Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre S

La bibliothèque libre.


◄  R
T  ►

S


S. Dans les abréviations, signifiait chez les Romains Sextus ; Sp., Spurius ; S. C., senatus consultum, décret du sénat ; S. P. Q. R., senatus populusque romanus, le sénat et le peuple romain. — S., St ou Ste s’emploient souvent pour Saint, Sainte, et quelquefois, dans les abréviations de prénoms, pour Sébastien, Simon, Sylvestre, Sophie, etc.

SAA de miranda, poëte portugais, né à Coïmbre en 1495, d’une famille noble et riche, m. en 1558, étudia d’abord le droit, puis se livra exclusivement à son goût pour les lettres, visita l’Espagne et l’Italie, fut à son retour accueilli à la cour du roi de Portugal Jean III, et excita par ses talents l’admiration de ses compatriotes. Il a laissé des Sonnets, des Pastorales, des Épîtres fort estimées, des chansons populaires, ainsi que deux comédies imitées des anciens, les Étrangers, et les Villalpandios. Ses Œuvres ont été réunies à Lisbonne, 1595. Cet écrivain a joué en Portugal le même rôle que Garcilaso de la Vega et Boscan en Espagne : chef de l’école classique, il perfectionna la langue et le rhythme, et donna à la poésie un caractère d’élévation inconnu jusqu’à lui. - Son neveu, Franc. Saa de Ménézès, m. en 1664, a composé à la gloire d’Albuquerque un poème intitulé : la Conquête de Malacca, que quelques-uns placent près de celui de Camoëns.

SAAD-EDDYN-MOHAMMED, dit Khodjah-Effendi, historien turc du XVIe s., mort en 1600, est auteur du Tadj-al-Tawarikh (Couronne des histoires), qui comprend le règne des 12 premiers sultans turcs. V. Battuti l’a traduit en italien sous le titre de Chronique de l’origine et des progrès des Ottomans, 1re partie, Vienne, 1646 ; 2e patrie, Madrid, 1652.

SAADI, le plus grand des poètes persans, né à Chyraz vers 1184 ou selon d’autres en 1193, mort centenaire, reçut le nom de Saadi parce que son père avait été attaché au prince Saad, père de l’Atabek Aboubekr. Il passa un tiers de sa vie dans les études, un tiers en voyages et dans les armées, et le dernier tiers dans la retraite. Il avait fait 14 fois le pèlerinage de La Mecque, avait combattu les sectateurs de Brahma dans l’Inde et les Chrétiens dans l’Asie-Mineure, et avait été pris en Syrie par les Francs, qui le forcèrent à travailler aux fortifications de Tripoli. Il fut racheté par un marchand d’Alep, qui lui donna sa fille en mariage. A la fin de sa vie, il se retira dans un monastère près de Chyraz. il avait embrassé la doctrine des Sofis. Saadi fut comblé de gloire dès son vivant. On a de lui : le Gulistan (Jardin des roses), recueil en prose et en vers de préceptes moraux et politiques, d’apologues, d’anecdotes, d’épigrammes, etc. ; le Bostan (Jardin des fruits), tout en vers, comprenant dix livres ou chants ; c’est un recueil du même genre que le précédent, mais plus sévère quant aux principes religieux : l’auteur s’y livre à son penchant pour le mysticisme ; le Pend-Nameh ou Livre des Conseils, poème moral ; les Conseils aux rois, ouvrage en prose. Le style de Saadi est clair, plein de grâce et d’éclat. Le Gulistan a été traduit en latin par Gentius, et en français par Duryer, 1634, par Gaudin, 1791, par Semelet, 1834, et par De Frémery, 1859 ; le Bostan l’a été en allemand, Hambourg, 1696 (M. de Frémery en prépare une traduction française) ; le Pend-Namehen anglais, 1788, et en français par Garcin de Tassy, 1822.

SAALE, nom commun à plusieurs riv. d’Allemagne : 1° La Saale saxonne ou Thuringienne, sort du Fichtelberg en Bavière (Haut-Mein), traverse les principautés ou duchés de Reuss, Saxe-Altenbourg, Saxe-Weimar, Anhalt-Bernbourg, Saxe-Meiningen, Schwartzbourg-Rudolstadt, et la Saxe prussienne (régence de Mersebourg), baigne les villes de Hof, Saalfeld, Iéna, Naumbourg, Mersebourg, Halle, Bernbourg, reçoit l’Elster, l’Onstrutt, l’Ilm, la Wipper, l’Orla, la Roda, et tombe dans l’Elbe à 11 kil. S. O. de Zerbst, après 380 kil. de cours. Elle donne son nom à un cercle de la régence prussienne de Mersebourg qui a pour ch.-l. Wettin. ; sous le 1er empire français, elle donna son nom à un dép. de la Westphalie, qui avait pour ch.-l. Halberstadt. — 2° La Saale franconienne naît envière (Bas-Mein), et se jette dans le Mein près de Gemünden, après 110 kil. de cours. — 3° La Saale autrichienne se jette dans la Salza à Salzburghausen, après un cours de 100 kil. — On a aussi donné le nom de Saale à l’Yssel.

SAALES, ch.-l. de c. (Vosges), à 13 kil. N. E.de St-Dié ; 1245 hab.

SAALFELD, v. murée du duché de Saxe-Meiningen-Hildburghausen, sur la Saale saxonne, à 9 kil. S. E. de Rudolstadt ; 5000 hab. École d’arts et métiers. Drap et autres étoffes, tabac, produits chimiques, etc. Fer exploité aux environs. Le prince Louis-Ferdinand de Prusse y fut battu par les Français en oct. 1806, et y périt. — Cette ville fut jusqu’en 1749 le ch.-l. d’une principauté indépendante ; elle fut ensuite réunie au duché de Saxe-Cobourg ; elle passa en 1826 à la maison de Saxe-Meiningen.

SAANE ou SARINE (la), riv. de Suisse, sort du glacier de Sanetsch dans le canton de Berne, arrose en partie ceux de Vaud et de Fribourg, baigne Gessenal, Gruyère, Fribourg, reçoit la Sanse, la Glane, et se jette dans l'Aar par la r. g. après un cours de 150 kil.

SAAR... V. SARRE...

SAARDAM, en hollandais Zaandam, v. du roy. de Hollande (Holl. sept.), sur le Zaan, à 13 kil. N. E. de Harlem; 12 000 hab. Aspect pittoresque, maisons de bois peintes en vert. Commerce de bois, navigation et pêche actives. Chantiers, fabriques de voiles, goudron. Près de 700 moulins à vent (il y en avait jadis 2800). — En 1697 Pierre le Grand vint apprendre dans les chantiers de cette ville la construction des vaisseaux sous le déguisement d'ouvrier charpentier et sous le nom de Pierre MikhaÏlov; on y montre encore sa demeure, dite Vostenborg.

SAARLOUIS, etc. V. SARRELOUIS, etc.

SAATZ, v. de Bohême, ch.-l. de cercle, sur l'Eger, à 75 kil. O. N. O. de Prague; 4500 hab. Trib. criminel, gymnase de Prémontrés. Houblon, vins. Fondée au VIIe s. — Le cercle, entre ceux d'Ellnbogen à l'O., de Leitmeritz au S., de Rakonitz à l'E., et le roy. de Saxe au N., a 2354 k. carrés et 150 000 hab.

SAATZIG, cercle des États prussiens (Poméranie), dans la régence de Stettin, a pour ch.-l. Stargard.

SAAVEDRA-FAXARDO (Diego de), écrivain et homme d'État espagnol, né en 1584 au bourg d'Algézarès (Murcie), m. en 1648, était prêtre. Il fut chargé de plus. missions (à Rome, en Suisse, en Allemagne), figura à Münster comme plénipotentiaire de l'Espagne et devint membre du grand conseil des Indes. Il a composé plusieurs écrits remarquables : le Prince politique chrétien, Münster, 1640 (trad. en latin par l'auteur et en français par Rou, 1668); la République des lettres, critique spirituelle d'écrivains anciens et modernes, surtout espagnols (trad. en fr., 1770); la Couronne gothique ou Histoire du royaume Goth en Espagne, ouvrage incomplet et peu estimé. Saavedra est un des bons écrivains de l'Espagne ; mais ses compatriotes ont beaucoup exagéré son mérite en le surnommant le Tacite espagnol. Ses Œuvres complètes ont été imprimées à Anvers, 1677-78, 1 vol. in-fol., et à Madrid, 1789-90, 10 vol. in-8.

SAAVEDRA (CERVANTÈS). V. CERVANTÈS.

SABA, dite aussi Mara, Mariaba, auj. Mareb ou Sabbiah, anc. v. d'Arabie, entre Mascate et l'Arabie Heureuse ou Yémen, près de la côte O., était habitée par les Sabéens, et était le ch.-l. d'un État dont la reine alla en Judée pour voir Salomon. C'était encore du temps des Ptolémées et de l'empire romain une place de commerce importante comme intermédiaire entre l’Éthiopie et la Syrie. Les Sabéens étaient le peuple le plus riche de l'Arabie : le commerce de la myrrhe, de l'encens, de la cinnamome, du baume, du vin de palmier, avait accumulé chez eux une prodigieuse quantité d'or et d'argent; Diodore et Strabon en donnent une description qui peut paraître fabuleuse. M. Jos. Arnaud a exploré en 1844 les ruines de Saba (Mareb). — Il existe en Arabie, sur la côte E., une autre ville du nom de Saba ou mieux Chébak où l'on place aussi la résidence de la reine de Saba. Quelques-uns enfin la font régner sur une ville de Saba, qui est en Éthiopie, sur la mer Rouge, par 18° env. de lat. N., à l'embouchure du Mareb.

SABACO, prince éthiopien, conquit l’Égypte vers 737 av. J.-C, fonda la 25e dynastie (qui n'a donné que 3 rois à l’Égypte, 737-698), et mourut en 726.

SABAOTH, c.-à-d. en hébreu des armées, mot que l'on trouve quelquefois ajouté au nom de Dieu ans les livres saints, pour dire : Dieu des armées.

SABARA (VILLA-REAL-DO-), v. du Brésil (Minas-Géraès), ch.-l. de la comarque de Rio-das-Velhas, au confluent du Sabara et du Rio-das-Velhas, à 90 k. N. de Villa-Rica; 9000 h. Lavage d'or.

SABAS (S.), fondateur de plusieurs monastères en Palestine, né en 439, m. vers 532, est fêté le 5 déc.

SABATHAI-SÉVI, faux Messie des Juifs, né à Smyrne en 1625, m. en 1676, était fils d'un courtier de commerce. Après avoir voyagé en Turquie et en Europe, il vint en 1665 à Jérusalem, s'y lia avec un Juif nommé Nathan, qui le reconnut publiquement pour le Messie, se donnant lui-même pour le Précurseur, séduisit un grand nombre de ses coreligionnaires, et fut sur le point d'opérer une révolution en Orient; mais il fut arrêté au milieu de ses triomphes et jeté en prison par ordre de Kiuperli, ministre de Mahomet IV. Amené devant le sultan, il avoua la fraude, embrassa l'Islamisme pour échapper au supplice, et devint un objet de risée.

SABATIER (Raphaël), chirurgien, né à Paris en 1732, m. en 1811, fut professeur et démonstrateur aux écoles de chirurgie et au Collége de France, chirurgien-major des Invalides, chirurgien-consultant de Napoléon et membre de l'Académie des sciences (1773). On a de lui : Traité complet d’anatomie, 1791; De la Médecine expectative, 1796 ; De la Médecine opératoire, 1796, traité complet de chirurgie, refondu en 1810. Son Éloge fut prononcé en 1812 par Percy.

SABATIER (l'abbé Ant.), dit de Castres, compilateur, né à Castres en 1742, m. en 1817, était clerc tonsuré. Il écrivit tour à tour pour et contre les philosophes, émigra, trafiqua de sa plume en Angleterre et en Allemagne, tenta en vain de se faire pensionner par Napoléon, obtint en 1814 des Bourbons une pension de 3500 fr., et n'en dénigra pas moins ses protecteurs. On a de lui : les Trois siècles de la littérature française, 1779; Dictionnaire des passions, des vertus et des vices, 1769; Dictionn. de littérature, 1770; les Siècles païens ou Dictionn. mythologique, héraldique, politique, littéraire et géographique de l'antiquité païenne, 1784, 9 vol., in-12. Il ne manque ni d'esprit, ni d'instruction, mais ses jugements sont entachés d'une grande partialité. — V. SABBATHIER.

SABAUDIA, nom latin de la Savoie au moyen âge.

SABBAT, de l'hébreu sabbath, repos. C'était, chez les Juifs, le 7e jour de la semaine, jour pendant lequel ils gardaient un repos absolu en mémoire du repos de Dieu après la création. Ils le plaçaient le samedi. Les Juifs modernes observent encore le sabbat avec rigueur. — On nommait Année sabbatique toute 7e année. Cette année-là, les terres restaient sans culture et les esclaves redevenaient libres.

SABBATHIER (Franç.), compilateur, né à Condom en 1732, m. en 1807, professa pendant 16 ans la 3e à Châlons-sur-Marne (1762-78) et fut en même temps secrétaire perpétuel de l'Académie de cette ville. Il fut en 1763 couronné par l'Académie de Berlin pour un mémoire sur la Puissance temporelle des papes. On lui doit un Dictionnaire pour l'intelligence des auteurs classiques grecs et latins, en 36 vol. in-8, 1766-90, espèce d'encyclopédie de l'antiquité; malheureusement cet important ouvrage s'arrête à la lettre S. Sérieys a publié en 1815, d'après les matériaux laissés par l'auteur, un 37e vol. qui achève ce dictionnaire, mais qui est fort incomplet. M. Bouillet a donné un abrégé de tout l'ouvrage dans son Dictionnaire classique de l'Antiquité sacrée et profane, 2 vol. in-8, 1824. — V. SABATIER.

SABÉENS, anc. peuple de l'Arabie Heureuse, était divisé en Sabéens proprement dits, Homérites, Adramites et Panchéens. V. SABA ou SABÉISME.

SABÉISME, culte rendu aux corps célestes, au soleil, à la lune et aux étoiles, était ainsi nommé des Sabéens, peuple chez lequel il a pris naissance. Cette religion était répandue longtemps avant le Christianisme, non-seulement en Arabie et en Égypte, mais dans toute l'Asie antérieure, et surtout chez les Chaldéens et les Perses. Confondu aujourd'hui avec un grand nombre d'autres religions, le Sabéisme n'existe plus sans mélange que chez quelques tribus isolées.

SABELLIANISME. V. SABELLIUS.

SABELLICUS (M. Ant.), historien, né à Rome en 1436, m. en 1508, enseigna l'éloquence à Udine, puis à Venise, rédigea une histoire de Venise, en latin, 1487, in-fol., commenta Tite-Live, Florus, Justin, Pline, etc., et composa un poëme De rerum inventeribus, Ven., 1502. SABELLIENS, Sabelli, nom générique par lequel on trouve quelquefois désignée cette famille de peuples montagnards qui dominaient en Italie sur tout l'Apennin central et méridional. Outre les Sabins, souche commune de la nation, on y comprenait les Picenins, les Vestins, les Marrucins, les Marses, les Hirpins, les Picentins, les Lucaniens.

SABELLIUS, hérésiarque du IIIe s., de Ptolémaïde, disciple de Noet, ne voyait dans la Trinité que trois actions diverses d'un même principe, lequel crée, sauve et donne la grâce. Le Sabellianisme compta beaucoup de partisans en Italie et jusqu'en Mésopotamie et fut anathématisé en 261 par le concile d'Alexandrie.

SABIANS, peuple et secte de la Turquie, les mêmes que les anciens Nabathéens. V. CHRÉTIENS DE ST-JEAN.

SABINE (la), partie des prov. de Rieti et de l’Abruzze Ult. 2e; contrée de l'Italie anc., vers le centre, entre l'Apennin, l'Anio, le Tibre et l'Étrurie, avait pour ch.-l. Cures et pour autres villes Réate, Crustumérie, Collatie, Spolète, Phalacrine. — Ce nom est resté à une anc. prov. des États de l'Église, entre l'Ombrie au N., le Patrimoine de St-Pierre à l'O., la Campagne de Rome au S. et le roy.de Naples à l'E.; ch.-l., Rieti. Elle comprenait la plus grande partie de l'ancienne Sabine, et a formé les délégations de Spolète et de Rieti et la comarque de Rome. Elle donne encore auj. son nom à un évêché romain.

SABINE (Ste), dame de l'Ombrie, fut convertie par sa servante et subit le martyre à Rome en 125. On l'hon. le 9 août.

SABINES (Enlèvement des). V. ROMULUS.

SABINIEN, pape de 604 à 606, succéda à Grégoire le Grand. C'est lui, dit-on, qui ordonna qu'on appelât le peuple à l'église par le son des cloches.

SABINIENS, école de jurisconsultes. V. SABINUS.

SABINS, anc. peuple de l'Italie, voisin de Rome, habitait le pays qui prit de lui le nom de Sabine (V. ce mot). Ils passaient pour autochthones et étaient la souche de toutes les populations sabelliennes. Les Sabins eurent des guerres fréquentes avec Rome. La 1re éclata après l'enlèvement des Sabines par les Romains, l'an 4 de R. (749 av. J.-C.) : après la réconciliation des deux peuples, les Sabins habitèrent la ville conjointement avec les Romains, mais en gardant leur roi Tatius et leur sénat particulier. La dernière eut lieu peu après la prise de Rome par les Gaulois : vaincus, les Sabins furent définitivement incorporés aux Romains. Ils se soulevèrent pendant les guerres des Samnites, mais furent bientôt soumis (290 av. J.-C.). Les Sabins, habitants des Apennins, avaient les mœurs agrestes, simples et sévères des peuples montagnards. Leurs dieux différaient de ceux de Rome; le principal était Medius Fidius ou Sancus, fils de Mars, qu'ils adoraient sous la forme d'une lance (quir) plantée en terre.

SABINUS (Aulus), poëte latin, contemporain et émule d'Ovide. On n'a de lui auj. que 3 Épîtres : on les trouve dans l'Ovide des Classiq. lat. de Lemaire.

SABINUS (Masurius), jurisconsulte du temps de Tibère, disciple d'Ateius Capito, donna le premier des consultations écrites et fut le chef de l'école des Sabiniens, rivale des Proculéiens. Les fragments de Sabinus ont été publiés à Venise, 1568, in-8.

SABINUS (Julius), Gaulois du pays des Lingones (pays de Langres), s'unit à Civilis contre les Romains au commencement du règne de Vespasien, prit le titre de césar et marcha contre les Séquanais, qui refusaient de prendre part à l'insurrection; mais il fut vaincu. Pour se dérober à la poursuite du vainqueur, il se retira dans un souterrain d'une maison de campagne et répandit le bruit de sa mort. Éponine, sa femme, qui n'avait pas été mise dans le secret, fut inconsolable, jusqu'à ce que son mari, instruit de son désespoir, lui fit connaître le lieu où il était caché; elle alla l'y trouver et mit au monde dans cette retraite 2 fils jumeaux. Sabinus échappa à toutes les poursuites pendant 9 ans; mais enfin les fréquentes visites de sa femme firent découvrir sa retraite. Il fut saisi et conduit à Rome, avec sa femme et ses deux enfants. En vain Éponine tenta d'attendrir Vespasien en se jetant à ses pieds et lui présentant ses jeunes enfants : l'empereur eut la cruauté de les faire mourir avec Sabinus (78 de J.-C.).

SABIONCELLO, presqu'île de la Dalmatie, sur l'Adriatique, vis-à-vis des îles de Meleda et de Curzola : 80 kil. sur 12; ch.-l., Stagno. Sur la côte S. O. est un village de Sabioncello, à 90 kil. N. O. de Raguse.

SABIONETTA, v. de Lombardie, entre Crémone et Mantoue; 6500 h. Citadelle; anc. principauté. Patrie de Gérard dit de Crémone.

SABIRES, Sabiri, peuple de la Sarmatie mérid., habitait, dans les Ve et VIe s., entre le Kouban et le Caucase, et vint, vers le milieu du VIe s., s'établir sur la Desna et aux environs du Dnieper, dans le pays qui prit d'eux le nom de Sébérie ou Sévérie.

SABLÉ, ch.-l. de cant. (Sarthe), au confluent de la Sarthe et de l'Erve, à 28 kil. N. O. de La Flèche; 5675 h. Beau pont de marbre noir; château qui domine la ville, belles promenades, chem. de fer pour le Mans. Fabrique de gants; grand commerce avec le Mans, Mayenne, Angers. Aux env., houille, marbre. Patrie d'Urbain Grandier. — Ville jadis très-forte : prise par les Normands en 869. Elle se rendit à Henri IV en 1589 et fut érigée en marquisat en 1602. On nomme paix de Sablé un traité conclu en 1488 entre Charles VIII et François II, duc de Bretagne.

SABLÉ (Madeleine de SOUVRE, marquise de), une des femmes les plus spirituelles du XVIIe s., fille du maréchal de Souvré, née en 1598, m. en 1678, était l'amie de Mme de Longueville. Son salon était le rendez-vous des beaux-esprits du temps : c'est là que furent élaborées les Maximes de La Rochefoucauld. On a d'elle des Maximes, 1678. M. V. Cousin a publié un livre intéressant sur Mme de Sablé, 1855.

SABLES D'OLONNE (LES), ch.-l. d'arr. (Vendée), à 5 kil. O. d'Olonne, à 37 kil. S. O. de Napoléon-Vendée, sur une presqu'île qui s'avance dans l'Océan ; 6996 h. Petit port de mer, chemin de fer. Trib., collége, école d'hydrographie. Bains de mer, pêche de sardines et expéditions pour Terre-Neuve. — Cette ville, bâtie sur un sol sablonneux (d'où son nom), fut fondée vers le Xe s. par des pêcheurs espagnols. Philippe de Comines, comte d'Olonne, fit accorder plusieurs privilèges à son port. Elle fut prise par les Réformés en 1570 et 1578, ruinée et démantelée par une flotte anglo-hollandaise en 1696, mais relevée depuis et fortifiée. Les Vendéens tentèrent vainement de la prendre en 1793.

SABLONVILLE, village du dép. de la Seine, contigu à l'enceinte de Paris, à l'O., en face du bois de Boulogne ; 1000 h. Il occupe l'emplacement de l'ancien parc des Sablons.

SABOUREUX DE LA BONNETERIE (Ch. Fr.), avocat, né à Paris en 1725, m. en 1781, est connu par une Traduction des anciens ouvrages latins relatifs à l'agriculture et à la médecine vétérinaire, Paris, 1771-75, 6 vol. in-8.

SABRAO (île), une des îles de la Sonde, à l'E. de celle de Flores, par 121° 5' long. E., 8° 15' lat. S. : 50 kil. sur 20; ch.-l., Adenara. Les missionnaires portugais ont converti presque toute la population.

SABRÈS, ch.-l. de cant. (Landes), à 33 kil. N. O. de Mont-de-Marsan ; 2525 hab. Fabriq. d'essences.

SACCHI (André), peintre, né à Rome en 1598, m. en 1661, fut le dernier élève de l'Albane. Il était bon coloriste et excellait dans le genre grave et grandiose : on admire de lui S. Romuald (à Rome), S. Grégoire, la Sagesse divine, l’Ivresse de Noé.

SACCHI (Juvénal), barnabite, né à Milan en 1726, m. en 1789, est auteur des Vies de Farinelli et de Marcello, et de plusieurs ouvrages estimés sur l'histoire et la théorie de la musique des anciens.

SACCHINI (Marie Gasp.), compositeur, élève, de Durante, né à Naples en 1735, mort en 1786, commença sa réputation à Rome, parcourut l’Allemagne, la Hollande, l’Angleterre, avec un succès croissant, et y mit le comble en France, où il arriva en 1782. Grâce à la protection de la cour, à laquelle l’avait recommandé l’empereur Joseph II, il put, malgré l’opposition de l’Académie royale de musique, faire jouer plusieurs opéras dont les meilleurs sont : Renaud, Chimène, Dardanus, Œdipe à Colone ; toutefois, l’attention publique, absorbée par la dispute des Gluckistes et des Piccinistes, n’apprécia pas ces chefs-d’œuvre à leur juste valeur. Sacchini sut, dans l’instrumentation, produire de beaux effets par des moyens fort simples ; il fut peut-être le plus grand maître de son époque ; il réunissait les mérites de Gluck et de Piccini. Il brille surtout par le charme : on l’a surnommé le Racine de la musique.

SACES, Sacæ, peuple de la Scythie asiatique, au N. de la Sogdiane, et à l’O. de l’Inde, dans le pays actuel des Kirghiz. Ils firent des invasions dans la Bactriane, et jusqu’en Asie-Mineure et en Arménie, où une province fut appelée de leur nom la Sacasène. Cyrus remporta sur eux une victoire en mémoire de laquelle il institua des fêtes appelées Sacæa. Ils furent subjugués par Darius Ier. — On appelle dans l’Inde Ère des Saces, une ère qui commence l’an 78 de J.-C. et qui est la même que l’ère de Salivahna.

SACHEVERELL (H.), recteur ou curé anglican d’une paroisse de Southwark (faubourg de Londres), né vers 1672, m. en 1724, acquit une grande célébrité en 1709 par des sermons politiques où il ridiculisait le parti whig, qui était alors au pouvoir, et s’élevait contre la tolérance accordée aux non-conformistes. Traduit devant la Chambre haute (1710), il fut suspendu pour trois ans ; mais la reine Anne, qui avait suivi le procès secrètement, trouvant ses doctrines de son goût, lui donna de l’avancement.

SACHS (Hans), poëte allemand. V. HANS SACHSE.

SACILE, v. murée de Vénétie, près de la Livenza, à 65 kil. S. O. d’Udine ; 4000 hab. Eug. Beauhamais y fut repoussé par l’archiduc Jean en 1809.

SACKEN (le baron OSTEN), général russe, né en 1750, m. en 1837, combattit d’abord les Turcs et les Polonais, fut envoyé, avec le titre de général, contre Masséna en Suisse, fut défait et pris à la bataille de Zurich. Rendu à la liberté, il fut constamment employé dans les guerres contre la Turquie et contre la France. Nommé en 1814 gouverneur de Paris, il se fit estimer par sa modération et sa justice.

SACKVILLE (Thomas et Édouard). V. DORSET.

SACRAMENTAIRES, secte de Réformés qui, s’éloignant de l’opinion de Luther sur le sacrement de l’Eucharistie, rejetèrent la présence réelle de J.-C. : tels furent Zwingle, Carlostadt, Œcolampade, Muncer, Storck, Martin Bucer. Cette différence d’opinion donna lieu à une séparation qui éclata dès le 22 août 1524 entre Luther et plusieurs de ses principaux adhérents, et qu’on nomma Guerre des Sacramentaires.

SACRAMENTO (Rio-), riv. de la Hte-Califomie, prend sa source au pic de Shaste, vers 40° lat. N., coule du N. au S. entre la Sierra-Nevada et la Cordillère de la côte, passe à Sacramento, et se joint au San-Joaquim dans la baie de San-Francisco. Il roule du sable aurifère. — Sur sa r. dr., au confluent du fleuve avec le Feather, s’élève la ville de Sacramento, la 2e ville en importance de la Californie ; 40 000 hab. Grand entrepôt commercial.

SACRAMENTO (COLONIA DEL). V. ST-SACREMENT.

SACRÉ (Cap), Sacrum promontorium, nom commun dans l’antiquité à divers caps, entre autres au cap St-Vincent et au cap Corse.

SACRÉ (Mont-), auj. Castel-san-Silvestri, à 5 kil. N. O. de Rome, près de la voie Nomentane, est célèbre par la retraite des plébéiens en 493 av. J.-C., retraite qui amena l’institution des tribuns du peuple. En 449, une partie de l’armée et du peuple se retira aussi sur le Mont-Sacré, après l’attentat commis par le décemvir Appius Claudius sur Virginie.

SACRÉ-CŒUR, nom de deux fêtes dans l’Église catholique : 1o celle du Sacré-Cœur de Jésus, instituée vers 1698, à la suite des révélations de Marie Alacoque (V. ce nom et GALLIFET) : célébrée d’abord le 3e dimanche après la Pentecôte, elle a été transférée en 1822 au 2e dimanche de juillet ; 2o celle du Sacré-Cœur de Marie, connue dès 1661, approuvée par Clément X en 1676, et qui se célèbre le 8 février.

SACRÉE (Voie), Via sacra, rue de Rome qui, se dirigeant du N. E. à l’O., allait du mont Palatin au mont Capitolin et conduisait au Capitale. C’est par là que les triomphateurs se rendaient au temple.

SACRÉES (Guerres), nom donné dans l’histoire de la Grèce à trois guerres qui eurent pour but de défendre le temple de Delphes. La 1re eut lieu de 600 à 595 av. J.-C. contre les Crisséens, qui pillaient les fidèles qui se rendaient à Delphes. Crissa et Cirrha, leurs villes principales, furent prises d’assaut et leur territoire ravagé, 595. — La 2e, vers 448, eut pour cause le pillage de Delphes par les Phocidiens ; mais ceux-ci n’y jouèrent qu’un rôle secondaire : la lutte s’engagea entre Sparte et Athènes, déjà rivales. Les Athéniens furent vaincus à Chéronée (447). — La 3e eut lieu de 354 à 348 avant J.-C. Ce furent également les Phocidiens qui l’excitèrent en faisant une irruption sur le territoire de Delphes et ravissant les trésors du temple. Cette guerre ouvrit à Philippe, roi de Macédoine, qui se porta défenseur du territoire sacré, un accès dans les affaires de la Grèce, et fut terminée par la dévastation de la Phocide. Les Phocidiens eurent pour généraux dans cette guerre trois frères, Philomèle, Onomarque et Phayllus, qui tous trois succombèrent dans la lutte.

SACREMENT (Fête du St-). V. FÊTE-DIEU.

SACRIFICATEUR (GRAND). V. GRAND PRÊTRE.

SACRIPORTUS, lieu du Latium, chez les Volsques, près de Signia, célèbre par une victoire que Sylla remporta sur le parti de Marius, 82 av. J.-C.

SACROBOSCO (J. d'HOLYWOOD, dit de), astronome du XIIIe s., né dans le comté d’York, acheva ses études à Oxford, vint habiter Paris et y mourut en 1256. Il a laissé : De Sphæra mundi, abrégé de Ptolémée longtemps classique, Ferrare, 1472 ; De anni ratione seu de computo ecclesiastico, Wittemb., 1588.

SACROVIR (JULIUS), Éduen, d’une illustre naissance, souleva la partie occid. et mérid. de la Gaule contre l’emp. Tibère pendant que J. Florus soulevait le nord, fut battu par C. Silius près Autun, en 21, et se tua. Rosny a publié Julius Sacrovir ou le Dernier des Éduens, poëme en prose, 1803,

SACY (L. Isaac LEMAISTRE, dit de), né à Paris en 1612, était frère du célèbre avocat Antoine Lemaistre, et parent par sa mère du grand Arnauld. Il embrassa l’état ecclésiastique, partagea les doctrines jansénistes d’Arnauld et de St-Cyran, eut la direction des religieuses de Port-Royal, et s’établit dans ce monastère, auquel il donna tout son bien. Lors des persécutions dirigées contre les Jansénistes (1661), il se vit obligé de se cacher ; découvert en 1666, il fut enfermé à la Bastille et y resta trois ans : c’est dans cette prison qu’il entreprit la traduction de la Bible. Il retourna en 1675 à Port-Royal, mais fut de nouveau forcé d’en sortir, et se retira auprès du marquis de Pomponne, son cousin, chez lequel il mourut en 1684. On a de lui l’Hist. de l’Anc. et du Nouveau Testament, des traductions de l’Anc. Testament, lat.-fr., avec des explications (Paris, 1672, 30 vol. in-8, souvent réimpr.) ; du Nouveau Testament, Mons, 1667, 2 v. in-8. (cette traduction, connue sous le nom de Nouveau Testament de Mons, fut condamnée par le pape en 1668) ; de l’Imitation de J.-C., 1662. Il a aussi trad. le Poëme de S. Prosper contre les Ingrats (en vers et en prose), les Fables de Phèdre, et quelques comédies de Térence (l’Andrienne, les Adelphes, le Phormion), etc. Le nom de Sacy ou plutôt Saci, qu’il portait, n’était que l’anagramme d’Isaac, un de ses prénoms.

SACY (Louis de), avocat au parlement de Paris, né à Paris en 1654, m. en 1727, cultiva les lettres tout en suivant le barreau, et fut reçu en 1701 à l' Académie française. On a de lui une traduction de Pline le Jeune, plus élégante qu'exacte (Lettres, 1699-1701; Panégyrique de Trajan, 1709); un Traité de l'Amitié, 1703, dédié à Mme Lambert; un Traité de la Gloire, 1714; des Mémoires et Factums, 1724.

SACY (Silvestre de), savant orientaliste, né à Paris en 1758, m. en 1838, était fils d'un notaire. Il apprit les langues orientales presque sans maître, tout en étudiant le droit; fut pourvu dès 1781 d'une charge de conseiller à la cour des monnaies, et devint en 1791 un des commissaires généraux des monnaies. Élu en 1785 associé libre de l'Académie des Inscriptions, il en devint en 1792 membre ordinaire, et en 1833 secrétaire perpétuel. Il fut appelé en 1795 à la chaire d'arabe de l'école des langues orientales, qu'on venait de créer, et y joignit en 1806 celle de persan au Collége de France. A la Restauration, il fut nommé censeur royal, puis membre du conseil de l'Université (1814) ; mais il quitta ce haut poste au bout de peu d'années, ne pouvant approuver les tendances anti-libérales de ses collègues. Il devint en 1822 administrateur du Collége de France et de l'École des langues orientales; fonda, la même année, la Société asiatique dont il eut la présidence, fut nommé en 1832 conservateur des manuscrits de la Bibliothèque royale et élevé à la pairie. M. de Sacy savait plus de 20 langues, principalement l'arabe, le persan, le turc, l'hébreu, le syriaque. Il joignait à la science une grande piété, mais il était attaché aux doctrines jansénistes. Ses principaux ouvrages sont : Principes de Grammaire universelle (1799), un des meilleurs manuels de grammaire philosophique qu'on possède; Grammaire arabe (1810 et 1831), devenue classique ; Chrestomathie arabe; Relation de l’Égypte, traduite de l'arabe d'Abdallatif ; des trad. de Calila et Dimna (original des fables de Bidpay), du Pend-Nameh ou Livre des conseils de Férid-eddyn-Attar, de l’Hist. des Arabes d'Aboul-Féda, de l’Hist. des Sassanides de Mirkbond, et l’Exposé de la religion des Druses, publié l'année même de sa mort (1838). Des Mélanges de la littérature orientale, tirés de ses écrits et précédés de son Éloge par M. le duc de Broglie, ont été publiés en 1861. — Son fils, M. Ustazade de Sacy, né en 1801, s'est voué à la critique littéraire et a été élu en 1854 membre de l'Académie française.

SADDUCÉENS. V. SADUCÉENS.

SADE (Hugues de), dit le Vieux, d'une famille noble de Provence, qui exerça pendant plusieurs siècles de père en fils les premières charges municipales dans Avignon, vivait au XIVe s. et était le mari de la célèbre Laure de Noves, qui fut aimée de Pétrarque. Il répara à ses frais en 1355 le célèbre pont d'Avignon. Après lui, la maison de Sade forma 3 branches, celles de Mazan, d'Eyguières et de Tarascon, issues toutes les trois de son 3e fils.

SADE (l'abbé Jacq. de), de la même famille que le précédent, né en 1705, m. en 1778, vicaire général des archevêques de Toulouse et de Narbonne, a donné : Remarques sur les premiers poëtes français et sur les troubadours; Œuvres choisies de Pétrarque, trad. de l'italien, avec des Mémoires sur ce poëte, 1764, ouvrage estimé.

SADE (Alph. Franç., marquis de), homme fameux par ses vices, neveu du prec., né à Paris en 1740, servit quelques années, se retira en 1766 avec le grade de capitaine de cavalerie, et épousa Mlle de Montreuil, femme distinguée par ses vertus. Il ne tarda pas néanmoins à se livrer au libertinage le plus effréné, qu'il accompagnait d'atroces violences, fut arrêté à Paris en 1768, et condamné à mort à Marseille en 1772 pour un crime commis dans une scène de débauche, fut par commutation de peine enfermé à Vincennes, puis à la Bastille, enfin à Charenton, et ne recouvra sa liberté qu'à la Révolution (1790). Il se jeta dans le parti des démocrates, et se mit en même temps à publier des livres horribles, où il justifiait tous les vices et tous les crimes. Bonaparte, devenu consul, le fit reconduire à Charenton (1803) et saisit ses papiers, qui furent détruits pour la plupart. Il mourut à Charenton en 1814, dans sa 75e année. Outre des romans infâmes qui doivent être ensevelis dans l'oubli, il a laissé quelques pièces de théâtre, restées manuscrites.

SADELER (Hans), graveur au burin, né à Bruxelles en 1550, m. à Venise en 1610, fut le chef d'une famille de graveurs très-distinguée. Le plus célèbre, Gilles Sadeler, son neveu, né en 1570 à Anvers, m. en 1629, traitait avec un égal talent le portrait et le paysage : on l'a surnommé le Phénix de la gravure.

SADI, poëte persan. V. SAADI.

SADOC, Juif célèbre qui vivait au IIIe s. av. J.-C., est le chef des Saducéens. V. ce mot.

SADOLET (Jacq.), cardinal et érudit italien, né en 1477 à Modène, m. en 1547; fut avec Bembo secrétaire de Léon X et de Clément VII, et fut créé cardinal par Paul III (1536). Il tenta vainement d'empêcher Clément VII d'accéder à la ligue contre Charles-Quint, eut une grande part à la trêve conclue à Nice en 1538 entre ce prince et François I, fut député en 1542 vers François pour l'engager à la paix, et refusa les offres de ce prince, qui voulait le retenir en France. Sadolet avait pris Cicéron pour modèle et excellait, ainsi que Bembo, son ami, à écrire le latin avec une remarquable pureté. D'un caractère conciliant, il sut se faire aimer des Réformés eux-mêmes. On a de lui : Philosophiæ consolationes, 1502; De liberis recte instituendis, 1533 (trad. en franç. par P. Charpenne, 1855); Phædrus sive de laudibus philosophiæ, 1538 (trad. par Charpenne, 1864) ; des poésies latines estimées; des Lettres latines pleines d'intérêt. Ses œuvres ont été recueillies à Vérone, 1737, 4 vol. in-4. M. A. Joly a publié une Étude sur Sadolet, Caen, 1857.

SADOWA, v. de Bohême, près Kœnigin-grætz (V. ce nom). Le 3 juillet 1866, les Prussiens y ont remporté sur les Autrichiens une victoire décisive.

SADUCÉENS, secte juive, ainsi nommée de Sadoc, son fondateur, se forma vers 248 av. J.-C. Les Saducéens s'en tenaient au texte de la loi, sans admettre les explications, repoussaient les traditions, la croyance aux bons et aux mauvais anges, et niaient l'immortalité de l'âme ainsi que la résurrection des morts; ils n'en croyaient pas moins au libre arbitre et à la providence, mais ils ne servaient Dieu qu'en vue de récompenses terrestres. Ils étaient peu nombreux, mais comptaient dans leurs rangs beaucoup d'importants personnages. Au IIe s. av. J.-C., ils formèrent un parti politique, opposé à celui des Pharisiens ; les règnes d'Hyrcan I et d'Aristobule I furent l'apogée de leur puissance.

SADYATTE, roi de Lydie (621-610 av. J.-C.), père d'Alyatte et grand-père de Crésus, fit aux Milésiens une guerre qui fut terminée sous son fils.

SÆTABIS, auj. Xativa ou Jativa, v. d'Hispanie (Bétique), à 40 kil. S. O. de Sucro, était renommée par son lin et ses toiles.

SAFFI, Rusupis, v. murée et port de Maroc, sur l'Océan Atlantique, à 150 kil. N. de Mogador; 12 000 hab. Rade bonne en été. Commerce florissant avant que les marchands européens eussent été forcés de résider à Mogador. Prise par les Portugais en 1508, abandonnée en 1641.

SAGAN, v. murée des États prussiens (Silésie), ch. de cercle, sur la Bober, à 75 kil. N. O. de Liegnitz : 5000 h. Anc. principauté, qui appartint à la famille de Biren; beau château. Les Russes y battirent les Prussiens en 1759.

SAGAS, récits poétiques composés par les Scaldes ou Bardes scandinaves, du XIe au XVIe siècle, et où sont consignées les traditions mythologiques et historiques du Danemark, de la Suède, de la Norvége et de l'Islande. Les plus remarquables des Sagas, recueillies pour la plupart par Sœmund-Sigfusson, sont celles de Lodbrok, de Hervara, de Vilkina, de Volsunga, de Blomsturvalla, d’Ynglinga, d’Olaf Tryggva Sonar, de Jomsvikingia, de Knytlinga (qui renferment l’histoire de la Norvége et du Danemark), celles de Sturlunga, Eryrbiggia (relatives à l’Islande) ; enfin l’Heimskringla et la Nouvelle Edda, dues à Snorro Sturleson. On en a publié divers recueils, soit dans la langue originale, à Copenhague, de 1825 à 1829, soit en latin, sous le titre de Scripta historica Islandorum de gestis veterum Borealium, Copenhague, 1828-33.

SAGE (George), savant français, né à Paris en 1740, m. en 1824, suivit les cours de Nollet et de Rouelle, devint membre de l’Académie des sciences en 1770, professeur de minéralogie expérimentale en 1778 à la Monnaie, et directeur de l’École des mines en 1783. Il eut le tort de se prononcer contre les découvertes de Lavoisier et de Haüy. Ses principaux ouvrages sont : Examen chimique des différentes substances minérales, 1769 ; Éléments de chimie docimastique, 1772, Exposé des principales découvertes faites dans l’espace de 50 années, 1813 ; Découvertes minérales faites dans l’espace de 60 ans, 1819.

SAGES (les Sept) de la Grèce, nom donné à sept Grecs illustres du VIe s. av. J.-C., savoir : Thales, Solon, Bias, Chilon, Cléobule, Pittacus, Périandre. Quelquefois à Périandre on substituait Myson de Chen ou Anacharsis, bien que ce dernier fût Scythe. Ils s’occupaient surtout de morale et de politique. Chacun d’eux avait adopté une sentence qui était comme sa devise. V. leurs noms.

SAGESSE (le livre de la), un des livres de la Bible, se compose de deux parties : l’une est un éloge de la sagesse, l’autre renferme des réflexions sur les effets de cette sagesse dans le monde et sur l’idolâtrie. L’auteur en est inconnu ; quelques-uns l’ont attribué à Salomon ; mais il paraît être beaucoup plus récent. Ce livre n’existe plus qu’en grec.

SAGHALA, sandjakat de la Turquie d’Asie, entre ceux de Saroukhan au N. E., d’Aïdin au S. E., et la Méditerranée : 130 kil. sur 110 ; ch.-l., Smyrne.

SAGHALIEN, grand fleuve d’Asie. V. AMOUR.

SAGITTAIRE (le), une des constellations du zodiaque, est, selon la Fable, le centaure Chiron divinisé.

SAGONTE, Saguntus ou Saguntum, v. d’Hispanie (Tarraconaise), chez les Edetani, sur la côte E., près de l’emplacement actuel de Murviedro, passait pour avoir été fondée par des Zacynthiens unis à des Rutules d’Ardée. Rome fit alliance avec cette ville entre les deux premières guerres puniques. Annibal l’assiégea en pleine paix, et la prit en 219 av. J. C., malgré l’héroïque résistance des habitants, qui se brûlèrent plutôt que de se rendre ; les Romains la reprirent en 210. Suchet gagna près de là en 1811 une bataille qui fut nommée la bat. de Sagonte.

SAGRA, petite riv. du Brutium, entre le pays des Locriens et celui des Crotoniates, se jette dans la mer Ionienne. Sur ses bords, 15 000 Locriens défirent 130 000 Crotoniates.

SAGRES, v. forte de Portugal (Algarve), sur l’Océan, à 35 kil. S. O. de Lagos. Fondée en 1416 par l’infant don Alphonse Henri, qui y établit une école de navigation : c’est de là que partirent les expéditions qui allaient chercher le passage aux Indes par le Sud de l’Afrique septentrionale.

SAHARA, région de l’Afrique qui s’étend entre le Tell et le vrai désert, au S. du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie. On lui donne 5000 kil. de l’O. à l’E., et 2000 du N. au S. C’est comme un vaste archipel d’oasis, peuplées d’Arabes, de Maures, de Touaregs, de Touats et de Tibbous. Les endroits principaux sont : sur la côte de l’Atlantique, Arguin, Portendik, St-Cyprien, Rio-de-Ouro ; dans l’intérieur, Agably, Ghat, Aghadès, Bilma, Gonda, etc. On ne traverse le Sahara qu’en caravanes. De hardis Européens, Lyon, Oudney, Denham, Clapperton, Laing, Caillié, s’y sont aventurés et nous ont donné quelques connaissances sur ce pays. L’eau y est très-rare et la chaleur insupportable. Des vents brûlants (notamment le Simoun) y soufflent et ensevelissent des caravanes entières sous les nuées de sable qu’elles soulèvent ; le phénomène du mirage y est fréquent. Le sel y abonde ; la végétation est pauvre, sauf dans les oasis. On y rencontre le lion, la panthère, l’autruche, les singes, d’énormes serpents boas. — On croit que le Sahara n’est que le bassin desséché d’une mer qu’une grande convulsion de la nature aura fait disparaître. — On doit à M. le général Daumas de savantes études sur le Sahara algérien.

SAHEL, c.-à-d. côte, rivage, mot arabe appliqué depuis la conquête de l’Algérie à des collines qui s’étendent à l’O. et à l’E. d’Alger, sur le bord de la mer et au N. de la plaine de la Mitidja.

SAÏD, nom arabe de la Hte-Égypte. V. ÉGYPTE.

SAÏD-PACHA, vice-roi d’Égypte, fils de Méhémet-Ali, né en 1822, d’une mère circassienne, m. en 1863, fut élevé à l’européenne. Appelé au trône en 1854, il fit d’utiles réformes, seconda de tout son pouvoir l’entreprise du canal de Suez et fit ouvrir sur la Méditerranée, à l’extrémité N. du canal projeté, un port qui reçut en son honneur le nom de Port-Saïd.

SAÏDE ou SAÏDA, l’anc. Sidon, v. et port de Syrie (Acre), sur la Méditerranée, à 32 k. S. O. de Beyrouth ; env. 12 000 hab. Consulat français. Ville grande, mais sale et mal bâtie ; jadis commerçante et fort riche (V. SIDON). L’émir Fakhr-ed-Dyn fit combler son port vers 1630. La ville actuelle a été souvent ravagée par des tremblements de terre et par la peste. On y trouve beaucoup de ruines et des sépultures des anciens rois de Syrie.

SAIGNES, ch.-l. de c. (Cantal), sur une roche basaltique, à 17 kil. N. E. de Mauriac : 525 hab. Eau ferrugineuse. Ruines d’un château fort.

SAÏGON, v. et port de la Basse-Cochinchine, sur le fleuve Saïgon, par 104° 22’ long. E., 10° 50’ lat. N. ; env. 10 000 hab. (jadis beaucoup plus peuplée). Rues régulières, pagodes nombreuses, palais du vice-roi, forte citadelle, construite en 1790 par le colonel français Olivier ; beaux et vastes magasins à riz, casernes, chantiers de marine, arsenal ; canal qui joint le fleuve Saïgon au Meï-kong et communique avec la ville de Cambodje. Port libre. Grand commerce. — Cette ville fut prise le 17 fév. 1859 par la flotte franco-espagnole et devint dès lors le chef-lieu de nos possessions en Cochinchine. Il y fut signé en 1862 un traité qui nous assurait la possession de la plus grande partie de la Cochinchine (prov. de Gia-dinh, Bienhoa, Mytho, Poulo-Condor).

SAII, peuple de la Gaule (Lyonnaise 2e), entre les Carnutes à l’E. et les Viducasses à l’O., avait pour ch.-l. Saii, auj. Séez (Orne).

SAILLAGOUSE, ch.-l. de c. (Pyr. orient.), sur la Sègre, à 35 kil. S. O. de Prades, près de la frontière d’Espagne ; 549 hab.

SAILLANS, ch.-l. de c. (Drôme), sur la Drôme, à 25 kil. S. O. de Dié ; 1745 hab. Filatures de coton et de soie, briqueteries, fours à chaux.

SAINS, ch.-l. de c. (Aisne), à 13 kil. O. de Vervins ; 2445 hab. Batiste, linon ; forges. — Autre ch.-l. de c. (Somme), à 9 kil. S. d’Amiens ; 779 hab.

SAINT-ACHEUL, anc. abbaye de moines Augustins, en Picardie (Somme), aux portes d’Amiens, fondée au IVe s. par S. Firmin, 1er évêque d’Amiens. Sous la Restauration, les Jésuites, appelés alors Pères de la Foi, y tinrent un collége florissant.

SAINT-AFFRIQUE, ch.-l. d’arr. (Aveyron), sur la Sorgue, à 44 kil. S. E. de Rhodez ; 6807 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége, dirigé depuis 1851 par les Jésuites ; église calviniste. Draps communs, molletons, fromages. Cette ville joua un rôle dans les guerres de la Réforme : c’était une des principales places des Calvinistes. Elle fut assiégée et prise par Louis XIII en 1629.

SAINT-AGNANT, ch.-l. de c. (Charente-Inf.), à 15 kil. de Marennes ; 1205 hab.

SAINT-AGRÈVE, ch.-l. de C (Ardèche), à 40 kil. O. de Tournon ; 3133 hab. Vins, fruits, châtaignes ; grains, bestiaux. Ruines d’un château fort. SAINT-AIGNAN, ch.-l. de c. (Loir-et-Cher) ; sur le Cher, à 38 kil. S. de Blois ; 3600 hab. Bois, vins, cuirs, draps blancs ; pierres à fusil, jadis titre de duché.

SAINT-AIGNAN-SUR-ROÉ, ch.-l. de c. (Mayenne), à 35 kil. N. de Châteaugontier ; 883 hab.

SAINT-AIGNAN (le duc de). V. BEAUVILLIERS.

SAINT-ALBAN, v. d’Angleterre (Hertford), à 19 kil. O. d’Hertford, à 30 kil. N. O. de Londres, sur la route de Londres à Birmingham ; 6000 hab. Monastère fameux, bâti par Offa en 792, détruit en 1539, et auquel la ville moderne doit son origine. Tombeau de Fr. Bacon, qui avait été créé par Jacques I vicomte de St-Alban. — César défit en ce lieu Cassiveliaunus, chef des Bretons ; la reine Boadicée y fit massacrer 70 000 Romains. Il s’y livra en 1455 une bataille dans laquelle le duc d’York, Richard, battit le roi Henri VI et s’empara de sa personne ; en 1461 Marguerite y battit Warwick et reprit Henri.

SAINT-ALBIN (Alex. ROUSSELIN de), publiciste, né en 1773, m. en 1847. Il embrassa avec ardeur les doctrines de la Révolution, s’attacha à Danton et à Camille Desmoulins, fut en l’an II (1794) commissaire national à Troyes, puis commissaire aux armées, remplit plusieurs missions avec zèle et avec intégrité, devint en 1799 secrétaire général de la guerre sous Bernadotte, et fut pendant les Cent-Jours secrétaire de l’intérieur sous Carnot. Il fut en 1815 un des fondateurs de l’Indépendant, qui peu après se fit appeler le Constitutionnel, et resta jusqu’en 1838 un des principaux rédacteurs de cette feuille. On lui doit une Vie de Hoche, une Vie de Championnet et quelques autres biographies militaires ; il a laissé sur la Révolution et sur l’Empire des ouvrages qui pour la plupart sont restés manuscrits (Vie de Danton, Vie de Dugommier, Mémoires de Barras, Conjuration de Malet, etc.).

SAINT-ALLAIS (VITON de), généalogiste, né à Langres en 1773, d’une famille bourgeoise, m. en 1842, recueillit de précieux renseignements sur l’origine d’un grand nombre de familles, et fonda un cabinet de généalogiste qui attira bientôt une nombreuse clientèle, grâce à la facilité avec laquelle il admettait certaines généalogies. Ses principaux ouvrages sont : Histoire générale des ordres de chevalerie, 1811 ; Tablettes chronologiques de l’Europe, 1812 ; Hist. généalogique des maisons souveraines de l’Europe, 1812 ; Nobiliaire universel de France, 1814-1820 ; Dictionnaire de la noblesse, 1819 ; Armorial de France, 1817. Il commença en 1819 une nouvelle édition de l’Art de vérifier les dates, qui fut continuée par Fortia d’Urban.

SAINT-ALVÈRE, ch.-l. de cant. (Dordogne), à 31 kil. N. E. de Bergerac ; 1766 h. Château en ruine.

SAINT-AMAND, ch.-l. de cant. (Loir-et-Cher), à 14 kil. S. de Vendôme ; 673 h.

SAINT-AMAND-DE-BOIXE, ch.-l. de cant. (Charente), à 16 kil. N. O. d’Angoulême ; 1689 hab.

SAINT-AMAND-EN-PUISAYE, ch.-l. de cant. (Nièvre), à 29 kil. N. E. de Cosne ; 2331 hab. Poteries.

SAINT-AMAND-LES-EAUX, Oppidum S. Amandi, ch.-l. de cant. (Nord), sur la r. g. de la Scarpe, à 13 kil. N. O. de Valenciennes ; 10 210 h. Collége. Ville industrielle et commerçante : chanvre, lin de fil, batiste. À 4 kil. de là, eaux minérales et boues sulfureuses, célèbres surtout depuis Louis XIV. Anc. monastère fondé par S. Amand ; antiquités.

SAINT-AMAND-MONTROND, ch.-l. d’arr. (Cher), à 44 k. S. E. de Bourges : 8607 h. Trib. de 1re inst. ; collége. Ruines du château de Mont-Rond, qui domine la ville. Commerce actif (laines, merrain, fer, vin).

SAINT-AMANS, ch.-l. de cant. (Lozère), à 32 k. N. de Mende ; 358 hab. Serges.

SAINT-AMANS-DES-COPTS, ch.-l. de cant. (Aveyron), à 40 kil. N. O. d’Espalion ; 1321 hab.

SAINT-AMANS-LA-BASTIDE ou SOULT, ch.-l. de cant. (Tarn), à 27 kil. S. E. de Castres ; 2374 hab.

SAINT-AMANT, dit Roche-Savine, ch.-l. de cant. (Puy-de-Dôme), à 13 kil. O. d’Ambert ; 1956 h.

ST-AMANT-TALLENDE, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme) à 21 kil. S. de Clermont ; 1531 h. Chevaux, abeilles.

SAINT-AMANT (Marc Ant. GÉRARD de), poëte, né à Rouen en 1594, m. en 1661, s’attacha au comte d’Harcourt qu’il suivit dans ses campagnes, parcourut l’Europe comme soldat et comme voyageur, apprit plusieurs langues vivantes, et fut un des premiers membres de l’Académie française, qui le chargea de rédiger dans son Dictionnaire les mots du langage burlesque. On a de lui un poème épique (Moïse sauvé) et des Œuvres diverses, satires, odes, sonnets, où il y a beaucoup de verve et même de grandeur, mais où souvent il viole les règles du goût. Son poëme de Moïse lui attira les sarcasmes de Boileau. Ch. Livet a publ. ses Œuvres, (2v. in-16, 1856.

SAINT-AMARIN, v. d’Alsace-Lorraine, à 43 kil. N. de Béfort, près de la Thur, dans une belle vallée ; 2296 hab. Toiles de coton ; usines à fer.

SAINT-AMBROIX, ch.-l. de cant. (Gard), sur la Cèse, à 19 kil. N. E. d’Alais ; 4060 h. Église calviniste. Filoselle, houille.

SAINT-AMOUR, ch.-l. de cant. (Jura), à 33 kil. S. O. de Lons-le-Saulnier : 2343 h. Collége, Tanneries, marbreries ; mines de fer, forges. Patrie de Guillaume de St-Amour.

SAINT-AMOUR (Guillaume de), docteur de Sorbonne et chanoine de Beauvais, né vers 1200 à St-Amour, m. en 1272, combattit l’institution des Frères mendiants, et publia en 1256 les Périls des derniers temps, livre hardi qui fut condamné par le pape.

SAINT-ANDRÉ, ch.-l. de cant. (B.-Alpes), sur le Verdon, à 16 kil. N. de Castellane ; 894 h. Fruits.

SAINT-ANDRÉ, v. de Hongrie, dans le comitat de Pesth, sur le Danube, à 15 k. N. de Bude ; 8000 h. Excellents vins, dits vins de Bude.

SAINT-ANDRÉ, v. d’Écosse. V. SAINT-ANDREWS.

SAINT-ANDRÉ-D’APCHON, bg de la Loire, à 11 kil. O. de Roanne ; 1810 hab. Eaux minérales.

SAINT-ANDRÉ-DE-CUBZAC, ch.-l. de cant. (Gironde), sur la Dordogne, à 21 kil. N. E. de Bordeaux, au N. de Cubzac ; 3690 hab. Vins.

SAINT-ANDRÉ-DE-VALBORGNE, ch.-l. de cant. (Gard), à 30 kil. N. E. du Vigan ; 1812 hab. Filatures.

SAINT-ANDRÉ-LA-MARCHE, ch.-l. de c. (Eure), à 17 kil. S. E. d’Évreux ; 1492 hab. Toiles, coton.

SAINT-ANDRÉ (Jacques d’ALBON de), vaillant capitaine, servit sous Henri II et ses successeurs, se fit remarquer par son courage dans les guerres contre les Calvinistes, fut fait maréchal en 1547, fut pris par les Espagnols à la bat. de St-Quentin, 1557, et pressa, pour obtenir sa liberté, la conclusion du traité de Cateau-Cambrésis (1559) ; forma en 1561, avec le connétable de Montmorency et le duc de Guise, la fameuse ligue connue sous le nom de Triumvirat, combattit avec eux contre les Calvinistes à Dreux, et fut tué dans la bataille (1562).

SAINT-ANDRÉ (J. Bon), né en 1749 à Montauban, de parents calvinistes, m. en 1813, fut député du Lot à la Convention, vota la mort de Louis XVI, fit entrer Robespierre au Comité de salut public, créa en peu de temps une armée navale assez forte, assista au combat naval livré aux Anglais devant Brest le 1er juin 1794 et y fit preuve de courage ; devint consul général à Smyrne sous le Directoire, organisa en 1801 les nouveaux départements des rives du Rhin, et fut nommé préfet du Mont-Tonnerre. On a de lui des Discours, des Rapports, et un Journal de la croisière de la flotte commandée par l’amiral Villaret : c’est la relation du combat du 1er juin. Cet homme, qui avait été un des plus violents montagnards, ne mérita dans la suite que des éloges comme administrateur. Michel Nicolas a publié en 1848 : Jean Bon de St-André, sa vie et ses écrits.

SAINT-ANDREWS, v. et port d’Écosse (Fife), à 59 kil. N. d’Édimbourg ; 4000 hab. Archevêché, université, fondée en 1411, et longtemps florissante ; collége dit de Madras, fondé par A. Bell, inventeur de l’enseignement mutuel, natif de St-Andrews. SAINT-ANGE (le CHÂTEAU-), célèbre forteresse de Rome, sur la r. dr. du Tibre, au bout du pont St-Ange, a souvent servi d'asile aux papes : c'est auj. une prison. C'était autrefois le mausolée d'Adrien. Il reçut son nom actuel d'une petite église du voisinage qui était dédiée à l'archange St-Michel.

SAINT-ANGE (Cap), l'ancien cap. Malée, prom. de Morée, au S. E., par 36° 25' lat. N.; 20° 52' long. E.

SAINT-ANGE (Ange FARIAU, dit de), poëte, né à Blois en 1747, m. en 1810, fut protégé par Turgot, qui lui donna un emploi dans les finances, et fut nommé, lors de la réorganisation de l'instruction publique, professeur de grammaire et de belles-lettres dans une des écoles centrales de Paris. Il venait d'être reçu membre de l'Académie Française lorsqu'il mourut. On lui doit, outre des poésies diverses, une traduction presque complète d'Ovide en vers (Métamorphoses, Fastes, Art d'aimer, Remède d'amour, quelques Élégies et Héroïdes). Il avait un talent réel pour la versification, mais ses traductions sont peu fidèles; d'ailleurs l'auteur se nuisait par une vanité excessive. Ses Œuvres complètes ont paru en 1823, 9 vol. in-12.

SAINT-ANTHÈME, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), sur l'Ance, à 25 kil. E. d'Ambert; 3206 hab.

SAINT-ANTOINE, bg du dép. de l'Isère, sur le Furant, à 15 kil. N. O. de St-Marcellin; 2035 hab. Célèbre abbaye de St-Antoine, qui était chef d'ordre.

SAINT-ANTOINE (Religieux de). V. ANTOINE (S.).

SAINT-ANTONIN, ch.-l. de c. (Tarn-et-Garonne), à 54 k. N. E. de Montauban; 5152 h. Station. Tanneries, étoffes de laine. Anc. couvent.

SAINT-ARNAUD (Achille LEROY de), maréchal de France, né à Paris en 1798, m. en 1854, était fils d'un avocat au parlement, qui devint membre du Tribunat et préfet de l'Aude. Il entra en 1815 aux gardes du corps, alla en 1822 combattre pour la cause des Hellènes, et ne rentra au service qu'en 1831 ; fut attaché en qualité d’officier d'ordonnance au général Bugeaud, dont il se concilia promptement l'affection, fut chargé d'accompagner la duchesse de Berry à Palerme (1832), passa en 1837 en Afrique, prit une part active à l'assaut de Constantine (1837), à la prise de Djigelli (1839), à l'attaque du col de Mouzaïa, où il reçut une blessure grave (1840), à la prise de Tekedempt et de Mascara (1841) ; fut investi en 1842 du commandement de Milianah, et en 1844 de celui d'Orléansville; comprima l'insurrection du Dahra (1845-47), suscitée par Bou-Maza ; fut élevé en 1850 au commandement supérieur de la province de Constantine, et fit l'année suivante, contre les tribus insoumises de la Kabylie, une expédition hardie, qui fut couronnée d'un plein succès ; fut bientôt après appelé au commandement d'une division de l'armée de Paris, puis au ministère de la guerre (oct. 1851). Il s'attacha surtout à réorganiser l'armée et à y rétablir la discipline; fut chargé, au 2 décembre, des mesures militaires qui devaient assurer le succès du coup d’État; reçut, en 1852, le bâton de maréchal; fut, en 1854, mis à la tête de l'armée dirigée contre la Russie, opéra le 14 septembre, de concert avec l'armée anglaise, une heureuse descente en Crimée, et remporta le 20 sur les bords de l'Alma une victoire éclatante. Il marchait sur Sébastopol lorsque, vaincu par une maladie qui le minait depuis longtemps, il se vit forcé de résigner son commandement : il succomba en mer trois jours après. Aux qualités du guerrier, St-Arnaud unissait les agréments de la personne, un esprit vif et tout français. Il a été publié en 1855 un recueil de ses Lettres, où il se peint tout entier : ces lettres, écrites dans l'intimité, sont adressées pour la plupart à ses frères, MM. Ad. de St-Arnaud et Ad. de Forcade. Son nom a été donné à une rue de Paris; son buste a été placé dans la cour d'honneur du lycée Napoléon, où il avait été élevé.

SAINT-ASAPH, v. du Pays de Galles (Flint), à 20 kil. N. O. de Flint; 3500 hab. Évêché. — Fondée en 560 par Kentigern (S. Mungo), évêque de Glasgow, qui y bâtit le célèbre monastère Llan-Elvy. La ville doit son nom à S. Asaph, 2e abbé du monastère.

SAINT-ASTIER, ch.-l. de cant. (Dordogne), sur l'Isle, à 17 k. S. O. de Périgueux; 2879 h. Station.

SAINT-AUBAN, ch.-l. de cant. (Alpes-Maritimes), à 40 kil. N. O. de Grasse; 615 hab.

SAINT-AUBIN-D'AUBIGNÉ, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 18 kil. N. E. de Rennes; 1448 h.

SAINT-AUBIN-DU-CORMIER, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 20 kil. S. O. de Fougères; 2098 h. Tour très-élevée, reste d'anciennes fortifications. La ville fut fondée 1222 par Pierre de Dreux. Il y fut signé en 1231 un traité entre la reine Blanche et les nobles révoltés. Victoire de La Trémoille sur les Bretons et le duc d'Orléans (depuis, Louis XII), alors révolté, 1488. — V. AUBIN.

SAINT-AUBIN (LEGENDRE, marq. de). V. LEGENDRE.

SAINT-AUGUSTIN, v. et port des États-Unis, dans la Floride, à l'entrée de cette péninsule, sur l'Océan Atlantique, à 240 k. S. E. de Tallahassée; 3000 hab. Jadis plus peuplée. Beau pont en pierre. — Fondée par les Espagnols, elle fut la capit. de la Floride occid. sous leur domination. Elle fut brûlée par Drake en 1586, par Davis en 1785. Le traité de la cession de la Floride aux États-Unis y fut signé en 1821.

SAINT-AUGUSTIN (Cap), le cap le plus orient, de l'Amérique, au Brésil (Pernambouc), par 8° 20' lat. S.

SAINT-AULAYE, ch.-l. de cant. (Dordogne), sur la Dronne. à 33 kil. S. O. de Riberac; 1524 hab.

SAINT-AVOLD, v. d'Alsace-Lorraine, à 32 kil. O. de Sarreguemines et S. 47 kil. E. de Metz ; 3286 h. Station, foire très-fréquentée. La ville doit son origine à un monastère de S. Nabor.

SAINT-BARTHÉLEMY, une des Antilles (à la Suède), par 65° 12' long. O., 17° 58' lat. N. : 25 kil. de tour, 10 000 hab.; ch.-l., Gustavia. Abord périlleux, mais bon port. Peu d'eau; arbres à bois précieux. — Aux. Français depuis 1648, elle fut cédée à la Suède en 1784.

SAINT-BARTHÉLEMY-DE-GROUIN, bourg du dép. de l'Isère, à 22 kil. S. O. de Grenoble. Fontaine dont l'eau bout constamment et s'enflamme facilement.

SAINT-BARTHÉLEMY (la). V. BARTHÉLEMY.

SAINT-BÉAT, ch.-l. de cant. (Hte-Garonne), à 32 kil. de St-Gaudens, au confluent de la Garonne et de la Pique; 1403 h. Beau marbre blanc, ardoises.

SAINT-BEAUZELY, ch.-l. de cant. (Aveyron), sur la Muse, à 16 kil. N. O. de Milhau; 949 h.

SAINT-BENIN-D'AZY, ch.-l. de cant. (Nièvre), à 19 kil. E. de Nevers ; 1859 hab. Forges.

SAINT-BENOÎT, v. et port de l'île de la Réunion, dans l'arr. du Vent, à 40 kil. S. E. de St-Denis et à l'embouch. de la riv. des Marsouins ; 12 000 hab., dont les deux tiers noirs ou mulâtres. Sucreries.

SAINT-BENOÎT-DU-SAULT, ch.-l. de cant. (Indre), à 33 kil. S. E. du Blanc; 1072 hab. Forges.

SAINT-BENOÎT (ordre de). V. BÉNÉDICTINS.

SAINT-BERNARD (GRAND-), Penninus mons, Mons Jovis, Mont-Jou, haute mont. et col des Alpes Pennines, entre le Valais et la vallée d'Aoste, par 5° 5' long. E., 45° 51' lat. N., a 3470m de hauteur. Un peu au-dessous du sommet est un hospice célèbre, fondé en 962 par Bernard de Menthon et desservi par des religieux augustins qui se dévouent au soulagement des malheureux surpris par le froid ou égarés dans les neiges : ils se font aider dans leurs recherches par des chiens d'une intelligence singulière. Cet hospice est le lieu habité le plus élevé de l'Europe. Dans l'église du couvent est un monument en l'honneur du général Desaix. Le passage au mont St-Bernard offre de grandes difficultés; cependant il fut effectué par les armées romaines au temps d'Auguste, par les Lombards en 547, par Charlemagne en 773, enfin par les Français en 1798, 1799 et 1800 : ce dernier passage, exécuté par Bonaparte, est surtout remarquable en ce que ce général menait avec lui de la cavalerie et de l'artillerie. Le chemin qui traverse le Grand-Saint-Bernard est pratiqué dans un vallon étroit et bordé de rochers. — L'hospice a été dépouillé en 1850 de ses biens immeubles par le gouvernement du Valais.

SAINT-BERNARD (PETIT-), Graius mons, mont. de France, dans les Alpes Grecques (Graiæ), entre la Savoie et la vallée d'Aoste, au S. O. du Grand-St-Bernard, sur le chemin qui mène de la vallée de l'Isère à celle de la Doire. C'est le passage le plus commode de toute la chaîne des Alpes. A 2200m de hauteur est un hospice semblable à celui du Grand-St-Bernard et qui a le même fondateur.

SAINT-BERTRAND DE COMMINGES, Lugdunum Convenarum, ch.-l. de cant. (Hte-Garonne), à 21 k. S. O. de St-Gaudens; 745 hab. Musée pyrénéen. Aux env., cristal de roche, beau marbre dit balvacaire, mines de cuivre, vaste grotte de Gorgas. — Jadis ch.-l. des Convenæ et plus tard du comté de Comminges. Dernier asile de Gundovald, qui y périt; détruite par Gontran en 585; rebâtie en 1100 par S. Bertrand, évêque de Comminges (dont la ville prit le nom). Ce fut un évêché jusqu'en 1790.

SAINT-BLIN, ch.-l. de c. (Hte-Marne), à 31 k. N. E. de Chaumont; 597 h. Anc. prieuré de Bénédictins.

SAINT-BONNET, ch.-l. de cant. (Htes-Alpes), sur le Drac, à 14 kil. N. de Gap; 1700 hab. Patrie du connétable de Lesdiguières. Eau sulfureuse.

SAINT-BONNET-DE-JOUX, ch.-l. de c (Saône-et-Loire), à 15 k. N. E. de Charolles; 1632 h. Pierre de taille.

SAINT-BONNET-LE-CHÂTEAU, ch.-l. de c. (Loire), à 20 k. S. de Montbrison, sur l'emplacement de la forteresse romaine de Castrum Vari : 2230 h. Église gothique. Dentelles.

SAINT-BONNET (Jean TOIRAS de). V. TOIRAS.

SAINT-BRICE-EN-COGLES, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 15 kil. N. O. de Fougères; 1859 hab.

SAINT-BRIEUC, Briocum, ch.-l. des Côtes-du-Nord, sur le Gouet, à 3 kil. de la mer, à 446 kil. O. de Paris ; 15 341 h. Bon port (au Légué), entouré de quais ; chemin de fer. Évêché, trib. de 1re inst. et de commerce; lycée, école d'hydrographie. Cathédrale du XIIIe s., pont en granit, plusieurs places, belles promenades, statue de Du Guesclin; bibliothèque, société d'agriculture. Toiles, étoffes de laine. Grand commerce maritime, armements pour la pêche de la baleine et de la morue; importation de fers et de bois du Nord. — La ville eut pour origine un monastère fondé par S. Brieuc à la fin du Ve s., et érigé en évêché en 844. Elle faisait jadis partie de la Hte-Bretagne.

SAINT-CALAIS, Anilla, Anisola, puis Carilesi oppidum, ch.-l. d'arr. (Sarthe), à 44 kil. S. E. du Mans, sur la riv. d'Anille; 3739 hab. Trib. de 1re inst. Jolie place; restes d'un château féodal. Lainages, grains. Anc. abbaye de Bénédictins fondée au VIIe s. par S. Carilef, dit par corruption S. Calais.

SAINT-CAST, vge des Côtes-du-Nord, sur la côte, à 32 kil. de Dinan; 1000 hab. Les Anglais, y ayant tenté une descente en 1758, furent défaits par le duc d'Aiguillon et le comte d'Aubigny : une colonne, érigée en 1858, consacre le souvenir de cette défaite.

SAINT-CÉRÉ, ch.-l. de c. (Lot), à 23 k. N. O. de Figeac; 4302 hab. Commerce de fil et de chanvre. Aux env., beau marbre. Ruines d'un château fort.

SAINT-CERNIN, ch.-l. de c. (Cantal), sur la Doire, à 23 kil. N. E. d'Aurillac; 2795 hab. Bestiaux.

SAINT-CHAMAS, v. et port du dép. des Bouches-du-Rhône, sur la côte N. de l'étang de Berre, et sur le chemin de fer d'Avignon à Marseille, à 46 kil. O. d'Aix; 2692 hab. Port sur l'étang; poudrière, olives, huiles. Restes d'un pont romain appelé le pont Flavien, sur la Touloubre, et de 2 arcs de triomphe.

SAINT-CHAMOND, ch.-l. de c. (Loire), sur le Gier, à 10 kil. N. E. de St-Étienne; 11 626 hab. Chemin de fer. Fonderies, quincaillerie; velours, rubans , lacets. Aux env., houille.

SAINT-CHAPTES, ch.-l. de c. (Gard), à 13 kil. S. E. d'Uzès; 868 h. Église consistoriale calviniste.

SAINT-CHARLES, v. des États-Unis (Missouri),sur la r. g. de Missouri, à 30 kil. N. O. de St-Louis; 4000 h. École méthodiste. Grand commerce de pelleteries. — Fondée par les Français en 1780. Elle fut jusqu'en 1826 le ch.-l. du Missouri.

SAINT-CHELY-D'APCHER, ch.-l. de c. (Lozère), à 34 kil. N. de Marvejols; 1872 hab. Draps fins.

SAINT-CHÉLY-D'AUBRAC, ch.-l. de c. (Aveyron), à 24 kil. d'Espalion; 1697 hab. Pâturages.

SAINT-CHINIAN, ch.-l. de c. (Hérault), à 23 kil. S. E. de St-Pons; 4339 h. Drap, bonneterie.

SAINT-CHRISTOPHE, une des Antilles anglaises, au N. O. de la Guadeloupe et au S. E. de St-Eustache; 26 kil. sur 7; 25 000 hab.; ch.-l., la Basse-Terre. Au centre, mont Misery (volcan éteint), haut de 1128m. Sol très-fertile : canne à sucre, café, oranges, coton, etc. — Découverte en 1493 par Christophe Colomb (d'où son nom), elle fut colonisée par les Anglais en 1623; possédée en commun par les Anglais et par les Français de 1627 à 1713, elle fut cédée en entier à l'Angleterre par le traité d'Utrecht. Elle forme, avec Antigoa, Montserrat et les Vierges, un gouvt de l'Amérique anglaise.

SAINT-CHRISTOPHE, ch.-l. de c. (Indre), à 34 kil. N. O. d'Issoudun; 694 hab.

SAINT-CIERS-LA-LANDE, ch.-l. de c. (Gironde), à 21 kil. N. de Blaye; 2889 hab. Vins.

SAINT-CLAIR, ch.-l. de c. (Manche), à 11 kil. N. E. de Saint-Lô; 638 hab.

SAINT-CLAIR-SUR-EPTE, bourg de Seine-et-Oise, à 9 k. N. O. de Magny; 600 hab. Ermitage qu'habita S. Clair, martyrisé en 881. Par un traité signé à St-Clair-sur-Epte en 911, Charles le Simple céda la Neustrie au chef normand Rollon.

SAINT-CLAIR DE LOMASNE, ch.-l. de c. (Gers), à 15 kil. S. E. de Lectoure; 1695 hab. Rubans de fil.

SAINT-CLAIR (lac), lac de l'Amérique du Nord, dans la région des grands lacs, à 80 kil. S. du lac Huron, à 20 k. du lac Érié ; il a 150 kil. de tour, et communique avec le lac Huron par la rivière St-Clair, avec le lac Érié par le Detroit-River. — La riv. St-Clair sépare le territ. de Michigan du Ht-Canada, et a env. 80 kil. de cours du N. au S., et 400m de large, ce qui la rend navigable pour de gros bâtiments.

SAINT-CLAUD, ch.-l. de c. (Charente), à 22 kil. S. O. de Confolens; 1881 hab. Bestiaux.

SAINT-CLAUDE, le Condate des anciens, ch.-l. d'arr. (Jura), au fond d'une vallée, au confluent de la Bienne et du Tacon, à 54 kil. S. E. de Lons-le-Saunier; 6316 hab. Évêché, trib., collége. Industrie et commerce considérables : horlogerie, tabletterie et ouvrages au tour. Célèbre abbaye, fondée vers 430 par S. Romain, réformée au VIIe s. par S. Claude; elle s'enrichit de donations immenses pendant le moyen âge et fut un des premiers chapitres nobles de France : l'abbé pouvait anoblir et faire grâce aux criminels. Il avait aussi droit de main-morte : quiconque habitait un an sur ses terres devenait son serf. Cet us féodal fut aboli en partie à la voix de Voltaire, mais ne disparut complètement qu'à la Révolution. L'abbaye avait été sécularisée dès 1742.

SAINT-CLOST (PERROS DE) ou PIERRE DE ST-CLOUD, écrivain du commencement du XIIIe s., est le 1e auteur du Roman du Renard, célèbre poëme allégorique et satirique de 2000 vers. Ce poëme a été continué par Jacquemart Gielée, et depuis traduit dans les langues principales de l'Europe et augmenté d'un grand nombre d'épisodes ou branches. La dernière traduction (en français vulgaire) a été publiée à Bruxelles (1739); elle a été réimprimée à Paris en 1786 sous le titre d’Intrigues du cabinet des rats, et en 1825 par Méon.

SAINT-CLOUD, bourg de Seine-et-Oise, à 14 kil. O. de Paris et 9 kil. E. de Versailles, sur la r. g. de la Seine, où il s'élève en amphithéâtre, et sur le chemin de fer de Paris à Versailles; 5616 hab. Château incendié par les Allemands (13 oct. 1870); parc, jets d'eau, cascade; haras, casernes; nombreuses maisons de campagne. Foire célèbre, du 7 au 22 sept. Ce bourg se nommait d'abord Nogent; il reçut son nouveau nom d'un fils de Clodomir, Clodoald ou Cloud, qui s'y retira en 538 après le meurtre de ses frères. Ce prince y bâtit un monastère et donna ce domaine à l'église de Paris, qui l'a conservé jusqu'au dernier siècle. Le château fut bâti au XVIe s. par Pierre de Gondi, archevêque de Paris. Acquis en 1658 par Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV, il fut rebâti pour ce prince par Mansart et Lepautre. Henri III fut assassiné au château de St-Cloud en 1589 par Jacq. Clément. C'est dans l'orangerie de St-Cloud que siégeaient les Cinq-Cents lors du coup d'État du 18 brumaire. Ce bourg fut en partie brûlé par les Prussiens à la suite du combat de Buzenval. V. ce nom.

SAINT-CYPRIEN, ch.-l. de c. (Dordogne), à 17 kil. O. de Sarlat; 2415 hab. Briqueteries, chapellerie, quincaillerie, objets en buis faits au tour.

SAINT-CYR, bourg de Seine-et-Oise, à 22 kil. O. de Paris, et à 4 kil. O. de Versailles; 2000 hab. A la sollicitation de Mme de Maintenon, Louis XIV y fonda, en 1680, sous le nom d’Institut de S. Louis, une maison pour l'éducation gratuite de 250 demoiselles nobles et pauvres : l'éducation, d'abord confiée à une communauté de dames de la maison, fut à partir de 1692 remise à des religieuses Augustines. Depuis la Révolution, on a établi dans les mêmes bâtiments d'abord le Prytanée, puis l’École spéciale militaire, qui l'occupe encore aujourd'hui. Lavallée a écrit l’Hist. de la maison royale de St-Cyr, 1853.

SAINT-CYR (GOUVION de). V. GOUVION.

SAINT-CYRAN, abbaye du Berry, dans la Brenne, eut pour abbé Jean Duvergier de Hauranne, dit l'Abbé de St-Cyran. V. DUVERGIER.

SAINT-DAVID'S, Menevia, Fanum Davidis, v. d'Angleterre, dans la principauté de Galles (Pembroke), à 26 kil. N. O. de Pembroke, sur l'Allan, à 3 k. de son embouch. dans la mer d'Irlande; 2500 hab. Évêché; cathédrale, qui contient un monument de S. David, et dont le clocher a 102m. — Ville déchue. Ce fut d'abord un couvent, fondé par S. Patrick, auquel succéda S. David : ce couvent était au moyen âge un but de pèlerinage célèbre. Auj. l'évêque anglican de St-David's réside à Abergwelly.

SAINT-DENIS ou SAINT-DENYS, Dionysiopolis, S. Dionysii fanum, v. du dép. de la Seine, ch.-l. d'arr., près de la Seine, sur le Crould et le Rouillon, et sur le chemin de fer du Nord dont c'est la 1re station, à 8 kil. N. de Paris; 22 052 hab. Jolie ville, bien percée, bien bâtie; canal qui joint la Seine au canal de l'Ourcq ; belle église gothique, dont les caveaux ont servi de sépulture aux rois de France depuis Dagobert I. Maison impériale d'éducation pour les filles des membres de la Légion-d'Honneur (dans les bâtiments de l'ancienne abbaye), fondée en 1809. Fortifications, casernes, dépôt de mendicité. Industrie active : toiles peintes, soude, minoterie, féculeries, acides minéraux, blanchisseries, manufactures de plomb laminé, etc. Foires nombreuses et fréquentées ; les plus célèbres sont la foire aux moutons, dite du Landy, qui s'ouvre le 1er lundi après le 11 juin, et celle du 9 oct. — C'était jadis une abbaye de Bénédictins, fondée en 630 par Dagobert, où l'on transporta en 636 les restes de S. Denis; l'église, une des plus belles basiliques de France, fut reconstruite sous Louis VII par Suger. L'abbé était un des principaux seigneurs du royaume : Hugues Capet fut abbé de St-Denis; l’oriflamme, qui après l'avénement des Capétiens devint l'étendard de France, était l'étendard particulier de l'abbaye de St-Denis; Montjoie et St-Denys était jadis le cri de guerre des Français. St-Denis fut pris et repris dans les guerres civiles sous Charles VI et sous les derniers Valois. Il s'y livra en 1567 entre les Catholiques et les Calvinistes une bataille où les Catholiques vainqueurs perdirent le connétable de Montmorency. Bombardée par les Allemands (janv. 1871). Les tombeaux de St-Denis furent ouverts en 1793 et profanés : Napoléon entreprit en 1806 de les restaurer, ainsi que l'église : les travaux de réparation de l'église se sont poursuivis pendant 30 ans. Avant 1846, la tour du nord était surmontée d'une flèche en pierre qui s'élevait à 100m; mais on a dû la démolir, la tour qui la supportait menaçant ruine. .'L'hist. de l'abbaye de St-Denis a été écrite par Mme F. d'Ayzac, 1861.

SAINT-DENIS (Chapitre impérial de), chapitre de chanoines résidant à St-Denis et ayant pour chef, au lieu d'un évêque, le grand aumônier de France, fut établi par Napoléon Ier après le rétablissement du culte, pour remplacer les Bénédictins préposés jadis à la garde des tombes royales. Les chanoines devaient être choisis parmi les évêques âgés de plus de 60 ans et hors d'état de continuer leurs fonctions; leur nombre était fixé à 10. Sous la Restauration, ce nombre fut augmenté, et un 2e ordre de chanoines, composé de simples prêtres, fut introduit ; le chef du chapitre reçut le titre de Primicier. Le chapitre de St-Denis n'est pas soumis à la juridiction de l'archevêque de Paris : cette exception, qui avait donné lieu à quelques conflits, a été régularisée en 1846 par une bulle du pape.

SAINT-DENIS (les Chroniques de), les Grandes chroniques de France, chroniques rédigées, dès les temps les plus anciens de la monarchie, par les religieux de St-Denis, et conservées dans le trésor de l'abbaye. Un religieux de St-Denis, suivait la cour afin de consigner les faits à mesure qu'ils se passaient; à la mort d'un roi, on rédigeait, d'après ces notes, une histoire du règne, qui, après avoir été soumise au chapitre, était incorporée aux Grandes chroniques. Suger, abbé de St-Denis au XIIe s., avait recueilli toutes les chroniques depuis l'origine de la monarchie, et avait lui-même rédigé celle de son temps. Après la découverte de l'imprimerie, les Grandes chroniques, mises en ordre par don Jean Chartier, furent publiées en 1476 sous ce titre : Chroniques de France depuis les Troïens jusqu'à la mort de Charles VII, 3 v. in-fol. : c'est le 1er livre français connu qui ait été imprimé à Paris. Elles ont été réimprimées en 1514, avec une continuation jusqu'en 1513, et ont reparu de 1836 à 1841 par les soins de M. Paulin Paris, 6 vol. in-8. — Il ne faut pas confondre les Chroniques de St-Denys avec la Chronique du Religieux de St-Denys, qui faisait sans doute partie des matériaux d'après lesquels devaient être rédigées plus tard les Grandes chroniques. Cette chronique, qui n'est que l'histoire du règne de Charles VI (1380-1422), a été publiée par MM. Bellaguet et Magin, dans les Documents inédits sur l'histoire de France, 1839-49, 6 v. in-4.

SAINT-DENYS, capitale de l'île de la Réunion, ch.-l. de l'arr. du Vent, sur la côte N.; 20 000 hab. Résidence du gouverneur, cour impériale, trib. de 1re inst.; lycée, séminaire diocésain, bibliothèque ; beau jardin botanique; banque, chambre de commerce. Ville assez bien bâtie; elle n'a pas de port, mais une rade foraine. Commerce assez actif.

SAINT-DENYS-LE-GÂT, bg de la Manche, à 17 k. E. de Coutances; 2000 h. Patrie de St-Évremond.

ST-DENIS-DU-SIG, bg de l'Algérie (Oran), sur la r. dr. du Sig et sur la route d'Oran à Mascara, à 52 k. d'Oran; 3963 h. Créé en 1845. Chemin de fer pour Oran ; pépinière, céréales, coton, tabac, mûriers, cochenille.

SAINT-DIDIER-LA-SÉAUVE, ch.-l. de c. (Hte-Loire), à 28 kil. N. E. d'Yssingeaux; 5220 hab. Rubans, filature de soie, papeterie.

SAINT-DIÉ, S. Deodatum, ch.-l. d'arr. (Vosges), sur la Meurthe, à 45 kil. N. E. d'Épinal; 9554 hab. Évêché, église calviniste, trib., collége. Calicot, mouchoirs, potasse, papeteries, quincaillerie. Commerce en grains, bétail, fer, lin, etc. La ville doit son nom a S. Déodat ou S. Dié, évêque de Nevers au VIIe s., qui y fonda un monastère vers 666 (on le fête le 8 juillet).

SAINT-DIER, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 38 k. S. E. de Clermont; 1586 hab.

SAINT-DIZIER, S. Desiderium, ch.-l. de c. (Hte-Marne), à 16 kil. de Vassy, sur la r. dr. de la Marne ; 8077 hab. Chemin de fer. Trib. de 1re inst., collége, petit séminaire, hospice d'aliénés. Boissellerie, construction de bateaux, commerce de toile de coton, de bois, de fer et d'objets de fonte. Aux env., forges, hauts fourneaux, fonderies de fer. — La ville doit son nom à un évêque de Langres, martyrisé au IIIe s. Jadis ville forte, elle fut prise en 1544 par Charles-Quint après un siége mémorable, mais rendue par la paix de Crespy. Napoléon battit les Alliés aux environs les 27 janv. et 26 mars 1814.

SAINT-DOMINGUE. V. HAÏTI et SANTO-DOMINGO.

SAINT-DONAT, ch.-l. de c. (Drôme), à 26 kil. N. de Valence; 2512 h. Filature et organsinage de soie.

SAINTE-...., Pour les mots commençant ainsi, V. après la série des mots commençant par SAINT.

SAINT-ELME (Ida), la Contemporaine, aventurière qui, après avoir mené une vie désordonnée et avoir plusieurs fois changé de nom, publia en 1827, sous le titre de Mémoires d'une Contemporaine, un tissu de contes scandaleux sur la Révolution et l'Empire. Ces Mémoires, arrangés par quelques hommes de lettres, eurent une vogue prodigieuse et firent la fortune de l'éditeur (Ladvocat). Quant à la Contemporaine, elle mourut dans la misère, à l'hospice des Ursulines de Bruxelles, en 1845, à 67 ans.

SAINT-ÉMILION, bg du dép. de la Gironde, près du confluent de l'Isle et de la Dordogne, à 9 k. E. de Libourne; 3014 hab. Excellents vins rouges. Patrie de Guadet. — Ce bourg se forma vers le VIIIe s. autour d'un ermitage, et fut fortifié au XIe : on voit encore les ruines de ses fortifications. Il occupe à peu près l'emplacement de l'ancien Lucaniacum, villa d'Ausone. On y remarque l'église paroissiale, l'ermitage de St-Émilion, la rotonde et un temple monolithe qu'on suppose avoir été dédié au dieu Teutatès.

SAINT-ESPRIT (le), la 3e personne de la sainte Trinité, est fêté le jour de la Pentecôte. V. SAINT-ESPRIT dans notre Dict. univ. des Sciences.

SAINT-ESPRIT, anc. ch.-l. de c. du dép. des Landes, en face de la ville de Bayonne, à laquelle il est réuni depuis 1858, et dont il forme un faubourg. Consistoire israélite, synagogue. — V. QUIROS et ESPIRITO-SANTO.

SAINT-ESPRIT (Ordre du), ordre de chevalerie institué le 31 déc. 1578 par le roi de France Henri III, en mémoire de ce qu'il avait été élu roi de Pologne et était parvenu à la couronne de France le jour de la Pentecôte, jour où le St-Esprit descendit sur les apôtres. Le nombre des chevaliers fut limité à cent, dont neuf ecclésiastiques ; ils portaient une croix d'or à 4 branches, ornée d'une image du St-Esprit et suspendue à un large cordon bleu. Pour être admis dans cet ordre, il fallait être catholique et avoir déjà reçu l'ordre de St-Michel, qui exigeait la noblesse. Supprimé en 1789, cet ordre fut rétabli à la Restauration : il a été de nouveau supprimé en 1830.

SAINT-ESTÈPHE, bg du dép. de la Gironde, dans l'anc. Médoc, sur la Gironde, à 16 k. S. E. de Lesparre ; 2455 hab. Vins excellents.

SAINT-ÉTIENNE, ch.-l. du dép. de la Loire, sur le Furens, à 465 kil. S. E. de Paris par la route et 469 par le chemin de fer; 92 250 h. Trib. de 1re inst. et de commerce, lycée, école de mineurs, église calviniste, chambre consultative des manufactures, banque; société d'agriculture, bibliothèque, musée. Immense industrie métallurgique : manufacture impér. d'armes, serrurerie, quincaillerie, coutellerie, outils, enclumes, grosses pièces de forges, etc.; rubans de soie, padou, velours, lacets, tulles, galons. Aux env., forges, aciéries, martinets, etc. Les eaux du Furens sont excellentes pour la trempe du fer et de l'acier. Le commerce de St-Étienne est immense; il est alimenté par les riches houillères des environs, et favorisé par plusieurs canaux ainsi que par un chemin de fer. — St-Étienne ne fut d'abord qu'un château, bâti au Xe s. par les comtes du Forez; elle prit de l'importance au XVe s. ; mais elle eut à souffrir de la peste en 1585 et 1628. Elle s'est fort agrandie depuis 30 ans par suite de l'application de la vapeur à l'industrie. Patrie de Jean et Nic. Bouillet, habiles armuriers, de J. Fauriel, Jules Janin, etc. La préfecture du dép., qui était précédemment à Montbrison, a été transférée à St-Étienne en 1856.

ST-ÉTIENNE, ch.-l. de c. (Alpes marit.), arrond. de Puget-Théniers; 2106 h. Anc. ville forte.

SAINT-ÉTIENNE-DE-BAIGORRY, ch.-l. de c. (B.-Pyrénées), dans la vallée de Baigorry, à 40 k. O. de Mauléon; 2600 hab. Forges, fer, cuivre, plomb, marbre.

SAINT-ÉTIENNE-DE-LUGDARÈS, ch.-l. de c. (Ardèche), à 32 kil. N. O. de l'Argentière; 1522 hab.

SAINT-ÉTIENNE-DE-MONTLUC, ch.-l. de c. (Loire-Inf.), à 16 kil. S. E. de Savenay; 4783 hab. Porcelaine.

SAINT-ÉTIENNE-DE-ST-GEOIRE, ch.-l. de c. (Isère), à 28 kil. N. de St-Marcellin ; 1857 hab.

SAINT-ÉTIENNE-EN-DEVOLUY, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), à 40 k. N. O. de Gap; 790 h. Caverne.

SAINT-ÉTIENNE-LES-ORGUES, ch.-l. de c. (B.-Alpes), à 15k. N. de Forcalquier; 1115 h. Draperie, essences.

SAINT-EUSTACHE, une des Antilles hollandaises, à 12 kil. N. O. de St-Christophe, par 65° 20' long. O., 17° 30'lat. N.; 14 000 hab., dont env. 10 000 noirs; ch.-l., St-Eustache (petit port sur la côte O.). L'île est fertile et bien cultivée ; volcan éteint. — Les Hollandais occupèrent cette île en 1635. Plusieurs fois prise par les Anglais et les Français, elle fut restituée aux Hollandais en 1814.

SAINT-ÉVREMOND (Ch. MARGUETEL DE ST-DENYS, seigneur de), écrivain du XVIIe s., né en 1613 à St-Denys-le-Guast, près de Coutances, m. en 1703, servit sous le duc d'Enghien (prince de Condé), se distingua à Rocroy, à Nordlingue, mais se brouilla avec le prince pour quelques railleries. Pendant la Fronde, il défendit la cause royale de son épée et de sa plume; il obtint quelque temps par là les bonnes grâces de Mazarin et fut fait maréchal de camp ; mais, ayant plaisanté sur la paix des Pyrénées dans une lettre qui tomba entre les mains du roi, il se vit obligé, pour éviter la Bastille, de sortir de France (1661) : il se retira en Angleterre. Louis XIV refusa pendant 28 ans de le laisser rentrer dans sa patrie ; il ne lui accorda cette permission qu'en 1689, lorsque St-Évremond, accablé par l'âge (il avait 76 ans), ne pouvais plus en profiter. Avant son exil, il avait été lié avec les hommes les plus distingués en France, entre autres avec le maréchal de Créqui; en Angleterre, il vécut à la cour de Charles II et de Guillaume III, qui lui firent une pension. St-Évremond était un homme d'esprit et un philosophe épicurien. Il a beaucoup écrit, mais n'a rien publié lui-même. Cependant on imprima furtivement de son vivant plusieurs de ses écrits; ils furent avidement recherches. La 1re édition de ses Œuvres parut en 1705 à Londres, 3 vol. in-4, par les soins de Desmaizeaux et Silvestre. On n'y trouve guère que des morceaux détachés, parmi lesquels on distingue : les Observations sur Salluste et Tacite, les Réflexions sur la tragédie et la comédie, les Discours sur les belles-lettres, les Réflexions sur l'usage de la vie, Sur le génie du peuple romain, le Parallèle de Turenne et de Condé, et ses Lettres, qui sont de petits chefs-d'œuvre de finesse et d'aimable causerie. On trouve dans ses écrits de l'élégance, de l'originalité, des vues profondes et une grande liberté de pensée. Deleyre a donné l’Esprit de St-Évremond (1761); M. Hippeau (1852), M. Giraud (1866), et Gidel (1867), des Choix de ses Œuvres ; M. Gilbert et M. Gidel ont donné chacun un Disc. sur St-Évremond, couronné par l'Acad. franç. (1866).

SAINT-ÉVROUL, Uticense monasterium, monastère de Normandie, dans l'ancien pays d'Ouche (Orne), près d'Argentan, fondé par S. Évroul (VIe s.).

SAINT-FARGEAU, ch.-l. de c. (Yonne), sur le Loing, à 50kil. S. O. de Joigny ;2587 hab. Beau château du Xe s., parc superbe. Tanneries, commerce de bois. Domaine des Lepelletier de St-Fargeau.

SAINT-FÉLICIEN, ch.-l. de c. (Ardèche), à 33 kil. O. de Tournon; 2109 hab.

SAINT-FIRMIN, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), à 33 k. N. de Gap; 1276 hab. Ruines d'un vieux château. Source minérale froide.

SAINT-FLORENT, ch.-l. de c. (Corse), à 13 kil. S. O. de Bastia, sur la mer; 728 hab. Bon port.

SAINT-FLORENT-LE-VIEIL, ch.-l. de c. (Maine-et-Loire), sur la r. g. de la Loire, à 17 kil. N. de Beaupréau ; 2368 hab. Anc. monastère fondé par Charlemagne. C'est là que commencèrent les troubles de la Vendée : le tombeau de Bonchamp est dans l'église.

SAINT-FLORENTIN, autrefois Châteaudun, et pendant la Révolution Mont-Armance, ch.-l. de c. (Yonne), à 30 kil. N. B. d'Auxerre, sur le canal de Bourgogne, au confluent de l'Armance et de l'Armançon; 2589 hab. Belle église, beau pont, station de chemin de fer. Tannerie, blé, chanvre, bois à brûler. — En 888, le duc de Bourgogne Richard le Justicier y défit 80 000 Normands ; les Impériaux assiégèrent vainement cette ville en 1633.

SAINT-FLORENTIN (L. PHÉLYPEAUX, comte de), ministre, né en 1705, m. en 1777, était fils du ministre Phélypeaux de La Vrillière, et occupa lui-même pendant 52 ans divers ministères, notamment celui de la maison du roi et celui de l'intérieur (1744); Louis XV le créa duc en 1770. On l'accuse de s'être montré prodigue, d'avoir été trop complaisant pour le monarque et d'avoir abusé des lettres de cachet. Il a laissé son nom à une rue de Paris, où il avait un superbe hôtel. Il était membre honoraire de l'Académie des sciences et de celle des inscriptions.

SAINT-FLOUR, Floriopolis, S. Flori fanum, et plus anciennement Indiacum ou Indiciacum, ch.-l. d'arr. (Cantal), sur une roche basaltique, près du Dauzon, à 77 kil. E. d'Aurillac; 5288 hab. Évêché, trib., cour d'assises, collége, bibliothèque, cabinet de physique. Cathédrale, antique église de la Recluse. — Fabriques de colle forte, tanneries, chaudronnerie; grand commerce de mulets. Patrie du poëte De Belloy. Aux env., riche mine d'émeri; on y trouve aussi des pyrites, de petites topazes et même, dit-on, quelques émeraudes.

SAINT-FOIX (Germ. Franc. POULLAIN de), né à Rennes en 1699, m. en 1776, fut mousquetaire et lieutenant de cavalerie, puis alla en Turquie et y apprit l'arabe. De retour à Paris, il se fit homme de lettres, ce qui ne l'empêcha pas d'être le plus fameux bretteur de son temps. St-Foix est un écrivain facile, fécond et spirituel. Ses Œuvres complètes (6 vol. in-8, 1778) comprennent : Lettres de Nedim Koggia ou Lettres turques, 1732; Hist. de l'ordre du St-Esprit, 1767,(il était historiographe de cet ordre) : Essais sur Paris, 1754, qu'on lit encore ; des comédies, parmi lesquelles on remarque l’Oracle, 1740.

SAINT-FULGENT, ch.-l. de c. (Vendée), à 33 kil. N. E. de Napoléon-Vendée; 1948 hab.

SAINT-GALL, v. de Suisse, ch.-l. du canton de St-Gall, sur la Steinach, affluent du lac de Constance, à 65 kil. E. de Zurich; 11 000 hab. Évêché, érigé en 1846. Rues régulières, beaux bâtiments de l'anc. abbaye de St-Gall (où réside auj. le gouvernement) ; belle église ; arsenal ; bibliothèque riche en manuscrits. Fabriques de mousselines, bonneterie. — L'abbaye de St-Gall fut fondée vers 700. Dès le Xe s. elle se trouva entourée d'une ville. Les habitants entrèrent en lutte avec les abbés pour conquérir leur indépendance; elle ne fut toutefois solidement établie qu'au XVIIe s. L'abbaye fut évacuée en 1805.

SAINT-GALL, canton suisse, borné au N. par celui de Thurgovie et le lac de Constance, à l'E. par le Rhin, au S. par les cant. des Grisons et de Glaris, à l'O. par ceux de Schwitz et de Zurich. Son territoire, qui environne de tous côtés celui d'Appenzell, a 65 kil. de long sur 45; 170 000 hab. (dont les deux tiers catholiques); ch.-l., St-Gall. Le pays de St-Gall s'allia en 1454 avec les cantons suisses et fut dès lors reçu dans la ligue. Le canton actuel fut formé en 1798 du pays de St-Gall, auquel on joignit le Tockembourg, le Rheinthal et le pays de Sargans.

SAINT-GALL (le Moine de), auteur anonyme des Gestes de Charlemagne, était moine de l'abbaye de Saint-Gall. Il écrivit son livre vers 884 et le dédia à l'empereur Charles le Gros. Son histoire, remplie de fables et d'inexactitudes, jouit de peu d'autorité. Néanmoins, elle a été trad. dans la collection des Mémoires sur l'Histoire de France de M. Guizot.

SAINT-GALMIER, ch.-l. de c. (Loire), à 21 kil. E. de Montbrison, sur le chemin de fer de Roanne à St-Étienne; 2954 h. Belle église du XVIe s. Tanneries, chamoiseries, dentelles. Aux env., source minérale de Fontforte, dont l'eau contient de l'acide carbonique et a un goût analogue à celui de l'eau de Seltz. On en exporte de grandes quantités.

SAINT-GAUDENS, ch.-l. d'arr. (Hte-Garonne) sur la Garonne, à 88 kil. S. O. de Toulouse; 5183 hab. Chemin de fer pour Toulouse. Trib. de 1re inst. et de commerce; collége. Rubans de fil, tissus de laine. draps communs. Grains, huile, bonneterie, papeterie. Anc. capitale du Nébouzan. Patrie de Raymond, fondateur de l'ordre de Calatrava.

SAINT-GAULTIER, ch.-l. de c. (Indre), sur la Creuse, à 28 kil. E. du Blanc; 1912 h. Abeilles.

SAINT-GELAIS (Octavien de), poëte, né vers 1466 à Cognac, m. en 1502, entra dans l'état ecclésiastique, ce qui ne l'empêcha pas de se livrer au plaisir et aux lettres. Cependant, ayant été nommé en 1494 évêque d’Angoulême, il renonça au monde. On a de lui des traductions en vers de l’Énéïde et des Épîtres d'Ovide (1509), et divers poëmes : la Chasse d'amours, le Séjour d'honneur, le Trésor de la noblesse, etc. — Son frère, Jean de St-Gelais, est auteur d'une Histoire de France estimée en son temps (1622).

SAINT-GELAIS (MELLIN de), poëte, neveu ou fils d'Octavien, né a Angoulême en 1491, m. en 1558, fut pourvu par François I de l'abbaye de Reclus (diocèse de Troyes), devint ensuite aumônier du dauphin et bibliothécaire du roi à Fontainebleau. Poëte et musicien, il fut l'âme des fêtes qui se donnaient à la cour, et vécut dans l'intimité de Clément Marot. On a de lui des contes pleins de grâce et de naïveté, des épigrammes, des sonnets, des madrigaux et des poésies latines. On lui attribue l'introduction en France du sonnet et du madrigal, empruntés aux Italiens. On l'a surnommé, sans motif suffisant, l’Ovide français. Ses Œuvres ont été réunies à Lyon, 1674, et à Paris, 1719.

SAINT-GELAIS (DUBOIS de), 1670-1737, a publié : Histoire journalière de Paris, 1717; Tableaux du Palais-Royal, avec la vie des peintres auxquels sont dus ces tableaux, 1727, et a traduit de l'italien la Phillis de la Rovère.

SAINT-GENEST-MALIFAUX, ch.-l. de c. (Loire), à 15 kil. S. de St-Étienne; 3517 hab.

ST-GENGOUX-LE-ROYAL, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 36 kil. N. O. de Mâcon; 1766 h. Fabrique de chapeaux, tanneries; grand commercer de vins estimés. Fontaine célèbre, qu'on a nommée la fontaine de Jouvence, par allusion à la nymphe de la Fable que Jupiter métamorphosa en une fontaine qui avait la vertu de rajeunir ceux qui s'y baignaient.

SAINT-GENIEZ-DE-RIVE-D'OLT, ch.-l. de cant. (Aveyron), à 21 kil. E. d'Espalion; 3893 hab. Cadis, chapeaux, meubles, tonnellerie. Patrie de Raynal.

SAINT-GENIS, ch.-l. de cant. (Charente-Inf.), à 12 kil. N. O. de Jonzac: 1210 hab.

SAINT-GENIS-LAVAL, ch.-l. de cant. (Rhône), à 7 k. S. de Lyon; 2724 h. Papiers peints, boutons, tapis.

SAINT-GENIX, ch.-l. de c. (Savoie), arr. de Chambéry. 1812 h. Antiquités romaines.

SAINT-GEOIRE, ch.-l. de cant. (Isère), à. 26 kil. de la Tour-du-Pin; 3384 h. Forges. — V. ST-JEOIRE.

SAINT-GEORGE, une des Açores, à l'O. de Terceire, par 38° 31' lat. N. et 30° 11' long. O. : 40 kil. sur 9; 15 000 hab.

SAINT-GEORGE, une des Bermudes, au N. E. de Bermuda; ch.-l., St-George (3000 hab.). Les Anglais s'y sont établis dès 1612.

SAINT-GEORGE (Cercle de), cercle régimentaire de la Croatie militaire, entre la Croatie civile et la Hongrie, l'Esclavonie et le district de Kreutz : 80 kil. sur 35; 70 000 hab.; ch.-l., Belovar.

SAINT-GEORGE ou GEORGETOWN, ch.-l. de l'île de la Grenade (Petites-Antilles), sur la côte O.; 10 000 h. Port excellent. Cette ville fut fondée par les Français, et cédée aux Anglais avec l'île de la Grenade par la paix de 1763. Elle fut brûlée en 1771 et 1775. — Capit. de la Guyane anglaise. V. GEORGETOWN.

SAINT-GEORGE-DEL-MINA, port de Guinée, dans le pays des Achantis, par 4° 50' long. O., 5° 10' lat. N., est le ch.-l. des établissements hollandais en Guinée: 15 000 h. Primitivement aux Portugais; à la Hollande depuis 1638.

SAINT-GEORGE-DU-VIÈVRE, ch.-l. de cant. (Eure), à 16 kil. S. E. de Pont-Audemer; 1162 h.

SAINT-GEORGE-EN-COUZAN, ch.-l. de cant. (Loire), sur le Lignon, à 27 N. O. de Montbrison; 1151 hab.

SAINT-GEORGE-LES-BAILLARGEAUX, ch.-l. de cant. (Vienne), à 11 kil. N. E. de Poitiers; 1318 h.

SAINT-GEORGE-SUR-LOIRE, ch.-l. de c. (Maine-et-Loire), à 17 kil. S. O. d'Angers; 2757 h. Chapeaux.

SAINT-GEORGE (Canal), bras de mer qui unit vers le S. la mer d'Irlande à l'Atlantique et sépare l'Angleterre de l'Irlande, a env. 140 kil. de long sur une largeur qui varie de 60 à 80 k. Navigation dangereuse.

SAINT-GEORGE (le Chevalier de), mulâtre, né en 1745 à la Guadeloupe, du commerce d'un riche colon avec une négresse, m. en 1801. Son père, devenu fermier général, l'amena jeune en France et le fit entrer dans les mousquetaires; il devint ensuite capitaine des gardes du duc de Chartres (duc d'Orléans). Il se montra favorable à la Révolution et servit avec distinction sous Dumouriez; il n'en fut pas moins arrêté comme suspect en 1794; le 9 thermidor lui rendit la liberté. Le chevalier de St-George, d'une taille et d'une figure avantageuses, d'une force peu commune, brillait en outre par la vivacité de son esprit et excellait dans tous les arts d'agrément : bon musicien, gracieux danseur, il s'était surtout fait de la réputation par son talent pour l'escrime.

SAINT-GEORGE (J. Édouard, chevalier de). V. STUART.

SAINT-GEORGE (Ordre de). V. GEORGE.

SAINT-GÉRAN (le comte de). V. LA GUICHE.

SAINT-GERMAIN ou SAINT-GERMAIN-EN-LAYE, S. Germani fanum in Ledia, v. du dép. de Seine-et-Oise, à 21 kil. N. O. de Paris, à 12 kil. N. de Versailles, sur une colline élevée et sur la lisière E. de la forêt de son nom, près de la r. g. de la Seine; ch.-l. de cant. et résidence d'un conservateur des forêts; 15 108 hab. Jolie ville, célèbre pour la salubrité de l'air; ancien château royal, bâti en briques, récemment restauré, qui depuis la Révolution a servi successivement de caserne, de prison, de pénitencier militaire et est auj. un musée d'antiquités nationales; beau parc, longue terrasse (de 3 kil.), d'où l'on a une vue magnifique; chemin de fer pour Paris, jolie église moderne; plusieurs beaux hôtels; casernes de cavalerie, halle au blé. Bonneterie, tanneries, cuirs vernis, étoffes de crin; commerce en grains, etc. — La ville doit son nom à un monastère que le roi Robert fit bâtir vers l'an 1000 dans la forêt de Laye, en l'honneur de S. Germain, évêque de Paris. Elle fut prise par les Anglais sous le règne de Charles VI. Le château, fondé en 1370 par Charles V, fut continué et agrandi par François I, Henri IV, Louis XIII et Louis XIV. Henri II, Charles IX, Marguerite, reine de Navarre, Louis XIV y sont nés; Jacques II, renversé du trône d'Angleterre, y séjourna : on y voit son tombeau. Il y fut signé en 1562 un édit qui défendait aux Calvinistes de lever des troupes et de prêcher contre la religion catholique, mais qui autorisait leur culte dans les campagnes. Une paix y fut signée en 1570 entre les catholiques et les protestants : cette paix, qui ne fut ni sincère, ni durable, fut appelée la paix boiteuse et mal assise (V. J. de MESMES). — La forêt, une des mieux entretenues de la France, a env. 1800 hectares et est close de murs. On y trouve les Loges, succursale de la maison impériale de Saint-Denis ; il se tient aux Loges une foire très-fréquentée. V. LOGES.

SAINT-GERMAIN-DE-BEL-AIR, ch.-l. de c. (Lot), sur le Céon, à 18 kil. S. E. de Gourdon: 1133 hab.

SAINT-GERMAIN-DE-CALBERTE, ch.-l. de c. (Lozère), à 27 k. S. E. de Florac; 1637 h. Église calviniste.

SAINT-GERMAIN-DE-LEMBRON, ch.-l. de cant. (Puy-de-Dôme), à 13 kil. S. d'Issoire; 2217 hab.

SAINT-GERMAIN-DU-BOIS, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 18 kil. N. de Louhans; 2515 hab.

SAINT-GERMAIN-DU-PLAIN, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 12 kil. S. E. de Châlon; 1573 hab.

SAINT-GERMAIN-LAVAL, ch.-l. de cant. (Loire), à 36 kil. S. de Roanne; 1989 hab.

SAINT-GERMAIN-L'HERM, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 20 k. S. O. d'Ambert: 2105 h. Dentelles.

SAINT-GERMAIN-LES-BELLES-FILLES, ch.-l. de cant. (H.-Vienne), à 30 kil. N. E. de St-Yrieix; 2128 hab.

SAINT-GERMAIN-LES-FOSSÉS, bourg de l'Allier, à 18 k. S. O. de La Palisse ; 1200 h. Station de chemin de fer, tête de ligne du Grand-Central.

SAINT-GERMAIN DES PRÉS (Abbaye de), célèbre monastère de Paris, qui occupait jadis une partie du faubourg St-Germain actuel, fut fondée vers 543 par le roi Childebert, et eut pour 1er abbé S. Germain, évêque de Paris. L'église St-Germain des Prés, qui en dépendait, fut bâtie, comme le cloître, au VIe s. et porta d'abord le nom de St-Vincent-et-Ste-Croix ; brûlée par les Normands au IXe s., elle fut rebâtie au XIIe ; elle contenait les tombeaux de Childebert, Chilpéric I, Childéric II; on y déposa plus tard les restes de Descartes, de Boileau; de Montfaucon, de Mabillon, et autres savants Bénédictins. — De fréquentes réformes furent introduites dans l'abbaye; en 1513, on lui imposa la règle de St-Benoît; en 1631, les Bénédictins de St-Germain des Prés s'aggrégèrent à la congrégation de St-Maur. En 1585, le cardinal de Bourbon, alors abbé de St-Germain des Prés, fit construire un palais abbatial, que le cardinal de Furstenberg fit réparer au XVIIIe s. et qui existe encore auj. En 1635, on bâtit la prison de l'Abbaye (V. ce mot), adossée au monastère et auj. démolie. — L'abbaye possédait une bibliothèque célèbre, riche surtout en manuscrits; elle fut en partie détruite en 1794 par l'explosion d'une poudrière; mais les manuscrits furent sauvés; ils sont auj. à la Bibliothèque impériale. L’Hist. de l'abbaye de St-Germain a été écrite par dom Bouillart, 1774.

SAINT-GERMAIN (Claude Louis, comte de), ministre de la guerre, né en 1707 près de Lons-le-Saunier, m. en 1778, servit d'abord en France dans un régiment dont son père était colonel, puis alla prendre du service à l'étranger (en Autriche, en Prusse et en Danemark), revint en France avec le grade de feld-maréchal, se distingua dans les guerres de Flandres et de Prusse (1748-60), rallia l'armée française après la défaite de Rosbach, protégea la retraite à Minden et eut une grande part à la victoire de Corbach. Il fut appelé en 1775 au ministère de la guerre par Louis XVI, fit d'utiles réformes, mais déplut à l'armée pour avoir voulu introduire les corrections corporelles et se retira dès 1777. Il a laissé des Mémoires, Amst., 1779, et une Correspondance avec Pâris-Duverney, publiée à Londres, 1789.

SAINT-GERMAIN (le comte de), aventurier dont on ne connaît ni le vrai nom, ni la famille : selon les uns, il avait pour père un Juif portugais; selon d'autres, il était fils naturel du roi de Portugal. Il fut rencontré en Allemagne par le maréchal de Belle-Isle, qui l'amena en France vers 1740, et le présenta à la cour; il plut à Mme de Pompadour et à Louis XV, qui l'admirent dans leur intimité. Il jouissait d'une grande fortune et vivait avec splendeur. Après un long séjour en France, il visita l'Angleterre, l'Italie, et se retira à Hambourg, puis auprès du prince de Hesse-Cassel, et mourut en 1784 à Slesvig. Cet homme mystérieux prétendait avoir vécu plusieurs centaines d'années : il parlait de Charles-Quint, de François I, et même de Jésus-Christ, comme ayant vécu de leur temps et dans leur familiarité; il disait aussi posséder toutes sortes de secrets. On croit que le comte de St-Germain fut employé comme espion par différents ministres, ce qui expliquerait et sa richesse et les ténèbres dont il s'enveloppait.

SAINT-GERVAIS, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 35 k. de Riom; 2471 h. Eaux thermales. — Bg de l'Isère, à 40 k. E. de Grenoble, à 13 k. N. E. de St-Marcellin : 700 h. Fonderie de canons, pont suspendu. — Ch.-l. de c. (Hte-Savoie), à 37 kil. E. de Bonneville, à l'entrée de la vallée de Chamouni; 1850 hab. Eau minérale, marbre rouge. — ST-GERVAIS-LA-VILLE, ch.-l. de c. (Hérault), à 40 k. N. N. O. de Béziers; 2156 hab. Houille, marbre, granit.

SAINT-GÉRY, ch.-l. de c. (Lot), sur le Lot, à 13 kil. N. E. de Cahors; 908 hab.

SAINT-GILDAS-DE-RUYS, Vge du dép. du Morbihan, à 18 kil. S. O. de Vannes; 1200 h. Anc. abbaye de Bénédictins, fondée dans le VIe s. par S. Gildas et dont Abélard fut abbé. Monuments druidiques.

SAINT-GILDAS-DES-BOIS, ch.-l. de c. (Loire-Inf.), à 19 kil. N. O. de Savenay; 1888 hab.

SAINT-GILLES-LES-BOUCHERIES, Fanum S. Ægidii ou Palatium Gothorum, ch.-l. de c. (Gard), à 20 kil. S. de Nîmes, sur le canal de Beaucaire à Aigues-Mortes; 6365 hab. Eau-de-vie, vins rouges, etc. Patrie du pape Clément IV. — Cette ville doit son nom à S. Ægidius ou Gilles, qui y vivait au VIe s. ; les rois visigoths y eurent un palais.

SAINT-GILLES-SUR-VIE, ch.-l. de c. (Vendée), à 30 kil. N. O. des Sables d'Olonne; 1140 hab. Port, construction de bateaux, pêche de la sardine. Commerce de grains et de sel.

SAINT-GIRONS, ch.-l. d'arr. (Ariége), sur le Salat, à 48 kil. O. de Foix ; 4576 hab. Trib. de 1re inst., collége. Gros draps, papiers. Aux env., beaucoup de métiers de tissage de fil et de laine. Grand commerce avec l'Espagne.

SAINT-GOBAIN, bourg du dép. de l'Aisne, à 25 kil. O. de Laon; 2261 hab. Grande manufacture de glaces (la 1re de l'Europe), établie en 1691, dans un ancien château des sires de Coucy. Chemin de fer pour Chauny.

SAINT-GOTHARD, Adula, mont. de Suisse, sur les confins des cantons du Tessin et d'Uri, forme comme le centre de tous les rameaux des Alpes. Ses sommets les plus élevés ont 3226m et sont couverts de neiges perpétuelles. Le col du St-Gothard, placé à une hauteur de 2075m, est le passage le plus fréquenté de Suisse en Italie : belle route; achevée en 1830, entre le lac de Lucerne et le lac Majeur. Le St-G. donne naissance à la Reuss au N., au Tessin au S. On y place aussi vulgairement les sources du Rhône et du Rhin, qui en effet en sont voisines.

SAINT-GOTHARD, bourg de Hongrie (comitat d'Eisenbourg), à 40 k. S. O. de Stein-am-Anger; 900 h. Montecuculli, soutenu par 6000 Français, y remporta en 1664 une grande victoire sur les Turcs.

SAINT-HAON-LE-CHATEL, ch.-l. de c. (Loire), à 17 kil. N. O. de Roanne; 704 hab.

SAINT-HEAND, S. Eugendi vicus, ch.-l. de c. (Loire), à 11 k. N. de St-Étienne; 5612 h. Fabriques de platines de fusil.

SAINT-HÉLIER, capit. de l'île de Jersey, sur la côte S. ; 75 000 h. Siège du gouverneur et d'une cour de justice. Port commerçant, belle église, forts, arsenal.

SAINT-HILAIRE, ch.-l. de c. (Aude), à 15 k. N. E. de Limoux; 934 h. — Autre ch.-l. de c. (Ch.-Inf.), à 10 kil. S. de St-Jean d'Angély; 1321 hab.

SAINT-HILAIRE-DES-LOGES, ch.-l. de c. (Vendée), à 11 kil. de Fontenay; 2728 hab.

SAINT-HILAIRE-DU-HARCOUET, ch.-l. de c. (Manche), à 14 k. S. O. de Mortain; 4080 h. Collége. Fabriques de draps et de toiles. Bestiaux, cire, miel.

SAINT-HILAIRE (GEOFFROY). V. GEOFFROY.

SAINT-HIPPOLYTE, ch.-l. de c. (Gard), à 28 k, E. du Vigan, près des sources de la Vidourle; 4764 hab. Trib. de commerce, église calviniste. Tanneries, mégisseries, fabriques de gants et de bas de soie. Fortifiée en 1687 et pourvue d'une garnison pour contenir les Protestants.

SAINT-HIPPOLYTE, ch.-l. de c. du dép. du Doubs, au confluent du Doubs et de la Dessoubre, à 30 kil. S. de Montbéliard; 1126 hab. Fabriques d'outils, de toiles de coton, tanneries; fromages. Jadis, abbaye d'Ursulines et chapitre de chanoines.

SAINT-HIPPOLYTE, bourg du Ht-Rhin, à 18 kil. N. de Colmar; 2241 hab. Château fort. Bonneterie, pierres de taille, tuileries; mines de houille aux environs. Anc. abbaye, fondée par Fulrad vers 760.

SAINT-HUBERT, primitivement Andain, v. du Luxembourg belge, ch.-l. de c, à 60 kil. d'Arlon, dans la forêt des Ardennes; 2400 hab. Belle église, restaurée de 1840 à 1850 et ornée de la statue de S. Hubert par G. Geefs; anc. abbaye, fondée en 698, où l'on conservait le corps de S. Hubert. On y va en pèlerinage pour être préservé de la rage.

SAINT-HUBERTI (Cécile CLAVEL, dite), célèbre cantatrice française, née à Toul vers 1756, m. en 1812, débuta à l'Opéra en 1777, et fit le succès de plusieurs des opéras de Gluck, de Piccini et de Sacchini. On lui doit en outre la réforme des costumes de l'Opéra, qu'elle rendit conformes à la vérité historique.

SAINT-HYACINTHE (Hyacinthe CORDONNIER , dit THÉMISEUIL de), littérateur, né à Orléans en 1684, m. en 1746, servit comme officier de cavalerie, fut pris à Hochstædt (1704) et, conduit en Hollande, passa la plus grande partie de sa vie dans ce pays, y fonda le Journal littéraire (La Haye; 1713 et années suivantes, 24 vol.). Il y coopéra à l'Europe savante (1718-20). De ses opuscules assez nombreux, le plus fameux est le Chef-d'œuvre d'un inconnu, poëme heureusement découvert et mis au jour par le docteur Mathanasius, La Haye, 1714, et Paris, 1807, satire du pédantisme des commentateurs.

SAINT-ILDEFONSE, v. d'Espagne (Ségovie),à 6 k. S. E. de Ségovie et 84 kil. N. O. de Madrid, sur le versant nord de la Sierra de Guadarrama; 5000 hab. Verrerie royale et manuf. de glaces ; fabrique d'acier. Près de St-Ildefonse est le superbe palais d'été de la Granja (V. ce nom). — A St-Ildefonse fut signé en 1778 un traité entre l'Espagne et le Portugal, et en 1800 un traité qui cédait la Louisiane à la France.

SAINTINE (Joseph Xavier BONIFACE, dit), littérateur français, né à Paris en 1798, m. en 1865 ; se fit connaître dès 1823 par des Poëmes, odes et épîtres, travailla pour le théâtre, et donna en collaboration avec M. Scribe plusieurs vaudevilles, parmi lesquels l’Ours et le Pacha (1823); a donné plusieurs romans agréablement écrits, et s est surtout fait un nom par Picciola (1836, souvent réimprimé).

SAINT-JACQUES, hameau de Suisse, à la porte de Bâle, où 1600 Suisses résistèrent, en 1444, à 22 000 Français, commandés parle dauphin de France (depuis Louis XI) : ils se firent tous tuer, à l'exception de 10. On appelle encore Sang des Suisses le vin récolté sur les coteaux où se livra la bataille.

SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE. V. SANTIAGO.

SAINT-JACQUES (Ordre de). V. JACQUES.

SAINT-JACQUES-DE-LA-BOUCHERIE (Tour de), tour de 54m de hauteur qui s'élève au milieu de Paris, à la rencontre du boulevard de Sébastopol et de la rue de Rivoli, fut bâtie de 1508 à 1522 pour orner le portail d'une église de St-Jacques, auj. démolie. Pascal fit du haut de cette tour ses premières expériences sur la pesanteur de l'air. Après la Révolution, elle servit longtemps de fabrique de plomb de chasse. Rachetée en 1836 par la ville de Paris, elle a été complètement restaurée : elle est surmontée d'une statue colossale de S. Jacques et offre au rez-de-chaussée une statue de Pascal.

SAINT-JAMES, ch.-l. de cant. (Manche), a 18 k. S. d'Avranches; 3270 hab. Jadis vicomté. SAINT-JEAN, v. et port de l'Amérique sept.(Nouv.-Brunswick), à l'embouch. d'une riv. de même nom; 15 000 h. Port franc ; commerce actif.

SAINT-JEAN, ch.-l. de l'île d'Antigoa (Petites-Antilles anglaises), sur la côte N. O. ; de 10 à 15 000 h. Bon port; 3 forts. Commerce considérable.

SAINT-JEAN, ch.-l. de l'île de Terre-Neuve, sur la côte au S. E. ; 12 000 h. Bon port. Brûlée en 1846.

SAINT-JEAN, une des îles Vierges (Antilles danoises), à 4 k. E. de St-Thomas, par 67° 0' long. O. ; 12k. sur 5 ; 6000 hab. Port vaste. Établissement de frères Moraves. Occupée en 1671 par les Danois, l'île a été ouverte en 1834 au commerce de toutes les nations.

SAINT-JEAN-D'ACRE, v. de Syrie. V. ACRE.

SAINT-JEAN-D'ANGÉLY, ch.-l. d'arr. (Charente-Inf.), sur la Boutonne, à 60 k. S. E. de La Rochelle ; 6392 h. Trib. de 1re instance et de commerce, collége, société d'agriculture. Fabrique de poudre et de gros souliers dits de Niort, dépôt d'étalons, grand commerce d'eau-de-vie dite de Cognac, et de bois de construction. Cette ville envoya en 1789 aux États généraux Regnauld, dit de Saint-Jean-d'Angély, à qui elle a érigé une statue en 1863. — La ville se forma autour d'un monastère fondé par Pépin, roi d'Aquitaine. Elle obtint une charte de commune en 1204. Charles V étendit ses franchises, pour récompenser sa fidélité pendant les guerres avec les Anglais. Elle adopta le Protestantisme au XVIe s., fut prise en 1569 par le duc d'Anjou (Henri III), et en 1621 par Louis XIII, qui rasa ses fortifications.

SAINT-JEAN-DE-BOURNAY, ch.-l. de cant. (Isère), sur la Véronne, à 18 kil. E. de Vienne ; 3501 h. Toile à voiles, draps croisés; grains, bestiaux, volailles.

SAINT-JEAN-DE-BRÉVELAY, ch.-l. de cant. (Morbihan), à 28 kil. S. O. de Ploërmel; 2509 h.

SAINT-JEAN-DE-DAYE, ch.-l. de cant. (Manche), près de la Vire, à 15 kil. N. de St-Lô; 283 h.

SAINT-JEAN-DE-LOSNE, ch.-l. de cant. (Côte-d'Or), sur la r. dr. de la Saône, à sa jonction avec le canal de Bourgogne, et près de l'embouch. du canal de Monsieur, à 43 kil. N. E. de Beaune; 1860 h. Trib. de commerce. Grand commerce des produits du pays : vins, fers, bois, charbon, briques. Patrie de dom Martène. Cette ville a soutenu deux siéges célèbres, l'un en 1273, l'autre en 1636 : dans ce dernier, 4000 citoyens et 50 soldats tinrent contre 50 000 Espagnols et Allemands, et les forcèrent de se retirer : d'où le surnom de Belle-Défense donné à la ville.

SAINT-JEAN-DE-LUZ, ch.-l. de cant. (Basses-Pyrénées), à 18 kil. S. O. de Bayonne, au fond du golfe de Gascogne; 2793 hab. Port vaste, mais qui s'ensable; fort, batteries. École de navigation. Pêche de la sardine et du thon. — C'est dans cette ville que fut célébré le mariage de Louis XIV, en 1660. Il y eut près de là plusieurs engagements entre les Français et les Espagnols en 1793 et 1813.

SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE, ch.-l. d'arr. (Savoie), à 50 kil. S. de Chambéry, sur l'Arc; 3254 h. Évêché. Station de chemin de fer, jardin botanique. Fabriques de fromages; commerce de transit. Cette ville, anc. capit. du comté de Maurienne, fut prise par les Français au commencement de la Révolution et devint ch.-l. d'arr. dans le dép. du Mont-Blanc.

SAINT-JEAN-DE-MONTS, ch.-l. de c. (Vendée), près de l'Océan, à 54 k. N. O. des Sables d'Olonne ; 4021 h.

SAINT-JEAN-DE-SOLEYMIEUX, ch.-l. de c. (Loire), à 12 kil. S. de Montbrison; 1325 hab.

SAINT-JEAN-DU-GARD, ch.-l. de cant. (Gard), dans les Cévennes, à 22 kil. O. d'Alais; 4240 hab. Église calviniste. Filatures de soie, bonneterie de soie. Aux env., mines de houille (à Sénéchas et Portes).

SAINT-JEAN-EN-ROYANS, ch.-l. de cant. (Drôme), sur la Lionne, à 35 kil. E. de Valence; 2563 h.

SAINT-JEAN-PIED-DE-PORT, Imus Pyrenæus, ch.-l. de cant. (B.-Pyrénées), au pied des Pyrénées, sur la Nive, à 41 kil. O. de Mauléon; 1999 hab. Place forte, citadelle (bâtie en 1680). Commerce de laines et d'agaric. — Fondée en 716, cette ville appartint longtemps à l'Espagne et fut la capitale de la Basse-Navarre, dont elle suivit le sort; elle a été cédée à la France par le traité des Pyrénées (1659).

SAINT-JEAN-DE-NICARAGUA. V. NICARAGUA.

SAINT-JEAN-D'ULLOA. V. VERA-CRUZ.

SAINT-JEAN, noble famille anglaise, d'où sortit le fameux Bolingbroke, a pour chef Olivier St-Jean, de Bletsho, dans le comté d'Oxford, qui fut fait baron par Élisabeth. V. BOLINGBROKE.

SAINT-JEAN (CHRÉTIENS de). V. CHRÉTIENS.

SAINT-JEAN-DE-JÉRUSALEM (Ordre de). V. HOSPITALIERS et MALTE.

SAINT-JEOIRE, ch.-l. de c. (Hte-Savoie), dans l'anc. Faucigny, à 8 k. N. E, de Bonneville; 1765 h. Clouteries, marché de mulets et bestiaux.

SAINT-JOUAN, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 22 kil. S. O. de Dinan ; 722 hab.

SAINT-JULIEN, ch.-l. de c. (Jura), à 34 kil. S. de Lons-le-Saulnier; 773 h. Élève de mulets.

SAINT-JULIEN, bg de la Gironde, à 4 k. S. de Pauillac, sur la r. g. de la Gironde; 1400 h. Vins renommés. Maisons de campagne élégantes. Château de Beychevelle (corruption de Baisse-voile), qui percevait jadis un péage sur tout navire remontant à Bordeaux.

SAINT-JULIEN, ch.-l. d'arr. (Hte-Savoie), à 30 k. N. d'Annecy; 1482 h. Anc. ch.-l. de l'intendance sarde de Carouge. Il y fut signé plusieurs traités entre le duc de Savoie et la république de Genève.

SAINT-JULIEN-DE-CHAPTEUIL, ch.-l. de c. (Hte-Loire), à 13 kil. E. du Puy; 2678 h. Vieux château.

SAINT-JULIEN-DE-VOUVANTES, ch.-l. de c. (Loire-Inf.), à 14 kil. S. E. de Chateaubriand; 2007 h. Étang.

SAINT-JULIEN-DU-SAULT, ch.-l. de c. (Yonne), à 11 k. N. O. de Joigny; 2331 hab. Acier poli, draps communs, tanneries, moulins à tan.

SAINT-JULIEN-EN-JARREST, bg du dép. de la Loire, sur le Gier, à 15 kil. N. E. de St-Étienne; 4058 hab. Forges, armurerie.

SAINT-JULIEN-L'ARS, ch.-l. de c. (Vienne), à 14 kil. E. de Poitiers; 1106 hab. Tuileries, briqueteries.

SAINT-JUNIEN, ch.-l. de c. (Hte-Vienne), à 11 kil. N. E. de Rochechouart, sur la Vienne et la Glane; 6795 h. Collége. Belle église, renfermant le tombeau du saint et une chapelle de la Vierge, que Louis XI vint visiter en pèlerinage en 1464 et 1465. Gants, chapeaux, couvertures de laine et coton, porcelaine, poterie. Mulets, chevaux.

SAINT-JUST ou YUSTE, monastère d'Hiéronymites, en Espagne (Estramadure), à 40 kil. env. de Placencia. C'est là que se retira Charles-Quint après son abdication (1556).

SAINT-JUST-EN-CHAUSSÉE, ch.-l. de c. (Oise), sur le chemin de fer du Nord, à 16 kil. N. de Clermont-en-Beauvaisis ; 1745 hab. Il tire son nom d'une de ces anciennes chaussées dites de Brunehaut.

SAINT-JUST-EN-CHEVALET, ch.-l. de c. (Loire), à 27 kil. S. O. de Roanne; 2536h. Aux env., plomb, beau marbre. — On trouve dans le même département deux autres villes de même nom : St-Just-la-Pendue (3082 h.), et St-Just-sur-Loire (2237 h.).

SAINT-JUST (Antoine), fameux conventionnel, né en 1768 ou 1769, à Decize, était fils d'un ancien officier. A peine sorti du collége et plein des souvenirs des républiques anciennes, il adopta avec enthousiasme les principes de la Révolution, fut député en 1792 à la Convention par le dép. de l'Aisne, s'y fit remarquer par l'exaltation de ses opinions, surtout dans le procès de Louis XVI, contribua puissamment à la mort de ce prince, à l'établissement de la république et à la concentration de tous les pouvoirs dans la Convention ; se lia étroitement avec Robespierre, eut part au mouvement du 31 mai contre les Girondins, entra au Comité de Salut Public, et fut un de ceux qui organisèrent le régime de la Terreur; alla en mission avec Lebas à l'armée du Rhin, où il ordonna une foule d'exécutions, mais où en même temps il exalta les courages; devint président de la Convention au 19 février 1794, se chargea des rapports contre ses collègues Danton, Hérault de Séchelles et Camille Desmoulins, qui furent envoyés à la mort, défendit presque seul Robespierre au 9 thermidor, fut enveloppé dans sa condamnation et périt avec lui sur l’échafaud. St-Just cultivait la poésie ; il avait publié dès 1789 un poëme en 20 chants, Organt. On a de lui : Esprit de la Révolution, 1791, nombre de Rapports et d’Opinions, des Lettres et autres écrits (dans le Recueil des papiers saisis chez Robespierre). Ses Œuvres politiques ont été réunies en 1834. E. Fleury a donné sa Vie, 1851.

SAINT-JUST (GODARD D’AUCOURT, dit de), littérateur, né en 1770 à Paris, m. en 1826, fils d’un fermier général qui lui-même cultivait les lettres, a composé le poëme de plusieurs opéras comiques qui ont eu beaucoup de succès : le Calife de Bagdad, Jean de Paris, etc. Le recueil de ses Œuvres a été donné par lui-même, Paris, 1826, 2 vol. in-8.

SAINT-KILDA, la plus occid. des îles Hébrides, par 10° 40′ long. O. 57° 50′ lat. N., au S. O. de l’île Lewis. Stérile et presque inhabitée. Ruines antiques.

SAINT-LAMBERT (Ch. François, marquis de), poëte, né en 1717 à Vézelise en Lorraine, m. en 1803, servit d’abord dans les gardes lorraines, s’attacha au roi Stanislas retiré en Lorraine, connut à Nancy Mme Du Châtelet, à laquelle il inspira une vive passion, fit la campagne de Hanovre en 1756, renonça l’année suivante à l’état militaire pour se vouer aux lettres, vint à Paris, où il se lia bientôt avec les philosophes, travailla à l’Encyclopédie, fit en même temps des vers qui eurent du succès, publia en 1765 le poëme des Saisons, fut reçu à l’Académie en 1770, se retira pendant les troubles de la Révolution à Eaubonne, près de Montmorency, et y passa ses dernières années dans la société de Mme d’Houdetot, son amie. Le poëme des Saisons, beaucoup loué lorsqu’il parut, renferme en effet de grandes beautés et se place parmi nos meilleurs poëmes descriptifs ; mais ce n’en est pas moins un ouvrage froid et monotone. On a en outre de St-Lambert des Poésies fugitives, un petit poëme, le Matin et le Soir, des Contes en prose, des Fables orientales, des Mémoires sur Bolingbroke (1796), enfin le Catéchisme universel ou Principes des mœurs chez toutes les nations (1798-1801), ouvrage philosophique trop vanté : imbu des doctrines d’Helvétius, St-Lambert y prêche une morale toute égoïste, fondée uniquement sur l’intérêt bien entendu.

SAINT-LAURENT (le), grand fleuve de l’Amérique sept., sort de l’extrémité N. E. du lac Ontario, sépare le Ht-Canada de l’État de New-York, traverse le Bas-Canada, et se jette dans le golfe St-Laurent à l’O. de l’île Anticosti, entre le cap du Chat et celui des monts Pelés, après un cours d’env. 1000 kil. Son lit, extrêmement large, varie de 800 à 3000m, et forme comme un lac en quelques endroits ; le volume d’eau qu’il porte à la mer est immense : car il réunit les eaux des cinq grands lacs (Supérieur, Huron, Michigan, Érié, Ontario), dont il n’est réellement que la continuation. Ses affluents principaux sont : à droite, le Richelieu, le St-François et la Chaudière, à gauche, le Rideau, l’Ottawa, le Seguanay, le St-Maurice. Johnstown, Ottawa, Montréal et Québec sont les seules villes importantes qu’il arrose. Il est traversé à Québec par un pont gigantesque, le pont Victoria, œuvre de Robert Stephenson. Jacques Cartier remonta le premier ce fleuve jusqu’à Montréal (1535), et lui donna le nom qu’il porte encore auj.

SAINT-LAURENT (Golfe), golfe formé par l’Océan Atlantique, sur la côte E. de la Nouv.-Bretagne, entre le Canada à l’O., le Nouv-Brunswick au S., l’île de Terre-Neuve à l’E. et le Labrador au N. O., doit son nom au fleuve St-Laurent, qui s’y jette par un large estuaire. Il renferme les îles d’Anticosti, de St-Jean et de la Madeleine.

SAINT-LAURENT-DE-CERDANS, bg des Pyrénées-Or., à 29 k. S. O. de Céret, à la source du Tech ; 2173 h. Clouteries, forges. Exportation de velours d’Amiens, de rouenneries. Abeilles, bestiaux.

SAINT-LAURENT-DE-CHAMOUSSET, ch.-l. de c. (Rhône), à 23 k. O. de Lyon ; 1799 h. Filatures.

SAINT-LAURENT-SUR-GORRE, ch.-l. de c. (Hte-Vienne), sur la Gorre, à 11 k. S. E. de Rochechouart ; 2580 h.

SAINT-LAURENT-DE-MÉDOC, ch.-l. de cant. (Gironde), à 16 k. S. E. de Lesparre ; 3159 h. Bon vin ; poix, goudron.

SAINT-LAURENT-DU-PONT, ch.-l. de cant. (Isère), à 5 kil. N. E. de Voiron, sur le Guier-Mort, dans une contrée sauvage, à 33 k. N. de Grenoble, 1761 hab. Près de là, au S. E., est la Grande-Chartreuse.

SAINT-LAURENT-EN-GRAND-VAUX, ch.-l. de c. (Jura), à 24 k. N. E. de St-Claude ; 1258 h. Tourbières. Horlogerie, quincaillerie ; miel et fromages renommés.

SAINT-LAZARE, Lazzaro-degli-Armeni, petite île de l’Adriatique, dans les lagunes de Venise, à 4 k. S. E. de cette ville. Jusqu’en 1594, cette île eut un hôpital pour les lépreux : d’où son nom. Cédée en 1717 à la Congrégation des Mekhitaristes, elle est devenue un centre de propagation apostolique pour l’Asie et d’instruction pour la nation arménienne. Imprimerie active, d’où sortent un grand nombre d’ouvrages destinés à répandre en Orient la civilisation moderne et la foi catholique ; magnifique bibliothèque, où se trouvent plus de 1500 manuscrits arméniens, la plupart inédits et du plus haut intérêt pour l’histoire.

SAINT-LAZARE (Ordre de). V. LAZARE (S.).

SAINT-LÉGER (MERCIER de). V. MERCIER.

SAINT-LÉGER-SOUS-BEUVRAY, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 13 k. O. d’Autun ; 1366 h. Bois.

SAINT-LÉONARD-LE-NOBLAC, ch.-l. de c. (Hte-Vienne, à 23 kil. E. de Limoges ; 6196 hab. Cadis, couvertures de laine, martinets à cuivre, chaudronnerie, porcelaine. Cette ville tire son nom de S. Léonard, qui y fonda un monastère au VIe s. Patrie de Gay-Lussac. — Prise par les Calvinistes en 1575, mais bientôt reprise par ses habitants.

SAINT-LEU, ST-LEU-TAVERNY ou NAPOLÉON-ST-LEU, vge de Seine-et-Oise, à 6 kil. N. O. de Montmorency ; 1800 h. On y voyait avant 1830 un beau château, avec parc magnifique, qui appartint à la maison d’Orléans, puis au roi Louis Bonaparte, lequel après son abdication prit le nom de Comte de St-Leu, enfin au prince de Condé (depuis duc de Bourbon), qui le légua à Mme de Feuchères. Vendu par lots en 1842. L’église contient les restes de Louis Bonaparte, roi de Hollande, et ceux de Charles Bonaparte, chef de la famille.

SAINT-LEU-D’ESSERENT, vge du dép. de l’Oise, à 12 k. O. de Senlis ; 1200 h. Antique église, marquant la transition du style roman au gothique. Pierre à bâtir.

SAINT-LIZIER, ch.-l. de cant. (Ariége), sur le Salat, à 2 kil. N. O. de St-Girons ; 1165 h. Dépôt de mendicité. — Cette ville, appelée jadis Austria, fut la capit. des Consorrani. Elle eut longtemps des évêques, qui jusqu’au XIIe s. portèrent le nom d’évêques d’Austria : le plus célèbre fut S. Lizier (m. en 752).

SAINT-LÔ, Briodurum ou Briovera, puis S. Laudi fanum, ch.-l. d’arr. (Manche), sur la Vire, à 287 k. O. de Paris ; 9810 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége, école normale primaire, biblioth., musée. Chemin de fer, beau pont, belles places, église ogivale de Ne.-Dame, du XVe s., église romane de Ste-Croix, du XIe. Haras ; draps, serges, basins, coutils. Patrie du card. Duperron, de l’astronome Le Verrier. Cette ville porta d’abord le nom de Bourg-l’Abbé. Elle reçut son nom actuel en souvenir de S. Lô, évêque de Coutances au IVe s., qui y avait une église. Fortifiée par Charlemagne, elle fut rasée par Rollon, rétablie en 1096 par Henri, fils de Guillaume le Conquérant, prise par Philippe-Auguste en 1203, par les Anglais en 1346, et reprise par le connétable de Richemont en 1449. Elle eut encore beaucoup à souffrir pendant les guerres de Religion.

SAINT-LOUIS, village du dép. de la Moselle, cant. de Bitche, à 30 k. E. S. E. de Sarreguemines ; 800 h. Importante cristallerie, qui date de 1767 ; immenses ateliers et usines à vapeur. SAINT-LOUIS, Andar chez les indigènes, v. de Sénégambie, ch.-l. des établissements français au Sénégal et de l'arrond. de St-Louis, dans une île de même nom formée par le Sénégal, à 15 kil. de l'embouchure du fleuve ; 9862 hab. Résidence du gouverneur général, d'un préfet apostolique ; cour impériale, trib. civil et criminel. Entrepôt du commerce de la colonie : le commerce y consiste surtout en gommes et en arachides. Climat malsain.

SAINT-LOUIS, v. des États-Unis (Missouri), sur le Mississipi, à l'embouchure de l'Ohio, à 190 kil. O. de Jefferson, dans une situation admirable pour le commerce : 100 000 h., la plupart Français d'origine. Évêché catholique, cour suprême, université, dirigée par les Jésuites; école de médecine; musée et bibliothèque. Commerce considérable, chantiers de construction pour la marine à vapeur. Cette ville, fondée en 1764 par des Français, grandit chaque jour.

SAINT-LOUIS, riv. des États-Unis, se forme dans le territoire du Nord-Ouest, non loin des sources du Mississipi, coule au S., puis à l'E., et se jette dans le lac Supérieur, par la baie la plus occid., après un cours d'environ 220 k. C'est le commencement de cet immense cours d'eau qui, traversant les lacs Supérieur, Huron, Érié, Ontario, forme enfin le fleuve St-Laurent.

SAINT-LOUIS (le P. Pierre de), poëte, né en 1626 au Valréas (Vaucluse), m. en 1684, quitta le monde après avoir vu enlever par la petite-vérole une demoiselle qu'il aimait et qu'il allait épouser, entra dans un couvent de Carmes près de Marseille et composa en l'honneur de Ste Madeleine, patronne de la femme qu'il avait aimée, un poëme en 12 livres : la Magdaléïde ou Madeleine au désert de la Ste-Baume (en Provence), qui parut à Lyon en 1668. Il entreprit plus tard un autre poëme du même genre, l’Éliade, dont le héros était le prophète Élie, fondateur présumé de l'ordre des Carmes; ce second ouvrage n'a pas été imprimé. Ces deux poëmes sont des chefs-d'œuvre de ridicule; on y trouve les métaphores les plus burlesques, le style le plus ampoulé. Le P. de St-Louis était aussi un grand faiseur d'anagrammes.

SAINT-LOUIS (Ordre de). V. LOUIS (Ordre de ST-).

SAINT-LOUIS (Institut de). V. SAINT-CYR.

SAINT-LOUP, ch.-l. de cant. (Deux-Sèvres), à 17 kil. N. E. de Parthenay; 1547 h. Vins, laines, moutons. Ville bien située, au confluent du Thoué et du Cébron. Jadis on y voyait un superbe château, construit sous Louis XIII par le cardinal de Sourdis.

SAINT-LOUP-SUR-SÉMOUSE, ch.-l. de c. (Hte-Saône), sur la Sémouse, au pied des Vosges, à 29 kil. N. O. de Lure; 2533 h. Kirsch, chapeaux de paille.

SAINT-LUC (Franç. D'ESPINAY de), gentilhomme normand, avait été un des mignons de Henri III, qui le nomma gouverneur de la Saintonge. Tombé en disgrâce pour avoir révélé une intrigue amoureuse du roi, il suivit le duc d'Anjou dans les Pays-Bas. Rentré en France, il défendit Brouage en Saintonge contre les Calvinistes et fut pris à Coutras. Il servit depuis Henri IV, qui le fit grand maître de l'artillerie; il fut tué en 1597, devant Amiens. — Timoléon de St-Luc, son fils (1580-1644), hérita du gouvt de Brouage, suivit Sully dans son ambassade en Angleterre, se signala contre les Rochellois, fut vice-amiral, lieutenant général de Guyenne et maréchal de France.

SAINT-LUC (Académie de), école de peinture fondée à Rome au XVIe s. par le Muziano, et ainsi nommée en l'honneur de S. Luc, auquel on attribuait le talent de la peinture, fut réunie en 1676 à l'école de peinture fondée par Louis XIV.

SAINT-LYS, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), à 16 kil. N. O. de Muret; 1533 h. Chanvre, lin, toile.

SAINT-MACAIRE, ch.-l. de cant. (Gironde), sur la r. dr. de la Garonne, à 16 k. O. de la Réole; 1381 h. Station. Vin rouge. Anc. villa gallo-romaine du nom de Ligena, puis abbaye de Bénédictins. La ville fut saccagée par les Calvinistes en 1562.

SAINT-MAIXENT, ch.-l. de cant. (Deux-Sèvres), à 23 kil. N. E. de Niort; 3927 hab. Ville murée; on y remarque 2 églises superposées. Serges, feutres vernis, etc. Commerce de blé, mulets; anc. dépôt d'étalons (supprimé en 1863). — Cette ville se forma autour d'une abbaye que S. Maixent gouvernait au Ve s. ; elle obtint une charte de commune en 1440. Au XVIe s., elle embrassa la Réforme avec ardeur.

SAINT-MALO, Alleco, puis Macloviopolis, ch.-l. d'arr. (Ille-et-Vilaine), à 70 kil. N. O. de Rennes; 10 886 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce; collége, école de navigation. Cette ville est sur un rocher, dans la presqu'île d'Aron, qui est liée au continent par une digue superbe de 200m, dite le Sillon. Port grand, sûr, mais de difficile accès; le flux y atteint une des plus fortes hauteurs connues (15m au-dessus de la basse mer). Marine marchande très-développée; pêche de la morue, expéditions pour Terre-Neuve. Chantiers de construction, arsenal ; bains de mer. Entrepôt de denrées coloniales et de sel. Murailles; tours Qui-qu'en-grogne et Solidor; belles promenades, environs délicieux. Patrie de Jacques Cartier, de Duguay-Trouin, qui y a une statue, de La Bourdonnais, Maupertuis, Lamettrie, Surcouf, Châteaubriand, dont on voit le tombeau sur le rocher du Grand-Bé, Broussais, La Mennais. — Fondée au VIIIe s. par les habitants de Guich-Alet (Aletum), dont les ruines se voient encore au S. de St-Malo, cette ville fut ainsi nommée de son 1er évêque (Maclou). Elle fut bombardée par les Anglais en 1693, 1695 et 1758-1759. C'est à St-Malo que se forma la Compagnie française des Indes : cette ville était si prospère que les habitants offrirent en 1711 à Louis XIV 30 millions pour soutenir la guerre. On connaît la singulière patrouille que les Malouins faisaient faire autrefois autour de la ville par un certain nombre de dogues qu'on lâchait à l'entrée de chaque nuit.

SAINT-MALO-DE-LA-LANDE, ch.-l. de c. (Manche), à 10 kil. N. O. de Coutances: 459 hab.

SAINT-MAMERT, ch.-l. de c. (Gard), à 16 kil. N. de Nîmes; 624 hab. Eau-de-vie, serges.

SAINT-MAMET, ch.-l. de c. (Cantal), à 13 kil. S. O. d'Aurillac; 1975 hab. Beau château.

SAINT-MANDÉ, joli village du dép. de la Seine, (Seine), à 3 kil. E. S. E. de Paris, à l'entrée du bois de Vincennes; 2883 hab. Hôpital. Jardins maraîchers, fabr. de carton-pâte, couleurs, cuirs vernis, papiers peints, émaux. Nombreuses maisons de campagne.

SAINT-MARC (Ch. Hugues, LEFEBVRE de), littérateur, né à Paris en 1698, m. en 1769, servit d'abord comme sous-lieutenant, embrassa ensuite l'état ecclésiastique, et finit par se charger de quelques éducations particulières. On lui doit des éditions estimées, avec notes, des Mémoires de Feuquières, 1736; de la Médecine des pauvres, de Hecquet, 1745; de l’Hist. d'Angleterre, de Rapin-Thoyras, 1745-1749; des Œuvres de Boileau, 1747; de Pavillon, 1750; de Chaulieu, 1750; de Malherbe, 1757; des Poésies de Lalanne, Montplaisir, St-Pavin et Charleval, 1759, et un Abrégé chronologique de l'histoire d'Italie depuis la chute de l'empire d'Occident, 1761-70, 6 vol. in-8.

SAINT-MARC (le Lion de), lion ailé, symbole de la république de Venise, laquelle a S. Marc pour patron (on sait que ce saint est ordinairement représenté avec un lion). L'effigie de ce lion est placée sur une colonne au milieu de la place principale de Venise.

SAINT-MARCELLIN, ch.-l. d'arr. (Isère), à 50 kil. O. de Grenoble, sur l'Isère; 3295 hab. Trib., collége. Halle, belle place, fontaines d'eau vive, cours planté d'arbres, dehors charmants; 4 portes. Toile; commerce de vins et de soie écrue.

SAINT-MARIN (République de), petit État d'Italie. entre les prov. de Forli et d'Urbin-et-Pesaro, a 62 k. carrés de superficie et 8000 hab. ; ch.-l., St-Marin (à 225 kil. N. de Rome et à 85 k. E. N. E. de Florence, sur une mont. aride; 5000 hab.). La république est gouvernée par un sénat de 60 membres que président deux gonfaloniers, élus pour trois mois. — St-Marin doit son origine à un tailleur de pierre dalmate, nommé Marin, qui, au VIe s., se retira dans cet endroit pour se consacrer à la prière et y construisit un ermitage; un grand nombre de personnes, attirées par sa réputation de sainteté, vinrent s'établir aux environs, et leur nombre s'accrut bientôt au point de former une ville. L'indépendance des habitants fut respectée de tous, si ce n'est de César Borgia qui leur imposa un gouverneur, et d'Alberoni qui envahit leur territoire (1739); mais leur soumission ne fut jamais que passagère. Bonaparte, en 1797, leur proposa un agrandissement de territoire : ils le refusèrent. Sous l'Empire français, St-Marin resta nominalement indépendante; cependant elle fut enclavée dans le dép. du Métaure (appartenant au roy. d'Italie).

SAINT-MARS, gardien du Masque de fer. V. ce mot.

SAINT-MARS-LA-JAILLE, ch.-l. de c. (Loire-Inf.), à 18 kil. d'Ancenis; 1755 hab.

SAINT-MARTIN, une des petites Antilles, au N. O. de la Guadeloupe, a env. 80 kil. de tour et 6000 h. Depuis 1648 elle appartient en commun à la France et à la Hollande. La partie française, au N., comprend les deux tiers de l'île ; elle compte 2279 h. et a pour ch.-l., le Marigot. La partie hollandaise, au S., a env. 3680 hab.; ch.-l. Philisbourg. Le commerce consiste surtout en tabac, sucre, rhum et sel.

SAINT-MARTIN-D'AUXIGNY, ch.-l. de c. (Cher), à 16 k. N. de Bourges; 2717 h. Commerce de fruits.

SAINT-MARTIN-DE-LANTOSQUE, ch.-l. de c. (Alpes marit.), à 28 k. N. de Nice; 2084 h.

SAINT-MARTIN-DE-LONDRES, ch.-l. de c. (Hérault), à 23 kil. N. O. de Montpellier; 1047 h. Bas de soie.

SAINT-MARTIN-DE-RÉ, ch.-l. de c. (Charente-Inf.), dans l'île de Ré, à 20 k. N. O. de la Rochelle; 2160 h. Bon port, bonne citadelle. Commerce d'eau-de-vie; armements pour la pêche de la morue. La ville se forma autour d'un monastère fondé en 735 par Eudes d'Aquitaine. Vainement assiégée par les Anglais en 1628; fortifiée par Vauban en 1681.

SAINT-MARTIN-DE-SEIGNAUX, ch.-l. de c. (Landes), à 38 kil. S. O. de Dax; 2627 hab. Houille.

SAINT-MARTIN-D'URIAGE. V. URIAGE.

SAINT-MARTIN-DE-VALAMAS, ch.-l. de c. (Ardèche), à 45 k. S. O. de Tournon; 2047 hab. Houille.

SAINT-MARTIN-EN-BRESSE, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 17 k. E. de Châlon; 1691 h. Magnanerie.

SAINT-MARTIN-LE-BEAU, vge d'Indre-et-Loire, sur le Cher, à 9 kil. S. O. d'Amboise; 1350 hab. Acier. Charles-Martel y battit les Sarrasins.

SAINT-MARTIN (L. Claude de), dit le Philosophe inconnu, théosophe, né en 1743 à Amboise, d'une famille noble, m. en 1803, embrassa d'abord la profession des armes, se lia avec quelques mystiques pendant qu'il était en garnison à Bordeaux, quitta le service pour se livrer tout entier à ses nouvelles idées, s'attacha aux doctrines de Martinez Pasqualis et de Swedenborg, puis se créa un système à lui, qu'il appelait le Spiritualisme pur. Il se fixa à Paris, s'y vit recherché par les plus grands personnages et partagea son temps entre la propagation de ses doctrines et l'exercice de la bienfaisance. Ses principaux écrits, qui tous parurent sous le voile de l'anonyme, sont : Des erreurs et de la vérité (1775), Rapports entre Dieu, l'homme et l'univers (1782), l'Homme de désir (1780), le Nouvel homme (1796), la Ministère de l'Homme-Esprit (1802), des Nombres, ouvrage posthume, 1861. Il a en outre traduit plusieurs écrits de Bœhme. On a publié en 1807 ses Œuvres posthumes, et en 1862 sa Correspondance inédite. Le but constant de St-Martin est d'élever l'âme de la contemplation de l'homme et de la nature à leur principe commun, Dieu; malheureusement, la plupart de ses ouvrages sont écrits dans un style énigmatique qui les rend inintelligibles pour le vulgaire. On doit à M. Caro un Essai sur la Vie et la doctrine de St-Martin, 1852, et à M. Matter : St-Martin, sa Vie et ses écrits, 1862.

SAINT-MARTIN (J. Ant.), orientaliste, né à Paris en 1791, m. en 1832, publia dès 1818 des Mémoires sur l'Arménie, qui le firent admettre à l'Académie des inscriptions en 1820, et fut nommé bibliothécaire de l'Arsenal et inspecteur de la typographie orientale à l'imprimerie royale. En 1822, il fut chargé de la rédaction du journal mensuel de la Société asiatique, société qu'il avait contribué à fonder. Ardent royaliste, il se mit en 1827 à la tête d'un journal quotidien, l’Universel, rédigé dans un sens absolutiste. La révolution de 1830 lui fit perdre ses places et ses pensions. Outre ses Mémoires sur l'Arménie, on a de lui des Recherches sur l'époque de la mort d'Alexandre et la Chronologie des Ptolémées, l’Histoire des Arsacides, un Choix des Fables de Vartan, une Hist. de Palmyre; de nombreuses notes sur les 12 premiers volumes d'une nouvelle édition de l’Histoire du Bas-Empire de Lebeau, et beaucoup de savants articles dans la Biographie universelle de Michaud. Lajard a publié ses Œuvr. posthumes, 1847.

SAINT-MARTORY, ch.-l. de cant. (Haute-Garonne), à 17 kil. N. E. de St-Gaudens, sur la Garonne; 1166 h. Draps communs.

SAINT-MATTHIEU, ch.-l. de cant. (Hte-Vienne), à 12 kil. S. O. de Rochechouart; 2280 hab. Forges.

SAINT-MATTHIEU, île de l'Océan Atlantique, par 6° 10' long. O., 1° 25' lat. N., à 800 kil. du cap des Palmes en Afrique. Anc. établissement portugais.

SAINT-MAUR ou SAINT-MAUR-LES-FOSSÉS, village du dép. de la Seine, sur la r. dr. de la Marne, à 8 k. E. de Paris ; 3944 h. Pont de pierre. La partie voisine du pont forme depuis 1792 une commune à part, nommée d'abord la Branche-du-Pont, puis Joinville-le-Pont. Beau canal, en partie souterrain, qui abrége la navigation de la Marne. Culture de la betterave et du mûrier; grands moulins a vapeur; clouterie, fonderie, scierie mécanique. — Ce lieu était à la fin du IIIe s. un camp retranché des Bagaudes, d'où son nom de Fossés. Une abbaye de Bénédictins y fut fondée en 638 sous le nom de St-Pierre; elle prit celui de St-Maur au XIIe s. quand on y eut transféré les reliques de ce saint. C'est là qu'eurent lieu en 1465 les conférences qui complétèrent le traité de Conflans, signé entre Louis XI et les princes ligués dans la guerre du Bien public. Charles IX y rendit en 1569 un édit qui défendait l'exercice du culte réformé. Le château de St-Maur, ancien domaine de Catherine de Médicis, était la résidence de M. le Duc, petit-fils du grand Condé.

SAINT-MAURICE, Agaunum, v. de Suisse (Valais), sur le Rhône, à 26 k. O. de Sion ; 1200 hab. Beau pont d'une seule arche de 22m. Tout près, défilé très-étroit qui ferme le Valais.

SAINT-MAURICE (Seine), vge voisin de Charenton, où se trouve la maison d'aliénés dite de Charenton.

SAINT-MAXIMIN, ch.-l. de cant. (Var), à 16 kil. N. O. de Brignoles, près de la source de l'Argens; 3562 h. Église gothique, bâtie par Charles II, comte de Provence; reliques de Ste Madeleine. Anc. couvent de Dominicains.

SAINT-MÉEN, ch.-l.de cant. (Ille-et-Vilaine), à 20 kil. O. N. O. de Montfort; 2057 h. Anc. abbaye. Duguesclin battit en ce lieu un parti d'Anglais.

SAINT-MICHEL, San-Miguel en portugais, la plus grande des îles Açores, par 27° 42' long. O., 37° 48' lat. N., a 70 kil. sur 20 et 80 000 hab.; ch.-l., Ponta-Delgada. Sol volcanique, très-fertile, mais peu cultivé (grains, vin, fruits, etc.). Velho de Cabral prit cette île en 1444, au nom du Portugal.

SAINT-MICHEL, gouvt de la Russie d'Europe (Finlande), entre ceux de Kuopio et de Wasa au N., de Tawastehus et de Nyland à l'O., de Nyland au S. et de Viborg à l'E.; 135 000 hab.; ch.-l. Heinola. Il est arrosé par la Kymmène, d'où il tirait son ancien nom de Kymmenegaard.

SAINT-MICHEL, ch.-l. de c. (Savoie), sur la route de St-Jean de Maurienne, à 9 k. E. S. E. de cette ville; 1831 h. Grosse tour. Taillanderie.

SAINT-MICHEL (MONT-). V. MONT-SAINT-MICHEL.

SAINT-MICHEL-EN-L'HERM, petit port du dép. de la Vendée, dans le golfe d'Aiguillon, à 40 kil. O. de Fontenay; 3139 h. Grains. SAINT-MICHEL-EN-THIÉRACHE, bg de l'Aisne, du dép. à l'entrée d'une forêt de même nom, à 20 kil. N. E. de Vervins ; 3277 h. Brasseries, briqueteries, filatures de laine et de coton, laminoir pour fer.

SAINT-MICHEL (Ordre de). V. MICHEL (s.).

SAINT-MIHIEL, S. Michaelis fanum, ch.-l. de c. (Meuse), à 15 kil. N. de Commercy, sur la r. dr. de la Meuse ; 5467 hab. Trib. de 1re inst. et siége de la cour d'assises ; collége, bibliothèque. Dans l'église St-Étienne, beau groupe du St Sépulcre ou du Christ au tombeau, d'un seul bloc, chef-d'œuvre de Ligier Richier. Draps, cotonnades, dentelles ; huiles, truites. — Cette ville se forma autour d'une anc. abbaye de St-Michel. Jadis forte, prise en 1635 sur le duc de Lorraine par Louis XIII, qui faillit y être tué et qui la démantela. Près de là, anc. camp de César.

SAINT-MIKLOS, bg de Hongrie, ch.-l. du comitat de Liptau, sur la r. dr. de la Waag ; 4000 h.

SAINT-NAZAIRE, ch.-l. de c. (Loire-Inf.), à l'entrée de la Loire dans l'Océan, à 21 kil. S. O. de Savenay ; 10 845 h. Port qui a pris récemment de l'importance. Beaux bassins, creusés de 1845 à 1857.

SAINT-NECTAIRE, vulgairement Senneterre ou Senecterre, v. du Puy-de-Dôme, à 25 k. N. O. d'Issoire ; 1400 hab. Source incrustante, bains thermaux ; bons fromages. Ce lieu a donné son nom à une illustre maison, qui s'unit en 1522 à celle de la Ferté-Nabert.

SAINT-NECTAIRE (H., duc de). V. LA FERTÉ.

SAINT-NICOLAS, une des îles du Cap Vert, par 26° 50' long. O., 16° 38' lat. N., a 65 kil. sur 20 et 6000 hab. ; ch.-l., St-Nicolas. Baies et anses peu sûres ; sol fertile : vin, sucre, maïs, bananes, dattes.

SAINT-NICOLAS, v. de Belgique (Flandre orient.), ch.-l. d'arr., à 35 kil. E. N. E. de Gand ; 22 000 hab. Lainages, tissus de coton, brasseries, vinaigreries, fabriques de carton, de cartes, etc. Marché considérable de grains, chanvre, fil et bestiaux.

SAINT-NICOLAS-DE-LA-GRAVE, ch.-l. de c. (Tarn-et-Garonne), à 8 kil. N. O. de Castel-Sarrasin; 2984 hab. Briqueteries, quincailleries ; melons estimés.

SAINT-NICOLAS-DE-REDON, ch.-l. de c. (Loire-Inf.), à 32 kil. N. de Savenay ; 1919 hab.

SAINT-NICOLAS-DU-PELEM, ch.-I. de c. (Côtes-du-Nord), à 38 kil. S. de Guingamp ; 2748 hab.

SAINT-NICOLAS-DU-PORT, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle, sur la Meurthe, à 13 k. S. E. de Nancy ; 3904 h. Église gothique. Filatures ce coton, broderies.

SAINT-NON (J. Claude Richard, abbé de), célèbre amateur, né à Paris en 1727, m. en 1791, était conseiller-clerc au parlement de Paris. Disgracié avec ses collègues à propos de la bulle Unigenitus, il donna sa démission, et alla voyager en Italie avec Robert et Fragonard. Il dessina et grava les principales Vues de Rome et les publia en 60 planches. Encouragé par le succès, il fit un nouveau voyage, et publia à son retour son beau Voyage pittoresque de Naples et de Sicile, 1781, 5 vol. in-fol., avec 417 pl., dont une 2e édition augmentée a été donnée en 1828 par Charrin.

SAINT-OFFICE. V. INQUISITION.

SAINT-OMER, Audomari fanum, ch.-l. d'arr.(Pas-de-Calais), partie sur l'Aa, partie sur le Mont-Sithiu et sur le chemin de fer d'Hazebrouk à Calais, à 64 k. N. N. O. d'Arras, à 241 k. N. E. de Paris par la route, à 330 par le chemin de fer ; 22 011 hab. Place de guerre de 2e classe et fortifications importantes ; siége d'une direction d'artillerie ; cour d'assises ; trib. de 1re inst. et de commerce, lycée, bibliothèque, musée. Archevêché. Belle cathédrale gothique du XIVe s., contenant un remarquable buffet d'orgues, le tombeau de S. Orner par Girardon, et une statue colossale, dite le grand Dieu de Thérouanne ; nombreux canaux. Fabr. de lainages, papier, cuirs, broderies, chapeaux ; brasseries, distilleries, huileries, raffineries de sel, amidonneries, sucre indigène ; grande manuf. de pipes en terre. Commerce de grains, vins, huiles, eaux-de-vie, houille, etc. Patrie de l'abbé Suger. — St-Omer doit son origine au couvent de Sithiu (appelé depuis abbaye de St-Bertin, du nom de son 2e abbé). Fondée vers 648 par S. Omer, la ville ne prit d'importance qu'au Xe s., époque de laquelle date son nom moderne. Elle reçut une charte de commune en 1127. Elle a été souvent assiégée et prise (par Louis XI en 1477, par les Impériaux en 1489, par Louis XIV en 1687). Un évêché y fut érigé en 1650. Cette ville possédait jadis un célèbre collége de Jésuites anglais, où les familles catholiques de la Grande-Bretagne envoyaient leurs enfants.

