faveur des rois Jean et Sébastien, fut nommé évêque de Silves, s'efforça, mais sans succès, de détourner Sébastien de sa funeste expédition en Afrique (1578), et travailla à maintenir la tranquillité après la mort de ce prince. On a de lui, outre plusieurs écrits théologiques des traités philosophiques De nobilitate, De gloria, De regis institutione, etc., et une histoire fort estimée, intitulée : De rebus Emmanuelis, Lisbonne, 1571. Il s'efforce dans tous ses écrits d'imiter le style et l'abondance de Cicéron.

OSQUES, Osci (contraction d’Opsci pour Opisci, Opici),peuple indigène de la Campanie, n'était qu'une fraction de la grande population opique qui la première habita l'Italie. La langue osque fut une des grandes langues primitives de l'Italie; elle différait beaucoup du vieux latin ainsi que de l'étrusque. L'osque fut cultivé en Campanie avant le latin, et ceux qui parlaient cet idiome eurent de bonne heure une littérature dramatique propre. Les pièces osques, osci ludi, connues aussi sous le nom d'Atellanes, étaient des comédies très-gaies, et surtout fort libres. Les tables eugubines présentent des restes de la langue osque. — Les analogies que les critiques modernes ont trouvées entre l'osque et les débris de l'anc. illyrien font présumer que les Osques sont d'origine illyrienne, que par conséquent ils appartenaient à la race pélasgique, et qu'ils vinrent en Italie, soit en traversant l'Adriatique, soit par les Alpes Juliennes.

OSQUIDATES, peuple de la Novempopulanie, au S., avait pour villes principales Beneharnum et Iluro : c'est à peu près le Béarn.

OSROÈNE, contrée d'Asie, bornée au N. par le Taurus, au S. et à l'E. par le Chaboras, à l'O. par l'Euphrate; capit., Édesse. Ce pays fut conquis par Trajan. Au IVe s. il fut compris dans le diocèse d'Orient. Il forma jadis un royaume particulier, dont les princes portaient le plus souvent le nom d'Abgar.

OSSA, auj. Kissovo, petite chaîne de mont. de Thessalie, au N. du Pélion, occupait la partie N. de la péninsule de Magnésie, le long du golfe Thermaïque, et était séparée de l'Olympe par le Pénée et la vallée de Tempé. Le sommet principal a 2000m. L'Ossa est célèbre dans la Fable comme une des montagnes que les géants entassèrent pour escalader les cieux. Suivant la Fable, l'Olympe et l'Ossa étaient réunis jadis ; c'est Hercule qui les sépara. Sur la montagne actuelle s'élève le couvent grec de St-Dimitri, qui renferme de curieux restes de l'art byzantin.

OSSAT (Arnaud d'), cardinal, né en 1536 à Laroque-Magnoac, dans le diocèse d'Auch, m. en 1604, parvint d'un rang très-bas à l'évêché de Rennes, fut ambassadeur d'Henri III et d'Henri IV à Rome, obtint pour Henri IV l'absolution pontificale, ainsi que son divorce avec Marguerite, et reçut en récompense l'évêché de Bayeux et le cardinalat. Ses Lettres, adressées à Villeroi (Paris, 1624), sont renommées; c'est un ouvrage classique pour les diplomates. Mme d'Arconville a donné une Vie du cardinal d'Ossat, 1771.

OSSAU (Gave d'), riv. de France (Basses-Pyrénées), dans l'arr. d'Oloron, prend sa source au pic du Midi et se joint au gave d'Aspe à Oloron, après un cours de 65 kil. On donne quelquefois au pic du Midi le nom de pic d'Ossau. — On appelle vallée d'Ossau la vallée que parcourt le gave d'Ossau : c'est dans cette vallée que se trouvent les Eaux-Bonnes et les Eaux-Chaudes.

OSSÈTES, peuple de la Russie caucasienne, habite entre le Rioni,le Térek, l'Oragva et l'Ouroup, depuis Dariel jusqu'à Kaicbaour : il compte env. 10 000 guerriers. C'est un peuple grossier et pillard. Son principal chef réside à Kazbek, et moyennant un prix fixé il protège les convois russes contre les attaques des montagnards.

OSSIAN, barde écossais ou plutôt irlandais du IIIe s., fils de Fingal, roi de Morven, avait, dit-on, combattu les Romains au temps de Caracalla. Il avait pour fils Oscar ; il allait unir ce fils à la belle Malvina, lorsqu'il le vit périr par trahison. Pour comble de maux, le vieillard perdit l'usage de la vue; Malvina restait auprès de lui, mais il eut la douleur de lui survivre et mourut le dernier de sa race. Ossian, retiré à Glencoe (comté d'Argyle), charmait ses douleurs en chantant ses faits d'armes et les malheurs de sa famille et de ses compatriotes. Il reste encore beaucoup de vers sous le nom d'Ossian. Ces vers, en langue gaélique, se chantaient dans les montagnes d'Écosse, mais étaient inconnus en Angleterre. Macpherson les fit connaître vers 1762, en en donnant une traduction ou plutôt une paraphrase en prose poétique (un recueil plus complet fut édité par J. Smith, Édimbourg, 1780). Ces morceaux sont presque tous lyriques ou épiques. Tels que les ont présentés les éditeurs, ils offrent de vraies beautés, de la grandeur, de la noblesse; mais ils pèchent par la monotonie des images, par l'enflure du style. On a beaucoup écrit pour et contre l'authenticité de ces poèmes. Il est reconnu aujourd'hui que Macpherson et Smith ont véritablement découvert des poésies d'Ossian, mais qu'ils les ont dénaturées en leur donnant une forme et un style qui ne leur appartiennent pas. Le texte primitif des poésies d'Ossian, en langue gaélique, avec une traduction latine littérale, a été publié à Londres en 1807 : c'est une espèce de chronique mesurée; on y remarque l’Invasion de l’Irlande par Erragon (la Bataille de Lora de Macpherson) et la Lutte d'Ossian contre s. Patrick. Letourneura traduit en prose l'Ossian de Macpherson, Paris, 1771 (trad. revue par P. Christian, 1858); Baour-Lormian l'a imité envers (1801); Lacaussade a traduit complètement les Poésies d'Ossian en vers (1850) et en prose (1861). L'opéra des Bardes de Lesueur et de Jouy, ainsi qu'un beau tableau de Girodet, ont été faits sous l'inspiration d'Ossian.

OSSOLA, anc. prov. des États sardes, auj. comprise dans celle de Pallanza; ch.-l., Domo d'Ossola.

OSSUN, ch.-l. de c. (H.-Pyrénées), à 16 kil. S. O. de Tarbes ; 2733 h. Anc. château, vestiges d'un camp romain. Bons jambons.

OSSUNA, Urso ou Genua Ursorum, v. d'Espagne (Séville), à 80 k. E. de Séville; 16 000 hab. Antiquités, inscriptions romaines. Commerce d'huile, vin; sparterie. — Elle fut érigée en duché en 1562 par Philippe II en faveur de Tellez y Giron; ce titre subsiste encore dans la même maison. Ossuna eut une université : cette université, créée en 1549, fut supprimée en 1824.

OSSUNA (P. TELLEZ Y GIRON, duc d'), homme d'État espagnol, né à Valladolid en 1579, m. en 1624, ne se fit d'abord remarquer à la cour que par des bons mots et des sarcasmes qui irritèrent contre lui Philippe II et Philippe III, et se vit forcé de s'éloigner quelque temps; il alla combattre en Flandre les ennemis de l'Espagne, à la tête d'un régiment levé à ses frais, et mérita par là d'être rappelé. Ayant réussi à se concilier la faveur du duc de Lerme, il devint vice-roi de Sicile (1610-15), puis vice-roi de Naples (1618) : il développa dans ces deux postes de grands talents, battit les Vénitiens et refusa d'établir l'Inquisition dans le roy. de Naples. Il conçut le plan de cette fameuse conspiration contre Venise, qui avait pour but, suivant les uns, de livrer Venise à l'Espagne, selon les autres, d'enlever à Philippe III le roy. de Naples et d'en faire un État indépendant au profit d'Ossuna lui-même. Le vice-roi avait très-habilement trompé la cour de Madrid sur ses vrais desseins par un simulacre de complot; mais il ne put donner la change jusqu'au bout : il fut bientôt remplacé par le cardinal Borgia, et, à l'avènement de Philippe IV (1621), renfermé au château d'Almeida, où il resta jusqu'à sa mort.

OSTADE (VAN). V. VAN-OSTADE.

OSTENDE (c.-à-d. extrémité orient.), v. forte et port de Belgique (Flandre occid,), sur la mer du Nord, à 29 k. O. de Bruges ; 15 000 hab. École de navigation, trib. et chambre de commerce, académie de peinture, arsenal ; chemin de fer, canaux qui joignent la ville à Bruges, Nieuwport, Gand, Dunkerque. Bel hôtel de ville. Grand commerce maritime, pêche du hareng, de la morue et des petites huîtres vertes dites d'Ostende (qu'on va prendre en Angleterre sur les rochers de Colchester). Bains de mer qui attirent beaucoup d'étrangers. Chantiers de construction, raffineries de sel; fabr. de cordages, toile à voiles, tabac, savon, huiles, dentelles. — Ostende ne date que du Xe siècle; son port commença à être fréquenté au XIe s. Ruiné en 1234 par une irruption de la mer, il fut bientôt reconstruit. Philippe le Bon, duc de Bourgogne, entoura la ville de murailles, 1445 ; le prince d'Orange la fortifia en 1583 ; les Espagnols, commandés par Spinola, la prirent après un siège de 3 ans, 1601-4. Prise par Lowendahl en 1745, rendue en 1748, elle fut reprise par les Français en 1792 et 1793 et réunie à la France en 1794. Ostende fut bombardée par les Anglais en 1798 et fut presque détruite en 1826 par l'explosion d'une poudrière.

OSTERMANN (André, comte d'), officier allemand au service de la Russie, né dans le comté de La Marck, se signala dans la campagne du Pruth, obtint par là la confiance de Pierre I, qui le fit baron et conseiller, devint ministre et grand chancelier sous Anne, membre du conseil de régence pendant la minorité d'Ivan VI, mais fut exilé en Sibérie sous Élisabeth, pour s'être opposé à ses projets contre Ivan. Il mourut en 1747. — Son fils, le comte Jean O., 1724-1811, chancelier sous Catherine II, échoua en 1783 dans le projet de former une quadruple alliance entre les cours de Vienne, Madrid, Versailles et St-Pétersbourg contre l'Angleterre et la Prusse. Il conserva néanmoins sa faveur sous Paul I, mais il fut disgracié à la mort de ce prince.

OSTERODE, v. murée du Hanovre, dans l'anc. principauté de Grubenhagen et le gouvt actuel d'Hildesheim, à 10 kil. S. O. de Klausthal; 5000 hab. Lainages, toiles, bas, céruse, plâtre, albâtre.

OSTERWALD (J. Frédéric), théologien protestant, né en 1663 à Neufchâtel en Suisse, m. en 1747, est auteur d’Arguments et réflexions sur la Bible, 1720, et d'une traduction française de la Bible, 1744, répandue dans les églises luthériennes françaises.

OSTFRISE, province du Hanovre. V. FRISE.

OSTHEIM, village d'Alsace (Ht-Rhin), à 10 k. N. de Colmar; 1800 hab. Aux env. est une vaste plaine où quelques-uns placent le Champ du Mensonge. V. LUGENFELD.

OSTIAKS, peuple de Sibérie, forme trois peuplades qui diffèrent par la langue et qu'on nomme Ostiaks de l'Obi, O. de l'Ienisséi, O. de Torgoout. Ils sont peu nombreux et très-pauvres, et vivent de poisson; ils élèvent des rennes, habitent des yourtes ou cabanes portatives et payent le tribut en fourrures. Superstitieux, ils croient fort à leurs sorciers.

OSTIE, Ostia, bourg et petit port du territ. romain, sur la r. g. du Tibre, près de son embouchure, à 19 kil. S. O. de Rome. Évêché, le 1er des évêchés suburbicaires de Rome. Ville jadis fortifiée; il ne reste plus de ses fortifications qu'une vieille tour du XVe s. Salines. — Ostie fut fondée par Ancus Martius, à l'embouchure du Tibre, comme l'indique son nom (d’Ostium, embouchure). Les atterrissements du fleuve l'éloignèrent peu à peu de la mer; Claude et Trajan l'en rapprochèrent, et construisirent un très-beau port, qui fut comme le Havre de Rome et qui atteignit bientôt une grande prospérité : on y compta jusqu'à 80 000 hab.; mais des atterrissements incessants l'ont de nouveau rejetée à 1500m env. dans les terres. Cette ville fut saccagée au Ve s. par les Sarrasins; elle est auj. complètement ruinée. L'Ostie moderne, à 3 kil. env. au S. O. de l'ancienne, fut fondée au IXe s. par Grégoire IV ; mais, désolée de plus en plus par la malaria, elle n'a pu prospérer : on y compte à peine 200 hab. Pie IX a fait exécuter sur les ruines de l'ancienne Ostie des fouilles, qui ont procuré de précieuses découvertes.

OSTORIUS SCAPULA (L.), général romain, fut nommé en 47 gouverneur de la Grande-Bretagne, battit et prit en 51 Caractacus, qu'il emmena a Rome, mais ne put soumettre entièrement le pays et m. au milieu de la lutte, 53. — Son fils, M. Ostorius, qui s'était aussi distingué en Bretagne, fut condamne à mort par Néron, à qui il portait ombrage, 66.

OSTPHALIE, nom donné dans les VIIe et VIIIe s. à la partie de la Saxe à l'E. du Weser; on l'opposait à la Westphalie, située à l'O, du même fleuve.

OSTRACISME, genre de jugement en usage à Athènes : il consistait à prononcer par voie de suffrage universel et sans forme de procès sur l'exil d'un citoyen dont on craignait la puissance ou l'ambition; l'exil devait durer dix ans. Les votants donnaient leur suffrage en écrivant sur une coquille (en grec, ostracon)le nom du personnage à bannir : pour que l'exil fût prononcé, il fallait 6000 Suffrages au moins. L'ostracisme fut institué par Clisthène en 509 av. J.-C. (après la chute des Pisistratides). Ce genre de condamnation n'avait rien d'infamant : les plus grands citoyens, Miltiade, Thémistocle, Aristide, Cimon, Thucydide, en furent victimes. Il fut aboli après la condamnation de l'indigne Hyperbolus (420), qui semblait l'avoir souillé.

OSTRASIE. V. AUSTRASIE.

OSTROG, v. de Russie (Volhynie), à 175 k. N. O. de Jitomir; 6000. h. Archevêché grec C'est là que fut imprimée la 1re Bible esclavonne. — Jadis titre d'un grand-duché de Pologne, puis d'une commanderie de l'ordre de Malte.

OSTROGOTHIE, anc. prov. de Suède. V. GOTHIE.

OSTROGOTHS, c.-à-d. Goths de l'Est, nom que reçurent ceux des Goths qui, après leur établissement dans la Sarmatie méridionale, étaient placés à l'E. du Borysthène (V. GOTHS) : ce nom était opposé à celui de Wisigoths, Goths de l'Ouest. Les Ostrogoths, comme les autres nations gothiques, changèrent plusieurs fois de demeure. Après la mort d'Attila (453), qui les avait subjugués, ils se firent accorder par les empereurs d'Orient de vastes territoires en Pannonie et en Mésie, à la condition de défendre le Danube contre les invasions germaniques. Vers 489, conduits par leur roi Théodoric, ils se portèrent sur l'Italie, de l'aveu de l'empereur Zénon et comme chargés d'expulser les Hérules de cette contrée; mais ils ne tardèrent pas à s'y établir pour leur propre compte et y fondèrent une monarchie qui dura environ 60 ans. A la mort de Théodoric (526), les Ostrogoths occupaient, outre l'Italie, la partie E. de la Rhétie 1re le diocèse d'Illyrie (deux Noriques, deux Pannonies, Servie, Balmatie et Liburnie), le diocèse de Dacie (Mésie 1re, deux Dacies, Dardanie et Prévalitane), la Sicile, la prov. d'Arles en Gaule; ils avaient pour capitale Ravenne. Mais après ce prince, la décadence fut rapide : Bélisaire, général de Justinien, reprit la Sicile et la plus grande partie de l'Italie (535-40). Le rappel de cet habile général permit un instant à Totila, roi des Ostrogoths, de reconquérir l'Italie; mais la défaite de ce prince à Lentagio par Narsès (552), et celle de Téias, son successeur, qui fut battu et tué en 553 sur les bords du Draco, près de Cumes, achevèrent la ruine des Ostrogoths. Un grand nombre de ces barbares quittèrent alors l’Italie et disparurent pour toujours.
Rois des Ostrogoths.
En Pannonie : Amalasonthe et Théodat, 534
Walamir,
Widimir, 453-475 Théodat, 535
Théodemir, Vitigès, 536
Théodoric, 475 Ildebald, 540
En Italie : Éraric, 541
Le même, 493 Totila, 541
Athalaric, 526 Teïas, 552-553

OSTROLENKA, v. de la Russie d'Europe (Pologne), à 199 kil. N. E. de Plock, sur la Narew, 2000 hab. Les Russes y furent battus en 1807 par le maréchal Oudinot, et en 1831 par les Polonais.

OSTROVNO, v. de Russie (Mohilev), sur la r. g. de la Dvina du S., à 90 kil. N. O. de Mohilev. Les Français y battirent une division russe en 1812.

OSTROVSKI (Constantin), général polonais, fut défait et pris par les Russes à la bataille de la Vedrokha en 1500, résista aux offres que lui fit Ivan III pour le déterminer à entrer à son service, défit en 1514 Glinski et les Russes à Orja, remporta de brillantes victoires sur les Moldaves, les Turcs et les Tartares de la Crimée, qui venaient ravager la Pologne, fut pourtant battu par eux à Sokol en Volhynie (1519), mais vainquit à son tour en 1522 à Olchenica, où il délivra 40 000 prisonniers. — Th. Adam Rawicz O., descendant du préc., 1739-1817, remplit diverses missions près du roi de Prusse, de Louis XV et du pape, devint chambellan de Stanislas Poniatowski et membre de la commission du trésor. Il se déclara pour la constitution polonaise de 1791, fut nommé ministre des finances de Pologne, voulut en vain déterminer Stanislas à résister à la Russie, fut destitué par les confédérés de Targowice et envoyé sous la surveillance de la police russe à Kiev. Il reçut en 1809 le titre de maréchal du grand-duché de Varsovie, et présida de 1811 à 1813 le sénat polonais.

OSWALD (S.), roi de Northumberland, embrassa le Christianisme et gouverna sagement ses États. Il périt en 642, dans une bataille contre Penda, roi de de Mercie. — Archevêque d'York, neveu de S. Odon, fut élevé en France, dans l'abbaye de Fleury-sur-Loire, et m. en 922. On le fête le 29 février.

OSWALD (James), philosophe écossais du XVIIIe s., suivit la route tracée par Reid et Beattie, s'appuya sur le sens commun pour combattre les doctrines paradoxales ou dangereuses de Locke, de Berkeley, de Hume, et publia dans ce but un Appel au sens commun en faveur de la religion, Édimb., 1766.

OSWEGO, v. des États-Unis (New-York), ch.-l. du comté de son nom, à l'emb. de l'Oswego dans le lac Ontario, à 182 kil. O. d'Utica; 25 000 hab. Fabr. de coton, scieries, usines à fer, tanneries.

OSYMANDIAS, en égyptien Semfos, roi d’Égypte, antérieur à Sésostris, et qu'on donne quelquefois pour le même que Memnon, régnait à Thèbes dans l'intervalle du XXe au XVIe siècle : suivant Diodore, il aurait précédé de huit générations le roi Uchoréus. Osymandias porta ses armes jusqu'en Bactriane, mais il est surtout célèbre par une bibliothèque publique qu'il fonda et qu'il intitula Remèdes de l'âme, et par son tombeau, autour duquel était placé, disent les anciens, un cercle d'or de 365 coudées qu'on suppose destiné à des usages astronomiques. Ces monuments furent détruits lors de l'invasion de Cambyse. On voit encore dans les ruines de Thèbes des débris qui portent le nom de Palais d'Osymandias. Cependant les recherches des modernes font douter de la réalité des merveilles attribuées à ce prince.

OTAÏTI. V. TAÏTI.

OTANE, un des sept seigneurs persans qui renversèrent le mage Smerdis (V. ce nom). Ce fut lui qui découvrit la fourberie de l'usurpateur. Darius lui donna le gouvernement de l'Asie Mineure.

OTCHAKOV OU OCZACKOV, Axiaca, Odessus? v. forte de la Russie d'Europe (Kherson), à l'embouchure du Dniepr, r. dr., à 90 k. O. de Kherson; 5000 h. Jadis plus grande et plus florissante. Près de cette ville à Kudak, ruines de l'antique Olbia, colonie milésienne. — Otchakov fut fondée vers 1490, par le khan de Crimée Menghély-Gheraï Ier; elle passa plus tard sous la suzeraineté de la Porte, fut prise par le général russe Munich sur les Turcs en 1737, mais rendue en 1739. Elle fut prise de nouveau en 1788, après un siège opiniâtre par Potemkin, et rasée; les Russes l'ont gardée depuis. Elle a été bombardée en 1855 par les flottes alliées de la France et de l'Angleterre.