SAINT-OUEN, S. Audoeni fanum, vge du dép. de la Seine, sur la r. dr. de la Seine, entre Paris et St-Denis, ainsi nommé du saint qui y mourut ; 3294 h. Anc. château royal, où Louis XVIII donna, le 2 mai 1814, la Déclaration dite de Saint-Ouen, qui posa les bases de la Charte. Ce château fut peu après démoli et remplacé par un pavillon d'un goût moderne, bâti par Louis XVIII pour Mme Du Cayla; après la mort de cette dame, ce domaine échut à la ville de Paris. Glacière ; fabrique de châles, d'encre, de caoutchouc, de savon ; teinturerie, impression sur tissus, construction de machines ; bergeries. Commerce de légumes, porcs et bestiaux. — A l'O. est la gare St-Ouen, vaste bassin alimenté par des puits artésiens, et qui communique avec la Seine ; on y voit aussi une machine à vapeur, de la force de 40 chevaux, qui conduit l'eau de la Seine à Montmartre.

SAINT-OUEN-L'AUMÔNE, vge de Seine-et-Oise, sur la r. g. de l'Oise, à 4 kil. S. de Pontoise ; 2022 hab. Beau château. Tannerie, corroierie, hongroirie ; fabrique de sucre indigène.

Pour l'église St-Ouen, V. ROUEN.

SAINT-PALAIS, Fanum S. Palatii, ch.-l. de c. (B.-Pyrénées), sur la Bidouze, à 24 k. N. O. de Mauléon ; 1445 hab. Tannerie, quincaillerie.

SAINT-PAPOUL, Fanum S. Papuli, vge du dép. de l'Aude, à 7 kil. E. de Castelnaudary ; 1579 hab. Commerce de blé. Anc. abbaye, fondée au IXe s., anc. évêché, suffragant de Toulouse.

SAINT-PARDOUX, ch.-l. de cant. (Dordogne), sur la Dronne, à 8 kil. S. E. de Nontron ; 1650 hab.

SAINT-PATER, ch.-l. de cant. (Sarthe), à 24 kil. N. O. de Mamers ; 578 hab.

SAINT-PAUL, v. du Brésil, ch.-l. de la prov. de St-Paul, à 312 kil. O. de Rio-Janeiro, sur un plateau fort élevé au-dessus de la mer; 22 000 h. Évêché, université, école de droit. Trois ports, cathédrale, palais épiscopal, palais du gouvernement, cirque pour les combats de taureaux. La ville fut fondée en 1552 par une colonie d'Indiens dirigée par des Jésuites portugais. — La prov. de St-P., entre celles de Goyaz et de Mato-Grosso au N., de Minas Géraès et de Rio-Janeiro au N. E., la mer à l'E. et la prov. de Rio-Grande au S., a 1100 kil. sur 700 et 500 000 hab. Climat salubre, sol fertile : culture du thé, de la canne à sucre, du café, du riz, du manioc, du tabac ; élève de chevaux, bœufs et porcs ; mines de diamant, rubis, or, argent et fer.

SAINT-PAUL, v. de l'île de la Réunion, ch.-l. de l'arr. Sous-le-Vent, sur la côte O., à 28 kil. S. O. de St-Denis; 17 000 hab. Belle rade. Patrie de Parny.

SAINT-PAUL, ch.-l. de cant. (B.-Alpes), près de l'Ubaye, à 18 k. N. E. de Barcelonette ; 1512 h. Marbre.

SAINT-PAUL-CAP-DE-JOUX, ch.-l. de c. (Tarn), sur l'Agout, à 13 kil. S. E. de Lavaur ; 1195 h. Patrie du médecin philanthrope Pinel.

SAINT-PAUL-DE-FENOUILHET, ch.-l. de c. (Pyrénées-Or.), à 40 kil. N. O. de Perpignan ; 2186 hab. Eau minérale ; fabrication d'objets en buis; eau-de-vie.

SAINT-PAUL-EN-JARREST, bg du dép. de la Loire, sur le Couzon, à 7 k. N. E. de Saint-Chamond; 3111 h. Grains, vins, houille ; moulins à soie.

SAINT-PAUL-TROIS-CHÂTEAUX, v. du dép. de la Drôme, à 7 k. de Pierrelatte, sur une colline ; 2516 h. Anc. évêché. Ville fort ancienne. Restes de 3 châteaux, qui lui ont valu son nom. — On y place Augusta Tricastinorum, que d'autres voient dans Aoust.

SAINT-PAUL-DE-LOANDA. V. SAN-PAOLO.

SAINT-PAULIEN, Revessio, ch.-l. de c. (H.-Loire) à 11 kil. N. O. du Puy ; 2932 h. Anc. évêché. La ville, qui était jadis le ch.-l. des Vellavi, tire son nom actuel de son 6e évêque. Antiquités romaines.

SAINT-PAVIN (Denis sanguin de), poëte aimable, né à Paris vers 1600, m. en 1670, était fils d’un président au parlement. Entré dans l’état ecclésiastique sans avoir aucune vocation, il obtint l’abbaye de Livry et s’y retira pour s’y livrer sans contrainte à son goût pour le plaisir et pour les lettres. Après avoir affiché une incrédulité scandaleuse, il finit par se convertir. On a de lui des poésies, licencieuses pour la plupart (sonnets, épigrammes, épîtres et rondeaux). Elles ont été imprimées dans le Recueil des plus belles pièces des poëtes français, de Barbin, 1692, rééditées par St-Marc en 1759, avec celles de Charleval, et de nos jours par M. Paulin Paris. Boileau raille souvent St-Pavin sur son incrédulité : il le désigne dans une de ses épigrammes sous le nom d’Alidor.

SAINT-PÉ, ch.-l. de c. (Htes-Pyrénées), sur le gave de Pau, à 22 kil. N. O. d’Argelès ; 2765 hab. Petit séminaire. Mouchoirs, outils aratoires, clous, peignes, etc. Un monastère bénédictin, dédié à S. Pierre, y ayant été fondé en 1020 par un duc de Gascogne, la ville, appelée jusqu’alors St-Hilaire de Lassun, prit le nom de St-Pierre, et, par syncope, St-Pé.

SAINT-PÉRAY, ch.-l. de cant. (Ardèche), au pied des Cévennes, à 20 kil. S. de Tournon ; 2680 hab. Très-bon vin blanc mousseux. Aux env., ruines du château de Beauregard, anc. prison d’État, et du château de Crussol, berceau des ducs d’Uzès.

SAINT-PÈRE-EN-RETZ, ch.-l. de c. (Loire-Inf.), à 10 kil. S. de Paimbœuf ; 3086 h.

SAINT-PÉTERSBOURG, Petropolis en latin moderne, capitale de l’empire russe, sur la Neva, près de son embouch. dans le golfe de Finlande, par 59° 56’ lat. N. et 27° 58’ long. E., à 3000 kil. N. E. de Paris (par Bruxelles et Berlin) ; env. 545 000 hab. Résidence habituelle de l’empereur, du Sénat et de toutes les administrations centrales : archevêché grec. Port vaste, mais peu profond ; quelques fortifications ; plusieurs chemins de fer, dont le principal relie St-Pétersbourg à Moscou. La ville est remarquable par la largeur et la régularité de ses rues, la beauté de ses édifices, la longueur et la magnificence de ses quais, le nombre de ses canaux ; la Néva la partage en 5 parties (île de St-Pétersbourg, île de Vasili-Ostrov, quartiers de l’Amirauté, de la Fonderie, de Viborg). On y compte environ 130 ponts, 500 rues, un grand nombre de belles places (celles du Palais d’hiver, de l’Amirauté, ornée de la colonne d’Alexandre, d’Isaac, de Pierre le Grand, ornée d’une statue équestre de ce prince, du Sénat, du Théâtre, du Premier corps des Cadets, la Nouvelle place, le Champ de Mars ou Pré de la Czarine). On remarque : parmi les églises la cathédrale ou Notre-Dame de Kazan (imitation de St-Pierre de Rome et du Panthéon de Paris), la basilique de St-Isaac (terminée en 1841), les églises de St-Pierre-et-St-Paul, sépulture des souverains depuis Pierre I, de St-Nicolas, de St-Siméon, de la Transfiguration, de St-Alexandre Nevski (aux portes de la ville); parmi les autres édifices, le Palais d’hiver, l’Ermitage (qu’une galerie lie au précédent), les palais d’Anitchkov, de la Tauride, du grand-duc Michel; l’Académie des beaux-arts (le plus beau monument de St-Pétersbourg), l’Académie des sciences, l’Amirauté, la Bourse, la Banque des assignats, l’Hôtel de Ville, l’État-major, la bibliothèque impériale, le monument d’Alexandre, le Gostinoï-Dvor (grand bazar à deux étages), les manèges, les casernes, le nouvel Arsenal, le corps des mines, le couvent Smolnoï, l’institut de Ste-Catherine, l’hôpital des Pauvres Malades, la maison des Enfants-Trouvés, les Orphelins-Militaires. St-Pétersbourg possède quatre Académies (beaux-arts, sciences, médecine, et chirurgie, Académie russe), et plusieurs autres sociétés savantes ; une université (depuis 1819), et un grand nombre d’établissements spéciaux : institut pédagogique central, école de l’Académie de médecine et chirurgie, haute école d’état-major, écoles pour les Cadets de terre, pour les Cadets de la marine, écoles d’artillerie, des mines, des beaux-arts, académie ecclésiastique, institut des ingénieurs, institut technologique, école d’agriculture, école vétérinaire, école de marine marchands, établissement oriental ; plusieurs grandes bibliothèques, observatoire, cabinet d’histoire naturelle de l’Académie des sciences, galerie impériale de tableaux (l’Ermitage), musée de sculpture et d’architecture de l’Académie des beaux-arts, musée asiatique de l’Académie des sciences, médailler de l’Ermitage, collection minéralogique, collection de modèles, machines et ornements (à l’Amirauté), collection d’armes anciennes et modernes (à l’ancien arsenal), jardin botanique, avec des serres superbes. Plusieurs théâtres : le Grand-Théâtre, pour l’opéra italien et les ballets ; le théâtre Alexandra (théâtre national), où sont représentés des ouvrages russes ; le théâtre Michel, consacré à la représentation des pièces françaises ; le théâtre du Cirque, pour l’opéra russe et la comédie allemande. Il y a trois promenades publiques : à l’extrémité O. de la ville, au bord de la Néva, le Jardin d’été, et à l’extrémité N. O., deux îles appelées Kammennoï et Yelaguine. L’industrie, longtemps négligée, commence à se développer : on remarque les fabriques d’instruments de chirurgie, de tapis, de porcelaine, la verrerie impériale, la fonderie de canons, des manuf. de cotons, soieries, toile à voiles, cuirs, lainages, papier, tabac, savons, bijoux, horlogerie, instruments de précision. Le commerce a une grande importance : il consiste surtout, pour l’importation en denrées coloniales, meubles, objets de toilette et luxe, métaux travaillés, vins et liqueurs, huiles ; pour l’exportation, en cuivre, fer, suif, grains, potasse, chanvre, lin, goudron, peaux, crins, bois de construction. Le climat de St-Pétersbourg est très-froid : la moyenne de la température en hiver est de 10° au-dessous de 0 : Catherine put y faire élever un palais de glace qui dura jusqu’au mois de mai ; l’été arrive subitement : la moyenne de la température est alors de 16° au-dessus de 0. La ville est très-sujette aux inondations (celles de 1726, 1777 et surtout de 1824 furent terribles). — St-Pétersbourg fut fondée en 1703, sur l’emplacement d’Ivangorod, par Pierre le Grand, qui lui donna le nom de son patron : elle fut dès lors déclarée capitale de l’empire à la place de Moscou. Le choix de cette capitale a contribué pour beaucoup à faire de la Russie un empire maritime et européen.

saint-pétersbourg (Gouvt de), gouvt de la Russie d’Europe, formé de l’anc. Ingrie, est situé sur la Baltique et a pour bornes au S. O. le gouvt de Revel, au N. O. le grand-duché de Finlande, au S. le gouvt de Pskov, à l’E. celui de Novogorod. Il a 410 kil. sur 296 et plus d’un million d’habitants.

SAINT-PHILBERT-DE-GRANDLIEU, ch.-l. de c. (Loire-Inf.), à 22 kil. S. O. de Nantes, près du lac Grand-Lieu ; 3672 hab.

SAINT-PHILIPPE. V. fogo et san-felipe.

SAINT-PIERRE, v. et port de la Martinique, ch.-l. de l’arrond. de son nom, sur la côte O., à 30 k. N. O. du Fort de France ; 30 000 h. Résidence de l’évêque de la Martinique, trib. de 1re Inst., cour d’assises, collége, jardin botanique. Baie demi-circulaire qui forme une rade. Peu d’industrie, mais beaucoup de commerce. Cette ville a été fondée en 1635.

SAINT-PIERRE, v. de l’île de la Réunion, sur la côte S. O., à 45 k. S. E. de St-Paul ; 15 000 h. Port artificiel, formé par 2 jetées construites en 1862-63. Trib. de 1re instance. Commerce de blé.

SAINT-PIERRE, petite île de l’Océan Atlantique, à l’entrée du golfe St-Laurent, au S. et près de Terre-Neuve, forme, avec les deux petites îles de Miquelon, une colonie française soumise à un seul commandant. Elle a 26 k. de tour et 1570 hab. permanents (4000 pendant la saison de la pêche). Elle renferme une ville de St-Pierre ; 800 hab. Peu fertile, mais précieuse comme station pour la pêche de la morue. — Cette île est à la France depuis 1763 ; mais les Anglais l'ont occupée à diverses reprises (de 1778 à 1783, de 1793 à 1801, et de 1804 à 1816).

SAINT-PIERRE-D'ALBIGNY, ch.-l. de c. (Savoie), à 20 k. E. S. E. de Chambéry; 3142 h. Station. Chaux hydraulique, briques; tulle de coton.

SAINT-PIERRE-DE-CHIGNAC, ch.-l. de c. (Dordogne), à 12 kil. S. E. de Périgueux; 896 hab.

SAINT-PIERRE-D'OLÉRON, ch.-l. de c. (Charente-Inf.) au centre de l'île d'Oléron, à 23 kil. N. O. de Marennes; 4981 h. Vins, eau-de-vie, sel.

SAINT-PIERRE-ÉGLISE, ch.-l. de c. (Manche), à 16 kil. N. E. de Cherbourg; 2265 hab. Toiles, fil, lin, tanneries, mégisseries.

SAINT-PIERRE-LE-MOUTIER, ch.-l. de c. (Nièvre), près d'un grand étang, à 25 kil. N. de Nevers; 2989 hab. Aux env., sable excellent pour fabriquer la faïence. Anc. monastère de Bénédictins, d'où, par corruption, le nom de Moutier; belle église du XIIe s. Jeanne d'Arc enleva cette ville aux Anglais en 1430.

SAINT-PIERRE-LE-PORT, ch.-l. de l'île Guernesey, sur la côte S. E; 13 900 hab. Deux châteaux forts.

SAINT-PIERRE-LES-CALAIS, bourg du Pas-de-Calais, attenant à Calais, dont il n'est séparé que par les fortifications, sur le canal de Calais; 15 008 h. Filatures de lin, tulles, dentelles, faïence, sucre de betteraves, chapeaux; raffineries de sel, brasseries, distilleries, tuileries.

SAINT-PIERRE-SUR-DIVES, ch.-l. de c. (Calvados), à 25 kil. S. O. de Lisieux; 1950 h. Dentelle, bonneterie.

SAINT-PIERRE (Eustache de), bourgeois de Calais, fut, au rapport du chroniqueur Froissait, un de ceux qui se dévouèrent pour le salut de leurs compatriotes, lorsque Calais fut pris par le roi d'Angleterre Édouard III (1347), et que ce prince, irrité d'une longue résistance, exigea que six notables de la ville vinssent, pieds nus et la corde au cou, se mettre à sa discrétion. Ils ne durent leur salut qu'aux prières de la reine Philippine de Hainaut. Ces faits, contestés par quelques historiens modernes, notamment par Bréquigny, ont été mis hors de doute par M. Aug. Lebeau dans sa Dissertation sur le siége de Calais. Il paraît du reste qu'Eustache fut bien accueilli, qu'il devint sujet fidèle des Anglais et fut comblé de faveurs par Édouard. Il mourut en 1371.

SAINT-PIERRE (Ch. CASTEL de), dit l’abbé de St-Pierre, publiciste et philanthrope, né en 1658 au château de St-Pierre près de Barfleur, m. en 1743, était fils du gouverneur de Valogne et parent de Villars. Il devint en 1702 aumônier de la duchesse d'Orléans, suivit le cardinal de Polignac au congrès d'Utrecht (1712), où il s'initia à la politique, puis se mit à écrire sur des objets d'utilité publique. Il avait été reçu à l'Académie française dès 1695, mais il en fut exclu en 1718 pour avoir jugé avec trop de liberté le gouvernement de Louis XIV. Il passa toute sa vie à faire des projets de réforme, et essaya en vain de les faire adopter par les ministres : le cardinal Dubois appelait ces projets les rêves d'un honnête homme. Du reste il pratiqua constamment la bienfaisance; c'est même à lui qu'on doit le mot. Ses principaux ouvrages sont : le Projet de paix perpétuelle, Utrecht, 1713 (il voulait former un tribunal suprême des nations) ; Discours sur la polysynodie (c.-à-d. sur la pluralité des conseils qui devaient être attachés à chaque ministère), 1718 ; des Mémoires sur l’Académie française, sur les Duels, sur les Pauvres mendiants, sur un projet de tailles tarifées, sur le perfectionnement de l'éducation, et même sur la réforme de l’orthographe; un Traité du célibat des prêtres; des Annales politiques. Le recueil en a paru sous le titre d’Ouvrages de politique et de morale, 18 v. in-12, 1738-41. J. J. Rousseau en a donné des extraits. On doit à M. Goumy et à M. Molinari d'intéressantes Études sur l'abbé de St-Pierre.

SAINT-PIERRE (Bernardin de), célèbre écrivain, né au Havre en 1737, m. en 1814, d'une famille qui prétendait descendre d'Eustache de St-Pierre. Il eut une enfance fort romanesque, voulut se faire marin, puis missionnaire; entra en 1757 à l'école des ponts et chaussées, obtint en 1760 un brevet d'officier ingénieur, fit quelques campagnes, perdit son grade pour insubordination, vint à Paris où il vécut dans la gêne, donnant des leçons de mathématiques, puis passa en Hollande et de là en Russie, où il fut employé dans le génie, et où il tenta vainement de faire exécuter ses projets philanthropiques; quitta la Russie pour aller en Pologne défendre la cause de l'indépendance et inspira une vive passion à une princesse polonaise; revint en France en 1766, fut envoyé comme ingénieur à l'Ile de France, où il séjourna trois ans, et, après son retour, se consacra aux lettres. Il vécut dans la retraite et se lia étroitement avec J. J. Rousseau (1772), dont il adopta les doctrines, et qu'il tâcha d'imiter dans ses écrits. Il publia d'abord (1773) un Voyage à l'Ile de France, qui eut quelque succès ; les Études de la nature, où il montrait l'action de la Providence sur toute la nature, et qui parurent en 1784, lui firent prendre rang parmi nos grands écrivains; il mit le sceau à sa réputation en donnant Paul et Virginie (1788), conception neuve, des plus pures et des plus touchantes. Il fit paraître ensuite, les Vœux d'un solitaire (1789), où il saluait l'aurore de la Révolution et proposait ses vues, la Chaumière indienne (1791), charmant conte moral, enfin les Harmonies de la nature (1796), qui complètent les Études, mais où l'on regrette que le savant ne soit pas à la hauteur du moraliste. Louis XVI l'avait nommé en 1792 intendant du Jardin des Plantes; il fut chargé en 1794 de faire le cours de morale aux Écoles normales, mais il y eut peu de succès. Il entra en 1795 à l'Institut, et fut richement pensionné sous l'Empire. B. de St-Pierre est peut-être l’écrivain qui a le mieux peint la nature ; il a su aussi dans ses écrits faire aimer la vertu; cependant son caractère personnel et sa conduite étaient loin d'être irréprochables. Son style tient à la fois de celui de Fénelon et de celui de J. J. Rousseau, quoiqu'il n'ait la perfection ni de l'un ni de l'autre. Aimé Martin, qui avait épousé sa veuve et adopté sa fille Virginie, a donné une édition de ses Œuvres complètes, 12 vol. in-8o, 1818-1820, avec notice sur sa vie; on y trouve, outre les ouvrages déjà cités, l’Arcadie, espèce d utopie politique et morale, qu'il n'a pas achevée; des Récits de voyages, et un intéressant Essai sur J.J. Rousseau. Sa Correspondance a paru en 1826, 4 vol. in-8. On doit à M. Patin et à M. Prévost-Paradol d'éloquents Éloges de Bernardin de St-Pierre.

SAINT-PIERREVILLE, ch.-l. de c. (Ardèche), à 23 kil. N. O. de Privas ; 1851 h. Moulins à soie.

SAINT-POELTEN (pour St-Hippolyte), v. d'Autriche (Basse-Autriche), sur la Traisen, à 55 kil. O. de Vienne; 5000 hab. Évêché. Cotonnades, imprimerie sur toiles, poterie de grés, glaces; papiers.

SAINT-POIS, ch.-l. de c. (Manche), à 14k. N. O. de Mortain; 840 hab. Fabriques de soufflets.

SAINT-POL ou ST-POL-EN-TERNOIS, ch.-l. d'arr. (Pas-de-Calais), sur la Ternoise, près de sa source, à 33 k. N. O. d'Arras; 3440 h. Trib., collége. Eaux minérales. Bains, laine, huile, tabac. Patrie de Bâcler d'Albe. — St-Pol fut érigé dès 918 en un comté qui appartint successivement aux comtes de Boulogne, aux comtes de Ponthieu, à une branche de la maison de Luxembourg (1360), et aux Bourbon-Vendôme (1487). Cette place fut prise en 1537 par les Français, puis par les Impériaux, et cédée à la France en 1659, par le traité des Pyrénées.

SAINT-POL-DE-LÉON, Civitas Osismiensis, Leonensis pagus au moyen âge? ch.-l. de c. (Finistère), à 24 kil. N. O. de Morlaix, près de l'Océan; 6804 hab. Petit port, beau clocher. Chanvre, lin, fil, toile; bestiaux, etc. Anc. baronnie, anc. évêché, créé au VIe s., supprimé en 1790. La ville doit son nom à S. Paul ou Pol, son 1er évêque, m. en 570. SAINT-POL (Waleran de LUXEMBOURG-LIGNY, comte de), d’une branche cadette de la maison de Luxembourg, né en 1355, entra d’abord au service du roi de France Charles V, fut fait prisonnier par les Anglais, se fit aimer pendant sa captivité d’une sœur du roi Richard II, Mathilde de Courtenay, et l’épousa. Charles VI le nomma ambassadeur en Angleterre, où il négocia la paix de 1396, puis gouverneur de Gênes (1397). Pendant la démence du roi, il prit parti pour le duc de Bourgogne, devint gouverneur de Paris (1410), et fut fait connétable en 1412. Il établit à Paris l’horrible milice dite des Écorcheurs, et remporta quelques avantages sur les Armagnacs, mais il se vit contraint de s’éloigner en 1413, avec les Bourguignons, et mourut en 1415. — Son neveu, Jean, comte de Luxembourg-Ligny, se montra également très-attaché aux ducs de Bourgogne et aux Anglais, gouverna Paris au nom du roi anglais Henri V de 1418 à 1420, fit Jeanne d’Arc prisonnière à Compiègne, 1430, et la livra aux Anglais moyennant 10 000 livres. Il refusa de signer le traité d’Arras (1435), qui, en réconciliant le duc de Bourgogne avec le roi, mettait fin à la guerre civile. Il allait être attaqué par Charles VII quand il mourut, 1440.

SAINT-POL (Louis de LUXEMBOURG, comte de), neveu du préc., né en 1418, s’attacha d’abord au Dauphin (depuis Louis XI), puis passa du côté du duc de Bourgogne, entra dans la Ligue du bien public, et fit la guerre à Louis XI, devenu roi. Ce prince, pour le ramener, le nomma connétable (1465), et lui fit épouser Louise de Savoie, sœur de la reine ; malgré cette faveur, St-Pol entretint à la fois des intelligences avec le duc de Bourgogne et avec les Anglais. Le roi, ayant eu connaissance de sa correspondance, se le fit livrer par le duc de Bourgogne, à la cour duquel ce traître s’était réfugié, et le fit juger. Il fut condamné à mort par le parlement, et eut la tête tranchée en 1475.

SAINT-PONS-DE-TOMMIÈRES, ch.-l. d’arr. (Hérault), sur le Jaur, à 126 kil. S. O. de Montpellier ; 6497 h. Trib., collége, petit séminaire. Église en marbre. Draps pour le Levant ; filature de laine. Anc. abbaye de l’ordre de St-Benoît fondée en 936 ; anc. évêché, depuis 1318 jusqu’en 1611.

SAINT-PORCHAIRE, ch.-l. de c. (Charente-Inf.), à 16 kil. N. O. de Saintes ; 1240 hab. Beau château gothique. Curieuses grottes aux environs.

SAINT-POURÇAIN, ch.-l. de c. (Allier), sur la Sioule, à 32 kil. N. de Gannat ; 5006 h. Anc. monastère. L’église renferme un remarquable groupe de l’Ecce-Homo. Vins estimés. Patrie de Durand de St-Pourçain, et berceau de la famille Séguier.

SAINT-PREST (J. YVES de), directeur des archives aux Affaires étrangères, m. en 1720, fut un des fondateurs de l’académie politique créée dans ce ministère en 1710. Il a laissé une Hist. des traités faits entre les diverses puissances de l’Europe depuis le règne de Henri IV jusqu’à la paix de Nimègue, 1726.

SAINT-PRIEST (Franç. Emmanuel GUIGNARD, comte de), ministre de Louis XVI, né à Grenoble en 1735, m. en 1821, servit en Allemagne et en Espagne, fut ambassadeur à Lisbonne, puis à Constantinople (1768-83), où il conçut le plan d’une expédition en Égypte, devint ministre de l’intérieur en 1789, après la prise de la Bastille, donna au roi, les 5 et 6 octobre, le conseil de repousser la force par la force, émigra en 1790, sollicita dans toutes les cours un appui pour les Bourbons, revint avec eux en 1814, et fut nommé pair en 1815. Sa Correspondance avec Louis XVIII a paru en 1845. — Un de ses fils, G. Emmanuel de St-Priest, né à Constantinople en 1776, prit du service en Russie, fit contre la France les campagnes de 1806 et années suivantes, entra en France avec l’armée ennemie, emporta Reims de vive force, mais fut tué peu après sous les murs de cette ville (1814).

SAINT-PRIEST (Alexis, comte de), né en 1805 à St-Pétersbourg, m. en l851, était petit-fils du ministre de Louis XVI, et fils d’Armand de St-Priest, qui avait épousé en Russie une princesse Galitzin et était devenu gouverneur de Kherson et de la Podolie. Sous Louis-Philippe, il se montra partisan zélé du gouvernement constitutionnel et des idées libérales ; il remplit pendant dix ans (1832-1842) diverses missions au Brésil, en Portugal, en Danemark, et fut à son retour nommé pair de France. On a de lui : Histoire de la Royauté (1842) ; Hist. de la suppression des Jésuites (1844) ; Hist. de la conquête de Naples par Charles d’Anjou (4 vol. in-8, 1847), ouvrage qui lui ouvrit en 1849 les portes de l’Acad. française.

SAINT-PRIVAT, vge près de Metz, où fut livrée une des plus sanglantes batailles du siége (18 août 1870).

SAINT-QUENTIN, l’Augusta Veromanduorum des anciens ? Quintinopolis ou Quintinianum en latin mod., ch.-l. d’arr. (Aisne), à 139 kil. N. de Paris par la route, à 171 par le chemin de fer, et à 51 k. N. O. de Laon, sur la r. dr. de la Somme ; 30 790 hab. (dont beaucoup de Protestants). Église calviniste, trib. de 1re inst. et de commerce, lycée, écoles de commerce et de dessin, chambre des arts et métiers, conseil de prud’hommes ; société des sciences et belles-lettres. Hôtel de ville d’architecture gothique, belle église. Rues larges et bien bâties, grande place publique carrée, vaste bassin qui sert de port, canal souterrain qui fait communiquer la Somme et l’Escaut, belles promenades. Nombreuses filatures de lin et de coton, calicot, linge de table, batiste, linon, basin, tulle, gaze, etc. ; huileries, fabriques de sucre indigène. Commerce de blés et de vins. Patrie de dom Luc d’Achéry, Omer Talon, Ramus, Charlevoix, Babeuf, du peintre Latour, qui y a une statue, du naturaliste Poiret, etc. — St-Q. remplace probablement Augusta Veromanduorum, capitale des Veromandui, que d’autres placent à Vermand, à 8 kil. O. de St-Quentin. La foi y fut prêchée dès le IIIe siècle par S. Quentin, dont elle reçut nom au IXe s. (V. QUENTIN). Évêché jusqu’au VIe s., elle devint au IXe la capitale du comté de Vermandois. Elle fut réunie à la couronne en 1215, et fortifiée. Cédée au duc de Bourgogne parmi les villes de la Somme par le traité d’Arras (1435), elle revint à la couronne en 1477. Elle fut prise par les Impériaux en 1557, après la bataille de Saint-Quentin ; rendue à la France par le traité de Cateau-Cam-brésis (1559). La culture du lin et des fabriques de linon y furent introduites en 1579 par Crommelin. Fortifications rasées en 1820. M. Gomart a donné l’Histoire de St-Quentin, 1357. Bataille du général Faidherbe contre les Allemands (19 janv. 1871).

SAINT-QUENTIN (Canal de), canal qui unit l’Oise à l’Escaut, et fait communiquer Paris avec le N. de la France et la Belgique, commence à Chauny (Aisne), reçoit le canal de la Somme, traverse, puis longe la Somme, baigne les murs de St-Quentin (qui lui donne son nom), arrose Lesdins, Riqueval, et se termine à Cambray. Longueur, près de 100 kil. — La partie entre l’Oise et St-Quentin est connue sous le nom de Canal de Crozat. Cette partie était achevée dès 1738 ; le reste fut exécuté de 1768 à 1810.

SAINT-QUIRIN, bourg du dép. de la Meurthe, à 17 kil. S. de Sarrebourg ; 2000 hab. Célèbre manufacture de glaces et de verres à vitres et à table.

SAINT-RAMBERT, ch.-l. de c. (Ain), sur l’Albarine, à 32 kil. N. O. de Belley ; 2597 h. Station. Toile commune dite de St-Rambert, filatures de laine et de soie, velours. Grotte curieuse aux environs.

SAINT-RAMBERT-D’ALBON, bg du dép. de la Drôme, à 40 k. N. de Valence. Station du chemin de fer de Lyon à la Méditerranée et point de départ de l’embranchement de Grenoble.

SAINT-RAMBERT-SUR-LOIRE, ch.-l. de c. (Loire), à 12 kil. S. E. de Montbrison ; 2545 h. Construction de bateaux. Station de chemin de fer. Aux env., forges.

SAINT-RAPHAËL, bourg du dép. du Var, à 33 kil. S. E. de Draguignan ; 1500 hab. Petit port de pêche. Bonaparte y débarqua à son retour d’Égypte (1799), et s’y embarqua pour l'île d’Elbe en 1814.

SAINT-RÉAL (César VICHARD, abbé de), historien, né en 1639 à Chambéry, m. en 1692, suivit la belle duchesse de Mazarin à Londres, puis se fit prêtre, fut nommé historiographe de Savoie, conduisit quelques négociations pour le duc, soutint plusieurs controverses théologiques, notamment contre Arnauld, et fut accusé de Socinianisme. Il a écrit l’Histoire de la conjuration des Espagnols contre Venise : cet ouvrage, qui lui fit un nom comme écrivain, n'est guère qu'un roman historique. On a encore de lui : la Conjuration des Gracques, une traduction des Lettres de Cicéron à Atticus, des Traités de la critique et de l’Usage de l'histoire. Ses Œuvres complètes ont été réunies à Paris, 1757, 8 vol. in-12; ses Œuvres choisies en 1819, 1 vol. in-8.

SAINT-REMI, ch.-l. de c. (Bouches-du-Rhône), à 15 kil. N. E. d'Arles, 6348 h. Maison d'aliénés. Ouvrages en marbre ; filatures de soie. Restes d'un arc de triomphe de Marius et superbe mausolée romain. St-Remi est la patrie de Nostradamus et d'Expilly. — Bâtie sur l'emplacement de l'anc. Glanum, cette ville prit le nom de St-Remi, parce que Clovis en fit présent au célèbre archevêque de ce nom.

SAINT-REMI, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 5 k. N. E. de Thiers; 5070 h. – SAINT-REMI-EN-BOUZEMONT, ch.-l. de c. (Marne), à 12 kil. S. de Vitry; 767 hab.

SAINT-REMY (Jean LEFÈVRE, sieur de), chroniqueur et héraut d'armes, né près d'Abbeville vers 1394, m. à Bruges en 1468, était au service des ducs de Bourgogne et porta successivement dans l'exercice de ses fonctions les noms de Héraut Charolais et de Toison d'or. Il remplit plusieurs missions de confiance, accompagna comme juge d'armes et historiographe le chevalier Jacq. de Lalain, et rédigea, sous le titre de Chronique de Lalain, le récit de ses actions. Il laissa des Mémoires, qui vont de 1407 à 1436, et qui ont été publiés par J. Le Laboureur (1668) et par Buchon (1826 et 1838, dans le Panthéon littéraire).

SAINT-RENAN, ch.-l. de c. (Finistère), à 12 k. N. O. de Brest; 1233 h. Chevaux, bestiaux.

SAINT-RIQUIER, bg du dép. de la Somme, à 10 kil.N. E. d'Abbeville; 1513 h. Belle église du XVe s., dont le maître-autel est orné d'un christ de Girardon. — S. Riquier y fonda, en 640, une abbaye de Bénédictins, ce qui fit donner son nom à la ville, qui s'appelait d'abord Centula.

SAINT-ROMAIN-DE-COLBOSC, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), à 18 kil. E. du Havre; 1762 h. Station. Toiles.

SAINT-ROME, ch.-l. de c. (Aveyron), à 10 k. N. de St-Affrique, près du Tarn; 1567 hab. Patrie de Mgr Affre, à qui une statue a été élevée en ce lieu.

SAINT-SACREMENT (Fête du). V. FÊTE-DIEU.

SAINT-SACREMENT (Colonie du), Colonia del Sacramento, v. forte de l'Uruguay, ch.-l. de dép., sur le Rio-de-la-Plata, vis-à-vis de Buénos-Ayres, à 150 kil. N. O. de Montevideo; env. 2000 h. Port ouvert. — Fondée par les Portugais en 1678, cédée à l'Espagne en 1750, avec le reste de l'Uruguay, en échange du Paraguay; enlevée en 1845 par les flottes française et anglaise aux troupes de Rosas, président de la Plata, qui s'en était emparé.

SAINT-SAENS, ch.-l. de cant. (Seine-Inf.), sur l'Arques, à 15 kil. S. O. de Neufchâtel; 2568 hab. Filatures, toiles, tanneries. Anc. seigneurie, anc. prieuré de Bénédictins.

SAINT-SAULGE, ch.-l. de cant. (Nièvre), à 40 kil. N. E. de Nevers; 2252 h. Patrie de Ravisius Textor et de Marchangy. Cette ville doit son nom à S. Salvius, évêque d'Albi, dont elle garde les reliques.

SAINT-SAUVEUR, bg des H.-Pyrénées, sur la r. g. du gave de Gavarnie, à 2 kil. S. E. de Luz-en-Baréges. Magnifique pont d'une seule arche. Eaux sulfureuses recommandées contre les maladies de nerfs.

SAINT-SAUVEUR, ch.-l. de c. (Alpes-Marit.), sur la r. g. de la Tinée, dans l'arr. de Puget-Théniers; 618 h.

SAINT-SAUVEUR-EN-PUISAYE, ch.-l. de cant. (Yonne), près du Loing, à 40 kil. S. O. d'Auxerre ; 1846 h. Anc. seigneurie. Tour en ruines.

SAINT-SAUVEUR-LENDELIN, ch.-l. de cant. (Manche), près de la Taute, à 10 kil. N. de Coutances; 1791 h. Patrie du consul Lebrun.

SAINT-SAUVEUR-LE-VICOMTE, ch.-l. de c. (Manche), sur la Douve, à 16 kil. S. O. de Valogne; 2722 hab. Anc. abbaye de Bénédictins, fondée en 1048, et servant auj. d'hôpital; restes d'un château fort.

SAINT-SAUVEUR, écrivain. V. GRASSET.

SAINT-SAVIN, ch.-l. de cant. (Gironde), à 20 k. E. de Blaye; 2034 hab. — Ch.-l. de cant. (Vienne), à 16 kil. N. de Montmorillon; 1495 hab. Église du VIIe siècle, ornée de remarquables fresques, dont la description a été publiée aux frais de l'État (1850).

SAINT-SAVINIEN, ch.-l. de cant. (Charente-Inf.), sur la Charente, à 16 kil. S. O. de St-Jean-d'Angély; 3306 hab. Petit port. Ruines d'un couvent d'Augustins. Grains, vin, eau-de-vie.

SAINT-SÉBASTIEN, v. forte d'Espagne, ch.-l. de l'intendance de St-Sébastien et de la capitainerie générale du Guipuscoa, sur un îlot du golfe de Gascogne qui communique au continent par un pont de bois, à 62 kil. N. O de Pampelune; 10 000 hab. Port petit, assez sûr, mais d'entrée difficile ; fortifications importantes; deux faubourgs (Ste-Catherine et St-Martin). Tanneries, fabriques de toiles et de liqueurs estimées. Commerce considérable, mais déchu depuis la révolution qui a séparé l'Amérique espagnole de sa métropole. Importation de denrées coloniales, d'objets de manufacture anglaise et française; exportation des fers du Guipuscoa. — Avant le IXe s., cette ville portait le nom d’Izurun. Elle souffrit beaucoup dans les guerres entre l'Espagne et la France : les Français la prirent en 1719 et 1808; ils y soutinrent, en 1813, un siége célèbre contre les Anglo-Espagnols.

SAINT-SÉBASTIEN, ch.-l. de l'île Gomera, une des Canaries, sur la côte E.; 2000 hab.

SAINT-SEINE-L'ABBAYE, ch.-l. de cant. (Côte-d'Or), à 27 kil. N. O. de Dijon, près de la source de la Seine; 734 hab. Restes d'une antique abbaye de Bénédictins, dans les bâtiments de laquelle a été formé depuis un établissement hydrothérapique.

SAINT-SERNIN, ch.-l. de c. (Aveyron), à 28 kil. de St-Affrique; 1827 hab.

SAINT-SERVAN, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à l'embouch. de la Rance, à 2 kil. S. de St-Malo; 12 709 hab. Deux ports, l'un militaire, l'autre marchand; collége. Biscuits de mer, corderies, brasseries, chantiers de construction; armements pour la pêche de la morue, construction de navires.

SAINT-SEVER, ch.-l. de cant. (Calvados), à 18 k. O. de Vire; 1507 hab. Auges en granit pour pressoirs. Il doit son nom à une abbaye de Bénédictins fondée en 560 par S. Sever, évêque d'Avranches.

SAINT-SEVER, ch.-l. d'arr. (Landes), sur l'Adour, r. g., à 18 kil. S. de Mont-de-Marsan ; 4818 hab. Trib., collége. Grains, vins, eau-de-vie, jambons, oies grasses; marbre; grandes tanneries. — St-Sever doit son origine à une abbaye de Bénédictins, fondée à la fin du Xe s. Ce fut jadis le ch.-l. du pays de Chalosse et du comté de Gascogne propre, d'où le nom de Cap de Gascogne qui lui est donné souvent. Patrie du général Lamarque, à qui une colonne y a été élevée.

SAINT-SEVER, faubourg de Rouen. V. ROUEN.

SAINT-SIMON, ch.-l. de c. (Aisne), sur la Somme, à l'emb. du canal Crozat, à 16 k. S. O. de St-Quentin; 600 h. Tourbe. Ce bourg, qui faisait partie du Vermandois, avait titre de duché, et a donné son nom à l'antique maison des St-Simon, issue des comtes de Vermandois, qui faisaient remonter leur origine à Charlemagne. On donne pour chef à cette maison Jean de Vermandois, seigneur de St-Simon, né en 1144, qui vers 1215 céda ses prétentions sur le Vermandois et le Valois au roi Philippe-Auguste.

SAINT-SIMON (L. de ROUVROY, duc de), né en 1675 d'une famille noble et ancienne (V. ci-dessus), m. en 1755, était un des seigneurs de la cour les plus accomplis. Il se distingua d'abord dans les armes aux batailles de Fleurus et de Nerwinde, quitta le service avec le grade de maître de camp, succéda à son père dans le gouvernement de Blaye et dans ses titres de duc et pair, et se voua à la diplomatie. Il entra à la cour à la fin du règne de Louis XIV, s'attacha au duc d'Orléans, qui l'appela au conseil de régence, devint l'âme du parti de la cour contre les parlements, et fut envoyé en Espagne (1721) pour y négocier le mariage de Louis XV avec l'infante, et d'une fille du régent avec un prince espagnol. Il perdit son crédit après la mort du régent, et se retira dans ses terres, où il s'occupa de mettre la dernière main à des Mémoires, dont il avait depuis longtemps commencé la rédaction. Ces Mémoires renferment les renseignements les plus intéressants et les plus détaillés sur la cour de Louis XIV, la régence et le règne de Louis XV; ils sont rédigés avec une aisance et une originalité qui placent l'auteur au premier rang des écrivains de ce genre; mais les jugements qui y sont portés ne doivent être acceptés qu'avec défiance : outre que le duc a des préférences et des antipathies marquées, il est infatué de préjugés nobiliaires qui souvent faussent son jugement. On n'a eu longtemps que des éditions tronquées de ces Mémoires : le marquis de St-Simon, petit-fils de l'auteur, en a donné la 1re édition authentique, Paris, 1829-31, 21 v. in-8; elle a été reproduite et complétée d'après le texte original, par M. Chéruel, 1856-58, 20 v. in-8. MM. Poitou et Lefebre de Pontalis ont écrit l’Éloge de St-Simon, 1854.

SAINT-SIMON (Henri, comte de), économiste et chef de secte, issu de la même famille que le précédent, né à Paris en 1760, m. en 1825, servit en Amérique dans la guerre de l'indépendance (1779), fut à son retour nommé colonel à 23 ans; quitta le service dès 1785 pour se livrer à des projets d'utilité publique, applaudit à la Révolution, dans laquelle il voyait une œuvre de régénération; fit, de 1790 à 1797, avec le comte de Redern, des spéculations sur la vente des biens nationaux, mais, frustré de ses bénéfices par son associé, il abandonna de bonne heure les opérations financières. Il conçut alors le projet de reconstituer l'ordre social et de réorganiser la science et l'industrie, se lia dans ce but avec les savants les plus distingués, voyagea en Angleterre, en Allemagne, en Italie, publia divers ouvrages qui furent peu remarqués lors de leur apparition, et fit mille expériences bizarres et coûteuses. Bientôt ruiné, il tomba dans une telle misère qu'il prit le parti de se suicider (1823) : le coup qu'il se porta n'ayant pas été mortel, il renonça à ses sinistres projets et reprit ses travaux. Il avait réussi à s'attacher quelques disciples distingués (Augustin Thierry, Auguste Comte, Olinde Rodrigues, Bazard, Enfantin, etc.) : il mourut entre leurs bras. St-Simon est le fondateur de l'école industrialiste : il voulait améliorer, au moyen de la science et de l'industrie, le sort de l'humanité, surtout des classes les plus nombreuses et les plus pauvres; il considérait les savants, les industriels, les artistes, les producteurs de toute espèce comme la seule aristocratie légitime, leur confiait la direction de la société nouvelle, proscrivait les oisifs, prêchait l'association et l'organisation des travailleurs, et voulait que tous les efforts fussent dirigés d'après une doctrine générale et vers un but commun; en outre, il constituait sur de nouvelles bases la propriété, la religion, et même la famille. Ses disciples, connus sous le nom de Saint-Simoniens, formèrent une secte qui développa avec talent ses doctrines sur l'économie sociale et qui obtint un succès momentané; mais ils perdirent tout crédit lorsque, passant de la théorie à la pratique, ils voulurent créer une hiérarchie nouvelle, établir l'égalité absolue de l'homme et de la femme, modifier le mariage, abolir l'hérédité, substituer à la filiation naturelle une filiation toute conventionnelle, enfin instituer un culte nouveau. Couverts de ridicule, les St-Simoniens furent en outre accusés devant les tribunaux d'attentat à la morale publique, et leur association fut dissoute en 1833 par sentence judiciaire. Les principaux écrits de St-Simon sont : l’Introduction aux travaux scientifiques du XIXe siècle (1808), De la réorganisation de la société européenne (1814), avec Augustin Thierry; l’Industrie (1817); l’Organisateur, journal social (1820); le Système industriel (1821) ; le Catéchisme des Industriels (1824); Opinions littéraires, philosophiques et industrielles (1825), le Nouveau christianisme (1825). Une édition complète de ses Œuvres, commencée par Olinde Rodrigues en 1832, a été reprise an 1866, en exécution des dernières volontés d'Enfantin. V. Saint-Simon, sa vie et ses travaux, par Hullard.

SAINT-SIMONISME. V. ST-SIMON (Henri de).

SAINT-SORLIN (DESMARETS de). V. DESMARETS.

SAINT-SULPICE, église. V. SULPICE (S.).

SAINT-SULPICE-LES-CHAMPS, ch.-l. de cant.(Creuse), à 13 kil. N. O. d'Aubusson; 1158 hab.

SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES, ch.-l. de cant. (Hte-Vienne), à 36 kil. N. E. de Bellac; 1793 h.

SAINT-SYLVESTRE (Ordre de). V. ÉPERON D'OR.

SAINT-SYMPHORIEN, ch.-l. de cant. (Gironde), à 21 kil. O. de Bazas; 1890 h.

SAINT-SYMPHORIEN-DE-LAY, ch.-l. de cant. (Loire), à 17 kil. S. E. de Roanne; 4652 b. Toiles de coton, mousselines, broderies, teintureries.

SAINT-SYMPHORIEN-D'OZON, ch.-l. de c. (Isère), à 36 k. N. O. de Vienne; 1768 h. Couvertures de laine et de chamois, blanchisseries. Patrie de Berchoux.

SAINT-SYMPHORIEN-SUR-COLSE, ou ST-S.-LE-CHÂTEAU, ch.-l. de c. (Rhône), à 30 kil. S. O. de Lyon; 1920 h. Anc. château. Mousseline, draps, souliers.

SAINT-THÉGONNEC, ch.-l. de cant. (Finistère), à 12 kil. S. O. de Morlaix; 3957 hab. Toiles,

SAINT-THOMAS, une des îles Vierges (Antilles), 13000 hab. Hautes montagnes, sucre, coton et rhum. Commerce actif. Aux États-Unis. — V. SAN-THOMÉ.

SAINT-THOMAS (Chrétiens de). V. CHRÉTIENS.

SAINT-TRIVIER-DES-COURTES, ch.-l. de cant. (Ain), à 30 kil. N. O. de Bourg; 1473 hab.

SAINT-TRIVIER-EN-DOMBES ou SUR-MOIGNANS, ch.-l. de cant. (Ain), à 20 kil. N. E. de Trévoux, au milieu de marais ; 1702 hab.

SAINT-TROND, Fanum S. Trudonis', v. de Belgique (Limbourg), à 15 k. S. O. d'Hasselt; 10 000 h. Chemin de fer. Anc. abbaye, fondée en 657 par S. Trudon. Armes à feu, dentelles, tanneries, commerce de grains. — Cette anc. capitale de la Hesbaye fut acquise par les évêques de Liége en 1227, prise par Charles le Téméraire en 1467, et par les Français en 1794. C'est à St-Trond que siégea l'assemblée qui déclara l'indépendance des Pays-Bas (1566).

SAINT-TROPEZ, Heraclea Caccabaria, puis Fanum S. Torpetis, ch.-l. de cant. (Var), sur le golfe de Grimaud, à 50 kil. S. E. de Draguignan; 3358 h. Trib. de commerce, école d'hydrographie. Citadelle, petit port, chantier de construction navale; bouchons de liège. Commerce (vins de 1re qualité, huile, oranges, miel, liège, etc.); pêche de thon et de corail, grand et petit cabotage; bains de mer. Patrie du général Allard. — Ruinée aux VIIIe, IXe et XIVe s., elle fut repeuplée en 1470 par une colonie génoise; en 1592, elle résista à une attaque du duc de Savoie.

SAINT-VALERY-EN-CAUX (Seine-Inf.), sur la Manche, ch.-l. de c., à 30 kil. d'Yvetot; 4710 hab. Trib. de commerce. Petit port, armements pour la pêche de la morue, hareng saur. Bains de mer.

SAINT-VALERY-SUR-SOMME, ch.-l. de c. (Somme), sur la r. g. de la Somme, près de son embouch. dans la Manche, à 25 kil. N. O. d'Abbeville; 456 h. Port de mer. station. Trib. de commerce, consulats de Suède, de Prusse, de Danemark et d'Angleterre, sous-commissariat de marine, école de navigation, chantiers, entrepôts, pêche; grand commerce. Tour d'Harold, où ce prince fut enfermé au XIe s. C'est de ce port, selon Aug. Thierry, que Guillaume le Conquérant fit voile pour l'Angleterre. Anc. capit. du Vimeux.

SAINT-VALLIER, ch.-l. de c. (Alpes marit.), à 10 k. de Grasse, 588 h. Essence de lavande. — Ch.-l. de c. (Drôme), sur le Rhône, à 33 kil. N. de Valence, 3145 hab. Beau château gothique. Savon rose, préparation de cochenille, produits chimiques. Vers à soie.

SAINT-VANDRILLE, Fanum Vandrigesilli, antique abbaye de Bénédictins de la congrégation de St-Maur, était en Normandie, à 4 kil. S. de Caudebec, près de la Seine. — Fondée en 648 par S. Vandrille, elle porta d'abord le nom de Fontenelle. Détruite par les Normands vers 850, elle fut rétablie en 1035 et en partie reconstruite par les Bénédictins au XVe s. C'était un des plus beaux édifices religieux de France; il n'en reste que des ruines. — Autour de l'abbaye s'est formé un village qui compte 900 hab.

SAINT-VANNE (Congrégation de), réforme de l'ordre de St-Benoît, établie en 1600 par Dom Didier de Lacour, à l'abbaye de St-Vanne de Verdun. V. VANNE (S.), LACOUR et BÉNÉDICTINS.

SAINT-VARENT, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), à 24 k. E. de Bressuire; 1717 h. Vins rouges et blancs.

SAINT-VAULRY, ch.-l. de c. (Creuse), à 10 kil. N. O. de Guéret; 2523 h. Draperie, vins en gros. Aux env., mines d'étain.

SAINT-VEIT, nom de plusieurs bourgs des États autrichiens ; le principal est dans le gouvt de Laybach, à 18 kil. N. de Klagenfurt; 1500 hab. Ville jadis grande, capit. de la Carinthie jusqu'en 1518.

SAINT-VENANT, v. du dép. du Pas-de-Calais, sur la Lys, à 14 kil. N. O. de Béthune; 2756 hab. Place de guerre de 4e classe. Prise par François I en 1537, mais reprise la même année par les Impériaux; prise de nouveau par les Français en 1645; occupée par les Espagnols en 1659, par les Autrichiens en 1710, mais restituée à la France en 1713.

SAINT-VICTOR (Congrégation de). V. VICTOR (S.).

SAINT-VICTOR (J. B. BINS, comte de), littérateur, né en 1772 au Cap-Français (St-Domingue), m. en 1858, vint de bonne heure à Paris, se fit remarquer par deux poëmes descriptifs, l’Espérance (1804), le Voyage du poëte (1806), traduisit Anacréon en vers (1811), et publia, de 1808 à 1812, un Tableau historique et pittoresque de Paris, qui eut du succès et obtint une 2e éd. (1822-27). Ses Œuvres poétiques ont été réimprimées dans la collection des Poëtes du XIXe s. (1822). — M. Paul de St-Victor, un de nos critiques les plus distingués, est son fils.

SAINT-VINCENT (île), une des Antilles anglaises, par 65° 30' long. O., 13° 17' lat. N., à 40 kil. S. E. de Ste-Lucie : 100 kil. de tour; 30 000 hab. ; ch.-l., Kingston. Sol très-fertile (sucre, indigo, café, etc.), mais dont 12 ou 13 000 hectares seulement sont en culture; le reste est couvert de forêts (camphre, gommes, arbre à suif, etc.) — Découverte par Christ. Colomb le jour de la fête de S. Vincent (d'où son nom), elle était habitée par des Caraïbes, qui l'occupèrent jusqu'au milieu du XVIIe s. A la suite du naufrage d'un bâtiment négrier, des nègres s'y établirent et refoulèrent les indigènes dans le N. O. de l'île ; ceux-ci implorèrent l'appui des Français, qui vinrent à leur secours, mais sans pouvoir expulser les nègres; en 1763, la France céda à l'Angleterre ses prétentions sur St-Vincent. En prenant possession de l'île, l'Angleterre a laissé leurs propriétés aux nègres, qui avaient pris le nom de Caraïbes noirs.

SAINT-VINCENT (cap), Sacrum promont., cap formant la pointe S. O. du Portugal et de l'Europe entière,dans la province de l'Algarve. Tourville y battit en 1693 la flotte anglo-hollandaise; Suffren y captura en 1780 un convoi de 64 navires anglais. L'amiral anglais Jervis y remporta en 1797 sur les Espagnols une vict. qui lui valut le titre de lord St-Vincent.

SAINT-VINCENT-DE-TYROSSE, ch.-l. de c. (Landes), à 21 kil. S. O. de Dax; 1071 h. Station de chemin de fer. Goudron, brai, essences.

SAINT-VINCENT (Grégoire de), géomètre, né en 1584 à Bruges, m. en 1667, entra chez les Jésuites à Rome, remplaça dans cette ville Clavius, son maître, comme professeur de mathématiques, fut appelé par Ferdinand II à Prague, fut blessé pendant le siège de cette ville par les Suédois, puis alla en Espagne à la demande de Philippe II, et y donna des leçons de mathématiques à don Juan d'Autriche. Il mourut à Gand, bibliothécaire de la ville. On a de lui: De Cometis, 1619; Theoremata mathematica scientiæ staticæ, 1624; Opus geometricum quadrature circuli et sectionum coni, 1647; Opus geometricum ad mesolabum per rationum, proportionalitatumque novas proprietates, 1668. On lui doit plusieurs découvertes importantes en géométrie.

SAINT-VINCENT (J. JERVIS, lord), amiral anglais, né en 1734, m. en 1823, se distingua au combat d'Ouessant (1778), devint en 1787 amiral, entra au parlement en 1790 et figura dans l'opposition, s'empara de la Martinique en 1793, remporta en 1797 sur les Espagnols une grande victoire au cap St-Vincent (en mémoire de quoi il reçut le titre de lord St-Vincent), puis fut nommé premier lord de l'amirauté, 1805, et devint en 1821 amiral de la flotte.

SAINT-VIVIEN, ch.-l. de cant. (Gironde), à 20 k. N. O. de Lesparre; 1228 hab. Marais salants.

SAINT-YBARS, bg du dép. de l'Ariége, à 16 k. O. de Saverdun ; 2309 h. Vieille tour. Aux env. houille.

SAINT-YON, anc. abbaye voisine de Rouen et attenant au faubourg St-Sever, où Lasalle établit en 1705 le ch.-l. des Frères qu'il avait institués à Reims dès 1680; d'où le nom de Frères Saint-Yon, souvent donné à ces religieux.

SAINT-YRIEIX-LA-PERCHE, ch.-l. d'arr. (Hte-Vienne), à 41 k. S. de Limoges; 7613 h. Trib. de 1re inst.; collége, conservation d'hypothèques. Église gothique du XIIe s. Porcelaines, toiles et étoffes de laine, tanneries, usines à fer, coutellerie, exploitation d'antimoine. — S-Yrieix fonda en ce lieu, à la fin du VIe s., le monastère d’Atane, autour duquel se forma la ville actuelle. On y découvrit en 1770 de riches mines de Kaolin, qui ont depuis alimenté presque toutes les manufactures de porcelaine en France.

SAINTE-AFFRIQUE. V. SAINT-AFFRIQUE.

SAINTE-ALDÉGONDE (Philippe de MARNIX, seigneur de), l'un des auteurs de la révolution hollandaise, né à Bruxelles en 1538, m. en 1598, encouragea la révolte des Pays-Bas dès 1565, et fut l'un des premiers rédacteurs du compromis de Bréda, qui garantissait à ses concitoyens la liberté de conscience, mais qui fut rejeté par Marguerite de Parme; se retira en Allemagne après l'arrivée du duc d'Albe, 1567, mais reparut en 1572 et seconda de tout son pouvoir Guillaume d'Orange, qui l'envoya aux États de Dordrecht, et le chargea de négociations avec Paris, Londres et la diète d'Augsbourg. Il contribua beaucoup à l'érection de l'Université de Leyde et à la pacification de Gand, 1576. Bourgmestre d'Anvers en 1584, il défendit la ville pendant 13 mois contre le prince de Parme, mais à la fin il dut se rendre. Il passa ses dernières années à Leyde, où il traduisit la Bible en hollandais. Ph. de Ste-Aldégonde a laissé un grand nombre d'ouvrages de genres divers, politiques, historiques, théologiques et poétiques, qui ont été traduits et publiés à Paris en 1860 et ann. suiv. Ses poésies, toutes nationales, l'ont fait surnommer le Tyrtée hollandais.

SAINTE-ALLIANCE. V. ALLIANCE.

SAINTE-ANNE D'AURAY. V. AURAY.

SAINTE-AULAIRE (Fr. JOS. DE BEAUPOIL, marquis de), né dans le Limousin en 1643, m. en 1742 à 99 ans, servit quelque temps et quitta le service avec le grade de lieutenant général. On a de lui quelques poésies dans le genre anacréontique. Elles sont éparses dans les recueils du temps, et n'ont jamais été rassemblées. Ses vers, qui parurent sous le voile de l'anonyme, furent d'abord attribués au marquis de La Fare : il avait plus de 60 ans quand il composa les premiers. Ste-Aulaire fut admis à l'Académie française en 1706. Il était lié avec la marquise de Lambert, et était assidu auprès de la duchesse du Maine à Sceaux.

SAINTE-AULAIRE (L. BEAUPOIL, comte de), diplomate, né en 1778, m. en 1854, fut élevé en France quoique sa famille eût émigré; lut reçu en 1794 élève de l’École des ponts et chaussées, plut, par ses qualités d’homme du monde, à Napoléon, qui le nomma chambellan en 1811 et lui confia en 1812 la préfecture de la Meuse ; fut sous Louis XVIII, en I814, préfet de la Hte-Garonne, fut élu député en 1815, se rangea parmi les amis de la monarchie constitutionnelle, devint, après la révolution de Juillet 1830, un des plus habiles appuis du gouvernement de Juillet, occupa successivement les postes d’ambassadeur à Rome, à Vienne et à Londres, et fut élevé à la pairie. On a de lui une Histoire de la Fronde (1827), qui lui valut un fauteuil à l’Académie française. Il a laissé des Mémoires sur ses ambassades, qui sont encore inédits. Il était beau-père de M. Decazes.

SAINTE-BARBE, collége célèbre, fondé à Paris sur la montagne Ste-Geneviève (rue de Reims), en 1460, par Geoffroy Lenormant, professeur au collége de Navarre (et non, comme on l’avait cru, par Jean Hubert), était dirigé par une communauté religieuse. Ce collége, fermé à la Révolution, fut rouvert en 1798 par Victor de Lanneau, sous l’administration duquel il devint plus florissant que jamais. Après sa mort, l’établissement a été soutenu et agrandi par une association de ses anciens élèves et placé sous l’habile direction d’Alexandre Labrouste. M. J. Quicherat a écrit l’Hist. de Ste-Barbe, 1860, 2 vol. in-8.

SAINTE-BAUME (la), du provençal baoumo, grotte, caverne ; montagne du dép. du Var, à 24 k. S. O. de Brignoles, a 1728m. Au sommet est une grotte profonde, où, suivant la tradition, Ste Madeleine passa ses 30 dernières années.

SAINTE-BEUVE (J. de), professeur de théologie à la Sorbonne, né en 1613 à Paris, m. en 1677, fut privé de sa chaire pour avoir refusé de souscrire à la condamnation d’Arnauld. Ayant dans la suite consenti à signer le formulaire d’Alexandre VIII, il fut nommé théologien du clergé de France. Il jouissait comme casuiste d’une grande autorité. Ses Décisions ont paru de 1689 à 1704, en 3 vol. in-8.

SAINTE-CATHERINE, île de l’Océan, sur la côte du Brésil, par 51° long. O., 27° 32′ lat. N. Climat délicieux. — Elle a donné son nom à une prov. du Brésil située entre celles de St-Paul, Rio-Grande-do-Sul et l’Océan, qui a 400 k. sur 150 et env. 110 000 h. ; ch.-l., Nossa-Senhora-de-Desterro, v. de 6000 âmes, sur la côte O. L’île est fertile en café, canne à sucre, tabac, etc. ; elle est couverte de riches colonies.

SAINTE-CROIX, une des Antilles danoises, par 66° 55′ long. O., 17° 45 lat. N. : 40 kil. sur 16 ; env. 24 000 hab. ; ch.-l., Christianstad. Climat sain ; sol fertile : ce qui a fait surnommer cette île le Jardin des Antilles. Coton, sucre ; un peu de café et d’indigo ; rhum. — Découverte par Colomb dans son 2e voyage, elle appartint aux Anglais et aux Hollandais conjointement, puis aux Anglais seuls, aux Espagnols, à la France, à l’ordre de Malte, à la Compagnie française des Indes occid., et, depuis 1733, au Danemark. L’Angleterre la posséda de 1807 à 1814.

SAINTE-CROIX-AUX-MINES, bg du dép. du Ht-Rhin, à 23 kil. N. de Colmar ; 3651 h. Mines de cuivre et de plomb. Filatures, cotonnades.

SAINTE-CROIX-DE-VOLVESTRE, ch.-l. de c. (Ariége), à 14 kil. N. de St-Girons ; 1702 h. Grotte.

SAINTE-CROIX, v. d’Espagne, etc. V. SANTA-CRUZ.

SAINTE-CROIX, v. du Maroc V. AGADIR.

SAINTE-CROIX (Guilhem de CLERMONT-LODÈVE, baron de), érudit, né en 1746 à Mormoiron près de Carpentras, d’une famille illustre, m. en 1809, servit quelque temps comme capitaine de grenadiers, mais quitta de bonne heure la carrière militaire afin de se livrer à son goût pour l’étude, et se retira dans son pays natal. Il remporta plusieurs prix dans les concours ouverts par l’Académie des inscriptions, devint en 1777 associé de cette compagnie, se fixa à Paris après la Révolution, et fut élu en 1802 membre de l’Institut. On lui doit : Examen critique des anciens historiens d’Alexandre le Grand, 1775 et 1804 (mémoire couronné en 1772, et précieux pour l’exactitude des recherches) ; l’Ezour-Védam, ancien commentaire du Védam, 1778 ; De l’état et du sort des colonies des anciens peuples, 1779 ; Hist. des progrès de la puissance navale de l’Angleterre, 1803 ; Mémoires pour servir à l’histoire de la religion secrète des anciens peuples ou Recherches sur les mystères du paganisme, 1784 et 1817 ; Des anciens gouvernements fédératifs et de la législation de Crète, 1798 ; Réfutation d’un paradoxe de Wolf sur les poésies d’Homère, 1798, et un assez grand nombre de Mémoires dans le recueil de l’Académie des inscriptions.

SAINTE-ÉNIMIE, ch.-l. de c. (Lozère), sur la r. dr. du Tarn, à 16 kil. N. O. de Florac ; 1151 h. Il doit son nom à une abbaye de Bénédictins fondée, dit-on, par une fille de Clotaire II du nom d’Énimie,

SAINTE-EUPHÉMIE, Lametia, v. d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples (Calabre-Ultérieure), sur un golfe qui prend de là le nom de golfe de Ste-Euphémie (l’anc. Sinus Hipponiates ou Lameticus). — On connaît aussi sous ce nom un bourg voisin d’Athènes (l’anc. bourg de Colones), où se trouve une belle église de Ste-Euphémie.

SAINTE-FOIX (POULLAIN de). V. SAINT-FOIX.

SAINTE-FOY, bg du dép. du Rhône, à 4 kil. de Lyon, sur la r. dr. du Rhône ; 4462 h. Vins estimés.

SAINTE-FOY-LA-GRANDE, ch.-l. de c. (Gironde), à 40 kil. E. de Libourne ; 3856 hab. Église et école calvinistes. Bons vins blancs et eau-de-vie. Cette ville était au XVIe s. une des places fortes des Protestants.

SAINTE-GENEVIÈVE, ch.-l. de c. (Aveyron), à 46 kil. d’Espalion ; 1543 hab. Bestiaux.

SAINTE-HÉLÈNE, île de l’Océan Atlantique, par 6° 9′ long. O., 15° 65′ lat.S., à 1550 k. O. de la côte d’Afrique et 3300 E. de celle du Brésil ; 17 k. de long sur 10 de large ; 45 kil. de tour ; population, 5000 h., dont env. la moitié se compose de noirs ; ch.-l., James-town, sur la côte N. Rochers escarpés et inabordables, sauf en un seul point, qui est bien fortifié ; montagnes, dont la plus haute, le pic de Diane, a 855m, sites pittoresques et agréables, peu de plaines (la principale est celle de Longwood, dans la partie orientale, où se trouvait la résidence de Napoléon). — Découverte par le Portugais Jean de Noya en 1501, le 18 août, jour de la Ste-Hélène (d’où son nom) ; elle appartint aux Hollandais de 1610 à 1650, et est aux Anglais depuis ce temps. Napoléon y fut retenu prisonnier par le gouvernement anglais depuis le mois de nov. 1815 jusqu’à sa mort, en 1821 ; ses restes en ont été rapportés en France en 1840 et déposés à l’Hôtel des Invalides. Son habitation (Long wood) fut achetée en 1858 par l’emp. Napoléon III.

SAINTE-HERMANDAD. V. HERMANDAD.

SAINTE-HERMINE, ch.-l. de c. (Vendée), à 22 kil. N. O. de Fontenay ; 2069 hab. Huilerie, tannerie.

SAINTE-LIVRADE, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), à 10 kil. O. de Villeneuve d’Agen ; 3018 hab, Prunes confites dites prunes d’Agen.

SAINTE-LUCIE, une des Antilles anglaises, au N. de celle de St-Vincent, par 63° 22′ long. O., 14° 7′ lat. N. : 45 kil. sur 16 ; 24 000 hab. ; ch.-l., Port-Castries ou le Carénage. Volcan éteint, dit la Soufrière. L’île est divisée en deux parties, la Basse-Terre et la Cabesterre. Elle appartint tour à tour à la France et à l’Angleterre, à qui les traités de 1814 l’ont laissée.

SAINTE-MARGUERITE (île), la plus grande des îles de Lérins. V. LÉRINS.

SAINTE-MARIE (île) ou NOSSI-IBRAHIM, île de la mer des Indes, sur la côte E. de Madagascar, dont elle n’est séparée que par un canal de 5 à 8 kil. ; 45 k. sur 10 ; 6000 hab. ; ch.-l., St-Louis. Occupée par la France dès 1750. C’est auj. notre seul établissement sur la côte E. de Madagascar. Après avoir dépendu de l’île de la Réunion, cette île forme depuis 1851 un gouvt particulier avec Mayotte et Nossi-Bé.

SAINTE-MARIE-AUX-MINES, ville d’Alsace-Lorraine, dans une belle vallée, sur la Liepvrette, à 35 kil. N. O. de Colmar : 12 332 hab. Église calviniste. Mines de plomb et de cuivre dans les montagnes voisines. Teintureries en rouge, fabriques de toiles peintes, d'indiennes et de mousselines ; commerce de kirsch et autres articles. — Cette ville, toute récente, doit son rapide développement à Reber, de Mulhouse, qui y importa, en 1758, le tissage de coton.

SAINTE-MARIE-D'OLORON, commune des B.-Pyrénées, anc. ch.-l. de c., est jointe par un pont à Oloron, et est depuis 1858 réunie à cette ville.

SAINTE-MARIE-D'OIGNIES, bg de Belgique (Hainaut), sur le canal de Charleroi, à 2 kil. S. E. de Philippeville. Grande manufacture de glaces, qui rivalise avec celles de France.

SAINTE-MARIE (Honoré de). V. HONORÉ.

SAINTE-MARTHE, en Colombie. V. SANTA-MARTA.

SAINTE-MARTHE, famille du Poitou qui a fourni à la France un grand nombre d'hommes distingués dans les lettres et dans les emplois publics aux XVIe et XVIIe s. — Scévole de Ste-M., dont le véritable nom était Gaucher qu'il échangea contre celui de Scévole, Scævola, qui en est la traduction latine, né en 1536 à Loudun, m. en 1623, fut contrôleur général des finances en Poitou, puis président des trésoriers de France. Dévoué à Henri III et Henri IV, il résista aux Ligueurs et assista aux États de Blois ainsi qu'à l'Assemblée des Notables de 1597. Maire de Loudun, il y fut surnommé le Père de la patrie. On a de lui Gallorum doctrina illustrium elogia (1598), quelques poésies françaises et des poésies latines estimées, parmi lesquelles la Pædotrophia, poëme sur la manière d'élever les enfants. — Scévole II et Louis, frères jumeaux, fils du préc., nés à Loudun en 1571, morts, le 1er en 1650, le 2e en 1656, s'appliquèrent tous deux à l'histoire par les conseils du président de Thou, furent créés en 1620 conseillers et historiographes du roi, rédigèrent l’Histoire généalogique de la maison de France, Paris, 1619 et 1647, 2 v. in-f., et entreprirent le Gallia christiana (1656), 4 vol. in-fol. Scévole s'associa dans ce dernier travail ses trois fils : Pierre Scévole, Nicolas Charles et Abel Louis. — Ce dernier (1621-97) entra chez les Oratoriens et devint général de l'ordre. Il fut censuré par l'archevêque de Paris Harlay comme suspect de jansénisme et se vit forcé de se démettre. Il recueillit de riches matériaux pour le Gallia christiana et pour un recueil plus vaste encore, l’Orbis christianus. — Denis, 1650-1725, entra chez les Bénédictins de St-Maur et en fut élu général en 1720. Il refondit, avec le secours de ses confrères, le Gallia christiana, auquel ses ancêtres avaient attaché leur nom, et publia sous le même titre un ouvrage entièrement neuf 1715-28, continué de nos jours par M. Hauréau. On lui doit aussi une Vie de Cassiodore (1694) et une Hist. de Grégoire le Grand (1697).

SAINTE-MAURE, ch.-l. de c. (Indre-et-Loire), à 80 kil. E. S. E. de Chinon; 2595 h. Toiles peintes, mouchoirs. Vieux château, belle église du XIIe s. Cette ville a donné son nom à une maison qui a fourni plusieurs branches, dont les principales sont celles des marquis de Nesle, des comtes de Joigny, et des seigneurs, puis ducs de Montausier.

SAINTE-MAURE, Leucade, une des îles Ioniennes, sur la côte de l'Albanie, au N. de Céphalonie; 80 k. de tour; 21 500 h.; ch.-l., Amaxichi. Climat très-chaud, tremblements de terre fréquents.

SAINTE-MENEHOULD, ch.-l. d'arr. (Marne), à 40 kil. N. E. de Châlons, sur l'Aisne, entre deux rochers, près de l'Argonne; 4300 hab. Trib. de 1re inst., collége. Fabr. de serges, tourneries, faïenceries, verreries, tanneries; asperges, andouilles et pieds de cochon renommés. — Cette ville, anc. capit. de l'Argonne, eut des seigneurs particuliers dès le XIIe s. Située sur la frontière de la Lorraine, elle subit un grand nombre de siéges. Le prince de Condé s'en empara en 1652; Louis XIV la reprit l'année suivante. Elle fut presque détruite par un incendie en 1719. Concini y signa en 1614 un traité avec les nobles révoltés. Louis XVI, dans sa fuite, y fut reconnu par Drouet, qui le fit arrêter à Varennes (21 juin 1791).

SAINTE-MÈRE-ÉGLISE, ch.-l. de c. (Manche), à 17 k. S. E. de Valognes; 1575 hab. Beurre, bestiaux.

SAINTE-PALAYE (J. B. de LA CURNE de), érudit, né à Auxerre en 1697, m. en 1781, fut élu membre de l'Académie des inscriptions en 1724 et de l'Académie française en 1758. Il travailla surtout sur nos vieux romanciers, et recueillit 4000 notices de manuscrits français. Il a publié des Mémoires sur l'ancienne chevalerie, 1759-81, a inséré un grand nombre de dissertations dans le recueil de l'Académie des inscriptions, et a laissé 100 vol. in-fol. de manuscrits, conservés à la Bibliothèque impériale et. à la Bibl. de l'Arsenal : on y trouve un Dictionnaire des antiquités françaises, mis à profit par M. Chéruel dans son Dict. des Institutions delà France, 1855.

SAINTE-REINE, v. de France. V. ALISE et REINE (Ste).

SAINTES, Santones, Mediolanum Santonum, ch.-l. d'arr. (Char.-Inf.), sur la r. g. de la Charente, à 69 k. S. E. de la Rochelle ; 10 962 h. Plusieurs chemins de fer. Siége d'une cour d'assises, trib. de 1re inst. et de commerce, bourse; église calviniste, collége, bibliothèque, musée, pépinière; dépôt d'étalons. Anc. évêché. Église St-Pierre (qui est l'anc. cathédrale), avec un beau portail, St-Eutrope, Ste-Marie; restes d'antiquités (naumachie, arc de triomphe, aqueduc, etc.). Vins, eau-de-vie dite de Cognac. — Cette ville, anc. capitale des Santones, puis de la Saintonge, fut détruite en 850 par les Normands. S. Louis battit les Anglais à Saintes en 1242. Aux XVIe et XVIIe s., la ville souffrit beaucoup des guerres de religion ; il s'y tint plusieurs synodes. Saintes fut de 1790 à 1810 le ch.-l. de la Charente-Inférieure.

SAINTES (les), groupe de l'archipel des Antilles, à 12 kil. S. de la Guadeloupe dont il dépend; deux îlots principaux, la Terre d'en haut ou du Vent et la Terre d'en bas ou de dessous le Vent; 1304 h. Bons mouillages ; sol aride, qui cependant produit un café renommé. — Découvertes en 1493, à la Toussaint, par Colomb, qui, pour ce motif, les nomma los Santos, elles furent occupées par les Français en 1648, et pourvues par eux de fortifications formidables, qui les firent nommer le Gibraltar des Indes Occidentales. Prises en 1794 par les Anglais, elles furent rendues à la France en 1814; mais les fortifications avaient été détruites. Le comte de Grasse fut battu par Rodney à la hauteur des Saintes en 1782.

SAINTE-SABE (Duché de). V. HERZÉGOVINE.

SAINTE-SEVÈRE, ch.-l. de cant. (Indre), près de l'Indre, à 12 kil. S. E. de la Châtre 1006 h.

SAINTES-MARIES (les), ch.-l. de cant. (Bouches-du-Rhône), à 27 kil. S. O. d'Arles et tout près de la mer; 1000 hab. Remparts en partie démolis.

SAINTE-SUZANNE, ch.-l. de c. (Mayenne), sur l'Erve, à 37 k. E. de Laval; 1793 h. Vieux remparts (dont une partie fut, à ce qu'on croit, vitrifiée par la foudre).

SAINTONGE, Santones, Santoniensis tractus, anc. prov. de France faisant partie du grand gouvt de Saintonge-et-Angoumois, entre l'Océan et l'Aunis, l'Angoumois, la Guyenne, le Poitou, se divisait en Haute et Basse-Saintonge : la 1re au S., la 2e au N. ; chefs-lieux, Saintes, pour la Hte-Saintonge et pour la Saintonge tout entière, St-Jean-d'Angély pour la Basse. C'est auj. la partie S. du dép. de la Charente-Inférieure. — Ce pays, occupé primitivement par les Santones, fut d'abord compris dans la Gaule Celtique, puis dans la 2e Aquitaine. Les Visigoths s'en emparèrent en 419 et les Francs l'occupèrent en 507, sous Clovis; il forma au IXe s. un comté dépendant du duché d'Aquitaine ou Guyenne, et passa aux Anglais par le mariage d'Éléonore de Guyenne avec Henri II. Du Gueslin reconquit la Saintonge en 1371 et Charles V la réunit à la couronne en 1375.

SAINTONGE-ET-ANGOUMOIS (grand gouvt de), anc. division de la France, bornée à l'O. par l'Océan, à l'E. par le Berry, au N. par le Poitou et au S. par la Guyenne, avait pour ch.-l. général, Saintes. Division : Saintonge, Angoumois, Aunis.

SAINTRAILLES. V. XAINTRAILLES. SAINTRÉ (Jehan ou Jean de), chambellan de Charles VI, se distingua par de nombreux faits d'armes, surtout en Hongrie contre les Turcs. Il est le héros de l’Histoire du petit Jehan de Saintré et de la dame des Belles-Cousines, roman chevaleresque attribué à Ant. La Sale.

SAINTS (les) DU DERNIER JOUR. V. MORMONS.

SAÏS, v. de l’Égypte ancienne, dans le Delta, au N., près du lac de Butus, était le ch.-l. du nome Saïte et de toute la Basse-Égypte. Elle possédait un temple célèbre de Neith-Isis, décoré d'obélisques et de sphinx, et dans lequel on lisait cette inscription : « Je suis ce qui a été, ce qui est, ce qui sera, et nul n'a encore soulevé le voile qui me couvre. » On célébrait à Saïs la grande Fête des lampes. On croit retrouver les ruines de cette ville près du village de Sah-el-Haggar. — On appelait Branche saïtique du Nil un canal qui allait de la branche Agathodæmon au lac de Butus en passant par Saïs.

SAISSAC, ch.-l. de cant. (Aude), à 25 kil. N. O. de Carcassonne ; 1590 h. Fabriques de drap, forges.

SAISSET (Émile), philosophe français, né à Montpellier en 1814, m. en 1863 ; fut élève de l'École normale, professa avec un grand succès dans les colléges royaux, à l'École normale, au Collége de France et à la Faculté des lettres de Paris, et devint en 1862 membre de l'Acad. des sciences morales et politiques. On a de lui des Mélanges d'histoire, de morale et de critique (1859, in-8o); Précurseurs et disciples de Descartes, (1861, in-8o); Spinoza et le spinozisme (1862, in-8o), Le scepticisme : Ænésidème, Pascal, Kant (1863, in-8o).

SAKARIA, Sangarius, riv. de la Turquie d'Asie (Anatolie), naît dans le sandjakat d'Angora, traverse celui de Sultan-Euni, sépare ceux de Boli et de Kodjah-ili, et tombe dans la mer Noire, par 28° 18' long, E., 41° 9' N., après un cours d'env. 50 kil.

SAKATOU, v. de Nigritie centrale ou Soudan, dans le roy. d'Haoussa, par 13° 6' lat. N., 3° 52' long. E., à 225 kil. O. de Kachena, près d'un affluent du Niger ; env. 30 000 h. Anc. résidence du souverain des Fellatahs. Ville assez régulière, avec murailles; deux grandes mosquées, marché spacieux; le palais du sultan forme comme une petite ville. Grand commerce avec l'intérieur de l'Afrique. — Sakatou fut bâtie en 1805 par le cheik fellatah Othman Danfodio, pour être la capitale de l'empire qu'il venait de fonder; son nom signifie halte. Clapperton visita cette ville en 1823 et 1826 et y mourut en 1827.

SAKKARAH, v. de la Basse-Égypte (Djizeh), à 13 kil. S. de Djizeh, sur l'emplacement de l'anc. Memphis. On y voit de nombreuses antiquités : des caveaux renfermant des momies, 11 pyramides, antérieures à celles de Djizeh, et un fameux sphinx, dont la tête est, dit-on, celle du roi Thoutmosis XVIII.

SAKTI ou PARASAKTI, divinité indienne, épouse de Brahma, est la même que Maya. V. MAYA.

SALA, nom ancien de l’Yssel, qui, à ce qu'on croit, a donné son nom aux Francs Saliens.

SALA (Ange), médecin de Vicence, m. en 1640, quitta sa patrie pour cause de religion, et pratiqua son art à Zurich, La Haye, Hambourg, etc. Ses écrits ont été recueillis sous le titre d’Opera medico-chymica, Francfort, 1647, et Rouen, 1650.

SALA (Nicolas), compositeur italien, né en 1701 près de Bénévent, m. en 1800, est auteur d'un Traité du contrepoint pratique, publié à Naples en 1794, et fort estimé.

SALADIN (Salah-Eddyn, vulgt), 1er sultan ayoubite d’Égypte, né en 1137 à Takrit en Mésopotamie. était fils du kourde Ayoub. Il se signala dès sa jeunesse par ses exploits contre les Chrétiens, servit en Égypte pour le compte de l'atabek Noureddin (1164-69), devint vizir du dernier calife fatimite Adhed-Ledinillah, mit fin au califat d’Égypte (1171), puis profita de la mort de Noureddin (1173) et de la minorité de Saleh-Ismaïl, fils de ce prince, pour s'emparer de la régence, de l'atabékiat de Syrie (1175), se rendit indépendant en Égypte, et joignit à ces provinces la plus grande partie de la Mésopotamie. Attaqué par les Chrétiens, il fut vaincu à Ramla (1178), mais il vainquit à Panéade, battit Guy de Lusignan en plusieurs rencontres, notamment à Tibériade où il le fit prisonnier (1187), et la même année mit fin au royaume de Jérusalem par la prise de sa capitale. La chute de Jérusalem détermina la 3e croisade : Saladin éprouva d'abord quelques revers : il se vit enlever St-Jean-d'Acre, Césarée, Jaffa; néanmoins, et malgré la bravoure des Chrétiens, surtout de Richard Cœur de Lion, il put maintenir sa conquête. Il mourut en 1193, laissant un frère, Malek-Adel, et 17 fils, qui se partagèrent son empire. Actif, politique et généreux autant que brave, Saladin était apprécié même par les Chrétiens.

SALADIN II, sultan ayoubite d'Alep (1227-29), arrière-petit-fils du préc., tenta en vain de reconquérir l’Égypte ; il fut assassiné par des officiers tartares.

SALADO (RIO-), riv. de l'Amérique du S., dans la Plata, naît dans la partie N. O. du gouvt de Buénos-Ayres, coule au S. E., et tombe dans le Rio-de-la-Plata par la baie de Samborombou après un cours de 550 k. — Autre riv. de la Plata, formée, dans la prov. de Salta, de la réunion du Guachipas et de l'Arias, coule au S. E., sépare les prov. de Tucuman et de Santiago, entre dans celle de Santa-Fé, et tombe dans le Parana sous le nom de San-Thomé, par 63° 18' long. O., 32° 38' lat. S. après un cours de 1200 k.

SALADO (RIO-), riv. d'Andalousie qui coule près de Tarifa. En 1340 1es Maures furent battus sur ses bords près de Tarifa par les rois de Castille et de Portugal.

SALAGNAC (GRAND-BOURG DE). V. GRAND-BOURG.

SALAMANDRE. V. notre Dict. univ. des sciences.

SALAMANQUE, Salmantica chez les anciens, v. d'Espagne dans l'anc. roy. de Léon, ch.-l. de l'intendance de son nom, sur le Tormès, à 144 kil. O. N. O. de Madrid; 15 000 hab. Évêché, université célèbre, fondée en 1239, et longtemps très-florissante, mais auj. fort déchue. Cette ville renferme de nombreux édifices de tous les âges, ce qui l'a fait nommer la petite Rome : cathédrale antique, 2 autres églises superbes, beaux couvents (celui des Carmes rappelle l'Escurial); beau pont de 27 arches. — Ville très-ancienne. Importante sous les Carthaginois, les Romains et les Goths, elle fut ruinée pendant la domination arabe, mais fut relevée au XIIe s. Les Anglo-Espagnols, commandés par Wellington, gagnèrent sur Marmont à Salamanque, le 21 juil. 1812, une bataille qu'on nomme aussi bataille des Arapiles. — L'intendance de S., entre celles de Zamora au N., de Valladolid au N. E., d'Avila à l'E., de Tolède au S. E., l'Estramadure au S. et le Portugal à l'O, a 216 kil. (de l'E. à l'O.) sur 150, et 290 000 hab.

SALAMINE, Salamis, auj. Coulouri, île de la mer Égée, dans le golfe Saronique, à 4 k. E. des côtes de l'Attique, avait 2 villes principales, Salamis vetus (sur la côte O.), Salamis nova (sur la côte E.). Elle forma anciennement un État particulier, dont Télamon et Ajax sont les rois les plus célèbres. Patrie de Solon et d'Euripide. — Salamine fut longtemps un sujet de guerre entre Mégare et Athènes : cette dernière finit par en rester maîtresse, grâce au dévouement de Solon. En 480 av. J.-C., Thémistocle détruisit près de Salamine la flotte perse. Cette île a suivi toutes les vicissitudes d'Athènes ; soumise aux Turcs en 1456, elle fait auj. partie du roy. de Grèce et est comprise dans le nome d'Attique-et-Béotie.

SALAMINE, auj. Porto-Costansa ou Haï-Sergui, v. de l'île de Cypre, sur la côte orient., fondée par Teucer, fils de Télamon, fut pendant un temps le ch.-l. d'un petit État qui resta indépendant, même sous la domination des Perses et dont les deux Évagoras et Nicoclès sont les rois les plus connus, Après avoir passé sous la domination des rois d’Égypte, elle fut réunie au territoire romain sur la proposition du tribun Clodius. Détruite par un tremblement de terre sous Constantin, elle fut rebâtie, un peu plus au S., par ce prince, qui l'appela Constantia. Ruinée par les Arabes sous le règne d’Héraclius, elle n'a pas été relevée depuis.

SALAMINIENNE (Galère), un des deux vaisseaux sacrés des Athéniens (l'autre était la Paralienne). La Salaminienne était chargée de transporter à leur destination les officiers de la république. Cette galère, sans cesse réparée, dura depuis Thésée jusqu'à Ptolémée Philadelphe. Elle tirait son nom, à ce qu'on croit, de la bat. de Salamine, où elle avait figuré.

SALANGA, île de l'Océan indien. V. DJONKSEYLON.

SALANKEMEN, Acimincum, Salancena, bourg d'Esclavonie (Confins militaires), près du confluent de la Theiss et du Danube, à 28 kil. S. E. de Carlowitz. Le prince Louis de Bade y défit complètement les Turcs en 1691.

SALAPIE, Salapia, auj. Torre delle Saline, v. d'Apulie, près de l'embouch. de l'Aufide, servait de port à la ville d'Arpi. Marais salants, auxquels la ville devait son nom. Annibal la prit et y résida longtemps après la bataille de Cannes; Marcellus la reprit.

SALARIA (Voie), grande voie romaine qui partait de la porte Colline, à Rome, traversait le Latium, la Sabine, et s'étendait au N. E. jusqu'à Adria. C'est par cette voie que les Sabins apportaient à Rome le sel qu'ils tiraient de l'Adriatique.

SALAS DE LOS INFANTES, bg d'Espagne (Vieille Castille), sur l'Artanza, à 44 kil. S. E. de Burgos; 1600 hab. C'est là qu'habitait, dit-on, Gonzalès Gustios, le père des sept infants de Lara.

SALASSES, peuple de la Gaule Cisalpine, à l'angle N. O., dans le pays qui forme auj. l'intendance d’Ivrée et le Val d'Aoste, exploitait des mines d'or entre la Sesia et la Doire. Ils furent soumis en 143 av. J.-C. par les Romains, qui fondèrent sur leur territoire la colonie d’Eporedia (Ivrée). En 25 av. J.-C., ils tentèrent une révolte, qui fut bientôt comprimée par Terentius Varro; on en vendit un grand nombre comme esclaves, et l'on fonda dans leur pays la colonie de Prætoria Augusta (Aoste).

SALAT, riv. de la France, sort des Pyrénées, dans le dép. de l'Ariége, coule au N. O., entre dans le dép. de la Hte-Garonne, baigne Oust, St-Girons et St-Lizier, et tombe dans la Garonne par la r. dr., entre Martres et St-Martory, après un cours de 90 k.

SALBRIS, ch.-l. de c. (Loir-et-Cher), sur la Sauldre, à 26 kil. N. E. de Romorantin; 1703 h. Station du chemin de fer de Paris à Bordeaux.

SALCES, Salsulæ, bg des Pyrénées-Orient., à 15 kil. N. de Perpignan; 1200 h. Source saline froide. Vin blanc excellent, dit de Macabec et de Grenache. Jadis ville forte, prise par les Français sur les Espagnols en 1639 et 1642. Restes du château fort.

SALDÆ, v. de Mauritanie, auj. Bougie.

SALDANA, Eldana, bg d'Espagne (Vieille-Castille), à 60 k. N. N. O. de Palencia, sur le Carrion. Pont de 23 arches, église San-Miguel, dont la cloche a plus de 1000 ans d'ancienneté. Titre de comté.

SALÉ ou VIEUX-SALÉ, Sala, v. et port du Maroc (Fez), à l'emb. du Bouregreb dans l'Atlantique, à 165 kil. O. de Fez; env. 24 000 hab. Son port, jadis important, auj. presque ensablé, était naguère un repaire de pirates. — NOUVEAU-SALÉ. V. RABAT.

SALÉ (lac), lac de l'Amérique du Nord (Utah), au N. du lac Utah, avec lequel il communique. Les Mormons se sont établis sur ses bords et y ont construit une grande ville, Salt-Lake-City.

SALEM, ancien nom de Jérusalem.

SALEM ou TCHELAM, v. de l'Inde anglaise (Madras), ch.-l. de district, à 185 k. S. O. de Pondichéry; 15 000 hab. Coton, salpêtre. — Prise par les Anglais dès 1768, elle ne leur appartient que depuis 1792.

SALEM, v. et port des États-Unis (Massachussets), sur l'Atlantique, à 23 kil. N. E. de Boston; 24 000 h. Muséum, athénée; chantiers de construction ; nombreuses manufactures, produits chimiques. Fondée en 1626. — Ville de la Caroline du Nord, à 150 k. N. O. de Raleigh, est peuplée de Frères Moraves; 2000 h.

SALEMBRIA, nom moderne de PÉNÉE.

SALENCY, village du dép. de l'Oise, sur l'Oise, à 5 kil. E. de Noyon et à 35 k. N. O. de Compiègne; 900 hab. La fête de la Rosière, dans laquelle on couronne chaque année la fille la plus vertueuse du pays, y fut instituée en 535 par l'évêque de Noyon, S. Médard ; elle se célèbre le 8 juin.

SALENGORE, v. de l'Inde Transgangétique, à l'embouch. du Salengore, à 170 k. N. O. de Malacca, est la capit. d'un petit État de même nom, situé entre ceux de Pérak au N., de Malacca au S., de Pahang à l'E. et la mer à l'O. On en retire de la poudre d'or, de l'étain, de l'ivoire, du camphre, du sang-dragon.

SALENTE, nom donné à la capit. supposée des Salentins, qui aurait été fondée par Idoménée. On la place sur la côte de la Calabre. V. SOLETO.

SALENTINS, peuple de l'Italie mérid., dans l'Iapygie, sur les côtes, avaient Hydronte et Brundusium pour places principales. Ils prirent part aux guerres des Samnites contre les Romains et furent complètement soumis en 267 av. J.-C.

SALERNE, Salernum en latin, Salerno en italien, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples, ch.-l. de la Principauté Citérieure, sur le golfe de Salerne, à 55 kil. S. E. de Naples; 12 000 hab. Archevêché, cour criminelle et trib. civil, lycée. Port sur la mer Tyrrhénienne, jadis florissant, auj. ensablé;, château fort; cathédrale gothique, qui renferme le tombeau de Grégoire VII et qui est orné d'un grand nombre de colonnes, tirées des ruines de Pæstum. Salerne possédait jadis une université, fondée par Robert Guiscard à la fin du XIe s., ou même antérieure à ce prince, et célèbre surtout par son école de médecine. On connaît sous le titre Médecine de l'école de Salerne (Medicina Salertina seu Regimen sanitatis) un recueil d'aphorismes de médecine, en vers latins, composé, à ce qu'on croit, vers l'an 1100 par Jean de Milan, pour Robert, duc de Normandie ; ce poëme, dont il ne restait guère que le tiers, a été publié avec notes par René Moreau, Paris, 1625; puis travesti en vers burlesques par L. Martin, 1653, et paraphrasé en vers français par Bruzen de la Martinière, 1743, et par le Dr Levacher de la Feuverie, 1782. M. Ch. Meaux-St-Marc en a donné une édition plus complète (3520 vers), avec traduction en vers français, 1861. — Salerne, fondée par les Grecs ou par les Tyrrhéniens, reçut une colonie romaine en 195 av. J.-C. et devint importante sous l'Empire. Prise par les Goths, puis par les Lombards, elle fut quelque temps la résidence des ducs lombards de Bénévent. En 840, ces ducs en furent chassés et Salerne s'érigea en principauté indépendante. En 1016, des chevaliers normands, revenant de la Terre-Sainte, gagnèrent près de Salerne une victoire sur les Sarrasins. En 1075, le Normand Robert Guiscard s'empara de cette principauté et la réunit au duché de Pouille. La ville fut prise et presque détruite en 1096 par l'emp. Henri IV. Dans la suite, elle échut à la couronne de Naples, et, depuis, les premiers-nés des rois de ce pays portèrent le titre de princes de Salerne jusqu'à Robert (1309). Le titre de prince de Salerne fut depuis donné par le roi Ferdinand I à la maison de San-Severino (1463). Salerne est la patrie de Jean de Procida.

SALERNES, ch.-l. de cant. (Var), sur la Bresque, à 24 kil. O. de Draguignan; 3006 hab. Moulins à huile; vins, figues, etc.

SALERS, ch.-l. de c. (Cantal), près de la Marone, à 17 kil. S. E. de Mauriac; 985 h. Salers donne son nom à une race de bœufs estimés.

SALES, anc. château de la Hte-Savoie, dans le Chablais, près d'Annecy, a donné son nom à une famille noble qui a produit S. François de Sales et plusieurs autres personnages illustres. Louis, comte de Sales, frère de François (1577-1654), suivit en Italie le jurisconsulte Ant. Favre, chargé d'une mission près du St-Siége. Louis de Sales garantit la Savoie des attaques des Espagnols stationnés en Franche-Comté, négocia le traité de Dôle, et défendit Annecy contre Louis XIII. — Charles de S., chevalier de Malte, fils de Louis, 1625-66, se signala contre les Turcs, eut part à la défense de Candie (1650) ; fut gouverneur pour son ordre de la partie française de l’île de St-Christophe, qu’il gouverna ensuite pour Louis XIV avec le titre de vice-roi, et périt en repoussant les Anglais qui assiégeaient St-Christophe.

SALES (DELISLE DE). V. DELISLE DE SALES.

SALFI (François), littérateur, né en 1759 à Cosenza, m. en 1832, se montra grand partisan de la Révolution française et devint secrétaire général du gouvernement établi par les Français à Naples ; professa à Milan l’histoire et la philosophie, puis la diplomatie et le droit public, et vécut en France depuis 1815. On a de lui, en italien des tragédies (Conradin, Médée, Saül), et des Discours sur l’histoire des Grecs, 1817 ; et en français : Continuation de l’histoire littéraire de Ginguené, 1823 et ann. suiv., Résumé de l’histoire de la littérature italienne, 1826, et de nombreux articles dans la Biographie universelle.

SALGAR (Modhaffer-Eddyn), chef turcoman, enleva aux Seldjoucides le Farsistan vers 1148, prit le titre d’atabek et mourut en 1161. Il fonda la dynastie des Salgarides ou Salgouriens, à laquelle l’invasion d’Houlagou mit fin en 1264.

SALGHIR, riv. de Crimée, prend sa source près du Tchatyr-Dagh, traverse Simféropol, fait sa jonction avec le grand Kara-sou et tombe dans la mer Putride, après avoir arrosé des contrées fertiles.

SALHIEH, v. de la Basse-Égypte, à 56 kil. N. E. de Belbeys ; 6000 h. Elle est la clef de l’Égypte du côté de la Syrie. — Salhieh fut bâtie par Saladin. Bonaparte défit aux environs Ibrahim-bey en 1798 ; Kléber s’en empara en 1800.

SALIBABO (îles), groupe de la Malaisie, entre les Philippines et les Moluques, au N. O. de l’île Gilolo. Salibabo, la principale, a 27 k. sur 10 et env. 3000 h.

SALICE, ch.-l. de cant. (Corse), à 25 kil. N. E. d’Ajaccio ; 397 hab. Abeilles, tabac.

SALICETI (Guill.), en latin De Saliceto et Placentinus, médecin italien, né à Plaisance vers 1200, unit la pratique de son art aux fonctions sacerdotales, exerça à Bologne et à Vérone, et laissa des ouvrages qui jouirent d’une grande autorité, entre autres une Somme de médecine, Summa consevationis, Plais., 1475, et un traité de Chirurgie (1476), encore plus estimé, trad. par N. Prévôt, Lyon, 1472. Il fut un des premiers parmi les modernes à employer le fer et le feu pour guérir les plaies qu’on ne guérissait auparavant qu’avec des topiques.

SALICETI (Christophe), né en 1757 à Bastia, d’une famille originaire de Plaisance, m. en 1809, était avocat en Corse au moment de la Révolution. Député à l’Assemblée Constituante, il y fit décréter l’admission des Corses au titre de citoyens français. Il fut aussi membre de la Convention et du Conseil des Cinq-Cents. Un moment écarté par Bonaparte, après le 18 brumaire, pour s’être opposé à ce coup d’État, il rentra bientôt en faveur et fut chargé de plusieurs missions en Italie. Ministre de la police et de la guerre à Naples sous Joseph et Murat, il montra dans son administration beaucoup d’énergie et d’habileté, mais il se fit beaucoup d’ennemis : des conjurés tentèrent de le tuer en faisant sauter son hôtel et il n’échappa que par hasard à la mort.

SALIENS, prêtres de Mars chez les Romains, chargés de garder les anciles, étaient au nombre de 12 et étaient ainsi nommés parce que, lorsqu’ils parcouraient la ville en portant les boucliers sacrés, ils exécutaient des danses guerrières en sautant d’un mouvement vif et prompt (saliendo). On nommait Chants saliens les hymnes qu’ils chantaient : c’étaient de vieux poëmes qu’eux-mêmes n’entendaient plus.

SALIENS (FRANCS), peuple franc qui occupa a diverses époques les bords de l’Yssel (Isola ou Sala), et ceux de la Saale. Ils avaient un code particulier connu sous le nom de Loi salique. V. ce mot.

SALIERI (Antoine), compositeur, né à Legnano en 1750, m. à Vienne en 1825, a donné, soit à Paris, soit à Vienne, un grand nombre d’opéras, dont le plus connus sont : les Danaïdes (1784), Tarare (1787), dont le poëme fut écrit par Beaumarchais, et Assur, roi d’Ormus (en italien), 1788.

SALIES, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), sur le Salat, à 26 kil. S. E. de St-Gaudens ; 789 hab. Sources salées. — Ch.-l. de c. (B.-Pyrénées), à 16 k. O. d’Orthez ; 5298 hab. Sel estimé, jambons excellents, dits de Bayonne. Eaux alcalines et bromo-iodurées.

SALIGNAC, ch.-l. de c. (Dordogne), à 16 kil. N. de Sarlat ; 1462 hab. Berceau de la famille de Fénelon. Mines de houille et de lignite, truffes.

SALINAS, nom de plusieurs lieux de l’Espagne, ainsi appelés des salines qui s’y trouvent. Le plus connu est un bourg du Guipuscoa, sur la Deba et sur la route qui conduit d’Espagne en France, et à 15 k. N. E. de Vittoria, près duquel se trouve un défilé où les Espagnols massacrèrent un convoi de Français malades dans la guerre de 1810.

SALINATOR (LIVIUS). V. LIVIUS.

SALINS, Salinæ, ch.-l. de c. (Jura), au pied du mont Poupet, sur la Furieuse (affluent de la Loue), à 24 kil. N. E. de Poligny ; 7361 hab. Place de guerre, chemin de fer. Trib. de commerce, collége, bibliothèque, théâtre. Forges, hauts fourneaux, martinets, tanneries ; commerce en bois, vins (très-estimés), eaux-de-vie. Sources salées, qui constituent la principale richesse de la ville et lui ont valu son nom : ce sont des eaux bromo-iodurées. Patrie de l’abbé d’Olivet. — Cette ville s’est formée au VIe s., autour d’une abbaye de St-Maurice, à laquelle le roi des Burgundes Sigismond avait donné la propriété des salines des environs. Elle était autrefois divisée en 2 bourgs, Bourg-le-Sire et Bourg-le-Comte, qui ont été réunis en 1497. Elle appartint longtemps aux rois, puis aux ducs de Bourgogne. Souvent assiégée par les Français, prise en 1668 et 1674, elle fut enfin cédée à la France par le traité de Nimègue (1678) ; elle fit partie jusqu’en 1790 de la Franche-Comté. En 1825, un incendie terrible dévora la plus grande partie de la ville ; elle a été rebâtie sur un plan plus régulier.

SALIQUE (Loi), code des Francs Saliens, rédigé, suivant les uns, avant Clovis (dès 420), selon d’autres, sous ce prince, mais remanié à diverses reprises, notamment sous Dagobert I. Nous n’en possédons que des textes latins, et l’on ignore s’il a jamais existé en une autre langue. La loi salique fut lue aux Saliens dans trois champs de mai consécutifs, et sanctionnée de leur approbation. Sous sa dernière forme elle contient 400 articles ; presque tout y roule sur des délits, tels que vols, violences, blessures et meurtres, sur les peines applicables à ces délits et sur la quotité des amendes ou indemnités (wehrgeld) qui constituent la plus grande partie de ces peines. L’article le plus fameux de la loi salique est le 6e du titre 62, selon lequel les mâles seuls pourront succéder à la terre salique ou lod, fief donné au guerrier en vue du service militaire. En 1317, après la mort de Louis le Hutin, et sur la proposition de Philippe le Long, cet article, qui n’avait été appliqué jusque-là qu’aux propriétés particulières, fut pour la 1re fois appliqué à la succession à la couronne ; il a depuis été reçu en ce sens comme une des lois fondamentales de la monarchie. Le nom de Loi salique dérive du nom même des Francs Saliens. La Loi salique a été publiée et commentée en 1843 par M. Pardessus, qui en a recueilli 5 textes différents.

SALIS (Ulysse, baron de), d’une anc. famille du pays des Grisons, 1594-1674, se mit au service de la France, fut employé sous le duc de Rohan dans la guerre de la Valteline, et devint maréchal de camp, puis gouverneur de Coni. — Charles Ulysse de S., 1728-1800, remplit d’importants emplois dans la république des Grisons. Il fit arrêter en 1792 Sémonville, ambassadeur de France, et le livra aux Autrichiens. Quand la France fut maîtresse de la Suisse, il prit la fuite et fut condamné à mort par contumace. Il se retira à Vienne. On a de lui, entre autres ouvrages : Fragments de l'histoire politique de la Valteline, 1792; Archives historico-statistiques pour les Grisons, 1799. — J. Gaudenz de S., 1762-1834, anc. capit. de la garde suisse au service de la France, s'est distingué comme poëte élégiaque et lyrique.

SALISBURY ou NEW-SARUM, Sarisberia, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Wilts, sur l'Avon et le canal de Salisbury à Southampton, à 140 kil. S. O. de Londres; 12 000 hab. Évêché; magnifique cathédrale gothique, datant de 1283; collége ou école de sages-femmes. Coutellerie, lainages, dentelles. A 12 k. de là, fameux monument druidique, dit Stone-Henge. — L'importance de Salisbury ne date que du moment où l'évêché d'Old-Sarum y fut transféré (1217).

SALISBURY. V. JEAN DE SALISBURY ET CECIL.

SALIVAHNA, roi de Pratisthana, dans le Décan, régnait au 1er s. de J.-C. Il vainquit et tua Vicramaditya, qui avait envahi ses États. Son nom a été donné à une ère, dite aussi Ère des Saces, qui commence en 78.

SALLANCHES, v. de France (Hte-Savoie), dans l'anc. Faucigny, à 48 kil. N. O. d'Annecy; 1943 hab. Belle vue. Brûlée en 1519, 1768 et 1840.

SALLENGRE (A. Henri de), littérateur, né à Lahaye en 1694, d'une famille de réfugiés français, m. en 1733, fut avocat de la cour de Hollande, conseiller du prince d'Orange, commissaire de finances des États, généraux. Il a laissé, entre autres ouvrages, un Éloge de l'ivresse (1715), spirituel badinage, des Mémoires de littérature, 1715 (continués par Desmolets); Novus thesaurus antiquitatum romanarum, 1716 (faisant suite à celui de Grævius); Essai sur l'histoire des Provinces-Unies, 1728, et a eu part au Journal de La Haye, 1713-22, et au Chef-d'Œuvre d'un inconnu de St-Hyacinthe.

SALLES, ch.-l. de c. (Aude), à 22 kil. O. de Castelnaudary; 1216 hab. Cascades, grotte.

SALLES-CURAN, ch.-l. de c. (Aveyron), à 34 kil. N. O. de Milhau; 2495 hab.

SALLIER (l'abbé Claude), né en 1685 à Saulieu en Bourgogne, m. en 1761, étudia la théologie à Dijon, puis vint à Paris, où il fit l'éducation du fils de la comtesse de Rupelmonde, fut admis à l'Académie des inscriptions en 1715, et à l'Académie française en 1739, fut nommé professeur d'hébreu au Collége de France (1719), et garde des manuscrits de la Bibliothèque du roi (1721). Il a donné à l'Académie des inscriptions un grand nombre de savants Mémoires sur des objets d'antiquité, de philologie et de littérature, notamment des Remarques et corrections sur Eschyle, Sophocle, Euripide, Platon, Longin, Cicéron, a traduit plusieurs écrits de Cicéron, et a rédigé avec Boudot le catalogue des livres imprimés de la Bibliothèque du roi.

SALLO ou SALO (Denis de), conseiller au parlement de Paris, né en 1626, m. en 1669, fonda en 1665 le Journal des Savants. La liberté avec laquelle il jugeait les auteurs lui fit bientôt des ennemis, et au bout de quelques mois le privilège du journal lui fut retiré; cependant Colbert lui donna en dédommagement un emploi dans les finances. On cite de Sallo des traits de bienfaisance qui honorent sa mémoire.

SALLUSTE, C. Sallustius Crispus, célèbre historien latin, né en 86 av. J.-C., d'une bonne famille plébéienne d'Amiterne, passa sa première jeunesse à Rome dans la licence. Surpris par Milon en adultère avec Fausta, femme de celui-ci, il entra de dépit dans le parti démocratique, que Milon combattait. Il obtint la questure, puis le tribunat, seconda les fureurs de Clodius, eut grande part aux troubles dont Rome fut le théâtre à la mort de ce factieux, et fut exclu du sénat par le censeur pour immoralité. Il se fit alors l'agent secret de César à Rome, alla le trouver dans son camp en 50, devint de nouveau, par son appui, questeur (48), puis fut fait préteur (46), et, en cette qualité, eut part à la guerre d'Afrique. Nommé proconsul de Numidie (45), il pilla sa province, et revint à Rome chargé de richesses (44) : accusé de concussion par ses anciens administrés, il réussit, par l'influence de César, à se faire acquitter, mais il quitta dès lors la carrière politique. Il éleva sur le mont Quirinal un palais magnifique, avec des jardins délicieux et consacra ses loisirs à écrire l'histoire romaine. Il mourut vers l'an 36 av. J.-C. L'ouvrage capital de Salluste était la Grande Histoire, en 5 livres, comprenant tous les événements depuis la mort de Sylla jusqu'à la conspiration de Catilina : il n'en reste que des fragments : cette perte est irréparable. Nous avons de lui la Guerre de Catilina et la Guerre de Jugurtha, ainsi que deux Lettres à César, écrites la 1re avant l'entrée de ce général à Rome, la 2e après la bataille de Pharsale, et qu'il faut regarder comme des brochures politiques suggérées par César lui-même. Les ouvrages de Salluste sont remarquables par la vigueur et la précision du style, la perspicacité, la science pratique qui décèle l'homme d’État; les discours dont il les parsème sont des modèles d'éloquence serrée et concise; mais on y trouve de la partialité, des lacunes ou des omissions calculées, des digressions, et une certaine affectation d'expressions et de tournures vieillies. Les principales éditions de Salluste sont celles de Rome, 1470; d'Elzevir, Amst., 1634, in-12; Variorum, Amst., 1674 et 1690, in-8; d'Havercamp, Amst. 1742; de Burnouf (dans la collection de Lemaire), Paris, 1821, in-8; de F. D. Gerlach, Bâle, 1823-31, 3 v. in-4. Traduit dans toutes les langues de l'Europe, cet auteur l'a été en français par Dotteville, Beauzée, Mollevaut, Billecocq;, Dureau De la Malle, Durozoir (dans la collection Panckoucke), Gomont, Moncourt, 1855, Dévelay, 1862, etc. Le président Brosses a écrit la Vie de Salluste.

SALLUSTE, Secundus Sallustius Promotus, philosophe et homme d'État du IVe s., né dans les Gaules, fut préfet des Gaules sous Constance et chargé par ce prince de surveiller la conduite de Julien, alors relégué à Lutèce. Il obtint l'amitié du jeune prince, qui, lorsqu'il fut empereur, lui confia les emplois les plus importants, le nomma préfet de l'Orient, et l'éleva au consulat (363). Il suivit Julien dans son expédition contre les Perses et mourut vers 370. On lui attribue un traité grec De Diis et Mundo, opuscule aussi remarquable par le style que par les pensées, publié à Rome par Naudée, 1638, à Zurich par Orelli, 1821, et trad. en français par Formey, Berlin, 1748. — Un autre Salluste, d'Émèse, qui vivait au Ve s., suivit les leçons de Proclus, et partagea d'abord les doctrines des Néoplatoniciens, mais il les abandonna pour celles des Cyniques. On lui attribue aussi, mais avec moins de raison, le traité de Diis.

SALLUVII. V. SALYES.

SALM, nom de deux petits comtés jadis indépendants : l'un, le Ht-Salm (Ober-Salm), était dans les Vosges, sur les frontières de l'Alsace et de la Lorraine, et avait pour ch.-l. Sénones; l'autre, le Bas-Salm (Nieder-Salm), était dans les Pays-Bas, sur les frontières des prov. de Liége et du Luxembourg, et avait pour ch.-l. Salm, qui se trouve auj. dans la prov. du Luxembourg, à 40 k. S. E. de Liége, sur une petite riv. de Salm, affluent de l'Amblève.

SALM (maison de), maison princière d'Allemagne qui possédait les comtés de Salm ainsi que plusieurs autres domaines sur la r. g. du Rhin, remonte au IXe s. A la mort de Théodoric, comte de Salm, en 1040, ses États furent partagés entre ses deux fils, Jean-Henri et Charles, qui formèrent deux lignes. La ligne aînée, dite de Ht-Salm, se divisa elle-même en plusieurs branches, dont la branche directe s'éteignit au XVIIe s., et dont une branche collatérale forma les maisons de Salm-Salm, Salm-Kyrbourg et Salm-Horstmar (depuis 1816). Dans la ligne cadette, dite de Bas-Salm, la branche directe s'éteignit dès 1413, mais la branche collatérale de Reifferscheid forma, à partir de 1629, les maisons de Salm-Reifferscheid, Salm-Krautheim, Salm-Hainspach, Salm-Raitz, et Salm-Dyck. Tous les princes de Salm ont été médiatisés en 1802 et en 1810 : ceux de SalmSalm, Salm-Kyrbourg et Salm-Horstmar dépendent de la Prusse; ceux de Salm-Reifferscheid, Salm-Krautheim et Salm-Dyck relèvent du Wurtemberg et du grand-duché de Bade. Les personnages connus de cette maison sont :

Ch. Théod. Othon, prince de Salm-Kyrbourg, général au service de l'Allemagne. L'empereur Léopold lui confia l'éducation de son fils Joseph et l'éleva au poste de premier ministre. Il rendit de grands services a l'Empire par la sagesse de ses conseils, mais il se retira de bonne heure pour ne plus s'occuper que de son salut. Il mourut en 1710. — Frédéric de Salm-Kyrbourg, né à Limbourg en 1746. Il se fixa à Paris, y fit bâtir le bel hôtel qui est auj. le palais de la Légion d'honneur, prit part en 1787 au soulèvement de la Hollande, et se présenta dans ce pays comme un agent de la France ; mais il y mena une conduite équivoque et laissa prendre Utrecht par le roi de Prusse. Pendant la Révolution, il embrassa la cause populaire, ce qui ne l'empêcha pas de périr sur l'échafaud en 1794. — Joseph, prince de Salm-Dyck, né en 1773 au château de Dyck, près de Neuss, se vit enlever en 1802, par le traité de Lunéville, ses États héréditaires, qui furent réunis à la France, puis à la Prusse (1814). Ami des sciences, il fonda à Dyck un jardin botanique. Il épousa en 1803 Constance de Théis.

SALM (Constance de THÉIS, princesse de), né à Nantes en 1767, m. à Paris en 1845, était fille d'un maître des eaux et forêts. Elle composa dès l'âge de 18 ans de charmantes poésies, entre autres la chanson de Bouton de Rose, qui fut chantée par toute la France, donna en 1794 Sapho, tragédie lyrique qui obtint un brillant succès, mais vit échouer au Théâtre-Français son drame de Camille, 1796. Depuis, elle se voua de préférence à la poésie didactique et lyrique : ses cantates, ses dithyrambes, ses discours en vers, ses épîtres, lui firent une grande réputation sous l'Empire. Poëte penseur, elle se distingue par la justesse des idées : aussi l'avait-on surnommée la Muse de la raison, le Boileau des femmes. Elle a écrit en prose des Pensées, des Éloges, et un roman, Vingt-quatre heures d'une femme sensible (1824), qui eut une foule de lecteurs. Ses Œuvres complètes forment 4 vol. in-8, 1837 et l842. Mariée fort jeune à Pipelet de Leury, médecin du roi, elle n'avait pas trouvé le bonheur dans cette union; elle contracta en 1803 un second mariage avec le comte (depuis prince) de Salm-Dyck, qu'avaient charmé son esprit et sa beauté.

SALMACIS, naïade de Carie, éprise d'Hermaphrodite, obtint des dieux de ne faire qu'un seul corps avec lui. V. HERMAPHRODITE.

SALMANASAR, roi de Ninive de 724 à 712 av. J.-C., prit Samarie et envoya nombre d'Israélites captifs sur les bords du Tigre, tandis que des colonies assyriennes venaient habiter la Judée; il porta ensuite ses armes en Syrie et soumit la Phénicie, mais sans pouvoir s'emparer de Tyr.

SALMERON (Alph.), un des fondateurs de la Société de Jésus, né à Tolède en 1515, m. en 1585, étudia dans les universités d'Alcala et de Paris, se lia avec Ignace de Loyola, qui le choisit pour un de ses coopérateurs, parcourut l'Italie, l'Allemagne, la Pologne, les Pays-Bas, la France, combattant partout les novateurs, fut nonce du pape en Irlande et l'un des orateurs du St-Siége au concile de Trente, et devint supérieur de son ordre. Il a laissé des Commentaires estimés sur le Nouveau-Testament, Madrid, 1547-1602, 8 vol. in-fol.

SALMONÉE, fils d’Éole, régna en Thessalie, puis dans le Péloponèse, en Élide, où il bâtit une ville de son nom. Fier de sa puissance il voulut rivaliser avec Jupiter : dans le but d'imiter le tonnerre et les éclairs, il faisait rouler avec fracas, sur un pont d'airain, un char, du haut duquel il lançait des torches, images de la foudre. Jupiter, pour punir sa témérité, le précipita dans le Tartare.

SALMYDESSE, auj. Midiah, v. de Thrace, à l'E., sur le Pont-Euxin, avait un beau port.

SALO, fl. d'Hispanie, est auj. le Xalon.

SALO, v. de Lombardie, sur la rive occid. du lac de Garda, à 25 kil. N. E, de Brescia; 5000 h. Société d'agriculture, qui remonte au XVe s. ; tanneries, verrerie; grand commerce de fruits. Vestiges d'antiquités. — Prise par les Français en 1796.

SALODURUM, v. des Hélvétiens, est auj. Soleure.

SALOMÉ, fille d'Hérode-Antipater et sœur d'Hérode le Grand, eut trois maris, dont elle fit le malheur : son oncle Joseph, Costobare et Alexas. Elle accusa le 1er de liaisons criminelles avec Mariamne, femme d'Hérode et fit livrer au supplice les prétendus coupables (29 av. J.-C.); elle répudia Costobare, et le fit condamner comme traître (26) ; elle déshonora Alexas par ses liaisons scandaleuses avec l'Arabe Sillée. En outre, elle mit la division dans la maison du roi son frère, et l'excita même à mettre à mort ses deux fils, Alexandre et Aristobule (9 av. J.-C.).

SALOMÉ, la Danseuse, fille d'Hérode-Philippe et d'Hérodiade, était nièce d'Hérode-Antipas et petite-nièce de la 1re Salomé, et épousa le fils d'un autre Hérode, roi de Chalcis. Ayant exécuté avec grâce quelques pas devant son oncle Hérode-Antipas, elle demanda en récompense la tête de S. Jean-Baptiste, qui lui fut aussitôt livrée (32) : c'est à l'instigation de sa mère Hérodiade qu'elle fit cette demande barbare.

SALOMÉ (Marie), femme de Zébédée, et mère de S. Jacques le Majeur et de S. Jean l'Évangéliste, accompagna Jésus au Calvaire, et fut du nombre des saintes femmes qui achetèrent des parfums pour l'embaumer, mais qui trouvèrent le sépulcre vide.

SALOMON, 3e roi des Juifs, fils et successeur de David, avait pour mère Bethsabée. A la mort de son père (en l'an 1001 av. J.-C. ou, selon une autre chronologie, 1016), il eut à lutter contre les prétentions d'Adonias, son frère, qu'il fit mourir, ainsi que Joab et Séméï, partisans de ce prince. En paix avec ses voisins, il fit bâtir le magnifique temple de Jérusalem, dont la construction dura sept ans, entoura sa capitale de fortes murailles, fonda diverses villes, entre autres Tadmor (Palmyre), éleva des palais, acheva de soumettre les nations voisines, étendit sa domination jusqu'à l'Euphrate et à l’Égypte, fit fleurir la justice et l'ordre, protégea le commerce, équipa des flottes puissantes, acquit le port d'Asiongaber sur la mer Rouge, et dirigea vers les contrées les plus lointaines des expéditions qui lui rapportaient des bois précieux. des parfums, de l'ivoire et l'or d'Ophir. Il était partout renommé pour sa magnificence, sa justice, et surtout pour sa science et sa sagesse : on connaît le moyen ingénieux qu'il employa pour reconnaître la véritable mère d'un enfant que deux femmes se disputaient. La reine de Saba, en Arabie, attirée par sa réputation, quitta son pays, afin devenir le voir et l'entendre. Enivré par la prospérité, Salomon ternit la fin de sa vie par d'inexcusables faiblesses : il eut, dit-on, jusqu'à 1000 femmes; pour plaire à ces femmes, il toléra souvent le culte des idoles. Pour le punir, Dieu divisa son royaume après lui (V. ROBOAM). Il mourut en 962 ou 976, après un règne de 40 ans. Suivant les Orientaux, Salomon avait écrit sur toutes les sciences. La Bible contient trois de ses écrits, les Proverbes, le Cantique des cantiques, l’Ecclésiaste. Quelques auteurs lui attribuent le livre de la Sagesse et les psaumes LXXII et CXXVII.

SALOMON, roi de Hongrie, fils d'André I, né en 1045, fut couronné en 1050, mais ne put se faire reconnaître à la mort de son père (1061). Il monta sur le trône en 1063 à la mort de son oncle Béla, qui avait usurpé; mais il fut renversé en 1074. Il m. en 1087.

SALOMON I, duc de Bretagne qu'on fait régner après Conan, son aïeul, vers 421, périt dans une émeute (434). — II, 4e fils et successeur de Hoël III (612-32), laissa le trône ducal à Judicaël, son frère aîné. — III, fut quelque temps écarté du trône par un usurpateur, parvint à s'y établir en 851, s'unit à Charles le Chauve contre les Normands et leur reprit Angers (872), ce qui lui valut le titre de roi. Il fut assassiné en 874. SALOMON (Iles), archipel du Grand Océan équinoxial, à l'E. de la Nouv.-Guinée, par 4°-12° lat. S. et 152°-161° long. E. — Découvertes en 1568 par Mendana, qui les appela îles de Salomon à cause des richesses qu'il leur attribuait; explorées en 1769 par Surville, qui, à cause de la férocité des habitants, les nomma îles des Arsacides, mot qu'il croyait synonyme d’Assassins, et en 1782 par Shortland, qui leur donna le nom de Nouv.-Géorgie. Dumont d'Urville compléta en 1838 la reconnaissance de cet archipel.

SALON, Salo, ch.-l. de c. (Bouches-du-Rhône), sur le canal de Crapone, à l'entrée de la vallée de Pélissane, à 33 kil. N. O. d'Aix; 6533 hab. Église St-Michel, bâtie par les Templiers. Filatures de soie, chapeaux, savon, cire, chandelle, tanneries, moulins à huile. Ville très-ancienne, qui appartint longtemps aux archevêques d'Arles. Patrie d'Adam de Crapone, habile ingénieur; résidence de Nostradamus.

SALONE, Salona, capitale de la Dalmatie ancienne, sur le Jader, au N., chez les Autariates, est fameuse comme patrie et lieu de retraite de Dioclétien ; on y voyait encore au XVIe s. des restes du palais de l'empereur. On en trouve les ruines aux env. de Spalatro.

SALONE, Amphissa, v. de Grèce. V. AMPHISSA.

SALONINE, P. Licinia Julia Cornelia Salonina, impératrice, femme de Gallien, qui l'épousa vers 243, se rendit célèbre par ses vertus et ses talents, et favorisa les savants, notamment Plotin. Elle accompagnait son mari dans ses expéditions; elle fut mise à mort avec lui sous les murs de Milan (268).

SALONIQUE, Therma, puis Thessalonice chez les anciens, v. et port de la Turquie d'Europe (Roumélie), ch.-l. de sandjakat, sur le golfe de Salonique (Thermaïcus sinus), à 560 kil. O. de Constantinople; env. 35 000 hab. Résidence d'un archevêque grec, d'un grand mollah, d'un grand hakem israélite. Salonique est bâtie en amphithéâtre au pied du mont Kurtiath; son port contient 300 vaisseaux; elle a d'épaisses murailles flanquées de tours, mais point de fortifications proprement dites. On y remarque de belles églises (Ste-Sophie, St-Démétrius, la Rotonda, imitée du Panthéon de Rome, etc.), plusieurs mosquées (qui pour la plupart étaient jadis des églises), de riches palais, le château fort des Sept-Tours, imité de celui de Constantinople; les Propylées de l'ancien Hippodrome; des arcs de triomphe d'Auguste et de Constantin, etc. C'est la ville la plus commerçante de la Turquie d'Europe après Constantinople ; il y réside des consuls de toutes les nations. La population y est excessivement mêlée : outre les Turcs on y compte un grand nombre de Grecs, de Juifs et d'Européens. — Cette ville fut connue sous le nom de Therma jusqu'au règne de Cassandre, qui lui donna le nom de sa femme Thessalonique, sœur d'Alexandre le Grand (V. THESSALONIQUE). AU moyen âge, elle fut enlevée aux Grecs par Guillaume, roi de Sicile; elle revint en 1313 au pouvoir d'Andronic II Paléologue, et fut ensuite cédée aux Vénitiens ; mais ceux-ci en furent chassés par les Turcs sous Amurat II.

SALOP, comté d'Angleterre. V. SHROP.

SALOUEN, THSAN-LOUEN ou THALEAYN, fleuve de l'Inde Transgangétique, naît dans les mont. du Thibet, traverse la prov. chinoise d'Yunnan sous le nom de Loukiang, prend en sortant de Chine celui de Thsan-Louen, coule du N. au S. entre l'empire birman et le roy. de Siam, traverse le roy. de Martaban, arrose Martaban et Moulmein, et se jette dans l'Océan indien par la baie de Martaban, après un cours d'env. 1600 kil.

SALPÊTRIÈRE (LA), immense hospice de Paris (près de la gare d'Orléans), contenant près de 5000 malades (femmes âgées, infirmes ou folles).

SALSETTE, Djhalta en hindou, île de l'Inde anglaise (Bombay), sur la côte O., près de l'île de Bombay, à laquelle elle est jointe par une chaussée : 35 k. sur 25 ; 60 000 h.; ch.-l., Tannah. Sol fertile, mais inculte; saline; immenses excavations.

SALT (H.), voyageur anglais, né à Lichfield (Stafford), vers 1780, m. en 1827, fut chargé en 1809 par le gouvernement anglais de porter des présents à l'empereur d'Abyssinie, s'acquitta de cette mission avec succès, et fut nommé consul en Égypte. Il a publié un Voyage en Abyssnie (1814), et un Essai sur les hiéroglyphes (1825).

SALT-LAKE CITY, capitale des Mormons. Voy. UTAH.

SALTA ou SAN-FELIPE-DE-TUCUMAN, v. de la Plata, ch.-l. de l’État de Salta, à 1200 kil. N. N. O. de Buénos-Ayres, par 66° 55' long. O., 24° 20' lat. S. ; 9000 h. C'est la résidence de l'évêque de Tucuman. — L'État de Salta, entre ceux de Jujuy au N., de Rioja à l'O., de Tucuman au S. et des déserts inhabités à l'E., a 700 k. sur 450 et ne compte guère que 60 000 hab. Climat très-varié; superbes pâturages. Or, cuivre, argent, fer, etc.; commerce actif avec la Bolivie.

SALUCES, Saluzzo en italien, v. d'Italie, dans les anc. États sardes (Coni), ch.-l. de la prov. de Saluces, entre le Pô et la Vraita, à 24 k. N. O. de Coni ; 12 000 h. Évêché, collége. Belle cathédrale, anc. palais des marquis de Saluces. Chapeaux, étoffes de soie, cuirs, coutellerie. Patrie de Bodoni. Aux environs se trouvait l'anc. Augusta Vagiennorum, que quelques-uns prennent pour Saluées même. — La ville moderne fut de bonne heure ch.-l. d'un marquisat, d'abord vassal de l'empire, puis des ducs de Savoie, qui comprenait les villes de Carmagnole, Revello, Centallo, le mont Viso, etc. Les marquis de Saluces, sortis de la maison de Montferrat, régnèrent sur cette ville du XIIe s. au XVIe ; ils eurent plusieurs démêlés avec les ducs de Savoie et de Milan, implorèrent l'appui de la France, et servirent avec distinction dans les années de Charles VIII, Louis XII et François I. Ce dernier s'empara du marquisat en 1529, après avoir enlevé le dernier héritier, Gabriel de Saluces; Henri IV le remit en 1601, par le traité de Lyon, au duc de Savoie en échange de la Bresse, du Bugey, de Gex, etc.

SALUCES (GRISELDA, marquise de). V. GRISELDA.

SALUCES DE MENUSIGLIO (Jos. Ange, comte de), savant piémontais, issu des marquis de Saluces, né à Saluces en 1734, m. en 1810, était écuyer du prince héréditaire de Savoie, et servit avec distinction comme général d'artillerie dans les guerres de la Révolution. Il employait tous ses loisirs à la culture des sciences : il contribua lui-même à l'avancement de la physique et de la chimie : on lui doit plusieurs découvertes sur les propriétés des gaz et sur la teinture, ainsi que l'invention d'une machine à filer la soie. Il fut un des fondateurs de l'Académie de Turin.

SALVAGNAC, ch.-l. de c. (Tarn), sur une éminence, à 20 kil. O. de Gaillac; 1890 hab.

SALVANDY (Narcisse, comte de), homme de lettres et homme d'État, d'origine irlandaise, né en 1795 à Condom, m. en 1857, s'enrôla sous l'Empire dans les gardes d'honneur, se signala dans les campagnes de Saxe et de France, quitta le service après l'abdication de Napoléon avec le grade de capitaine; publia en 1816 la Coalition et la France, brochure hardie, où il protestait contre l'occupation ; fut, en 1819, nommé par le duc de Richelieu maître des requêtes, résigna cet emploi lors de la réaction de 1821, consacra ses loisirs aux lettres et fit paraître en 1823 Don Alonzo, roman de mœurs espagnoles; s'attacha vers la même époque à Chateaubriand, et soutint, de concert avec lui, dans le Journal des Débats, une polémique vigoureuse contre la politique de Villèle; fut conseiller d'État sous le ministère réparateur de Martignac (1827) ; se retira à l'avènement du prince de Polignac et fit dans la presse de vains efforts pour prévenir une catastrophe; fut élu député de l'Eure en 1832, reçut en 1837 le portefeuille de l'instruction publique dans le ministère conciliateur de M. Mole, fut nommé en sortant du pouvoir ambassadeur à Madrid, puis à Turin, et fut appelé de nouveau en 1845 au ministère de l'instruction publique, où il resta jusqu'à la Révolution de 1848. Rentré depuis dans la vie privée, il n'en fut pas moins un des plus actifs promoteurs du projet de fusion entre les deux branches de la maison de Bourbon. D'un caractère loyal, généreux, chevaleresque, Salvandy eut beaucoup d'amis et sut se faire estimer de ses adversaires mêmes. Comme ministre, il a laissé les meilleurs souvenirs dans l'Université. Comme écrivain, il a publié, outre Alonzo, une Histoire de la Pologne avant et sous J. Sobieski (1829). Il fut reçu à l'Académie française en 1835.

SALVATOR ROSA. V. ROSA (SALVATOR).

SALVERTE (Eusèbe BACONIÈRE de), littérateur et homme public, né à Paris en 1771, m. en 1839, fut successivement avocat au Châtelet, attaché au ministère des relations extérieures, employé du cadastre, présida en vendémiaire an III une des sections révoltées contre la Convention, fut pour ce fait condamné à mort par contumace, se fit acquitter l'année suivante, fut élu en 1828 député de Paris, fut depuis presque constamment réélu, et se fit remarquer par ses sentiments libéraux et patriotiques : il siégeait dans les rangs extrêmes de l'opposition. En 1830, il fut nommé membre libre de l'Académie des inscriptions. Salverte a laissé quelques poésies (1798) et un grand nombre d'écrits politiques et littéraires. Nous citerons parmi ces derniers : Éloge de Diderot, 1801; Rapports de la médecine avec la politique, 1806; Tableau littéraire de la France au XVIIIe s., 1819; Essai historique sur les noms d'hommes, de peuples et de lieux, 1824; Des sciences occultes, 1829 et 1856 (avec introduction de Littré).

SALVIAC, ch.-l. de cant. (Lot), sur la Granges, à 14 kil. S. O. de Gourdon; 2222 h. Vins.

SALVIATI (Jean), évêque de Ferrare et cardinal, 1490-1553, était petit-fils de Laurent le Magnifique et neveu de Léon X; il remplit diverses missions diplomatiques pour le St-Siége et négocia près de Charles-Quint la délivrance de François I. Il protégea les lettres et les arts. — Son frère, Bernard S., fut général des galères de l'ordre de Malte, suivit en France Catherine de Médicis, sa parente, dont il fut le premier aumônier, devint évêque de Clermont et parut comme député du clergé aux États généraux de 1557. Il mourut en 1558. — Léonard S., de la famille des préc., né en 1540 à Florence, m. en 1589, un des principaux membres de l'Académie de la Crusca, fut un des grands adversaires du Tasse, censura son chef-d'œuvre avec aigreur et ne se montra pas plus indulgent pour Boccace. Il a beaucoup écrit; ses Discours ont été imprimés à Florence, 1575.

SALVIATI (Cecco ROSSI DE'), peintre, né à Florence en 1510, mort en 1563, fut protégé par le cardinal Jean Salviati, dont il prit le nom par reconnaissance, travailla pour les palais de Florence, de Rome, de Venise, et vint en France, où le cardinal de Lorraine le chargea de décorer son château de Dampierre. Il brille par la richesse de la composition et la hardiesse du dessin, mais son coloris laisse à désirer. Le Louvre a de lui l’Incrédulité de S. Thomas.

SALVIATI, le Jeune, peintre. V. PORTA.

SALVIEN, Salvianus, prêtre de Marseille, né vers 390 à Cologne ou à Trêves, d'une famille distinguée des Gaules, m. en 484, était marié et avait même un enfant, lorsque, de concert avec sa femme, il se décida à renoncer au monde; il distribua ses biens aux pauvres, embrassa la vie religieuse, se retira au monastère de Lérins (420), puis à Marseille, où il fut ordonné prêtre en 430. Salvien se fit remarquer par son éloquence : il dépeignit avec une telle énergie les vices et les malheurs de son temps qu'il mérita d'être appelé le Nouveau Jérémie. Des nombreux ouvrages qu'il avait écrits, on n'a plus qu'un traité de la Providence (De Gubernatione Dei), où il avance que les Barbares ont été chargés par Dieu de châtier le monde romain; un livre de l’Avarice (Adversus avaritiam), ainsi que des Lettres. Ses œuvres ont été publiées par Baluze, Paris, 1684, et réimprimées ans la collection Migne. Elles ont été trad. par le P. Bonnet, 1700, par le P. Mareuil, 1734, par MM. Grégoire et Collombet, 1834.

SALVINO, inventeur des lunettes. V. SPINA.

SALVIUS TRYPHON, chef d'esclaves. V. TRYPHON.

SALVIUS JULIANUS, jurisconsulte romain, bisaïeul de l'emp. Didius Jutianus, fut préteur, préfet de Rome, deux fois consul; mais il est surtout connu pour avoir, sur l'ordre de l'emp. Adrien, mis en ordre la collection des édits des préteurs, travail qui fut sanctionné par un sénatus-consulte de l'an 131 et qui acquit force de loi sous le nom d’Édit perpétuel.

SALYES ou SALLUVII, peuple ligure de la Gaule Narbonaise, habitait au N. de Marseille, entre le Rhône, la Durance, les Alpes et le Var. Ils englobaient dans leur territoire les Albiœci, les Memini, les Vulgientes, et avaient pour villes principales: Tarasco (Tarascon), Glanum (St-Remy), Arelate (Arles), Aquæ Sextiæ (Aix). Ce peuple fut puissant jusqu'au IIe s. av. J.-C. Ses démêlés avec Marseille donnèrent lieu aux Romains, alliés de cette ville, d'intervenir en Gaule. Les Romains donnèrent une partie des terres des Salyes aux Marseillais.

SALZA, Juvavus, Salsa, riv. des États autrichiens (Autriche), naît dans les montagnes qui séparent l'Autriche du Tyrol, coule à l'E., puis au N., arrose Salzbourg, reçoit ensuite la Saale autrichienne, sépare l'Autriche de la Bavière, et tombe dans l'Inn par la r. dr., un peu au-dessus de Braunau, après un cours de 200 kil. Eaux salées.

SALZBACH. V. SASBACH.

SALZBOURG, Juvavum, et au moyen âge Salisburgium, v. de la Hte-Autriche, ch.-l. de cercle, sur la Salza, à 280 kil. O. S. O. de Vienne; 18 000 h. Très-forte place; plusieurs chemins de fer. Archevêché, lycée, gymnase. Belle cathédrale, dans le style de St-Pierre de Rome, château Neubau, hôtel de ville, muséum, galerie de Mœnchberg, théâtre, deux bibliothèques publiques, etc. Industrie active (fil de fer, poterie, cuirs, tresses); grand commerce de transit. Patrie de Mozart. — Salzbourg occupe l'emplacement de Juvavum, ville de l'anc. Norique, détruite par Attila en 448 ; elle fut bâtie par les ducs Agilolfinges de Bavière, à la prière de S. Rupert, qui en devint évêque (716). En 803, il s'y tint des conférences entre Charlemagne et les ambassadeurs de Nicéphore I. Dès 798, l'évêché était devenu un archevêché, qui embrassait la Bavière, la Bohême, la Moravie et l'Autriche actuelle, et dont le titulaire était Primat de Germanie et prince d'Empire (depuis 1278). Pendant la guerre des investitures, les archevêques de Salzbourg furent légats du pape en Allemagne. — Comme État souverain, l'archevêché de Salzbourg était borné à l'E. par l'Autriche et la Styrie, au S. par la Carinthie et le Tyrol, à l'O. par la Haute-Bavière ; il avait 185 k. (de l'E. à l'O.) sur 110, et faisait partie du cercle de Bavière. L'archevêché de Salzbourg devint indépendant au XIIe s.; il fut sécularisé en 1803; cet État passa en 1809 à la Bavière et en 1814 à l'Autriche.

SALZMANN (Chrétien Gotthilf), ministre protestant (1744-1811), né aux environs d'Erfurt. professa au Philanthropinum de Dessau, fonda la célèbre maison d'éducation de Schneepfenthal, et y appliqua plusieurs des idées de J. J. Rousseau et de Basedow. On a de lui: Carl de Carlsberg, roman moral, 1781, et divers ouvrages d'éducation.

SAMAH (Ben-Mélik-Al-Khaulany AL-), émir arabe d'Espagne depuis 718, envahit le midi de la Gaule, subjugua le pays depuis Carcassonne jusqu'à Toulouse, assiégea cette dernière ville, mais fut défait et tué sous ses murs par Eudes, duc d'Aquitaine, en 721. Il protégeait les lettres et les arts.

SAMALHOUT, l'anc. Co, bourg de la Moy.-Égypte, sur la r. g. du Nil, à 95 kil. S. de Benysoueif. Desaix y battit les Arabes en 1799.

SAMANA, île de l'archipel des Antilles (Grandes-Antilles), près de la côte N. E. d'Haïti, dont elle n'est séparée que par un étroit canal et dont elle dépend; 50 kil. sur 12; ch.-l. Samana, port sur la côte S.

SAMANAKODOM (c.-à-d. le dieu Samanéen), le grand dieu de l'Indo-Chine et surtout des Siamois, n'est autre que Bouddha lui-même, l'une des incarnations de Vichnou.

SAMANÉENS, Samansæi. C'étaient, suivant les Grecs, des philosophes hindous, distincts des brahmanes ou gymnosophistes, mais qui, comme ceux-ci, se faisaient remarquer par une vie austère ; ils vivaient solitaires et inspiraient la vénération la plus vive par leur réputation de sainteté. Ces Samanéens ne sont autres sans doute que les solitaires ou prêtres bouddhistes. — On nomme aussi Samanéens tous les adorateurs du Dalaï-Lama. V. CHAMANISME.

SAMANHOUD, Heraclæopolis ou Sebennytus ? v. de la Basse-Égypte, sur le bras orient, du Nil, r. g., à 4 k. E. de Mehallet-el-Kebir; 4500 hab.

SAMANI (Ismaïl-al), chef persan, né en 847, sortit vers 892 de la Transoxiane, dont il était gouverneur, conquit le Taberistan, le Khoraçan et une portion de la Perse occid. (902), et mourut en 907, laissant une grande réputation de justice et de sagesse. Il fonda la dynastie des Samanides. Cette dynastie fut dès 932 obligée de céder le Fars et l'Irak-Adjémi aux Bouides et ne se maintint dans le reste de ses possessions que jusqu'en 999. De Frémery a publié l’Hist. des Samanides de Mirkhond, 1845.

SAMARA, nom latin de la Somme.

SAMARA, riv. de la Russie d'Europe, dite Sviataïa-Reka (c.-à-d. la rivière sainte), parcourt le gouvt d'Iékaterinoslav et se jette dans le Dnieper vis-à-vis de la v. d'Iékaterinoslav après un cours de 250 k. — Autre riv. de Russie, traverse les gouvts d'Orenbourg et de Simbirsk et tombe dans le Volga à Samara, après un cours de 500 k. — La v. de Samara, au confluent de la Samara et du Volga, est le ch.-l. d'un gouvt de même nom, formé sur la r. g. du Volga en 1856, entre ce fleuve et la Samara, et précédemment compris dans les gouvts de Simbirsk et d'Orenbourg. La ville compte env. 10 000 hab. et le gouvt 130 000.

SAMARANG, v. forte et port de l'île de Java (aux Hollandais), ch.-l. de la prov. de Saramang, à l'embouch. de la riv. de même nom, à 420 kil. E. de Batavia ; 40 000 hab. C'est un des principaux centres du commerce hollandais. — La province de Samarang compte env. 550 000 hab. Climat salubre, sol fertile.

SAMARCAND, Maracanda, v. de la Tartarie indépendante, la 2e du khanat de Bouhkara, sur le mont Kohak, près des rives du Sogd ou Zer-Afchan, à 200 k. E. de Boukhara, compte env. 12 000 h. Ville vaste et assez belle, mais qui ne renferme plus guère que des ruines : quelques mosquées et colléges, anc. palais et tombeau de Tamerlan ; on y voyait jadis l'observatoire d'Oulougbeg. Papier de soie, soieries, tissus de coton. Commerce assez actif. — On croit que Maracanda fut fondée, non loin de l'anc. Sogd, par un chef arabe, vers 465 av. J.-C.; elle devint bientôt la capitale de la Sogdiane. Alexandre la prit ; elle fut depuis comprise dans l'empire grec de la Bactriane, puis dans celui des califes. Gengis-Khan s'en empara en 1220. Elle acquit la plus haute splendeur sous Tamerlan, qui la choisit pour capit. de son vaste empire et voulut en faire la première ville du monde ; sa population atteignait alors 150 000 âmes ; elle possédait 300 mosquées; mais dès le XVIe s., elle déclina.

SAMARIE, Samaria, puis Sébaste, v. de Palestine, dans la demi-tribu occid. de Manassé, sur la limite de celle d'Éphraïm, fut, après Sichem, la capit. du roy. d'Israël, et plus tard le ch.-l. de la Samaritide. — Cette ville, fondée par Amri vers 912 av. J.-C., fut prise en 718 par Salmanazar, qui en transporta les habitants au delà de l'Euphrate, et les remplaça par des Kuthéens, peuple assyrien. Repeuplée par Assar-Haddon en 672, Samarie fut encore prise par Antiochus le Grand en 203, puis détruite par Jean Hyrcan (129). Gabinius la releva ; Hérode lui rendit son ancienne splendeur, et, pour flatter Auguste, lui donna le nom de Sébaste (traduction grecque d’Augusta). Elle fut prise une dernière fois et détruite définitivement lors de la révolte des Juifs sous Vespasien. — Les Samaritains étaient, depuis l'invasion des Assyriens, mélangés d'étrangers et d'idolâtres. Ils furent presque toujours en guerre avec la roy. de Juda ; les deux peuples avaient l'un pour l'autre l'aversion la plus prononcée, et fuyaient tout commerce entre eux. Pour n'avoir point à venir à Jérusalem à l'époque des cérémonies religieuses, les Samaritains s'étaient construit un sanctuaire à part sur le mont Garizim. Les Samaritains n'admettent que le Pentateuque ; leurs livres sacrés sont rédigés dans l'ancienne langue hébraïque pure et écrits en caractères particuliers, que l'on appelle Caractères samaritains et qui sont de la plus haute antiquité. On trouve encore auj. quelques Samaritains à Naplouse et à Jaffa ; mais leur nombre va toujours diminuant et ils ne tarderont pas à disparaître. Ils se distinguent par des turbans blancs et ne contractent d'alliance qu'entre eux.

SAMARIE (la) ou SAMARITIDE. On nomma ainsi pendant les deux premiers siècles de l'empire une des 4 parties de la Palestine, entre la Galilée au N. et la Judée au S., le Jourdain à l'E. et la mer à l'O. Elle correspondait aux territoires de la tribu d'Éphraïm et de la demi-tribu occid. de Manassé.

SAMARITAINS. V. SAMARIE.

SAMAROBRIVA (c.-à-d. pont sur la Samara), v. de Gaule, nommée plus tard Ambiani, est auj. Amiens.

SAMATAN, ch.-l. de c. (Gers), sur la Save, à 2 k. N. E. de Lombes ; 2135 h. La ville se forma au XIIe s. autour d'un château des comtes de Comminges.

SAMBA (île), dans l'archipel de la Sonde, à 80 k. S. de l'île Flores, par 117° 13'-11° long. E., 9° 35'-10° 15' lat. S., a 125 kil. sur 50. On en tire en quantité du bois de sandal. L'île est partagée entre plusieurs chefs vassaux des Hollandais.

SAMBAS, v. de l'île de Bornéo, capit. du roy. de Sambas, sur une rivière du même nom, à 40 k. de son embouchure, par 107° long. E., 1° 22' lat. N. Brûlée par les Anglais vers 1815. — La ville et le roy. de Sambas sont vassaux des Hollandais, qui en tirent des diamants, de l'or, de l'antimoine, du bézoar, du camphre, de l'ébène.

SAMBLANÇAY, bg du dép. d'Indre-et-Loire, à 14 kil. N. O. de Tours ; 1200 hab. Anc. baronnie. Château bâti par Foulques Nerra et reconstruit par le surintendant de Samblançay.

SAMBLANÇAY (Jacques de BEAUNE, baron de), né à Tours en 1445, était fils d'un argentier du roi et fut surintendant des finances sous Charles VIII, Louis XII et François I. Il montra un grand esprit d'ordre ; néanmoins la reine mère, Louise de Savoie, qui s'était approprié l'argent destiné à solder les troupes de Lautrec dans le Milanais, l'accusa auprès de son fils de malversation (1523). Il se disculpa ; mais, bientôt après, il perdit ses fonctions pour avoir refusé, en 1525, d'avancer à François I l'argent nécessaire à une nouvelle expédition dans le Milanais. Pendant la captivité du roi, la vindicative Louise le fit traduire devant une commission comme coupable de péculat ; des témoins furent subornés, et Samblançay fut condamné et pendu au gibet de Montfaucon (1527). Son innocence fut bientôt reconnue, et son fils fut rétabli dans tous ses biens.

SAMBOANGAN, v. de l'île de Mindanao, à l'extrémité S. O. ; 1200 hab. Principal établissement des Espagnols à Mindanao.

SAMBOR, v. de Galicie, ch.-l. de cercle, sur le Dniester, à 70 k. S. O. de Lemberg ; 12 000 h. Sel. — Le cercle de S. compte env. 320 000 h.

SAMBRE (la), Sabis, riv. de France et de Belgique, naît à 4 kil. N. E. de Nouvion (Aisne), coule au N. et au N. E., baigne Landrecies, Maubeuge, Marchiennes, puis entre en Belgique où elle arrose Charleroy, et se jette dans la Meuse par la r. g. à Namur, après un cours d'env. 200 kil. Elle reçoit, en France, les deux Helpe ; en Belgique, l'Heure, le Piéton et l'Orneau. Un canal l'unit au canal de St-Quentin.

SAMBRE-ET-MEUSE (dép. de), ancien dép. français sous la République et l'Empire, fut formé en 1795 du comté de Namur et du N. O. du grand-duché de Luxembourg; il avait pour ch.-l. Namur. Il fut donné en 1814 au roy. des Pays-Bas.

SAMBUCUS (J.), savant hongrois, né en 1531 à Tyrnau, m. en 1584, était historiographe de Maximilien II. Il a rendu d'éminents services aux lettres par ses éditions, notes, commentaires, traductions, et par le grand nombre de manuscrits qu'il a découverts, de médailles, portraits et autres monuments antiques qu'il a recueillis pendant 22 ans de voyages. Il découvrit les Dionysiaques de Nonnus, les Vies d'Eunape, un fragment important de Pétrone, etc. Outre des traductions latines de divers ouvrages de Platon, Xénophon, Thucydide, Hésiode, on a de lui des Vies des empereurs romains et une Histoire de Hongrie depuis Mathias Corvin jusqu'à Maximilien II.

SAMÉ, anc. nom de l'île de Céphalénie et de la principale de ses villes, qui était située sur la côte E., en face d'Ithaque. Cette ville fut prise et détruite par les Romains en 189 av. J.-C.

SAMER, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 15 kil. S. E. de Boulogne; 1979 hab. Anc. abbaye, fondée en 668 par S. Walmer.

SAMISAT, l'anc. Samosate. V. SAMOSATE.

SAMNITES, habitants du Samnium. V. SAMNIUM.

SAMNIUM, auj. le Sannio, la Principauté Ultérieure et partie de l’Abruzze; région de l'Italie ancienne, au N. de la Campanie, à l'E. du Latium, au S. des Frentans, était hérissée de montagnes appartenant à la chaîne des Apennins, et n'avait qu'un petit nombre de villes : Aufidena, Treventum, Æsernia, Bovianum, Equus Tuticus, Maleventum (depuis Bénévent), Caudium, etc. — Les Samnites se divisaient en Caraceni (ch.-l., Aufidena), au N., Hirpini (ch.-l., Bovianum), au S. Ils étaient de race sabine, leurs mœurs étaient simples et grossières ; ils se livraient surtout à la vie pastorale et à la guerre. On connaît leurs mariages : les filles les plus belles, les plus vertueuses et les plus riches étaient le prix des services rendus à la patrie. Leur gouvernement était démocratique; leurs petites peuplades formaient ensemble une espèce de fédération, mais sans lien solide et sans ville centrale. Aux Ve et VIe s. av. J.-C., les Samnites fournissaient nombre de mercenaires aux villes grecques de la Grande-Grèce et de la Sicile. De 424 à 421, ils conquirent Capoue et Cumes; la Lucanie tomba aussi en leur pouvoir. Rome eut à soutenir avec les Samnites, soit seuls, soit unis à divers autres peuples, une lutte longue et acharnée : c'est l'époque héroïque de la république. Les Samnites avaient pour auxiliaires : 1° tous les peuples d'origine sabine : Sabins, Pélignes, Marses, Marrucins, Vestins, Frentans, Prétutiens, Sassinates, Picéniens; 2° la confédération étrusque, les Ombriens, les Sénonais; 3° les divers États de la Grande-Grèce (Apulie, Salentins, Tarente, Messapie, Picentins, Lucaniens, Brutiens, etc.). Tous furent successivement soumis par les Romains de 343 à 290 av. J.-C. Les guerres de Rome avec les Samnites proprement dits sont au nombre de cinq. La 1re eut lieu de 343 à 341 et fut compliquée de la grande insurrection du Latium (342-340). Ce qui y donna naissance, ce furent les attaques des Samnites contre les habitants de Teanum Sidicinum et de Capoue, qui s'étaient mis sous la protection de Rome. Elle fut terminée par la victoire du consul Valerius Corvus au pied du mont Gaurus. — La 2e (qui éclata après 14 ans de paix plus ou moins sincère) dura de 327 à 324 : on y remarque la querelle du dictateur Papirius Cursor et de son maître de la cavalerie Fabius Rullianus. — La 3e qui commença en 324 même, par une rupture subite, et à laquelle participa l'Apulie, fut suspendue en 318 par une trêve de deux ans après laquelle la guerre continua contre l'Apulie seule (c'est dans cette guerre que les Romains passèrent sous les Fourches Caudines, 321 av. J.-C.). Elle fut terminée par la victoire que Papirius Cursor et Publilius Philo remportèrent à Lucérie, 319. — La 4e, de 316 à 304, fut de toutes la plus sérieuse; vinrent y prendre part en 311 les Étruriens et les Ombriens; les Marses et Pélignes en 308, les Salentins en 307, les Herniques en 306. Elle fut signalée par les victoires de Fabius Rullianus sur les Étrusques à Sutrium et dans la forêt Ciminienne, sur les Ombriens à Pérouse, par celles de Papirius Cursor sur les Étrusques près du lac Vadimon, et de Bubulcus sur les Samnites à Longula. — La 5e commença en 299 par une levée de boucliers générale en Étrurie, dans le Samnium et dans les contrées voisines; elle finit en 290 : les Samnites et leurs principaux alliés furent complètement soumis. Leur soumission entraîna bientôt celle de toute l'Italie méridionale. Pendant ces guerres on remarque du côté des Romains les Fabius, les Papirius, les Decius, les Curius Dentatus, les Fabricius ; du côté des Samnites on cite surtout Pontius Herennius. le vainqueur de Caudium.

SAMOËNS, ch.-l. de cant. (Hte-Savoie), à 29 k. E. de Bonneville, à l'entrée de la vallée de Clévieu; 3008 h. Source ferrugineuse.

SAMOGITIE, anc. prov. de la Lithuanie, entre la Baltique et la Courlande au N., la Prusse à l'O., la Lithuanie propre au S. et à l'E., avait pour capit., Rossiena. Elle est auj. comprise dans le gouvt de Vilna. — La Samogitie avait longtemps été libre, quand les Lithuaniens l'assujettirent. Elle garda néanmoins son duc et sa diète. En 1404, elle fut cédée à l'Ordre Teutonique ; mais en 1411 elle revint à la Pologne, de laquelle dépendait alors la Lithuanie. Le Christianisme n'y fut établi qu'en 1431. La Samogitie donne encore auj. son nom à un évêché, dont le siège est à Rossiena.

SAMON, Samo, roi des Esclavons, était un marchand franc, natif de Sens. Se trouvant vers 630 chez les Esclavons pour son commerce, il combattit avec eux les Avares, contribua à la victoire et fut élu roi. Il gouverna avec gloire pendant 35 ans.

SAMONICUS. On connaît sous ce nom deux médecins latins, père et fils, qui vivaient à la fin du IIe s. de J.-C. et au commencement du IIIe. Le père, Q. Serenus Samonicus, avait formé une bibliothèque de 62 000 volumes; il fut tué dans un festin par ordre de Caracalla pour avoir défendu Géta. — Le fils jouit de la faveur d'Alexandre Sévère et des Gordiens. Il légua la bibliothèque de son père à Gordien III. On a sous le nom de Samonicus un poëme De Medicina; mais on ne sait s'il est du père ou du fils. C'est une compilation de préceptes curatifs pour toutes les maladies, dans laquelle on trouve, avec de sages conseils, des fables absurdes. La meilleure édit. est celle du Dr Ackermann., Leipsick, 1786.

SAMOS, en turc Sousam-Adassi, île turque de la mer Égée, l'une des Sporades, près de la côte O. de l'Asie-Mineure, au S. E. de Chios et en face du mont Mycale, a 46 kil. sur 20, et env. 50 000 hab. Kora ou Chora, au S., en est le ch.-l., mais Vathi, au N., est la ville principale.. Elle fait auj. partie du pachalik des Iles. Montagnes, dont la principale, le Kerki (l'anc. Cercetius), a 1480m. Mines d'or et d'argent, beau marbre blanc (à Castro). Sol fertile : fruits, forêts; gibier. Culture d'oliviers, de grenadiers; excellents vins muscats, dits de Malvoisie. — Samos a été plus célèbre chez les anciens que de nos jours. Sa capitale se nommait aussi Samos ; on en voit les ruines aux environs de Kora. C'était la patrie de Pythagore, de Prodicus, du peintre Timanthe, du poëte Chœrile, de l'historien Duris, etc. Junon y recevait un culte particulier et y avait un temple célèbre, l’Heræon. L'île de Samos, après avoir été habitée par les Pélasges, fut colonisée par des Lélèges et des Cariens, puis reçut une colonie venue de l'Attique et fit partie de la ligue ionienne, dont elle fut un des principaux États. Royaume d'abord, puis république, elle eut quelquefois des tyrans, notamment le célèbre Polycrate (au VIe s. av. J.-C.), et finit par tomber sous la domination des Perses. Elle prit part à la révolte de l'Ionie et fut déclarée libre à la paix de Citium, 449. Périclès la soumit à Athènes en 441. Elle resta fidèle aux Athéniens pendant la guerre du Péloponèse, fut prise par Lysandre en 403 et livrée aux Perses par le traité d'Antalcidas, 387 ; mais elle fut rendue aux athéniens par Timothée. Plus tard, elle fit partie du roy. de Pergame et passa avec ce royaume entre les mains des Romains, 129. Depuis Auguste jusqu'à Vespasien, elle redevint indépendante. Vespasien l'annexa à la prov. des Îles. Elle fit partie de l'empire grec et fut le ch.-l. du 16e thème de l'Orient; elle appartint ensuite aux Arabes, aux Vénitiens, aux Génois, et tomba enfin au pouvoir des Turcs, 1550. En 1821 et 1824, les Samiens prirent une part active à la guerre de l'Indépendance, mais, trop voisins de la Turquie d'Asie, ils ne purent se soustraire complètement au joug ottoman; cependant l'île a obtenu une demi-liberté : elle a une constitution, un sénat, une chambre des députés, une administration propre; son gouverneur est nommé par la Porte, mais choisi parmi les Grecs. On doit à M. V. Guérin la Description de l'île de Samos, 1856.

SAMOSATE, auj. Samisat, anc. capitale de la Comagène, sur l'Euphrate, au N. E. d'Antioche, est célèbre pour avoir donné le jour à Lucien.

SAMOTHRACE, auj. Semendraki, île de la mer Égée, sur les côtes de Thrace, au N. O. d'Imbros et en face de l'embouch. de l'Hèbre, a 20 kil. de long, de l'O. à l'E., sur 12 de large. Elle n'avait point de bons ports; sa seule ville, nommée aussi Samothrace, était sur la côte N. O. Elle eut successivement pour habitants des Pélasges, des Phéniciens, enfin des Hellènes venus de Samos, ce qui lui valut son nom. Elle est célèbre surtout par le culte mystérieux des Cabires, qui semble avoir été un reste des religions primitives des Pélasges. Lors de la célébration des mystères cabiriques, l'île était comme le rendez-vous de tout ce qui prétendait à une origine pélasgique en Grèce, en Italie et en Asie. Indépendants jusqu'aux guerres médiques, les Samothraciens furent assujettis par Darius en 508 av. J.-C. Ils devinrent ensuite sujets des Athéniens. Philippe, père d'Alexandre, enleva l'île à ces derniers, et elle resta à la Macédoine jusqu'à la défaite de Persée, 168. Les Romains la laissèrent se gouverner elle-même jusqu'à Vespasien, qui la réunit à la province des Îles, 70 de J.-C. Elle fit partie de l'Empire grec jusqu'en 1204, puis passa aux Vénitiens, et aux princes génois de Lesbos, sur lesquels Mahomet II la conquit en 1462. Elle prit part à la guerre de l'Indépendance et fut impitoyablement dévastée par les Turcs, qui l'ont gardée : on y compte à peine auj. 1500 hab.

SAMOYÈDES, peuple septentrional de la Russie, de race tchoude ou finnoise, est surtout répandu dans les gouvts d'Arckhangel et de Vologda, en Europe, et dans ceux de Tobolsk et de Tomsk, en Asie. Ils sont petits et très-laids, habitent sous des tentes dites yourtes, et payent le tribut en peaux d'isatis et autres fourrures; ils sont idolâtres. Leur nombre ne s'élève guère qu'à 1000 familles. Les Russes les confondent avec les Lapons.

SAMPIETRO D'ORNANO, célèbre chef corse, né en 1501 à Bastelica, m. en 1567, servit en France sous François I et Henri II avec la plus grande bravoure, et alla avec le maréchal de Thermes arracher la Corse aux Génois (1552). Après la paix de 1559, qui rendit l'île à ces derniers, il se réfugia en Turquie, y recruta quelques soldats déterminés et vint débarquer en Corse avec 25 hommes; il voyait déjà grossir sa troupe quand un traître, gagné par les Génois, le poignarda, en 1567. Il venait lui-même de tuer sa femme, Vanina d'Ornano, parce qu'elle avait demandé sa grâce au sénat de Gênes.

SAMPIGNY, village du dép. de la Meuse, à 9 kil. N. O. de Commeroy; 1000 hab. Érigé en comté en 1730 en faveur du financier Paris de Montmartel.

SAMSCRIT. V. SANSCRIT.

SAMSOEE, île du Danemark, dans le Cattégat, entre le Jutland et l'île de Seeland; 26 kil. sur 10; 5000 h.; ch.-l., Norbye. Agriculture, pêche.

SAMSON, 12e juge d'Israël, naquit pendant la 6e servitude des Hébreux, fut consacré à Dieu par sa mère, s'abstint de vin et de toute liqueur fermentée pendant sa jeunesse, et acquit néanmoins une force prodigieuse. Il terrassa un lion, étant encore fort jeune; puis il fit contre les Philistins diverses expéditions, dont il revint sans cesse victorieux. Il fut élu juge en 1172 av. J.-C. Pendant vingt ans que dura son pouvoir, il combattit toujours avec succès les ennemis de sa patrie : enfin pourtant les Philistins, aidés par la trahison de sa maîtresse Dalila, réussirent à s'emparer de sa personne; il le conduisirent à Gaza et lui crevèrent les yeux. Dans cet état, ils se servaient de lui comme de bouffon; un jour, dans une de leurs fêtes, Samson ébranla une des colonnes qui soutenaient le temple de Dagon où étaient rassemblés les principaux de la nation, et en fit ainsi périr un grand nombre ; mais il périt lui-même, écrasé sous les ruines. La force de Samson tenait à ses cheveux : Dalila, gagnée par les Philistins, les lui avait rasés pendant son sommeil; mais ils avaient repoussé lorsqu'il ébranla la colonne. L’Écriture rapporte de Samson plusieurs faits fort merveilleux; il assomma 1000 Philistins avec une mâchoire d'âne et fit ensuite sortir d'une des dents de cette mâchoire une eau abondante qui étancha sa soif. Enfermé un jour dans Gaza par les Philistins, qui voulaient le tuer, il leur échappa en emportant sur son dos les portes de la ville. — V. SANSON.

SAMSOUN, Amisus, v. murée et port de la Turquie d'Asie (Sivas), sur la mer Noire, à 65 kil. N. E. d'Amasieh; env. 2000 hab. Prise par Mahomet II.

SAMUEL, 14e et dernier juge d'Israël, né à Ramatha (tribu d'Éphraïm) vers 1132 av. J.-C., était de la tribu de Lévi et se fit de bonne heure remarquer par ses vertus et par le don de prophétie, fut proclamé juge en 1092, délivra les Israélites du joug des Philistins, et fit pendant plusieurs années le bonheur de la nation; mais, ayant dans la suite laissé à ses fils le soin de l'administration, ceux-ci mécontentèrent le peuple, qui alors demanda un roi. Samuel, après avoir vainement tenté de détourner les Israélites de ce projet, sacra Saül (1080), tout en conservant pour lui-même les fonctions sacerdotales. Saül ayant en plusieurs circonstances désobéi à Dieu et voulu empiéter sur les droits du grand prêtre, Samuel sacra David à sa place; toutefois, cette nouvelle nomination resta secrète, et Samuel mourut 3 ans avant la chute de Saül, l'an 1043. La veille de la bataille de Gelboé, l'ombre de Samuel, évoquée par la pythonisse d'Endor, apparut à Saül et lui annonça son funeste sort. On attribue à Samuel le livre des Juges, celui de Ruth, et les 24 premiers chapitres du 1er livre des Rois.

SANA, v. forte de l'Arabie (Yémen), capit. de l'imamat de Sana et de tout l'Yémen, par 41° 39' long. E., 15° 21' lat. N., à 245 kil. N. E. de Moka; env. 40 000 hab. (dont 2000 Juifs). C'est une des plus belles villes de l'Orient. Citadelle, murs en briques; nombreuses mosquées, bains publics, caravansérails. Aux env., fruits délicieux (surtout les raisins). — Sana joua un grand rôle avant Mahomet; elle avait un temple rival de la Kaaba; l'année même où naquit Mahomet, les habitants de Sana marchèrent sur la Mecque pour la détruire. Cette ville devint sujette des Turcs sous Soliman II.

SANADON (le P. Noël Étienne), jésuite, né à Rouen en 1676, m. à Paris en 1733, professa la rhétorique dans différents colléges, fit l'éducation du prince de Conti, et devint en 1728 bibliothécaire du collége Louis-le-Grand. On a de lui une traduction d’Horace, 1728 (2 vol. in 4, ou 8 vol. in-12), qui a été longtemps estimée ; les pièces du poëte latin y sont disposées dans l'ordre chronologique; il y a joint des notes aussi ingénieuses que savantes. En outre, Sanadon a composé lui-même quatre livres de poésies latines (1715), remarquables par leur élégance et leur pureté.

SAN-AGOSTINO DE LAS CUEVAS. V. TLALPAN.

SAN-ANTONIO-DE-BEJAR, v. du Texas, anc. capitale de cet État, sur la Rio-San-Antonio, par 29° 35' lat. N., et 101° 20' long. O.; 3000 hab.

SAN-CARLOS, v. du Vénézuela, à 200 kil. S. O. de Caracas, par 9° 20' lat. N. ; 8000 hab. Évêché. Aux env., indigo, café, oranges exquises. Commerce de bétail. — Fondée par les premiers missionnaires du Vénézuela; jadis très-prospère, auj. en décadence.

SAN-CARLOS-DE-MONTEREY, anc. ch.-l. de la Nouv. Californie, par 36° 36' lat. N., 124° 21' long. O., sur la baie de Monterey ; 1000 hab. Fondée en 1770, sous Charles III, par le vice-roi Monterey.

SANCERGUES, ch.-l. de c. (Cher), à 22 kil. S. de Sancerre ; 1131 hab. Aux environs, exploitation et lavage de minerai de fer.

SANCERRE, Sacrum Cæsaris, Gordonicum castrum, ch.-l. d'arr. (Cher), à 48 kil. N. E. de Bourges, sur un plateau élevé, à 2 kil. et sur la r. g. de la Loire ; 3758 hab. Trib. de 1re inst., collége, société d'agriculture. Chanvre, grains, noix, vins, laines, bestiaux. La ville est irrégulièrement bâtie, mais entourée de campagnes magnifiques. Patrie du maréchal Macdonald. — Fondée vers le IXe s., elle fut en 1152 érigée en comté dépendant de la Champagne ; Louis IX en acheta la suzeraineté de Thibaut de Champagne en 1226. Ses habitants embrassèrent la Réforme et Sancerre devint une des places fortes des Calvinistes. Assiégée par les Catholiques en 1573, elle ne put être prise qu'après 9 mois de blocus et après avoir subi une affreuse famine. En 1621, ses fortifications furent rasées ; il reste une tour du château.

SANCERRE (Louis, comte de), connétable de France, né vers 1342, m. en 1402, perdit son père à Crécy en 1346, fut élevé avec les enfants de Philippe de Valois et fut le frère d'armes de Duguesclin et de Clisson, devint maréchal en 1369, reconquit sur les Anglais le Poitou, la Saintonge et partie de la Guyenne et fut fait connétable en 1397.

SANCERRE (J. DE BUEIL, comte de). V. BUEIL.

SANCHE, dit Sancion, comte de Navarre (837-57), succéda à Aznar, dont on a dit à tort qu'il était le frère, et fut père de Garsimine.

SANCHE I, ou SANCHE-GARCIE, roi de Navarre, 2e fils de Garsimine, fut d'abord comte de Gascogne (872). Il devint roi de Navarre en 905 et céda la Gascogne à un de ses fils, Garcie-Sanche le Courbé, qui prit le titre de duc et fut la tige des maisons d'Armagnac de Fezensac et d'Astarac. Sanche battit les Arabes devant Pampelune en 907, signala chaque année de son règne par une expédition contre les Infidèles et se retira en 919, mais sans abdiquer, au couvent de Leyre ; il en sortit, malgré son grand âge, après la défaite des Chrétiens à la Junquera (921), battit les troupes d'Abdérame III lorsqu'elles revinrent de France, et mourut en 926 plus que nonagénaire. — Garcie-Sanche, son fils aîné, lui succéda en Navarre sous le nom de Garcie II, et fut la tige de la maison de Navarre, qu'on fait à tort descendre d'Aznar. — II, roi de Navarre de 970 à 994, fils et successeur de Garcie II, battit plusieurs fois les Arabes. Il épousa Urraque, héritière d'Aragon, dont il eut Garcie III. — III, dit le Grand, roi de Navarre de 1001 à 1035, fils et successeur de Garcie III, conquit en 1028 le comté de Castille, maria son 2e fils Ferdinand à Sancie, héritière de Léon, et prépara ainsi l'instant où le royaume de Léon passerait à sa maison, ce qui eut lieu en 1037, deux ans après sa mort. Les États de Sanche furent à sa mort divisés en 4 royaumes : Aragon, Ribagorce, Navarre, Castille. — IV, roi de Navarre de 1054 à 1076, fils de Garcie IV, périt assassiné, et ne laissa qu'un frère. Sanche Ramirez d'Aragon envahit ses États et y régna sous le nom de Sanche V, de 1076 à 1094. — V, roi de Navarre en 1076, d'abord roi d'Aragon. V. ci-dessous — VI et VII, derniers rois de Navarre de la maison mérovingienne, régnèrent l'un de 1150 à 1194, l'autre de 1194 à 1234 (ce dernier se distingua à la bataille de Tolosa, 1212). Blanche, sœur de Sanche VII, porta la couronne de Navarre à Thibaut, comte de Champagne.

SANCHE, le Gros, roi de Léon et des Asturies de 955 à 967, frère et successeur d'Ordogno III, roi de Léon, et fils de Ramire II, s'empara de la couronne au détriment de son neveu, le fils d'Ordogno III, mais fut chassé par Ordogno IV, fils d'Alphonse IV (956). Il se retira en Navarre, puis chez Abdérame III, calife de Cordoue, qui le rétablit sur le trône en 960.

SANCHE I, roi de Castille, le même que Sanche III, roi de Navarre. V. ci-dessus SANCHE III. — II, le Fort, roi de Castille de 1065 à 1073, était un des trois fils de Ferdinand I (roi de Léon, Galice et Castille). A la mort de son père (1065), il eut pour lot la Castille ; mais il dépouilla ses deux frères. Voulant aussi ravir à ses sœurs leur apanage, il prit à l'une la ville de Toro, puis il alla assiéger Zamora, qui appartenait à la 2e, mais il fut pendant le siége tué par un traître (1072) : on soupçonna du meurtre sa sœur et son frère Alphonse (VI), qui régna après lui. C'est au service de ce prince que le Cid accomplit ses premiers exploits. — III, un des fils d'Alphonse VIII, roi de Léon et de Castille, n'eut en partage que la Castille (1157). Au bout d'un an il la laissa à son fils Alphonse IX. — IV, roi de Castille et de Léon, 2e fils d'Alphonse X, se révolta contre son père et lui enleva le trône. Il régna de 1284 à 1295 et fut continuellement en guerre, soit avec les factieux, soit avec les Maures. Il enleva à ceux-ci l'importante place de Tarifa.

SANCHE-RAMIREZ, roi d'Aragon, fils de Ramirez I, régna sur l'Aragon dès 1063, conquit Barbastro (1064), usurpa en 1076 la couronne de Navarre et régna sur ce pays sous le nom de Sanche V. Il mourut en 1094 au siége de Huesca.

SANCHEZ (François), en latin, Sanctius, grammairien, né en 1523, à Las Brozas (Estramadure), m. en 1601, obtint en 1554 la chaire de grec à l'université de Salamanque, y joignit ensuite celle de rhétorique, les remplit toutes deux avec la plus grande distinction, et fut un des restaurateurs des lettres en Espagne. On lui doit plusieurs ouvrages classiques qui jouissent d'une juste réputation, entre autres : Grammaticæ latinæ institutiones, Lyon, 1562 ; Grammatica græca, Anvers, 1581 ; Minerva seu de causis linguæ latinæ, Salamanque, 1587, souvent réimprimé (notamment par Bauer, Leips., 1801): c'est le plus important de ses ouvrages ; il a servi de guide aux auteurs de la Grammaire de Port-Royal.

SANCHEZ (Thomas), jésuite, né à Cordoue en 1550, m. en 1610, était chargé de la direction du noviciat de Grenade. Il s'est fait une réputation comme casuiste, et a laissé un traité De matrimonio, Genève, 1602, dans lequel il traite les matières les plus scabreuses, et entre dans des détails qui souvent blessent la pudeur : aussi fut-il condamné à Rome.

SANCHEZ (François), savant Portugais, né à Tuy vers 1562, m. à Toulouse en 1632, fut élevé en France et enseigna la philosophie, puis la médecine à Toulouse. Il a laissé des ouvrages de philosophie et de médecine qui ont été réunis par R. Delassus, son disciple, Toulouse, 1636 ; on y remarque un traité célèbre, De multum nobili et prima universali scientia : Quod nil scitur ; il y professe un scepticisme dont le but principal est de renverser l'aristotélisme. Il fut réfuté par Ulric Wildius dans son traité : Quod aliquid scitur, Leips., 1661, et par Dan. Hartnach, qui réimprima son livre sous ce titre : Sanches aliquid sciens, Stettin, 1665.

sanchez de arevalo. V. rodriguez.

SANCHONIATHON, anc. historien de la Phénicie, natif de Tyr ou de Béryte, était hiérophante dans sa patrie. Les uns le font contemporain de Sémiramis (xxe s. av. J.-C.), les autres, de Moïse (au xviie s.), d'autres le placent 1200 av. J.-C. ou même sous les Séleucides, vers le ive s. av. J.-C. Il avait écrit une Histoire ou Théologie phénicienne, une Théologie égyptienne, et un traité de la Physique d'Hermès, qui sont perdus. Le Ier de ces ouvrages avait été traduit en grec au iie s. de notre ère par Herénnius Philon de Byblos ; il ne reste de cette traduction que quelques fragments conservés par Eusèbe dans sa Préparation évangélique et publiés à Leipsick, en 1826, par Orelli. Court de Gibelin en a donné une traduction française avec commentaires, en 1773. En 1835, un philologue de Hanovre, Wagenfeld, prétendit avoir découvert le texte grec de Sanchoniathon, mais la fraude fut bientôt découverte.

SANCOINS, ch.-l. de c. (Cher), sur le canal du Berry, à 29 kil. N. E. de St-Amand ; 3188 hab.

SANCROFT (Guillaume), prélat anglais, né en 1616, m. en 1693, fut nommé en 1677 archevêque de Cantorbéry, et perdit cette place en 1688 pour avoir refusé de prêter serment à Guillaume III. On a de lui : Politique moderne d’après Machiavel, Borgia, etc., 1652 ; Traités divers sur l’histoire et les antiquités d’Angleterre et d’Irlande, 1781.

SANCTIUS. V. SANCHEZ.

SANCTORIUS, médecin italien, né en 1561 à Capo-d’Istria, m. en 1626, fut professeur de médecine à l’université de Padoue. Il prétendait trouver la cause de la santé et des maladies dans la manière dont se fait la transpiration, et se pesait chaque jour afin de calculer les déperditions que subit le corps humain. On a de lui : Medicina statica, Venise, 1614 (trad. par Lebreton, 1722). Ses ouv. ont été réunis à Venise, 1660, en 4 vol. in-4. Le collége de médecine de Venise fait tous les ans prononcer l’éloge de Sanctorius, en reconnaissance d’un riche legs. Ce savant est un de ceux auxquels on attribue le thermomètre.

SANCUS ou SEMO, puissant dieu sabin, père de Sabus, présidait au serment. Il a été assimilé par les Romains à leur dius fidius.

SANCY (le Puy de), un des pics les plus élevés du Mont Dore. V. DORE MONT.

SANCY (Nic. HARLAY de), ministre de France sous Henri III et Henri IV, né en 1546, m. en 1629, fut successivement conseiller au parlement, maître des requêtes, capitaine des Cent-Suisses, ambassadeur en Angleterre et en Allemagne, surintendant des finances, et se distingua partout. Il était possesseur d’un des plus beaux diamants que l’on connût (ce diamant, qu’on appelle de son nom le Sancy, fut depuis acheté par le duc d’Orléans, régent, et fait auj. partie des diamants de la couronne). D’une condamnable légèreté en fait de religion, Nic. de Sancy changea plusieurs fois de culte selon ses intérêts ; ce qui donna lieu à la sanglante satire que composa d’Aubigné sous le titre de Confession catholique de Sancy.

SANCY (Achille DE HARLAY, baron de), 2e fils du préc., 1581-1646, fut évêque de Lavaur à 20 ans, quitta l’Église pour les armes et la diplomatie, fut ambassadeur à Constantinople (1610-19) et y défendit les Jésuites accusés de complot contre le sultan. À son retour, il rentra dans l’Église et se fit oratorien. Il suivit la reine Henriette en Angleterre comme son confesseur (1625), revint en 1626 sur le continent, devint évêque de St-Malo (1631), fut chargé par Richelieu de procéder contre les évêques de Languedoc qui avaient trempé dans la conspiration de Montmorency et remplit plusieurs autres missions délicates. Il avait formé une riche collection de manuscrits qu’il légua à la Bibliothèque de l’Oratoire-St-Honoré à Paris.

SAND (Christophe), socinien, né à Kœnigsberg en 1644, m. en 1680 en Hollande, à 36 ans, fut exilé après s’être séparé avec éclat du culte reçu et se fit correcteur d’imprimerie. Il a laissé, entre’autres ouvrages, Nucleus historiæ ecclesiasticæ, Cosmopolis (Amster.), 1668, et un traité De origine animæ, 1671.

SAND (Ch. L.), fanatique, fils d’un conseiller de justice prussien, né en 1795 à Wunsiedel près de Bayreuth, étudia dans les universités de Tubingue et d’Erlangen, adopta les principes les plus exagérés du Tugendbund, et, soit de lui-même, soit qu’il eût été désigné par le sort pour cette atroce mission, résolut de poignarder Kotzebue, qu’il regardait comme vendu à l’étranger et aux fauteurs du despotisme. Il vint tout exprès d’Iéna à Manheim, y accomplit le meurtre (1819), puis se frappa lui-même avec l’arme encore fumante, mais il ne put se tuer ; il fut pris et subit le dernier supplice avec fermeté (1820).

SANDJAK (mot turc qui signifie étendard). On nomme ainsi en Turquie des fonctionnaires chargés d’administrer de petites divisions territoriales dites sandjakats, que l’on connaît aussi sous le nom de livahs. Ils ne peuvent faire porter devant eux comme marque d’honneur qu’une seule queue de cheval, tandis que les pachas en portent plusieurs.

SANDJAR, le dernier sultan sedjoucide de Perse, fils de Mélik-Chah, né en 1086 à Sandjar. Il régna dès 1095 sur le Koraçan, puis sur toute la Perse (1115-57), livra 19 batailles et n’en perdit que 2 ; pris dans la 2e, il fut délivré par un de ses émirs. Sa valeur le fit surnommer le second Alexandre.

SANDOMIR, v. murée de la Pologne russe, au confluent de la Vistule et de la San, à 220 kil. S. E. de Varsovie ; 6000 h. Évêché. - Cette ville donnait son nom à une des huit voivodies du roy. de Pologne, qui était située entre la Galicie (dont la Vistule la séparait), et les voivodies de Cracovie, Kalicz, Mazova, Siedlec, Lublin, et qui avait pour ch.-l. Radom.

SANDOVAL, bg d’Espagne, à 35 kil. N. O. de Burgos ; 500 hab. Il donnait son nom à la maison de Sandoval, à laquelle appartient le duc de Lerme.

SANDOVAL (Prudence de), historien espagnol ; évêque de Pampelune, né en 1560 à Valladolid, m. en 1621, a laissé, entre autres ouvrages, une Hist. de Charles-Quint, Valladolid, 1604, et une Hist. des rois de Castille et de Léon, qui va de 1037 à 1134 (continuation de la Chronique de Moralès), 1634.

SANDRART (Joachim), peintre et biographe, né en 1606 à Francfort-sur-le-Mein, m. en 1688, a laissé divers ouvrages estimés sur les arts : Académie allemande, Nuremberg, 1675-79, recueil de biographies, d’appréciations et de portraits, qui donnent une idée concise des peintres allemands, flamands et hollandais des xve, xvie et xviie siècles ; Iconologia Deorum, 1680 ; Admiranda sculpturæ veteris, 1680 ; Romæ antiquæ et novæ theatrum, 1684, etc. Le tout a été réédité par Volkman, Nuremberg, 1769-73, 8 parties, in-fol.

SANDRAS. V. COURTILZ DE SANDRAS.

SANDROCOTTUS, Indien, de naissance obscure, qui, après la mort d’Alexandre, souleva les provinces indiennes échues à Séleucus, et se fit couronner à Palibothra. Il étendit sa puissance sur les deux rives du Gange et sur presque tout le Pendjab actuel et fit reconnaître ses droits par Séleucus dans un traité célèbre qu’il conclut à Palibothra avec les ambassadeurs du monarque macédonien, 305 av. J.-C.

SANDWICH, peut-être Rutupiæ, v. et port d’Angleterre (Kent), l’un des Cinq-Ports, à 17 kil. E. de Cantorbéry, sur la Stour, à 3 k. de la mer ; 3500 h. Chemin de fer, construction de navires, lainages ; grains, houblon, drèche. Titre d’un comté créé en 1660 par Charles II pour Édouard Montague, et possédé depuis par ses descendants. Sandwich était jadis plus importante qu’aujourd’hui.

SANDWICH (Archipel), dit aussi Archipel d’Hawaï ou d’Owhyhee, l’un des principaux archipels de l’Océanie, par 157°-161° long. O., et 17°-23° lat. N., se compose de 11 îles, dont les principales sont Havaiï, Ouoahou, Moouï, Atoui, Morotoï, Onihou, Ranaï. Elles comptent env. 400 000 h. selon les uns, ou 100 000 seulement selon d’autres, et ont pour capit. Honolulu. Ces îles offrent le climat des Antilles avec moins d’ouragans ; on y trouve de hautes montagnes, dont plusieurs volcaniques. Sol très-fertile : bananier, cocotier, arbre à pain, canne à sucre, patate, igname, taro, mûrier ; sandal et autres bois d’ébénisterie. Les indigènes sont de race polynésienne ; bien qu’étant encore à l’état sauvage, ils avaient déjà quelque industrie quand les Européens les connurent. — Vues dès 1542, ces îles furent retrouvées en 1778 par Cook, qui leur donna le nom de lord Sandwich, 1er lord de l’amirauté. Des missionnaires protestants et catholiques y ont opéré, surtout depuis 1820, de nombreuses conversions. La civilisation européenne y a fait des progrès marqués : on y trouve même des imprimeries. Tout l'archipel obéit à un même prince; le roi réside à Honolulu, dans l'île d'Ouoahou. Kamehameha I, qui régna de 1784 à 1819, soumit toutes les îles voisines et favorisa la civilisation. En 1820, Kamehameha II fut converti par les Méthodistes, prohiba l'idolâtrie et le tabou; mais il fut bientôt expulsé par son peuple, et alla mourir à Londres, 1824. L'île principale fut occupée en 1843 par un officier de la marine anglaise, mais il fut désavoué. Les îles Sandwich jouissent auj. du gouvernement représentatif. Les États-Unis, la France et l'Angleterre y ont des consuls.

SANDWICH (Édouard MONTAGUE, 1er comte de). V. MONTAGUE (Édouard). — Lord John Montague, comte de S., homme d'État, 1718-1792, voyagea en Italie, en Turquie, en Égypte, recueillit de précieuses antiquités, publia à son retour un Voyage intéressant, assista comme ministre plénipotentiaire aux congrès de Bréda (1746) et d'Aix-la-Chapelle (1748), et fut plusieurs fois nommé premier lord de l'amirauté. Il favorisa les voyages de découverte : c'est en son honneur que Cook donna le nom d'îles Sandwich à un groupe d'îles qu'il venait de découvrir.

SANÉ (le baron), constructeur de vaisseaux, né à Brest en 1740, m. en 1832, se lia avec Borda, travailla de concert avec lui à perfectionner la construction navale et mérita d'être surnommé le Vauban de la marine. Après avoir exercé longtemps comme ingénieur, il fut nommé directeur du port de Brest, puis inspecteur général du génie maritime (1800), et fut élu, sur la proposition de Napoléon, membre de l'Institut (section de mécanique). Parmi les navires construits par lui, on admire surtout le vaisseau la Ville de Paris et l'Océan, qui était le meilleur voilier de l'Europe. Une frégate à vapeur a reçu son nom.

SAN-FELIPE ou JATIVA, Sætabis chez les anciens, v. d'Espagne (Valence), à 55 kil. S. O. de Valence : 15 000 hah. Grand faubourg, château fort et autres fortifications en ruines; 22 fontaines publiques ; papeteries; belle toile de lin, célèbre dès l'antiquité, fil de soie. Aux env., beaux marbres. — S'étant opposée à la cause de Philippe V, cette ville, nommée alors Jativa, fut prise et rasée par ses troupes en 1707, puis rebâtie sous le nom de San-Felipe. Patrie des papes Calixte III et Alexandre VI et du peintre Ribeira.

SAN-FELIPE-DE-AUSTIN (Texas). V. AUSTIN.

SAN-FELIPE-DE-BENGUELA. V. BENGUELA.

SAN-FELIPE-DE-TUCUMAN. V. SALTA.

SAN-FELIPE-EL-REAL, v. du Chili, ch.-l. de la prov. d'Aconcagua, sur l'Aconcagua, à 155 kil. N. de Santiago ; 8000 hab. Rues plantées d'arbres et entrecoupées de petits canaux d'irrigation. Fondée en 1754.

SAN-FERNANDO, v. d'Espagne (Cadix), au S. E. et près de cette ville, dans l'île de Léon; env. 10 000 h. Fortifications remarquables, aqueduc, observatoire, école de marine. Cette ville se nommait d'abord Isla de Léon : elle reçut de Ferdinand VII le nom de San-Fernando pour avoir résisté à l'invasion française.

SAN-FERNANDO, v. d'Espagne, à 15 kil. de Madrid. Résidence royale : le château, élevé par Ferdinand VI, a été donné, en 1829, pour servir à l'établissement d'une manufacture de toiles et tissus imprimés, auj. très-florissante. Un pavillon attenant aux jardins a seul été réservé pour l'habitation royale.

SAN-FERNANDO, v. du Chili, ch.-l. de la prov. de Colchagua, sur le Tinguaririca, à 120 kil. S. de Santiago; 1500 familles. Fondée en 1741.

SAN-FERNANDO-DE-CATAMARCA, v. de la Plata, capit. de l'État de Catamarca, sur une riv. de même nom, entre Rioja et Tucuman. Excellent coton.

SAN-FRANCISCO, v. de Californie, à l'embouch. du Sacramento et du San-Joaquim dans le grand Océan, par 37° 48' 30" lat. N., et 124° 48' 26" long. O. Cette ville, qui n'avait guère que 1500 h. en 1845, en compte auj. plus de 60 000. Elle a un archevêché, 20 églises ou temples, plusieurs théâtres, des imprimeries, divers journaux, des compagnies de bateaux à vapeur pour le transport à l'étranger et pour la navigation intérieure, plusieurs chemins de fer, 20 maisons de banque, des chantiers de construction, des usines, des fonderies, un magnifique hôpital, 25 consulats. C'est à la découverte et à l'exploitation des mines d'or de la Californie qu'elle a dû son prodigieux accroissement, en attirant de toutes les parties du monde d'innombrables chercheurs d'or. V. CALIFORNIE.

SAN-FRANCISCO, grand fleuve du Brésil, naît dans le S. de la prov. de Minas-Geraës, où il sort de la Sierra-de-Canastra, traverse la prov. de Minas-Geraës, où il arrose la comarque de Rio-San-Francisco, puis coulant de l'O. à l'E., sépare les prov, de Bahia et de Pernambouc et celles de Sergipe et d'Alagoas, et se perd dans l'Océan Atlantique, après avoir recule Rio-Verde à droite et le Rio-Grande à gauche. — Autre riv. du Brésil, traverse la prov. de Ste-Catherine et se jette dans l'Océan vis-à-vis d'une île dite aussi San-Francisco, qui elle-même a pour ch.-l. une ville de San-Francisco, sur la côte O. Bon port.

SANG (Conseil de). V. CONSEIL et PAYS-BAS.

SAN-GALLO (Julien GIAMBERTI, dit De), architecte, né à Florence en 1443, m. en 1517, exécuta beaucoup d'édifices, dont quelques-uns sont des chefs-d'œuvre (palais Poggio à Cajano, fortifications d'Ostie, dôme de Notre-Dame de Lorette à Rome ; couvent de San-Gallo, d'où le surnom donné à l'artiste). — Son frère Antonio fut aussi un habile architecte : c'est lui qui fit du mausolée d'Adrien à Rome le château St-Ange. — Le fils de celui-ci, nommé aussi Antonio, né vers 1482 à Mugello en Toscane, m. en 1546, seconda Bramante dans ses travaux, et fut adjoint à Raphaël pour la basilique de St-Pierre, où il se montra très-habile constructeur. Il éleva à Rome les palais Sacchetti et Farnèse, restaura l'église de Notre-Dame de Lorette, bâtit les fortifications de Civita-Vecchia, de Pérouse, d'Ascoli, la citadelle d'Ancône, et construisit le puits colossal d'Orviéto.

SANGARIUS (le), auj. Sakaria, fleuve de l'Asie-Mineure, sortait de la Galatie, traversait la Bithynie et tombait dans le Pont-Euxin, après avoir reçu le Thymbris, le Bathys et le Gallus.

SAN-GERMANO, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre-de-Labour), au pied du Mont-Cassin, à 52 kil. N. N. O. de Capoue; 5000 h. Fort. Aux env., ruines de Casinum et d’'Aquinum. — Le pape Grégoire IX et l'emp. Frédéric II y signèrent la paix en 1230. Les Espagnols la prirent en 1730; Murat y fut défait par les Autrichiens en 1815.

SAN-GIORGIO, bg de Vénétie, à 30 kil. N. E. de Mantoue, sur la droite de l'Adige. Wurmser y fut battu en 1796 et 1797 par les Français.

SAN-GIORGIO-MAGGIORE, île de l'Adriatique, à 4 kil. S. E. de Venise, habitée par des Bénédictins dont le monastère est un des plus riches de l'Italie.

SAN-GIOVANNI (J. MANOZZI di), peintre, né en 1590 près de Florence, m. en 1638, produisit plusieurs chefs-d'œuvre, surtout de belles fresques, entre autres, les Sciences et les Arts chassés de Grèce et recueillis par Laurent de Médicis (au palais Pitti à Florence).

SANGLIER (le), des Ardennes. V. MARK (G. de la).

SANGUIN, v. de la Guinée Sup., sur la côte des Graines, à 200 kil. N. O. du cap des Palmes. Les Anglais et les Hollandais y ont eu des établissements.

SANGUIR, île de la Malaisie, près des Célèbes, au N. E., par 3° 43' 20" lat. N. et 123° 6' long. E. Volcan, affreux tremblement de terre en 1856.

SANHÉDRIN (mot corrompu du grec synedrion), conseil suprême des Juifs, était composé des 70 principaux de la nation, et présidé par 3 dignitaires, le prince, le vice-gérant, le sage. Ses séances se tenaient dans une salle sphérique, moitié comprise dans le temple, moitié en dehors de cet édifice. On y jugeait les grandes causes, on y interprétait la loi, on y délibérait sur les affaires religieuses ou politiques. Le nom de Sanhédrin a aussi été donné à l'assemblée de notables Juifs convoquée par Napoléon en 1806 pour délibérer sur les intérêts de leurs coreligionnaires. Les Rabbins attribuent à Moïse l'institution du Sanhédrin ; mais il ne paraît pas remonter au delà du temps des Macchabées.

SAN-JACINTO, riv. du Texas, se jette dans la baie de Galveston. Les Texiens battirent sur ses bords les Mexicains en 1836, ce qui assura leur indépendance.

SAN-JOAQUIM, fleuve de la Californie, coule du S. au N. et s'unit au Sacramento dans la baie de San-Francisco. Sables aurifères.

SAN-JOSÉ, v. du Guatemala, capit. de l’État de Costa-Rica, dans une belle vallée; 30 000 h. Évêché. Renversée en 1831 par un tremblement de terre.

SAN-JOSÉ DE CUCUTA. V. ROSARIO.

SAN-JUAN, une des îles Mariannes. V. GUAM.

SAN-JUAN, une des Prov.-Unies de la Plata, entre celles de Catamarca au N. et de San-Luis au S., 490 kil. sur 400 ; ch.-l. San-Juan-de-la-Frontera. Cette ville, située sur le Limari, à 1000 k. O. N. O. de Buenos-Ayres, non loin des frontières du Chili, compte 16 000 h. Évêché. Mines d'or et d'argent.

SAN-JUAN-DE-LOS-LLANOS, c.-à-d. de St-Jean-des-Plaines, v. de la Nouv.-Grenade, ch.-l. de la prov. de son nom, à 110 kil. S. E. de Santa-Fé-de-Bogota, sur la Cunimia (affluent du Guaviare). Aux env., mines d'or qu'on n'exploite plus. — La prov. est une immense plaine de 650 kil. de long sur 350 de large comprise dans la partie E. de la Nouv.-Grenade.

SAN-JUAN-DE-NICARAGUA, dite aussi San-Juan-del-Norte et Greytown, v. et port de l'Amérique centrale (Nicaragua), dans le golfe de Mexique, à l'embouch. d'un fleuve de San-Juan. Placée sur l'isthme de Panama, au lieu où l'on a projeté d'ouvrir un canal de jonction des deux océans, cette ville a été longtemps convoitée par l'Angleterre qui l'occupa en 1847 et par les États-Unis qui la bombardèrent en 1854.

SAN-JUAN-DE-PORTO-RICO, capit. de l'île Porto-Rico (Antilles espagnoles), sur la côte N., dans une presqu'île qui communique à la terre ferme par un long isthme; 30 000 hab.environ. Résidence du capitaine général et de l'évêque. Port sûr et spacieux; fortifications considérables. — Fondée en 1514; pillée par l'amiral Drake en 1594 et par le comte de Cumberland en 1597.

SANKHYA (c.-à-d. raison, raisonnement), nom donné chez les Hindous à deux systèmes de philosophie: le Sankhya de Kapila, qui n'admet que deux principes, la nature-matière et l'âme, et qui accorde au premier l'activité et l'unité, excluant toute action de la divinité ; le S. de Patandjali, qui reconnaît une intelligence suprême, créatrice et conservatrice, et admet une sorte de magie.

SANLECQUE (Louis de), poëte, né à Paris en 1652, m. en 1714, était fils et petit-fils d'habiles typographes, célèbres surtout comme graveurs en caractères. Il fut chanoine de Ste-Geneviève à Paris, enseigna quelque temps dans les colléges de cet ordre, puis devint prieur de Garnay près de Dreux. Il a composé des poésies latines, parmi lesquelles on remarque la pièce In obitum Lallemanni, et des poésies françaises, satires, épîtres, sonnets, madrigaux, etc. Ses satires ont quelque mérite; elles sont surtout dirigées contre les ridicules des gens d'église : on estime celles où il critique les Directeurs et les Mauvais gestes des Prédicateurs. Cependant Boileau, son contemporain, ne l'a pas épargné. Les poésies de Sanlecque n'ont été imprimées qu'après sa mort (notamment en 1726 et 1742).

SAN-LÉO, v. forte d'Italie (Urbin), sur le mont San-Léo, à 38 k. O. de Pesaro et à 9 k. S. O. de Saint-Marin; 12 000 h. Évêché, maison de détention.

SAN-LÉON DE NICARAGUA. V. NICARAGUA.

SAN-LORENZO, ch.-l. de cant. (Corse), à 18 kil. N. E. de Corte; 526 hab. Blé, huile, vin.

SAN-LUCAR-DE-BARRAMEDA, Fanum S. Lucieri, v. et port d'Espagne (Cadix), à 30 kil. N. O. de Cadix, sur la r. g. et à l'embouch. du Guadalquivir dans l'Océan; 17 000 hab. Elle sert de port à Séville. Coton, soieries, cuirs, savons; vins excellents. Prise sur les Maures en 1264 par Alphonse le Sage.

SAN-LUCAR-LA-MAYOR, v. d'Espagne (Séville), à 11 kil. O. de Séville; 2000 h. Elle avait titre de duché et de grandesse et appartenait à la maison de Guzman : Guzman d'Olivarès fut duc de San-Lucar.

SAN-LUIS, un des États de la Plata, dans le S. O., entre ceux de San-Juan, de Cordova, la Patagonie et le Chili; 860 kil. sur 50; env. 40 000 hab.; ch.-l., San-Luis-de-la-Punta, ville de 3000 h. Montagnes au N. et à l'O. Sol très-fertile ; gros bétail.

SAN-LUIS-DE-MARANHAO (Brésil). V. MARANHAO.

SAN-LUIS-DE-POTOSI, v. du Mexique, ch.-l. de l'État de son nom, par 103° 15' long. O., 22° 2' lat. N. ; 12 000 hab. (et env. 60 000 avec les faubourgs). Collége. Ville bien percée et décorée de monuments. C'est là que se réfugia le président Juarez en 1863. — L'État de San-Luis-de-Potosi, à l'E. et très-près de la mer, est situé entre les États de Zacatecas et de Guanaxuato à l'O.,de Queretaro au S., de Vera-Cruz au S. E., de Tamaulipas à l'E., et de Nouv.-Léon au N., et compte env. 370 000 h. Mines d'argent, jadis immensément riches : celles du N. le sont encore.

SAN-MARCO, Argentana, v. d'Italie (Calabre Cit.), à 32 kil. N. de Cosenza; 2500 hab. Évêché.

SAN-MARTIN (Don-Juan), un des héros de l'Amérique du Sud, né vers 1780 dans la Plata, m. en 1851, combattit d'abord en Espagne contre les Français, quitta ce pays après le retour de Ferdinand VII et la dissolution des Cortès, fut élu général par les insurgés de Buénos-Ayres, entra dans le Chili, dont il assura l'affranchissement par les victoires de Chacabuco et de Maypo, 1818, puis pénétra dans le Pérou et prit Lima, 1821. Pour prévenir une dangereuse rivalité, il céda avec désintéressement le commandement à Bolivar, et vint en 1822 se fixer en France, où il passa le reste de ses jours.

SAN-MARTINO, ch.-l. de cant. (Corse), dans l'arr. de Bastia; 829 hab.

SAN-MICHELI, architecte et ingénieur, émule de Bramante et de San-Gallo, né à Vérone en 1484, m. en 1549, embellit et fortifia Venise, ainsi que Parme, Plaisance et Vérone, bâtit plusieurs palais à Venise et à Vérone, éleva les magnifiques tombeaux du Bembo et de Contarini à Padoue, et inventa en 1527 les bastions pentagones, adoptés après lui par tous les ingénieurs et perfectionnés par Vauban.

SAN-MIGUEL, v. de l'Amérique centrale, dans l'État de San-Salvador, ch.-l. de dép., à 144 kil. E. de San-Salvador et à 35 O. du golfe de Fonseca, dans le Grand-Océan; 6000 h. Climat malsain. Fondée en 1530.

SAN-MIGUEL, une des Açores. V. SAINT-MICHEL.

SAN-MIGUEL-DE-IBARRA. V. IBARRA.

SAN-MIGUEL-DE-TUCUMAN. V. TUCUMAN.

SAN-MINIATO, v. de Toscane, à 30 kil. O. S. O. de Florence; 2500 hab. Évêché, lycée. Berceau des Borromées et de la famille Bonaparte.

SANNAZAR (Jacq.), poëte, né à Naples en 1458, mort en 1530, fut protégé par les princes aragonais. Après la chute de Frédéric d'Aragon, il accompagna ce prince en France et résista aux avances de Gonsalve de Cordoue, général de Ferdinand le Catholique, qui voulait l'attirer dans son parti. On a de lui des poésies latines fort estimées, qui l'ont fait surnommer le Virgile chrétien : De partu Virginis, en 3 chants ; Lamentatio de morte Christi ; 5 églogues marines ou piscatoresques, et des Œuvres italiennes (l’Arcadia, roman mêlé de prose et de vers, 1504; des sonnets, des canzoni, 1530, des Lettres, etc.), qui ont été réunies à Padoue, 1723. Il publia la plus grande partie de ses œuvres sous le nom d’Actius Sincerus, nom qu'il portait comme membre de l'Académie de Pontanus. Le De partu Virginis a été traduit en prose par Colletet, 1646, et en vers par Valory, 1838. On reproche à Sannazar d'avoir, dans ses poésies chrétiennes, sans cesse mélangé le sacré et le profane.

SAN-NICOLAO, ch.-l. de cant. (Corse), à 36 k. S. de Bastia; 631 hab. Vins, châtaignes. SAN-NICOLO, Tenos, ch.-l. de l'île de Tine, sur la côte O.; 4000 hab. Évêché. Belles ruines.

SANNIO (Prov. de) ou Comté de Molise, l'anc. Samnium, division de l'anc. roy. de Naples, entre l'Abruzze-Citérieure au N., l'Abruzze-Ult. IIe et la Terre de Labour à l'O., la Principauté Ult. au S., la Capitanate au S. E. et l'Adriatique au N. E. : 7110 kil. carrés; 380 000 h.; ch.-l. Campo-Basso. Cette prov. renferme au N. et à l'O. les plus hautes montagnes de l'Apennin. Sol fertile en grains, vins, fruits. Élève de bétail et d'abeilles; exploitation de pierres, marbre, soufre. — Le Sannio reçut le nom de comté de Molise quand le duc de Bénévent, Grimoald, investit le chef bulgare Alzech, un des cinq fils d'Asparouch, des villes de Molise, d'Isernia, Bojano, etc. En 1229, Frédéric II conféra ce comté aux deux frères Godefroi et Conrad de Hohenlohe.

SAN-PAOLO DE LOANDA, v. de la Guinée mérid., vis-à-vis d'une île de même nom, par 12° 2' long. E., 8° 55' lat. S.; 7000 hab. Ch.-l. des établissements portugais sur la côte occid. d'Afrique. Évêché. Deux forts : c'est un lieu d'exil. Assez grand commerce (surtout avec Bahia et Rio-Janeiro).

Pour les autres villes de ce nom, V. ST-PAUL.

SAN-PEDRO, v. et port du Brésil, dans la prov. de même nom, sur le Rio-Grande-do-Sul, à 225 k. S. de Portalègre ; 6000 hab. Climat fort chaud. Cette ville fut le ch.-l. de la prov. jusqu'en 1763. — La prov. de San-Pedro, la plus mérid. du Brésil, est entre celles de St-Paul au N., de Ste-Catherine au N. E., l'Atlantique à l'E. et au S., l'Uruguay au S. O. et l'Entrerios à l'O. : 720 kil. sur 400; env. 280 000 h.; ch.-l., Portalègre. Mines d'or et d'argent, houille, soufre.

SAN-PIETRO, Accipitrum insula, île de la Méditerranée, sur la côte S. O. de la Sardaigne; 11 k. sur 1 ; 3000 hab. ; ch.-l., Carloforte. Corail, sardines.

SAN-PIETRO-IN-CALATINA, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre d'Otrante), à 26 kil. N. O. d'Otrante; 8000 h. Érigée en duché par Ferdinand d'Aragon en faveur de Scanderbeg.

SAN-REMO, Fanum S. Remuli, v. forte de l'Italie sept., sur le golfe de Gènes, à 22 k. S. O. d'Oneille; 8000h. Vermicelle, citrons, oranges, huiles, palmiers nains. Bombardée par les Anglais en 1745.

SANSAC (L. PRÉVÔT de), vaillant capitaine, né à Cognac en 1486, m. en 1566, commanda un corps de 16 000 hommes dans le Milanais, se couvrit de gloire dans les campagnes de 1524 à 1525, fut pris à Pavie, mais parvint a s'échapper, devint gouverneur des enfants de France sous François I et sous Henri II, défendit vaillamment la Mirandole, 1554, et fut blessé pour la 1re fois à la bataille de Dreux, en 1562.

SAN-SALVADOR, v. de l'Amérique centrale, capit. de l’État de son nom, sur le Jiquilisco, au pied d'un volcan, à 230 kil. S. E. de Guatemala; 40 000 hab. Évêché. Belle ville, fort commerçante et assez industrieuse. Dépôt de tout l'indigo et de tout le tabac du pays. Alvarado fonda cette ville en 1528. Elle fut ruinée en 1854 par un tremblement de terre. — L'État de San-S., borné au N. par le Grand-Océan, au N. O. par le Guatemala, a 18 750 k. carr. et 400 000 h. Annexé d'abord au Guatemala, il est indépendant depuis 1837. Il forme 8 dép. : San-Miguel, San-Vincente, La Paz, Cuscatlan , San-Salvador, Sansonate, Sta-Anna, Chalantenago. et compte environ 600 000 hab. Climat très-chaud, sol très-fertile (en indigo surtout); mines d'argent, de fer et de plomb. Fréquents tremblements de terre.

SAN-SALVADOR, le Cat-Island des Anglais, le Guanahani des anciens indigènes, une des Lucayes, par 78° long. O., 24° 20' lat. N., est la 1re terre où Colomb aborda en Amérique (1792) : d'où son nom.

SAN-SALVADOR, v. d'Afrique, capit. du Congo, près du Lelunde (affluent du Zaïre), à 508 kil. N. E. de Loando, par 13° 30 long. E., 5° 2' lat. S.; 25 000 h. Évêché portugais. Sauf le palais du roi, cette ville ne renferme que des chaumières rondes. Habitée en partie par des Portugais.

SAN-SALVADOR, v. du Brésil. V. BAHIA.

SANSANDING, v. de Nigritie, dans le Bambarra, sur la r. g. du Niger, à 45 kil. N. E. de Ségo; env. 12 000 h. Poudre d'or, toiles de coton.

SANSCRIT (c.-à-d. perfectionné), langue sacrée de l'Hindoustan septentrional, est auj. une langue morte. Elle est remarquable par sa flexibilité, son harmonie, son abondance, et par la perfection de son système grammatical (d'où son nom). Elle offre de singulières analogies avec les idiomes des peuples indo-européens (zend, parsi, slavon, latin et grec, gothique, tudesque, islandais), qui paraissent en dériver. On oppose au sanscrit le pracrit, qui en est une corruption ; c'est la langue vulgaire. Plus facile que le sanscrit, le pracrit détrôna peu à peu la langue savante : c'est probablement du IIIe au VIe s. de notre ère que le sanscrit cessa d'être langue usuelle. C'est dans cette langue qu'ont été écrits les Védas, les Pouranas, les lois de Manou, le Ramayana, le Mahabharata, les sankhyas. Longtemps on ignora en Europe jusqu'au nom du sanscrit : ce furent les Anglais, notamment W. Jones, qui, à la fin du XVIIIe s., firent connaître l'importance de cette langue, auj. cultivée chez toutes les nations savantes.

SANS-CULOTTES, nom donné par mépris, dans le commencement de la Révolution, aux meneurs de la populace, à cause de la négligence qu'ils affectaient dans leur costume. Les démagogues prirent ensuite hautement ce nom eux-mêmes. Les Sans-culottes portaient une carmagnole, des sabots et un bonnet rouge. — Le parti montagnard fit appeler sans-culotides les fêtes qui se célébraient pendant les cinq jours complémentaires de l'année républicaine.

SAN-SEVERINO, v. d'Italie (Ancône), à 40 k. S. O. d'Ancône; 2000 h. Évêché, plusieurs couvents.

SAN-SEVERINO (Robert de), comte de Cajazzo, fut successivement général au service de Milan, de Gênes, du pape, de Venise. A la tête des troupes génoises, il remporta sur Sforzino (fils naturel de Fr. Sforce) la bataille de Due Gemelle (1478). Mort en 1487. — Son fils, Galéas de San-S., général des troupes de Ludovic-le-More, bloqua le duc d'Orléans dans Novare (1496), après la bataille de Fornoue, mais ne put s'emparer de sa personne. Lors de l'expédition de Louis XII en Italie, il trahit son maître, après avoir fait une vaine apparence de défense.

SAN-SEVERINO (Antonello de), comte de Marsico, prince de Salerne et grand amiral, fut le chef de la confédération des barons de Naples contre Ferdinand I (1485). Après le triomphe du roi, il s'enfuit et excita Charles VIII à envahir le royaume de Naples. — Ferrante de San-S., prince de Salerne (1507-68), né à Naples, se distingua au service de Charles-Quint en Allemagne, en Flandre, en Afrique, et commanda l'infanterie italienne à Cérisoles ; mais, à la suite des démêlés avec le vice-roi de Naples, don Pèdre de Tolède, il se retira à Venise, puis en France, auprès de Henri II, et obtint de ce prince qu'il équipât une flotte qui devait attaquer Naples de concert avec les Turcs. Ce projet n'ayant pu s'exécuter, il alla en Toscane ourdir un complot dans le but d'expulser les Espagnols de sa patrie; mais il ne réussit pas mieux dans cette nouvelle tentative et revint en France.

SAN-SEVERO, v. d'Italie dans l'anc. roy. de Naples (Capitanate), à 27 kil. N. O. de Foggia; 19 000 h. Évêché. — Bâtie au moyen âge et détruite par Frédéric II. Robert Guiscard défit et prit aux environs de cette ville le pape Léon IX (1053).

SAN-SEVERO (Raimond DE SANGRO, prince de), savant napolitain, né en 1710, m. en 1771, suivit d'abord la carrière militaire et se distingua à Velletri (1744), mais quitta de bonne heure les armes pour les sciences, qu'il cultiva jusqu'à sa mort. On lui doit une foule de découvertes et d'inventions utiles ou curieuses dans l'art de la guerre, dans la mécanique, la teinture, la peinture, etc. Il imagina une nouvelle tactique pour l'infanterie, qui fut adoptée par le maréchal de Saxe et le grand Frédéric, et dont la description a été publié en 1760; il fabriqua des canons et des fusils d'une étonnante légèreté, fit marcher sur mer une voiture à 4 roues, trouva une lampe perpétuelle, perfectionna l'imprimerie, l'impression sur étoffes, etc.

SANSON (Nicolas), géographe, né en 1600 à Abbeville, m. en 1667, doit être réputé le père de là géographie et de la cartographie en France. Il enseigna la géographie au jeune roi Louis XIII et fut nommé par lui ingénieur militaire pour la Picardie, puis géographe ordinaire du roi et conseiller d'État. On a de lui plusieurs morceaux sur la géographie ancienne et moderne, et un grand nombre de cartes (Empire romain, Grèce ancienne, Gaule ancienne, Géographie sacrée, l’Angleterre, l’Allemagne, etc.). Bien que supérieures à celles d'Ortelius et de Mercator, ses cartes laissent encore à désirer, surtout sous le rapport des dimensions : il y suit aveuglément les longitudes de Ptolémée, donnant ainsi, par exemple, 300 lieues de trop en longitude à la Méditerranée. — Ses fils, Adrien et Guillaume, marchèrent sur ses traces; ils héritèrent du titre de géographe du roi, et le transmirent à leur petit-neveu Robert de Vaugondy.

SANS-SOUCI, château royal de Prusse, dans le Brandebourg, à 2 kil. N. O. de Potsdam, sur une hauteur d'où l'on jouit d'une belle vue, possède un vaste parc et une riche galerie de tableaux. Il fut construit en 1745 par Frédéric II, qui, dans ses écrits, prenait souvent le nom de philosophe de Sans-Souci. On connaît l'histoire du Meunier de Sans-Souci qui refusa de céder son moulin au roi et dont le moulin resta enclavé dans le parc du château.

SANSOVINO (Jacq. TATTI, dit), sculpteur et architecte, né à Florence en 1479, m. en 1570, n'a guère été surpassé dans la sculpture que par Michel-Ange. On a de lui en ce genre à Venise les 4 Évangélistes, le Tombeau de l'archevêque de Chypre, les statues colossales de Mars et de Neptune, les portes de bronze de la sacristie de St-Marc, et, à Rome, dans l'église St-Augustin, un groupe représentant Ste Anne, la Vierge et l'enfant Jésus. Comme architecte, il éleva à Venise la Monnaie, la bibliothèque St-Marc, les palais Cornaro et Delfino. Ses constructions unissent à la fécondité la correction, la noblesse et la grâce du style.

SANTA-AGATA, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre-de-Labour), à 2 k. S. de Sessa. Ruines de Minturnes; restes magnifiques d'amphithéâtre. — Autre v. de la Terre-de-Labour, à 21 k. E. de Capoue (cathédrale, abbaye) ; on nomme celle-ci Sta-Agata de' Goti.

SANTA-CATARINA (Brésil). V. CATHERINE (Ste).

SANTA-CRUZ, c.-à-d. Sainte-Croix, v. et port de l'île de Ténériffe, sur la côte E., par 18° 33' long. O., 28° 28' lat. N.; 9000 hab. Résidence du gouverneur général des Canaries. Belle ville, 2 châteaux forts, plusieurs batteries, quelques monuments. Grand commerce de vin des Canaries.

SANTA-CRUZ (ÎLES) ou DE LA REINE CHARLOTTE, archipel du Grand-Océan Équinoxial, entre 8° 30'-12° 15'lat. S. et 163° 20'-167° 40' long. E., se compose d'un grand nombre d'îles, dont les principales sont : Sta-Cruz ou Egmont, Vanikoro, Swalow, Duff, Ourry, Cherry, Mytre et Brawell. — Découvertes en 1595 par Mendana; revues en 1767 par l'Anglais Carteret, qui, ignorant la découverte déjà faite par Mendana, leur donna le nom d'îles de la Reine Charlotte.

SANTA-CRUZ-DE-LA-SIERRA, dép. de la Bolivie, entre ceux de la Paz au N. O., de Cochabamba au S. O., de Chuquisaca au S., le pays de Chiquitos au S. E., et celui des Moxos à l'E. et au N.; env. 70 000 h. ; ch.-l., Santa-Cruz. Mont. et forêts nombreuses; climat chaud et humide, beaucoup de riv. (Guapey, Mamorè, Parapiti, Sara); habitants : indigènes sauvages. Productions : riz, maïs, sucre, bois de construction, gibier, abeilles, etc. — La ville de Santa-Cruz-de-la-Sierra, dite aussi San-Lorenzo-de-la-Frontera, est sur le Guapey, à 450 kil. E. de la Paz; 10 000 hab. Évêché. Fondée en 1560 par Chaves.

SANTA-CRUZ (Alvarez de BASSANO, marquis de), amiral espagnol sous Charles-Quint, prit Oran sur les Barbaresques, enleva Tunis à Barberousse, 1535, et s'empara de Penon-de-Velez, 1564, combattit à Lépante, remporta en 1582 une victoire navale près de St-Michel, une des Açores, sur Strozzi, qui commandait la flotte française destinée à soutenir les droits du prieur de Crato, et anéantit ainsi le parti de ce prétendant; mais ternit sa gloire en traitant comme pirates tous ceux qui tombèrent en son pouvoir. Il mourut en 1587, au moment de prendre le commandement de la célèbre Armada.

SANTA-CRUZ-DE-MARZENADO (don Alvar, marquis de), d'une illustre maison des Asturies, né vers 1687, soutint bravement la cause de Philippe V en Espagne et en Sicile, fut ambassadeur à Turin, puis en France, fut envoyé en Afrique comme gouverneur de la ville d'Oran, et fut tué dans une sortie par les Arabes (1732). Il a laissé des Réflexions militaires, ouvrage estimé, trad. en franç. par Vergy, 1735.

SANTA-FÉ, v. des États-Unis (Nouv.-Mexique), par 107° 13' long. O., 36° 12' lat. N.; 8000 h. Aspect misérable. Entrepôt de toute la province. Aux env., mines d'or et d'argent. Cette ville fut prise par les États-Unis en 1846.

SANTA-FÉ, v. de la Plata, ch.-l. de l'État de Sta-Fé, au confluent du Parana et du Rio-Salado; 6000 h. Fondée en 1573 par Garay, elle fut longtemps la capit. de l'Entrerios. — L'État de Santa-Fé, entre ceux d'Entrerios (dont le sépare le Parana) à l'E., de Buénos-Ayres au S. E., de San-Luis au S. O., de Cordova au N., compte env. 60 000 hab.

SANTA-FÉ D'ANTIOQUIA, — DE BOGOTA, — DE GUANAXATO, etc. V. ANTIOQUIA, BOGOTA, etc.

SANTA-LUCIA, ch.-l. de cant. (Corse), à 19 kil. N. E. de Sartène; 930 h. Eaux sulfureuses.

SANTA-MARIA, une des Açores, au S. de l'île St-Michel : 20 k. sur 12; 5000 h.; ch.-l., Sta-Maria.

SANTA-MARIA-DE-BETHANCURIA, ch.-l. de l'île de Fortaventura ; 650 hab. Ainsi nommée en l'honneur de Béthencourt, qui le 1er occupa les Canaries.

SANTA-MARIA-DI-CAPUA, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre de Labour), à 4 kil. S. E. de Capoue et à 7 k. O. N. O. de Caserti; 9000 h. Palais de l'archevêque de Capoue. Cour criminelle et trib. civil.

SANTA-MARIA-DI-LEUCA, en lat. Leuca, v. d'Italie (Terre d'Otrante), à 16 kil. S. d'Alessano,. sur le cap de Santa-Maria-di-Leuca, qui forme l'extrémité S. de l'Italie; 3000 hab. Palais de l'évêque d'Alessano.

SANTA-MARIA-SICHÉ, ch.-l. de cant. (Corse), dans l'arr. d'Ajaccio ; 574 h.

SANTA-MARTA, v. de la Nouv.-Grenade (Magdalena), ch.-l. de la prov. de Sta-Marta, par 76° 29' long. O, 11° 19' lat. N. ; 6000 h. Évêché. Port franc; trois forts. — Fondée en 1554, brûlée en 1596 par Drake ; dévastée pendant la guerre de l'Indépendance, et presque détruite par un tremblement de terre en 1834. — La prov., sur la mer des Antilles, entre le dép. de Zulia (au Vénézuela) à l'E. et la prov. de Carthagène à l'O., a 500 kil. sur 100, et 65 000 hab.

SANTANDER, c.-à-d. St-André, Portus Blendium, v. forte et port d'Espagne (Vieille-Castille), ch.-l. de l'intendance de Santander, à 400 kil. N. de Madrid , sur le golfe de Biscaye; 20 000 hab. Évêché. Port militaire et de commerce; 2 châteaux forts; école de navigation. Fonderie royale d'ancres, canons, bombes, etc. Manuf. de tabacs, raffineries de sucre; fabriques de chapeaux, papier, toile à voile, liqueurs. Commerce actif, mais déchu depuis la déclaration d'indépendance de l'Amérique méridionale. Cabotage (avec Bilbao, Bayonne, etc.). Aux env., mines de fer. Les Français prirent cette ville en 1808. — L'intend. de S. a pour bornes le golfe de Biscaye au N., les Asturies à l'O., la Biscaye à l'E., les intend. de Burgos et de Palencia au S.; 5000 kil. carrés 200 000 hab.; elle comprend une partie des Asturies de Santillane. Sol peu fertile; pêche abondante.

SANTANDER, État de la Nouv.-Grenade, renferme 5 000 000 d'hect., avec une popul. d'env. 460 000 h., et a pour ch.-l. Pamplona. Il tire son nom du général Santander, qui fut président en 1832.

SANTANDER (Ch. Ant. DE LA SERNA), savant espagnol, correspondant de l'Institut, né en 1752 à Colindres (Biscaye), m. en 1813, fut longtemps conservateur de la bibliothèque de Bruxelles, dont il fit une des plus importantes de l'Europe. Il a publié le Catalogue de la bibliothèque de dom Simon de Santander (son oncle), avec de précieuses notes bibliographiques et littéraires, Bruxelles, 1792 et 1803; et un Dictionnaire bibliographique du XVe s., 1805-7.

SANTAREM, c.-à-d. Ste-Irène, jadis Scalabis, puis Præsidium Julium, v. de Portugal (Estramadure), à 100 kil. N. E. de Lisbonne, sur une éminence près de la r. dr. du Tage; 8000 h. Séminaire, école de théologie. Vue magnifique qui s'étend jusqu'à Lisbonne. Anc. château dit l’Alcazaba. — Cette ville était florissante sous les Romains. Après diverses vicissitudes, elle fut enlevée aux Maures par Alphonse I en 1147; Alphonse III l'agrandit en 1254, et depuis, les rois de Portugal y rirent leur résidence jusqu'à Jean I.

SANTAREM (Emmanuel de BARROS Y SOUZA, vicomte de), né à Lisbonne en 1790, m. à Paris en 1856, prit parti en 1828 pour don Miguel contre dona Maria, fille de don Pedro, fut ministre des affaires étrangères sous la règne éphémère de ce prince, quitta le Portugal avec lui en 1834, vint se fixer à Paris, où il s'occupa d'histoire et de géographie, et y publia, entre autres savants écrits : Relations du Portugal avec les différentes puissances du monde (en portugais), 1836; Recherches sur la découverte des pays situés sur la côte occidentale d'Afrique au delà du cap Bojador, 1842, avec un Atlas de mappemondes et de cartes hydrographiques et historiques depuis le XIe s. jusqu'au XVIIe, ouvrage tiré des archives de Portugal. L'auteur, égaré par l'esprit de patriotisme, y exagère souvent l'importance des découvertes de ses compatriotes. Membre de la Société de géographie de Paris, Santarem a publié dans le Bulletin de cette société de précieux mémoires, relatifs pour la plupart aux navigateurs portugais.

SANTA-ROSA (SANTORRE, comte de), patriote sarde, né à Savigliano en 1783, fut un des chefs de l'insurrection populaire de 1821, et devint ministre de la guerre quand Victor-Emmanuel eut abdiqué. Il montra du talent et de l'énergie ; mais, mal secondé par les siens et pressé par les troupes Autrichiennes, il fut obligé de fuir, se réfugia en France, où il ne trouva que persécutions, et finit par aller combattre en Grèce. Il périt en 1825 dans l'île de Sphactérie, les armes à la main. Il avait publié à Paris en 1821 : De la révolution piémontaise.

SANTA-SEVERINA, Siberena, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Calabre Ult. 2e), à 41 kil. N. E. de Catanzaro ; 1000 hab. Archevêché. Ville d'origine énotrienne suivant les uns, grecque selon les autres. Titre de duché au moyen âge. Elle fut détruite en grande partie par le tremblement de terre de 1783.

SANTEN, ville des États prussiens. V. XANTEN.

SANTENAY, village de la Côte-d'Or, à 15 k. S. E. de Beaune; 1600 h. Vins rouges estimés; bourgogne mousseux; tonnellerie. Aux environs, eaux salines froides.

SANTERRE, Sancteriensis pagus, petit pays de l'anc. Picardie, se divisait en Haut et Bas-S., et comprenait, dans le Ht-Santerre, Péronne (ch.-l. général), Bray et Chaulnes; dans le Bas, Montdidier et Roye. Ce pays forme auj. la partie S. E. du dép. de la Somme et quelques fractions de celui de l'Oise.

SANTERRE (J. B.), peintre d'histoire, né à Magny en 1651, m. en 1717, était élève de Bon Boullongne, mais prit surtout la nature pour guide. On estime son tableau de Susanne, qui lui ouvrit les portes de l'Académie (1704), et ceux d’Adam et Ève, de la Madeleine, de Ste Thérèse en extase. Bon coloriste, dessinateur correct, il excelle dans les études de femmes.

SANTERRE (Claude), démagogue, né à Paris en 1743, m. en 1808, était un riche brasseur du faubourg St-Antoine. Il fut un des principaux instigateurs de l'émeute du Champ de Mars, de celles du 20 juin et du 10 août 1792, auxquelles il conduisit le peuple du faubourg St-Antoine, et fut, après l'assassinat de Mandat, nommé par la Commune général de la garde nationale parisienne, puis commandant de la prison du Temple pendant que Louis XVI et sa famille y étaient renfermés. Lorsque Louis XVI, sur l'échafaud, voulut parler au peuple, il fit couvrir sa voix par un roulement de tambours. Nommé général en Vendée, il ne montra que de l'incapacité, et fut honteusement battu à Coron, près de Chollet. Arrêté à son retour, il ne dut son salut qu'au 9 thermidor. Partisan du Directoire, il tenta vainement de s'opposer au 18 brumaire. Depuis, il n'a plus joué aucun rôle. Son fils a écrit sa Vie et défendu sa mémoire.

SANTERRE (LOURDET de), auteur. V. LOURDET.

SANTEUIL ou SANTEUL (J. B.), Santolius, poëte latin moderne, né à Paris en 1630, mort en 1697, était chanoine de St-Victor. Il s'acquit autant de célébrité par sa gaieté et ses bizarreries que par son talent poétique. Son latin, plein de verve, n'a cependant pas la couleur, la physionomie antiques. Santeuil s'était d'abord exercé dans la poésie profane, mais, à la sollicitation de Bossuet, il se consacra tout entier aux sujets religieux. Lié avec les Jansénistes, il se fit des affaires avec les Jésuites pour une épitaphe laudative d'Arnauld. On a prétendu à tort qu'il fut empoisonné par du tabac d'Espagne qu'on avait mêlé à son vin dans un repas pour animer sa verve; La Monnoye assure qu'il fut tué par l'émétique. Ses poésies consistent en hymnes, inscriptions, épigraphes (dont plusieurs pour les fontaines de Paris), etc. Ses Œuvres profanes forment 3 vol. in-12, Paris, 1729, édition Barbou; ses hymnes remplissent un 4e volume. Les Hymnes ont été trad. en vers franç. par l'abbé Saurin, 1842. On a publié sous le titre de Santoliana un recueil de bous mots de Santeuil.

SAN-THOMÉ ou MELIAPOUR, v. de l'Inde anglaise (Madras), à 9 kil. S. de Madras. Évêché catholique. Elle appartint aux Portugais de 1545 à 1672 et fut le ch.-l. de leurs établissements sur la côte de Coromandel; puis passa aux Français (1672), aux Hollandais (1674), enfin aux Anglais (1749). — V. THOMAS (S.).

SAN-THOMÉ, île de l'Afrique portugaise, dans le golfe de Guinée, 1200 kil. N. O. du cap Lopez, par 0° 25' lat. N., 4° 24' long. E.: 20 000 hab.; ch.-l., San-Thomé, qui a environ 2000 hab. (résidence d'un évêque). Pic Ste-Anne (2400m). Climat chaud et malsain, mais sol fertile. — Cette île fut découverte en 1471 par Vasconcellos le jour de la St-Thomas.

SANTIAGO ou ST-JACQUES-DE-COMPOSTELLE, Campus Stellæ au moyen âge, v. d'Espagne (Galice), anc. capit. de la Galice, dans l'intend. de la Corogne, sur le Sar, au pied du mont Pedroso, à 40 k. S. de la Corogne et à 508 N. O. de Madrid; 29 000 h. Archevêché (très-riche jadis), université, anc. ch.-l. de l'ordre de St-Jacques. Belle cathédrale, composée de 2 églises bâties l'une sur l'autre et qui renferme le tombeau de S. Jacques le Majeur, avec un riche Trésor. Fabriques de dentelles, tanneries; commerce d'images saintes et de chapelets. — L'archevêché, qui était d'abord à Iriense, fut transféré en ce lieu vers 840, sous Alphonse II, lorsqu'on y transporta le corps de S. Jacques, patron de l'Espagne (trouvé en 808 par l'évêque Théodomir). Son nom latin de Campusstellæ lui vient d'une étoile miraculeuse qui, selon la légende, indiqua le tombeau de l'apôtre. On conte que peu après (sous Ramire I), à la bataille de Logrono, S. Jacques lui-même, monté sur un cheval blanc, décida la victoire qui fut remportée sur les Arabes d'Abderrahman II. Quoi qu'il en soit, la ville devint bientôt un lieu de pèlerinage des plus célèbres. Les Maures prirent et saccagèrent Santiago en 997, mais sans la garder. Charles-Quint y assembla les Cortès en 1520. Les Français l'occupèrent de 1809 à 1814.

SANTIAGO, capit. du Chili, sur la Maypocha, à 2800 k. S. de Lima, par 72° 8' long. O., 33° 16' lat. S. ; 80 000 h. Siége du gouvernement, ch.-l. du dép. de son nom; évêché, université, lycées, bibliothèque, monnaie, banque; consulats. Chem. de fer. Située sur un plateau élevé, la ville offre un climat sain et délicieux. Elle est belle et régulière, mais inachevée : très-belle place au centre, église St-Dominique remarquable, belle promenade de l’Alameda, beau pont, monnaie, palais du gouverneur; chemin de fer. Poterie, ébénisterie, sellerie. Santiago est l'entrepôt de tout le commerce du Chili. Tremblements de terre fréquents : ceux de 1822 et 1829 surtout ont fait le plus grand mal. La ville fut fondée en 1541 par Pedro de Valdivia. — Le dép. de Santiago a pour bornes celui d'Aconcagua au N., les Andes à l'E., et pour villes principales (outre Santiago) Valparaiso, Sta-Cruz, Roncagua, Tiltil; env. 280 000 hab.

SANTIAGO (île), la plus grande des îles du cap Vert (55 k. sur 22); 20 000 h. ; ch.-l., Villa-da-Praya.

SANTIAGO-DE-ALANHI, v. de la Nouvelle-Grenade (Isthme), ch.-l. de la prov. de Veragua; 5000 h.

SANTIAGO-DE-CUBA, ch. du dép. oriental de Cuba, à l'embouch. du Santiago, à 800 k. S. E. de la Havane ; 30 000 h. Archevêché. Port excellent, défendu par le château fort del Morro. L'air y est malsain et l'on y manque d'eau. — Cette ville, fondée en 1514 par Diego Velasquez, a été jusqu'à 1589 la capit. de l'île de Cuba. Dévastée par un tremblement de terre en 1852.

SANTIAGO-DE-HAÏTI, ou S. de los Caballeros, v. d'Haïti, ch.-l. du dép. du Nord-Est, à 170 kil. N. O. de St-Domingue, a un petit port à 24 kil. de là; 10 000 h.

SANTIAGO-DEL-ESTERO, v. de la Plata, anc. ch.-l. de l’État.de son nom, sur le Rio Dulce, à 880 k. N. O. de Buénos-Ayres; env. 3000 h. Fondée en 1562. — L’État de Santiago est situé entre ceux de Tucuman au N., de Catamarca à l'O., de Cordova au S.

SANTIAGO-DE-LA-VÉGA. V. SPANISH-TOWN.

SANTIAGO-DE-LOS-CABALLEROS. V. GUATEMALA (VIEILLE) et SANTIAGO-DE-HAÏTI.

SANTILLANE, Concana, v. de la Vieille-Castille (Santander), sur quatre petits ruisseaux : 2300 hab. Ancien château. Patrie de l'architecte J. de Herrera, qui termina l'Escurial. — Jadis capit. de la partie orientale des Asturies, qui prenait de là le nom d’Asturie de Santillane, par opposition à l’Ast. d'Oviedo.

SANTILLANE (Don Inigo Lopez de MENDOZA, marquis de), un des premiers seigneurs et des plus grands poëtes de la cour du roi de Castille Jean II, né à Carrion de los Condes en 1398, m. à Guadalaxara en 1458, était fils d'un grand amiral de Castille. Disciple et ami du marquis de Villena, il acquit lui-même en Europe la réputation de chevalier accompli. On a de lui : le Centiloquio, recueil de cent maximes de morale et de politique, qu'il composa pour l'instruction du prince royal (depuis Henri IV de Castille) ; le Proemio, notice curieuse sur l'origine de la poésie et sur les anciens poëtes ; la Comediata de Ponza, essai de drame, où il décrit la bataille que le roi d'Aragon Alphonse V livra aux Génois en 1435; le Manuel des favoris, poëme sur la mort du connétable Alvaro de Luna. Ses poésies, d'un style élégant, sont gâtées par l'affectation de l'érudition.

SANTO-ANTONIO-DE-TIJUCO, v. du Brésil (Minas-Geraës), dans les monts Espinhaço et le district Diamantin, à 550 kil. N. de Rio-de-Janeiro; 6000 h.

SANTO-DOMINGO, v. de l'île de Haïti, capit. de la partie espagnole, sur la côte S. E., à 320 kil. E. du Port-au-Prince, à l'embouchure de l'Ozama; 7000 h. Jolie ville ; belle cathédrale gothique. Commerce peu important. — Fondée sur la rive gauche de l'Ozama par Barth. Colomb en 1496, sous le nom de Nouv.-Isabelle, elle fut presque détruite par un ouragan en 1504, et rebâtie sur la rive droite dans le lieu qu'elle occupe à présent : elle fut alors appelée Sto-Domingo du prénom du père de Colomb, qui avait S. Dominique pour patron. Elle fut surtout florissante au XVIe s. Fr. Drake la prit en 1586, et les Français en 1795. Après avoir fait partie de la rép. d'Haïti, elle s'est constituée (1843) en république indépendante. V. HAÏTI.

SANTO-ESPIRITO (Brésil). V. ESPIRITO-SANTO.

SANTONA, v. forte et port d'Espagne (Vieille Castille), à 26 kil. E. de Santander, sur une presqu'île, dans une baie du golfe de Biscaye; 1200 hab. Prise par les Français en 1809 et 1823.

SANTONES, peuple de Gaule, au S. des Pictones, avait pour ch.-l. Santones, d'abord Mediolanum (auj. Saintes), et pour autres villes principales Santonum portus (la Rochelle) et Inculisma (Angoulême). Ce peuple, qui faisait d'abord partie de la Celtique, en fut séparé par Auguste pour être joint à l'Aquitaine. Il occupait la Saintonge, l’Angoumois et l’Aunis.

SANTONS, espèce de moines musulmans, analogues aux Calenders, mènent une vie vagabonde; ils simulent la folie (parce qu'elle passe pour inspiration chez les Musulmans), querellent ceux qu'ils rencontrent, ou demandent l'aumône tout armés, et souvent même détroussent les voyageurs.

SANTO-PIETRO, ch.-l. de c. (Corse), dans l'arrond. de Bastia; 1547 hab.

SANTORIN (île), l'anc. Thera, île de Grèce (Cyclades), au S. de celle d'Ios, par 23° 8'long. E., 36° 22' lat. N., a 15 kil. sur 7 et env. 13 000 h. Terrain de formation volcanique : la côte occid., en forme de croissant, est une portion de la circonférence d'un ancien cratère. Vins estimés, grains, coton, etc. — Devenue chrétienne à la fin du IIIe s., l'île de Théra (V. ce nom) prit le nom de Ste Irène, qui y fut martyrisée en 304 : c'est ce nom qui, en se corrompant, a formé Santorin. Après la 4e croisade, elle fit partie du duché de Maxos. Elle fut conquise par les Turcs en 1537, et prit part à l'insurrection grecque. Elle fait auj. partie, dans le royaume de Grèce, du nome des Cyclades : elle forme, avec Nio, Amorgos et Anaphé une éparchie ou diocèse, dont Phira, la ville principale de l'île, est le chef-lieu.

SANTOS, v. et port du Brésil (St-Paul), dans l'île St-Vincent, côte N., à 50 kil. S. E. de St-Paul, 7000 h. Bon port; riz et café renommé. — Fondée en 1545.

SANTO-THOMAS, port de Guatemala, au fond de la baie de Honduras, donne son nom à un établissement belge fondé en 1843, entre les fleuves Potochic au N. et Montagna au S.

SANUDO (Marc), général vénitien, né en 1153, m. en 1220, fit partie de la 4e croisade, aida les Francs à renverser l'empire de Constantinople et à fonder l'empire latin, s'empara, pour les Vénitiens, des Sporades et des Cyclades, notamment de Naxos (1207), fut créé duc de l'Archipel par l'emp. latin Henri, et transmit ce titre à ses descendants. Favorisé par les Génois, il se rendit indépendant, enleva Candie à ses compatriotes, et se fit proclamer roi de cette île, mais il la perdit bientôt. Néanmoins, il conserva Naxos et s'y maintint jusqu'à sa mort. Ses successeurs portèrent le titre de ducs de l'Archipel jusqu'à. Jean Sanudo, 6e duc, qui, à la fin du XIVe s., donna la main de sa fille et la souveraineté de Naxos au prince de Négrepont.

SANUTO (Marino), dit l’Ancien ou Torsello, noble Vénitien, fit cinq voyages en Palestine, s'efforça, mais sans succès de susciter une croisade, convoitant l’Égypte pour Venise, et composa dans ce but son Liber secretorum Fidelium crucis super Terræ sanctæ recuperatione (1306), ainsi que des Cartes de la Méditerranée, qu'il présenta en 1321 au pape Jean XXII. Son ouvrage a été publié par J. Bongars, dans les Gesta Dei per Francos, t. II. On doit à M. Postansque une dissertation De Marini Sanuti vita et scriptis, 1855.

SANUTO (Marino), le Jeune, né à Venise en 1466, m. en 1531, était historiographe de la république. Il a laissé, entre autres ouvrages : De adventu Caroli (Charles VIII) in Italiam adversus regnum neapolitanum (resté manuscrit, et dont la Bibliothèque impériale de Paris possède un exemplaire); De origine urbis Venetæ et vita omnium ducum, ouvrage publié par Muratori, Milan, 1733, in-f., et qu'on appelle la Chronique de Sanuto.

SANVIC, bg de la Seine-Inf., attenant au Hâvre et auj. réuni en partie à cette ville; 2529 h. Chaux hydraulique, noir animal, épuration de goudron.

SANZIO (Raphaël), peintre. V. RAPHAËL.

SAÔNE, l’Araris des anciens, Segona ou Saucona au moyen âge, riv. de France, naît à Vioménil (arr. de Mirecourt), dans le S. O. du dép. des Vosges, coule au S., traverse les dép. de Hte-Saône, Côte-d'Or, Saône-et-Loire, sépare ceux du Rhône et de l'Ain, et tombe dans le Rhône, à Lyon, par la r. dr., après un cours de 450 kil. Elle arrose Châtillon-sur-Saône, Port-sur-Saône, Gray, Pontailler, Auxonne, St-Jean-de-Losne, Verdun-sur-Saône, Châlon, Tournus, Mâcon et Trévoux. Ses principaux affluents sont : à droite, l'Armance, le Salon, la Tille, l'Ouche; à gauche, l'Oignon, le Doubs, la Seille, la Reyssouse, la Veyle. Elle reçoit en outre les canaux de Bourgogne, du Centre et du Rhône-au-Rhin. Sujette à des crues désordonnées, cette riv. a causé de fréquentes inondations dont la ville de Lyon a eu surtout à souffrir, notamment en 580, 1570, 1602, 1709, 1840.

SAÔNE (dép de la HAUTE-), entre ceux des Vosges au N., du Doubs et du Jura au S., du Ht-Rhin à l'E., de la Hte-Marne et de la Côte-d'Or à l'O. : 4340 kil. carr. et 317 183 hab.; ch.-l., Vesoul. Il est formé d'une partie de la Franche-Comté. Pays montagneux, couvert au N. et à l'E. par une ramification des Vosges; climat humide, mais sain. Manganèse, plomb argentifère, cuivre pyriteux et argentifère; houille, tourbe; marbre, granit, jaspe, albâtre, plâtre; pierres à aiguiser et meulières; terres alumineuses, vitrioliques et à potier, sable à verre; eaux minérales. Sol fertile (grains, légumes, colza, navette, lin, chanvre, vins ordinaire en abondance). Gros bétail, chevaux, porcs. Grande industrie (hauts fourneaux, forges, tréfileries; quincaillerie, pièces d'horlogerie; tissus de coton; verre, faïence, poterie; moulins à huile, kirsch). Commerce actif. Beaucoup d'antiquités et de médailles. — Ce dép. a 3 arr. (Vesoul, Gray, Lure), 28 cant., 651 communes : il appartient à la 7e division militaire, ressortit à la cour impériale et fait partie de l'archevêché de Besançon.

SAÔNE-ET-LOIRE (dép. de), entre ceux de la Côte-d'Or au N., de la Loire, du Rhône, de l'Ain au S., du Jura à l'E., de l'Allier à l'O. : 8436 kil. carr. ; 582 137 hab. ; ch.-l., Mâcon. Il est formé d'une partie de l'anc. Bourgogne. Mont. du Charolais, nombreux coteaux. Outre la Saône et la Loire, ce dép. est arrosé par plusieurs petites rivières qui se partagent entre la Loire et le Rhône (l'Arroux, la Seille, etc.). Fer, houille, cristal de roche, albâtre, marbre, pierre lithographique, pierre de taille ; eaux minérales. Prairies, forêts; froment, pommes de terre, chanvre, fruits; nombreux vignobles, bons vins. Gros et menu bétail, chevaux, porcs, etc. Forges et usines à fer; tissus de coton, de fil, de laine; horlogerie; eau-de-vie de marc, etc. Commerce actif, surtout en vins de Mâcon. — Ce dép. a 5 arr. (Mâcon, Louhans, Charolles, Châlon, Autun), 48 cantons, 592 communes; il appartient à la 8e div. militaire, dépend de la cour impér. de Dijon et forme l'évêché d'Autun.

SAORGE ou SAORGIO, ch.-l. de c. (Alpes marit.), à 37 kil. N. E. de Nice; 3356 h. Château fort qui commande le col de Tende; pris par Masséna en 1794.

SAOSDUCHÉE. V. NABUCHODONOSOR I.

SAPAUDIA, nom latin de la SAVOIE.

SAPHADIN. V. MÉLIK-EL-ADEL.

SAPHIRA. V. ANANIAS.

SAPHO, Sappho, célèbre femme poëte, né à Mitylène (Lesbos), vers 612 av. J.-C., resta veuve de bonne heure, conspira avec Alcée contre Pittacus, tyran de sa patrie, fut bannie et alla mourir en Sicile. On raconte que, méprisée de Phaon dont elle était éprise, elle mit fin à ses jours en risquant le saut de Leucade : ces faits paraissent appartenir à une autre Sapho, Lesbienne aussi, mais d'Érésos, courtisane fameuse en son temps, et qui vécut plus tard. Les anciens sont unanimes pour admirer la verve et le feu qui brillaient dans les vers de Sapho : on la surnommait la Dixième muse; son nom a été depuis appliqué aux femmes qui se livraient avec le plus de succès à la poésie lyrique. Sapho inventa le vers saphique (un trochée, un spondée, un dactyle et deux trochées : Vidimus flavum Tiberim, retortis). Il ne nous reste de ses poésies que quelques fragments, parmi lesquels on remarque l’Hymne à Vénus, et 4 strophes d'une belle ode à l’Aimée, traduite en latin par Catulle, en français par Boileau et Delille. Le tout a été recueilli par Wolf, Hambourg, 1733, par Vogler, Leips., 1810, et se trouve dans les recueils de Gaisford (1823), de Schneidewin (1839) et de Bergk (1843).

SAPOR ou mieux CHAHPOUR, nom commun à plusieurs rois sassanides de Perse et d'Arménie.

SAPOR I, roi de Perse de 238 à 271, fils d'Artaxerce I et d'une esclave du sang des Arsacides, envahit la Mésopotamie (242), alors au pouvoir des Romains, mais recula devant l'empereur Gordien, qui lui imposa une paix désavantageuse; s'empara de l'Arménie après en avoir tué le roi Chrosroès, reprit les armes contre Rome sous Valérien, pénétra en Syrie, et, s'étant concerté avec le traître Macrien, fit prisonnier l'emp. Valérien (280), qu'il traita avec barbarie (V. VALÉRIEN) ; put alors ravager sans obstacle la Syrie, la Cappadoce, la Cilicie (260); mais fut forcé à la retraite et battu au passage de l'Euphrate par Odénat qui le poursuivit jusqu'à Ctésiphon (261). Il venait de s'allier avec Zénobie contre Aurélien, lorsqu'il mourut, laissant le trône à son fils Hormisdas I. — II, fils posthume d'Hormidas II, fut proclamé roi avant sa naissance (310), marcha à 16 ans contre les Arabes qui infestaient ses États, persécuta les Chrétiens, protégea en Arménie la faction idolâtre qui chassa Chosroès de ce royaume (338), imposa tribut à ce prince, qui avait été rétabli par Constance II, puis fit directement la guerre aux Romains, leur livra neuf batailles, entre autres celle de Singare, où il resta vainqueur (348), tenta en vain de prendre Nisibis (350), mais réussit en 359, après un siége meurtrier, à s'emparer d'Amide, puis fit la guerre à Julien, devenu empereur : après plusieurs revers, il gagna, sur les bords du Tigre, une bataille dans laquelle ce prince fut blessé mortellement (363). Il se fit céder par Jovien, son successeur, les provinces que les Romains possédaient au delà du Tigre, avec la suprématie sur l'Arménie et sur l'Ibérie. Il mourut en 380. — III régna de 384 à 389, après Artaxerce II, et acheta la paix de Théodose le Grand.

SAPOR, roi d'Arménie, fils d'Iezdedjerd I, roi de Perse, fut fait roi d'Arménie à la mort de Chosroès III, en 415. Il tenta en vain de détacher ses sujets du Christianisme et de l'alliance des Romains : une insurrection lui enleva la couronne d'Arménie pendant un voyage qu'il fit à Ctésiphon (420).

SARA, fille de Tharé et nièce d'Abraham, devint sa femme. Abraham, la donnant pour sa sœur, l'emmena en Égypte, où le pharaon Apophis voulut attenter à sa chasteté, puis la conduisit dans les États d'Abimélech, qui conçut aussi de la passion pour elle; mais, protégée de Dieu, elle réussit à se soustraire à leurs coupables entreprises. Longtemps stérile et se voyant âgée, elle avait engagé son époux à épouser Agar, sa servante; peu d'années après, elle devint elle-même enceinte, quoique âgée de 90 ans, et mit au monde un fils, Isaac. Dans la suite, ayant eu sujet de se plaindre d'Agar, elle la fit chasser par Abraham, ainsi que son fils Ismaël. Elle m. à 127 ans.

SARABAT ou KEDOUS, Hermus, riv. d'Aoatolie, naît dans le Mourad-Dagh, coule au S. O., à l'O., et tombe dans le golfe de Smyme, à 18 kil. N. O. de Smyrne, après un cours de 280 kil.

SARAC, roi de Ninive. V. CHINALADAN.

SARACÈNES, Saraceni tribu nomade de l'Arabie déserte, vers le N., résista longtemps aux forces de l'empire d'Orient et fut des premières à embrasser l'Islamisme. Les Saracènes paraissent avoir donné leur nom aux Sarrasins du moyen âge.

SARAGOSSE, Salduba, puis Cæsarea Augusta, en espagnol Zaragoza, anc. capit. de l'Aragon, auj. ch.-l. de l'intend. de Saragosse, sur l'Èbre, à 28 kil. N. E. de Madrid; 50 000 hab. Archevêché, cour d'appel, université, plusieurs colléges, séminaire, académie des beaux-arts, bibliothèque. Belle cathédrale, fameuse église Notre-Dame del Pilar, renfermant une image de la Vierge qui attire beaucoup de pèlerins; tour penchée, dite Torre Nueva; beau pont, chemin de fer. Scieries, draps fins, vins et eaux-de-vie. Beaux environs ; pâturages renommés. — Saragosse fut, dit-on, fondée par les Phéniciens; les Romains l'agrandirent et l'embellirent; Auguste y établit une colonie de vétérans, lui donna le nom de Cæsarea Augusta (dont Saragosse n'est qu'une corruption), et en fit une des premières villes de la Tarraconaise. Les Suèves s'en emparèrent en 452, les Goths en 470 et les Sarrasins en 712. En 1014, elle devint la capitale d'un petit État maure; en 1118, Alphonse, roi d'Aragon, la reprit après un long siége. Après la mort du roi d'Espagne Charles II, Saragosse prit parti pour l'archiduc Charles, qui battit Philippe V sous ses murs en 1710. Cette ville soutint contre les Français en 1808 et 1809 deux siéges fameux par l'héroïque défense des habitants (V. PALAFOX). — L'intend. de S., entre celles de Huesca au N. E., de Tarragone à l'E., de Castellon au S. E., de Téruel au S., de Soria et de Logrono à l'O. et de Pampelune au N. O., a 225 kil. sur 90, et 350 000 h.

SARAJEVO, v. de Turquie. V. BOSNA-SÉRAÏ.

SARAMON, ch.-l. de cant. (Gers), sur la Gimone, à 22 kil. S. E. d'Auch; 1299 hab. Ville fort ancienne.

SARAOUAN, prov. du Béloutchistan, entre le Kaboul au N., le Katch-Gandava à l'E., le Djalaouan au S., le Mékran au S. O. : 380 kil. sur 150; ch.-l., Kélat. Élève de chameaux, moutons et chèvres.

SARATOGA, v. des États-Unis (New-York), à260k. N. de New-York ; 4000 hab. Eaux minérales en grande vogue, efficaces surtout dans les maladies du foie et des intestins. Le général anglais Burgoyne fut battu près delà, le 17 oct. 1777, par le gén. américain Gates.

SARATOV, v. de la Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt de Saratov, sur la r. dr. du Volga, à 1590 k. S. E. de St-Pétersbourg; 44 000 h. Évêché grec, cour civile et criminelle. Gymnase et jardin botanique. Ville très-commerçante, centre des échanges entre Moscou et Astrakan; foire de chevaux. Aux env., mines d'alun, culture du mûrier. — Bâtie en 1594 sur la r. g. du Volga, elle fut presque détruite en 1774 par un incendie et reconstruite sur la r. dr. du fleuve. — Le gouvt de Saratov, entre ceux de Penza et de Simbirsk au N., d'Orenbourg à l'E., d'Astrakhan au S., des Cosaques du Don, de Voronéje et de Tambov à l'O., a env. 600 kil. en long et en large et 1 500 000 hab. Le sol est très-fertile au N. E.; dans la partie du S. E. sont des steppes immenses. Outre le Volga, fleuve principal, on y remarque les deux Ouzen, l'Irgiz, le Khoper et le lac Altan, qui fournit par an 180 000 000 de kilogr. de sel.

SARAZIN (Jacq.), sculpteur, né à Noyon en 1590, m. en 1660, passa 18 ans à Rome où il reçut les conseils du Dominiquin et gagna la protection du cardinal Aldobrandini, obtint à son retour la faveur de Richelieu qui l'employa, devint gendre de Vouet, et eut grande part à l'établissement de l'Académie de peinture, où il entra dès la fondation (1655) et dont il fut le premier recteur. On remarque parmi ses œuvres Atlas et Polyphème, à Rome ; S. Jean et S. Bruno, à Lyon ; les Quatre anges de l'Église à St-Nicolas-des-Champs, à Paris; le Mausolée du cardinal de Bérulle, à l'Oratoire de Paris. Son chef-d'œuvre est le monument de H. de Bourbon, qui représentait la Religion, la Justice, la Piété, la Force, avec 14 bas-reliefs en bronze, et qui se trouvait dans l'église des Jésuites de la rue St-Antoine. Ce maître unissait le naturel au grandiose, l'élégance à la sévérité.

SARAZIN, poëte. V. SARRASIN.

SARBIEVIUS (Casimir SARBIEWSKI, en latin), poëte latin moderne, né en 1695 dans le duché de Masovie (Pologne), entra chez les Jésuites et fut professeur au collège de Wilna. Il réussit surtout dans le genre lyrique et composa 4 livres d’Odes qui l'ont fait surnommer par ses compatriotes l’Horace polonais. Pendant un voyage à Rome, sous le pontificat d'Urbain VIII, il fut chargé de revoir les hymnes du Bréviaire. La meilleure édition de ses poésies est celle de Barbou, Paris, 1791, in-12.

SARDAIGNE, Ichnusa, puis Sardinia chez les anciens, grande île de la Méditerranée, au S. de la Corse, dont elle est séparée par le détroit de Bonifacio, fait partie des anciens États sardes, qui avaient tiré de là le nom de Royaume de Sardaigne ; elle a env. 270 kil. du N. au S., sur 115 de moyenne largeur, et 550 000 hab. ; capit., Cagliari (Pour la division administrative, V. ci-après ÉTATS SARDES). La Sardaigne est hérissée de hautes montagnes, dont les principales sont le Gennargentu (Janua Argenti), au centre, et le Limbosa, au N. : le Tirsi ou riv. d'Oristano est le principal cours d'eau. Le climat de l'île, sain dans les montagnes, est moins salubre dans les parties basses et humides; le sol est très-fertile, surtout en céréales, ce qui faisait jadis nommer cette île la nourrice de Rome, mais l'agriculture est arriérée; la pêche y est très-abondante. On trouve dans l'île beaucoup de mines (fer, plomb, houille, anthracite, cuivre, marbres, basalte, améthystes, sardoines, etc.). L'industrie est faible, le commerce très-borné. En général, le Sarde est très-pauvre. — La Sardaigne était appelée par les Grecs Sandaliotis ou Ichnusa, d'après sa forme assez semblable à celle d'une sandale ou d'un pied. Elle semble avoir été peuplée, partie par les Ibères, partie par les Pélasges, les Étrusques et les Phéniciens; elle reçut ensuite quelques colonies grecques. Les Carthaginois s'y introduisirent en 512 av. J.-C. et y dominèrent jusqu'au milieu du IIIe s. av. notre ère; Rome y mit le pied dès 259 av. J.-C., et finit par l'enlever aux Carthaginois (en 238, après la guerre des Mercenaires). Genséric en devint maître vers 436 de J.-C. Les Grecs, qui la reprirent sur les Vandales, ne purent la défendre contre les Arabes d'Espagne, qui s'y établirent de bonne heure. Aidés de Pise et de Gênes, les indigènes se débarrassèrent des infidèles en 1022. L'île fut alors partagée en quatre judicatures indépendantes : Arborée ou Oristano à l'O., Oléastro à l'E., Gallura au N. E., et Torrès au N. O. ; mais bientôt la Sardaigne tomba sous le joug des deux républiques de Pise et de Gênes, qui, en 1175, se la partagèrent sous la médiation du pape. Frédéric II en investit son fils Enzio (1239), mais, après la chute des Hohenstaufen, Pise en redevint maîtresse (1258). Jacques II le Juste, roi d'Aragon, la conquit sur Pise en 1297, et depuis ce temps jusqu'à 1714 elle fit partie de la couronne d'Aragon, puis de l'Espagne. Le traité de Rastadt la donna en 1714 à l'Autriche, mais celle-ci la céda dès 1720 au duc de Savoie, Victor-Amédée II, qui prit alors le titre de roi de Sardaigne. Dépouillés de leurs États de terre ferme par la France, les rois de Sardaigne Charles-Emmanuel et Victor-Emmanuel se réfugièrent dans cette île et y résidèrent de 1798 à 1814.

SARDAIGNE (Royaume de). V. SARDES (ÉTATS).

SARDANAPALE, dit aussi Tonos-Concoleros, dernier souverain du 1er empire d'Assyrie, régna de 797 à 759 av. J.-C., ou, selon quelques-uns, de 836 à 817, et vécut dans le luxe et la mollesse, négligeant les soins du gouvernement. Arbacès, prince mède, et Bélésis, prince chaldéen, soulevèrent contre lui les Mèdes, les Perses et les Babyloniens. Alors Sardanapale quitta sa vie voluptueuse et prit les armes : il gagna d'abord une bataille sur les rebelles, mais il fut vaincu dans une seconde rencontre, et se retira dans Ninive où il se défendit pendant plus de deux ans. Un débordement du Tigre ayant ouvert aux assiégeants une large brèche dans les murs de la ville, il reconnut l'impossibilité de résister plus longtemps. Toutefois, ne voulant pas tomber vivant entre les mains de ses ennemis, il fit élever dans une des cours de son palais un immense bûcher où il plaça ses trésors et il s'y jeta lui et ses femmes (759). Du reste, rien de plus incertain que tout ce que l'on raconte de Sardanapale. A près sa mort, l'empire d'Assyrie fut démembré : il se forma 3 nouveaux royaumes : ceux de Médie, de Babylone, de Ninive. Phul, son fils, régna sur le dernier sous le nom de Sardanapale II. V. PHUL.

SARDES, auj. Sart, capit. du roy. de Lydie, sur le Pactole, près de son confluent avec l'Hérmus, dans une plaine délicieuse et fertile, au pied du mont Tmolus. Vainqueur de Crésus, Cyrus prit Sardes en 547 av. J.-C., et mit ainsi fin au roy. de Lydie. Sous les Perses cette ville fut le ch.-l. de la 2e satrapie. Sa richesse, longtemps proverbiale, baissa pendant la période persane, bien que Sardes fût comme le point de contact des Grecs et des Perses, et le centre d'un grand commerce de terre, surtout du commerce d'esclaves. Lors de la révolte de l'Ionie contre la Perse, Sardes fut brûlée par les Athéniens (499). En 262, Eumène, roi de Pergame, battit Antiochus I aux environs de Sardes et s'empara de la ville. Sous les Romains, héritiers des rois de Pergame, elle redevint très-florissante : Florus l'appelle la Seconde Rome. Renversée par un tremblement de terre sous Tibère, elle fut relevée par ce prince ; Adrien l'embellit encore. On y célébrait de 4 en 4 ans des jeux magnifiques. Sardes embrassa de bonne heure le Christianisme : S. Jean y établit un des 1er évêchés. Elle fut détruite par Tamerlan en 1402. On n'y voit plus que des ruines.

SARDES (ÉTATS) ou ROYAUME DE SARDAIGNE, anc. État d'Europe, se composait de 2 parties distinctes, l'île de Sardaigne (V. ci-dessus) et les États de terre-ferme. Ceux-ci, situés au N. de l'Italie, partie à l'E. des Alpes, partie à l'O. de ces montagnes, entre la Suisse au N., la France à l'O., la Vénitie à l'E. et la Méditerranée au S., comprenaient le duché de Savoie, le Piémont, le Montferrat, le comté de Nice, le marquisat de Saluces, le duché de Gênes et une partie de l'anc. Milanais. En y ajoutant la Sardaigne, le tout ensemble montait à 76 268 k. carrés et à 5 000 000 d'hab. environ; capitale, Turin.

En 1860, avant la formation an Royaume d'Italie, les États sardes étaient partagés en 14 divisions, subdivisées elles-mêmes en 50 provinces ou intendances :

Divisions. Provinces. Divisions. Provinces.
Turin. Savone
Turin Pignerol. Savone. Acqui.
Suse. Albenga.
Coni. Nice.
Coni Mondovi. Nice Oneille.
Alba. San-Remo.
Saluces. Annecy.
Novare. Annecy Faucigny.
Lomelline. Chablais.
Novare Pallanza. Chambéry.
Ossola. Chambéry H.-Savoie.
Val-Sesia. Maurienne.
Alexandrie.
Asti. Sardaigne.
Alexandrie. Voghera.
Tortone. Cagliari.
Bobbio. Cagliari Iglesias.
Verceil. Isili.
Verceil Bielle. Oristano.
Casal. Nuoro.
Ivrée Ivrée. Nuoro Cuglieri.
Aoste. Lanusci.
Gênes. Sassari.
Chiavari. Alghero.
Gênes Novi. Sassari Ozieri.
Levante. Tempio.

Les États de terre ferme, sillonnés par les ramifications des Alpes, sont très-montagneux; cependant on trouve au N. E., dans le Piémont, de vastes et riches plaines. Ce pays est arrosé par le Rhône, l'Isère, le Var, et la Magra, affluents de la MéBiterranée ; par le Pô et ses affluents, Tanaro, Stura, Doire-Baltée, Doire-Ripaire, Sesia, Tessin, dont les eaux se rendent à l'Adriatique. Les produits les plus importants du sol sont le riz, le maïs, le froment, les vins, les huiles, les figues, les citrons, les oranges, le miel. On y élève principalement des mulets et des abeilles. Les richesses minérales consistent en fer, argent, plomb, cuivre, soufre, manganèse, cobalt, albâtre, marbres, sel; on y trouve un assez grand nombre de sources minérales, la plupart sulfureuses. L'agriculture, l'industrie, le commerce, les sciences fleurissent dans les anciens États sardes. On y compte 4 universités : Turin, Gênes, Cagliari, Sassiri, et 6 archevêchés : Turin, Gênes, Verceil, Cagliari, Oristano, Sassari. Le gouvernement est une monarchie héréditaire représentative.

Le royaume de Sardaigne a eu pour point de départ le comté de Maurienne, dont les possesseurs, vassaux des rois d'Arles dès 999, devinrent en 1027 comtes de toute la Savoie. Ils y réunirent le comté de Suze, puis Turin (1091), et eurent de plus le vicariat de l'empire en Piémont et en Lombardie. A la mort de Philippe, comte de Savoie (1285), qui ne laissa pas d'enfants, la maison de Sardaigne se trouva partagée en 3 branches, dites de Vaud, de Piémont et de Savoie, qui furent formées par ses 3 neveux. Les deux premières cessèrent de régner en 1359 et en 1418; la 3e, qui eut pour tige Amédée V, avait dans l'intervalle réuni la Bresse, le Bugey, les baronnies de Vaud, de Gex et de Valromey. Amédée VIII, premier duc de Savoie (1416), qui fut quelque temps pape sous le nom de Félix V (1439-1447), y ajouta le Génevois, le Valais et le comté de Nice ; en outre, il hérita en 1418 du Piémont. A sa mort, la Savoie, déchirée par des troubles, tomba sous l'influence de la France. S'étant plus tard déclarée pour Charles-Quint contre François I, elle fut occupée par les Français et resta province française pendant 15 ans (1532-59). La paix de Cateau-Cambrésis lui rendit son duc Emmanuel-Philibert (le vainqueur de St-Quentin). Charles-Emmanuel conquit en 1588 le marquisat de Saluces; mais, par la paix de Lyon (1601), il céda la Bresse et le Bugey à Henri IV. Allié tantôt à la France, tantôt à l'Autriche, Victor-Amédée I obtint de celle-ci en 1708 le Montferrat et quelques districts du Milanais, notamment Alexandrie. En 1714, à la paix de Rastadt, il reçut la Sicile, mais il fut forcé de l'échanger en 1720 contre la Sardaigne. A dater de ce moment, les ducs de Savoie prirent le titre de rois de Sardaigne. L'Autriche céda encore à la Savoie, en 1735, Novare et Tortone, en 1745, Vigevano. Le roi de Sardaigne, Charles-Emmanuel II, s'étant déclaré pendant la Révolution contre la France, fut en 1798, après la prise de Turin par Joubert, dépouillé de tous ses États de terre ferme, qui furent réunis à la République; il se retira en Sardaigne où il continua de régner ; mais il abdiqua en 1802 en faveur de Victor-Emmanuel, son frère, qui pendant plusieurs années ne régna que sur la Sardaigne. Les événements de 1814 rendirent à Victor-Emmanuel la Savoie et le Piémont ; on y joignit l'ancienne république de Gênes et le comté de Nice. En 1821 eut lieu en Piémont une révolution constitutionnelle à l'imitation de celle de Naples (V. SANTA-ROSA), mais l'Autriche étouffa ce mouvement dans l'année même. En 1848, le roi Ch.-Albert, échappant à l'influence autrichienne, donna à ses États une constitution libérale et seconda de tout son pouvoir l'affranchissement de l'Italie ; mais, trahi à Milan, puis vaincu à Novare, il abdiqua (1849), et alla mourir en Portugal. Son fils, Victor-Emmanuel II, n'en poursuivit pas moins l'accomplissement de son projet. Pour en préparer le succès, il s'allia intimement à la France et à l'Angleterre et prit part avec elles à la guerre d'Orient. Attaqué inopinément par l'Autriche en 1859, il réussit avec le secours de la France à repousser l'agression, aida l'Italie à se délivrer de la domination autrichienne et fut proclamé en 1860 roi d'Italie. V. ITALIE.

1. Comtes de Maurienne, puis de Savoie. Philibert I, 1472
Bertold, comte de Maurienne, 999 Charles I, 1482
Humbert I, aux Blanches Mains, 1er comte de Savoie, 1027 Charles II, 1489
Amédée I, 1048 Philippe II, 1496
Amédée II, 1060 Philibert II, 1497
Humbert II, 1072 Charles III, 1504
Amédée III, 1118 Emmanuel-Philibert, 1553
Humbert III, 1118 Ch.-Emmanuel I, 1580
Victor-Amédée I, 1630
Franç.-Hyacinthe, 1637
Ch.-Emmanuel II, 1638
Thomas I, 1188 3. Rois de Sardaigne.
Amédée IV, 1233 Victor-Amédée,
Boniface, 1253 II (comme duc), 1675
Pierre, 1263 I (comme roi), 1720
Philippe I, 1268 Ch.-Emmanuel I
Amédée V, le Grand, 1285 (III comme duc), 1730
Édouard, 1323 Victor-Amédée II, 1773
Aymon, 1329 Ch.-Emmanuel II, 1796
Amédée VI, le Vert, 1343 en Sardaigne, 1798-1802
Amédée VII, le Rouge, 1383 Victor-Emm. I :
en Sardaigne, 1802
2. Ducs de Savoie. sur tous les États Sardes, 1814
Amédée VIII (d'abord comte ; duc à partir de 1416), 1391 Charles-Félix, 1821
Louis, 1459 Charles-Albert, 1831
Amédée IX, 1465 Victor-Emman. II, 1849

SARDIQUE, Ulpia Sardica, auj. Sophia, v. de la Dacie Inf.; devint au IVe s. la capitale du diocèse d’Illyrie orientale. Patrie de l'empereur Galère. Il s'y tint en 347 un concile qui condamna les Ariens.

SARDONES, peuple de la Narbonaise 1re, au S., sur la Méditerranée, était limitrophe de l'Hispanie, et avait pour villes principales Ruscino et Illiberis. Leur pays a formé le Roussillon; c'est auj. le dép. des Pyrénées orientales.On suppose, d'après leur nom, que les Sardones étaient sortis de la Sardaigne.

SAREPTA, auj. Sarfend, v. de Phénicie, sur la Méditerranée, entre Tyr et Sidon. Le prophète Élie ressuscita le fils d'une veuve de Sarepta.

SAREPTA, v. de Russie, sur la Sarpa, à 1320k. S. O. de Saratov; 5000 hab. Eau-de-vie, tabac excellent. Fondée par des Frères Moraves en 1765.

SARGON, roi d'Assyrie. V. SENNACHERIB.

SARI, Zadracarta, v. de Perse, ch.-l. du Mazanderan, sur le Mazanderan, à 160 kil. N. E. de Téhéran, 15 000 h. Grand commerce avec Astrakhan.

SARI D'ORCINO, ch.-l. de c. (Corse), à 20 kil. d'Ajaccio; 918 hab.

SARINE (la), riv. de Suisse. V. SAANE.

SARK ou SERCQ, petite île anglaise de la Manche, entre Jersey et Guernesey, à 30 k. de la côte de Normandie ; elle a 4 k. sur 2 et 600 h. Mines d'argent et de cuivre.

SARLAT, ch.-l. d'arr. (Dordogne), à 72 k. S. E. de Périgueux, au fond d'un vallon; 6586 hab. Trib., collége, maison de Jésuites. Huile de noix, bestiaux, pierre meulière, lignite; truffes, etc. Patrie de La Boétie. Cette ville doit son origine à un monastère de Bénédictins fondé au VIIIe s. ; un évêché y fut créé par le pape Jean XXII, il subsista jusqu'à la Révolution.

SARMATIE, Sarmatia, nom vague donné par les anciens à une vaste contrée qu'on place à l'O. de la Scythie et qui s'étendait en Europe et en Asie, entre la mer Baltique et la mer Caspienne, au N. du Pont-Euxin. On distinguait la Sarmatie européenne, entre la Vistule et le Tanaïs, comprenant tous les pays qui forment auj. la Russie et la Pologne; la Sarmatie asiatique, s'étendant à l'E. du Tanaïs jusqu'à la mer Caspienne. — Les Sarmates ou Sauromates étaient une nation distincte des Scythes. Ils paraissent être sortis du Turkestan actuel, et avoir séjourné longtemps au N. du Caucase ; ils conquirent sur les Scythes les contrées auxquelles leur nom est resté, et dominèrent longtemps sur ce peuple. Ils furent à leur tour subjugués par les Goths (aux IIIe et IVe s. de J.-C.). Ils se joignirent aux Huns pour détruire l'empire des Goths (376), et prirent part aux invasions des Huns dans l'Europe occid. au Ve s. — On distinguait parmi les Sarmates plusieurs peuplades, dont les principales étaient celles des Sarmates Iazyges et des Sarmates royaux (c.-à-d. gouvernés par des rois).

SARMIGÉTHUSE, v. de Dacie. V. ZARMIGÉTHUSE.

SARNEN, v. de Suisse (Unterwald), ch.-l. du Ht-Unterwald, sur l'Aa et le lac de Sarnen, à 80 kil. E. de Berne; 3600 hab., catholiques. École latine, arsenal. Anc. abbaye de Bénédictins.

SARNIA, nom latin de l'île de GUERNESEY.

SARNO, Sarnus, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Principauté Citer.), sur le Sarno, à 17 kil. N. O. de Salerne; 12 000 hab. Évêché. Fabriques de papier, soieries. Eaux ferrugineuses et sulfureuses. Ville très-ancienne, dont on attribue la fondation aux Pélasges. Ferdinand I (d'Aragon), roi de Naples, y fut vaincu par Jean de Calabre (1460).

SARON (J. R. BOCHART de), 1er président au Parlement de Paris, né en 1730, mort sur l'échafaud révolutionnaire en 1794, était de la même famille que l'orientaliste Bochart. Il s'occupa avec succès de mathématiques et d'astronomie, se fit remarquer par son habileté à exécuter les calculs les plus compliqués, et fut admis en 1779 à l'Académie des sciences, il favorisa Laplace, et fit imprimer à ses frais le 1er ouvrage de ce savant.

SARONIQUE (Golfe), auj. Golfe d'Athènes ou d'Égine, partie de la mer Égée qui s'enfonce entre l'Attique et l'Argolide, fut ainsi nommée, dit-on, de Saron, roi de Trézène, qui s'y serait noyé. Elle contenait les îles de Salamine et d'Égine.

SAROS ou SAROSCH, v. de Hongrie, à 5 kil. N. O. d'Éperies; 2000 hab. Elle donne son nom à un comitat qui a pour ch.-l. Éperies. Ce comitat, situé dans le cercle en deçà de la Theiss, entre ceux d'Abaüjvar au S., de Zips à l'O., de Zemplin à l'E., et la Galicie au N., a 90 kil. sur 80 et 240 500 hab. Mines de sel, opales (à Czervitz); sources minérales.

SAROS (Golfe de), Sinus Melas, golfe formé par l'Archipel, sur la côte S. de la Roumélie, est séparé, au S. E., de la mer de Marmara et du détroit des Dardanelles par la presqu'île de Gallipoli.

SAROUDJ, v. de la Turquie d'Asie (Rakka), ch.-l. de sandjakat, à 45 kil. S. O. de Réha. Prise par Baudouin en 1100, elle devint le titre d'un comté, qui appartint aux princes d'Édesse.

SAROUKHAN, sandjakat de la Turquie d'Asie, dans l'Anatolie (eyalet d'Aïdin), a pour ch.-l. Ak-Hissar (l'anc. Thyatire). Il est traversé par le Sarabet. Il est formé de la partie N. O. de l'anc. Lydie et doit son nom à l'émir Saroukhan, qui, lors de la dissolution de l'empire de Roum, s'appropria cette province(1307). Le Saroukhan fut réuni aux possessions ottomanes sous Bajazet I, de 1389 à 1392.

SARPÉDON, fils de Jupiter et d'Europe, disputa le trône de Crète à Minos, son frère, fut vaincu, quitta l'île et alla fonder en Lycie avec ses partisans un petit État. Suivant Homère, Sarpédon fut un des princes qui vinrent au secours de Troie : il fut tué par Patrocle ; mais Apollon enleva son corps du champ de bataille, et l'envoya en Lycie, lavé, parfumé d'ambroisie et revêtu d'habits immortels.

SARPI (Pierre Paul), dit Fra Paolo, historien, né à Venise en 1552, m. en 1623, entra chez les Servites, où il prit le nom de Frère Paul (Paolo), étudia toutes les sciences, devint en 1585 procureur général de son ordre, et, à partir de 1597, se porta défenseur de Venise dans ses démêlés avec le pape Paul V. La république le nomma son théologien consultant, puis membre du Tribunal des Dix. Ayant été, en 1607, blessé par des assassins, il fut traité aux frais de l’État. C'était, a-t-on dit, un protestant travesti en moine : il ne tint pas à lui que la réforme ne s'établît à Venise. Sarpi a écrit l’Histoire de l'interdit, Venise, 1606, l’Hist. du concile de Trente, Londres, 1619, un Traité des Bénéfices, fort estimé, et un petit écrit sur le Gouvernement de la République de Venise (trad. par Amelot de La Houssaye, sous le titre de Le Prince de Fra Paolo). Ses Œuvres complètes ont été publiées à Naples, 1790, 24 v. in-8. Elles sont à l’Index à Rome. L’Hist. du concile de Trente a été traduite en français par Le Courayer, 1736, et réfutée par le cardinal Pallavicino.

SARRALBE, v. d'Alsace-Lorraine, au confluent de la Sarre et de l'Alb, à 16 k. S. de Sarreguemines; 3119 hab. Usines de fer, scieries, fabriques d'acier ; toiles, fleurs artificielles. Sources salées.

SARRASIN (J. Fr.), poëte, né en 1604 à Hermanville, près de Caen, m. en 1654, fut secrétaire des commandements du prince de Conti. On a de lui, en vers : Dulot vaincu ou la Défaite des bouts rimés, poème badin en 4 chants, la Pompe funèbre de Voiture, en prose et en vers et des Poésies diverses; en prose, une Hist. du siége de Dunkerque et la Conspiration de Wallenstein. Ses écrits se font remarquer par un badinage ingénieux : il était en ce genre le rival de Voiture. Ses opuscules ont été recueillis à Paris en 1656, et à Caen, en 1824. Ses Œuvres choisies, avec notice par Ch. Nodier, ont paru à Paris en 1826. — V. SARAZIN.

SARRASINS, nom employé au moyen âge comme synonyme de Musulmans, désignait d'abord une tribu particulière de l'Arabie déserte, les Saracènes, qui faisaient la force principale des armées arabes. — On dérive aussi le mot de Sarrasins de l'arabe Charqin (c.-à-d. Oriental), nom que se donnent les Arabes, et on l'oppose à celui de Maures, qui vient de Maghreb (Couchant). — On doit à M. Reinaud, de l'Institut, l'histoire des Invasions des Sarrasins en France, 1836.

SARRE, Saravus et Sara en latin, Saar en allemand, riv. qui prend sa source dans le dép. des Vosges, passe dans ceux de la Meurthe (à Sarrebourg) et de la Moselle (à Sarreguemines), puis entre dans la Prusse Rhénane, et, après avoir baigné Sarrebruck et Sarrelouis, se jette dans la Moselle, par la r. dr., à Consarbrück, après un cours de 220 k. Elle a donné son nom au dép. français de la Sarre, formé en 1795, aux dépens de l’évêché de Trêves; ch.-l., Trêves. Ce dép. a été attribué à la Prusse en 1815.

SARREBOURG, Caranusca et Saræcastrum, Saarburg en all., ch.-l. d'arr. (Meurthe-et-Moselle), sur la Sarre et le chemin de fer de l'Est, à 72 k. E. de Nancy par le chemin de fer; 3073 h. Trib., magasins et boulangeries immenses pour la troupe. Société d'agriculture ; manufactures de cotonnades, siamoises, bière, etc. — Jadis ville de l'Empire, elle appartint aux évêques de Metz depuis le milieu du Xe s., puis aux ducs de Lorraine (1404), et fut cédée à la France en 1661. Elle souffrit de la peste en 1635.

SARREBOURG, v. des États prussiens (Prov. Rhénane), au confluent de la Sarre et de la Leuk, à 18 kil. S. de Trêves; 2000 hab. Faïence, alun, sel ammoniac, bleu de Prusse, aciéries, forges; vins.

SARREBRUCK, Augusti muri, Saræ pons, v. des États prussiens (Prov. Rhénane), ch.-l. de cercle, sur la r. g. de la Sarre, qu'on y passe sur un assez beau pont (brück), à 82 k. de Trêves et près de la frontière française; 7000 hab. Chemin de fer. Porcelaines, cartes à jouer; usines à fer et acier, quincaillerie. — Fondée au milieu du Xe s., possédée par les évêques de Metz, puis par des comtes particuliers (1237), elle appartint à la maison de Nassau à partir de 1380. Prise par les Français en 1676 et bientôt reprise par les Impériaux, qui la brûlèrent; elle fut réunie a la France en 1794 et fut l'un des ch.-l. d'arr. du dép. de la Sarre jusqu'en 1814. Donnée à la Prusse en 1815.

SARREGUEMINES, Saargemünd, ville d'Alsace-Lorrains, à 75 kilom. E. de Metz, au confluent (gemünd) de la Sarre et de la Blise; 6075 habitants. Jadis fortifiée. Siamoises, velours, cravates de soie, tabatières en carton vernissé, poterie fine, façon anglaise. Patrie de Montalivet. — Anc. place forte de Lorraine. Assiégée par les Prussiens en 1794; occupée par les Alliés (1814, 1815), par les Allemands (1870).

SARRELOUIS, Saar-Luis en allem., Arx Ludovici ad Saram en latin, v. des États prussiens (prov. Rhénane), ch.-l. de cercle, sur la Sarre, à 65 k. S. E. de Trêves; 7000 h. Fabr. d'armes, tréfilerie, tannerie. Patrie de Ney. — Fondée par Louis XIV en 1680 et fortifiée par Vauban, elle a été enlevée à la France en 1815.

SARRE-UNION, ch.-l. de cant. (Bas-Rhin), sur la Sarre, à 34 kil. N. O. de Saverne, est formé de deux villages, Saarwerden et Saar-Bockenheim, vulgt dit Bouquenon; 3449 hab. Brasseries, briqueterie, tuileries, tanneries; étoffes en soie et paille, fleurs en paille, chapeaux de palmier dits Brésiliens, chapeaux de paille d'Italie, fonderie de métaux.

SARROLA CARCOPINO, ch.-l. de c. (Corse), à 10 kil. N. E. d'Ajaccio; 930 hab.

SARSINA, Sarsina et Bobium, v. d'Italie, autrefois dans l'Ombrie, auj. dans la prov. de Forli, à 26 k. S. E. de Césène; 1200 h. Évêché. Patrie de Plaute.

SART, l'ancienne Sardes. V. SARDES.

SARTÈNE, v. de Corse, ch.-l. d'arr., à 50 kil. S. E. d'Ajaccio; 4406 hab. Bâtie en amphithéâtre. Trib. de 1re mst. Bestiaux, abeilles; cuirs de bœuf, peaux de chèvre et de mouton; cire, miel.

SARTHE, riv. de France, naît dans le dép. de l'Orne, à Somme-Sarthe près de La Trappe, coule du N. au S., puis se dirige à l'O., arrose les dép. de l'Orne, de la Sarthe, de Maine-et-Loire, baigne Beaumont-le-Vicomte, Alençon, Le Mans, Sablé, et tombe dans la Mayenne à 6 k. au-dessus d'Angers, après un cours de 275 k. (dont 120 navigables). Elle a pour affluents principaux l'Huisne, la Vègre, le Loir, la Braye.

SARTHE (dép. de la), entre ceux de l'Orne au N., de la Mayenne à l'O., de Loir-et-Cher à l'E.; 6216 k. carrés; 466 155 hab.; ch.-l., le Mans. Il est formé du Bas-Maine et du Ht-Anjou. Fer, houille, marbre, granit, pierres meulières et de taille, ardoise; grès à paver, ambre jaune, terre à foulon; eaux minérales. Sol varié (argileux à l'O., meilleur à l'E. et surtout au N. E.) ; blé noir et autres céréales, légumes, fruits, pommes à cidre; chanvre, assez bons vins. Volaille renommée, abeilles, beaucoup d'industrie (toiles, siamoises, étoffes communes, gants, bougies célèbres, papeteries, verreries, conserves de viandes et de légumes.) — Ce dép. a 4 arrond. (Le Mans, Mamers, St-Calais, La Flèche), 33 cant. et 389 communes; il appartient à la 16e division militaire; a une cour impériale à Angers et un évêché au Mans.

SARTI (Jos.), compositeur, né en 1730 à Faenza, m. en 1802 à St-Pétersbourg. composa plusieurs opéras qui obtinrent un succès éclatant à Milan et à Venise (entre autres Giulio Sabino), et fut appelé à St-Pétersbourg, où il fit représenter Armida e Rinaldo, ainsi que divers autres ouvrages de musique sacrée ou profane qui furent fort admirés; il reçut la noblesse russe. Il avait été maître de Cherubini.

SARTIGES (Bertrand de), Templier, né vers 1260 au château de Sartiges, près de Mauriac, était commandeur de Carlat au moment du procès des Templiers. Il soutint énergiquement l'innocence de son ordre, tant devant l'évêque de Clermont qu'à Paris (1309-10). On ne trouva aucune charge contre lui; néanmoins après la condamnation des Chevaliers, il se retira en Allemagne, où il entra dans l'ordre Teutonique. — Un descendant de la famille de Sartiges, Ch. Gabriel Eugène, vicomte de S., né en 1772, m. en 1827, fut préfet de la Hte-Loire sous la Restauration (1815-1819).

SARTILLY, ch,-l. de cant. (Manche), à 11 kil. S. d'Avranches; 1284 hab. A 6 kil. N. E., ruines de l'abbaye de La Luzerne, qui datait du XIIe s.

SARTINE (Gabriel de), magistrat, né à Barcelone en 1729, m. en 1801, fut successivement conseiller au Châtelet de Paris, lieutenant criminel, maître des requêtes, lieutenant général de la police (1759), et acquit dans ces dernières fonctions une réputation méritée par l'habileté avec laquelle la police se fit alors et par diverses mesures utiles qu'il fit adopter (assainissement de la ville, éclairage des rues, construction de la Halle au Blé, fondation d'une école gratuite de dessin, etc.). Appelé en 1774 au ministère de la marine, il y fit d'utiles réformes: son nom est resté à un règlement de 1780 sur la salubrité des vaisseaux. A la Révolution, il émigra en Espagne : c'est là qu'il mourut.

SARUM. V. OLD-SARUM et SALISBURY.

SARZANE, v. murée d'Italie, dans les anc. États sardes (Gênes), près de la Magra, à 12 k. E. S. E. de Spezzia ; 8000 h. Évêché. Patrie du pape Nicolas V.

SARZEAU, ch.-l. de c. (Morbihan), à 22 kil. S. de Vannes, dans la presqu'île de Ruys; 6788 hab. Petit port, salines, bains de mer. Anc. résid. des ducs de Bretagne; anc. couvent des Pères de la Merci, occupé auj. par les missionnaires de Picpus. Patrie de Lesage.

SASBACH ou SALZBACH, bg du grand-duché de Bade (Rhin moyen), à 25 kil. N. E. de Strasbourg; 1400 hab. C'est là que Turenne fut atteint par un boulet, le 27 juillet 1675 : une pyramide élevée en 1829 sur le lieu où il tomba rappelle cet événement.

SAS-DE-GAND (LE), Agger Gandavensis, v. de Hollande (Zélande), à 11 kil. S. O. d'Axel, près de l'embouch. du canal de Gand dans le Swemmershœk (bras de l'Escaut); 2000 hab. Bâti par les Espagnols en 1570: fortifié par Alexandre Farnèse en 1583, pris par les Hollandais en 1644, et par les Français en 1747.

SASSANIDES, dynastie de rois de Perse qui succéda à celle des Arsacides ou rois parthes, a eu 426 ans d'existence, depuis l'avénement d'Ardechir ou Artaxerce I jusqu'à la mort d'Yezdedjerd III (226-652). Elle doit son nom à Sassan, père d'Ardechir.

SASSARI, v. de Sardaigne, ch.-l. de prov., vers la côte N., à 157 kil. N. O. de Cagliari, et à 16 kil. de Porto-Torrès; 25 000 hab. Archevêché (depuis 1441), trib. civil et criminel, université, fondée en 1765, collége, bibliothèque. Vieux château fort, élevé par les Espagnols en 1330 cathédrale remarquable, par sa façade, palais du gouverneur, palais du duc d'Asinara, jolie fontaine de Rosello. Aux env., belles promenades, superbes vergers. Commerce d'huile et de tabac. Cette ville fut fondée par les Romains. Elle fut saccagée par les Génois en 1166 et par les Français en 1527. — La prov. de Sassari, dite aussi Logudoro, au N. de l'île, compte env. 70 000 h.

SASSBACH. V. SASBACH.

SASSENAGE, ch.-l. de c. (Isère), à 10 kil. O. de Grenoble, près du lieu où le Drac tombe dans l'Isère; 1505 hab. Fromages renommés. Aux env., grottes auxquelles on attribue des propriétés merveilleuses : la tradition en faisait le séjour de la fée Mélusine.

SASSI (J. Ant.), dit Saxius, savant italien, recteur du collége Ambrosien de Milan et gardien de la bibliothèque Borromée, né en 1675 à Milan, m. en 1751, eut une part active au recueil intitulé : Rerum italicarum scriptores, et publia, entre autres ouvrages : De studiis litterariis Mediolanensium anliquis et novis, 1729; Archiepiscoporum mediolanensium series hislorico-chrnnologica, 1755, 3 v. in-4.

SASSO FERRATO, Juficum, v. d'Italie (Urbin), à 20 kil. S. de Pergola; 3300 hab. Château. Élève de vers à soie, filatures de soie. Patrie de Barthole, de Nic. Perotti et de J. B. Salvi, dit Sasso-Ferrato.

SASSO FERRATO (J. B. SALVI, dit IL), peintre, né en 1605 à Sasso-Ferrato, m. en 1685, fut élève du Dominiquin, et imita heureusement Raphaël. Ses tableaux sont pleins d'énergie et de sentiment; il dessine correctement, et drape avec élégance. Le Louvre a de lui : la Vierge et l'enfant Jésus endormi, l'Assomption de la Vierge, la Vierge en prière.

SASSUOLO, bg d'Italie (Modène), près de la Secchia, à 17 kil. S. O. de Modène; 2000 hab. Anc. château ducal, grande fonderie de cuivre. Huile de pétrole; volcans boueux.

SATALIEH ou ADALIA, Attalia, v. de la Turquie d'Asie (Anatolie), ch.-l. de sandjakat, sur un golfe de la Méditerranée qui porte le même nom, à 410 k. S. E. de Smyrne; 18 000 hab. Bâtie en amphithéâtre; double mur flanqué de tours, superbe arc de triomphe en l'honneur d'Adrien. Laine, coton, opium. L'anc. Attalia, dans la Pamphylie, fut fondée par Attale II, roi de Pergame. La flotte byzantine fut détruite dans le golfe d'Attalie en 790 par les Arabes.

SATAN (mot hébreu qui veut dire rebelle), le prince des démons, était d'abord un ange et fut précipité dans l'enfer pour s'être mis à la tête des anges rebelles. Il est sans cesse occupé à tenter les humains.

SATARAH, v. de l'Inde anglaise (Bedjapour), à 100 kil. S. S. E. de Pounah. Citadelle sur un rocher de l'accès le plus difficile. Anc. résidence du maharadjah des Mahrattes. Prise en 1818 par les Anglais, qui détrônèrent en 1839 le dernier de ses radjahs.

SATHMAR, comitat de Hongrie. V. SZATHMAR.

SATI, déesse égyptienne du 2e ordre, émanation de Neith, est la maîtresse de la région inférieure. On voit souvent son image sur les monuments dans les scènes funéraires : elle est à genoux et semble prendre ou protéger l'épervier, symbole de l'âme du défunt.

SATI, femme de Siva, d'après la mythologie indienne, se jeta dans le feu lorsqu'elle vit son époux insulté par son beau-père. Son nom, qui signifie vertueuse, pieuse, fut depuis appliqué à toutes les veuves qui se brûlaient sur le bûcher de leur mari.

SATILLIEU, ch.-l. de c. (Ardèche), à 26 kil. N. O. de Tournon; 2358 h. Fabriques de drap grossier.

SATRAPES. On nommait ainsi dans l'empire des Perses les gouverneurs des provinces chargés de l'administration et du recouvrement des impôts. Ils n'avaient point d'abord l'autorité militaire; on la leur donna plus tard. Les satrapies étant en petit nombre (20 sous Darius I) et par conséquent très-considérables, les satrapes amassaient d'énormes richesses et déployaient un luxe qui devint proverbial. — Pour les noms des satrapies, V. PERSE.

SATRIANO, nom de deux v. d'Italie mérid., l'une dans la Calabre Ult. 2°, à 15 kil. S. de Squillace; 2200 hab.; — l'autre dans la Basilicate, à 12 kil. S. O. d'Acerenza. Celle-ci possédait jadis un évêché, auj. réuni à celui de Campagna.

SATURNALES (les), Saturnalia, fête de Saturne chez les Romains, était célébrée le 16 des calendes de janvier (17 décembre). Sa durée, d'abord d'un jour, fut portée à 3 après la réforme de l'année par Jules César, puis à 4 sous Auguste et à 5 sous Caligula. Pendant les Saturnales les affaires étaient suspendues; tout le monde se visitait; on s'envoyait réciproquement des présents; on se livrait à la joie et aux festins; les esclaves, rendus pour un moment à la liberté, couraient dans la ville par bandes, en criant, chantant et buvant, et vivaient avec leurs maîtres sur un pied d'égalité. — On attribue l'institution des Saturnales à Numa, à Tarquin le Superbe, aux consuls A. Sempronius et M. Minucius (497); une tradition les faisait remonter au règne de Janus, époque de l'Age d'or, temps d'égalité, que la fête avait pour but de rappeler. Les Saturnales furent abolies, ou du moins interdites aux Chrétiens, en 362, par le concile de Laodicée. — Macrobe adonné le titre de Saturnales à un de ses ouvrages, qui se compose d'entretiens tenus dans un festin des Saturnales.

SATURNE, Saturnus, en grec Kronos, dieu latin et grec, était le fils puîné d'Uranus (le Ciel) et épousa Cybèle (la Terre). Titan, son frère aîné, lui céda le trône, mais en le réservant après lui à ses fils, les Titans, et en exigeant que Saturne dévorât ses enfants mâles dès leur naissance. Saturne, exécutant fidèlement le traité, dévora Pluton et Neptune; mais Cybèle le trompa lors de la naissance de Jupiter, en substituant au nouveau-né une pierre, que Saturne engloutit aussitôt; elle sut même, à l'aide d'un puissant breuvage, tirer de ses entrailles et rendre à la vie Neptune et Pluton. Titan, instruit de l'existence des trois enfants, détrôna Saturne et le jeta dans une prison. Jupiter, resté libre, vengea son père, battit les Titans, et remit le captif sur le trône. Mais bientôt Saturne devint jaloux de son propre fils, et lui tendit des pièges. Alors Jupiter prit les armes contre lui et le chassa du ciel. Réduit à descendre sur terre, Saturne alla se cacher dans le Latium, qui, dit-on, prit de là son nom (de latere, se cacher) ; il y fut accueilli par le dieu Janus, épousa Vénilie, fille de ce dieu, et devint son successeur. Il enseigna aux Latins l'agriculture et fit fleurir parmi eux la paix, l'abondance et la justice : son règne fut l’âge d'or pour l'Italie. Pendant son séjour sur la terre, Saturne prit la forme d'un cheval pour plaire à la nymphe Philyre, qui eut de lui le centaure Chiron, moitié homme, moitié cheval — Saturne et Kronos, quoique identifiés plus tard, étaient des dieux différents : le premier était Italien, et le second Grec; le 1er était le dieu de l'agriculture, le 2e la personnification du temps. La fable de Saturne dévorant ses enfants semble n'être qu'une allégorie du temps qui détruit tout ce qu'il a lui-même édifié. En tant que dieu du temps, Saturne est représenté sous les traits d'un vieillard nu jusqu'à mi-corps, maigre, barbu, avec de grandes ailes, la tête couverte d'un voile; on lui met une faux dans une main, un sablier dans l'autre. On a souvent assimilé à Saturne le Moloch phénicien ou carthaginois, auquel on sacrifiait des enfants. — Saturne était surtout honoré en Italie : à Rome, il avait un temple célèbre, situé au pied du Capitole et où était gardé le trésor public. On célébrait en son honneur les Saturnales (V. ce mot). — Les astronomes ont donné le nom de Saturne à une planète (celle qui, dans l'ordre des distances, vient avant Uranus), à laquelle ils attribuaient une influence funeste.

SATURNIE, Saturnia tellus, nom donné par les poëtes à l'Italie, qui servit de retraite à Saturne.

SATURNIN (S.) ou S. SERNIN, prêcha l'Évangile dans les Gaules au IIIe s., fut le 1er évêque de Toulouse, et subit le martyre vers 250. Selon la légende, les prêtres des idoles l'attachèrent par les pieds à un taureau furieux, qui l'emporta et lui brisa la tête sur les marches du Capitole de sa ville épiscopale. On le fête le 29 nov.

SATURNINUS (L. APULEIUS), Romain turbulent, créature de Marius, fut questeur à Ostie, puis tribun du peuple à Rome (102 av. J.-C.), eut grande part aux élections qui conférèrent à Marius le 4e et le 6e consulat, mit tout en œuvre pour se faire proroger dans le tribunat et n'y parvint que par le meurtre de son compétiteur (Nonius), força Métellus à s'exiler, fit tuer Memmius, afin d'assurer le consulat à Glaucia, compétiteur de ce dernier, puis s'empara nuitamment du Capitole pour s'y réfugier. Il s'y vit bloqué par Marius lui-même, fut contraint de se rendre à discrétion et fut aussitôt lapidé (99).

SATURNINUS (Sext. JULIUS), Gaulois d'origine, se distingua d'abord comme orateur, puis embrassa la profession des armes, se signala par ses exploits en Gaule, en Espagne, en Afrique, parvint aux premiers grades sous Aurélien et sous Probus, pacifia les Gaules et l'Espagne et chassa les Maures de l'Afrique romaine. Salué empereur dans Alexandrie en 280, il ne prit la pourpre qu'à contre-cœur. Au bout de quelques mois, il se vit abandonné de ses troupes et fut massacré dans Apamée par les soldats de Probus. — Deux autres Saturninus prirent la pourpre : l'un, Q. Sempronius S., général de Gallien et gouverneur de l’Égypte, fut proclamé par son armée en 263, se maintint en Égypte 4 ans, et fut tué par ses soldats pour avoir voulu faire respecter la discipline; l'autre usurpa dans les Gaules sous Constance II et Julien et se maintint de 350 à 363.

SATYRES, Satyri, dieux champêtres qu'on représente le nez camus et épaté, avec les oreilles, les cornes, les jambes et la queue du bouc, étaient les compagnons de Bacchus, qu'ils suivirent à la conquête des Indes. Adorateurs du dieu du vin, ils mènent joyeuse vie, chantant ou jouant de la flûte, frappant sur des cymbales ou portant la coupe en main et agitant le thyrse. Tantôt ils forment des danses avec les Dryades ou les Nymphes, tantôt, dans leurs jeux lascifs, ils poursuivent ces déesses. On les confond souvent avec les Faunes et les Sylvains.

SAUCOURT-EN-VIMEUX, vge du dép. de la Somme, près d'Abbeville. Louis III y remporta, en 881, une victoire sur les Normands : des chants qui célébraient cette victoire restèrent longtemps populaires dans le pays. L'un d'eux, en langue franque, a été retrouvé en 1837 à Valenciennes.

SAUDRE (la), Sedera, riv. de France, naît dans le dép. de Loir-et-Cher, baigne Salbris, Romorantin, et tombe dans le Cher au-dessus de Selles, dans l'arr. de Blois, après un cours d'env. 125 kil.

SAUGUES, ch.-l. de c. (Haute-Loire), à 32 kil. O. du Puy; 3839 hab. Dentelles, fromages.

SAUJON, ch.-l. de c. (Charente-inf.), sur la Seudre, à 25 kil. S. O. de Saintes; 2889 hab. Sel, vins, eaux-de-vie. Anc. seigneurie, qui appartint au cardinal de Richelieu.

SAUL, Saulus, 1er nom de S. Paul. V. PAUL (S.).

SAÜL, 1er roi des Israélites, était fils d'un homme puissant de Gabaa, et se taisait remarquer par sa haute taille et sa beauté. Samuel, pressé de choisir un roi, le sacra en 1080 av. J.-C. Saül battit les Ammonites près de Gabaa, les Philistins à Jabès-Galaad, les Amalécites à Siceleg; mais, ayant irrité Samuel par plusieurs désobéissances, notamment en offrant un sacrifice à sa place et en épargnant Agag, roi des Amalécites, il fut réprouvé, et tomba dans une noire mélancolie : David dissipait ses accès en jouant devant lui de la harpe. Lorsque David eut tué Goliath, Saül refusa de lui donner Michol, sa fille, comme il en était convenu, et il ne la lui accorda que quand il s'y vit contraint. Il tenta plusieurs fois, mais sans succès, de faire périr le jeune héros, qui avait été sacré secrètement par Samuel, et contre lequel il avait conçu une sombre jalousie. Saül, abandonné de Dieu, fut battu à Gelboé par les Philistins (1040) et se perça de son épée, après avoir vu périr ses trois fils. La veille de la bataille il avait fait évoquer, par la pythonisse d'Endor, l'ombre de Samuel, qui lui prédit son funeste sort, Alex. Soumet a pris Saül pour le héros d'une de ses plus belles tragédies.

SAULI (Alexandre), l'apôtre de la Corse, né à Milan en 1535, d'une famille génoise, mort en 1592, entra dans la congrégation des Clercs réguliers de St-Paul, dont il fut élu supérieur en 1567, se distingua comme théologien et prédicateur, fut fait, en 1570, évêque d'Aleria en Corse, convertit et civilisa les peuplades demi sauvages de l'île, et devint en 1591 évêque de Pavie. L’Église l'honore le 23 avril.

SAULIEU, Sidilocum ou Sedelaucum, ch.-l. de c. (Côte-d'Or), à 28 kil. S. O. de Semur; 4783 h. Trib., collége, bibliothèque. Blé, chanvre, navets estimés, bois. On y remarque l'antique église de St-Saturnin et celle de St-Andoche, avec une tour dont le couronnement imite la couronne de Charlemagne. Ruines d'un temple druidique. Patrie de Cl. Sallier et de Courtépée. — Ville très-ancienne. Les Anglais la brûlèrent en 1359; elle souffrit beaucoup pendant les guerres de Religion.

SAULNIER (L. Séb.), fondateur de la Revue britannique, né à Nancy en 1790, m. en 1835, était fils d'un secrétaire général de la police et fut préfet dans les Cent-Jours. Révoqué par les Bourbons, il fonda la Revue britannique en 1825. Après la révolution de 1830, il devint préfet de la Mayenne, puis du Loiret, il fut nommé en 1832 membre de l'Académie des sciences morales et politiques.

SAULT, ch.-l. de c. (Vaucluse), dans une belle vallée, à 35 kil, E. de Carpentras ; 2674 h. Anc. comté, dont le dernier titulaire fut le maréchal de Villeroy.

SAULT (le), anc. petit pays du Ht-Languedoc, auj. dans le dép. de l'Aude, avait pour lieu principal Escouloubre, et formait un duché dont les aînés de la maison de Lesdiguières portaient le titre.

SAULX (la), petite riv. de France, naît près de Vassy (Hte-Marne), reçoit l'Ornain, et se jette dans la Marne sous Vitry-le-Français ; cours, 100 kil.

SAULX, ch.-l. de c. (Hte-Saône), à 19 kil. O. de Lure; 1045 hab. Église du XIIe siècle.

SAULX-LE-DUC, château et bourg du dép. de la Côte-d'Or, à 26 kil. N. de Dijon, a donné son nom à une illustre maison de Bourgogne, connue dès le XIe s. Le château et la terre de Saulx furent cédés en 1254 à S. Louis par les seigneurs de Saulx, qui néanmoins en retinrent toujours le nom. Philippe le Bel donna cette terre en 1303 à Robert, duc de Bourgogne, d'où le nom de Saulx-le-Duc. La maison de Saulx, dont la ligne directe s'éteignit dès 1320, a formé plusieurs branches, dont les plus connues sont celles de Saulx-Tavannes et de Saulx-Ventoux. V. TAVANNES.

SAULXURE, ch.-l. de c. (Vosges), à 25 kil. S. E. de Remiremont; 4024 hab. Filature de coton.

SAULZAIS-LE-POTIER, ch.-l. de cant. (Cher), à 17 kil. S. de St-Amand; 923 hab.

SAUMAISE (Claude), Salmasius, savant célèbre, né en 1588 à Semur-en-Auxois, m. en 1658, eut pour premier maître son père, Bénigne Saumaise, magistrat et savant distingué (1560-1640), à qui l'on doit une traduction en vers français de Denys le Périégète. Il se lia jeune avec Casaubon et Gruter, mena de front toutes les sciences (médecine, jurisprudence, théologie, histoire, antiquité), apprit seul le persan, le chaldéen, l'arabe, le copte, etc., et voyagea beaucoup. Ayant embrassé de bonne heure la religion réformée, il alla se fixer en Hollande afin de la professer librement; il séjourna assez longtemps à Leyde, acquit une réputation universelle, et vit les rois se disputer l'honneur de le posséder. Richelieu et Mazarin tâchèrent en vain de l'attirer en France ; Christine voulait le fixer en Suède; Charles II le chargea de rédiger une Apologie de son père Charles I, apologie qui l'engagea dans une vive polémique avec Milton. On a de lui des éditions, avec d'excellents commentaires, de Florus (1609), de l’Histoire Auguste (1620), du livre de Tertullien de Pallio (1622), de L. Ampelius (1638), d’Achille Tatius (1640), de Solin, avec des Exercitationes, commentaires pleins d'érudition (1629); des traités De Re militari Romanorum, De Usuris, De Cæsarie, De Primatu papæ, etc. Il a laissé 80 ouvrages imprimés et 60 ouvrages manuscrits. Saumaise a été prodigieusement loué de son vivant : on le surnommait le Prince des commentateurs; les habitants de Leyde, le rappelant après une absence, écrivaient que l’Académie de Leyde ne pouvait pas plus se passer de Saumaise que le monde du soleil. On regrette que les injures, le mauvais goût et des opinions hasardées déparent plusieurs des écrits de ce savant.

SAUMUR, chez les anc. Segora ? Salmurium en lat. mod., ch.-l. d'arr. (Maine-et-Loire), sur la r. g. de la Loire, à 47 kil. S. E. d'Angers par la route, à 44 kil. par le chemin de fer; 14 079 h. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége, bibliothèque, musée. Château fort, qui sert d'hôtel de ville; célèbre école militaire de cavalerie, qui date de 1763; haras. On y remarque les antiques églises de St-Nicolas et de St-Pierre, celle de Nantilly, où Louis XI avait un oratoire, le château de la reine de Sicile, l'hospice de la Providence, dont les salles sont creusées dans le roc, et deux beaux ponts sur la Loire. Commerce actif de vins rouges et surtout de vins blancs du pays, très-capiteux, eaux-de-vie, vinaigres, chanvre, lin, pruneaux, poires tapées. Fabr. d'émaux, de chapelets en coco et en verroterie. Courses annuelles de chevaux. Patrie de Mme Dacier. — Saumur était jadis une place forte et la capitale du Saumurois, qui formait avant 1789 un des 8 petits gouvernements. Elle fit partie de l'Anjou depuis 1026, fut engagée en 1549 à François de Lorraine, duc de Guise, et ne fut dégagée que par Charles IX en 1570. Elle fut donnée aux Calvinistes comme place de sûreté par Henri III ; ils y eurent une Académie et une faculté de théologie célèbres, fondées en 1600 par Duplessis-Mornay, mais supprimées en 1685, après la révocation de l'édit de Nantes (le Dr J. Dumont a écrit l'histoire de cette Académie 1863). Les Vendéens prirent Saumur le 9 juin 1793, mais l'évacuèrent dès le 24. On nomme Complot de Saumur l'insurrection du général Berton en 1822.

SAUNDERSON (Nic.), aveugle célèbre, né en 1682 à Thurlston (Yorkshire), m. en 1739, n'avait qu'un an quand la petite vérole lui fit perdre la vue. Il n'en cultiva pas moins les sciences avec ardeur et devint un des plus célèbres professeurs de mathématiques et de physique de l'université de Cambridge. On admirait les leçons d'un aveugle sur la lumière et les couleurs, sur l'arc-en-ciel, sur la combinaison des verres, etc. Il a laissé des Éléments d'algèbre, Cambridge, 1740; un Traité des fluxions, 1756 (avec des Commentaires estimés sur les Principia de Newton).

SAURIN (Jacq.), ministre protestant, né à Nîmes en 1677, m. en 1730, avait 9 ans quand son père, secrétaire de l'Académie de Nîmes, fut forcé de s'expatrier par suite de la révocation de l'édit de Nantes; il étudia à Genève, devint pasteur de l'église wallonne de Londres, puis ministre extraordinaire des nobles à La Haye. On a de lui des Sermons (La Haye, 17.49, 12 vol. in-8), qui abondent en traits d'éloquence et que ses coreligionnaires égalent à ceux de Bossuet, et un recueil de Discours historiques, théologiques et moraux, 1720, 2 vol. in-fol., vulgairement appelé la Bible de Saurin (augmenté de 4 vol. par Roques et Beausobre fils). J. J. Chenevière a publié les Chefs-d'œuvre ou Sermons choisis de Saurin, Gen., 1824; ils ont été réédités en 1854 par Ch. Weiss. J. Saurin est le premier des orateurs protestants : son éloquence, pittoresque et saisissante, s'élève quelquefois jusqu'au sublime ; ses défauts sont l'abus de l'érudition et une forme trop didactique.

SAURIN (Élie), théologien protestant, ministre à Embrun, puis à Utrecht, né en 1639, m. en 1703, célèbre par ses démêlés avec son coreligionnaire Jurieu, a écrit, entre autres ouvrages : Défense de la véritable doctrine de l'Église réformée, 1697, et des traités des Droits de la conscience, de l’Amour de Dieu, de l’Amour du prochain.

SAURIN (Joseph), géomètre français, né en 1659 à Courthéson (principauté d'Orange), m. en 1737, était frère du précédent. D'abord ministre protestant en Suisse, il quitta ce pays par suite de querelles religieuses ou plutôt afin d'éviter une condamnation pour vol, rentra en France, fut converti par Bossuet (1690), et reçut de Louis XIV une pension de 1500 livres. Cultivant avec succès les mathématiques, il s'ouvrit les portes de l'Académie des sciences (1707) : il rédigea pour le recueil de cette compagnie de savants mémoires sur les courbes et la pesanteur. En outre, il concourut de 1702 à 1708 à la rédaction du Journal des Savants. Accusé par J. B. Rousseau, dont il était l'ennemi, d'être l'auteur des fameux couplets qui firent son malheur, il fut pour ce fait retenu six mois en prison; mais il se justifia facilement. Pour se venger, il prit une grande part à l'intrigue qui perdit J. B. Rousseau. — Son fils, Bern. Joseph S., poëte dramatique, né à Paris en 1706, m. en 1781, avait près de 40 ans lorsqu'il donna sa première pièce. Son chef-d'œuvre est Spartacus, une de nos bonnes tragédies du second ordre; viennent ensuite le drame de Beverley, en 5 actes et en vers libres, qui offre le sombre tableau de la vie d'un joueur, et 3 comédies (les Mœurs du Temps, l’Anglomane, les Trois Rivaux). Il fut élu en 1761 membre de l'Académie française. Ses Œuvres ont été recueillies à Paris, 1783, 2v. in-8; on a donné en 1812 ses Œuvres choisies, 1 v. in-18.

SAUROMATES ou SARMATES. V. SARMATIE.

SAUSSURE, v. de France. V. SAULXURE.

SAUSSURE (Horace Bénédict de), grand naturaliste, né à Genève en 1740, m. en 1799, était fils de Nic. de Saussure, agronome distingué (1709-90), à qui on doit d'excellents ouvrages d'agriculture, et neveu de Ch. Bonnet. Il professa la philosophie naturelle à Genève, fut le compagnon et l'ami de Haller, voyagea longtemps en Angleterre, en France, en Allemagne, en Italie, parcourut plusieurs fois les Alpes dans toute leur étendue, parvint à la cime du Mont-Blanc (1788), et, par ses explorations sur les hautes montagnes, rendit d'immenses services à la minéralogie et à la géologie, dont il est un des fondateurs, ainsi qu'à la botanique et à la météorologie. Il inventa ou rectifia plusieurs instruments précieux, l'électromètre, l'hygromètre, le thermomètre, l'anémomètre, l'eudiomètre. Il a laissé beaucoup de Mémoires dans les recueils savants de l'époque. Son principal ouvrage est son Voyage dans les Alpes, 4 vol. (1779-96). On estime aussi son Traité d'hygrométrie. — Son fils, Théodore de Saussure, 1767-1845, s'est fait un nom par ses beaux travaux sur la physique et la chimie végétales : ses Recherches chimiques sur la végétation (1804) sont un des plus curieux monuments de la science au XVIIIe s. On lui doit d'intéressantes observations sur l'air atmosphérique, sur les variations de l'acide carbonique, sur les effets que les feuilles et les fleurs exercent sur la composition de l'air. Il fut admis en 1810 à l'Institut. — La sœur de ce dernier, Mme Necker de Saussure, 1765-1841, est connue par un excellent ouvrage, l’Éducation progressive, étude du cours de la vie (1836-1838, 3 vol. in-8), ouvrage qui fut couronné par l'Académie française.

SAUTERNES, bg du dép. de la Gironde, à 20 kil. N. O. de Bazas; 1000 h. Vins blancs très-estimés.

SAUVAGE (Pierre), mécanicien, né en 1785 à Boulogne-sur-Mer, m. en 1857, était en 1811 constructeur de navires. Il reprit, en les perfectionnant, les essais faits jusque-là sans succès pour l'application de l’hélice à la navigation (V. DALLERY), réussit en petit, mais ne put, faute de fonds, réaliser son invention en grand, et eut le chagrin de la voir exécuter par d'autres. C'est lui qui inventa le physionotype (V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences), et la machine à réduction, qui permet au sculpteur de réduire tout modèle donné.

SAUVAGES (Franç. BOISSIER de), médecin et botaniste, natif d'Alais, 1706-67, professa la médecine, puis la botanique à Montpellier, et se signala par son zèle et son humanité, non moins que par son savoir. Outre un grand nombre de Mémoires et Dissertations (dans le recueil de la Société des sciences de Montpellier), on lui doit une savante Nosologie (en latin), 1759 et 1763 (trad. par Gouvion, Lyon, 1772, 10 vol. in-12), ouvrage qui a été longtemps classique. Partisan des idées de Stahl, Sauvages combattit les mécanistes. — Son frère, P. Augustin S., 1710-95, a publié un beau traité sur l’Art d'élever les vers à soie, et un Dictionnaire languedocien-français, 1750.

SAUVAL (H.), historien, né à Paris en 1620, m. en 1670, abandonna le barreau pour se livrer à des recherches d'érudition, obtint l'entrée des Archives et du Trésor des chartes pour exécuter un vaste travail qu'il méditait sur Paris, mais fut interrompu par la mort. Il a laissé 9 vol. in-fol. manuscrits, d'où l'on a tiré Histoire et recherches sur les antiquités de Paris, publié longtemps après sa mort, 1724, 3 vol. in-f., avec des dissertations de Launoy, A. Galland, etc. C'est un ouvrage fort savant, mais diffus.

SAUVE, ch.-l. de c. (Gard), sur le penchant du mont Coula et sur la Vidourle, à 37 kil. E. du Vigan; 2552 hab. Église calviniste. Bonneterie, teintureries. Patrie d'Astruc Florian naquit aux environs. — Cette ville eut des seigneurs particuliers jusqu'à la fin du XIIIe s. ; elle fut donnée par Philippe le Bel à l'évêque de Maguelone en 1294. En 1562, elle se déclara pour le prince de Condé, et, en 1620, pour le duc Henri de Rohan, chefs des Calvinistes. Les Camisards la prirent en 1702, mais elle fut bientôt reprise.

SAUVES (Charlotte DE BEAUNE-SAMBLANÇAY, baronne de), dame d'atours de Catherine de Médicis, née en 1551, m. en 1617, était également remarquable par son esprit et par sa beauté. Elle fut aimée du roi de Navarre (depuis Henri IV), lui resta toujours dévouée et le tint souvent au courant des trames qui s'ourdissaient contre lui ou les siens. Elle se maria en secondes noces au marquis de Noirmoutiers.

SAUVETERRE, ch.-l. de c. (Aveyron), à 32 k. S. O. de Rhodez; 1000 hab. — Ch.-l. de c. (B-Pyrénées), sur le gave d'Oloron, à 21 kil. S. O. d'Orthez; 1544h. Vins rouges. — Ch.-l. de c. (Gironde), à l4 kil. N. O. de La Réole; 850 hab. — Ce nom, commun à beaucoup d'autres villes, rappelle un lieu de refuge.

SAUVEUR (Jos.), géomètre, né en 16531 La Flèche, m. en 1716, eut pour maître Rohault, donna des leçons particulières à Paris, compta-parmi ses élèves le prince Eugène, devint maître de mathématiques des pages de la Dauphine,puis professeur de mathématiques du Collége de France (1686) et fut admis à l'Académie des Sciences en 1696. Il était un des commensaux de la maison de Condé à Chantilly. Ses recherches ont fait faire des progrès à l'acoustique musicale, et pourtant il était presque sourd et avait la voix fausse : on lui doit le monocorde, l'explication du phénomène des battements et la découverte des nœuds de vibration des cordes. Il s'occupa aussi beaucoup de fortifications et fit sur ce sujet un travail qui lui valut l'amitié de Vauban; il se rendit au siège de Mons, et visita les places de la Flandre. On a de lui de nombreux Mémoires et de savantes Dissertations, dans le Recueil de l'Académie des Sciences (1700-13). Fontenelle a écrit son Éloge.

SAUVEUR (le), nom par lequel on désigne fréquemment Jésus-Christ. — Le nom du Sauveur a été porté par plusieurs ordres religieux, militaires ou honorifiques : on connaît surtout l’Ordre du St-Sauveur, congrégation de religieuses fondée en 1344 par Ste Brigitte; l’Ordre de St-Sauveur-de-Montésa, un des ordres militaires de l'Espagne, fondé en 1317, après la destruction de l'ordre des Templiers, dont on lui donna les biens.

SAUVEUR (Ordre du), ordre honorifique institué en 1834 par Othon, roi de Grèce, en mémoire de l'heureuse délivrance du pays.

SAUXILLANGES, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), sur la Couze, à 11 kil. E. d'Issoire; 2037 hab. Aux env., houille et fer. Faux, faucilles, scies; poterie. Anc. abbaye de Bénédictins, fondée vers 916 par Guillaume le Pieux, duc d'Aquitaine.

SAUZÉ-VAUSSAY, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), à 23 kil. S. E. de Melle; 1858 hab. Tuilerie.

SAVAGE (Richard), poëte anglais, né à Londres en 1698, m. en 1743, était fils adultérin de lord Rivers et de la comtesse de Macclesfield. Il ne trouva dans sa mère qu'une marâtre, et passa la plus grande partie de sa vie dans une profonde misère. Élevé en secret par des artisans, il connut par hasard le secret de sa naissance, mais il tenta vainement de se faire reconnaître ou seulement d'obtenir des secours de la noble comtesse. Il se fit alors auteur et se mit à travailler pour le théâtre. Ses malheurs et son talent lui valurent la protection de quelques personnages, entre autres celle de Steele et de Pope ; mais il perdit bientôt leur amitié par son inconduite et son ingratitude. Il mourut à 45 ans, dans une prison où il était détenu pour dettes. Savage a composé des comédies, des tragédies, des satires, et des poëmes de divers genres. On remarque ceux qu'il intitula le Vagabond et le Bâtard, qui renferment sa propre histoire. Tous ses écrits brillent par la verve et l'originalité. Ses Œuvres ont été réunies en 2 vol. in-8, Londres, 1777.

SAVANNAH (la), riv. des États-Unis, se forme, sur la limite de la Géorgie et de la Caroline du Sud, par la réunion du Tugaloo et du Keowee, coule au S. E., passe à Augusta et à Savannah, et tombe dans l'Atlantique par plusieurs embouchures, à 25 k. au-dessous de cette dernière ville, après un cours de 440 k.

SAVANNAH, v. des États-Unis (Géorgie), sur la r. dr. de la Savannah, à 25 kil. de son embouchure, à 220 S. E. de Milledgeville; 25 000 hab. Port très-commerçant, forteresse; point de jonction de plusieurs chemins de fer; grand entrepôt de commerce. Quelques jolis édifices : académie, bibliothèque, etc. Les Anglais prirent cette ville en 1778 sur les insurgés et y repoussèrent l'année suivante l'assaut des Américains et des Français.

SAVARIN (BRILLAT-). V. BRILLAT-SAVARIN.

SAVART (Félix), physicien, né à Mézières en 1791, m. en 1841, embrassa la profession de médecin, qu'il quitta de bonne heure pour se livrer à l'étude de la physique et de la chimie, publia, à partir de 1817, divers travaux sur l'acoustique qui attirèrent l'attention des savants, fut admis à l'Institut en 1827, fut peu après nommé conservateur du cabinet de physique au collége de France, et succéda en 1838 a Ampère dans la chaire de physique de cet établissement. On lui doit d'intéressantes recherches sur la construction des instruments à cordes et à archet, sur la voix humaine, sur l'organe de l'ouïe. Il a aussi inventé divers instruments, un entre autres pour mesurer les vibrations dont se compose un son. Ses travaux ont paru dans les Annales de physique et de chimie et dans les Mémoires de l'Acad. des sciences.

SAVARY (Jacq.), négociant, né à Douai en 1622, m. en 1690, reçut de Fouquet la ferme des domaines de la couronne, prit une grande part à la révision des règlements de commerce et à la rédaction de l'ordonnance de 1673, qu'on appela le Code Savary. On a de lui le Parfait négociant (1675). — Savary des Brulons, un de ses fils, eut la première idée du Dictionnaire de commerce, qui fut publié en 1723 par son frère, l'abbé Philémon Savary (2 vol. in-fol).

SAVARY (Claude), voyageur, né en 1750 à Vitré en Bretagne, m. en 1788, passa 5 ans en Égypte, parcourut l'Archipel, et, de retour en France, écrivit des Lettres sur l’Égypte (1785) et sur la Grèce, (1788), ouvrages aussi remarquables pour le style qu'intéressants par les détails. On lui doit en outre une traduction du Coran, avec la Vie de Mahomet, 1783; la Morale de Mahomet, 1784; une Grammaire arabe, 1813. — Son frère, Julien S., d'abord juge au tribunal de Chollet, fut forcé de fuir devant les Vendéens insurgés, prit du service dans l'armée républicaine, sous Kléber, devint dans la suite membre du Corps-Législatif, et se retira des affaires après le coup d'État du 18 brumaire. On a de lui : Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République, 1824.

SAVARY (Réné), duc de Rovigo, général de l'Empire, né en 1774 à Marc près de Vouziers (Ardennes), m. en 1833, était fils d'un ancien major du château de Sedan. Il prit du service sous Custine à l'armée du Nord et fut fait capitaine de cavalerie dès l'âge de 19 ans. Il fit partie de l'expédition d’Égypte, fut à son retour nommé par le 1er consul colonel de la gendarmerie d'élite, et se vit, en cette qualité, chargé de faire exécuter la sentence prononcée contre le duc d'Enghien (1804). Il s'éleva rapidement aux grades de général de brigade et de général de division, et, après s'être distingué à Austerlitz, Eylau, Ostrolenka et Friedland, fut nommé duc de Rovigo, gouverneur de la Prusse, puis ambassadeur a St-Pétersbourg (1807). Il reçut en 1808 le commandement en chef de l'armée d'Espagne, et le conserva jusqu'à l'arrivée du roi Joseph. Ministre de la police en 1810, il ne sut point prévenir le complot de Mallet (1812). Il suivit l'empereur en 1815 à Rochefort, et voulut s'embarquer avec lui sur le Bellérophon, mais cette faveur lui fut refusée par les Anglais : il fut même retenu par eux et envoyé comme prisonnier à Naples ; s'étant évadé au bout de sept mois, il revint en France et fit casser le jugement qui, en son absence, l'avait condamné à mort par contumace. Une brochure qu'il écrivit en 1823 au sujet de la mort du duc d'Enghien, et dans laquelle il accusait le prince de Talleyrand, le força de se retirer à Rome. De retour en 1830, il obtint en 1831 le commandement en chef de l'armée d'Afrique, qu'il conserva jusqu'à sa mort. Il a laissé des Mémoires pour servir à l'histoire de l'empereur Napoléon, qui parurent en 1828, 8 v. in-8, et qui sont au nombre des sources les plus importantes.

SAVARY DE BRÈVES, diplomate. V. BRÈVES.

SAVE (la), Savus, riv. qui sort des Alpes Carniques, en Illyrie, naît à 19 kil. S. de Villach, coule à l'E. S. E., sépare la Styrie de l'Illyrie, traverse la Croatie, forme la limite entre l'Esclavonie (à l'Autriche) et la Turquie, et tombe dans le Danube, par la r. dr., à Belgrade, après un cours de 900 kil. Affluents, la Laybach, la Drina, la Bosna, la Kulpa, l'Unna. Plusieurs cataractes.

SAVENAY, ch.-l. d'arr. (Loire-Inf.), à 40 k. N. E. de Nantes, sur la r. dr. de la Loire, près de l'emb. du fleuve; 2803 h. Trib. de 1re inst. Chemin de fer, importante foire de bestiaux. Les Vendéens furent défaits à Savenay en 1793 par les Républicains, que commandaient Kléber et Marceau.

SAVERDUN, ch.-l. de c. (Ariége), sur la r. g. de l'Ariége, à 13 k. N. O. de Pamiers; 4205 h. Hôpital. Fabriques d'acier, faux, limes. Patrie du pape Benoît XII. Jadis ville forte du pays de Foix.

SAVÉRIEN (Alexandre), né à Arles vers 1720, m. à Paris en 1805, fut nommé à 20 ans ingénieur de la marine, consacra toute sa vie à des travaux utiles, et fonda l'Académie de Marine établie à Brest en 1752. Il a publié : Nouvelle théorie de la manœuvre des vaisseaux, 1745; Nouvelle théorie de la mâture, 1747 ; l’Art de mesurer le sillage du vaisseau, 1750; Dictionnaire de mathématiques et de physique, 1753; Dictionn. de marine, 1781, tous ouvrages estimés ; Histoire des philosophes anciens, 1771; Hist. des philosophes modernes, 1762-69; Hist. des progrès de l'esprit humain, 1766-78, ouvrages médiocres.

SAVERNE, Tabernæ en latin, Zabern en allem., ville d'Alsace-Lorraine sur la Zorn, à 38 kil. N. O. de Strasbourg par la route et 44 par le chemin de fer, près d'un défilé qui conduit de la Lorraine dans l'Alsace, et où Louis XV a fait construire un magnifique chemin; 5331 hab. Tribunal, collége. Beau château, construit au XVIIIe s. par le cardinal de Rohan, restauré par Napoléon III qui l'avait affecté aux veuves de hauts fonctionnaires. Drap, bonneterie ; affinerie d'acier, quincaillerie. — L'anc. Tabernæ fut, dit-on, détruite par Attila; la ville moderne appartint successivement aux évêques de Metz et de Strasbourg. Elle était très-forte, mais fut cependant plusieurs fois prise, notamment en 1525 par les Rustauds, parti d'Anabaptistes, et en 1636 par les Français. Elle resta à la France avec l'Alsace, et forma, jusqu'en 1871, un ch.-l. d'arr. du dép. du Bas-Rhin.

SAVERNE (la), riv. d'Angleterre. V. SEVERN.

SAVIGLIANO, v. d'Italie. V. SAVILLIAN.

SAVIGNAC-LES-ÉGLISES, ch.-l. de c. (Dordogne), à 22 kil. N. E. de Périgueux; 1057 h.

SAVIGNANO, petite v. d'Italie (Forli), sur le Fiumesino (l'anc. Rubicon), à 15 k. S. E. de Césène ; 4000 hab. Académie dite Rubiconia.

SAVIGNY, bg du dép. du Rhône, à 21 k. N. O. de Lyon; 1600 hab. Célèbre abbaye de Bénédictins, dite St-Martin-de-Savigny.

SAVIGNY-SUR-BRAYE, ch.-l. de c. (Loir-et-Cher), sur la Braye, à 27 k. N. O. de Vendôme; 2966 hab.

SAVIGNY (Christophe de), savant du XVIe s., né en 1530 au château de Savigny, dans le Rhételois, est auteur de Tableaux accomplis de tous les arts libéraux, in-fol. de 37 planch. (2e éd., Paris, 1619), auxquels on prétend que Fr. Bacon emprunta l'idée de son arbre encyclopédique. Il avait composé, sous le titre d’Onomasticon des mots et dictions de chacune chose, un ouvrage qui n'a pas été publié.

SAVIGNY (Fréd. Ch. de), savant juriste, né en 1779 à Francfort-sur-le-Mein, m. en 1861, était issu d'une famille française de Metz. Il professa successivement le droit à Marbourg, à Landshut, à Berlin (depuis 1810), fut admis en 1811 à l'Académie de cette dernière ville, devint en 1816 conseiller intime, reçut en 1842 le portefeuille de la justice et se retira lors des troubles de 1848. L'un des chefs de l'école historique, Savigny approfondit l'étude du droit ancien et de ses rapports avec le droit moderne. On trouve dans ses écrits l'alliance trop rare de l'érudition et de l'élégance du style. On a de lui des traités du Droit de possession, du Droit de succession, une Histoire du Droit romain au moyen âge, 1815 (trad. par Ch. Guenoux, 1839-52), et le Système du Droit romain actuel (1840, trad. par Guenoux, 1840-49). SAVILE (H. de), savant anglais, procureur de l'Université d'Oxford et prévôt du collége d'Éton, né en 1549, m. en 1622, donna des leçons de grec et de mathématiques à la reine Élisabeth, fonda une chaire de géométrie et d'astronomie à l'Académie d'Oxford, et fit imprimer à ses frais une magnifique édition des Œuvres de S. Jean Chrysostôme (en grec). On lui doit de plus : Rerum Anglicarum scriptores post Bedam præcipui, Londres, 1596, in-f.; des commentaires sur les Histoires de Tacite et la Vie d'Agricola, un Traité sur la milice des Romains.

SAVILE, marquis d'Halifax. V. HALIFAX.

SAVILLIAN, en italien Savigliano, v. forte d'Italie, dans les anc. États sardes (Saluces), entre la Maira et la Grana, à 25 kil. N. O. de Coni et à 52 S. de Turin ; 18 000 hab. Collége. Chemin de fer, belle porte en forme d'arc de triomphe, place ornée d'arcades. Filatures de soie, toiles, draps. — Prise par François I, rendue par Henri III en 1574. Les Français y battirent les Autrichiens en sept. 1799. Sous l'Empire, cette ville fut le ch.-l. d'un arr. du dép. de la Stura.

SAVINES, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), près de la Durance, à 10 kil. O. d'Embrun ; 1128 hab.

SAVOIE, Sabaudia ou Sapaudia, contrée de la France, située entre 45° 4'-46° 24' lat. N. et 3° 16'-4° 48' long E., est bornée au N. par le lac Léman et le canton suisse de Genève, à l'E. par le Valais, au S. E. par le Piémont, au S. par les dép. des Htes-Alpes et de l'Isère, à l'O. par le Rhône qui la sépare du dép. de l'Ain ; 146 k. du N. au S. sur 119 de l'E. à l'O.; env. 550 000 hab.; ville principale, Chambéry. Pays très-montagneux (Mont-Blanc, Mont-Cenis, petit St-Bernard, Mont-Buet, Thabor, etc.), sites pittoresques ; plusieurs lacs (ceux du Bourget, d'Annecy, d'Aiguebelle) ; eaux minérales, dont les principales sont celles d'Aix ; mines de plomb, de fer, d'étain, de cuivre ; houille, marbre, gypse ; miel, vers à soie, bétail, etc. Les habitants, appelés Savoyards ou Savoisiens, sont en général très-pauvres : ils émigrent en partie, et vont dans les pays voisins exercer les professions de commissionnaires, de colporteurs, de ramoneurs, de domestiques ; leur probité est proverbiale. Très-attachés à leur patrie, ils y retournent dès qu'ils ont amassé un petit pécule. La Savoie a produit plusieurs hommes remarquables : les papes Nicolas II et Innocent V, S. Bernard de Menthon et S. François de Sales, le cardinal Gerdil, Vaugelas, St-Réal, les deux De Maistre, Berthollet, le général de Boigne, les frères Michaud, etc. — La Savoie correspond aux provinces que les Latins nommaient Alpes Graiæ et Penninæ ; on y trouvait les Allobroges, les Centrones, les Nantuates, les Veragri. Le nom de Sapaudia, d'où dérive le nom actuel, ne date guère que de la fin du IVe siècle. Après avoir fait partie de l'empire romain et de celui de Charlemagne, la Savoie passa, en 888, sous la domination de Rodolphe, roi de la Bourgogne Transjurane ; elle fut réunie à l'Empire germanique par Conrad le Salique, qui l'érigea en comté vers l'an 1027, en faveur d'Humbert aux Blanches Mains, tige des comtes de Savoie ; elle devint duché en 1416. Après de nombreuses vicissitudes (dont on trouvera le détail aux art. États Sardes et Maison de Savoie), elle a été cédée à la France en 1860 par le roi de Sardaigne, et cette cession a été aussitôt confirmée par le suffrage universel des habitants. — Sous le 1er Empire français, la Savoie, alors réunie à la France, forma le dép. du Mont-Blanc et une partie de celui du Léman. Sous l'administration sarde, elle forma une intendance générale, qui se divisait en 8 prov. : Savoie propre (Chambéry), Hte-Savoie (Albert-Ville), Carouge (St-Julien), Chablais (Thonon), Faucigny (Bonneville), Génevois (Annecy), Maurienne (St-Jean-de-Maurienne), Tarantaise (Moutiers). Depuis 1860, elle forme les deux dép. français de Savoie et de Hte-Savoie. Le 1er, au S., compte 275 039 h., a pour ch.-l. Chambéry, et se divise en 4 arr., Albert-Ville, Chambéry, Moutiers, St-Jean-de-Maurienne ; il a un archevêché et une cour impériale à Chambéry. Le 2e, au N., compte 267 496 h., a pour ch.-l. Annecy, se divise en 4 arr., Annecey, Bonneville, St-Julien, Thonon, et a un évêché à Annecy. Les deux dép. réunis forment une Académie universitaire, qui a son ch.-l. à Chambéry.

SAVOIE (Maison de), maison souveraine qui passe pour la plus ancienne des maisons régnantes de l'Europe, a pour chef Humbert aux Blanches Mains, qui vivait à ta fin du Xe s. Le plus grand nombre des auteurs lui donnent pour père un certain Béraud, Bérold ou Berthold, de la maison de Saxe, vice-roi d'Arles et comte de Maurienne, fils lui-même de Hugues, marquis d'Italie ; d'autres le supposent issu des ducs de Bourgogne, des comtes de Mâcon, des comtes de Milan ou des marquis d'Ivrée. Un système récent, et fort plausible, le fait naître d'un premier mariage d'Hermengarde, princesse que le roi de Bourgogne Rodolphe III épousa en secondes noces. Quoi qu'il en soit, les princes de cette maison portèrent d'abord le titre de comtes de Savoie de 1027 à 1416 ; ils prirent celui de ducs à partir de 1416, et reçurent en 1720 celui de rois de Sardaigne. Ils s'intitulaient rois de Chypre depuis que le duc de Savoie Charles I le Guerrier eut hérité de ce titre à la mort de sa parente Charlotte de Lusignan (1487). Cette maison a donné naissance à de nombreuses branches : 1° les comtes de Maurienne, issus au XIIe s. de Thomas I, comte de Savoie, qui devinrent comtes du Piémont (par la cession qu'Amédée IV fit de ce comté à son frère Thomas II en 1244) et princes d'Achaïe et de Morée (par le mariage de Philippe de Savoie avec Isabelle de Villehardouin, héritière de ces principautés, 1301); 2° les princes de Carignan, qui ont pour tige Thomas-François de Savoie, 5e fils du duc Charles Emmanuel I (1596-1656); — 3° les comtes de Soissons, issus de la branche de Carignan par Eugène-Maurice de Savoie, 3e fils de Thomas-François, et né en 1633 ; — 4° les ducs de Nemours, issus d'un 2e Philippe de Savoie, qui lui-même était le 3e fils du duc Philippe II (1490-1533); — 5° les barons de Vaud (seigneurs de Bugey, de Valromey), issus au XIIIe s. des comtes de Piémont ; et plusieurs branches bâtardes (les seigneurs de Tende et de Villars, de Raconis, de Cavour, etc.)