OTFRIED, bénédictin de Weissembourg, qui vivait au IXe s., est auteur de l’Evangelienbuch, traduction de l'Évangile en vers rimés tudesques. Cet ouvrage, écrit en 868, et l'un des plus anciens et des plus précieux monuments de la langue allemande, a été publie par Francowitz, Bâle, 1571, et par Graff, Kœnigsb., 1831.

OTHE, anc. petit pays de France, auj. compris dans le N. E. du dép. de l'Yonne et le S. O. de celui de l'Aube, avait pour ch.-l. Aix-en-Othe. E a laissé son nom à une forêt qui le couvrait en partie.

OTHER, navigateur norvégien du IXe s., doubla le cap Nord, s'avança jusqu'à l'embouch. de la Dwina, puis demanda du service au roi des Anglo-Saxons, Alfred le Grand. Ce prince inséra sa Relation dans l'introduction à sa version anglo-saxonne de Paul Orose. Son récit a été traduit en latin, avec le texte d'Alfred, dans la Vie d'Alfred de Spelman, Oxford, 1678, et dans les Scriptores rerum Danicarum de Langebeck.

OTHMAN, 3e calife, succéda à Omar en 644, ayant déjà près de 80 ans. Sous son règne, Alexandrie, dont les Grecs s'étaient emparés, fut reprise ; une grande partie de la côte septentr. de l'Afrique fut conquise par Abdallah-ben-Zobayr (647), l'empire des Sassanides détruit et la Perse entièrement asservie (652). Le Coran avait déjà souffert de nombreuses altérations : Othman, pour prévenir les discordes auxquelles pouvaient donner lieu les versions différentes du livre sacré, ordonna la destruction de tous les exemplaires qui différaient de celui déposé par Abou-Bekr chez Hafsa, veuve de Mahomet. Ce calife était doux et humain; néanmoins, la partialité qu'il montra en éloignant les meilleurs serviteurs, entre autres Amrou, pour placer ses amis, excita un mécontentement général : attaqué dans son palais par les insurgés, il fut tué en 656 par Mohammed, fils d'Abou-bekr.

OTHMAN I, dit el Ghazi (le Victorieux), fondateur de l'empire des Turcs Ottomans, né en 1259 à Soukout en Bithynie, m. en 1326, était fils de Togroul, sultan du Kharizim. Il s'établit à Konieh en 1299, s'agrandit aux dépens des petits États voisins formés des débris du roy. des Seldjoucides (renversé en 1294), conquit Kara-Hissar, s'étendit jusqu'à la mer Noire, et commença le siège de Pruse (Brousse), qu'acheva son fils Orkhan. — O. II, fut placé sur le trône à l'âge de 13 ans (1618), conclut la paix avec la Perse, soutint Bethlem-Gabor en Hongrie contre l'emp. Ferdinand II (1619), puis marcha contre les Polonais (1621) ; mais il fut battu à Choczim et fit la paix à des conditions honteuses. Il périt étranglé par les Janissaires, qu'il accusait de ses revers (1622). Il n'avait que 17 ans.

O. III (1754-57) ne se signala que par son impéritie, ses caprices et sa cruauté. Sa mort subite laissa le trône à Mustapha III son cousin.

OTHON, M. Salvius Otho, empereur romain, né l'an 32 de J.-C., avait été un des favoris et des compagnons de débauche de Néron, et était le deuxième mari de la célèbre Poppée. Néron le força à lui céder cette femme et l'envoya comme questeur en Lusitanie, où il se montra bon administrateur. Othon fut un des premiers à se déclarer pour Galba, et quelque temps il espéra être adopté par ce vieillard : voyant Pison préféré, il se fit proclamer empereur en Espagne, et en même temps excita parmi les prétoriens de Rome une révolte dans laquelle Galba et Pison furent massacrés (janv. 69). Mais presque au même instant l'armée de Germanie élevait à l'empire Vitellius et marchait sur l'Italie. Othon, qui n'était renommé jusque-là que par sa mollesse, déploya soudain une vigueur inattendue; ses mesures habiles lui valurent la supériorité en Ligurie, en Narbonaise, à Plaisance et au combat donné près de Crémone ; mais, voulant en finir tout d’un coup, il livra près de cette dernière ville la bataille de Bédriac et la perdit. Bien que cet échec ne fût point décisif, il se donna la mort (avril 69). Il n’avait régné que 3 mois.

OTHON ou OTTON I, le Grand, emp. d’Allemagne, le 2e de la dynastie saxonne, né en 912, fils de Henri-l’Oiseleur, fut élu roi de Germanie en 936, battit à plusieurs reprises les Huns et les Hongrois, rendit tributaires le Danemark, la Pologne et la Bohême, fit la guerre à Louis d’Outremer, qui lui disputait la Lorraine, et poussa jusqu’en Champagne ; entra de nouveau en France en 946, mais cette fois comme allié de Louis contre Hugues le Grand ; épousa en 951 Adélaïde, veuve de Lothaire, roi des Lombards, et par suite de ce mariage prit pied en Italie ; força Bérenger, marquis d’Ivrée, à se reconnaître son vassal ; fut rappelé dans cette contrée par Jean XII en 961, et déposa Bérenger à Milan ; fut couronné roi d’Italie en 961, empereur en 962, soumit la Lombardie entière, envahit même les provinces méridionales de l’Italie, qu’il disputa aux Grecs, et obtint pour son fils la main d’une princesse grecque, Théophanie. Il fit nommer un nouveau pape, Léon VIII, à la place de Jean XII, qui s’était déclaré contre lui, et réunit pour jamais le roy. d’Italie à l’empire d’Allemagne. Il étouffa diverses révoltes dans ses États, donna à la royauté une puissance qu’elle n’avait pas eue jusque-là, fonda plusieurs évêchés et mourut comblé de gloire en 973.

OTHON II, le Roux, le Sanguinaire, fils et successeur d’Othon I, né en 955, proclamé roi de Germanie dès 962, emp. en 973, eut pour compétiteur son cousin Henri de Bavière et le battit ; fit la guerre à Lothaire, roi de France, qui, réclamant le royaume de Lorraine, avait déjà pris Metz et Aix-la-Chapelle (978), pénétra jusqu’à Paris, et força le monarque français à se désister de ses prétentions (980) ; entra ensuite en Italie, remit sur le trône pontifical Benoît VII, détrôné par Crescentius, prit sur les Grecs Naples, Salerne, Tarente (981), mais fut ensuite battu à Squillace (982), et n’échappa que par miracle aux Grecs. Il mourut à Rome en 983, n’ayant que 28 ans et avec la réputation d’un prince brave, mais cruel.

OTHON III, fils d’Othon II, né en 980, était mineur à la mort de son père (983). Après une régence agitée, il passa les Alpes en 996, prit Milan, entra dans Rome, mit à mort le consul Crescentius, fit élire papes Grégoire V, puis Gerbert (Silvestre II), qui avait été son précepteur. Préférant l’Italie à l’Allemagne, il voulait faire de Rome la capitale de son empire. Néanmoins il était, comme étranger, odieux aux Romains : assiégé par eux dans son palais, il fut sur le point d’être pris par la populace. Il mourut à Paterno en 1002, empoisonné, dit-on, par la veuve de Crescentius qu’il avait voulu séduire.

OTHON IV, de Brunswick, emp., né en 1175, était le 3e fils de Henri le Lion, duc de Bavière, et de Mathilde. Il fut élu empereur en 1198, par l’appui des Guelfes et du pape Innocent III, en opposition à Philippe de Souabe, resta seul maître en 1208, après que son rival eut été assassiné par Othon de Wittelsbach, fut couronné en 1209 par Innocent III, avec lequel il ne tarda cependant pas à rompre ; voulut ravir la Pouille au jeune Frédéric, fils de Henri VI, puis s’unit à Jean sans Terre pour faire la guerre à Philippe-Auguste, et conduisit contre ce prince 120 000 hommes en Flandre ; mais il fut battu à Bouvines, 1214. Il m. en 1218 au château de Harzbourg. Dès 1212, il avait eu à combattre un nouveau compétiteur, Frédéric II, suscité contre lui par le pape Innocent III.

OTHON, l’Illustre et le Magnifique, duc de Saxe en 880, m. en 912, joignit en 907 la Thuringe à ses États, défendit la Germanie orientale contre les Hongrois et prépara par ses victoires l’avènement de la dynastie saxonne. À la mort de Louis l’Enfant, 911, il refusa la couronne à cause de son grand âge ; mais son fils, Henri l’Oiseleur, devint plus tard roi d’Allemagne.

OTHON DE NORDHEIM, prince saxon, fut créé duc de Bavière en 1056 par l’impératrice régente Agnès, mère de l’empereur Henri IV, conspira néanmoins contre sa bienfaitrice, et s’empara du pouvoir impérial (1062). Henri IV, devenu majeur, le dépouilla de son duché, mais le jeune empereur se réconcilia bientôt avec lui (1075), et le fit son lieutenant général dans la Saxe. Henri ayant été déposé, et Rodolphe de Souabe couronné à Mayence, Othon prit les armes contre ce nouvel empereur, mais il fut défait et tué à la bataille de Volksheim, en 1080.

OTHON DE WITTELSBACH, duc de Bavière, descendant d’Arnoul le Mauvais, de l’anc. maison de Bavière, servit fidèlement en Italie Frédéric Barberousse, qui l’en récompensa en lui donnant le duché de Bavière, enlevé à Henri le Lion (1180). Othon garda ce duché jusqu’à sa mort (1183) et le laissa à son fils, dont les descendants régnent encore en Bavière. — Un autre Othon de W. se fit un nom fâcheux en assassinant, en 1208, Philippe de Souabe, qui disputait l’empire à Othon de Brunswick. V. WITTELSBACH.

OTHON DE BRUNSWICK. Pour les princes de ce nom autres que l’empereur Othon IV, V. BRUNSWICK.

OTHON (S.), né en Souabe vers 1069, m. en 1139, fut chapelain et chancelier de l’empereur Henri IV, devint évêque de Bamberg en 1103, et convertit les Poméraniens au Christianisme. On l’hon. le 2 juillet.

OTHON DE FREISINGEN, chroniqueur, fils de Léopold, marquis d’Autriche, et d’une fille de l’emp. Henri IV, était abbé de Morimond. Il fut nommé par Conrad III évêque de Freisingen, et mourut en 1158, laissant une Chronique depuis Adam jusqu’en l’an 1146, en 7 livres (les 3 derniers se rapportent à l’Allemagne et sont précieux). Elle a été publiée par Cuspinianus, Strasb., 1515, et dans les Monuments de Pertz, 1851.

OTHONIEL, 1er juge d’Israël, prit Kariat-Sépher, délivra ses compatriotes du joug de Chusan, roi de Mésopotamie (1554 av. J.-C.), et gouverna env. 40 ans.