Humbert I, aux Blanches Mains, Ier comte de Savoie, né vers 985, m. vers 1048, rendit des services à Rodophe III, roi de Bourgogne, à Hermengarde, veuve de ce prince, et à l'empereur Conrad le Salique, qui avait hérité de Rodolphe ; reçut du premier de ces princes la Savoie et la Maurienne, avec le titre de comte (1027); du second, une partie de Faucigny, le Bas-Chablais, le val d'Aoste, et fonda ainsi la maison de Savoie (1034). — Amédée I, fils ou petit-fils d'Humbert. Les uns le font mourir en 1047, avant son père ; les autres prolongent son existence jusqu'en 1060, ou plus tard. Du reste, on ne sait rien de lui. — Amédée II, neveu d'Amédée I, était fils d'Odon, qui avait épousé Adélaïde, héritière des marquis de Suze. Il augmenta considérablement les possessions des comtes de Savoie, en y joignant l'héritage de sa mère, qui comprenait presque tout le Piémont. On le fait régner de 1060 à 1072 ou 1080. — Humbert II, dit le Renforcé, fils d'Amédée II, régna de 1072 ou 1080 à 1103 : il ajouta à ses États la Tarentaise, qui se soumit volontairement à lui, et étendit sa souveraineté sur le pays de Vaud, le Ht-Chablais, le marquisat de Suze. — Amédée III, fils d'Humbert II, régna de 1103 à 1148. L'empereur Henri V érigea son comté en État d'empire. Il battit en 1141, à Montmélian, le dauphin de Viennois, Guigues VI, prit la croix avec Louis le Jeune en 1147, et mourut à son retour, en Chypre. — Humbert III, le Saint, fils d'Amédée III (1148-1188), passa la plus grande partie de sa vie dans les cloîtres, enrichit les églises, prit parti pour le pape Alexandre III contre l'empereur Frédéric Barberousse, qui envahit ses États et brûla Suze en 1174 (les archives de la maison de Savoie périrent dans cet incendie); il prit en compensation la ville de Turin (1175) ; mais il vit ses États dévastés de nouveau en 1187 et en mourut de chagrin. — Thomas I, fils d'Humbert III (1188-1233), n'avait que 11 ans à la mort de son père, et eut pour tuteur Boniface, marquis de Montferrat. Devenu majeur, il soutint contre le St-Siége l'emp. Frédéric II, qui en récompense le créa vicaire impérial en Piémont. Il étendit sa domination sur le pays de Vaud, le Bugey et le Valais et fit de Chambéry sa capitale. — Amédée IV, fils du préc., régna de 1233 à 1253, ajouta définitivement Turin et le Piémont à ses États (1235), et soutint Frédéric II contre le St-Siége. Il céda en 1244 le comté de Piémont à son frère Thomas II, déjà comte de Maurienne. — Boniface, fils du préc. (1253-63), n'avait que 9 ans à son avènement, et eut pour tuteur son oncle Thomas de Savoie. Ayant voulu réduire Turin qui s'était révolté, il fut pris par les rebelles, et mourut en prison,sans laisser d'enfants. — Pierre, dit le Petit Charlemagne, frère d'Amédée IV, né en 1203, régna de 1263 à 1268. Il s'était, avant son avènement, mis au service du roi d'Angleterre Henri III, qui l'avait créé comte de Richmond et d'Essex. Il punit Turin de sa révolte, et ajouta à ses États le Génevois par héritage. — Philippe, frère du préc., régna de 1268 à 1285. Entré dans l’Église, il avait été élevé à l'évêché de Valence, puis à l'archevêché de Lyon; mais, voyant son frère sans enfants, il obtint de rentrer dans la vie séculière et épousa Alix, héritière du comté de Bourgogne. — Amédée V, le Grand (1285-1323), fils de Thomas et neveu du préc., fit la guerre avec succès au comte de Génevois, au dauphin de Viennois, au marquis de Montferrat (qu'il prit et fit mourir dans une cage de fer), au marquis de Saluces, seconda Philippe le Bel dans sa guerre contre les Flamands, fut le médiateur de la paix entre la France et l'Angleterre, suivit l'empereur Henri VII en Italie, obtint de ce prince les seigneuries d'Asti et d'Ivrée, et réunit à ses États le Bas-Faucigny et une partie de la ville de Genève. A son avènement, il avait été obligé de céder à Philippe de Savoie, son neveu, dont il n'était que le tuteur, la principauté de Piémont, qui resta détachée de la Savoie jusqu'en 1429. — Édouard, le Libéral, fils d'Amédée V (1323-29), eut à combattre les mêmes ennemis que son père et fut battu en 1325 par Guigues VIII, dauphin de Viennois. Il accompagna le roi de France Philippe VI à la bat. de Cassel et s'y distingua. — Aimon, le Pacifique, frère du préc. (1329-43), fil la paix avec le dauphin de Viennois (1334), combattit en 1340 pour Philippe VI contre l'Angleterre, réforma l'administration de la justice, et fit des fondations pieuses. — Amédée VI, fils d'Aimon (1343-83), fut surnommé le Comte Vert pour s'être présenté, dans un tournoi qu'il donnait à Chambéry avec une armure et une livrée vertes. Le Dauphiné ayant été légué à la France (1349), il conclut en 1355, avec le nouveau dauphin (Charles, fils du roi Jean), un traité qui fixait les limites des deux États, et épousa, comme gage de paix, Bonne de Bourbon, cousine du roi. Il eut des démêlés avec son cousin Jacques de Savoie, prince de Piémont, son vassal, auquel il enleva momentanément ses États, puis, avec le marquis de Saluces et de Montferrat; alla en Grèce porter des secours à Jean Paléologue, allié à sa famille; se prononça pendant le schisme d'Occident pour Robert de Genève, son parent; accompagna Louis d'Anjou dans son expédition contre Naples, et mourut de la peste dans cette expédition. Il avait réuni à ses États les seigneuries de Vaud, Gex, Faucigny, Valromey, Quiers, Coni, Querasco et Verrue. — Amédée VII, le Comte Rouge, fils du précéd. (1383-91), accompagna le roi de France Charles VI en Flandre, contribua à la prise d'Ypres, et profita des embarras du comte de Provence pour lui enlever Nice et Vintimille. Il avait épousé une princesse française, Bonne de Berry. — Amédée VIII, fils du précéd., n'avait que 8 ans à la mort de son père (1391), et fut mis sous la tutelle de sa mère, Bonne de Berry. Il agrandit ses États par l'acquisition du Génevois (1401), puis du Bugey et de Verceil, et y réunit en 1429 le Piémont, qui en était détaché de puis plus d'un siècle. Il avait été, en 1416, créé duc de Savoie par l'empereur Sigismond. Ayant perdu sa femme Marie de Bourgogne, qu'il aimait tendrement, il entra dans l'Église, remit le gouvernement à son fils Louis, et se retira avec quelques chevaliers au couvent de Ripaille, près de Thonon, où il prit l'habit d'ermite. Au bout de quelques années il fut tiré de sa retraite par les prélats du concile de Bâle, qui, lors de la déposition d'Eugène IV, le nommèrent pape sous le nom de Félix V (1439), et l'opposèrent à Nicolas V. Il abdiqua définitivement alors la couronne de Savoie, se rendit à Bâle, où le concile était assemblé, et y résida près de dix ans. En 1449, il renonça volontairement à la tiare, afin de faire cesser un schisme scandaleux; il obtint en compensation, avec le chapeau de cardinal, diverses prérogatives, sur l'étendue desquelles les historiens ne sont pas d'accord. Il retourna au couvent de Ripaille, et y mourut en 1451. Amédée VIII avait institué l'ordre de St-Maurice et donné un Code à ses États. — Louis I, fils du précéd., duc de 1440 à 1465, né à Genève, avait dès 1434 administré le duché avec le titre de prince de Piémont (V. ci-dessus); mais ne prit le titre de duc qu'après que son père eut accepté la tiare (1440). Lors de la guerre qui éclata au sujet de la succession de Philippe Marie Visconti (1447), Louis aurait pu s'emparer du Milanais, dont les habitants redoutaient la domination de François Sforza; mais il manqua d'énergie. Craignant ses enfants eux-mêmes, qui se révoltaient contre lui (V. ci-après PHILIPPE II), il se réfugia en France auprès de Louis XI, qui avait épousé sa fille ; il y tomba malade et mourut peu après son arrivée. — Amédée IX, fils de Louis, né en 1435, duc de 1465 à 1472, devint peu après son avènement incapable de gouverner. La régence fut disputée entre ses frères et sa femme Yolande, sœur de Louis XI, et finit par être partagée entre eux. Prince charitable, il fut béatifié après sa mort. — Philibert I, le Chasseur, né en 1465, duc de 1472 à 1482, fils d'Amédée IX et d'Yolande, sœur de Louis XI, n'avait que 8 ans à son avènement. Sa minorité fut remplie par les querelles de Louis XI et du duc de Bourgogne Charles le Téméraire, qui se disputaient la régence. Il mourut à peine âgé de 17 ans, de la fatigue qu'il s'était donnée dans une partie de chasse. — Charles I, le Guerrier, frère de Philibert, n'avait que 14 ans à la mort de celui-ci (1482), et fut quelques mois sous la tutelle de Louis XI. Il fit la guerre avec succès au marquis de Saluces, ce qui lui valut son surnom. Il mourut en 1489, pendant un voyage en Piémont : on le crut empoisonné par le marquis de Saluces. Il avait épousé Blanche de Montferrat, et avait, à la mort de Charlotte de Lusignan, hérité du titre de roi de Chypre (1487). — Charles II, fils du précéd., n'avait que 9 mois à la mort de son père, et mourut en 1496, à 8 ans. — Philippe II, fils du duc Louis I, ne régna qu'un an et demi (1496-97). Fils rebelle, il avait été, sur la demande de son père, détenu deux ans par Louis XI au château de Loches (1464-66) : aussi prit-il parti pour le duc de Bourgogne contre le roi de France. Il fut le père de Louise de Savoie, qui épousa Charles de France, duc d'Angoulême, et devint mère de François I. — Philibert II, le Beau, fils du préc. (1497-1504), épousa Marguerite d'Autriche, fille de l'empereur Maximilien, célèbre depuis comme gouvernante des Pays-Ras, et refusa de laisser passer Louis XII par ses États pour entrer en Italie. Il consuma son temps en fêtes et en tournois et fut enlevé à 24 ans par la fièvre après une partie de chasse. C'était un prince d'une beauté remarquable : sa veuve lui éleva un magnifique mausolée dans l'église de Brou, aux portes de Bourg. Il ne laissait pas d'enfants. — Charles III, frère du précéd., régna de 1504 à 1553. Prince versatile, flottant sans cesse entre François I, son neveu, et Charles-Quint, son beau-frère, il fut maltraité par tous les deux, et se vit dépouiller de presque tous ses États. — Emmanuel- Philibert, duc de 1553 à 1580, fils du précéd., fut un des meilleurs généraux de Charles-Quint. V. EMMANUEL-PHILIBERT. — Charles-Emmanuel, le Grand, fils du préc., duc de 1580 à 1630. Profitant des troubles de la France, il s'empara du marquisat de Saluces, et se fit nommer par les Ligueurs comte de Provence en 1590. Henri IV, pour se venger de lui, envahit la Savoie et le Piémont, et se fit céder, par le traité de Lyon (1601), le Bugey, le Valromey et le pays de Gex. D'une ambition sans bornes, Charles-Emmanuel eut des prétentions sur le trône impérial après la mort de l'empereur Mathias, puis sur le royaume de Chypre et sur la principauté de Macédoine. Il mourut de chagrin parce qu'il ne pouvait accomplir ses projets. — Victor Amé ou Amédée I, fils du précéd., duc de 1630 à 1637 (V. VICTOR-AMÉDÉE). — Ce prince laissa 2 fils, François-Hyacinthe, âgé de 5 ans, qui fut mis sous la tutelle de sa mère, Christine de France, fille de Henri IV et sœur de Louis XIII, mais qui mourut dès l'année suivante; et Charles-Emmanuel III, né en 1634, qui fut proclamé duc en 1638 et qui fut également placé sous la tutelle de sa mère. Il ne prit le gouvernement de ses États qu'en 1648 et régna jusqu'en 1675. Reconnaissant envers les Français, qui l'avaient protégé pendant sa minorité, Charles-Emmanuel resta fidèle a leur alliance et leur dut un règne paisible. Il protégea le commerce et les arts, et fit construire le palais royal de Turin, ainsi que le Chemin de la Grotte sur la montagne des Échelles, pour faciliter le transport des marchandises de France en Italie. — Le fils de ce dernier, Victor-Amédée II, d'abord duc de Savoie, reçut en 1713 le titre de roi de Sicile et en 1720 celui de roi de Sardaigne. — Pour ce prince et pour ses successeurs, V. le nom sous lequel ils ont régné. Pour les autres princes célèbres de cette maison, V. NEMOURS, EUGÈNE, CARIGNAN, etc. — L’Hist. de la Savoie a été écrite par Cl. Genoux, 1854, et par Le Gallais, 1860. La princesse de Belgiojoso a donné l’Hist. de la maison de Savoie, 1860.

SAVONAROLE (Frère Jérôme), célèbre prédicateur dominicain, né à Ferrare en 1452, était le petit-fils de J. Michel Savonarole, médecin distingué de Ferrare. Nommé en 1488 prieur du couvent de St-Maro à Florence, il se distingua dans la chaire par son éloquence, mais il se livra bientôt à de violentes déclamations contre le clergé et le St-Siége, excita le peuple à se révolter contre les Médicis, et, prétendant avoir reçu le don de prophétie, prédit avec assurance une révolution prochaine. Peu après en effet (1494), Charles VIII étant venu en Italie, les Florentins profitèrent de la présence de ce prince pour recouvrer leur liberté. Savonarole, devenu l'idole du peuple, fut le véritable chef de la nouvelle république. Il se soutint pendant trois ans, et fit mettre à mort plusieurs citoyens qui avaient conspiré pour le rétablissement des Médicis ; mais, attaqué par les partisans de cette puissante maison, accusé d'hérésie par les religieux franciscains pour avoir soutenu des propositions suspectes, anathématisé par le pape Alexandre VI, dont il avait signalé les désordres, enfin privé de l'appui de Charles VIII, qui avait été forcé de retourner précipitamment en France, il perdit tout crédit, fut conduit en prison par ordre de la seigneurie qui administrait Florence, appliqué à la question, condamné comme hérétique et périt sur le bûcher le 23 mai 1498. Savonarole n'était pas moins remarquable par son exaltation que par son éloquence : il eut des visions, se crut inspiré et fit plusieurs prédictions dont quelques-unes parurent extraordinaires, mais que l'on a beaucoup exagérées. Poussant le zèle religieux jusqu'au fanatisme, Savonarole fit brûler les écrits de Dante, de Boccace et de Pétrarque. Il a laissé plusieurs ouvrages ascétiques ou apologétiques : le Triomphe de la croix, 1492 (en latin) : c'est une démonstration de la vérité de la religion catholique ; Du gouvernement de Florence, violente philippique contre la tyrannie ; Abrégé des révélations, histoire de ses visions ; Traité de la vérité prophétique. Une édition de ses Œuvres a été publiée à Lyon, 1633-40. 6 v. in-8o. On doit à M. Perrens une savante étude sur Savonarole, sa vie, ses prédications, ses écrits, Paris, 1853 et 1856.

SAVONE, Savo ou Sabata, v. murée de l'Italie septentr., dans les anc. États sardes (Gênes), ch.-l. d'intendance, sur le golfe de Gênes, à l'embouch. de l'Egabona, à 38 k. S. O. de Gênes ; 20 000 h. Évêché, trib. de commerce, école navale, musée d'histoire naturelle. Port, citadelle, arsenal. Fabriques d'armes, soieries, vitriol, faïence, savon (c'est à Savone que le savon fut inventé). Patrie du poëte Chiabrera ; le pape Jules II naquit auprès. — Cette ville, fort ancienne, appartenait à la Ligurie. Elle eut des évêques dès le VIIe, et devint bientôt florissante par son commerce. Les Génois, qui en étalent jaloux, s'en emparèrent et détruisirent son port en 1525. Les Anglais la bombardèrent en 1745 ; le roi de Sardaigne la prit aux Génois en 1746. Les Français s'en emparèrent en 1809 et en firent le ch.-l. du dép. de Montenotte. Napoléon y retint Pie VII prisonnier de 1809 a 1812. — La prov. de Savone, dans la division de Gênes, a 52 kil. sur 30, et 79 000 h. Elle est traversée par les Apennins.

SAVONNERIE (la), anc. manufacture royale de tapis, fut créée au Louvre en 1604, et transférée en 1631 à Chaillot, dans une maison qui fut appelée de là La Savonnerie. Réorganisée par Colbert, elle fut plus tard réunie à la manufacture des Gobelins.

SAX (Christophe), Saxius, savant compilateur et biographe, né en 1714 à Eppendorf en Saxe, m. en 1806, fut professeur d'histoire et d'antiquités, puis recteur à l'université d'Utrecht, et publia plusieurs savants ouvrages, entre autres l’Onomasticon litterarium (d'abord en 1 vol. in-8, 1759, porté depuis à 8 vol., Utrecht, 1775-1803), vaste répertoire d'indications littéraires et de sources à consulter sur les personnes, depuis les premiers temps jusqu'en 1796. Il a rédigé lui-même un abrégé des deux premiers volumes (Onomastici litterarii eptiome), Utrecht, 1792.

SAXE, Sachsen en allemand, nom commun à divers États ou pays de l'Allemagne, tant anciens que modernes, placés entre l'Ems et l'Oder, le bassin du Danube et la Baltique. Nous distinguerons d'abord ces divers États, puis nous ferons connaître les diverses maisons de Saxe qui les ont possédés.

I. Saxe ancienne.

1° La Saxe primitive, à l'époque des Mérovingiens, commençait à l'E. du Rhin, vers les rives de l'Ems et au N. de la Lippe, et s'étendait, au N., jusqu'à la Baltique et à l'Eyder (en Danemark), à l'E., un peu au delà de l'Elbe, ayant pour bornes la Thuringe, la France rhénane, la Frise, le pays des Danois et les peuplades slaves établies à l'O. de l'Oder. Elle se composait de trois grandes masses, l'Engerland (pays des Angres), la Westphalie et l'Ostphalie (dont la partie la plus orientale était le pays des Nordalbingiens). Tout ce pays était coupé en gaus ou cantons, et avait au plus quelques grosses bourgades, entre autres Ehresbourg. Les Saxons, ses habitants, étaient peu civilisés et grands pirates, comme leurs voisins les Danois. Dès la fin du IVe s. ils ravageaient les côtes de la Gaule et celles de la Grande-Bretagne. En 449, ils commencèrent à passer dans cette île, et quatre chefs saxons y fondèrent quatre des États de l'Heptarchie (V. ce nom). A partir de Clotaire II, ceux qui étaient restés en Allemagne durent payer tribut aux Francs ; mais ils se révoltèrent souvent : idolâtres, adorateurs d'Odin et d'Irminsul, ils répugnaient à l'idée de devenir Chrétiens. Charlemagne, après neuf expéditions célèbres (771-795), finit par les soumettre, malgré les efforts opiniâtres de leur chef Witikind : il leur imposa le baptême (785), leur donna un code sévère (la loi saxonne), et fonda chez eux huit évêchés (entre autres, Osnabruck, Brême, Paderborn, Munster). Cet état de choses dura jusqu'au traité de Verdun (843).

Premier duché de Saxe (843-1180). Sous Louis le Germanique et ses successeurs, la Saxe, grossie de la Thuringe, devint un des six duchés de l’empire. Ce duché, qui eut successivement pour souverains des descendants de Witikind et des princes de la maison de Billung (V. ci-après maison de SAXE), répondait d’abord à ce qui forma depuis les cercles de Basse-Saxe et de Westphalie ; de 920 à 929, il s’accrut des deux Marches de Misnie et de Branibor ou Brandebourg ; il fut encore grossi par Othon I et ses successeurs, principalement par les princes de la maison guelfe, Henri le Superbe et Henri le Lion, qui assujettirent presque toutes les contrées comprises depuis dans le cercle de Hte-Saxe, et étendirent leur domination sur le Mecklembourg et la Poméranie. On sait qu’outre la Saxe, les deux Henri possédaient la Bavière. De 1137 à 1154, la politique impériale tint ces deux duchés séparés, mais Frédéric I les rendit à Henri le Lion ; seulement, le margraviat de Branibor, indépendant depuis 1142, fut confirmé dans son indépendance ; mais, après la félonie de Henri, lors de la campagne de Legnano (1177), l’empereur Frédéric mit ce prince au ban de l’empire (1180), et l’énorme duché de Saxe fut dépecé en une foule de fiefs : les archevêchés de Magdebourg et de Brême, les évêchés de Minden, Verden, Paderborn, Munster, Hildesheim, Halberstadt, Mersebourg, Naumbourg s’en détachèrent et devinrent États immédiats ; il en fut de même pour le comté palatin de Saxe, la Misnie, la Thuringe, le pays de Mecklembourg (que cependant Henri le Lion regardait comme sa propriété particulière), le duché de Poméranie, le duché de Westphalie (qui passa à l’archevêque de Cologne), l’Eichsfeld (dont s’empara celui de Mayence) ; Lubeck, anc. capitale de la Saxe, devint ville impériale. Les alleux, qui ne se composaient guère que du pays héréditaire de Brunswick, restèrent seuls au duc déchu. Un nouveau duché de Saxe fut alors constitué, mais il différait entièrement du premier. V. le § suivant.

IIe duché de Saxe. Ce duché, formé en 1180 aux dépens du précédent en faveur de Bernard d’Ascanie ou d’Anhalt, ne comprenait plus que les territoires de Wittemberg et de Lauenbourg, plus, la suzeraineté sur le Holstein. Il s’affaiblit encore quand la maison ascanienne, investie de ce duché, se fut scindée (1260) en deux lignes : celles de Saxe-Lauenbourg et de Saxe-Wittemberg. En 1355, l’emp. Charles IV attacha l’électorat de Saxe à la possession de Wittemberg, qui ne le garda que jusqu’en 1422.

IIIe duché de Saxe ou Duché électoral. Ce duché, qui forme le fond du roy. actuel de Saxe, fut constitué en 1422, le titre de duc de Saxe et d’électeur ayant été transféré, après l’extinction de la branche ducale de Saxe-Wittemberg, à la maison de Wettin ou de Misnie. Le duché s’accrut alors de la Misnie, de la Thuringe et du palatinat de Saxe. Mais la maison de Misnie se subdivisa plus encore que la précédente ; finalement, toutes les branches furent comprises dans les deux lignes Ernestine et Albertine, issues des deux frères Ernest et Albert, qui, en 1485, se partagèrent toutes les possessions de la Saxe (V. plus bas, maison de SAXE).

Comté palatin de Saxe. Il comprenait la ville d’Allstett avec son territoire ; il remontait aux temps des Carlovingiens, et devint important au Xe s. ; au XIe la famille de Goseck le possédait à titre héréditaire ; il passa en 1088 à celle de Sommersenbourg. Réuni en 1180 au landgraviat de Thuringe, il échut en 1248 comme ce landgraviat à la maison de Misnie.

Marche de Saxe. V. MISNIE ET BRANDEBOURG.

II. Saxe depuis la division de l’empire en cercles.

Cercle de Basse-Saxe, un des 10 cercles de l’empire établis en 1512, était borné au N. par la Baltique et le Slesvig, au S. et à l’E. par le cercle de Basse-Saxe. Il renfermait, entre autres États, les deux duchés de Mecklemboug, les deux duchés de Holstein, celui de Saxe-Lauenbourg, les villes de Lubeck et Brême.

Cercle de Hte-Saxe, entre ceux du Ht-Rhin, de Franconie, de Basse-Saxe, la mer Baltique, la Pologne, comprenait 22 États, entre autres l’électorat de Saxe et tous les duchés de Saxe (moins Saxe-Lauenbourg) ; Schwarzbourg, Anhalt, le Brandebourg, la Poméranie : Leipsick en était le ch.-l.

Électorat de Saxe. Beaucoup plus vaste que le royaume actuel de Saxe, il confinait à la Hesse, au Brandebourg, aux duchés de Saxe, Il avait pour ch.-l. Dresde et se divisait en cercle électoral (ch.-l., Wittemberg) ; cercle de la Thuringe saxonne (ch.-l., Langensalta) ; et margraviat de Misnie (chefs-lieux, Meissen et Dresde).

Duché de Saxe-Lauenbourg, entre ceux de Mecklembourg, Lunebourg, Ratzebourg et le Holstein, avait pour capit. Lauenbourg. Formé en 1620, il appartint jusqu’en 1689 à la branche aînée de la ligne ascanienne de Saxe, appartint ensuite au Hanovre, puis au Danemark (1815), enfin à la Prusse (1866). V. LAUENBOURG.

III. Saxe actuelle.

SAXE (Roy. de), un des États du N. de l’Emp. allem., entre 9'-13° longit. E., et 50°-51° 30′ latit. N., a pour bornes au N. et au N. E. les prov. pruss. de Saxe et de Brandebourg, à l’E. la Silésie, au S. la Bohême et la Bavière, à l’O. les duchés de Saxe-Altenbourg et de Saxe-Weimar ; 225 k. de l’E. à l’O., sur une largeur moyenne de 140 ; 2 226 000 hab. ; capitale, Dresde. Longtemps divisé en 5 cercles (Misnie, ch.-l., Dresde, Leipsick, ch.-l., Leipsick, Erzgebirge, ch.-l., Freyberg, Voigtland, ch.-l., Plauen, Lusace, ch.-l., Bautzen), il a été réduit en 1835 à 4 cercles, désignés par les noms de leurs chefs-lieux : Dresde, Leipsick, Zwickau, Budissin ou Bautzen. L’Elbe arrose ce royaume à l’E. ; ses autres rivières sont la Saale, l’Elster, la Pleisse, les deux Mulde. Sol fertile, surtout en grains ; beaucoup de montagnes (Erzgebirge, monts de Lusace), où l’on exploite des mines très-riches enfer, plomb, étain, cuivre, argent (env. 17 000 kilogr. par an) ; cobalt, arsenic, houille. Industrie et commerce immenses, consistant surtout en toiles, cotonnades, laines, draps, dentelles, porcelaine, verrerie, papier et livres. Plusieurs chemins de fer. Célèbre université, à Leipsick. L’instruction est très-répandue en Saxe : c’est dans ce pays que se parle l’allemand le plus pur. Le gouvernement est une monarchie constitutionnelle. La religion dominante est le Luthéranisme ; mais la famille royale est catholique. La Saxe à 14 voix dans le Conseil fédéral de l’Empire allemand.

L’État, qui porte aujourd’hui le nom de royaume de Saxe date de l’an 1422, époque à laquelle l’empereur Sigismond transféra le titre de duc de Saxe et la dignité électorale à la maison de Wettin ou de Misnie (V. ci-dessus 3e DUCHÉ DE SAXE). Frédéric le Belliqueux, 1er duc de Saxe de cette nouvelle maison, fut un des plus puissants princes de l’Allemagne. Ernest et Albert, ses petits-fils, s’affaiblirent en partageant leurs États (1485). Ernest, l’aîné, conserva, avec les litres de duc et d’électeur, le cercle électoral, la Thuringe et les pays orientaux de la Saxe. Frédéric le Sage, son successeur, exerça une grande influence sur les affaires de l’Allemagne, et fut vicaire de l’empereur en son absence. Il favorisa de tout son pouvoir la Réforme, et eut une grande part à la ligue de Smalkalde. Son 2e successeur, Jean-Frédéric le Magnanime, se vit enlever, après la défaite de Mühlberg (1547), la plus grande partie du duché de Saxe, ainsi que la dignité électorale, qui furent transférés par Charles-Quint de la ligne aînée à la ligne cadette ou albertine (1547). Maurice de Saxe fut le 1er duc de cette 2e ligne. Quoiqu’il fût la créature de Charles-Quint, il resta luthérien, et même maintint constamment la liberté protestante. Pendant la guerre de Trente ans, les électeurs de Saxe se déclarèrent alternativement pour la Suède et pour l’Autriche. En 1697, l’électeur Frédéric-Auguste I abjura le luthéranisme ; la même année, il joignit à la Saxe la couronne de Pologne, ce qui l’engagea dans des guerres perpétuelles avec le roi de Suède Charles XII. Son fils, Frédéric-Auguste II, réunit aussi les deux couronnes, et eut sans cesse à combattre le roi de Prusse, qui deux fois lui enleva la Saxe. Frédéric-Auguste III refusa en 1791 la couronne que lui offraient les patriotes polonais. Dans les guerres de la Révolution, il resta neutre autant qu’il le put ; après la bat. d’Iéna, il entra dans la Confédération du Rhin, et fournit à Napoléon des troupes auxiliaires : en retour, il en reçut, en 1806, le titre de roi de Saxe, l’année suivante, fut en outre créé grand-duc de Varsovie. Seul de tous les alliés, il resta fidèle à la cause de Napoléon ; il en fut puni par la perte d’un tiers de ses États (Lusace, Thuringe, partie de la Misnie, Mansfeld, Querfurt, etc.). En 1831, à la suite d’insurrections qui avaient éclaté à Dresde et à Leipsick, le roi Antoine se vit obligé de donner une constitution à la Saxe. Cette constitution n’ayant pas été fidèlement exécutée, une nouvelle insurrection éclata en 1848 et amena de nouvelles concessions. La Saxe est auj. régie par la constitution de 1831, modifiée par les lois du 31 mars 1849, 5 mai 1851 et 19 octobre 1861.

Électeurs et rois de Saxe de la maison de Wettin.
I. Avant le partage.
Jean-George II, 1656
Frédéric I, 1422 Jean-George III, 1680
Frédéric II, le Bon, 1428 Jean-George IV, 1691
Ernest et Albert, 1464 Frédéric-Auguste I, (Aug. Il en Pologne) 1695
II. Ligne ernestine.
Ernest, seul, 1484 Frédéric-Auguste II, (Aug. III en Pologne) 1733
Frédéric III, le Sage, 1486 Frédéric-Christian, 1763
Jean I, le Constant, 1525 Fréd.-Aug. III, 1763-1806
Jean-Frédéric, 1532
IV. Rois.
III. Ligne albertine.
Frédéric-Auguste I, 1806
Maurice, 1547 Antoine I, 1827
Auguste, 1553 Frédéric-Auguste II, 1836
Christian I, 1586 Jean, 1854
Christian II, 1591 Albert 1873
Jean-George I, 1611

SAXE-ALTENBOURG (Duché de), un des États du N. de l’Empire allemand, se compose de deux parties séparées par la principauté de Reuss, et qui ont pour bornes la partie orientale, la Saxe prussienne au N. O :, la Saxe-Weimar au S. O., partout ailleurs le roy. de Saxe ; la partie occid., la Saxe prussienne au N. E., la Saxe Weimar au N., la principauté de Scharwzbourg-Rudolstadt à l’O. et la Saxe-Meiningen au S. : 1375 kil. carrés ; 133 000 h. ; capitale, Altenbourg. Pays agricole et florissant. Il est traversé par le chemin de fer de Saxe en Bavière. — Ce pays fut, dès 1602, l’apanage d’une branche de la ligne ernestine de la maison de Saxe, puis il fit partie du duché de Saxe-Gotha et appartint à Ernest le Pieux, né en 1601, m. en 1675, qui laissa 7 fils, d’où sont sortis les branches de Gotha, de Meiningen, de Saalfeld. À la mort du dernier duc de Gotha (Frédéric IV), en 1825, le duc de Saxe-Hildburghausen échangea son duché contre celui d’Altenbourg, dont il prit le titre, et ses anciens États passèrent au duc de Saxe-Meiningen. Le duché de Saxe-Altenbourg forma dès lors un des États immédiats de la Confédération germanique. Il y occupa le 12e rang ; il a 1 voix au Conseil fédéral de l’Allemagne du Nord. Il reçut une constitution en 1831.

SAXE-COBOURG-GOTHA (Duché de), un des États du S. de l’Empire allemand, se compose de deux parties séparées : la principauté de Cobourg (entre la Saxe-Meiningen et la Bavière), et la principauté le Gotha (entre la Saxe prussienne, la Saxe-Weimar, la Saxe-Meiningen et la principauté de Schwarzbourg) ; 151 000 habit. ; capitale Cobourg. Avant 1834, ce duché possédait en outre la principauté de Lichtemberg, mais celle-ci a été vendue en cette année à la Prusse. Pays fertile, arrosé par la Werra, l’Unstrutt, la Géra et traversé par le Thuringerwald. Mines de fer et de houille. — Les ducs de Saxe-Cobourg, d’abord ducs de Saalfeld, puis de Saxe-Cobourg-Saalfeld, sont une des branches de la maison ducale de Saxe-Gotha, qui elle-même, issue de la branche ernestine, prit naissance en 1680, quand les 7 fils d’Ernest le pieux se partagèrent ses États. Leur-pays fit partie de la Confédération du Rhin (1806). En l814, les ducs de Saxe-Cobourg et de Saxe-Gotha se déclarèrent contre Napoléon ; ils reçurent en 1816 la principauté de Lichtenberg. En 1825, à la mort de Frédéric II, dernier duc de Saxe-Gotha, ils reçurent en partage la principauté de Gotha, mais cédèrent Saalfeld au duc de Saxe-Meiningen. En 1852, les deux duchés obtinrent une constitution : cette constitution était la même pour les deux États ; mais il y avait deux assemblées distinctes, l’une à Cobourg, l’autre à Gotha. En 1857, les deux duchés et les deux assemblées ont été définitivement réunis. — La maison de Saxe-Cobourg-Gotha a récemment contracté les plus illustres alliances : Ernest III, l’un de ses derniers ducs (1784-1844), maria sa sœur au duc de Kent, prince anglais, qui la rendit mère de la reine Victoria ; le plus jeune frère d’Ernest, Léopold, épousa d’abord la princesse de Galles, puis une fille du roi Louis-Philippe et devint roi des Belges ; son neveu, Ferdinand, épousa dona Maria, reine de Portugal, et reçut le titre de roi. Des deux fils d’Ernest III, l’un lui succéda sous le nom d’Ernest IV, l’autre, le prince Albert, épousa la reine d’Angleterre, Victoria, sa cousine.

SAXE-GOTHA (Duché de), a fait partie successivement de la Conf. du Rhin, de la Conf. germ. et de l’Emp. allem. ; comprend les princip. de Gotha et d’Altenbourg, a été partagé en 1825, à la mort du dernier duc, Frédéric IV, entre le duc de Saxe-Cobourg, qui a eu Gotha, le duc de Saxe-Hildburghausen, qui a eu Altenbourg, et le duc de Saxe-Meiningen, qui a eu les bailliages de Rœmhild, Kranichfeld et Kambourg.

SAXE-HILDBURGHAUSEN (Duché de), anc. duché de la Conféd. du Rhin et de la Conféd. germanique. V. SAXE-ALTENBOURG et ci-après SAXE-MEININGEN.

SAXE-MEININGEN-HILDBURGHAUSEN (Duché de), un des États du N. de l’Empire allemand, entre la Saxe-Altenbourg et la princip. de Schwarzbourg au N., la Bavière à l’O. et au S. O., la Saxe-Cobourg au S., la principauté de Reuss, la Saxe-Weimar à l’E., 165 418 hab. ; ch.-l., Meiningen. — L’origine de ce duché remonte à 1680, époque à laquelle les 7 fils d’Ernest le Pieux se partagèrent ses États. Le duché de Meiningen ne comprenait que trois bailliages (Schalkau, Sonneberg, Neuhaus), tandis que celui d’Hildburghausen en contenait 6 (Hildburghausen, Veilsdorf, Eisfeld, Heldburg, Kœnigsberg, Sonnenfeld). Après la mort du duc Frédéric de Saxe-Gotha, en 1825, le duc de Saxe-Meiningen ne reçut de l’héritage de Gotha que les bailliages de Rœmhild, de Kranichfeld et de Kambourg, mais il eut de plus les 6 bailliages d’Hildburghausen (d’où son nom actuel de Saxe-Meiningen-Hildburghausen), et 3 bailliages de la Saxe-Cobourg (Saalfeld, Themar et Grafenthal). Le duché a une constitution, qui date de 1829.

SAXE-WEIMAR (Grand-duché de), un des États du N. de l’Empire allemand, contient, avec l’ancien duché de ce nom, celui de Saxe-Eisenach et parties du comté d’Henneberg, de l’Évêché de Fulde, du cercle de Neustadt, Blankenheim, Cranach, etc. ; il se compose des morceaux ; 1o  le cercle de Weimar-Iéna à l’E. ; 2o  le cercle d’Eisenach à l’O. ; 3o  celui de Neustadt au S. E. Il faut y ajouter plusieurs enclaves, dont les principales sont : 1o  pour le cercle de Weimar, celtes d’Ilmenau au S. O., d’Allstett au N. ; 2o  pour le cercle d’Eisenach, celles d’Ostheim au S. et Zillbach à l’E. ; 263 755 hab. ; capit. générale, Weimar. La v. d’Iéna, qui se trouve dans ce duché, renferme une université et une cour d’appel, qui sont communes à toutes les Saxes ducales. Mines, industrie, commerce. La littérature est fort cultivée dans ce duché, et la cour de Saxe-Weimar jouit, sous ce rapport, d’un grand renom (V. WEIMAR). Le prince est luthérien. — Le grand-duché de Saxe-Weimar, dont les titulaires sont chefs de la branche ernestine de Saxe, commença en 1484, lors du partage que firent Ernest et Albert des États de leur père Frédéric le Bon. Il fit partie de la Conféd. du Rhin de 1806, mais son duc, s'étant associé en 1813 aux Alliés contre la France, reçut en récompense en 1815 un grand accroissement de territoire, avec le titre de grand-duc. Dès 1809, le duc de Saxe-Weimar avait donné une constitution. Le pays est encore régi par cette constitution, dont les bases ont été élargies en 1816, 1850 et 1852.

SAXE-PRUSSIENNE, prov. des États prussiens, entre Brandebourg au N. E. et à l'E., le roy. et les duchés de Saxe au S., la Hesse-Électorale, le duché de Brunswick et le roy. de Hanovre à l'O. : 250 k. sur 220 ; 180 000 hab. ; ch.-l., Magdebourg. Elle est divisée en 3 régences : Magdebourg, Mersebourg et Erfurt. Montagnes à l'O. (le Harz et la forêt de Thuringe) ; plusieurs riv., qui appartiennent toutes aux bassins de l'Elbe et du Weser. Climat doux et salubre ; sol varié ; céréales, forêts ; mines d'argent, de cuivre, de fer, de houille ; sel en immense quantité. Cette prov. a été formée en 1815, de la plus grande partie de l'anc. duché de Saxe, de l'anc. cercle de Thuringe, de la partie prussienne des principautés de Mersebourg, Naumbourg et Zeitz, d'une partie des cercles de Leipsick, de Misnie, de Neustadt et de Voigtland, de la plus grande portion de la princip. d'Erfurt, du S. de l'Eichsfeld, d'une portion du Henneberg et de la princip. de Querfurt, de tout le comté de Mansfeld, de la principauté d'Halberstadt, du duché de Magdebourg et de la Vieille-Marche, presque tous pays enlevés au roi de Saxe.

Maisons de Saxe. On en peut compter six :

1° La 1re maison de Saxe, dite aussi maison impériale, parce qu'elle fournit plusieurs empereurs à l'Allemagne. Elle commence, après le traité de Verdun (843), par Ludolf, duc de Saxe, qu'on croit neveu de Witikind. Il fut investi du duché de Saxe par Louis le Germanique. Après lui viennent : Brunon (850), son fils, qui bâtit Brunswick et lui donna son nom (861); Othon l'Illustre (880), frère de Brunon, qui refusa la couronne d'Allemagne à la mort de Louis l'Enfant (911), et fit élire Conrad de Franconie ; Henri l’Oiseleur, fils d'Othon, élu roi de Germanie en 919, et chef de la maison impériale de Saxe, qui donna 5 empereurs à l'Allemagne (919-1024) ; Othon le Grand (936), fils de Henri l'Oiseleur : ce prince, parvenu à l'empire, renonça à la possession de la Saxe et la céda à Hermann Billung, son parent.

2° La maison de Billung. Hermann Billung, parent d'Othon I, en fut le premier duc : Othon l'investit du duché en 962. Sa famille s'éteignit en 1106. Ses biens passèrent alors à Lothaire de Supplinbourg.

3° La maison de Supplinbourg. Lothaire de Supplinbourg, époux de Richenza, héritière des comtes de Nordheim et des ducs de Brunswick, fut fait duc de Saxe en 1106, et devint empereur en 1125. N'ayant point de fils, il donna sa fille Gertrude (1127) et la Saxe (1128) au duc de Bavière, Henri le Superbe.

4° La maison des Guelfes. Henri le Superbe (1128-1139) et Henri le Lion (1139-1180), déjà ducs de Bavière, possédèrent réellement, mais non sans contestation et sans interruption, le duché de Saxe. De 1180 à 1235, les 3 frères Henri le Long, Othon de Brunswick (qui fut emp.) et Guillaume Longue Épée, puis Othon l'Enfant, fils de ce dernier, prétendirent au duché, qui fut morcelé par Frédéric I, et donné en grande partie aux princes de la maison d'Ascanie.

5° La maison d'Ascanie. Dès 1137, Albert l'Ours avait eu un démembrement de la Saxe (la Marche de Brandebourg). En 1180, son petit-fils puîné, Bernard, obtint le duché, mais très-amoindri. En 1212, cette famille se partagea en deux branches, Anhalt et Saxe, et celle-ci, en 1260, se subdivisa en Saxe-Lauenbourg et Saxe-Wittemberg : cette dernière subdivision, qui portait seule le titre d'électeur, s'éteignit en 1421, dans la personne d'Albert III.

Maison de Wettin ou de Misnie. Après l'extinction de la branche de Saxe-Wittemberg, l'investiture de l'électorat de Saxe fut donnée en 1422 par l'empereur Sigismond (à l'exclusion de la ligne de Saxe-Lauenbourg qui subsistait encore) au margrave de Misnie, landgrave de Thuringe, Frédéric le Belliqueux, qui cumula le margraviat et l'électorat, plus Cobourg, patrimoine de sa mère. Il descendais de Witikind, ainsi que le chef de la 1re maison, et ses aïeux possédaient la Misnie depuis 1127, la Thuringe depuis 1148. Sa postérité règne encore, partagée en deux lignes, nommées (d'après les noms de ses petits-fils, Ernest et Albert) Ernestine et Albertine. Celle-ci, qui est la ligne cadette, fut, après la bataille de Mühlberg (1547), investie de l'électorat et de presque tous les biens des Wettin, dans la personne de Maurice, par Charles-Quint (V. ci-après MAURICE de Saxe). Elle est devenue maison royale en 1806. La ligne aînée ou ernestine, dite aussi ligne ducale, fut réduite à quelques districts, qu'elle diminua encore en se subdivisant comme suit :

1. Branche aînée, dite anc. maison de Weimar, puis (1572) branche de Cobourg-Eisenach : subdiv. en 2 rameaux (Cobourg, Eisenach), éteinte en 1638 ;
2. Branche cadette ou de Weimar (auj. subsistante):
a. Rameau d'Altenbourg (1602-1669);
b. Rameau dit nouv.-maison de Weimar, subd. en :
1° Ligne grand-ducale de Weimar (1606) ;
2° Ligne ducale ou de Gotha, qui en 1681 forma 7 branches, dont 4 éteintes (Gotha, 1825 ; Cobourg, 1699 ; Rœmhild, 1710 ; Eisenberg, 1707); et trois subsistantes : Meiningen, Hildburghausen, Saalfeld, auj. Cobourg-et-Gotha.

SAXE (Maurice, électeur de), de la branche Albertine, né en 1521, servit l'empereur Charles-Quint en 1544, contre la France, et en 1545 contre la ligue de Smalkalde, gagna la bataille de Mühlberg sur le parti protestant (1547), et obtint en 1548 l'électorat de Saxe, dont Jean-Frédéric, son cousin (de la branche Ernestine), fut dépouillé pour avoir combattu dans l'armée opposée. En 1551, il venait de s'emparer de Magdebourg au nom de Charles-Quint, lorsqu'il quitta brusquement le parti de l'empereur et s'unit contre lui avec l'électeur de Brandebourg, le comte Palatin, le duc de Wurtemberg, pour délivrer le landgrave de Hesse, que Charles-Quint retenait prisonnier : il contraignit l'empereur à traiter et à accorder, par la transaction de Passau (1552), une amnistie générale et le libre exercice du culte réformé. Chargé l'année suivante par la Chambre impériale de réduire le margrave de Brandebourg, qui troublait la paix, il le battit à Stevershausen, mais il mourut deux jours après, des suites de ses blessures.

SAXE (Maurice, comte de), maréchal de France, né à Dresde en 1696, m. en 1750, était fils naturel de l'électeur de Saxe Auguste II, et de la comtesse Aurore de Kœnigsmark. Il se forma sous le prince Eugène, et assista au siège de Belgrade (1717). Il vint prendre du service en France en 1720, et y fut nommé maréchal de camp ; puis tout à coup il passa en Courlande, où il fut élu duc par la protection de la duchesse douairière Anne Ivanovna (depuis impératrice); mais, n'ayant pu se faire reconnaître par l'impératrice de Russie, Catherine I, il revint en France. Fixé désormais dans ce pays, il fit avec honneur les trois campagnes de 1733, 34, 35, devint lieutenant général en 1736, se couvrit de gloire pendant la guerre de la Succession d'Autriche, s'empara de Prague et d'Egra, défendit l'Alsace, et fut nommé maréchal en 1743. Il tint les alliés en échec en Flandre (1744), les battit à Fontenoy (1745), prit Ath et Bruxelles, remporta encore deux victoires à Rocoux (1746), à Laufeld (1747), prit Berg-op-Zoom, et eut ainsi une part décisive à la paix d'Aix-la-Chapelle (1748). Après la guerre, il reçut de Louis XV le domaine de Chambord avec 40 000 livres de revenu et le titre de maréchal général. Un mausolée, chef-d'œuvre de Pigalle, lui fut élevé dans le temple de St-Thomas à Strasbourg. On a de lui : Mes rêveries, 1757, 5 vol. in-4. Lettres et Mémoires, 1794, 5 vol. in-8; et sur lui une Étude histor. de St-René Taillandier, 1865. Il était d'une force prodigieuse : il brisait en deux avec ses doigts un écu de 6 francs. SAXE-TESCHEN (Albert de), fils d'Auguste III, électeur de Saxe et roi de Pologne, né à Dresde en 1738, m. en 1822, épousa en 1766 Christine, fille de l'empereur François II, fut nommé par ce prince gouverneur des Pays-Bas autrichiens, mais ne sut pas prévenir l'insurrection de 1789. Il fit en 1792, mais en vain, le siége de Lille, et ne put empêcher la conquête de la Belgique par les Français; il se retira à Vienne, où il cultiva les arts : c'est lui qui dessina le château de Laeken, près de Bruxelles.

SAXE-WEIMAR (Bernard, duc de). V. BERNARD.

SAXE-COBOURG (Frédéric, prince de). V. COBOURG.

SAXE-COBOURG (Albert de), dit le Prince Albert, 2e fils du duc de Saxe-Cobourg Ernest, né en 1819 au château de Rosenau, m. en l861, épousa en 1839 la reine d'Angleterre, Victoria, sa cousine, dont il eut neuf enfants. Conformément à la constitution anglaise, il resta en dehors de la vie politique, mais il honora par son caractère son rôle de prince-époux et se rendit populaire par la protection libérale qu'il accorda aux arts, aux lettres, à l'industrie : c'est à son initiative qu'est due l'Exposition universelle de 1851.

SAXO GRAMMATICUS, historien danois du XIIe s., m. vers 1204, était prévôt de Roskild et secrétaire de l'archevêque de Lund, Axel ou Absalon. Il a laissé une Histoire du Danemark, depuis la fondation de la monarchie, qu'il fait remonter à l'an 1038 av. J.-C. Composée en grande partie sur des traditions populaires, des chants de Scaldes, des Sagas islandaises, cette histoire offre l'attrait d'un roman et cependant elle contient indubitablement beaucoup de vrai. Elle est rédigée en latin, et a été publiée pour la 1re fois a Paris sous ce titre : Danorum regum heroumque historia, 1514, in-fol; une nouv. édition en a été donnée à Copenhague en 1839 par D. P. M. Muller. Elle a fourni matière à de nombreux commentaires,

SAXONS, peuple germain. V. SAXE ANCIENNE.

SAXONS (PAYS DES). On nomme vulgairement ainsi une des trois grandes divisions de la Transylvanie, celle qui est au centre et qui porte auj. le nom de district d'Hermanstadt. Les habitants tirent leur origine d'un corps de Saxons appelés en Hongrie en 1143 par le roi Geysa II ad custodiam regni. Ces colons, dont le nombre s'élève auj. à 450 000, ont conservé jusqu'à nos jours leur langue, leurs mœurs et leurs coutumes ; ils sont principalement agriculteurs.

SAY (J. B.), économiste, né à Lyon en 1767, m. à Paris en 1832, fut d'abord destiné au commerce et passa quelque temps dans une maison de banque. Employé par Mirabeau à la rédaction du Courrier de Provence, il devint ensuite secrétaire du ministre des finances Clavière, fonda en 1794 avec Champfort et Ginguené la Décade philosophique, littéraire et politique, fut de 1800 à 1804 membre du tribunat, en fut éliminé pour avoir voté contre l'établissement de l'Empire, dirigea pendant quelques années une filature de coton, qu'il quitta en 1812, fut alors nommé receveur des droits réunis de l'Allier, et finit par se livrer uniquement aux travaux de cabinet. Il adopta le système de Smith, dont il perfectionna et éclaircit certaines parties; il combattit constamment les prohibitions, les impôts de consommation et toutes les entraves opposées au commerce et à l'industrie. Chargé dès 1821 d'enseigner l'économie politique au Conservatoire des Arts et Métiers, il exposa cette science avec une supériorité de méthode inconnue jusque-là, et fut appelé en 1830 à enseigner la même science au Collége de France. Ses ouvrages principaux sont : Traité d'économie politique, 1803: Catéchisme d'économie politique, 1815; Lettres à Malthus, 1820; Cours complet d'économie politique pratique, 1828-30, 6 vol. in-8. Ces écrits ont beaucoup contribué à populariser une science toute nouvelle en France.

SAYN, v. de la Prusse Rhénane. V. WITTGENSTEIN.

SCAER, ch.-l. de c. (Finistère), à 20 k. N. de Quimperlé; 4278 hab. Belle fontaine, vue superbe.

SCÆVOLA (C. Mucius), jeune Romain qui, lors du siége de Rome par Porsenna (507 av. J.-C.), pénétra dans le camp et jusque sous la tente du roi des Etruques, dans le but de le poignarder; mais il frappa par méprise le secrétaire du prince. Arrêté et interrogé sur-le-champ, au lieu de répondre, il plaça sa main droite sur un brasier ardent, comme pour la punir de sa maladresse, et la laissa brûler; puis il dit au roi que 300 jeunes Romains déterminés comme lui devaient pénétrer dans son camp, décidés à imiter son dévouement. Porsenna, enrayé, le laissa libre et se hâta de conclure la paix. C'est à la suite de cet événement qu'il reçut le surnom de Scævola, qui veut dire gaucher. L'action extraordinaire attribuée à Scævola a été révoquée en doute par la critique moderne.

SCÆVOLA (Q. Mucius), préteur en Sardaigne en 217 av. J.-C., était le plus habile jurisconsulte de son temps. Quintus et Publius, ses fils, succédèrent à sa réputation de science, qui fut longtemps comme héréditaire dans cette famille. — Q. Mucius Scævola Augur, petit-fils du précéd., était habile orateur et excellent jurisconsulte. Consul en 116 av. J.-C., il vainquit les Dalmates et obtint le triomphe. Il rendit aussi de très-grands services dans la guerre des Marses. Cicéron, qui avait reçu ses leçons, a fait de lui un des interlocuteurs de ses traités De l'Amitié, De l'Orateur et de la République. — Un autre Q. Mucius Scævola, beau-père de Pompée, et cousin du précéd., fut consul l'an 95 av. J.-C., puis proconsul d'Asie, et se fit universellement chérir dans sa province par son désintéressement et son équité. Il n'en fut pas moins massacré par ordre du jeune Marius (86).

SCALA, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Principauté Citérieure), près de la mer Tyrrhénienne, à 5 kil. O. d'Amalfi; 1800 hab. Anc. évêché (réuni à celui de Ravelio). — SCALA-NOVA, Neapolis, v. et port de la Turquie d'Asie (Anatolie), sur le golfe de Scala-Nova, à 60 k. S. de Smyrne ; 20 000 h. Grand commerce de riz, café, lin, chanvre, etc.

SCALA (les DELLA), famille gibeline de Vérone. Ses principaux membres furent : Mastino I, podestat de Vérone après la chute d'Eccelin le Féroce (1259). Implacable ennemi des Guelfes, il les chassa tous de Vérone : ils le firent assassiner (1277). — Albert I, son frère, podestat de 1277 à 1301, s'appliqua à le venger. — Barthélemi I et Alboin I, fils d'Albert I, furent podestats le 1er jusqu'en 1304, le 2e en 1311 — Cane I, le Grand, 3e fils d'Albert I, né en 1291, podestat en 1312. Grand guerrier, il conquit Vicence, Padoue, Feltre et Trévise, devint capitaine général des Gibelins en Lombardie, lieutenant et conseiller des empereurs Henri VII et Louis IV (de Bavière), et fut l'ami de Dante, auquel il donna asile. Il mourut en 1329. — Son neveu Mastino II, 1298-1351, accrut beaucoup ses États et organisa une ligue en Lombardie contre Jean de Bohème, mais fut attaqué par Florence et Venise coalisées, et réduit à Vérone, Vicence, Parme et Lucques (1338). — Cane II, fils et successeur de Mastino II (1351-59), fut un tyran odieux et avide, et fut tué par son propre frère. — Ce frère, Cane III, aussi vicieux que lui, fut le dernier prince mâle légitime de sa race (1359-75). — Antoine et Barthélemi II, fils naturels de Cane III, régnèrent ensemble de 1375 à 1381, mais au bout de ce temps Antoine fit tuer son frère. Bientôt dépouillé lui-même de ses États par ses voisins, il alla mourir dans les montagnes de Forli, empoisonné par ses ennemis (1388).

SCALDES, anciens poètes Scandinaves qui chantaient les dieux, les rois et les héros. Chaque prince avait des scaldes à sa cour et s'en faisait suivre à la guerre, afin qu'ils vissent de leurs yeux les exploits qu'ils devaient célébrer ensuite. Leurs chants étaient richement récompensés. Plusieurs de ces chants étaient gravés en caractères runiques, mais le plus souvent ils passaient de bouche et n'étaient conservés que par la tradition orale. Ils furent recueillis plus tard, et formèrent l’Edda et les Sagas que nous possédons aujourd'hui V. ces mots.

SCALDIS, nom latin de l’Escaut.

SCALIGER (Jules-César), célèbre érudit, né en 1484 à Vérone, m. en 1558, était fils de Benoît Bordoni, peintre en miniature, mais prétendait descendre de la noble maison della Scala (d'où le nom qu'il prit). Après avoir beaucoup voyagé, il suivit en France Ant. de La Rovère, évêque d'Agen (1525), se fixa auprès de lui comme médecin, et obtint des lettres de naturalisation. Il écrivit d'abord contre les savants les plus illustres de son siècle, et commença ainsi à se faire une réputation que sa science réelle et ses nombreux travaux classiques augmentèrent bientôt. Il visait au renom d'homme universel, et effectivement il savait de tout, mais c'est principalement comme grammairien qu'il mérite sa célébrité. On lui doit, entre autres ouvrages : De causis linguæ latinæ, Lyon, 1540, traité de grammaire conçu dans un esprit vraiment philosophique; Poetices libri VII, Lyon, 1561, ouvrage plein d'érudition, où il traite de l'origine et du but de la poésie et passe en revue les poëtes les plus célèbres, mais qui laisse à désirer pour le goût; De subtilitate, ad Cardanum, Paris, 1557 ; des Traductions latines d'ouvrages grecs, notamment de l’Histoire des animaux d'Aristote, du Traité des plantes de Théophraste, des Notes, des Dissertations, des Discours. On a aussi de lui des Poésies latines, mais elles sont très-médiocres, Genève, 1574. La vanité de ce savant était excessive, et il n'épargnait pas les injures à ses adversaires; il eut de vives disputes avec Érasme au sujet de la latinité de Cicéron. — Son fils, Joseph Juste Sc., né en 1540 à Agen, m. en 1609, le surpassa encore comme philologue, et se fit en outre un nom comme chronologiste et historien. Il fut quelque temps précepteur dans une famille noble près de Tours, parcourut la France, l'Allemagne, l'Italie, l’Écosse, embrassa la religion réformée(1562), et fut appelé à l'Académie de Leyde en 1593, comme successeur de Juste-Lipse. On le regarde comme le véritable créateur de la science chronologique. Outre des Commentaires sur Varron, Verrius Flaccus, Festus, Catulle, Tibulle, Properce, Perse, Ausone, Nonnus, César, Martial, Agathias, Publius Syrus, etc., on lui doit : Opus de emendatione temporum, Paris, 1583, et Genève, 1629, in-f.; Thésaurus temporum, complectens Eusebii Pamphili Chronicon, Leyde, 1609, et Amsterd., 1658, 2 v. in-f.; des Lettres latines, Leyde, 1627; des Poëmes latins, Leyde, 1615. Il traduisit en vers grecs un choix des Épigrammes de Martial, et en iambes latins la Cassandre de Lycophron et les Hymnes d'Orphée (il y imite le vieux latin). Plein de vanité comme son père, il prétendit, dans une lettre intitulée : De vetustate gentis Scaligeræ, faire remonter sa noblesse jusqu'aux rois alains. Il eut aussi, comme son père, de vives querelles avec plusieurs de ses contemporains, notamment avec Scioppius.

SCAMANDRE, riv. de Troade, à l'O. de Troie, sortait de l'Ida près d'Ilion par 2 sources, l'une chaude, l'autre froide, et, après s'être unie au Simoïs, tombait dans l'Hellespont au N. E. du cap Sigée. On le nommait aussi Xanthe (c.-à-d. en grec Jaune), à cause de la couleur jaunâtre de ses eaux. C'est auj. le Kirke-Keuzler.

SCAMOZZI (Vicenzo), architecte, né à Vicence en 1552, m. en 1616, se fixa à Venise en 1583. Ses constructions les plus remarquables sont, à Venise, le palais Cornaro et Trissino et les Procuraties neuves; à Florence, le palais Strozzi; à Bergame, le palais du gouvernement; enfin la cathédrale de Salzbourg, son chef-d'œuvre. Il a laissé un grand traité d'architecture qui a été publié après sa mort, quoiqu'il n'eût pas eu le temps de le terminer : Idea dell' architectura universale, Venise, 1615 et 1697, 2 vol. in-f., trad. en franç. sous le titre d’Œuvres d'architecture de Scamozzi, Leyde, 1713, in-fol. : c'est un livre sans méthode, mais précieux pour l'art de bâtir. D'Aviler en a donné un bon abrégé.

SCANDERBEG (George CASTRIOT, dit), héros albanais, né en 1404 ou 1414, était fils de Jean Castriot, prince d'Albanie, tributaire d'Amurat II. Il fut livré en otage à ce sultan, qui le fit élever dans la religion musulmane, reçut d'Amurat le titre de sandjak et le commandement de 5000 hommes, servit ce prince avec succès contre le despote de Servie, et déploya dans plusieurs combats une telle valeur qu'on lui donna le nom de Skander (Alexandre), sous lequel il est surtout connu. Résolu à relever le trône d'Albanie, il abandonna les Turcs pendant la bataille de la Morava (1443), enleva par surprise Croïa, capitale de ses anciens États héréditaires, se déclara ouvertement catholique, se fit proclamer chef par la confédération des seigneurs albanais et épirotes, battit les Turcs près de Basse-Dibra (sur le Drin noir), envahit la Macédoine, fit alliance avec Ladislas V, roi de Hongrie, et avec Huniade, rejeta les propositions de paix d'Amurat et le chassa de devant Croïa (l450). Il n'eut pas moins de succès contre les soldats de Mahomet II, même après la prise le Constantinople, et obtint en 1461 une paix honorable. Il profita de ce loisir pour aller défendre contre Jean d'Anjou (1462) le roi de Sicile, Ferdinand I, qui en récompense le créa duc de San-Pietro. De retour dans ses États, il rompit la paix dès 1463, à l'instigation du pape Pie II, commença seul la croisade annoncée contre les Turcs et remporta de nouvelles victoires. Mahomet II préparait contre Scanderbeg un armement formidable, lorsque ce héros fut emporté par la fièvre en 1467, à Lissa, chez les Vénitiens, avec lesquels il allait former une ligue contre la Porte. Les Albanais le chantent encore dans leurs chants nationaux. L'histoire de Scanderbeg a été écrite par un de ses contemporains, Barlesio, sous le titre de De vita et moribus G. Castrioti, Strasbourg, 1537 (trad. par J. de Lavardin, 1597), et de nos jours par C. Paganel, Paris, 1855.

SCANDERIEH, v. d’Égypte. V. ALEXANDRIE.

SCANDEROUN, v. de Turquie V. ALEXANDRETTE.

SCANDIANO, bg d'Italie (Modène), à 15 kil. E. S. E. de Modène. Carrière de soufre. Anc. comté. Patrie de Boïardo et de Spallanzani.

SCANDIE, Scandia. Les anciens nommaient ainsi la région méridionale de la Suède actuelle; ils y plaçaient les Suiones, les Hilleviones, les Gutes, noms qui rappellent ceux de Suède, Halland, Gothie; du reste elle leur était peu connue. V. SCANDINAVIE.

SCANDINAVES, peuple ancien. V. SCANDINAVIE.

SCANDINAVIE. On nomme vulgairement ainsi toute la péninsule qui comprend la Norvège et la Suède; on étend même quelquefois ce nom au Danemark, et l'on réunit sous le nom d'états Scandinaves ces trois États qui ont été en effet quelque temps réunis (V. Union de COLMAR). Ce nom vient de la Scandie, anc, prov. méridionale de la Suède. On croit que les Scandinaves sont un peuple venu d'Asie sous la conduite d'Odin vers le Ier s. av. J.-C. (V. ODIN). Les Scandinaves reconnaissaient pour dieux Odin, Thor, Freya, etc. Ils avaient des poëtes (scaldes), possédaient une littérature assez riche (V. EDDA, SAGAS), et employaient les caractères runiques.

SCANIE, anc division de la Suède mérid., a formé les préfect. de Malmœhus et de Christianstad. Le fils aîné du roi de Suède prend le titre de duc de Scanie.

SCAPTÉ-HYLÉ, lieu de la Thrace, au N. E., près d'Abdère. C'est là qu'étaient les mines d'or et d'argent que possédait la famille de Thucydide.

SCAPULA (OSTORIUS). V. OSTORIUS.

SCAPULA (J.), lexicographe, né en Allemagne vers 1540, m. à Paris vers 1610, fut employé dans l'imprimerie de H. Étienne, et composa, d'après le Thesaurus linguæ græcæ de ce savant, un Lexicon grec-latin abrégé, Bâle,1579, in-4 (souvent réimprimé, notamment à Londres, 1820), qui nuisit beaucoup à l'ouvrage original. On a encore de Scapula : Primo-geniæ voces, seu Radices linguæ græcæ, Paris, 1612.

SCARAMOUCHE, en ital. Scaramuccio, personnage comique de la scène italienne, était un mélange de fanfaronnade et de poltronnerie. Il portait d'épaisses moustaches, était tout babillé de noir, et, malgré ses forfanteries, finissait toujours par être battu. On connaît principalement sous ce nom Tiberio Fiorelli, acteur napolitain, né en 1608, m. en 1696, qui fit partie de l’une des premières troupes italiennes établies en France sous Louis XIII. Il venait tous les soirs à la cour pour amuser le dauphin (Louis XIV). Il resta au théâtre jusqu’à l’âge de 83 ans. On a publié sous le titre de Scaramucciana un recueil de ses Bons mots. — Le rôle de Scaramouche fut depuis continué avec succès sur le théâtre de la Foire par Ranzini, Napolitain (1716-31), par Benozzi, Vénitien (1731-39), et par Gandini (1745-80), qui fit presque oublier Fiorelli et après qui ce rôle disparut.

SCARBOROUGH, v. d’Angleterre (York), sur une belle baie de la mer du Nord, à 68 kil. N. E. d’York ; 10 000 h. Bon port. Chemin de fer. Ruines d’un vieux château, construit en 1136 par William comte d’Albemarle ; anc. abbaye de Cisterciens. Commerce de houille (de Newcastle et de Sunderland), eau-de-vie, genièvre, vin de Portugal. Pêche du hareng. Bains de mer ; sources minérales.

SCARDONA, auj. Isola Grossa ou Arb, île de l’Adriatique, sur la côte de la Liburnie. — Ville des États autrichiens (Dalmatie), à 40 kil. S. E. de Zara, à 9 k. N. E. de Spolatro ; 6000 hab. Évêché. Port, sur la Kerkah. Anc. capitale de la Liburnie.

SCARDUS MONS, auj. Tchardagh ou Glioubotin, chaîne de montagnes d’Épire, est liée à l’Orbelus à l’E.

SCARLATTI (Alexandre), compositeur, né à Naples en 1650, m. en 1725, a donné beaucoup de musique de théâtre (env. 100 opéras), de chambre et d’église. Parmi ses compositions dramatiques, on cite Teodora, 1693 ; Il Figlio delle selve, 1702 ; Il Medo, 1708 ; Il Tigrane, 1715. Il a combattu l’abus des fugues, contre-fugues, canons et autres tours de force musicaux. — Dominique Sc., son fils, 1683-1757, maître de musique de la reine d’Espagne, est renommé comme harpiste. — Jos. Sc., fils de Dominique, né à Naples en 1718, m. à Vienne en 1776, renommé comme compositeur et comme maître de clavecin, a laissé, entre autres œuvres, 12 opéras, dont un, il Mercato di Malmantile, eut un succès prodigieux.

SCARPA (Ant.), chirurgien et anatomiste, né en 1747 dans le Frioul, m. en 1832, étudia à Padoue sous Morgagni, fonda sa réputation par les cours de clinique et d’opérations chirurgicales qu’il fit à Modène, fut appelé en 1783 à Pavie, pour y remplir une chaire d'anatomie et de chirurgie, et finit par être directeur de la Faculté de médecine de cette ville. Il était associé de l’Académie des sciences. Scarpa remit en honneur l’opération de la cataracte par abaissement, accrédita la méthode de Hunter pour les anévrismes, imagina le procédé de la ligature par l’aplatissement, et exécuta des travaux fort estimés sur les organes de l’ouïe et de l’odorat, sur les ophthalmies, les hernies, etc. On a de lui : De penitiori ossium structura, 1779, trad. par Léveillé sous le titre de : Mémoire de physiologie et de chirurgie pratique, 1804 ; Tabulæ nevrologicæ, 1794 ; Réflexions et observations anatomico-chirurgicales sur l’anévrisme (en italien), 1804, trad. par Delpech, 1809 ; Des maladies des yeux, trad. par Bégin et Fournier, 1821.

SCARPANTO, Carpathos, île turque de la mer Égée, entre Rhodes et Candie, a 48 kil. sur 13 et 3 000 h. ; ch.-l., Avdemo. Sol assez fertile. Fer, marbre.

SCARPE (la), riv. de France, naît dans le dép. du Pas-de-Calais (arr. de St-Pol), passe à Arras, entre dans le dép. du Nord, arrose Douay, Marchiennes, St-Amand, et tombe dans l’Escaut, après un cours de 100 kil., dont 80 navigables au moyen d’écluses.

SCARPHÉ, v. de Locride à l’E., près des Thermopyles et du golfe Maliaque, fut renversée par un tremblement de terre. Les Achéens y furent défaits par Q. Cræcilius Métellus, 147 av. J.-C.

SCARPONNE, jadis Serpagne, vge du dép. de la Meurthe, sur la Moselle, à 17 kil. N. O. de Nancy. Jadis important et fortifié : c’était la capit. du Pays Saunois. Ravagé par les Hongrois au ixe s.

SCARRON (Paul), écrivain, né à Paris en 1610, m. en 1660, était fils d'un conseiller au parlement. Il fut destiné à l'église et même obtint un canonicat au Mans ; mais il passa sa jeunesse dans la dissipation et se livra à des extravagances qui ruinèrent sa santé : à l’âge de 27 ans, à la suite d’une mascarade, il contracta une infirmité qui le priva de l’usage de ses jambes et le réduisit il l’état de cul-de-jatte. En outre, il se vit presque entièrement dépouillé de sa fortune par un procès qu’il eut à soutenir contre la 2e femme de son père. Il se mit alors à travailler pour le théâtre, et y gagna de quoi tenir un état de maison assez honorable. La reine Anne d’Autriche lui fit quelque temps une pension de 500 écus, mais elle la lui retira lorsqu’il eut fait la Mazarinade. En 1652 il épousa, par pur sentiment de générosité, Mlle d’Aubigné (depuis Mme de Maintenon), qui alors était orpheline et sans fortune ; il la laissa veuve au bout de 8 ans. Scarron réussit surtout dans le genre burlesque, et eut pendant quelque temps une grande vogue ; mais il tombe dans le trivial et finit par fatiguer. On a de lui outre des pamphlets, les 8 premiers chants de l’Énéide travestie, en vers burlesques, le Roman comique (le meilleur de ses ouvrages), 3 comédies (Jodelet, don Japhet d’Arménie, l’Écolier de Salamanque), et des poésies diverses. Ses Œuvres complètes ont été publiées par La Martinière, Paris, 1737, 10 vol. in-12 (réimpr. en 1786, 7 vol. in-8); M. V. Fournel a réédité en 1857 le Roman comique et l’Énéide. Quoique perclus, contrefait et réduit à être, comme il le disait lui-même un raccourci des misères humaines, Scarron avait l’humeur la plus joviale, et il garda sa gaieté jusqu’au moment de mourir.

SCAURUS (M. Æmilius), Romain célèbre, d’une famille illustre, mais depuis longtemps déchue, servit en Espagne et en Sicile, fut successivement édile, préteur, gouverneur d’Achaïe, consul (122-114 av. J.-C.), fit une loi somptuaire, creusa un canal navigable de Parme à Plaisance pour dessécher les marais environnants, vainquit les Carnes, peuple gaulois, et obtint le triomphe, fut nommé prince du sénat (114), et dirigea quelque temps toutes les affaires de Rome. Envoyé contre Jugurtha comme lieutenant du consul Calpurnius, il ne fit rien contre lui, et fut soupçonné de s’être laissé gagner par l’or du Numide ; il brava néanmoins les nombreuses accusations des tribuns, et devint censeur en 89. Il mourut 2 ans après, au comble des honneurs et du crédit. Cicéron et Tacite prononcent son nom avec admiration ; Salluste au contraire le peint sous des couleurs odieuses. Il paraît bien que la vénalité de Scaurus égalait ses talents. — Son fils, nommé aussi M. Æmilius Scaurus, n’est guère connu que par son luxe et ses prodigalités : il fit bâtir pour le seul temps de son édilité (78 ans av. J.-C.) un théâtre magnifique qui pouvait contenir 80 000 spectateurs. Il avait à Rome un riche palais, dont Pline a donné une pompeuse description ; son récit a inspiré à l’architecte Mazois l’ouvrage intitulé : Le palais de Scaurus.

SCEAUX, Cellæ, jolie ville, ch.-l. d’arr. du dép. de la Seine, près la Bièvre, à 12 kil. S. de Paris ; 2267 h. Grand marché de bestiaux pour l’approvisionnement de Paris ; chemin de fer construit d’après un système qui permet de décrire les plus fortes courbes. — Cette v. fut érigée en baronnie en 1624. On y voyait jadis un château superbe, bâti par Colbert, et qui, en 1700, passa au duc du Maine, fils naturel de Louis XIV. La duchesse sa femme, y tint une cour brillante, rivale de celle du Régent, et qui était l’école du bon goût et du bon ton. Ce château fut acquis ensuite par le duc de Penthièvre. Il fut vendu et détruit lors de la Révolution : il n’en est resté que l’orangerie, qui fut rachetée par la ville, et qui, avec une partie du parc, est devenu un lieu public.

SCÉE, porte de Troie, près de laquelle était le tombeau de Laomédon, et où eut lieu la célèbre entrevue d’Andromaque et d’Hector. C’est par cette porte que fut introduit dans la ville le cheval de bois.

SCÉLÉRATE (Porte), l’une des portes de Rome, à l’extrémité S. du Capitole, était ainsi nommée parce que c’est par là que sortirent les 306 Fabiens qui périrent à Cramera (V. fabiens). Elle s’appelait auparavant Carmentale. — Rue de Rome où Tullie fit passer son char sur le corps de son père Servius Tullius. Elle était au bas du mont Esquilin.

SCELLIÈRES, anc. abbaye de l’ordre de Cîteaux, à 2 kil. O. N. O. de Romilly (Aube), dans laquelle Voltaire put être inhumé, parce que l’abbé Mignot, son neveu, en était abbé commendataire. Le corps de Voltaire y resta jusqu’en 1791, époque où il fut transporté au Panthéon. L’abbaye a été détruite dans la Révolution. — V. sellières.

SCÉNITES (Arabes), du grec Skéné tente, nom donné par les Romains et les Grecs aux hordes d’Arabes nomades, surtout à celles qui erraient entre la Syrie et l’Euphrate.

SCEPSIS, v. de Mysie au S. O., est connue par la naissance de Nélée dit de Scepsis et parce que c’est là que furent, dit-on, retrouvés les ouvrages d’Aristote longtemps perdus. V. nélée.

SCEPTIQUES, du grec Skepsis, examen. On nommait proprement ainsi les disciples de Pyrrhon, mais on a depuis étendu ce nom à tous ceux qui ont fait profession du doute : leur nom vient de ce qu’ils prolongeaient indéfiniment l’examen, ne se décidant jamais. Les plus célèbres sceptiques sont, chez les anciens, Protagoras, Gorgias, Pyrrhon et les défenseurs de sa doctrine, Timon, Énésidème, Sextus Empiricus; les Nouveaux-Académiciens (Arcésilas, Carnéade); chez les modernes, Montaigne, Lamothe-Levayer ; Bayle, Sanchez, Huet, Berkeley, Hume, Kant, Schulze.

SCÉTÉ, désert de l’Égypte inférieure, à l’O. du Delta, près des monts Nitria. Beaucoup d’ermites s’y retirèrent dans les premiers siècles du christianisme.

SCÉVOLA, scévole. V. scævola et ste-marthe.

SCEY-SUR-SAONE, ch.-l. de c. (Hte-Saône), à 17 kil. N. O. de Vesoul ; 1712 h. Beau château, dont il ne reste que les caves. Haut fourneau, source salée.

SCHADOW (J. Godefroy), sculpteur, né en 1764, à Berlin, m. en 1850, était fils d’un pauvre tailleur. Son talent pour le dessin s’étant manifesté de bonne heure, les premiers artistes de Berlin s’intéressèrent à son sort et lui procurèrent les moyens d’étudier. Après deux années de séjour à Rome, il fut nommé en 1788 sculpteur du roi, puis professeur de l’Académie des Beaux-Arts de Berlin ; il devint en 1822 directeur en chef de cet établissement. Voici les plus célèbres de ses ouvrages : le monument funèbre du Comte de La Marck, dans l’église de Ste-Dorothée à Berlin ; les statues équestres de Frédéric le Grand, à Stettin, du feld maréchal Blücher, à Rostock, du duc Léopold de Dessau, à Berlin ; une statue de Luther, à Wittemberg ; un groupe colossal en marbre représentant la reine Louise de Prusse et sa sœur, la duchesse de Cumberland, à Londres ; les bustes de Klopstock, Kant, Haller, Jean de Muller, pour le Walhalla. — Son fils, Ridolfo Sch., né en 1786, m. en 1822, avait débuté par un chef-d’œuvre, Pâris réfléchissant avant de prononcer son jugement. Parmi ses autres ouvrages, on remarque une Jeune fille attachant ses sandales, la Fileuse, Achille protégeant le corps de Penthésilée.

SCHÆFFER (Henri), philologue, né à Leipsick en 1764, m. en 1840, était professeur de littérature grecque et bibliothécaire à l’Université de Leipsick. Il est surtout connu pour une jolie collection d’auteurs grecs stéréotypés ; on lui doit en outre de bonnes éditions d’Hérodote, de Démosthène, d’Athénée, d’Apollonius de Rhodes, de Tryphiodore, etc. — V. scheffer et schœffer.

SCHAFFHOUSE, en all. Schaffhausen, en latin Scaphusia, v. de Suisse, ch.-l. du canton de Schaffhouse, sur la r. dr. du Rhin, au-dessous de la cataracte de Laufen ; 8000 hab. Collége, gymnase. Coutellerie, soies, cotons, etc. Patrie de l’historien Jean de


Muller. — D’abord simple hameau de pêcheurs (viiie s.), Schaffhouse devint ville impériale au xiiie s., tomba, en 1330, au pouvoir de l’Autriche, redevint libre en 1415, et fut admise en 1501 parmi les cantons. - Le canton de Sch., le plus septentrional de la Suisse, est presque tout entier enclavé dans le sud du grand-duché de Bade et est séparé par le Rhin des cantons de Zurich et de Thurgovie : 24 kil. sur 22 ; 36 000 hab. (presque tous Réformés et parlant allemand). Climat doux, sol fertile. Ambre, fer, excellent acier, etc. Gouvernement démocratique, organisé par la constitution de 1831, révisée en 1834 ; grand conseil de 74 membres, petit conseil de 24, investi du pouvoir exécutif. Ce canton occupe le 12e rang par ordre d’admission.

SCHAH. V. chah. - SCHAHPOUR. V. sapor.

SCHALKEN (Godefroy), peintre, élève et rival de Gérard Dow, né à Dordrecht en 1643, m. en 1706 à La Haye, réussit parfaitement dans les effets de lumière. Ses petits tableaux sont très-finis et ont conservé une assez grande valeur. Le Louvre possède de lui 4 tableaux, la Sainte Famille, Cérès cherchant Proserpine, Deux femmes éclairées par une bougie, et un Vieillard répondant à une lettre.

SCHAMMAI, docteur juif, contemporain et adversaire d’Hillel l’Ancien. V. hillel.

SCHAMS-EDDYN, roi de Delhy, tartare de naissance, fut d’abord esclave, devint gendre et fils adoptif de Gothb-eddyn-Aïbek, usurpa le trône en 1210, eut à étouffer diverses révoltes, fit la guerre au roi de Pendjab, le vainquit et joignit son royaume à ses États, ainsi que le Béhar, le Bengale, le Malwa, Oudjein. Il régna jusqu’en 1236 et fonda une dynastie qui subsista près d’un siècle.

SCHARD (Simon), assesseur à la Chambre impériale, né vers 1535, m. en 1573 à Spire, est célèbre par son Germanicarum rerum quatuor vetustiores chronographi, Francfort, 1566, in-fol., le 1er recueil qu’on ait publié des anciens historiens de l’Allemagne ; les quatre auteurs que contient ce recueil sont : Turpin, Réginon de Prum, Sigebert de Gemblours, Lambert d’Aschaffenbourg. On lui doit aussi Opus historicum de rebus germanicis, Bâle, 1574.

SCHAUMBOURG ou SCHAUENBOURG, Castrum speculationis et Theorosburgum, château situé sur les bords du Weser, entre Rinteln et Oldenbourg, bâti, dit-on, par Drusus, frère de Tibère et relevé en 1033 par Adolphe I de Sandersleben (V. l’art. suiv).

schaumbourg (Comté de), ancien État de l’empire d’Allemagne, sur le Weser, entre les comtés de la Lippe et de Ravensberg et les principautés de Kalenberg et de Minden. Il prit naissance en 1033 quand Adolphe I de Sandersleben eut relevé ou bâti le château de Schauenbourg, et forma un petit État qui fut immédiat sur-le-champ. Un des descendants de cet Adolphe, Adolphe III, fut pourvu en 1106 du comté de Holstein, mais, en 1247, sa postérité se partagea, en deux lignes, Kiel et Rendsbourg ; puis celle-ci, qui, entre autres possessions, avait Schaumbourg, se subdivisa en trois branches : c’est la 3e (issue du 3e fils de Gérard I), qui reçut Schaumbourg, avec Pinneberg (1281). Cette branche, dite 1re maison de Schaumbourg, ne s’éteignit qu’en 1640, dans la personne d’Othon VI. Élisabeth, mère de ce dernier, lui succéda, puis elle légua son héritage à son frère Philippe de Lippe (de la branche cadette), qui commença une 2e maison. Mais Pinneberg avait été pris par le Danemark ; les ducs de Brunswick s’étaient saisis de trois bailliages ; les trois cinquièmes du reste passèrent à Hesse-Cassel ; de sorte que la 2e maison de Schaumbourg (ou Schaumbourg-Lippe) ne garda que Bückebourg et Stadthagen avec leurs districts. Le comte reçut le titre de prince en 1807, quand il eut adhéré à la Confédération du Rhin.

schaumbourg-lippe (Principauté de), État du N. de l’Empire allemand, borné au N. et au N. E. par le Hanovre, à l’O. par la Prusse rhénane : 560 k. carr.; 31 000 h.; cap., Bückebourg. Grains, houille. Ce pays fut constitué en 1648 par le traité de Westphalie : ce n’est qu’un démembrement de l’ancien comté de Schaumbourg.

schaumbourg (Cercle de), ancienne division de la Hesse-Cassel, formait enclave entre la Lippe-Detmold, le Schaumbourg et la Prusse, et était séparé par plus de 60 k. des autres États hessois ; 44 000 hect. ; 35 000 hab. ; ch.-l. Rinteln.

SCHEDONE (Barthél.), cél. peintre de Modène, né vers 1570, m. v. 1615, eut pour Mécène le duc de Parme, orna de ses tableaux et de ses fresques les palais de Parme, de Modène, de Naples, ainsi que Notre-Dame de Lorette et plusieurs autres églises, et réussit également dans le portrait : il a peint presque tous les princes de Parme et de Modène. Son style est de la plus grande élégance, sa touche légère et délicate ; ses personnages sont pleins de grâce et sa peinture est terminée avec un soin exquis ; il se rapproche tellement du Corrège et du Parmesan que l’on confond souvent leurs ouvrages. Le Louvre possède 3 de ses tableaux ; on admire surtout Jésus mort, posé par Madeleine sur le bord du tombeau, son chef-d’œuvre. Schedone avait la fureur du jeu : cette funeste passion le ruina et hâta sa mort.

SCHEFFER (Ary), peintre d’histoire et de genre, né à Dordrecht en 1795, m. à Paris en 1868, avait pour père un amateur plein de goût. Il fut amené en France dès 1809 par sa mère, entra dans l’atelier de Guérin, exposa en 1819 le Dévouement des Bourgeois de Calais, et en 1824 Gaston de Foix mort à la bataille de Ravenne et les Femmes souliotes, œuvres historiques qui fixèrent l’attention, mais s’attacha de préférence depuis aux sujets romantiques, qu’il empruntait à Dante, à Gœthe, à Byron : il réussit surtout dans sa Françoise de Rimini, l’un des chefs-d’œuvre de l’école moderne, et dans les tableaux où figurent Faust et Marguerite. Il traita également avec succès des sujets religieux (le Christ consolateur, le Christ rémunérateur, Jésus au mont des Oliviers, S. Augustin et sa mère), et ne réussit pas moins dans le portrait. A. Scheffer est plutôt l’interprète du sentiment que le peintre de l’action ; tout entier à l’idée dominante, il néglige les détails de l’exécution. — Son frère, Henri Sch. (1798-1862), a cultivé divers genres, mais surtout le portrait. Parmi ses tableaux d’histoire, on remarque Jeanne d’Arc faisant son entrée dans Orléans, Jeanne d’Arc marchant au supplice, Charlotte Corday protégée par les membres de la section contre la fureur du peuple, son chef-d’œuvre.

SCHEELE (Ch. Guill.), célèbre chimiste, né à Stralsund en 1742 d’une famille pauvre, m. en 1786, parvint avec beaucoup de peine à devenir propriétaire d’une pharmacie à Kœping, et fut nommé membre de l’Académie royale de Stockholm. On lui doit la découverte de plusieurs principes chimiques (oxygène, chlore, manganèse, molybdène, hydrogène arseniqué, hydrure de soufre, acides lactique gallique, hydrocyanique, etc.), et il figure, avec Bergmann, son ami, parmi les créateurs de la chimie organique. Ses Traités et Mémoires (insérés d’abord dans le recueil de l’Académie de Stockholm) ont été publiés sous le titre de Collection des recherches de C. G. Scheele sur la physique et la chimie, Berlin, 1793. Diétrich a trad. en français son Traité de l’air et du feu, Upsal, 1777, qui passe pour son chef-d’œuvre. On doit à M. Cap une Étude biographique sur Scheele, 1863.

SCHEID (Éverard), Scheidius, savant hollandais, né en 1742 à Arnheim, m. en 1795, professeur à l’Université de Leyde, émit des idées neuves en philologie et popularisa celles de Lennep. On lui doit, entre autres écrits : Glossarium arabico-latinum manuale (en partie extrait de Golius), Leyde, 1769 ; Opuscula de ratione studii, 1786-92.

SCHEINER (Christophe), Jésuite et astronome, né en 1575 à Mundelheim (Souabe), m. en 1650, fut professeur de mathématiques à Ingolstadt, perfectionna l’hélioscope, disputa à Galilée l’honneur d’avoir vu le 1er (1610) les taches du soleil, écrivit contre ce savant et soutint l’immobilité de la terre. Il devint recteur à Neiss, en Silésie, et fut le maître de mathématiques de l’archiduc Maximilien, puis le directeur du prince Charles, son frère. Ses principaux ouvrages sont Disquisitiones mathematicæ, Ingolstadt, 1614, Oculus, sive Fundamentum opticum, 1619 ; Pantographice seu Ars delineandi, 1631.

SCHELESTADT, v. d’Alsace-Lorraine, sur l’Ill ; à 44 k. S. O. de Strasbourg, 10 184 h. Fort jolie ville. Trib., collége ; station de chemin de fer. Industrie (fabrique de potasse, savon, armes, tissus métalliques, bonneterie); grand commerce. C’est dans cette ville que fut inventé le vernis à poterie (à la fin du xiiie s.). Schelestadt occupe l’emplacement de l’anc. Elsebus, détruite par Attila. Repeuplée au xiiie s., elle devint une des dix villes impériales de l’Alsace, fut prise par les Suédois en 1632 et cédée à la France en 1648 : Louis XIV la fit fortifier par Vauban. Patrie de Martin Bucer.

SCHELHORN (J. George), bibliographe, né en 1694 à Memmingen, m. en 1773, prédicateur, bibliothécaire et correcteur de l’Académie de sa ville natale, a publié Amœnitates litterariæ, Francfort et Leipsick (Ulm), 1724-31, 14 tom. en 7 vol., petit in-8 ; Amœnitates historiæ ecclesiasticæ et litterariæ, Francf. et Leip. (Ulm), 1737, 2 vol. in-8 ; Acta historica, 1738.

SCHELLENBERG, mont. de Bavière, près de Donawert, où Marlborough défit les Bavarois en 1704.

SCHELLER (J. Gérard), savant, né en 1735 à Ihlow (Saxe), m. en 1803, fut recteur du lycée de Lübben (Basse-Lusace) et du gymnase de Brieg (Silésie). Il a laissé, entre autres ouvrages, deux dictionnaires qui furent longtemps classiques en Allemagne : le Petit dictionnaire latin-allemand et allemand-latin, Leips., 1779 ; le Grand dictionnaire latin-allemand et allemand-latin, 1783.

SCHELLING (Fréd. Guill. Joseph de), philosophe allemand, né en 1775 à Leonberg (Wurtemberg), m. en 1854, fit de fortes études de philosophie et de théologie à Tubingue, où il eut Hegel pour condisciple, puis à Iéna, où enseignait Fichte, s’attacha d’abord à ce maître et publia de 1794 à 1796 quelques écrits conçus dans l’esprit de sa doctrine (Du Moi comme principe de la philosophie; Lettres philosophiques sur le dogmatisme et le criticisme); mais ne tarda pas à se séparer de lui et commença, à partir de 1798, à faire à Iéna même des cours où il enseignait une doctrine nouvelle et qui furent écoutés avec faveur. Reconnaissant néanmoins l’insuffisance de son instruction scientifique, il quitta sa chaire pour redescendre sur les bancs, suivit assidûment des cours de sciences physiques et de médecine, et se fit recevoir docteur en médecine en 1802. Appelé en 1804 à l’Université de Wurtzbourg, il y professa quatre ans avec un grand succès les diverses branches de la philosophie. Nommé en 1808 par le roi de Bavière secrétaire de l’Académie des beaux-arts, ses nouvelles fonctions l’obligèrent à interrompre son enseignement ; mais en 1820, ayant quitté Munich par suite de collisions avec Jacobi, président de l’Académie, il se rendit à Erlangen, où il reprit le cours de ses leçons. Une université ayant été établie à Munich en 1827, il y transporta sa chaire et y obtint les plus brillants succès ; il devint bientôt après président de l’Académie des sciences, conservateur des collections scientifiques, et conseiller intime du roi de Bavière. Il consentit cependant en 1841 à quitter Munich pour se rendre à Berlin, où il occupa la chaire de philosophie qu’avait illustrée Hegel. Schelling est l’auteur d’un système qui égale la célébrité de ceux de Kant et de Fichte. L’idée fondamentale de ce système est que l’on doit cesser d’opposer, comme on l’avait fait jusque-là, le monde idéal et le monde réel, et de chercher comment l’esprit passe de l’un à l’autre, mais qu’il y a identité entre les idées et les choses, entre la pensée et l’être, le sujet et l’objet, le moi et le non moi, l’homme et la nature, que ce ne sont là que deux faces d’un seul et même être, l’Un, l’Absolu, Dieu ; c’est ce qui fait nommer ce système Philosophie de l’identité; on le nomme aussi Philosophie de la nature, parce que l’auteur s’est surtout attaché à expliquer les lois de la nature physique, en montrant leur identité avec celles de la nature intellectuelle et morale. Du sein de l’Absolu, par une évolution nécessaire appelée procès, sortent la Nature et l’Esprit, les choses et les idées, qui coexistent et se développent parallèlement, mais dans une parfaite identité ; l’électricité, par exemple, se confond avec l’irritabilité, le magnétisme avec la sensibilité. L’univers est l’expression de la pensée divine et lui est identique ; la raison humaine est virtuellement l’image de l’Intelligence absolue, ainsi que de l’univers : elle conçoit l’Absolu par une intuition intellectuelle. La philosophie a pour objet de connaître toutes choses par les idées de la raison ; l’art en est la représentation sensible. Le but de la triple activité de la nature, de la philosophie et de l’art est de donner à Dieu conscience de lui-même. Ce système prétend concilier l’idéalisme et le réalisme, la nécessité et la liberté, le matérialisme et le spiritualisme, et veut reproduire, dans ses conceptions, l’ordre même des choses, aspirant à une science telle qu’elle peut se concevoir en Dieu même. La Philosophie de la nature n’est au fond qu’un panthéisme, et il est facile d’y reconnaître les idées de Plotin, de J. Bruno ou de Spinosa ; mais c’est le panthéisme le plus savant, s’aidant de toutes les découvertes de la science moderne. Néanmoins il reste en butte à toutes les objections qui ont de tout temps été faites contre le panthéisme. En outre ce système pèche par la méthode : dédaignant la marche lente et patiente de l’observation, l’auteur procède par voie de construction, c’est-à-dire par hypothèse, au risque d’être dupe de sa propre imagination.

Les principaux ouvrages de Schelling sont : Idées sur la philosophie de la nature, 1797 ; De l’Âme du monde, 1798 ; Esquisse du système de la philosophie de la nature, 1799 ; Système de l’idéalisme transcendantal, 1800 (trad. par Grimblot, 1842); Bruno, dialogue sur le principe divin et le principe naturel des choses, 1801 (trad. par Husson, 1845} ; De la méthode des études académiques, 1803 (trad. par M. Bénard, 1847) ; Philosophie et religion, 1804 ; Du rapport des arts plastiques à la nature, 1807 ; Recherches philosophiques sur la liberté humaine, 1809. Ses Œuvres complètes, publ. à Stuttgard par ses fils, forment 12 vol. in-8, 1860 et ann. suiv. En 1834, dans un écrit intitulé Jugement sur la philosophie de M. Cousin (trad. par Wilm, 1835), Schelling annonça une philosophie nouvelle, la philosophie positive, qui devait réconcilier la spéculation idéaliste avec les grands intérêts de la religion et de la vie pratique : mais cette philosophie nouvelle, qui fit l’objet des leçons de Berlin, n’a pas vu le jour.

Schelling a eu de chauds partisans et de violents adversaires : parmi les premiers, Oken, qui fit l’application de son système aux sciences naturelles ; Baader, Kieser, Schubert, Burdach, Gœrres, Krause ; parmi les seconds, Fichte, son ancien maître, Jacobi, Bouterweck, Krug, enfin Hegel, qui avait d’abord été l’un de ses plus fermes appuis. On peut consulter sur ce philosophe l’Histoire de la philosophie allemande de Wilm, Paris, 1846-1849, Schelling et la Philosophie de la Nature, par Matter, 1842 et 1845, et surtout la Notice historique lue en 1858 par M. Mignet à l’Institut, dont Schelling était associé. Un monument lui a été élevé à Munich.

SCHEMNITZ, v. de Hongrie (Houth), sur la Schemnitz, à 110 kil. N. de Bude ; 19 000 hab. École des mines, collége de Piaristes. Fabrique de faïence, pipes, vitriol. Patrie de l’astronome Hell. Aux env., mines d’or et d’argent, les plus riches de la Hongrie (de l’Europe peut-être), et qui occupent 12 000 ouvriers. — Il ne faut pas confondre cette ville avec Chemnitz, en Saxe. V. chemnitz.

SCHENCKEL (Thomas), mnémoniste, né en 1547, à Bois-le-Duc, m. en 1630, inventa des procédés de mémoire artificielle, parcourut l’Europe, vantant son art avec emphase, obtint quelques succès dans les universités de Louvain, Douay, Wurtzbourg, Paris; mais finit par perdre ses disciples, et mourut obscur en Allemagne. On a de lui : De Memoria libri II, réimprimé sous le titre de Gazophylacium artis memoriæ, Strasbourg, 1660, et traduit par Le Cuirot sous celui de Magasin des sciences, Paris, 1623

SCHENECTADY, v. des États-Unis (New-York), sur le canal d’Érié et la Mokawk, à 20 kil. N. O. d’Albany ; 10 000 h. Beau pont. Collége dit de l’Union. La ville fut fondée par les Hollandais vers 1620.

SCHÉRÉMÉTOV (Boris Pétrovitch, comte de), un des généraux de Pierre le Grand, conseilla au czar d’éviter tout engagement général avec Charles XII (1708), eut grande part à la victoire de Pultava (1709), suivit Pierre dans la campagne du Pruth, après laquelle il fut envoyé comme otage à Constantinople, conquit Riga et la Livonie sur les Suédois et défit le rebelle Stenko sur les bords de la mer Caspienne. Il m. en 1719. On a publié en 1774 les Lettres de Pierre le Grand à Schérémétov.

SCHÉRER (Barth. L. Jos.), général français né vers 1745 à Delle, près de Béfort, m. en 1804, était fils d’un boucher. Il servit d’abord en Autriche, déserta, et, après avoir mené à Paris une vie dissipée, entra dans l’armée française, où il était major en 1789. Il se distingua comme général de division à l’armée de Sambre-et-Meuse (1794), passa l’année suivante comme général en chef à l’armée d’Italie et remporta la victoire de Loano, mais ne sut pas profiter de sa victoire. Il devint ministre de la guerre en 1797; mais sa rapacité souleva d’unanimes accusations et il se vit promptement obligé de sortir du ministère. Il retourna en Italie, où il n’éprouva que des revers, et donna sa démission (1799). Nommé cependant inspecteur des troupes en Belgique, il fut accusé de nouveau, et se vit obligé de prendre la fuite. Après le 18 brumaire, il rentra dans l’obscurité. Il avait publié en 1798 un Précis de ses opérations en Italie.

SCHEUCHZER (J. J.), médecin et naturaliste, né en 1672 à Zurich, m. en 1733, parcourut l’Allemagne, fut nommé en 1696 médecin de la ville de Zurich, puis professeur de physique et d’histoire naturelle, et forma des collections scientifiques qui ont rendu d’éminents services à l’histoire naturelle. On cite surtout son Museum diluvianum, Zurich, 1716 ; Homo diluvii testis, 1726 ; Physique sacrée, Ulm (en all.) et Amst. (en franç.), 8 v. in-f., 1732-37. — Son frère, Jean Sch. (1684-1738), est connu comme botaniste. Il servit en Hongrie, fut secrétaire du comte de Marsigli, devint ingénieur du canton de Zurich (1712), secrétaire des États du comté de Bade (1732), professeur d’histoire naturelle à Zurich (1733). On estime son Agrostographia, Zurich, 1774.

SCHEYB (Fr. Christophe de), né en Souabe en 1704, m. en 1777, fut secrétaire du comte de Harrach, vice-roi de Naples, et mourut conseiller aulique. On lui doit, entre autres publications, une superbe édition de la Table de Peutinger, Vienne, 1753, in-fol., reproduite à Leipsick, 1824, in-fol.

SCHIAVONE (André medula, dit le), c.-à-d. le Slavon, peintre, né en 1522 à Sebenico en Dalmatie, m. à Vicence en 1582, fut protégé et employé par le Titien et le Tintoret. Son dessin est incorrect, mais le mouvement, le coloris, la composition décèlent partout en lui un grand peintre. Le musée du Louvre a de cet artiste une Tête de S. Jean Baptiste, qu’on a souvent attribuée à Raphaël.

SCHIEDAM, v. du roy. de Hollande (Holl. mérid.), sur la Schie, près de son embouch. dans la Meuse, à 7 kil. O. de Rotterdam ; 15 000 hab. Petit port, bourse, hôtel de ville et autres édifices. Eau-de-vie de grains. D’épais brouillards couvrent toujours cette ville.

SCHILLER (J. Christophe Frédéric), célèbre poëte allemand, né à Marbach (Wurtemberg) en 1759, m. en 1805, était fils d’un capitaine. Élevé d’abord par un pasteur, il fut ensuite placé à l’école militaire de Ludwigsbourg, puis étudia le droit, et enfin la médecine, entra comme chirurgien dans un régiment, se livra en même temps au goût qui l’entraînait vers les lettres, et commença dès lors à écrire des poésies et des pièces de théâtre. Après avoir fait jouer sa pièce des Brigands, qui avait obtenu un grand succès (1781), il voulut quitter le service ; n’ayant pu obtenir l’agrément du duc de Wurtemberg, il s’enfuit. Après diverses aventures, il fut nommé conseiller du duc de Saxe-Weimar, et professeur d’histoire à Iéna (1789). Grandissant sans cesse en talent comme en réputation, il entra en liaison avec toutes les notabilités littéraires de l’Allemagne, et fut classé parmi les premiers écrivains de son pays. Sympathique à notre Révolution, il fut nommé par la Convention citoyen français ; néanmoins, en 1793, il adressa à cette assemblée une apologie de Louis XVI. Il vint en 1797 se fixer à Weimar où il fut comblé des bontés du duc régnant. Schiller est un des coryphées du genre romantique. Il est connu surtout par ses tragédies, qui sont au nombre de neuf : les Brigands, Fiesque, Cabale et Amour, Don Carlos (en vers), Wallenstein, Marie Stuart, Jeanne d’Arc, la Fiancée de Messine, Guillaume Tell (en vers). Les trois premières, sans manquer de beautés, sont des ouvrages défectueux et offrent tous les caractères d’une période d’indécision ; les dernières, plus vraies, plus morales, d’un genre plus élevé, sont d’un ordre tout différent ; elles ont valu à leur auteur le titre de régénérateur du théâtre allemand. On a encore de Schiller beaucoup de poésies diverses, où brillent la verve, l’imagination, l’originalité, la grâce ; des ouvrages historiques, qui le placent aussi à un des premiers rangs en ce genre : l’Histoire de la défection des Pays-Bas, l’Histoire de la guerre de Trente ans ; enfin des articles de critiques, entre autres un Traité sur la poésie naïve et sentimentale, dans les Heures (journal littéraire). Schiller était intime ami de Gœthe, auquel sans doute il dut une partie de ses idées et de ses progrès. Il rédigeait en commun avec lui l’Almanach des Muses. Les Œuvres de Schiller (en allemand) ont été publiées à Tubingue, 1812-15, 12 vol. in-8 . Sa correspondance a paru à Berlin en 1847, 4 v. in-8. Ses Œuvres avaient déjà été traduites partiellement en français par MM. X. Marmier, de Barante, de Château-Giron, Malher de Chassat, et par Mme Karlowitz, lorsque M. Ad. Régnier en a donné une trad. complète, qui efface toutes les autres, 8 vol. in-8, 1860 et suiv.

SCHILLING (Fréd. Aug.), romancier allemand, né en 1766 à Dresde, m. en 1839, servit longtemps dans l’artillerie, devint capitaine en 1807 mais donna sa démission bientôt après, et vint se fixer à Freyberg d’abord, ensuite à Dresde. Ses nombreux romans ont eu beaucoup de lecteurs ; l’auteur y montre de l’imagination ; ses tableaux sont vifs et vrais ; il réussit surtout dans le comique ; mais il ne respecte pas toujours la décence. Il a aussi donné un drame, Élise Colmar, 1783. Ses Œuvres complètes ont paru à Dresde, en 52 vol., 1828.

SCHILTER (Jean), jurisconsulte, né en 1632 à Pegau (Saxe), m. en 1705, professa tour à tour à Iéna, à Francfort-sur-le-Mein et à Strasbourg. Parmi ses ouvrages, on distingue : Institutiones juris canonici, 1681 ; de Libertate Ecclesiarum Germaniæ, 1683 ; Jurisprudentiæ legitima elementa, 1698 ; Ad jus feudale Germanicum et Longobardicum introductio, 1693 ; Codex juris feudalis Allemaniæ, 1697 ; Thesaurus antiquitatum teutonicarum, 1727.

SCHIMMELPENNINCK (Rutger Jean), homme d’État hollandais, né en 1761, m. en 1825, fut d’abord avocat, eut part aux efforts des Provinces-Unies en 1785 et 86 pour accomplir une révolution sage et modérée, se distingua en 1795 à la Convention nationale batave par sa modération comme par son éloquence, fut ambassadeur à Paris en 1798, plénipotentiaire au congrès d’Amiens en 1802, puis ambassadeur à Londres ; gouverna la Hollande pendant 15 mois (1805-1806), sous le titre de grand-pensionnaire, et signala son passage par le rétablissement du crédit ; vécut dans la retraite pendant le règne de Louis Bonaparte, qui cependant le consulta souvent, fut comblé d’honneurs par Napoléon après l’incorporation de la Hollande à l’Empire, et devint membre du sénat conservateur de France. Il fut nommé membre de la 1re chambre des États généraux lors de l’établissement du royaume des Pays-Bas.

SCHINNER ou SKINNER (Matth.), dit le Cardinal de Sion, né dans le Valais près de Sion vers 1470, d’une famille pauvre, devint curé, chanoine, puis évêque de Sion (1600), se fit l’agent zélé du pape Jules II, et détacha les Suisses de l’alliance française (1510), reçut, avec le chapeau de cardinal, le titre de légat apostolique et le commandement général de l’Italie pour le pape, fut l’âme de toutes les intrigues qui eurent lieu en Suisse contre la France, marcha à la tête des Suisses qui vinrent combattre François I en Italie (1515), et après la bataille de Marignan, leva encore un corps de 6 000 hommes qui firent du mal aux Français. Ses biens dans le Valais furent confisqués par le parti favorable à la France. Il s’en vengea en décidant Charles-Quint à mettre au ban de l’Empire George Supersax, son principal adversaire dans le Valais, et en faisant mettre tout ce pays en interdit par Léon X. Il mourut en 1522.

SCHIRACH (Adam Théophile), agronome du xviiie s., m. en 1773, était pasteur en Lusace; il fonda dans ce pays une des premières sociétés d’agriculture, et fit de curieuses découvertes sur les abeilles et les moyens de les multiplier. On a de lui : Traité des abeilles, Leipsick, 1768 ; Culture des Abeilles des bois, 1774 ; Hist. naturelle de la reine des Abeilles, trad. en franç., 1187. — Un autre Théophile Schirach, natif aussi de Lusace (1743-l804), fut professeur de philosophie à Helmstædt, et fonda en 1780 à Altona un Journal politique qui subsiste encore. On lui doit : Clavis poetarum classicorum, Halle, 1768 ; Biographie des Allemands, 1770 ; Histoire de Charles VI, 1776 ; une trad. des Vies de Plutarque, etc.

SCHIRMECK, ch.-l. de c. (Vosges), sur la Bruche, à 40 kil. N. E. de Saint-Diey, 1415 hab. Filatures de coton. École fondée par Ferdinand duc d’Orléans.

SCHISME, nom donné en général à toute séparation religieuse d’hommes précédemment unis dans une même foi. Les schismes les plus fameux sont : 1o celui qui se forma chez les Juifs en 962 av. J.-C., sous Roboam fils de Salomon, et d’où naquirent les deux royaumes d’Israël et de Juda (V. ces noms) ; — 2o celui qui sépara l’Église grecque de la communion avec l’Église romaine, et qui, provoqué par Photius (862), fut consommé par le patriarche Cerularius en 1053 : on le connaît sous le nom de schisme d’Orient; — 3o celui qui eut lieu après la double élection d’Urbain VI et de Clément VII en 1378 (il dura 39 ans et fut terminé en 1417 par l’élection de Martin V ; quelques-uns l’étendent jusqu’à l’abdication de Félix V en 1449 et lui donnent 71 ans) : on le nomme le grand schisme d’Occident ; — 4o le schisme d’Angleterre, qui sépara les Anglais de la communion romaine sous Henri VIII en 1534, et constitua l’Église anglicane ; — 5o celui qui partagea les Musulmans en Sunnites et Chyites (V. ces noms). Ce dernier schisme, qui commença dès la mort de Mahomet (632), subsiste encore.

SCHLEGEL (J. Élie), poëte allemand, né en 1718 à Meissen (Saxe), m. en 1749, se fit connaître de bonne heure par des imitations en vers des classiques latins et grecs, surtout de Sophocle et d’Euripide, et par quelques pièces de théâtre, suivit l’ambassadeur Spener en Danemark comme secrétaire d’ambassade, devint professeur à l’université de Soroë, et mourut à 31 ans, épuisé par le travail. Ses tragédies, célèbres jadis, ne se lisent plus ; la meilleure est Hermann. On lui doit de plus un poëme sur Henri le Lion, duc de Saxe et de Bavière. Ses Œuvres ont été recueillies (Copenhague et Leipsick, 1766— 70, 5 v. in-8), par son frère J. H. Schlegel (1724-80), professeur d’histoire à Copenhague, auteur d’une Histoire des rois de Danemark de la maison d’Oldenbourg, 1771-76. — Un autre frère, Jean Adolphe (1721-93), pasteur à Hanovre, a composé des Cantiques sacrés, Leips., 1766. Ce dernier fut père des deux célèbres écrivains qui suivent.

schlegel (Auguste), critique et poëte, fils de J. Adolphe, né en 1767 à Hanovre, m. à Bonn en 1845, étudia à Gœttingue sous la direction de Heyne, se fit connaître par une traduction de Shakspeare, traduisit aussi avec succès plusieurs pièces de Calderon, fonda avec Frédéric l’Athenæum, journal littéraire, qui eut une grande vogue ; fit à Berlin (1801), puis à Vienne (1808), des cours de littérature où il s’occupait surtout du théâtre ancien, et qui le placèrent au premier rang des critiques, mais excita en France quelque scandale par sa Comparaison de la Phèdre de Racine et de celle d’Euripide, où il sacrifiait Racine ; exhuma le poëme national des Niebelungen, fut nommé en 1818 professeur de littérature à Bonn, donna la même année un Essai sur la littérature provençale s’occupa surtout dans ses dernières années de littérature indienne, et traduisit en latin deux grandes épopées indiennes, le Ramayana 1823, et l’Hitopadesa, 1832. Auguste était étroitement lié avec Mme de Staël, dont il éleva les enfants, et fut l’ami de Gœthe et de Schiller. Son Cours de littérature dramatique, remarquable par l’indépendance de la critique, a été traduit en français par Mme Necker de Saussure, Paris, 1809 et 1814.

schlegel (Frédéric), frère du préc., né en 1772, m. en 1829, publia en 1797 un roman d’un genre original, Lucinde ou la Maudite, passa ensuite quelques années à Paris pour y faire des recherches, donna à son retour en Allemagne un Traité sur la langue et la sagesse des Indiens; fit imprimer en 1811 un Cours de littérature, devenu célèbre (on y trouve pour la première fois peut-être une théorie du genre romantique), et professa à Vienne en 1827 et 1828 des cours sur la Philosophie de la vie et sur la Philosophie de l’histoire, où dominait l’idée catholique (né dans le protestantisme, il s’était converti au catholicisme en 1805). Pendant l’invasion des Français en Allemagne, il composa des poésies patriotiques qui lui méritèrent le surnom de Tyrtée de l’Allemagne. Il passa une grande partie de sa vie à Vienne, fut nommé par Metternich secrétaire aulique, rédigea des proclamations et des pamphlets contre la France, et se montra grand partisan des doctrines absolutistes et théocratiques, surtout dans son dernier ouvrage la Philosophie de l’histoire (traduit par l’abbé Lechat). Duckett a traduit de l’allemand son Hist. de la littérature ancienne et moderne, Paris, 1829. Les deux frères Schlegel ont été longtemps regardés dans leur pays comme les arbitres du goût ; il est à regretter que leurs écrits soient entachés d’une partialité systématique contre la France.

SCHLEIDEN, bg des États prussiens (Prov. Rhénane), à 4 kil. S. de Gemünd ; 1500 h. Patrie de l’historien Sleidanus.

SCHLEIERMACHER (Frédéric), philologue et théologien, né à Breslau en 1768, m. à Berlin en 1834, étudia la théologie à Halle et à Berlin, traduisit de l’anglais les sermons de Blair et de Fawcett (1798), et se distingua lui-même comme prédicateur. Lié avec les frères Schlegel, il prit part à la rédaction de l’Athenæum qu’ils publiaient, et conçut avec Frédéric le projet d’une traduction de Platon ; mais il exécuta seul ce grand travail, et en fit paraître 6 volumes (Berlin, 1804-1828) : c’est le plus bel ouvrage que l’Allemagne possède en ce genre ; il est fort à regretter que l’auteur n’ait pu l’achever. Il fut en 1802 appelé à Halle comme professeur extraordinaire de théologie et de philosophie, et prédicateur de l’université ; il revint en 1807 à Berlin, y fut nommé en 1809 pasteur de l’église de la Trinité, devint l’année suivante professeur ordinaire, et fut reçu en 1811 à l’Académie de Berlin. Outre sa traduction de Platon, Schleiermacher a publié des Sermons, et plusieurs écrits sur des questions d’histoire, de philosophie et de théologie.

SCHLEIZ, v. murée d’Allemagne, ch.-l. de la principauté de Reuss-Schleiz, dans le Voigtland, à 6 kil. N. E. de Saalburg ; 6000 hab. Beau château, résidence du prince, lycée, bibliothèque. Patrie de J. Fréd. Boettcher. — V. reuss-schleiz.

SCHLESWIG. V. slesvig.

SCHLEUSINGEN, v. des États prussiens (Saxe), ch.-l. du cercle d’Henneberg, à 58 k. S. O. d’Erfurt ; 3500 h. Gymnase. Forges, fabriques d’armes et de poudre.

SCHLICHTEGROLL (Ad. Fréd. de), biographe, né à Gotha en 1764, m. en 1822, fut bibliothécaire du duc Ernest de Saxe-Gotha, conservateur du cabinet des médailles, et président de l’Académie de Munich. Entre autres ouvrages, il a donné le Nécrologe des Allemands, 34 vol. in-8, 1790-1806, recueil indispensable à tous ceux qui s’occupent de biographie.

SCHLOEZER (Aug. L. de), historien, né en 1735 à Iaxtstadt (Hohenlohe), d’un pasteur protestant, m. en 1809, fit sa théologie à Wittemberg, passa trois ans en Suède comme instituteur, se plaça auprès de Fréd. Müller en Russie pour l’aider dans ses travaux historiques, apprit en peu de temps le russe, le polonais, le slavon, acquit d’immenses connaissances historiques, fut adjoint à l’Académie de St-Pétersbourg (1762) et reçut de Catherine II, avec une chaire de professeur, la mission d’écrire l’histoire de la Russie ; mais il excita l’envie et éprouva des dégoûts qui le déterminèrent à s’éloigner. Il se retira à Gœttingue, où il devint professeur de philosophie et de politique (1767). Schlœzer a créé l’histoire vraie de la Russie, tant en découvrant des sources inconnues avant lui, qu’en bannissant à jamais par une critique sévère les fables admises jusque-là. Ses principaux écrits sont : Tableau de l’Histoire de Russie, 1768 ; Histoire de la Lithuanie jusqu’en 1569 (dans l’Hist. universelle anglaise), 1776 ; Recherches sur les lois fondamentales de la Russie, 1777. On lui doit des éditions de Nicon, de Nestor et des Lois d’Iaroslav I.

SCHLOSSER (Frédéric Christophe), historien, né en 1776 à Jever (Oldenbourg), m. en 1861, fut quelque temps pasteur protestant, puis se voua à l’enseignement et obtint en 1817 à l’Université de Heidelberg une chaire d’histoire, qu’il occupa presque jusqu’à sa mort. Ses ouvrages les plus importants sont : Histoire universelle (1817-41, inachevée), Histoire du XVIIIe siècle (1823); Histoire universelle de l’Antiquité (1826-34), ouvrage qui présente la marche de la civilisation, non-seulement chez les nations connues des Grecs et des Romains, mais aussi dans l’Inde et la Chine. Les deux derniers ouvrages ont été traduits par Golbéry. Schlosser se distingue par une érudition profonde et un jugement sûr.

SCHLUSSELBOURG, v. et forteresse de Russie (gouvt de St-Pétersbourg), ch.-l. de cercle, sur le lac Ladoga et la Neva, à 32 kil. E. de St-Pétersbourg. Prison d’État, où fut détenu le czar Ivan VI.

SCHMALKALDEN. V. smalkalde.

SCHMID (Christophe), dit le Chanoine Schmid, né en 1768 à Dinkelsbühl (Bavière), m. en 1854, suivit d’abord la carrière de l’enseignement, reçut les ordres en 1791, fut curé à Stadion, et obtint en 1827 un canonicat à Augsbourg. Son nom est populaire en Allemagne et en France, grâce à un charmant recueil de Contes composés pour l’enfance. On y remarque surtout les Œufs de Pâques et Comment le jeune Henri apprit à connaître Dieu. Le style de ces contes, parfaitement adaptés à l’âge des jeunes lecteurs, est plein de naturel et de grâce. Il en a été publié plusieurs traductions françaises ; la seule avouée de l’auteur est celle de l’abbé Macker, Strasbourg, 1832 et suiv., 22 vol. in-18. On a encore de Schmid une Histoire de la Bible pour les enfants, trad. en 1828, et des Souvenirs. Un monument lui a été érigé dans sa ville natale.

 

SCHMIDT (Benoît), publiciste, né en 1726 à Vorchheim (Bamberg), m. en 1778, était catholique. Il fut successivement professeur de droit à l’Université de Bamberg, conseiller aulique du prince-évêque de Bamberg, professeur de droit public et féodal à Ingolstadt (1761), et laissa, entre autres ouvrages : Principia juris germanici antiquissimi, antiqui, medii atque hodierni, Nuremberg, 1756.

schmidt (Michel Ignace), historien, né en 1736 à Arnstein dans l’évêché de Wurtzbourg, m. en 1794, remplit diverses fonctions publiques dans sa patrie, et mourut à Vienne, conseiller aulique, après avoir donné des leçons d’histoire à l’archiduc François (depuis empereur). On a de lui une Histoire des Allemands (1778-1793), qui jouit d’une grande autorité ; mais il n’a pu en donner que les 11 premiers volumes, qui vont jusqu’en 1626 ; 11 autres volumes, rédigés sur ses matériaux par Milbiller, conduisent cette histoire jusqu’en 1806. Thibault de Laveaux en a trad. en français une partie, 9 v. in-8, 1784, etc.

schmidt (Christophe), dit Phiseldeck, historien, né en 1740 à Nordheim (Gœttingue), m. en 1801, enseigna l’histoire et le droit public à Brunswick, fut mis à la tête des archives de Wolfenbuttel, passa plusieurs années en Russie, et laissa de bons ouvrages sur l’histoire de ce pays : Hist. de Russie, Riga, 1773 ; Matériaux pour l’histoire de Russie depuis Pierre I, 1777. — Son fils, Conrad-Fréd. Schmidt-Phiseldeck, 1770-1832, professeur de théologie à Copenhague (1794), a laissé des écrits sur la théologie, la philosophie et l’histoire, notamment une Exposition de la philosophie critique (de Kant), en latin, 1796.

SCHMOELNITZ, v. de Hongrie (Zips), à 28 k. S. O. d’Einsiedel ; 6000 h. Usines à cuivre, hôtel des monnaies. Aux env., riches mines de cuivre, argent, fer.

SCHNEEBERG, c.-à-d. Mont de neige, nom de plusieurs montagnes d’Allemagne, dont la plus haute est en Autriche, dans le Wienerwald, par 47° 46’ lat. N., 13° 27’ long. E. : elle a 2164m de hauteur.

schneeeberg, v. du roy. de Saxe (Erzgebirge), sur une haute montagne, à 17 k. S. S. E. de Zwickau et à 40 k. S. O. de Chemnitz ; 7400 h. Direction des mines, écoles d’arts et métiers ; usines pour l’exploitation des mines d’argent, fer, plomb, cobalt, bismuth et de la terre à porcelaine, qu’on trouve aux environs.

SCHNEEKOPP (Mont), c.-à-d. Tête de Neige, mont. de la chaîne des Sudètes, sur la limite de la Silésie et de la Bohême ; 1686m ; c’est le point culminant de l’Allemagne au N. du Danube.

SCHNEIDER (Conrad Victor), médecin, né vers 1610 à Bitterfeld en Misnie, m. en 1680, était professeur à Wittemberg et médecin de l’électeur de Saxe. Il fit connaître la vraie texture de la membrane pituitaire, qui a gardé son nom, et laissa sur l’anatomie beaucoup d’écrits dignes d’être lus.

schneider (Euloge ou J. George), démagogue, né en 1756 à Wipfeld dans l’évêché de Würtzbourg, était prêtre catholique. Il venait d’être nommé prédicateur de la cour de Stuttgard lorsque la Révolution commença. Il se rendit en France, fut nommé vicaire général de l’évêque constitutionnel de Strasbourg, devint ensuite maire de Haguenau, accusateur public près le tribunal criminel, et fut en Alsace l’agent le plus actif des fureurs démagogiques : il allait de ville en ville, traînant à sa suite des juges, le bourreau et la guillotine. St-Just et Lebas, révoltés eux-mêmes de ses excès, le firent condamner à mort (1794). Assez bon helléniste, Schneider avait traduit en allemand les Homélies de S. Jean Chrysostome sur S. Matthieu et S. Jean, Augsbourg, 1786 et 87.

schneider (J. Gottlob), philologue et naturaliste (1750-1822), né près de Hubertsbourg, en Saxe, vécut plusieurs années à Gœttingue dans la détresse, aida Brunck à Strasbourg dans ses travaux (1777-80), put en même temps étudier à fond l’histoire naturelle, occupa 34 ans la chaire de philologie, tant à Francfort-sur-l’Oder qu’à Breslau, et finit par être nommé premier bibliothécaire de cette dernière ville. On a de lui un excellent Dictionnaire grec-allemand, une admirable édition de l’Histoire des animaux d’Aristote, Leipsick, 1811, 4 v. in-8, ainsi que des éditions estimées des Œuvres de Théophraste, 1818-21, des Scriptores rei rusticæ veteres latini, 1794 ; d’Élien, de Vitruve, etc. On lui doit aussi de nombreux ouvrages d’histoire naturelle : il s’est surtout proposé d’expliquer les passages des anciens qui avaient rapport à cette science.

schneider (Ch. Ern. Christophe), philologue, né en 1786 à Wiche (Saxe prussienne), m. en 1856, professeur de littérature à Leipsick, puis à Breslau, a donné des éditions estimées de la République de Platon (Leips., 1830-33), de César (Halle, 1840-45), du Commentaire du Timée par Proclus (1851), et a publié des Leçons de grammaire grecque, 1837.

SCHNEIDEWIN (Fr. G.), philologue, né en 1810, m. en 1856, était professeur à Gœttingue et membre de l’Académie de cette ville. Parmi ses nombreuses publications, on remarque : Delectus poesis Græcorum elegiacæ et iambicæ, Gœtt., 1839 ; Corpus parœmiographorum græcorum; Simonidis relliquiæ; Pindari carmina, ainsi que des éditions d’Ovide, de Martial, de discours choisis de Cicéron, etc.

SCHNEPFENTHAL, vge du duché de Saxe-Cobourg-Gotha, à 8 kil. de Gotha. Salzmann y établit en 1784 une célèbre maison d’éducation.

SCHOEFFER (Pierre), en latin Petrus Opilio, un des inventeurs de l’imprimerie, né à Gernsheim (Darmstadt), était copiste à Paris en 1449. Initié par Fust à l’invention de Gutenberg, il devint son associé, puis son gendre, et, à la mort de Fust, son beau-père (1466), resta seul maitre de l’imprimerie. Il mourut en 1502. Schœffer semble avoir, pour sa part, imaginé les poinçons, qu’il substitua aux matrices fondues qu’on employait d’abord.

SCHOELL (Maximil. Fréd.), historien français, né en 1766 près de Sarrebrück, m. en 1833, fut élève de Koch, entra comme précepteur dans une famille russe, visita avec ses élèves l’Italie, la Suisse, St-Pétersbourg, Berlin, dirigea à Bâle, puis à Paris (1802), une maison de librairie qui prospéra peu, entra en 1814 au cabinet diplomatique du roi de Prusse, et remplit diverses missions avec les titres de conseiller de légation et de conseiller de régence. Ses principaux ouvrages sont : Cours d’histoire moderne des États européens, Paris, 1830-1834, 46 vol. in-8, ouvrage capital et plein de faits mais inégal ; Histoire abrégée des traités de paix (depuis celui de Westphalie), 15 vol. in-8, 1816-18 (reproduit en partie dans les 22 derniers vol. de son Cours d’histoire); Hist. abrégée de la littérature romaine, 4 vol. in-8, 1815 ; Hist. abrégée de la littérature grecque, 1813, 2 vol. in-8, et 1823-25, 8 vol. in-8 . Congrès de Vienne, 1816 ; Éléments de chronologie, 1812.

SCHOEN (Martin), c.-à-d. le Beau Martin, orfévre, peintre et graveur au burin, né en 1420 à Culmbach, m. en 1486, résidait à Colmar. Il est, suivant les Allemands, l’inventeur de la gravure en taille-douce, attribuée vulgairement à Finiguerra. Son Œuvre consiste en 150 pièces originales d’une grande rareté. Comme peintre, il imita Van Eyck.

SCHOENAU, vge d’Autriche, à 6 kil. S. E. de Krumbach. Beau château, qui appartint au prince de Montfort (Jérôme Bonaparte).

SCHOENBOURG (Maison de), famille noble d’Allemagne, répandue en Saxe, en Hesse et en Bavière, est issue d’Alban, comte de Zwickau (936). Ernest, mort en 1534, donna naissance à deux lignes chacune subdivisée en 2 branches : 1o Schœnbourg-Stein-Waldenbourg et Schœnbourg-Stein-Hartenstein ; 2o Schœnbourg-Penigk et Schœnbourg-Rochsburg. La ligne aînée possédait 4 seigneuries : Waldenbourg, Hartenstein, Lichtenstein, Stein (304 kil. carrés ; 45 000 hab.); la ligne puînée, 5 : Penigk, Glauchau, Remissau, Rochsburg et Wechselburg (315 k. carr.). Le chef de la branche de Waldenbourg a le titre de prince depuis 1790.

SCHOENBRUNN, c.-à-d. Belle source, bg d’Autriche, à 5 kil. S. O. de Vienne ; 500 hab. Château impérial, avec magnifique jardin botanique : ce château, commencé par Joseph I, fut achevé par Marie-Thérèse. Napoléon y établit son quartier général en 1805 et 1809 et y signala paix avec l’Autriche le 14 oct. 1809. C’est là que mourut le duc de Reichstadt.

SCHOEPFLIN (J. Dan.), publiciste et historien, né en 1694, à Sulzbourg (Bade), m. en 1771, fut nommé en 1720 professeur d’éloquence et d’histoire à Strasbourg, emploi qu’il remplit 51 ans, devint en outre conseiller et historiographe de France et membre correspondant de l’Académie des inscriptions. Il est un de ceux qui fondèrent la science de l’histoire politique. On lui doit, entre autres ouvrages : Alsatia illustrata, Colmar, 175-62, 2 vol. in-f. ; Historia Zæringo-Badensis, 1763-66 ; Alsatia ævi merovingici, carolingici, saxonici, salici et suevii diplomatica, 1772 ; Vindiciæ typographicæ, 1760.

SCHOLARIUS (George). V . gennade.

SCHOLASTIQUE (la). On nomme ainsi la philosophie qui fut enseignée dans les Écoles du moyen âge (du ixe au xvie s.) ; elle a pour caractère essentiel l’union intime de la philosophie, surtout de la dialectique, avec la théologie. On peut y distinguer trois époques : 1o l’enfance (du ixe s. à la fin du xiie), dans laquelle la philosophie est entièrement subordonnée à la théologie (ancilla theologiæ) : la science se constitue par les travaux d’Alcuin, J. Scot Erigène, Lanfranc, S. Anselme de Cantorbéry, Abélard, Pierre Lombard, Jean de Salisbury ; le réalisme platonique domine à cette époque ; on y voit pourtant naître le nominalisme, enseigné par Roscelin (1089), mais il est bientôt étouffé ; 2o l’âge mûr (aux xiiie et xive s.): la philosophie, incorporée à la théologie, devient presque son égale ; la science, étendue et complétée par la connaissance des ouvrages d’Aristote et les leçons des Arabes, reprend une existence à elle ; elle reçoit des formes arrêtées par les travaux des plus célèbres docteurs : Alexandre de Hales, Albert le Grand, S. Thomas d’Aquin, Duns Scot remplissent cette période ; l’école se partage entre les Scotistes et les Thomistes ; l’art de l’argumentation est poussé au plus haut degré ; 3o la vieillesse ou la décadence (aux xive et xve s.) : la philosophie se sépare peu à peu de la théologie ; le nominalisme renaît, professé hardiment par Occam, Buridan, P. d’Ailly, et faiblement combattu par W. Burleigh, Thomas de Bradwardine, etc. ; on sent de plus en plus le vide de la philosophie régnante ; enfin (aux xvie et xviie s.) la Scholastique disparaît devant la connaissance plus approfondie des systèmes antiques et les enseignements de Bacon et de Descartes. L’Université de Paris fut, surtout dans les deux premiers âges, le principal siége de la Scholastique. V. la Philosophie scholastique par B. Hauréau.

SCHOLASTIQUE (Ste), vierge, sœur de S. Benoît, vivait auprès du mont Cassin, où demeurait son frère, et fonda l’ordre des Bénédictines. Elle mourut vers 543. On la fête le 10 février.

SCHOMBERG (Henri, comte de), maréchal de France, comte de Nanteuil, né à Paris en 1583 d’une famille originaire de Misnie, servit d’abord l’empereur Rodolphe II, fut ensuite ambassadeur de France tant en Angleterre qu’en Allemagne, devint en 1619 surintendant des finances, puis chef du ministère (1621), fut éloigné en 1624 par l’influence de Richelieu, mais rentra bientôt en grâce et obtint en 1625 le bâton de maréchal. Il chassa les Anglais de l’île de Ré, se signala en Piémont, et vainquit les rebelles du Languedoc à Castelnaudary, où fut pris Montmorency (1632). Il mourut la même année, gouverneur du Languedoc. Il a laissé une Relation de la guerre d’Italie, 1620. Sa fille, Jeanne de Schomberg, épousa un duc de Liancourt. — Son fils, Charles, duc de Sch., connu d’abord sous le nom de duc d’Halluyn, né en 1601, m. en 1656, lui succéda dans le gouvernement du Languedoc, vainquit les Espagnols à


Leucate (1636), devint peu après maréchal de France, et prit Perpignan en 1642. Il perdit sa faveur à la mort de Louis XIII, fut privé du gouvt. du Languedoc, et ne reçut en échange que celui de Metz. Il commanda avec assez de succès l’armée de Catalogne et prit Tortose en 1648 ; néanmoins il ne fut jamais en faveur auprès d’Anne d’Autriche et de Mazarin. Il avait épousé en secondes noces (1646) Mlle de Hautefort, que Louis XIII avait aimée, mais sans qu’elle eût souffert en rien dans sa réputation.

schomberg (Armand Fréd. de), maréchal de France, d’une autre famille que les précédents, né en 1619 dans le pays de Clèves, perdit son père quelques mois après sa naissance, fut privé de sa fortune tant par l’influence de ses tuteurs que par des confiscations, servit sous Rantzau, sous le prince Henri Frédéric d’Orange ; puis passa en France (1650), y devint lieutenant général, se signala par des faits d’armes éclatants, eut grande part à la victoire des Dunes (1658), prit Bergues, gagna la bataille de Villaviciosa (1665), qui affermit l’indépendance du Portugal, fut chargé du commandement de l’armée de Catalogne, prit Figueira et d’autres forteresses aux Espagnols, reçut le bâton de maréchal en 1675, et rendit les plus grands services à l’armée des Pays-Bas. Professant le culte protestant, il se vit forcé de quitter la France lors de la révocation de l’édit de Nantes : après avoir cherché fortune en Portugal, puis dans le Brandebourg, il s’attacha à Guillaume de Nassau, suivit ce prince lors de son expédition en Angleterre (1688), et périt à la bataille de la Boyne (1690), en combattant contre Jacques II.

SCHONÆUS (Cornelius), poëte latin du xvie s., né à Gouda, m. en 1611, avait été 25 ans recteur de l’école latine de Harlem. Il est auteur de comédies latines tirées de l’Écriture sainte, dans lesquelles il a imité avec assez de bonheur le style de Térence et qui furent publiées sous le titre de Terentius Christianus, Anvers, 1570, et Amsterdam, 1629.

SCHOTT (André), savant Jésuite, né à Anvers en 1552, vint de bonne heure en Espagne, fut professeur de langue grecque et de rhétorique à Tolède, puis à Saragosse, et enfin à Rome, où il mourut en 1629. Il a laissé, entre autres ouvrages : Hispania illustrata, 1603-8, 4 v. in-f. ; Hispaniæ bibliotheca, 1608 in-4 ; Adagia Græcorum, 1612 ; Tabulæ rei nummariæ Romanorum Græcorumque, 1616. On lui doit de nombreuses éditions d’auteurs anciens, ainsi que des Notes sur Cicéron, Sénèque, Cornélius Népos, etc.

schott (Gaspar), physicien, de l’ordre des Jésuites, né en 1608 à Kœnigshofen (Wurtzbourg), m. en 1660, enseigna la théologie et les mathématiques à Palerme, puis vint étudier à Rome sous le P. Kircher, avec lequel il se lia étroitement, et se fixa vers 1658 à Wurtzbourg, où il se livra à l’enseignement des sciences physiques. On a de lui : Magia universalis naturæ et artis, 4 vol. in-4, 1657-59 ; Physica curiosa, 1662 ; Technica curiosa, 1664, etc.

SCHOUTEN (Guill. cornelissen), navigateur hollandais, de Horn, commanda la Concorde dans l’expédition de Lemaire au S. de. l’Amérique (1615), eut la principale part à la découverte du détroit dit de Lemaire, et exécuta depuis plusieurs grands voyages. Il m. en 1625 dans la baie d’Antongil à Madagascar, en revenant en Europe. On a donné son nom à un groupe d’îles qu’il découvrit en 1616 au N. E. de la Nouv.-Guinée. Son voyage au S. de l’Amérique a été publié à Amsterdam en 1617 par Aris Classen, et trad. en français dès 1618. — Gauthier Sch., de Harlem, voyagea comme chirurgien sur un vaisseau de la Compagnie des Indes, revint à Amsterdam en 1665, au bout de sept années, pendant lesquelles il avait visité Java, les Célèbes, le roy. d’Aracan, et publia un Voyage aux Indes-Orientales, Amst., 1676, trad. en 1708.

SCHOUVALOV, noble famille russe, qu’on croit originaire de Suisse, contribua à placer sur le trône l’imp. Élisabeth, sous laquelle elle jouit d’un grand crédit. — Pierre Ivan, favori d’Élisabeth, fut fait comte en 1746, puis feld-maréchal ; il inventa dans la guerre de Sept ans un nouveau genre de canons et d’obus qui reçut son nom. M . en 1762. — Ivan, fils de Pierre (1727-98), fut chambellan d’Élisabeth, qui le chargea de diriger les progrès des arts dans ses États, et mérita d’être surnommé le Mécène de la Russie. Il voyagea par toute l’Europe, resta longtemps à Paris, visita Voltaire à Ferney, lui remit de riches présents de la part de Catherine II et lui fournit des matériaux pour son Hist. de Russie sous Pierre le Grand. Il pensionna La Harpe en le chargeant de le tenir au courant de toutes les nouvelles littéraires de France (ce qui donna naissance à la célèbre Correspondance littéraire de ce critique). Il tournait fort bien le vers français, et publia, entre autres pièces, une Épître à Ninon et une Épître à Voltaire.

SCHOUWEN (île), en Hollande (Zélande), au N. de l’île Nord-Beveland, n’est séparée du Duyveland que par un étroit canal : 24 k. sur 8 ; ch.-l., Ziericzée.

SCHRECKHORN, l’un des sommets des Alpes Bernoises, en Suisse (Berne), à 60 kil. S.E. de Berne, près de la source de l’Aar ; il a 4097m de hauteur.

SCHREVELIUS (Cornélius), philologue de Harlem, né vers 1615, m. en 1667, dirigea longtemps le collége de Leyde. Il a composé, entre autres ouvrages, le célèbre Lexicon manuale græco-latinum, qui, bien que médiocre, a été longtemps classique (réimprimé par Fl. Lécluse, Paris, 1820, traduit en franç. par Quénon, 1809), et a donné à la collection dite Variorum : Juvénal, Hésiode, Térence, Virgile, Horace, etc.

SCHROECKH (J. Mathias), professeur d’éloquence, puis d’histoire à Wittemberg, né à Vienne en 1733, m. en 1808, a laissé, parmi divers travaux remarquables : Histoire de l’Église chrétienne (jusqu’à la Réforme), Leips. 1768-1803, 35 vol.; Hist. de l’Église chrétienne (depuis la Réforme), 1804-19, 10 v.; Hist. universelle, 6 vol., 1779-84 (trad. en français, 1784-90). Ce dernier ouvrage est fort estimé.

SCHROEDER (Jean Joachim), orientaliste, né en 1680 à Neukirchen (Hesse-Cassel) m. en 1756, enseigna les langues orientales et l’histoire ecclésiastique à Marbourg, parvint avec des peines infinies à obtenir une connaissance approfondie de l’arménien, et publia la meilleure grammaire qu’on ait de cette langue : Thesaurus linguæ armenicæ.

schrœder (Fréd. Louis), acteur et auteur dramatique, né à Schwerin en 1744, m. en 1816, était le premier tragédien de l’Allemagne. Il prit en 1771 la direction du théâtre de Hambourg, pour lequel il écrivit plusieurs pièces et traduisit une partie de Shakespeare. Ses œuvres dramatiques ont été publiées, avec une préface de Tieck, à Berlin, 1831, 4 vol. in-8o. — Sa fille, Mme Schrœder-Devrient, née à Hambourg en 1805, m. en 1860, excella comme cantatrice.

SCHUBART (Chrétien Fréd. Daniel), écrivain et compositeur, né en 1739 dans le comté de Lunebourg, m. en 1791, mena longtemps une vie errante et désordonnée, fut nommé en 1768 directeur de musique à Ludwigsbourg, entreprit en 1774 à Augsbourg la Chronique allemande, journal populaire qui traitait de tout (politique, littérature, beaux-arts), et qui était rédigé avec une verve, une gaieté et une indépendance rares en Allemagne ; fut jeté dans une forteresse en 1777 pour avoir annoncé faussement la mort de Marie-Thérèse, et ne sortit de prison qu’au bout de 10 ans, à la demande de Frédéric le Grand. On a de lui des Chants de la prison, et diverses autres poésies, parmi lesquelles on remarque l’Hymne à Frédéric le Grand et le Juif errant; une Histoire de sa vie qu’acheva et publia son fils, Louis Schubart, conseiller de légation prussien, et des Idées sur l’esthétique de la musique, publiées par le même, 1806.

SCHUBERT (Franz), compositeur de musique, né à Vienne en 1797, m. en 1828, est surtout connu par des lieder ou mélodies du genre mélancolique, parmi lesquelles on cite les Astres, l’Ave Maria, la Sérénade, le Roi des Aulnes, la Religieuse, le Départ, l’Attente, l’Adieu. Il s’est aussi essayé, mais avec moins de succès, dans la symphonie, et a laissé quelques quatuors. Sa manière se rapproche de celle de Beethoven.

SCHULEMBERG (J. montdejeux de), maréchal de France, se trouva à la bataille de Prague (1620), défendit les places de Coblentz (1632), Arras (1654), fut fait maréchal en 1658 et mourut en 1671.

SCHULEMBOURG (J. Mathieu, comte de), général allemand, né en 1661 près de Magdebourg, m. en 1747, servit d’abord le Danemark, puis la Pologne, et fit les campagnes de Sobieski, sauva les débris de l’armée saxonne battue en 1700 par Charles XII, opéra devant le roi de Suède une belle retraite derrière l’Oder (1704); entra en 1708 au service de la Hollande et prit part à la guerre contre Louis XIV (1708), s’empara de Tournay et fut un des vainqueurs de Malplaquet ; alla en 1715 commander l’armée vénitienne contre les Turcs (1715), soutint un siége dans Corfou, poursuivit les assiégeants jusqu’en Albanie, où il mit le siège devant Scutari, et ne fut arrêté dans ses succès que par la paix de Passarovitz (1718).

SCHULPFORTA. V. naumbourg.

SCHULTENS (Albert), orientaliste, né en 1686 à Grœningue, m. en 1750, fut pasteur de Wassenaar, puis professeur de langues orientales à Franeker et ensuite à Leyde. On remarque parmi ses nombreux ouvrages : Origines hebrææ, Franeker, 1724-38, 2 vol. in-4 ; Institutiones ad fundamenta linguæ hebraicæ, Leyde, 1737 ; Monumenta vestustiora Arabiæ..., 1740 ; Proverbia Salomonis, cum versione integra et commentario, 1748.

SCHULZE (J. H.), médecin né à Colbitz (Magdebourg) en 1687, m. en 1744, fut successivement instituteur au pædagogium de Halle, professeur d’anatomie à l’université d’Altdorf, professeur d’éloquence et d’antiquités à l’université de Halle. Il savait également la médecine, les antiquités, la philologie et les langues arabe, syriaque, chaldéenne, éthiopienne, samaritaine. Son principal ouvrage est l’Historia medicinæ a rerum initio ad annum Romæ 535 deducta, Leips., 1728, in-8.

schulze (Benj.), orientaliste, né à Sonnenburg (Brandebourg), fut envoyé en 1719 à Tranquebar, résida dans l’Inde jusqu’en 1743, et mourut en 1760. Il possédait la connaissance des langues hindoustane, malabare, telinga etc. Il a laissé, entre autres ouvrages : le Maître de langues occidentales et orientales (en allem.), contenant 100 alphabets, des tables polyglottes, les noms de nombre et l’oraison dominicale en 200 langues ou dialectes, Leips., 1738.

schulze (Gottlob Ernest), philosophe, né en 1761 à Heldrungen (Thuringe), m. en 1833, professa la philosophie à Helmstædt (1788), puis à Gœttingue (1810), commença à se faire connaître par des travaux sur l’histoire de la philosophie platonicienne (de Ideis Platonis, 1786), puis publia, sous le titre d’Ænesidemus (Helmst., 1792), un ouvrage sceptique, dans lequel il attaquait les nouvelles doctrines de Kant et de Reinhold, et qui fit grande sensation : le surnom d’Ænésidème lui en est resté. Il a laissé une Encyclopédie des sciences philosophiques, 1814.

SCHUMEG ou SCHIMEG, comitat de Hongrie, dans le cercle d’Œdenburg, entre ceux de Szalad au N. et à l’O., de Veszprim au N. E., de Tolna et de Baranya à l’E., la Croatie et l’Esclavonie au S.: 130 k. sur 90 ; 220 000 hab.; ch.-l., Kaposvar.

SCHURMANN (Anne Marie de), femme célèbre par sa science, née à Cologne en 1607 dans la religion protestante, savait le latin, le grec, l’hébreu, l’éthiopien, était bonne musicienne, peignait, sculptait et gravait avec talent, et mérita le surnom de Sapho. Elle quitta tout d’un coup le monde, où elle brillait, pour se retirer dans la solitude de Lexmund, près de Vianen (1653), tomba bientôt dans les erreurs du piétisme, suivit dans ses courses Labadie, qui même, dit-on, devint son époux, continua sa prétendue mission après la mort de cet enthousiaste, distribua ses biens à ses partisans et mourut dans le dénûment (1678). On a d’elle un recueil d’Opuscula hebræa, græca, latina, gallica, prosaica et metrica, Leyde, 1648, parmi lesquels on remarque une dissertation De ingenii muliebris aptitudine.

SCHUTT (île), île de Hongrie, dans les comitats de Presbourg et de Kœmœrn, est formée par un bras du Danube et le Vaag : 80 k. sur 16 ; ch.-l., Kœmœrn.

SCHUTZ (Christ. Gottfried), philologue, né en 1747 à Dederstædt (Mansfeld), m. en 1832, fut inspecteur du séminaire théologique de Halle, professeur de poésie et d’éloquence à Iéna (1779), puis à Halle, où il resta jusqu’à sa mort. On lui doit la publication d’un Journal général de littérature, des éditions estimées de Cicéron, Leips., 1814-20, 20 v. in-12 ; d’Eschyle, Halle 1809-21, 5 v.; d’Aristophane, 1821 ; et un traité De particulis latinis, 1784.

schutz ou schutze (Gaspard). V. sagittarius.

SCHUYLKILL, riv. des États-Unis (Pensylvanie), naît dans les mont. Bleues, arrose Reading, Philadelphie, et s’unit à la Delaware, à 8 kil. au-dessous de cette dernière ville, et après un cours de 225 kil. Terribles débordements.

SCHWAB (J. Christophe), savant allemand, né en 1743 à Ilsfeld (Wurtemberg), m. en 1821, passa plus de 50 ans à Stuttgard, soit comme professeur, soit comme secrétaire intime du duc de Wurtemberg et chef du bureau des expéditions françaises. Il cultivait avec un égal succès la littérature, l’histoire, la philosophie et les mathématiques et découvrit une nouvelle théorie des parallèles. Il eut 5 mémoires couronnés par diverses académies : on remarque surtout celui qui roule Sur les causes de l’universalité de la langue française et sur les chances de durée de cette vogue (1785, en allem.), et qui partagea avec Rivarol le prix proposé par l’Académie de Berlin sur cette question (il a été trad. en franç. par Robelot, 1803). Frédéric II lui fit offrir, à l’occasion de ce succès, une chaire à l’École militaire de Berlin, mais il ne put l’accepter. J. C. Schwab combattit un des premiers la philosophie de Kant. — Son fils, Gustave, 1792-1847, professeur de littérature à Stuttgard, a traduit en vers latins plusieurs des chants d’Uhland et en allemand plusieurs poëmes français, notamment les poésies de Lamartine.

SCHWABACH, v. de Bavière (Franconie moyenne), sur une rivière de même nom, affluent de la Rednitz, à 15 k. S. O. de Nuremberg ; 9000 hab. Industrie active (tissus de coton, drap, tabac, épingles, fils de fer, papier, etc.); l’industrie de cette ville doit son origine à des Français expulsés par la révocation de l’édit de Nantes.

SCHWÆCHAT, brg d’Autriche, à 12. kil. S. E. de Vienne, sur une riv. de même nom, qui afflue au Danube ; 2500 h. Aux env., colonne qui indique l’emplacement du camp de Sobieski en 1683.

SCHWANTHALER (Ch.), sculpteur, né à Munich en 1802, m. en 1848, fit un séjour de trois ans en Italie, grâce à la munificence du roi de Bavière, et fut après son retour nommé professeur de sculpture à l’Académie. Ses œuvres révèlent une imagination abondante et facile et une grande souplesse de talent. On cite de lui la Victoire d’Hermann sur les Romains, bas-relief d’un fronton du Walhalla germanique ; les peintres anciens, à la Pinacothèque de Munich ; la statue symbolique de la Bavière, en bronze, qui a près de 20m de hauteur ; la statue colossale en bronze du grand-duc Louis Ier, à Darmstadt, et de beaux dessins pour l’Iliade d’Homère, la Théogonie d’Hésiode et les poëmes d’Orphée.

SCHWARTZ (Berthold), moine bénédictin ou cordelier de Fribourg, en Brisgau, ou, selon d’autres, de Cologne, qui vivait au commencement du xive s., passe vulgairement pour être l’inventeur de la poudre, que d’autres font remonter à Roger Bacon ou même à une époque beaucoup plus ancienne. On raconte qu’ayant mis dans un mortier du salpêtre, du soufre et du charbon pour une expérience chimique, il y laissa par hasard tomber une étincelle qui


produisit une explosion terrible : il n’eut plus qu’à renouveler ce que le hasard lui avait appris. On croit que Schwartz inventa, non la poudre, mais l’usage de l’artillerie, dont il aurait enseigné l'usage aux Vénitiens en 1378. Une statue lui a été élevée à Fribourg.

SCHWARZA, riv. d’Autriche (Wienerwald), se joint au Pitten pour former la Leitha ; — Riv. de Moravie, affluent de la Taya ; — Affluent de la Saale, donne son nom aux principautés de Schwarzbourg qu’elle arrose ; — Affluent de la Werra en Saxe, etc.

SCHWARZBOURG, principauté du Nord de l’Empire allemand ; était jadis compris dans le cercle de Haute-Saxe, et divisé en deux parties distinctes : le Comté supérieur, enclavé au milieu des duchés de Saxe et du gouvernement prussien d’Erfurt, et le Comté inférieur, enclave de la Saxe prussienne. Ce pays est actuellement partagé entre deux branches de la maison de Schwarzbourg, dont les possessions, qui ont titre de principautés, font partie des États de la Confédération germanique : celle de Schw.-Rudolstadt et celle de Schw.-Sondershausen. La 1re possède la plus grande partie du Comté supérieur avec l’extrémité orientale du Comté inférieur ; 70 000 hab.; villes : Rudolstadt, Schwarzbourg, Frankenhauzen. Les possessions de la 2e sont surtout dans le Comté inférieur ; 62 000 hab.; villes : Sondershausen, Arnstadt, Breitenbach. La Saale et ses affluents, la Schwarza, la Géra, l’Ilm, l’Unstrutt, sont les rivières principales du Schwarzbourg. Le commerce et l'industrie y sont assez prospères. Le gouvernement est dans les deux principautés monarchique constitutionnel. Les deux princes sont luthériens ; ils ont chacun une voix au Conseil fédéral de la Confédération de l’Allemagne du Nord. — La maison de Schwarzbourg, une des plus anciennes de l’Allemagne remonte au moins au xie s. En 1184, à la mort de Henri de Schwarzbourg, elle eut pour chef Gonthier, dont le fils aîné continua les Schwarzbourg, tandis que le cadet fut la souche des Kæfernburg, branche éteinte en 1383. En 1349, un Gonthier de Schwarzbourg fut élu empereur par le parti opposé à Charles IV. En 1552, la maison se partagea en 2 lignes, Arnstadt (auj. Sondershausen), et Rudolstadt. Elles obtinrent, la 1re en 1697 et la 2e en 1710, le rang de princes.

schwarzbourg, vge de la principauté de Schwarzbourg-Rudolstadt, à 8 kil. S. E. de Kœnigsee ; 500 h. Berceau de la famille régnante de Schwarzbourg.

SCHWARZENBERG, château de Bavière, entre Würtzbourg et Anspach, sur une haute montagne, est le berceau de la famille de Schwarzenberg.

SCHWARZENBERG (Ch. Phil., prince de), feld-maréchal autrichien, d’une des plus anciennes et des plus illustres maisons de l’Allemagne, né à Vienne en 1771, m. en 1819, se distingua à Hohenlinden (1800) et dans la campagne de 1805 ; fut envoyé comme ambassadeur à St-Pétersbourg, puis à Paris où il négocia le mariage de Napoléon et de Marie-Louise (1809). Dans un bal qu’il donnait à Paris à l’occasion de ce mariage (1810), un incendie terrible éclata et fit périr une foule de personnes distinguées : sa propre belle-sœur fut une des victimes. Il commanda les Autrichiens auxiliaires de la France pendant la campagne de Russie (1812); puis il devint, lors de la défection de l’Autriche, le général en chef des troupes coalisées. Il ménagea d’abord Napoléon, ne voulant que le mettre dans la nécessité de transiger sous la médiation de l’Autriche, mais, après la rupture des négociations, il marcha franchement sur Paris, entra dans cette ville par suite de la convention signée avec Marmont, et mit ainsi fin à la lutte. De retour à Vienne, il présida le conseil aulique de guerre. — Un de ses fils, Félix de Schw., 1800-1852, suivit aussi avec distinction la carrière diplomatique et devint premier ministre après les événements de 1848. Il réussit, à force d’énergie, à rétablir l’autorité de l’empereur, mais poussa à l’excès la politique de compression.

SCHWEIDNITZ, v. forte des États prussiens (Silésie), ch.-l. de cercle, sur la Weistritz, à 55 kil. S. O. de Breslau ; 10 000 h. Trib., gymnase. Église catholique remarquable par son clocher, le plus haut de la Silésie. Drap, chapellerie, bonneterie, rubans, toiles, imprimerie sur toile, lainages. Cette ville, jadis ch.-l. d’un duché souverain est célèbre par de nombreux siéges, surtout par celui que Gribeauval y soutint pour Marie-Thérèse, pendant plus de deux mois, contre toutes les forces de Frédéric II (1761-62). Les Français s’en emparèrent en 1807 et la démantelèrent.

SCHWEIGHÆUSER (Jean), philologue, né en 1742 à Strasbourg, m. en 1830, était fils d’un pasteur protestant et fut d’abord destiné à la théologie. Il apprit l’hébreu, le syriaque et l’arabe ; vint à Paris étudier sous De Guignes, visita l’Allemagne, l’Angleterre, la Hollande, fut nommé en 1770 professeur de philosophie, puis de langues grecque et orientales à Strasbourg, fit un cours de littérature à l’École centrale du Bas-Rhin, devint enfin professeur de grec et doyen de la faculté de Strasbourg, et fut élu correspondant de l’Institut. On lui doit des éditions très-estimées d’Appien, 1782-1785, 3 v. in-8 ; de Polybe, de 1789 à 1795, 9 vol. in-8 ; des Epictetæ philosophiæ monumenta, 1799, 5 v. in-8 ; d’Athénée, 1801-1807, 14 vol. in-8 ; de Cebès, Strasbourg, 1806 ; des Lettres de Sénèque, 1808-1809, 2 vol. in-8 ; d’Hérodote, 1816-24, 8 v. in-8, y compris un excellent Lexicon herodoteum. — Son fils, Jean Geoffroy, 1776-1844, lui succéda dans la chaire de Strasbourg, rédigea le texte du Musée-Napoléon de Visconti et coopéra aux Antiquités d’Alsace de Golbéry.

SCHWEINFURT, Devona, Trajectum Suevorum, v. murée de Bavière (Basse-Franconie), sur le Mein, à 40 kil. N. O. de Würtzbourg ; 7000 hab. — Jadis ville impériale. Cédée à la Bavière en 1802.

SCHWENCKFELD (Gaspard de), sectaire, né en Silésie en 1490, m. à Ulm en 1561, était chanoine du chapitre de Liegnitz. Il fut un des premiers disciples de Luther, mais il se brouilla bientôt avec lui, et forma une secte nouvelle qui compte encore quelques adhérents en Silésie. Il n’admettait pas que l’Écriture Sainte eût été inspirée, voulait que les hommes attendissent sans discussion et en silence que Dieu leur révélât les dogmes vrais, et tendait à réunir les Catholiques et les Réformés. Il a laissé plus de 80 ouv., entre autres Novissima Schwenckfeldianorum confessio, Wittemberg, 1726.

SCHWÉRIN, Squirsina, capit. du grand-duché de Mecklembourg-Schwérin, sur le bord O. du lac de Schwérin à 60 kil. S. E. de Lubeck ; 20 000 h. Château fortifié dans une île qui communique à la ville par un pont, et qui est la résidence du grand-duc. Jolie église gothique, galerie de tableaux, cabinet d’histoire naturelle. Collége militaire, société biblique. Drap, chapeaux de paille, blanc de baleine, brasseries, distilleries. — Prise par les Prussiens en 1759 ; occupée par les Français en 1806. — V. mecklembourg.

SCHWÉRIN (Christophe, comte de), général prussien, né en Poméranie en 1684, fit ses premières armes en 1704 dans les Pays-Bas contre la France, passa au service du duc de Mecklembourg, puis du roi de Prusse Frédéric II (1720), qui, en 1740, le mit à la tête de son armée, remporta sur les Autrichiens la victoire de Molwitz (1141), qui donna la Silésie à la Prusse, fut nommé gouverneur de Neiss et de Brieg, commanda un corps en Bohème (1744), reprit les armes dans la guerre de Sept ans (1766), et fut tué à l’attaque de Prague, 1757.

SCHWILGUÉ (J. B.), savant mécanicien de Strasbourg, 1776-1856, professa les mathématiques au collége de Schelestadt, puis dirigea un établissement industriel dans sa ville natale. Il restaura l’horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg, arrêtée depuis 1790, et la remit en mouvement, 1842.

SCHWITZ, gros bourg de Suisse, ch.-l. du canton de Schwitz, au pied des rochers de Haken et de Mythen, à 105 k. E. de Berne ; 5600 h. Brûlé en 1642, il a été assez bien rebâti. On y conserve la grande bannière donnée aux Suisses par le pape Jules II. — Le canton de Schwitz, un des 4 cantons forestiers ou Waldstættes, entre ceux d’Uri, Unterwald, Zurich, Lucerne, Glaris et St-Gall, a 50 kil. sur 30 (du N. au S.) et 45 000 h. ; ch.-l., Schwitz. Pays très-montagneux, lacs, pâturages ; climat assez doux. Le gouvt est démocratique. C’est un des trois cantons où naquit la liberté suisse, et qui se confédérèrent à Brunnen (1315) ; il a donné son nom à la Suisse entière.

SCIACCA, Thermæ Selinuntinæ, v. et port de Sicile (Girgenti), sur la côte S., à 64 kil. N. O. de Girgenti ; 12 000 h. Commerce de grains, huile, soude, soufre. Aux env., mines de soufre, salines, sources minérales renommées. Il s’est formé au S.E. de cette ville une île volcanique dont les éruptions et les exhalaisons ont chassé beaucoup d’habitants. — L’anc. Thermæ était la patrie d’Agathocle.

SCIARRA (Marc), chef de bandits, dévasta longtemps l’État romain, ne put être dompté par Sixte-Quint, fut poursuivi de si près par Clément VIII qu’il fut forcé de quitter le pays, passa au service de Venise, et fut envoyé en Dalmatie avec 500 des siens guerroyer contre les Uscoques. Clément VIII ayant exigé son extradition, le gouvt vénitien le fit assassiner plutôt que de le livrer. — V. colonna.

SCIATHOS, auj. Skiatho, île de la mer Égée, au N. de l’Eubée, n’est guère qu’un rocher stérile ; cependant elle avait autrefois une ville du même nom. Habitée primitivement par des Thraces-Pélasges, elle tomba ensuite sous la dépendance d’Athènes. Soumise plus tard aux rois de Macédoine, elle vit sa ville détruite, en 200, par le dernier Philippe, qui ne voulait pas qu’elle put servir de relâche à la flotte d’Attale et des Rhodiens, alliés de Rome. Pendant la guerre de Mithridate, elle devint un repaire de pirates. Antoine la rendit aux Athéniens.

SCICLI, Casmena, v. de Sicile (Syracuse), sur des rochers, à 12 kil. S. O. de Modica ; 9700 h. Tombeau de S. Guillaume dans la cathédrale.

SCIGLIO, cap et ville d’Italie, V. scylla.

SCILLONTE, Scillus, v. d’Élide en Triphylie, près de Pise. C’est là que Xénophon écrivit son histoire.

SCILLY, îles de l’Atlantique. V. sorlingues.

SCINDE ou sindy, contrée de l’Inde. V. sindy.

SCIO, Chios, île de l’Archipel. V. chios.

SCIONE, v. de la Chalcidique, dans la presqu’île de Pallène, sur la mer Égée, avait été fondée par des Grecs, sujets de Protésilas. Elle tomba sous la domination d’Athènes, devint libre pendant la guerre du Péloponèse, obéit plus tard à Olynthe, puis fit partie du royaume de Macédoine.

SCIOPPIUS (Gasp. schopp, dit en latin), philologue, né en 1576 à Neumarkt, dans le Palatinat, m. en 1649, voyagea en Italie, en Espagne, en Allemagne, abjura le Protestantisme, dans lequel il était né, se fixa à Rome, où le pape Clément VIII l’éleva aux honneurs, fut nommé conseiller aulique et comte palatin par l’empereur, et finit, après diverses aventures, où toujours éclatèrent son humeur inquiète, son inconstance, son orgueil, par chercher un asile à Padoue, où il mourut également haï de tous, Catholiques et Protestants. Sa vie avait été une palinodie perpétuelle : d’abord admirateur passionné de Scaliger, il écrivit ensuite contre lui ; il poursuivit de ses attaques les Jésuites, qu’il avait longtemps vantés. Il a laissé 104 ouvrages, dont beaucoup ne sont que des libelles : Verisimilium libri IV ; De arte critica ; De ratione Scholarum ; De sua ad catholicos migratione ; Classicum belli sacri ; Grammatica philosophica ; De stratagematibus societatis Jesu ; Elementa philosophiæ moralis stoïcæ, 1606 : c’est le plus estimé de ses ouvrages. On lui doit en outre des Notes sur Phèdre, sur Apulée, sur la Minerve de Sanchez, dont il donna une édition améliorée ; des éditions de Varron, de Symmaque, etc.

SCIPIONS, célèbre famille romaine, faisait partie de la maison des Cornélius (Gens Cornelia). Le mot scipio veut dire bâton : Macrobe croit que ce surnom fut donné à cette famille parce que son chef servit de bâton de vieillesse à son père aveugle. — L. Cornélius Scipio Barbatus, consul en 298 av. J.-C., prit plusieurs places dans le Samnium et conquit la Lucanie. Son tombeau, trouvé en 1780, et conservé à Rome au musée Pio-Clémentin, est le plus ancien monument sépulcral dont on ait la date et offre l’inscription la plus ancienne qui existe en langue latine. — L. Corn. Scipio, fils du préc., consul en 259, conquit sur les Carthaginois la Corse et la Sardaigne, obtint le triomphe et fut élevé à la censure en 258. Son tombeau a été découvert avec celui de son père. — Cn. Corn. Scipio Asina, deux fois consul (260 et 254), se signala dans son 2e consulat par ses succès en Sicile contre les Carthaginois : il les défit devant Panorme, et leur prit cette ville avec 200 vaisseaux. — P. Corn. Scipio, consul en 218, perdit la bataille du Tésin contre Annibal, y fut blessé et ne dut la vie qu’au dévouement de son fils (Scipion l’Africain). L’année suivante, il fut envoyé, avec le titre de proconsul, en Espagne, où il prit le commandement de l’armée navale et agit de concert avec son frère Cnéus ; il battit d’abord les Carthaginois, prit Castulon et Sagonte; mais, s’étant séparé de Cnéus, il fut défait et périt dans un combat contre Asdrubal (fils de Giscon), 212. — Cn. Corn. Scipio Calvus, frère du préc., joua aussi un rôle important dans la 2e guerre punique. Consul en 222, il fit avec succès la guerre aux Gaulois de la Cisalpine ; puis il passa en Espagne avec le titre de proconsul, et soumit une grande partie du pays. Secondé par Publius, son frère, qui était venu le rejoindre, il battit les Carthaginois en plusieurs rencontres ; mais en 212, s’étant séparé de Publius, il fut comme lui vaincu et tué par Asdrubal : il périt, près d’Anitorgis, 29 jours après la défaite et la mort de son frère. — P. Corn. Scipio, dit Scipion l’Africain et le premier Africain, fils de Publius, né en 235 av. J.-C., sauva la vie à son père blessé au combat du Tésin et servit ensuite en Espagne sous ses ordres et sous ceux de son oncle. Brûlant de venger la mort de son père et de son oncle, qui venaient de périr dans ce pays, il se fit nommer proconsul pour la prov. d’Espagne en 211, bien qu’il n’eût que 24 ans : il débuta par la prise de Carthagène (210), gagna en 209 la victoire décisive de Bétule, où Asdrubal perdit 54 000 hommes, et reconquit toute l’Espagne en quatre ans (210-206). Il se rendit ensuite secrètement en Afrique pour y négocier, et s’y fit des alliés de Syphax et de Massinissa, rois des Numides. De retour en Espagne, il eut à réprimer une sédition de ses troupes et le soulèvement des deux chefs indigènes, Mandonius et Indibilis (V. ces noms). Rappelé en Italie pour combattre Annibal, il fit adopter au sénat, malgré l’opposition de Fabius, le plan qu’il avait conçu de transporter le théâtre de la guerre aux portes de Carthage, fut nommé consul pour exécuter ce projet (205), et fit en peu de temps des progrès si rapides en Afrique que les Carthaginois alarmés rappelèrent Annibal de l’Italie. Scipion remporta sur ce grand général une victoire complète à Zama, contraignit Carthage à demander la paix, et mit ainsi fin à la guerre, 202. Tant d’exploits lui valurent les honneurs du triomphe et le surnom d’Africain ; mais sa hauteur et sa partialité pour les patriciens le rendirent odieux au peuple. Cependant il fut encore consul en 194, puis censeur et enfin prince du sénat. L’an 190, il accompagna son frère Lucius en Asie en qualité de lieutenant, et dirigea dans la réalité toute cette guerre. À son retour il fut, ainsi que son frère, accusé par le tribun Pétilius, à l’instigation de Caton, de s’être laissé corrompre par Antiochus, et se vit cité devant le peuple (187) : au lieu d’entreprendre une apologie, il se contenta de rappeler ses exploits, et l’on ne prononça aucune peine contre lui. Cité de nouveau quelque temps après, il s’écria : « Romains ! c’est à pareil jour que j’ai vaincu Annibal à Zama ; allons au Capitole en rendre grâces aux dieux. » La foule le suivit, et les tribuns ses accusateurs restèrent seuls au milieu de la place publique. Cependant, forcé de comparaître une 3e fois, il fut condamné à l’exil. Il se retira dans sa villa de Literne, en Campanie, et n’y vécut plus que pour les lettres et l’amitié : il admettait le poëte Ennius dans son intimité. Il mourut à Literne en 184 : on dit qu’il voulut que l’on gravât sur son tombeau : Ingrate patrie, tu n’auras pas mes cendres. Ce grand homme réunissait au génie militaire tous les genres de vertus : l'humanité, la tempérance, le désintéressement. Il soumit l’Espagne autant par l’estime qu’il inspirait que par la force de ses armes. Après la prise de Carthagène, une femme d’une grande beauté lui fut amenée par ses soldats ; il fit rechercher un jeune prince nommé Allutius, qui était son fiancé ; et la remit intacte entre ses mains. Cette noble conduite frappa tellement le jeune Espagnol qu’il s’allia aussitôt avec les Romains et fit déclarer ses compatriotes en leur faveur. — L. Corn. Scipio, surnommé l’Asiatique, frère du préc., le suivit en Espagne et en Afrique, fut nommé consul en 190, et battit Antiochus le Grand à Magnésie, avec l’aide de son frère qui lui servait de lieutenant. L’année suivante, il continua la guerre avec non moins de bonheur, et força enfin Antiochus à signer une paix avantageuse aux Romains ; ses victoires lui méritèrent le surnom d’Asiatique. Cependant, à son retour, il fut accusé avec son frère de s’être laissé corrompre par Antiochus, et se vit condamné à une grosse amende (4 millions de sesterces, env. 800 000 fr.). Ses biens, qui furent confisqués, ne purent suffire à la payer, et il fut mis en prison. Dans la suite, on lui rendit la liberté, et les Romains, honteux de leur injustice, le comblèrent de tant de biens qu’il devint un des plus riches citoyens de la république. — P. Corn. Scipio Nasica, fils de Cn. Corn. Scipio Calvus (consul l’an 222 av. J.-C.), et cousin des deux préc., fit avec succès la guerre aux Lusitaniens, 192. L’année suivante, il fut nommé consul et vainquit les Boïens de la Cisalpine. Scipion Nasica était l’un des plus habiles jurisconsultes de son temps. Il devint dans sa vieillesse prince du sénat. — P. Corn. Scipio Nasica Corculum, son fils, se distingua à la bataille de Pydna, 168, fut nommé consul en 155, et vainquit les Dalmates. Celui-ci fut père de P. Corn. Scip. Nasica Sérapion, un des plus implacables ennemis des Gracques, qui fit tuer Tib. Gracchus au milieu de la place publique, l33. — Un petit-fils de ce dernier fut adopté par un membre de la famille Métellus ; il est connu dans l’histoire sous le nom de Métellus Scipio. — P. Corn. Scipio Æmilianus, surnommé le Second Africain, le Numantin, était fils de Paul-Émile, et fut adopté par un fils du grand Scipion. Il eut pour maître l'historien Polybe, et se distingua dès sa première jeunesse par sa valeur, soit en Espagne, où il tua un soldat d’une taille gigantesque, soit en Afrique, où il combattit comme auxiliaire de Massinissa. Le prince numide faisait si grand cas de lui qu’en mourant il le chargea de partager ses États entre ses enfants. Revenu à Rome, Scipion Émilien fut nommé édile en 151, et consul en 147 quoiqu’il n’eût pas encore l’âge voulu. Envoyé aussitôt en Afrique, pour consommer la ruine de Carthage, il pressa le siége de cette place, la prit d’assaut et la rasa après un long siége, et malgré la plus vigoureuse défense, 146. Il reçut à son retour un triomphe, qui dépassa en magnificence tous les précédents. Consul de nouveau en 134, il fut chargé de faire le siége de Numance, que jusque-là les Romains avaient attaquée sans succès : après un an de la résistance la plus opiniâtre, la ville fut prise (133) ; mais Scipion n’y trouva que des ruines. C’est après ces exploits qu’il reçut les surnoms d’Africain et de Numantin. Mais il fut bientôt, comme le premier Africain, en butte à la haine du peuple par suite de son attachement à la cause des patriciens ; il augmenta encore ces sentiments en combattant les lois agraires et approuvant publiquement le meurtre de Tib. Gracchus. Dégoûté du séjour de Rome, il se retira à Caïète. Il ne revint à Rome que l’an 129 av. J.-C., lors des troubles excités par C. Gracchus, et se vit attaqué violemment par le tribun Fulvius. Le sénat avait résolu, dit-on, de le créer dictateur pour faire cesser ces troubles, lorsque, au grand étonnement de tous, il fut trouvé mort dans son lit. On soupçonna un crime et l’opinion accusa Sempronie, sa femme, sœur des Gracques, et C. Gracchus lui-même. Scipion Émilien avait autant de vertus que le 1er  Africain. Il entretint avec Lélius une amitié célèbre. Il aimait aussi beaucoup les lettres, et admettait Térence dans son intimité ; on a même prétendu qu’il avait eu quelque part aux comédies de ce poëte.

SCIRON, brigand de la Grèce, fils d’Éaque et beau-frère de Télamon, désolait la route qui conduit de Corinthe à Mégare, dépouillait les voyageurs, les précipitait dans la mer ou les faisait dévorer par des tortues qu’il engraissait ainsi pour en faire sa nourriture. Thésée purgea la terre de ce monstre.

SCIROPHORION, le 12e mois de l’année athénienne, répond à peu près à juin. Pendant ce mois, on célébrait en l’honneur de Minerve les Scirophories, fêtes où l’on portait par la ville les statues de la déesse, sous une espèce de dais appelé en grec skiron.

SCLAVOCHORI, Amyclæ, v. du roy. de Grèce (Laconie), à 9 kil. E. de Misitra. Évêché.

SCODRA, Scutari, anc. v. d’Illyrie, chez les Labéates, était la place forte du roi Gentius. Prise par les Romains, elle devint dans les derniers temps de l’Empire le ch.-l. de la Prévalitane.

SCOLASTIQUE. V. scholastique.

SCOMBI. V. tobi.

SCONE, bg d’Écosse (Perth), sur la Tay, à 3 kil. N. de Perth ; 2 500 hab. Anc. résidence des rois d’Écosse, qui s’y faisaient couronner.

SCOPAS, sculpteur grec, né à Paros vers 460 av. J.-C., remplit l’Ionie, l’Attique, la Béotie et le Péloponèse de ses ouvrages, fraya la route à Lysippe, à Praxitèle, et mérita d’être surnommé l’Artiste de la vérité. Ses chefs-d’œuvre étaient un Mercure et une Bacchante ivre et les sculptures d’une des faces du tombeau de Mausole. Il eut aussi du talent pour l’architecture ; on cite de lui un temple de Minerve Alea, à Tégée, en Arcadie. Quelques-uns lui attribuent, mais sans preuve, le groupe de Niobé et ses enfants, qu’on voit à Florence.

SCOPELOS, c.-à-d. Rocher, île de l’anc. Grèce et du roy. actuel de Grèce, dans les Sporades septentr., entre Sciathos à l’O. et Halonèse à l’E., a env. 12 000 h. ; ch.-l., Scopelo, qui compte 5 000 h. Sol peu fertile, mais bien cultivé : vignes, olives, fruits.

SCOPI, anc. v. de la Mésie supér., auj. Ouskoub.

SCOPPA (l’abbé Ant.), né à Messine en 1762, m. en 1817, vint en France en 1801, fut chargé avec Cuvier et Delambre en 1810 d’examiner l’état des écoles en Italie, revint à Naples après la chute de Bonaparte et y établit des écoles à la Lancastre. On lui doit quelques écrits où se trouvent des idées ingénieuses, mais souvent paradoxales. Le principal, rédigé en français, a pour titre : Les vrais principes de la versification, développés par un examen comparatif entre la langue italienne et la langue française, Paris, 1811-14, 3 vol. in-8 : il y soutient que le français est aussi harmonieux et aussi musical que l’italien.

SCORDISQUES, Scordici, peuple qui, après avoir formé quelques établissements en Pannonie, au S. de la Save et du Danube, et en Thrace, se fixa sur le revers des monts qui bornent au N. la Macédoine. Le Romain Asconius les battit en 135 av. J.-C. En 114, ils égorgèrent le consul Caton et toute son armée et envahirent la Dalmatie ; mais les Romains les refoulèrent bientôt au delà du Danube, et dès lors ils n’eurent plus d’importance.

SCORFF, riv. du Morbihan, naît dans l’arr. de Napoléonville, à 5 kil. de Guéménée, coule au S. O., devient navigable à Pont-Scorff, et se jette avec le Blavet dans la rade de Lorient, après un cours de 63 k.

SCOT (Jean) surnommé Érigène, en latin, Scotus Erigena, c.-à-d. natif d’Érin (anc. nom de l’Irlande), savant moine irlandais du ixe s., l’un des fondateurs de la scolastique, fut appelé en France par Charles le Chauve, et vécut longtemps à la cour de ce prince. Forcé de quitter la France à la demande du pape Nicolas, qui l’accusait d’hérésie, il passa, en 877, sur l’invitation d’Alfred le Grand, à Oxford, où il mourut vers 886. On a de lui un traité de la Prédestination, qu’il composa contre Gotescalc à la prière d’Hincmar, une trad. latine de S. Denys l’Aréopagite, et quelques traités philosophiques, un entre autres De divisione naturæ, où il expose un système voisin du néoplatonisme et du panthéisme, M. St-René Taillandier a composé une savante thèse sur Scot Érigène et la philosophie scolastique, 1843.

scot (Michel), écrivain du xiiie s., né vers 1210 dans le comté de Fife en Écosse, sous le règne d’Alexandre II, m. en 1291 étudia toutes les sciences connues de son temps (philosophie, médecine, chimie, astrologie et autres sciences occultes), et passa pour magicien. Il habita successivement la France, l’Allemagne, où il jouit de la faveur de l’empereur Frédéric II, et l’Angleterre, où Édouard I lui confia diverses missions. On a de lui : Phsysiognomia, Rome, 1477 ; Mensa philosophica, Francfort, 1602 ; Theatrum chimicum, Strasb., 1622. On lui attribue une des plus anciennes traductions latines d’Aristote.

scot (Jean duns-), philosophe scolastique, surnommé le Docteur subtil, né vers 1276 à Dunse près de Berwick en Écosse (d’où ses noms de Duns et de Scot), ou, selon d’autres, à Dunston près d’Almwich dans le Northumberland, pays qui portait aussi le nom de Scotia, étudia à Oxford, entra dans l’ordre des Cordeliers (Franciscains), enseigna avec éclat à Paris et à Cologne, et mourut dans cette dernière ville, en 1308, à peine âgé de 33 ans. Quelques-uns le font naître en 1266 et lui donnent 42 ans. Duns Scot fut un des plus habiles disputeurs de son temps, ce qui lui mérita le surnom sous lequel il est connu. Quoique mort jeune, il laissa une étonnante quantité d’écrits, qui ont été réunis par L. Wadding en 12 v. in-fol., Lyon, 1639 : ce ne sont guère que des commentaires sur Aristote et sur Pierre Lombard. Duns Scot fut en théologie et en philosophie l’adversaire de S. Thomas, et toute l’École, attentive à leurs débats, se partagea en Thomistes et Scotistes. Il admettait le réalisme et disait que les universaux, seuls êtres réels, forment les individus par l’intervention d’un principe particulier qu’il nommait principe d’individuation ou hæccéité ; il soutenait la liberté d’indifférence et faisait dépendre les distinctions morales de la volonté arbitraire de Dieu. On lui a en outre reproché, ainsi qu’à son école, l’abus des distinctions. Sa Vie a été écrite par Wadding, 1644.

SCOTIE, Scotia, nom que les anciens donnèrent d’abord à l’Hibernie, puis à la région septentrionale de l’île de Bretagne, venait des Scots qui habitèrent successivement les deux pays.

SCOTISTES. V. scot (duns-) et thomistes.

SCOTS, Scoti, nation sortie de l’Hibernie, vint habiter de bonne heure le nord de l’île d’Albion ou la Calédonie, et en disputa longtemps la possession aux Pictes, jusqu’à ce que ces deux peuples se confondissent en un seul, vers le ive s. (V. pictes). Toutefois les Scots seuls eurent l’honneur de donner leur nom à l’Écosse (Scotia).

SCOTT (Walter), poëte et romancier, né en 1771 à Édimbourg, m. en 1832, suivit d’abord la carrière du droit, devint shérif du comté de Selkirk (1799), puis greffier des sessions à Édimbourg (1806). Cet emploi, en assurant son existence, le mit à même de se livrer à ses goûts d’antiquaire et de conteur. Il mit en vers de vieilles légendes, et prit bientôt une place honorable parmi les poëtes de la Grande-Bretagne, mais il ne tarda pas à abandonner les vers pour la prose, et c’est surtout alors que son génie prit un libre essor. Waverley, son premier roman, réussit : encouragé par le succès, il en fit paraître successivement un grand nombre d’autres, la plupart sous le voile du pseudonyme ou de l’anonyme, et les vit obtenir une vogue européenne. On trouve dans ces ouvrages un art admirable pour tracer les caractères et faire parler les personnages, un talent magique pour peindre les lieux, les costumes, un mélange d’idéal héroïque et de détails familiers et comiques fondus avec habileté, des incidents dramatiques, des scènes sublimes ; mais souvent aussi des longueurs, des redites, de l’embarras dans la mise en scène, de la trivialité. Enrichi par le succès de ses ouvrages, l’auteur put acheter le domaine d’Abbotsford sur la Tweed, dont il fit un séjour délicieux ; mais, en 1826, une banqueroute le ruina presque complétement. Il se remit alors courageusement au travail, et fit paraître dès 1827 une Vie de Napoléon, en 10 vol. in-12 : bien que rédigé sur des matériaux officiels et dont quelques-uns étaient inconnus, cet écrit, fort partial et rédigé à la hâte, n’eut que peu de succès, et Scott revint au roman ; mais au bout de peu d’années il succomba à l’excès du travail qu’il s’était imposé pour payer ses créanciers. Parmi ses poëmes, les principaux sont : le Lai du dernier ménestrel (1805), Marmion, la Dame du lac, le Lord des îles (1808-10). Parmi ses romans, on vante surtout : la Prison d’Édimbourg, les Puritains, Ivanhoë, Rob-Roy, Peveril du Pic, une Légende de Montrose, la Fiancée de Lammermoor, Richard en Palestine, les Eaux de St-Ronan, Quentin Durward, l’Antiquaire. Ses ouvrages ont été trad. plusieurs fois en français. La meilleure version est celle de Defauconpret, dont il a paru plusieurs éditions : l’éd. la plus complète, publiée en 1837 et ann. suiv., se compose de 30 v. in-8. M. Lockhart a donné des Mémoires sur W. Scott, avec sa correspondance, 1836, et M. Am. Pichot un Essai sur la vie et les ouvrages de W. Scott, en tête de la trad. de ses poésies.

SCOTTI (Jul. Clém.), jésuite, né en 1602 à Plaisance, m. en 1669, avait été professeur de philosophie à Parme, à Ferrare, puis recteur à la maison des Jésuites à Carpi. Mécontent de ses chefs, qui ne lui avaient pas accordé un poste qu’il sollicitait, il quitta la robe et écrivit contre l’ordre la Monarchie des Solipses (Monarchia Solipsorum, Venise, 1645), factum violent, qui fut attribué à tort à Inchofer.

SCRIBE (Eugène), auteur dramatique, né à Paris en 1791, m. en 1861, fit de brillantes études à Ste-Barbe et fut destiné au barreau ; mais, devenu libre à 20 ans par la mort de ses parents et jouissant de quelque aisance, il quitta le droit pour le théâtre, vers lequel il se sentait irrésistiblement entraîné. Après quelques échecs, il réussit à gagner la faveur du public : de 1815 à 1830, il fit représenter sur les scènes des Variétés, du Vaudeville et surtout du Gymnase un nombre prodigieux de petites pièces, qui furent presque autant de succès. Parmi ces pièces, composées le plus souvent avec quelque collaborateur (Delestre-Poirson, Germain Delavigne, Mélesville, Brazier, Carmouche, Varner, Bayard), on remarque le Nouveau Pourceaugnac, le Solliciteur, les Deux Précepteurs, une Visite à Bedlam, l’Ours et le Pacha, le Mariage enfantin, le Secrétaire et le Cuisinier, Michel et Christine, Avant, pendant et après, le Vieux garçon, Rodolphe, le plus Beau jour de la vie, la Haine d’une Femme, le Mariage d’inclination, le Mariage de Raison, le Diplomate, une Faute, la Demoiselle à marier, le Charlatanisme, Geneviève. Il fit en peu d’années la fortune du Gymnase, en même temps qu’il s’assurait à lui-même une véritable opulence. S’essayant alors dans un genre plus élevé, il donna au Théâtre-Français plusieurs comédies qui lui valurent de nouveaux triomphes : Valérie, 1822, le Mariage d’argent, 1827, Bertrand et Raton ou l’Art de conspirer, 1833, la Camaraderie, 1837, une Chaîne, 1841, le Verre d’eau, 1842 ; Adrienne Lecouvreur, 1849, les Contes de la Reine de Navarre, Bataille de Dames, 1851, les Doigts de Fée, 1858 (ces 4 dernières avec Legouvé). Scribe a en outre composé les paroles d’un grand nombre de drames lyriques, mis en musique par Auber, Adam, Meyerbeer ou Halévy, et dans lesquels l’intérêt du poëme le dispute au mérite de la composition musicale. L’Opéra lui doit : la Muette de Portici, le comte Ory (1828), le Dieu et la Bayadère, le Philtre (1830), Robert le Diable (1831), Gustave III, (1833), la Juive (1835), les Huguenots (1836), le Prophète (1849) ; il donna à l’Opéra-Comique : la Dame blanche (1825), Fra Diavolo (1830), le Châlet (1834), l’Ambassadrice (1837), le Domino noir (1841), la Sirène (1844), l’Étoile du Nord (1854). Pendant plus de 40 ans, cet écrivain jouit d’une popularité immense : ses pièces ont été jouées sur tous les théâtres de France et de l’étranger. Il fut reçu en 1834, à l’Académie française. Doué d’une imagination inépuisable, infatigable au travail, Scribe a produit plus de 350 pièces. Si trop souvent ses productions trahissent un travail précipité, on remarque dans toutes une parfaite entente de la scène, l’art de nouer une intrigue, de varier les incidents, le talent de captiver les spectateurs ; ses plus petits drames sont écrits d’un style vif et facile ; tous pétillent d’esprit ; tous en outre réunissent à la peinture fidèle des mœurs contemporaines la décence, la grâce et le bon goût. Scribe a donné lui-même plusieurs éditions de ses Œuvres dramatiques : les principales sont celles de 1827, 10 v. in-8 ; de 1833-37, 20 v. in-8 ; de 1840, 5 v., gr. in-8 à 2 col. ; de 1855 et ann. suiv., 17 v. in-18.

SCRIBONIE, femme d’Auguste et mère de Julie, fut répudiée pour être remplacée par Livie.

SCRIBONIEN, Furius Camillus Scribonianus, consul l’an 32 de J.-C., commandait un corps d’armée en Dalmatie quand Claude parvint à l’empire. Dans une lettre outrageante, il somma ce prince d’abdiquer, et en même temps il se fit proclamer lui-même ; mais ses troupes l’abandonnèrent presque aussitôt, et il fut assassiné dans l’île de Lissa, en 42.

SCRIBONIUS LARGUS, médecin romain, exerça sous Tibère, Caligula, Claude, et suivit ce dernier dans la Grande-Bretagne, en 43. On n’a de lui qu’un opuscule : De compositione medicamentorum, Paris 1529, dont une meilleure édition est due à Bernhold, Strasbourg, 1786.

SCRIVERIUS (P. schryver, en latin), érudit, né en 1576 à Harlem, m. en 1660, vécut à Leyde, n’acceptant aucun emploi, mais se faisant un plaisir de suppléer les professeurs de l’Université. Il s’est signalé comme historien, comme poëte et comme philologue. Ses principaux ouvrages sont : Antiquitatum batavicarum tabularium, 1609 ; Chroniques de Hollande, de Zélande, Frise, Utrecht (en holl.), 1663. Ses Œuvres inédites (opuscula anecdota, philologica et metrica) ont été publiées par Westerhuis, Utrecht, 1738. On lui doit des édit. de Végèce, Leyde, 1607 ; de Martial, 1619 ; de Sénèque le tragique, 1620 ; d’Apulée, 1629 ; des Scriptores rei militaris, 1664, et un recueil de Lettres choisies d’Érasme, 1649.

SCRIVIA, riv. de l’Italie septentrionale, sort des Apennins dans la prov. de Gênes, arrose les prov. de Novi, Tortone, Alexandrie, Voghera, et se jette dans le Pô après un cours de 80 kil.

SCUDÉRI (Georges de), poëte et romancier, célèbre par sa fécondité et par le ridicule de ses écrits, né au Havre en 1601, m. en 1667, avait d’abord servi dans les gardes françaises ; il quitta le service vers 1630, et se mit à travailler pour le théâtre. Il sut plaire à Richelieu par les attaques qu’il dirigea contre Corneille dans ses Observations sur le Cid, et fut reçu à l’Académie française en 1650. On a de lui 16 tragédies ou tragi-comédies (l’Amour tyrannique, le Prince déguisé, Arminius, la Mort de César, etc.), dont plusieurs eurent du succès, divers écrits en prose, et un poëme épique : Alaric ou Rome vaincue (1654), connu surtout par ce début emphatique :

Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre

En outre, il prêta son nom à plusieurs romans de sa sœur. Ses ouvrages sont pleins d’invraisemblance et de mauvais goût ; et à ces défauts de composition l’auteur joignait une suffisance qui passait toutes les bornes. Boileau a fait justice de ce ridicule auteur, qui eut quelque vogue en son temps ; on connaît ces vers de la 2e satire :

Bienheureux Scudéri, dont la fertile plume
Peut tous les mois sans peine enfanter un volume.

— La femme de Scudéri, qui mourut à 81 ans, en 1712, est connue par son talent pour le style épistolaire ; on a d’elle des Lettres à Bussy-Rabutin (publiées avec celles de cet écrivain).

scudéri (Madeleine de), sœur du préc., née au Havre en 1607, m. en 1701, fut de bonne heure amenée à Paris, et s’y vit recherchée à cause des agréments de son esprit ; elle était un des ornements de l’hôtel Rambouillet. Elle publia de volumineux romans, dont les premiers parurent sous le nom de son frère, et qui eurent une vogue extraordinaire, grâce surtout à de nombreuses allusions aux personnages et aux événements contemporains. Elle fit aussi des vers, dont plusieurs ne manquaient pas de mérite, et reçut de ses contemporains les surnoms de Sapho et de Dixième Muse. Quoique fort laide, elle sut attacher plusieurs hommes distingués, entre autres Pélisson et Conrart. On a d’elle : Ibrahim ou l’Illustre Bassa, 1641, 1 vol. ; Artamène ou le grand Cyrus, 1650, 10 vol. ; Clélie, histoire romaine, 1656, 10 v. ; Conversations sur divers sujets, 1680-94, 4 vol. ; Conversations de morale, 1688-12, 4 vol. Parmi ses vers, on a surtout retenu ceux qu’elle fit sur les œillets que cultivait le grand Condé, alors détenu à Vincennes :

En voyant ces œillets qu’un illustre guerrier
Arrosa d’une main qui gagna des batailles,
Souviens-toi qu’Apollon bâtissait des murailles,
Et ne t’étonne pas si Mars est jardinier.

Ses romans, d’une prolixité fatigante, sont en outre écrits dans un genre faux, avec un style précieux et ridicule. Ils peignent l’amour de la manière la plus fade, et convertissent en Céladons les héros les plus illustres. Ses Conversations de morale étaient estimées de Mascaron et de Fléchier.

SCULTET (Jean), chirurgien, né en 1595 à Ulm, m. en 1645, était fils d’un simple batelier. Il étudia à Padoue et pratiqua la chirurgie dans sa ville natale. Il a perfectionné les instruments de chirurgie : son nom est resté attaché à un appareil employé encore aujourd’hui pour les fractures. On a de Scultet un ouvrage dans lequel il décrit les instruments de chirurgie employés de son temps : Armamentarium chirurgicum, Ulm, 1653, in-fol., trad. par Dehoze sous le titre d’Arsenal de chirurgie, Lyon, 1675.

SCUTARI, Chrysopolis, v. de la Turquie d’Asie, sur le Bosphore, vis-à-vis de Constantinople, dont elle est regardée comme un faubourg ; env. 40 000 h. Ville bâtie en amphithéâtre et d’un aspect très-pittoresque ; séjour de plaisance du sultan, qui y a un château ; belles maisons, belles mosquées ; superbes cimetières (c’est là que sont inhumés tous les Turcs de distinction). Commerce assez actif ; nombreuses caravanes, la plupart pour la Mecque.

scutari, Scodra, v. forte de la Turquie d’Europe (Albanie), ch.-l. de livah, à l’extrémité S. du lac de Scutari ou de Zenta (Labeatis lacus) à 710 kil. O. N. O. de Constantinople ; 20 000 hab. Évêché. Château fort, fabrique d’armes. Environs très-fertiles. — Cette ville, fondée, dit-on, par Alexandre, a suivi le sort de l’Albanie : elle a successivement appartenu aux Serbes, à des chefs indépendants, à Venise, et a été cédée aux Turcs en 1479. — Le livah de Scutari, limitrophe de la Dalmatie, est le plus septentrional des cinq qu’on trouve en Albanie ; il a 250 kil. sur 200 et env. 600 000 hab.

SCYLACIUM, auj. Squillace, v. du Brutium, à l’E., sur le golfe Scylacique. Patrie de Cassiodore.

SCYLAX, navigateur et géographe grec, auteur d’un Périple de la mer intérieure (Méditerranée) qui nous est parvenu, vécut à une époque incertaine. Les anciens mentionnent plusieurs personnages de ce nom : Scylax l’ancien, de Caryande en Carie, qui fut chargé par Darius I d’explorer les côtes de l’Océan Indien ; un autre, qui vivait du temps d’Alexandre ; et un 3e, contemporain de Polybe et de Panétius, vivant au iie s. av. J.-C. Les uns donnent le Périple au 1er, les autres, avec plus de vraisemblance, au dernier. Cet ouvrage a été publié dans les Geogr. græci minores d’Hudson (1698) et dans la Bibliothèque grecque de Didot, par Ch. Müller, 1855 ; il en a été donné une édition séparée par B. Fabricius, Leips., 1848. Outre les côtes de la Méditerranée, il comprend la description de la côte de la Propontide, du Pont-Euxin et même des côtes libyques au delà du détroit de Gadès jusqu’à l’île de Cerné ; mais ce n’est qu’une énumération sèche de noms de peuples et de pays.

SCYLITZÈS (Jean), historien byzantin du xie s., était à Constantinople curopalate ou gouverneur du palais. Il a continué l’Histoire de Théophane de 811 à 1081. Cédrenus l’a copié presque mot pour mot dans sa Chronique. Son ouvrage a été imprimé en grec, avec traduction latine (dans la Byzantine, tome IX).

SCYLLA, nymphe sicilienne, fut aimée du dieu marin Glaucus. Circé, sa rivale, la changea en un rocher qui avait la forme d’une femme, dont le buste et la tête s’élevaient au-dessus des eaux, et dont les hanches étaient couvertes par les têtes de six chiens horribles ouvrant de larges gueules et aboyant sans cesse. L’onde, tourbillonnant autour du rocher, formait un gouffre plus redoutable que celui de Charybde, qui en était voisin ; d’où le proverbe : Tomber de Charybde en Scylla (V. ci-après l’art. géographique). — Une autre Scylla, fille de Nisus, roi de Mégare, s’éprit d’un fol amour pour Minos, qui assiégeait sa ville natale, coupa sur la tête de son père le fatal cheveu de pourpre auquel tenait le salut de Mégare, puis le fit porter à Minos ; celui-ci ne l’ayant payée que de mépris, elle se jeta de désespoir dans la mer, où elle fut changée en alouette.

SCYLLA, cap célèbre d’Italie, sur la mer Tyrrhénienne, à la pointe S. du roy. de Naples. Les nombreux écueils et les gouffres qui entourent ce cap, situé à l’entrée du détroit de Messine et en face de l’écueil de Charybde, qui était aussi fort redoutable, faisaient jadis l’effroi des navigateurs. Des commotions volcaniques ont, à ce qu’il paraît, changé l’aspect des lieux, et le passage s’opère auj. avec moins de difficulté. (V. l’art. mythologique ci-dessus).

scylla, auj. Sciglio, anc. v. du Brutium, maintenant dans le roy. de Naples (Calabre Ult. 1re), sur un rocher élevé, près du cap de Scylla, et à 19 kil. N. de Reggio ; 7000 hab. — Fondée, dit-on, par Anaxilas, tyran de Rhegium. Elle a beaucoup souffert du tremblement de terre de 1783. Elle a été prise en 1806 par les Français.

SCYMNUS, de Chio, géographe grec qui vivait env. 80 ans av. J.-C. à la cour de Nicomède, roi de Bithynie, est auteur d’une Périégèse (ou perlustration du monde), en vers ïambiques ; il ne nous en reste que les 741 premiers vers, plus des fragments de 236 autres. Ces fragments se trouvent dans les Geographi græci minores de Hudson, 1698, et dans la Bibliothèque grecque de Didot, 1855.

SCYRON, brigand de la Fable. V. sciron.

SCYROS, auj. Skiro, île de la Grèce, dans la mer Égée, au N. E. de l’Eubée, a 65 k. carrés et 2000 h. Elle est célèbre dans la Fable comme ayant été la retraite d’Achille, que sa mère y avait caché parmi les filles de Lycomède, et comme étant le lieu où mourut Thésée. Cimon rapporta de cette île à Athènes les restes du héros. — Après avoir appartenu aux Athéniens, aux Macédoniens, aux Romains, aux ducs de Naxos, aux Ottomans, Scyros fait auj. partie du roy. de Grèce et est annexée au nome d’Eubée.

SCYTHIE, Scythia, vaste région qui chez les anciens comprenait tout le N. E. de l’Europe et le N. O. de l’Asie, n’avait pas de limites bien fixes : les uns la font commencer à l’E. de la Vistule et au N. du Danube, et la prolongent indéfiniment vers l’Orient et le Nord, y comprenant par conséquent toute la Sarmatie ; les autres la placent soit au N. de celle-ci, soit entre le Borysthène et le Tanaïs, et l’étendent à l’E. du Tanaïs jusque dans les profondeurs de l’Asie intérieure. Dans cette dernière hypothèse, la Scythie d’Europe ou occid. serait entre le Borysthène et le Tanaïs, la Scythie d’Asie commencerait à l’E. du Tanaïs. Cette dernière était elle-même divisée en deux grandes portions : Scythie au delà de l’Imaüs (Scythia extra Imaum), au N., et Scythie en deçà de l’Imaüs (Scythia intra Imaum), au S. E. Si le nom de Scythie a des sens différents, c’est que les Scythes, peuple nomade, changèrent souvent de place. Ils étaient divisés en une foule de peuplades, parmi lesquelles les Gètes, les Massagètes, les Fennes, les Æstyens, les Taures, les Iazyges, les Bastarnes, les Roxolans, les Agathyrses, les Hérules, les Scythes royaux, ainsi appelés par Hérodote à cause de la forme de leur gouvernement, et les Scythes gynécocratumènes, c.-à-d. régis par une femme : en effet, il y eut en Scythie des hordes qui, temporairement, obéissaient à des femmes, ce qui a donné lieu au mythe des Amazones. — La Bible fait descendre les Scythes de Magog, fils de Japhet. Établis d’abord sur l’Araxe et l’Iaxarte, ils étendirent au loin leurs conquêtes, soumirent une partie de l’Europe et de l’Asie, tinrent 28 ans l’Asie-Mineure sous le joug (624-596), et pénétrèrent jusqu’en Égypte. Les plus grands conquérants, Cyrus, Darius I, Alexandre, tentèrent en vain de les dompter. Plus tard cependant, la Scythie fut successivement envahie par diverses nations, dont la principale est celle des Sarmates, qui donnèrent leur nom à une partie du pays ; puis, les Goths fondèrent leur vaste empire dans la Scythie occidentale ; enfin, grossis par des hordes fugitives de l’Asie, les Scythes d’Orient assaillirent sous le nom de Huns l’empire des Goths (376), et préparèrent ainsi la grande invasion barbare. Le nom de Scythie disparaît de l’histoire au viie s., où les races slave, avare et bulgare se partagèrent le pays. Les Scythes paraissent être la même race que les Tchoudes ou Finnois ; on y comprenait aussi des Turcs et des Tartares.

scythie (petite-), nom donné : 1o à une partie de la Chersonèse Taurique et au pays situé plus au N. jusqu’au Borysthène (gouvt russe de Tauride) : 2o à une partie de la Thrace entre le Pont-Euxin à l’E., le Danube au N. et à l’O., et l’Hémus au S. (auj. la Dobroudcha) ; elle forma, sous l’empire romain, une province de Scythie, qui était comprise dans la préfecture d’Orient et le diocèse de Thrace, et qui avait pour ch.-l. Tomes.

SCYTHOPOLIS, d’abord Bethsan, auj. Bisan, v. de la Samarie, au S. E., devait, disait-on, sa fondation à des Scythes qui envahirent la Syrie.

SEAFORD, port d’Angleterre (Sussex), un des Cinq-Ports, sur la Manche, à 18 kil. S. E. de Brighton.

SÉBA (Albert), né en 1665 dans l’Ost-Frise, m. en 1736, fut pharmacien à Amsterdam, voyagea dans les Indes Orientales et Occidentales et forma deux magnifiques collections d’histoire naturelle, dont l’une fut achetée par Pierre le Grand et l’autre dispersée après sa mort. Séba avait fait graver son 2e cabinet sous le titre de Rerum naturalium thesauri accurata descriptio et iconibus artificiosissimis expressio, Amst., 1734-61, 4 vol. gr. in-fol. Cet ouvrage, longtemps capital pour l’étude de l’histoire naturelle, est encore à consulter, du moins pour les planches : car le texte est plein d’erreurs. Le Muséum d’histoire naturelle de Paris, qui possède les planches, en a fait faire un nouveau tirage en 1827 et ann. suiv.

SÉBASTE, auj. Sivas, v. de l’Asie-Mineure, près de l’Halys, appartint au Pont, puis à la Cappadoce, et finit par être le ch.-l. de l’Arménie 1re (formée aux dépens de la Cappadoce). C’était d’abord un fort du nom de Cabira; elle fut agrandie par Pompée, qui l’appela Diospolis, et enfin reçut de la reine de Pont, Pythodoris, le nom de Sébaste, c.-à-d. Augusta, en l’honneur d’Auguste. — Le nom de Sébaste fut aussi donné à la ville de Samarie.

SÉBASTIANI (le comte Horace), maréchal de France, né en 1775 à la Porta, près de Bastia, en Corse, m. en 1851, dut à sa valeur un avancement rapide, fut nommé chef de bataillon pour sa belle conduite au combat d’Arcole, fut fait colonel sur le champ de bataille de Vérone, seconda vigoureusement, avec son régiment, Bonaparte au 18 brumaire et décida le succès de cette journée ; combattit à Marengo, et fut chargé, après la victoire, de poser, de concert avec Marmont, les bases de l’armistice de Trévise ; fut, après la paix d’Amiens, envoyé à Constantinople pour y faire des propositions de paix, et réussit dans cette négociation difficile ; remplit avec non moins de bonheur une mission près de Djezzar, pacha de St-Jean-d’Acre, ainsi qu’auprès des puissances barbaresques ; prit une part active à la campagne d’Autriche, se distingua surtout à Hollabrunn et à Austerlitz, ce qui lui valut le grade de général de division ; fut appelé en 1806 à l’ambassade de Constantinople, décida Sélim, dont il s’était fait un ami, à déclarer la guerre à la Russie, empêcha le faible sultan de céder aux menaces de l’amiral anglais Duckworth, dirigea la défense de Constantinople contre les Anglais et força ceux-ci à repasser les Dardanelles (1807) ; quitta Constantinople après la chute de Sélim, fut bientôt après dirigé vers l’Espagne et mis à la tête du 4e corps (1809), força le passage de la Guadiana, gagna les batailles de Ciudad-Real et d’Almonacid, enleva les retranchements d’Ocana, entra en vainqueur dans Grenade, s’empara de Malaga et battit de nouveau l’ennemi à Baza (1810) ; mais, ne pouvant s’accorder avec le roi Joseph, il demanda son rappel en France (1811). Il fit partie en 1812 de l’expédition de Russie, ou il tint l’avant-garde, se signala à Smolensk, à la Moskowa, entra des premiers à Moscou ; fut l’année suiv. blessé à Leipsick, n’en combattit pas moins dès le lendemain à Hanau, et s’empara d’un défilé qui assurait la retraite ; commanda, pendant la campagne de France, la cavalerie de la garde, se signala surtout à Reims, dans le combat où fut tué le général St-Priest, émigré, et à Arcis-sur-Aube, où il résista à toute la cavalerie des alliés ; fit partie aux Cent-Jours de la Chambre des représentants, et fut, après Waterloo, un des commissaires désignés pour traiter de la paix avec les alliés, mais ne put rien obtenir en faveur de Napoléon ; resta sans emploi sous la Restauration, fut élu député en 1819 par la Corse, en 1826 par Vervins, en remplacement du général Foy, et prit place à l’extrême gauche ; eut, après les événements de juillet 1830, une grande part à l’érection du nouveau trône, fit partie de la commission chargée de reviser la Charte, reçut le 7 novembre 1830 le portefeuille des affaires étrangères, qu’il garda près de trois ans, et se montra partisan du système de la paix ; résigna le pouvoir en 1833 pour des motifs de santé, accepta bientôt après l’ambassade de Naples, puis celle de Londres, où il suivit avec succès les négociations relatives à la constitution du royaume de la Belgique, au droit de visite, à la pacification de l’Orient, mais fut rappelé après la chute du ministère Molé, auquel il s’était attaché. Il n’en conserva pas moins la confiance personnelle du roi, qui lui donna en 1840 le bâton de maréchal. Il passa ses dernières années dans la retraite, accablé par la perte de sa fille, la duchesse de Praslin, enlevée par une mort tragique.

SÉBASTIEN (S.), né à Narbonne vers 250, était officier dans l’armée romaine sous Dioclétien et cachait sa religion afin de mieux servir ses coreligionnaires ; reconnu pour chrétien, il fut livré au supplice, et tué dans le cirque à coups de bâton, en 288. On l’hon. le 20 janv. Il est le patron des prisonniers.

sébastien, roi de Portugal, fils posthume de l’infant Jean, né à Lisbonne en 1554, succéda en 1557 à Jean III, son aïeul. Animé d’un grand zèle contre les Infidèles, il forma, dès qu’il put régner par lui-même, le hardi projet de leur enlever l’Afrique : il fit contre eux en 1574 une 1re expédition, mais sans résultat ; il y retourna en 1578, appelé par Muley-Mohammed-el-Montaser, roi de Maroc, qui avait été dépouillé par Muley-abd-el-Mélik, son oncle. À peine débarqué à Tanger, il fut complétement défait par ce dernier à la bataille d’Alcaçar-Quivir, le 4 août 1578, et ne reparut plus ; il avait péri dans la mêlée : son cadavre fut reconnu par un page ; néanmoins on contesta sa mort et plusieurs faux Sébastien se montrèrent en Portugal sous Philippe II et Philippe III.

sébastien del piombo (Luciano, dit), peintre de Venise (1485-1547), embrassa la vie religieuse, se fixa à Rome, et fut chargé de sceller les brefs de la chancellerie pontificale (d’où son nom, del Piombo, du plomb, rappelant la matière du sceau). Il excella dans le portrait, et dessina surtout avec perfection les têtes et les mains ; son coloris est magnifique. Il eut souvent pour collaborateur Michel-Ange : c’est ce maître qui fit le dessin de la Résurrection de Lazare, commandée par Clément VII à Sébastien del Piombo. À la faveur d’un si puissant secours, il put lutter avec avantage contre Raphaël. Le Louvre possède de ce maître une Visitation de la Vierge.

sébastien (le Père), mécanicien. V. truchet.

SÉBASTOPOL ou sévastopol, c.-à-d. en grec Ville Auguste, Ville impériale, v. et port militaire de Crimée (Simféropol), au S. O., sur la rive mérid. d’un bras de la mer Noire ; env. 50 000 h. avant 1855, à peine 10 000 auj. Port excellent où stationnait la flotte russe de la mer Noire ; fortifications formidables : tour Malakof, forts Alexandre, Constantin, Nicolas, Paul, etc. Belle cathédrale St-Michel, église St-Pierre (reproduction de la Madeleine de Paris), théâtre. — Fondée en 1786 par l’impératrice Catherine II, près et à l’E. des ruines de l’antique Cherson et près du village tartare d’Aktiar, elle fut agrandie et fortifiée par Nicolas I qui en fit une forteresse redoutable et un poste avancé contre Constantinople. Elle fut prise d’assaut le 8 sept. 1855 par l’armée anglo-française que commandait le maréchal Pélissier, après un an de siége et après une défense désespérée, dirigée surtout par le général du génie Todtleben. Le nom de Sébastopol a été donné à l’un des grands boulevards de Paris.

SEBEKTEKIN, fondateur de l’empire des Turcs Gaznévides, avait d’abord été esclave. Devenu gendre d’Alp-Tekin, général des armées de Nouh le Samanide, il le remplaça comme gouverneur de Gaznah, se rendit indépendant en 975, et conquit une grande partie du Turkestan, ainsi que le Peychawer dans l’Hindoustan. Il mourut à Balkh en 997. Il eut pour fils le fameux Mahmoud le Gaznévide.

SEBENICO, Sicum ? v. des États autrichiens (Dalmatie), à l’embouch. du Kerkah, qui forme là un vrai lac (avec un grand port), à 60 kil. S. E. de Zara ; 7000 hab. Quatre forts. Évêché catholique et évêché grec ; cathédrale gothique. Fabrique de rosoglio, armements pour la pêche du corail. Patrie du peintre Schiavone. — République indépendante avant le xe s., Sebenico se soumit en 991 aux Vénitiens, qui la gardèrent depuis (excepté pendant le xve s., qu’elle fut soumise aux Hongrois). Les Turcs l’assiégèrent vainement en 1538 et 1648. Elle passa entre les mains de l’Autriche en 1797 avec le reste de la Dalmatie.

SEBENNYTE, Sebennytus, auj. Djemnouti ou Semenhoud., anc. v. d’Égypte (Delta), sur le Nil, vers l’endroit où il se sépare en plusieurs branches. — On donne le nom de branche sébennytique à la portion septentrionale de la branche atarbéchique.

SÉBOIM, une des villes de Palestine situées sur le bord du lac Asphaltite, qui périrent avec Sodome.

SÉBONDE (Raymond de), savant du xve s., né à Barcelone, professait la médecine, la théologie et la philosophie à l’Université de Toulouse vers 1430, et mourut en 1432. Ou lui doit : Theologia


naturalis, Deventer, 1487, Lyon, 1526, etc. (trad, par Montaigne, Paris, 1569, et abrégée par Comenius, Amst., 1661); De natura hominis dialogi, Cologne, 1501, in-4 (trad. par Martin, 1566 ; par Bleudecq, 1600). Montaigne a consacré un long chapitre de ses Essais (liv. II, c. xii) à l’apologie de Raymond de Sébonde, dont on suspectait l’orthodoxie.

SEBSVAR, Hyrcania, v. de Perse (Khoraçan), à 100 kil. S. O. de Nichabour. Jadis importante. Tamerlan la prit en 1381 : la ville s’étant révoltée peu après, il fit enterrer vifs 10 000 de ses habitants.

SECCHI (Gian-Pietro), savant jésuite, correspondant de l’Institut de France, né en 1798, m. en 1856, était professeur de langue grecque et bibliothécaire au Collége romain. Profondément versé dans l’archéologie païenne et chrétienne, l’herméneutique, l’histoire de l’Église et la philologie, il a laissé de nombreux ouvrages, dont les plus connus sont : Cattedra di S. Marco di Venesia et Analisi dell’ edizione del Nuovo Testamento greco.

SÉCHELLES. V. seychelles et hérault.

SECKAU, Secovium, bg des États autrichiens (Styrie), à 55 kil. N. O. de Grætz ; 400 hab. Eaux minérales. Évêché dont le titulaire réside à Grætz.

SECKENDORF (Gui Louis de), historien, né en 1626 en Franconie, m. en 1692, fut chambellan, puis ministre et chancelier d’Ernest le Pieux, duc de Gotha, et enfin chancelier de l’Université de Halle, nouvellement créée par le roi de Prusse. On a de lui, entre autres ouvrages : De Lutheranismo, Francfort, 1686-92 (il y réfute l’Hist. du Luthéranisme de Maimbourg); Compendium historiæ ecclesiasticæ, 1666, et nombre d’articles dans les Acta eruditorum (1683-92).

seckendorf (Fréd. hénon, comte de), feld-maréchal, neveu du préc., né en 1673 à Kœnigsberg en Franconie, m. en 1763, se mit successivement au service de la Prusse, du roi de Pologne Auguste I, des empereurs Charles VI et Charles VII. Il servit avec distinction sous le prince Eugène dans la guerre de la succession d’Espagne. Nommé par Charles VI ambassadeur à Berlin, il obtint un grand ascendant sur le roi Frédéric-Guillaume, et parvint à détacher ce prince de l’alliance de l’Angleterre. Chargé, à la mort du prince Eugène, de diriger à sa place la guerre contre les Turcs, il éprouva des échecs et tomba en disgrâce (1737). Mécontent de l’Autriche, il alla, après la mort de ce Charles VI, offrir ses services au compétiteur de sa fille Marie-Thérèse, à l’électeur de Bavière, élu sous le nom de Charles VII : il reconquit pour ce prince la Bavière, et le fit rentrer dans Munich (1744). Après la mort de cet empereur, il conclut, en faveur du jeune électeur de Bavière, son fils, le traité de Füssen (1745), qui réconciliait ce prince avec l’Autriche. Il vécut depuis dans la retraite.

SECKINGEN, Sanctio, v. forte du grand-duché de Bade, dans une île du Rhin, à 24 k. N. E. de Bâle, faisait jadis partie de la Souabe. Prise par Bernard de Saxe-Weimar en 1638.

SÉCLAVES ou sakalaves, peuple de l’île de Madagascar, habite au N. O., depuis le cap d’Ambre jusqu’à la Mansiatre. Féroces et pirates.

SÉCLIN, ch.-l. de c. (Nord) sur la Naviette, à 10 kil. S. de Lille ; 3978 hab. Bel hôpital. Filatures de coton, de lin ; moulins à huile, raffinerie de sel, fabrique de sucre indigène, tanneries. Station du chemin de fer du Nord. — Cette ville, fondée au vie s., était la capit. du Mélantois, petit pays de la Flandre wallone. Les Autrichiens y furent battus par les Français en 1794.

SECOND (Jean), Joannes Secundus, poëte latin moderne, né à La Haye en 1511, m. en 1536, fut reçu docteur en droit à Bourges, s’attacha, comme secrétaire intime, à l’archevêque de Tolède, suivit Charles-Quint en Afrique (1534), mais en rapporta le germe d’une maladie mortelle à laquelle il succomba, à Tournay. Ses Poésies (latines), publiées à Utrecht, 1541, in-2, ont souvent été réimprimées, notamment à Leyde, 1821, par Bochssa fils. On y distingue, outre des Élégies, les 19 pièces connues sous le nom de Baisers de Jean Second; elles ont été trad. en prose par le célèbre Mirabeau et mises en vers par Simon de Troyes, 1786, et par Tissot, 1806.

SECONDAT. V. montesquieu.

SECONDIGNY, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), à 16 k. S. O. de Parthenay ; 1973 h. Haras de baudets.

SECOUSSE (Denis Franç.), historien, né à Paris en 1691, m. en 1754, était avocat au parlement, mais se livra de préférence à des recherches historiques et fut reçu en 1722 membre de l’Académie des inscriptions. Dans ses dernières années, l’excès du travail lui fit perdre la vue. Il fut chargé par d’Aguesseau de continuer la collection des Ordonnances des rois de la 3e race (commencée par Laurière), termina le 2e vol., et en fit paraître 6 autres (de 1729 à 1750), mais sans pouvoir la terminer. On lui doit une bonne Hist. de Charles le Mauvais, 1755-58, et de savants Mémoires, dans le recueil de l’Acad. des inscriptions.

SÉCULAIRES (Jeux), fêtes qui se célébraient à Rome avec beaucoup de pompe pour solenniser l’ouverture de chaque siècle. La célébration n’en fut pas régulière : tantôt on la retarda, tantôt on l’avança. On connaît 12 célébrations de jeux séculaires (en 509, 449, 249, 149, 17 av. J.-C.; en 47, 87, 147, 204, 247, 263, 404 de J.-C.). La fête durait 3 jours ; des supplications, des chants, des distributions au peuple de graines, de fèves, de soufre, comme choses lustrales, un lectisterne, en étaient les principales cérémonies. Horace fit, à la demande d’Auguste, pour la fête de l’an 17 av. J.-C., un chant séculaire que nous possédons encore. — Ces jeux avaient été institués l’an 456 av. J.-C., par ordre d’un oracle Sibyllin, à l’occasion de prodiges effrayants. Ils étaient consacrés à Jupiter, à Junon, à Latone, à Diane, aux Parques, à Pluton et à Proserpine.

SEDAINE (Michel Jean), auteur dramatique, né à Paris en 1719, m. en 1797, était fils d’un pauvre architecte. Ayant perdu de bonne heure ses parents, il se fit tailleur de pierres pour vivre ; mais il lisait et étudiait tout en faisant ce métier et bientôt il le quitta pour se livrer aux lettres, et travailla pour le théâtre. Il réussit surtout dans l’opéra-comique, et fut le véritable créateur de ce genre. Il donna au Théâtre Italien : le Diable à quatre (1756), Rose et Colas (1764), Anacréon, l’Huître et les Plaideurs, le Jardinier, le Roi et le Fermier, le Déserteur, le Faucon, Félix, enfin Richard Cœur de Lion (1784), qui eut un succès extraordinaire ; au Grand Opéra : Aline, reine de Golconde, Amphitryon, Guillaume Tell ; au Théâtre Français : le Philosophe sans le savoir, son chef-d’œuvre (1765), et la Gageure imprévue. On a aussi de lui quelques jolies pièces de vers, entre autres l’Épître à mon habit. Il fut reçu à l’Académie française en 1786. On reproche à Sedaine des négligences de style ; mais ses pièces sont pleines de naturel, d’esprit et d’intérêt. Auger a donné en 1813 ses Œuvres choisies, 3 vol. in-8. La musique de ses opéras est de Philidor, de Monsigny et de Grétry.

SEDAN, ch.-l. d’arr. du dép. des Ardennes, sur la r. dr. de la Meuse, à 22 kil. S. E. de Mézières, à 276 N. E. de Paris par le chemin de fer ; 15 536 hab. Place de guerre, arsenal ; trib. de 1re  inst. et de commerce, collége, bibliothèque, église calviniste. Vieux château ( naquit Turenne) : c’est auj. un arsenal, riche en armes curieuses ; statue en bronze de Turenne. Manufact. de draps renommés, dont la 1re  fut fondée en 1645 par un certain Codeau : draps noirs fins, casimirs, lainages ; teintureries ; hauts fourneaux, commerce de fer et de quincaillerie ; armes de chasse. — Sedan n’était guère qu’un hameau lorsqu’elle fut achetée en 1424 par Evrard III de la Marck qui l’érigea en principauté et l’agrandit considérablement. Henri Robert de La Marck, ayant embrassé la Réforme, en fit un des foyers du Protestantisme. Charlotte, sœur et héritière du fameux Robert de La Marck, la porta en dot à Henri de la Tour d’Auvergne, comte de Turenne (1591). Richelieu força en 1642 Fréd.-Maurice, duc de Bouillon, complice de Cinq-Mars, à s’en dessaisir en faveur de la France, et la réunit à la couronne ; elle fut annexée à la Champagne. Cette ville avait jadis une université protestante. Patrie de Turenne, Macdonald, Ternaux. Défaite et capitulation de Napoléon III (1er  sept. 1870).

SÉDÉCIAS, roi de Juda (597-587), fut mis par Nabuchodonosor sur le trône, à la place de Jéchonias, son neveu ; mais, s’étant révolté, il fut assiégé dans Jérusalem par le roi d’Assyrie. Il se défendit deux ans, fut enfin pris et eut les yeux crevés. Il mourut dans l’exil en Chaldée.

SÉDERON, ch.-l. de c. (Drôme), à 63 kil. S. E. de Nyons, dans une gorge fort étroite ; 710 hab.

SEDGEMOOR, plaine d’Angleterre, dans le comté de Somerset, entre Kingsverton et Bridgewater. Le duc de Monmouth, rebelle, y fut battu et pris par les troupes de Jacques II, en 1685.

SÉDILLOT (J. J. Emmanuel), orientaliste et astronome, né en 1777 à Enghien-Montmorency, m. en 1832, fut professeur-adjoint de turc à l’École des langues orientales, puis secrétaire de l’école attachée à la Bibliothèque du roi, et astronome-adjoint au Bureau des Longitudes. Il seconda Delambre et Laplace dans leurs recherches, traduisit de l’arabe plusieurs livres précieux, notamment le traité d’Aboul-Hassan-Ali sur la construction des instruments astronomiques, et rédigea d’intéressantes dissertations sur divers points d’histoire et de critique orientales.

SEDIMAN, vge de la Moyenne-Égypte, dans le Fayoum. Desaix y défit les Mamelouks le 7 oct. 1798.

SEDJELMESSE, v. du Maroc (Tafilet), à 60 kil. E. de Tafilet, sur la Ziz. Jadis florissante, elle fut la capitale d’un vaste empire fondé par les Almoravides entre l’Atlas et le Sahara, et qui fut puissant du viiie au xiie s. Cette ville est auj. en ruines.

SEDJESTAN ou sedjistan. V. séistan.

SEDLITZ, vge de Bohême (Saatz), à 30 kil. S. O. de Tœplitz ; 1300 h. Manufacture de tabac. Eau saline froide purgative, fort renommée.

SEDULIUS (C. Cælius ou Cæcilius), prêtre du ve s., est auteur d’un poëme latin en hexamètres sur la vie de J.-C., intitulé Paschale Carmen ou De Christi miraculis, en 5 livres (Leips., 1499, et Rome, 1794), qu’il mit ensuite lui-même en prose sous le titre d’Opus paschale (Paris, 1585).

SEDUNI, peuple gaulois des Alpes, habitait la vallée supérieure du Rhône (le Valais), et fit partie sous l’empire romain de la prov. des Alpes Grées-et-Pennines ; capit., Sedunum ou Civitas Sedunorum, auj. Sion.

SEELAND, dans la Baltique, la plus grande des îles du Danemark, à l’extrémité S. E. de la Suède : 7000 k. carr.; 350 000 hab.; capit., Copenhague, qui est aussi la capitale de tout le Danemark. Division : 5 bailliages, Copenhague, Frederiksborg, Holbek, Sorœ, Prestœ. Bonne agriculture ; nombreux bétail.

SEETZEN (Ulrich), voyageur, né en 1767 près de Jever (Oldenbourg), m. en 1811, visita de 1802 à 1804 Constantinople, Alep, Damas, et les pays à l’E. du Jourdain, apprit à fond l’arabe et se fit musulman afin de pouvoir explorer l’Arabie, fit en 1809 le pèlerinage de la Mecque, et parcourut de 1810 à 1811 tout l’Yémen. Il se rendait de Moka à Sana lorsqu’il fut assassiné ou empoisonné par ses guides. Ses Voyages, qui offrent un grand intérêt, ont été publiés en 1854 à Berlin par Kruse.

SÉEZ ou sées, Saii, Sagium, ch.-l. de c. (Orne), sur l’Orne, à 21 kil. N. E. d’Alençon ; 5045 hab. Évêché, suffragant de Rouen ; séminaire, collége. Belle cathédrale gothique, palais épiscopal. Toiles et calicots, bonneterie, gants de peau. — Jadis plus grande et ville forte, elle fut prise et ravagée par les Normands, par les Anglais et pendant les guerres de religion. Patrie de Conté, qui y a une statue.

SEFFIN, v. de la Turquie d’Asie (Diarbékir), sur l’Euphrate, à 130 kil. S. E. d’Orfa. Dans la plaine voisine eut lieu en 657 la bataille dite des Cent dix jours, entre les partisans d’Ali et ceux de Moaviah : c’est le dernier qui l’emporta.

SÉFI (chah), le Néron de la Perse, de la dynastie des Sophis (1628-1642), succéda à son aïeul Abbas le Grand. Il fit exécuter ou priver de la vue tous les princes de son sang, ainsi que les grands, alliés à sa famille, la plupart de ses ministres et de ses généraux. Malgré tant de forfaits, il ne vit aucune révolte éclater contre lui, et mourut paisiblement à Kachan.

SEGALAUNI, peuple de Gaule, dans la Viennaise, à l’E. et le long du Rhône, qui la séparait des Helviens ; au N., ils avaient les Allobroges, à l’E. les Voconces, et au S. les Tricastins. Leur capitale était Valentia (auj. Valence.)

SEGED, v. de Hongrie. V. szeged.

SÉGESTE, dite aussi Acesta et Egesta, v. de Sicile, au N. O., à quelque distance de la mer, et près de la ville actuelle de Calatafimi, possédait des eaux thermales renommées. Elle fut, dit-on, fondée par des Troyens (soit par Crinisus, soit par Énée, qui lui donna le nom du roi Aceste, en reconnaissance du bon accueil qu’il avait reçu de ce prince), et devint florissante aux viie et vie s. av. J.-C. Souvent en guerre avec les villes voisines, elle implora successivement l’appui d’Athènes (417), puis de Carthage (410), ce qui donna lieu d’abord à l’expédition des Athéniens en Sicile, puis à la conquête d’une partie de la Sicile par les Carthaginois. En 317, Ségeste tomba au pouvoir d’Agathocle ; dans les guerres entre Agathocle et les Carthaginois, ceux-ci la détruisirent. Les Romains la relevèrent et la traitèrent avec douceur en raison de son origine troyenne.

SEGESVAR, v. forte de Transylvanie, anc. ch.-l. d’un comitat de son nom, sur la Kockel, à 60 kil. N. E. d’Hermanstadt ; 6500 h. Toiles, drap, étoffes de coton, etc. Elle fut fondée en 1178. On y trouve de nombreuses médailles qui font croire qu’elle fut bâtie sur l’emplacement d’une colonie romaine.

SEGHERS (Gérard), peintre flamand, né à Anvers en 1589, m. en 1651, se perfectionna en Italie, où il étudia surtout les productions de Caravage, puis visita Madrid, où il fut comblé de présents par le roi. Il peignit des sujets sacrés, des scènes familières, des joueurs, des musiciens. La vogue de ses tableaux, en l’enrichissant, lui permit de vivre en grand seigneur. Le musée du Louvre possède de cet artiste un très-beau S. François en extase soutenu par des anges. On admire son Adoration des Mages, dans l’église Notre-Dame à Bruges. — Son frère Daniel, m. en 1660, excella dans le paysage historique et la peinture des fleurs. Il était entré dans l’ordre des Jésuites.

SEGNI, Signia, v. du territoire romain, à, 26 kil. O. de Frosinone ; 3600 h. Évêché. Cathédrale remarquable. C’est, dit-on, dans cette ville que les orgues furent inventées. Restes de murs cyclopéens.

SEGNI (Lothaire de), pape. V. innocent iii.

SEGO, v. de la Nigritie centrale, capit. du Ht-Bambarra, sur le Niger, par 7° 35’ long. O, 13° 5’ lat. N.; env. 30 000 hab. Murs en terre. Entrepôt de commerce de l’Afrique centrale. Connu seulement à la fin du xviiie s., par le voyage de Mungo-Park.

SEGODUNUM, v. d’Aquitaine, auj. Rhodez.

SEGONTIA, auj. Siguenza, v. d’Hispanie (Tarraconaise), chez les Arevaci. Sertorius y livra à Métellus et à Pompée une bataille indécise (75 av. J.-C.).

SEGONZAC, ch.-l. de c. (Charente), à 12 kil. S. E. de Cognac ; 2505 h. Eau-de-vie.

SÉGOR, primit. Bala, auj. Ghor-Zafieh, une des 4 villes de Palestine destinées à périr avec Sodome, fut sauvée par l’intercession de Loth.

SÉGORBE, Segobriga, v. murée d’Espagne (Valence), sur le Murviedro, à 53 kil. N. de Valence ; 6500 hab. Évêché, château fort. — Enlevée aux Maures par Jacques I, roi d’Aragon, en 1245 ; prise par les Français en 1812. Titre d’un duché appartenant à la maison Medina-Céli.

SÉGOVIE, Segubia ou Segovia, v. d’Espagne (Vieille-Castille), ch.-l. de l’intend. de Ségovie, sur un roc, près de l’Eresma, à 78 kil. N. O. de Madrid ; 13 000 h. Évêché ; grande école d’artillerie. Murailles, tours, 4 faubourgs ; cathédrale, Alcazar ou palais royal, aqueduc (attribué à Trajan), Draps autrefois renommés, lainages, toiles, orfèvrerie, verrerie. Aux env., or, plomb, pierres calcaires, marbre, granit, jaspe. Patrie de Dominique Soto. — Jadis capit. des Arevaci. L’armée française a occupé Ségovie de 1808 à 1814. — L’intendance de Ségovie, au centre de l’Espagne, est bornée par celles de Burgos et de Valladolid au N., de Soria au N. E., de Guadalaxara à l’E., de Madrid et de Tolède au S., d’Avila à l’O. ; elle a env. 150 kil. du N. au S. sur une largeur qui varie de 12 à 80 ; 160 000 h. Sol fertile, paturages.

SEGRAIS (j. regnauld de), poëte français, né en 1625 à Caen, m. en 1701, fut longtemps secrétaire, puis gentilhomme ordinaire de Mademoiselle (fille de Gaston d’Orléans); mais, ayant désapprouvé le projet de mariage de cette princesse avec Lauzun, il fut forcé de la quitter (1672), Il passa quatre ans chez Mme de La Fayette, eut part à la composition de 2 romans de cette dame (Zaïde et la Princesse de Clèves), qui parurent même sous son nom, puis se retira à Caen (1676), où il se maria richement. Il faisait par le charme de sa conversation les délices de la société. Segrais avait été reçu membre de l’Académie française dès 1662. On a de lui des Idylles, dont les vers se font quelquefois remarquer par la douceur et le naturel, et qui le placent parmi nos meilleurs poëtes bucoliques ; une traduction en vers de l’Énéide et des Géorgigues; des Nouvelles françaises, écrites pour distraire Mademoiselle et qui se lisent encore avec plaisir, une collection de Portraits et un poëme pastoral d’Athis. Ses Œuvres diverses ont paru à Paris en 1755, 2 vol. in-12, et à Caen en l823. A. Galland a publié en 1722 un Segraisiana. On doit à M. Bredif une étude sur Segrais, sa vie, ses œuvres, 1863.

SÈGRE (la), Sicoris, riv. d’Espagne (Catalogne), sort des Pyrénées, coule au S. O., reçoit les deux Noguera et la Cinca, arrose Puycerda, Urgel, Balaguer, Lérida, Mequinenza, et joint l’Èbre un peu au-dessous de cette dernière ville. Cours, 240 kil.

SEGRÉ, ch.-l. d’arr. (Maine-et-Loire), sur l’Oudon, à 35 kil. au N. O. d’Angers ; 2721 hab. Commerce de toiles, fil, chanvre, grains. Jadis ville forte. Elle a joué un rôle dans les guerres de la Vendée.

SÉGUIER (Pierre), magistrat, né à Paris en 1504, d’une famille originaire de Languedoc, m. en 1580, fut successivement avocat, avocat général, président à mortier, rendit des services importants sous plusieurs rois, combattit les prétentions de la cour de Rome lors des différends du pape Jules III et de Henri II, fit au nom du parlement des remontrances qui empêchèrent l’établissement de l’Inquisition en France, et fut sous François II chargé de fixer les limites entre la France et la Savoie. — Antoine S., fils du précéd., 1552-1626, conseiller au parlement, puis avocat général sous Henri III, refusa d’entrer dans la Ligue, défendit les libertés gallicanes, et fit condamner par le parlement en 1591 une bulle de Grégoire XIV contraire à ces libertés. Henri IV l’envoya en ambassade à Venise. — Pierre, chancelier, né en 1588 à Paris, m. en 1672, était petit-fils du premier Pierre. Il remplit diverses charges au parlement, fut intendant de Guyenne, puis devint, sous Richelieu, garde des sceaux (1633}, et chancelier (1635), s’opposa parfois au cardinal, et plus tard à la régente Anne d’Autriche, mais sans jamais adhérer à la Fronde ; fut par suite privé quelque temps des sceaux, les reprit en 1646, et les garda jusqu’à sa mort. Il présida la commission chargée de juger Fouquet, ainsi que le conseil qui rendit les belles ordonnances de 1669 et 1670, connues sous le nom de Code Louis. Il est un de ceux qui eurent les premiers l’idée de l’Académie française, et il en fut le protecteur après la mort de Richelieu. — Ant. Louis, 1726-91, fut avocat général au grand-conseil, puis au parlement (1755-90), combattit de tout son pouvoir les doctrines philosophiques, donna sa démission lors de l’institution du parlement Maupeou, reparut avec l’ancienne compagnie (1774), émigra au commencement de la Révolution et mourut à Tournay. Il était de l’Académie française depuis 1757.

SÉGUIER (J. Fr.), savant, né à Nîmes en 1703, m. en 1784, d’une famille de magistrats qui avait une origine commune avec celle de Paris, s’occupa de numismatique et de botanique, suivit Scipion Maffei en Italie (1732), parcourut avec lui une partie de l’Europe, revint au bout de 23 ans se fixer à Nîmes avec de riches collections, et fut nommé correspondant de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (1772). On a de lui, entre autres ouvrages : Bibliotheca botanica, La Haye, 1740, une dissertation sur la Maison carrée de Nîmes, 1759, et une trad. des Mémoires de Maffei. Il a laissé en manuscrit un riche recueil d’inscriptions (conservé à la bibl. de Nîmes).

SEGUIN (Armand), économiste, né à Paris en 1768, m. en 1835, se fit d’abord connaître par ses travaux sur la chimie appliquée aux arts, et découvrit un procédé pour le tannage (1794). Il abandonna la science pour les spéculations financières, s’enrichit comme fournisseur, et eut de fréquents démêlés avec le gouvernement impérial et avec Ouvrard, son rival comme fournisseur. Il a publié plusieurs brochures de circonstance sur des questions de finances.

SÉGUR, bg du dép. de l’Aveyron, dans l’anc. Rouergue, sur le Viaur, à 49 kil. N. de Brives ; 1200 hab. Berceau de la famille des Ségur.

SÉGUR, famille noble et ancienne de Guyenne, compte plusieurs membres qui se sont fait un nom dans les armes et dans les lettres. Les plus connus sont :

Henri François, comte de Ségur, surnommé le Beau Ségur, lieutenant général, né en 1689, m. en 1751, était fils du marquis de Ségur, colonel d’un régiment qui portait son nom. Il débuta dans ce régiment, se signala dans la guerre de la succession d’Autriche, capitula dans Lintz, défendit Prague, et fit une belle retraite à Pfaffenhofen (1745). Il avait épousé une fille naturelle du duc d’Orléans. — Phil. Henri, marquis de S., maréchal de France, fils du préc., 1724-1801. Il se signala dès sa 1re jeunesse à Rocoux, à Laufeld (1747), fut blessé et pris à Klostercamp, après avoir imité le dévouement de d’Assas ; fut fait, à la paix, inspecteur de l’infanterie, puis commandant de la Franche-Comté, devint sous Louis XVI ministre de la guerre (1780), et fut nommé maréchal en 1783. Il remit son portefeuille à l’avènement de Brienne (1787), et vécut depuis dans la retraite. Pendant son ministère, il s’était montré rigide observateur de la justice et avait créé le corps d’état-major, mais on lui reproche d’avoir rendu une ordonnance qui réservait aux seuls nobles toutes les places d’officier. Ruiné et emprisonné pendant la Révolution, il reçut une pension du premier consul. — Louis Philippe, comte de S., lieutenant général, fils aîné du préc., 1753-1830, fit la guerre d’Amérique avec Lafayette, puis fut, quoique bien jeune encore, envoyé comme ambassadeur en Russie, sut plaire à l’impératrice Catherine II et jouit d’un grand crédit auprès d’elle. Il revint en France à la Révolution, vécut quelque temps de sa plume et fut admis à l’Académie française en 1803. Rappelé aux affaires par le premier consul, il fut nommé conseiller d’État, puis grand maître des cérémonies et sénateur. C’était un homme de beaucoup d’esprit. On a de lui un grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels on remarque : la Décade historique, la Galerie morale et politique (1817), des Pensées, des Contes et Fables, des Mémoires pleins d’intérêt, une Histoire du règne de Frédéric-Guillaume II, roi de Prusse, et (avec la collaboration de sa femme), une Histoire universelle à l’usage de la jeunesse, ouvrage qui a eu de la vogue, mais qui est peu scientifique. Ses Œuvres compl. ont été publiées en 33 vol. in-8, 1821-30 — Son fils aîné, le général comte Philippe de Ségur, 1780-1873, après avoir été un des plus brillants officiers de l’Empire et avoir pris une part glorieuse à la campagne de Russie, raconta lui-même cette campagne dans son Histoire de Napoléon et de la grande armée, qui parut en 1824 et qui eut un immense succès. Il fut admis à l’Académie française en 1830. — Jos. Alexandre, vicomte de S., homme d’esprit, mais frivole, 2e fils du maréchal, et frère de Louis-Philippe de S. 1756-1805, était maréchal de camp en 1790 ; depuis cette époque, il se consacra exclusivement aux lettres : il composa plusieurs romans (Correspondance secrète entre Ninon et Villarceaux, la Femme jalouse, etc.), donna diverses pièces aux Français, à l’Opéra-Comique, au grand Opéra, composa nombre de chansons spirituelles et publia les Mémoires de Besenval. — Eugénie, comtesse de Ségur (1800-1875), fille du comte Rostopchine, d’une autre branche que les précédents, a publié, pour les enfants, des Contes estimés.

SEGURA (la), Tader, riv. d’Espagne, naît dans la province de Chinchilla (Murcie), où elle sort de la Sierra Segura, coule à l’E., au S. E., reçoit le Mundo, le Sangonero, le Quipar, etc., arrose Murcie, Orihuela, et tombe dans la Méditerranée à 28 kil. S. O. d’Alicante, après un cours de 250 kil.

SEGUSIAVI, peuple de la Gaule Lyonnaise, s’étendait sur la r. dr. du Rhône entre les Éduens au N., les Arvernes à l’O., les Vellaves au S., les Séquanes à l’E., et avait pour villes principales Lugdunum (Lyon) et Segusiavorum forum (Feurs); il fut soumis successivement aux Arverni et aux Ædui, prit part à la 1re invasion des Gaulois en Italie, et fonda dans la Gaule Cisalpine la ville de Segusio (Suse).

SEGUSIO, v. de la Gaule cisalpine, auj. Suse.

SEGUSTERO, v. de la Narbonaise 2e, auj. Sisteron.

SEIBOUSE (la), Rubricatus, riv. de l’Algérie, naît au S. E. de Constantine, sous le nom de Oued-el-Serf, passe à Guelma et tombe dans la Méditerranée près et à l’E. de Bone, après un cours de 130 k.

SEICHES ou seyches, Aquæ Siccæ, ch.-l. de cant. (Lot-et-Garonne), à 12 k. N. E. de Marmande ; 1397 h. Eaux minérales. — Autre ch.-l. de c. (Maine-et-Loire), sur la Loire, à 20 kil. N. O. de Baugé ; 1590 h.

SEID ou sidi, mot arabe qui veut dire seigneur, titre d’honneur que prennent ceux qui prétendent descendre de Mahomet, est aussi porté par les Ismaéliens.

seid, esclave de Mahomet, fut avec Ali le 1er à croire à la mission du prophète, et obtint la liberté en récompense. Il se distingua en toute occasion par un dévouement aveugle, et fut tué en 629 à Moutah (près de Bosra), en combattant contre une armée de Grecs bien supérieure en nombre. Son nom est devenu synonyme de fanatique dévoué.

SEIDE, l’anc. Sidon. V. said.

SEIDSCHUTZ, vge de Bohême (Leitmeritz), à 7 k. S. O. de Bilin et à 6 kil. S. de Sedlitz. Source saline froide, analogue à celle de Sedlitz.

SEIF-ED-DAULAH (Abou-Djafar-Ahmed III), émir de Saragosse en 1130, fut dépouillé de la plus grande partie de ses États par le roi d’Aragon Alphonse I et par le roi de Castille Alphonse-Raimond, fut proclamé roi de Cordoue en 1145, mais ne garda cette royauté que 14 jours, fut néanmoins, après cette chute, proclamé roi à Murcie et joignit à cet État Valence et Denia ; mais, ayant voulu délivrer Xativa, qu’assiégeait Alphonse-Raimond, il fut vaincu et périt à la bataille d’Albacète (1146).

SEIGNE (Col de la), passage des Alpes Grecques, entre la prov. d’Aoste et la Savoie, à 6 kil. N. O. du Petit-St-Bernard et à 13 kil S. O. du Mont-Blanc.

SEIGNELAY, ch.-l. de c. (Yonne), à 13 k. N. d’Auxerre ; 1556 h. Anc. marquisat, qui appartint à Colbert.

SEIGNELAY (J. B. colbert, marquis de), fils aîné de Colbert, né en 1651, m. en 1690, remplaça son père au ministère de la marine dès 1676, fit fleurir la marine, fit bombarder Alger et Tripoli, força les Génois, qui voulaient porter secours à l’Espagne, de venir s’humilier devant Louis XIV (1684) et dirigea avec succès les armements de 1689 et 1690 contre les Anglais et les Hollandais. Il mourut prématurément à 39 ans, d’une maladie de langueur. C’était un homme d’un esprit cultivé, ami des gens de lettres : Boileau lui a adressé sa viie épître.

SEIGNETTE (Pierre), pharmacien de La Rochelle, m. en 1719, découvrit le tartre double de potasse et de soude, qui a longtemps porté son nom. V. sel de seignette dans notre Dict. univ. des Sciences.

SEIKHS ou SYKHS, peuple belliqueux de l’Indoustan septentrional, établi sur les deux rives de Setledge, formait jadis une confédération puissante, en même temps qu’une secte religieuse particulière, dont la croyance est un déisme mêlé de quelques superstitions (V. nanélisme). Au commencement de ce siècle, surtout de 1805 à 1837, les Seikhs s’élevèrent à une haute puissance sous le fameux Runjet-Sing, qui avec leur secours constitua le Royaume de Lahore. Depuis la mort de ce chef, l’anarchie régna parmi les Seikhs, et ils finirent, en 1849, par tomber sous la domination des Anglais. V. lahore.

SEILHAC, ch.-l. de c. (Corrèze), à 13 k. N. O. de Tulle ; 1833 hab.

SEILLE (la), riv. de France, naît dans le dép. du Jura, au mont de La Roche, au N. E. de Lons-le-Saunier, court au S. O., baigne Louhans et tombe dans la Saône au-dessus de Tournus, après un cours de 110 k. — Autre riv. de France, naît dans le dép. de la Meurthe au S. E. de Dieuze, coule au N. O., arrose Dieuze, Marsal, Moyenvic, Vic, où elle reçoit la petite Seille, entre dans le dép. de la Moselle et tombe à Metz dans la Moselle après 105 kil. de cours.

SEIN, Sena, île de l’Atlantique, sur la côte O. du dép. du Finistère, à 4 kil. de cette côte, vis-à-vis de Douarnenez. Elle est très-petite et ne compte pas plus de 500 hab. (tous pêcheurs). Beau phare. Cette île était jadis un sanctuaire mystérieux des Druidesses.

SEINE (la), Sequana, riv. de France, naît à St-Germain-la-Feuille (Côte-d’Or), à 9 kil. N. O. de St-Seine, coule d’abord dans la direction du N. O., puis vers l’O. S. O., et enfin au N. O., à travers les dép. de la Côte-d’Or, de l’Aube, de Seine-et-Marne, de Seine-et-Oise, de la Seine, de l’Eure, de la Seine-Inférieure ; arrose, entre autres villes, Châtillon-sur-Seine, Bar-sur-Seine, Troyes, Méry, où elle devient navigable, Romilly-sur-Seine, Pont-sur-Seine, Nogent-sur-Seine, Montereau, Melun, Corbeil, Paris, St-Denis, St-Germain, Poissy, Meulan, Mantes, Vernon, Pont-de-l’Arche, Rouen, Caudebec, Lillebonne, Quillebœuf, Honfleur, et se jette dans la Manche au Havre, par une embouchure de 12 kil. de large. Son cours, très-sinueux, surtout au-dessous de Paris, est d’env. 800 kil. La Seine reçoit : à droite, l’Ource, l’Aube, la Marne, l’Oise, l’Epte, l’Andelle ; à gauche, l’Yonne, le Loing, l’Essonne, l’Yêre, la Bièvre, l’Eure, la Rille. Parmi les canaux qui s’y rattachent, nous citerons : le canal du Loing (qui la met en communication avec la Loire) ; le canal de Bourgogne (qui l’unit au Rhône par l’Yonne) ; le canal de St-Quentin (qui, par l’Oise, l’unit à la Somme et à l’Escaut), enfin le canal de l’Ourcq. L’altitude de la Seine au-dessus de la mer est de 435m à sa source, et seulement de 34m à Paris et de 8m à Rouen. La marée s’y fait sentir jusqu’à Pont-de-l’Arche : on y remarque, surtout à l’époque des équinoxes, le phénomène de la barre, vague puissante offrant un large front perpendiculaire, qui remonte le fleuve jusqu’à Jumiéges et même jusqu’à Rouen, avec une rapidité qui entraîne tout, en faisant entendre un bruit très-fort qui l’annonce de loin. Dans la Basse-Seine, surtout aux env. de Quillebœuf et de Villequier, des bancs de sable mobiles gênent la navigation : d’importants travaux d’endiguement et de canalisation ont été récemment exécutés pour y porter remède.

SEINE (dép. de la), le plus petit, mais le plus peuplé des dép. de la France, ne se compose que de Paris et de sa banlieue, et est enclavé dans le dép. de Seine-et-Oise : il a 4758 hectares et 1 953 660 h. ; ch.-l., Paris. Ce dép. est formé d’une partie de l’Île-de-France. Il est arrosé par la Seine et la Marne. Beaucoup de carrières de plâtre et de pierre à bâtir ; culture bien entendue : terres améliorées par les engrais et amendements ; nombreux jardins maraichers, pépinières. Gros bétail, vaches laitières, etc. Industrie et commerce immenses (V. paris. — Ce dép. a 3 arr. (Paris, Sceaux, St-Denis) ; il est compris dans la 1re division militaire, forme un archevêché et dépend de la Cour impériale de Paris.

seine-et-marne (dép. de), à l’E. du dép. de Seine-et-Oise, à l’O. de ceux de la Marne et de l’Aube, au N. de ceux du Loiret et de l’Yonne, au S. de ceux de l’Oise et de l’Aisne ; 90 383 hect. ; 352 312 hab. ; ch.-l., Melun. Il est formé de parties de l’Île-de-France, de la Champagne, du Gâtinais et de la Brie. Montueux, bien boisé ; arrosé par la Seine, la Marne, l’Yonne, l’Ourcq, le Loing, et traversé par les canaux de l’Ourcq, du Loing, de Provins. Beaux grès, pierre meulière, albâtre gris, tourbe, pierre de taille et à plâtre, terre à faïence et à potier, etc. Sol très-fertile : céréales, légumes, bons fruits, entre autres le chasselas de Fontainebleau ; vin médiocre. Quelques vastes forêts (celles de Fontainebleau, de Crécy, de Valence). Beaucoup de bétail, vaches, moutons, chevaux. Lainages, chapeaux, porcelaine, faïence, verre, poterie, tuiles, papier ; tissus de coton, toiles peintes ; moulins à huile, à tan, à scie ; fromages de Brie. Commerce actif. — Ce dép. a 5 arr. (Melun, Meaux, Fontainebleau, Coulommiers, Provins) ; Il appartient à la 1re division militaire, ressortit à la Cour imp. de Paris, et a un évêché à Meaux.

seine-et-oise (dép. de), entre ceux de l’Oise au N., du Loiret au S., de l’Eure, d’Eure-et-Loir à l’O., de Seine-et-Marne à l’E., du Loiret au S. {il enveloppe celui de la Seine) ; 559 555 hect. ; 513 073 hab. ; ch.-l., Versailles. Formé d’une partie de l’Île-de-France. Il est arrosé par la Seine, l’Oise, la Marne et l’Essonne, et traversé par le canal de l’Ourcq. Sol montueux et bien boisé (forêts de St-Germain, de Senart, etc.) ; 87 étangs. Grès, craie, tourbe, pierres meulières, à plâtre, à bâtir ; pierres lithographiques ; eaux minérales (à Enghien). Céréales de toute espèce, légumes, fruits (entre autres cerises et fraises), chanvre, foins. Beaucoup de chevaux et de moutons. Toiles peintes, calicots, dentelles, blondes, bonneterie, filatures ; porcelaine, poterie, verre, tuiles ; chandelles, savon, produits chimiques ; moulins à tan, à foulon, à farine ; raffineries d’huile ; fabriques de sucre de betterave ; parfumerie, mégisserie, etc. Très-fort commerce. — Ce dép. a 6 arr. (Versailles, Rambouillet, Corbeil, Mantes, Étampes, Pontoise) ; il appartient à la 1re division militaire et à la cour impér. de Paris ; il forme l’évêché de Versailles.

seine inférieure (dép. de la), dép. maritime, sur la Manche, à l’O. de celui de la Somme, au N. de celui de l’Eure : 610 748 hect. ; 789 988 hab. ; ch.-l., Rouen. Formé de la Normandie proprement dite. Quelques hauteurs à l’E. et au S., beaucoup de riv. côtières dans la moitié septentr. Fer, marbre, grès, pierres calcaires, marne, tourbe ; eaux minérales. Sol très-fertile : céréales de toutes sortes ; légumes, fruits à cidre et autres, lin, chanvre, houblon, fourrages, jonc, varech, etc. Gros bétail : vaches laitières, porcs, moutons, chevaux ; volaille en quantité. Pêche très-active. Industrie et commerce immenses : beurre, fromages, draps, lainages, toiles, cotonnades, rouenneries, calicots ; usines à fer, produits chimiques. — Ce dép. a 5 arr. (Rouen, le Havre, Dieppe, Yvetot, Neufchâtel) ; il dépend de la 2e division milit., a une cour impériale et un archevêché à Rouen.

SÉISTAN ou sedjestan, partie de l’anc. Arie, région d’Asie bornée au N. par l’Afghanistan, au S. par le Béloutchistan, à l’O. par la Perse : 96 000 k. carr. ; ch.-l., Djelalabad. Sol presque partout sablonneux, très-vastes déserts. L’Elmend est la rivière principale du pays ; on y trouve le lac Zerreh. — Jadis province du roy. de Kaboul, le Séistan n’en fait partie auj. que nominalement, et est divisé entre une foule de chefs indépendants, dont les 2 principaux sont : le sultan de Djelalabad et le khan d’Illoumdar. Le Séistan est la patrie de Djemchid et de Roustam, les deux héros mythiques des anciens Perses.

SEIZE (les), comité insurrectionnel formé à Paris pendant la Ligue, se composait d’un grand nombre d’individus, tous fougueux ligueurs, et fut ainsi nommé parce qu’on y choisit 16 membres principaux dont chacun fut chargé d’un des seize quartiers de Paris, Bussy-Leclerc exerçait parmi eux la principale influence. Ils se substituèrent violemment au conseil municipal que présidaient le prévôt des marchands et les échevins. Les Guises n’avaient point eu de part à l’institution des Seize, mais ils s’empressèrent de s’unir à eux, et dès lors Paris devint le centre de la Ligue. Les Seize tentèrent, en 1587 et 1588, d’enlever Henri III, préparèrent en 1588 la journée des Barricades, bouleversèrent en 1589 par des arrestations arbitraires le parlement de Paris, et en formèrent un nouveau, à leur dévotion ; ils furent aussi pour beaucoup dans la résistance de Paris à Henri IV (1590). Mais dès ce temps ils avaient cessé de marcher avec Mayenne, nouveau chef des Guises. En 1591, ils se déclarèrent pour le jeune Charles, duc de Guise (fils du Balafré), espérant le gouverner plus aisément, et demandèrent pour reine à Philippe II sa fille Claire-Isabelle-Eugénie, dont ils comptaient faire l’épouse du jeune prince. Ils venaient de mettre à mort trois membres du parlement (V. brisson), lorsque Mayenne, marchant à l’improviste sur Paris força Bussy-Leclerc à lui rendre la Bastille, et anéantit le pouvoir des Seize (1591).

SÉJAN, Ælius Sejanus, fameux ministre de Tibère, était un simple chevalier romain, natif de Vulsinies. Il réussit, avec Drusus, à apaiser la révolte des légions de Pannonie, fut nommé par Tibère chef des prétoriens, accrut de jour en jour son ascendant sur l’empereur, qui avait mis en lui toute sa confiance, fut chargé de tous les soins du gouvernement lorsque le vieux prince se retira à Caprée, et se rendit odieux par sa tyrannie et son avarice, D’une ambition insatiable, il finit par aspirer à l’empire : il sollicita pour y mieux réussir la main de Livie, belle-fille de Tibère et veuve de Drusus, qu’il avait déjà séduite et décidée à empoisonner son époux. N’ayant pu obtenir sa main, il forma un complot contre l’empereur ; mais Tibère devina et déjoua tout. Sur une lettre venue de Caprée, le favori fut arrêté en plein sénat, conduit à la prison et aussitôt étranglé, l’an 31. Séjan laissa une mémoire abhorrée : la populace traîna son corps par les rues de Rome et le jeta dans le Tibre.

SEL (le), ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 50 kil. N. E. de Redon ; 638 hab.

SELDEN (J.), homme d’État, né en 1584 à Salvington (Sussex), m. en 1654, parut aux sessions de la Chambre des Communes de 1624, 26, 28, où il se montra l’antagoniste de la cour, fit partie du comité chargé de dresser l’acte d’accusation de Buckingham, 1626 ; fut emprisonné (1628) et longtemps persécuté pendant la période où Charles I régna sans Chambres ; reparut en 1640 dans le Long-Parlement, et s’y montra fort modéré. N’obéissant qu’à sa conscience, il paraissait factieux aux royalistes et faible aux indépendants. Il signa le Covenant en 1644 ; néanmoins, il refusa, sous Cromwell, de combattre les apologies publiées en faveur de Charles I. C’est un des beaux caractères de la révolution anglaise. Il a laissé beaucoup d’écrits, les uns d’érudition, les autres de politique, qui ont été réunis en 3 vol. in-fol., Londres, 1726 ; on y remarque le Mare clausum, traité contre la liberté des mers, qu’il opposa au Mare liberum de Grotius, et des Commentaires sur les marbres d’Arundel (1629).

SELDJOUCIDES (Turcs), dynastie orientale, a pour chef Togroul-Beg, petit-fils de Seldjouk, qui, sorti des steppes du Turkestan, s’empara, à la tête d’une horde turcomane, de Nichapour, 1037, conquit l’empire des Gaznévides, mit fin au règne des Bouides d’Ispahan, 1055, et se rendit maître de Bagdad, 1060. À sa mort, en 1063, Alp-Arslan, son neveu, soumit la Géorgie, l’Arménie et une partie de l’Asie-Mineure. Mélik-Chah, fils d’Alp-Arslan, rangea sous ses lois presque toute la Syrie et diverses régions de l’Asie centrale (1072-92); mais dès 1074 Soliman, son cousin, fonda un 2e État seldjoucide à Konieh, État qui comprit l’Asie-Mineure presque entière, la Cilicie et l’Arménie. Après la mort de Mélik, Alep, Damas, Antioche, Moussoul formèrent aussi de petites principautés seldjoucides, mais très-inférieures en puissance aux deux empires ci-dessus nommés. La plupart de ces principautés furent renversées pendant les Croisades par les Chrétiens ou par les sultans du Kharism. Les Seldjoucides de Perse finirent en 1194 dans la personne de Togroul II. V. perse, konieh, etc.

SELEF, riv. d’Anatolie. V. calycadnus.

SELEFKEH, Seleucia Trachea ou Sel. Ciliciæ v. de la Turquie d’Asie, ch.-l. de livah, dans le pachalik d’Adana, sur le Selef (Calycadnus), à 16 kil. de son embouchure et à 98 kil. S. O. de Tarsous, ne se compose guère que de cabanes en terre ou en bois. Superbes ruines (théâtre, temple, portiques, nécropole, citadelle, immenses citernes).

SÉLÈNE, nom grec de la Lune ou Diane.

sélène (Cléopâtre), princesse égyptienne, fille de Ptolémée Évergète II, épousa son frère Ptolémée Lathyre (117 av. J.-C.), puis Antiochus Grypus, roi d’Antioche, et enfin Antiochus Eusèbe, neveu de Grypus, et roi de Damas, eut de ce dernier Antiochus l’Asiatique et Seleucus Cybiosactès, et gouverna pendant la minorité de ses enfants, de 80 à 70 av. J.-C. Elle fut mise à mort par Tigrane, roi d’Arménie, qui avait envahi la Syrie.

SÉLENGA, Æchardus, riv. d’Asie, naît en Mongolie, dans le pays des Kalkhas, coule à l’E., puis au N., entre en Sibérie, baigne Sélenginsk et Verknéi-Oudinsk, et tombe dans le lac Baïkal, par 52° 25’ lat. N., après un cours d’env. 1000 kil.

SÉLEUCIDE, contrée de la Syrie, ainsi nommée de Séleucus Nicator, s’étendait le long de la Méditerranée depuis le golfe d’Issus au N. jusqu’à l’embouch. de l’Oronte au S. On l’a souvent nommée Tétrapole, à cause de ses 4 villes principales : Séleucie (Seleucia Pieria), Antioche, Laodicée et Apamée.

SÉLEUCIDES, dynastie macédonienne qui régna sur la Syrie et la Hte-Asie après la mort d’Alexandre, tirait son nom de Séleucus I, un des généraux de ce prince. Sa domination fut de 247 ans (311-64 av. J.-C.). On appelle Ère des Séleucides une ère qui commence à leur avénement. Pour leur succession, V. syrie.

SÉLEUCIE, Seleucia, 1re capit. du roy. de Syrie sous les Séleucides, était en Babylonie, au N., sur la rive droite du Tigre, et fut fondée par Séleucus Nicator vers 307 av. J.-C.; elle passa en 140 sous le pouvoir des rois parthes avec les prov. à l’E. de l’Euphrate, et fut alors remplacée comme capitale des Séleucides par Antioche. La fondation de Ctésiphon sur l’autre rive du Tigre porta un coup fatal à Séleucie, qui depuis ne fit que décliner. Auj. il n’existe de ces deux villes que des ruines, dites Al-Madaïn, aux env. de Bagdad. — On connaît 3 autres Séleucies : Seleucia Pieria, dans la Séleucide, près du mont Piérus et à l’embouch. de l’Oronte ; — Seleucia ad Taurum, en Pisidie, au pied du Taurus ; — Seleucia Ciliciæ ou Trachea, auj. Selefkeh, en Cilicie, sur le Calycadnus et près de son embouchure.

SÉLEUCUS I, dit Nicator (vainqueur), roi de Syrie, chef de la dynastie des Séleucides, né en 354 av. J.-C., fut un des meilleurs officiers d’Alexandre ; il était, lors de la mort de ce prince, gouverneur de la Médie et de la Babylonie, et avait le commandement de la cavalerie (323). Il eut part à la ligue formée par Antigone contre Perdiccas (321), reçut après la victoire la province de Babylonie, accéda à la ligue contre Polysperchon et Eumène, se vit, en 315, chassé de sa province et proscrit par Antigone, qui tendait à engloutir seul la monarchie d’Alexandre, se sauva en Égypte près de Ptolémée, jeta avec lui les bases d’une ligue contre Antigone, et après la victoire de Gaza (312), rentra dans la Babylonie, qui l’accueillit avec ivresse, y joignit l’Assyrie, la Médie, resta possesseur de ces 3 provinces par la paix de 311, acquit ou soumit ensuite la Perse, l’Hyrcanie, la Bactriane et toute la Hte-Asie jusqu’à l’Indus, entra dans la ligue qui détrôna Antigone, et, après la victoire décisive d’Ipsus (301), réunit à ses vastes États la Syrie, la Phrygie, l’Arménie, la Mésopotamie. Il ne tarda pas à se brouiller avec Ptolémée et Lysimaque, et s'unit contre eux à Démétrius Poliorcète, fils d’Antigone, dont il épousa la fille ; mais il eut bientôt à combattre aussi son beau-père qui voulait s’établir en Asie (286) : il le fit prisonnier et le tint deux ans captif (284-83); puis il marcha contre Lysimaque, roi de Thrace et de Macédoine, le battit à Cyropédion (282), ce qui lui valut le surnom de vainqueur des vainqueurs, et se fit proclamer lui-même roi de Macédoine, de Thrace et de l’Asie-Mineure. Il fut tué, au bout de 7 mois, par Ptolémée Céraune (281), qui l’avait inutilement sommé de l’aider à se placer sur le trône d’Égypte. — II, Callinique (le victorieux), 247-25, vit tout son royaume envahi et ravagé par Ptolémée III, qui lui enleva plusieurs provinces et emporta un immense butin (242). Pendant ce temps, l’empire parthe, formé aux dépens des Séleucides, se consolidait par des victoires ; le rebelle Antiochus Hiérax se déclarait roi des provinces de l’Asie-Mineure ; Eumène et Théodote s’agrandissaient, l’un à Pergame (242), l’autre en Bactriane (241). Séleucus marcha contre les Parthes, mais il fut vaincu et pris, et mourut dans les fers. Malgré son surnom, il fut toujours vaincu. — III (225-222), fils du précéd., d’un caractère faible, ne fit rien de remarquable, et périt assassiné par deux de ses officiers, en marchant contre des rebelles dans l’Asie-Mineure. — IV, Philopator (186-174), fils d’Antiochus le Grand, vexa les Juifs, tenta vainement de défendre Pharnace, roi de Pont, contre Eumène, roi de Pergame, et accorda toute sa faveur à Héliodore, qui cependant l’empoisonna et prit lui-même la couronne. — V, fils de Démétrius II Nicator et de Cléopâtre, fut proclamé roi à la mort de son père, 124, mais fut bientôt après assassiné par ordre de sa propre mère, qui mit à sa place son 2e fils, Antiochus Grypus, 123. C’est le Séleucus de la Rodogune de Corneille (V. cléopâtre). — VI, Épiphane (l’illustre), fils aîné d’Antiochus Grypus, ne régna d’abord (97 av. J.-C.) que sur une portion de la Syrie dont Antioche était la capitale, tandis qu’Antiochus de Cyzique, son oncle, régnait sur Damas ; il parvint à reprendre sur celui-ci tout le royaume ; mais il trouva un nouveau compétiteur dans Antiochus-Eusèbe, fils d’Antiochus de Cyzique, fut obligé de se retirer devant lui, et périt à Mopsueste (93).

SELGE, v. de Pisidie, vers le S., au pied du Taurus et sur le Cestros, était très-populeuse. Fondée par une colonie lacédémonienne, elle conserva longtemps son indépendance, et ne fut soumise que par les Romains. Belles ruines au N. E. du village de Boujak.

SELIGENSTADT, ville forte du grand-duché de Hesse-Darmstadt, sur la r. g. du Mein, à 28 kil. N. E. de Darmstadt ; 2600 hab. Anc. abbaye de Bénédictins, fondée par Éginhard et par Emma, fille de Charlemagne (l’église contint jusqu’en 1810 leurs tombeaux, qui ont été transférés à Erbach).

SÉLIM I, le Féroce, sultan ottoman, fils de Bajazet II, né en 1467, régna de 1512 à 1520. Plein de courage et de fermeté, mais ambitieux, perfide et cruel, il détrôna et fit périr son père, ordonna la mort de plusieurs de ses frères, déclara la guerre au chah de Perse Ismaël, prince Chyite qui persécutait les Sunnites, le battit à Tchaldir (1514), soumit la Syrie (1516), et conquit l’Égypte, où il mit fin à la puissance des Mamelouks (1517). De plus, il se fit céder par le dernier des califes abbassides le titre d’iman avec le pouvoir de calife, ce qui le mit au-dessus de tous les princes musulmans. — II, l’Ivrogne, fils de Soliman II, devint sultan en l566, fit la guerre au pape, à Philippe II, roi d’Espagne, aux Vénitiens, auxquels il enleva Chypre en 1570, perdit en 1571 la grande bataille de Lépante, mais n’en réussit pas moins à reprendre Tunis aux Espagnols dès 1573. Il mourut de débauche. — III, né vers 1761, monta sur le trône à la mort de son oncle Abdoul-Hamid (1789), eut à soutenir contre la Russie et l’Autriche une guerre désastreuse que termina la paix d’Iassi (1792), fit cause commune avec l’Angleterre quand Bonaparte envahit l’Égypte, conclut cependant la paix avec la France en 1802, et depuis lors ne s’occupa plus que de réaliser son plan favori, l’introduction de la civilisation européenne dans ses États ; mais ses mesures, trop brusques et souvent violentes, mécontentèrent le peuple et les janissaires : il fut, par une révolution subite, détrôné et relégué dans le sérail (1807). Mustapha Béiraktar ayant tenté de le rétablir, le nouveau sultan, Mustapha IV, le fit étrangler dans sa prison (1808).

SELIMNO, Selymnia, l’Islimnia des Turcs, v. de la Turquie d’Europe (Bulgarie), ch.-l. de sandjakat, sur un affluent de la Tondja et sur le versant S. des Balkans, à 130 kil. N. d’Andrinople ; 20 000 h. Lainages, canons de fusils ; aux env., rosiers en quantité, d’où l’on tire l’huile essentielle de roses. Très-grande foire. Selimno commande le Demir-Kapou ou Porte-de-Fer, un des passages les plus importants des Balkhans. Elle fut prise par les Russes en 1829. — Le sandjakat de S. ne compte pas moins de 200 000 h.

SÉLINONTE, Selinus, auj. Torre di Polluce ? v. de Sicile, sur la côte S. O., était une colonie des Mégariens d’Hybla et fut fondée en 628 av. J.-C. Elle formait un État particulier fort riche, mais souvent en guerre avec Ségeste, et par suite avec Carthage. Détruite par les Carthaginois en 409 av. J.-C., elle fut relevée par Hermocrate (beau-frère de Denys le Jeune), puis de nouveau saccagée en 249 av. J.-C.; les Sarrasins la ruinèrent en 827, et les tremblements de terre renversèrent ce qui restait de ses monuments. On en voit cependant des ruines magnifiques au S. de Pilieri. — Près de Sélinonte, au S. O., était Thermæ Selinuntinæ, auj. Sciacca.

sélinonte, Selinus, auj. Selinti, v. de l’Asie-Mineure (Cilicie), au N. O. d’Antioche, à l’embouchure du fleuve Selinus. Trajan mourut dans cette ville, ce qui lui fit donner le nom de Trajanopolis.

SÉLIS (Nic. Jos.), homme de lettres, né à Paris en 1737, m. en 1802, fut professeur d’éloquence au collége de Louis le Grand, de belles-lettres à l’école centrale du Panthéon, puis remplaça Delille dans sa chaire de poésie latine au Collége de France. Il a laissé, entre autres ouvrages, une bonne traduction en prose de Perse (Paris, 1776 et 1812, in-8), et des Épîtres en vers (1776), d’une touche facile et spirituelle. Il fut de l’Institut dès la création.

SELKIRK, v. d’Écosse, ch.-l. du comté de Selkirk, à 55 k. S. S. E. d’Édimbourg ; 3000 h. Hôtel de ville, bibliothèque, monuments élevés à W. Scott et à Mungo-Park. Cordonnerie, bonneterie, rubans de fil. À 6 k. de la ville est Abbotsford, la célèbre résidence de W. Scott. Il se livra en 1645 à Selkirk une bataille dans laquelle le général des troupes parlementaires, Lesly, défit le comte de Montrose. Après la bataille de Flodden les Anglais brûlèrent Selkirk (1513). — Le comté, entre ceux de Roxburg à l’E., de Dumfries au S., de Peebles à l’O., a 45 k. sur 22, et 900 hab.

SELKIRK (Alexandre), marin écossais, né vers l680, à Lasgo (Fife), était maître sur un bâtiment commandé par le capitaine Pradling qui, mécontent de lui, l’abandonna dans l’île déserte de Juan-Fernandez : il y vécut seul quatre ans et demi à force d’industrie. Au bout de ce temps, il fut trouvé et ramené en Angleterre par Woods Rogers, 1709. Son aventure a fourni à Daniel de Foë le sujet du Robinson Crusoé.

SELLASIE, Sellasia, v. de Laconie, au N. de Sparte, fameuse par la victoire qu’Antigone Doson et les Achéens y remportèrent sur Cléomène III et les Lacédémoniens en 221 av. J.-C. Cette victoire assujétit Sparte à la Macédoine. Ruines près de Kravata.

SELLES-SUR-CHER, ch.-l. de cant. (Loir-et-Cher), à 18 kil. S. O. de Romorantin ; 4672 h. Anc. abbaye de Feuillants, fondée par Childebert ; château, bâti par Philippe de Béthune, frère de Sully.

SELLIÈRES, ch.-l. de c. (Jura), sur la Bienne, à 19 kil. N. de Lons-le-Saunier ; 1857 h. Chevaux de trait, ustensiles en sapin. — V. scellières.

SELLUM, officier juif, tua Zacharie, roi d’Israël (766), et se plaça sur le trône ; mais il fut lui-même mis à mort un mois après par Manahem.

SÉLOMMES, ch.-l. de cant. (Loir-et-Cher), à 11 k. E. de Vendôme ; 846 hab.

SÉLONGEY, ch.-l. de cant. (Côte-d’Or), sur la Venelle, à 34 kil. N. E. de Dijon ; 1530 h. Chapeaux, serges et droguets, étaux en fonte, eau-de-vie de pommes de terre, mégisserie.

SELTZ ou nieder-selters, Elizatium, vge de Prusse (Nassau), à 41 kil. N. de Mayence ; 1000 hab. Eaux gazeuses acidulées froides recherchées pour leurs vertus digestives ; elles s’expédient et s’imitent par toute l’Europe.

seltz, ville d’Alsace-Lorraine, sur le Rhin, rive g., au confluent de ce fleuve avec la Selzbach, à 24 kil. S. E. de Wissembourg ; 1991 hab. Il s’y trouve aussi des eaux minérales mousseuses et salées.

SÉLUNE (la), riv. de France (Manche), naît près de Barenton (arr. de Mortain), coule à l’O. N. O., reçoit le Beuvron et la Sée et se jette dans la baie du mont St-Michel, après 80 kil. de cours.

SÉLYMBRIE, auj. Silivri, v. de Thrace, au S.E., sur la Propontide, entre Héraclée et Byzance, était une colonie de Mégare. Souvent en guerre avec les Thraces, puis avec les Macédoniens, elle tomba enfin au pouvoir de Philippe. Sous l’Empire grec, elle reçut le nom d’Eudoxiopolis en l’honneur d’Eudoxie, femme d’Arcadius. C’est à Sélymbrie que commençait la muraille qu’Anastase fit construire de la Propontide au Pont-Euxin, pour couvrir Constantinople.

SEM, fils aîné de Noé, est le chef de la race qui a peuplé l’Asie. Il eut 5 fils, Élam, Assur, Arphaxad, Lud, Aram, qui furent pères de grands peuples ; le 3e, Arphaxad, compte Abraham dans sa descendance. Sem vécut 600 ans, de 3408 à 2808 av. J.-C.

SEMBLANÇAY. V. samblançay.

SÉMÉI, parent de Saül, insulta David pendant qu’il fuyait devant Absalon révolté. Salomon, que David avait chargé de sa vengeance, le fit décapiter.

SÉMÉLÉ, une des filles de Cadmus et d’Harmonie, fut aimée de Jupiter, qui la rendit enceinte de Bacchus. Junon, jalouse, s’introduisit auprès de Sémélé sous les traits de Béroë, sa nourrice, et lui conseilla perfidement d’exiger du dieu qu’il vînt la visiter dans tout l’éclat de sa gloire. Sémélé se laissa persuader, et détermina Jupiter à lui accorder sa demande ; mais à peine le Dieu fut-il entré que l’édifice s’embrasa et Sémélé périt dans l’incendie : néanmoins Bacchus, qu’elle portait dans son sein, fut miraculeusement conservé (V. bacchus). Selon quelques traditions, elle fut transportée au ciel sous le nom de Thyonée.

SEMENDRAKI, l’anc. Samothrace, île de l’Archipel, à 37 k. S. de la côte de la Roumélie, au N. O. de l’île d’Imbros, appartient aux Turcs et est comprise dans le sandjakat de Gallipoli. V. samothrace.

SÉMENDRIE, c.-à-d. St-André, anc. capitale de la Servie, au confluent du Danube et de la Jessowa, à 44 kil. S. E. de Belgrade ; 12 000 h. Siége d’un archevêché, château fort. — Jadis résidence des rois de Servie. Prise et reprise par les Hongrois et les Turcs, elle resta définitivement aux derniers (1718).

SÉMIGALLE, petit pays compris jadis dans le duché de Courlande, et auj. dans le gouvt russe de Courlande, avait pour ch.-l. Mittau.

SEMINARA, Tauriana, v. d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples (Calabre-Ult. 1re), à 4 kil. de la mer Tyrrhénienne, à 38 kil. N. N. E. de Reggio ; 5000 hab. Détruite par les Sarrasins au xie s., renversée en 1638 et 1783 par des tremblements de terre, mais mieux rebâtie depuis. — Les Français y battirent Gonzalve de Cordoue en 1495 ; celui-ci y prit sa revanche en 1503. Les Français y défirent en 1807 les troupes de la reine de Naples Caroline.

SÉMINOLES, peuple de l’Amérique. V. criks.

SEMIPALATINSK (c.-à-d. les sept Palais), v. forte de la Russie d’Asie (Tomsk), ch.-l. du district de son nom, sur la r. dr. de l’Irtych, au S. E. d’Omsk ; 3000 hab. Grand commerce par caravanes (avec la Boukharie et la Chine). — Le district est formé de parties de la Sibérie et du Turkestan russe situées au N. de l’Irtych. Il est habité par des Kirghis.

SÉMIPÉLAGIANISME, hérésie professée au ve s. par Fauste et Cassien, prétendait concilier les opinions des Pélagiens avec celles des orthodoxes sur la grâce et le péché originel.

SÉMIRAMIS, reine d’Assyrie, célèbre par son génie et sa beauté, avait d’abord été esclave. Ménonès, général au service de Ninus, ayant reconnu ses hautes qualités, la prit pour épouse ; Ninus lui-même en devint épris, et se la fit céder par Ménonès. Sémiramis acquit bientôt sur ce prince un pouvoir sans bornes ; elle le suivit en Bactriane, et la prise de Bactres fut le fruit de ses conseils. Ninus alors l’épousa. Selon une tradition, elle demanda un jour à son époux de lui céder pour un moment tout le pouvoir : celui-ci y ayant consenti, elle en usa pour le faire massacrer par ses gardes. Quoi qu’il en soit, elle lui succéda (1916). Elle agrandit, embellit, fortifia Babylone, l’entoura de murs si larges que deux chariots pouvaient y passer de front, construisit de larges quais couverts de jardins magnifiques, ainsi qu’un pont sur l’Euphrate, une galerie sous le lit du fleuve et un lac pour la décharge des eaux surabondantes. Devenue maîtresse de l’Arménie, elle y fit construire Artemita (Van), et y exécuta des travaux non moins magnifiques qu’à Babylone. Elle soumit l’Arabie, l’Égypte, une partie de l’Éthiopie et de la Libye, et toute l’Asie jusqu’à l’Indus ; mais, ayant éprouvé une défaite sur les bords de ce fleuve, elle ne poussa pas plus loin ses conquêtes. Valère Maxime raconte que, de retour dans sa capitale, elle eut à comprimer une sédition, qui éclata pendant qu’elle était à sa toilette : elle sortit aussitôt de son palais à demi parée, la chevelure en désordre, et à sa vue tout rentra dans l’ordre. Peu après elle expira, laissant le trône à son fils Ninyas, qui peut-être abrégea ses jours (1874). Sémiramis avait fait fleurir dans son vaste royaume le commerce et la civilisation. Les Assyriens l’adorèrent sous la forme d’une colombe (on racontait qu’elle avait été élevée par des colombes ; son nom même voulait dire colombe). Il règne la plus grande incertitude sur l’époque et l’histoire de Sémiramis. Certaines traditions l’accusent d’avoir mené la vie la plus dissolue et d’avoir fait périr, non-seulement son époux, mais tous ses enfants, à l’exception de Ninyas, parce qu’ils la pressaient d’abdiquer. Quelques savants placent son règne au xiie ou même au viiie s. av. J.-C. Il est croyable que les actions attribuées à Sémiramis appartiennent à plusieurs princesses différentes.

SÉMITES, peuples issus de Sem. V. sem.

SÉMITIQUES (Langues), famille de langues qui étaient parlées surtout par les peuples de l’Asie occidentale, issus de Sem. L’arabe ancien en est le type ; l’hébreu, le syriaque, le phénicien, le chaldéen, et peut-être l’ancien égyptien et le copte en sont les idiomes principaux. M. Renan a donné l’Hist. des langues sémitiques, 1856.

SEMLER (Jean Salomon), théologien protestant, né à Saalfed en 1725, m. en 1791, élève et successeur de Baumgarten, professa l’éloquence à Altdorf, puis la théologie à Halle, et adopta un système hardi d’exégèse, qui réduit le Christianisme à une doctrine purement humaine. On a de lui, entre autres écrits : Introduction à l’exégèse théologique (en allem.), Halle, 1760-69 ; Institutio ad doctrinam christianam, 1774, Philosophia, Scripturæ interpres, 1775 ; un Essai d’une Démonologie biblique, 1776.

SEMLIN, v. des États autrichiens (Esclavonie), sur le Danube, près de l’embouch. de la Save, à 80 kil. S. E. de Petervaradin et vis-à-vis de Belgrade ; 10 000 hab. Résidence d’un protopape ; école juive, lazaret. Commerce actif, surtout avec l’Autriche et la Turquie. — Cette ville fut fondée en 1739, sur l’emplacement d’un château de Jean Hunyade.

SÉMONVILLE (Ch. Louis huguet, marquis de), pair de France, fils d’un secrétaire du roi, né en 1754, m. en 1839, entra au parlement de Paris comme conseiller aux enquêtes en 1777, fut chargé sous la République de plusieurs missions à l’étranger, fut arrêté en 1793 par ordre du gouvernement autrichien pendant qu’il se rendait à Constantinople comma ambassadeur, et fut échangé en 1795, ainsi que plusieurs autres conventionnels, contre la fille de Louis XVI ; aida au 18 brumaire, fut nommé conseiller d’État, ambassadeur en Hollande, et sénateur (1805). Pair de France en 1814, il reçut le premier le titre de grand référendaire de la Chambre des pairs. Le 29 juillet 1830 il se rendit aux Tuileries et essaya vainement d’engager les ministres à se retirer ; Charles X, voyant sa cause perdue, le chargea, mais trop tard, de négocier avec les vainqueurs. Continué dans ses fonctions de grand référendaire par le nouveau roi, Sémonville s’en démit en 1834.

SEMOY, riv. qui naît près d’Arlon (Luxembourg), sur les limites de la France, coule à l’O., arrose Bouillon, et se jette dans la Meuse par la r. dr. près de Monthermé (Ardennes) ; cours, 160 kil.

SEMPACH, bourg de Suisse (Lucerne), sur la rive orientale du lac de Sempach, à 13 kil. N. O. de Lucerne ; 1100 h. Les Suisses y remportèrent sur les Autrichiens, le 9 juillet 1336, une victoire mémorable, illustrée par le dévouement d’Arnold de Winkelried. On nomme Convention de Sempach l’acte de confédération conclu entre eux en 1393.

SEMPAD, le Confesseur ou le Martyr, prince arménien, de la race des Pagratides, régna sur l’Arménie de 890 à 914, résista vaillamment aux Musulmans, leur disputa pied à pied toutes ses places fortes, mais finit par tomber entre leurs mains : ayant refusé d’abjurer, il fut écorché vif et mis en croix.

SEMPRONIE, Sempronia, femme de Scipion Émilien et sœur des Gracques, était haïe de son mari à cause de sa laideur et de sa stérilité. On soupçonne qu’elle trempa dans la mort de ce grand homme. — Femme d’un certain Junius qui fut consul l’an 77 av. J.-C., était une des femmes les plus spirituelles, mais aussi une des plus vicieuses de son temps ; elle prit une part active à la conjuration de Catilina.

SEMPRONII forum (Ombrie), auj. Fossombrone.

SEMPRONIUS, nom de 2 familles romaines, l’une patricienne, l’autre plébéienne : à celle-ci appartenaient les Gracchus, les Longus, les Tuditanus. — Tib. Sempronius-Gracchus, consul en 215 et 213 av. J.-C., battit, à la tête des esclaves volontaires, le général carthaginois Hannon à Bénévent, 214 ; il périt dans une embuscade en 212. Il était l’aïeul des Gracques. — Tib. S. Longus, consul en 218 av. J.-C., perdit la bataille de la Trébie contre Annibal, mais obtint plus tard quelques avantages en Lucanie, 215. — P. S. Tuditanus, tribun légionnaire à la bataille de Cannes, échappa au désastre de cette journée et ramena ses soldats à Rome. Consul en 203, il conclut la paix avec Philippe V, et vainquit Annibal à Crotone. — Tib. et Caïus S. Gracchus. V. gracchus.

SEMUR ou semur-en-auxois, Semurium, ch.-l. d’arr. (Côte-d’Or), sur un rocher de granit au pied duquel coule l’Armançon, à 70 kil. N. O. de Dijon. 3675 h. Jolie ville, divisée en trois parties, le Bourg, le Donjon, le Château. Trib., collége, bibliothèque, musée. Beau pont d’une seule arche, église gothique de Notre-Dame, élevée en 1065 par le duc Robert de Bourgogne, pour expier un meurtre ; restes d’anciennes tours. Tanneries, commerce de grains, vins, bestiaux, chevaux. Patrie de Saumaise, de Gueneau de Montbéliard, du chevalier Bonnard, de Ch. Févret. Fondée, après la destruction d’Alise, par ceux qui échappèrent au sac de la ville, elle devint la capitale de l’Auxois ; elle obtint une charte de commune en 1276. Henri IV y transféra le parlement de Dijon en 1590.

semur-en-brionnais, Castrum Sinemurum, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 38 kil. S. O. de Charolles ; 1638 h. Anc. baronnie et capit. du Brionnais.

SENA ou sena gallica, auj. Sinigaglia, v. de l’Italie ancienne, chez les Senones, bâtie vers 358 av. J.-C. par les Gaulois Sénonais, à l’embouch. de la Sena (auj. Cesano). Les Romains y conduisirent, en 283 av. J.-C., leur première colonie au delà de l’Apennin. Asdrubal, frère d’Annibal, y fut défait et tué par Cl. Néron et Liv. Salinator (207). — sena julia, Sienne, v. d’Étrurie, au S. O. de l’Umbro et au N. E. de Volaterra, devint colonie romaine sous Auguste.

sena, v. de la capitainerie générale portugaise de Mozambique, sur la r. dr. du Zambèze, par 32° 10 long. E., 17° 12’ lat. S. Commerce avec l’intérieur. — On nomme Rivières de Sena un gouvt de la capitainerie générale de Mozambique, entre le pays d’Yambara, le Sofala et le Monomotapa ; 650 kil. sur 212 ; villes principales : Sena et Tette (ch.-l.). Sol très-fertile, superbes forêts, café, indigo, plantes médicinales ; or, argent et autres métaux. Ce n’est guère pour les Portugais qu’une possession nominale.

SÉNAC (J. B.), médecin, né en 1693 près de Lombez, m. en 1770, avait été protestant ; il se convertit et même se fit jésuite. Il guérit le maréchal de Saxe d’une maladie dangereuse, devint premier médecin de Louis XV (1752), et jouit d’un grand crédit. On a de lui, entre autres écrits, un Traité de la structure du cœur (1748), réimprimé en 1777 et 1783 avec notes et additions de Portal, et des Mémoires, dans le recueil de l’Académie des sciences. — Son fils, Gabriel Sénac de Meilhan (1736-1803), fut maître des requêtes, intendant d’Aunis, de Provence, de Hainaut, puis intendant de la guerre (1775), émigra en Russie, et fut admis dans la Société intime de Catherine II, qui lui fit une pension. On a de lui : Principes et causes de la Révolution française, Paris, 1790 ; l’Émigré, roman historique ; Considérations sur les richesses, 1787 ; Sur l’esprit et les mœurs, 1788 ; Portraits des personnages distingués de la fin du xviiie s., 1813 (posthume) ; Mém. d’Anne de Gonzague, etc.

SÉNANCOUR (Ét. P. de), écrivain, né à Paris en 1770, m. en 1846, perdit une grande fortune à la Révolution, se retira sur les bords du lac de Genève, et y vécut solitaire, livré à la méditation et atteint d’une mélancolie qu’augmentèrent des infirmités précoces. Imbu des idées de J. J. Rousseau, il avait rêvé la réforme de la société et de la religion. Ces sentiments lui ont inspiré des écrits remarquables par l’originalité du style et la hardiesse du paradoxe : Rêveries sur la nature primitive de l’homme (1798) ; Obermann (1804) ; De l’amour selon les lois primordiales et selon les convenances des sociétés (1805) ; Libres méditations d’un solitaire inconnu (1819) ; Isabelle, roman en forme de lettres (1833). — Sa fille, Virginie de Sénancour, a composé des nouvelles et des romans (Pauline de Sombreuse, la Veuve, etc.) qui offrent des peintures de caractères vraiment neuves.

SENART (Forêt de), grande forêt du dép. de Seine-et-Oise (cant. de Boissy-St-Léger), à 3 k. N. de Corbeil, a 9 k. sur 5 ; elle est traversée par la route de Melun. Les rois de France y faisaient jadis de grandes parties de chasse : c’était aussi le rendez-vous d’un grand nombre de voleurs.

SÉNAT, Senatus (de senex, vieillard), nom donné dans divers États à un corps délibérant investi de plusieurs des attributions de la souveraineté ; le plus souvent il représente l’élément aristocratique et forme le contre-poids de l’élément démocratique. Les sénats
SÉNA
SÉNE
— 1743 —

les plus célèbres sont : chez les anciens, celui des Juifs, connu sous le nom de Sanhédrin (V. ce nom); — celui de Sparte, institué par Lycurgue et composé de 28 membres, qui devaient être âgés de 60 ans au moins : il partageait le pouvoir avec les deux rois ; les sénateurs étaient élus par le peuple et devaient avoir au moins 60 ans ; — celui d’Athènes, institué par Solon ; il se composa d’abord de 400 membres, qu’on nommait les Quatre-Cents : Clisthène en porta le nombre à 500 en 510 av. J.-C.; ils étaient désignés par le sort et divisés en commissions nommées Prytanies (V. ce mot). — celui de Carthage, qui partageait le pouvoir avec les Suffètes ; — enfin celui de Rome, le plus important de tous (V. ci-après). — Chez les modernes, on connaît le sénat de Venise, qui représentait l’aristocratie ; ses membres s’appelaient Pregadi; ils devaient être nobles et âgés de 25 ans au moins. Ce sénat se composa d’abord de 60 sénateurs ; on en porta depuis le nombre à 100 ; — celui de Suède, constitué au xive s., aboli en 1772 par Gustave III, et rétabli en 1809 ; — celui des États-Unis, qui est composé d’env. 70 membres (2 membres par État), élus pour 6 années, et qui, réuni aux Représentants, forme le Congrès : il a, comme la Chambre des représentants, l’initiative des lois et juge les fonctionnaires publics ; — enfin le sénat de France (V. ci-après). — On doit aussi considérer comme autant de sénats les diverses Chambres de pairs. V. pairs.

sénat de rome. Ce corps, institué par Romulus, partagea le souverain pouvoir avec les rois, puis avec les consuls et le peuple ; il délibérait sur la paix et la guerre, rédigeait les lois, réglait les impôts, distribuait les provinces, rendait la justice ; longtemps il fournit seul tous les grands dignitaires. L’institution des tribuns (493 av. J.-C.), l’admission des plébéiens au consulat et à toutes les grandes charges (444-254) avaient déjà diminué son autorité, lorsque C. Gracchus lui fit enlever les fonctions judiciaires, qui furent données aux Chevaliers (123). Sous les empereurs, le sénat vit de plus en plus diminuer son pouvoir et perdit toute indépendance ; il ne se signala guère que par son empressement servile à approuver toutes les volontés des plus cruels tyrans. Depuis le partage de l’Empire, il y eut deux sénats, l’un à Constantinople, l’autre à Rome. Après la conquête de l’Italie par les Barbares, le sénat de Rome fut maintenu par Odoacre et par Théodoric ; il disparut après l’an 552, la plupart de ses membres ayant été massacrés par les soldats du roi goth Téias, pendant qu’ils retournaient à Rome, que Narsès venait de reprendre aux Barbares. — Les sénateurs furent d’abord au nombre de 100 ; on les appelait Patres (pères). Tullus Hostilius en porta le nombre à 200 ; Tarquin l’Ancien en créa 100 autres. Après l’expulsion des rois, Brutus en adjoignit de nouveaux, qui furent appelés Conscripti (ajoutés), d’où, pour le nouveau sénat, le nom de Patres et Conscripti, puis Patres Conscripti. Sous la République, les sénateurs arrivèrent progressivement au nombre de 600. À la mort de César, on comptait plus de 1000 sénateurs ; mais Auguste les réduisit à 600, et depuis ils restèrent à peu près à ce nombre. Ils se réunissaient ordinairement dans la curie Hostilia. — Les premiers sénateurs furent, dit-on, choisis par les curies et les tribus. On ne sait pas bien comment se firent les trois adjonctions subséquentes. Les consuls faisaient, dit-on, les choix. Les grandes charges, y compris le tribunat et l’édilité curule, donnaient droit de siéger au sénat. Lorsque la censure fut établie, c’est aux censeurs qu’il appartint d’admettre ou d’inscrire les sénateurs ; les censeurs avaient aussi le droit de rayer les membres indignes. Le sénateur porté le premier sur la liste des sénateurs était appelé Prince du Sénat (princeps senatus). — Les sénateurs portaient la toge avec une large bande de pourpre semée de clous d’or (laticlave); ils avaient une place réservée dans les spectacles. La fortune d’un sénateur devait être d’au moins 800 000 sesterces (env. 163 000 fr.) au dernier siècle de la république, et de 1 200 000 sous l’empire (244 000 fr.). Le sénat était convoqué par le chef de l’État ou son représentant (consul, maître de la cavalerie, décemvir, etc.), ou par un tribun du peuple. Les assemblées ordinaires étaient au nombre de trois par mois (aux calendes, aux nones, aux ides). Les votes se donnaient, soit de vive voix, soit en allant se ranger du côté de celui dont on adoptait l’avis (de là l’expression : ire pedibus in sententiam alicujus). Les décrets rendus par le sénat se nommaient sénatus-consultes. — Au xiie s., Rome, qui s’était de nouveau érigée en république, eut momentanément un sénat (1140); ce corps fut bientôt remplacé par un seul magistrat, qui prit le nom de sénateur. Ce titre fut conféré, tantôt à des princes étrangers, tantôt au pape même. Rome a encore auj. un sénateur, qui est à la fois le magistrat et le juge suprême de la ville.

sénat conservateur, corps politique créé en France par la constitution de l’an VIII (24 déc. 1799), avait pour mission de veiller à la conservation de la constitution et à l’observation des lois et d’abolir tous les actes inconstitutionnels ; il élisait, d’après les listes dressées dans les départements, les membres du Corps législatif, les consuls, les tribuns, les membres du tribunal de cassation ; il pouvait dissoudre le Corps législatif. Les sénateurs étaient élus par le sénat même, entre les candidats présentés par le Corps législatif, le Tribunat et le 1er Consul ; ils étaient à vie. Leur nombre, d’abord de 60, s’éleva jusqu’à 137. Ils jouissaient d’une dotation qui varia de 25 000 à 36 000 fr. Sous l’Empire, le Sénat perdit toute indépendance, et sanctionna complaisamment tous les décrets impériaux ; il ne fit rien en 1814 pour sauver l’Empereur : aussi ne tarda-t-il pas à devenir fort impopulaire. Au retour des Bourbons, il fut remplacé par la Chambre des Pairs. — Un nouveau Sénat a été établi par la constit. du 14 janv. 1852 et a duré jusqu’au 4 septembre 1870. Il se composait : 1o des cardinaux, maréchaux et amiraux ; 2o des princes français âgés de 18 ans ; 3o des sénateurs nommés par le chef de l’État ; le nombre de ses membres ne pouvait excéder 150. Tous étaient inamovibles et à vie. Chaque sénateur recevait une dotation de 30 000 fr. Le traitement du président était de 120 000 fr. L’Empereur convoquait et prorogeait le Sénat. Le Sénat, gardien du pacte fondamental et des libertés publiques, homologuait les lois, recevait et appréciait les pétitions des citoyens, réglait par des sénatus-consultes la constitution des colonies, interprétait les articles de la constitution susceptibles de difficulté, et pouvait proposer des modifications à la constitution.

SÉNATUS-CONSULTE. V. sénat.

SENAULT (J. Fr.), supérieur général de l’Oratoire, né à Anvers vers 1600, m. en 1672, vint de bonne heure en France, et fut un des bons prédicateurs du temps. Modeste et désintéressé, il refusa plusieurs bénéfices, et même l’épiscopat. On a de lui des Panégyriques des saints, 1656-58 ; des Oraisons funèbres, et un bon Traité de l’usage des passions, 1641.

SENEBIER (Jean), naturaliste, né à Genève en 1742, m. en 1809, pasteur et bibliothécaire à Genève, se fit un nom comme botaniste et bibliographe, et fut membre de presque toutes les Académies de l’Europe. Il a publié, entre autres ouvrages : un Essai sur l’art d’observer, Genève, 1175 ; l’Histoire littéraire de Genève ; un Catalogue raisonné des manuscrits de la bibliothèque de Genève, des Mémoires physico-chimiques, une Physiologie végétale, une Météorologie pratique.

SENECA, lac des États-Unis de l’Amérique du Nord, dans l’État de New-York, communique avec les lacs Cayuga et Érié, par le canal de Seneca. Ce nom lui vient d’une peuplade indigène répandue sur ses bords dans les États de New-York et de l’Ohio.

SÉNECÉ (Ant. bauderon de), poëte français, né en 1643 à Mâcon, m. en 1737, quitta la France à la suite d’un duel, visita la Savoie et l’Espagne, devint à son retour 1er  valet de chambre de la reine Marie-Thérèse, puis s’attacha à Mme d’Angoulême, et sut plaire à tout le monde par son caractère aimable et enjoué. On a de lui des Nouvelles en vers, 1695 ; des Satires, 1695, parmi lesquelles on remarque les Travaux d’Apollon ; des Épigrammes, et une Critique des Mémoires du card. de Retz. Ses Œuvres ont été réunies par Auger (1805). MM. E. Chasles et Cap ont donné en 1856 ses Œuvres posthumes.

SÉNÉCHAL (Grand), ancien grand officier de la couronne de France, réunissait des attributions fort diverses : il avait la surintendance de la maison du roi et des finances, la conduite des troupes, portait à l’armée la bannière royale, et rendait la justice au nom du roi. Cette dignité était la première du royaume, et paraît avoir remplacé, sous la 2e race, celle de maire du palais. Elle devint au xe s. héréditaire dans la maison d’Anjou. Elle fut supprimée en 1191 par Philippe-Auguste; Thibaut le Bon, comte de Blois, en fut revêtu le dernier. Les fonctions et l’autorité du grand-sénéchal furent alors partagées entre le connétable et le grand maître de la maison du roi. Le sénéchal n’était dans l’origine qu’un des domestiques de la maison du prince : son emploi consistait à placer les plats sur la table du roi, et c’est de là, à ce qu’on croit, que lui vient son nom : siniscalco (qu’on dérive du germanique senne, cabane, maison, et schalk, serviteur), voulant dire, dans la vieille langue franque, præpositus mensæ, dapifer. — Les grands feudataires avaient chacun leur sénéchal : on connaît surtout le grand sénéchal de Bretagne, et celui de Guyenne, qui avait sous lui trois sénéchaux (ceux de Saintonge, de Quercy, de Limousin). — Après la suppression de la charge de grand sénéchal, les sénéchaux ne furent plus que des officiers subalternes, qui rendaient la justice, soit au nom du roi, soit au nom des seigneurs. On appelait sénéchaussée tout le pays compris dans le ressort de la juridiction d’un sénéchal. Le nom de sénéchaussée prévalait surtout dans le midi, comme celui de bailliage dans le nord. Au moment de la révolution de 1789, toute la France était encore divisée en sénéchaussées et bailliages. — En Angleterre, la dignité de grand sénéchal (Lord high stewart) était aussi la première du royaume ; elle ne fut abolie que fort tard, par Henri IV. Aujourd’hui encore le monarque d’Angleterre crée temporairement un grand sénéchal : 1o pour la cérémonie du couronnement ; 2o lorsqu’il s’agit de juger un pair accusé de crime capital.

SENECTERRE. V. saint-nectaire.

SÉNEF, v. de Belgique (Hainaut), à 20 kil. N. O. de Charleroi ; 3000 h. En 1674, Condé y vainquit le prince d’Orange après une bataille sanglante ; en 1794, les Autrichiens y furent battus par les Français.

SENEFELDER (aloys), inventeur de la lithographie, né à Prague en 1771, m. en 1834, était fils d’un comédien. Il s’engagea lui-même dans une troupe dramatique en 1791 ; se voyant mal accueilli, il voulut se faire auteur : il donna en 1792 et 1793, à Munich, deux pièces qui eurent peu de succès, et finit par se mettre à copier de la musique. En cherchant le moyen le plus économique de graver la musique, il fut conduit à employer la pierre au lieu du cuivre, et eut ainsi la première idée de la lithographie (1793); après avoir lutté longtemps contre des obstacles de tout genre, il forma en 1796 à Munich une association avec Gleisner, directeur de la musique de la cour, et put dès lors appliquer en grand le nouvel art. Il alla lui-même le faire connaître dans les principales villes de l’Europe, et fut en 1810 nommé par le roi de Bavière directeur de la lithographie royale de Munich, fonctions qu’il conserva jusqu’à sa mort. Senefelder a publié à Munich en 1819 l’Art de la lithographie.

SÉNÉGAL (le), grand fleuve d’Afrique, naît dans le Fouta-Djalo par 13° 37’ long. O. et 10° 40’ lat. N., est d’abord connu sous le nom de Bafing (fleuve noir), arrose le Fouta-Djalo, le Djallonkadou, le


Bambouk, le Kadjaaga, le Kasson, le Fouta-Toro, l’Oualo, passe à Fort-St-Joseph, Bakel, Podor, Daghana, St-Louis, forme nombre d’îles, dont quelques-unes très-grandes, et tombe dans l’Océan, après un cours d’env. 1700 kil., par une large embouchure, obstruée de sables, ce qui rend ses eaux stagnantes et gêne la navigation. Ses principaux affluents sont le Kokoro et la Falémé. Ce fleuve roule des paillettes d’or. — Quelques savants croient que le Sénégal fut découvert par Euthymème, navigateur marseillais, et qu’il était connu des anciens sous le nom de Daradus. Quoi qu’il en soit, il n’est connu des modernes que depuis le xive s. : des navigateurs dieppois fondèrent des comptoirs à son embouchure vers 1360. La France est auj. maîtresse d’une grande partie du cours du Sénégal. — La colonie du Sénégal, établie sur les bords du fleuve, a été longtemps divisée en 2 arrondissements, St-Louis et Gorée. Le 1er comprenait l’île de St-Louis, les établissements de Richard-Tol, Lampsar, Marinaghem, Sedhiou, Daghana, Bakel, Podor, et la partie de la côte qui s’étend depuis le cap Blanc jusqu’à la baie d’Iof ; le 2e, la côte depuis la baie d’Iof jusqu’à l’île de Gorée, et au comptoir de Séghiou. Ce nombre a été porté à 7 en 1862 : St-Louis, Richard-Tol, Daghana, Podor, Bakel, Gorée et Sedhiou. On y rattache comme dépendances les comptoirs d’Assinie, de Gabon, de Grand-Bassam. On y compte à peine 3000 Européens ; la population indigène est d’env. 62 000 âmes. La colonie a pour ch.-l. St-Louis et est régie par un gouverneur. Climat très-chaud : le thermomètre marque presque toujours 28° centigrades, et monte jusqu’à 40. Les établissements du Sénégal fournissent en grande quantité de la gomme et des arachides, et, en outre, de la poudre d’or, de la cire, des dents d’éléphant. — Les côtes du Sénégal furent dès le xive s. visitées par des marchands de Dieppe et de Rouen, qui y formèrent plusieurs comptoirs. Ces établissements furent cédés en 1664 à la Compagnie des Indes occidentales, puis aux diverses Compagnies du Sénégal, enfin à la Compagnie des Indes orientales, sous laquelle ils prospérèrent. Pris par les Anglais en 1763, rendus en 1783, repris en 1809, ils furent restitués en 1814 à la France, qui n’en reprit possession qu’en 1817. Depuis 1855, la colonie du Sénégal a reçu une grande extension, grâce à l’administration du gén. Faidherbe, dont les travaux scientifiques ont mieux fait connaître ce pays.

SÉNÉGAMBIE, contrée de l’Afrique occidentale, s’étend du N. au S. depuis le Sahara jusqu’à la côte de Sierra-Leone, et de l’O. à l’E. depuis l’Océan atlantique jusqu’à la Nigritie centrale, de 20° à 10° long. O., et de 16° à 10° lat. N. : 1050 k. de l’O. à l’E. sur 650 de largeur moyenne ; env. 12 000 000 d’hab. Elle doit son nom au Sénégal et à la Gambie qui l’arrosent. Elle est habitée par des nègres, et forme la Nigritie occid. du Nord. Elle comprend nombre de petits États qui, à l’exception du Galam et du Djallonkadou, habités par des peuplades indépendantes, peuvent être répartis en trois groupes : États Peuls, États Mandingues et États Ghiolofs. V. ces noms.

La Sénégambie est excessivement chaude, malsaine et sujette à d’effroyables ouragans, mais très-fertile, sauf dans quelques déserts ; il y croît d’énormes baobabs et un grand nombre de gommiers.

SÉNÈQUE le Rhéteur, M. Annæus Seneca, père du philosophe de ce nom, naquit à Cordoue vers 58 av. J.-C., vint de bonne heure à Rome, y tint longtemps école de rhétorique, et y mourut l’an 32 de J.-C. Il avait une mémoire prodigieuse et pouvait retenir jusqu’à deux mille noms sans suite, prononcés une seule fois en sa présence. On a de lui, sous le titre de Déclamations, deux recueils intitulés, l’un, Suasoriæ (1 seul livre); l’autre, Controversiæ (il y en avait 10 livres, mais on n’en a qu’une partie); ils se composent de passages choisis des compositions de ses élèves, ou de discours prononcés en sa présence dans les écoles par les rhéteurs les plus célèbres, et que, grâce à sa prodigieuse mémoire, il avait retenus. Ces deux recueils, qui ne contiennent le plus souvent que des sujets bizarres, traités dans un style plein d’affectation, n’ont guère d’intérêt que par les détails qu’ils nous donnent sur les mœurs du temps. Il se trouvent ordinairement à la suite des Œuvres de Sénèque le Philosophe ; ils ont été trad. en franç. par Lesfargues, 1639. Sénèque le Rhéteur laissa trois fils, M. Annæus S. Novatus Gallio, proconsul en Achaïe (V. gallion), L. Annæus S., le philosophe (qui suit), et Annæeus S. Méla, père de Lucain.

sénèque le Philosophe, Luc. Annæus Seneca, fils du précéd., né à Cordoue l’an 3 de J.-C. étudia l’éloquence sous son père et suivit d’abord le barreau ; son talent oratoire ayant donné de l’ombrage à Caligula, il quitta cette carrière pour s’adonner à la philosophie. Il embrassa la secte du Portique et ouvrit lui-même une école qui fut bientôt très-fréquentée. Cependant, après la mort de Caligula, il courut la carrière des honneurs et arriva à la questure. Sous Claude, il fut accusé par Messaline d’intrigues criminelles avec Julie, fille de Germanicus et nièce de l’empereur, et fut exilé en Corse (41 de J.-C.); c’est en vain que pour obtenir son rappel il adressa les plus humbles supplications à l’affranchi Polybe, favori de Claude : il resta huit ans dans cet exil, et ne fut rappelé qu’à la mort de Messaline (48). La nouvelle impératrice, Agrippine, obtint son rappel, le fit élever à la préture et lui confia l’éducation de son fils Néron (50) : il réussit mieux à orner l’esprit de son élève qu’à former son cœur. Quand Néron fut monté sur le trône, Sénèque resta auprès de lui comme un de ses principaux ministres, et réussit quelque temps, avec le concours de Burrhus, à contenir ce naturel féroce ; mais bientôt l’empereur, se livrant à toutes sortes de crimes et de désordres, ne vit plus en lui qu’un censeur incommode. Sénèque voulut alors se retirer et rendre à l’empereur tous ses dons : Néron s’y opposa par hypocrisie et le combla de caresses ; mais il ne tarda pas à se défaire de lui en l’enveloppant dans la conspiration de Pison : il lui envoya l’ordre de se donner la mort (65); le philosophe se fit ouvrir les veines et subit son sort avec une fermeté stoïque. On reproche à Sénèque d’avoir amassé des richesses immenses pendant qu’il était en crédit, et d’avoir écrit en faveur de la pauvreté au milieu des jouissances du luxe. Tacite et surtout Dion Cassius ont rapporté plusieurs imputations peu honorables pour sa mémoire : c’est ainsi qu’on l’accuse d’avoir approuvé l’empoisonnement de Britannicus, et d’avoir fait l’apologie du meurtre d’Agrippine ; mais ces accusations ne paraissent pas suffisamment fondées. Nous avons un grand nombre d’écrits philosophiques de Sénèque : les traités des Bienfaits, de la Colère, de la Clémence, de la Tranquillité de l’âme, de la Brièveté de la vie, de la Constance du sage, de la Providence ; les Consolations à Helvia (sa mère), à Marcia, à Polybe, les Questions naturelles (en 7 livres), et 124 Lettres morales, adressées à Lucilius. Partout il prêche la morale la plus austère, et enseigne surtout le mépris de la mort ; presque tous ses écrits, les Lettres surtout, sont remarquables par la connaissance du cœur humain et contiennent d’excellents conseils pratiques ; on y trouve en outre des paroles généreuses en faveur des esclaves et des idées de fraternité universelle qui ont fait supposer, mais sans fondement, qu’il avait correspondu avec S. Paul. Son style est brillant et élégant, mais souvent affecté, rempli d'antithèses et gâté par la recherche du trait ; il vise trop à l’effet. Quintilien l’accuse d'avoir corrompu le goût de son siècle. Outre les traités philosophiques, on a encore sous le nom de Sénèque dix tragédies (Médée, Hippolyte, les Troyennes, Agamemnon, Œdipe, Thyeste, Hercule furieux, Hercule sur l’Œta, la Thébaïde, Octavie). Les savants sont incertains sur le véritable auteur de ces tragédies : la plupart donnent à Sénèque la Médée, peut-être aussi Hippolyte, Agamemnon et les Troyennes, mais plusieurs


pensent que les autres pièces sont de divers auteurs et ont été annexées par les copistes aux précédentes. Du reste, ces pièces, faites plutôt pour être lues que pour être représentées, n’ont aucune valeur dramatique ; elles ne sont remarquables que par l’éclat et l’élégance du style ; malheureusement l’auteur y tombe souvent dans l’affectation et l’enflure. Les Œuvres philosophiques ont été éditées et commentées par Érasme, Bâle, 1515 et 1529, in-f.; Muret, 1593 ; J. Gruter, 1594 ; Juste-Lipse, Anvers, 1605 ; D. Godefroy, Paris, 1607 ; Gronovius, Leyde, 1649 ; cum notis Variorum, 3 vol. in-8, Amst., 1672 ; aux Deux-Ponts, 1782. Les éditions les plus récentes sont celles de Ruhkopf, Leipsick, 1797-1812, 5 vol. in-8 ; de M. N. Bouillet, avec un choix des commentaires, dans la collection des Classiques latins de Lemaire, 5 v. in-8, 1827-32, et de Fickert, 6 v. in-8, Leips., 1842-47. Elles ont été trad. par Lagrange, 1778, 7 vol. in-12 (sans texte), et 1819, 14 vol. in-12 (avec le texte en regard et des notes de Naigeon). Il en a également paru des traductions complètes dans les collections Panckoucke et Nisard. — Les tragédies ont eu aussi de nombreux éditeurs : Ascensius, Paris, 1514 ; Delrio, Anvers, 1576 et 1593 ; J.F. Gronovius, Leyde, 1661 ; Schrœder, Delft, 1728 ; enfin M. Pierrot, dans la collection Lemaire, 3 vol. in-8, 1829-1832. Elles ont été traduites en franç. par Coupé (1795), Levée (1822), Greslou (dans la collect. Panckoucke), 1834, Savalète et Desforges (dans la collection Nisard), 1844. On peut consulter sur cet auteur l’Essai sur la vie et les ouvrages de Sénèque, de Diderot, écrit enthousiaste, mais déclamatoire ; l’Abrégé analytique de la vie et des œuvres de Sénèque, de Vernier, 1812, la Vie de Sénèque, de Rosmini, en italien ; Reinhardt, De L. A. Senecæ vita atque scriptis, Iéna, 1817 ; Brink, De L. A. Senecæ ejusque in philosophiam meritis, Groningue, 1829. On doit à M. A. Fleury de curieuses Recherches sur les rapports du philosophe avec S. Paul, Paris, 1853.

SENEZ, Sanicium, ch.-l. de c. (Basses-Alpes), à 12 kil. N. O. de Castellane ; 1800 hab. Filatures de soie. Anc. évêché, érigé dès 450. (V. soanen.)

SENKENBERG (H. Chrétien, baron de), jurisconsulte, né en 1704 à Francfort-sur-le-Mein, m. en 1768, fut professeur à l’Université de Giessen, conseiller de l’électeur de Hanovre, jurisconsulte du margrave de Brandebourg-Anspach et du prince de Nassau-Orange, enfin conseiller aulique de l’empereur, qui le fit baron (1745). On a de lui : Corpus juris feudalis germanici, 1740 ; De la juridiction suprême de l’empereur en Allemagne, 1760 ; Corpus juris germanici publici ac privati ineditum, Francfort, 1760-66, 2 vol. in-f. — Charles S., fils du préc., trouva en 1777 dans les papiers de son père une copie authentique de la renonciation faite en 1129 par Albert d’Autriche au duché bavarois de Strauhingen, et força par là l’Autriche à se désister de ses prétentions à la succession de la Bavière.

SENLIS, Augustomagus, puis Sylvanectes, ch.-l. d’arr. (Oise), sur la Nonette, à 52 k. S. E. de Beauvais et à 50 k. N. E. de Paris ; 5831 hab. Trib. de 1re inst., institution St-Vincent ; cathédrale gothique, bibliothèque, théâtre. Chemin de fer pour Paris et Soissons. Aux env., jolis bois de Senlis, d’Ermenonville, de Chantilly, etc. Carrières de pierre, sable qui sert à faire les glaces de St-Gobain ; filatures, fabriques de toiles et de dentelles. Patrie de Simon Goulart, de Baumé ; résidence du poëte Linière. — Senlis, la capitale des Silvanectes, fit sous les Romains partie de la 2e Belgique. Sous les deux premières races, elle fut une résidence royale : elle était fortifiée, avait un évêché et un présidial. Comprise par sa position géographique dans le Valois, qui faisait partie de la Hte-Picardie, elle dépendait cependant du gouvt de l’Île-de-France. Elle tomba au pouvoir du duc de Bourgogne en 1414 ; Charles VII la reprit en 1429 ; les Ligueurs y entrèrent en 1589, mais en furent bientôt chassés. Deux traités furent conclus à Senlis : l’un, en 1473, entre Louis XI et le duc de Bretagne ; l’autre, en 1493, entre Charles VII, et Maximilien d’Autriche : par ce dernier, Charles restituait à Maximilien la Franche-Comté et l’Artois.

SENNAAR, nom donné dans la Bible au pays compris entre le Tigre et l’Euphrate, près de leur jonction, pays où, dit-on, séjournèrent les enfants de Noé jusqu’à la construction de la tour de Babel. Il comprenait la Mésopotamie et partie de la Babylonie.

sennaar, v. de Nubie, capit. de l’anc. roy. de Sennaar, sur le Bahr-el-Azrelt, par 31° 24’ long. E., 13° 36’ lat. N. ; 10 000 hab. Mosquée assez belle, palais du roi à 4 étages ; du reste, ce ne sont que des cabanes couvertes de chaume (sauf quelques maisons de négociants européens). — Le Sennaar, situé entre le Bahr-el-Azrek et le Bahr-el-Abiad, est borné au N. par le Dougola, à l’O. par le Kordofan, au S. E. par l’Abyssinie. Il fait avec l’Égypte un commerce actif qui consiste surtout en esclaves, ivoire, encens, gommes, baumes, parfums, plantes médicinales, plumes d’autruche. — Le Sennaar a longtemps formé un royaume puissant. La dernière dynastie, celle des Foungis, venue du Soudan a duré 336 ans (1484-1820) ; elle domina jusqu’en 1770 sur la Nubie méridionale tout entière. Ismaïl-Pacha, fils de Méhémet-Ali, en fit la conquête de 1820 à 1822 : c’est encore auj. une province de l’Égypte.

SENNACHÉRIB, roi d’Assyrie (712-707), fils et successeur de Salmanasar, prit quelques places aux Juifs, battit les rois d’Égypte et d’Éthiopie qui venaient les secourir, ravagea 3 ans l’Égypte, où il fit un énorme butin, puis mit le siége devant Jérusalem, où régnait le pieux Ézéchias ; mais il perdit en une nuit 185 000 hommes, qui furent tués par l’Ange exterminateur. Pour se venger, il fit périr un grand nombre d’Israélites, captifs à Ninive, et défendit qu’on leur donnât la sépulture, défense que Tobie ne craignit pas d’enfreindre (V. tobie). Il périt dans ses États, assassiné par deux de ses fils. On croit que c’est lui qui est appelé Sargon dans le livre d’Isaïe. On lui attribue le palais de Koyoundjek, découvert en 1851. D’après les inscriptions cunéiformes récemment expliquées, ce prince aurait régné au moins 22 ans.

SENNE (la), riv. de Belgique, naît dans le Hainaut, au S. E. de Soignies, arrose le Brabant mérid. (où elle baigne Bruxelles), et la prov. d’Anvers et se jette dans la Dyle, par la rive droite, près de Malines, après un cours de 100 kil.

SENNECEY-LE-GRAND, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 16 kil. S. de Châlon-sur-Saône ; 2641 hab. Anc. Château. Station de chemin de fer.

SENNETERRE. V. saint-nectaire.

SENONAIS (le), Senones, partie du grand gouvt de Champagne et Brie, à l’angle S. O., aux confins de l’Île-de-France, de l’Orléanais, du Nivernais et de la Bourgogne, renfermait Sens, Joigny, Montereau, Tonnerre, St-Florentin, Villeneuve-le-Roi, Villeneuve-l’Archevêque, Châblis, Nogent-sur-Seine. Auj. compris dans le dép. de l’Yonne et dans une petite partie de celui de l’Aube. — Pour les Sénonais, peuple gaulois, V. senones.

SENONCHES, ch.-l. de c. (Eure-et-Loir), à 34 k. S. O. de Dreux ; 2035 h. Chaux hydrauliq. estimée.

SENONES, peuple de la Gaule, dans la Lyonnaise 4e, entre les Aureliani, les Carnutes, les Lingones, les Tricasses et les Ædui, occupait à peu près le Sénonais moderne et avait pour ch.-l. Agedincum ou Senones, auj. Sens. Une grande partie de ce peuple passa en Italie, et vint s’établir d’abord dans l’E. de la Gaule Cisalpine, puis dans la partie de l’Italie qui prit leur nom. Conduits par Brennus, les Senones prirent Rome en 389 av. J.-C. ; ils firent depuis 3 invasions contre elle (368, 361-59, 350). Vers 358, ils se fixèrent définitivement dans la partie de l’Italie qui prit leur nom, et qu’ils enlevèrent aux Ombriens. Ce pays, situé entre le Picenum à l’E., l’Ombrie au S., la Gaule Cisalpine à l’O., et l’Adriatique au N., avait pour villes principales Sena-Gallica, Pisaurum,


Ariminum. En 308 et en 283, les Senones firent de nouveau la guerre aux Romains, mais ils furent vaincus la 1re fois à Mévanie, la 2e près du lac Vadimon, et furent dès lors soumis à Rome. Ils tentèrent en vain de reprendre leur indépendance en 237, en 224, et lors de la 2e guerre punique. — Dans la division romaine de la Gaule, les Senones restés en Gaule furent compris dans la Lyonnaise IVe. V. sens.

SÉNONES, ch.-l. de c. (Vosges), à 20 kil. N. de St-Dié ; 2503 h. Anc. ch.-l. de la principauté de Salm. Sénones possédait jadis une célèbre abbaye de Bénédictins, fondée en 661 par l’archevêque de Sens (Senones), d’où son nom, et dont Calmet fut abbé.

SENS, Agedincum, puis Senones, ch.-l. d’arr. (Yonne), sur le chemin de fer de Paris à Lyon et sur la r. dr. de l’Yonne, près de son confluent avec la Vannes, dont les dérivations arrosent la ville, à 58 k. N. O. d’Auxerre par la route et 62 par le chemin de fer ; 11 098 hab. Archevêché, trib. de 1re inst. et de commerce ; lycée, séminaire, bibliothèque, théâtre. Belle cathédrale de St-Étienne (où sont les tombeaux du Dauphin, fils de Louis XV, et du chancelier Duprat) ; statue de Thénard, né aux environs. Moulins à tanneries, filatures. Commerce de vins, grains, foins, bois flotté, charbon. — Anc. capitale des Gaulois Sénonais, dont une partie émigra en Italie, cette ville devint au ive s. le ch.-l. de la Lyonnaise 4e. Clovis s’en empara vers 486. Depuis le ixe s., elle fut gouvernée par des comtes, qui devinrent héréditaires au xe. Une commune y fut établie par Louis VII. Sens entra avec ardeur dans la Ligue, résista à Henri IV en 1590, et ne se soumit qu’en 1594. En 1814, cette ville soutint un siége de 15 jours contre les alliés. Sens fut longtemps la métropole de Paris : son archevêque prenait le titre de Primat des Gaules. Il s’y tint plusieurs conciles, entre autres celui où fut condamné Abélard (1140). Avant la Révolution de 1789, elle était le ch.-l. du Sénonais, partie du gouvt de Champagne-et-Brie.

SENSÉE (la), riv. de France (Pas-de-Calais), naît près de Bapaume, passe près d’Arleux et tombe dans l’Escaut à Bouchain, après un cours de 50 kil. — Elle fournit ses eaux au canal de la Sensée, qui va d’Arleux à Douay, et met en communication la Scarpe et l’Escaut. Ce canal a 24 kil. de long. Commencé par Vauban en 1690, il ne fut achevé qu’en 1820.

SENSUALISME, doctrine philosophique opposée à l’idéalisme, fait dériver toutes nos idées des sens, et donne pour unique but à notre existence les jouissances sensuelles ; elle s’allie le plus souvent au matérialisme et à l’athéisme. Les sensualistes les plus célèbres sont, chez les anciens, Démocrite, Leucippe, Aristippe, Épicure, Lucrèce, auteur du poëme De la nature ; chez les modernes, Hobbes, Gassendi, Condillac, Helvétius, Cabanis, de Tracy, Broussais, Hartley, Priestley. On met souvent, mais à tort, au nombre des sensualistes Aristote, Bacon, Locke, qui, tout en accordant le principal rôle à l’expérience, ont reconnu que la sensation ne peut suffire pour expliquer toutes nos idées.

SENTINUM, v. d’Ombrie dans l’Apennin, près des sources de l’Æsis, est célèbre par la victoire de Fabius Rullianus sur l’armée confédérée des Samnites, des Ombriens et des Étrusques, et par le dévouement du second Décius (295 av. J.-C.).

SÉOGOUN, chef temporel du Japon. V. koubo.

SÉPARATISTES. On applique spécialement ce nom, 1o en Angleterre à ceux qui s’élevèrent contre l’Église anglicane sous Édouard VI et Élisabeth ; ils avaient pour chef Robert Brown ; 2o en Allemagne, aux Piétistes disciples de Spéner ; 3o aux États-Unis à ceux des États qui se séparèrent de l’Union en 1861.

SÉPHORA, femme de Moïse. V. moïse.

SÉPHORIS, v. de Palestine, anc. capit. de la Galilée, entre Nazareth et Cana, est la patrie de Joachim et d’Anne, le père et la mère de la Ste Vierge. Hérode Antipas donna à cette ville, par flatterie, le nom de Diocésarée. En 353, les Romains, contre qui elle s’était révoltée, la saccagèrent. Relevée au temps des Croisades, elle fut de nouveau dévastée par Saladin après la bataille de Tibériade. C’est auj. le vge de Sefouri, qui compte à peine 600 h.

SEPT ANS (Guerre de), guerre européenne qui commença en 1756 et finit en 1763, eut pour cause la jalousie de l’Autriche, qui voyait avec regret s’élever au N. de l’Allemagne une puissance rivale de la sienne, et qui voulait reprendre la Silésie dont la Prusse s’était emparée dès 1740. Cette guerre se divise en deux parties : 1o lutte du roi de Prusse Frédéric II (appuyé par l’Angleterre) contre l’Autriche, la Saxe, la France et la Russie ; 2o lutte de l’Angleterre contre la France et l’Espagne (principalement sur mer et aux Indes). Malgré son génie et d’étonnantes victoires, Frédéric y fut souvent battu et réduit aux abois, et en 1762 rien ne pouvait l’empêcher de périr si l’impératrice Élisabeth, son ennemie, n’eût été remplacée sur le trône de Russie par Pierre III, qui soudain se déclara pour la Prusse. Les traités de Paris et de Hubertsbourg (1763) mirent fin à la guerre. Frédéric garda la Silésie ; l’Espagne, obligée de céder aux Anglais la Floride et la baie de Pensacola, ne recouvra en échange que Minorque. Les résultats de cette guerre furent surtout désastreux pour la France : elle perdit, avec sa marine, sa suprématie et les dix-neuf vingtièmes de ses possessions aux Indes, ainsi que le Canada ; elle laissa l’Angleterre commencer sur les ruines de la puissance du Grand Mogol ce vaste empire que Dupleix et La Bourdonnais avaient voulu donner à la France.

On donne aussi quelquefois le nom de Guerre de Sept ans à la guerre de la Succession d’Autriche.

SEPTANTE (Version des), traduction grecque de l’Ancien Testament faite sous les auspices du sanhédrin juif d’Égypte qui se composait de 72 membres (en nombre rond, 70, septante). On a longtemps cru, sur l’autorité d’Aristée, qu’elle était l’ouvrage de 70 ou 72 traducteurs, et qu’elle fut faite par l’ordre de Ptolémée II (Philadelphe) ; il est à peu près certain au contraire que la traduction du Pentateuque existait antérieurement, au plus tard sous Ptolémée I (Soter), que les autres livres furent traduits successivement, et les derniers sans doute très-tard ; qu’enfin les Lagides ne furent pour rien dans cette traduction, qui n’eut d’autre cause que le besoin qu’éprouvaient les Juifs hellénistes d’avoir un texte grec authentique du Pentateuque pour le lire dans leur synagogue. La version des Septante existe encore, mais le texte en est extrêmement fautif ; on en a plusieurs éditions remarquables ; celle d’Alcala, dans la Bible polyglotte de Ximénez (1514-17); celle d’Alde, 1518, in-fol.; celle de Rome ou de Vatican, 1590, in-fol. (faite par ordre de Sixte-Quint); celle de Paris, publiée en 1628 par ordre de l’Assemblée générale du clergé de France. Elle a été reproduite par l’abbé Jager dans la Bibliothèque grecque de Didot.

SEPT-CAPS (les) ou bugaroni, cap de l’Algérie, par 37° lat. N., 4° 8’ long. E.

SEPT CHEFS (les), nom donné aux sept princes qui prirent part à la 1re guerre contre Thèbes, guerre entreprise pour rétablir Polynice sur le trône de Thèbes, usurpé par Étéocle (V. étéocle). Les sept chefs étaient Polynice, Adraste, Tydée, Amphiaraüs, Hippomédon, Parthénopée, Capanée ; ils périrent tous à l’exception d’Adraste ; mais ils laissèrent des fils qui, pour les venger, firent à Thèbes une 2e guerre, dite Guerre des Épigones (V. ce mot). On place ces guerres au xiiie s. av. J.-C. Nous avons d’Eschyle une tragédie intitulée : Les Sept chefs devant Thèbes.

SEPTCHÈNES (leclerc de), littérateur, fils du 1er commis des finances, était devenu, après des voyages en Angleterre, Hollande, Italie, Suisse, secrétaire du cabinet de Louis XVI. Il m. en 1788, encore jeune. On a de lui un Essai sur la religion des anciens Grecs, et la traduction des 3 premiers vol. de l’Histoire de la décadence et de la chute de l’empire romain de Gibbon, traduction attribuée aussi à Louis XVI.

SEPT-COMMUNES (les) Sette-Communi. On nommait ainsi jadis une petite république d’Italie, dont le territoire, situé au milieu des États vénitiens de Terre Ferme, s’étendait depuis la Brenta et l’Astico jusqu’aux monts de Marostica et de St-Michel ; 40 000 hab.; ch.-l., Asiago. Les habitants se croient issus des Cimbres taillés en pièces à la bataille de Verceil ; c’est bien plutôt une colonie allemande venue dans ce pays au moyen âge à la suite des empereurs. Ils occupent la partie septentr. de la province de Vicence.

SEPT-DORMANTS (les). V. dormants.

SEPTEMBRE (Massacres de). Dans les funestes journées des 2, 3, 4 et 5 septembre 1792, une poignée d’assassins (300 env.), inspirés par Marat et dirigés par le ministre de la justice, se transportèrent dans les prisons de Paris, principalement à l’Abbaye, à la Force, aux Bernardins, à Bicètre, et y massacrèrent tous les prisonniers suspects d’être opposés à la Révolution ; on évalue le nombre des victimes à 8 ou 10 000 ; la plupart étaient des nobles et des prêtres ; la princesse de Lamballe fut du nombre : sa tête fut promenée dans les rues au bout d’une pique. Ces massacres eurent pour prétexte le bruit d’une vaste conspiration ourdie dans les prisons dans le but de massacrer les femmes et les enfants des patriotes partis pour la frontière et de livrer la France aux Prussiens, déjà maîtres de Longwy. — On nomme Septembriseurs ceux qui accomplirent les massacres : après l’exécution ils reçurent un salaire sur les caisses publiques. M. Mortimer Ternaux a écrit l’Hist. des journées de Septembre, 1862-3.

SEPTEMBRE (quatre). Le 4 s. 1870, une insurrection renversa Napoléon III et proclama la République.

SEPTEUIL, vge du dép. de Seine-et-Oise, à 12 k. S. de Mantes ; 1 300 h. Beau château ; anc. abbaye.

SEPT-FONTAINES, nom de 2 anciennes abbayes, l’une dans le diocèse de Langres, à 16 k. N. de Chaumont ; l’autre dans le diocèse de Reims, en Thiérache.

SEPT-FONTS, monastère de l’ordre de Cîteaux, dans l’ancien Bourbonnais, à 25 k. S. de Moulins, fut ainsi nommé parce qu’on y trouva sept fontaines lorsqu’il fut établi. L’abbaye fut réformée en 1663.

SEPT-ILES (République des). V. ioniennes (îles).

SEPTIMANIE, partie de la Gaule méridionale que gardèrent les Visigoths après la bataille de Vouillé (507), varia plusieurs fois d’étendue : dans sa plus grande extension, elle était bornée par les Pyrénées, les Cévennes, la Méditerranée, l’Ardèche et le Rhône, et correspondait aux dép. du Gard, de l’Hérault, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. On dérive son nom des sept villes principales qui y étaient comprises : Narbonne, Agde, Béziers, Maguelonne, Carcassonne, Elne, Lodève ; d’autres le tirent du mot latin Septimani, soldats de la 7e légion, et pensent que ces soldats y avaient formé une colonie au commencement de l’Empire. Quoi qu’il en soit, la Septimanie prit le nom de Marche de Gothie quand les Visigoths s’en furent emparés, au ve s. Elle fut envahie dès 719 par les Sarrasins ; ceux-ci en furent chassés par Charles Martel en 732 et définitivement, en 759, par Pepin qui la réunit à l’empire franc. Ce pays forma depuis, sous le nom de Marche ou Duché de Septimanie ou de Gothie, un fief qui relevait directement de la couronne de France : Bernard fut investi de ce duché en 820 par Louis le Débonnaire. Charles le Chauve, auquel le traité de Verdun en donna la suzeraineté, partagea en 864 le duché en deux marquisats, la Marche d’Espagne ou comté de Barcelone, et le Marquisat de Septimanie proprement dit, qui eut Narbonne pour capitale. Devenu héréditaire en 878 dans la maison d’Auvergne, il passa en 918 à celle de Toulouse, à qui il resta sous le nom de duché de Narbonne, jusqu’au traité de Meaux (1229), qui en abandonna la plus grande partie à la couronne.

SEPTIME-SÉVÈRE, L. Septimius Severus, empereur romain, natif de Leptis en Afrique, avait été successivement avocat du fisc, sénateur, questeur, consul, et commandait les légions d’Illyrie à la mort de Pertinax (193). Proclamé par ses soldats en même temps que Didius Julianus, Albinus et Pescennius Niger, il fut débarrassé du premier par les prétoriens eux-mêmes, reconnut le second pour collègue, puis marcha contre le troisième, le vainquit à Issus, à Nicée, et acheva de ruiner son parti par la prise de Byzance (196). Cessant alors de ménager Albinus, il le força de prendre les armes, l'atteignit en Gaule, le battit et le fit périr près de Lyon (197), et détruisit cette ville qui lui avait résisté. Appelé en Mésopotamie par les incursions des Parthes, il les défit à plusieurs reprises et prit Babylone, Séleucie, Ctésiphon (199-202). Son retour à Rome (203) fut l'occasion de l'érection d'un arc-de-triomphe que l'on y voit encore et qui porte son nom. Il y fit reconnaître pour son successeur son fils Caracalla, et confia le gouvernement à Plautien, qui ne tarda pas à conspirer contre lui et fut mis à mort (204). Il fit en 208 une expédition en Bretagne dans le but de repousser les peuplades calédoniennes du Nord, et ferma par un mur l’isthme qui s'étend entre le golfe de Forth (Rodotria æstuarium) et l’embouch. de la Clyde (Glota); ce mur, beaucoup plus au N. que celui d'Adrien, est connu sous le nom de Mur de Sévère. Il mourut 3 ans après, en 211, à Eboracum (York), laissant l'empire indivis à ses deux fils Caracalla et Géta. Septime-Sévère était un habile militaire, mais c'était un prince dur et cruel : après la défaite d’Albinus, il poursuivit avec acharnement les partisans de ce prince, et remplit de proscriptions l’Italie et la Gaule ; il ordonna en 201 une persécution contre les chrétiens. Cependant, il favorisa les lettres et les sciences : c'est sous son règne que fleurirent les célèbres jurisconsultes Papinien, Paul et Ulpien.

SEPTIMIUS SERENUS (A.), poëte latin, contemporain de Domitien, naquit à Leptis, et vint de bonne heure à Rome. Il a décrit les travaux et les plaisirs de la campagne dans ses Opuscula ruralia, dont il ne reste que quelques vers (dans les Poetæ latini minores de Wernsdorf et dans la collection Lemaire). On lui attribue la Copa et Moretum, qui sont le plus souvent compris dans les œuvres de Virgile.

SEPTIMULEIUS (L.), d'abord partisan fougueux de C. Gracchus, se laissa gagner par le consul Opimius, prit part au meurtre de son ancien ami, promena sa tête dans les rues de Rome au haut d'une pique, puis la remplit de plomb fondu pour en augmenter le poids, parce qu'elle devait être payée au meurtrier son poids d'or.

SEPTMONCEL, bourg du dép. du Jura, à 15 kil. S. de St-Claude ; 1500 hab. Tabletterie, ouvrages au tour, pierres fines fausses ; bons fromages. Près de là est un écho remarquable.

SÉPULCRE (Église du st-), église de Jérusalem bâtie sur l’emplacement même où fut enseveli Jésus-Christ et dans laquelle on conserve son sépulcre.

SÉPULCRE (Chanoines du st-), chanoines réguliers institués par Godefroy de Bouillon en 1099 pour desservir à Jérusalem l'église du Saint-Sépulcre ; ils se répandirent dans la suite par toute l'Europe. Innocent VIII les supprima en 1484. En 1492, Alexandre VI les remplaça par l'ordre militaire des Chevaliers du St-Sépulcre, ordre que Paul V réunit à celui de St-Jean de Jérusalem.

SEPULVEDA, Confluentes, v. d'Espagne (Castille), sur le Duranton, à 44 kil. N. E. de Ségovie ; 1800 h. Antiquités romaines. — Ville très-ancienne. Fernand Gonzalès l'enleva aux Maures en 913. Ils la reprirent en 984 ; mais don Sanche de Castille la reprit en 1013.

SEPULVEDA (J. ginez de), le Tite-Live espagnol, né vers 1490 près de Cordoue, m. en 1572, alla compléter ses études à Bologne, s'attacha successivement aux cardinaux Cajetan et Quinonez, devint chapelain et historiographe de Charles-Quint (1536), puis instituteur de l'infant don Philippe. Ses Œuvres (dont la meilleure édition est celle de Madrid, 1780, 4 vol. in-4, donnée par l'Académie espagnole) comprennent l’Histoire de Charles-Quint, le commencement de l’Hist. de Philippe II, l’Hist. de la guerre des Indes, des Lettres, des Opuscules, des traductions de divers traités d’Aristote. Sépulveda eut avec l’évêque de Chiapa, Barth. de Las Casas, une dispute célèbre dans laquelle il soutint contre l’apôtre de la philanthropie le droit qu'avaient les Espagnols de porter la guerre et la dévastation en Amérique. Ses arguments sont développés dans le dialogue : Democrates secundus, seu De justis belli causis (resté manuscrit).

SEQUANA, nom latin de la Seine.

SÉQUANAIS, SÉQUANES ou SÉQUANIENS, Sequani, peuple de la Gaule Celtique, habitait sur la r. dr. de la Saône, entre les sources de la Seine (Sequana), d'où il tirait son nom, et les Éduens à l'O., le Jura à l'E., la Province romaine au S., les Lingons au N., occupant la Franche-Comté, la partie de la Suisse à l'O. du Rhin et l'E. de la Bourgogne. Leur pays, arrosé par la Saône et le Doubs, était l'un des plus fertiles de la Gaule. Leurs villes principales étaient Vesontio (Besançon), Magetobria (Mogitebrole), Segobodium (Seveux), Luxovium (Luxeuil). Ennemis mortels des Éduens, les Séquanes appelèrent contre eux Arioviste, roi des Suèves, puis contre celui-ci, César, à qui ils donnèrent ainsi prétexte de se mêler des affaires de la Gaule. Après la conquête, ils furent rangés par les Romains dans la province appelée de leur nom Maxima Sequanorum.

SÉQUANAISE (grande-), Maxima Sequanorum, prov. de la Gaule romaine, à l’E., entre la Germanie 1re et la Belgique 1re au N., la Lyonnaise 1re à l’O., la Lyonnaise 1re, la Viennoise et les Alpes Grées au S., la Rhétie et la Vindélicie à l'E.; ch.-l. Vesontio. Limitée au N. par les Vosges, à l’O. par la Saône, au N. E. par le Rhin, elle était sillonnée par le Jura et renfermait le lac Léman. Elle répond à la Franche-Comté et à la plus grande partie de la Suisse actuelle.

SERADJ-ED-DAULAH (Mirz-Mahmoud-Khan), fils adoptif d'Allah-Werdy-Khan, prince du Bengale, succéda à son père en 1756, se montra lâche, féroce et débauché pendant la courte durée de son règne, prit Calcutta aux Anglais, mais perdit bientôt cette ville (1757), et signa la paix. Attaqué de nouveau la même année, il fut vaincu à la bat. de Plassey, et périt à 22 ans. Avec lui finit l'indépendance du Bengale.

SÉRAI, c.-à-d. palais. V. le nom qui accompagne.

SERAIN (le), riv. de France, naît près de Montbard (Côte-d'Or), coule au N.O., baigne Précy-sous-Thil, entre dans le dép. de l'Yonne, arrose l’Île-sur-Serain, Châblis, Ligny-le-Château, et tombe dans l'Yonne à Bonnard, près de Joigny. Cours, 120 k.

SERAING, bg de Belgique, sur la Meuse, à 6 k. S. O. de Liège ; 6 000 hab. Anc. château des évêques de Liége. Forges, fonderies, lamineries, affineries : c'est un des plus grands établissements métallurgiques de l'Europe. Aux. env., riches houillères.

SERAMPOUR, v. de l'Inde anglaise (Bengale), sur l’Hougly, à 22 kil. N. de Calcuta ; 12 000 h. Jolie église chrétienne ; collége de missionnaires, imprimerie : il s'y publie un journal intitulé : l’Ami de l’Inde. Commerce avec la Chine et l'Europe. — Serampour fut occupée par les Danois dès 1676. Elle fut vendue aux Anglais en 1845 avec Tranquebar.

SERAN DE LA TOUR (l'abbé), littérateur du xviiie s., est auteur de plusieurs compilations historiques estimées : Histoire de Scipion l’Africain, avec les observations de Folard sur la bataille de Zama, Paris, 1738 ; —Hist. d'Épaminondas, 1739 ; — de Philippe, roi de Macédoine, 1740 ; — de Catilina, 1749 ; — de Mouley-Mahamet, fils de Mouley-Ismaël, roi de Maroc, 1749 ; — du Tribunat de Home, 1774. On a en outre de lui : les Amusements de la raison, 1747, l’Art de sentir et de juger en matière de goût, 1762.

SÉRAPÉUM, temple de Sérapis. On connaît surtout sous ce nom un temple d'Alexandrie, situé dans le Bruchium, près du Muséum, et construit par Ptolémée I. Il renfermait une célèbre bibliothèque que les Lagides se plurent à enrichir, mais que des Chrétiens fanatiques, excités par le patriarche Théophile et encouragés par un édit de Théodose, pillèrent en 391. Omar en acheva la destruction en 642. — La plupart des grandes villes avaient leur Sérapéum. Il y en avait à Memphis, à Athènes, à Rome, à Pouzzoles, etc. : il reste de belles ruines de ce dernier, sur le bord de la mer. M. Mariette a retrouvé en 1850 celui de Memphis et y a découvert des trésors archéologiques, notamment les tombes des Apis ; il a donné la description de cet admirable monument en 1857.