OTHRYS, chaîne de montagnes de la Grèce, célèbre dans la Fable comme ayant été la demeure des Lapithes, se détache du Pinde vers la source du Sperchius, et court de l’O. à l’E. jusqu’au golfe du Pagasétique. Elle séparait les Dolopes et l’Achaïe phthiotide au N., des Énianes ou Œtéens et de Lamia au S. Elle sert auj. de frontière entre le royaume de Grèce et la Turquie, et porte le nom de Katavothry.

OTRANTE, Otranto en italien, l’Hydruntum des anciens, v. de l’Italie mérid. (Terre d’Otrante), sur l’Adriatique, à 38 kil. S. E. de Lecce ; 3000 hab. Archevêché. Murs en ruines, château fort. Commerce d’huile. Prise en 1480 par Mahomet II, qui massacra 12 000 de ses habitants. — Napoléon donna en 1810 à Fouché le titre de duc d’Otrante,

OTRANTE (Terre d’), l’Iapygie des anciens (Salentini, Messapii, Calabri), prov. de l’Italie mérid., dans l’anc. roy. de Naples, la plus à l’E., sur l’Adriatique, la mer Ionienne et le golfe de Tarente : 190 kil. sur 45 ; 450 000 hab. ; ch.-l., Lecce (c’était jadis Otrante). Le pays n’est arrosé que par quelques ruisseaux ; climat doux, sol fertile ; vers à soie, mulets ; huîtres, etc. — On nomme Canal d’Otrante le canal qui unit l’Adriatique à la mer Ionienne, et qui sépare l’Italie de la Turquie ; il a 69 kil. dans sa moindre largeur.

OTRAR, v. du Tukerstan, sur le Sihoun, dans le Khanat de Khokan, par 44° 30’lat. N., 65° long. E. C’est là que mourut Tamerlan.

OTREPIEF. V. DMITRI.

OTRICOLI, Otriculum, bg d’Italie (Ombrie), à 28 kil. N. O. de Rieti ; 800 hab. Les Français, commandés par Championnet et Macdonald, y remportèrent en 1799 une victoire sur les Napolitains.

OTT (Ch., baron), feld-maréchal autrichien, né en Hongrie, se distingua contre les Turcs en 1789, figura dans les guerres d’Italie sous Wurmser, Souvarov, Mélas, commanda le siège de Gênes en 1799, fut battu à Montebello en 1800, prit part à la campagne de 1805 en Autriche, et mourut en 1809.

OTTAWA, riv. du Canada. naît par 48° 30’lat. N, 80° long, O., au N. E. du lac Huron, forme plusieurs lacs, sépare le Haut et le Bas-Canada, et se joint au St-Laurent par la r. g., à 125 k. O. de Montréal, après un cours d'env. 1000 k., dirigé généralement au S. E. Elle communique avec l'Ontario par le canal Rideau. Elle tire son nom d'une peuplade qui habitait ses bords.

OTTAWA, v. du Haut-Canada, sur la r. dr. de l'Ottawa, à sa jonction avec le canal le Rideau, et à 125k. O. de Montréal; env. 12 000 h. Cette ville, toute récente, avait d'abord été nommée By-town, du nom du colonel By, son fondateur. Elle a reçu en 1854 le nom d'Ottawa. En 1859, après de longs débats, elle fut choisie pour siège du gouvernement commun des deux Canadas comme étant la plus centrale des villes qui se disputaient cet honneur.

OTTO (Éberhard), jurisconsulte, né en 1685 en Westphalie, mort en 1756. enseigna vingt ans à l'Université d'Utrecht. On a de lui : Thesaurus juris romani, Leyde, 1725, 4 vol. in-f., recueil continué par Meerman ; des notices sur Papinien, Servius Sulpicius, Alfenus Varus, et de savantes dissertations sur plusieurs points d'antiquités, entre autres De ædilibus coloniarum, 1713; De tutela viarum publicarum, 1731. Tous ses ouvrages prouvent une science aussi solide que variée.

OTTO (L. Guill.), comte de Mosloy, diplomate, né en 1754 dans le grand duché de Bade, m. en 1817, fut d'abord secrétaire du chevalier de la Luzerne, alors ambassadeur de France en Bavière, remplit sous la République et l'Empire d'importantes missions aux États-Unis, à Berlin, puis à Londres, où il prépara la paix d'Amiens, à Munich, où il découvrit en 1805 les préparatifs hostiles de l'Autriche, et devint en 1809 ambassadeur à Vienne, où il négocia le mariage de Napoléon avec Marie-Louise. Fort instruit, parlant plusieurs langues, Otto était éminemment propre aux négociations. Il porta dans les postes les plus élevés un rare désintéressement, laissant souvent à d'autres l'honneur de ce qui lui appartenait.

OTTO DE GUÉRICKE. V. GUÉRICKE.

OTTOBONI, pape. V. ALEXANDRE VIII.

OTTOKAR I (PRZÉMYSL), duc de Bohême en 1192, fut déposé en 1193, rétabli en 1197, nommé roi par l'empereur Philippe de Souabe en 1198, puis reconnu comme tel par Othon IV et Innocent III en 1203.

OTTOKAR II, le Victorieux, successeur de Venceslas III, réunit à la Bohême l'Autriche et la Styrie en 1253, fit en 1254 des conquêtes en Prusse, obtint par testament la Carinthie et la Carniole en 1270, protesta contre l'élection de Rodolphe de Habsbourg, s'allia contre lui avec Henri de Bavière et le roi de Hongrie et fut mis au ban de l'empire (1275). Abandonné de ses alliés, il se vit enlever en une seule campagne toutes ses possessions. Ayant bientôt recommencé la guerre (1277), il périt à la bataille de Marchfeld (1278).

OTTOMAN (Empire). On désigne sous ce nom l'ensemble des possessions du Grand Seigneur.

OTTOMANS (les), branche de la nation turque, tire son nom d'Othman I, fondateur de l'empire turc.

OTTON. V. OTHON.

OTTUMBA, v. du Mexique (Mexico), à 90 k. N. E. de Mexico; 5000 hab. Cochenille excellente. Beaux aqueducs, de construction aztèque. — Jadis ville importante, qui compta jusqu'à 50 000 hab.

OTUS, géant, fils de Neptune. V. ALOEUS.

OTWAY (Thomas), poète anglais, né en l651, dans le Sussex, mort en 1685, fut d'abord acteur ; n'ayant pas de succès, il quitta la scène et se mit à composer des pièces de théâtre. Ses comédies sont oubliées, mais il réussit assez bien dans la tragédie. Malgré ses succès, il vécut dans la misère. Les Anglais donnent à Otway la 1re place après Shakspeare. Ses meilleures pièces sont : Don Carlos, imité par Schiller, C. Marius, l’Orpheline, Venise sauvée (1682), imitée par Lafosse dans son Manlius. Ses OEuvres ont été réunies à Londres en 1736 et 1812.

OUAHOU, en anglais Woahou, une des îles Sandwich (Polynésie), au N. O. de celle d'Havaï : 60 000 hab. Beau port de Honoolulu, récifs. Sol fertile (palmiers , bananiers, mûriers, acacias, sandal; taro; melon, riz, vigne; tabac). Habitants superstitieux et voleurs, mais habiles navigateurs : le gouvernement est monarchique et féodal.

OUALO, en anglais Whalo, roy. de Sénégambie, sur l'Atlantique, entre le Sénégal et les Trazas au N,, le Cayor au S.: 140 kil. sur 90; 20 000 hab.; ch.-l., Daghana. Incorporé aux possessions françaises en 1856, et divisé en 4 cercles : Dagana, Richard-Tol, Merinaghen et Lampsar.

OUARANSERIS, monts d'Algérie, dans le moyen Atlas, au S. E. d'Oran. Le plus haut pic a 2800m. Ces montagnes, habitées par les Kabyles, ont été en 1845 et 1846 le théâtre de sanglants combats.

OUCHDA, v. du Maroc (Fez), sur les confins de' l'Algérie, près d'une riv. de son nom, affluent de la Malouïa ; 1000 hab. C'est près et à l'O. de cette ville qu'eut lieu la bataille de l'Isly.

OUCHE (Pays d'), Uticum, Uticensis pagus, partie de la Hte-Normandie, entre la Rille et la Carentone, avait pour lieux principaux Bernay, l'Aigle, Beaumont-le-Roger. La Ferté-Fresnel, Nonant. Il fait auj. partie des dép. de l'Eure et de l'Orne.

OUDE, contrée de l'Indoustan. V. AOUDE.

OUDENARDE, Aldenardum, v. forte de Belgique (Flandre orientale), sur l'Escaut, à 29 k. S. de Gand; 6600 hab. Nankin,lainages, etc.; jadis tapis renommés. — Les Impériaux, commandés par le prince Eugène et le duc de Marlborough, y défirent les Français, commandés par le duc de Vendôme (11 juillet 1708). Cette place fut prise et démantelée par les Français en 1745.

OUDENDORP (François d'), philologue, né à Leyde en 1696, mort en 1761, se forma sous J. Gronovius et P. Burmann, fut successivement recteur des écoles de Nimègue (1724) et de Harlem (1726), et fut nommé en 1740 professeur d'éloquence et d'histoire à Leyde. On lui doit des éditions estimées de Julius Obsequens, Leyde, 1720; Lucain, 1728; Frontin, 1731 ; César, 1737; Suétone, 1751, et des Leçons sur les Lettres de Cicéron, publ. seulement en 1834.

OUDIN (César), écrivain de la fin du XVIe s., mort en 1625, fut secrétaire-interprète de Henri IV pour les langues étrangères, traduisit Don Quichotte, 1639, et donna des Grammaires et des Dictionnaires des langues italienne et espagnole. — Son fils, Ant. Oudin, mort en 1653, le remplaça comme interprète, et fit lui-même des Grammaires et des Dictionnaires de langues étrangères. On estime ses Recherches ital. et franç. (1640), où il traite des étymologies.

OUDIN (Casimir), érudit, né en 1638 à Mézières (Ardennes), m. en 1717, était entré chez les Prémontrés : inquiété et même emprisonné par ses supérieurs à cause de la liberté de ses opinions, il s'échappa de son couvent, s'enfuit en Hollande et embrassa ouvertement le Protestantisme à Leyde (1692). On lui doit de savants écrits, entre autres un Supplément à Bellarmin, Paris, 1686, et un traité De Scriptoribus Ecclesiæ antiquis, Leips., 1722, 3 v. in-f., riche mine de matériaux utiles.

OUDIN (Franç.), jésuite, né en 1673, à Vignori (Haute-Marne), mort à Dijon en 1752, savait six langues. Il composa plusieurs poésies latines qui parurent dans les Poemata didascalica de d'Olivet et commença la Bibliothèque latine des écrivains de la Société de Jésus (par ordre alphabétique) ; il en acheva les premières lettres, ainsi qu'environ 700 notices.