SÉRAPHINS (de l’hébreu zaraph, enflammer), anges du 1er ordre, sont représentés par Isaïe avec 6 ailes, et placés autour du trône de l’Éternel.

séraphins (Ordre des), ordre de chevalerie établi en Suède en 1334, par Magnus II, renouvelé en 1748. C’est l’ordre le plus élevé de la Suède. L’insigne porte au milieu les lettres I H S (Jesus hominum Salvator), avec une croix, et entre les branches de la croix des têtes de séraphins avec leurs ailes.

SÉRAPHIQUE (Ordre) : ce sont les Franciscains.

SÉRAPION, temple de Sérapis. V. serapeum.

SÉRAPION (S.), évêque de Themnis en Égypte, fut un des plus zélés adversaires des Ariens, assista au concile de Sardique (347), et fut exilé par l’empereur Constance avec les autres prélats catholiques. On a de lui, outre quelques Lettres, un traité contre les Manichéens. On le fête le 21 mars.

SÉRAPIS, dieu égyptien, célèbre surtout sous la domination des Lagides, et dont le culte passa à Rome au ier s. av. J.-C., était le dieu principal de l’Amenti (ou enfer), et probablement n’était qu’Osiris aux enfers. Du reste, ses attributions sont peu déterminées : ses adorateurs voyaient en lui le Dieu suprême, celui qui ressuscite, qui donne la vie et la santé. Sérapis était le dieu égyptien le plus connu en Grèce et à Rome ; on l’identifiait à Pluton, à Esculape, à Jupiter : il avait des prêtres, des temples (V. serapeum), des sacrifices. On faisait des pèlerinages en son honneur ; on racontait d’innombrables miracles qu’il avait opérés. Presque toutes ses statues appartiennent à l’art grec : elles le représentent enveloppé de longs tissus, entouré de serpents, avec le modius (ou boisseau) sur la tête, l’air grave, noble et pensif ; il est accompagné d’Esculape ou d’Hygie. Il a souvent des étoiles à sa droite ou à sa gauche.

SÉRASKIER, officier militaire turc chargé du commandement en chef de l’armée pour une campagne. Ce même titre est donné aux pachas qui commandent les troupes d’une province.

SERASSI (P. Ant.), né à Bergame en 1701, m. en 1791, professa les belles-lettres dans sa ville natale, puis fut secrétaire de plusieurs cardinaux à Rome, réunit de vastes matériaux pour une histoire littéraire, et laissa (en italien) les Vies du Tasse et de Bernardo Tasso, père du poëte, d’Ange Politien, de Dante, de Bembo, de Pétrarque, etc.

SERAVEZZA, bg de Toscane (Pise), à 80 k. O. N. O. de Florence. Carrières de marbre blanc pour la statuaire ; riche mine de mercure découv. en 1841.

SERBELLONI (Gab.), général italien, né en 1508 à Milan, d’une famille originaire de France, m. en 1580, entra dans l’ordre de Malte, où il fut nommé prieur de Hongrie, défendit héroïquement Strigonie contre les Turcs (1543), passa au service de Charles-Quint (1546), puis du pape Pie IV (1560), prit Ascoli (1560), rebâtit Civita-Vecchia et fortifia la cité Léonine pour mettre Rome à couvert des insultes des Turcs ; reprit du service en Espagne en 1565, enleva diverses villes du roy. de Naples (1565), soumit les Brabançons révoltés (1567), eut part à l’expédition maritime contre les Turcs que couronna la victoire de Lépante (1571), fut nommé vice-roi de Sicile, défendit Tunis avec intrépidité, fut pris par les Turcs, mais bientôt racheté, et fit, lorsqu’il fut redevenu libre, les campagnes de 1577 et 78 en Flandre.

SERBES ou SORABES, peuple slave, qui a donné son nom à la Servie. V. servie.

SEREIN (le), riv. de France. V. serain.

SERENUS. V. samonicus et septimius.

SÈRES, Seres, nom donné par les Romains et les Grecs aux peuples les plus éloignés à l’E. qu’ils connussent : on a pris leur pays tantôt pour le Népal (dans l’Inde septentr.), tantôt pour le roy. de Siam ou pour la Chine. C’est de leur nom que dérive le nom latin de la soie, sericum.

SÉRÈS, Serræ, Sintice, v. de la Turquie d’Europe (Roumélie), dans une plaine de même nom qu’arrose le Kara-Sou, à 70 kil. N. E. de Salonique. On y comptait jadis 30 000 hab. ; mais l’insalubrité de l’air en a chassé la moitié. Résidence d’un pacha, archevêché, grec. Belles mosquées. Culture et grand commerce de coton et de tabac.

SÉRETH, Ordessus ou Ararus, riv. qui naît en Galicie, arrose dans ce pays une ville de Séreth (20 000 h.), puis entre en Moldavie, coule au S. E., reçoit la Soutchava, la Moldava, le Bistritz, le Trotus, et tombe dans le Danube, par la rive g., entre Brahilov et Galatz, après un cours d’env. 500 kil.

SERFO, île de la Méditerranée. V. sériphe.

SERFS (de servus, esclave), nom donné pendant le moyen âge aux hommes qui, sans être complètement en état d’esclavage, étaient astreints à cultiver une terre déterminée sans pouvoir la quitter et sous condition d’une redevance. Ils étaient dits attachés à la glèbe (addicti, adscripti glebæ), et on les vendait avec la terre. L’émancipation des serfs fut favorisée par l’affranchissement des communes et par les croisades, qui obligèrent les seigneurs à vendre la liberté à leurs vassaux pour fournir aux frais de leurs pieuses expéditions. Cependant, il y avait encore quelques serfs en France sous Louis XVI, notamment dans les fiefs ecclésiastiques (V. st-claude). Ce prince ordonna dès 1779 la suppression du servage dans tous les domaines royaux ; enfin un décret de l’Assemblée constituante du 27 juin 1792 l’abolit définitivement. — L’état de servage existe encore en Pologne et en Russie sur une grande partie des terres ; mais il tend de plus en plus à disparaître.

SERGE (S.), Sergius, anachorète russe, né en 1315 à Rostov, m. en 1393, est un des protecteurs de la Russie. — L’Église catholique honore le 7 octobre un autre S. Serge, martyr en Syrie au iiie ou ive s.

SERGENT, officier militaire ou civil. V. ce mot dans notre Diction. universel des Sciences.

SERGINES, ch.-l. de c. (Yonne), à 20 kil. N. de Sens ; 1 317 hab. Vins, serges.

SERGIPE-DO-REY, dite aussi Cidade-de-San-Cristovao, v. du Brésil, ch.-l. de la prov. de même nom, sur une hauteur, à 12 kil. de l’Atlantique ; 10 000 h. Commerce en sucre, rhum, coton. — La prov. de Sergipe, entre celles de Pernambouc, de Bahia et l’Atlantique, a 368 kil. sur 136, et env. 200 000 hab. Sa surface est montueuse ; à l’E. sont de vastes forêts, à l’O. des terres ingrates. Elle n’a point de port : aussi le commerce et la civilisation y sont-ils encore dans l’enfance. La conquête de ce pays date de 1590, mais il ne fut colonisé qu’un siècle après.

SERGIUS (les), famille de l’anc. Rome qui prétendait descendre de Sergeste, compagnon d’Énée, forma deux branches illustres : les Fidénas et les Silus. De la 1re sortirent un grand nombre de tribuns militaires ; à la 2e appartenait Catilina.

sergius paulus, proconsul romain et gouverneur de l’île de Cypre, fut converti par S. Paul. En mémoire de cette conversion, l’apôtre, qui s’appelait auparavant Saul, prit le nom de Paul.

sergius i, pape de 687 à 701, natif de Palerme, resta 7 ans absent de Rome à cause des persécutions dirigées contre lui, ramena le patriarche d’Arménie à la foi catholique, répara plusieurs églises, éleva un tombeau à S. Léon dans la basilique de S. Pierre et institua les processions de l’Assomption et de la Présentation. — ii, pape de 844 à 847, natif de Rome, fut élu sans l’autorisation de l’emp. Lothaire I, qui contesta son élection ; mais elle fut confirmée dans une assemblée d’évêques. Pour apaiser l’empereur,
SERM
SERR
— 1750 —


Sergius consentit à sacrer roi des Lombards Louis, fils de ce prince. Sous son règne, les Arabes pillèrent les environs de Rome. — iii, pape de 904 à 911, Romain de naissance, fut porté sur le trône pontifical par les intrigues de Marozie : élu une 1re fois en 898 en concurrence avec Jean IX, il eut le dessous dans la lutte provoquée par cette élection et s’enfuit en Toscane ; mais, en 904, sa faction le ramena en triomphe. Il se prononça contre la mémoire de Formose. Selon Luitprand, Sergius III aurait déshonoré la papauté par ses vices et aurait eu un commerce criminel avec Théodora ; Flodoard fait au contraire l’éloge de ce pape. — iv, pape de 1009 à 1012, se nommait d’abord Pietro Bocca di Porco (groin de porc), et changea son nom en arrivant au St-Siége.

SERIEYS (Ant.), compilateur, né en 1755 à Pont-de-Cyran (Aveyron), m. en 1819, remplit plusieurs emplois dans l’enseignement et fut censeur des études aux lycées de Douai et de Cahors. On a de lui : les Décades républicaines ou Histoire de la République française, 1795 ; Mémoires pour servir à l’histoire secrète de la Révolution, 1798 ; Anecdotes inédites de la fin du xviiie siècle, 1801 ; Dictionnaire de l’Écriture Sainte, 1804 ; Bibliothèque académique ou Choix de mémoires des académies françaises et étrangères, 1810-1811 ; Vie de Joachim Murat ; — de Fouché, — de Carnot, 1816 ; Hist. de Marie-Charlotte Louise, reine des Deux-Siciles, 1816. Il a en outre publié des Lettres inédites de la marquise Duchâtelet, et la Correspondance de l’abbé Galiani.

SERINAGOR. V. sirinagor.

SERINGAPATAM ou sri-ranga-patana (c.-à-d. Ville de vichnou), v. forte de l’Inde anglaise (Madras), dans le Maïssour, à 430 k. O. S. O. de Madras, dans une île du Kavery ; env. 30 000 h. Beau palais d’Haïder-Ali (auj. en ruines), temple de Sri-Ranga ou Vichnou, plusieurs mosquées, dont une remarquable ; arsenal, fonderie de canons. Aux env., superbe mausolée d’Haïder. — Seringapatam était la capitale de l’empire de Maïssour depuis 1610 ; sous Haïder et Tippou-Saïb, son fils, elle jouit d’une haute prospérité. On y comptait alors 150 000 hab. Tippou-Saïb, assiégé dans cette ville par les Anglais en 1792, fut contraint de signer une paix qui lui enlevait la moitié de ses États. La guerre ayant éclaté de nouveau, Seringapatam fut prise en 1799 par le général Harns, et Tippou périt en la défendant.

SÉRIO (le), riv. de Lombardie, naît dans les Alpes, passe près de Bergame et à Crema, tombe dans l’Adda, r. g., à Montodine : cours, 110 k. Elle donna son nom à un dép. du roy. d’Italie, qui avait pour ch.-l. Bergame.

SERIPHOS, auj. Serfo, île de l’Archipel, une des Cyclades, entre Siphnos et Cythnos, a 50 k. de tour. C’est là, suivant la Fable, que s’arrêta le coffre où étaient renfermés Danaé et son fils Persée. C’est une île couverte de rochers et stérile : la pauvreté de ses habitants était passée en proverbe. Seriphos fut, avec Mélos et Siphnos, la seule île de ces parages qui refusa le tribut lors de l’invasion des Perses. Sous les Romains, elle devint un lieu d’exil. Après avoir appartenu aux Grecs, aux Francs et aux Turcs, elle fait auj. partie du roy. de Grèce, et est comprise dans le nome des Cyclades ; on n’y compte guère que 1000 h.

SÉRIQUE, c.-à-d. pays des Sères. V. sères.

SERLIO (Séb.), architecte, né en 1475 à Bologne, m. en 1552, voyagea dans les États de Venise, puis en Dalmatie, et fut attiré en France par François I, qui le nomma architecte de Fontainebleau et surintendant des bâtiments de la couronne. On cite comme étant de lui, au palais de Fontainebleau, la grande cour sur la pièce d’eau. Ses Œuvres complètes ont été publiées a Venise, 1584 (en ital., avec trad. lat.).

SERMAIZE, bg du dép. de la Marne, sur la Saulx et le chemin de fer de Strasbourg, à 26 kil. N. E. de Vitry-le-François, 2800 hab. Source ferrugineuse.

SERMANO, ch.-l. de cant. (Corse), à 10 k. de Corte ; 286 hab.

SERMENRAÏ, v. de la Turquie d’Asie (Irak-Araby), sur le Tigre, à 50 k. de Bagdad, par 72° 30′ long. E. et 34o lat. N., fut bâtie en 842 par le calife Motassem. C’est là que naquirent les derniers imams. C’est aussi de là, selon les Chyites, que doit sortir le Mahdi.

SERMENT DU JEU DE PAUME. V. jeu de paume.

SERMIONE, Sirmio, bg de Lombardie, sur une presqu’île du lac de Garda, à 10 kil. N. E. de Lonato. Port, château fort. Patrie de Catulle.

SERMONETTA, Sulmo, bourg d’Italie, sur un rocher escarpé, à 30 kil. E. S. E. de Frosinone ; 2000 hab. Titre de duché.

SERNIN (S.). V. saturnin.

SEROUX D’AGINCOURT. V. agincourt.

SERPENTAIRE (le), constellation boréale. V. cet art. dans notre Dict. univ. des Sciences.

SERPENTS (les), tribu indigène des États-Unis (Missouri), fait partie des Indiens que les Anglais appellent Têtes-Plates. Ils sont surtout ichthyophages.

serpents (Ile des) ou fidonisi, l’anc. Leuce, île de la mer Noire, en face des bouches du Danube, n’est qu’un rocher aride, qu’habitent quelques pêcheurs ; mais a quelque importance au point de vue militaire. Phare. Le traité de Paris, de 1856, en a assuré la propriété à la Turquie. V. leuce.

SERRA, ch.-l. de c. (Corse), dans l’arr. de Sartène ; 629 h. — serra capriola, v. d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples (Capitanate), à 22 k. N. O. de San-Severo, 5000 h. — Fondée en 1090. Titre de duché.

SERRA CAPRIOLA (Ant. maresca donnorso, duc de), diplomate, né à Naples en 1750, m. en 1822, fut ambassadeur du roi des Deux-Siciles en Russie (1782-1806), obtint la confiance de Catherine II, de Paul I et d’Alexandre I, agit de tout son pouvoir contre la France, fut, tant que Murat régna sur Naples, le chef d’un cabinet occulte qui épiait toutes les occasions de lui nuire, parla un des premiers, au congrès de Vienne, en faveur de la restauration des Bourbons à Naples, et fut, après leur rétablissement, nommé de nouveau ambassadeur à St-Pétersbourg.

SERRAGGIO, ch.-l. de cant. (Corse), à 5 kil. de Corte ; 1099 hab.

SERRANUS. V. cincinnatus et serres (J. de).

SERRAVALLE, v. de Vénétie, à 46 kil. N. de Trévise ; 5600 h. Palais, collége militaire (établi en 1855). Draps, soieries, lainages, vin, miel, etc.

SERRE (Hercule, comte de), homme d’État, né en 1777 à Pagny près de Pont-à-Mousson (Meurthe), m. en 1822, servit dans l’armée de Condé, rentra en 1802, se fit avocat à Metz, devint sous l’Empire procureur impérial à Hambourg, se prononça contre Napoléon aux Cent-Jours et alla rejoindre Louis XVIII à Gand, fit partie de la Chambre de 1815, s’y opposa aux réactions, en fut élu président en 1817, fut ministre de la justice dans les ministères Decaze et Richelieu, puis ambassadeur à Naples. De Serre se fit remarquer aux affaires par ses idées libérales et à la tribune par son éloquence.

SERRES, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), sur le Buech, à 36 k. S. O. de Gap ; 1025 h. Pépinière de mûriers.

SERRES (Jean de), Serranus, savant calviniste, né en 1540 à Villeneuve-de-Berg, était pasteur évangélique. Échappé au massacre de la St-Barthélemy, il se retira à Lausanne, où il traduisit Platon en latin ; cette traduction, justement estimée, parut à Paris en 1578, in-fol. Rentré en France peu après, il devint ministre à Nîmes en 1582, jouit de la confiance de Henri IV, qui le nomma historiographe de France et fut employé par ce prince, soit en France, soit à l’étranger, pour les affaires des Protestants. Il tenta, mais inutilement, de rapprocher les différentes communions. Il mourut empoisonné, à ce qu’on croit, en 1598. On a de lui : De fide catholica ; De statu religionis et reipublicæ in Francia ; Mémoires de la 3e guerre civile et des derniers troubles de France sous Charles IX ; Recueil des choses mémorables advenues sous Henri II, François II, Charles IX et Henri III, et un Inventaire de l’Histoire de France, 1597, souvent réimprimé avec des continuations.

SERU
SERV
— 1751 —

SERRES (Olivier de), agronome, frère aîné du préc., né en 1539 à Villeneuve-de-Berg, m. en 1619, peut être considéré comme le Père de l’agriculture en France. Appelé par Henri IV à Paris, il introduisit diverses améliorations dans les domaines du roi, planta 15 000 mûriers blancs dans le jardin des Tuileries et naturalisa en France l’industrie de la soie. On lui doit : Traité de la cueillette de la soie, 1599 ; Seconde richesse du mûrier blanc, l603 ; enfin le Théâtre d’agriculture et ménage des champs, 1604, 2 v. in-4, ouvrage précieux, qui contient le fruit de 40 années d’études et d’expérience, et qui obtint un succès universel. Il en a été fait de nombreuses éditions : on remarque celle de Bosc, 1804. En l861, Villeneuve-de-Berg a élevé un monument à Olivier de Serres.

SERRES (Marcel de), professeur de minéralogie à la Faculté de Montpellier, né en 1783, m. en 1862, s’est attaché à concilier les découvertes de la science avec la révélation et dans ce but a publié : Cosmogonie de Moïse comparée aux faits géologiques, 1838. On a en outre de lui un Voyage dans le Tyrol, 1811, un Voyage en Autriche, 1814, un Manuel de Paléontologie (dans la collection Roret), 1846, et un Traité des roches simples et composées, 1863.

SERRIÈRES, ch.-l. de c. (Ardèche), sur la r. dr. du Rhône, à 32 kil. N. de Tournon ; 1739 h. Pont suspendu sur le Rhône. Bois de charpente, vins.

SERT, v. de la Turquie d’Asie (Bagdad), à 100 k. N. E. de Nisibin ; 3000 hab. On croit qu’elle occupe l’emplacement de l’anc. Tigranocerte.

SERTORIUS (Q.), général romain, né vers 121 av. J.-C. à Nursie dans la Sabine, parut d’abord au barreau, puis fut questeur de Marius dans les Gaules, et perdit un œil dans un combat livré aux Cimbres. Lors des guerres civiles, il se déclara pour Marius (87 av. J.-C.), et rentra dans Rome avec lui. Il fut le seul des vainqueurs qui n’ensanglanta pas son triomphe ; il quitta l’Italie quand Sylla en fut resté maître (84), gagna l’Espagne, province qui lui avait été assignée au sortir de sa préture, s’y rendit indépendant, réunit à son parti les peuples de la Péninsule, surtout les Lusitaniens (80), y joignit la Gaule Romaine, soutint la guerre avec succès contre Métellus et Pompée, battit le 1er à Italica (76), le 2e à Laurone (77) et à Sucro (76), mais éprouva un échec à Ségontie (75), traita alors avec Mithridate, qui lui envoya de l’argent et des vaisseaux, mais fut assassiné au milieu de ses succès par Perpenna, un de ses lieutenants (73). Ce général avait établi dans son armée un simulacre de la république romaine (sénat, consuls, etc.), ce qui lui fait dire, dans la tragédie de Corneille :

Rome n’est plus dans Rome. elle est toute où je suis.

Il inspirait à ses soldats une confiance aveugle : il leur avait persuadé qu’il était en commerce avec les dieux, qui lui donnaient des avis par l’entremise d’une biche blanche, dont il se faisait suivre partout. Sa Vie a été écrite par Plutarque. Corneille a mis sur la scène la mort de Sertorius.

SÉRULLAS (George), chimiste, né en 1774 à Poncin (Ain), m. en 1835, était à 22 ans pharmacien-major dans les armées de la République. Nommé en 1814 pharmacien en chef et professeur de chimie à l’hôpital militaire de Metz, il fut bientôt appelé au Val-de-Grâce. Il fut admis en 1829 à l’Académie des sciences. Sérullas a rendu de grands services à la chimie : il a créé les iodures de carbone et de cyanogène, les bromures et chlorures de cyanogène et l’éther bromhydrique ; a isolé l’acide cyanique, montré que l’acide iodique fait reconnaître dans un liquide les plus petites quantités de morphine ; signalé l’acide perchlorique comme un agent précieux pour séparer la potasse de la soude ; fait connaître le bromure de silicium, le bromhydrate d’hydrogène phosphore, etc.

SÉRURIER (Jaume Matthieu Philibert), maréchal de France, né en 1742 à Laon, d’une famille bourgeoise, m. en 1819, était fils d’un ancien officier du roi. Il reçut à 12 ans un brevet de lieutenant, fit sous Louis XV les campagnes de Hanovre, de Portugal, de Corse, et se trouvait major en 1789. Ayant adopté les idées nouvelles, il obtint sous la République un avancement rapide, devint général de division en 1795, se signala à l’armée des Alpes sous Kellermann et à l’armée d’Italie sous Bonaparte (1796), contribua surtout à la victoire de Mondovi, dirigea en 1797 le blocus de Mantoue et força bientôt la place à se rendre. Moins heureux sous Schérer, il fut fait prisonnier après la défaite de Cassano (1799). Redevenu libre, il seconda Bonaparte au 18 brumaire ; il reçut le bâton de maréchal dès la création de l’Empire (1804) ; il fut en outre nommé comte, sénateur et gouverneur des Invalides. En 1814, voulant épargner à la France l’humiliation de se voir enlever les drapeaux conquis, il les fit brûler dans la cour de l’Hôtel. Louis XVIII l’avait maintenu dans ses fonctions et l’avait fait pair de France ; mais, s’étant rallié à l’Empereur pendant les Cent-Jours, il perdit le gouvernement des Invalides et la pairie. Il passa ses dernières années dans la retraite. La ville de Laon lui a élevé une statue (1863).

SERVAIS (S.), évêque de Tongres au IVe s., m. en 384, assista en 346 au concile de Cologne, en 347 à celui de Sardique, et soutint la foi de Nicée au concile de Rimini (359). On l’hon. le 13 mai.

SERVAN (Jos. Mich. Ant.), magistrat, né en 1727 à Romans, m. en 1807, étudia à Paris, où il se lia avec les philosophes, devint à 27 ans avocat général à Grenoble, publia en 1766 un Discours sur la justice criminelle, où il proposait, dans un langage éloquent, d’utiles réformes, et excita pendant quelque temps un enthousiasme universel. Il augmenta sa réputation en portant la parole, en 1767, pour une femme protestante dont on voulait déclarer le mariage nul à cause de sa religion. N’ayant pu faire adopter, dans une autre affaire, des conclusions qui lui semblaient dictées par la justice, il donna sa démission. Il consacra le reste de sa vie à des écrits d’utilité publique. Nommé par deux bailliages aux États généraux de 1789, il s’excusa sur l’état de sa santé. Il a publié des Réflexions sur les Confessions de J. J. Rousseau, et un Essai sur la formation des assemblées nationales, provinciales et municipales, 1789. Portets a publié ses Œuvres choisies, 1823-25, 3 vol. in-8, et un Choix d’œuvres inédites, 1825. — Joseph Servan, son frère, 1741-1808, suivit la carrière militaire, adopta les principes de là Révolution, fut ministre de la guerre dans le ministère girondin, en 1792, déplut par son exagération à Louis XVI, qui le révoqua, fut rétabli après le 10 août, mais se vit bientôt forcé de se démettre parce que le parti révolutionnaire le trouvait trop modéré. Il passa au commandement de l’armée des Pyrénées occidentales, qu’il fut obligé de quitter pour se défendre contre les accusations de Robespierre. On a de lui une Hist. des guerres des Gaulois et des Français en Italie depuis Bellovèse jusqu’à la mort de Louis XII, 1805.

SERVANDONI (J. Jérôme), peintre décorateur et architecte, né à Florence en 1695, m. en 1766, a travaillé dans presque toute l’Europe. Il vint en France en 1724, y fut nommé peintre décorateur du roi, ordonnateur des fêtes de la ville, et fut élu en 1737 membre de l’Académie de peinture. Il avait pour la décoration, les fêtes et les bâtiments un génie particulier, plein d’élévation et de noblesse : on ne saurait croire quelle quantité de plans, de dessins, de décorations, de tableaux, de ruines sortirent de sa main. On cite surtout de lui la Façade de St-Sulpice. Son nom est resté à une des rues voisines de cette église.

SERVERETTE, ch.-l. de c. (Lozère), à 24 kil. N. E. de Marvéjols, sur la Truyère ; 787 hab.

SERVET (Michel), fameux hérétique, né en 1509 à Villanueva en Aragon. Imbu des idées des Réformateurs, il vint de bonne heure en France, se fit recevoir docteur en médecine à Paris, quitta cette ville en 1536, à la suite d’une querelle avec ses confrères, et alla exercer son art à Lyon, puis à Vienne en Dauphiné, où il fut bien accueilli de l'archevêque, qui ignorait ses dispositions. Adversaire prononcé du dogme de la Trinité, il l'attaqua dans deux écrits publiés clandestinement : De Trinitatis erroribus, 1531, Dialogi de Trinitate, 1532. Il rédigea en 1553 un livre De Christianismi restitutione, où il contestait même la divinité de J.-C. Calvin, qu'il avait consulté, condamna ses opinions et le dénonça à l'archevêque de Vienne. Arrêté aussitôt, il réussit à s'évader, et chercha un refuge à Genève. Loin de le protéger, Calvin l'accusa d'hérésie, et le fit condamner au feu : il fut brûlé vif, le 26 octobre 1555. Servet était un savant distingué : on lui attribue la première idée de la circulation du sang; on lui doit une édition estimée de la Géographie de Ptolémée, Lyon, 1535, et une Bible latine, avec commentaires, 1542.

SERVIAN, ch.-l. de c. (Hérault), à 11 kil. N. E. de Béziers; 2285 hab. Vieux château. Eau-de-vie.

SERVIE, l'anc. Mésie-Supérieure, principauté tributaire de l'empire ottoman, a pour bornes au N. la Hongrie, à l'O. la Bosnie, à l'E. la Bulgarie et la Valachie, au S, l'Albanie et la Roumélie : 55 000 k. c; env. 1 000 000 d'hab.; capit., Belgrade; autres villes: Kragoujevatch, résidence du prince, Sémendrie, Nissa, Usicza, Novi-Bazar. Hautes mont., surtout au S. Riv. principales: le Danube et la Save au N., la Morava (qui coupe le pays en deux), la Drina, le Timok. Fortes chaleurs, grands vents, grandes pluies en septembre. Sol fertile, mais négligé, friches en grand nombre; peu d'industrie. Beau pays; belles forêts; mines de fer, sel. Le gouvernement est monarchique héréditaire; le chef porte le titre de prince, gouverne avec le concours d'une assemblée nationale dite Skuptchina. La Porte n'a d'autre droit que de donner l'investiture au souverain, d'entretenir à Belgrade une garnison de 2000 hommes, et de percevoir un tribut. — La Servie a pris son nom des Serbes ou Serviens, peuple de race slave qui habitait d'abord auprès des monts Krapaks, et auquel l'empereur Héraclius permit vers l'an 630 de s'établir dans ces contrées, dépeuplées par les Avares. Jusqu'en 923, elle forma un petit État qui eut ses rois, mais dont l'histoire est peu connue. A cette époque, elle fut soumise par les Bulgares; en 949, elle passa avec les Bulgares eux-mêmes sous la domination des Grecs. En 1039, la partie occidentale recouvra son indépendance, et eut de nouveau des rois mais elle retomba sous le joug des Grecs en 1105. Enfin en 1151, Tchoudomil, profitant de la faiblesse de l'empire grec, rendit l'indépendance à la Servie, et fonda un puissant empire qui, au XIVe s., sous Étienne Douchan, le plus grand de ses rois, conquit une partie de la Thrace, presque toute la Macédoine et diverses villes de Thessalie et d'Albanie. Mais avec le règne d'Ouroch V commence une époque de décadence, de crimes et d'anarchie, qui amena la conquête du pays : défaits par Amurat I à la bat. de Cassovie (1389), les Serbes furent entièrement soumis par les Turcs en 1459 : Belgrade, qui avait seule échappé à la conquête, fut prise elle-même en 1521. La Servie fut alors divisée par les Turcs en 4 livahs (Belgrade, Sémendrie, Krouchevatch, Novi-Bazar). Au XVIIIe s., elle fut conquise en partie par l'Autriche: le traité de Passarovitz (1718) en avait cédé la portion N. O. à l'empereur Charles VI, mais la paix de Belgrade (1739) rendit le tout à la Porte. Depuis, la Servie tenta plusieurs fois de secouer le joug ottoman. Le célèbre Czerni-George y parvint en 1804, et se fit reconnaître par la Porte prince de Servie; il se maintint jusqu'en 1812, époque à laquelle la paix de Bucharest, entre la Turquie et la Russie, restitua la Servie aux Turcs. En 1816, une nouvelle révolte éclata sous Miloch Obrenovitch : la Turquie ne put soumettre ce dernier, et le traité d'Andrinople (1829), entre la Russie et la Turquie, laissa la Servie dans une indépendance presque complète. En 1835, le prince Miloch se vit forcé de donner une constitution libérale à ses sujets. Renversé du trône en 1839, il fut remplacé par son second fils Michel, qui lui-même fut chassé en 1842 par Alexandre, petit-fils de Czerni George. Mais, en 1858, le vieux Miloch fut rappelé, et à sa mort (1860) le gouvernement fut déclaré héréditaire dans sa famille. — Les Serbes suivent pour la plupart le rit grec non uni. Leur langue, qui appartient à la famille slave, est fort expressive; elle se parle en Servie, en Esclavonie, dans une partie de la Dalmatie et de la Croatie et dans quelques districts de la Hongrie. Il existe de forts beaux chants serbes (épiques et lyriques) : ils ont été recueillis par Vouk-Stéfanovitch et depuis traduits en français.

1er royaume de Servie. Étienne VIII Douchan le Grand, 1333
Chronologie incertaine Ouroch V, 1356
(630-923). II. Anarchie.
2e royaume de Servie. Voukachin, 1367
Étienne Boislav, 1039 Ougliclia, 1371
Dabroslav, 1042 III. Dynastie des Brankovitch.
Bodin, 1085 Lazare I Brankovitch, 1371
Bolcan, 1090-1105 Étienne IX, 1390
3e royaume de Servie. George, 1427
I. Dynastie des Neemans. Lazare II, 1458
Tchoudomil, 1151 Hélène, 1458-1459
Étienne I Neeman, 1165 Principauté de Servie.
Étienne II Ventchan, 1195 Czerni George, 1804-1812
Étienne III Neemanja, 1224 Miloch Obrenovitch, 1816
Ladislas, 1230 Michel Obrenovitch, 1839
Étienne IV Ouroch I, 1237 Alex. Georgevitch, 1842
Étienne V Dragoutin Ouroch II, 1272 Miloch, de nouveau, 1858
Étienne IV Miloutin Ouroch III, 1275 Michel, de nouveau, 1860
Étienne VII Ouroch IV, 1321 Milan, 1868

SERVIEN (Abel), diplomate, né à Grenoble en 1593, d'une famille noble et ancienne, m. en 1664, fut successivement conseiller d'État (1618), maître des requêtes (1624), intendant de justice, de police et de finances (1627), ministre de la guerre, surintendant des finances, se distingua dans des affaires importantes et négocia avec l'emp. Ferdinand II le rétablissement de la paix en Italie, mais, contrarié dans ses vues par Richelieu, il se retira dans sa terre de Sablé. Rappelé par Mazarin, il eut part, avec le comte d'Avaux, à la paix de Westphalie (1648). Il était, dans les négociations, hautain et violent : le nonce Chigi l'appelait l’Ange exterminateur de la paix. Servien était membre de l'Académie française.

SERVIÈRES, ch.-l. de c. (Corrèze), à 42 kil. S. E. de Tulle; 1293 hab.

SERVILIE, fille de Q. Servilius Cæpio et sœur utérine de Caton d'Utique, épousa Junius Brutus, et fut mère du fameux Marcus Brutus. Elle inspira une vive passion à César, ce qui fit croire que Brutus était le fils de celui-ci.

SERVILIUS, nom de 2 familles romaines, l'une patricienne, à laquelle appartiennent les Priscus, les Cæpio, les Ahala; l'autre plébéienne, d'où sortirent les Casca, les Rulius et les Vatia. Le surnom d’Ahala ou Axilla (c.-à-d. aisselle) fut donné à quelques membres de la première, à cause d'un défaut naturel. — C. Servilius Structus Ahala, général de la cavalerie sous le dictateur Cincinnatus (438 av. J.-C.), tua dans le forum Sp. Melius qui soulevait le peuple et aspirait à la tyrannie. Il fut exilé pour ce meurtre, mais bientôt rappelé et même élu consul (427). — Cn. Servilius Cæpio, consul en 203 av. J.-C., vainquit Annibal près de Crotone. Il voulait le poursuivre en Afrique, mais fut forcé par ordre du sénat de rester en Italie. — Son petit-fils, Q. Servilius Cæpio, consul l'an 140 av. J.-C., rompit la paix faite en Lusitanie avec Viriathe par Fabius Maximus, et, désespérant de vaincre cet ennemi, le fit assassiner pendant son sommeil. Il n'en demanda pas moins le triomphe, mais cet honneur lui fut refusé.— Un autre Q. Servilius Cæpio, consul en 106 av. J.-C., fut envoyé en Gaule contre les Cimbres et leur reprit Toulouse, mais se déshonora par le pillage d'un temple de cette ville, dont il s'appropria les trésors. Battu bientôt après par l'ennemi, il fut destitué, jeté en prison, puis exilé. — P. Servilius Vatia Isauricus, préteur l'an 83 av. J.-C., fut envoyé en Cilicie contre les pirates, força les passages du Taurus, pénétra jusqu'en Isaurie, et prit la ville d’Isaura, d'où son surnom.

SERVIN (Louis), avocat général au parlement de Paris et conseiller d'État sous Henri III, Henri IV et Louis XIII, montra dans ses fonctions autant de fermeté que d'attachement au roi et se retira à Tours avec les membres royalistes du parlement lors du triomphe des Seize à Paris. En 1626, lorsque Louis XIII fit enregistrer des édits bursaux dans un lit de justice, il fit d'énergiques remontrances qui excitèrent chez le prince une violente colère : cet aspect l'émut au point qu'il se trouva mal et mourut aussitôt. On a de lui des Plaidoyers, 1631; Vindiciæ secundum libertatem ecclesiæ gallicanæ et Defensio regii status (en faveur de Henri IV), 1590; Pro libertate status et reipublicæ Venetorum, 1606.

SERVITES, dits aussi Serviteurs de la Vierge, ordre de religieux qui professent une dévotion toute particulière pour la mère de Dieu. Cet ordre fut fondé à Florence vers 1232, et reçut en 1239 la règle de St-Augustin. Il fut surtout propagé par Philippe Benizzi, qui en fut élu général en 1267. Il fut aboli en France dès 1274. L'ordre subsiste encore en Italie : Doni et Sarpi en faisaient partie. Les Servites portent des manteaux blancs, ce qui les faisait désigner en France sous le nom de Blancs-Manteaux.

SERVITUDES DES HÉBREUX. On en compte 6 principales : 1° Sous Chusan, roi de Mésopotamie; elle dura de 1562 à 1554 av. J.-C. et fut terminée par Othoniel; — 2° sous Églon, roi des Moabites, de 1514 à 1496; terminée par Ahod; — 3° sous Jabin, roi chananéen, de 1416 à 1396; terminée par Débora; — 4° sous les Madianites, de 1356 à 1349; terminée par Gédéon; — 5° sous les Ammonites, de 1261 à 1243; terminée par Jephté; — 6° sous les Philistins, de 1212 à 1172; terminée par Samson.

SERVIUS TULLIUS, 6e roi de Rome, fils d'une captive (d'où son nom de Servius), plut à Tanaquil, femme de Tarquin l'Ancien, et, grâce à elle, devint le gendre, puis le successeur de ce prince (578 av. J.-C.). Il fit 20 ans la guerre aux Étrusques, les battit fréquemment, et rentra trois fois dans Rome en triomphe. Il donna une organisation au peuple (plebs), le divisa en 30 tribus, et accorda à chacune un tribun, une juridiction particulière et une existence politique distincte de celle des curies ; il créa également la division par centuries (basée en grande partie sur la richesse), institua le cens, battit monnaie, assigna des terres aux pauvres, agrandit la ville et fixa son enceinte en l'entourant d'une forte muraille : il se préparait, dit-on, à établir la république lorsqu'il fut assassiné à l'instigation de sa fille Tullie et de son gendre Tarquin le superbe (534).

SERVIUS MAURUS HONORATUS, grammairien du Ve s., est connu surtout par un Commentaire sur Virgile (Venise, 1475, in-fol.; Paris, Rob. Estienne, 1532, in-fol. ; Gœttingue, 1826, édition due à Albert Lion). Il a en outre laissé quelques autres ouvrages de grammaire, entre autres Ars de centum metris, publié par Klein, Coblentz, 1824.

SÉSAC ou SÉSONCHIS, roi d’Égypte qui régna env. de 980 à 950 av. J.-C., donna asile à Jéroboam, que Salomon voulait tuer, parce qu'il lui avait été prédit qu'il serait roi. Après la mort de Salomon, il envahit le roy. de Juda où régnait Roboam et pilla Jérusalem.

SESIA (la), Sessites, riv. de l'Italie septentr., sort du mont Rosa, au S. E., passe à Varasso et à Verceil, et joint le Pô par deux branches, dont la plus occid. est à 11 k. E. de Casal : cours 150 k. Affluents, le Cervo, la Sessera. — De 1801 à 1814 cette riv. a donné son nom à l'un des dép. de l'emp. français, formé de la partie orient. du Piémont; ch.-l., Verceil.

SÉSONCHIS. V. SÉSAC.

SÉSOSTRIS, le plus célèbre des rois de l’Égypte. D'après les récits d'Hérodote et de Diodore, il conquit l’Éthiopie, la Judée, la Syrie, l'Assyrie, la Médie, la Bactriane, les régions caucasiennes jusqu'au Tanaïs, l'Asie-Mineure, les Cyclades, et ne revint en Égypte qu'après neuf ans d'absence, rappelé par la révolte de son frère Armaïs. Il mit le comble à sa gloire par des institutions politiques, des lois, des travaux d'utilité générale, divisa l’Égypte en 36 nomes et la couvrit de superbes monuments, dont un grand nombre subsistent encore. C'est sous Sésostris que l’Égypte atteignit son plus haut point de prospérité matérielle, et que l'art égyptien fit les plus ' grands pas vers la perfection. Ce roi devint aveugle dans sa vieillesse et se donna la mort après un long règne (66 ans selon les uns, 50 ou seulement 33 ans selon les autres). Diodore et Manéthon, auxquels nous devons le plus de renseignements sur Sésostris, sont loin d'être d'accord sur la plupart des faits : aussi l'histoire de ce règne est-elle fort incertaine. On a même nié les vastes conquêtes de Sésostris : mais les monuments égyptiens, où son nom se lit cent fois en toutes lettres, réfutent ces doutes; toutefois, il est croyable qu'on a beaucoup enflé ses conquêtes; presque toutes ces grandes expéditions se réduisent à des invasions passagères. Quelques savants placent l'avénement de Sésostris au XVIIe s. av. J.-C (1643), d'autres au XVe (1491), ou même plus tard (Volney : (1365). Il paraît qu'il y eut plusieurs Sésostris, la plupart conquérants, et c'est sans doute là qu'il faut chercher la cause de tant de contradictions. Ainsi Manéthon donne ce nom à un prince de la XIIe dynastie, fils d'Aménophis, tandis qu'Hérodote l'applique à un roi de la XIXe dynastie, fils de Séti ou Séthos, et dont le véritable nom est Ramsès II : ce dernier, qui est celui dont nous avons résumé l'histoire, régnait à la fin du XVe s. et au commencement du XIVe.

SESSA, Suessa Aurunca, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre-de Labour), à 38 kil. N. O. de Capoue; 4000 hab. Évêché. Cathédrale qui remplace un temple de Mercure ; ruines diverses. Anc. capit. des Aurunci; détruite par les Sidicins en 337, relevée et colonisée par les Romains en 314, elle fut très-florissante sous la domination romaine. C'est la patrie du poëte Lucilius. Sessa fut érigée en duché au moyen âge; le titre en fut donné par Ferdinand le Catholique à Gonzalve de Cordoue, dont les descendants l'ont toujours porté depuis.

SESTERCE, monnaie romaine. V. ce mot dans notre Dictionn. univ. des Sciences.

SESTOS, Bovalli-Kalessi, v. de Thrace, sur l'Hellespont et vis-à-vis d'Abydos. Elle fut assiégée par les Grecs après la victoire de Mycale, 478 av. J.-C.

SETH, 3e fils d'Adam et d'Ève, né l'an du monde 130 (4834 av. J.-C.), vécut 912 ans. Il remplaça Abel, dont il eut toutes les vertus; aussi ses descendants sont-ils appelés les enfants de Dieu, par opposition aux enfants des hommes, descendants de Caïn.

SÉTHOS ou SÉTI, roi d’Égypte, chef de la XIXe dynastie, père de Sésostris, régnait au XVe s. av. J.-C. et fit de grandes conquêtes, qui préparèrent celle de son fils. — Autre roi d’Égypte, était d'abord grand-prêtre de Fta à Memphis. Il occupa le trône des Pharaons vers l'an 713 av. J.-C., pendant la période éthiopienne. Il eut pour adversaire la classe des guerriers qui refusèrent de le défendre contre Sennachérib, roi d'Assyrie. Déjà le conquérant était à Péluse lorsque, au rapport d'Hérodote, Séthos invoqua le dieu dont il était le ministre : aussitôt une foule de rats, s'introduisant de nuit dans le camp des Assyriens, rongèrent toutes les cordes des arcs, et Sennachérib dut se retirer. Une statue de Séthos le représentait tenant un rat à la main, avec cette inscription : « Apprenez par mon exemple à respecter les Dieux. » — Terrasson a fait sous le nom de Séthos une espèce de roman politique et moral.

SÉTIF, jadis Sitifis, v. de l'Algérie (Constantine), ch.-l. de subdivision militaire à 130 k. S. O. de Constantine et à 82 S. E. de Bougie; 3813 h. Vastes forêts de cèdres aux environs; nombreuses ruines. Sitifis était sous les Romains une ville considérable : elle donna son nom à la Mauritanie Sitifensis, dont elle était la métropole. Elle fut détruite par les Vandales. Occupée par les Français en 1839, elle a été érigée en commune en 1854.

SETLEDJE ou SUTLEDJE, Hysudrus, riv. de l'Inde prend sa source dans le Thibet, aux lacs de Raouan et de Mana-Sarovara (situés à d'énormes hauteurs), puis, coulant au S. O., sépare l'empire anglo-indien de l'anc. royaume de Lahore, reçoit la Beyah (Hyphasis), et se joint au Djelem pour aller se jeter dans le sind, après un cours qui dépasse 1200 kil.

SÉTUBAL (pour St-Ubes), Cetobriga, v. du Portugal (Estramadure), sur la r. dr. et à l'emb. du Sadao, à 35 kil. S. E. de Lisbonne; 15 000 hab. Port vaste. fort San-Felipe ; église ornée de beaux tableaux. Grand commerce en vins, oranges, sel. Aux env., riches salines et ruines antiques. Sétubal fut détruite en partie par le tremblement de terre de 1755.

SEUDRE (la), riv. de France (Charente-Inf.), naît près de Plassac, dans l'arr. de Jonzac, coule au N. O. et se jette dans l'Atlantique vis-à-vis de l'île d'Oléron, après un cours de 80 kil.

SEU (la) D'URGEL. V. URGEL.

SEURRE, ch.-l. de c. (Côte-d'Or), sur la Saône, à 27 kil. E. de Beaune; 2847 hab. Château avec parc. Vinaigre, moutarde; construction de bateaux; commerce de blé, fourrage, etc. Ville ancienne et jadis forte, mais démantelée par Louis XIV à la suite des troubles de la Fronde. Titre de duché-pairie.

SEVANGA, SIVAN ou GOUKTCHA, lac d'Arménie, à 45 k. N. O. d'Érivan. Il a 65 k. sur 22 de large, et s'écoule, au N. O., dans l'Aras par le Zenghi.

SÉVASTOPOL. V. SÉBASTOPOL.

SEVELINGES (Ch. de), littérateur, né en 1767 à Amiens, m. en 1832, émigra, fit partie de l'armée de Condé, rentra en France en 1802, et ne s'occupa plus que de travaux littéraires. Il a traduit de l'allemand le Werther de Gœthe, Alfred et les Soirées allemandes; de l'italien, l’Histoire de la guerre de l'indépendance américaine, de Botta, et a publié les Mémoires et la Correspondance secrète du cardinal Dubois, 1814, ainsi que les Mém. de la maison de Condé, 1820. il a donné lui-même quelques contes et nouvelles, et a fourni de nombreux articles à la Biographie universelle de Michaud.

SEVER (S.), évêque d'Avranches au VIe s., fonda en 560 une abbaye de Bénédictins, qui reçut son nom (V. ST-SEVER, Calvados). Il est hon. le 29 février.

SÉVÉRAC-LE-CHÂTEAU, ch.-l. de c. (Aveyron), à 32 kil. N. de Milhau, près des sources de l'Aveyron; 2772 hab. Vieux château fort. Aux env., houille.

SÉVÈRE, emp. V. SEPTIME et ALEXANDRE-SÉVÈRE.

SÉVÈRE, Flavius Valerius Severus, Illyrien, fut nommé césar par Dioclétien au moment de son abdication, puis auguste par Galère, en 306, et reçut le gouvernement de l'Italie et de l'Afrique. Il marcha contre Maxence, mais il se laissa prendre dans Ravenne et se fit ouvrir les veines (307).

SÉVÈRE, Vibius ou Libius Severus, un des derniers empereurs d'Occident, fut proclamé en 461 par les légions d'Illyrie, avec l'agrément de Ricimer; vécut quatre ans obscur, enfermé dans son palais de Rome, se livrant à la mollesse et laissa ravager l'Italie par les Barbares. Il mourut en 465. On le crut empoisonné par Ricimer, qui à sa mort resta seul maître.

SÉVÉRIE, nom donné dans le moyen âge à une région de la Russie centrale arrosée par le Desna, la Sema et la Soula, et qui, entre autres villes, comprenait Pérelaslav, Tchernigov, Novogorod-Severskoï (la Sévérienne). Elle devait son nom à une tribu dite Sabires ou Sévères. Elle forma un duché qui dépendit longtemps de la Pologne. Elle fait auj. partie des gouvts russes de Tchernigov et de Poltava.

SÉVERIN (S.), abbé d'Agaune en Valais, m. en 508, vint à la cour de Clovis et guérit ce prince d'une maladie grave. Il est fêté le 11 février. — Pieux solitaire, mort à Paris en 555, est fêté le 24 novembre.

SÉVERIN, pape en 640, ne gouverna que 2 mois.

SEVERINO (Marc Aurèle), médecin, né en 1580 à Tarsia en Calabre, m. en 1656, substitua aux lenteurs de la médecine expectante l'emploi du fer et du feu, fut persécuté, destitué, emprisonné par suite de la jalousie et des intrigues de ses confrères, et n'en finit pas moins par être nommé professeur de médecine et d'anatomie à l'Université de Naples et chirurgien en chef de l'hôpital de cette ville. Il mourut de la peste, laissant le renom d'un des restaurateurs de la science médicale. On a de lui : Zootomia democritea, Naples, 1645; De efficaci medicina, 1646.

SEVERN ou SAVERNE, Sabrina, le plus grand fleuve de l'Angleterre, naît dans le pays de Galles, sur les limites des comtés de Cardigan et de Montgomery, et, après avoir décrit une courbe, coule au S., puis au S. O., baigne Shrewsbury, Worcester, Glocester, reçoit le Liddon à droite, la Stour, l'Avon à gauche, et entre par un large estuaire dans le canal de Bristol, après un cours d'env. 330 kil.

SEVERUS. V. SÉVÈRE et CORNÉLIUS SEVERUS.

SÉVIGNÉ (Marie de RABUTIN-CHANTAL, marquise de), si connue par ses Lettres, née à Paris en 1626, perdit dès sa première année son père, qui périt en défendant l'île de Ré contre les Anglais, et 6 ans après sa mère, Marie de Coulanges; fut élevée avec soin par un oncle maternel, Christian de Coulanges, abbé de Livry, auquel elle voua une affection filiale et qu'elle n'appelle dans ses lettres que le Bien-bon; reçut les leçons de Ménage et de Chapelain; fut, à 18 ans, mariée au marquis de Sévigné, maréchal de camp, homme fastueux et dissipé, qui fut tué dans un duel au bout de sept ans de mariage; resta veuve à 25 ans avec un fils et une fille, repoussa les nombreuses propositions de mariage que lui attiraient sa beauté, sa fortune et son esprit, et se consacra tout entière à l'éducation de ses enfants, habitant tantôt son hôtel du Carnavalet, à Paris (rue Culture Ste-Catherine), tantôt sa terre des Rochers (près de Vitré, en Bretagne), et recevant la société la plus distinguée; elle fréquentait l'hôtel de Rambouillet et était particulièrement liée avec Mmes de Longueville et de Chevreuse. Elle maria sa fille en 1669 à M. de Grignan, qui remplissait un emploi à la cour, et qui, deux ans après, fut nommé gouverneur de la Provence. Ce fut pour Mme de Sévigné une vive douleur de voir s'éloigner cette fille qu'elle idolâtrait : elle chercha un dédommagement à son absence dans une active correspondance, et écrivit ainsi, comme en se jouant, ces Lettres si pleines à la fois de sensibilité, de naturel, de grâce et d'enjouement, qui sont justement admirées comme le modèle du genre. Outre la valeur que donne à toutes l'affection maternelle, elles sont précieuses pour l'histoire des mœurs et des événements du temps: on cite surtout en ce genre ses lettres sur le procès de Fouquet, sur la mort de Turenne, sur le mariage de Mademoiselle, sur la douleur de Mme de Longueville après la mort du comte de St-Paul. Elle mourut en 1696 en Provence, de la petite vérole, auprès de sa fille, qu'elle venait de tirer elle-même d'une maladie dangereuse. Mme de Grignan lui avait donné une petite-fille, célèbre aussi par son esprit et sa beauté, Mme de Simiane. Le fils de Mme de Sévigné, le marquis de Sévigné, homme d'esprit et brave officier, eut une jeunesse fort orageuse, et fit beaucoup parler de lui par ses liaisons avec Ninon et la Champmêlé. Il ne laissa pas d'enfants. — Les Lettres de Mme de Sévigné, réunies pour la première fois en 1726, ont été cent fois imprimées : les éditions les plus complètes sont celles de Grouvelle, 8 vol. in-8, Paris, 1806; de Monmerqué, 11 v. in-8, 1818 (édition reproduite en 1862-67, avec des améliorations qui avaient été préparées par Monmerqué lui-même, 12 vol. in-8, plus 2 vol. de Lexique, et celle de Gault de St Germain, 12 vol. in-8, 1823-24. Mme Tastu a fait un Éloge de Mme de Sévigné, qui a été couronné par l'Acad. franc, en 1840, et a donné un bon choix de ses Lettres, 1841. M. Aubenas a écrit l’Hist. de Mme de Sévigné, 1842, in-8 ; Walckenaer a publié des Mémoires touchant sa vie et ses écrits, 5 v. in-18.

SÉVILLE, Sevilla en espagnol, Hispalis et Julia Romula chez les anciens, v. et port d'Espagne, ch.-l. de l'intendance de Séville et de toute l'Andalousie, sur la r. g. du Guadalquivir, à 76 kil. de son embouchure, à 380 kil. S. S. O. de Madrid; 120 000 hab. : c'est la 2e ville du royaume. Nombreux et admirables monuments qui ont donné lieu au proverbe espagnol : « Qui n'a pas vu Séville n'a rien vu » : superbe cathédrale ornée des tableaux des plus grands maîtres et surmontée d'une flèche de 85m, dite la Giralda, couvent de Buena-Vista, Alcazar (ancien palais des rois maures), hôtel de ville, hôtel des monnaies, palais de l'archevêque, hôpital des Cinq-Plaies, aqueduc romain de 410 arches; chemin de fer pour Madrid. Archevêché, cour d'appel; université, fondée en 1502, neuf colléges, écoles de pharmacie, de mathématiques, d'artillerie, de navigation, de tauromachie; Académie des bonnes lettres, société économique, société de médecine; riches bibliothèques, archives de l'Amérique espagnole depuis la découverte de Colomb, musée de peinture et de sculpture; fonderie de canons, manufactures royales d'armes et de tabac ; fabriques de maroquin; grande fabrique de porcelaine. Séville a été beaucoup plus florissante et a compté plus de 400 000 h. Cette ville a vu naître un grand nombre de célébrités : plusieurs rois de Castille, Barthélemy de Las Casas, les poëtes Lope de Rueda et Ferd. Herrera, les peintres Franç. Herrera, Louis de Vargas, Rodrigue de Velasquez, Esteban Murillo qui y fondèrent la célèbre École de Séville. Près de Séville, au N. E., est le village de Séville-la-Vieille, l'anc. Italica, où naquirent Trajan, Adrien, et probablement Silius Italicus. — L'origine de Séville est inconnue : on en attribue la fondation à Hercule. Les Carthaginois l'appelaient Hispalis, les Romains la surnommèrent Romula (la petite Rome) ; Jules César, qui la prit dans sa guerre contre les fils de Pompée, l'embellit et ajouta à son nom le surnom de Julia. On ignore d'où vient son nom actuel. Les Vandales la prirent en 411 ; les Goths leur succédèrent bientôt ; les Arabes s'en emparèrent en 712 : sous leur domination, Séville devint, à partir de 1015, la capitale d'un petit royaume indépendant (V. ABAB). En 1091, elle tomba au pouvoir des Maures d'Afrique. En 1248, Ferdinand III de Castille l'enleva aux Maures et en fit sa capitale : elle fut presque constamment depuis la résidence des rois d'Espagne jusqu'à Philippe II. Deux vers, qu'on lit sur la porte de Carné, résument l'histoire de cette ville :

Condidit Alcides, renovavit Julius urbem;
Restituit Christo Fernandes tertius heros.

Séville fut longtemps un centre de lumières : les sciences, les lettres, les arts, l'industrie y jetaient le plus vif éclat. Elle déclina sous la domination espagnole : 300 000 de ses habitants musulmans, occupés pour la plupart dans les manufactures, s'exilèrent, dit-on, dès qu'elle fut tombée au pouvoir de Ferdinand; en outre, elle fut plusieurs fois désolée par la peste, notamment en 1649 et en 1800. C'est à Séville que fut décrété, en 1480, l'établissement de l'inquisition dans tout le royaume, et c'est dans cette ville que fut institué le Grand tribunal de l'Inquisition. Après la conquête de l'Amérique, Séville eut longtemps le monopole du commerce avec les nouvelles colonies; Cadix le lui enleva au commencement du XVIIIe s. Un traité de paix entre l'Angleterre et l'Espagne fut signé à Séville en 1729. En 1808, cette ville s'insurgea contre la domination française; les Français y entrèrent le 1er février 1810; ils en sortirent en 1812. En 1823, les Cortès, emmenant le roi Ferdinand VII et fuyant devant l'invasion française, se retirèrent à Séville, avant de se fixer à Cadix. — L'intend. de Séville, entre celles de Cadix au S., de Cordoue au N. E., le Portugal à l'O., a 196 k. (de l'E. à l'O) sur 130, et 450 000 hab. Elle est arrosée par le Guadalquivir et le Xenil. Climat délicieux et d'une grande fertilité, comme toute l'Andalousie ; cependant l'agriculture y est négligée.

SEVIN (l'abbé Franç.), philologue, de l'Académie des inscriptions, né en 1682 à Villeneuve-le-Roi, m. en 1741, fut envoyé à Constantinople avec Fourmont pour y faire des recherches, en rapporta plus de 600 manuscrits grecs, fut nommé garde des Mss de la Bibliothèque du roi, rédigea les deux 1ers vol. du catalogue des Mss, et fit insérer dans le Recueil de l'Académie des inscriptions nombre de mémoires et de dissertations sur des points de philologie et d'antiquité, notamment sur Anacréon, Hésiode, Evhémère, Callisthène, Tyrtée, Juba, Pline; sur l'histoire d'Assyrie, de Lydie, de Bithynie, de Pergame.

SÈVRE, nom commun à 2 rivières de France : 1° la Sèvre-Nantaise, Suavedria, qui naît dans le dép. des Deux-Sèvres, traverse celui de la Vendée, de la Loire-Inférieure, arrose Mortagne et Clisson et tombe dans la Loire, à Nantes, après un cours de 120 kil.; — 2° la Sèvre-Niortaise, Separa, qui naît dans le dép. des Deux-Sèvres, puis coule, dans ceux de la Vendée et de la Charente-Inf., arrosant La Mothe-St-Héray, St-Maixent, Niort, et se jette dans l'Atlantique à 6 k. de Marans, après un cours d'env. 160 kil.

SÈVRES (dép. des DEUX-), dép. borné par ceux de Maine-et-Loire au N., de la Charente-Inf. au S., de la Vendée à l'O., de la Vienne à l'E. : 6073 k. carr.; 328 817 hab.; ch.-l., Niort. Il est formé de parties du Poitou et de l'Angoumois. Il est arrosé par les deux Sèvres (d'où son nom) et par le Thouet, l'Argenton, l'Autise et le Mignon. Petite montagnes et collines se dirigeant du S. E. au N. O.; étangs poissonneux. Fer, antimoine, marbre, granit, pierres meulières et à fusil, marne, terres nitreuses, etc. Grains de toutes sortes, vins (médiocres), beaucoup de légumes; fruits, lin, chanvre, houblon, genêt, mûriers, quelques forêts au N. et au S. Chevaux, mules et mulets ; bêtes à cornes, beaux moutons, porcs, volaille, Beaucoup d'étoffes de laine, de coton; toiles, gants; chamoiseries, papeteries; distilleries d'eau-de-vie, fours à chaux, forges. — Ce dép. a 4 arr. (Niort, Bressuire, Parthenay, Melle), 31 cant., 355 comm.; il appartient à la 14e division militaire et dépend de la cour impériale et de l'évêché de Poitiers.

SÈVRES, ch.-l. de c. (Seine-et-Oise), sur la r. g. de la Seine, entre Paris et Versailles, à 10 kil. S. O. de Paris et à 10 k. E. N. E. de Versailles; 6328 hab. Louis XV y fonda en 1759 une manuf. de porcelaine, qui est auj. la première de l'Europe ; les porcelaines qui y furent peintes sous Louis XV et Louis XVI, dites vieux Sèvres, sont très-recherchées. Curieux musée de l'art céramique, exposition constante des admirables produits de la manufacture, atelier de peinture sur verre. Sèvres a en outre des fabriques de cristaux, de produits chimiques, de châles, etc.

SEWA-DJY, fondateur de l'empire des Mahrattes, né en 1628 à Baçaim (Bombay), m. en 1680, profita des troubles qui déchiraient l'empire mongol et en particulier le roy. de Bedjapour pour occuper presque toute la prov. de Baglana et le Konkan, soumit ensuite divers petits États du Malabar et se fit céder par Aureng-Zeb une partie des revenus du Décan, ainsi que la souveraineté des montagnes depuis la Baglana jusqu'à Goa.

SEWRIN, auteur dramatique, né à Metz en 1771, m. en 1853, écrivit le poëme de quelques opéras-comiques qui eurent du succès, notamment la Fête du village voisin, mais réussit surtout dans le vaudeville. C'est lui qui donna les Anglaises pour rire, la Famille des Innocents, les Habitants des Landes, Jocrisse maître, Jocrisse valet, Jocrisse corrige, le Comédien d'Étampes, etc., excellentes bouffonneries, qui firent courir tout Paris.

SEXAGÉSIME (la), du latin sexagesimus, 60e, le dimanche qui tombe 60 jours avant Pâques; il suit la Septuagésime et précède la Quinquagésime.

SEXTIÆ (AQUÆ), Aix, v. de la Gaule Cisalpine, à 30 kil. N. de Massilia, fut fondée par C. Sextius Calvinus en 123 av. J.-C. et devint la métropole de la Province romaine. Eaux thermales, célèbres dès l'antiquité. Marius y battit les Teutons l'an 102 av. J.-C.

SEXTIUS, pythagoricien qui vivait sous Auguste, écrivit en grec un recueil de Pensées, dont la lecture enthousiasmait Sénèque, et qui furent traduites en latin par Rufin sous le nom du pape Xystus ou Sixte II. Cette traduction, qui seule a été conservée, a été mise en français par le comte de Lasteyrie en 1843.

SEXTIUS LATERANUS (L.), le premier consul plébéien, entra en charge l'an 366 av. J.-C. avec un collègue patricien. Tribun avec Licinius Stolon, il avait secondé ses efforts pour faire admettre les Plébéiens au consulat. — C. SEXTIUS CALVINUS, consul en 124 av. J.-C, puis proconsul en Gaule, 123, vainquit les Salyes, porta loin les armes romaines dans la Gaule Transalpine, et fonda la ville qui prit de lui le nom d’Aquæ Sextiæ. — P. SEXTIUS, questeur du consul C. Antonius en 62 av. J.-C., eut part à la victoire de Pistoie sur Catilina. Ayant suivi Antonius en Macédoine, il fut impliqué dans l'accusation de concussion portée contre ce consul; mais il fut sauvé par l'éloquence de Cicéron. Il se vit plus tard accusé de violences par Clodius, et Cicéron le défendit encore : nous avons le discours prononcé en cette dernière occasion (le Pro Sextio).

SEXTUS TARQUINIUS. V. TARQUIN.

SEXTUS EMPIRICUS, médecin et philosophe grec, était, à ce qu'on croit, de Mitylène, et vivait à la fin du IIe s. de notre ère. Il appartenait à la secte de médecins dits empiriques, d'où son surnom. Il embrassa en philosophie la doctrine des sceptiques, et donna une exposition de ce système, la plus complète et la plus savante que l'on possède, dans deux grands ouvrages : les Hypotyposes pyrrhoniennes, en 3 livres, et Contre les Mathématiciens, les Logiciens, etc., en 11 livres. Les Hypotyposes ont été trad. en latin par H. Étienne en 1562 (le texte grec ne parut qu'en 1626) ; les livres Contre les Mathématiciens ont paru, avec trad. lat. de G. Hervet, en 1569. Ces deux ouvrages ont été réunis, avec la traduction latine d'Hervet, par J. Alb. Fabricius, Leipsick, 1718, in-fol., édition reproduite avec amélioration à Leips., 1842, 2 v. in-8. Les Hypotyposes ont été trad. en franç. par un anonyme (Huart), Amsterd., 1725, in-12.

SEYBOUSSE, riv. d'Algérie. V. SEIBOUSE.

SEYCHELLES (îles), groupe d'îles de la mer des Indes, au N. E. de Madagascar, par 52° 55'-53° 50' long. E., 3° 58'-5° 45' lat. S. ; elles sont au nombre de 30 (la principale est Mahé): 9000 hab. ; ch.-l., Mahé. Climat chaud et peu salubre; sol fertile (épiceries des Moluques, etc.). — Les Portugais les visitèrent les premiers ; les Français les occupèrent ensuite. Depuis 1814, elles sont aux Anglais : elles dépendent du gouvt de l'île Maurice.

SEYCHES, v. de France. V. SEICHES.

SEYKS, nation de l'Inde. V. SEIKHS.

SEYMOUR (Jeanne), 3e femme de Henri VIII, était dame d'honneur d'Anne Boleyn, qu'elle supplanta (1536). Henri l'épousa le lendemain même du supplice d'Anne. Elle mourut l'année suivante en couches, 12 jours après avoir donné naissance à un fils qui fut Édouard VI. — Son frère, Thomas Seymour, lord Dudley, fut nommé par Henri VIII membre du conseil de régence pour le temps de la minorité d’Édouard VI. Il s'empara de presque tout le pouvoir, mais fit preuve de peu de talent et d'adresse et compromit à diverses reprises la sûreté du royaume et celle du prince. Il fut envoyé à la Tour de Londres par ordre d’Édouard VI lui-même, puis décapité (1549). Seymour avait aspiré à la main d’Élisabeth; il épousa Catherine Parr, veuve de Henri VIII.

SEYNE, ch.-l. de cant. (B.-Alpes), à 50 kil. N. de Digne; 2508 hab. Place forte.

SEYNE (la), port de mer du dép. du Var, sur la Méditerranée, à 7 k. S. O. de Toulon ; 6400 h. Port sûr; chantier de construction, huileries ; pêche active.

SEYSSEL, ch.-l. de cant. (Ain), à 29 kil. N. E. de Belley, sur la r. dr. du Rhône; 1235 hab. Aux env., bitume ou asphalte exploité; vins blancs estimés. — Seyssel fut fondée par un général romain du nom de Sextilius; c’était au moyen âge une ville fortifiée et un titre de marquisat; elle faisait partie du Bugey et appartint longtemps à la Savoie.

SEYSSEL, ch.-l. de c. (Hte-Savoie), dans l'arr. de St-Julien, sur le Rhône; 1410 h. Pont suspendu.

SEYSSEL (Claude de), historien, né en 1450 à Aix en Savoie, m. en 1520, fut professeur d'éloquence à Turin, puis conseiller du roi de France Louis XII, évêque de Marseille (1510), et enfin archevêque de Turin (1517). Il représenta la France à la diète de Trêves (1512) et au concile de Latran (1514). Il a écrit l’Histoire de Louis XII, Paris, 1508, et la Grande monarchie de France, 1519, espèce de traité de la puissance nationale. Il a traduit en français Justin, ainsi que Thucydide, Appien, Diodore, Xénophon, Eusèbe, mais ses traductions d'auteurs grecs sont faites sur des versions latines, etc. Il est un des premiers qui écrivirent le français avec netteté. On a aussi de lui des écrits latins, notamment Speculum feudorum et un traité de la Loi salique.

SÉZANNE, ch.-l. de c. (Marne), à 43 kil. S. O. d'Epernay; 4450 h. Collége, bibliothèque; belle église St-Denis. Commerce de vins, grains, chaux. — Ville jadis grande et fortifiée; assiégée plusieurs fois, prise par les Anglais en 1423, par les Huguenots en 1566; incendiée en 1632.

SÈZE (Raymond, comte de). V. DE SÈZE.

SEZZA, Suessa Pometia, v. de l'Italie centrale (Frosinone), à 32 kil. S. O. de Frosinone; 5000 h. Évêché (érigé en 1727). Ruines d'un temple de Saturne. Vins renommés jadis, médiocres aujourd'hui.

SFAKIA, v. de l'île de Candie, sur la côte S., à 35 kil. S. O. de la Canée; 1800 hab. (à peu près indépendants), dans un pays montagneux et stérile.

SFONDRATE (Franç.), cardinal, né à Crémone en 1493, m. en 1550; professa le droit à Padoue, Pavie, Bologne, Rome, Turin, remplit diverses missions diplomatiques pour François Marie Sforce et Charles-Quint, fut nommé gouverneur de Sienne, et mérita le titre de Père de la patrie, que lui décernèrent les habitants. Devenu veuf, il embrassa l'état ecclésiastique : il reçut de Paul III l'évêché de Crémone et le chapeau de cardinal. Il est auteur de divers ouvrages de politique ou de jurisprudence, et d'un poëme latin : De Raptu Helenæ, en trois livres (dans les Deliciæ poetarum italorum).

SFONDRATE (Célestin), cardinal, de la même famille que le préc., né en 1649 à Milan, m. en 1696, défendit le St-Siége contre la déclaration du clergé de France en 1682, et devint cardinal sous Alexandre VIII. Il a publié : Tractatus Regaliæ, 1682; Regale sacerdotium romano pontifici assertum, 1684 (contre le clergé de France), sous le pseudonyme d'Eug. Lombardus; Gallia vindicata, 1687; Nodus prædestinationis solutus, 1696, où il propose des solutions qui ont été attaquées par Bossuet.

SFONDRATE (Nicolas). V. GRÉGOIRE XIV.

SFORCE, en italien Sforza, c.-à-d. Le Fort, célèbre famille italienne qui régna sur le duché de Milan aux XVe et XVIIe siècles, tire son origine du condottiere Giacomuzzo Attendolo.

Giacomuzzo Attendolo, dit Sforza à cause de sa grande vigueur, né en 1369, m. en 1424, était fils d'un paysan de Cotignola (Romagne). Il devint chef d'un petit corps de partisans, combattit comme condottiere pour les Florentins, puis pour divers États italiens, s'attacha au roi de Naples, Ladislas, puis à sa veuve, Jeanne II, reçut de celle-ci plusieurs fiefs et le titre de grand connétable, et mourut au passage de la Pescara en marchant contre le célèbre condottiere Braccio, son rival. — François Alexandre, fils naturel du préc., 1401-66, suivit son père dans toutes ses campagnes, maintint son armée autour de lui à sa mort, combattit Carmagnole en Lombardie (1426), enleva la Marche d’Ancône au pape Eugène IV (1434) et s’en fit un État indépendant, devint le gendre de Philippe Marie Visconti, duc de Milan, parvint, après la mort de son beau-père, à se faire reconnaître duc de Milan (1450), malgré l’opposition des habitants, exerça une médiation éclairée entre diverses puissances belligérantes de l’Italie, eut la plus grande part à l’union des petits États de ce pays qui eut lieu à Lodi, et devint ainsi l’arbitre de l’Italie. — Galéas Marie, fils du préc., 1444-76, servait sous Louis XI à la tête d’un corps auxiliaire au moment de la mort de son père ; il lui succéda sans obstacle ; mais, gouvernant en tyran ; il périt assassiné. — Jean Galéas Marie, fils du préc., avait 3 ans lorsqu’il succéda à son père sous la tutelle de sa mère Bonne de Savoie et du sage ministre Simonetta, mais bientôt (1419) il tomba au pouvoir du perfide Ludovic le More, son oncle, qui en 1489 le relégua au château de Pavie, et probablement l’empoisonna (1494). Jean Galéas Marie laissait un fils, que Louis XII emmena en France (1499), et qui mourut abbé de Marmoutiers. — Ludovic, dit le More, à cause de son teint basané ou d’un mûrier figuré dans ses armes, frère de Galéas Marie et oncle du préc., se mit par force en possession du gouvernement pendant la minorité de son neveu, qu’il écarta des affaires, et mit à mort le sage Simonetta. Il montra du reste quelque habileté, se posa en Italie comme le chef du système anti-aragonais, et appela Charles VIII pour appuyer son système (1494). A la mort de son neveu, dont la mort lui est imputée, il prit le titre de duc de Milan ; craignant les attaques des Français, il se hâta de les trahir et devint l’âme de la ligue de Venise formée contre eux. Attaqué en 1499 par Louis XII, il se vit à son tour trahi par tous les siens, et perdit ses États en quinze jours ; il les reprit un instant en 1500, pour les reperdre aussitôt. Livré par les Suisses aux Français, il fut enfermé à Loches et y mourut au bout de dix ans (1510). — Maximilien, son fils ainé, fut mis sur le trône ducal en 1512 par la ligue de Rome, fut assiégé dans Novare par les Français en 1513, rentra dans Milan la même année et régna jusqu’à la bataille de Marignan, qui lui fit définitivement perdre la couronne ducale (1515). Il céda son duché à François I et reçut en échange une pension. Il mourut à Paris en 1530. — François Marie, 2e  fils de Ludovic, reçut en 1522 le duché de Milan de Léon X et de Charles Quint, après la fuite de Lautrec, et fut affermi par la défaite de François I à Pavie (1525). Obligé par Charles-Quint de payer 400 000 ducat en un an, plus 50 000 pendant dix ans, il pressura son peuple et se rendit odieux. Il mourut en 1535. Il est le dernier de sa famille qui ait régné sur le duché de Milan. — Catherine, fille naturelle de Galéas Marie, épousa en 1484 Jérôme Riario, seigneur d’Imola et de Forli, tomba, ainsi que son fils Octavien, au pouvoir des meurtriers de son mari, qui venait d’être assassiné à Forli (1488), montra beaucoup de présence d’esprit et d’énergie dans cette occasion, et assura ainsi à son fils son héritage. Elle soutint dans Forli un siége contre César Borgia, et fut prise sur la brèche même. Louis XII lui fit rendre la liberté. Elle avait épousé en secondes noces un Médicis et mourut à Florence. Hatti a donné La famiglia Sforza, Rome, 1794.

S’GRAVESANDE. V. GRAVESANDE.

SGRICCI (Thomas), improvisateur, né en 1788 à Castiglione-Fiorentino (Toscane), m. en 1836, parcourut les grandes villes de l’Italie, improvisant sur tous les sujets dramatiques qu’on lui donnait, vint à Paris en 1824, s’y fit entendre devant une société choisie et y traita surtout avec succès les sujets de Bianca-Capello et la Mort de Charles I, tragédies en 5 actes. Il improvisa en 1825 devant le grand-duc de Toscane une tragédie sur la Mort de Marie Stuart et réussit si bien que, dans l’élan de son admiration, le prince lui assura une pension de 2400 livres. Sur une vingtaine de tragédies qu’il avait ainsi composées, on n’en a recueilli que trois : Hector, la Mort de Charles I et la Chute de Missolonghi.

SHADWELL (Thomas), poëte anglais, né en 1640 à Standon-Hall (Norfolk), m. à Londres en 1692, fut nommé, par la protection du comte de Dorset, historiographe du roi Guillaume III, et remplaça en qualité de poëte lauréat le célèbre Dryden, qui dès lors devint son ennemi. Il mourut prématurément, pour avoir pris par erreur une trop forte dose d’opium. Il a surtout travaillé pour le théâtre. Ses principales pièces sont : les Amants chagrins ou les Impertinents, 1668, imitée des Fâcheux de Molière ; les Capricieuses ; le Virtuoso (1676) ; Psyché, tragédie, 1675, son meilleur ouvrage ; le Libertin, imité du Festin de Pierre ; les Eaux d’Epsom (1676) ; Timon le misanthrope (1678) ; la Véritable veuve (1679) ; The Miser, imité de l’Avare, de Molière ; les Sorciers de Lancastre (1682). Plusieurs de ses comédies sont imitées de Molière, que Shadwell, dans son orgueil, prétendait surpasser. La meilleure édition de ses Œuvres est celle de Londres, 1724, 4 vol. in-12.

SHAFTESBURY, v. d’Angleterre (Dorset), à 40 k. N. E. de Dorchester ; 9500 hab. Ville très-ancienne : elle possédait jadis une célèbre abbaye fondée par Alfred le Grand. Titre de comté, qui appartient à la famille Ashley-Cooper.

SHAFTESBURY (Ant. ASHLEY-COOPER, comte de), homme d’État, né en 1621 à Winborne (Dorset), fut membre du parlement dès l’âge de 19 ans (1640), et se montra d’abord dévoué à la cause royale ; mais, voyant que son zèle était suspect, il se jeta dans le parti parlementaire (1644), sans cependant approuver la mort de Charles I. Il correspondit avec Charles II exilé, et eut part à la restauration (1660). Au retour du roi, il fit partie du ministère dit de la Cabal comme lord grand chancelier et fut créé comte de Shaftesbury (1672) : pendant son administration, il fit rendre le fameux bill de l’Habeas corpus. Obligé en 1674 de quitter le pouvoir, il fit depuis une opposition si violente qu’il fut envoyé à la Tour (1677). Il n’en devint pas moins président du nouveau ministère qui fut formé en 1679 : il se déclara ouvertement contre le duc d’York (Jacques II), et fit passer à la Chambre des Communes un bill d’exclusion contre ce prince ; mais, n’ayant pu le faire adopter par les lords, il se vit de nouveau exclu du ministère et enfermé à la Tour (1681). Accusé de haute trahison, il fut acquitté par le jury. Il entra plus tard dans la conspiration de Monmouth, et, lorsqu’elle eut été découverte, s’enfuit en Hollande, où il mourut peu après (1683). Shaftesbury possédait des talents supérieurs comme homme d’État et orateur : il avait l’activité et la hardiesse d’un chef de parti, mais c’était un des hommes les plus corrompus de son siècle.

SHAFTESBURY (Ant. ASHLEY-COOPER, comte de), écrivain, petit-fils du préc., né à Londres en 1671, m. à Naples en 1713, prit peu de part aux affaires à cause de la faiblesse de sa santé, fut néanmoins membre de la Chambre des Communes (1694), où il défendit les idées libérales, entra à la Chambre des lords après la mort de son père (1699), et jouit de la confiance du roi Guillaume III. Disgracié par la reine Anne à cause de son incrédulité en matière de religion, il vécut dans la retraite, et se livra tout entier aux lettres. Ses principaux écrits sont des Recherches sur la vertu, une Lettre sur l’enthousiasme, écrite à propos des prétendus prophètes des Cévennes ; les Moralistes ; Soliloque ou Avis à un auteur. Il les a tous réunis sous le titre de Characteristiks of men, manners, opinions and times, 3 v. in-8, 1713 (trad. en franç., Genève, 1769). On y retrouve les doctrines philosophiques et anti chrétiennes du siècle.

SHAKESPEARE (William), le premier des poëtes dramatiques anglais, né en 1564 à Stratford-sur-Avon (Warwick), était, à ce qu’on croit, fils d’un boucher ou d’un marchand de laines. Il reçut une éducation fort imparfaite, se maria à 18 ans avec une femme qui avait huit ans de plus que lui, mena une vie assez vagabonde, fut forcé à 22 ans de quitter son pays parce qu’il était poursuivi comme braconnier, vint à Londres, où il se trouva, dit-on, réduit pendant quelque temps à garder les chevaux à la porte d’un théâtre ou à faire le métier de souffleur, puis monta sur la scène, où il ne joua d’abord que des rôles secondaires, et enfin se fit auteur. Il commença par retoucher et arranger pour la scène de vieilles pièces, puis il se mit à en composer d’originales. Ses premières productions de ce genre paraissent dater de 1589. Il acquit bientôt une réputation immense comme auteur et comme acteur (il réussissait surtout en jouant ses propres pièces), attira l’attention de la reine Élisabeth et de Jacques I, et reçut les libéralités de plusieurs grands seigneurs, entre autres du comte de Southampton. Il finit par devenir propriétaire directeur du théâtre du Globe dans Southwark (faubourg de Londres), fit une assez belle fortune, et put quitter la scène de bonne heure. Il se retira vers l’an 1610 dans sa ville natale, et y acheta, pour y passer le reste de ses jours, la maison où il était né ; c’est là qu’il mourut en 1616, n’étant âgé que de 52 ans. Shakespeare a laissé 35 pièces, dont voici, selon Malone, la liste dans l’ordre présumé de leur composition : Henri VI, en 3 parties (1589-91) ; le Songe d’une nuit d’été (1592) ; Comédie d’erreurs ou plutôt les Méprises (1593) ; la Grondeuse mise à la raison (1594) ; Peine d’amour perdue (1594) ; les Deux seigneurs de Vérone (1595) ; Roméo et Juliette (1595) ; Hamlet (1596), le Roi Jean (1596) ; Richard II et Richard III (1597) ; Henri IV, en 2 parties (1597-98) ; le Marchand de Venise (1598) : Tout est bien qui finit bien (1598) ; Henri V (1599) ; Beaucoup de bruit pour rien (1600) ; Comme vous voudrez (1600) ; les Commères de Windsor (1601) ; Henri VIII (1601) ; Troïlus et Cressida (1602) ; Ruse contre Ruse (1603) ; Conte d’hiver (1604) ; le roi Lear (1604) ; Cymbeline (1605) ; Macbeth (1606) ; Jules César (1607) ; Antoine et Cléopâtre (1608) ; Timon d’Athènes (1609) ; Coriolan (1610) ; Othello (1611) ; la Tempête (1612) ; le Jour des Rois (en angl. Twelfth night, la 12e Nuit, 1614). On lui attribue encore Titus Andronicus et Périclès ; mais les meilleurs critiques s’accordent à penser que ces deux pièces ne sont pas de lui. Ses chefs-d’œuvre sont : Henri IV, Roméo et Juliette, le roi Lear, Macbeth, Hamlet, Othello. On a en outre de lui deux petits poëmes, Vénus et Adonis, l’Enlèvement de Lucrèce, et des sonnets. La plupart de ses pièces de théâtre sont mêlées de prose et de vers. Shakespeare possède toutes les qualités de l’homme de génie : il peint avec énergie et vérité, et soutient admirablement ses caractères ; ses tableaux sont tour à tour terribles et gracieux ; souvent il s’élève au sublime ; il excelle surtout à exciter la terreur ; mais on trouve dans ses pièces de choquantes disparates, des plaisanteries grossières ou ridicules au milieu des morceaux les plus pathétiques, des expressions tantôt triviales, tantôt enflées et guindées, partout enfin les unités de temps et de lieu sont violées. À tous cas titres, Shakespeare est regardé comme le père de l’école romantique. La plupart de ses pièces n’ont été imprimées qu’après sa mort, et elles paraissent avoir subi entre les mains des comédiens et des copistes de graves altérations. La 1re  édit. en fut publiée en 1623, in-fol., par deux comédiens, Hemminge et Condell. On doit à Rowe, 1709, à Pope, 1725, à Warburton, 1744, à Johnson. 1765, à Steevens, 1773, à Malone, 1790, à Is. Reed, 1803, à Collier, 1843, à Knight, 1844, des éditions de plus en plus perfectionnées. Shakespeare a en outre été l’objet d’une foule de commentaires, de notices, de jugements. Ses Œuvres ont été traduites en français par Letourneur, qui se fit aider de Catuelan et Fontaine-Malherbe, 1776-82, 20 vol. in-8 ; par MM. Guizot, de Barante et Pichot (1821, 13 vol. in-8, et 1861-62, 8 vol. in-8) ; par M. Francisque Michel, 1840 et 1860, 3 vol. in-8, avec la Vie de Shakespeare par Woodsworth, et des remarques sur sa vie et ses ouvrages, par Th. Campbell. M. Franç. Vict. Hugo en a donné une nouvelle traduction, 1860-64, 15 vol. in-8. Ducis a reproduit sur notre scène les principales tragédies du poëte anglais. De nos jours, M. Lacroix en a traduit quelques-unes en vers aussi littéralement que possible. On doit à Aug. Guill. Schlegel une traduction allemande fort estimée de plusieurs de ses pièces ; d’autres ont été traduites par L. Tieck. H. et Abraham Voss, J. B. Benda et Wolf de Budissin. M. Villemain a donné un Essai sur Shakespeare ; J. Halliwell une Vie de Shakespeare, 1847 ; M. Mézières, Shakespeare, ses œuvres et ses critiques, 1860.

SHANGHAÏ, forme anglaise de CHANGHAÏ.

SHANNON, Senus, riv. d’Irlande, naît dans le comté de Cavan, coule au S. et au S. O., sépare la province de Connaught de celles de Leinster et de Munster, entre dans celle-ci, se dirige à l’O. S. O., et tombe dans l’Océan Atlantique par la côte occid. de l’Irlande entre le cap Kerry et le cap Loop ; cours, 390 kil. Ce fleuve arrose Carrick, Jamestown, Limerick, forme plusieurs lacs et reçoit de nombreux affluents (la Boyle, le Fergus, la Brosna, l’Askeaton, etc.). Il communique par le grand canal avec la mer d’Irlande. Pêche abondante, gros brochets, etc. — La famille Boyle porte le titre de comtes de Shannon.

SHARP (James), prélat écossais, né en 1618 dans le comté de Banff, avait été longtemps zélé presbytérien ; il se rallia ensuite à l’église anglicane, et fut nommé archevêque de St-André. Chargé avec le comte de Middleton d’organiser le gouvernement de l’Écosse, il s’acquitta de ses fonctions avec une extrême rigueur, et causa ainsi la révolte de 1666. Consigné dans son diocèse en 1667, quand le gouvernement prit une marche impartiale, il n’en fut pas moins l’âme du parti violent qui s’opposait à toute transaction ; il finit par être égorgé en 1679 par des fanatiques.

SHARP (W.), un des plus habiles graveurs anglais (1749-1824), grava d’après les grands maîtres italiens et anglais. Il avait adopté les rêveries de Svedenborg, et fut dupe de plusieurs fanatiques. On vante surtout sa Pythonisse d’Endor, sa Ste Cécile, son Lear au milieu de la Tempête, son Diogène, etc.

SHARP (GRANVILLE). V. GRANVILLE-SHARP.

SHAW (Thomas), voyageur anglais, né vers 1692, à Kendal (Westmoreland), m. en 1751, était ministre anglican. Nommé chapelain du comptoir d’Alger, il visita pendant 12 ans l’Afrique septentrionale, la Syrie, l’Égypte, et en rapporta des médailles, des antiquités et des objets d’histoire naturelle. On a de lui un ouvrage instructif et intéressant : Voyages et observations relatives à plusieurs parties de la Barbarie et du Levant, Oxford, 1738 (trad. en franç. La Haye, 1743).

SHAW (Pierre), médecin anglais, né vers 1595, m. en 1763, publia en 1725 les Œuvres de Robert Boyle disposées méthodiquement, 3 vol. in-4, et fit en 1733 un travail semblable sur Franç. Bacon, 3 vol. in-4. Il ouvrit des cours de physique et de chimie à Londres, et devint médecin du roi George II. Ses Leçons de Chimie ont été trad. par Mme d’Arconville, 1769.

SHAW (George), naturaliste, ne en 1751 à Bierton (Buckingham), m. en 1813 ; enseigna la botanique à Oxford et devint conservateur de la bibliothèque d’histoire naturelle au Musée britannique (1791), puis conservateur de ce musée. On a de lui une Zoologie générale en 10 vol. (1800-19) et un Abrégé des Transactions philosophiques (1809), 18 vol.

SHEERNESS, v. et port militaire d’Angleterre (Kent), dans l’île de Sheppey, sur la côte N. O. de l’île, à 17 kil. N. E. de Rochester, env. 8000 h. Citadelle ; chantiers de construction ; arsenal et grands magasins maritimes. — Cette ville, fondée par Charles III, fut prise par Ruyter en 1667.

SHEFFIELD, v. d’Angleterre (York), au confluent du Don et de la Sheaf, à 67 k. S. O. d’York ; 60 000 h. (on n’en comptait que 35 000 en 1811). Aux env., mines de fer et de houille. Dans la ville, usines où l'on travaille le fer et l'acier. La ville est très-sombre, mais assez belle, et a quelques beaux édifices (hôtel de ville, théâtre, Music-Hall, fondée en 1823, etc.). Coutellerie renommée, quincaillerie, plaqué. — Jadis place forte, où Marie Stuart fut détenue 14 ans. Ayant pris parti pour Charles I, cette place fut démantelée par les troupes du Parlement. Son importance manufacturière date de 1750.

SHEFFIELD (John), fils d'Edmond, comte de Mulgrave, duc de Buckingham, né en 1649, m. en 1721, servit sous Charles II dans la guerre de Hollande, fut nommé membre du conseil privé et grand chambellan par Jacques II, demeura fidèle à ce prince après sa déchéance, n'en fut pas moins créé marquis de Normanby par Guillaume III, et fut nommé par la reine Anne duc de Buckingham (1703), garde du sceau privé et président du conseil. Il se retira de la cour à l'avènement de George I, et ne s'occupa plus que de littérature. Il a laissé des poésies, un Essai sur la satire et des Essais divers. On a publié à Londres (1729, 2 vol. in-8) ses Œuvres poétiques et ses Mémoires sur la révolution de 1688.

SHELBURNE (W. PETTY, marquis de LANSDOWN, comte de), né en 1737, m. en 1805, descendait du mécanicien G. Petty. Il servit dans la guerre de Sept ans, défendit la cour à la Chambre haute (1761 et 62), fut nommé en 1763 membre du conseil privé et 1er lord commissaire du commerce et des colonies, s'attacha à lord Chatham, sous le ministère duquel il fut secrétaire d'État pour le Midi, se retira avec lui (1768), devint le chef de l'opposition à la mort de Chatham, rentra cependant aux affaires avec Fox (1782), et conclut le paix de Versailles (1783). Remplacé au bout de 9 mois, il reprit son rôle d'opposant, et porta le jeune Pitt au ministère. Pendant la Révolution française, il blâma la lutte engagée entre l'Angleterre et la France

SHELLEY (PERCY BYSSHE), poëte anglais, né en 1792 à Warnham (Sussex), m. en 1822, s'exila en 1817 par suite des désagréments que lui attirait son caractère difficile et opiniâtre, habita successivement Genève, Venise, Florence, Pise, Livourne, et périt au milieu d'une tempête dans la baie de Spezzia. Lord Byron et un autre de ses amis recueillirent son corps et le brûlèrent sur le rivage. Mécontent des croyances et des institutions de son temps, Shelley aspirait ardemment vers une ère nouvelle. Ses ouvrages sont pleins de vigueur et d'originalité, mais aussi de scepticisme et d'impiété : il inclinait au spinosisme. On a de lui 2 tragédies : Béatrix Cenci, Prométhée déchaîné; divers poëmes : la Reine Mab, condamnée en Angleterre comme immorale, la Révolte d'Islam, Hellas, Hélène et Roscelinde, l'élégie d’Adonaïs; des Imitations de Gœthe, de Calderon, etc. — Sa femme, fille du célèbre écrivain Godwin, née en 1797, m. en 1851, a publié elle-même, outre diverses biographies, plusieurs romans remarquables : Vaperga, Lodore, Le dernier Homme, Frankenstein. Cette dernière œuvre, composée pendant son séjour en Italie avec Shelley, est une des plus dramatiques productions de la littérature romantique.

SHENSTONE (William), poëte anglais, né en 1714 à Hales-Owen (Shrop), m. en 1763, était né dans l'aisance, mais se ruina à embellir son domaine de Leasowes. Il est auteur de divers ouvrages estimés, parmi lesquels on distingue : The Judgment of Hercules (Hercule entre le vice et la vertu), poëme, la Maîtresse d'école, des Élégies, des Ballades (sa Ballade pastorale est un des morceaux les plus élégants de ce genre) ; des Lettres à ses amis; des Essais sur les hommes et les mœurs. Ses Œuvres ont été réunies par Dodsley, Londres, 1764, 3 vol. in-8. Ce poëte se distingue par l'élégance et le sentiment.

SHEPPEY, île d'Angleterre (Kent), à l'embouchure de la Medway et de la Tamise, a 17 k. sur 9 ; ch.-l., Sheerness. Marais et pâturages.

SHERBORNE, bg d'Angleterre (Dorset), à 27 kil. N. O. de Dorchester; 5000 hab. Anc. évêché, transféré à Salisbury dès 1075. Belle église avec de superbes tombeaux; beau château des comtes de Digby.

SHERIDAN (Rich. BRINSLEY), écrivain et orateur irlandais, né en 1751 à Dublin, m. en 1816, était fils de Thomas Sheridan, acteur de talent. Il épousa par amour la cantatrice miss Linley, publia quelques pièces de théâtre et des brochures qui le firent connaître, acquit la co-propriété du théâtre de Drury-Lane, fut député à la Chambre des Communes en 1780 par le bourg de Strafford, prit rang parmi les whigs et combattit avec force l'administration de lord North, devint, à l'avènement du parti de Rockingham (1782), sous-secrétaire d'État de la guerre, puis secrétaire de la trésorerie (1783), mais n'occupa ces postes que peu de temps; rentra bientôt dans l'opposition et combattit vivement le ministère, soit dans des pamphlets et des feuilles périodiques, soit à la tribune. Il entama en 1787 le fameux procès contre Warren Hastings, dans lequel il prononça des discours qui l'ont placé au premier rang des orateurs anglais, se déclara pour la Révolution française, qu'il défendit de toutes ses forces, et fut un moment, par le crédit de Fox, trésorier de la marine, 1806. Livré au jeu et au plaisir, il était sans cesse aux expédients, bien que le succès de son théâtre de Drury-Lane eût dû le rendre riche; il finit par tomber dans la misère, fut emprisonné pour dettes et mourut abandonné des grands seigneurs qui avaient été ses compagnons de débauche. Néanmoins, on lui fit des obsèques magnifiques et il fut inhumé à Westminster. On a de Sheridan : les Rivaux, 1775; la Duègne, 1775; l’École de la médisance (The school for Scandal), 1777, pièce pétillante d'esprit et le principal fondement de sa réputation; le Critique, 1779; et un grand nombre de discours et de pamphlets politiques. Sheridan était un des orateurs les plus éloquents du Parlement; son discours contre Hastings est un chef-d'œuvre. Son théâtre manque d'originalité : il empruntait le plus souvent le plan de ses pièces et le caractère de ses personnages : l'École de la médisance elle-même est en partie empruntée au Misanthrope et au Tartufe. Thom. Moore a donné en 1821 une édition de ses Œuvres, en 2 vol. in-8, et a publié en 1826 des Mémoires sur sa vie (trad. par Th. Parisot). Son Théâtre a été traduit en franç. par F. Bonnet, Paris, 1838, 2 vol. in-8, et ses Œuvres complètes par Benj. Laroche, 1841. Merville a trad. à part l’École de la médisance, avec une préface de M. Villemain. — Thomas Sheridan, son père(1721-88), fut successivement acteur, directeur de théâtre à Dublin et à Londres, puis professeur de déclamation, et laissa des ouvrages estimés sur la langue anglaise, notamment un Orthoepical Dictionary, 1788, in-4, qui, avec celui de Walker, fait loi pour la prononciation. — Sa mère, Françoise Sheridan (1724-66), adonné deux romans (Sidney Bidulph, Nourjahad), et deux comédies (la Découverte, la Dupe).

SHERIDAN-KNOWLES (James), auteur et acteur irlandais, né à Cork en 1784, m. en 1862, était fils d'un professeur de grammaire. Après avoir longtemps végété, il attira l'attention en 1815 par sa tragédie de Caïus Gracchus. Celle de Virginius, représentée en 1820 à Covent-Garden, assura sa réputation. Il ne cessa depuis, jusqu'en 1843, de donner au théâtre des pièces de genres très-divers, tragédies, comédies, drames, dont il exécutait lui-même les principaux rôles ; mais chez lui l'acteur était au-dessous de l'auteur. Enthousiaste de Shakespeare, Sheridan-Knowles a continué, sans manquer d'originalité, les traditions de ce grand maître. Dans ses dernières années, il obtint une pension de 5000 fr. et la sinécure de conservateur de la maison de Shakespeare.

SHÉRIFF, nom donné en Angleterre au principal juge d'un comté. Il choisit les jurés et préside la County-court ou cour du comté, composée des teneurs de francs-fiefs et connaissant des affaires civiles au-dessous de 40 shillings, ainsi que le Sheriff's turn, espèce de cour d'assises qui se tient deux fois l'an et où se jugent la plupart des délits et des crimes ; enfin, il fait exécuter les jugements. Londres a deux shériffs, celui de Londres proprement dit et celui de Middlesex. Les shériffs sont nommés par le roi sur la présentation de six candidats faite par les juges d'un comté. — V. CHÉRIF.

SHERIFMOOR, plaine d’Écosse (Perthshire), au pied des monts Grampians, où les troupes du Prétendant (Jacq. Édouard Stuart), commandées par le comte de Mar, furent défaites par celle de George I, 1715.

SHERLOCK (W.), théologien anglais (1641-1707), occupa diverses cures à Londres, et devint en 1691 doyen de St-Paul. On a de lui des ouvrages estimés : Sermons sur la Mort et le Jugement, Traité de l'Immortalité de l'âme, Traité de la Providence (trad. en 1721). — Son fils, Thomas Sh., né à Londres en 1678, m. en 1761, s'est fait un nom comme prédicateur. Il fut successivement évêque de Bangor, 1728, de Salisbury, 1734, et enfin de Londres, 1748. il combattit l'anti-trinitaire Hoadly et l'incrédule Collins, et laissa, outre des Sermons, plusieurs ouvrages de polémique remarquables : les Témoins de la résurrection de J.-C. examinés et jugés selon les règles du barreau (trad. par Lemoine, 1732); Traité de l'usage et des fins des prophéties (trad. en 1733).

SHETLAND (îles), archipel de l'Atlantique, au N. de l’Écosse et des Orcades, fait partie du comté des Orcades. On y compte 90 îles, dont 58 habitées. Mainland ou Shetland est la plus grande; viennent ensuite Yell, Unst, Walsay, Noss, Foula, etc. On y compte env. 30 000 h. Lerwik est la ville principale. Climat très-pluvieux, été très-court, soi marécageux; beaucoup de tourbe; pêche abondante; excellents petits chevaux appelés Shetland-poneys. Ports nombreux, mais inaccessibles l'hiver. — Certains auteurs ont prétendu reconnaître dans ces îles la Thule des anciens ou du moins les Insulæ Æmodæ. Elles ont, comme les Orcades, appartenu à la Norvège jusqu'en 1368 (V. ORCADES).

SHETLAND (NOUV.-), archipel de l'Atlantique austral, au N. O. de la Terre de la Trinité, par 61°-63° lat. S. et 55°-53° long. O., se compose de 12 îles principales (Levingston, Cornwallis, King-George, Robert, etc.). Découvert en 1819 par Will. Smith, exploré en 1838 par Dumont d'Urville.

SHIELD (Will.), compositeur, né en 1754 dans le comté de Durham, m. en 1828, était fils d'un maître de chant. Il fut dix-huit ans chef d'orchestre à Scarborough, fit représenter à Hay-Market et à Covent-Garden un grand nombre d'opéras qui eurent du succès, devint directeur de Covent-Garden, et chef des musiciens du roi. Les meilleurs de ses opéras sont : The flitch of bacon, Rosina, Robin Hood, Marian, The enchanted Castle, Oscar and Malvina. Il fit aussi l'air d'un grand nombre de chansons devenues populaires. On a de lui une Introduction à l'harmonie, 1800.

SHIRLEY (Ant.), voyageur anglais, né en 1565, m. en 1631, visita les Antilles, l'Italie, la Perse (d'où il revint chargé de présents de Chah-Abhas pour diverses puissances européennes), puis la Russie, et enfin l'Espagne, et fut nommé par le roi d'Espagne, Philippe IV, amiral des mers du Levant et membre du conseil de Naples. On a de lui : Voyage aux Antilles (dans la recueil d'Hakluyt); Voyage en Perse, 1613 ; Voyage par la mer Caspienne et à travers la Russie, publié par W. Parry, 1601.

SHIRLEY (Jacques), poëte dramatique, né à Londres en 1594, m. en 1656, se consacra d'abord à l'enseignement, puis composa des pièces de théâtre qui lui valurent la faveur de la reine Marie. Fidèle à la cause royale, il servit pendant la guerre civile sous les ordres du duc de Newcastle. On a de lui 37 pièces de théâtre, dont la meilleure est les Joueurs, des Poëmes, publiés à Londres, 1649, et deux grammaires latines estimées. Comme auteur dramatique, il se place auprès de Beaumont et de Fletcher. Ses Œuvres ont été publ. en 1833 par Gifford, 6. v. in-8.

SHIVA, dieu indien. V. SIVA.

SHORE (Jane), maîtresse d’Édouard IV, roi d'Angleterre, était la femme d'un orfèvre de Londres. Après la mort du roi, elle s'attacha à lord Hastings. Richard III (encore duc de Glocester) la fit condamner pour adultère et débauche à faire amenda honorable devant l'église de St-Paul, et confisqua les grands biens qu'elle possédait (1483). Une tradition ajoute qu'elle fut réduite à une telle misère qu'elle mourut de faim, mais il paraît qu'elle vécut jusqu'au règne de Henri VIII. Ses malheurs ont été mis sur la scène anglaise par Rowe, et sur la scène française par MM. Liadières et Nép. Lemercier.

SHOREHAM (NEW-), bg d'Angleterre (Sussex), sur la Manche, à 26 k. N. O. de New-Haven; 1500 h. Port peu commode. C'est là que débarqua le Saxon Ella lorsqu'il vint s'établir en Angleterre. — Près de New-Shoreham, à 2 kil. de la Manche, est Old-Shoreham, jadis ville importante, auj. pauvre village.

SHREWSBURY, Uriconium, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Shrop, qu'on nomme aussi comté de Shrewsbury, sur la Severn, à 245 kil. N. O. de Londres ; 22 000 hab. Plusieurs édifices remarquables : théâtre, collégiale de St-Alkmund, monument dit Quarries ; marché, filature de fil, fonderie de fer ; manufacture pour donner la dernière façon aux flanelles de Galles, brasseries ; lard et gâteaux renommés. Entrepôt de commerce avec le pays de Galles. — Ville ancienne, fondée par les Bretons au Ve s., et d'abord capit. des princes de Powis ; prise ensuite par les Saxons et longtemps importante comme poste militaire. Aux env. se livra la bataille de Shrewsbury (1403), où se signala Henri V, encore prince de Galles, et où périt e brave Hotspear. Les troupes du Parlement la prirent en 1645.

SHREWSBURY (TALBOT, duc de). V. TALBOT.

SHROP (Comté de), comté d'Angleterre, entre ceux de Chester au N., de Stafford à l'E., de Worcester et d'Hereford au S., et le pays de Galles à l'O. et au N. O. : 72 kil. du N. au S. sur 48 ; 260 000 h.; ch.-l., Shrewsbury. Le comté est traversé par la Severn. On en extrait d'immenses quantités de houille, ainsi que du fer, du plomb. — Le nom de Shrop n'est qu'une corruption de Shrewsbury. On nomme aussi ce comté Salop.

SIAK, v. de l'île de Sumatra, capit. d'un État de même nom, sur le Siak, à 260 kil. de son embouchure ; résidence du radjah. — L’État de Siak, borné au N. E. par le détroit de Sumatra, était jadis beaucoup plus étendu : il avait 600 k. sur 150, et faisait un commerce important ; il est auj. désolé par l'anarchie.

SIAM ou THAÏ (Roy. de), un des trois grands États de l'Indo-Chine, a pour bornes au N. le Yunnan (en Chine), à l'E. le Laos et le Cambodje annamitiques, à l'O. le golfe de Bengale, au S. les États indépendants de Malacca, le golfe de Siam et la mer de la Chine ; il s'étend de 96° à 102° long. E., de 12° à 21° lat. N., et a 1400 kil. du S. au N. sur 300 de largeur moyenne ; près de 6 000 000 d'hab.; capitale, Bankok (c'était jadis Siam). Le pays est divisé en 4 régions : le roy. de Siam proprement dit, le Laos siamois, le Cambodje siamois, le Malacca siamois. Il faut y joindre l'île de Djonkseylon. Le royaume de Siam a de longues et hautes chaînes de montagnes, entre lesquelles coulent deux grands fleuves, le Salouen et le Meïnam-Kong. Les rives de ce dernier sont bien cultivées, le reste est presque tout en friche; le sol pourtant est très-fertile. D'immenses forêts hérissent le pays et servent d'asile aux tigres, aux lynx, aux singes, aux éléphants (parmi lesquels il s'en trouve de blancs, que les Siamois vénèrent comme des dieux). Les produits du sol consistent en riz, sucre, coton, poivre, tabac, bétel, laque, bois précieux, pelleteries, dents d’éléphant, nids d'hirondelles (mets recherché en Chine), etc. L'industrie est très-bornée; le commerce est aux mains des Chinois et des Européens, surtout des Anglais. L'Europe y importe des draps, des armes à feu, de la verrerie etc. Le gouvernement est le despotisme le plus complet; le pouvoir est partagé entre deux rois, dont l'un est supérieur à l'autre ; la garde particulière du roi se compose d'un bataillon de femmes; l'armée renferme un grand nombre d'éléphants. La religion dominante est le Bouddhisme : Bouddha y est représenté par un éléphant blanc. Le Christianisme y a quelques partisans, mais il est vu avec défiance et persécuté. — Le roy. de Siam, longtemps indépendant, devint en 1759 tributaire des Birmans; mais en 1768 il recouvra son indépendance sous Piatak, qui conquit le Youngama, le Cambodje siamois et la partie de Malacca qui est encore auj. sujette de Siam. Les successeurs de ce prince ont marché sur ses traces. Dans le XVIIe s., des relations avaient commencé entre la France et le roy. de Siam : des ambassadeurs siamois avaient même été envoyés à la cour de Louis XIV en 1680, à l'instigation d'un aventurier grec, nommé Constantin Phalcon, qui était devenu le favori du roi de Siam, mais ces relations n'eurent pas de suite; elles ont été renouées en 1856 et ont abouti à un traité de commerce. On doit à Mgr Pallegoix une Description du roy. de Siam, 1854.

SIAM, dite aussi Youdra, Juthia, Si-yo-Thy-ya et Douaraouaddi, v. du roy. de Siam, jadis capitale, dans une île de Meïnam, par 98° 9' long. E., 14° 45' lat. N., à 70 kil. N. de Bankok (la capitale actuelle) ; env. 50 000 hab. Murs en briques, flanqués de tours, canaux; ruines nombreuses. — Dévastée en 1766 par les Birmans; très-grande et très-belle avant ce désastre : on y compta, dit-on, jusqu'à 600 000 h.

SIAM (Golfe de), golfe formé par la mer de Chine, entre le roy. de Siam au N., la presqu'île de Malacca à l'O. et l'empire d'Annam à l'E. Il reçoit le Meïnam.

SIBÉRIE, vaste région de l'Asie, qui en occupe toute la partie septentr. et qui compose à elle seule presque toute la Russie d'Asie, a pour bornes à l'O. la Russie d'Europe, au N. l'Océan Glacial arctique, à l'E. le Grand Océan, au S. le Turkestan et l'Empire chinois, s'étendant de 62° long. E. à 173° long. O., et de 44° à 76° lat. N.; elle peut avoir 7000 kil. de l'E. à l'O. sur 1750 du N. au S.; env. 2 500 000 hab. ; villes principales : Tobolsk, Tomsk, Irkoutsk (Pour les divisions, V. RUSSIE D'ASIE). Très-vastes systèmes de montagnes, surtout au S. (grand et petit Altaï, monts Daouriens, Stanovoï, etc.); grands fleuves : l'Obi (avec l'Irtyche, son affluent), la Lena, l'Iénissei, la Kolima, la Katanga, etc.; grands lacs (Baïkal, Altanhoor, Palkacha, Alaktougoul, etc.). Froid extrême, insupportable dans les régions polaires, où l'on ne trouve que des mousses et des lichens; climat moins rigoureux dans les contrées du S., où la culture est développée ; ciel serein, air pur et salubre. Riches mines d'or, cuivre, fer, pierres précieuses, platine, etc. Steppes immenses et inhabitées; le pays abonde cependant en animaux à fourrure (hermine, marte, zibeline, renard noir, etc.); on y trouve aussi le renne, le chien de Sibérie. Les habitants sont de races diverses : Tatars et Iakoutes, possesseurs du sol, Finnois, Samoïèdes, Tongouses, Tchoutchis, Kalmouks, Kasaks, etc. Ils professent les uns le Chamanisme, les autres l'Islamisme ou la religion grecque. La Sibérie sert au gouvernement russe de lieu d'exil; on y envoie tous les ans 3 ou 4 mille criminels, surtout des condamnés politiques. — La Sibérie, dont le nom rappelle les Sabires ou Sévériens (V. SÉVÉRIE), forma dès le XIIIe s. un khanat, fondé vers 1242 par les Tatars, et qui eut pour capit. Sibir sur l'Irtyche. Les Russes ne connurent guère cette contrée qu'en 1580, époque à laquelle le cosaque Iermak en commença la conquête pour Ivan IV, et s'empara de Sibir, capitale du principal khan du pays, dont le nom, aurait été, dit-on, étendu dans la suite à tout le pays.

SIBÉRIE (NOUV.), ou îles LIAIKHOV, groupe d'îles de l'Océan Glacial arctique, par 71°—74° lat. N. et 131°—153° long. E., près de la côte N. de la Sibérie; on y distingue 3 îles principales, Kotelnoï, Fadevskoï, Atrikanskoï. Froid glacial : souvent toute la mer, entre la côte et les îles, est prise. Os de cétacés, mammouths, etc.; vastes couches de bois pétrifié. Pas d'habitants. — Ces îles n'ont été découvertes qu'au commencement du XVIIIe s.

SIBERT (Gautier de). V. GAUTIER.

SIBIR ou ISKER, anc. v. de Sibérie, sur l'Irtyche, à 24 kil. N. du lieu où fut bâtie depuis la ville de Tobolsk, était la capit. du khanat de Touran; elle fut prise en 1581 par le cosaque Iermak pour les Russes. On croit que cette ville a donné son nom à la Sibérie.

SIBOUR (Aug.), archevêque de Paris, né en 1792 à St-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), était en 1848 évêque de Digne et s'était signalé par des tendances gallicanes et libérales, lorsqu'il fut choisi pour remplacer Mgr Affre, victime de l'insurrection de juin. Il justifia ce choix par ses vertus évangéliques, par ses efforts constants pour pacifier les esprits et par sa sollicitude pour les classes pauvres, en faveur desquelles il fonda plusieurs œuvres charitables; il tint à Paris en 1849 un concile où furent rendus d'importants décrets, augmenta le nombre des paroisses, encouragea de tout son pouvoir les études ecclésiastiques, et institua, comme gage de conciliation, la Fête des Écoles. Malgré ses généreuses intentions, ce vertueux prélat rencontra, surtout dans une partie de la presse religieuse, une violente opposition, et finit par devenir victime d'un abominable attentat : le 3 janvier 1857, un prêtre interdit le frappa d'un coup mortel dans l'église St-Étienne du Mont au moment où il venait d'y officier. Mgr Sibour a rédigé des Institutions diocésaines, recueil de règlements ecclésiastiques remarquables par leur sagesse, et des Mandements qui attestent, avec une véritable éloquence, un esprit versé dans la philosophie aussi bien que dans la religion. On remarqua surtout ses Mandements sur la Justice et sur la Charité (1851-1852). Poujoulat a écrit sa Vie, 1857.

SIBTHORP (Joseph), botaniste, né en 1758 à Oxford, m. en 1796, professa la botanique à l'Université d'Oxford (1784), parcourut, dans un premier voyage, l'Archipel, Candie, Chypre, la Livadie, la Thessalie, la Macédoine, les côtes de l'Asie-Mineure (1787, etc.), et, dans un 2e, la Morée, Céphalonie, Zante, l'Albanie, etc. (1794), et revint avec de riches collections en Angleterre. Il publia lui-même en 1794 la Flora oxoniensis et légua des fonds à l'Université d'Oxford pour publier sa Flora græca, qui parut en 10 vol. in-fol., avec 1000 figures.

SIBYLLE, fille d'Amauri I, roi de Jérusalem, épousa d'abord Guillaume Longue-Épée, marquis de Montferrat, dont elle eut un fils, qui fut reconnu roi de Jérusalem en 1185 sous le nom de Baudouin V; cet enfant étant mort au bout d'un an, elle épousa Guy de Lusignan, et le fit monter avec elle sur le trône de Jérusalem (1186).

SIBYLLES, Sibyllæ, nom donné par les Grecs et les Romains à des femmes auxquelles ils attribuaient l'inspiration divine. On venait en foule les consulter; elles rendaient leurs oracles en termes ambigus, ou les écrivaient sur des feuilles volantes, qui souvent devenaient le jouet des vents. Les anciens ne sont pas d'accord sur leur nombre; on en compte jusqu'à 10 : les plus célèbres étaient celles d'Érythres et de Cumes. On contait que cette dernière, à laquelle on donne les différents noms de Démophile, Hérophile, Manto, Amalthée, vint à Rome du temps de Tarquin l'Ancien, et lui vendit des livres qui renfermaient tout l'avenir de Rome (livres sibyllins) ; que ce prince déposa ces livres au Capitole, et en confia la garde à deux prêtres nommés duumvirs, dont le nombre fut depuis porté à 15 (quindécemvirs). On consultait ces livres dans les occasions importantes, et on y trouvait toujours, disait-on, d'utiles révélations. Les livres sibyllins furent brûlés dans un incendie du Capitole, qui eut lieu un an avant la dictature de Sylla (83 av. J.-C.). Le sénat envoya aussitôt dans les villes de l'Italie et de la Grèce pour recueillir les prédictions des sibylles qu'on pourrait y trouver, et on en fit un nouveau recueil. Ce recueil fut livré aux flammes en 399 par Stilicon, par ordre d'Honorius. — Nous avons, sous le titre d’Oracles sibyllins, un recueil de vers grecs où sont prédits, non-seulement les destins de Rome, mais même les principaux événements de la vie du Christ : c'est évidemment un livre supposé. Ces Oracles sibyllins ont été publiés, d'abord par Betuleius (Birken) en 1545; puis par Seb. Castalio (Chateillon) en 1555, par Opsopæus, Paris, 1599; par Servatius Gallæeus, Amst., 1689. Angelo Mai en a publié de nouveaux fragments en 1817 et en 1828; M. Alexandre a donné le texte grec complet, avec traduct. en vers latins et commentaire, Paris, 1841-57, 2 vol. in-8. M. Friedlieb l'a publié en 1853 à Leipsick, avec traduction allemande.

SICAMBRES, Sicambri, peuple belliqueux de Germanie, habitait près de la r. dr. du Rhin, au N. de la Lippe; il s'étendit ensuite jusqu'au Visurgis (Weser). Drusus les battit, puis en établit des corps entiers dans la Gaule belgique. Au IIIe s., ils se mêlèrent aux Francs, avec lesquels on les confond quelquefois.

SICANIE, nom primitif de la Sicile, lui venait des Sicanes, peuple Ibérien, qui émigra de l'Hispanie Tarraconaise, passa en Italie et de là en Sicile.

SICARD (le P.), missionnaire jésuite, né en 1677 à Aubagne, parcourut la Syrie, 1706, puis l’Égypte, apprit l'arabe et visita les monuments des peuples chez lesquels il exerçait son ministère, mais mourut de la peste au milieu de ses travaux (1726). On lui doit d'intéressantes observations sur l’Égypte (dans les Lettres édifiantes).

SICARD (l'abbé), instituteur des sourds-muets, né en 1742 à Fousseret, près de Toulouse, m. en 1822, fut envoyé à Paris par l'archevêque de Bordeaux pour étudier la méthode de l'abbé de l’Épée, dirigea à son retour (1786) une école de sourds-muets à Bordeaux, remplaça en 1790 l'abbé de l’Épée à Paris, fut incarcéré en 1792 comme royaliste, malgré les efforts de ses élèves qui tinrent présenter à l'Assemblée nationale une pétition en sa faveur, et faillit être massacré aux journées de septembre ; fut nommé en 1795 professeur de grammaire générale à l'École normale et fit ce cours avec succès, fut proscrit par le Directoire au 18 fructidor comme rédacteur des Annales catholiques, reprit ses fonctions auprès des sourds-muets après le 18 brumaire, et fut admis à l'Institut en 1799. D'un caractère simple et facile, l'abbé Sicard fut dans sa vieillesse dupe d'intrigants qui le dépouillèrent. On a de lui, entre autres écrits : Mémoires sur l'art d'instruire les sourds de naissance (1789); Catéchisme à l'usage des sourds-muets (1796) : Éléments de grammaire générale appliqués à la langue française (l799); Cours d'instruction d'un sourd-muet (1800); Théorie des signes pour l'instruction des sourds-muets (1808). Ses ouvrages sont écrits avec quelque diffusion ; cependant ses livres sur l'éducation des sourds-muets servent encore de guides à tous les instituteurs.

SICCA-VENEREA, auj. el Kef, v. de Numidie, à l'E., près du Bagradas, entre Zama au S. et Madaure à l'O. Marius y battit Jurgurtha, en 109 av. J.-C.

SICELEG, v. de Palestine, dans le pays des Philistins, fut donnée par le roi de Geth à David pour asile pendant qu'il fuyait la persécution de Saül.

SICHÉE, mari de Didon. V. DIDON.

SICHEM, ensuite NÉAPOLIS, auj. Naplouse, v. de Palestine, dans la tribu d'Ephraïm, puis dans la Samaritide, au S. de Samarie et près du mont Garizim. Les fils de Jacob tuèrent tous les habitants de cette ville parce qu'ils avaient insulté leur sœur Dina. Abimélech, fils de Gédéon, la dévasta; mais elle fut rebâtie par Jéroboam. C'est à Sicham que les dix tribus se révoltèrent contre Roboam, et cette ville fut la 1re capitale du roy. d'Israël. Elle est la patrie de S. Justin. Vespasien en fit une colonie romaine sous le nom de Flavia Neapolis (d'où par corruption Naplouse).

SICILE, Sicilia, Sicania, Trinacria, la plus grande île de la Méditerranée, à la pointe de l'Italie, dont elle n'est séparée que par un détroit d'env. 30 kil. (le détroit de Messine). Elle a 300 k. de l'E. à l'O. sur une largeur qui varie de 50 à 190, et env. 2 240 000 h.; capit., Palerme. Elle se divisait autrefois en trois parties (val di Demona, val di Mazzara, val di Noto); elle est divisée auj. en sept provinces (Palerme, Messine, Catane, Syracuse ou Noto, Caltanisetta, Girgenti, Trapani). Cette île, remarquable par sa forme triangulaire, est terminée à chaque angle par un promontoire (les caps Passaro, Faro, Boeo des modernes, Pachynum, Pelorum, Lilybæum des anciens), d'où son nom de Trinacria, qui veut dire l'île aux trois caps. Hautes montagnes, dont la principale est l'Etna, si célèbre par ses éruptions volcaniques; superbes vallées. Rivières nombreuses, mais petites : Giaretta, Salso, Platani, Calatabellota, Termini, Fiume-Grande, etc. Chaleurs extrêmes, sauf dans les montagnes ; le climat est cependant pur et sain; le sol est très-fertile (on appelait la Sicile le grenier du peuple romain), mais la culture est négligée. Palmiers, cannes à sucre et autres plantes tropicales; abeilles qui donnent un miel exquis (surtout au mont Hybla); soie, coton, sucre, safran. Fer, cuivre, soufre (en abondance), plomb, alun, porphyre; sources minérales et thermales. Industrie peu active. Le commerce intérieur est faible ; le comm. extérieur est aux mains des étrangers. — La Sicile paraît avoir fait originairement partie de l'Italie; ses montagnes semblent un prolongement des Apennins. Elle eut pour premiers habitants des Pélasges, dits Sicules, venus d'Italie, et des Sicanes, venus de l'Hispanie; la mythologie y place les Cyclopes et les Lestrygons. A partir du XIe s. av. J.-C., mais surtout depuis le VIIIe, il y vint de nombreuses colonies grecques, tant doriennes qu'ioniennes : Syracuse, Agrigente, Sélinonte, Catane sont les plus célèbres; les indigènes furent refoulés vers les montagnes de l'intérieur. Les villes grecques parvinrent bientôt à une grande prospérité, mais elles furent en proie à beaucoup de révolutions intérieures; pour échapper aux excès de la démagogie, la plupart acceptèrent le joug de tyrans. Les tyrans les plus fameux furent Phalaris et Théron dans Agrigente; Gélon, Hiéron, les deux Denys, Agathocle, à Syracuse. En 415, Athènes entreprit la conquête de la Sicile, mais elle échoua honteusement devant Syracuse (413). Les Carthaginois ensuite envahirent ce pays : Denys Le Tyran, Agathocle, et plus tard Pyrrhus, ne retardèrent qu'un instant leurs progrès : ils possédaient déjà la partie occidentale et allaient faire la conquête de toute l'île, quand Rome vint la leur disputer (266). La 1re guerre punique valut à cette dernière puissance toute la partie que possédaient les Carthaginois (241); la 2e guerre punique lui donna le reste (212) : toute la Sicile fut réduite en province romaine. Elle eut souvent à souffrir des exactions des préteurs : de 73 à 71 av. J.-C., Verres y exerça un véritable brigandage. De 44 à 36, elle fut le siége de la puissance de Sextus Pompée : la victoire navale de Nauloque la livra à Octave. Après cinq siècles de paix, elle fut envahie par les Vandales, 440, puis par les Goths, 493. Bélisaire la reprit en 535 pour les empereurs grecs et en fit la base de ses opérations contre l'Italie. Dès le VIIe s., les Musulmans commencèrent à envahir la Sicile : en 827, les Aglabites en ravirent la plus grande partie aux Grecs; les Fatimites leur succédèrent en 917 et en restèrent maîtres jusqu'au XIe s. De 1058 à 1090, Roger le Normand chassa les Grecs et les Arabes, et prit le titre de grand-comte de Sicile. Au siècle suivant, en 1130, l'île devint une partie du roy. normand des Deux-Siciles, mais elle en fut détachée à diverses reprises, notamment en 1282, à la suite des Vêpres siciliennes et de l'expulsion de la maison d'Anjou. Elle forma alors un État à part sous le titre de Roy. de Sicile (V. ci-après). Quand Naples eut été occupé par les armes françaises, le roi Ferdinand IV se réfugia en Sicile. C'est cette île qui, en 1848 et 1859, commença le mouvement insurrectionnel qui aboutit en 1860 à l'expulsion des Bourbons. SICILES (Roy. des DEUX-), un des anciens États méridionaux de l’Europe, borné au N. par les États de l’Église, partout ailleurs par la Méditerranée, était formé de deux parties distinctes : le Roy. de Naples et la Sicile, qui sont séparées par le détroit de Messine. Il comptait env. 8 000 000 d’hab. et avait pour capit. Naples. Tout le roy. était divisé en 22 prov., dont 15 pour le roy. de Naples et 7 pour la Sicile (V. les articles NAPLES et SICILE). — Naples et la Sicile ont été alternativement séparés et réunis. Une 1re  réunion eut lieu en 1130 sous les princes normands, quand Roger II, fils de Roger I, eut joint au grand-comté de Sicile le duché de Pouille, le comté d’Averse et Gaëte, Naples, Amalfi. Ces divers États reçurent dès lors en commun le nom de Royaume des Deux-Siciles. La postérité de Roger s’éteignit dans les mâles en 1194, et la couronne passa, par suite du mariage de l’héritière Constance avec l’empereur Henri VI, dans la maison des Hohenstaufen. Après une longue lutte contre les papes et contre les princes de la maison d’Anjou, les princes allemands finirent par succomber : Conradin, le dernier d’entre eux, périt sur l’échafaud en 1268. Dès 1266, la maison d’Anjou occupait le trône ; mais en 1282, les Vêpres Siciliennes furent le signal d’un soulèvement en Sicile, et les deux royaumes furent séparés. Les princes d’Anjou gardèrent Naples ; la maison d’Aragon obtint la Sicile. Après diverses révolutions, Alphonse V d’Aragon réussit, en dépit de la 2e  maison d’Anjou, qui lui disputait Naples, à opérer la réunion des 2 couronnes et ressuscita le roy. des Deux-Siciles (1435). Mais dès sa mort il y eut de nouveau séparation (1458), et une ligne bâtarde de la maison d’Aragon prit possession de Naples, tandis que la ligne légitime gardait la Sicile. En 1504, Ferdinand le Catholique réunit encore les deux royaumes, et cette fois l’union dura jusqu’à l’extinction de la maison d’Autriche-Espagne. La paix d’Utrecht (1713) donna la Sicile à Victor-Amédée, duc de Savoie, en même temps qu’elle donnait à l’Autriche Naples avec la Sardaigne. Mais dès 1720 Victor-Amédée échangeait la Sicile contre la Sardaigne, et le Royaume des Deux-Siciles fut de nouveau reconstitué d’abord en faveur de l’Autriche (1721), ensuite en faveur de la branche puînée de la ligne de la maison de Bourbon régnant en Espagne (1735). Cette branche ayant été appelée au trône d’Espagne en 1759 dans l’aîné de ses représentants, le royaume fut dévolu à un prince du rameau cadet : cette maison l’a gardé jusqu’à la conquête française (1806-1815). Pendant cette période, le frère de Napoléon, Joseph (1806-8), puis Joachim Murat, son beau-frère, régnèrent à Naples, tandis que la Sicile gardait son roi Ferdinand IV. Des troubles ayant éclaté en Sicile en 1810, ce dernier prince ne conserva sa couronne que grâce à l’intervention anglaise, et en accordant aux Siciliens une constitution libérale (1812). Redevenu maître des Deux-Siciles en 1815, Ferdinand abolit la constitution de 1812, et retira à la Sicile tous ses privilèges : par suite, une double révolution éclata à la fois à Palerme et à Naples (1820) ; mais les efforts des libéraux furent bientôt comprimés avec le secours de l’Autriche. Forts de cette protection, les rois François I et Ferdinand II gouvernèrent d’une manière de plus en plus despotique et violente ; ils se rendirent tellement odieux que François II, leur successeur, se vit expulser de Naples en 1860 sans trouver personne pour l’y défendre : son départ mit fin au royaume des Deux-Siciles, qui fut annexé en 1861 au royaume d’Italie. V. ITALIE.

Souverains des Deux-Siciles.
I. Avant le nom de Deux-Siciles.
Grand-comté (ensuite duché) de Pouille. Grand-comté de Sicile.
Guillaume I, 1043
Drogon, 1046
Humfroi, 1051 Roger I (frère de Robert Guiscard), 1058
Robert Guiscard (duc à partir de 1059), 1057
Roger, 2e fils de Robert, 1085 Simon, 1101
Guillaume II, 1111-1127 Roger II, 1105-1130
II. Royaume des Deux-Siciles.
Dynastie normande.
Roger I (le même que Roger II, comte de Sicile), 1130
Guillaume I, 1154
Guillaume II, 1166
Constance, 1189
Tancrède et Guillaume III, usurpateurs, 1189-1194
Dynastie des Hohenstaufen.
Henri VI (époux de Constance), 1194
Frédéric I (II comme empereur), 1197
Conrad, 1250
Conradin, 1254-1268
Mainfroi, usurpateur, 1258-1266
Commencement de la 1re maison d’Anjou.
Charles I (frère de S. Louis), 1266-1282
III. Séparation des deux royaumes.
Naples (maison d’Anjou). Sicile (maison d’Aragon).
Charles I, 1282 Pierre I (III comme roi d’Aragon), 1282
Charles II, 1285 Jacques, 1285
Robert, 1309 Frédéric I, 1296
Jeanne I, 1343-82 Pierre II, 1337
Avec André de Hongrie, 1343-45 Louis, 1342
Avec Louis de Tarente, 1349-62 Frédéric II, 1355
Charles III, 1382 Marie, 1377-1402
Ladislas, 1386 Pierre le Cérémonieux (r. d’Aragon, aïeul de Marie), 1377-82
Jeanne II, 1414-35 Martin I :
2e mais. d’Anjou (prétendant seulem. à Naples). comme époux de Marie, 1391
Louis I, 1382 comme roi, 1402
Louis II, 1385 Martin II, 1409
Louis III, 1417 Ferdinand I, 1410
René, 1435-80 Alphonse I, 1416-1435
IV. Deuxième réunion.
Alphonse I (déjà roi de Sicile), 1435-1458
V. Deuxième séparation.
À Naples. En Sicile.
Ferdinand I, 1458 Jean, d’Aragon, 1458
Alphonse II, 1494 Ferdinand III, le Catholique, roi d’Aragon, 1479-1504
Ferdinand II, 1495
Frédéric II, 1496-1501
VI. Troisième réunion.
Ferdinand III (d’Aragon), le Catholique, 1504
Dynastie d’Autriche-Espagne.
Charles I (Charles-Quint), 1516
Philippe I (II en Espagne), 1556
Philippe II (III), 1598
Philippe III (IV), 1623
Charles II, 1665-1700
Après la fin de la dynastie.
Philippe IV de Bourbon (V en Espagne), 1700
Charles d’Autriche (depuis empereur), 1707-13
VII. Troisième séparation.
À Naples. En Sicile.
Charles III (le même), 1713 Victor-Amédée, 1713-21
VIII. Quatrième réunion.
Charles IV ou don Carlos (III en Espagne), 1735
Ferdinand IV (de Bourbon), 1759-1806
IX. Quatrième séparation.
À Naples. En Sicile.
Joseph Napoléon, 1806 Ferdinand IV (continue), 1806-15
Joachim Murat, 1808-15
X. Cinquième réunion.
Ferdinand I (ou IV), de nouveau, roi des Deux-Siciles, 1815
François I, 1825
Ferdinand II, 1830
François II, 1859-60
Réunion au Royaume d’Italie, 1861

SICINIUS BELLUTUS (C.), plébéien, se mit à la tête du peuple romain lorsqu’il se retira sur le mont Sacré, en 493 av. J.-C., et fut un des cinq premiers tribuns élus lors de la transaction qui ramena le peuple à Rome. — Son fils, C. Sicmius, fut le chef de la retraite de 449 sur l'Aventin après le meurtre de Virginie et la chute des Décemvirs.

SICINIUS DENTATUS (L.), brave centurion qui avait servi 40 ans, pris part à 120 combats, et était couvert de glorieuses blessures. Nommé tribun, il fit revivre la loi agraire d'Icilius et condamner deux consuls à l'amende. Le décemvir Appius Claudius, craignant son influence sur le peuple, le fit assassiner par ses satellites, 449 av. J.-C.

SICINIUS, tribun du peuple après la mort de Sylla, tenta de rendre au tribunat les attributions dont l'avait privé le dictateur : il fut combattu par les consuls et assassiné par Curion, l'un d'eux (76 av. J.-C.).

SICKINGEN (Frantz de), un des héros de la Réforme, né en 1481, au château de Sickingen (dans le grand-duché actuel de Bade, sur la r. dr. du Rhin, près de Bretten), m. en 1533, donna asile dans sa forteresse d'Ébernbourg aux réformateurs proscrits, notamment à Ulric de Hutten, avec qui il fut lié étroitement, défendit la Réforme de son épée et de sa plume, et installa dans son château une imprimerie d'où sortirent un grand nombre de pamphlets rédigés par ses coreligionnaires ou par lui-même. Forcé dans le château de Landstuhl par le landgrave de Hesse, il fut mortellement blessé dans le combat. E. de Bouteiller a écrit l’Hist. de Fr. de Sickingen, Metz, 1860.

SICORIS, riv. de la Tarraconaise, affluent de l’Iberus (l'Èbre), est auj. la Sègre.

SICULES, Siculi, peuple d'origine pélasgique qui passa de la Dalmatie dans l'Italie, et que l'invasion des Rasènes ou l'hostilité des Aborigènes poussa dans l'île qui prit d'eux le nom de Sicile.

SICCLUM FRETUM, nom ancien du détroit qui sépare la Sicile de l'Italie : c'est auj. le Phare de Messine.

SICYONE, Sicyon, auj. Vasilica, v. du Péloponèse, sur la côte N., à l'embouch. de l'Asopus, était la v. principale de la Sicyonie, petite contrée située entre l'Achaïe à l'O. et la Corinthie à l'E. L'existence de Sicyone remontait, disait-on, a 21 siècles av. J.-C. Ses premiers habitants furent les Telchines; 32 rois y régnèrent du XIXe s. à 1190 av. J.-C. ; les Héraclides, devenus maîtres du Péloponèse, s'y établirent sous la conduite de Phalcès, fils de Téménus, et y fondèrent une république aristocratique, qui quelquefois eut des tyrans. Dans la guerre médique, les Sicyoniens fournirent leur contingent aux Grecs; dans la guerre du Péloponèse, ils prirent parti pour Sparte. S'étant déclarée, dans la guerre Lamiaque, contre la Macédoine, la ville fut soumise par Cassandre; elle tomba en 303 av. J.-C. au pouvoir de Démétrius Poliorcète, qui la transféra, de la plaine où elle était assise, sur une hauteur voisine. En 252, Aratus, le héros de Sicyone, fit entrer sa patrie dans la Ligue achéenne, dont elle devint comme la capitale et dont elle a depuis suivi le sort. Cette ville aimait les arts et le luxe; elle avait de célèbres écoles de peinture et de sculpture et a produit Polyclète, Lysippe, Timanthe, Pausias, etc. On y voit encore des ruines remarquables (restes d'un théâtre, d'un petit temple, d'un stade et d'aqueducs). — La [wikt:Sicyonie|Sicyonie]], comprise auj. dans le roy. de Grèce, fait partie du nome d'Argolide et de l'éparchie de Corinthe.

SIDDONS (Sarah KEMBLE, mrss), actrice anglaise, née en 1755, morte en 1831, fille de Roger Kemble, directeur d'une troupe ambulante, et sœur du fameux acteur J. Kemble, épousa Siddons, acteur de la troupe de son père, joua longtemps en province avant d'être appréciée à sa valeur, parut en 1782 à Drury-Lane, et obtint de si grands succès qu'on la surnomma la Reine de la tragédie : le rôle de lady Macbeth était son triomphe. Elle quitta le théâtre dès 1799 pour se livrer aux lettres et à l'éducation de ses enfants.

SIDE, auj. Eski-Adalia, v. de la Pamphylie, dont elle fut quelque temps la capitale, sur la mer, entre les embouchures du Mélas et de l'Eurymédon, était jadis un refuge de pirates. Patrie de Tribonien.

SIDI ou SEID, mot arabe, veut dire seigneur.

SIDI-BEL-ABBÈS, poste militaire d'Algérie (Oran), ch.-l. de cercle, à 80 kil. S. d'Oran, entre Tlemcen et Mascara. Colonie française établie en 1849 : c'est une des plus florissantes de l'Algérie : 5583 h.

SIDI-BRAHIM, marabout situé à 15 k. S. de Djemma-Ghazouat; 450 Français, commandés par le colonel Montagnac, y furent attirés par trahison et surpris par 3000 Arabes : ils s'y firent massacrer tous plutôt que de se rendre, le 22 sept. 1845. Un monument leur a été élevé à Djemma-Ghazouat.

SIDI-FERRUCH, en espagnol Torre-Chica, petite baie et presqu'île sur la cote de l'Algérie, à 25 k. O. d'Alger. C'est là que débarqua l'armée française et qu'elle gagna sa 1re victoire, le 14 juin 1830. Un monument élevé sur le lieu en consacre le souvenir.

SIDI-HESCHAM (État de), État de l'Afrique, comprend partie du pays de Sous et quelques pays à l'O. de cette contrée, et a pour capit. Talent. C'est l'entrepôt du commerce entre Tombouctou et Maroc. — Cet État fut formé en 1810 aux dépens du Maroc par Hescham, fils du chérif Ahmed-ebn-Mousay.

SIDI-MOHAMMED, empereur de Maroc, de la dynastie des Chérifs, succéda en 1757 à son père Muléi-Abdallah, tenta de civiliser le Maroc, établit des relations commerciales avec plusieurs États de l'Europe, fonda Mogador, enleva Mazagan aux Portugais (1769), mais échoua devant Melilla (1774) qu'il voulait reprendre sur les Espagnols. Lors du siége de Gibraltar (1782), il mit le port de Tanger à la disposition des flottes française et espagnole, et ferma ses ports aux Anglais. Il mourut en 1783, à 80 ans.

SIDICINS, petit peuple de la Campanie, au N., sur les confins du Samnium, avait pour ch.-l. Teanum Sidicinum. Attaqués par les Samnites en 343 av. J.-C., ils implorèrent l'aide de Capoue, et celle-ci, menacée à son tour, réclama le secours de Rome : ce fut l'occasion de la 1re guerre des Samnites. La paix se fit (341) aux dépens des Sidicins, qui furent abandonnés aux Samnites. En 337, ils prirent les armes contre Rome, mais furent réduits en 334.

SIDNEY, v. de la Nouv.-Hollande. V. SYDNEY.

SIDNEY (H.), homme d’État et diplomate anglais, 1513-86, obtint la confiance d’Édouard VI, de Maria et d’Élisabeth, gouverna le pays de Galles et fut député d'Irlande. — Son fils, Phil. S., 1554-86, montra de bonne heure un vrai talent pour les affaires, plut à Élisabeth, qui le nomma, à 22 ans, ambassadeur auprès de l'empereur, forma une ligue des princes protestants contre le pape et l'Espagne, à la tête de laquelle fut l'Angleterre, et improuva le projet de mariage entre Élisabeth et le duc d'Anjou. Forcé de quitter la cour à la suite d'une rixe, il se préparait à partir avec Fr. Drake pour l'Amérique quand il fut élu roi de Pologne : Élisabeth l'empêcha de se rendre dans ce royaume, et l'envoya en Flandre comme général de cavalerie et gouverneur de Flessingue. Sidney surprit Axel (1586), et se signala à la Bataille de Gravelines, mais il y fut blessé mortellement. On a de lui : l’Arcadie de la comtesse de Pembroke, roman pastoral qui eut une vogue prodigieuse (1591), Astrophel et Stella, recueil de chants et de sonnets, et la Défense de la poésie. Ph. Sidney est le premier bon prosateur de l'Angleterre.

SIDNEY (Algernon), un des martyrs de la liberté anglaise, né à Londres vers 1617, était le 2e fils de Robert, comte de Leicester. Il passa du service de Charles I à celui du Parlement, devint colonel, puis lieutenant général dans l'armée parlementaire sous Fairfax, fut membre de la haute cour chargée de juger le roi, mais refusa de siéger le jour où l'arrêt fut prononcé. Républicain sincère, il ne voulut point servir sous le protectorat d'Olivier Cromwell, mais il reparut après l'abdication de Richard Cromwell, et négocia en 1659 la paix entre le Danemark et la Suède. Il refusa, lors de la Restauration, le bénéfice de l'acte d'oubli (1660), et resta 17 ans en exil. Nommé en 1678 membre de la Chambre des Communes, il soutint avec vigueur le bill d'exclusion du duc d'York : accusé par suite d'avoir pris part avec Monmouth au complot de Rye-House (1683), il fut condamné à mort. Il périt avec un courage stoïque : sa mort est une tache pour le règne de Charles II ; il fut réhabilité aussitôt après la révolution de 1688. On a de lui des Discours sur le gouvernement, 1698 (trad. par Samson, La Haye, 1702).

SIDNEY-SMITH, amiral. V. SMITH (SIDNEY).

SIDOINE APOLLINAIRE, C. Sollius Sidonius Apollinaris, poëte latin, né à Lyon vers 430, m. en 489, sortait d'une grande famille des Gaules. Il fut en faveur à Rome sous Avitus, dont il était gendre, sous Majorien et Anthémius, fut préfet du prétoire, patrice, sénateur, et remplit diverses ambassades. De retour en Gaule, il fut, quoique laïque et marié, choisi pour évêque de Clermont par les Arvernes (472) : il reçut alors les ordres sacrés. Il eut la douleur de voir sa ville épiscopale, après un long siége, prise par les Goths et d'en être chassé par ces barbares; mais il y fut rétabli dans la suite. Il a été canonisé : l'Église l'honore le 21 août. On a de lui 24 poëmes (panégyriques, épithalames, etc.), et 9 livres de Lettres en vers. Son style est obscur et souvent barbare ; cependant ses écrits sont très-importants pour l'histoire du temps. Ses Œuvres ont été publiées à Utrecht en 1473, et rééditées par Sirmond, Paris, 1614, et par Labbe, 1652. Elles ont été trad. en franc, par Sauvigny en 1787, mais d'une manière incomplète et peu satisfaisante ; MM. Grégoire et Collombet en ont donné en 1836 une traduction bien préférable, avec le texte, 3 vol. in-8. On doit à M. Germain un Essai historique et littéraire sur Sidoine, 1840. — Les Polignac prétendaient descendre de la famille de Sidoine Apollinaire.

SIDON, auj. Saïde, v. et port de Phénicie, un peu au N. de Tyr, formait un petit État qui fut longtemps riche et puissant par la navigation, le commerce et l'industrie, mais qui finit par être éclipsé par Tyr. Sa pourpre était fameuse comme celle de Tyr. Cyrus la soumit ; en 351, elle se révolta contre le grand roi, mais elle fut prise et brûlée et perdit 40 000 de ses habitants. Elle ouvrit ses portes à Alexandre le Grand et lui fournit des vaisseaux pour le siège de Tyr. Depuis, elle appartint tantôt à la Syrie, tantôt à l’Égypte; finalement elle tomba au pouvoir des Romains quand Pompée réduisit la Syrie et la Phénicie. Les Français la prirent à l'époque des croisades.

SIDRE (Golfe de la), la Grande Syrte des anciens, Syrtis major, golfe de la Méditerranée, sur la côte sept. d'Afrique (Tripoli), s'étend du cap Mesurata au cap Bengazi : 560 kil. sur 280. Il renferme des bancs de sable. Si son nom n'est pas une corruption de Syrte, il peut venir de l'arabe Sidr, jujubier, parce qu'en effet ses côtes abondent en jujubiers.

SIÈCLE de Périclès, d'Auguste, de Léon X, de Louis XIV, etc. V. les personnages qui ont donné leur nom à chacun de ces siècles.

SIEDLEC, v. de Russie (Pologne), ch.-l. de voïvodie, sur la Muchowice, à 105 kil. E. de Varsovie; 3000 hab. Château. Prise et reprise par les Russes et les Polonais en 1831. — La voïvodie de Siedlec est la même que la Podlaquie. V. ce nom.

SIEG, riv. des États prussiens, naît en Westphalie, dans la régence d'Arensberg, arrose le cercle de Siegen, puis la Prov. Rhénane, et tombe dans le Rhin vis à vis de Bonn, après un cours, de 145 kil.

SIEGEN, v. murée des États prussiens (Westphalie), ch.-l. de cercle, sur la Sieg, à 70 k. S. d'Arensberg; 7500 hab. Toiles, lainages, cotonnades; quincaillerie. Aux env., fer, pierres à ardoises. — Elle appartint longtemps à la maison de Nassau, et a donné son nom à une branche de cette maison.

SIEGFRIED. V. NIEBELUNGEN.

SIENNE, Sena Julia en latin, Siena en italien, v. forte de Toscane, ch.-l. de la prov. de Sienne, à 60k. S. de Florence; 22 000 hab. Archevêché, université (fondée en 1540 et jadis célèbre), collége des nobles, école de beaux-arts, bibliothèque, académie des sciences. Citadelle, belle cathédrale, dite Duomo (très-ornée), palais public (avec haute tour), palais du grand-duc; fontaine Branda, théâtre; superbe place del Campo, en forme de coquille. Peu d'industrie et de commerce. Environs délicieux. On parle à Sienne l'idiome le plus pur de l'Italie; les femmes y sont très-belles. Le pape Alexandre III, Ste Catherine de Sienne, les deux Socins étaient de cette ville. — Fondée par les Étrusques, Sienne reçut une colonie romaine sous Auguste. Au moyen âge, ce fut une république puissante, longtemps rivale de Florence et de Pise : elle compta plus de 100 000 hab. Charles-Quint, profitant des dissensions intestines de cette république, l'assujettit en 1540, et la transmit à son fils Philippe II, qui la céda au grand-duc de Toscane Cosme I (1557). Réunie à la France en 1808, elle fut jusqu'en 1814 le ch.-l. du dép. de l'Ombrone.

SIERCK, v. d'Alsace-Lorraine, sur la r. dr. de la Moselle, à 2 kil. de la frontière du Luxembourg, à 22 kil. N. E. de Thionville; 2238 hab. Vieux château, anc. couvent de Franciscains. Chapeaux feutrés, eau de Cologne, colle forte. Commerce de vins blancs, cuirs, bois de construction, etc. Important bureau de douanes. — Ville ancienne. Elle eut d'abord des seigneurs particuliers, puis passa aux ducs de Lorraine. Occupée par les Français en 1631, 1635, prise par Condé en 1643, perdue par la France en 1871.

SIERRA, c.-à-d. Scie, mot espagnol employé pour désigner une chaîne de montagnes. Les noms des montagnes doivent être cherchés au mot qui suit.

SIERRA-LEONE, c.-à-d. Monts-aux-Lions, nom donné à la partie de la côte de Guinée qui s'étend de 6° 30' à 11° lat. N. et de 16° 45' à 12° 55' long. O., au S. de la Sénégambie, lui vient d'une longue chaîne de montagnes qui suit cette côte: elle a env. 640 k. de long. — Les Anglais nomment Colonie de Sierra-Leone un district qu'ils possèdent entre 7° et 8° 50' lat. N., et qui a pour ch.-l. Freetown. Elle fut fondée en 1787 par le philanthrope Granville-Sharp, dans le but de détruire la traite des nègres et de propager la civilisation parmi les Noirs. On y établit des nègres devenus libres : leur nombre est auj. d'env. 70 000. Le sol est très-fertile, mais le climat malsain. — On donne le nom de Rivière de Sierra-Leone à une rivière qui arrose ce pays, et qui est plus connue sous le nom de Rokelle.

SIEYÈS (l'abbé), homme d'État, né en 1748 à Fréjus, m. à Paris en 1836, était vicaire général de Chartres, lorsque la convocation des États généraux fut discutée; il fit paraître à cette occasion plusieurs brochures favorables aux idées nouvelles, qui exercèrent une puissante influence sur l'opinion, et fut envoyé aux États généraux par les électeurs de Paris. La noblesse et le clergé refusant de se joindre au Tiers état, il proposa aux représentants du peuple de passer outre et de se constituer en assemblée nationale. Quoiqu'il jouît de beaucoup de considération dans cette assemblée, son peu de facilité à parler en public et le nuage métaphysique qui obscurcissait ses pensées l'empêchèrent d'y exercer un grand ascendant : un projet de constitution qu'il avait élaboré ne fut pas même discuté. Lors de l'établissement de la constitution civile du clergé, les électeurs voulaient le nommer évêque de Paris, mais il n'accepta point ce titre. Il vota la suppression de la dîme, mais à la condition qu'elle serait rachetable; cette condition ayant été rejetée, il prononça ce mot fameux : « Ils veulent être libres, et ne savent pas être justes. » Appelé à la Convention, il vota la mort de Louis XVI (mais sans prononcer ce mot qu'on a tant répété : la mort, sans phrase); présenta un projet sur l'instruction publique, qui fut rejeté par l'Assemblée, bien qu'adopté par le comité; devint, après le 9 thermidor, membre du comité de Salut Public, et eut part aux négociations qui amenèrent le traité de Bâle (1795). Adversaire déclaré de la constitution de l'an III, il refusa une place dans le Directoire lors de sa création, mais il entra au conseil des Cinq-Cents, où il fut très-influent; il se déclara au 18 fructidor contre les directeurs Carnot et Barthélémy: il devint lui-même, au 16 mai 1799, membre, et bientôt après président du Directoire, et y fut l'antagoniste de Barras. Cherchant alors le salut de la France dans une dictature militaire, il pressa le retour de Bonaparte qui était alors en Égypte, s'unit à lui à son arrivée, eut une part essentielle au 18 brumaire (9 nov. 1799), ainsi qu'à la constitution adoptée après cette journée, et fut nommé un des consuls provisoires. Il partagea un moment le pouvoir avec Bonaparte, mais il ne tarda pas à être annulé par son tout-puissant collègue, et se retira. Il reçut en dédommagement le titre de sénateur avec la belle terre de Crosne, et plus tard fut fait comte de l'Empire. Exilé à la Restauration comme régicide, il alla s'établir à Bruxelles (1815), et n'en revint qu'en 1830. Lors de l'établissement de l'Académie des sciences morales, il y reprit la place qu'il y avait occupée dès la création de l'Institut. Sieyès fut peut-être le plus grand politique de son époque : il fit comprendre toute la puissance du Tiers état, prépara ou amena plusieurs des mesures les plus importantes de la Révolution, telles que la formation de l'Assemblée nationale, la Déclaration des droits de l'homme, la nouvelle division territoriale qui fit disparaître la distinction des provinces et leurs privilèges. On a de lui un grand nombre d'écrits politiques, qui pour la plupart sont des écrits de circonstance; le plus célèbre est la brochure qu'il publia au commencement de 1789 sous ce titre : Qu'est-ce que le Tiers état ? Tout. — Qu'a-t-il été jusqu'ici ? Rien. — Que demande-t-il? Devenir quelque chose. M. Mignet a lu à l'Institut une Notice historique sur Sieyès.

SIFANTO, île de la Grèce, V. SIPHNOS.

SIGALON (Xavier), peintre, né à Uzès en 1790, de parents pauvres, mort du choléra à Rome en 1837, se fit connaître en 1822 par son tableau de la Courtisane, donna ensuite Locuste (1824), Athalie faisant égorger les enfants du sang royal, une Vision de S. Jérôme, le Calvaire, tous ouvrages qui prouvent un talent original et hardi, et fut chargé en 1833 par le gouvernement d'aller à Rome copier le Jugement dernier de Michel-Ange : il venait d'achever avec un plein succès cette grande œuvre quand il mourut. On voit sa copie à l’École des beaux-arts.

SIGAUD DE LAFOND (J. René), physicien et chirurgien , né à Dijon en 1740, m. en 1810, professa la physique avec succès, et fut élu en 1796 associé de l'Institut. On a de lui : Leçons de physique expérimentale, 1767 ; Description et usage d'un cabinet de physique expérimentale, 1775; Dictionnaire de physique, 1780; Éléments de physique théorique et expérimentale, 1787. Non moins habile dans l'art des accouchements, il substitua la section de la symphise des os du pubis à l'opération césarienne.

SIGEAN, ch.-l. de c. (Aude), près de l'étang de Sigean, a2l kil. S. de Narbonne; 3348 hab. Riches salines fournissant annuellement 50 000 quintaux métriques; vins, eaux-de-vie; miel. Charles-Martel battit les Sarrasins près de Sigean, en 737. — L'étang de Sigean débouche dans la Méditerranée.

SIGEBERT I, 3e fils de Clotaire I, devint en 561 roi de Metz ou d'Austrasie, épousa Brunehaut, fut attaqué et fait prisonnier par les Avares (666), mais se racheta; déclara la guerre à Chilpéric, roi de Neustrie, qui avait envahi ses États en son absence, se rendit maître de la plus grande partie de son royaume et le réduisit à s'enfermer dans Tournay; il allait lui ravir encore Soissons, quand Frédégonde, femme de Chilpéric, le fit assassiner à Vitry (575).

SIGEBERT II, fils de Dagobert I, fut roi d'Austrasie de 638 à 656, abandonna la direction des affaires à l'évêque Cunibert, puis au duc Adalgise, enfin au maire Grimoald, et ne s'occupa guère que de fonder des couvents. Sous son règne, les Austrasiens furent battus par Radulf, Thuringien révolté. Il laissa un fils en bas âge, Dagobert II, que Grimoald remplaça bientôt par son propre fils, Childebert II. Sigebert fut canonisé : on l'honore le 1er février.

SIGEBERT DE GEMBLOURS, bénédictin brabançon (1030-1112), entra jeune à l'abbaye de Gemblours, près de Liége, et professa plusieurs années à l'abbaye de St-Martin de Metz. On a de lui une Chronique (latine), qui va de l'an 381 à l'an 1112, imprimée à Paris, 1513, in-4; la Vie de S. Thierry (dans les Scriptores rerum Brunsvicensium de Leibnitz); celles de S. Sigebert d'Austrasie (dans les Francorum scriptores de Duchesne), de S. Guibert, de S. Maclou, etc.

SIGÉE (Cap), Sigeum, promontoire de la Troade, sur la mer Égée, à l'entrée de l'Hellespont, servit aux Grecs de station navale pendant la guerre de Troie. C'est là qu'était le tombeau d'Achille et Patrocle. Il se nomme aussi Iéni-Cheher ou Kum-Khalé.

SIGÉE (Louise), Aloisia Sigea, femme espagnole du XVIe s., née à Tolède, morte en 1560, était appelée la Minerve de son temps, et fut une des institutrices de Marie de Portugal, fille du roi Jean III. Elle doit auj. sa plus grande célébrité à un ouvrage obscène qui fut mis sous son nom par Nic. Chorier, quoiqu'elle y fût complètement étrangère. Ses véritables écrits sont des Épîtres latines, des poésies et un dialogue De differentia vitæ rusticæ et urbanæ. Aucun n'a été imprimé.

SIGETH, comitat de Hongrie. V. SZIGETH.

SIGISMOND (S.), roi de Bourgogne de 516 à 524, fils et successeur de Gondebaud, quitta l'Arianisme pour la foi catholique et promulgua de nouveau, en l'augmentant, la loi Gombette. Ayant fait étrangler son fils Sigéric sur une accusation dont il reconnut ensuite l'injustice, il alla pour faire pénitence s'enfermer dans l'abbaye de St-Maurice, qu'il avait fondée (522). Il en sortit pour repousser une invasion des Francs, mais fut battu et livré à Clodomir, roi d'Orléans, qui le mit à mort. Il fut canonisé à cause de son zèle pour la religion. On l'hon. le 1er mai.

SIGISMOND, empereur d'Allemagne, né en 1366, était fils de l'emp. Charles IV et d'Anne de Silésie. Il hérita du Brandebourg en 1378, épousa Marie de Hongrie, fille du roi Louis, dit le Grand (1382), eut beaucoup de peine, après la mort de son beau-père, à se mettra en possession de la Hongrie (1386), soumit la Moldavie, la Valachie (1390), la Bosnie (1391), mais fut vaincu par les Ottomans à Nicopolis (1396), et ne reparut que sis mois après; eut alors à combattre deux compétiteurs au trône de Hongrie (Ladislas IV et Albert d'Autriche), qui avaient été nommés pendant son absence, mais réussit à regagner la confiance des Hongrois et remonta sur son trône. Il fut élu empereur en 1410, en concurrence avec Josse de Moravie qui mourut dès 1411 : il rétablit la calme dans l'empire, fit d'utiles réformes, et décida la tenue du concile de Constance (1414), dans l'espoir de terminer le grand schisme d'Occident. Il avait donné un sauf-conduit à l'hérésiarque Jean Huss pour qu'il vînt se défendre devant le concile, mais il ne le fit pas moins brûler vif après sa condamnation, 1415 : ce manque de foi excita la révolte des Hussites en Bohême. Peu après, s'étant offert pour réconcilier la roi de France Charles VI avec le roi d'Angleterre Henri V, il trahit la confiance de Charles et s'allia contre la France avec Henri dans l'espoir de recouvrer l'ancien royaume d'Arles; mais il échoua dans ce projet. Devenu en 1419, par la mort de son frère Venceslas, roi de Bohême, il eut sans cesse à y combattre les Hussites : il leur fit en 1435 de grandes concessions, mais il se rétracta aussitôt, ce qui excita de nouveaux troubles. Il prit aussi part à la querelle entre la Pologne et l'Ordre Teutonique, puis combattit les Turcs en Bosnie (1427-33), mais avec peu de succès; il acquit pourtant Belgrade. Sigismond mourut en 1431, ne laissant qu'une fille, Élisabeth, qu'il avait mariée à Albert d'Autriche, qui lui succéda. Il avait, épousé en secondes noces Barbe de Cilley, surnommée la Messaline de l'Allemagne.

SIGISMOND I, le Grand, roi de Pologne de 1506 à 1548, frère et successeur d'Alexandre I, avait 39 ans lorsqu'il monta sur le trône. Il força l'Ordre Teutonique à conclure la trêve de Thorn (1521), fut attaqué par les Russes et leur céda Smolensk (1522), voulut en vain empêcher la propagation du Protestantisme en Pologne, et surtout à Dantzick, réunit la Mazovie à la couronne après l'extinction des ducs de ce pays; soutint des guerres presque continuelles avec les Tartares de la Crimée, les Moldaves, les Russes, refoula ces derniers jusqu'à Moscou et leur imposa en 1514 un traité onéreux. Il inspira aux Polonais le goût des arts et des sciences et embellit beaucoup de villes. — II, Auguste, son fils et successeur, né en 1520, au mois d'août (d'où son surnom), devint roi en 1548, proclama aussitôt un mariage secret qu'il avait contracté avec Barbe Radzivil et résista à la diète qui voulait casser cette union. Il acquit la plus grande partie de la Livonie (1560), entra à ce sujet en guerre avec Ivan IV et Éric XIV (1563), battit les Russes à Czasniki (1564), et conclut une trêve avec les deux rois. Il força les ducs de Courlande et de Sémigalle à se reconnaître ses feudataires et réunit définitivement la Lithuanie à la Pologne (1569). Mécontent du St-Siége, qui avait refusé d'autoriser son divorce avec sa 2e femme, Catherine d'Autriche, il favorisa la Réforme, et toléra même le Socinianisme, qui fit sous lui de grands progrès. Il mourut en 1572, sans enfants. Avec lui s'éteignit la dynastie des Jagellons. — III, fils du roi de Suède Jean III, et neveu par sa sœur du préc., fut élu roi de Pologne en 1587, remporta la victoire de Pitschen (en Silésie) sur l'archiduc d'Autriche, son compétiteur; devint roi de Suède en 1592, mais perdit bientôt ce trône par les intrigues de son oncle Charles IX, qui fut élu par les États de Suède en 1604; se rendit maître de toute la Livonie (1600-1604), intervint dans les troubles de la Russie (1607-1609), y soutint un faux Démétrius (1609) et fit élire czar Ladislas son fils (1610), mais ne put le maintenir; cependant il enleva aux Russes Smolensk, la Sévérie et Tchernigov (1618). Dans les années suivantes, il eut à soutenir des guerres désastreuses contre les Turcs (1620 et 21), puis contre Gustave-Adolphe, qui de 1621 à 1635 ne cessa de vaincre ses armées, et il se vit forcé de signer la trêve d'Altmark, toute à l'avantage des Suédois. Il mourut en 1637, laissant deux fils, Ladislas et Jean-Casimir, qui furent tous deux rois de Pologne.

SIGMARINGEN, capit. de l'anc. principauté de Hohenzollern-Sigmaringen (auj. à la Prusse), sur le Danube, à 90 kil. S. de Stuttgard; 1600 hab.

SIGNIA, auj. Segni, v. du Latium, chez les Volsques, entre Suessa Pometia et Frusino, à 50 k. S. E. de Rome. Vin aigre, employé surtout en médecine. On appelait Signinum opus une sorte de ciment fait à Signia et composé de petits cailloux, de chaux, et de sable mastiqués ensemble; il servait comme carrelage et comme enduit.

SIGNORELLI (Luca), dit Luca de Cortone, peintre de l'École florentine, né à Cortone vers 1441, m. vers 1525, déploya un talent supérieur dans les nus, les raccourcis et le groupement des figures, et exécuta à fresque dans Ne-De d'Orviéto un Jugement dernier auquel Michel-Ange ne dédaigna pas de faire des emprunts. On cite aussi de lui une Cène, à Cortone, le Voyage de Moïse avec Séphora et la Promulgation de la Loi, dans la chapelle Sixtine, et la Naissance de la Vierge, au musée du Louvre.

SIGNY-LE-GRAND ou L'ABBAYE, ch.-l. de c. (Ardennes), à 23 kil. S. O. de Mézières; 3023 hab. Forges. Anc. abbaye de Cisterciens, fondée en 1134 par S. Bernard. Filatures, fabriques de châles, usines à fei. — SIGNY-LE-PETIT, ch.-l. de c. (Ardennes) à 20 k. O. de Rocroy; 2110 hab. Forges, briqueteries.

SIGONIUS (Carolo SIGONIO, en lat.), savant italien, né à Modène vers 1520, m. en 1584, professa les belles-lettres à Modène et à Venise, l'éloquence à Padoue et à Bologne, et laissa de nombreux écrits sur les antiquités romaines et l'histoire du moyen âge, qui ont été réunis à Milan, 1732-37, 6 vol. in-fol., avec notes. On le regarde comme le créateur de la Diplomatique (art de déchiffrer les vieilles écritures). On lui doit de savants commentaires sur Tite-Live et sur Cicéron; il recueillit les fragments de ce dernier, et fabriqua, à l'aide des fragments de son traité De consolatione, un pastiche qu'il donna comme l'œuvre de Cicéron lui-même, mais la fraude ne tarda pas à être découverte. Il publia en 1550 des Fasti Consulares, dont il donna en 1559 une édition améliorée.

SIGOULÈS, ch.-l. de c. (Dordogne), à 16 k. S. O. de Bergerac; 719 hab.

SIGOVÈSE, chef gaulois, frère de Bellovèse, et neveu d'Ambigat, roi des Bituriges, alla se fixer vers 587 avant J.-C. en Germanie, dans la région hercynienne, à la tête d'une partie des Volces Tectosages, tandis que Bellovèse se dirigeait vers l'Italie.

SIGUENZA, Segontia, v. d'Espagne (Guadalaxara), sur le Hénarès, à 70 k. N.E. de Guadalaxara; 5000 b.. Évêché, anc. université, fondée en 1470, supprimée en 1809. — Prise aux Maures par Alphonse VI en 1106.

SIGURD I, roi de Norvége, fils et successeur de Magnus III, régna d'abord avec ses deux frères (1103), mais finit par rester seul, et mourut en 1130. Il fit une expédition en Syrie en 1110, peu après la 1re croisade, et eut une part décisive à la prise de Sidon par le roi de Jérusalem Baudouin I. Il envoya un évêque dans le Groenland. — II, fils d'Harald IV, régna après lui à partir de 1136 conjointement avec ses frères Ingo et Eystein, et m. en 1155. — III, régna en Norvége de 1162 à 1163, fut déposé et décapité.

SI-HOUN, fleuve d'Asie. V. SIR-DARIA.

SI-KIANG, fleuve de Chine, naît dans les monts Nan-ling, coule à l'E. S. E., arrose les prov. de Koueï-tchéou, Kouang-si et Kouang-tong, reçoit le Pé-kiang, le Ngo-you-kiang, le Liéou-kiang, et se jette dans le golfe de Canton sous le nom de Tigre, à Canton même, en face de Macao; cours, 900 kil.

SIKKAKH, riv. d'Algérie (Oran), passe à l'E. de Tlemcen, et se jette dans la Tafna. Le général Bugeaud battit les Arabes sur ses bords en 1836.

SIKKIM, v. de l'Inde septentr., capit. de la principauté de Sikkim. Cette principauté, située sur le versant S. de l'Himalaya, entre le Thibet au N., le Népal à l'O. et au S., le Boutan à l'E., a env. 150 000 hab., bouddhistes. Vassale de l'Angleterre depuis 1816, elle fut annexée complètement en 1850.

SIKOKF on SIKOKO, une des quatre grandes îles du Japon et la moins grande, est au S. de Niphon et a env. 250 kil. sur 125; v. princip., Ava et Tosa.

SILA (la), du latin Sylva, forêt; plateau boisé des Apennins, occupe le N. de la Calabre Ultérieure 2e et le S. de la Calabre Citérieure. Climat très-froid. Grandes forêts de pins et sapins, d'où l'on tire des bois de construction et de la résine.

SILANUS (Th. Junius), propréteur en Espagne en 210 av. J.-C., fut chargé par P. Scipion de garder le pays en deçà de l'Èbre, remporta en 206 une victoire sur Hannon et Magon, contribua à celle de Bétule, 205, et attira Massinissa dans l'alliance romaine. — M. J. Silanus, son arrière-petit-fils, consul en 109 av. J.-C., fut défait par les Cimbres dans la Narbonnaise.

SILANUS (Dec. Junius), 2e mari de cette Servilie qui passe pour avoir été la maîtresse de César, fut chargé comme préteur de réduire la Bithynie en province romaine, 74 av. J.-C., devint consul en 62, puis pro-consul en Illyrie, et après des succès insignifiants brigua le triomphe sans l'obtenir. Consul désigné lors du procès de Catilina, il opina d'abord pour la mort, mais, ébranlé par le discours de César, il revint sur son premier avis.

SILANUS (Appius Junius), consul l'an 26 de J.-C., avait épousé la mère de Messaline. Il inspira à celle-ci une passion criminelle qu'il refusa de satisfaire : pour se venger, Messaline le rendit suspect à Claude, qui le fit poignarder, l'an 40. — Son fils, L. Jun. Silanus, avait été fiancé à Octavie. Agrippine, craignant que Claude ne le destinât au trône, fit rompre le mariage ; Silanus au désespoir se donna la mort, en 53. SILARE (le), Silarus, auj. le Sele, riv. de Lucanie, au N., sortait de l'Apennin et tombait dans la mer Tyrrhénienne par le golfe de Pæstum. Sur ses bords, Crassus anéantit les troupes de Spartacus (71 av. J.-C.).

SILÈNE, demi-dieu, qu'on fait naître de Mercure ou de Pan et d'une Nymphe, fut le père nourricier de Bacchus, et accompagna ce dieu, avec les Satyres, lors de son expédition dans l'Inde. On le représente ordinairement comme un vieillard a moitié ivre, monté sur un âne ou appuyé sur un thyrse. Il était honoré particulièrement à Élis et en Arcadie.

SILENTIAIRE, titre donné dans l'empire byzantin à des officiers chargés de maintenir dans le palais l'ordre et le silence. Il y en avait 30. — On donna aussi ce nom au secrétaire du cabinet de l'empereur et aux personnes destinées aux négociations secrètes.

SILÉSIE, Schlesien en allemand, prov. des États prussiens, au S. E. du Brandebourg, a 350 kil. de long sur 115 env. de large ou 4025 k. carr. et 3 300 000 h.; ch.-l., Breslau. On la divise en trois gouvts (Breslau, Liegnitz, Oppeln). L'Oder l'arrose d'un bout à l'autre ; la partie S. O. et la frontière occid. sont très-montueuses (Riesengebirge et Carpathes) ; ailleurs s'étendent de vastes plaines. Sol fertile, industrie active. Les Silésiens sont pour la plupart de race slave : ils parlent un dialecte particulier du polonais. — Habitée par des Lygii et des Quades au temps des Romains, la Silésie fut plus tard envahie par des Slaves et fit partie du roy. de Pologne. Miécislas I y introduisit le Christianisme en 965. En 1168, les fils de Vladislas II, roi dépossédé de Pologne, reçurent la Silésie de Bolesias IV (cette Silésie, plus grande que la prov. actuelle, contenait le Brandebourg jusqu'à la Warta). Sous les descendants de Vladislas, la Silésie se morcela en plusieurs duchés, tous nommés d'après leurs villes principales (Schweidnitz, Glogau, Œls, Jauer, Jægerndorf, etc.). Les discordes intestines, suite naturelle de ces partages, aidèrent Jean, roi de Bohême, à joindre la Silésie à ses États : dès 1327, les possesseurs de ces petits duchés (sauf 2) se reconnurent ses vassaux, et en 1357 la Silésie fut définitivement réunie à la Bohême. Elle éprouva le contre-coup des guerres contre les Hussites, prospéra néanmoins par l'industrie et le commerce (grâce à l'introduction de nombreuses familles allemandes), compta de bonne heure beaucoup de Protestants, et fut pendant la guerre de Trente ans le théâtre de plusieurs des opérations de Wallenstein. En 1740 et 42 (guerre de la succession d'Autriche), Frédéric II fit la conquête de la Silésie, alléguant d'anciens droits sur cette province ; il se fit confirmer dans sa conquête par Marie-Thérèse en 1748. Cette prov. fut plusieurs fois prise et reprise dans la guerre de Sept ans ; l'impératrice en céda définitivement la plus grande partie à la Prusse en 1763, et ne s'en réserva que la moindre portion sous le nom de Silésie autrichienne. — Celle-ci, au S. de la préc., forme avec la Moravie le gouvt autrichien de Moravie-et-Silésie; elle se divise en 2 cercles : Troppau et Teschen. V. MORAVIE.

SILHOUETTE (Ét. de), né à Limoges en 1709, m. en 1767, fut successivement conseiller au parlement de Metz, maître des requêtes, commissaire pour la fixation des limites en Acadie (1748), commissaire du roi près la Compagnie des Indes, enfin contrôleur des finances (1757). Il commença quelques réformes et fit rentrer 72 millions dans le trésor ; mais, ayant voulu diminuer les dépenses personnelles du roi et établir de nouveaux impôts, il perdit tout crédit et fut forcé de quitter le ministère au bout de huit mois. On a de lui divers ouvrages : Idée générale du gouvernement chinois, 1729 ; Lettres sur les transactions politiques du règne d’Élisabeth, 1736 ; Mémoires sur les possessions et les droits de la France et de l'Angleterre en Amérique, 1755 ; Voyage de France, d'Espagne et d'Italie, 1776 ; et des traductions des Essais sur l'Homme et sur la Critique de Pope. Silhouette occupa beaucoup le public pendant son court ministère : après sa chute, tout ce qu'ordonnait la mode était à la Silhouette ; le nom de Silhouette est resté à une manière de faire les portraits avec l'ombre de la figure, qui était en vogue à cette époque.

SILISTRI, Durostorum, Dorostena, v. forte de la Turquie d'Europe, en Bulgarie, ch.-l. d'un eyalet qui embrasse toute la Bulgarie orientale, au confluent de la Distra ou Missovo et du Danube, à 100 kil. N. E. de Routchouk ; 20 000 h. Siége d'un métropolitain. Belles mosquées. Lainages, tanneries. Les environs de cette ville furent le théâtre de plusieurs combats entre les Turcs et les Russes en 1773 ; elle fut prise en 1829 par le général russe Diébitsch ; mais ne put être prise en 1854 par Paskiéwitch. — L'eyalet de S. est divisé en 4 livahs : Silistri, Routchouk, Varna et Babadagh.

SILIUS (P.), Romain d'une haute naissance et d'une grande beauté, inspira une folle passion à Messaline, qui lui fit répudier Silana sa femme, et se fit publiquement épouser par lui pendant une absence de Claude. L'empereur, averti par Narcisse, revint en hâte à Rome : Silius, surpris, se donna la mort, et Messaline fut mise à mort le soir même.

SILIUS ITALICUS (C.), poëte épique latin, né vers l'an 25 de J.-C., soit en Italie (à Rome ou à Corfinium), soit en Espagne, à Italica (Séville-la-Vieille), d'où son nom, fut consul sous Néron (68), puis gouverneur de l'Asie-Mineure. Il avait pour Cicéron et Virgile une sorte de culte : il acquit à grands frais la maison de l'orateur à Tusculum et celle du poëte à Naples. Il quitta de bonne heure les affaires pour se livrer aux lettres. Ne pouvant supporter les douleurs d'un ulcère, il se laissa mourir de faim, à 75 ans. On a de Silius un poëme épique : la Deuxième guerre punique, en 17 chants. Son style est généralement correct et sans enflure ; mais sa poésie est sans éclat, sans vigueur, sans mouvement : on lui reproche aussi de se montrer partout servile imitateur de l'auteur de l’Énéide, ce qui l'a fait surnommer le Singe de Virgile. Son poëme, longtemps perdu, fut retrouvé par le Pogge à l'abbaye de St-Gall en 1414. Les meilleures éditions, après l'édition Princeps (Rome 1741), sont celles de Drakenborch, Utrecht, 1717, de Ruperti, Leipsick, 1795 (reproduite dans la collection des Classiques latins de Lemaire, 1823). Il a été trad. par Lefèvre de Villebrune, 1781, par Corpet et Dubois, dans la collection Panckoucke, 1837, et par Kermoysan, dans la collect. Nisard.

SILIVRI, Selymbria, v. et port de Turquie (Roumélie), sur la mer de Marmara, à 70 kil. O. de Constantinople ; 8000 h. Pont de 32 arches sur des marais ; belle église grecque.

SILLÉ-LE-GUILLAUME, ch.-l. de c. (Sarthe), à 32 kil. N. O. du Mans par la route, à 45 par le chemin de fer ; 3309 h. Anc. place forte; château fort du XIVe s. Toile fine et toile d'emballage ; lainages.

SILLERY, bg du dép. de la Marne, à 10 k. S. E. de Reims ; 600 hab. On y récolte un des meilleurs vins blancs mousseux de Champagne.

SILLERY (Nic. BRUSLART de), magistrat, né en 1544 à Sillery, m. en 1624, fut chargé par Henri IV de plusieurs missions importantes, fut ambassadeur en Suisse, plénipotentiaire à Vervins, obtint du St-Siége la déclaration de nullité du mariage de Henri IV avec Marguerite et fit conclure un 2e mariage avec Marie de Médicis, devint chancelier de France en 1607, perdit de son crédit à la mort de Henri IV et se retira, mais conserva néanmoins les sceaux jusqu'en 1616. — Son fils, P. Bruslart, marquis de Puizieux, puis de Sillery, 1583-1640, fut aussi chargé de plusieurs missions, conclut le mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche, et partagea la disgrâce de son père. La terre de Sillery avait été érigée pour lui en marquisat en 1613. — Un de ses descendants, Ch.-Alexis Bruslart, comte de Genlis, puis marquis de Sillery, épousa la célèbre Mme de Genlis. Il était capitaine des gardes du duc d'Orléans, et fut député par la noblesse de Reims aux États généraux, puis à la Convention. Dans le procès de Louis XVI, il vota pour l’appel au peuple. Arrêté comme complice de Dumouriez et agent de la faction d’Orléans, il fut condamné à mort le 30 octobre 1793.

SILO, v. de Palestine (Éphraïm), au S. de Sichem et au N. de Béthel, fut la capitale des Hébreux lors de leur entrée dans la Terre Promise. L’arche et le tabernacle y furent longtemps conservés ; c’est là aussi que Josué fit le partage de la Terre Promise.

SILOÉ, fontaine de Jérusalem, sort du mont Sion, coule entre les vallées de Josaphat et d’Hennon, et va se jeter dans le torrent de Cédron. Elle formait près de sa source une piscine, célèbre par le miracle de l’aveugle-né auquel Jésus rendit la vue.

SILSILIS, Djebel Selseleh, mont. d’Égypte (Thébaïde), où se trouvaient les vastes carrières qui fournirent les matériaux des constructions de Thèbes.

SILURES, peuple de la Grande-Bretagne, au S. O., vers l’embouch. de la Sabrina (Severn), fut soumis en 75 par J. Frontinus.

SILVA (J. B.), médecin, né à Bordeaux en 1682, m. en 1748, fut nommé en 1724 médecin consultant du roi (Louis XV), se vit recherché par l’empereur Charles VI et par l’impératrice de Russie, et inspira de beaux vers à Voltaire. Il a laissé un Traité des différentes sortes de saignées, 1729, des Consultations, et quelques opuscules.

SILVANECTES, peuple de la Gaule, dans la Belgique 2e, entre les Parisii, les Meldi, les Bellovaci, les Viducasses, avait pour ch.-l. Augustomagus (Senlis). Ils habitaient la partie S. O. du dép. de l’Oise.

SILVÈRE (S.), pape de 536 à 538, refusa de replacer sur le siége de Constantinople l’eutychéen Anthime, entaché d’hérésie, et s’attira le courroux de l’impératrice Théodora, qui favorisait les Eutychéens. À l’instigation de cette princesse, il fut accusé injustement d’intelligence avec les Goths, remplacé par Vigile, et relégué dans l’île Palmaria, où il mourut de faim. On le fête le 20 juin.

SILVESTRE (S.), pape. V. SYLVESTRE.

SILVESTRE (Israël), dessinateur et graveur, rival de Callot, né à Nancy en 1621, m. en 1691, vint se fixer à Paris, s’y fit bientôt remarquer par le goût et l’intelligence de ses dessins, fut chargé par Louis XIV de dessiner et de graver les Vues des Parcs et Maisons royales et les Villes conquises, ainsi que les Fêtes données par le roi, et réussit si bien qu’il obtint, avec le titre de maître de dessin du Dauphin, une pension et un logement au Louvre. Son œuvre se compose de plus de 1000 pièces, parmi lesquelles on remarque, outre les vues ci-dessus mentionnées, les Plaisirs de l’île enchantée et une Vue de Rome. — Son fils, Louis S., 1675-1760, réussit dans la peinture, devint membre de l’Académie de peinture, et fut appelé à Dresde par le roi Auguste II, qui le nomma directeur de l’Académie de Dresde et l’anoblit.

SIMANCAS, Septimanca, v. d’Espagne, dans la Vieille-Castille (Valladolid), sur la Pisuerga, à 12 kil. S. O. de Valladolid : 1200 h. Pont de 17 arches. Château fort où l’on conserve depuis 1563 les archives de la Castille. Près de cette ville, en 939, Ramire II, roi de Léon, et Fernand Gonzalez, comte de Castille, livrèrent aux Maures, commandés par Abdérame, une grande bataille qui resta indécise.

SIMART (Ch.), sculpteur, né à Troyes en 1807, m. en 1857, était fils d’un menuisier. Son goût précoce pour la sculpture l’ayant fait remarquer, il fut envoyé à Paris aux frais de sa ville natale. Il obtint le grand prix de Rome en 1833 et fut envoyé en Italie, où il puisa la passion de l’antique. Il traita surtout avec succès les sujets allégoriques, et fit en ce genre de belles statues de la Poésie épique et de la Philosophie (pour la bibliothèque du Sénat) ; il exécuta pour le duc de Luynes une admirable reproduction de la Minerve de Phidias, en or et en ivoire (1856). On lui doit en outre la belle statue de Napoléon qui orne le tombeau des Invalides, les bas-reliefs qui rappellent les grandes institutions impériales, et de magnifiques caryatides pour la nouvelle façade du Louvre. Il avait remplacé Pradier à l’Institut en 1852 et était professeur à l’École des beaux-arts. Halévy a lu son Éloge à l’Académie des beaux-arts en 1861.

SIMBIRSK, v. de la Russie d’Europe, ch.-l. du gouvt de Simbirsk, au confluent du Volga et de la Sviaga, à 1450 k. S. E. de St-Pétersbourg, par 46° 2′ long. E., 54° 24′ lat. N. ; 18 000 hab. Évêché, cour criminelle, gymnase. Clochers et jardins nombreux, qui rendent de loin son aspect pittoresque ; statue élevée à l’historien Karamsin, né dans les environs. Grand commerce de grains. La ville fut fondée en 1648. — Le gouvt de Simbirsk, entre ceux de Kazan au N., d’Orenbourg à l’E., de Saratov au S., de Penza et de Nijnéi-Novogorod à l’O., a env. 430 kil. sur 215 et 200 000 hab. Montagneux à l’E. et au centre, il est traversé du N. au S. par le Volga. Sol fertile et bien cultivé ; vastes forêts ; fer, sel, soufre, gypse.

SIMÉON, 2e fils de Jacob et de Lia, né vers 2110 av. J.-C., fut celui que Joseph retint en otage quand ses frères vinrent acheter du blé en Égypte. Il prit part, avec Lévi, au massacre des Sichémites. Il donna son nom à une des 12 tribus. C’était la plus méridionale : elle avait au N. la tribu de Juda, à l’O. les Philistins, à l’E. le lac Asphaltite.

SIMÉON, pieux vieillard juif, fut averti miraculeusement qu’il ne mourrait pas sans avoir vu le Messie : en effet, se trouvant dans le temple lorsque la Vierge y apporta l’Enfant Jésus, il le reçut dans ses bras ; c’est alors que, reconnaissant en lui le Messie, il chanta, pour rendre grâce à Dieu, le fameux cantique : Nunc dimittis servum tuum, Domine.

SIMÉON (S.), neveu de la Ste Vierge et cousin de Jésus, est quelquefois appelé frère du Seigneur. Il fut évêque de Jérusalem après la mort de Jacques, en 67, et subit le martyre en 107 ; il avait alors 120 ans. L’Église l’hon. le 18 février.

SIMÉON STYLITE (S.), pieux anachorète, né vers 390 à Sisan en Cilicie, m. en 459, se voua jeune à la vie solitaire, et se fit remarquer par ses austérités excessives : il ne faisait qu’un repas par semaine, et ne prenait rien tout le carême. Il habita quelques années un ermitage au pied du mont Télénisse, mais il le quitta en 423, et se retira, pour mieux s’isoler, sur une haute colonne (stylos, en grec, d’où son surnom), du haut de laquelle il haranguait les fidèles. Il vécut ainsi 36 ans, et changea dans cet espace trois fois de colonne (il était resté 22 ans sur la dernière) : on l’y trouva mort. L’Église le fête le 5 janvier. Sa Vie a été écrite par Théodoret.

SIMÉON LE MÉTAPHRASTE. V. MÉTAPHRASTE.

SIMÉON DE DURHAM, historien du XIIe s., enseigna les mathématiques à Oxford, et fut grand chantre de l’église de Durham. Il a composé une Hist. des rois d’Angleterre, qui va de 616 à 1130, et qui a été continuée jusqu’en 1156 par Jean, prieur d’Exham (imprimée dans les Decem scriptores de Twisden).

SIMÉON (Joseph Jérôme, comte), né à Aix en 1749, m. en 1842, fils d’un avocat, brilla de bonne heure au barreau d’Aix, fut successivement professeur de droit à l’Université d’Aix, procureur-syndic du dép. des Bouches-du-Rhône, député au conseil des Cinq cents, où il siégea parmi les modérés, fut proscrit au 18 fructidor, reparut après le 18 brumaire, eut part, comme membre du Tribunat, au projet de loi sur le Concordat et à la rédaction du Code civil, devint, sous le Consulat et l’Empire, préfet, conseiller d’État, et reçut de Napoléon le titre de comte ; fut envoyé en Westphalie en 1807 pour organiser l’administration de la justice pendant le règne de Jérôme Bonaparte et fit bénir dans ce pays le nom français ; fut sous la Restauration ministre de la justice, puis de l’intérieur (1819-21), mais se retira quand le parti ultra-royaliste l’eut définitivement emporté, fut nommé pair en 1821 et devint en 1833 1er président de la Cour des comptes. Il avait été élu en 1832 membre de l’Académie des sciences morales. Homme sage, orateur clair et solide, Siméon se montra en toute occasion ami de l’ordre et des libertés constitutionnelles. SIMÈTHE, Simæthus, auj. Giaretta, petite riv. de Sicile, sortait des monts Nébrodes, et se jetait dans la mer Ionienne, non loin de Catane.

SIMFÉROPOL, en tartare Ak-Metched (mosquée blanche), v. de la Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt de Tauride, en Crimée, sur le Salghir et dans un beau vallon; 10 000 h. (sans la garnison). On y distingue la Ville vieille, fort irrégulière, et la Ville neuve, bien percée et bien bâtie. Belle cathédrale, palais du gouverneur. — Fondée par les Turcs en 1500, cédée aux Russes avec le reste de la Crimée en 1791.

SIMIANE, Collum longum, vge du dép. des Bouches-du-Rhône, à 12 kil. S. d'Aix; 1000 hab. Jadis titre de marquisat.

SIMIANE (Pauline de GRIGNAN, marquise de), fille de Mme de Grignan et petite-fille de Mme de Sévigné, née en 1674; morte en 1737, fut comme sa mère et sa grand-mère célèbre par son esprit et sa beauté. Elle épousa en 1695 Louis de Simiane, d'une illustre maison de Provence, alliée à la maison de Savoie, qui succéda à son beau-père en 1715 comme lieutenant général de Provence, et resta veuve en 1718. On a d'elle quelques poésies et des lettres, qui furent publiées par La Harpe en 1775, et qui depuis ont été jointes à celles de Mme de Sévigné : elles offrent, selon l'expression de La Harpe, un air de famille.

SIMLAH, poste militaire anglais dans l'Himalaya, entre le Sutledge et la Djomna, à 2000m au-dessus de la mer, est la résidence d'un gouverneur militaire.

SIMMERN, v. des États prussiens, ch.-l. de cercle, à 42 kil. S. de Coblentz; 2250 h. Elle était jadis capitale d'une principauté palatine.

SIMMIAS, poëte grec, de Rhodes, qui vivait probablement au IVe s. av. J.-C. (vers 324), passe pour l'inventeur de ces jeux bizarres qu'on appelle Vers figurés : on a de lui en ce genre trois pièces, les Ailes, l’Œuf, la Hache, dont les vers, par leur disposition, figurent en effet l'objet décrit. Saumaise et Fortunio Liceti (Encyclopædia ad Securim, Paris, 1635) ont pris la peine de les commenter.

SIMNEL (Lambert), aventurier, fils d'un boulanger d'Oxford, se fit passer, à l'instigation d'un prêtre nommé Simon, pour le duc d'York, 2e fils d'Édouard IV, dont la mort n'avait pas été bien constatée, puis pour le duc de Warwick, héritier de la maison d'York, et osa, avec l'aide d'un parti de mécontents, marcher contre l'armée de Henri VII ; mais il fut vaincu à Stoke (1487), et tomba aux mains du roi, qui le relégua comme marmiton dans ses cuisines. Cette aventure a fourni le sujet d'un opéra-comique.

SIMODA, port et rivière du Japon (Niphon), sur la côte E. de l'île, à 50 kil. E. d'Yédo. Ouvert aux Européens depuis 1853.

SIMOÏS (le), auj. le Mendérè-sou ? riv. de la Troade, sortait d'un des sommets de l'Ida, baignait la campagne de Troie et s'unissait au Scamandre pour se jeter dans l'Hellespont. Le cours du Scamandre ayant plus tard changé de direction, on prit par erreur le Simoïs pour le Scamandre.

SIMON MACCHABÉE. V. MACCHABÉE.

SIMON (S.), le Cananéen, surn. le Zélé, un des 12 apôtres, natif de Cana en Galilée, subit, dit-on, le martyre en Perse. On le fête le 28 oct. avec S. Jude.

SIMON le Magicien, du bourg de Gitton, en Samarie, avait été disciple du thaumaturge Dosithée. Il opérait lui-même des prodiges, et s'intitulait la Vertu de Dieu. Il se fit baptiser par le diacre Philippe, puis il osa demander à S. Pierre de lui transmettre, moyennant argent, le pouvoir d'opérer des miracles semblables aux siens (d'où le nom de simonie, pour désigner le trafic des choses saintes) ; mais il fut repoussé et maudit par le chef des apôtres. Simon alors se sépara des disciples de Jésus et voulut rivaliser avec eux : il visita diverses provinces de l'Orient, alla jusqu'en Italie, et fit des dupes et des prosélytes à Rome même. Il avait à sa suite une Tyrienne qu'il nommait Hélène, la donnant tantôt pour l'Hélène de la guerre de Troie, tantôt pour Minerve, tantôt pour une incarnation de l'intelligence suprême ou du Noûs. Il se disait lui-même fils de Dieu et se fit même adorer comme Dieu. On raconte qu'il lutta devant Néron avec S. Pierre, s'éleva un moment dans les airs par la magie, puis tomba et se cassa les jambes. On donne Simon comme le premier hérétique : son hérésie était une forme de Gnosticisme.

SIMON BEN-JOKAÏ, rabbin du IIe s., disciple d'Akiba, est regardé comme l'auteur du Zohar (c.-à-d. Lumière), obscur commentaire du Pentateuque, et comme le chef des cabalistes.

SIMON (Richard), savant hébraïsant, né à Dieppe en 1638, m. en 1712, était oratorien et professa la philosophie à Juilly et à Paris. Il fut exclu de son ordre pour avoir soutenu, dans son Histoire critique du Vieux Testament (1678), des opinions paradoxales, qui suscitèrent les critiques de Bossuet et des solitaires de Port-Royal et le firent condamner par le St-Siége. Outre l’Hist. critique du Vieux Testament, on a de lui Hist. du Nouv. Testament (1689), Hist. critique de la créance et des coutumes des nations du Levant (sous le pseudonyme de Moni), 1684; Hist. de l'origine et des progrès des revenus ecclésiastiques, 1684; Créance de l’Église orientale sur la transsubstantiation, 1687, et des Lettres, publ. par Lamartinière, son neveu, 1730. — Un autre Richard Simon, du Dauphiné, prêtre, a composé un grand Dict. de la Bible, Lyon, 1693 et 1703, 2 vol. in-fol., ouvrage utile et estimé avant que celui de dom Calmet parût.

SIMON (Éd. Thomas), littérateur, né à Troyes en 1740, m. en 1818, exerça d'abord la médecine, fut bibliothécaire du Tribunat, puis devint censeur des études à Nancy et professeur d'éloquence latine à Besançon. Il a publié un Choix de poésies (trad. du grec, du latin, de l'italien, 1786); les Muses provinciales, recueil des meilleures productions des poëtes de province, a traduit Martial (publ. par son fils en 1819), et abrégé le poème de S. Louis, du P. Lemoine (1816).

SIMON DE SIENNE, peintre. V. MEMMI.

SIMONETTA, hameau et château de Lombardie, situés à 5 ou 6 k. N. O. de Milan, remarquables par un écho qui répète les sons jusqu'à 36 fois.

SIMONETTA, famille originaire de Calabre, s'attacha aux Sforze, ducs de Milan, et leur rendit de grands services. Ange S., né vers 1400, m. en 1472, contribua puissamment à la fortune de Franç. Sforze. — Son neveu, Fr. S., né en 1410, eut la confiance de Franç. Sforze et de Galéas-Marie et assista Bonne de Savoie au commencement de la minorité de Jean-Galéas-Marie ; mais, ayant voulu détourner cette princesse d'une passion indigne d'elle, il fut mis en prison, appliqué à la torture et décapité (1480). — Jean Simonetta, frère de François, partagea la fortune, les honneurs, la disgrâce de son frère, mais fut épargné après avoir subi la torture, et ne mourut qu'en 1491. On lui doit : De rebus gestis Franc. Sfortiæ, Mediolanensis ducis, Milan, 1480-86, in-fol. : c'est la principale source pour l'histoire de ce prince.

SIMONIDE, poëte et philosophe grec, de Iulis (dans l'île de Céos), né en 558 av. J.-C., m. en 468, jouit de la faveur de plusieurs princes, entre autres du Pisistratide Hipparque et d'Hiéron, tyran de Syracuse. Diverses traditions le montrent vendant ses vers aux athlètes et aux grands, chantant souvent la palinodie, honoré de la protection spéciale de Castor et Pollux pour avoir introduit leur éloge dans une ode composée en l'honneur d'un athlète, perdant la vue pour avoir adressé des injures poétiques à Junon, et la recouvrant après avoir fait l'éloge de cette divinité. On dit aussi qu'il ajouta une 8e corde à la lyre et 4 lettres à l'alphabet grec (η, ω, ζ, ψ), et qu'il inventa la Mnémonique. Il excellait dans les genres élégiaque et lyrique et fut le rival de Pindare : ses Thrènes ou Lamentations étaient surtout renommées. Nous ne possédons de tout cela qu'une touchante élégie sur Danaé, quelques épigrammes (dans le sens d'inscriptions) et autres fragments recueillis par Brunck (tome I des Analecta), et par Schneidewin, 1835. Parmi les fragments qui lui sont attribués, on remarque une satire mordante contre les femmes, mais cette pièce paraît être d'un autre poëte du même nom, natif d'Amorgos, qui florissait vers 660 av. J.-C.

SIMONNEAU, famille de graveurs, a produit : Charles, natif d'Orléans (1639-1728), graveur à la pointe et au burin, qui réussit également dans le portrait, l'histoire et la vignette (on cite de lui Jésus et la Samaritaine, d'après Carrache, la Conquête de la Franche-Comté, d'après Lebrun); — Louis, frère de Charles, mort en 1738, auteur d'une Assomption de la Vierge, d'après Lebrun ; de Suzanne au bain, de Jésus instruisant Marthe et Marie, d'après Coypel; — Philippe, fils de Charles, qui grava l’Enlèvement des Sabines et la Paix entre les Romains et les Sabins, d'après J. Romain ; les Trois déesses jugées par Pâris, d'après Perino del Vaga; Vénus et Adonis, d'après l'Albane. Il est fort inférieur à son père et à son oncle.

SIMPHÉROPOL, v. de Russie. V. SIMFÉROPOL.

SIMPLICE ou SIMPLICIUS (S.), pape de 468 à 483, né à Tusculum (Tivoli), établit en Orient l'autorité du concile de Chalcédoine, replaça sur les siéges d'Antioche et d'Alexandrie les évêques légitimes, qui en avaient été chassés par les Eutychéens, mais ne réussit pas si promptement à étouffer les troubles en Occident. L'Église l'hon. le 2 mars. — Un autre S. Simplice, évêque d'Autun au IVe s., est fêté le 24 juin.

SIMPLICIUS, philosophe grec du IVe s., natif de Cilicie ou de Phrygie, reçut les leçons d'Ammonius, fils d'Hermias, enseigna quelque temps à Athènes, quitta cette ville après la défense que fit Justinien d'enseigner la philosophie (529), et se réfugia en Perse auprès de Chosroës; ce prince obtint son retour en Grèce, vers 533 selon les uns, 545 selon d'autres. On a de Simplicius des commentaires sur plusieurs traités d'Aristote (Catégories, Bâle, 1541; Traité de l'âme, Venise, 1527; Physique, Venise, Aide, 1526), et sur le Manuel d'Épictète (publiés à Venise, 1528, à Leyde, 1640, et à Deux-Ponts, par Schweighæuser, 1800) : ce dernier ouvrage a été traduit en français par Dacier, avec le Manuel d'Épictète, 1715. Simplicius est un éclectique néoplatonicien, qui incline au péripatétisme. Ses commentaires sont, avec ceux d'Alexandre d'Aphrodisie, les meilleurs de cette école.

SIMPLON (mont), Sempeln en allemand, mons Cæpionis, Scipionis ou Sempronii en latin, mont des Alpes Lépontiennes, en Suisse, sur la limite du Valais et du Piémont, à 105 kil. N. E. du mont Blanc et à 53 kil. S. O. du St-Gothard. Son sommet s'élève à 3710m. Superbe route militaire de plus de 60 kil. de long (de Brigg à Domo d'Ossola), ouverte par Napoléon I de 1800 à 1807 : on y compte 6 galeries taillées dans le roc et plus de 50 ponts jetés sur des précipices. — Le Simplon donna son nom à un dép. français formé du Valais et qui avait pour ch.-l. Sion.

SIMPSON (Thom.), mathématicien, né en 1710, à Bosworth (Leicester), m. en 1761, était fils d'un tisserand. Après avoir lutté longtemps contre la misère, il devint enfin professeur de mathématiques à l'Académie de Woolwich et membre de la Société royale. Il a laissé : Nouveau traité des fluxions, 1737 ; De la nature et des lois de la probabilité, 1740 ; Des annuités et des tontines, 1742, et des traités d'algèbre, de géométrie et de trigonométrie. Son nom est resté à une méthode approchée de quadrature.

SIMSON (Robert), mathématicien écossais, né en 1682, m. en 1768, fut 50 ans professeur de mathématiques au collége de Glasgow, et laissa : Traité des sections coniques, 1735; Traité sur l'extraction des racines approximatives des nombres par séries infinies (dans les Transactions philosophiques, année 1753), et divers travaux sur Euclide (qu'il a traduit en anglais, 1756), sur Apollonius et sur Pappus.

SEN, désert au N. E. de l’Égypte. Les Hébreux le traversèrent en gagnant la Terre Promise à la sortie d'Égypte : c'est là qu'ils furent nourris de la manne.

SINAÏ, SINA, Djebel-Tor ou Djebel-Mousa, mont. d'Arabie, au N. O., dans la péninsule qui s'avance au milieu de la mer Rouge, entre les golfes de Suez et d'Akaba, au N. E. du mont Horeb. Il a deux sommets, dont le plus élevé, auj. Ste-Catherine, a environ 2814m. Les rochers voisins sont couverts d'inscriptions qu'on attribue aux Israélites. — Dieu apparut à Moïse sur le mont Sina pendant 40 jours et lui donna sa loi. Sur la pente de la montagne, à une hauteur de 1800m, se voient une église et une mosquée, ainsi qu'un couvent fortifié. Ce couvent fondé par Justinien en 527, est le titre d'un archevêché dont le titulaire réside au Caire.

SINALOA. V. CINALOA.

SINAMARI. V. SINNAMARI.

SINAN-PACHA, surnommé Kodjah (le maître), général ottoman, était un renégat italien. Vizir sous Soliman I, Sélim II, Amurat III et Mahomet III, il prit Tripoli en 1551, soumit l'Yémen révolté, réduisit la régence de Tunis, d'où il chassa les Espagnols (1574), et se distingua également en Hongrie. Trois fois disgracié, il fut trois fois rappelé et mourut vizir, en 1595. Sinan-Pacha n'était pas moins habile administrateur que grand guerrier : l’Égypte, la Syrie, l'Anatolie, lui doivent un grand nombre d'édifices utiles, mosquées, hôpitaux, bains, marchés, etc.

SINCLAIR (sir John), agronome écossais du XVIIIe s., membre du Parlement britannique, fonda là Société d'agriculture d’Édimbourg et publia entre autres ouvrages utiles : l’Agriculture pratique et raisonnée, trad. par Mathieu de Dombasle, 1825.

SIND ou SINDH, l’Indus des anciens, un des deux grands fleuves de l'Inde, le plus à l'O., naît dans le S. E. du petit Thibet, dans des lieux inconnus, vers 30° lat. N., forme une courbe, remontant jusqu'à 36° au N. O., puis redescendant au S. O., continue ensuite sa course jusqu'à 24°, laissant à sa droite le Kaboul et le Beloutchistan, à sa gauche le Pendjab et le Moultan, arrose Attok, Tchikarpour, Haïdérabad, Tatta, se divise un peu au-dessus d'Haïdar-Abad en plusieurs bouches qui forment un vaste delta et se jette par 11 branches dans le golfe d'Oman. Vers l'emhouch. est le grand marais de Rin. Ses affluents principaux sont le Ladak en Thibet, l'Attok et la Leia qui viennent de l'Afghanistan, le Kaboul, et les rivières qui forment le Pendjnad (V. ce nom). Son cours total est d'env. 2550 kil. V. INDUS.

SINDHY (Principauté du), État de l'Inde en deçà du Gange, borné au N. O. par le Beloutchistan, au N. par le roy. de Lahore, à l'E. par l'Adjmir et le Katch, a env. 137 000 kil. carr., compte un million d'habitants et a pour capitale Koratchi. Il tire son nom du Sind, qui l'arrose. — Le Sindhy eut jadis des princes particuliers. Les Arabes occupèrent le pays dès 712, mais au Xe s. il se rendit indépendant; depuis le XIVe s., il passa successivement sous la domination des Afghans, des Mongols, du Kaboul (à la fin du dernier siècle), puis se partagea en 4 principautés (Haïdérabad, Mirpour, Khirpour, Bawalpour), qui depuis 1843 ont toutes été soumises aux Anglais par le général Napier. V. NAPIER (sir Ch.)

SINDHYAH (Madhadji), dit Béhadour ou le Victorieux, prince mahratte, né vers 1743, m. en 1794, profita de la décadence de l'empire mongol pour se former un roy. indépendant entre le Lahore, le Kandeich, le golfe de Cambaye et le Gange, attira à son service des officiers européens, entre autres le comte de Boigne, et eut une armée de 100 000 hommes, en partie disciplinés à l'européenne. Il tint tête ans Anglais et se maintint indépendant ; mais son fils, Dowlut Sindyah, fut, après une longue lutte, vaincu par Wellesley à la bat. d'Assye (1803), et se vit forcé de signer un traité qui le mettait à la merci de la Compagnie des Indes. — Le roy. de Sindhyah a env. 102 000 kil. carr. et 4 millions d'hab. ; il a pour capit. Goualior. Il se compose de parties des trois anciennes provinces d'Agra (capit., Agra), de Kandeich (capit., Bhouranpour) et de Malwa (capit., Oudjein). Le souverain est encore auj. un prince mahratte; il prend le titre de maharadjah ou grand-radjah. SINDJAR, Singara, v. de la Turquie d'Asie (Bagdad), à 150 kil. O. de Mossoul, sur le Sindjar (affluent du Khabour), au pied des monts Sindjar (qu'habitent les Yézidis, peuple pillard).

SINES, Sinæ, peuples orientaux que les anc. ne connaissaient que de nom, sont les Chinois ou les Siamois.

SINES ou SYNIS, bg du Portugal (Alemtéjo), sur l'Atlantique, à 100 kil. S. O. de Béja; 1650 hab. Château et ancrage. Patrie de Vasco de Gama.

SI-NGAN, v. forte de Chine, ch.-l. de la prov. de Chen-si, et l'une des plus belles villes de l'empire, a été longtemps résidence de la dynastie des Han (au IIe s. av. J.-C.). On lui donne 300 000 hab.

SINGAPOUR, c.-à-d. la Ville du Lion, v. de l'Inde transgangétique, sur la côte S. d'une île de même nom, entre la pointe de la presqu'île de Malacca et l'île de Sumatra; env. 90 000 hab. Port franc très-commerçant; vastes chantiers de construction ; jardin botanique; collége malais. De grandes maisons de commerce pour exploiter les produits de l'Asie et de l'Océanie y ont été établies par des Européens (des Anglais surtout), des Chinois, des Arabes, des Hindous et des Arméniens. — Cette ville a été fondée en 1819 par sir Thomas Raffles, et appartient aux Anglais. De son gouvernement dépendent ceux de Malacca et de Georgetown (île du prince de Galles). — L'île de Singapour a 40 kil. sur 20, et est séparée du continent par un détroit qui porte le même nom.

SINGARA, Sindjar, v. de Mésopotamie, au centre, sur le Mygdonius. Le roi de Perse Sapor II y vainquit les Romains en 348.

SINGIDUNUM, auj. Belgrade ? v. de la Dacie, au confluent de l'Ister et du Savus. Patrie de Jovien.

SINGITIQUE (Golfe), golfe de la mer Égée, sur la côte de Macédoine, entre les presqu'îles de Sithonie et du mont Athos, est auj. le G. de Monte-Sanlo.

SINGLIN (l'abbé), pieux ecclésiastique, né à Paris vers 1600, m. en 1664, s'attacha successivement à S. Vincent de Paul et à l'abbé de St-Cyran, et fut nommé par l'archevêque de Paris confesseur des religieuses de Port-Royal, puis supérieur des deux maisons de Port-Royal des Champs et de Paris. Il tenait un rang honorable parmi les prédicateurs de son temps. Ardent janséniste, il se vit interdire la chaire, et fut même, dans ses dernières années, obligé de se cacher. On a de lui des Instructions sur les mystères et sur les dimanches et fêtes, 1671.

SINIGAGLIA, Sena Gallica, v. d'Italie (Urbin), sur l'Adriatique, à l'embouchure de la Misa; 8000 h. Évêché, cathéd., anc. remparts. Patrie du pape Pie IX et de la cantatrice Catalani. — Cette ville fut donnée par Sixte IV à Jean de la Rovère en 1475.

SINNAMARI, riv. de la Guyane française, descend des montagnes qui sont au centre de la colonie, coule au N., reçoit la Couriége, et se jette dans l'Atlantique à 90 kil. N. O. de Cayenne, après un cours d'environ 250 kil. Ses bords sont couverts de marais qui en rendent le séjour très-malsain. Cette rivière donne son nom au pays qu'elle arrose, ainsi qu'à un bourg situé sur sa r. dr., près de son embouchure. Après le 18 fructidor an V (4 septembre 1797), beaucoup de condamnés politiques furent déportés dans les déserts de Sinnamari par ordre du Directoire : la plupart y périrent misérablement.

SINNIS, fameux brigand des premiers temps de la Grèce. Posté à l'isthme de Corinthe, il dépouillait les voyageurs, puis les jetait à la mer, les assommait de sa massue, ou les écartelait à l'aide de deux pins dont il abaissait les cimes jusqu'à terre et qu'il laissait se redresser après y avoir attaché les membres de ses victimes. Thésée délivra la terre de ce monstre.

SINON, Grec fameux par sa perfidie. Lorsque ses compatriotes feignirent de renoncer au siége de Troie, il se laissa prendre par les Troyens, se présenta devant eux comme abandonné par les Grecs, et les décida par ses mensonges à introduire dans leurs murs le cheval gigantesque, dont les flancs recelaient les soldats grecs (Énéide, II).

SINOPE, v. et port de Paphlagonie, sur le Pont-Euxin, à l'embouchure d'une petite riv. qui prenait son nom, était bâtie sur un isthme et avait un double port. Elle possédait une marine puissante qui lui assura l'empire de la mer, à l'O. jusqu'au Bosphore de Thrace, à l'E. jusqu'à l'Halys. On en tirait la Terre de Sinope (cinabre) et beaucoup de poisson. Diogène le cynique y était né. — Sinope était une colonie de Milet. Périclès, après l'avoir délivrée de son tyran Timésiléon, y conduisit 600 Athéniens. Asservie par les rois de Pont, elle devint leur capitale. Elle soutint contre Lucullus un siége célèbre et fut prise, 70 av. J.-C. Près de l'anc. Sinope est encore auj. une ville de Sinope ou Sinoub, qui fut aux XIIIe et XIVe s. la capit. d'une principauté turque, puis devint le ch.-l. d'un livah particulier indépendant du pacha d'Anatolie; elle fait actuellement partie du livah de Kastamouni, et compte 8000 hab. Château fort ; 2 ports. Une flotte turque fut attaquée à l'improviste et détruite en vue de Sinope par les Russes en 1853.

SINTOÏSME, religion primitive du Japon, se partage avec le Bouddhisme les habitants de ce pays. Elle reconnaît le dieu suprême Tien (le Ciel ou le Soleil) et une foule d'esprits ou de dieux inférieurs, rend un culte à la vertu et divinise les grand hommes. Les prêtres de cette religion s'abstiennent de toute nourriture animale. Le Sintoïsme est professé par l'empereur et toute sa famille. On dérive son nom soit d'un ouvrage de Confucius appelé Sinto, soit plutôt du mot japonais Sin, héros, demi-dieu.

SINTZHEIM, v. du grand duché de Bade, anc. capitale du Kraichgau, dans l'anc. Souabe, à 20 kil. S. d'Heidelberg; 3000 hab. Turenne y battit les Impériaux le 14 juin 1674.

SINUESSE, Sinuessa, v. de l'Italie ancienne, au N., sur la mer Tyrrhénienne et près des frontières de la Campanie et du Latium, entre le Vulturne et Minturnes. Eaux minérales et bains chauds jadis célèbres. — Cette ville appartint d'abord à la Campanie, puis fit partie du Latium; elle reçut une colonie romaine l'an 296 av. J.-C. Elle fut détruite au Xe s. par les Sarrasins; on en voit les ruines près de Rocca di Mondragone.

SION, une des quatre collines sur lesquelles Jérusalem était bâtie. On donne souvent, surtout en poésie, le nom de Sion à Jérusalem même.

SION, Sitten en allemand, Sedunum en latin, v. de Suisse, ch.-l. du Valais, au confluent de la Sionne et du Rhône, à 80 kil. S. de Berne; 3600 hab. (dont beaucoup de goitreux). Évêché, jadis souverain. Deux châteaux ruinés, dits Sion et Majorie, sur deux collines voisines; cathédrale gothique, bel hôtel de ville. Fer, quincaillerie ; commerce de transit. Environs agréables.— Jadis capit. des Seduni; gouvernée par ses évêques au moyen âge. Prise par les Français en 1798, et ch.-l. du dép. du Simplon sous l'Empire.

SION (le cardinal de). V. SCHINNER.

SIONIE ou SIOUNIE, une des prov. de l'Arménie aux IVe et Ve s., au S. E. du lac Érivan, forma depuis une principauté dont le souverain était très-puissant ; les princes résidaient à Khalkhal et à Gabal. C'est encore auj. un évêché in partibus.

SIONITE (Gabriel). V. GABRIEL.

SIOUAH, SIOUT. V. SYOUAH, SYOUT.

SIOUX (les), nation indigène de l'Amérique du Nord, divisée en un grand nombre de peuplades dont les principales sont les Dakotas et les Assiniboins. Les premiers habitent le long du Missouri moyen, du St-Pierre, du Ht-Mississipi, du Ht-Fleuve-Rouge, du lac Ouinipeg, depuis le 33° parallèle jusqu'au 49°. Les Assiniboins ou Iowas habitent au N. des Dakotas et à l'O. du lac Ouinipeg, entre le Missouri et le Saskatchavan. Les uns et les autres sont très-belliqueux et vivent sans cesse en guerre entre eux.

SIOUX (District des) ou des IOWAS. V. IOVA.

SIPHNOS, auj. Sifanto, une des Cyclades, à l'O. de Paros et au S. E. de Sériphe, a 13 k. sur 8. Elle était fameuse dans l'antiquité par ses mines d'or et d'argent et par la salubrité de l'air qu'on y respirait. Siphnos fut colonisée par des Ioniens sortis d'Athènes. Ses habitants combattirent à Salamine pour la cause grecque, puis entrèrent dans l'alliance d'Athènes. Après avoir appartenu aux Romains et à l'empire grec, Siphnos fit partie du duché de Naxos, puis devint le domaine de deux familles italiennes, les Coronia et les Gozadini. Barberousse leur enleva cette île, et elle resta aux Turcs jusqu'à la guerre de l'Indépendance. Elle fait auj. partie du roy. de Grèce, est comprise dans le Nome des Cyclades, et compte env. 7000 h. Sa principale ville, Kastro, sur la côte N. E., occupe l'emplacement de l'anc. Apollonia.

SIPONTE, Sipus, auj. Siponto ou Manfredonia, v. d'Apulie, près du golfe Urias, au pied du mont Garganus. Fondée par Diomède, après son retour de Troie ; elle fut ruinée par les Turcs en 1620.

SIPYLE, Sipylus, v. de Lydie, au N. O., sur une haute montagne de même nom, près du Méandre, était la capitale des États de Tantale. Elle fut détruite sous Tibère par un tremblement de terre. Le mont Sipyle, prolongement du Tmolus, s'avance vers le golfe de Smyrne en bordant la rive gauche de l'Hermus. C'est là que la Fable place la métamorphose de Niobé en rocher. Près du mont Sipyle était Magnesia ad Sipylum, auj. Manika.

SIRAMPOUR ou SERAMPOOR, v. de l'Inde anglaise, dans la présid. de Bengale, sur l'Hougly, à 22 k. N. de Calcutta et vis-à-vis de Barrakpour; 12 000 hab. Anc. résidence du gouverneur général des possessions danoises, elle est encore auj. le siége principal des missionnaires Baptistes. Le séjour en est délicieux. — Les Danois s'y étaient établis en 1676; il l'ont vendue à l'Angleterre en 1845.

SIRBONIS LACUS, auj. Sebaket Bardouil, lagune de la Basse-Égypte, à l'E., voisine de la Méditerranée, entre Ostracine et le mont Casius. Les Égyptiens croyaient que Typhon y était enseveli. Ce lac est auj. desséché en partie.

SIR-DARIA ou SI-HOUN, Iaxartes, riv. d'Asie, sort de l'Ala-tagh, sur les frontières de la Chine et du Turkestan, traverse le Turkestan, en passant par Khokand, Tachkend, Tounkat, etc., coule généralement à l'O., et tombe dans la mer d'Aral par deux bras, après un cours de 1600 kil. Il est presque partout navigable. — Du bras septentrional sortait un 3e bras, jadis considérable, qui paraît même avoir été le principal; il est auj. desséché.

SIRE (pour seigneur), titre de dignité. V. ce mot dans notre Dictionnaire univ. des Sciences.

SIRÈNES, Sirenes, déesses marines, filles d'Achéloüs et de Calliope, étaient les compagnes de Proserpine; elles furent métamorphosées en monstres marins par Cérès, irritée de ce qu'elles ne s'étaient pas opposées à l'enlèvement de sa fille. Selon la Fable, les Sirènes avaient une voix ravissante : par la douceur de leurs chants elles attiraient les passagers, pour qui elles restaient invisibles, et les entraînaient à se précipiter dans la mer, où ils se noyaient. On en compte deux, et même huit : Aglaophone, Thelxiépie ou Thelxinoé, Molpé, Ligée, etc; on plaçait aussi au nombre des Sirènes Parthénope (V. ce nom). Les Sirènes se tenaient sur les bords de la mer Tyrrhénienne, entre l'île Caprée et la côte d'Italie. Elles avaient le corps d'une femme jusqu'à la ceinture, et, au-dessous, la forme d'un oiseau.

SIRET (L. Pierre), grammairien, né en 1745 à Évreux, m. en 1798, voyagea longtemps comme chargé de missions secrètes par le gouvernement et publia à son retour divers ouvrages de linguistique : Éléments de la langue anglaise, Paris, 1773; Grammaire italienne, 1797; Gramm. française et portugaise, 1799. Il se fit imprimeur en 1794. — Siret (Charles), né à Reims en 1760, m. en 1838, successivement maître de pension, professeur et censeur au lycée de Reims, est auteur de l’Epitome historiæ græcæ, Paris, 1798, ouvrage devenu classique.

SIREY (J. B.), jurisconsulte et arrêtiste, né à Sarlat en 1762, m. en 1845, quitta la carrière ecclésiastique lors de la Révolution et se maria avec une nièce de Mirabeau, mais n'en fut pas moins emprisonné sous la Terreur comme suspect. Depuis 1799, il exerça comme avocat à la Cour de cassation. Il a publié mensuellement, avec Denevers, un Recueil général des lois et arrêts en matière civile, criminelle, commerciale, et de droit public depuis 1800, Paris, 1802-30, 30 vol. in-4o, avec des Tables analytiques (1812, 1828, 1838), répertoire indispensable à tout homme de loi, et qui a été continué depuis 1830 par L. M. Villeneuve, son gendre. Sirey a aussi donné les Codes annotés, 1813-19; — Sa femme, née LASTEYRIE DU SAILLANT, 1776-1843, a écrit pour la jeunesse plusieurs jolis ouvrages moraux, entre autres : la Mère de famille et Conseils d'une grand'mère aux jeunes femmes, 1838.

SIRHIND, Serinda, v. de l'Inde anglaise (Delhi), dans le pays des Séikhs, à 225 kil. N. O. de Delhi, avait jadis des mosquées et des jardins magnifiques; elle est auj. en ruines. Bâtie par Firouz III en 1357, et longtemps florissante.

SIRI (Vittorio), bénédictin, né en 1608 à Parme, m. en 1685, s'acquit la protection de Richelieu et de Mazarin en se montrant dans ses écrits partisan de la France, et fut fait aumônier et historiographe de Louis XIV. Il a publié il Mercurio (histoire contemporaine) en 15 vol. in-4, 1644-82, qui parurent successivement à Venise, à Lyon, à Casal, à Paris, à Florence, et des Mémoires secrets (Memorie reconditi) de 1601 à 1640, 8 vol. in-4, Rome et Paris, 1676-79, d'où ont été tirées les Anecdotes du ministère du cardinal de Richelieu et les Anecdotes du ministère du comte d'Olivarès. La découverte des Mémoires de P. Joseph a confirmé la véracité de cet historien.

SIRICE (S.), pape de 385 à 398, était Romain. Il combattit les Novatiens, les Donatiens, et aida Théodose à réprimer les Manichéens. On l'hon. le 25 nov.

SIRINAGOR, c.-à-d. la Ville du Bonheur, v. de l'Inde anglaise (Agra), dans l'anc. Ghéroual, dont elle était la capitale, sur la r. g. de l'Alacananda, à 200 k. N. E. de Delhi. Palais en granit. Commerce d'argent brut et de denrées du Thibet et du Lahore. Ville jadis grande et puissante, mais bien déchue : en 1821, elle ne comptait que 600 maisons habitées.

SIRINAGOR, v. du Cachemire. V. CACHEMIRE.

SIRIUS, constellation du Chien ou Canicule. V. CANICULE dans notre Dict. univ. des Sciences.

SIRMIUM, Sirmich ou Mitrowitz, capit. de la Pannonie et plus tard de la Pannonie 2e, près de la r. g. de la Save. Aurélien, Probus et Gratien y naquirent. Claude II, Marc Aurèle y moururent. — Fondée par les Taurisques, cette ville devint, sous l'Empire, l'arsenal des Romains pour leurs guerres contre les peuples du Danube. Au VIe s., elle tomba au pouvoir des Avares qui sans doute la détruisirent, car dès lors elle disparaît de l'histoire. On en trouve d'importantes ruines près de Mitrowitz, dans les Confins militaires d'Esclavonie (généralat de Péterwaradin).

SIRMOND (Jacq.), savant jésuite, né à Riom en 1559, m. en 1651, professa la rhétorique à Paris, fut appelé à Rome en 1590 en qualité de secrétaire d'Acquaviva, général des Jésuites, occupa ce poste 16 ans, rentra en France en 1608 et fut nommé en 1637 confesseur de Louis XIII. On lui doit la publication d'un grand nombre d'opuscules de Pères et d'auteurs ecclésiastiques (Ennodius, les Chroniques d'Idace et Marcellin, Anastase le Bibliothécaire, Théodoret, etc.); de l’Histoire de Reims, par Flodoard; les Concilia antiqua Galliæ, 1629. Écrivain exact, le P. Sirmond débrouilla la chronologie, fit revivre plusieurs auteurs ignorés, commenta les plus obscurs, et rendit par là de grands services à l'histoire de l'Église. Ses Œuvres ont été recueillies par le P. Labaume, Paris, 1696, 5 vol. in-f. — Son neveu Jean S., 1589-1649, jouit de la faveur de Richelieu, fut nommé historiographe et entra à l'Acad. en 1634. Outre des écrits de polémique, on a de lui une Vie du card. d'Amboise, 1631, éloge détourné de Richelieu, et des vers latins estimés (Carminum, libri duo, 1654).— Un autre neveu de Jacques, Ant. S., jésuite, écrivit sur la théologie et sur la morale et s’attira les critiques de Pascal (dans sa 10e Provinciale).

SIROÈS (Kabad II ou Kabad-Chirouieh, vulgt), roi sassanide de Perse, fils de Chosroès (Khosrou) II, se révolta contre son père (628), fut forcé par la faction qui le soutenait de faire périr ce prince, ainsi que 14 ou 15 de ses frères, tenta de compenser ces atrocités en faisant fleurir la justice dans ses États ; mais mourut après neuf mois de règne (629). C’est lui qui restitua la vraie croix à l’empereur Héraclius.

SIRVEN, commissaire terrier à Castres, professait le Calvinisme. En 1764, il fut accusé d’avoir fait périr sa fille pour l’empêcher d’embrasser la foi catholique, et, après un procès où toutes les formes furent violées, se vit condamner à mort par le parlement de Toulouse. Ayant réussi à s’échapper, il se réfugia en Suisse, et implora l’appui de Voltaire, alors à Ferney. Le philosophe prit en main sa défense, et, avec l’aide du célèbre avocat Élie de Beaumont, réussit à prouver son innocence et à le faire acquitter (1775) : ce nouveau procès n’avait pas duré moins de 9 ans.

SIS, v. de la Turquie d’Asie, dans le pachalik d’Adana, à 65 kil. N. E. d’Adana. Importante au moyen âge et capitale alors de la Petite-Arménie. C’est auj. la résidence d’un patriarche arménien.

SISARA, général de Jabin, roi d’Asor, fut défait par Barac et Débora, et mis à mort pendant son sommeil par Jahel, femme israélite, qui l’avait reçu dans sa tente.

SISEBUT, roi des Visigoths (612-621), soumit les Astures et les Vascons, refoula ces derniers dans les Pyrénées (d’où leur établissement en France), enleva aux Grecs presque toutes leurs possessions en Espagne, fit fleurir le commerce et les lettres, et força nombre de Juifs à se convertir. On lui attribue un petit poëme latin sur les Éclipses.

SISENNA (L. Cornel.), ami de Varron, de Cicéron et d’Atticus, questeur en Sicile (77 av. J.-C.), puis préteur et gouverneur d’Achaïe, avait composé une Histoire romaine, depuis la prise de Rome par Brennus jusqu’aux guerres de Sylla, des Commentaires sur Plaute, une traduction des Contes milésiaques ; il ne reste que quelques fragments de son Histoire.

SISENNA, fils d’Archélaüs, prince de Comana, fit périr Ariobarzane II, roi de Cappadoce (63 av. J.-C.), et tenta des lors de lui succéder, mais il n’y réussit que beaucoup plus tard, l’an 42, aidé par Antoine.

SISMONDI (Ugolin), dit Buzzacherino, amiral de Pise (1241), gagna sur les Génois la bataille navale de la Melloria, près des côtes de Toscane, et reçut en récompense de l’empereur Frédéric le titre de comte.

SISMONDI (Charles SIMONDE de), historien et économiste, né à Genève en 1773, d’une famille riche, originaire de Pise, m. en 1842, était calviniste. Il passa plusieurs années en Angleterre et en Toscane pendant les troubles de sa patrie, rentra dans sa ville natale en 1800, et s’y fit connaître par des écrits sur l’économie politique ; fut secrétaire de la Chambre de commerce du dép. du Léman sous l’Empire, puis membre du Conseil représentatif, où il combattit les tendances ultra-démocratiques. Il consacra la majeure partie de sa vie à la rédaction des grands ouvrages historiques et littéraires qui lui ont valu une réputation européenne et le titre d’associé de l’Académie des sciences morales. Les principaux sont : De la Richesse commerciale, 1803, où il adopte le système de liberté d’Adam Smith ; Nouveaux principes d’économie politique, 1819, et Études sur les sciences morales, 1836, où, se séparant de Smith, il combat la concurrence illimitée ; Histoire des républiques italiennes, 1807-1818,16 vol. in-8 (ouvrage que complète l’Hist. de la renaissance de la liberté en Italie, 1832) ; De la Littérature du midi de l’Europe, 1813 et 1829, 4 vol. in-8, ouvrage plein d’intérêt, mais où la partie qui regarde l’Espagne et le Portugal laisse à désirer ; Hist. des Français, 1821-1844, 31 vol. in-8, où il s’attacha à rédiger les annales de la nation plutôt que la biographie des rois : cette grande histoire, non moins remarquable par la haute moralité que par l’érudition, pèche malheureusement par le style, et peut être accusée de quelque partialité contre les souverains et contre le clergé (elle a été achevée, à partir du Règne de Louis XVI, par M. Am. Rénée, gendre de l’auteur) ; Précis de l’histoire des Français, résumé du livre précédent, 1839, 2 vol. in-8. Des Lettres de Sismondi à la comtesse d’Albany ont été publiées a Genève en 1857 avec des fragments du Journal de sa vie. M. Mignet a lu à l’Institut une Notice historique sur Sisinondi.

SISSONNE, ch.-l. de c. (Aisne), à 22. kil. E. de Laon, 1509 hab. Toiles de chanvre, épuration d’huile. Anc. titre de comté.

SISTAN. V. SÉISTAN,

SISTERON, Segustero, ch.-l. d’arr. (Basses-Alpes), sur la Durance et le Grand-Buech, à 40 kil. N. O. de Digne ; 4338 hab. Trib. de 1re inst., collége. Site pittoresque ; citadelle sur un rocher voisin, où Casimir, roi de Pologne, fut détenu ; pont d’une seule arche. Métiers à soie. — Ville ancienne, qui existait dès le temps des Romains, et qui avait son régime municipal et ses consuls ; elle devint vers 500 le siége d’un évêché, suffragant d’Aix, qui fut supprimé en 1801. Dans le XVIe s., elle se déclara pour les Protestants, et fut plusieurs fois assiégée. On doit à M. E. de Laplane une Hist. de Sisteron (1840-43), couronnée par l’Académie des inscriptions.

SISTOVA, v. forte de Turquie d’Europe (Roumélie), sur la r. dr. du Danube, à 40 kil. S. E. de Nikopoli ; 25 000 h. Préparation du coton, tanneries. Assez de commerce. Un traité de paix entre les Turcs et les Autrichiens fut conclu à Sistova en 1791.

SISYGAMBIS, mère de Darius, dernier roi de Perse, fut prise à la bataille d’Issus par Alexandre, et traitée par le vainqueur avec beaucoup de générosité. Elle en fut tellement reconnaissante qu’à la nouvelle de sa mort elle se laissa mourir de faim.

SISYPHE, Sisyphus, fils d’Éole et petit-fils d’Hellen, est célèbre dans la mythologie par sa malice et ses fourberies. Il eut pour femme l’Atlantide Mérope, et pour maîtresse Anticlée, qu’il laissa, dit-on, enceinte d’Ulysse ; il séduisit en outre sa propre nièce, Tyro, fille de Salmonée. Il bâtit Éphyre (Corinthe), et ferma l’isthme par des murailles, ce qui lui permit de rançonner impunément ceux qui demandaient le passage. Enfin il fut tué par Thésée et laissé sans sépulture. Pluton lui ayant accordé de revenir un seul jour sur la terre pour se faire inhumer, il ne voulut plus redescendre aux enfers ; il fallut que Mercure, après bien des années, l’y traînât de force. En punition de ses crimes, il fut condamné à rouler sans cesse un bloc énorme au haut d’un rocher escarpé d’où il retombait aussitôt. C’est à Sisyphe qu’on attribuait l’institution des jeux isthmiques.

SIT, riv. de la Russie d’Europe, naît dans le gouvt de Tver, coule à l’E., entre dans la gouvt d’Iaroslav, et se jette dans la Mologa, après un cours d’env. 50 kil. Les Russes, commandés par Iouri Vladimir, furent battus sur ses bords en 1327 par les Tartares.

SITA, épouse de Rama. V. RAMA.

SITACE, v. d’Assyrie, sur le Tigre, au N. de Ctésiphon, donnait son nom à une province, la Sitacène.

SITHIEU ou SITHIU, nom primitif de St-Omer.

SITHONIE, une des 3 péninsules de la Chalcidique, au milieu, entre celles de Pallène et du mont Athos.

SITIFI, auj. Sétif, ch.-l. de la Mauritanie, à l’E., était la capit. de la Mauritania Sitifensis, àïaquelle elle donnait son nom. V. SÉTIF.

SITKA, île de l’Amérique russe, dans l’Océan pacifique, par 58° lat. N. et 138° long, O., donne son nom à un gouvt qui comprend toutes les îles du détroit de Behring ; ch.-l., Nouvelle-Arkhangel,.

SIVA, dieu hindou, la 3e personne de la Trinité indienne, passe vulgairement pour le destructeur ; mais c’est plutôt le dieu qui modifie, qui crée à l'aide de la mort, qui dissout ou tue pour créer et renouveler. On lui donne pour femme Bhavani et pour enfants Ganéça et Skanda. Ses adorateurs, nommés Sivaïtes, le regardent comme le plus grand des dieux; il y eut même un temps où, dans le sud de l'Hindoustan et à Ceylan, il était le dieu unique ou le dieu suprême. On lui donne pour demeure le mont Kailaça. On le représente tantôt monté sur le taureau Naridi, ou bien l'ayant à ses pieds, le corps coiffé de cinq têtes et tenant dans ses quatre mains le trident, le padma (le lotus des Indes), le cerf-nain, le tchakra (roue symbolique) ; tantôt montant un tigre énorme, la bouche armée de dents aiguës et vomissant le feu; les bras et la taille entourés de serpents, avec un collier de crânes humains. Parmi ses noms on lui donne celui de Gangadhara (qui porte le Gange sur la tête), parce que le Gange descend des flancs du mont Kailaça, demeure du dieu.

SIVACH (Golfe de). V. PUTRIDE (Mer).

SIVAS, Cabira, puis Sébaste (d'où le nom moderne), v. forte de la Turquie d'Asie, ch.-l. du pachalik de Sivas, à 760 k. E. S. E. de Constantinople : 16 000 hab. Peu d'industrie et de commerce. Mines de cuivre. — L'anc. Cabyra était la capitale de l'Arménie 1re. Lucullus remporta aux environs une victoire sur Mithridate; sous Auguste, elle reçut le nom de Sébaste de Pythodoris, reine du Pont, qui l'habitait sous la protection romaine. Elle fut détruite par Tamerlan, en 1400. — Le pachalik ou eyalet de Sivas, dit aussi de Roum, situé dans la partie septentrionale de l'anc. Asie-Mineure, entre la mer Noire au N., les pachaliks de Trébizonde et d'Erzeroum à l'E., de Diarbekir, de Marach et de Karamanie au S., et l'Anatolie à l'O., a 580 kil. sur 270 et env. 800 000 hab. Montagnes boisées, sol très-fertile dans les plaines et les vallées ; céréales: pâturages; soie; miel. Mines et carrières. Ce pachalik correspond à une grande partie de la Galatie et du Pont et à une partie de l'anc. Arménie.

SIXTE I (S.), pape de 116 ou 119 à 125 ou 127, était Romain de naissance. On l'hon. comme martyr le 6 avril. — II (S.), d'Athènes, pape de 257 à 259, souffrit le martyre sous Valérien. On l'hon. le 6 août. — III, pape de 432 à 440, travailla, aidé de S. Cyrille, à la réunion des églises d'Orient, et légua 5000 marcs d'argent pour orner les églises. — IV, F. Albescola de la Rovère, pape de 1471 à 1484, né en 1414, était fils d'un pêcheur de Savone, et avait été d'abord général des Frères mineurs. Il donna d'abord ses soins à d'utiles réformes, envoya contre les Turcs le cardinal Caraffa, qui s'empara d'Attalie en Pamphylie, prit part aux événements qui suivirent à Florence la conspiration des Pazzi et y rétablit la paix après 2 ans de négociations. Trop faible envers ses neveux, il fit cardinaux deux d'entre eux, Pierre Riario et Julien de la Rovère (depuis le pape Jules II), procura à un 3e, Jérôme Riario, la possession d'Imola et de Forli, et à un 4e, Jean de la Rovère, celle de Sora et Sinigaglia. En 1476, il rendit une bulle en faveur de la fête de l'Immaculée Conception de la Vierge.

SIXTE V ou SIXTE-QUINT, Félix Peretti, pape, né en 1521 à Montalte, près d'Ascoli, m. en 1590, avait dans son enfance, selon une tradition contestable, fait le métier de porcher (ce qui l'a fait souvent nommer le pâtre de Montalte). Il entra chez les Cordeliers dès 1537, devint successivement professeur de droit canon à Rimini et à Sienne, grand inquisiteur à Venise, où il se brouilla avec le sénat, consulteur de la congrégation, procureur général de son ordre, théologien du légat Buoncompagno (depuis Grégoire XIII) en Espagne, consulteur du St-Office, vicaire général des Cordeliers (1566), évêque de Santa-Agata-de'-Goti, cardinal (1568), archevêque de Fermo, et fut élu pape en 1585, à la mort de Grégoire XIII. On raconte qu'il ne réussit à se faire élire qu'en feignant de graves infirmités et une caducité précoce; mais qu'une fois élu, il se redressa fièrement, jeta ses béquilles et entonna le Te Deum d'une voix puissante; mais ces faits merveilleux, rapportés par le seul Gregorio Leti, ont été contestés. Quoi qu'il en soit, il déploya de vrais talents pour le gouvernement : il purgea l'État ecclésiastique des vagabonds et des brigands qui l'infestaient, embellit Rome de monuments utiles ou magnifiques, fit construire, pour amener l'eau à Rome, un aqueduc de 22 milles, releva, sur la place St-Pierre, l'obélisque que Caligula avait fait amener d’Égypte, fit construire la coupole de St-Pierre, agrandit la bibliothèque du Vatican, réorganisa l'administration publique, qui fut confiée à 15 comités, dits congrégations ; fixa à 70 le nombre des cardinaux, prit part à presque tout ce qui se passait d'important en Europe, et laissa en mourant un trésor de 5 000 000 d'écus. Au dehors, il excommunia Élisabeth et soutint l'Armada dirigée contre elle par Philippe II ; il excommunia également Henri de Navarre (1585), et, après la mort de Henri III, prit parti contre lui pour la Ligue et l'Espagne. On a de lui des Sermons et quelques ouvrages. Le P. Tempesti, cordelier, a donné une Vie de Sixte-Quint, Rome, 1754. M. J. Lorenz a publié en 1852 : Sixte-Quint et son temps.

SIZEBOLI, Apollonia ? v. et port de Turquie (Roumélie), sur la mer Noire; à 22 kil. S. O. de Bourgas. Sa rade est une des meilleures de la mer Noire. La flotte russe s'empara de cette ville en 1829.

SIZUN, ch.-l. de c. (Finistère), sur l'Elorn, à 30 k. S. O. de Morlaix; 3960 hab. Toiles.

SKAGEN, v. du Danemark, à la pointe N. du Jutland; 1000 hab. Elle donne son nom au cap qui s'avance dans la mer entre le Skager-Rak et le Cattégat (Cimbroruni promont.), cap dangereux.

SKAGER-RAK, bras de la mer du Nord, entre le Jutland (Danemark) et la Norvège, se lie au S. E. avec le Cattégat. Il a 310 kil. sur 110.

SKALHOLT ou REINKIRIK, v. d'Islande, au S., à 66 kil. E. de Reikiavik, était autrefois la capitale de l'île et la résidence de l'évêque. Aux env., volcans d'eau bouillante appelés Geysers.

SKANDA, fils de Siva et de Bhavani, est le frère et le rival de Ganéca.

SKARABORG (Lan ou Gouvt de), division de la Suède (Gothie), entre les gouvts de Jœnkœping au S. E., d'Elfeborg au S. O., d'Œrebro au N. E., de Carlstad au N., le lac Wetter à l'E. et le lac Wener à l'O., a 140 k. sur 100 et env. 200 000 h. ; ch.-l., Mariestad. Lacs, forêts; fer, alun, pierre, terre à potier.

SKELTON (Jean), poëte satirique anglais, né vers 1460 dans le Cumberland, mort en 1529, était curé de Dyss (Norwich). Il se fit de bonne heure remarquer et fut nommé poëte lauréat en 1489. Quoique prêtre, il attaqua hardiment, dans des vers mordants, les abus du clergé et l'ambition du cardinal Wolsey. Suspendu pour ces attaques, il trouva un refuge à l'abbaye de Westminster. Ses poésies (Londres, 1512 et 1843) furent longtemps populaires.

SKIATOS (île), Sciathos, une des Cyclades sept., au N.E. de Négrepont, a 55 kil. carr. et env. 7000 h. Son ch.-l. porte le même nom (1000 h.). Elle appartient au roy. de Grèce et dépend de Négrepont.

SKIOLDUNGIENS, dynastie du Danemark d'origine fabuleuse, tire son nom de Skiold, fils d'Odin; elle fut remplacée en 1047 par celle des Esthrithides.

SKIPETARS, nom indigène des Albanais;

SKYE (île), Ebuda orientalis, une des Hébrides, par 8° 13' 9° long. O., 56°-57° 38' lat. N. : 65 kil. sur 35: 22 000 hab.; ch.-l., Portree. Côtes très-échancrées, bons ports. Climat assez chaud, malgré sa latitude et la hauteur des montagnes. Grottes curieuses et monuments druidiques. On trouve sur quelques points de l'île des agates, des topazes et du corail.

SLANE, bg d'Irlande (East-Meath), sur la Boyne, à 12 kil. O. de Drogheda; 18 000 hab. Jadis important et siége d'un évêché. Beau château des marquis de Conyngham ; ruines d'une belle abbaye. C'est là que Dagobert, roi d'Austrasie, fut relégué par le maire Grimoald. Saccagé par les Anglais en 1170. SLAVES, grande famille ethnographique, la plus orientale de l'Europe. Elle appartient incontestablement à la race indo-germanique, mais se distingue très-nettement et des Germains et des Finnois ou Tchoudes (Scythes des anciens). L'établissement des Slaves à l'O. du Volga précède au moins de 15 siècles l'ère de J.-C., mais leur nom ne paraît dans l'histoire qu'après cette ère. La famille slave, se divise en deux grandes sections : les Vendes et les Slaves proprement dits. Les premiers s'avancèrent beaucoup au sud et à l'ouest : les Henètes, les Vénètes furent certainement des Vendes; les Vindiles et Vandales, connus depuis le IIe siècle; les Antes, célèbres au Ve, étaient des Vendes restés au nord. Les seconds, les Slaves purs, qui commencèrent à être connus du IIe au Ve s. sous le nom de Sclavi, se disséminèrent des bouches du Volga à celles du Pô, et s'y mêlèrent à des tribus germaines et finnoises (ou scythes) : de là une confusion extrême dans tout ce que les anciens nous en ont dit; de là aussi le nom de Scythes donné par eux indistinctement à tous les peuples septentrionaux. La plupart des tribus slaves furent, aux IIIe et IVe s., subjuguées par les Goths : la révolte des Scythes du sud-est ou Huns mit fin à cette domination (376). Les Slaves restèrent libres jusqu'au règne d'Attila et c'est alors que leur célébrité commença. Les Vandales, dès 407, parurent en Gaule ; les Antes, après la mort d'Attila (453), se fixèrent entre le Danube et les Carpathes, tandis que les Serbes et les Croates (sous Héraclius, de 631 à 641) s'établirent au S., dans la Dacie. D'autres Slaves enfin s'avancèrent jusqu'à l'Elbe, mais ils furent réduits en servitude par Charlemagne puis par Othon I : d'où le nom de Slave ou d’Esclave pris depuis pour désigner les hommes privés de leur liberté.

Les Slaves ont formé en Europe 2 grands royaumes, celui des Lèques (en Pologne) vers 500, celui de Russie en 862, et plusieurs États secondaires, celui des Tchèques en Bohême, des Slovaques en Hongrie, des Serbes en Servie, des Lettes ou Lettons en Lithuanie, des Slavons en Slavonie (V. ces noms). La Prusse, la Poméranie, la Lusace, la Bohême, la Silésie, la Moravie, la Bosnie, la Valachie, sont aussi des pays où le fond de la population est slave. Celle du Mecklembourg, celle du Brandebourg est moitié germaine et moitié slave. Les Slaves n'ont adopté le Christianisme que du IXe au XIIIe s. Ils étaient idolâtres et avaient un culte particulier, moins barbare que celui d'Odin, mais moins élégant que la mythologie grecque. L'ancienne langue des Slaves se nomme le slavon : c'est auj. une langue morte, mais on en possède des monuments; le russe, le polonais, le bohême, le serbe, le styrien, en découlent. On évalue à 84 millions le nombre des individus appartenant à la race slave. On a eu de nos jours l'idée de réunir soit par une fédération, soit sous un chef commun, tous les peuples d'origine slave : c'est ce qu'on a nommé le Panslavisme; mais cette union paraît être loin de pouvoir se réaliser.

SLAVONIE (Roy. de), anc. État de l'Europe, situé au S. de la mer Baltique et le long de cette mer, avait pour bornes à l'O. l'Elbe, la mer du Nord et l'Eyder, à l'E. la Peene et au S. l'Elde, comprenant la plus grande partie du Mecklembourg; villes principales, Lubeck, Plœn, Wolgast, Mecklembourg, Kissin. Ce roy. fut fondé vers 1047 par Gottschalk (petit-fils de Mistewoï), qui, aidé des Danois et d'Ordulf, duc de Saxe, soumit les Obotrites et autres Slaves de ce pays, mais en restant vassal de la Saxe. Le Christianisme y fut introduit par les conquérants; mais vers 1080 eut lieu une terrible réaction païenne sous Kruko, prince de Rugen, qui rendit à la Slavonie son indépendance. Henri, fils de Gottschalk, la reconquit en 1105. Il mourut en 1126 et eut pour successeur le prince danois Canut Laward. Ce dernier ayant été assassiné en 1131, la Slavonie fut démembrée. En 1161, Henri le Lion conquit la plus grande partie des débris du roy. de Slavonie et l'annexa à son duché de Saxe, tandis que les Obotrites, qui avaient formé une principauté indépendante, devinrent vassaux du Danemark.

SLAVONIE, province autrichienne. V. ESCLAVONIE,

SLEIDANUS (Jean PHILIPSON, dit), historien, né en l506 à Schleide,dans l'électorat de Cologne (d'où son nom latinisé de Sleidanus), m. en 1556, fit son droit à Orléans, s'attacha au cardinal du Bellay, quitta la France en 1542 à cause de la rigueur des édits de François I contre le Protestantisme, se fixa à Strasbourg, et fut député par cette ville au concile de Trente. Il a laissé, entre autres ouvrages : 1° De quatuor summis imperiis, babylonico, persico, græco et romano, Strasb., 1556 (trad. par Ant. Teissier, Berlin, 1710, et par Hornot, 1757); 2° une histoire contemporaine, intitulée : De statu, religionis et reipublicæ, Carolo quinto Cæsare, Strasb., 1555 (trad. par Lecourayer sous le titre d’Histoire de la réformation, 1767-69). Les Protestants le citent comme un de leurs plus grands historiens et l'appellent leur Tite-Live; néanmoins, il n'est pas exempt des préventions de sa secte : aussi ses ouvrages furent-ils condamnés par le concile de Trente.

SLESVIG ou SCHLESWIG, v. d'Allemagne, capitale du duché de Slesvig jusqu'en 1850, à 225 k. S. O. de Copenhague et à 12 k. N. de Kiel ; 12 000 h. Ville irrégulière; on y distingue 4 parties (le château de Gottorp, la Vieille-Ville, le Lollfuss et Fridrichsberg) ; belle cathédrale, renfermant, le tombeau de Frédéric I. Batistes, lainages, raffineries de sucre, tanneries. Tout auprès de la ville est le château de Gottorp, berceau de la branche de la maison de Holstein qui occupe auj. le trône de Russie et de celle qui a régné en Suède. — Détruite au Xe s., elle fut rebâtie au XVe, Jadis ville impériale et hanséatique.

Le duché de Slesvig occupe la partie mérid. du Jutland et a pour bornes au S. le Holstein, 6050 k. carr.; 400 000 hab.; capit. Flensborg (depuis 1850). On le divise en 7 duchés (Gottorp, Hadersleben, Apenrade, Tondern, Flensborg, Hytten, Husum). Tout le pays est très-humide et médiocrement fertile; la côte E. est bien boisée. — Le Slesvig, qui a longtemps fait partie du roy. de Danemark, en fut souvent détaché pour former apanage, notamment en 1085, en faveur d'Olof, frère du roi Canut IV le Saint; en 1103, en faveur de Canut, neveu du roi Nicolas ; en 1386, en faveur, de Gérard VI, comte de Holstein et de Schaumbourg. Il fit retour à la couronne en 1460 par la mort d'Adolphe VIII, duc de Slesvig-Holstein ; mais en 1490, le roi Jean en conféra une partie à son frère. En 1544, nouveau partage entre le roi Christian III et ses deux frères, partage qui causa des querelles et des changements sans fin. En 1658, une partie du Slesvig devint vassale de la Suède; en 1714, Frédéric IV, roi de Danemark, le ressaisit, et le traité de Stockholm de 1720 le confirma dans cette possession. En 1848, le Slesvig, dont l'administration était réunie à celle du Danemark depuis 1740, tenta, de concert avec le Holstein, de se rendre indépendant, et invoqua dans ce but l'appui de la Confédération germanique ; il fut réduit en 1850, après de sanglants combats. (V. FRIDERICIA et IDSTEDT). Mais de nouveaux mouvements pour une séparation eurent lieu en 1863, la Confédération germanique réclama l'indépendance du Slesvig et du Holstein, et, après une guerre désastreuse (1865), le Danemark dut céder ses droits sur le Slesvig à l'Autriche et à la Prusse : l'administration du Slesvig fut dévolue à la Prusse, qui s'incorpora ce duché après la bataille de Sadowa (3 juillet 1866).

SLIGO, v. d'Irlande (Connaught), ch.-l. du comté de Sligo, à 158 kil. N. O. de Dublin, sur la baie de Sligo; 2500 hab. Ancien château. — Le comté, situé sur l'Océan, entre les comtés de Leitrim, Roscommon, Mayo, a 65 kil. sur 52, et 181 000 habitants. Argent, cuivre, plomb.

SLOANE (Hans), médecin botaniste irlandais, né en 1660 dans le comté de Down, mort en 1752, était grand ami de Sydenham. Il suivit comme médecin le duc d'Albemarle à la Jamaïque (1688), et devint médecin en chef de l'armée britannique. Il était membre de la Société royale de Londres et associé de notre Académie des sciences. Outre des articles dans les Transactions philosophiques, on a de lui : Catalogus plantarum quæ in insula Jamaïca proveniunt, Londres, 1696; Voyage aux îles de Madère, la Barbade, St-Christophe, la Jamaïque, avec l'histoire naturelle des plantes, des quadrupèdes, etc., 1705-25. Il avait un magnifique cabinet d'histoire naturelle, dont il fit don au Musée britannique. Londres lui doit son premier dispensaire.

SLOBODE-PAVLOVSKAIA, v. de Russie (St-Pétersbourg), sur la route de Tzarskoé-Sélo, près de Gatchina. Fondée par Nicolas I en 1831 pour servir d'asile aux sous-officiers et soldats invalides de la garde.

SLOBODES DE L'UKRAINE. V. UKRAINE et KHARKOV (gouvt de).

SLONIME, v. de Russie (Grodno), dans l'anc. Lithuanie, à 120 kil. S. E. de Grodno, anc. ch.-l. du gouvt de Grodno (jusqu'en 1797) ; 5000 hab. La diète générale de Lithuanie s'y tenait parfois.

SLOUGH, vge d'Angleterre (Buckingham), à 3 k. N. de Windsor; résidence de l'astronome Herschell.

SLOUTZK, v. de Russie (Minsk), sur la Sloutch, à 150 kil. S. de Minsk; 5000 hab. Anc. ch.-l. de principauté. Les Polonais défirent trois fois les Tartares aux environs sous le règne de Sigismond I.

SLOVAQUES, peuple de race slave, fonda à la fin du IXe s. dans la Moravie et la Hongrie un royaume que les Allemands ne purent détruire qu'en le livrant aux dévastations des Madgyars. Depuis 907, ils font partie du roy. de Hongrie.

SLUYS, ville de Hollande. V. ÉCLUSE (L').

SMALA, réunion de tentes arabes. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

SMALAND, province de Suède. V. SMŒLAND.

SMALKALDE, en allem. Schmalkalden, v. murée de l'électorat de Hesse, ch.-l. de district, dans la prov. et à 60 kil. N. E. de Fulde; 5000 hab. Saline; blanc de plomb, fonderie de canons, fabrique d'armes et d'outils. — Le 31 déc 1530, les États protestants d'Allemagne, pour s'opposer aux empiétements de Charles-Quint, formèrent à Smalkalde une ligue qui devint bientôt puissante, mais qui fut presque dissoute en 1547 par la victoire des Impériaux à Mühlberg. On connaît sous le nom d’Articles de Smalkalde les articles de défense adoptés dans cette ville en 1537, sur la proposition de Luther, par les théologiens protestants.

SMEATON (John), ingénieur anglais, membre de la Société royale de Londres, né en 1724 à Ansthorp dans le comté d'York, m. en 1792, construisit le beau phare d'Eddystone à l'entrée du canal de la Manche, et dirigea les travaux du pont de Londres. Il a laissé des Mémoires sur la physique, la mécanique et l'astronomie, entre autres des Recherches expérimentales sur la puissance mécanique de l'eau, Londres, 1794, qui obtinrent une médaille d'or de la Société royale et furent trad. par Girard en 1810.

SMERDIS, mage de la Perse, profita de l'absence du roi Cambyse, qui était en Égypte, pour usurper la couronne, 522 av. J.-C., en se donnant pour le frère de ce prince, qui avait été secrètement mis à mort, et conserva le trône pendant 8 mois après la mort de Cambyse, qui avait péri en Égypte. Ce mage avait eu les oreilles coupées pour un délit; une de ses femmes le reconnut à cette marque, et publia la supercherie. Il se forma alors un complot de sept grands qui mit fin au règne et à la vie de Smerdis. On a vu dans le règne du mage Smerdis une tentative des mages pour prendre en main le pouvoir, et dans sa chute une réaction des guerriers contre la théocratie. Son renversement fut suivi d'un massacre général des mages (dit Magophonie).

SMINTHÉE (du grec smins, sminthos, rat), surnom que les Phrygiens donnèrent à Apollon pour avoir, disait-on, délivré leur pays d'une multitude de rats.

SMITH (John), navigateur anglais (1579-1631), fit trois voyages en Virginie, de 1606 à 1614, présida à la fondation de James-Town (l608) et eut à repousser les attaques des sauvages. Étant tombé entre les mains des Indiens, il allait être égorgé et dévoré par ces anthropophages, lorsque la fille du chef de la tribu, la belle Pocahontas, lui sauva la vie au péril de la sienne propre. Il a publié une Description de la Nouvelle-Angleterre, Londres, 1616.

SMITH (Robert), physicien (1686-1768), cousin et ami de Cotes, lui succéda dans sa chaire de physique à Cambridge, publia les œuvres de ce savant et contribua comme lui à répandre les découvertes de Newton. Il publia lui-même en 1728 un Système complet d'optique (en anglais), qui a été longtemps l'ouvrage le plus complet sur cette matière (trad. par le P. Pezenas, 1767, et par Duval-Leroy, même année).

SMITH (Adam), célèbre écrivain écossais, né en 1723 à Kirkaldy, m. en 1790, étudia à l'Université de Glasgow, où il eut pour maître Hutcheson, donna dès 1748 des leçons de rhétorique à Édimbourg, fut nommé en 1752 professeur de philosophie morale à Glasgow, se fit connaître en 1759 par sa Théorie des Sentiments moraux, accompagna en 1763 le duc de Buccleugh dans ses voyages sur le continent, se lia à Paris avec Turgot, Quesnay et autres chefs de l'école physiocrate, publia en 1776, après 10 ans de retraite, ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations et se fit par cet ouvrage une réputation européenne; fut nommé en 1778 commissaire des douanes en Écosse, place lucrative qu'il conserva jusqu'à sa mort, et en 1787 recteur de l'Université de Glasgow. Adam Smith est également estimé comme philosophe et comme économiste : dans sa Théorie des Sentiments moraux, il explique toute la moralité humaine par la sympathie, c'est-à-dire par cette propriété qui fait que nous nous mettons à la place de nos semblables et que nous sentons et jugeons comme eux ; dans sa Richesse des nations, il fonde la richesse sur le travail, démontre la nécessité de l'union du travail et du capital, recommande la division du travail, et proclame la liberté entière du commerce et de l'industrie; c'est à son école qu'appartient cette formule libérale : Laissez faire, laissez passer. Les Œuvres complètes de Smith ont été publiées par Dugald Stewart, Édimb., 1817, 5 vol. in-8. La Théorie des sentiments moraux a été plusieurs fois traduite, notamment par Blavet, 1794, et par Mme Condorcet, 1798; la Richesse des nations a été trad. par Blavet, 1788; par Roucher, 1790, et par Germain Garnier, 1800 et 1822. Les doctrines économiques d'Adam Smith, adoptées et commentées par Macculloch, Malthus, Sismondi, ont été popularisées en France par J. B. Say. Macculloch a donné en 1828 une nouvelle édition des écrits d'A. Smith, et en 1854 une excellente biographie de cet auteur.

SMITH (sir W. SIDNEY), marin anglais, né à Westminster en 1764, m. en 1840, fut chargé en 1793 par l'amiral Hood, alors maître de Toulon, d'incendier la flotte française dans le port, fut fait prisonnier en 1795, et détenu deux ans au Temple, d'où il parvint à s'échapper, dirigea la défense de St-Jean-d'Acre contre les Français et força Bonaparte à s'éloigner de cette place (1799), signa en 1800 avec Kléber la convention d'El-Arich, protégea la Sicile pendant que le royaume de Naples était occupé par les Français et accompagna au Brésil le roi de Portugal, qui y cherchait un refuge (1807). Contre-amiral depuis 1805, il fut fait amiral en 1821. Il s'occupa surtout, dans ses dernières années, d'œuvres philanthropiques, et fonda une société qui avait pour but l'abolition de la piraterie dans la Méditerranée.

SMITHFIELD, v. des États-Unis (Rhode-Island), à 15 kil. N. O. de Providence; 12 000 hab. Carrières de pierre à chaux. — Il y a dans Londres une célèbre place de Smithfield, qui sert auj. de marché. SMITHSON (James), fils naturel du duc de Northumberland, né vers 1770, m. en 1829, s’est illustré par le noble emploi qu’il a fait de sa fortune. En 1826, il légua aux États-Unis 100 000 liv. sterl. pour fonder à Washington l’Institution Smithsonienne, association recommandable par les immenses travaux qu’elle édite sur les sciences mathématiques, physiques, historiques et économiques. Cosmopolite par goût, Smithson vivait tantôt à Londres, tantôt à Paris, à Berlin, à Florence ou à Gênes. Lié avec les savants les plus distingués de l’époque, Cavendish, Wollaston, etc., il rivalisait avec les plus habiles pour les manipulations et l’analyse. On lui doit de savantes recherches sur le Minium natif, la Zéolithe, l’Ulmine, et plusieurs procédés utiles pour faire reconnaître les poisons, notamment l’arsenic et le mercure. Ses Mémoires ont paru dans les Annales de philosophie de Thomson, les Annales de chimie et de physique et le Journal de chimie médicale.

SMOELAND, anc. division de la Suède, forme auj. les gouvts de Calmar, Jœnkœping et Kronoberg.

SMOLENSK, v. de Russie, ch.-l. du gouvt de Smolensk, sur le Dnieper (r. g.) et trois petites rivières, à 700 kil. E. S. E. de St-Pétersbourg et à 415 k. O. S. O. de Moscou ; env. 15 000 h. Ville sainte. Évêché grec, cour d’appel, école militaire, gymnase, école de commerce, séminaire. Palais épiscopal, deux cathédrales, plusieurs couvents. Soieries, toiles, chapeaux, bas, papiers, etc. Commerce actif avec Riga, Dantzick, l’Ukraine (pelleteries, mâts, planches, grains). Potemkin est né aux env. de cette ville. — Smolensk, ville très-ancienne, fut longtemps une république indépendante. Elle fut soumise par Novogorod en 881. Depuis le règne de Vladimir I, et à plusieurs reprises, elle fut donnée en apanage à divers princes de la maison de Rurik, et eut titre de principauté. Dans le désordre qui suivit l’invasion mongole et la chute du grand principat de Kiev, les Lithuaniens s’en emparèrent ; ils la conservèrent jusqu’en 1514. Les Russes et les Polonais se la disputèrent ensuite pendant longtemps : les derniers entrèrent à Smolensk en 1611, et la gardèrent par le traité de Déoulina (1618) ; mais Alexis Romanov la reprit en 1654 et l’annexa définitivement à l’empire russe. Cette ville a eu, dit-on, jusqu’à 200 000 h. : elle fut dépeuplée par les pestes de 1130 et 1388, et par les guerres continuelles. Le 17 août 1812, les Français y remportèrent sur les Russes une sanglante victoire, à la suite de laquelle elle fut brûlée. — Le gouvt de Smolensk, entre ceux de Tver au N., de Moscou et de Kalouga à l’E., d’Orel au S. E., de Tchernigov au S., de Mohilev, de Vitebsk et de Pskov à l’O., a 360 kil. sur 300 et 1 400 000 hab. Sol plat et fertile, arrosé par plusieurs rivières : Duna, Dniepr, Desna, Soja, Gjat. Grains, lin, chanvre ; pâturages.

SMOLLETT (Tobie), historien et romancier écossais, né en 1720 à Dalquhurn (Dumbarton), m. en 1771, fut quelque temps chirurgien de marine, puis exerça son art à Londres, mais avec peu de succès, et le quitta pour les lettres. Il composa quelques pièces de théâtre qu’on ne voulut pas jouer, et se tourna vers le roman. Il fit paraître en 1748 les Aventures de Roderic Random, le meilleur de ses ouvrages, qui lui fit bientôt une grande réputation ; en 1751, les Aventures de Peregrine Pickle, roman licencieux, dont il donna lui-même dans la suite une édition châtiée ; en 1753, les Aventures du comte Fathom. De 1755 à 1763, il rédigea le Critical Revieto, recueil politique, anglican et tory : il se fit de nombreux ennemis par les sarcasmes qu’il y lançait contre ses adversaires, et fut mis trois mois en prison comme diffamateur. En 1758, il fit paraître une Histoire d’Angleterre, qu’il continua depuis jusqu’en 1760, et qui eut un grand succès. À la même époque il se mit aux gages du ministère de lord Bute, et soutint cette administration dans une feuille hebdomadaire, The Briton : mal récompensé de son zèle, il se vengea par des satires. Il passa ses dernières années en Italie pour réparer sa santé, et mourut à Livourne. Smollett est un des bons écrivains de l’Angleterre : c’est un prosateur élégant, un peintre habile et vrai ; mais il a terni son talent par son manque de conscience et son immoralité. Son Histoire est loin d’égaler en profondeur celle de Hume ; cependant elle est remarquable par la clarté et l’intérêt ; on lui emprunte ordinairement la partie postérieure à l’année 1688 afin de compléter l’histoire de Hume, qui s’arrête à cette époque. Cette Histoire a été trad. par Targe, 1759 et ann. suiv., 19 vol. in-12. Les romans de Smolett ont aussi été traduits pour la plupart. Outre ses écrits en prose, on a de lui quelques poésies : il publia en 1746 les Larmes de l’Écosse, poëme en faveur des vaincus de Culloden, et une Ode à l’indépendance, qui le placent parmi les bons poëtes de son pays.

SMYRNE, Smyrna, appelée Ismir par les Turcs, v. de la Turquie d’Asie, en Anatolie, ch.-l. de gouvt, au fond d’un golfe de l’Archipel qui porte son nom, à 430 kil. S. S. O. de Constantinople ; env. 130 000 h., dont 65 000 Turcs, 40 000 Grecs, de 2 à 3000 Francs (Européens), et le reste Arméniens et Juifs. Archevêché grec et arménien, mollah, de 1re classe. Quelques monuments (le grand bazar, le vizir-khan), superbes maisons le long du rivage ; la ville, longtemps sale, laide, étroite, est maintenant percée de rues propres et spacieuses et offre de magnifiques quartiers. Le commerce y est immense : les soies et soieries, les poils de chèvre et de chameau, les mousselines brodées, l’opium, la noix de galle et la valonnée, la scammonée, les fruits secs en sont les articles principaux. Toutes les nations commerçantes de l’Europe ont des consuls à Smyrne ; les Francs y forment comme une république à part, ayant son quartier et sa juridiction particulière. — Smyrne fut fondée par une colonie d’Éoliens, vers l’an 1015 av. J.-C. ; mais des Colophoniens, qui y avaient reçu asile, s’emparèrent de la ville par surprise, et la firent entrer dans la confédération ionienne, dont elle ne cessa depuis de faire partie. C’est une des villes qui prétendaient avoir été le berceau d’Homère : ses murs étaient baignés par une petite rivière appelée Melès : c’est de là, dit-on, qu’Homère tirait son surnom de Mélésigène. Prise et détruite par les Lydiens, elle fut relevée après la mort d’Alexandre par Antigone, qui la rebâtit à 20 stades de l’ancienne ville ; elle fut ensuite agrandie par Lysimaque, et devint la plus belle ville de l’Asie-Mineure. Partageant le sort de l’Ionie, elle passa depuis sous la domination des rois de Pergame, puis sous celle des Romains. Sous Tibère, elle fut renversée par un tremblement de terre (ce fléau s’y renouvela fréquemment dans la suite, ainsi que la peste). Restaurée par Marc-Aurèle, Smyrne fut célèbre sous l’empire par son commerce, par ses écoles d’éloquence et son goût pour les lettres : c’est là que naquirent Bion et Quintus (dit de Smyrne). En 1084, le Turc seldjoucide Tzachas l’enleva aux empereurs grecs et en fit la capitale d’un petit État ; mais le Grec Jean Ducas la reprit en 1097. Les Turcs s’en emparèrent de nouveau en 1332 ; elle leur fut enlevée par les Chrétiens en 1344, mais tomba en 1402 au pouvoir de Tamerlan qui la saccagea. Amurat II s’en rendit maître en 1424, et depuis elle est restée au pouvoir de la Porte. Smyrne ne dépend point du livah d’Aïdin, dans lequel elle est comprise géographiquement ; elle est administrée par un gouverneur particulier. En 1841 et 1845 cette ville a éprouvé des incendies qui l’ont presque à moitié détruite ; mais elle a promptement réparé ses pertes. — Le golfe de Smyrne, long de 50 kil. et large en moyenne de 20, forme une magnifique rade, presque abritée de tous les côtés : au S. par le mont Mimas, à l’E. par le Pagus, au N. par le Sipyle.

SNELLIUS (Willebrod SNELL, en lat.), géomètre, né en 1591 à Leyde, m. en 1626, à 35 ans, professa les mathématiques à Leyde, trouva le premier, selon Vossius et Huyghens, la véritable loi de la réfraction, attribuée communément à Descartes, et détermina le premier la grandeur de la terre par la mesure géométrique et astronomique d'un arc du méridien. On a de lui : Eratosthenes batavus de terræ ambitu, Leyde, 1617; Cyclometricus, Leyde, 1621.

SNOEHATTAN (le), c.-à-d. Bonnet de neige, mont. de Norvège, dans les Dofrines, à 150 kil. S. O. de Drontheim, 2500m de hauteur.

SNORRI ou SNORRO-STURLESON, historien islandais, né en 1178 au Dale-Syssel, m. en 1241, remplit diverses fonctions dans sa patrie, visita la Norvége et la Suède, où il recueillit les anciennes traditions et les sagas, et périt assassiné peu après son retour, par suite de dissensions civiles. On a de lui le Snorro-Edda ou système de la mythologie scandinave, publié avec une trad. latine, d'abord par Resenius, Copenhague, 1665, puis par Rask, 1818, trad. en franç. et commenté par Bergmann, 1862, et un recueil de Sagas dit Heimskringla, publié à Stockholm en 1697, édité de nouveau, de 1777 à 1826, par Périnskiold, en islandais, latin et suédois.

SNOWDON, montagne du pays de Galles, sur la limite des comtés de Caernarvon et de Mérioneth, a 1185m de hauteur. Vue magnifique.

SNYDERS (Franz), peintre d'animaux, né en 1579 à Anvers, m. en 1657, étudia sous Peter Breughel, Henri Van Balen et Rubens. Ses tableaux de combats d'animaux ont toutes les qualités des tableaux d'histoire : composition, dessin, couleur. Rubens et Jordaens, ses amis, mêlèrent souvent des personnages à ses chasses. Outre les chasses, Snyders a peint des batailles, du gibier mort, de grandes cuisines pourvues de leurs ustensiles et encombrées de poisson, de viandes, de légumes et de pâtisserie. Le Louvre possède 7 toiles de cet artiste.

SOANEN (Jean), prélat français, né à Riom en 1647, m. en 1740, entra à l'Oratoire, où il eut pour confesseur le janséniste Quesnel, dont il adopta les opinions, prêcha avec succès et devint évêque de Senez en 1695. Attaché aux erreurs de Quesnel, il refusa d'accéder à la bulle Unigenitus (1714) et fut exilé dans son diocèse. Il donna le signal de l'appel (1717), réappela (1720), fut suspendu de sa juridiction par le concile provincial d'Embrun (1727), et exilé à La Chaise-Dieu, où il mourut, à 94 ans. Les Jansénistes le regardaient comme un de leurs martyrs, et la plupart se faisaient un devoir d'accomplir un pèlerinage à La Chaise-Dieu. La Vie et les Lettres de Soanen ont été publiées en 1750.

SOAVE (le P. Franç.), écrivain italien, né en 1743 à Lugano, m. en 1816, professa la poésie et l'éloquence à Parme, puis la philosophie à Milan et à Pavie en 1816. Outre plusieurs ouvrages estimés sur l'éducation et la philosophie, on a de lui des Novelle morali, qui eurent du succès, et qui ont été trad. par Simon, 1790 et 1803.

SOBIESKI (Jean), un des héros de la Pologne, d'une famille ancienne et qui avait déjà fourni de grands citoyens, naquit en 1629, et eut pour père Jacques Sobieski, surnommé le Bouclier de la liberté polonaise. Nommé par Casimir V porte-enseigne de la couronne, il se distingua par sa belle conduite dans la guerre désastreuse de la Pologne contre la Suède (1653-60), battit ou refoula les alliés de celle-ci après la paix d'Oliva, conquit en une seule campagne la plus grande partie de la Kiovie (1664) et reçut en 1665 le titre de grand maréchal de la couronne. Il sauva l'armée royale compromise par Jean-Casimir dans sa lutte contre le rebelle Lubomirski ; marcha contre le Cosaque rebelle Dorozenko et lui prit toutes ses places (1671); forma, après la paix honteuse signée à Buczaz en 1672 par le roi Michel Koribut avec la Porte, une confédération contre ce monarque, ne posa les armes qu'après la convention d'Uiazdow qui le rendit maître du gouvernement, fit rejeter la paix de Buczaz, battit les Turcs à Choczim (1673), et fut élu à l'unanimité roi de Pologne à la mort du roi Michel, sous le nom de Jean III (1674). Continuant la guerre contre les Turcs, il leur enleva Choczim, qu'ils avaient repris, et reconquit l'Ukraine (1674); mais, cerné à Lowicz par 200 000 Turcs et Tartares, il fut heureux de s'en tirer en cédant Kamenetz et un tiers de l'Ukraine (traité de Zuravno, 1676). Appelé en 1683 au secours de l'Autriche, il délivra Vienne assiégée par Kara-Moustapha, et sauva ainsi l'empereur Léopold; puis il porta la guerre en Moldavie (1684-85), et envahit plusieurs fois la Bessarabie ; mais, mal secondé par l'Autriche, il fut obligé de signer, en 1686, la paix de Moscou, qui acheva de faire descendre la Pologne du haut rang qu'elle avait occupé dans le Nord ; cependant, dans une dernière campagne, il conquit la Moldavie sur les Turcs, 1691. Les dernières années de son règne furent troublées par des diètes tumultueuses qui, déchirées par l'effet du Liberum veto, l'empêchèrent de réaliser les projets les plus utiles; il mourut en 1696, désespérant de l'avenir de son pays. Il avait épousé une Française, Marie Casimire d'Arquien, qui exerça sur lui un empire absolu, mais souvent funeste. Il essaya en vain de rendre le trône héréditaire dans sa famille. L’Hist. de Sobieski a été écrite par l'abbé Coyer, 1761, et par Salvandy, 1829.

SOBRAON, v. de l'Hindoustan (Pendjab), près du Setledge. Près de là, au pont de Herrikih, le général Houg Gough et H. Hardinge, gouverneur général des Indes, remportèrent sur les Sykhs le 10 février 1846 une victoire décisive.

SOBRARBE ou SOBRARVE (Roy. de), petit pays de l'Espagne septentr., au S. des Pyrénées, à l'O. de Ribagorce, était situé en grande partie sur le mont Arbe (d'où son nom). Il reçut le titre de royaume parce qu'il fut donné avec Ribagorce à Gonzalès, 4e fils de Sanche III de Navarre, qui, comme ses trois frères, s'intitula roi dans ses possessions (1035) ; mais ce prince ne survécut que trois ans, et son État se perdit dans le roy. d'Aragon (1038). Il avait pour capit. Ainsa.

SOCCIA (la), ch.-l. de cant. (Corse), à 30 kil. N. E. d'Ajaccio, sur le penchant d'une montagne; 723 h.

SOCIALE (GUERRE). Dans l'histoire grecque, on nomme ainsi une guerre que Chios, Rhodes et Byzance soutinrent contre Athènes, de 359 à 356 av. J.-C., pour se soustraire au joug de cette république. Elle se termina au désavantage des Athéniens : Chabrias, leur meilleur général, périt devant Chios; Timothée et Iphicrate, accusés par leur collègue Charès, furent rappelés; Charès compromit tout par son incapacité, et les colonies rebelles demeurèrent indépendantes. — Dans l'histoire romaine, on nomme Guerre sociale ou Italique la lutte que les Italiens alliés de la république romaine entreprirent l'an 90 av. J.-C. contre Rome, qui leur refusait le droit de cité, réclamé pour eux par le tribun Livius Drusus. Les Marses et les autres tribus du Samnium voulaient constituer une République italique, dont Corfinium eût été la capitale : Judacilius et Pompédius Silo furent leurs principaux chefs. Rome leur opposa ses meilleurs généraux, Marius, Sylla, Sertorius, Muréna, Pompeius Strabo. Après deux années de combats opiniâtres, les alliés vaincus demandèrent la paix, et Rome leur accorda, avec de légères restrictions, ce qu'ils avaient demandé (88).

SOCIÉTÉ (Archipel de la), groupe d'îles de la Polynésie, à l'O. de l'archipel Dangereux, entre 150°-156° 30' long. O. et 16°-18° lat. S. : env. 2200 kil. carr., et 40 000 hab. Les principales îles sont Taïti, dont le nom est quelquefois donné à tout le groupe, Eimeo, Raiatea, Huahine, Barabora, Tethuroa. Climat chaud, mais tempéré ; sol très-fertile; sur quelques côtes on trouve des bancs d'huîtres à perles. Les habitants sont grands et bien faits; ils étaient renommés jadis pour l'extrême licence de leurs mœurs (V. TAÏTI). Convertis par des missionnaires anglais, ils ont fait des pas marqués dans la civilisation. — Ces îles, vues probablement par Quiros dès 1606, furent ensuite visitées par Bougainville, puis par Cook (1769), qui les nomma Archipel de la Société en l'honneur de la Société royale de Londres.

SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES. V. ACADÉMIES.

SOCIN (Lélio), hérésiarque, né à Sienne en 1525, fils de Marianus Socin, savant jurisconsulte, étudia le droit, puis la théologie, commença dès 1546, à Vicence, à s'élever contre la Trinité et la divinité du Christ, fut forcé de s'enfuir (1547), parcourut la Suisse et l'Allemagne, se liant avec les plus fameux réformateurs, passa trois ans (1548-51) à Wittemberg auprès de Mélanchthon, alla ensuite (1557) en Pologne, y fit goûter ses idées au confesseur de la reine, et y forma de nombreux prosélytes, revint en Suisse, et mourut à Zurich en 1562. Ses manuscrits, passèrent à son neveu Fauste, qui propagea sa doctrine. — Fauste S., 1539-1604, reçut sa première éducation de son oncle, étudia le droit, les sciences, remplit pendant douze ans (1562-74) divers emplois à la cour de Toscane, puis quitta l'Italie afin de professer plus librement ses opinions religieuses, habita Bâle et y publia plusieurs écrits anonymes, passa en Transylvanie (1578), puis se fixa en Pologne (1579). Il ne put d'abord se faire admettre parmi les Unitaires de Rakow parce que ses opinions différaient des leurs sur des points essentiels, mais il finit par attirer à lui presque tous ces sectaires, au point qu'au nom d’Unitaires fut substitué celui de Sociniens. Ses écrits sont insérés dans la Bibliotheca fratrum polonorum, Amst. 1656, 6 vol. in-fol., publiée par André Wissowatius, son petit-fils.

SOCINIENS, secte qui nie la Trinité et la divinité de J.-C., le péché originel, la prédestination, la grâce, prit naissance au milieu du XVIe s., et eut pour chefs les 2 Socin. Après avoir inutilement tenté de propager leur doctrine en Italie, ils se répandirent en Pologne et eurent leur principal établissement à Rakow. Traités avec rigueur en Pologne, les Sociniens se révoltèrent plusieurs fois et cherchèrent l'appui de l'étranger. Chassés de Pologne en 1658, ils se retirèrent en Transylvanie, puis en Autriche, en Hollande, en Angleterre, où ils comptèrent de nombreux partisans. De nos jours, il y a encore beaucoup de Sociniens aux États-Unis. La doctrine socinienne est surtout consignée dans les deux Catéchismes de Rakow, rédigés, l'un par Schoman en 1574, l'autre par Fauste Socin, et publié après sa mort, en 1608. Leur Histoire a été écrite par Fock, Kiel, 1847.

SOCORRO, v. de la Nouv.-Grenade (Boyaca), ch.-l. de la prov. de Socorro, sur le flanc d'une montagne, à 120 kil. N. N. E. de Tunja; 12 000 hab. (en partie goîtreux). Étoffes de coton, chapeaux de paille. — La prov., bornée par celles de Pamplona au N., de Tunja au S., a env. 18 000 kil. carr., et 160 000 hab. Sol très-fertile et bien cultivé; mines d'or (à Velez). Elle fait partie de l'État de Santander.

SOCOTORA (île), Dioscoridis insula, île de la mer des Indes, entre 50° 45'-52° 10' long. E. et 11° 50'-12° 30' lat. N., sur la côte E. de l'Afrique et à 170 kil. E. du cap Gardafui : 115 kil. sur 40; env. 6000 hab.; ch.-l. Tamarida (sur la côte N. E.). Aloès (le meilleur connu), encens, melons, sang-dragon; corail sur les côtes. Les habitants sont tributaires de l'imam de Maskate; quelques-uns sont chrétiens (Nestoriens). — Connue des anciens et mentionnée par Pline, cette île était depuis longtemps oubliée lorsque les Portugais s'y établirent en 1509. En 1835, les Anglais l'ont achetée du sultan d'Adramaut : ils y ont établi une station de la navigation entre Suez et Bombay.

SOCRATE, célèbre philosophe grec, né à Athènes l'an 470 av. J.-C., fils d'un sculpteur nommé Sophronisque et d'une sage-femme nommée Phénarète, exerça d'abord la profession de sculpteur, mais la quitta de bonne heure pour se livrer aux sciences. Il crut avoir reçu la mission spéciale de réformer ses compatriotes, et se vit bientôt entouré d'un grand nombre de jeunes gens qu'il formait par ses leçons. Remplissant tous ses devoirs de citoyen, à la guerre comme à la paix, il se distingua par son courage en plus d'une occasion, notamment à Tanagre, à Potidée, où il sauva la vie à Alcibiade, à Délium, où il sauva également la vie à Xénophon; il donna l'exemple de toutes les vertus, soit publiques, soit privées, et se signala par son désintéressement, sa générosité, son égalité d'âme : on sait que sa femme Xantippe mit plus d'une fois sa patience à l'épreuve; il mérita enfin d'être proclamé par l'oracle de Delphes le plus sage des hommes. Néanmoins, il se fit par la hardiesse de ses censures de nombreux ennemis, à la tête desquels étaient les sophistes et les partisans des vieilles croyances : dès l'année 424, Aristophane l'avait traduit sur la scène dans sa comédie des Nuées; enfin trois de ses ennemis, Anytus, homme puissant et populaire, Mélitus, poëte obscur, et Lycon, orateur politique, se réunirent contre lui et l'accusèrent de corrompre la jeunesse et d'introduire des divinités nouvelles. Il refusa de se défendre, et fut, malgré son innocence, condamné à boire la ciguë. Pendant qu'il était en prison, ses amis lui offrirent les moyens de s'évader, mais il repoussa leurs offres, ne voulant pas désobéir aux lois. Il subit la mort avec une résignation admirable (400). Ce philosophe disait avoir un génie particulier qui le dirigeait dans sa conduite : on ne sait si c'était là une ruse employée pour donner plus de poids à ses conseils, ou si ce n'était pas plutôt une illusion qui lui faisait prendre pour une inspiration divine les aperçus rapides et sûrs de sa conscience ou de sa haute raison. Socrate marque dans l'histoire de la philosophie une époque nouvelle : il détourna les philosophes des spéculations oiseuses ou trop élevées auxquelles ils s'étaient livrés jusqu'à lui, et les engagea à ne s'occuper que de l'homme et de la morale, répétant sans cesse cette maxime : Connais-toi toi-même; il combattit les sophistes qui discouraient sur toutes choses et prétendaient ne rien ignorer : il disait que, pour lui, tout ce qu'il savait, c'est qu'il ne savait rien. Il créa la science de la morale, distingua les différentes sortes de vertus (prudence, tempérance, force, justice), recommanda la pratique du bien comme le plus sur moyen d'arriver au bonheur, et démontra par de nouveaux arguments l'existence d'un Dieu, d'une Providence et l'immortalité de l'âme. Il employait dans ses entretiens une méthode d'interrogation connue sous le nom d’ironie socratique, qui lui servait tantôt à confondre sas adversaires en les conduisant de réponses en réponses à de ridicules absurdités, tantôt à instruire ses disciples en leur faisant découvrir par eux-mêmes des vérités qui étaient cachées dans leur intelligence : il se disait en cela l'accoucheur des esprits, par allusion à la profession de sa mère. Du reste, il ne tenait point d'école proprement dite et ne recevait aucun salaire. Socrate compta parmi ses disciples Xénophon, qui se borna à reproduire fidèlement ses doctrines; Platon, qui créa un système entier de philosophie; Antisthène, père des Cyniques; Aristippe, qui prêcha une morale relâchée; Phédon, Euclide, Criton et une foule d'autres. Xénophon nous a conservé dans ses Memorabilia de précieux détails sur Socrate; Platon le met en scène dans tous ses dialogues, mais il lui prête le plus souvent ses propres idées; l’Apologie, le Criton et le Phédon nous font bien connaître les derniers moments du philosophe. La Vie de Socrate a été écrite par Diogène Laërce, dans l'antiquité ; par Charpentier (1699), par Chaignet. (1870), Plutarque a laissé un petit traité Du démon de S., sujet traité de nos jours par Lélut, 1856. La mort de Socrate a fourni le sujet d'une tragédie à Sauvigny, d'un poëme à Lamartine (1823), et de beaux tableaux à David et à West.

SOCRATE, le Scholastique, écrivain ecclésiastique, né à Constantinople à la fin du IVe s., continua l’Histoire ecclésiastique d'Eusèbe, et y ajouta 7 livres, qui conduisent de l'an 306 à l'an 439. Bien que l'auteur soit impartial, il n'a pas porté dans cet ouvrage toute l'exactitude désirable. On le trouve à la suite d' Eusèbe; il a en outre été publié à part, avec trad. lat., par Hussey, Oxford, 1853, et en partie trad. en français par le président Cousin.

SODERINI (Pietro), gonfalonier de Florence de 1502 à 1512, après l'expulsion des Médicis et la chute de Savonarole, signala son passage au pouvoir par la protection qu'il accorda aux arts, par la prise de Pise (1509) et se montra dévoué à la France. Quand les troupes de Louis XII eurent évacué le Milanais (1512), le pape favorisa le rappel des Médicis, et Soderini fut relégué à Raguse.

SODOME, v. de la Palestine, près et au N. du lac Asphaltite, dans la vallée de Siddim, fut, au temps d'Abraham, détruite par le feu du ciel avec Gomorrhe, Adama, Seboïm et Ségor, à cause de l'impudicité de ses habitants.

SŒMIAS ou SŒMIS (Julie), fille de Julie Mœsa et mère d'Héliogabale, eut ce prince d'un commerce adultère avec Caracalla. Sous le règne d'Héliogabale, elle partagea le pouvoir avec J. Mœsa, et présida un sénat de femmes qui décidait tout ce qui a rapport à la toilette. Elle fut tuée avec son fils en 222.

SOEMMERING (Monts), chaîne qui sépare l'Autriche de la Styrie, continue au S. E. les Alpes de Styrie.

SOEMMERING (Samuel Thomas), anatomiste, né à Thorn en 1755, m. en 1830, étudia sous Boerhaave et exerça la médecine à Mayence, puis à Francfort. Il est un des créateurs de l'anatomie chirurgicale. Il a en outre éclairé par ses recherches la question des races humaines. On a de lui : De corporis humani fabrica, Francfort, 1794 ; Icones oculi humani, 1804, trad. par Demours, 1818 ; Icones humani auditus, 1806, trad. par Rivallié, 1825.

SŒMUND SIGFUSSON, ancien historien islandais, né en 1056, était prêtre. Il étudia dans les universités d'Allemagne et de France ; de retour dans sa patrie, il rassembla les chants relatifs à la mythologie et à l'histoire primitive du Nord et en forma un recueil connu sous le nom d’Edda poétique ou d’Ancienne Edda. Il n'y ajouta de sa composition que le Solar-Ljod (le chant du soleil), qui respire une moralité toute chrétienne. Le texte original de l’Edda de Sœmund, avec notes, glossaire, etc., fut publié à Copenhague de 1787 à 1831. Une autre édition en a été donnée par Rask et Afzelius à Stockholm en 1818.

SOENDENFIELDS, partie la plus méridionale de la Norvège, au S. E., entre le Nordenfields au N. et la Skager-Rack au S., comprend les diocèses de Christiansand et d'Aggerhuus.

SOEST, v. des États prussiens (Westphalie), ch.-l. de cercle, à 24 kil. N. d'Arensberg ; 10 000 h. Hautes murailles, anc. cathédrale. Lainages, cuirs ; orge, bière, eau-de-vie de grains. — Jadis ville hanséatique, puis ville impériale, et beaucoup plus peuplée.

SŒURS DE LA CHARITÉ. V. CHARITÉ.

SOFALA, riv. d'Afrique, dans la capitainerie générale de Mozambique, sort des monts Beth, coule à l'E., et tombe dans le canal de Mozambique, au-dessous de Sofala, après un cours de 400 kil.

SOFALA, ch.-l. du gouvt portugais de Sofala, sur le Sofala, par 33° 6' long. E., 20° 11' lat. S., à 900 kil. S. O. de Mozambique, n'est qu'un assemblage de huttes défendues par un fort portugais — Le gouvt de Sofala, entre ceux des Rivières-de-Sena, d'Inhambane, les monts Lupata et le canal de Mozambique, a 360 kil. de l'E. à l'O. sur 200. Commerce de poudre d'or et de dents d'éléphants.

SOFFARIDES, dynastie persane qui remplaça celle des Tahérides dans plusieurs de leurs possessions, notamment dans le Séistan, le Khoraçan, Balkh et le Tabaristan, eut pour fondateur un chef de brigands, nommé Yacoub, fils d'un chaudronnier (Soffar). Elle régna de 872 à 902, et fut remplacée par celle des Samanides.

SOFIS. V. SOPHIS.

SOGD ou ZER-AFCHAN, fleuve. V. ZER-AFCHAN.

SOGDIANE, région de la Haute-Asie, située au N. de la Bactriane dont elle était séparée par l'Oxus. Ses limites ne sont pas bien connues : elle semble avoir répondu à la partie du Turkestan comprise entre le Sihoun, les monts Kondouz et le Djihoun, et qui forme les khanats actuels de Boukhara, de Samarkand, de Khokand et de Khodjend ; elle avait pour capit. Maracanda (Samarkand). Elle était arrosée par des affluents du Haut-Oxus et de l'Iaxarte ; notamment par le Polytimetus (auj. le Sogd). Les villes y étaient rares, la population farouche et guerrière. Elle fut pourtant subjuguée par les Perses dès le temps de Cyrus, qui y fonda la ville de Cyreschata (Khodjend). Alexandre y pénétra, la soumit en deux ans (329-28). garnit les frontières de colonies, et bâtit, sur l'emplacement de l'anc. Cyreschata, la ville d’Alexandreschata. Après sa mort, la Sogdiane fit partie du royaume de Syrie, jusqu'à ce qu'elle fut enlevée aux Séleucides par les rois grecs de la Bactriane. Elle passa ensuite aux Parthes, au second empire des Perses, aux Arabes, et fut enlevée à ces derniers, dans le XIe s., par les peuplades turques qui l'ont conservée depuis, et qui y ont fondé les divers khanats indépendants que nous avons nommés plus haut.

SOGDIEN, roi de Perse, 2e fils d'Artaxerce-Longuemain, se plaça sur le trône en 425 av. J.-C., en faisant périr son frère aîné Xerxès II; il fut lui-même mis à mort par un autre de ses frères, Darius Nothus ou Ochus, qui le fit étouffer dans la cendre.

SOHL, comitat de la Hongrie, au N., dans le cercle en deçà du Danube, entre les comitats de Lyptau au N., dé Gœmœr et de Neograd à l'E., de Honth au S., de Bars et de Gran à l'O., a 90 k. sur 53 et 106 000 h.; ch.-l., Neusohl. Mines d'argent, de cuivre et de fer.

SOHO, hameau d'Angleterre (Stafford), à 2 k. N. O. de Birmingham. Grandes usines métallurgiques, fondées par Watt et Boulton.

SOIGNIES, v. de Belgique (Hainaut), sur la Senne, à 15 kil. N. E. de Mons ;7000 n. Fabriques de fil, dentelles, toiles. Anc. monastère, bâti vers 660 ; mais la ville ne date que du XIIe ou XIIIe s. Aux env., carrières de pierre bleue et de pierre à digue.

SOISSONNAIS, pays de l'Ile-de-France, sur les contrées de la Picardie et de la Champagne, entre le Valois et le Laonnais, avait pour ch.-l. Soissons, et pour autres places Vailly, Fère-en-Tardenois, Cœuvres, etc. Il fait auj. partie du dép. de l'Aisne.

SOISSONS, Noviodunum, puis Suessio ou Civitas Suessionum, Sexoniæ en latin moderne ; ch.-l. d'arr. (Aisne), à 32 kil. S. O. de Laon, sur la r. g. de l'Aisne, dans un vallon fertile ; 10 208 hab. Évêché, trib. de 1re inst. et de commerce, collége, institut de sourds-muets, bibliothèque. Ville régulière et bien bâtie, enceinte bastionnée, remparts plantés d'arbres ; chemin de fer pour Reims, Villers-Cotterets, etc. Vieux château, construit sur l'emplacement d'un palais des Mérovingiens ; cathédrale des XIIe et XIIIe s., églises de St-Pierre, église abbatiale de St-Léger (vendue en 1790, rendue au culte en 1852), anc. abbayes de St-Jean des Vignes et de St-Médard (dans cette dernière, fondée par Clotaire en 557, Pépin le Bref fut couronné et Louis le Débonnaire fut enfermé par ses fils). Grand commerce de haricots renommés et de très-bon blé ; tapisseries fines, étoffes rases, mercerie, quincaillerie, poterie, jouets. Patrie de Louis d'Héricourt, Ronsin, Quinette. — S. était puissante au temps de César, et était le ch.-l. des Suessiones. Près de cette ville se livra, en 486, la bataille où Clovis vainquit le général romain Syagrius. Charles-Martel y battit en 719 Chilpéric, roi de Neustrie. En 923, Charles le Simple y combattit Robert qui y perdit la vie. Soissons, après la mort de Clovis, devint la capitale d'un des quatre royaumes francs (V. ci-après). Depuis le VIIIe s. elle a toujours porté le titre de comté. Elle obtint une charte de commune en 1131. Cette ville a soutenu plusieurs siéges, notamment en 948, 1414, 1617 et 1814 : ce dernier surtout est mémorable. Un grand nombre de conciles y furent tenus, entre autres ceux de 1122. Soissons possédait jadis une académie célèbre, qui avait été fondée en 1674. Belle défense contre l’armée allemande (de septembre à octobre 1870).

soissons (Roy. de), un des 4 royaumes formés du démembrement de l’empire de Clovis en 511, devint le partage de son 3e fils Clotaire I. Il s’étendait d’abord depuis Soissons et Amiens à l’O. jusqu’au Rhin et aux frontières des Frisons à l’E. Clotaire y réunit successivement les 3 autres royaumes francs, et devint seul roi en 658 ; mais après sa mort (561) le roy. de Soissons se reforma, et fut possédé par Chilpéric I, un des fils de Clotaire. Celui-ci y ajouta, mais nominalement, la Normandie et la Bretagne, et conquit de 569 à 573 une partie de l’Aquitaine (Limousin, Périgord, Gascogne). Sous Clotaire II, son fils, le roy. de Soissons se trouva de nouveau réuni au reste de la France occid. (613), et ce nom disparut pour faire place à celui de Neustrie.

SOISSONS (Comtes de). Ce titre fut porté dès le viiie s. par des seigneurs particuliers, vassaux des ducs de France. Au xiiie, il appartenait à la maison de Chimay ; il sortit de cette maison par mariage, et passa successivement dans les maisons de Hainaut et de Châtillon. Guy de Châtillon, comte de Soissons, vendit son comté à Louis, duc d’Orléans (1391) ; il fut ensuite transmis par le bâtard d’Orléans, comte de Dunois, à la branche d’Orléans-Longueville. Le mariage de Françoise d’Orléans-Longueville avec Louis I, prince de Condé (1555), fit entrer ce comté dans la maison de Bourbon. Charles de Bourbon, fils de Louis I, et Louis, fils de Charles (V. ci-après), sont surtout connus sous le titre de comtes de Soissons ; le dernier ne laissa qu’un fils naturel, Louis-Henri, mort en 1703, connu d’abord sous le nom de chevalier de Soissons, abbé de Coutures, qui, ayant quitté ses bénéfices, prit le titre de prince de Neuchâtel et épousa une princesse de Montmorency-Luxembourg. Enfin, Marie, fille de Ch. de Bourbon et sœur de Louis, porta ce comté dans la maison de Savoie-Carignan, en épousant (1625) Thomas-François, prince de Savoie-Carignan. V. carignan.

soissons (Ch. de bourbon, comte de), prince du sang, le plus jeune des fils de Louis I, prince de Condé, né en 1566, m. en 1612, fut élevé par sa mère Françoise d’Orléans-Longueville dans la religion catholique, et prit part à toutes les intrigues du temps. Il se déclara successivement pour la Ligue, pour Henri de Navarre (Henri IV), pour Henri III, se rallia enfin de bonne foi à Henri IV, à qui il rendit des services par sa bravoure, surtout à Coutras et au siége de Paris, et reçut la charge de grand maître de France. Pendant la minorité de Louis XIII, il se ligua contre la régente avec Henri, prince de Condé, son neveu. — Son fils, Louis de Bourbon, comte de Soissons, né en 1604, entra dans plusieurs intrigues contre Richelieu, conspira avec Chalais, projeta, de concert avec Gaston d'Orléans, de faire assassiner le cardinal à Amiens, finit par prendre les armes contre sa patrie avec les ducs de Bouillon et de Guise, et, avec l’aide des Espagnols, gagna sur le maréchal de Châtillon la bataille de la Marfée (1641); mais il périt après sa victoire, frappé d’un coup de pistolet, dont on ne connut pas l’origine.

soissons (Eugène Maurice de savoie, comte de), fils de Thomas-François de Savoie et de Marie de Bourbon, héritière de la maison de Soissons, né à Chambéry en 1633, m. en 1673, entra au service de la France, fut nommé colonel-général des Suisses et gouverneur de Champagne, se distingua à la bat. des Dunes, suivit Louis XIV dans ses campagnes de Franche-Comté et de Hollande et fut fait lieutenant général en 1672. Il avait épousé en 1657 la belle Olympe Mancini, nièce de Mazarin, et fut père du célèbre prince Eugène. — Olympe, née en 1637, était la 2e des nièces du cardinal Mazarin. Amenée à Paris avec ses sœurs en 1647, elle plut dans sa 1re jeunesse à Louis XIV. Elle devint, en épousant le comte de Soissons (1657), surintendante de la maison de la reine ; mais elle ne tarda pas à avoir avec la duchesse de Navailles, dame d’honneur, des disputes très-vives sur leurs attributions respectives, qui la firent éloigner de la cour. Rentrée bientôt après en faveur, l’intrigante comtesse tenta de remplacer la duchesse de La Vallière par une favorite de son choix, dans le but de gouverner ainsi le monarque : elle échoua, fut exilée, et perdit sa charge de surintendante. Compromise par les déclarations de la fameuse empoisonneuse Voisin, elle partit brusquement pour la Flandre, laissant courir sur son compte les bruits les plus injurieux. De là elle se rendit à Madrid, et parvint à gagner la confiance de la jeune reine d’Espagne, que St-Simon l’accuse d’avoir empoisonnée. Elle mourut à Bruxelles en 1708, délaissée de tout le monde, même de son fils, le prince Eugène.

SOLANDER (Dan.), naturaliste suédois, élève de Linné, né en 1736 à Upsal, m. en 1781, visita la Laponie, Arkhangel, St-Pétersbourg, Londres, les Canaries, le Cap, accompagna avec Banks le capitaine Cook dans son voyage de 1768 à 1771, et fut à son retour nommé sous-bibliothécaire du Musée britannique et membre de la Société royale de Londres. Il a peu écrit. On a donné son nom à plusieurs plantes, ainsi qu’à une île du grand Océan Austral, située au S. O. de la Nouv.-Zélande, par 46° 32’ lat. S., 164° 19’ long. E., et qui fut découverte par Cook pendant l’expédition dont Solander faisait partie.

SOLBAY ou southbay. V. southwold.

SOLEDAD (Île), une des Malouines, la plus grande après Falkland, par 50° 30’ lat. S., 61° long. O., a 150 kil. sur 110. Plusieurs bons ports, dont le plus important (appelé aussi Soledad) a été créé par Bougainville en 1764.

SOLEIL. Cet astre brillant fut adoré chez presque tous les peuples sous des noms divers : chez les Égyptiens, c’était Osiris et Fré ; chez les Chaldéens, Bel ou Baal ; chez les Phéniciens et les Syriens, Thammouz ou Adonis ; chez les Perses, Mithras ; chez les Grecs et les Romains, Titan, Phébus et Apollon ; chez les Péruviens, Patchakamac, qu’on donnait pour père aux Incas. — Il existe en Perse un ordre honorifique du Soleil, créé en 1808 par Feth-Ali-Chah : l’insigne représente le soleil se levant sur le dos d’un lion.

SOLES, Soli, jadis Æpeia, auj. Solia, v. de l’île de Cypre, sur la côte N., était de fondation athénienne. On fait venir son nom de Solon, par les conseils de qui le roi du pays l’aurait bâtie. - Ville de Cilicie, auj. Metzlu, sur la mer, fondée par les Rhodiens. Patrie des philosophes Crantor et Chrysippe, des poëtes Philémon et Aratus. Le peuple parlait fort mal à Soles et faisait de nombreuses fautes contre la grammaire, fautes qu’on appela de là solécismes. Pompée, après sa victoire sur les pirates établit à Soles ceux des pirates auxquels il avait laissé la vie : la ville prit alors le nom de Pompéiopolis.

SOLESMES, ch.-l. de c. (Nord), sur la Selle, à 21 k. E. de Cambray ; 6000 h. Batiste, mouchoirs, mérinos.

solesmes, vge du dép. de la Sarthe, à 29 kil. N. O. de La Flèche, 800 h. Il y eut en ce lieu dès le xie s. un prieuré de Bénédictins. L’ordre de St-Benoît s’étant reconstitué en France en 1833, le pape Grégoire XVI a érigé en 1835 l’anc. prieuré de Solesmes en titre abbatial, et l’a déclaré chef de la nouvelle congrégation française. La nouvelle congrégation, dirigée par dom Pitra, publie sous le titre de Spicilegium solemense un recueil précieux pour l’histoire ecclésiastique. Les bâtiments actuels ont été édifiés en 1722 par J. B. Colbert, marquis de Torcy. L’église, du xiie ou xiiie s., renferme beaucoup de statues et de sculptures précieuses.

SOLETO, bg d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples, (Terre-d’Otrante), à 25 k. N. E. de Gallipoli ; 2000 h. On a cru y reconnaître l’anc. Salente d’Idoménée.

SOLEURE, Salodurum en latin, Solothurn en allemand, v. de Suisse, ch.-l. du canton de Soleure, sur l’Aar, à 40 k. S. de Bâle ; 5500 hab. Résidence de l’évêque de Bâle depuis 1792 ; lycée, biblioth., cabinet de fossiles. Église de St-Ours, la plus belle de la Suisse, bâtie de 1762 à 1713, hôtel de ville, tour de l’Horloge. Commerce de blé, de fromages, de chevaux et de bestiaux. Environs très-pittoresques. Soleure a été ville impériale ; en 1475, elle s’unit aux villes suisses qui firent la guerre à Charles le Téméraire. — Le canton de Soleure, le 10e canton suisse, est presque entièrement enclavé dans celui de Berne ; il a env. 670 kil. carr. et 70 000 h. (dont 62 000 catholiques). Ce canton est un des plus fertiles de la Suisse : beaux pâturages, riche bétail ; mines de fer et de houille. — Ce canton n’entra dans la Confédération suisse qu’en 1481, avec Fribourg. Son gouvernement, jadis aristocratique, a été modifié en 1841 : c’est maintenant une démocratie représentative.

SOLFATARE (la), c.-à-d. la Soufrière, Forum Vulcani, Campi Phlegræi des anciens, petite mont. d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples, près de Pouzzoles, offre à son sommet le cratère d’un volcan éteint et est toujours environnée de vapeurs sulfureuses. On en retire beaucoup de soufre et de vitriol.

SOLFÉRINO, bourg de Lombardie, près de la r. dr. du Mincio, entre Peschiera au N. et Mantoue au S., à 4 kil. E. S. E. de Castiglione. L’armée franco-sarde, commandée par l’empereur Napoléon III, y remporta, le 24 juin 1859, une victoire décisive sur l’armée autrichienne, commandée par l’empereur François-Joseph. Le général Niel, qui avait eu la principale part à la victoire, fut fait maréchal de France. Le nom de Solférino a été donné à un des ponts de Paris.

SOLIGNAC, Solemniacum, ch.-l. de cant. (Hte-Loire), près de la r. g. de la Loire, à 12 kil. S. du Puy ; 1168 hab. — Bourg du dép. de la Hte-Vienne, à 12 kil. S. de Limoges ; 2856 hab. Anc. abbaye, fondée en 631. Fabriques de porcelaine.

SOLIMAN, chef de la dynastie des sultans seldjoucides de Konieh, fils de Koutoulmich, fut chargé par son cousin Mélik-chah de soumettre l’Asie-Mineure et la Syrie, fit bientôt des conquêtes pour son propre compte, et fonda ainsi l’empire de Konieh (1074). Après avoir pris Antioche (1084), il fut vaincu à Alep en Syrie par Toutouch, prince de Damas, et se perça de son épée (1085); néanmoins, Kilidj-Arslan, son fils aîné, lui succéda. — soliman ii (Rokn-Eddin), 7e sultan seldjoucide de Konieh. V. rokn-eddin.

soliman, sultan ottoman, dit Tchélébi, fils ainé de Bajazet I, passa en Europe après la bataille d’Ancyre, se fit proclamer sultan à Andrinople (1402), tandis que son frère Mouça était proclamé en Asie, marcha contre celui-ci et eut d’abord des succès ; mais, ayant irrité ses sujets par ses violences et s’étant fait mépriser par son ivrognerie, il perdit bientôt ses conquêtes, se vit assiégé dans Andrinople même, fut pris en se rendant à Constantinople où il allait chercher un asile, et livré à son frère Mouça, qui le fit étrangler (1410).

soliman ii, le Grand, le Conquérant, le Magnifique, le Législateur, le plus célèbre des sultans ottomans, né en 1494, succéda à son père Sélim I en 1520. Il fit une première campagne en Hongrie en 1521, prit Belgrade, Salankémen, Petervaradin et autres villes; ravit aux Hospitaliers Rhodes et les îles voisines, malgré les efforts du grand maître Villiers de l’Ile-Adam (1522); envahit de nouveau la Hongrie en 1526, remporta la grande victoire de Mohacz (29 août), entra dans Bude, et, profitant des dissensions de Ferdinand d’Autriche et Jean Zapolski reconnut pour roi de Hongrie ce dernier, qui se déclara son vassal ; puis alla mettre le siége devant Vienne avec 120 000 hommes (1529), mais ne put s’en emparer; attaqua alors par mer Venise et Charles-Quint (1530 et 1531), et finit, après des succès divers par faire sa paix avec l’Empire en 1538 (à Grand-Varadin). Il avait eu pendant la même période à combattre les Perses : il leur prit Van (1523), Tauris et une partie de la Géorgie (1536); en même

temps il s’emparait de Bagdad (1534) et faisait la conquête de l’Yémen. Aidé du fameux Khaïreddin-Barberousse, qu’il avait nommé premier capitan-pacha (1534), il réunit Tunis et Alger à son empire et dépouilla les Vénitiens de leurs dernières possessions en Morée et dans l’Archipel ; puis, rompant la paix avec la Hongrie après la mort de Jean Zapolski (1540), il enleva au nouveau roi, Ferdinand, la Transylvanie et quelques comtés qu’il donna à J. Sigismond Zapolski et prit pour lui le reste de la Hongrie (1541). Peu après, François I lui ayant offert une ligue offensive et défensive contre Charles-Quint, il l’accepta et fit partir de Constantinople, sous la conduite de Barberousse, une flotte qui vint joindre à Toulon la flotte française pour aller assiéger Nice (1543). Dans une 2e expédition contre les Perses (1547), il conquit le Chirvan avec le reste de la Géorgie (1549 et 50). Recommençant ensuite la guerre en Hongrie (1552-62), il prit Lippa, Temeswar, Veszprim, mais il échoua devant Agria, et finit par accorder de nouveau la paix. Il envoya en 1565 une flotte immense pour assiéger Malte, mais sans succès. Il mourut en 1566, d’une attaque d’apoplexie, devant Szigeth, au début d’une nouvelle campagne en Hongrie. Ce prince fut aussi remarquable par sa justice et son instruction que par sa bravoure; il fonda un grand nombre d’établissements utiles et fit de sages règlements pour organiser l’administration, les finances et l’armée. Son règne fut l’apogée de la grandeur ottomane. Il eut pour successeur Sélim II, qu’il avait eu de la célèbre Roxelane. On lui reproche la mort de son ministre Ibrahim et celle de son propre fils, Mustapha. V. ce nom.

soliman iii, frère et successeur de Mahomet IV (1687-91), fut tiré du vieux sérail, où il languissait depuis 40 ans, pour être mis sur le trône, eut à comprimer des révoltes à l’intérieur, subit des revers en Hongrie, puis nomma vizir Kiuperli-Mustapha, qui rétablit un peu les affaires musulmanes.

SOLIMENA (Francesco), peintre napolitain, né en 1657 à Nocera de’ Pagani, m. en 1747, imita tour à tour Lanfranc, Pierre de Cortone, le Calabrèse et Carle Maratte, vit ses tableaux recherchés de presque tous les souverains de l’Europe, fut anobli par l’emp. Charles VI et amassa une grande fortune. Cet artiste a beaucoup d’imagination, son dessin est correct, et son coloris de la plus grande fraîcheur. Parmi ses œuvres, on remarque la Vision de S. Benoît, à Naples, l’Arrivée de Christ. Colomb dans le Nouveau-Monde, à Gênes, l’Aurore, à Mayence. Le Musée du Louvre a de lui Adam et Ève dans le Paradis terrestre et un Héliodore chassé du Temple.

SOLIMOËNS, nom que porte le fleuve Amazone avant sa jonction avec le Madeira.

SOLIN, C. Julius Solinus, écrivain latin, rédigea vers 230, à ce qu’on présume, une compilation connue sous le titre de Polyhistor seu De Mirabilibus orbis. Ce sont des extraits de divers auteurs, surtout de Pline l’Ancien, que tantôt il se borne à copier et que tantôt il défigure par un style dur et lourd : on l’a surnommé le Singe de Pline. La meilleure édition de l’ouvrage de Solin est celle de Deux-Ponts, 1794. Il a été traduit par Agnant, dans la Collection Panckoucke, 1847. Saumaise a publié un savant commentaire sous le titre d’Exercitationes Plinianæ in Solinum, Paris, 1629, 2 vol. in-fol.

SOLIS (J. diaz de), navigateur espagnol, découvrit le Yucatan avec Pinto en 1507, remonta la Plata (qui primitivement reçut son nom), explora la baie de Janeiro vers 1512 ; et se fit charger par Ferdinand de la conquête du pays ; mais, à peine débarqué, il fut fait prisonnier par les Indiens, qui le mirent à mort et le dévorèrent (1515).

solis (Antonio de), littérateur, né en 1610 à Alcala (Vieille-Castille), m. en 1686, mena de front le droit, l’histoire, la politique, le théâtre, fut secrétaire du comte d’Oropesa, vice-roi de Navarre, puis de la reine douairière, et fut nommé en 1661 historiographe des Indes. Il embrassa l'état ecclésiastique en 1666. On a de lui neuf comédies (entre autres la Bohémienne, le Château du mystère), où l'on trouve de l'imagination et de l'esprit et qui rivalisent avec les meilleures pièces de Calderon; des Poésies diverses, Madrid, 1692, et des Lettres, 1737; mais il est surtout connu par son Histoire de la conquête du Mexique, qui parut à Madrid en 1684, in-fol., et qui fut traduite en français dès 1691 par Citri de La Guette. C'est sous le rapport de l'art de la composition et de la pureté du goût un des bons ouvrages qu'ait produits l'Espagne; malheureusement, l'auteur remonte rarement aux sources et n'indique pas ses autorités; en outre, il a ajouté au récit des discours, qui la plupart du temps sont hors de saison.

SOLIS (don Franc. de), peintre de l'école de Madrid, né en 1629, m. en 1684, se fit remarquer par sa précocité, obtint les encouragements de Philippe IV et vit ses ouvrages recherchés de toutes parts. Parmi ses tableaux, on admirait une Conception où un dragon se tordait aux pieds de la Vierge. Sa couleur, très-brillante de son vivant, a beaucoup perdu.

SOLLIÈS-PONT, ch.-l. de cant. (Var), à 15 k. N. E. de Toulon, 2961 h. Soie, figues, olives, etc.

SOLMONA, Sulmo, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Abruzze Ultér. 2e), à 65 kil. S. E. d'Aquila; 8500 h. Évêché. Belle cathédrale, belle église de l'hospice, couvent de Célestins (transformé en maison de travail pour les indigents). Confitures renommées, teintureries, objets en écaille. Patrie d'Ovide et d'Innocent VII. — Fondée par des Illyriens. Elle souffrit beaucoup pendant les guerres civiles de Rome, et plus tard fut ravagée par les Sarrasins. Elle redevint florissante sous les Normands. Au XVIe s., elle fut érigée en principauté par Charles-Quint en faveur du vice-roi de Naples, Lannoy.

SOLMS (Maison de), maison allemande fort ancienne, qu'on fait remonter à Othon, frère du roi de Germanie Conrad I (912-918). En 1409, elle se divisa en deux lignes : celles de Solms-Braunfels et de Solms-Lich, qui se subdivisèrent en de nombreuses branches. De la 1re sont issues les branches de Solms-Braunfels-Hungen et de S.-Braunfels-Greiffenstein; de la 2e, celle de S.-Laubach, qui a formé celles de S.-Laubach-Sonnewalde, S.-Laubach-Baruth, etc.

De toutes ces branches, la principale est celle de Solms-Braunfels-Greiffenstein, dont le chef est qualifié prince depuis 1742; celle de Lich-Hohensolms porte aussi le titre de prince depuis 1792; les autres sont comtes. — Les possessions de la maison de Solms avaient jadis environ 40 kil. sur 24, et étaient situées sur les deux rives de la Lahn, près des terres de Nassau, de la Hesse et de Wetzlar. Ces possessions ont été médiatisées en 1806. Elles sont auj. réparties dans les États de Hesse, de Wurtemberg et de Prusse.

SOLOGNE, Secolaunia en latin du moyen âge, petit pays de l'anc. France, dans l'Orléanais (auj. dans le dép. de Loir-et-Cher), entre la Loire et le Berri, avait pour ch.-l. Romorantin et pour autres places Aubigny, Sully, La Ferté-Aurain, Pierrefitte. Ce pays, qui n'a pas moins de 500 000 hectares, est traversé par 3 rivières, la Sauldre, le Beuvron et le Cosson, et est couvert de marais (on en compte env. 1200, occupant 17 000 hectares), de landes, de bruyères, de terres incultes; les fièvres y sont fréquentes et la population rare. Le pin maritime y réussit; on y élève des volailles renommées. — La Sologne était autrefois un pays prospère : il a été ruiné aux XVIe et XVIIe s. par les guerres de religion et par la révocation de l'édit de Nantes, qui, en chassant les Protestants, a laissé la terre sans culture. On a entrepris de nos jours d'assainir cette contrée et de lui rendre son ancienne prospérité : deux canaux, commencés en 1852, fournissent un écoulement aux eaux stagnantes ; de nombreuses routes ont été ouvertes pour faciliter le transport des produits; en outre, des fermes modèles ont été créées à grands frais par l'Empereur Napoléon III.

SOLON, législateur d'Athènes et un des sept sages de la Grèce, né vers 640 av. J.-C. à Salamine, était issu de Codrus, le dernier roi d'Athènes. Il suivit d'abord la carrière du commerce, rétablit ainsi sa fortune, que son père avait compromise, puis vint se fixer à Athènes et servit sa patrie dans les conseils et dans les armées. Les Athéniens, après plusieurs entreprises infructueuses contre l'île de Salamine, que les Mégariens leur avaient enlevée, avaient décrété la peine de mort contre tout citoyen qui proposerait une nouvelle expédition : Solon, contrefaisant l'insensé, vint lire sur la place publique des vers qui ranimèrent le courage de ses compatriotes et fit ainsi rapporter le décret; il reçut le commandement d'une nouvelle expédition et réussit à reprendre Salamine. Nommé seul archonte en 593, il reçut l'importante mission de donner des lois nouvelles à la république. Il abolit celles de Dracon et y substitua un code saga et humain ; il établit en même temps une constitution qui était un habile mélange de démocratie et d'aristocratie, et calma ainsi les troubles violents auxquels l'État était en proie depuis 30 ans : les citoyens, distribués en 4 classes d'après leur revenu, formèrent l’Assemblée du peuple dans laquelle résidait la souveraineté; il donna pour contre-poids à cette assemblée un sénat et l’aréopage reconstitué. Il quitta Athènes après avoir fait prêter serment aux lois nouvelles, et alla visiter l'Asie-Mineure, Chypre, l’Égypte; dans ses voyages, il fit, dit-on, à Crésus roi de Lydie, une visite célèbre, racontée par Hérodote, mais qui s'accorde peu avec la chronologie. Il ne revint dans sa patrie qu'au bout de dix ans; mais il trouva ses lois en oubli, les factions aux prises, et ne put ni désarmer les partis, ni empêcher les Athéniens de se donner pour maître Pisistrate ; il finit par s'exiler et mourut en Chypre, vers 559. Solon était bon poëte et grand orateur : on a de lui quelques fragments (imprimés avec les Gnomiques, et publiés séparément par Bach, Bonn, 1825). Sa maxime favorite était : « En tout considérez la fin. » Plutarque a écrit sa Vie.

SOLOR (île), une des îles de la Sonde. V. SONDE.

SOLOTHURN, nom allemand de Soleure.

SOLRE-LE-CHÂTEAU, ch.-l. de c. (Nord), sur la Sare, à 14 kil. N. E. d'Avesnes; 3001 hab. Lainages. Château fort, pris par Turenne, et détruit en 1793.

SOLSONA, Celsa, v. forte d'Espagne (Catalogne), sur le Negro, dans la prov. et à 90 k. N. E. de Lerida; 2500 hab. Évêché.

SOLTIKOV (P. Simon, comte), général russe, d'une famille alliée à la famille impériale, fut en grande faveur sous Élisabeth, commanda en 1759 l'armée opposée à Frédéric II, battit ce prince à Cunersdorf et fut en récompense fait maréchal et gouverneur de Moscou. Il mourut en 1772. — Son fils, Ivan S., administrateur et général habile, fit deux belles campagnes contre les Suédois, fut nommé maréchal par Paul I en 1796, puis gouverneur de Moscou; il mourut dans cette ville en 1805. — Sergius, comte S., amant de Catherine II quand elle était encore grande-duchesse, fut éloigné de la cour par Élisabeth et envoyé en Suède, où il mourut.

SOLTWEDEL, v. murée des États prussiens (Saxe), sur la Jetze, à 90kil. N.O. de Magdebourg; 6000 h. Sources salées qu'on n'exploite plus. Jadis ville hanséatique. Les margraves y résidèrent de 978 à 1050.

SOLWAY (Golfe de), Ituna æstuarium, golfe de la mer d'Irlande, entre l'Angleterre au S. et l’Écosse au N., forme la limite des deux pays. Il a 65 kil. de long. C'est là que commençait le mur d'Adrien.

SOLWAY-MOSS, marais d'Angleterre (Cumberland), à l'extrémité N. E. du golfe de Solway, entre l'embouchure du Sark et celle de l'Esk. Les Écossais y furent défaits par les Anglais en 1542.

SOLYME, Solyma, nom poétique de Jérusalem.

SOMAIN, bg. du dép. du Nord, à 17 kil. E. de Douai; 3650 hab. Brasseries, forges. Station du chemin de fer du Nord (ligne de Douai à Valenciennes) et embranchement sur Busigny. SOMAIZE (Ant. BAUDEAU de), littérateur du milieu du XVIIe s., a laissé un ouvrage intéressant pour l'histoire de la littérature à cette époque (Dictionnaire des précieuses, 1660, in-12, réimprimé avec divers Opuscules par Livet, 1856, 2 vol. in-16).

SOMASQUE, Somasca en italien, bourg Lombard-Vénitien, à 13 kil. N. O. de Bergame, a donné son nom à la congrégation des Somasques, qui s'y établit.

SOMASQUES, ou Clercs réguliers de S. Maïeul, congrégation fondée en 1531 par S. Jérôme Émilien, de Venise, confirmée en 1540 par Paul III, et soumise à la règle de St-Augustin en 1568, a pour but l'éducation, particulièrement celle des orphelins, et tire son nom de la ville de Somasque.

SOMBERNON, ch.-l. de c. (Côte-d'Or), à 35 kil. O. de Dijon; 877 hab. Houille, plâtre.

SOMBREUIL (Mlle de), fille du gouverneur des Invalides. Son père ayant été incarcéré en 1792, elle s'enferma avec lui à l'Abbaye. Lors du massacre des prisonniers (3 sept.), elle le couvrit de son corps et par ses supplications arrêta le bras des assassins ; mais, pour obtenir la grâce de son père, il lui fallut, selon une tradition fort contestée, consentir à boire un verre de sang. Elle quitta la France en 1794, épousa à l'étranger le comte de Villelume, rentra en 1815 et mourut à Avignon en 1823.

SOMERS (J.), homme d’État, né à Worcester en 1650, m. en 1716, débuta comme homme de loi, et se fit une riche clientèle. Il publia plusieurs pamphlets contre Charles II et prit une part active aux événements qui amenèrent la chute de Jacques II. A la révolution de 1688, il fut fait baron d'Evesham et nommé chancelier; il remit les sceaux lors de la réaction tory; il fut même alors accusé devant les Chambres, mais fut acquitté. Il rentra depuis au Conseil et en eut la présidence (de 1708 à 1710); renversé de nouveau avec les whigs, il ne sortit plus de sa retraite. Il protégea Addison et fut un des premiers à reconnaître la valeur du Paradis perdu de Milton. Outre de nombreux ouvrages imprimés, Somers avait laissé 60 vol. in-fol. manuscrits, d'où l'on a tiré les précieux Papiers d'État, publiés par lord Hardwike en 1778. Cogan a donné en 4 vol. in-4 une collection de Somers’ Tracts (ce ne sont guère que des pamphlets de Somers). W. Scott a dirigé une édition de ses Œuvres.

SOMERSET (Comté de), un des comtés de l'Angleterre, au S. O., sur le canal de Bristol, entre les comtés de Cornouailles à l'O., de Wilts à l'E., de Glocester au N., de Dorset au S. E. et de Devon au S. O. : 105 kil. sur 65 : 450 000 hab.; ch.-l. Wells. Montagnes au centre; ailleurs, sol plat, marais; climat tempéré. Jadis beaucoup de forêts, converties depuis en terres labourables et pâturages. Mines de plomb, cuivre, houille, terres diverses, etc.; sources minérales renommées. — Ce pays, jadis habité par les Belges, fit partie de la Bretagne 1re sous les Romains, puis du roy. de Wessex sous les Saxons.

SOMERSET (Ed. SEYMOUR, duc de), était frère de Jeanne Seymour, 3e femme de Henri VIII, et oncle d’Édouard VI. Il fut créé par Henri VIII vicomte de Beauchamp et d'Hertford, et nommé un des 16 exécuteurs testamentaires du roi (1547); le jeune roi (Édouard VI), son neveu, le nomma lord-trésorier, duc de Somerset, enfin protecteur du royaume. Il accapara toute l'autorité, et mit le comble à sa grandeur par une campagne brillante en Écosse; mais il excita un mécontentement universel par sa hauteur, sa partialité pour les Communes, sa violence à l'égard du clergé catholique, et par l'acquiescement qu'il donna à la mort de son propre frère, grand amiral d'Angleterre : il fut disgracié, et condamné à une amende annuelle de 2000 liv. sterling (1549). Gracié peu après par le jeune roi, il reprit un instant toute sa faveur; mais Warwick, son ennemi acharné, l'accusa d'avoir formé le dessein de soulever le peuple et d'avoir voulu l'empoisonner lui-même, le fit juger et condamner comme coupable de félonie. Il fut décapité à Tower-Hill (1552).

SOMERSET (Robert CARR, vicomte de Rochester, puis comte de), favori de Jacques I, dut sa haute fortune à sa beauté, et se maintint quelque temps à la cour, grâce aux bons conseils du poëte Overbury, son ami. Ce sage conseiller l'ayant dissuadé d'épouser la jeune comtesse d'Essex, qui venait de divorcer, tous deux se vengèrent en le faisant enfermer à la Tour de Londres, où ils l'empoisonnèrent (1613). Depuis ce moment, Somerset, en proie aux remords, à la mélancolie, perdit ses agréments et cessa de plaire au roi, qui le remplaça par le jeune George Villiers (Buckingham). Dénoncé comme empoisonneur, il eut peine à échapper au supplice, quitta l'Angleterre et mourut misérablement vers 1638.

SOMERTON, v. d'Angleterre (Somerset), à 25 kil. S. O. de Wells : 2000 h. Anc. résidence de rois saxons. Prise et pillée par les Danois en 877. Restes d'un vieux château où le roi de France Jean fut détenu.

SOMKHETH, province de la Géorgie, bornée au N. par le Karthli propre, au S. par le district d'Akhaltsikhé, a pour ville principale Durgtchetaka. Le Kour en arrose la partie orientale. A la Russie.

SOMMA, v. d'Italie, dans l'anc. roy.de Naples (Terre-de-Labour), à 15 kil. E. de Naples; 7200 hab. Château. Vin estimé. — Ville de Lombardie, à 35 kil. N. O. de Milan, à l'endroit où le Tessin sort du lac Majeur; 3200h. Scipion y fut vaincu par Annibal, 218 av. J.-C.

SOMMARIVA (J. B. de), homme politique, né à Milan vers 1760, m. en 1826, était avocat lors de l'invasion des Français en Lombardie. Il adopta les idées nouvelles, fut secrétaire général du Directoire de la république Cisalpine, et en devint lui-même directeur en 1799. Après l'occupation autrichienne, il vint se fixer à Paris. Amateur des beaux-arts, il consacra son immense fortune à former de magnifiques collections, qui depuis ont été transportées dans sa belle villa de Sommariva sur les bords du lac de Côme.

SOMME, Samara, riv. de France, naît à Font-Somme dans le dép. de l'Aisne, coule à l'O., passe près de St-Quentin, puis entre dans le dép. de la Somme, arrose Ham, Péronne, Bray, Corbie, Amiens, Picquigny, Abbeville, et tombe dans la Manche entre St-Valéry et le Crotoy, après un cours de 200 kil. Beaucoup de marais sur ses bords ; navigation difficile, ce qui a nécessité l'ouverture d'un canal latéral connu sous le nom de Canal de la Somme. Le canal de St-Quentin, qui suit le cours supérieur de cette rivière, la réunit à l'Oise et à l'Escaut.

SOMME (dép. de la), dép. maritime de la France, sur la Manche, entre ceux du Pas-de-Calais au N., de la Seine-Inf. à l'O., de l'Oise au S., de l'Aisne a l'E. : 6045 kil. carr. : 572 646 hab. ; ch-l., Amiens. Il est formé d'une grande partie de la Picardie (Amiénois, Ponthieu, Santerre) et d'une petite portion de l'Artois. Sol plat, traversé par la Somme, arrosé en outre par la Celle et la Noye. Grès à paver; pierre de taille, craie, argile à potier, beaucoup de tourbe. Peu de pâturages naturels, nombreuses prairies artificielles; céréales, houblon, plantes oléagineuses, lin, chanvre, pommes à cidre. Gros et menu bétail, chevaux, abeilles; pêche abondante. Beaucoup d'industrie : toile, tissus de coton et de poil de chèvre; velours, escot, alépines, satins turcs, piqués de laine; sucre de betterave, savon, acides minéraux; blanchisseries, teintureries, tanneries, etc.; pâtés et autres comestibles. Commerce de cabotage, armements pour l'Amérique (surtout par le port de St-Valéry). — Ce dép. a 6 arr. (Amiens, Péronne, Abbeville, Doulens, Montdidier), 41 cant., 832 comm.; il appartient à la 3e division militaire, a une cour impér. et un évêché à Amiens.

SOMME (les Villes de la). On nomma ainsi au XVe s. certaines places qui défendaient le cours de la Somme et que, par le traité d'Arras (1435), Charles VII engagea au duc de Bourgogne, Philippe le Bon; ces villes étaient Péronne, Corbie, Amiens, Abbeville, Roye. Louis XI les recouvra en 1477, après la mort de Charles le Téméraire. SOMMEIL (le), divinité allégorique. V. MORPHÉE.

SOMMEPUIS, ch.-l. de c. (Marne), à 16 kil. S. O. de Vitry-le-François; 480 h. Patrie de Royer-Collard.

SOMMERSHAUSEN, bourg de Bavière, sur la r. dr. du Mein, à 9 k. S. E. de Wurtzbourg ; 1000 h. Turenne et Wrangel y battirent les Impériaux en 1648.

SOMMIÈRES, ch.-l. de c. (Gard), sur la r. g. de la Vidourle, à 24 k. S. O. de Nîmes ; 4010h. Couvertures de laine, molletons, tricots, feutres, chapeaux ; peaux de qualité supérieure. Vin muscat, eau-de-vie, huile. Anc. place des Calvinistes, démantelée en 1622.

SOMNATH, v. forte et port de l'Inde, sur la côte S. O. du Guzzerat, par 20° 57' lat. N., 70° long. E., était consacrée à Siva et avait un temple célèbre. Prise et détruite en 1025 par Mahmoud le Gaznévide, qui en transporta les dépouilles à Gazna.

SOMOROSTRO, bg d'Espagne (Bilbao), à 9 k. N. O. de Portugalète, possède un port sur le golfe de Biscaye. Aux env. est le mont Triano, qui renferme une mine de fer, l'une des plus riches du monde.

SOMO-SIERRA, chaîne de montagnes escarpées de l'Espagne (Vieille-Castille), qui sépare les prov. de Ségovie et de Soria de celles de Madrid et de Guadalaxara. On y trouve un bourg de même nom, sur la route de Burgos à Madrid, à 16 kil. N. de Buytrago. Près de ce bourg est un défilé où les Espagnols furent défaits, en 1809, par les Français, après plusieurs combats sanglants.

SOMPTUAIRES (Lois), lois destinées à réprimer le luxe. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

SONCINO, v. de Lombardie (Crémone), sur l'Oglio, à 40 kil. N. O. de Crémone ; 4200 hab. Une paix y fut conclue en 1317 entre les Guelfes et les Gibelins de Toscane. Robert Sforze y battit les Milanais en 1440. Cette place fut prise en 1720 par le prince Eugène, puis reprise par le duc de Vendôme.

SONDE (Archipel de la), vaste archipel de l'Océan indien, embrasse toutes les îles qui s'étendent de Sumatra à Timor, entre 6° 4' lat. N.-11° 5' lat. S. et 92° 48'-131° long. E. Outre les 3 grandes îles de Java, Sumatra et Bornéo, les principales sont : Bali, Lombok, Sumbava, Sumba, Solor, Sabrao, Timor. On en évalue la population à 18 000 000 d'hab. Elles appartiennent en grande partie aux Hollandais. — On nomme Détroit de la Sonde celui qui sépare Sumatra d'avec Java : il a de 30 à 100 kil. de large sur 120 de long ; — Mer de la Sonde, celle qui enveloppe toutes les îles de ce nom.

SONDERBOURG, ville du Slesvig, chef-lieu de bailliage, dans l'île d'Alsen, à l'O., sur un détroit, à 45 kil. N. E. de Slesvig ; 3800 hab. Ancien château, port sûr. — Elle donne son nom à 2 branches de la maison de Holstein : Sond.-Augustenbourg et Sond.-Glucksbourg.

SONDERBUND, c.-à-d. Ligue séparative, association formée en 1846 par 7 cantons catholiques de la Suisse (Fribourg, Lucerne, Schwytz, Unterwald, Uri, Valais, Zug), pour résister à la Diète fédérale, qui avait prescrit l'expulsion des Jésuites, des Liguoriens, et autres congrégations religieuses. Le général Dufour réussit, presque sans effusion de sang, à réduire cette ligue à se dissoudre. Crétineau-Joly a écrit l’Histoire du Sonderbund, 1850.

SONDERSHAUSEN, capit. de la principauté de Schwarzbourg-Sondershausen, au confluent de la Wipper et de la Bebra ; 5500 hab. Aux env., château du prince souverain. Le maréchal de Soubise y battit en 1758 les Anglais, les Hanovriens et les Hessois.

SONDRIO, v. de Lombardie, ch.-l. d'une prov. de même nom et de l'anc. Valteline, à 150 k. N. N. E. de Milan ; 3500 hab. Château fort sur une hauteur, cathédrale. Commerce actif. Aux env., eaux minérales de Masino. — La prov. de Sondrio, entre la Suisse au N. et la prov. de Bergame au S., se compose de la Valteline et des vals de San-Giacomo et de Bresaglia; 85 000 h. Elle forma sous Napoléon le dép. de l'Adda.

SONGEONS, ch.-l. de c. (Oise), sur le Thérain, à 22 kil. N. O. de Beauvais ; 1240 h. Miroirs, lunettes.

SONGES (les), enfants du Sommeil et de la Nuit, selon la Fable. Ils se divisaient en vrais et faux : les premiers sortent des Enfers par une porte de corne, les seconds par une porte d'ivoire. — Les anciens voyaient dans les songes un moyen de connaître l'avenir : à cet effet le consultant venait dormir dans le temple du dieu qu'il voulait consulter. Les plus fameux des oracles rendus par les songes sont ceux de Trophonius, d'Amphiaraüs et de Sérapis.

SONNERAT (Pierre), voyageur, né à Lyon vers 1745, m. à Paris en 1814, alla en 1768 rejoindre à l'Ile-de-France l'intendant Poivre, son parent, et passa depuis la plus grande partie de sa vie en voyages et en observations. Les îles de France et de Bourbon, lui doivent l'introduction de l'arbre à pin, du cacaotier, du mangoustan et de beaucoup d'autres arbres a fruit ou à résine. On a de lui : Voyage à la Nouv.-Guinée, Paris, 1776 ; Voyage aux Indes orientales et à la Chine, 1782 et 1806, avec des additions de Sonnini.

SONNETHAL, c. à d. vallée du Soleil, vallée de l'anc. Saxe, auj. dans le Brunswick, entre les sources de l'Aller et de l'Ocker. Les lieutenants de Charlemagne y furent défaits en 782 par Witikind.

SONNINI (Ch. Nic.) de MANONCOURT, naturaliste, né en 1751 à Lunéville, m. en 1812, venait d'être reçu avocat à Nancy lorsqu'il se mit à voyager ; de 1772 à 1780, il visita Cayenne, où il rendit les plus grands services, puis l'Afrique occidentale, du cap Blanc à Portudal, enfin l’Égypte et la Grèce. Rentré en France, il rédigea pour l’Histoire naturelle de Buffon les articles d'ornithologie étrangère, et publia en 1802 et 1812 la Bibliothèque physico-économique. Recommençant en 1810 le cours de ses voyages, il visita la Valachie et la Moldavie. On lui doit une édition de Buffon, avec continuation, 1799-1808, 127 vol. in-8; un Voyage dans la Hte et la B.-Égypte, 1799, un Voyage en Grèce et en Turquie, 1801.

SONNITES. V. SUNNITES.

SONORA, v. du Mexique, dans l'État auquel elle donne son nom sans en être la capitale, à 70 k. S. d'Arispe ; 6500 hab. Évêché. — L’État de Sonora est situé entre le golfe de Californie à l'O., les dép. de Cinaloa au S., de Chihuahua et du Nouveau-Mexique à l'E ; il a eu successivement pour chefs-lieux Urès, Arispe, et depuis 1862 Hermosillo ; 140 000 h.

SONORA-ET-CINALOA (État de), anc. État de la Confédération mexicaine, a été subdivisé en deux en 1830. V. chacun des deux noms.

SONSONATE, Zesontlatl en mexicain, v. du Guatemala (San-Salvador), à 85 k. O. de San-Salvador ; 4000 hab. Mosaïques formés de petites coquilles. Son port, qui est sur le Grand-Océan, est un des principaux entrepôts de l'Amérique centrale.

SONTAG (Henriette), cantatrice, née en 1805 à Coblentz, m. en 1854, était fille de comédiens nomades et parut sur la scène dès l'âge de 6 ans. Après s'être perfectionnée à Vienne par les conseils de Mme Mainvielle-Fodor, elle fut engagée a Leipzig, où elle créa le Freyschütz et l’Euryanthe de Weber, puis vint au Théâtre-Italien de Paris (1826), ou elle excita le plus vif enthousiasme dans le Barbier de Séville, Don Juan, la Donna del Lago, Sémiramis, Tancrède, et remporta à Londres d'aussi éclatants triomphes ; mais elle renonça au théâtre dès 1830, par suite de son mariage avec le comte de Rossi et se fixa à Berlin. En 1848, des revers de fortune la déterminèrent à reparaître sur les scènes de Londres et de Paris, puis à passer en Amérique ; elle mourut du choléra à Mexico. Mlle Sontag possédait un soprano très-étendu, d'un timbre charmant, d'une égalité parfaite et d'une rare flexibilité. Joignant au talent une grande dignité dans sa conduite, elle mérita d'être anoblie par le roi de Prusse et régna pendant plusieurs années sur les salons de Berlin.

SONTHONAX (Léger Félicité), né en 1763 à Oyonnax, m. en 1811, était avocat au parlement de Paris au moment où la Révolution éclata. Il écrivit en faveur de la liberté des hommes de couleur, et fut un des commissaires envoyés en 1792 à St-Domingue par l'Assemblée Législative avec des pouvoirs sans bornes. Il trouva en débarquant au Cap les blancs et les hommes de couleur en guerre, proclama libres les derniers, et bientôt après émancipa les noirs eux-mêmes. Attaqué dans Port-au-Prince par un corps de colons insurgés et par les Anglais, il opposa une héroïque résistance, mais la ville fut prise par trahison, et il revint en France (1793). Renvoyé à St-Domingue par le Directoire (1796), il se fit élire député de la colonie au Conseil des Cinq-Cents : agissant dès lors en dictateur, il donna le commandement en chef des troupes à Toussaint-Louverture, qui bientôt le réduisit à repartir. Il ne reparut plus sur la scène politique après le 18 brumaire.

SOPHÈNE (la), région de l'Arménie, au S. O., fut une des cinq provinces acquises en Orient par les Romains au IIIe s.; Arsamosate en était le chef-lieu.

SOPHIA, Triaditza en bulgare, l’Ulpia Sardica des anc., v. de la Turquie d'Europe (Bulgarie), ch.-l. de livah, sur le Bogana et près des Balkans, entre l'Isker et le Nissava, à 560 kil. O. N. O. de Constantinople; env. 45 000 h. Archevêché grec, évêché catholique; 23 mosquées, etc. Lainages, soieries, tabac, tanneries; eaux thermales. Grand commerce. — Le livah de Sophia, entre ceux de Widdin, Routchouck, Tchirmen, Gallipoli, Ghiustendil et Krouchevatch, répond à une partie de l'anc. Thrace et de l'anc. Mésie.

SOPHIE (Ste). Ce nom désigna d'abord, non une sainte, mais un attribut de Dieu, la Sagesse divine, Hagia Sophia. — L'Église honore une sainte veuve de ce nom, mère de 3 vierges auxquelles elle donna les noms des vertus théologales (Ste Foi, Ste Espérance, Ste Charité), et qui subit le martyre à Rome, avec ses filles, sous Adrien. On les fête le 1er août. Les emp. Justin I et Justinien consacrèrent à Ste Sophie une magnifique basilique, qui était le plus bel édifice de Constantinople. Cette église, inaugurée en 537, subsiste encore : les Turcs en ont fait une mosquée.

SOPHIE, femme de l'empereur Justin II et nièce de Théodora (femme de Justinien), eut beaucoup de part aux affaires sous le règne du faible Justin II et les dirigea fort mal. A la mort de ce prince, elle fit placer sur le trône Tibère Constantin dans l'espoir de l'épouser, puis elle conspira contre lui quand elle vit son espoir trompé; mais elle ne put réussir à le renverser, et fut reléguée dans son palais.

SOPHIE, czarine de Russie, fille d'Alexis Mikhaïlovitch, née en 1656, organisa en 1682, à la mort de son frère Fédor III, la fameuse révolte des Strélitz qui abattit le parti des Narichkin et associa à Pierre le Grand son frère Ivan V, gouverna 7 ans au nom de ses deux jeunes frères de concert avec Galitzin, son favori, fit vainement la guerre aux Turcs, mais fut plus heureuse contre les Polonais, auxquels elle imposa le traité de Moscou (1686). Voyant grandir son frère Pierre et se défiant de son ambition, elle excita contre lui une nouvelle révolte des Strélitz (1689), mais Pierre vint à bout de la comprimer. Dès ce moment, Sophie fut dépouillée de toute autorité et confinée dans une étroite prison; elle y mourut en 1704; on la crut empoisonnée.

SOPHIE-CHARLOTTE, reine de Prusse, né en 1668, m. en 1705, épousa Frédéric I en 1684, protégea les lettres et les sciences, et détermina le roi à fonder l'Académie de Berlin. — Sophie-Dorothée, reine de Prusse, femme de Frédéric-Guillaume I et mère du grand Frédéric, était fille de George I, roi d'Angleterre. C'était une princesse accomplie; néanmoins elle fut fort malheureuse avec son grossier époux.

SOPHIE-DOROTHÉE de Zell, femme de l'électeur George Louis de Hanovre (depuis roi d'Angleterre sous le nom de George I) et mère du roi George II, fut accusée en 1694 d'avoir commis un adultère avec le comte de Kœnigsmark et fut enfermée dans un fort où elle mourut en 1726, après 32 ans de captivité, n'ayant cessé de protester de son innocence.

SOPHIE-WILHELMINE. V. BAYREUTH (la margravine de).