OUDINOT (Nic. Charles), duc de Reggio, maréchal de France, né en 1767, à Bar-sur-Ornain, mort en 1847, s'enrôla dès l'âge de 16 ans, fut élu en 1792 chef du 3e bataillon de la Meuse, débuta par la défense du château de Bitche, où il repoussa les Prussiens et leur fit 700 prisonniers, fut après ce beau fait d'armes nommé colonel; résista pendant dix heures, à Moorlauter, avec son seul régiment, à un corps de dix mille hommes, ce qui lui valut le grade de général de brigade (1794) ; prit Trêves, Nordlingen, Donawert, Neubourg, et fut nommé, général de division après les combats d'Ingolstadt et de Feldkirch, livrés à l'armée de Condé (1799); seconda puissamment Masséna à la bataille de Zurich, où il fut blessé; eut une grande part au siége de Gênes, à la bataille du Mincio, après laquelle il fut choisi pour apporter à Paris les drapeaux enlevés à l'ennemi; fut mis en 1805 à la tête du corps des grenadiers-réunis, qui devint bientôt célèbre ; battit avec eux les Autrichiens à Wertingen, ouvrant par ce succès les portes de Vienne à Napoléon; entra des premiers dans cette capitale, et s'empara de toute l'artillerie en franchissant le Danube sur un pont miné; figura glorieusement à Austerlitz, gagna la bataille d'Ostrolenka, 1807; eut la principale part à la sanglante victoire de Friedland, à la suite de laquelle il reçut, avec le titre de comte, une dotation d'un million ; rendit les plus grands services dans la campagne de 1809, fit des prodiges de valeur à Pfaffenhofen, à Ebersberg, à Essling, où il remplaça Lannes, emporté par un boulet; enleva le bourg de Wagram, et se couvrit de gloire à la bataille de ce nom, après laquelle il fut nommé maréchal et duc de Reggio ; fut chargé en 1810 de prendre possession de la Hollande, et s'acquitta de cette mission avec autant de célérité que de ménagements; commanda le 2e corps dans la campagne de Russie (1812), occupa Polotsk, Borissof, et assura le passage de la Bérésina lors de la fatale retraite, ce qui le fit proclamer le sauveur de l'armée; contribua en 1813 au gain de la bataille de Bautzen, et tenta de s'emparer de Berlin, mais fut repoussé par Bernadotte à Gross-Beeren; commanda à Leipsick deux divisions, mais y fut blessé grièvement et emporté mourant du champ de bataille: reparut bientôt néanmoins à la tête d'un corps de la jeune garde pour défendre le territoire français (1814), fit de nouveaux, mais inutiles efforts à Brienne, à Champ-Aubert, à Nangis, à Bar-sur-Aube, à Arcis, et ne posa les armes qu'après l'abdication de Fontainebleau. Sincèrement rallié aux Bourbons, il devint sous la Restauration pair de France, major général de la garde royale, commandant en chef de la garde nationale ; il eut part à l'expédition d'Espagne en 1823, reçut le commandement de Madrid, et sut y contenir une population exaltée. Il fut nommé par Louis-Philippe en 1839 grand chancelier de la Légion d'honneur, en 1842 gouverneur des Invalides. D'une bravoure à toute épreuve, Oudinot avait été blessé 32 fois sur les champs de bataille; aussi loyal et désintéressé que brave, il mérita d'être surnommé le Bayard moderne. Une statue lui a été élevée dans sa ville natale; une rue de Paris qu'il avait habitée (anc. rue Plumet) a reçu son nom. Le maréchal Oudinot avait formé dans son domaine de Jean-d'Heurs (près de Bar-le-Duc) un riche musée d'armes, dont la plus grande partie a été acquise, à sa mort, par la ville de Saint-Etienne. M. Nollet a donné une Histoire d'Oudinot, 1850. — Un de ses fils, Victor O., 1791-1863, général de division depuis 1835, représentant du peuple en 1848 et 1849, a dirigé l'expédition d'Italie en 1849 et rétabli l'autorité du pape Pie IX. Il est mort en 1863.

OUDJEIN, l’Oxène des anciens, v. de l'Indoustan (Sindhyah), dans l'anc. Malwa, sur la Sipra, par 23° 12' lat. N. et 73° 29' 45" long. E., à 320 k. N. E. de Surate; env. 100 000 hab. Ville sainte : temples de Krichna, de Rama, etc., palais de Rana-Khandi. École célèbre, bel observatoire, par lequel les géographes indous font passer leur premier méridien. Commerce actif de marchandises européennes et chinoises, d'assa-fœtida, de diamants, de coton, d'opium, etc. — Oudjein était la capit. du Sindhyah avant 1810 : l'élévation de Goualior au rang de capitale et la prospérité d'Indore lui ont beaucoup nui.

OUDRY (J. B.), peintre et graveur, élève de Largillière, né à Paris en 1686, m. en 1755, s'est distingué comme peintre d'animaux. Il suivait les chasses de Louis XV afin d'en retracer les principaux épisodes. Nommé directeur des Gobelins, il fit un grand nombre de modèles pour cet établissement. Le Louvre a de lui la Chasse au loup et la Chasse au sanglier. Il a gravé sa propre Chasse au loup, ainsi qu'un Livre d'animaux et de chasse et une suite de dessins pour les Fables de La Fontaine. Il gravait avec goût et sa touche est spirituelle.

OUED-EL-KÉBIR. V. GUADALQUIVIR et RUMMEL.

OUEI, une des 4 prov. du Thibet, a pour bornes au N. le Boutan, au S. le Turkestan chinois; 700 k (du N. au S.) sur 465; ch.-l., Lahsa.

OUEL ou HOEL, dit le Bon, roi du pays de Galles de 907 à 948, forma un recueil de lois fort sages, qu'il fit sanctionner par le pape. Le texte Gallois a été publié à Londres avec traduction latine et notes par Wotton, en 1730, sous le titre de Leges Wallicæ. — Ducs de Bretagne. V. HOËL.

OUEN (S.), Audoenus, né en 609 à Sancy près de Soissons, mort en 686, vécut à la cour de Clotaire II et de Dagobert, qui lui confia la garde du sceau, et fut étroitement lié avec S. Éloi, Il ne fut tonsuré qu'à 30 ans, et fut un an après sacré évêque de Rouen (640). Il administra son diocèse avec sagesse, et mourut près de Paris, à Clichy, au lieu où fut depuis bâti le village de St-Ouen. Son corps fut transporté à Rouen et inhumé dans la magnifique église qui a aussi reçu son nom. S. Ouen a laissé une Vie de S. Éloi (dans les Vitæ sanctorum). On l'hon. le 24 août.

OUESSANT, Uxantis, Uxisama, île de France, dans l'Atlantique, sur la côte du dép. du Finistère, dont elle forme un canton, à 22 kil. du continent, dont elle est séparée par le chenal de la Helle, à 40 k. N. O. de Brest. Elle a 8 kil. de long sur 5 de large, et compte 25 000 h.; lieu principal, Lampol. Port de refuge, phare; pêche de sardines, Il s'y livra en 1778, entre les Anglais, commandés par Keppel, et les Français, commandés par d'Orvilliers, une bataille navale qui resta indécise.

OUEST (dép. de l'), un des dép. occid. de l'île d'Haïti; 320 000 hab.; ch.-l., Port-au-Prince.

OUESTANIEH, nom arabe de la Moyenne-Égypte.

OUFA, riv. de Russie, sort des monts Ourals dans le gouvt d'Orenbourg, vers 55° 20' lat. N., coule au N., entre dans le gouvt de Perm, se dirige au N. O., puis au S. O., rentre dans le gouvt d'Orenbourg et tombe dans la Biélaïa à 2 kil. au-dessus d'Oufa; cours, 500 kil. — Ch.-l. du gouvt d'Orenbourg, au confluent de l'Oufa et de la Biélaïa; 7000 hab. Archevêché grec, tribunaux. Fondée en 1573 par Ivan Vasiliévitch pour contenir les Kirghiz.

OUGHTRED (W.), mathématicien, né en 1574 à Eton (Buckingham), m. en 1660, était ecclésiastique et enseignait les mathématiques tout en remplissant les devoirs de son état. Il a composé plusieurs ouvrages qui eurent du succès, et dans lesquels il s'est appliqué à simplifier les calculs et à développer l'application de l'algèbre à la géométrie. Le principal a pour titre Clavis mathematica ou Arithmeticæ institutio, Londres, 1631; il fut trad. par l'auteur même en anglais sous le titre de The key of mathematics, 1647. On y trouve un procédé de multiplication abrégée auquel est resté le nom de Règle d'Oughtred.

OUIDDAH, petit roy. de Guinée, sur le golfe de Bénin, entre ceux d'Ardra, de Popo, de Dahomey; a pour ch.-l. Ouiddah, ville de 8000 hab., à 140 K. S. d'Abomey. Maïs, poivre et tabac. Comptoir français depuis 1675. Il est tributaire du Dahomey.

OULCHY-LE-CHATEAU, ch.-l. de c. (Aisne), à 21 k. S. de Soissons; 678 hab.

OULÉMAS. V. ULÉMAS.

OULLINS, bg du dép. du Rhône, à 4 kil. S. de Lyon ; 6584 hab. Beau collège ecclésiastique. Station du chemin de fer. Fabriques de colle-forte, laiton, fil de cuivre. Prison pénitentiaire.

OULOUG-BEG (Mirza Mohammed Taraghi), fils de Chah-Rokh et petit-fils de Tamerlan, né en 1394 à Sultanieh, régna sur la Transoxiane dès 1409, et sur presque tout l'empire de Tamerlan depuis 1446. Il fut mis à mort en 1449 par un fils révolté. Il résidait à Samarcand. Passionné pour l'astronomie, il éleva dans cette ville un bel observatoire et dressa des Tables astronomiques (en persan), d'une remarquable exactitude. Quelques fragments en avaient été publiés par Greaves, 1650, par Th. Hyde, 1665 et par le baron de Zach, dans ses Éphémérides : M. L. A. Sédillot les a données en entier en français, avec le texte, Paris, 1846-53.

OULOUK-TAG (monts), grande chaîne de montagnes de l'Asie, se détache des monts Altaï et sépare la Sibérie d'avec l'empire chinois et le Turkestan.

OUMMÉRAPOURA, v. de l'Inde. V. AMARAPOURA.

OUPNEKHAT ou OUPANICHAD, commentaires fort anciens des Védas en vers, développent d'après le système Védanta les doctrines fondamentales de la religion hindoue : on y traite les plus hautes questions métaphysiques, comme l'unité de Dieu, l'identité de l'esprit avec la divinité. V. VÉDAS et ANQUETIL-DUPERRON.

OURAL ou IAIK, Rhymnus ? grande riv. de la Russie d'Europe, naît dans les monts Ourals (Orenbourg), par 54° 50' lat. N., coule au S., puis à l'O. et au S., arrose Kizilskaïa, Orskaïa, Orenbourg, Ouralsk, et, après une foule de sinuosités, tombe dans la mer Caspienne par trois embouchures ; on lui donne de 2500 à 3000 kil. de cours. L'Oural forme la limite de la Russie d'Europe du côté du S. E.

OURALS ou POYAS (monts), chaîne de mont, de la Russie qui sépare l'Europe d'avec l'Asie (les gouvts d'Arkhangel et de Vologda d'avec celui de Tobolsk), s'étend de l'océan Glacial Arctique à la mer Caspienne, sur un développement d'env. 2900 k. Sa plus grande élévation est de 2150m, sa plus grande largeur de 8 k.; le versant d'Europe est moins abrupt que celui d'Asie. La Petchora, l'Oufa, la Biélala et l'Oural en descendent à l'O., la Tobol et la Toura à l'E. Riches mines d'or, d'argent, de platine et de cuivre.

OURALSK, v. de Russie (Orenbourg), sur l'Oural, à 600 k. E. S. E. d'Oufa; 15 000 hab. (Cosaques).

OURCQ, riv. de France, naît dans la forêt de Ris (Aisne), passe à La Fère-en-Tardenois et à La Ferté-Milon et tombe dans la Marne à Mary (Seine-et-Marne), après un cours de 80 kil. Elle communique avec la Seine par le canal de son nom.

OURCQ (Canal de l'), canal de dérivation dont la prise d'eau est à Mareuil (Oise), à 16 kil. au-dessus de l'embouch. de l'Ourcq dans la Marne, passe à Meaux et à Claye et aboutit à Paris, où il forme le bassin de la Villette. Il prend ensuite le nom de canal St-Martin. Son étendue est de 98 kil. Décrété par le 1er consul en l'an X (1802), il ne fut terminé qu'en 1825.

OURGA ou KOUREN, v. de l'empire chinois (Mongolie), ch.-l. du pays des Kalkhas, sur la Toula, par 104° l' long. E., 47° 54' lat. N.; 7000 hab., presque tous prêtres de Lama.

OURGHENDJ, v. du khanat de Khiva, dans le Turkestan indépendant, à 45 kil. N. O. de Khiva, sur un bras du Djihoun; 5000 maisons. Murs en terre; vingt mosquées. Centre du commerce de la Boukhane avec la Russie. — A 100 k. N. O. de cette ville, ruines de Vieil-Ourghendj, abandonné par suite du changement de lit du Djihoun.

OURIQUE, bg de Portugal (Alentéjo), à 44 k. S. O. le Béja; 2400 hab. Alphonse-Henriquez y gagna en 1139, sur cinq rois maures, dans la plaine de Castro-Verde, une victoire éclatante à la suite de laquelle il se fit proclamer roi de Portugal.

OURMIAH (Lac), Thela chez les anciens, lac de Perse (Aderbaïdjan), à 40 k. S. O. de Tauris; il a 110 k. sur 60, avec une profondeur moyenne de 4m ; quelques îles. Eau très-salée. — Sur le bord O. du lac est une v. de même nom, qui était jadis importante. On y fait naître Zoroastre.

OURO-PRETO, auparavant Villa-Rica, v. du Brésil, ch.-l. de la prov. de Minas-Geraes, à 380 kil. N. N. O. de Rio-Janeiro; 10 000 hab. École latine, avec cours de pharmacie et d'anatomie; école normale agricole, bibliothèque, jardin botanique, hôpitaux. Fondée en 1690. Plus importante avant l'épuisement des mines d'or, qui lui avaient valu ses noms.

OUROUP, une des Kouriles russes, à la hauteur de l'embouch. du fleuve Amour; 110 kil. sur 25. Beaucoup de bois ; mines de soufre et de cuivre. Principal marché d'échange entre la Russie et le Japon.— Les Anglo-Français ont momentanément occupé cette île pendant la guerre d'Orient (1855).

OURTHE, riv. de Belgique, naît dans le grand-duché de Luxembourg, coule au N., entre dans la prov. de Liège, reçoit l'Amblève et la Wesdre, et se jette dans la Meuse à Liège après un cours sinueux d'env. 130 kil. — Sous l'empire, cette rivière donna son nom à un dép. qui avait pour ch.-l. Liège.

OURVILLE, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), à20 kil. N. O. d'Yvetot; 1202 hab. Toile, bougran.

OUSE, nom de 3 riv. d'Angleterre : la 1re, dans le comté d'York, tombe dans l'Humber après un cours de 80 k.; — la 2e, la Grande Ouse, naît dans le comté de Northampton, arrose ceux de Buckingham, Bedford, Huntingdon, Cambridge, Norfolk, et tombe après 250 kil. de cours dans la mer du Nord à Lynn-Regis ; — la 3e, la Petite Ouse, naît dans le comté de Norfolk et se perd dans la Grande Ouse; cours, 55 kil.

OUSKOUB, Scopi, Justiniania prima, v. de Turquie (Roumélie), ch.-l. de livah, à 180 k. S. O, de Sopha; 15 000 h. Archevêché grec. Églises grecques et mosquées. Jadis plus importante. — Le livah d'Ouskoub, formé de l'angle N. O. de l'anc. Macédoine, est entre ceux de Scutari, Ochrida, Monastir, Ghiustendil.

OUST, ch.-l. de cant. (Ariége), sur le Salat, à 13 kil. S. de St-Girons; 1501 hab. Forges.

OUSTVOLA, nom turc de l'anc. Granique.

OUTARVILLE, ch.-l. de c. (Loiret), à 18 kil. N. O. de Pithiviers; 560 kil.

OUTCHE, v. du roy. de Lahore, à 150 k. S. de Moultan, près du confluent du Setledje et du Tchennab. Les environs sont l'ancien pays des Oxydraques.

OUTLAWS, c-à-d. hors la loi. On donne plus spécialement ce nom aux Anglo-Saxons mis hors la loi, après la conquête normande, par les ordonnances royales. Réfugiés dans les forêts, ils poursuivirent à leur tour les Normands : Robin-Hood fut un de leurs chefs les plus redoutables.

OUVAROF (Sergius), homme d'État russe, né à St-Pétersbourg en 1773, m. en 1855, fut successivement conseiller d'État, directeur des banques et des manufactures, curateur de l'Université de St-Pétersbourg, ministre de l'instruction publique (1833). Il était en outre président de l'Académie des sciences de St-Pétersbourg et associé étranger de l'Institut de France. Il a écrit, en français : Essai d'une Académie asiatique, 1810; Essai sur les mystères d'Éleusis, 1812; Examen critique de la fable d'Hercule, 1820, et Mémoire sur les tragiques grecs, 1826; en allemand : Le poète Nonnus de Panopolis, 1817 ; Recherches sur l'époque anté-homérique, 1821. '

OUVRARD (Julien), fameux financier, né en 1770, près de Clisson, m. en 1847, commença sa fortune, dans les premières années de la Révolution, par une heureuse spéculation sur la fabrication du papier, se fit donner par Barras, dont il s'était fait l'ami, la fourniture des subsistances de la marine, et y gagna 15 millions en 3 ans; fut également chargé sous le Consulat et l'Empire de pourvoir aux besoins des armées, mais eût de perpétuelles difficultés avec le gouvernement, qui suspectait sa probité, et fut incarcéré de 1809 à 1814. Il n'en fut pas moins nommé en 1823 munitionnaire général de l'armée d'Espagne. Après 1830, il mit son savoir faire au service des prétendants don Miguel et don Carlos. Tantôt puissamment riche et tantôt ruiné, Ouvrard fut sans cesse en procès : poursuivi par Séguin, son associé, pour une dette de 5 millions, il se laissa emprisonner pendant 5 ans afin d'être dispensé de payer, quoiqu'il le pût.

OUZBEK, OUZBEKS V. UZBEK, UZBEKS.

OUZOUER-LE-MARCHÉ, ch.-l. de cant. (Loir-etCher), à 45 k. N. E. de Blois ; 1461 h. — O.-SUR-LOIRE, ch.-l. de c. (Loiret), à 16 kil. N. O. de Gien ; 906 hab.

OUZOUN-HAÇAN (Abou-Nasr-Modhaffer-Eddyn), vulgairement Uzum-Casan, prince turc de la dynastie de Mouton blanc, détrôna et fit périr Géangir, fils de Tamerlan, entra en guerre avec les Turcomans du Mouton noir, leur enleva toutes leurs possessions (1467-69) et se fit proclamer roi de Perse. À la sollicitation des Vénitiens, il tourna ses armes contre Mahomet II, et envahit l’Asie Mineure (1472), mais il y fut vaincu (1473). Néanmoins il conquit en 1476 la Géorgie. Il mourut en 1478. Ce prince avait épousé une sœur de David Comnène, empereur de Trébizonde. Sa succession occasionna de sanglantes guerres : le trône de Perse échut à Ismaïl, son petit-fils, qui fut le chef de la dynastie des Sofis.

OVANDO (Nic.), gouverneur de Saint-Domingue pour la reine d’Espagne Isabelle après Bovadilla (1501-1508), employa les moyens les plus atroces pour maintenir sa domination sur les naturels, en fit un horrible massacre à Xaragua (la v. actuelle de Léogane) et, par ses mauvais traitements, réduisit la population de l’île à 60 000 h. Pour compenser le vide ainsi produit dans St-Domingue et subvenir à l’exploitation des mines, il alla dépeupler les Lucayes.

OVAS, le peuple dominant de Madagascar, habite l’intérieur, au nombre d’env. 1 000 000 d’individus, occupe surtout les hauts plateaux, et a pour capitale Tannanarive. Ils ont le teint olivâtre, les yeux petits et les cheveux plats ; ils sont doux et assez civilisés.

OVATION ou PETIT TRIOMPHE. L’ovation était en usage à Rome lors de quelque avantage secondaire remporté sur l’ennemi, ou quand on n’avait vaincu que des esclaves, des pirates, des rebelles. Elle était décernée par le Sénat. Le vainqueur était conduit au Capitole moins solennellement que lors du triomphe proprement dit : il marchait a pied, couronné de myrte pour des succès pacifiques, de laurier pour des exploits militaires ; il n’avait d’autre costume que la toge prétexte des consuls, et l’on ne sacrifiait aux Dieux qu’une brebis (ovis), d’où le nom donné à ce triomphe. Des flûtes et des hautbois accompagnaient sa marche ; le Sénat le suivait, et quelque-fois l’armée. L’ovation fut instituée l’an 503 av. J.-C. ; P. Posthumius Tubertus en fut honoré le premier. Elle devint très-rare sous les premiers empereurs, et tomba en désuétude du temps de Claude.

OVERBEECK (Bonaventure VAN), peintre et dessinateur d’Amsterdam (1660-1706), étudia l’antique à Rome, revint dans sa patrie avec une riche collection de dessins, et mourut jeune, par suite d’excès de travail et de plaisirs. On lui doit Reliquiæ antiquæ urbis Romæ, Amst., 1709, grand in-fol., avec 150 planches, trad. en français dès la même année.

OVERBURY (sir Thomas), fut longtemps l’ami et le confident de Robert Carr, comte de Somerset, favori de Jacques I ; mais, ayant contrarié les projets du favori sur la comtesse d’Essex, celui-ci le fit emprisonner à la Tour sous une fausse accusation et l’y fit périr par le poison (1613). Cette mort donna lieu à la disgrâce de Carr et à un procès célèbre. On a d’Overbury quelques poésies, entre autres la Femme et le Remède d’amour.

OVER-YSSEL (c.-à-d. Yssel supérieur), prov. du roy. de Hollande, entre celle de Drenthe au N., le Hanovre à l’E., la Prusse au S. E., la prov. de Gueldre au S. et au S. O., et le Zuyderzée à l’O., 106 kil. sur 35 ; 232 000 hab. ; ch.-l., Zwoll. Sol uni et bas, quelques collines à l’E. Riv. principales : l’Yssel (qui a donné son nom à la province), le Zwarte-water, le Vecht, la Havelteraa. Marécages, bruyères ; pâturages et forêts ; gibier, abeilles, bêtes à cornes. Toiles et lainages ; beurre et fromages ; peaux et suifs. — Cette contrée, jadis habitée par les Usipètes et les Chamaves, fut ensuite occupée par les Francs Saliens ; elle devint la possession des évêques d’Utrecht dès le XIe s. ; en 1528, elle passa, avec la seigneurie d’Utrecht, sous la domination de Charles-Quint. Elle accéda en 1579 à l’union d’Utrecht, fut comprise en 1798 dans la République batave, en 1806 dans le roy. de Hollande, et forma de 1810 à 1814 le dép. français des Bouches-de-1'Yssel.

OVIDE, P. Ovidius Naso, célèbre poëte latin, né à Sulmone, dans le Samnium, l’an 43 av. J.-C., fut envoyé à Rome afin d’y étudier la jurisprudence, mais se sentit entraîné par un goût irrésistible vers la poésie, comme il le déclare lui-même en ces mots :

Quidquid tentabam scribere versus erat.

Il s’ouvrit, par ses vers et son urbanité, l’entrée du palais d’Auguste, fut lié avec toutes les notabilités littéraires de son siècle, Virgile, Horace, Tibulle, Properce ; s’acquit les bonnes grâces du prince lui-même et mena pendant longtemps avec succès la vie de poëte, de courtisan et d’homme à bonnes fortunes ; mais il fut tout d’un coup frappé de la disgrâce la plus complète : l’an 9 de J.-C., Auguste le relégua à Tomes, en Mésie, près du Pont-Euxin, dans un pays barbare (V. TOMES). Le prétexte de cette disgrâce fut la licence de ses poésies ; la véritable cause est restée une énigme. On a supposé qu’Auguste punissait dans Ovide un des amants de sa fille Julie ; on présume avec plus de vraisemblance que le crime du poëte était plutôt d’avoir surpris un secret important pour la famille d’Auguste, et l’on suppose que ce secret était relatif à l’impératrice Livie, ou au jeune Agrippa, héritier de l’Empereur, et à Julie, sa sœur. Ovide dit en vingt endroits que son crime est tout involontaire :

Inscia quod crimen viderunt lumina plector.

En dépit des sollicitations les plus pressantes, les plus humiliantes même, il ne put obtenir son rappel ni d’Auguste ni de Tibère. Il mourut à Tomes, l’an 17 de J.-C., après 8 années d’un exil rigoureux. Les ouvrages d’Ovide sont : 1° les Métamorphoses, en 15 liv.. c’est comme une histoire de la Fable ; 2° les Fastes, en 12 liv. : c’est l’énumération des principales fêtes des 12 mois de l’année, avec les traditions qui s’y rattachent ; 3° les Amours, en 3 liv., recueil d’élégies où il décrit les plaisirs et les peines de l’amour ; l’Art d’aimer, en 3 liv., et les Remèdes d’amour, en 1 liv., poëmes dont les titres indiquent assez le sujet ; les Héroïdes, en 2 liv., lettres fictives que les plus célèbres héroïnes de l’Amour, Phèdre, Ariadne, Didon, Sapho, etc., adressent à leurs amants ; 4° les Tristes, en 5 liv., et les Pontiques, en 5 liv., recueils d’élégies et d’épîtres écrites pendant son exil ; 5° Médée, tragédie. Tous existent encore, sauf la Médée et les 6 derniers livres des Fastes. Tout ce que nous possédons d’Ovide est en vers élégiaques, excepté les Métamorphoses. On reproche à ce poëte l’abus de l’esprit et un peu de monotonie ; en revanche, son style est pur, élégant, facile, léger, gracieux. Les Métamorphoses sont sans contredit son chef-d’œuvre : les récits, malgré leur diversité, y sont enchaînés avec beaucoup d’art et animés par le tableau des passions humaines. Les Fastes abondent en détails curieux et pleins de vérité locale ; ils sont au nombre des meilleures sources qu’on possède pour la connaissance de l’Italie primordiale. Les Tristes et les Pontiques sont pleins d’accents touchants, mais d’une inévitable monotonie. Dans ses œuvres érotiques (l’Art d’aimer, les Amours, etc.), le poëte offense trop souvent la morale ; toutefois ses vers, moins libres que ceux de plusieurs de ses contemporains, n’ont évidemment pu être la vraie cause de sa perte, surtout dans une ville telle que Rome. Les édit. remarquables d’Ovide sont celles de Rome, 1471, in-f. ; des Aldes, Venise, 1502-16, 3 vol. in-8 ; de Leyde, Variorum, 1661 et 62 ; de Lyon, ad usum Delphini, 1689, 4 vol. in-4 ; d’Amsterdam, 1727, 4 vol. in-4, par Burmann ; de Mitscherlisch, Gœttingue, 1796 et 1819, 2 v. in-8 ; de B. Crusius, Leips., 1823, 3 v. in-8 ; de Paris (dans la Biblioth. classique latine de Lemaire), par Amar, 1820-25, 10 vol. in-8. On distingue les traductions en prose des Métamorphoses, par Banier (1782), Fontanelle (1767), Villenave (1805); des Fastes, par Lezeau, Kervillars, Bayeux; des Tristes et des Pontiques, par Kervillars. St-Ange a traduit en vers les Métamorphoses, les Fastes, l’Art d'aimer, les Remèdes d'amour. Avant lui, les Métamorphoses avaient été mises en vers par Th. Corneille, les Héroïdes, par Boisgelin. Martignac avait donné dès 1697 une traduction complète d'Ovide en prose; il en a paru de nouvelles, par divers auteurs, dans la collection Panckoucke et dans la collection Nisard. Villenave a donné une Vie d'Ovide, 1809. M. Deville a publié en 1859 un curieux Essai sur l'exil d'Ovide.

OVIDIOPOL, v. de Russie d'Europe (Kherson), sur la r. g. du Dniester, à 20 k. de son embouchure dans la mer Noire; 3000 h. Grand commerce de sel. Fondée par Catherine II et ainsi nommée parce qu'on crut, mais à tort, que c'était l'emplacement de Tomes, le lieu d'exil d'Ovide.

OVIÉDO, Lucus Asturum, Ovetum, v. d'Espagne, capit. de l'anc. prov. des Asturies, auj. ch.-l. de l'intend. d'Oviédo, sur l'Ovia, à 350 kil. N. O. de Madrid et à 16 k. de la Méditerranée; 10 000 h. Évêché, université (dep. 1580); belle cathédrale, aqueduc, arsenal. Toile, bonneterie. — Oviédo se forma autour d'un ermitage, que deux moines, fuyant la persécution des Maures, avaient élevé pour servir de refuge aux chrétiens; érigée en ville en 757 par le roi goth Froïla, elle fut depuis cette époque jusqu'en 913 la résidence des rois du pays. Défendue par les montagnes qui l'entourent et les forteresses qui en commandaient les défilés, elle ne fut jamais soumise aux Maures. Elle s'insurgea des premières en 1808 contre les Français, et fut prise par Ney en 1809; elle fut depuis plusieurs fois reprise et perdue pendant cette guerre. — L'intendance d'O. a la même circonscription que l'anc. principauté des Asturies. V. ce nom.

OVIEDO (Roy. d'), nom que prit le roy. des Asturies depuis l'établissement de son siége à Oviédo, fut employé jusqu'à Ordogno II, qui s'établit à Léon (913). Dix rois se succédèrent sur le trône d'Oviédo. Voici les noms de ces princes :

Froïla, 757 Alphonse (rétabli), 791
Aurelio, 768 Ramire I, 842
Silo, 774 Ordogno I, 850
Alph. II, le Chaste, 783 Alphonse III, le Gr., 866
Maurégat, 783 Garcie I, 910-913.
Bermude, 788 (Pour la suite, V. LÉON).

OVIEDO Y VALDEZ (Gonzalve Ferdinand d'), voyageur et historien espagnol, né en 1478, dans les Asturies, mort en 1557, fut intendant des mines d'or de l'île d'Haïti (1513 et 14), puis intendant de l'île même (1535-45), et ne signala son administration que par ses exactions. Voulant se justifier aux yeux de Charles-Quint, il calomnia la population indienne dans tous ses rapports. On a de lui : Histoire générale et naturelle des Indes occidentales, écrite en espagnol et en 50 livres, dont les 20 premiers parurent à Madrid en 1534; les 30 autres ne furent publiés qu'en 1783.

OWEN (John), Audoenus, poëte latin moderne, né dans le Caernarvon, étudia à Oxford et tint une école à Monmouth, puis à Warwick (1594). Il perdit la faveur d'un riche parent pour avoir attaqué dans ses épigrammes l'Église romaine et vécut dans l'indigence. On a de lui dix livres d'épigrammes, dans lesquelles il imite heureusement Martial (Leyde, 1628, Amsterdam, 1647, Paris, 1794); elles sont assez souvent spirituelles et piquantes, mais parfois licencieuses et pleines d'âpreté, surtout quand il censure le clergé romain : aussi sont-elles condamnées à Rome. Voici le jugement qu'il porte lui-même de ses poésies :

Qui legis ista, tuam reprehendo, si mea laudas
Omnia, stultitiam ; si nihil, invidiam.

Elles ont été en partie traduites en vers français par Kérivalant et autres ; on a publié le recueil de ces imitations à Lyon (1819).

OWEN CAMBRIDGE (Richard), poëte et écrivain distingué, né à Londres en 1714, mort en 1802, écrivit la Scribleriade, poëme satirique, 1744, et l’Hist. de la guerre de l'Inde de 1755 à 1761 entre les Anglais et les Français. Ses OEuvres ont été publiées à Londres en 1803, 2 vol. in-4, avec sa Vie.

OWEN (Robert), philanthrope anglais, né eh 1771 a Newtown (Montgomery), mort en 1858, devint, de simple apprenti, riche filateur, entreprit de constituer l'industrie sur de nouvelles bases, fonda dans ce but, à New-Lanark, en Écosse, une manufacture dans laquelle tous les ouvriers étaient associés sur le pied de l'égalité, et qu'il appela pour ce motif Société coopérative; réussit ainsi à moraliser des hommes qui étaient précédemment livrés à la débauche, et vit pendant plusieurs années prospérer l'établissement. Il passa en Amérique pour y tenter un nouvel essai et fonda en 1823, sur les bords de la Wabash (Indiana), un établissement, qu'il nomma New-Harmony, mais cette fois il n'eut aucun succès. Revenu en Angleterre en 1827, il ne cessa cependant de travailler jusqu'à sa mort, soit par des écrits, soit par des discours publics, à répandre les doctrines socialistes. Parmi ses nombreux écrits, on remarque le Nouveau monde moral, où il expose son système. Partisan d'une bienveillance absolue, il proclamait l'irresponsabilité humaine et proscrivait tout châtiment des sociétés comme des écoles.

OWHYHEE. V. HAVAÏ.

OXENSTIERN (Axel, comte d'), ministre suédois, né en 1583 à Fanœ dans l'Upland, m. en 1654, fut employé par Charles IX à diverses missions importantes, devint, lors de l'avènement de Gustave-Adolphe (1611), chancelier et ministre principal, suivit le roi dans ses campagnes contre les Russes, négocia en 1617 la paix de Stolbova, dirigea quelques opérations de la guerre de Pologne, fut gouverneur général de la Prusse pendant l'occupation suédoise, apprit, en allant pour rejoindre son maître, qu'il venait de périr à Lutzen (1632), se mit alors à la tête de la coalition protestante et sut en assurer le succès pendant deux ans; vint conférer à Paris avec Richelieu après la bataille de Nordlingen(1634), s'unit avec lui contre l'Autriche, et réussit ainsi à ramener la fortune sous les drapeaux des Suédois. Il revint à Stockholm rendre compte de son administration, prit place parmi les tuteurs de Christine, et fut l'âme du conseil jusqu'à la majorité de la reine, mais depuis il perdit peu à peu son influence. Il s'opposa de toutes ses forces à son abdication (1654); n'ayant pu l'empêcher, il se retira des affaires; il mourut la même année. On a une partie de sa correspondance en latin et en suédois; on lui attribue le IIe vol. de l’Historia belli sueco-germanici (dont le premier est de Philippe Chemnitz).

OXFORD (d’oxen ford, gué des bœufs), Oxonium, v. d'Angleterre, ch.-l. d'un comté de même nom, entre la Cherwell et l'Isis, à 80 kil. O. N. O. de Londres; 21 000 h., dont env. 1000 étudiants. Évêché anglican, université célèbre, fondée vers 1200 ou 1249, ou même, selon quelques-uns, par Alfred le Grand, dès le Xe s., et qui envoie 2 députés au Parlement. On y compte 24 collèges, entre autres ceux de St-John's, Christ-Church, Queen's, Trinity, All-Souls, New-College; 4 halls, édifices pour loger les étudiants; plusieurs bibliothèques, parmi lesquelles la Bodléienne, possédant au moins 200 000 volumes et 25 000 manuscrits, et celle de Radcliffe ; belle galerie de tableaux, musée dit Ashmoléen, imprimerie Clarendon, observatoire, jardin botanique, salle des marbres d'Arundel. Plusieurs chemins de fer. — Oxford fut prise d'assaut en 1067 par Guillaume. Cette ville était jadis une des résidences des rois : c'est là que furent rédigées en 1258 les Provisions dites d’Oxford. Charles I s'y retira pendant la guerre civile. L'Université d'O. est généralement dévouée aux principes des torys et à l'église anglicane; cependant c'est dans son sein qu'est le foyer du Puseysme. — Le comté d'Oxford, au centre de l'Angleterre,entre ceux de Northampton au N. E., de Buckingham à l'E. de Berks au S. et au S. O., de Warwick à l'O., a 80 kil. sur 53 et compte 162 000 hab. Canal qui va d'Oxford aux houillères du comté de Stafford. Peu d'industrie (pluches, rubans de fil, gants, dentelles).

OXFORD (HARLEY, comte d'). V. HARLEY.

OXONIA ou OXONIUM, nom latinisé d'OXFORD.

OXUS, auj. le Djihoun ou Amou-Daria, grand fleuve d'Asie qui séparait la Sogdiane, au N., de la Bactriane au S., se divisait en deux branches, dont la principale se rendait dans la mer Caspienne et l'autre dans le lac Aral. Dans les temps modernes, ce fleuve a changé de direction, ou du moins la branche qui se rendait à la mer Caspienne s'est desséchée : on place cet événement à l'an 1643.

OXYDRAQUES, peuple de l'Inde en deçà du Gange, habitait au confluent de l'Hydraote et de l'Acésinès, dans le pays où est auj. la ville d’Outche. Alexandre manqua de perdre la vie au siège de leur capitale, dans laquelle il s'était jeté presque seul.

OXYRRHYNQUE, auj. Béhnésé, v. d’Égypte (Heptanomide), ch.-l. du nome de son nom, sur le canal de Joseph, à l'O. du Nil, fut ainsi nommée d'un poisson a bec pointu (oxyrrhynchus) qui y était adoré.

OYAPOK, riv. de la Guyane, naît par 54° 40' long. O. ; 2° 30' lat. N., coule au N. E., et tombe dans l'Atlantique près du cap Orange, après un cours de 350 k. Quelques-uns y placent à tort la limite entre la Guyane française et le Brésil. — On donne aussi le nom d'Oyapok à la contrée qu'arrose ce fleuve.

OYARZUN, OEaso, v. d'Espagne (Guipuscoa), sur la petite riv. d'Oyarzun. à 9 kil. S. E. de St-Sébastien; 3400 hab. Aux environs, fer, plomb, cuivre.

OYE (Pays d'), Oviensis pagus, petit pays de l'anc. France (Basse-Picardie), faisait partie du Pays reconquis. Il avait titre de comté. Il est auj. compris dans le dép. du Pas-de-Calais (canton d'Audruick).

OYONNAX, ch.-l. de c. (Ain), à 13 kil. de Nantua ; 3501 hab. Tabletterie; articles dits de S. Crépin.

OYSANS, petit pays de l'anc. France (Dauphiné), avait pour lieux principaux Bourg-d'Oysans (Isère), et La Grange-en-Oysans (Hautes-Alpes).

OZANAM (Jacques), mathématicien, né en 1640 à Bouligneux en Bresse, m. en 1717, vécut longtemps de quelques leçons et du jeu, puis se fit une réputation par de bons ouvrages de mathématiques. On lui doit : Traité de Gnomonique, Paris, 1673 (remanié sous le titre de Méthode pour tracer les cadrans, 1685); Traité des lignes de premier genre, de la construction des équateurs, etc., 1687; Usage du compas de proportion expliqué, 1688; Récréations mathématiques et physiques, 1694, dont Montucla a donné une nouvelle édition en 1778; Nouveau éléments d’algèbre, 1702, que Leibnitz avait en grande estime.

OZANAM (Antoine-Frédéric), professeur et historien, né à Milan en 1813, m. à Marseille en 1853, était petit-neveu du précédent. D'abord avocat et professeur de droit à Lyon, il fut nommé professeur de littérature étrangère à la Faculté des lettres de Paris en 1840. Il se distingua la fois par l'éclat de son enseignement, par ses talents littéraires et par ses sentiments religieux. On remarque parmi ses publications : Dante et les philosophes catholiques au XIIe siècle, 1845; Études germaniques, 1847 ; les Poëtes français, 1852; la Civilisation au Ve siècle, etc. Ses Œuvres complètes ont été publiées en 1855-56, en 8 vol. in-8, avec une Notice parle R. P. Lacordaire. Plein de foi et de charité, Ozanam fut un des fondateurs de la Société de St-Vincent de Paul et un des membres les plus actifs de l'œuvre de la Propagation de la Foi.

OZANEAUX (George), écrivain, né à Paris en 1795, m. en 1852, fut élève de l’École normale, professa les lettres, puis la philosophie dans divers collèges de l'Université, et devint successivement recteur des académies de Bourges, de Clermont, de Toulouse, enfin inspecteur général. Il a écrit dans les genres les plus divers ; on a de lui : Nouveau système d’études philosophiques, 1830; les Romains, tableau des institutions romaines, 1845; Histoire de France jusqu’à Louis-Philippe, 1846, précis écrit avec intérêt et élégance et couronné par l'Académie française; le Dernier jour de Missolonghi, 1828, drame en 3 actes et en vers ; La Pérouse, tragédie en 5 actes et en vers, 1829 (non représentée), la Mission de Jeanne d’Arc, chronique en vers, 1835; toutes œuvres qui décèlent un véritable talent, Il les a réunies en 1849 sous le titre trop modeste d’Erreurs poétiques. Un Dictionnaire français-grec a été publié sous son nom en 1847.

OZANNE (Nic.), dessinateur de la marine, né à Brest en 1728, m. en 1811, enseigna aux enfants de France (Louis XVI et ses frères) la construction des vaisseaux et la tactique navale, dessina et grava, d'après ses propres dessins, près de 300 planches, qui représentent les vaisseaux de guerre et les manœuvres de combat et qui sont remarquables par la facilité de l'exécution. — Pierre Ozanne, son frère (1737-1813), ingénieur constructeur de la marine, a laissé une suite de dessins gravés relatifs à la marine. Il a dessiné et gravé, avec Nicolas et ses sœurs une belle collection de Vues des principaux ports et rades de la France et de ses colonies, in-fol.

OZARK (monts), dans l'Amérique du Nord, s'étendent dans les États du Texas, d'Arkansas et de Missouri, entre le Missouri au N. et la Riv. Rouge au S., sur un développement d'env. 700 kil.

OZEROV (Wladislas), auteur dramatique russe, né en 1770, près de Tver, m. en 1816, servit d'abord avec distinction, puis entra dans les emplois civils. Il créa en quelque sorte la tragédie en Russie, et s'affranchit de l'imitation servile à laquelle s'étaient condamnés ses compatriotes. Ses admirateurs le surnommèrent, avec une évidente exagération, le Racine russe. On a de lui : la Mort d’Oleg, 1798; (Œdipe à Athènes, 1804 (c'est son chef-d'œuvre) ; Fingal, 1805 ; Dmitri Donskoï, 1807; Polyxène, 1809. Fingal et Dmitri ont été trad. par M. Alexis de St-Priest, dans les Chefs-d’œuvre des théâtres étrangers.

OZIAS, roi de Juda. V. AZARIAS.

OZIERI, v. de Sardaigne, ch.-l. d'une prov. de même nom, à 44 k. S. E. de Sassari ; 8000h. Évêché.

OZOLES (LOCRIENS). V. LOCRIDE.



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