SOPHIS ou SOFIS, c.-à-d. Mystiques, secte musulmane, professe une sorte de déisme ou de panthéisme, n'accepte le Coran que comme livre de morale, repoussant le dogme musulman, et se distingue par une vie ascétique. Elle fut fondée au VIIIe s. de notre ère dans la province persane de Kerman par un certain Abou Saïd-Aboul-Chéir; elle est auj. très-répandue dans la Perse et dans l'Inde. Un des plus célèbres adeptes de cette secte, Azzeddin, né à Jérusalem au XIIe s., a exposé le système des Sophis dans un ouvrage intitulé : Fruits et fleurs, trad. en français par M. Garcin de Tassy, Paris, 1821. Djami a donné la Vie de 611 Sophis (trad. en angl. par Lees, Calcutta, 1859). On doit à Tholuck une savante exposition de leur doctrine: Ssufismus, sive Theologia Persarum pantheistica, Berlin, 1821.

SOPHIS, dynastie persane qui remplaça celle des Turcomans du Mouton-Blanc, commence en 1499, en la personne d'Ismaël, et finit en 1736, en la personne d'Abbas III, renversé du trône par Nadir. Elle a fourni 13 souverains à la Perse (V. PERSE). Son nom lui vient de ce qu'elle descendait d'un Sophi célèbre, Ismaïl, qui avait la réputation d'un saint et à qui, pour ce motif, Tamerlan accorda la vie et la liberté d'un grand nombre de prisonniers. Cet Ismaïl prétendait descendre d'Ali par Mouça, le dernier des imans légitimes.

SOPHISTES. On nommait ainsi chez les Grecs certains rhéteurs et dialecticiens qui enseignaient à prix d'argent l'art de parler et de disputer sur tout, et qui faisaient eux-mêmes profession de soutenir indifféremment sur toute question le pour et le contre. Ils fleurirent pour la plupart dans le Ve siècle av. J.-C. Les plus célèbres sont Gorgias de Léontium, Protagoras d'Abdère, Prodicus de Céos, Hippias d'Elis, Thrasymaque, Polus, Euthydème. Après avoir joui d'une grande vogue en Grèce et dans l'Italie grecque, les Sophistes furent confondus par Socrate, qui détourna ses compatriotes des disputes frivoles pour les ramener à la recherche sincère de la vérité. Platon, dans plusieurs de ses Dialogues, reproduit la polémique de Socrate contre ces corrupteurs de la jeunesse. — Le nom de sophiste, qui, d'après l'étymologie, veut dire ami de la sagesse, s'employa d'abord en bonne part; il ne tomba dans le discrédit que lorsque ceux qui le portaient se furent déshonorés en attaquant les vérités les plus claires ou les plus sacrées. Le nom de sophisme est resté depuis à tout raisonnement captieux.

SOPHOCLE, célèbre poëte tragique grec, naquit vers 495 av. J.-C. au bourg de Colone, près d'Athènes, donna sa 1re pièce en 468, en concurrence avec Eschyle, sur lequel il l'emporta, ne cessa depuis de travailler pour la scène, et fut 20 fois proclamé vainqueur. Il remplit aussi quelques fonctions publiques, fut ambassadeur et même stratège : il commanda en cette qualité une expédition contre Samos. Il vécut jusqu'à près de 90 ans. Devenu vieux, il vit, dit-on, un de ses fils provoquer son interdiction : il n'eut pour se défendre qu'à lire à ses juges un superbe morceau de son Œdipe à Colone, qu'il venait d'achever; ce fait est loin d'être prouvé. L'influence de Sophocle sur l'art dramatique fut immense : il mit jusqu'à trois ou quatre interlocuteurs sur la scène et régularisa la disposition, la conduite, le style de la tragédie : l'épopée, les morceaux lyriques tinrent moins de place, le drame vrai en obtint davantage; en outre, il fit une part bien moins grande à la fatalité et augmenta ainsi l'intérêt. Les anciens attribuaient à Sophocle 123 pièces, mais quelques-unes semblent avoir été de ses disciples. De ces 123, sept seulement nous sont parvenues en entier; toutes sont des tragédies ; ce sont : Philoctète, Antigone, Œdipe roi, Œdipe à Colone, Ajax, Électre, les Trachiniennes. Nous n'avons que les titres et des fragments des autres; 20 ou 22 de ces dernières sont des ' drames satyriques, dans le sens ancien du mot. Sophocle est de tous les tragiques anciens celui qui ressemble le plus à Racine : souplesse, harmonie, correction, noblesse, il réunit toutes les qualités du poëte irréprochable. Les meilleures éditions de ses Œuvres sont celles d’Hermann (1809-25), de Wunder (1836), de Benloew (Coll. Didot, 1842), de Dindorf (1850), de Tournier (1867). Ellendt a donné un Lexicon Sophocleum, Kœnigsb., 1835. Parmi les traductions françaises, on estime la trad. en prose de Rochefort, 1788, et celle d’Artaud, 1827, et les trad. en vers de Faguet (1849), de Francis Robin, 1850, de Guiard, 1853, et les imitations de H. Halévy, dans sa Grèce tragique, 1861. Plusieurs des tragédies de Sophocle ont été imitées : l’Œdipe roi, Antigone et les Trachiniennes, par Sénèque ; Œdipe roi, par Corneille et Voltaire ; Œdipe à Colone, par Ducis et Chénier (qui a traduit les deux Œdipes) ; Électre, par Voltaire et Crébillon ; Philoctète, par La Harpe ; Antigone, par Rotrou et Alfieri. Le mérite de Sophocle a été parfaitement apprécié par M. Patin dans ses Études sur les tragiques grecs.

SOPHONIE, le 9e des petits prophètes, vivait sous Josias (vers 624). Sa prophétie renferme 3 chapitres ; il y adresse aux Juifs des reproches touchants, les exhorte à la pénitence, prédit la ruine de Ninive, le retour de la captivité de Babylone et l’établissement de la loi nouvelle.

SOPHONISBE, fille d’Asdrubal, née vers 235 av. J.-C., fut élevée dans la haine de Rome. Bien que fiancée à Massinissa, elle épousa néanmoins Syphax, qu’elle entraîna dans l’alliance contre les Romains. Elle tomba en 203, entre les mains de Lélius et de Massinissa, et, pour éviter la vengeance des Romains, donna sa main à ce même prince numide allié de Rome qu’elle avait précédemment repoussé. Mais Scipion ne reconnut point ce mariage, et Massinissa, pour soustraire sa nouvelle épouse à l’ignominie du triomphe, lui envoya du poison. Ce sujet tragique a été mis sur la scène italienne par le Trissin (1514), et sur la scène française par Mairet, P. Corneille, Lagrange-Chancel et Voltaire.

SOPRONY, v. et comitat de Hongrie. V. ŒDENBURG.

SORA, Sora, v. d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples (Terre-de-Labour), sur la r. dr. du Liris, à 145 k. N. O. de Naples ; 8000 hab. Évêché, école de belles-lettres. Restes de murs cyclopéens. Anc. ville des Volsques. Elle se joignit aux Samnites dans leur guerre contre les Romains, fut prise et reçut une colonie que les habitants massacrèrent en 313 av. J.-C.

SORA ou GERMANICOPOLIS, auj. Kastamouni ? v. de Paphlagonie, sur l’Euphrate. Célèbre académie juive.

SORABES ou SERBES. V. SERVIE et LUSACE.

SORACTE (le), auj. Mont St-Oreste, mont. de l’Étrurie mérid., sur la r. dr. du Tibre, à 50 kil. N. de Rome ; elle a 1737m de hauteur et est souvent couverte de neige. On y remarquait un temple consacré à Apollon. Carloman, frère aîné de Pépin le Bref, y fonda, sur le côté oriental, le cloître de St-Sylvestre, ce qui fait donner quelquefois, à cette montagne le nom de Monte San-Silvestro.

SORATA (NEVADA DE), haute montagne du Ht-Pérou, dans la chaîne des Andes, vers 15° 30′ lat. S., à 70 kil. N. O. de la Paz. Hauteur 7696m.

SORAU, v. du Brandebourg à 90 kil. S. E. de Francfort ; 8000 hab. Gymnase, bibliothèque. — Ville de Silésie, à 15 kil. S. E. de Rybnik ; 4000 hab.

SORBIÈRE (Samuel), écrivain du XVIIe s., né en 1615 à St-Ambroix (diocèse d’Uzès), mort à Paris en 1670, était neveu de Samuel Petit, et fut élevé dans la religion protestante. Il étudia la médecine, exerça quelque temps en Hollande, puis revint en France, dirigea le collége d’Orange, se convertit au catholicisme dans l’espoir de quelque bénéfice qu’il n’obtint jamais, se lia avec plusieurs savants (tels que Patin, Hobbes, Baluze, Gassendi), dont il était l’intermédiaire, et fut nommé en 1660 historiographe du roi. Il avait adopté la philosophie de Gassendi et de Hobbes. Il publia les œuvres du premier avec sa vie (Lyon, 1636, 6 vol. in-fol.), et traduisit plusieurs ouvrages du second (Du citoyen, Amst., 1649 ; le Corps politique ou les Éléments de la foi morale et civile, Leyde, 1653), ainsi que l’Utopie de Morus. Son style, quoique vieilli, est encore estimé.

SORBON (Robert de), savant docteur du XIIIe s., né en 1201 à Sorbon près de Réthel, m. en 1274, se fit une réputation par ses sermons et ses conférences, fut chapelain de Louis IX, devint chanoine de Cambray, puis de Paris, et fonda en 1252 la Sorbonne, « société d’ecclésiastiques séculiers, qui, vivant en commun et pourvus des choses nécessaires à la vie, devaient ne plus être occupés que de l’étude et enseigner gratuitement. » 11 fut proviseur de la nouvelle congrégation. Outre les Statuts de la maison de Sorbonne, qui ont été en vigueur jusqu’à la Révolution, on a de lui des Sermons et des traités De conscientia ; De confessione ; Iter Paradisi, etc.

SORBONNE, nom donné à la faculté de théologie de Paris et aux bâtiments dans lesquels elle était établie. C’était d’abord un simple établissement d’éducation à l’usage des ecclésiastiques, qui avait été fondé en 1252 par Robert de Sorbon (V. l’art. précéd.). Ses agrandissements successifs, la célébrité des cours qui s’y faisaient, l’affluence des élèves qui venaient y prendre leurs degrés l’élevèrent au rang de faculté. La Sorbonne jouit d’un renom européen pendant les XIVe, XVe, XVIe et XVIIe s. ; ses décisions faisaient autorité. Elle se prononça pendant le grand schisme pour les moyens les plus propres à ramener l’unité, combattit énergiquement la Réforme, défendit les libertés gallicanes et mérita d’être appelée le Concile permanent des Gaules ; mais au XVIIe s., elle fut troublée par les querelles du Jansénisme et vit plusieurs de ses membres se déclarer contre la bulle Unigenitus. Elle avait déjà commencé à décliner, lorsque la révolution de 1789 la frappa comme tous les établissements ecclésiastiques. La Sorbonne était régie par un proviseur, aidé d’un prieur. — Les bâtiments de la Sorbonne furent restaurés au commencement du XVIIe s. par Richelieu, dont on voit le mausolée dans la chapelle. Ils furent donnés à l’Université en 1808. Depuis 1821, ces bâtiments sont le siége de l’Académie universitaire de Paris, et sont consacrés aux cours des Facultés des lettres, des sciences et de théologie. L’édifice actuel a été bâti sur les plans de J. Lemercier et commencé en 1629 ; la chapelle, qui est le plus bel ornement, a été construite de 1635 à 1653. Devenue insuffisante pour les besoins du service, la Sorbonne doit être prochainement agrandie. L’abbé Duvernet a écrit une Hist. de la Sorbonne, 1790.

SORDELLO, troubadour du XIIIe s., né à Goito, descendait des Visconti. Il parcourut l’Italie en chantant ses poésies à la cour des princes, s’attacha à Charles d’Anjou, comte de Provence, et le suivit dans son expédition à Naples. On a de lui env. 30 sirventes et canzones en langue provençale, et un curieux livre en prose intitulé Trésor des Trésors (recueil de biographies d’hommes politiques).

SORE, ch.-l. de c. (Landes), à 48 kil. N. de Mont-de-Marsan ; 2006 hab. Verrerie.

SOREL ou SOREAU (Agnès). V. AGNÈS.

SOREL (Charles), sieur de Souvigny, littérateur, né vers 1599, m. en 1674, devint en 1635 historiographe de France, mais perdit plus tard cet emploi. Ses principaux ouvrages sont : la Vraie histoire comique de Francion, Paris, 1622, et une Hist. de France depuis Pharamond jusqu’en 840, Par., 1636.

SORÈZE, Sordiliacum, v. du dép. du Tarn, à 28 k. S. O. de Castres, sur le ruisseau de Sor qui lui donne son nom ; 2856 h. Patrie d’Azaïs. Sorèze possédait jadis une célèbre abbaye de Bénédictins, fondée au IXe s. par Pépin, roi d’Aquitaine, et nommée d’abord l’Abbaye de la Paix ; on y faisait gratuitement l’éducation de 12 nobles. Depuis 1789, l’abbaye a été convertie en un établissement d’éducation privée, qui fut longtemps florissant, mais qui eut beaucoup à souffrir sous la Restauration. Depuis 1854, il appartient aux Dominicains, qui l'ont relevé.

SORGUES (la), affluent du Rhône, sort de la Fontaine de Vaucluse, et s'unit à l'Ouvèze et à la Nesque à 3 kil. de Sorgues pour grossir le Rhône; 35 kil.

SORGUES, v. murée du dép. de Vaucluse, au confluent de la Sorgues et de l'Ouvèze, à 9 kil. N. E. d'Avignon; 4775 h. Aux env., ancien monastère de Gentilly.

SORIA, Numantia nova, v. d'Espagne (Vieille-Castille), ch.-l. de l'intendance de Soria, sur le Douro, à 23 kil. N. O. de Madrid; 6000 hab. Beau pont en pierre, palais des comtes de Gomara. Commerce de laines. C'est aux environs qu'était Numance. Soria fut fondée en 1122 par Alphonse le Batailleur, roi d'Aragon, et cédée en 1136 au roi de Castille Alphonse VIII. Elle avait le titre de comté. — L'intendance de Soria, entre celles de Burgos au N. O., de Saragosse à l'E., de Cuença au S. E., de Guadalaxara au S., de Ségovie au S. O., et de Navarre au N. O., a env. 120 kil. sur 130, et est fort montagneuse, sauf sur les bords du Douro : elle a 145 000 hab.

SORIANO, v. de l'Italie centrale (Viterbe), au pied d'une montagne, à 9 kil. E. de Viterbe; 5500 h. Titre de principauté. Carlo Orsini y vainquit en 1497 les troupes du pape Alexandre VI.

SORLINGUES (îles), Scilly en anglais, Cassitérides chez les anciens, groupe d'îles de la Manche, sur la côte du comté de Cornouailles : 145 îlots, dont 6 habités; 2700 hab., presque tous pêcheurs; ch.-l., Newton (dans l'île Ste-Marie, qui est la plus grande). Antiquités druidiques. Ces îles possédaient jadis de riches mines d'étain, qui furent exploitées par les Phéniciens et les Grecs, et qui leur valurent le nom de Cassitérides (du grec kassitéros, étain).

SORNAC, ch.-l. de c. (Corrèze), à 23 kil. N. O. d'Ussel; 1652 hab.

SOROE, v. du Danemark, dans l'île de Seeland, à 80 kil. S. O. de Copenhague; 1000 hab. Académie (école) jadis célèbre, pour les sciences politiques, juridiques, mathématiques; bibliothèque, cabinet de physique; ferme-modèle.

SORR, vge de Bohême (cercle de Kœnigingrætz). Les Prussiens y battirent les Autrichiens en 1745.

SORRENTO, Surrentum, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Naples), sur la côte S. du golfe de Naples, à 25 k. S. de cette ville; 6000 hab. Archevêché, belle cathédrale, ruines antiques, grottes curieuses. Patrie du Tasse. — Surrentum, fondée par les habitants de Cumes, fut longtemps une république indépendante; elle devint sous Auguste colonie militaire. Elle souffrit beaucoup de l'éruption du Vésuve eu 79 de J.-C., et fut depuis saccagée par Odoacre et par Mustapha-Pacha. Chez les anciens, elle avait des fabriques renommées de vases d'argile.

SORTS. V. ORACLES.

SOSIGÈNE, philosophe péripatéticien et astronome d'Alexandrie, s'était fait connaître par divers ouvrages de philosophie et de physique, notamment par un traité sur la Longueur de l'année, lorsqu'il fut appelé par J. César pour réformer le calendrier romain : il fut le principal membre de la commission qui opéra cette réforme et introduisit le calendrier Julien (46 av. J.-C.). Il se contenta de mettre en vigueur le cycle de 4 ans trouvé par Eudoxe en Égypte : il paraît qu'il saisit l'erreur qui avait été commise dans ce système en négligeant quelques minutes de reste et qu'il comprit que quelque jour il serait nécessaire de la corriger; mais il le préféra à cause de sa simplicité.

SOSPEL ou SOSPELLO, Hospitellum, ch.-l. de c. (Alpes marit.), sur la Bevera, à 26 kil. N. E. de Nice; 3936 h. Les Français la prirent sur le duc de Savoie en 1692, et y vainquirent les Piémontais en 1793.

SOSTHÈNE, général macédonien, repoussa une invasion des Gaulois, fut en récompense proclamé roi de Macédoine après la mort de Méléagre, fils de Ptolémée Céraune, 279 av. J.-C., mais fut tué peu après dans un nouveau combat contre les Gaulois que commandait le second Brennus.

SOSTRATE, architecte grec, de Cnide, qui florissait au IIIe s. av. J.-C., embellit Cnide de promenades et de terrasses soutenues par des arcades, fut appelé en Égypte par Ptolémée Philadelphe, et construisit le fameux phare d'Alexandrie.

SOTADÈS, poëte grec, natif de Maronée en Thrace, vivait dans le m" s. av. J.-C. à la cour de Ptolémée Philadelphe, roi d’Égypte; il ne se fit connaître que par ses poésies licencieuses ou frivoles et par ses sarcasmes. Ptolémée, irrité de ses satires, le fit jeter à la mer, enfermé dans un sac de plomb. Sotadès avait inventé ce genre de vers qu'on nomma d'après lui vers sotadique, et qu'on peut lire également de droite à gauche ou de gauche à droite, en y retrouvant les mêmes mots. En voici un exemple:

Roma tibi subito motibus ibit amor.

SOTER. V. PTOLÉMÉE I et VIII et DÉMÉTRIUS.

SOTHIS, nom que les Égyptiens donnaient à l'étoile appelée Sirius ou Canicule. On nommait Période sothiaque une période de 1460 ans, au bout de laquelle l'année coïncidait avec l'année religieuse chez les Égyptiens : on l'appelait ainsi parce que la période commençait et finissait avec le lever héliaque de sothis. On fait commencer le premier cycle sothiaque en l'an 2782 av. J.-C. et le second en 1322.

SOTIES, farces satiriques du vieux théâtre français. 7. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

SOTO (Dominique), théologien espagnol, né à Ségovie en 1494, m. en 1560, était fils d'un jardinier. Il étudia sans maître, entra chez les Dominicains en 1524, professa avec succès à Salamanque, fut envoyé par Charles-Quint au concile de Trente (1545), puis devint confesseur de l'empereur. Pris pour arbitre dans le différend élevé entre Las Casas et Sépulvéda au sujet des Indiens réduits en esclavage, il décida en faveur du premier. Il a laissé des traités de théologie estimés (De Justitia et Jure, de Natura et Gratia, de Tegendis secretis), et des Commentaires sur Aristote et Pierre Lombard.

SOTO (Fernand de), de Villanueva en Estramadure, suivit Pizarre à la conquête du Pérou, fut nommé gouverneur de Santiago de Cuba et des pays qu'il soumettrait, releva La Havane, ruinée par des corsaires français (1528), entreprit en 1539 la conquête de la Floride, soumit une partie du pays, mais périt dans une de ses expéditions, en 1542.

SOTO (L. BARAHONA de), poëte espagnol du XVIe s., né à Lucena (Grenade), exerçait la médecine. Il fut l'émule de Garcilaso dans ses odes, ses chansons et ses églogues : son poëme Las Lagrimas de Angelica est un des meilleurs de la langue espagnole.

SOTO-MAYOR (SAN-SALVADOR de), v. d'Espagne (Santiago), à 22 kil. N. E. de Vigo ; 2500 h. Titre de comté. Vieux château des comtes de Soto-Mayor.

SOTTEVILLE, vge du dép. de la Seine-Inf., sur la Seine, à 2 kil. S. de Rouen; 8990 hab. Filatures de coton, raffinerie de salpêtre; crème renommée.

SOU, c.-à-d. rivière. V. le mot qui accompagne.

SOUABE, en allem. Schwaben, en lat. Suevia, région de l'anc. Allemagne, dans le S. O., n'avait pas de limites bien fixes. On lui donnait pour bornes au N. la Thuringe, à l'O. la Forêt-Noire, à l'E. la Bavière; au S., elle s'avançait au delà du Rhin et jusqu'en Suisse : Zurich en était la ville principale; on y trouvait aussi Augsbourg, Ulm, Constance, Tubingue, Bade, Hall, Rhinfeld, Nordlingue, Essling. Le pays était divisé en nombreux gaus ou cantons : Nagoldgau, au N. du Necker; Kraichgau, Iaxtgau, Kochergau, Brenzgau (ainsi nommés des riv. de Kraich, Iaxt, Kocher, Brenz, qui les arrosaient); plus tard il fut divisé en comtés et seigneuries diverses. — Le nom de Souabe, dérivé de Suèves (V. SUÈVES), ne devint très-usité qu'au Xe s. : auparavant, ce pays se nommait Alémannie. Il forma sous ce premier nom un duché de l'empire mérovingien jusqu'en 746, puis fut administré par des nonces et redevint duché après 843. En 912, Erchanger en usurpa la souveraineté et prit alors le titre de duc de Souabe. Le duché passa ensuite à divers ducs non héréditaires ; enfin il fut possédé de 1080 à 1268 par la maison de Hohenstaufen, originaire de ce pays, qui a fourni plusieurs empereurs (V. HOHENSTAUFEN). De 843 à 1080, la Souabe comprenait tout le pays entre la Forêt-Noire et le Rhin, et même l'Alsace. De 1080 à 1268, le duché fut très-diminué, surtout entre 1198 et 1212, par les cessions que fut obligé de faire Philippe de Souabe, soit pour maintenir la dignité de la couronne impériale, soit pour doter ses filles. Rétabli à peu près dans son intégrité par l'empereur Frédéric II, neveu de Philippe, il fut démembré encore en 1250, quand Conrad IV lui succéda à l'empire. A la mort de ce dernier (1254), Richard de Cornouailles réunit le duché à la couronne impériale et n'en investit plus personne. Le nom de Souabe ne désigna plus qu'un des cercles de l'empire.

Ducs de Souabe depuis 912.
I. Ducs non héréditaires.
Erchanger, 912
Burkhard I (comte de la Baar), 926
Hermann I (2e mari de la veuve de Burkhard I), 926
Ludolf (fils d'Othon I et gendre d'Hermann I), 948
Burkhard II (fils de Burkhard I), 954
OthonI, fils de Ludolf et duc de Bavière en 976, 973
Conrad I (neveu d'Hermann I), 982
Hermann II (neveu de Conrad I), 997
Hermann III (fils d'Hermann II), 1004
Ernest I, d'Autriche-Babenberg (mari d'une sœur d'Hermann III), 1012
Ernest II (fils d'Ernest I), 1015
Hermann IV (frère d'Ernest II), 1015
Henri, fils de l'empereur Conrad II, et empereur lui-même sous le nom d'Henri III, 1038
Othon II (petit-fils d'Othon II, l'empereur), 1043
Othon III, margrave de Schweinfurt, 1044
Rodolphe de Rheinfeld (anti-empereur), 1057-1080
II. Ducs héréditaires (maison de Hohenstaufen).
Frédéric I, gendre de l'empereur Henri IV, 1080
Frédéric II, le Louche (son fils), 1105
Frédéric III, fils de Frédéric II (le même que l'empereur Frédéric I, dit Barberousse), 1147
Frédéric IV, de Rothenbourg (cousin de Frédéric III et fils de l'empereur Conrad III), 1155
Frédéric V (2e fils de Frédéric III), 1167
Conrad IV, 4e fils de Frédéric III (en même temps duc de Franconie), 1191
Philippe (empereur de 1198 à 1208, dernier fils de Frédéric III), 1196
Frédéric VI (fils de l'empereur Henri VI, et le même que l'empereur Frédéric II), 1208 ou 1213
Henri II, son fils, 1219
Frédéric VI, de nouveau, 1235
Conrad V, fils de Frédéric VI et le même que l'empereur Conrad IV, 1250
Conrad VI ou Conradin, duc titulaire, 1254-1268

SOUABE (Comté palatin de), partie du duché de Souabe qui appartenait à la maison de Calw, avait Tubingue pour chef-lieu. Ce comté cessa d'exister vers la fin du XIIIe s.

SOUABE (Cercle de), un des 4 grands cercles de l'empire d'Allemagne créés dès 1387 par Wenceslas, et un des 10 formés au XVIe s. par Maximilien, était situé entre ceux du Haut et du Bas-Rhin, de Bavière, d'Autriche, de Franconie et la Suisse, et comprenait le duché de Wurtemberg, les margraviats de Bade, les principautés de Hohenzollern, les 4 principautés ecclésiastiques de Constance, Augsbourg, Elwangen, Kempten, et 31 villes impériales (Ulm, Augsbourg, Hall, Heilbronn, Memmingen, etc.), qui formaient ce que l'on appelait la Ligue de Souabe.

SOUABE-ET-NEUBOURG (Cercle de), cercle du roy. actuel de Bavière, au S. O., entre ceux de Hte-Bavière à l'E., de Moy.-Franconie au N., le Wurtemberg à l'O., le lac de Constance et le Tyrol au S., a une superficie de 953 414 hect. et une population de 570 492 âmes ; ch.-l. Augsbourg. Il est formé d'un ancien pays bavarois (Neubourg), et des possessions de Souabe que la Bavière acquit au recez de Ratisbonne en 1803.

SOUAKIM, v. de Nubie, partie dans un îlot du golfe Arabique et partie sur le continent, à 310 k. de Djeddah ; 10 000 hab. Bon port, fréquenté par les marchands de café d'Arabie et par les trafiquants d'esclaves. Pêcheries de perles. Télégraphe sous-marin, communiquant avec Aden sur la côte d'Arabie.

SOUBAB. Dans l'anc. empire mogol de l'Inde, on nommait ainsi des espèces de vice-rois qui gouvernaient au nom du grand mogol de vastes divisions de l'empire appelées de là Soubabies ; telle était la soubabie du Décan. Les soubabs avaient sous leur dépendance les nababs ou gouverneurs de provinces.

SOUBISE, vge de la Charente-Inf., à 4 kil. S. O. de Rochefort ; 1000 hab. Château. Sources minérales renommées. Il se livra en 1372 à Soubise un combat où fut pris le fameux captal de Buch. Anc. seigneurie, qui appartint à la maison de Parthenay, puis à celle de Rohan (branche des Rohan-Guéménée), pour laquelle elle fut érigée en principauté.

SOUBISE (Benj. de ROHAN, seigneur de), général protestant, 2e fils de René de Rohan et de Catherine de Parthenay, héritière de Soubise, et frère de Henri de Rohan, chef du parti, fut nommé par l'assemblée protestante de 1621 commandant général des prov. de Poitou, Bretagne, Anjou, soutint un siége d'un mois dans St-Jean-d'Angély, s'empara du Bas-Poitou, menaça Nantes, mais s'enfuit devant Louis XIII sans combattre, et passa en Angleterre après la prise de Montpellier (1622). En 1625, il se jeta sur la flotte royale de Blavet, l'emmena à l'île de Ré, et demeura maître de la mer entre Nantes et Bordeaux, mais il perdit la même année une bataille navale contra Montmorency. Lors du siège de La Rochelle, il amena devant ce port une flotte anglaise avec le duc de Buckingham, mais ne put réussir à secourir la ville. Bien que compris dans la pacification de 1629, il ne voulut point en profiter et retourna en Angleterre, où il mourut en 1641, sans postérité.

SOUBISE (Ch. de ROHAN, prince de), né en 1715, m. en 1787, fut aide de camp de Louis XV (1744-48), gouverneur de Flandre et Hainaut (1751), commanda, dans la guerre de Sept ans, un corps de 24 000 hommes (1757), et se fit battre honteusement à Rosbach par le grand Frédéric. Mis en 1758 à la tête d'une nouvelle armée, il obtint cette fois quelques avantages (à Sondershausen, à Lutzelberg), Occupa le landgraviat de Hesse et fut nommé maréchal de France. Il gagna en 1762 la bat. de Johannisberg, grâce aux conseils du maréchal d'Estrées. Depuis ce temps, il vécut à la cour, jouissant de toute la faveur de Louis XV et de Mme de Pompadour; il fut des premiers à rendre hommage à Mme Dubarry. Il était initié aux secrets du ministère occulte de Louis XV et fut mêlé à toutes les intrigues de la cour. Il est le seul des courtisans qui ait accompagné le corps de Louis XV à St-Denis. — Son frère, Armand de Rohan, dit le Cardinal de Soubise, né à Paris en 1717, m. en 1756, porta d'abord les noms de prince de Tournon et d'abbé de Ventadour. Coadjuteur de son grand-oncle, le cardinal Armand Gaston de Rohan, évêque de Strasbourg, il lui succéda en 1749 et devint peu après grand aumônier du roi. Il avait été fait cardinal dès 1747. Il était de l'Académie française.

SOUCHAY (l'abbé J. B.), chanoine de Rodez, né dans le Vendomois en 1688, m. en 1746, vint à Paris où il fut précepteur, entra en 1726 à l'Académie des inscriptions, et obtint en 1732 une chaire d'éloquence au collége Royal. On lui doit nombre d'éditions fort soignées, qui parurent pour la plupart anonymes, notamment des éditions d’Ausone, avec les Commentaires de Julien Fleury (1730), de l’Astrée de d'Urfé, et des Œuvres de Boileau (1735).

SOUDAN, altération du mot sultan. Ce nom fut surtout appliqué aux lieutenants Seldjoucides des califes et aux Atabeks. Saladin est par excellence appelé par les écrivains des Croisades le Soudan d’Égypte.

SOUDAN (le), contrée de l'Afrique. V. NIGRITIE.

SOUDRAS, la 4e caste dans l'Inde. V. BRAHMANISME.

SOUFFLOT (Jacq. Germain), architecte, né en 1714 à Irancy près d'Auxerre, m. en 1781, visita l'Italie et l'Asie-Mineure, construisit à Lyon plusieurs édifices remarquables, entre autres l’Hôtel-Dieu, puis vint se fixer à Paris, où il fut élu membre des Académies d'architecture et de peinture, et devint contrôleur, puis intendant général des bâtiments de la couronne. Il fit construire l’École de Droit de Paris, donna en 1757 le plan de Ste Geneviève (Panthéon) et dirigea jusqu'à sa mort la construction de ce magnifique édifice où, par la grandeur de la conception et la pureté des ordonnances, il remit en honneur le style de l'antiquité, mais il ne put l'élever que jusqu'à la naissance du dôme. Il essuya au sujet de ce dôme de vives contradictions, qui empoisonnèrent ses derniers jours. Ses ouvrages et ses dessins ont été publ. par G. M. Dumont (1767 et 1781).

SOUFRIÈRE (la), mont. de la Guadeloupe. V. ce nom.

SOUILLAC, ch.-l. de c. (Lot), sur la r. dr. de la Dordogne, à 24 kil. N. de Gourdon; 3128 hab. Trib. de commerce ; anc. abbaye de Bénédictins. Fabrication d'outils aratoires ; commerce de vins, truffes, cuirs, sel, etc. Fontaines jaillissantes.

SOUILLY, ch.-l. de c (Meuse), à 17 kil. S. O. de Verdun; 904 h. Fabrication de bois pour brosses.

SOUKOUM-KALÉ, v. et forteresse russe de la Circassie, dans l'Abasie, sur la côte E. de la mer Noire, par 43° 10' lat. N. Occupée par les Russes depuis 1812, momentanément évacuée en 1854.

SOULAINES, ch.-l. de c. (Aube), à la source de la Laine, à 28 k. N, de Bar-sur-Aube; 1600 h. Bonneterie.

SOULAVIE (J. L. GIRAUD), littérateur, né à l'Argentière (Ardèche),en 1752, m. en 1813, était au moment de la Révolution vicaire général du diocèse de Châlons. Il prêta serment à la constitution civile du clergé, se maria, fut nommé en 1793 résident de la République à Genève, fut incarcéré en 1794 comme partisan de Robespierre, rentra dans l'obscurité après le 18 brumaire, et finit par se réconcilier avec l’Église. Il a édité les Mémoires de St-Simon, du duc d'Aiguillon (écrits par Mirabeau), de Duclos, du duc de Choiseul, de Maurepas (rédigés par Salé), a publié des Pièces inédites sur les règnes de Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, et a écrit lui-même : Histoire naturelle de la France méridionale, 1782; Hist. des États généraux, 1789, in-8; Mémoires du maréchal de Richelieu, 1790-93 (d'après des matériaux fournis par le maréchal); Mémoires historiques et politiques du règne de Louis XVI, 1801; Hist. de la Décadence de la monarchie française, 1805.

SOULE (la), Subola, anc. petit pays de la Gascogne, entre le Béarn à l'E., la Navarre française à l'O. et la Navarre espagnole au S. ; ch.-l. Mauléon. Ce pays fait auj. partie du dép. des B.-Pyrénées. Jadis titre d'une vicomté, que Philippe le Bel réunit à la couronne en 1306.

SOULÈS (Franç.), né à Boulogne-sur-Mer vers 1750, m. en 1809, a traduit de l'anglais les Romans d'Anne Radcliffe, les Voyages en France et en Italie d'Arthur Young, les Droits de l'Homme de Th. Payne, etc.

SOULI, petite ville de la Turquie (Albanie), à 45 k. S. S. O. de Janina, au milieu des montagnes. Le territoire environnant, correspondant à une partie de l'anc. Étolie, a longtemps servi de refuge à quelques familles de l'Épire, dont les descendants conservaient la haine de la domination turque. Les Souliotes se sont immortalisés par la victoire qu'ils remportèrent en 1790 sur Ali-Pacha, et par la résistance désespérée qu'ils lui opposèrent en 1792 et de 1800 à 1803. Se voyant enfin hors d'état de résister, ils émigrèrent en masse dans la vallée de Parga, qu'ils furent encore forcés de quitter à cause des nouvelles attaques d'Ali et de la trahison des Anglais (1804). Ils se retirèrent alors dans l'île de Corfou. La Porte les laissa revenir dans leur pays après la mort d'Ali, en 1822. Ary Scheffer a immortalisé le patriotisme des Souliotes dans une toile célèbre.

SOULIÉ (Frédéric), poëte dramatique et romancier, né à Foix en 1800, m. en 1847, était fils d'un employé des finances et occupa lui-même pendant quelques années un emploi dans cette administration. Il débuta dans les lettres par un volume de poésies, Amours françaises, qui fut assez bien accueilli, puis donna au théâtre, avec beaucoup de succès, Roméo et Juliette, tragédie en 5 actes et en vers, 1828, imitée de Shakespeare ; Christine à Fontainebleau, pièce romantique, 1829; la Famille de Lusigny ; Clotilde, 1832; la Closerie des genêts, 1846, drame qui fit courir tout Paris. Ses principaux romans sont : les Deux cadavres, 1832; le Magnétiseur, 1834; Romans historiques du Languedoc, 1834-36; l'Homme de lettres, 1838; enfin les Mémoires du diable, 1837-38: c'est une imitation du Diable boiteux de Lesage, mais où il s'est plu à représenter la société dans ce qu'elle a de plus hideux.

SOULINA, un des bras du Danube à son embouchure dans la mer Noire, entre ceux de Kilia au N. et de St-George au S. Soulina donne son nom à un petit port, qui a pris de l'importance depuis le traité de 1856, qui établit la libre navigation du Danube.

SOULOU (Archipel de), entre l'île de Bornéo et celle de Mindanao, par 117°-120° long. E., et 5° 45'-6° 45' lat. S., se compose d'env. 160 îles. L'île principale est Soulou (capit. Soulou, sur la côte N. O.). La mer qui environne ces îles est parsemée de récifs de corail et de madrépores. Beau climat; fruits des tropiques. Tout l'archipel, plus un vaste territoire dans le N. E. de Bornéo, compose un État que régit le sultan de Soulou. La population est musulmane et peut monter à 200 000 hab., presque tous pirates.

SOULT (Nic. Jean de Dieu), maréchal de France, né en 1769 à St-Amans-la-Bastide (Tarn), m. en 1852, s'enrôla à 16 ans, passa par tous les grades inférieurs, fut nommé capitaine en 1793 à la suite d'une action d'éclat, obtint en une seule année (1794) les grades de chef de bataillon, de colonel, de général de brigade, après avoir puissamment coopéré à la conquête de la Belgique; assura par ses habiles manœuvres le succès de la journée d'Altenkirchen, fut fait général de division en 1799 après l'action de Liebtengen, où il avait repoussé avec 5000 hommes 30 000 Autrichiens ; seconda Masséna en Suisse, prit part à la bataille de Zurich et poursuivit les débris de l'armée de Souvarow; suivit Masséna en Italie (1800), se couvrit de gloire par les opérations qu'il exécuta autour de Gênes pour délivrer cette place qu'assiégeaient les Autrichiens, mais eut la jambe fracassée par un biscaïen au moment où il allait enlever le Monte-Creto, qui domine la ville, et tomba entre les mains de l'ennemi; fut compris dans la première promotion de maréchaux (1804), et mis en 1805 à la tête du 4e corps de la grande armée; fit capituler Memmingen, commanda le centre à la bat. d'Austerlitz et décida la victoire ; prit une part non moins glorieuse, dans la campagne de Prusse, aux victoires d'Iéna et d'Eylau et enleva Kœnigsberg, succès après lesquels il fut fait duc de Dalmatie; passa en 1808 en Espagne, où il fut opposé à Wellington, signala son arrivée par la victoire de Burgos, prit la Corogne, le Ferrol, enleva le camp d'Oporto, tailla l'ennemi en pièces à Ocana (1809), prit Séville et investit Cadix (1810); se vit en 1812, après le désastre de Russie, obligé de se rapprocher de la France, et fit à travers l'Espagne une retraite qui est un chef-d'œuvre de stratégie; parut quelques instants en Allemagne en 1813 et concourut à la victoire de Bautzen; retourna précipitamment en Espagne la même année pour y réparer nos désastres, disputa pied à pied le terrain à l'armée anglo-espagnole qui marchait sur la France, combattit à Peyrehorade, St-Palais, Orthez, Aire; livra à Wellington sous les murs de Toulouse, le 10 avril 1814, un dernier combat où il tint tête avec 22 000 hommes à plus de 80 000 Anglais et Portugais, et ne posa les armes que quand les Bourbons eurent été assis sur le trône ; se rallia, après une courte disgrâce, au nouveau gouvernement et accepta dès 1814 le portefeuille de la guerre, mais se le vit retirer peu de jours avant le 30 mars 1815 : occupa pendant les Cent jours le poste de major général de l’armée, et combattit avec sa valeur ordinaire à Fleurus et à Waterloo ; fut exilé au retour des Bourbons et ne put rentrer en France qu’en 1819 ; se dévoua au gouvernement de Louis-Philippe après la révolution de 1830, remplaça cette même année le maréchal Gérard au ministère de la guerre et devint bientôt après président du conseil ; réorganisa l’armée, prépara et fit exécuter en 1832 la glorieuse expédition d’Anvers ; représenta la France en 1838 au couronnement de la reine d’Angleterre, et fut dans la Grande-Bretagne l’objet d’une véritable ovation ; reprit en 1839 le portefeuille de la guerre, avec la présidence du conseil ; se vit forcé en 1847, par l’état de sa santé, de résigner ses fonctions, et reçut du roi Louis-Philippe en quittant le pouvoir le titre exceptionnel de maréchal-général, titre que n’avaient porté avant lui que Turenne, Villars et le maréchal de Saxe. Soult était surtout un grand tacticien : après la victoire d’Austerlitz, Napoléon le proclama le premier manœuvrier de l’Europe. Comme ministre, il déploya des capacités administratives égales à celles de l’homme de guerre. Il a laissé de précieux Mémoires sur ses campagnes, qui ont été publiés par son fils, en 1854 et ann. suiv. Il avait formé une magnifique collection de tableaux, qui a été dispersée après sa mort. — Hector Soult, son fils, 1807-57, d’abord officier d’état-major, entra après 1830 dans la carrière diplomatique, remplit successivement les fonctions de ministre plénipotentiaire à La Haye, à Turin, à Berlin, fut longtemps député du Tarn, et appuya la politique conservatrice.

SOULTZ, v. d’Alsace-Lorraine, à 22 kil. S. O. de Colmar ; 3988 h. Rubans de soie, blanchisseries.

soultz-les-bains, bg. d’Alsace-Lorraine sur la Bruche, à 20 kil. O. de Strasbourg ; 1000 h. Bois de chauffage. Eaux thermales.

soultz-sous-forêts, bg. d’Alsace-Lorraine, à 16 kil. S. de Weissenbourg ; 1740 h. Houille, asphalte et pétrole, source salée ; vins estimés.

SOULTZMATT, bg d’Alsace-Lorraine à 22 k. S. O. de Colmar ; 2718 h. Eaux minérales acidulées, bains.

SOUMAROKOV (Alexandre Pétrovitch), poëte russe, né en 1718, m. en 1778, était fils d’un général. Il fut conseiller d’État, directeur des théâtres de la cour, membre de plusieurs sociétés savantes, et fut comblé d’honneurs et de richesses par Catherine II. Il a laissé des tragédies (Zémiro, Korev, Sinav et Trouvor, etc.), des comédies, des poëmes didactiques, des poésies diverses (odes, épîtres, satires, élégies, etc.), des Dialogues des Morts, etc. Ses Œuvres complètes ont paru à Moscou, 1787, 10 vol. in-8. Il est le premier de sa nation qui ait écrit des drames réguliers sur le plan de ceux de Corneille, de Racine et de Voltaire ; mais il choisit presque tous ses sujets dans l’histoire de Russie.

SOUMET (Alexandre), poëte, né en 1786 à Castelnaudary, m. en 1845, obtint dès sa première jeunesse de nombreuses palmes aux jeux Floraux, vint à Paris en 1808, y disputa les couronnes de l’Académie française, et l’emporta plusieurs fois sur Millevoye et Casimir Delavigne; fit paraître en 1810 l’Incrédulité, poëme didactique inspiré par une foi vive, et publia la même année une Ode à Napoléon le Grand, qui le fit nommer auditeur au Conseil d’État ; se rallia aux Bourbons en 1815, et fut nommé bibliothécaire du roi à St-Cloud : se prépara pendant plusieurs années à paraître sur la scène et fit représenter successivement plusieurs tragédies qui eurent presque toutes un brillant succès : Clytemnestre, 1820 ; Saül, 1821 ; Cléopatre, Jeanne d’Arc, 1825 ; Élisabeth de France, 1828 ; une Fête de Néron (avec Belmontet), 1830 ; Norma, 1831. Après cette dernière œuvre, il s’éloigna de la scène afin de se consacrer à la poésie épique, et ne reparut au théâtre qu’au bout de dix ans, pour donner quelques tragédies nouvelles, faites en commun avec sa fille Gabrielle : le Gladiateur (1841), Jeanne Grey (1844). Dans l’intervalle, il avait composé deux grands poëmes, Jeanne d’Arc et la Divine épopée, conception hardie où le poëte chante la rédemption, et qui est comme la contre-partie du Paradis perdu. Soumet s’est aussi exercé avec succès dans le dithyrambe, l’épître et l’élégie : tout le monde a retenu sa touchante élégie de la Pauvre fille. Il avait été reçu à l’Académie française dès 1824. Ce poëte appartient à une école qui voulait plus d’indépendance que les classiques, mais sans tomber dans les écarts du romantisme ; ses productions, souvent neuves et hardies, brillent surtout par la beauté de la forme, par l’harmonie et le coloris du style. Émule de C. Delavigne, il est avec lui le plus grand tragique de son temps. — Sa fille, Gabrielle S., auj. Mme d’Altenheim, née en 1814, s’est montrée la digne héritière de son talent : outre sa coopération aux tragédies déjà mentionnées, elle a donné les Filiales, 1836 ; les Nouvelles Filiales, 1838 ; Berthe Bertha. 1843, poëme où domine l’élément chrétien, et qui l’a fait proclamer la Muse des larmes et de la miséricorde. Elle a publié en 1846 les ouvrages inédits de Soumet.

SOUR, l’anc. Tyr, ville de Syrie (Acre), dans une presqu’île, à 36 kil. N. d’Acre ; 7000 hab. Son port, autrefois si célèbre, est presque comblé ; sa rade, qui est assez sûre, est très-frequentée. V. tyr.

SOURA, riv. de la Russie d’Europe, naît dans le gouvt de Simbirsk, arrose ce gouvt, ainsi que ceux de Penza, Simbirsk, Nijnéi-Novogorod, reçoit l’Ouza, l’Alatyr et la Piana, et tombe dans le Volga à Varil, après un cours de 750 kil.

SOURABAYA, v. forte et port de l’île de Java, sur la côte N. E., ch.-l. de prov. ; env. 80 000 h. Rade d’accès difficile ; arsenal, fonderie de canons, vastes chantiers de construction, culture de plantes rares.

SOURAKARTA ou solo, v. de l’île de Java, sur la riv. de son nom, au S. E. de Samarang, à 500 kil. E. S. E. de Batavia ; env. 100 000 hab. Capitale de l’anc. État de Matarem. Cette ville est formée par la réunion de plusieurs gros villages. C’est un des centres du commerce hollandais.

SOURDEVAL-DE LA-BARRE, ch.-l. de c. (Manche), sur la Sée, à 10 kil. N. de Mortain ; 4056 hab.

SOURDIS (Franç. d’escoubleau de), cardinal, né vers 1570, m. en 1628, était parent de Gabrielle d’Estrées, et dut sa fortune à cette parenté. Après avoir quelque temps vécu dans le monde sous le nom de La Chapelle-Bertrand, il reçut les ordres et fut fait archevêque de Bordeaux (1591), puis cardinal (1599). Violent de caractère, il eut de graves démêlés avec son chapitre et avec la parlement de Bordeaux, et subit un court exil. Néanmoins il rentra en grâce et fut même chargé de célébrer le mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche (1615). Il tint le concile provincial de 1624, d’où sortirent de bonnes ordonnances sur la discipline ecclésiastique. Il mourut en 1628. — Son frère, H. d’Escoubleau de Sourdis, évêque de Maillezais en 1623, lui succéda en 1628 comme archevêque de Bordeaux, eut l’intendance de l’artillerie et la direction générale des vivres au siége de La Rochelle (1628), prit part à l’expédition navale d’Italie de 1633 et à la reprise des îles Ste-Marguerite. Il eut avec d’Épernon, gouverneur de Bordeaux, homme hautain et brutal, un démêlé violent, dans lequel tous les torts n’étaient pas de son côté, et fut soutenu en cette occasion par Richelieu. Il présida l’assemblée du clergé en 1634, et mourut à Auteuil en 1645. E. Sue a publié ses Mémoires (dans les Documents inédits), 1839.

SOURGOUT, v. de la Russie d’Asie (Tobolsk), sur l’Obi, par 70° 45’ long. E., 61° 25’ lat.N. ; 1 500 h. Fondée en 1593. Résidence du commissaire russe chargé de la perception du tribut des Ostiaks. SOURNIA, ch.-l. de cant. (Pyrénées-Orient.), à 13 kil. N. de Prades; 957 hab.

SOUROUGA, grande v. du Japon, ch.-l. de prov., dans l'île de Niphon, sur la côte S., à 155 kil. S. O. d'Yédo. On lui a donné 600 000 hab.

SOUS, ruines qu'on trouve en Perse (Khousistan), et qui contiennent un espace de 15 à 16 kil., près de Desfoul. On croit qu'elles occupent l'emplacement de l'anc. Suse ou bien d’Elymaïs.

SOUS, v. et pays d'Afrique. V. SUS.

SOUSA ou SOUSSE, Adrumetum, v. de l'État de Tunis, sur la Méditerranée, à 110 k. S. E. de Tunis; Rade, mais pas de port. Trois châteaux forts, vaste mosquée; chemin de fer, télégraphe électrique. Huile, savon; commerce important, fait surtout par navires français. Consulat français.

SOUSAM-ADASSI, nom turc de Samos.

SOUSTONS, ch.-l. de c. (Landes), à 27 kil. N. O. de Dax ; 3285 hab. Commerce de bois et de résines.

SOUTCHAVA, ville de Galicie (Czernovicz), à 45 k. S. S. E. de Czernovicz, sur la Soutchava (affluent du Séreth) ;6000 hab. Beaucoup de ruines. Commerce avec la Transylvanie et la Moldavie. — Jadis plus grande et séjour des princes de Moldavie.

SOU-TCHEOU-FOU, grande v. de Chine, ch.-l. de dép. de Kiang-sou, sur le Canal impérial, par 31° 23' lat. N., 118° 8' long. E., au S. E. de Nan-king ; 250 000 hab. Elle est coupée par un grand nombre de canaux, ce qui l'a fait nommer la Venise chinoise. Beaux temples ; tour à 7 étages; arcs de triomphe; brocarts, broderies, imprimeries, etc. Grand entrepôt du commerce avec l'étranger. Cette ville a été prise et pillée en 1858 ; par les Taëpings, reprise en 1864 par les troupes impériales. Environs délicieux, qui ont fait surnommer ce pays le Paradis terrestre; c'est le séjour habituel d'une foule de riches.

SOUTERRAINE (la). V. LA SOUTERRAINE.

SOUTHAMPTON, jadis Hanton, en latin Clausentum, v. et port d'Angleterre (Hampshire), à 17 kil. S. O. de Winchester, dans une presqu'île, à l'embouchure de l'Itchin et du Test dans la Manche; 35 000 h. Anciens monuments; belles églises; chemin de fer pour Londres. Chantiers de construction, peu d'industrie; commerce maritime actif; bateaux à vapeur pour le Havre; bains de mer. — Bâtie par les Romains, elle devint importante sous les Saxons; elle fut envahie et pillée en 1339 par une flotte française. Cette ville a donné son nom au comté de Southampton ou Hampshire, quoiqu'elle n'en soit pas le chef-lieu.

SOUTHAMPTON (Comté de). V. HAMPSHIRE.

SOUTHERN (Thomas), poëte anglais, né en 1660 à Dublin, m. à Westminster en 1746, étudia un peu les lois, puis servit comme enseigne, revint à Londres après la paix et fit des pièces de théâtre qui lui valurent réputation et fortune. Ses Œuvres (recueillies en 1735, 2 vol. in-12) se composent surtout de comédies et de drames : on y remarque l’Excuse des femmes; le Fatal mariage; Oroonoko ou l’Esclave royal, pièces où l'on trouve, avec un style élégant, le talent de créer et de développer les caractères.

SOUTHEY (Robert), poëte anglais de l'école des Lakistes, né en 1774 à Bristol, mort en 1843, professa d'abord des opinions démocratiques, et débuta par un drame révolutionnaire, Wat Tyler; obtint en 1801 une place de secrétaire du chancelier de l'échiquier d'Irlande et devint dès lors ardent tory; fut proclamé en 1813 poëte lauréat, et put depuis se livrer tout entier à ses goûts littéraires. Il se retira à Keswick, dans le Cumberland, près des beaux lacs de ce pays qu'il célébra dans ses poésies; dans ses dernières années, il tomba en démence. Southey a écrit avec un égal succès en vers et en prose. Ses œuvres en vers se composent de poëmes : Jeanne d'Arc, 1796; Thalaba, 1803; Madoc, fondé sur une légende galloise, 1805 ; la Malédiction de Kehama, 1811; Roderic, le dernier des Goths, 1814, œuvre remarquable par la couleur locale ; de contes, enfin de ballades, genre dans lequel il excellait : on connaît surtout la Jeune fille d'Auberge, la Sorcière de Berkeley, St-Gualbert. Ses poésies se recommandent par le goût et l'élégance plus que par l'imagination. Parmi ses écrits en prose, on cite les Histoires du Brésil, — de la Guerre de la Péninsule, — des Indes occidentales, — de la Marine anglaise; les biographies de Nelson, de Wesley, etc. On lui reproche d'avoir plus d'une fois fait de l'histoire un roman. Plusieurs de ses écrits ont été traduits: Roderic, par Bruguières de Sorsum, 1820; l’Hist. de la Péninsule, par Lardier, 1828. Son fils a publié ses Mémoires et sa Correspondance, 1848-50.

SOUTHWARK, faubourg de Londres, dans la partie S. de cette ville, sur la r. dr. de la Tamise; 80 000 hab. Grand commerce maritime ; beaucoup d'usines et de fabriques. Southwark formait d'abord une ville à part : quoique jointe à Londres auj., elle appartient au comté de Surrey (tandis que Londres est dans le comté de Middlesex).

SOUTHWOLD, v. et port d'Angleterre (Suffolk), à l'embouch. de la Blythe, à 23 kil. S. de Yarmouth; 2000 hab. Bains de mer, marais salants. Dans la baie de Southwold eurent lieu deux rencontres navales entre les Anglais et les Hollandais (1666 et 1672).

SOUVAROV (Alexis Vasiliévitch, comte), général russe, né en 1729 ou 1730 en Finlande selon les uns, dans l'Ukraine selon les autres, entra au service comme simple soldat, se distingua dans la guerre de Sept ans et fut après cette guerre nommé colonel, commanda l'assaut de Cracovie en 1768, vainquit l'armée polonaise à Stralovitz et sur plusieurs autres points (1768-72), battit les Turcs en 1773, eut part à la victoire de Kosludje (1774), soumit les Tartares Nogaïs de la Crimée (1782), reçut les titres de général en chef et de gouverneur de Crimée, commanda un corps dans la guerre commencée en 1788 contre la Porte, se distingua à Kinbourn, à Otchakov, gagna, avec le concours du prince de Cobourg (1789), les bat. de Fokchani et de Martinestié sur le Rimnik, et prit Ismaïlov (1790), dont il massacra les habitants. Envoyé contre les Polonais, il battit Kosciusko à Maciéjovice, fit un carnage effroyable des habitants de Praga, faubourg de Varsovie, puis entra dans Varsovie même (1794), et reçut en récompense de Catherine II le titre de feld-maréchal, avec des terres considérables. Après trois années de repos, il fut envoyé comme généralissime en Italie avec 30 000 Russes, obtint un avantage sur les Français à Cassano (avril 1799), força Macdonald à la retraite après un combat de 3 jours sur la Trébie (juin), et remporta la victoire de Novi sur Joubert (août), mais il fut enfin refoulé par Masséna. Rappelé en Russie par Paul I, il ne trouva point à St-Pétersbourg l'accueil triomphal sur lequel il comptait; il mourut peu après mécontent et en disgrâce (1800). Les Russes lui donnent les surnoms de Rimnikski (à cause de sa victoire à Martinestié sur le Rimnik) et d’Italiski (en mémoire de sa campagne d'Italie). Une statue lui a été élevée sur le Champ de Mars de St-Pétersbourg. Une Vie de Souvarov tracée par lui-même, d'après ses lettres et ses écrits, a été publiée par Serge Glinka, Moscou, 1819.

SOUVESTRE (Émile), littérateur, né à Morlaix en 1806, m. en 1854, était d'une famille de marins bretons. Après avoir été commis de librairie, maître de pension à Nantes, régent de rhétorique à Mulhouse, professeur à l'École d'administration en 1848, il se consacra tout entier aux lettres. Il s'est surtout exercé dans le roman : la plupart de ses compositions ont été inspirées par le souvenir et l'amour de la Bretagne. On peut citer le Foyer Breton, les Scènes de la Chouannerie, et surtout les Derniers Bretons, où s'entremêlent les paysages, les traditions populaires et les poésies nationales. Il a aussi travaillé pour le théâtre ; son œuvre principale en ce genre est Riche et pauvre, drame en 5 actes, 1837. Souvestre manque parfois d'invention et d'originalité; mais entre ses mains le roman et la nouvelle ont toujours un caractère moral: son Philosophe sous les toits a mérité d'être couronné par l'Académie française.

SOUVIGNY, ch.-l. de c. (Allier), à 15 kil. S. O. de Moulins; 2805 hab. Église gothique (où sont les tombeaux des anciens sires de Bourbon). Anc. prieuré de Bénédictins, fondé par Aymar, 1re sire de Bourbon. C'est en ce lieu que Charlemagne fit ses premières armes en combattant le duc d'Aquitaine.

SOUVIGNY (Ch. SOREL, sieur de). V. SOREL.

SOUVRÉ (Gilles de), marquis de Courtanvaux, né en 1540, m. en 1624, suivit en Pologne le duc d'Anjou (Henri III), fut à son retour nommé grand maître de la garde-robe, puis capitaine du château de Vincennes. Il refusa de participer à l'assassinat du duc de Montmorency projeté par Catherine de Médicis, reconnut un des premiers les droits de Henri IV, qui le choisit plus tard pour gouverneur du Dauphin, et obtint en 1613 le bâton de maréchal de France.

SOUZA, v. de Portugal (Minho), à 20 kil. E. de Porto; 4000 hab. Titre de comté.

SOUZA (Manoel DE FARIA y). V. FARIA.

SOUZA-BOTELHO (Jos. Marie, baron), littérateur portugais, né en 1758 à Oporto, mort en 1825, était fils d'un gouverneur de la prov. de St-Paul au Brésil. Il fut envoyé comme plénipotentiaire en Suède (1791), en Danemark (1795), en France (1802), et quitta les affaires en 1805 pour se livrer exclusivement aux lettres. On lui doit une magnifique édition des Lusiades, Paris, 1817, in-4 (avec fig. de Girard), et une trad. en portugais des Lettres portugaises, Paris, 1824. Il avait épousé en 1802 Mme de Flahaut, qui suit.

SOUZA (Adèle FILLEUL, baronne de), née à Paris en 1760, m. en 1836, fut mariée fort jeune au comte de Flahaut, qui périt sur l'échafaud en 1793, lui laissant un fils (le comte de Flahaut, depuis pair de France et sénateur), se réfugia à l'étranger et y publia quelques romans pleins de charme; revint en France sous le Consulat, y épousa en secondes noces le baron de Souza-Botelho (1802), et se rattacha à la nouvelle cour. Ses romans parurent presque tous sous son premier nom de comtesse de Flahaut. Les principaux sont : Adèle de Sénanges (1794), Émilie et Adolphe (1799), Charles et Marie (1801), Eugène de Rothelin (1808), la Comtesse de Fargy (1823). Ils se font remarquer par une simplicité élégante et pleine de grâce, par la délicatesse du sentiment et la connaissance des parties les plus intimes du cœur humain; l'auteur y peint surtout les classes élevées de la société. Ses Œuvres ont été réunies en 1822, 6 vol. in-8; il en a paru un choix en 1840, 1 vol. in-12.

SOUZDAL, v. de Russie (Vladimir), sur la Kamanka, à 36 kil. N. de Vladimir; 3000 h. Citadelle, vieux palais des archevêques de Vladimir, etc. Jadis titre d'une principauté, qui formait un des apanages des princes russes de la maison de Rurick, et qui comprenait les gouvts actuels de Vladimir, Nijnéi-Novogorod, Moscou et quelques autres vers l'E. Il en est fait mention dès la mort d'Iaroslav I (1054). Méconnaissant la suzeraineté de Kiev, André I Bogolioubski, prince de Souzdal, érigea cette principauté en grand-principat en 1167; par suite de l'invasion des Mongols et de la ruine de Kiev, ce grand-principat devint en fait l’État prédominant de la Russie, sous le nom de grand-duché de Moscou. Mais plusieurs fois les grands-ducs détachèrent la principauté proprement dite comme nouvel apanage. Elle fut réincorporée pour toujours au grand-duché en 1392 par Vasili II.

SOVANA ou SOANA, Suanum, v. de Toscane, à 94 k. S. de Sienne. Évêché. Patrie du pape Grégoire VII. Restes d'une nécropole étrusque.

SOZOMÈNE (Hermias), historien grec, né en Palestine au commencement du Ve s., fut avocat à Constantinople. Il composa une Histoire ecclésiastique en 9 liv., qui va de 324 à 439, et un Abrégé d'histoire depuis l'ascension de J.-C. jusqu'à la mort de Licinius en 323. Nous n'avons plus que le premier de ces ouvrages (dans les Historici græci de Rob. Estienne, Paris, 1544, et dans la Byzantine; il a été publié à part en 1860, à Londres, par R. Hussey); l'auteur s'y montre assez bon écrivain, mais mauvais critique. L’Hist. ecclésiastique a été en partie trad. en français par le président Cousin. C'est à tort qu'on attribue à Sozomène l’Irrisio gentilium, qui porte le nom d'Hermias.

SOZOPOLIS, v. de l'anc. Thrace, auj. Sizéboli.

SPA, Aquæ Spadanæ, bg de Belgique (Liége), à 24 kil. S. E. de Liège, dans une vallée de la Wèse; 3600 hab. Très-bien bâtie (depuis l'incendie de 1807). Chemin de fer. Eaux ferrugineuses froides célèbres, découvertes au XIIIe s., qui attirent tous les ans 2 ou 3000 étrangers de distinction ; on en expédie de grandes quantités à l'étranger. On fait à Spa des ouvrages en bois vernissé et en fer-blanc peint dits boîtes de Spa. — Le bourg a été bâti en 1327.

SPADA (Leonello), peintre, né à Bologne en 1576, m. en 1622, élève des Carraches, se distingue par un coloris vrai, par son originalité, sa hardiesse et par le relief dans le clair-obscur. Ses principales œuvres sont un S. Jérôme, à Parme, Suzanne au bain et l’Enfant prodigue, à Modène, le Martyre de S. Christophe et le Retour de l'Enfant prodigue, au Louvre.

SPAGNUOLI (BATTISTA), poëte. V. BATTISTA.

SPAHIS ou SIPAHIS, corps de cavalerie légère institué originairement en Turquie par Amurat I. On a donné ce nom dans notre armée d'Afrique à des cavaliers indigènes organisés à la française.

SPALATRO, Spalatum et Salone, v. et port des États autrichiens (Dalmatie), ch.-l. de cercle, sur un golfe de l'Adriatique, à 165 kil. E. S. E. de Zara; 16 000 h. Archevêché, fondé en 650, et dont le titulaire est primat de Dalmatie et Croatie; séminaire, gymnase, école normale. Nombreux édifices qui faisaient partie du palais de Dioclétien à Salone; cathédrale, qui était jadis un temple de Diane; baptistère (ancien temple d'Esculape). Lainages, soieries, rosoglio. Pêche active, grand commerce en vin, blé, figues, laines, suif, cire, rosoglio. Eaux thermales sulfureuses. — Spalatro doit son origine au palais construit en 303 à Salone par Dioclétien; elle n'occupe qu'une partie de l'emplacement de l'ancienne Salone, dont on voit les ruines aux environs.

SPALDING (Joachim), prédicateur, né en 1714 à Triebsess dans la Pomeranie suédoise, m. en 1804, fut d'abord précepteur particulier, devint en 1746 secrétaire de légation de l'envoyé de Suède à Berlin, puis remplit las fonctions de pasteur à Lassahn (Poméranie), et finit par être membre du consistoire et 1er pasteur de l'église de St-Nicolas de Berlin (1764). On a de lui ses Sermons (Berlin, 1765 et 1784), qui sont classiques en Allemagne; la Destination de l'homme, 1748, qui est le principal fondement de sa réputation, et quelques autres ouvrages. — George Spalding, son fils, philologue, 1762-1811, fut instituteur des enfants du prince Ferdinand de Prusse, professeur au gymnase de Berlin, conseiller au ministère de l'instruction publique, et membre de l'Académie de Berlin pour la classe historique. Il est connu par une excellente édition de Quintilien, Leipsick, 1798-1816, 4 vol. in-8.

SPALLANZANI (Lazare), naturaliste, né en 1729 à Scandiano, m. en 1799, étudia successivement les langues savantes, le droit, les mathématiques et les sciences physiques, devint professeur de logique et de littérature grecque à Reggio (1754), puis à Modène (1760), obtint en 1770 la chaire d'histoire naturelle de Pavie, avec la direction du musée, explora de 1779 à 1788 la Méditerranée, l'Italie, les monts Euganéens, l'Adriatique, l'Archipel, Corfou, Cérigo, Constantinople, la Roumélie, le Vésuve, l'Etna, les îles Éoliennes, et rassembla ainsi grand nombre d'objets d'histoire naturelle, qui donnèrent une face nouvelle au musée de Pavie. On lui doit uns infinité de découvertes, de recherches aussi originales que fécondes; elles roulent principalement sur la circulation du sang, la digestion, la génération (il admet des germes préexistants), les animaux microscopiques , la reproduction d'organes amputés, la fécondation artificielle. Ses principaux ouvrages sont : Observations microscopiques sur le système de la génération de Needham et de Buffon, Modène, 1767; Des Animalcules infusoires, 1767; Opuscules de physique animale et végétale, 1769; Des Phénomènes de la circulation, 1777 ; De la respiration, 1803 ; Voyages à Naples, en Sicile, dans les îles de Lipari, et dans plusieurs parties de l'Apennin. La plupart de ses ouvrages ont été trad. en français. Spallanzani était lié avec Bonnet, dont les travaux lui suggérèrent quelques-unes de ses plus belles recherches.

SPANDAU, v. forte des États prussiens (Brandebourg), à 14 kil. O. de Berlin; 10 000 h. Forte citadelle, qui sert de prison d’État; maison de force, établie dans un anc. palais des électeurs de Brandebourg; fabrique royale d'armes; lainages, soieries, toiles; eaux-de-vie, etc. Prise par les Suédois en 1631, par les Français en 1806.

SPANGENBERG (Aug. Théoph.), évêque morave, né en 1704 à Klettenburg, dans le comté de Hohenheim, m. en 1792, étudia la théologie, se lia avec le comte de Zinzendorf, se fit recevoir membre de l'établissement morave d'Herrnhut, alla plusieurs fois prêcher en Amérique (1735, 1746, 1751), y fonda plusieurs maisons sur le modèle de celle d'Herrnhut, fut élu évêque par ses coreligionnaires, et devint, après la mort de Zinzendorf, membre du conseil suprême d'Herrnhut (1760), inspecteur général des établissements de Hte-Lusace (1764), enfin président de la direction générale (1789). Il a laissé: la Vie du comte de Zinzendorf, Barby, 1772-75, et un Résumé de la doctrine des Frères, 1779 (en latin).

SPANHEIM ou SPONHEIM, bg des États prussiens (Prov. Rhénane), à 12 k. N. O. de Kreutznach. Anc. titre de comté, anc. abbaye de Bénédictins. — Le comté de Spanheim, formé vers le xe s., est resté dans la même famille jusqu'en 1437. Le 1er comte connu, Éverard de Neubourg, vivait vers 1064. Un de ses descendants, Jean I, eut, entre autres fils, Jean, tige des comtes de Sayn-Witgenstein (V. witgenstein), et Simon II, qui continua les comtes de Spanheim. Après l'extinction de la maison de Neubourg-Spanheim, le comté fut divisé entre la maison de Bade et un comte de Veldenz, d'où il passa à la branche palatine de Simmern, qui bientôt devint électorale ; mais, par l'effet de sous-partages, la partie palatine de Spanheim fut tantôt un apanage indépendant, tantôt la propriété commune de plusieurs coseigneurs (il y en avait 3 en 1673). — Le comté de Spanheim se divisait en Comté Antérieur (ch.-l. Kreutznach), et Comté Ultérieur, partagé lui-même en 5 bailliages (Birkenfeld, Castellaun, Traërbach, Allenbach et Vinteberg). Les margraves de Bade possédaient la plus grande partie du 1er et moitié du 2e; le reste était partagé entre les princes de la maison palatine. Auj. le comté de Spanheim est compris presque tout entier dans la Prusse Rhénane et dans la principauté oldenbourgeoise de Birkenfeld.

SPANHEIM (Ézéchiel), numismate, né en 1629 à Genève, m. en 1710, d'une famille ancienne du Bas-Palatinat du Rhin, était fils d'un théologien estimé. D'une rare précocité, il devint de bonne heure un savant du premier ordre, fut professeur d'éloquence à Genève (1650), puis gouverneur du fils de l'électeur palatin Charles-Louis, remplit pour ce prince plusieurs missions politiques en Italie, visita dans ce but Florence, Mantoue, Parme, Modène, Rome, Naples, la Sicile, Malte, et fut envoyé aux conférences d'Oppenheim et de Spire, ainsi qu'au congrès de Bréda. Il passa ensuite au service de l'électeur de Brandebourg, qui le nomma son ambassadeur à Londres (1702-05). Son principal ouvrage est le traité De usu et præstantia numismatum antiquorum (Rome, 1664, in-4 ; Londres et Amst., 1706-17, 2 vol. in-fol.), chef-d'œuvre d'érudition. Il a en outre édité les Œuvres de Julien, 1696, et a laissé des notes sur Callimaque, Josèphe, Thucydide, etc. — Son frère, Frédéric Sp., 1632-1701, professa la théologie à Heidelberg, puis à Leyde, et devint dans cette seconde ville professeur d'histoire sacrée, bibliothécaire et recteur de l'université. Ses Œuvres (en latin, Leyde, 1701-03, 3 vol. in-fol.) roulent sur la géographie, l'histoire sacrée et la théologie.

SPANISH-TOWN, dite Santiago de la Vega par les Espagnols, capit. de l'île de la Jamaïque, sur la Cobre, près de son embouch., par 79° 4' long. O., 18° 1' lat. N. ; 6000 hab. Évêché anglican. Pont de fer, beau palais du gouverneur. — Fondée en 1520 par Diego, fils de Christophe Colomb. Longtemps aux Espagnols, elle appartient auj. aux Anglais.

SPARRE (Éric), sénateur suédois, né en 1550, m. en 1600, eut grande part à l'élection du roi de Suède Sigismond III comme roi de Pologne, resta fidèle à ce prince quand Charles, duc de Sudermanie (Charles IX), voulut lui enlever la couronne de Suède, et se vit par suite obligé de quitter la Suède et de se réfugier en Pologne. Sigismond, vaincu, le livra à Charles IX, qui le fit décapiter à Linkœping (1600).

SPARTACUS, fameux chef d'esclaves, né en Thrace, mais de race numide et, à ce qu'on présume, de sang noble, servit d'abord dans un corps auxiliaire annexé aux armées romaines, déserta, fut repris, réduit en esclavage, et conduit à Capoue, où on en fit un gladiateur. Il s'échappa de sa prison avec plusieurs de ses compagnons l'an 73 av. J.-C., se mit à ravager la Campanie, battit le préteur Claudius, les deux consuls Gellius et Lentulus (72), et vit rapidement grossir son armée, qui un moment compta plus de 70 000 hommes. Reconnaissant néanmoins l'impossibilité de lutter contre la puissance romaine, il ne voulait que sortir de l'Italie et retourner en Thrace : déjà il était arrivé dans la Gaule Cisalpine, quand il se vit forcé, par l'inondation du Pô et par les cris de son armée, de rebrousser chemin et de se porter sur Rome. Hors d'état de prendre cette ville, il fut bientôt serré de près par des forces imposantes, refoulé dans le Brutium par Crassus, et cerné aux environs de Rhégium. Il tenta en vain de passer en Sicile, et, après avoir obtenu quelques nouveaux avantages, fut écrasé par Crassus à la bataille du Silare (71) : il périt en brave. Spartacus n'eut jamais qu'une autorité précaire sur les hordes indisciplinées qui le suivaient; c'est ce qui l'empêcha d'exécuter ses vastes projets. Il était, du reste, aussi humain qu'intrépide. Saurin a choisi Spartacus pour héros d'une tragédie estimée.

SPARTE, Sparta, ou lacédémone, Lacedæmon, v. du Péloponèse, capit. de la Laconie et de tout l'État lacédémonien, à peu près au centre de la Laconie, dans une région âpre et montueuse, près du Taygète et sur l'Eurotas, comptait env. 32 000 hab. Ville pauvre et sans fortifications ; peu de monuments (temples de Junon argienne, de Diane Chalciœcos, de Neptune, théâtre, portique dit des Perses). Aux portes de la ville étaient la Promenade dite Plataniste, le Cirque dit Dromos, le Gouffre dit Barathre (où l'on jetait les nouveau-nés contrefaits ou infirmes). Il n'existe plus auj. de Sparte que quelques ruines ; Mistra, à 4 kil. O. de l'anc. Sparte, a été en partie construite avec ses débris. — On place la fondation de Sparte vers 1880 av. J.-C. ; on l'attribue à Sparton, frère ou fils de Phoronée. Après Sparton, on cite parmi ses rois Lélex, Eurotas, Lacédémon, qui, vers 1577, agrandit Sparte ou bâtit auprès une ville nouvelle à laquelle il donna son nom (car Homère distingue Sparte et Lacédémone). Du xve au xiie s., Sparte et la Laconie furent occupées par la tribu hellénique des Achéens. Pendant cette période régnèrent Tyndare, Castor et Pollux, le pélopide Ménélas, gendre de Tyndare, Oreste et son fils Tisamène. Ce dernier fut enveloppé dans la ruine des Pélopides lors de la rentrée dans le Péloponèse des Héraclides unis aux Doriens (1190-1186). Aristodème, un des chefs héraclides, eut la Laconie en partage ; ce prince étant mort pendant l'expédition, ses deux fils, Eurysthène et Proclès, lui succédèrent conjointement, et devinrent ainsi la tige des deux familles qui depuis possédèrent simultanément le trône, les Proclides et les Eurysthénides. Aussitôt après la conquête, les vainqueurs (Héraclides et Doriens) retirèrent à la population laconienne, qui était achéenne d'origine, l'égalité des droits, et lui imposèrent un tribut, ainsi que le service militaire. Ceux qui voulurent résister (tels que les habitants d'Hélos, les Hilotes) furent réduits à l'état d'esclaves. De là trois classes d'habitants : 1° les Spartiates, conquérants; 2° les Laconiens, tributaires : 3° les Hilotes. Au commencement du ixe s. (898-870), les Spartiates reçurent de Lycurgue une législation célèbre, destinée à en faire un peuple austère et éminemment guerrier (V. lycurgue). Sparte, sous cette constitution, conserva ses deux rois, qui furent appelés archagètes; mais leur puissance était limitée par cinq éphores et par un sénat de 28 membres : aussi Sparte fut-elle plutôt une république militaire qu'un État monarchique. De 744 à 724, puis de 682 à 668, Sparte soutint contre la Messénie une lutte terrible, qui se termina par l'asservissement complet de sa rivale (V. messénie), et par la réduction des Messéniens en esclavage. Les guerres de Messénie furent suivies de la soumission des Arcadiens Tégéates (566-546), ainsi que de la conquête de Thyrée et de la Cynurie, enlevées aux Argiens (544). Déjà Corinthe en 582 et Sicyone en 580 avaient subi l'influence de Sparte ; peu à peu tout le reste du Péloponèse, qui se trouvait partagé en petits États faibles, tomba (sauf Argos et quelques cités) sous sa domination; elle finit par se faire donner la présidence et le généralat de la ligue péloponésienne. Athènes, alors puissante par sa marine, ses richesses, ses nombreux alliés ou sujets, lui disputait seule la prééminence. Pendant les guerres médiques (480-459), Sparte joue le rôle le moins brillant : à l'exception du combat des Thermopyles, des victoires de Platée et de Mycale, où se signalèrent les Spartiates Léonidas, Pausanias, Léotychide, Athènes eut la part la plus glorieuse dans les grandes victoires remportées sur les Perses; la rivalité des deux républiques s'en accrut. En 466, un tremblement de terre détruisit une partie de la ville et amena le soulèvement des Ilotes et des Messéniens, ce qui donna lieu à la 3e guerre de Messénie : les Spartiates aux abois demandèrent des secours aux Athéniens, mais, ayant réussi avec leurs seules forces à comprimer le soulèvement, ils renvoyèrent avec dérision les troupes auxiliaires d'Athènes. A la fin du ve s. éclate la guerre du Péloponèse, qui dure 27 ans (431-404). Athènes est vaincue à Ægos-Potamos, la ville prise par Lysandre ; son port détruit et ses fortifications rasées. Sparte, au contraire, s'étend et consolide sa puissance ; elle porte même ses armes en Asie (V. agésilas), et favorise l'expédition du jeune Cyrus (401) ; mais à la même époque les institutions auxquelles elle avait dû sa supériorité s'altèrent ; l'argent, le luxe s'introduisent chez elle et amènent l'injustice, la corruption et la cupidité. Les États opprimés, Thèbes, Argos, Corinthe, les Thessaliens, Athènes, excités par la Perse, se liguent alors contre Sparte ; mais celle-ci, trahissant la patrie commune, signe avec le grand roi le traité d'Antalcidas (387), qui à la fois livre les Grecs d'Asie à la Perse et assujettit les Grecs d'Europe à Sparte. Cette république domine alors sur une partie de la Hellade, de la Thessalie et sur les cités sujettes d'Olynthe. Mais bientôt Thèbes, dont elle a occupé par surprise la forteresse (la Cadmée), se révolte et lui échappe, et, dans la guerre qui en résulte, Épaminondas, vainqueur à Leuctres (371), envahit le Péloponèse, rétablit la Messénie comme État, et donne un centre à la fédération arcadienne en bâtissant Mégalopolis (369). Sparte ne se releva jamais de ce double coup; mais la mort d'Épaminondas à Mantinée (363) lui permit de garder son indépendance. Lors de la formation de la Ligue achéenne, destinée à lutter contre la Macédoine, Sparte refusa d'y accéder : elle n'y entra que beaucoup plus tard, contrainte par Philopémen. Rajeunie un moment (225-223) par Cléomène, qui venait de rétablir les lois de Lycurgue, elle fut à la veille de devenir la cité dominante de la ligue achéenne, et dès lors de reprendre son ancien rôle ; mais Antigone Doson, dévoué aux Achéens, anéantit cet espoir par la victoire qu'il remporta à Sellasie sur Cléomène (222). Sparte retomba, et, après avoir tenté les derniers efforts sous les tyrans Machanidas et Nabis, elle subit le joug romain en 146 av. J.-C. et fit partie de la province d'Achaïe. Sous les empereurs, Sparte jouit d'une profonde tranquillité. Après le partage de l'empire sous les fils de Théodose, elle devint le chef-lieu d'un despotat dont toute la Morée dépendait. Lors de la fondation de l'Empire latin, 1204, elle fut comprise dans la principauté de Morée ou d'Achaïe ; elle forma ensuite, sous un prince de la famille des Paléologues, le Despotat de Sparte. Mahomet II s'en empara en 1460, et en chassa le dernier despote, Démétrius. Trois ans après, Sigismond Malatesta, prince de Rimini, allié de Démétrius, assiégea la ville, et, n'ayant pu la prendre, y mit le feu : ainsi périt Sparte, 33 siècles après sa fondation. Les Turcs firent de Mistra, qui s'était élevée sur ses ruines, le chef-lieu d'un livah. Depuis l'indépendance de la Grèce, le nom de Sparte a reparu et a remplacé celui de Mistra. Sparte, rebâtie par ordre du roi Othon, est auj. le chef-lieu de la nomarchie de Laconie et de l'éparchie de Lacédémone ; mais la population ne s'élève guère encore qu'à deux mille habitants. — Le Spartiate était robuste, brave, sobre, de mœurs pures, habitué aux privations et aux fatigues, dévoué à sa patrie ; mais dur, opiniâtre, ignorant. L'éducation était donnée en commun, et tendait plutôt à inspirer la patriotisme et à fortifier le corps qu'à développer l'esprit. Le commerce, l'industrie étaient nuls : la monnaie d'or et d'argent fut interdite jusqu'à la prise d'Athènes. La brièveté lacédémonienne, dite Laconisme, est devenue proverbiale. Les femmes spartiates (formées aussi par une éducation publique très-mâle) passaient pour les plus belles de la Grèce. Sparte est la patrie d'un grand nombre d'hommes illustres : Lycurgue, Léonidas, Pausanias, Agésilas, Lysandre, Agis, Cléombrote, Cléomène, etc.

Rois de Sparte.
(N. B. La chronologie de ces rois est fort incertaine).
Avant les Héraclides.
Sparton, vers 1880 Œbalus,
Lélex, vers 1742 Hippocoon,
Mylès ou Mélès, vers 1680 Tyndare, vers 1328
Eurotas, vers 1631 Ménélas (gendre de Tyndare), vers 1280
Lacédémon, vers 1577
Amyclas, vers 1480 Oreste (déjà roi d'Argos), vers 1240
Argalus,
Cynortas, vers 1415 Tisamène, 1220 ou 1192


Dynastie des Héraclides.

Aristodème, père de Proclès et d’Eurysthène, 1190

Proclid. ou Eurypontid. Eurysthénides ou Agides.
Proclès, 1186 Eurysthène,
Soüs, Agis,
Eurypon, 1142-986 Échestrate, 1186
Prytanis, Labotas,
Eunome, 986 Doryssus, 986
Polydecte, 907 Agésilas, 957
Charilaüs, mineur, 898 Archelaüs, 909
(Lycurgue, oncle de Charilaüs, régent, 898-879). Télècle, 853
Alcamène, 813
Nicandre, 809 Polydore, 776
Théopompe, 770 Eurycrate I, 724
Zeuxidame, 723 Anaxandre, 687
Anaxidame, 690 Eurycrate II, 652
(Quelques chronologistes placent ici un Archidamus, de 651 à 605) Léon, 645
Anaxandride, 597
Cléomène I, 519
Agasiclès, 645 Léonidas I, 491
Ariston, 597 Plistarque (Cléombrote I et Pausanias, rég.), 480
Démarate, 520 Plistoanax, 466
Léotychide, 492
Archidamus I ou II, 469 Pausanias, 409
Agis I, 427 Agésipolis I, 397
Agésilas, 400 Cléombrote II, 380
Archidamus II ou III, 361 Agésipolis II, 371
Agis II, 338 Cléomène II, 370
Eudamidas I, 330 Aréus ou Arétas I, 309
Archidamus III ou IV, 296 Acrotatus, 265
Eudamidas II, 261 Aréus ou Arétas II, 264
Agis III, 244 Léonidas II, 257
Eurydamidas, 239 Cléombrote III, usurp., 243
Euclidas ou Épiclidas, prince Eurysthénide, frère de Cléom. III, 234 Léonidas II, rétabli, 239
Cléomène III, 238
 Agésipolis III, 219
Lycurgue, de la race des Proclides, tyran 219
Machanidas, tyran, 210
Nabis, tyran, 205-192

SPARTEL (Cap), Ampelusia, cap du Maroc, en face du cap Trafalgar (en Espagne), par 8° 13' long. O., 35° 40' lat. N., à l'entrée S. du détroit de Gibraltar du côté de l'Atlantique. Beau phare.

SPARTIEN, Ælius Spartianus, un des auteurs de l’Histoire Auguste, vécut au ive s., sous Dioclétien et Constantin. Il a été trad. en français par Moulines, 1806; par Fl. Legay (coll. Panckoucke), 1844 ; et par Baudement (coll. Nisard), 1847.

SPARTIVENTO (Cap), Herculis promontorium, cap qui forme l'extrémité S. de l'Italie.

SPEKE (John Hanning), célèbre voyageur anglais, né en 1827 à Jordans (Somerset) m. en 1864 ; entra au service à 17 ans, et devint capitaine dans l'armée de l'Inde ; seconda en 1854 le capitaine Burton dans un essai de reconnaissance de l'Afrique orientale par le golfe d'Aden, et de 1857 à 1863 fit lui-même avec succès une expédition aux grands lacs : parti de Zanzibar, il arriva à Khartoum après avoir reconnu le Nyanza et suivi la rivière qui s'en épanche. Il a écrit le journal de son voyage, trad. en fr. par Forgues (les Sources du Nil, 1863, in-8o).

SPELLO, Hispellum, v. d'Italie (Pérouse), à 5 k. N. O. de Foligno; 6 000 hab. Ancien évêché, transféré à Spolète dès le vie s. Anc. place forte, prise par Charles-Quint en 1529, et démantelée par Paul III.

SPELMAN (H.), philologue et antiquaire anglais, né en 1562 près de Lynn-Regis (Norfolk), m. en 1641, a laissé : Glossarium archæologicum, Londres, 1664 ; Collection des conciles d'Angleterre, 1639-64 ; Codex legum et veterum statutorum Angliæ, inséré par Wilkins dans ses Leges anglo-saxonicæ.

SPENCER. V. spencer et sunderland.

SPENDIUS, esclave romain, déserta, prit du service parmi les Carthaginois, et fut un des chefs de la révolte des mercenaires, qui, en 420 av. J.-C., mit Carthage à deux doigts de sa perte. Amilcar le défit en 239 et le fit mettre en croix.

SPENER (Phil. Jacques), fondateur de la secte des Piétistes, né en 1635 à Ribeauviller (Alsace), m. en 1705, fut prédicateur à Strasbourg, puis à Berlin. Il publia un grand nombre d'ouvrages théologiques empreints d'une piété mystique, parmi lesquels on remarque les Devoirs de la vie évangélique, et introduisit sa réforme à l'Université de Halle, qui devint le foyer du Piétisme. Spener est de plus un des fondateurs de la science héraldique en Allemagne : son principal ouvrage en ce genre est le Theatrum nobililatis Europæ, Francfort, 1668-78, 4 vol. in-fol.

SPENSER (c.-à-d. dépensier), famille illustre d'Angleterre qui a formé deux branches : l'une éteinte en 1414, l'autre qui subsiste encore et dont les membres portent depuis 1643 le titre de comtes de Sunderland (V. sunderland). — A la première appartiennent les deux Hugues Spenser, père et fils, tous deux favoris d’Édouard II, roi d'Angleterre. Jaloux de leur crédit, les barons réussirent par leurs menaces à les faire exiler (1320) ; mais tous deux revinrent en Angleterre l'année suivante, reprirent leur ascendant sur le roi, firent périr sur l'échafaud un grand nombre de barons, et forcèrent même la reine Isabelle, qui leur était contraire, à se retirer en France auprès de son frère Charles le Bel. En 1326, Isabelle revint à son tour avec une armée qu'avait fournie le comte de Hainaut et que commandait Roger, comte de Mortimer, assiégea et prit les deux Spenser et le roi dans Bristol : les deux favoris furent mis à mort ; le roi fut assassiné dans sa prison (1327).

SPENSER (Edmond), poëte anglais, né à Londres vers 1550, m. en 1599, fit paraître en 1579 le Calendrier du Berger, poëme qui lui valut la protection de Philippe Sidney, le Mécène du temps, devint secrétaire de lord Grey de Wilton, lieutenant général de l'Irlande, obtint dans ce pays une concession de terres de plus de 3000 acres, et s'y fixa. Il fit paraître en 1590 les trois premiers chants de la Reine des fées (The fairy queen), poëme qui lui procura une grande célébrité et lui valut la faveur d’Élisabeth, dont il reçut une pension ; en 1596 il ajouta à son œuvre trois autres chants. L'ouvrage devait en avoir 12 ; on croit que les six derniers furent détruits dans le pillage de la maison de l'auteur, lors de la révolte de Tyrone, en Irlande, et que le chagrin que lui causa cette perte abrégea ses jours. Ce poëme est une allégorie qui représente la cour d’Élisabeth : la Reine des fées n'est autre qu’Élisabeth elle-même. La lecture en est fatigante, surtout à cause des allusions perpétuelles et des fréquents archaïsmes. L'auteur a adopté la stance de 8 vers, usitée en Italie. La meilleure édition de ce poëme est celle de Londres, 1751, 3 v. in-8. On a encore de Spenser quelques autres ouvrages, le Conte de la mère Hubberd, satire ; les Larmes des Muses; mais on a perdu une grande partie de ses productions, notamment 9 comédies.

SPÉRANSKI (Michel GRAMATINE, comte), homme d'État russe, né en 1772 à Tcherkoutina (Wladimir), m. en 1839, occupa les plus hauts emplois sous les empereurs Paul, Alexandre et Nicolas, proposa une législation uniforme pour toute la Russie, et fut créé en 1810 secrétaire d'Empire, avec mission de remanier tout le système administratif. Disgracié en 1812 pour s'être montré favorable à l'alliance française, il fut rappelé en 1822, reprit son rang dans le Conseil de l'Empire et fut chargé en 1825 par l'emp. Nicolas de coordonner les lois et les coutumes des Slaves : après 7 années d'un travail assidu, il fit paraître en 1833 l'immense recueil du Svod sakonov (Corpus juris russici), en 15 v. in-4, et reçut en récompense le titre de comte. Il travaillait depuis 6 ans à tirer de ce premier travail un code plus simple et plus régulier, lorsqu'il fut emporté par la mort.

SPERCHIUS, auj. Hellada, fleuve de la Thessalie (Phthiotide), prenait sa source dans le Pinde, coulait de l'O. à l'E. et tombait dans le golfe Maliaque près d'Anticyre.

SPERLINGA, petite v. de Sicile (prov. de Catane), à 32 kil. S. de Cefalu, offrit en 1282 un asile aux Français fuyant le massacre des Vêpres siciliennes.

SPERONI (Sperone) degli alvarotti, écrivain, né en 1500 à Padoue, mort en 1588, obtint l'estime de Pie IV et de Grégoire XIII, mais eut avec l'Inquisition des démêlés qui finirent par l'éloigner du monde (1578). On a de lui une tragédie, la Canace, tirée des Héroïdes d'Ovide, qui a longtemps passé pour le chef-d'œuvre du théâtre moderne, et des ouvrages en prose (Dialogues, Lettres, Observations sur Virgile, etc.). Ses Œuvres ont paru à Venise en 1740, 5 vol. in-4.

SPETZIA, Tiparenus, île de l'Archipel, sur la côte E. de la Morée, à l'entrée du golfe de Nauplie : 9 kil. sur 5 ; 35 000 hab., la plupart marins et pêcheurs. Commerce important. Cette île fut une des premières à lever l'étendard de l'indépendance.

SPEUSIPPE, philosophe d'Athènes, neveu et disciple de Platon, lui succéda dans la chaire de l'Académie en 347 av. J.-C. et mourut en 339. Selon Diogène Laërce, il déshonora son talent par son avarice, ses emportements et ses débauches. On connaît peu les doctrines qui lui sont propres ; on sait seulement qu'il sa rapprochait du Pythagorisme. M. Ravaisson a donné en 1838, sous le titre de Speusippi de primis principiis placita, un exposé des doctrines qui lui sont attribuées. Fischer a écrit sur sa Vie et ses doctrines, Heidelb., 1845.

SPEZZIA, Lunæ portus, v. fortifiée d'Italie (Gênes), ch.-l. de la prov. de Levante, sur le petit golfe de la Spezzia, à 80 kil. S. E. de Gênes et près de Luna ; 10 000 hab. Port militaire et de commerce ; lazaret. Le golfe de la Spezzia est un des plus beaux bassins du globe : il forme sept ports, est bien abrité des vents et très-aisé à défendre. Napoléon voulait en faire le premier port de son empire.

SPHACTÉRIE, auj. Sphagia, petite île de la mer Ionienne, sur la côte O. de la Messénie, en face de Pylos. En 425 av. J.-C., 420 Spartiates y soutinrent un siège célèbre contre une armée d'Athéniens.

SPHÆRIA, île de la mer Égée. V. POROS.

SPHINX (le), monstre fabuleux que l'on, trouve en Égypte et en Grèce. En Égypte le Sphinx était une statue colossale représentant généralement une lionne accroupie, à poitrine et à tête de femme : c'était, à ce qu'on croit, le symbole de Neith, déesse de la sagesse. Les ruines des temples égyptiens en Thébaïde offrent encore de longues avenues de sphinx monolithes. On remarque surtout le grand sphinx, monument colossal situé à l'E. de la 2e pyramide de Gizèh, et qui est en partie enseveli sous les sables ; la tête et le cou, que l'on voit encore, ont 27m de hauteur. C'est un rocher brut, à qui la nature avait donné les vagues contours d'un animal accroupi, et dont les Égyptiens complétèrent les formes. Il a été exploré en 1854 par M. Mariette. — La mythologie grecque a placé le Sphinx aux environs de la Thèbes de Béotie, et en a fait un être vivant ; mais, au corps de lion et à la tête de jeune fille des Égyptiens, elle a ajouté des ailes d'aigle. Le Sphinx, disent les poëtes grecs, né de Typhon et d'Echidna, avait été envoyé par Mars, irrité du meurtre du dragon que Cadmus avait tué ; il se tenait sur la route de Delphes à Thèbes, et proposait aux passants des énigmes à résoudre : ceux qui ne les devinaient pas étaient jetés à la mer ; enfin Œdipe vint et trouva le sens de l'énigme ; alors le Sphinx, vaincu, se précipita lui-même dans les flots, et Thèbes, dont les habitants avaient eu tant à souffrir de ce monstre, plaça sur le trône son libérateur et lui fit épouser la veuve du dernier roi. V. ŒDIPE.

SPICHEL ou ESPICHEL, Barbarium promont., cap du Portugal, par 38° 25' lat. N., 11° 35' long. O.

SPICKEREN, vge près de Forbach. — V. FORBACH.

SPIELBERG, citadelle autrichienne qui défend la ville de Brunn du côté de l'O., a servi jusqu'en 1857 de prison d’État pour les personnages condamnés au carcere duro : c'est là que fut enfermé Silvio Pellico.

SPIELMANN (Jacques), chimiste, né à Strasbourg en 1722, m. en 1783, fut quelque temps pharmacien, et obtint en 1759 une chaire de médecine, de chimie et de botanique dans sa ville natale. On lui doit l'analyse des différentes espèces de lait, ainsi que la connaissance des végétaux vénéneux de l'Alsace. Il a laissé : Institutiones chemiæ, Strasbourg, 1763 ; Institutiones materiæ medicæ, 1774 ; Pharmacopæa generalis, 1783. On doit à M. Cap une Étude biographique sur Spielmann.

SPINA, anc. v. de la Gaule Cisalpine, à l'embouch. la plus méridionale du Pô (Spineticum ostium, auj. Pô di Primaro), était une colonie pélasgique ; elle fut détruite de bonne heure.

SPINA (Alex. DELLA), Dominicain du XIIIe s., né à Pise, mort en 1313, passe pour avoir inventé les lunettes, invention que d'autres attribuent avec plus de fondement à Salvino degli Armati, de Florence, qui vivait à la même époque et qui mourut en 1317 (Salvino aurait fait cette découverte vers 1285). Il paraît du moins que Spina trouva par lui-même le secret de faire les lunettes, secret que le 1er inventeur tenait caché, et qu'il le fit connaître au public.

SPINCOURT, ch.-l. de c. (Meuse), à 33 kil. S. E. de Montmédy ; 585 hab.

SPINELLI (Matteo), vieux chroniqueur italien, né près de Bari vers 1230, m. en 1268 à la bat. de Tagliacozzo, a laissé une espèce de journal où sont consignés les événements de son temps. Cet écrit, un des plus anciens monuments de la prose italienne, fournit des anecdotes curieuses, mais manque d'exactitude chronologique. Il se trouve dans les Rerum italicarum scriptores de Muratori.

SPINOLA (Ambroise, marq. de), général célèbre, né à Gênes en 1571, m. en 1630, sortait d'une famille noble et riche qui joua un rôle dans les troubles civils de Gênes aux XIVe et XVe siècles. Il leva des troupes à ses dépens pour le roi d'Espagne Philippe III, soutint longtemps la cause espagnole des Pays-Bas, s'empara d'Ostende après 3 ans de siége (1604), fut nommé commandant général des troupes espagnoles des Pays-Bas (1621) et prit Bréda, puis marcha au secours du duc de Savoie contre les Français et prit Casal (1630); mais, après la mort de Philippe III, il se vit desservi près du nouveau roi Philippe IV, et fut sans cesse contrarié dans ses opérations ; il en mourut de chagrin.

SPINOZA (Bénédict), célèbre philosophe hollandais, né en 1632 à Amsterdam, d'une famille de Juifs portugais, fut élevé dans la religion de ses pères, mais conçut de bonne heure des doutes qui lui firent déserter la synagogue, et se vit bientôt proscrit par ses coreligionnaires. Il s'éloigna d'eux, changea son prénom de Baruch en celui de Benoît ou Bénédict (Benedictus), et alla vivre dans une retraite obscure, aux environs d'Amsterdam, suffisant à ses besoins avec le produit de verres d'optique qu'il fabriquait, et consacrant la plus grande partie de son temps à la méditation ; plus tard il se retira à Leyde, et enfin à La Haye, où, il mourut en 1677 d'une phthisie pulmonaire, à peine âgé de 45 ans. Il avait refusé la chaire de philosophie de Heidelberg pour conserver toute son indépendance. Spinoza avait été initié à la philosophie par l'étude de Descartes, mais bientôt il pensa par lui-même, et imagina un système qui lui est propre. Il n'admet qu'une substance unique, infinie, Dieu ; il lui donne deux attributs essentiels, l'étendue et la pensée ; tous les êtres finis ne sont que des parties ou des manifestations de cette seule substance, les corps n'étant que des modes de l'étendue infinie, et les esprits des modes de la pensée divine ; tout est l'effet d'une nécessité absolue ; il n'y a de liberté ni dans l'homme, ni même dans Dieu. Spinoza expose ce système avec tout l'appareil géométrique, commençant par définir la substance, la cause, termes vagues et abstraits, sur lesquels tout repose, puis avançant ses axiomes, proposant ses postulata, et donnant enfin ses démonstrations. Les Œuvres de Spinoza sont : 1° une Exposition du système de Descartes démontré géométriquement (Renati Descartes principia philosophiæ more geometrico demonstrata, Amst., 1663); 2° Tractatus theologico-politicus, Amst., 1670 (il y établit la liberté de pensée); 3° Opera posthuma, Amst., 1677. Ils contiennent : Ethica, traité de morale, où se trouve aussi exposé son système de panthéisme ; Tractatus politicus ; De intellectus emendatione ; Epistolæ : ces lettres sont adressées à L. Mayer, à Leibnitz, à Fabricius, etc. De nouvelles édit. de ses Œuvres complètes ont été données par H. E. G. Paulus (Iéna, 1802-3), et par Gfrœrer (Stuttgard, 1830). M. E. Saisset a donné une traduction estimée des œuvres philosophiques, 1843 et 1861 ; M. Prat a trad. le traité de politique, 1860. La doctrine de ce philosophe, qui n'est qu'un panthéisme destructeur de toute personnalité et de toute liberté, a été réfutée par un grand nombre d'écrivains, notamment par Fénelon, le P. Lami, Boulainvilliers, Leibnitz (dans un écrit inédit retrouvé en 1857 par M. Foucher de Careil), et par M. Saisset (dans l'introduction de l'éd. de 1861 de sa traduction). Un recueil des Réfutations de Spinoza avait été publié à Bruxelles dès 1731. Cette doctrine a été, au commencement de ce siècle, ressuscitée pour un moment par Schelling. Amand Saintes a donné en 1844 l’Hist. de la vie et des ouvrages de Spinoza, 4 vol. in-8.

SPIRE, Nemetes, Augusta Nemetum et Noviomagus chez les anciens, Speyer en allemand, v. de Bavière, ch.-l. du cercle du Rhin ou Palatinat, à 264 k. N. O. de Munich, sur la petite riv. de Spire, près de la r. g. du Rhin; 11 000 hab. Évêché. Cathédrale célèbre (qui contenait les tombeaux de huit empereurs). Gymnase, école d'agriculture et de commerce, école forestière, jardin botanique. Fabriques de tabac, blanchisseries de cire; commerce assez actif. — Spire était d'abord un simple village, voisin d’Augusta Nemetum, capitale des Nemetes; ce village fut joint en 1084 à la ville par l'évêque Rugier, et finit par donner son nom à la ville même. Spire devint sous Henri IV ville impériale, et fut la résidence des évêques de Spire, qui possédaient en outre Bruchsal, Philippsbourg, Rothenbourg, etc. En 1247 elle fut placée à la tête de la ligue des villes du Rhin formée contre les nobles. Il se tint à Spire plusieurs diètes, notamment celle de 1526, qui se montra favorable aux Luthériens, et celle de 1529, où Charles-Quint fit proscrire les adhérents de Luther et contre laquelle ils protestèrent énergiquement : d'où le nom de Protestants, qui leur est resté. Spire a été le siége de la chambre impériale de 1530 à 1688. Les Français s'en emparèrent en 1688, et la détruisirent en partie : les tombeaux de la cathédrale furent alors ouverts, pillés et détruits. Spire ne se releva que 10 ans après. Tallart battit les Impériaux près de Spire en 1703. Cette ville a encore été occupée par les Français en 1734, 92, 93, et enfin en 1796; réunie alors à la France, elle devint une des sous-préfectures du dép. du Mont-Tonnerre.

SPIRIDION (S.), évêque de Trémithonte en Chypre, au IVe s., avait été berger. Il défendit S. Athanase au concile de Sardique en 347. Pendant la persécution de Galérius, il fut condamné aux mines et à la perte d'un œil. On le fête le 14 décembre.

SPITHEAD, belle rade d'Angleterre (Southampton), dans la Manche, entre Portsmouth et l'île de Wight ; elle a 28 kil. sur 5, et peut contenir jusqu'à 1000 vaisseaux. C'est le rendez-vous de guerre des flottes anglaises.

SPITIGNEW I et II, ducs de Bohême. V. BOHÈME.

SPITZBERG, c.-à-d. Montagnes pointues, archipel de l'Océan Glacial Arctique, de 5° à 22° long. E., et de 74° à 80° 30' lat. N., se compose de 3 îles principales : le Spitzberg proprement dit, l'île du Sud-Est et l'île du Nord-Est. Cet archipel est désert. Il appartient géographiquement à la Norvége, mais il y vient des vaisseaux de plusieurs nations (danois, anglais, russes) pour pêcher la baleine. Il y fait un froid excessif; la grande nuit y est de près de trois mois et n'est interrompue que par les aurores boréales; l'été est très-court et chaud. Les cétacés et les phoques abondaient jadis dans les mers voisines, mais la guerre acharnée qu'on leur a faite en a beaucoup diminué le nombre. — Le Spitzberg, découvert en 1553 par l'Anglais Willoughby, qui le nomma Grœnland oriental, fut revu en 1595 par les Hollandais Barentz et Cornélius, qui s'en attribuèrent la découverte : ce sont eux qui lui donnèrent le nom de Spitzberg à cause de ses rochers pointus et escarpés.

SPLUGEN, Speluga, bg de Suisse (Grisons), à 28 kil. S, O. de Tusis, donne son nom à une montagne et à un col situé à 1925m de hauteur et qui est traversé depuis 1818 par une des plus belles routes des Alpes.

SPOHN (Fréd. Aug. Guill.), érudit, né à Dortmund en 1792, m. en 1824, professa la philosophie, puis la littérature ancienne à l'Université de Leipsick. Il a laissé nombre d'ouvrages de critique, d'histoire, de géographie, d'antiquités, et de philologie classique (notamment sur Homère, Hésiode, Théocrite, etc.), ainsi que beaucoup d'éditions latines ou grecques. Il a aussi publié : De lingua et litteris veterum Ægyptiorum, Leips., 1825-31.

SPOLÈTE, Spoletum en latin, Spoleto en ital., v. d'Italie, ch.-l. de la prov. de Spolète, sur la Maroggia, à 120 kil. N. de Rome; 7000 hab. Archevêché, dont on fait remonter la fondation à l'an 50. Ville grande, quoique peu peuplée, rues escarpées; belle cathédrale, château fort, pont, sur un côté duquel se trouve un aqueduc Nombreux et beaux restes d'antiquités (temple de la Concorde, palais de Théodoric, etc.). Peu d'industrie. — Spolète était jadis une des principales villes de l'Ombrie; en 217 av. J.-C., après la bat. du Trasimène, elle résista courageusement aux attaques d'Annibal. Sous l'empire romain, elle devint riche et florissante ; en 572, elle fut érigée par l'exarque de Ravenne en un duché, qui ne tarda pas à tomber au pouvoir des Lombards. Enlevée aux Lombards par Charlemagne, elle fut donnée aux papes, qui y maintinrent des ducs. Après Hugues II, 41e duc (1012-1030), les ducs de Spolète ne furent plus que des gouverneurs amovibles au gré des empereurs allemands, rois d'Italie. Au moyen âge, Spolète fut souvent en lutte avec les villes voisines, surtout avec Pérouse : les Pérugins la saccagèrent en 1324. Sous l'empire français, elle fut le ch.-l. du dép. du Trasimène. — La prov. de Sp. est divisée en 3 districts, Spolète, Norcia et Terni, et compte env. 130 000 hab. En 1860, elle s'agrégea au Royaume d'Italie.

SPON (Jacques), médecin et antiquaire, né à Lyon en 1647, d'une famille protestante, m. en 1685, voyagea en Italie, en Grèce, dans le Levant, revint dans sa patrie vers 1676, chargé de trésors scientifiques, mais se vit forcé de sortir de France lors de la révocation de l'Édit de Nantes, et m. à l'hôpital de Vevey, dénué de tout. On a de lui : Miscellanea eruditæ antiquitatis, in quibus marmora Grutero et Ursino ignota illustrantur, Lyon, 1685; les Antiquités et curiosités de la ville de Lyon, 1673 et 1859, et une Hist. de Genève, qui fut mise à l’Index. — V. SPOHN.

SPONDE (Jean de), Spondanus, né à Mauléon en 1557, m. en 1595, était fils d'un conseiller-secrétaire de Jeanne d'Albret. Il abjura le Calvinisme et fut nommé lieutenant général de la sénéchaussée de La Rochelle, et maître des requêtes. On lui doit des versions latines d’Homère, Bâle, 1583, et d'Hésiode, La Rochelle, 1592. — H. de Sp., son frère (1568-1643), filleul de Henri IV, abjura aussi et devint évêque de Pamiers. On a de lui : Epitome Annalium ecclesiasticorum Baronii, Paris, 1612; Annalium Baronii continuatio, 1639. Ses Œuvres ont été réunies en 1639, 6 vol. in-f°.

SPONTINI (Gaspard), compositeur, né en 1778, à Majolati, près d'Iési, m. en 1851, étudia au Conservatoire de Naples, composa un opéra pendant qu'il était encore sur les bancs, s'enfuit de Naples pour se produire à Rome, donna, soit dans cette ville, soit à Venise et à Florence, une douzaine de pièces, mais sans pouvoir percer, vint chercher fortune à Paris en 1803 et y fit représenter sur le Théâtre Italien la Finta filosofa, opéra bouffe, qui fut accueilli favorablement, commença à révéler son talent dans Milton (1804), fut nommé peu après maître de chant et directeur de la musique de l'impératrice Joséphine, et réussit à faire représenter, malgré mille obstacles, un grand opéra, la Vestale, dont le poëme était l’œuvre de Jouy (1807) : ce chef-d'œuvre, d'un genre tout nouveau, obtint un succès éclatant, et valut à son auteur un des grands prix décennaux. Fernand Cortez, autre opéra, dont le sujet avait été suggéré par Napoléon lui-même, et dont Jouy fournit aussi les paroles, fut représenté en 1809 et augmenta sa réputation. Nommé en 1810 directeur du Théâtre italien, il quitta au bout de deux ans cette administration, qui n'avait pas été heureuse pour lui. Il donna en 1819 Olympie, opéra sur lequel il comptait beaucoup, mais qui fut froidement reçu. Mécontent alors de la France, il la quitta en 1820 pour aller occuper la place de directeur de l'Opéra de Berlin que lui offrait le roi de Prusse. Il fit représenter sur ce théâtre, entre autres ouvrages nouveaux, Agnès de Hohenstaufen (1837), qui offre de grandes beautés. Après la mort de son protecteur Frédéric-Guillaume, il revint en 1842 se fixer à Paris, où il avait été élu à l'unanimité membre de l'Institut dès 1839. Il passa ses dernières années dans son pays natal et dota la ville d'Iési d'établissements utiles (hospice, mont-de-piété, écoles). La musique de Spontini, éminemment expressive, formait une heureuse transition entre le système purement déclamé de Gluck et le système plus musical des compositeurs modernes : elle donna beaucoup plus d'importance à l'accompagnement et sous ce rapport fit révolution dans l'orchestration. Raoul-Rochette a prononcé son Éloge à l'Académie des beaux-arts.

SPORADES (les), c.-à-d. dispersées, groupe d'îles de l'Archipel, à l'E. des Cyclades et le long de la côte S. O. de l'Asie-Mineure, entre Samos au N. et Rhodes au S., tirent leur nom de ce qu'elles sont disséminées sans ordre, par opposition aux Cyclades, qui sont rangées en cercle autour de Délos. On y remarquait Icarie, Pathmos, Léros, Calymne, Cos, Carpathos, Nisyros, Télos. Ces îles, florissantes dans l'antiquité, furent ravagées par les Sarrasins, puis par les Turcs qui les possèdent auj. Elles sont comprises dans le pachalik des Iles. — Dans le roy. actuel de Grèce, on a donné le nom de Sporades occidentales aux îles d'Hydra, Spetzia, Poros, Égine, Colouri, etc., qui sont disséminées sur les côtes de la Morée et de la Grèce.

SPRAT (Thomas), prélat anglais, 1636-1713, fut successivement chapelain du duc de Buckingham, du roi Charles I, puis évêque de Rochester, et montra de l'attachement aux Stuarts, même sous Cromwell. Il est un des fondateurs de la Société royale de Londres. On a de lui : Histoire de la Société royale de Londres, 1667 (trad. en fr., Genève, 1669); Vie de Cowley (en tête de l'édition de 1688 de cet auteur) ; Hist. de la conspiration de Rye-House, 1684.

SPRÉE (la), riv. d'Allemagne, naît dans le roy. de Saxe (en Lusace), puis entre en Prusse, arrose Berlin et tombe dans le Havel à Spandau; cours 300 kil. Un canal la fait communiquer avec l'Elbe et l'Oder.

SPRENGEL (Matth. Chrétien), historien, né à Rostock en 1746, m. en 1803, professa la philosophie à l'Université de Gœttingue, puis l'histoire à celle de Halle. Il a laissé entre autres ouvrages : Histoire des principales découvertes géographiques jusqu'à celle du Japon en 1542, Halle, 1783; Hist. des révolutions des Indes de 1756 à 1783, ibid., 1788; Hist des Mahrattes, 1785; Manuel de la statistique des principaux États de l'Europe, 1793; Géographie des Indes orientales, 1802, tous ouvrages estimes.

SPRENGEL (KURT), savant médecin, né en 1766 à Voldekow, près d'Anklam, en Prusse, m. en 1833, fut dès 1789 professeur à l'Université de Halle, y occupa la chaire de botanique à partir de 1797, et fut nommé en 1825 associé de l'Académie des sciences. Ses principaux écrits sont un Essai d'une Histoire pragmatique de la médecine, Halle, 1792-1803 (trad. par Jourdan) : c'est le meilleur ouvrage de ce genre; et l’Hist. de la Botanique, 1817-18.

SPRINGFIELD, v. des États-Unis (Massachussets), sur le Connecticut, à 180 k. à l'O. de Boston ; 20 000 h. Chemin de fer; arsenal, fabriques d'armes. En face est West-Springfield. — Ville de l'Illinois, capit. de l’État dep. 1840, est située au centre, près du Sangamon, à l'intersection des chemins de fer du Mississipi et de Chicago; 7000 h. Fondée en 1822. — Vge du Missouri, à 150 kil. S. O. de Jefferson ; 1500 h. Les Fédéraux y furent défaits en 1861 par les Confédérés.

SPURINNA (Vestritius), général et poëte latin, né vers l'an 23 de J.-C., prit parti pour Othon contre Vitellius, soutint dans Plaisance un siége contre Cécina, lieutenant de Vitellius, occupa les plus hauts emplois sous Vespasien et vécut jusque sous Domitien. Il reste de lui quelques poésies : Adieux aux honneurs, Éloge de la médiocrité, Sur la force d'âme, etc., qui se trouvent dans les recueils de fragments. Ils ont été publiés séparément par M. Axtius, Francfort-sur-le-Mein, 1840, et trad. dans la collect. Panckoucke par Cabaret-Dupaty.

SPURIUS, pour impurus, enfant naturel, prénom commun à plusieurs Romains. V. le nom qui le suit.

SPURZHEIM (Gaspard), physiologiste, ne en 1766 à Longueil, près de Trêves, m. en 1833, s'attacha de bonne heure au Dr Gall, fut le plus fervent propagateur de sa doctrine, parcourut pour la répandre l'Allemagne, la France, l'Angleterre, les États-Unis, et mourut du typhus à Boston. Il avait concouru au grand ouvrage de Gall (l’Anatomie du cerveau); il publia lui-même des traités sur la Folie (1817); sur les Principes de l'éducation (1821) ; sur la Nature morale et intellectuelle de l'homme (1832). Il fit subir au système de Gall quelques modifications, soit en y ajoutant des facultés nouvelles, soit en assignant une autre place aux facultés déjà admises. C'est lui qui a donne à ce système le nom de Phrénologie.

SQUARCIONE (Franç.), peintre de l’École Vénitienne, né à Padoue en 1394, m. en 1474, parcourut l'Italie et la Grèce, dessinant tout ce qu'il rencontrait de remarquable, forma à son retour une riche collection de statues et de bas-reliefs de l'antiquité, et compta un grand nombre d'élèves, dont le plus illustre est Mantegna. Son chef-d'œuvre est un S. Jérôme (dans la galerie des comtes de Lazara).

SQUILLACE, Scylaceum, v. d'Italie, anc. principauté (Calabre Ult. 2e), à 8 kil. O. du golfe de Squillace, à 24 kil. S. O. de Catanzaro; 4000 hab. Évêché, belle cathédrale. Aux env. est une riche mine de plombagine. Squillace fut détruite en partie par un tremblement de terre en 1783. V. SCYLACEUM.

SQUILLACE (BORGIA, prince de). V. BORGIA.

SRI, un des noms de Lackmi, femme de Vichnou. — Ce mot s'emploie adjectivement devant les noms de personnes sacrées, Sri-Krichna, Sri-Ranga, etc.

STAAL (Mlle CORMES DE LAUNAY, baronne de), née à Paris vers 1684, m. en 1750, était fille d'un peintre français mort en Angleterre. Elle reçut une éducation brillante dans un couvent de Rouen, eut pour protectrice la duchesse de La Ferté, qui la plaça comme femme de chambre près de la duchesse du Maine, gagna bientôt la confiance de cette princesse, et fut l'âme des fêtes de Sceaux. Elle joua un rôle très-actif dans la conspiration de Cellamare et fut par suite mise à la Bastille ; après sa sortie de prison, elle rentra auprès de la duchesse, qui ne la paya que d'ingratitude. Ayant épousé le baron de Staal, vieil officier suisse à qui le duc du Maine avait donné une compagnie dans ses gardes avec le titre de maréchal de camp, elle vit son sort s'améliorer, et jouit dès lors de toutes les prérogatives des dames attachées à la princesse. Outre des Lettres, elle a laissé des Mémoires de sa vie, très-spirituels et très-curieux, Paris, 1755 et 1821 (réimprimés en 1846 par Barrière).

STABIES, Stabiæ, auj. Castel-a-Mare di Stabia, v. de Campanie, sur le golfe de Naples, au S. du Vésuve, entre Pompéies et Surrentum, fut engloutie par l'éruption du Vésuve en 79. On en a retrouvé les restes dans le siècle dernier.

STABROEK (Guyane anglaise). V. GEORGETOWN.

STACE, P. Papinius Statius, poëte latin, né à Naples l'an 61 de J.-C., m. en 96, avait pour père un homme qui lui-même était distingué comme poëte et comme orateur et qui fut précepteur de Domitien. Il remporta plusieurs couronnes aux fêtes lustrales de Naples et dans d'autres solennités, jouit d'une immense réputation de son vivant, fit de ses poésies des lectures publiques qui furent très-suivies et reçut les bienfaits de Domitien, qu'en revanche il a trop loué. On a de lui : la Thébaïde, poëme épique en 12 chants, qui offre, avec les défauts de la littérature du temps, des beautés supérieures ; l’Achilléide, autre poëme épique, qu'il n'a conduit que jusqu'au milieu du IIe chant, et 5 livres de poésies diverses ou Sylves (c.-à-d. Mélanges) : la plupart se composent de petites pièces adressées à ses amis pour célébrer leur habitation, leurs travaux ou leur fortune. On trouve dans Stace une facilité, une abondance extraordinaires, mais aussi beaucoup d'exagération. Les meilleures éditions de ce poëte sont celles de Gronovius, Amst., 1653 ; de Markland, Londres, 1728 ; de Ferd. Hand, Leips., 1817 ; de Dübner, Paris, 1837, et d'Imhof, Halle, 1860. Cormiliolle l'a traduit en français, 1778 et 1802 (réimp. en 1820), 5 vol. in-12. Il en a paru deux traductions nouvelles, l'une dans la collection Panckoucke, par MM. Rinn, Achaintre, et Bouteville, l'autre dans la collect. Nisard, par MM. Guiard, Arnould et Wartel. Luce de Lancival a imité l’Achilléide en vers.

STADE, mesure itinéraire des anciens. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

STADE, v. forte et port du Hanovre, ch.-l. du gouvt de Stade, sur la Schwinge, près de la r. g. de l'Elbe, à 10 kil. N. de Hanovre, à 32 k. O. de Hambourg ; 6000 h. Siège des États provinciaux, consistoire luthérien, cour d'appel, gymnase, école normale, école de cavalerie, arsenal, bagne. Armements pour la pêche de la morue. — Anc. ville libre impériale et hanséatique, puis ch.-l. du comté de Stade. Elle fut cédée aux Suédois par la paix de Munster, fut prise par le duc de Brunswick (1676), par le roi de Danemark (1712), et reprise par le duc de Brunswick. Sous l'empire français, Stade fut le ch.-l. d'une sous-préfecture du dép. des Bouches-de-l'Elbe. Le gouvernement hanovrien a longtemps perçu à Stade un droit de navigation, qui a été aboli en 1861. — Le gouvt de Stade est borné au N. et à l'E. par l'Elbe, à l'O. et au S. O. par le Weser, au S. par l'Aller, au N. O. par la mer du Nord ; 270 000 hab. Il est divisé en 3 parties, duché de Brême, duché de Verden, pays de Hadeln.

Il y a eu un Comté de Stade, qui relevait du duché de Saxe au moyen âge. Son 1er comte connu fut Luther I, qui périt en 931. Sa postérité subsista jusqu'au XIIe s.; Hartwig, le dernier de cette race, ayant testé en faveur de l'archevêque de Brême, le duc de Saxe Henri le Lion s'empara du comté par force. L'empereur Frédéric II confirma dans cette possession le petit-fils de ce prince (Othon l'Enfant) en 1236. Cependant les archevêques de Brême parvinrent à se mettre en possession du comté de Stade, qui depuis ce temps a suivi le sort de ce grand fief ecclésiastique. — On a nommé parfois Marche de Stade l'ancienne marche de Brandebourg, parce que Luther Odo I, comte de Stade, avait été nommé en 1056 margrave de Brandebourg.

STADION (Phil., comte de), diplomate, né à Mayence en 1763, m. en 1824, avait été ambassadeur de l'Empereur d'Allemagne en Suède et à Londres, quand il se brouilla avec l'Autriche, et entra comme grand trésorier au service de l'évêque de Wurtzbourg. S'étant ensuite réconcilié avec l'Autriche, il obtint les ambassades de Berlin et de St-Pétersbourg, négocia la 3e coalition contre la France, devint ministre des affaires étrangères en 1806, et excita l'Autriche à combattre la France en 1809. Napoléon, après Wagram, exigea son renvoi ; mais il reparut comme plénipotentiaire au traité de Tœplitz (1813), aux conférences de Francfort et de Châtillon (1813 et 1814), au congrès de Vienne (1814 et 1815), et se montra partout l'adversaire violent de la France.

STADT-AM-HOF, Riparia, v. murée de Bavière (Hte-Bavière), sur la r. g. du Danube, vis-à-vis de Ratisbonne, à laquelle elle est unie par un pont ; 12 000 hab. Hôpital. Brûlée en 1809 par les Français.

STAËL-HOLSTEIN (Anne Louise Germaine NECKER, baronne de), née à Paris en 1766, m. en 1817, était fille de Necker, et conserva toujours pour son père une admiration qui allait jusqu'à l'idolâtrie. Elle épousa en 1785 le baron de Staël-Holstein, ambassadeur de Suède en France (qui résida à Paris jusqu'en 1799 et m. en 1802); mais cette union ne fut pas heureuse et fut bientôt suivie d'une séparation. Elle débuta comme écrivain, en 1788, par des Lettres sur J. J. Rousseau, qui sont pleines d'enthousiasme. Lors de la Révolution, elle s'associa aux idées nouvelles, mais en condamnant les excès. Eh 1792, après l'arrestation de Louis XVI, elle rédigea un plan d'évasion pour ce prince ; en 1793, elle ne craignit pas d'adresser au gouvernement révolutionnaire une défense de la reine. Sous le Directoire, elle exerça par son salon et par ses écrits une grande influence : elle soutint les Directeurs, et fit rentrer Talleyrand aux affaires (1796). Sous le Consulat, elle fit de l'opposition, et fut exilée à 40 lieues de Paris (1802). Elle préféra se retirer en Allemagne, se rendit à Weimar, où elle étudia la littérature allemande avec Gœthe, Wieland et Schiller, passa un an (1805) à Genève et dans sa terre de Coppet (canton de Vaud), puis revint en France, où sa présence fut tolérée ; mais elle déplut de nouveau à la police impériale par les allusions dont fourmillait son Allemagne, alors sous presse (1810) : l'édition fut saisie et mise au pilon, et il fut enjoint à l'auteur de ne plus s'écarter de Coppet. Elle s'évada en 1812 de ce séjour, devenu pour elle une prison, habita successivement Vienne, Moscou, St-Pétersbourg, la Suède, enfin Londres, travaillant partout à la coalition contre Napoléon, et ne revint à Paris qu'après la chute définitive de l'Empereur, en 1815. Elle obtint de Louis XVIII deux millions de francs à titre de restitution de sommes dues à son père. Elle mourut deux ans après, au retour d'un voyage en Italie. Elle s'était remariée en 1810, mais secrètement, avec un officier distingué, M. de Rocca, auteur de mémoires sur la Guerre des Français en Espagne et sur la Campagne de Walcheren en 1809. Mme de Staël est la plus célèbre des femmes auteurs : ses admirateurs n'ont pas craint de dire qu'elle fut profonde comme Montesquieu et passionnée comme J. J. Rousseau. On trouve en effet dans la plupart de ses écrits une hauteur de génie et une profondeur bien rares chez les personnes de son sexe, une érudition variée, unies à une extrême finesse et à une grande connaissance du monde ; mais sa prose est trop souvent lyrique, son style guindé et fatigant. Elle parlait encore mieux qu'elle n'écrivait : son salon était rempli des hommes les plus illustres dans les lettres, les arts, les sciences, l'industrie et la politique ; elle embrassait dans ses entretiens tous les genres de questions et les traitait avec supériorité. Elle a beaucoup contribué à l'introduction des nouvelles idées littéraires en France. Ses principaux écrits sont : Delphine (1802), Corinne (1807), deux romans célèbres, surtout le second, dans lequel on pense qu'elle a voulu se peindre elle-même ; l’Allemagne, 1814 : elle y décrit l'esprit, les mœurs, la littérature et la philosophie d'un pays alors très-mal apprécié en France ; Considérations sur la Révolution française, ouvrage posthume, qui parut en 1818, et dans le quel elle préconise les principes de la Révolution. Ses Œuvres complètes ont été publiées en 1821, 17 vol. in-8. Son Éloge, par M. Baudrillart, a été couronné par l'Académie française en 1850. — Son fils, le baron Auguste de Staël, né à Coppet en 1790, mort en 1827, s'est surtout occupé d'agronomie et d’œuvres philanthropiques. On lui doit des édit. des Œuvres de sa mère et de celles de Necker. — Une fille de Mme de Staël épousa le duc de Broglie.

STÆUDLIN (Ch. Fréd.), théologien protestant, né en 1761 à Stuttgard, m. en 1826 à Gœttingue, fut professeur de théologie et conseiller du Consistoire à Gœttingue. On a de lui d'importants travaux sur la théologie, la philosophie, et l'histoire de ces deux sciences, notamment : Histoire et esprit du Scepticisme, Leips., 1794 ; Manuel de la morale et du dogme, 1798 ; Hist. universelle de l'Église chrétienne, 1806 ; Hist. générale de l’Église d’Angleterre, 1816 ; Hist. de la philosophie morale, 1823 ; Bibliographie et histoire de l’Histoire de l’Église, 1827 (posthume).

STAFFA (île), une des Hébrides, à 8 k. O. de celle de Mull, dépend du comté d’Argyle. Elle est très-petite (1600m sur 800) et toute basaltique. On y trouve des colonnes basaltiques naturelles, les unes droites, les autres couchées ; on admire surtout les grottes de Fingal et de Mackinnon, le fauteuil d’Ossian, etc.

STAFFARDE, vge du Piémont, à 6 kil. N. de Saluces, près du Pô. Catinat y battit le duc de Savoie le 18 août 1690.

STAFFORD, v. d’Angleterre, ch.-l. du comté de Stafford, à 200 kil. N. O. de Londres ; 10 000 h. Maison de force ; tanneries, fabriques de bottes et souliers. Fondée au Xe s. et jadis forte. Titre de baronnie, puis de comté au moyen âge ; érigée en marquisat en 1786, en faveur du comte Gower. — Le comté de St., au centre de l’Angleterre, entre ceux de Chester au N. O., de Derby au N. E., de Warwick au S. E., de Worcester au S., de Shrop à l’O., a 100 kil. sur 75 et 510 000 h. Presque tout eu plaines : agriculture développée : beaux domaines, notamment ceux du duc de Sutherland. Cuivre, fer, pierre calcaire, marbre, albâtre ; immenses houillères. Forges, hauts fourneaux, quincaillerie ; poterie renommée. — Ce pays, autrefois habité par les Cornavii, fit partie sous les Romains de la Flavie Césarienne, et, sous les Saxons, du roy. de Mercie.

STAFFORD, anc. famille d’Angleterre, d’origine normande, a pour chef Robert Tœnel, contemporain et allié de Guillaume le Conquérant, qui fut fait par ce prince gouverneur du château de Stafford. Plusieurs de ses membres ont joué un rôle historique, notamment : [[w:Humphrey Stafford (1er  duc de Buckingham)|Humphrey]], général de Henri VI, qui combattit le duc d’York, et fut en récompense créé duc de Buckingham (1465) ; — Henri, petit-fils du préc., qui eut longtemps la faveur de Richard III et le seconda dans ses criminelles entreprises, mais qui finit par se révolter : il fut pris et décapité en 1483. — Son fils [[w:Edward Stafford (3e duc de Buckingham)|Édouard]], accusé de trahison envers Henri VIII, périt aussi sur l’échafaud (1521). — Cette maison s’éteignit dans les mâles en 1637, mais elle fut continuée par [[w:William Howard (1er  vicomte Stafford)|Will. Howard]], fils d’un duc de Norfolk, qui, ayant épousé l’héritière Marie, reçut en 1640 le titre de comte de Stafford. Ce W. Howard suivit Charles II en exil, et devint à la Restauration un des principaux personnages de l’État. Il fut impliqué par le parti whig dans la conspiration des poudres et dans celle des farines, et enfermé à la Tour, puis condamné à mort par la Chambre des lords, qui pourtant le recommanda à la clémence du roi. Charles II, quoique convaincu de son innocence, n’osa lui faire grâce, et Stafford subit le supplice, 1680.

STAGIRE, Stagira, auj. port Libesade ou Stravro, v. de Macédoine, dans la Chalcidique, au N., près du golfe Strymonique, fut fondée vers 665 av. J.-C. Elle est célèbre comme patrie d’Aristote.

STAGNO, v. des États autrichiens (Dalmatie), sur l’isthme de Sabioncello, à 30 kil. N. O. de Raguse ; 2000 hab. Évêché. — À 2 kil. est Stagno Piccolo, un des plus beaux ports de l’Adriatique.

STAHL (George Ernest), célèbre médecin et chimiste, né en 1660 à Anspach, devint en 1687 1er médecin du duc de Saxe-Weimar, en 1694 professeur de médecine à Halle et bientôt après doyen de la Faculté, en 1716 médecin du roi de Prusse, et mourut à Berlin en 1734. Il a beaucoup écrit tant sur la chimie que sur la philosophie et la médecine. Ses principaux ouvrages sont : De motu tonico vitali, 1692 ; De autocratia naturæ seu spontanea morborum excussione, 1696 ; De vena-porta, porta malorum, 1698 ; Theoria medica vera, 1707 : c’est son ouvrage capital ; Experimenta chimiæ, 1697 ; Negotium otiosum, seu Sciamachia, etc., 1720 (en réponse aux objections de Leibnitz) ; Fundamenta chimiæ dogmaticæ et experimentalis, 1723. Stahl est surtout célèbre comme auteur d’un système connu sous le nom d’Animisme : il expliquait tous les phénomènes de l’économie animale par un principe immatériel identique au principe de la pensée, l’âme ; mais il reconnaissait que, dans ce nouvel exercice de ses facultés merveilleuses, l’âme n’a pas conscience d’elle-même. En médecine, il combattit ceux qui rapportaient tout à des causes chimiques ou mécaniques. En chimie, il imagina, pour expliquer la combustion, un principe nouveau, le phlogistique (c.-à-d. principe de la flamme, du grec phlox, phlogos, flamme) : il supposait que les corps combustibles sont plus ou moins chargés de phlogistique et que dans la combustion ce principe se dégage. Cette doctrine régna près d’un siècle sur la science et, quoique fausse, prépara celle de Lavoisier. Ses Fundamenta chimiæ ont été trad. par de Machy, 1757, et ses traités des Sels, du Soufre, par d’Holbach. Le Dr Blondin a publié la traduction complète de ses Œuvres médico-philosophiques et pratiques, 1859 et ann. suiv. On doit à M. A. Lemoine un intéressant mémoire sur Stahl et l’Animisme, 1858.

STAHRENBERG. V. STAREMBERG.

STAINS, vge du dép. de la Seine, à 4 kil. N. E. de St-Denis. Château et parc superbes qui ont appartenu aux familles de Thou et de Harlay ; puits artésiens.

STAIR (John DALRYMPLE, comte de), général et homme d’État, né à Édimbourg en 1673, m. en 1747, travailla les esprits en Écosse contre Jacques II, fut fait colonel par Guillaume III, servit sous Marlborough (1702), fut ambassadeur en Pologne de 1709 à 1713, et en France pendant la Régence, obtint du Régent l’expulsion du Prétendant, devint, sous George II, grand amiral d’Écosse (1730) et feld-maréchal (1741), commanda l’armée anglaise en Allemagne au début de la guerre de la succession d’Autriche, gagna sur le maréchal de Noailles la bataille de Dettingen (1743), mais sans savoir profiter de sa victoire, et fit échouer la tentative du prétendant Charles-Édouard sur l’Angleterre (1745-46).

STALIMÈNE, nom turc de l’anc. Lemnos. V. ce nom.

STAMBOUL, nom turc de Constantinople, n’est qu’une corruption des mots grecs eis tên polin, à la ville que les Turcs prirent pour le nom de la ville même.

STAMFORD, v. d’Angleterre (Lincoln), sur le Welland, à 60 kil. de Lincoln ; 8000 hab. Houille, drèche, etc. Jadis importante ; elle eut uns université qui a été réunie a celle d’Oxford.

STAMFORD-BRIDGE (WEST-), vge d’Angleterre (York), à 12 kil. N. E. d’York. Harold y battit les Danois en 1066, dix jours avant l’invasion de Guillaume.

STAMPALIE, nom turc Astypalée. V. ce nom.

STANCARI (Fr.), fameux unitaire, né à Mantoue en 1501, fut chassé d’Italie et d’Allemagne pour ses opinions, se réfugia en Pologne, où il répandit ses doctrines ; professa l’hébreu à Kœnisgberg, où il eut de graves querelles avec Osiander, vit condamner ses idées dans divers synodes, et mourut à Stobnitz en 1574. On a de lui, entre autres écrits, des traités De Trinitate et mediatore Domino et De Reformatione doctrinæ christianæ, Bâle, 1547.

STANCO, nom turc de l’île de Cos. V. ce nom.

STANHOPE, famille noble d’Angleterre, du comté de Nottingham, a pour chef [[w:Philip Stanhope (1er  comte de Chesterfield)|Philippe Stanhope]], qui fut fait par Jacques I baron de Shelford (1616), et par Charles I comte de Chesterfield (1628). La branche principale portait le titre de comte de Stanhope de Shelford. Une branche particulière, auj. éteinte, avait le titre de comte de Harrington.

STANHOPE (Jacq., comte de), général et homme d’État, né en 1673, m. en 1721, voyagea par toute l’Europe, fit la guerre de la succession d’Espagne avec le titre de major général, eut part à la prise de Barcelone et s’empara de Port-Mahon et de Minorque (1709) ; en même temps il négociait comme ambassadeur avec l’archiduc Charles, compétiteur de Philippe V. Il fut pris à Brihuega (1710) et resta deux ans captif. Secrétaire d’État sous George I, il conclut avec le cardinal Dubois à La Haye le traité de la Triple-Alliance (1717); il fut ensuite nommé premier lord de la trésorerie, chancelier de l'échiquier, enfin 1er secrétaire d'État (1718), et fit alors signer le traité de la Quadruple-Alliance. Il était frère aîné du fameux comte de Chesterfield. On a publié d'après ses papiers une histoire de la Guerre de la succession d'Espagne. — Son petit-fils, Charles, comte de Stanhope, pair d'Angleterre, 1759-1816, fut sans cesse en opposition avec le ministre Pitt, quoiqu'il fût son beau-frère, défendit les idées libérales, se montra favorable à la Révolution française, voulut la paix avec les États-Unis, l'abolition de la traite, la rédaction d'un code unique pour les trois royaumes unis. Il possédait à fond les sciences physiques et mathématiques ; il inventa deux machines arithmétiques très-ingénieuses, un nouveau procédé pour brûler la chaux, diverses machines utiles à l'industrie, notamment une presse qui a gardé son nom (la presse à la Stanhope), et voulut appliquer la vapeur à la navigation. Outre beaucoup de Mémoires (dans les Transactions philos.), il a publié un Traité de l'électricité et un Traité de la musique. Il avait été créé vicomte de Mahon en mémoire des exploits de son grand-père. — Sa fille, lady Esther Stanhope, femme excentrique, 1789-1839, alla visiter l'Orient, s'établit en Syrie, aux environs de Palmyre, où elle exerça une sorte de royauté, puis se retira dans un vieux couvent près de Saide, où elle était vêtue en homme et portait le costume musulman.

STANHOPE (Philippe DORMER). V. CHESTERFIELD.

STANISLAS (S.), martyr, élu évêque de Cracovie en 1072, reprocha courageusement au roi Boleslas II sa tyrannie et ses débauches, et fut tué par ce prince irrité (1079). On le fête le 7 mai.

STANISLAS KOTSKA (S.), né en 1550, fils d'un sénateur polonais, étudia chez les Jésuites à Vienne, entra lui-même dans leur ordre en 1567, malgré l'opposition de son père, et, après 9 mois passés dans l'exercice de la plus haute piété, mourut âgé de moins de 18 ans, en 1568. Sa Vie, écrite par Cepari, est un des livres que les Jésuites recommandent à leurs élèves. On l'hon. le 13 nov.

STANISLAS I, LECZINSKI, roi de Pologne, né en 1682 à Lemberg (Gallicie), d'une famille ancienne et illustre, m. à Lunéville en 1766, avait pour père Raphaël Leczinski, palatin de Posnanie, et grand-trésorier du royaume. Il était déjà lui-même palatin de Posnanie et grand échanson de la couronne, lorsque la guerre éclata entre Auguste II, roi de Pologne, et Charles XII, roi de Suède. Chargé par ses compatriotes de négocier auprès de Charles XII, il plut à ce prince, et en obtint ce qu'il demandait. Peu après, le trône de Pologne ayant été déclaré vacant, il fut élu roi par l'influence de la Suède (1704). Charles XII l'affermit sur le trône par une suite de victoires qui déterminèrent Auguste II à renoncer à la couronne. Mais après le désastre de Pultava, Stanislas se vit obligé à son tour de quitter la Pologne (1712). Il alla rejoindre Charles en Bessarabie (1714), sortit de Turquie avec ce prince, et reçut de lui le gouvernement du duché des Deux-Ponts; mais il fut encore obligé, à la mort du roi, d'abandonner ce duché au comte palatin Gustave, 1719. Il trouva un asile en France, et vint se fixer à Weissembourg en Alsace. Quelques années après (en 1725), Louis XV épousa sa fille, Marie Leczinska. En 1733, à la mort d'Auguste II, un parti polonais, appuyé par la France, réélut Stanislas; mais la Russie s'opposa à son élection et fit marcher une armée contre Varsovie : Stanislas ne put, malgré tous ses efforts, se mettre en possession du trône, et, après avoir soutenu un long siége dans la place de Dantzick, il se vit encore contraint de se retirer. Le traité de Vienne de 1738 lui accorda en dédommagement la souveraineté de la Lorraine et du duché de Bar sa vie durant. Stanislas régna 28 ans sur la Lorraine, dont il fit le bonheur, et où il mérita le surnom de Bienfaisant. Il favorisa les lettres et les sciences, fonda des colléges, une Académie, une bibliothèque, éleva des monuments, et tint une cour brillante et polie, où il entretenait un grand nombre de gens de lettres; il suffisait à toutes ces dépenses avec une pension de 2 000 000. Il habitait alternativement Lunéville et Nancy, et fit de cette dernière ville une des plus agréables résidences. Il a laissé quelques opuscules de philosophie, de politique et de morale, qui ont été réunis sous le titre d’Œuvres du Philosophe bienfaisant, Nancy, 1765, 4 v. in-8o. On y remarque la Voix d'un citoyen, où il prédit le partage de la Pologne.

STANISLAS II, PONIATOWSKI, dernier roi de Pologne, né en 1732, m. en 1798, était fils du comte Stan. Poniatowski, castellan de Cracovie. Doué des qualités les plus brillantes de l'esprit et du corps, il plut, dans un voyage en Russie, à la grande-duchesse Catherine, qui le fit nommer ambassadeur de Pologne à St-Pétersbourg. A la mort du roi Auguste III, Catherine, devenue impératrice, le fit élire roi de Pologne (1764). L'insubordination des nobles, les querelles religieuses, les efforts des sectes dissidentes pour obtenir les mêmes droits que les Catholiques firent de son règne un temps d'anarchie. Les dissidents, s'appuyant sur l'étranger, venaient d'obtenir la liberté de conscience et l'admissibilité aux charges (1768), lorsque se forma la ligue catholique et nationale dite Confédération de Bar, qui annula la liberté concédée et déclara le trône vacant : alors commença la guerre civile. Les confédérés ayant été vaincus, la Russie, l'Autriche et la Prusse purent, en 1772, exécuter un 1er partage de la Pologne (V. POLOGNE). Stanislas, enlevé par les patriotes de Bar, n'échappa que par hasard à la mort. De 1774 à 1791, il fit de vains efforts pour rendre un peu de vie à ce qui restait de la Pologne et pour réformer la constitution, mais ce fut inutilement : la confédération de Targovice et la diète de Grodno (1793), ouverte sous l'influence russe, empêchèrent toute réforme et rétablirent l'ancien ordre de choses. De là une 2e guerre civile, et par suite un 2e démembrement, qui réduisit des sept huitièmes le royaume déjà si réduit de Stanislas ; ce prince n'eut plus dès lors que le vain nom de roi. Après l'échec de Kosciusko et le triomphe des Russes que commandait Souvarov, il se détermina à signer son abdication (1795), qui fut suivie d'un 3e et dernier partage. Il se retira à Grodno, où les puissances copartageantes lui firent une pension, et mourut 2 ans après à St-Pétersbourg. Il avait créé en 1765 un ordre de St-Stanislas, qui disparut avec lui, mais que l'emp. Alexandre tenta de faire revivre en 1816.

STANISLAVOV, v. murée de Gallicie, ch.-l. de cercle, sur la Bistriça, à 110 kil. S. O. de Lemberg; 6200 hab. Grand commerce de grains et de tabac.

STANLEY (Thom.), écrivain anglais, né vers 1620 à Cumberlow, dans le comté d'Hereford, m. à Londres en 1678, a laissé, entre autres ouvrages, une Histoire de la philosophie, en anglais, Londres, 1655-1662, et 1743, 3 vol. in-4, trad. en latin par G. Olearius, Leips., 1711. Il a aussi donné une bonne édition d’Eschyle, avec trad. latine, 1663.

STANOVOI (Monts) ou IABLONOI, chaîne de montagnes de la Sibérie, s'étend depuis les monts Kiakhta jusqu'au cap Oriental sur une longueur d'env. 6000 k.; la partie S. E., les monts de Daourie, sépare la Sibérie de la Chine ; le reste parcourt la prov. d'Okhotsk, et projette les monts du Kamtchatka. Sommets peu élevés (env. 2500m au plus). Riches mines, surtout au S. E., en Daourie (or, fer, cuivre, zinc, etc.).

STANZ, v. de Suisse (Untenvald), ch.-l. du Bas-Unterwald, près de l'Aa, à 12 kil. N. E. de Sarnen; 2000 h. Patrie d'Arnold de Winkelried, à qui une colonne y a été érigée. Il se tint à l'hôtel de ville de Stanz en 1481 une assemblée célèbre où Nicolas de Flue opéra la pacification des confédérés, et où la convention de Sempach fut ratifiée. Brune défit à Stanz les petits cantons insurgés, 9 sept. 1798.

STAOUÉLI, lieu de l'Algérie, à 24 kil. O. d'Alger. Les Français y battirent les Algériens le 19 juin 1830. Magnifique établissement agricole des Trappistes.

STAREMBERG (Guido, comte de), général autrichien, né en 1657, m. en 1737, prit part à la défense de Vienne en 1683, à l'assaut de Bude en 1686, au siége de Belgrade en 1688, servit sous Eugène en Hongrie et en Italie, commanda en chef dans cette dernière contrée en 1701, fut nommé feld-maréchal en 1704, réprima la révolte de la Hongrie, combattit comme général en chef l'armée de Philippe V en Espagne, fut vainqueur à Almenara, à Saragosse, mais fut à son tour vaincu à Villaviciosa (1710), et fit une belle retraite.

STARGARD, nom de 2 villes d'Allemagne : Alt-Stargard (Vieux-Stargard), dans le grand duché de Mecklembourg, à 20 kil. N. E. de Strélitz; 1200 h.; — Neu-Stargard (Nouv.-Stargard), dans les États prussiens (Poméranie), à 32 kil. E. de Stettin ; 12 000 hab. École d'arts et métiers, gymnase. Fabriques de poteries, draps, cuirs; grains; foire importante. — Stargard était jadis le ch.-l. de la Basse-Poméranie. Les Russes s'en emparèrent en 1758.

STARK (J. Aug.), savant luthérien, né à Schwérin en 1741, mort en 1816, professeur de théologie et prédicateur à Kœnigsberg, à Mittau, à Darmstadt, a laissé: Histoire du 1er siècle de l’Église, Berlin, 1779; Essai d'une histoire de l'Arianisme, 1783; Hist. du Baptême et des Anabaptistes, 1789. Il fit de louables efforts pour réunir les différentes communions chrétiennes; on prétendit même qu'il avait abjuré le Luthéranisme pour le Catholicisme.

STARKENBOURG, prov. du grand-duché de Hesse-Darmstadt, entre Francfort et l'électorat de Hesse au N., le duché de Nassau au N. O., la prov. du Rhin à l'O., le grand-duché de Bade au S. et la Bavière à l'E. ; 80 kil. sur 60; 250 000 h.; ch.-l., Darmstadt.

STAROSTES, dignitaires polonais qui possédaient au nom du roi un fort, une terre ou toute autre partie du domaine royal. Ils y faisaient la police, et percevaient les revenus pour eux-mêmes, à la charge d'en payer le quart au roi,

STASSART (Augustin, baron de), homme d'État et littérateur belge, né à Malines en 1780, m. en 1854, vint jeune à Paris pour y compléter son éducation, et remplit avec honneur sous l'Empire diverses fonctions administratives : il était en 1814 préfet des Bouches-de-la-Meuse. Après la chute de Napoléon, il fut élu député aux États généraux des Pays-Bas, et, depuis l'indépendance de la Belgique, devint président du sénat et gouverneur de la province du Brabant. Il était en outre directeur de l'Académie de Bruxelles. Stassart a publié des ouvrages originaux et piquants, parmi lesquels on remarque les Pensées de Circé, chienne célèbre (1814), des Idylles, et surtout des Fables (1818), qui ont eu de nombreuses éditions. On a encore de lui de savants travaux d'histoire, qui lui ont mérité le titre de correspondant de l'Académie des sciences morales. Il a légué à cette académie 20 000 francs pour fonder un prix de morale. Grand amateur d'autographes, il en avait formé une des collections les plus précieuses. Dupont-Delporte a publié ses Œuvres complètes (Paris , 1855, gr. in-8), et les a fait précéder d'une Notice.

STATHOUDER, c.-à-d. lieutenant, nom donné dans l'anc. république des Prov.-Unies à un haut fonctionnaire qui commandait les forces militaires et exerçait plusieurs des pouvoirs du souverain ; ce titre ne désignait d'abord que des lieutenants ou gouverneurs nommés dans chaque province par les princes de la maison de Bourgogne ou de la maison d'Autriche, auxquels appartenaient les Pays-Bas; il fut conservé après la déclaration de l'indépendance, mais en changeant de nature. Chacun des États qui composaient la république avait son stathouder; cependant le même personnage pouvait être élu stathouder dans plusieurs États à la fois. On connaît surtout les stathouders de la province de Hollande, qui, le plus souvent, réunirent le stathoudérat de plusieurs autres provinces ; ils appartinrent tous à la maison de Nassau (V. NASSAU et HOLLANDE). Plusieurs des stathouders affectant la tyrannie, les États abolirent le stathoudérat à la mort de Guillaume II de Nassau, en 1650; mais il fut rétabli dès 1672, en faveur de Guillaume III (depuis roi d'Angleterre). Aboli de nouveau à la mort de celui-ci (1702), il fut reconstitué en 1747 en faveur de Guillaume IV de Nassau, qui fut créé stathouder général et héréditaire. Le stathoudérat fut dès lors une véritable royauté. Il subsista sous cette forme jusqu'au moment où les Français firent la conquête de la Hollande (1795).

STATIELLATES, peuple de Ligurie, entre les Vagienni à l'O. et les Apuani à l'E., avait pour ch.-l. Aquæ Statiellæ (Aix); les autres villes étaient Asta, Dertona, Alba Pompeia. Les Statiellates furent soumis par M. Popilius Lænas en 173 av. J.-C.

STATIRA, sœur et femme de Darius Codoman, tomba, après la bataille d'Issus, entre les mains d'Alexandre, qui la traita avec les plus grands égards. Elle avait une fille nommée aussi Statira, qu'Alexandre épousa à son retour des Indes. Il n'en eut point d'enfants; néanmoins la jalouse Roxane lui fit ôter la vie après la mort du roi.

STATIUS (CÆCILIUS), poëte comique latin, était un affranchi d'origine gauloise. Il vécut entre le temps de Plaute et celui de Térence, qu'il encouragea dans ses débuts. Il imita Ménandre, mais lui resta, bien inférieur : aux traits naturels et fins du poëte grec, il substitua des bouffonneries mimiques. On cite de Statius 40 pièces, dont il reste quelques fragments recueillis par Bothe et par Maittaire, et publiés séparément par Spengel, Munich, 1826. — V. STACE.

STATUTS D'OXFORD. V. PROVISIONS D'OXFORD.

STAUFFACHER. V. MELCHTHAL (Arnold de).

STAUNTON (G. Léonard), médecin et voyageur, né vers 1740 à Galway, m. en 1801, exerça son art tant à la Grenade et aux Antilles qu'à Londres, puis s'attacha à lord Macartney et le suivit à Londres, à Madras, en Chine, avec le titre de secrétaire de légation (1792). Il a laissé un Récit authentique de l'ambassade du comte de Macartney en Chine, Londres, 1797 (trad. en franç. par Castéra, sous le titre de Voyage dans l'intérieur de la Chine et de la Tartarie). — Son fils, Thomas St., né en 1780, accompagna lord Amherst à Pékin en 1816 et publia en 1821 un récit de cette ambassade.

STAUPITZ (Jean), doyen de la Faculté de théologie à l'Université de Wittemberg et vicaire général des Augustins en Allemagne, chargea Luther de défendre son ordre contre les Dominicains, mais ne le suivit pas dans ses attaques contre le St-Siége et se retira à Salzbourg, où il mourut en 1527.

STAURACE, emp. grec, succéda en 811 à son père Nicéphore I, fut renversé au bout de 2 mois par son beau-frère Michel Rhangabé, et m. peu après.

STAVANGER, v. de Norvège (Sœndenfield), ch.-l. de bailliage, sur le golfe de Bukke (mer du Nord), à 160 kil. N. O. de Christiansand; 12 000 h.Harald y battit en 874 les rois de Norvége. Anc. évêché, transféré à Christiania en 1686.

STAVELOT, Stabulum, v. de Belgique (Liége), sur l'Amblève, à 36 kil. S. E. de Liège; 4500 hab. Cuirs, ardoises, crayons. Charles-Martel battit les Neustriens en ce lieu (719). Stavelot doit son origine à un monastère fondé en 651 par Sigebert, roi d'Austrasie, et qui eut pour chef S. Remacle.

STAVOREN, v. de Hollande (Frise), sur le Zuyderzée, à 24 k. S. O. de Sneek; 1200 hab. Jadis bon port (auj. comblé). Anc. résidence de rois frisons.

STAVROPOL, v. de Russie, ch.-l. de la prov. du Caucase depuis 1825, sur la r. g. de la Taschela, à 180 kil. N. O. de Georgievsk; 8000 hab. Commerce de cuirs et de suif. — La ville fut fondée en 1780.

STAY (Benoît), poëte latin, né à Raguse en 1714, m. à Rome en 1801, se fit connaître de bonne heure par un beau poëme où il chantait la philosophie de Descartes, et fut nommé successivement professeur d'éloquence et d'histoire au collége de la Sapience, à Rome, puis secrétaire du pape Clément XIII pour les lettres latines. Outre son Poëme sur Descartes (Philosophiæ versibus traditæ libri VI, Venise, 1774), on a de lui un poëme sur la philosophie de Newton (Philosophiæ recentioris versibus traditæ libri X), Rome, 1755-92 : ces deux ouvrages l'ont fait placer par ses admirateurs à côté de Lucrèce.

STEELE (Richard), écrivain anglais, né à Dublin en 1671, m. en 1729, reçut une bonne éducation, s'enrôla malgré sa famille, qui était à l'aise, fut quelque temps simple garde à cheval, devint capitaine, mais finit par se faire auteur et journaliste. Il eut la principale part, avec Addison, son ancien condisciple, à la rédaction de feuilles périodiques célèbres, qui, par la sagesse des doctrines littéraires et politiques qui y étaient professées, exercèrent une grande influence sur l'esprit public : telles furent le Babillard (The Tattler), 1709; le Spectateur, 1711; le Mentor (Guardian), 1713; l'esprit piquant et incisif de ses articles leur valut une vogue extraordinaire. L'auteur fut élu membre de la Chambre des communes; il prit parti pour les whigs et leur rendit de grands services. Sous le ministère tory de la reine Anne, il fut poursuivi comme libelliste et expulsé de la Chambre; sous George I, au contraire, il obtint la faveur des ministres Halifax et Sunderland, qu'il soutenait dans les journaux, et fut nommé commissaire du timbre et gouverneur de la Compagnie royale des comédiens; mais, comme il menait une vie fort irrégulière, cela ne l'empêcha pas d'être sans cesse aux expédients : il mourut paralytique, accablé de dettes et n'ayant plus qu'une pension alimentaire que lui faisaient ses créanciers. On a de Steele plusieurs jolies comédies, entre autres les Amants généreux (Conscious lovers).

STEENVOORDE, ch.-l. de cant. (Nord), à 11 kil. N. E. d'Hazebrouck, sur la frontière de Belgique; 3993 h. Houblon, abeilles; commerce de bestiaux.

STEEVENS (George), critique anglais, 1736-1800, avait beaucoup d'esprit et remplit longtemps les feuilles périodiques d'articles élégants; mais, s'étant permis des attaques anonymes, il devint l'objet du mépris public et mourut dans l'abandon. Il a donné avec Johnson une grande édition de Shakspeare, 1773, 10 vol. in-8 (réimpr. avec des améliorations en 1785 et 1793), l'une des meilleures éditions que l'on ait du célèbre poëte anglais.

STEIBELT (Daniel), pianiste et compositeur, né à Berlin en 1765, m. à St-Pétersbourg en 1823, vint en 1790 à Paris, où il balança le succès de Pleyel, donna en 1793 au théâtre Feydeau Roméo et Juliette, une des meilleures productions de l'époque, et composa des ballets pour les théâtres de Londres et de Paris. Il est le premier qui ait écrit des fantaisies avec variations. Ses œuvres instrumentales pèchent par le plan; on y trouve des longueurs et des répétitions fastidieuses; mais on y sent l'homme inspiré : son morceau de l’Orage a été joué sur tous les pianos.

STEIN, c.-à-d. pierre, nom de plusieurs villes d'Allemagne. La plus importante est Stein-am-Anger, la Sabaria ou Claudia Augusta des anciens, v. de Hongrie, ch.-l. du comitat d'Eisenbourg; 4000 h. Évêché. Antiquités romaines.

STEIN (H., baron de), homme politique, né en 1757 à Nassau, m. en 1831, se mit au service de la Prusse, devint ministre des finances, puis président du Conseil (1808), contribua à la réforme de l'administration prussienne et à l'affranchissement des paysans, mais usa surtout de son influence contre la France et seconda de tout son pouvoir l'essor national en Allemagne. Napoléon, vainqueur, ayant exigé son renvoi, il se retira en Autriche, puis en Russie, où il anima l'empereur Alexandre contre Napoléon. Après le congrès de Vienne, déçu dans les espérances de régénération qu'il avait conçues pour la Prusse, il se retira des affaires. Il fonda en 1819 à Francfort une Société des antiquités allemandes.

STEINBACH (ERWIN de), architecte. V. ERWIN.

STEINKERQUE ou STEENKERKE, bg de Belgique (Hamaut), sur la Senne, à 26 k. N. de Mons; 1000 hab. Le maréchal de Luxembourg y battit le prince d'Orange et les alliés, le 4 août 1692.

STELLA, famille d'artistes distingués, originaire de Flandre, a pour chef Fr. Stella, né en 1563 à Malines, m. en 1605, qui vint de bonne heure s'établira Lyon. — Son fils, Jacques, né à Lyon en 1596, séjourna longtemps en Italie, où il se lia avec Poussin, fut emprisonné à Rome sur de fausses imputations, et couvrit les murs de sa prison de dessins au charbon qui attirèrent tous les curieux de la ville. Rendu à la liberté, il quitta Rome, vint se fixer à Paris, et y fut accueilli par Richelieu, qui le fit nommer premier peintre du roi. Il était aussi fort habile graveur. Ses ouvrages révèlent une imagination heureuse et facile : ce sont presque toujours des sujets enjoués, des pastorales, des jeux d'enfants. Parmi ses tableaux d'histoire, on cite Minerve au milieu des Muses, Jésus discutant avec les docteurs de la loi, le Baptême de J.-C., le Miracle des cinq pains, la Samaritaine. Son coloris est un peu cru et pousse au rouge. — Sa nièce, Claudine Boussonet-Stella (1634-97), excella dans la gravure : personne n'a saisi comme elle le caractère du Poussin. On admire surtout son Moïse exposé et son Frappement du rocher.

STELVIO, mont. et col des Alpes, sur les confins du Tyrol, de l'Italie et de la Suisse, au N. O. du mont Ortler. Le col, bien que placé à une hauteur d'env. 3000m, est traversé par une belle route postale et militaire, qui conduit de Vienne à Milan : cette route est l’œuvre de l'Autriche.

STENAY, Astenidum, ch.-l. de c. (Meuse), sur la r. dr. de la Meuse, à 15 kil. S. O. de Montmédy; 2817 hab. Belles casernes. Tonnellerie hydraulique, haut fourneau, forges, briqueteries, tuileries, tanneries; biscuits et mascarons renommés. — Jadis place forte, qui appartint dès le XIIe s. aux comtes de Bar et que Charles-Quint se fit céder par François I au traité de Crécy. Prise par le vicomte H. de Turenne sous Henri IV en 1591; prise de nouveau et démantelée par Fabert en 1654 (elle était alors défendue par Condé et les Espagnols).

STENDAL, v. des États prussiens (Saxe), ch.-l. de cercle, à 60 k. N. N. E. de Magdebourg ; 6000 h. Lainages, cotonnades. Patrie de Winckelmann. Jadis ch.-l. de la Vieille-Marche de Brandebourg.

STENDHAL (de), pseudonyme de H. Beyle, romancier, né en 1783 à Grenoble, m. à Paris en 1842, était fils d'un riche avocat au parlement de Grenoble et parent du comte Daru. Il essaya les carrières les plus différentes, la peinture, l'état militaire, le commerce, l'administration; fit en amateur la campagne de Russie (1812), se mit à voyager après les événements de 1814, entra dans la diplomatie après 1830, et fut jusqu'à sa mort consul à Civita-Vecchia. Il débuta dans les lettres par quelques études sur les arts : Vies de Haydn, Mozart et Métastase; Hist. de la peinture en Italie; Rome, Naples et Florence (1817) ; Vie de Rossini (1823), puis il s'essaya dans la peinture du sentiment en composant son livre De l'Amour (1822), et publia, sous le titre de Promenades dans Rome (1829) et de Mémoire d'un touriste (1838), d'intéressants souvenirs de voyage; mais il se fit particulièrement remarquer par une suite de romans : Armance, scènes d'un salon de Paris, 1827; le Rouge et le Noir, 1831; la Chartreuse de Parme, 1839, amusante peinture des intrigues d'une petite cour italienne. Stendhal est un écrivain spirituel et original, mais capricieux et paradoxal; c'est un observateur fin et délicat, mais dont l'ironie perpétuelle atteste un esprit blasé. Ses Œuvres ont été publ. en 18 v. gr. in-18, avec une Notice, par Prosper Mérimée, 1855-56.

STÉNON (Nic.), anatomiste, né en 1638 à Copenhague, m. en 1687, était fils de l'orfèvre du roi Christian IV. Il se fit connaître de bonne heure par d'importantes découvertes, voyagea en Hollande, en France, en Italie pour compléter ses connaissances, se fixa à Florence, y abjura la religion réformée (1667), embrassa l'état ecclésiastique (1676), fut nommé par Innocent XII évêque in partibus de Titiopolis et vicaire apostolique dans le Nord et travailla activement dans la dernière partie de sa vie à la conversion des Luthériens. Ses travaux anatomiques eurent principalement pour objet l'étude des muscles, du cerveau et des vaisseaux du corps humain; le nom de Canal de Sténon est resté au canal excréteur de la parotide ou conduit salivaire supérieur. On lui doit un grand nombre d'ouvrages; les principaux sont : Elementa myologiæ, Flor., 1667, et un Discours sur l'anatomie du cerveau, en français, Paris, 1669. Sténon est aussi un des premiers qui aient fait des recherches paléontologiques. — V. STURE.

STENTOR, un des guerriers grecs qui allèrent au siége de Troie, célèbre par l'éclat de sa voix, qui, selon Homère, était aussi forte que celles de 50 hommes.

STENYCLAROS, v. de Messénie, sur le Pamisus, et au N. E. de Messène, était la résidence des rois Messéniens, et fut détruite dans la première guerre de Messénie, après un combat terrible livré sous ses murs. On croit la retrouver dans Nisi ou Meligala.

STÉPHANE, Stephanus. V. ÉTIENNE.

STEPHENS (Alexandre), biographe, né à Elgin en 1767, m. en 1821, a laissé, outre des pamphlets et deux poëmes, 9 volumes de Public characters; l’Histoire des guerres faites à la France à l'occasion de la Révolution (1803), les Mémoires de Horne-Tooke (1813), et les 4 premiers tomes de l’Obituary.

STEPHENSON (George), inventeur des locomotives, né en 1781 à Wylam-sur-Tyn (Newcastle), m. en 1848, était fils d'un ouvrier bouilleur. Il s'éleva du rang de simple ouvrier à celui d'ingénieur, se signala par d'utiles inventions, notamment par celle de la lampe de sûreté, qu'il découvrit en même temps que Davy, et parvint en 1824, après dix années d'essais, à fabriquer et à faire marcher une locomotive telle que celle qu'on emploie aujourd'hui. Il fonda pour la fabrication de ces machines un vaste établissement qui assura sa fortune. — Son fils, Robert Stephenson, 1803-1859, ingénieur en chef de plusieurs chemins de fer et membre du parlement, a exécuté des travaux gigantesques, entre autres le pont Britannia, chemin de fer suspendu qui traverse le détroit de Menay et joint l'île d'Anglesey à la terre ferme (1850), et le pont de Montréal sur le St-Laurent, au Canada. Il a publié une Description de la locomotive, trad. par Mellet, 1839.

STEPPES, plaines immenses et désertes de la Russie d'Europe et de la Sibérie. Les principales sont les steppes de la Petchora, du Dnieper, du Don, du Volga, de l'Oural, de l'Irtyche, de la Léna, etc.

STERNE (Lawrence), écrivain, né en 1713 à Clonmel en Irlande, m. en 1768. Resté orphelin à 17 ans, il fut recueilli par un oncle, ecclésiastique anglican et membre du chapitre de la cathédrale d'York, qui lui fit suivre les cours de l'Université de Cambridge et le fit entrer dans l’Église anglicane. Après avoir succédé à cet oncle dans la cure de Sutton, il vint en 1741 se fixer dans le comté d'York où il avait une prébende et obtint enfin la cure de Coxwold. Il n'était connu que par un recueil de graves sermons lorsqu'il fit paraître, de 1759 à 1767, la Vie et les Opinions de Tristram Shandy (en 9 vol.), ouvrage singulier et d'un genre neuf, qui fit scandale et fut recherché avec fureur. On cria que l'auteur d'un pareil livre ne pouvait être qu'un fou, et il se plut lui-même à prendre dans ses écrits subséquents le nom d'Yorik, le bouffon d'Hamlet. Prématurément épuisé, Sterne fit un voyage en France pour se rétablir (1767). A son retour, il mit au jour le Voyage sentimental (1768), le plus populaire, sinon le meilleur de ses écrits. Il mourut sans avoir pu jouir du succès de ce dernier ouvrage. Ses Œuvres ont été souvent réimprimées en Angleterre (notamment à Londres, 1823, 4 vol. in-12), et plusieurs fois trad. en français (en 1787, par Trenais, en 1840, par Francisque Michel, et, dans la Biblioth. Charpentier, par L. de Wailly). Sterne attira l'attention par une originalité piquante, par un tour d'esprit à la fois sentimental et bouffon, mais trop souvent sa plume se ressent de sa vie licencieuse. Il avait pris pour modèle notre Rabelais et il le copie souvent.

STÉSICHORE, poëte lyrique grec, qu'on fait vivre de 636 à 556 av. J.-C., était d'Himère en Sicile. On le regarde comme l'inventeur de l'épode et de la poésie chorique (strophe et antistrophe), ce qu'indique son nom même qui veut dire Qui a créé le chœur. On conte qu'ayant, dans une de ses odes, mal parlé d'Hélène, il fut frappé de cécité par Castor et Pollux, et que, s'étant rétracté dans une seconde ode, il recouvra la vue. On dit aussi que, pour détourner ses compatriotes de s'allier avec le tyran Phalaris, il imagina le célèbre apologue de l'Homme et du cheval, qu'Horace, Phèdre et La Fontaine ont versifié après lui. Ses poésies, écrites en dialecte dorique, formaient 26 livres. Il n'en reste que quelques fragments, qui ont été recueillis par A. Suchfort, Gœttingue, 1771, et par Kleine, Berlin, 1828, et qui se trouvent dans les divers recueils des lyriques.

STETTIN, Sedinum, v. forte de Prusse (Poméranie), ch.-l. de la régence de Stettin, et jadis de la Poméranie entière, sur l'Oder, qui s'y divise en trois bras, à 60 kil. de la mer Baltique et à 100 kil. N. E. de Berlin; 48 000 h. Bon port sur l'Oder. Évêché évangélique, tribunaux, gymnase, observatoire, séminaires de maîtres d'école, école supérieure, école de navigation, etc. Château construit en 1503, arsenal, hôtel du gouverneur, place royale, chemin de fer. Industrie active et grand commerce extérieur: c'est après Hambourg la 1re place pour le commerce maritime de l'Allemagne du N. Les gros vaisseaux s'arrêtent à Swinemünde. — Cette ville est fort ancienne ; elle fut fondée par les Venèdes ou Wendes. En 1121, Boleslas, roi de Pologne, s'en empara; en 1226, elle devint la résidence des ducs de Poméranie et entra dans la ligue hanséatique. La paix de Westphalie (1648) en transporta la possession des Danois aux Suédois; les Prussiens l'occupèrent en 1672 et s'en firent confirmer la possession en 1720. Les Français la prirent en 1806 et la gardèrent jusqu'en 1813, époque à laquelle elle retourna à la Prusse. — La régence de Stettin, une des trois de la Poméranie, a cette de Cœslin à l'E., les deux grands duchés de Mecklembourg à l'O., la mer Baltique au N., et le Brandebourg au S. Avec les îles d'Usedom et Wollin, qui en dépendent, elle a 13 000 kil. carrés et 624 000 hab.

STEUBEN (le baron de), peintre d'histoire, né en 1788 dans le duché de Bade, m. en 1856, était fils d'un officier au service de Russie. Il étudia à Paris sous Gérard, débuta en 1812 par un tableau de Pierre le Grand sur le lac Ladoga pendant une tempête, traita dans les années suivantes, entre autres sujets : Guillaume Tell s'élançant de la barque de Gessler, le Serment des trois Suisses, Pierre le Grand sauvé par sa mère de la fureur des Strélitz, Napoléon à Waterloo, le Retour de l'île d'Elbe, Napoléon dictant ses Mémoires, la Mort de Napoléon, etc., ouvrages qui pour la plupart sont au Luxembourg. Il déploie dans ces grands sujets le sentiment des situations dramatiques, avec une conception franche et vigoureuse ; mais il pèche par quelque exagération et par la lourdeur du dessin. Dans ses dernières années, il retourna en Russie où il exécuta encore quelques œuvres remarquables, notamment la Mort de Moreau et une partie de la Vie du Christ pour la cathédrale de St-Isaac à St-Pétersbourg.

STEVERSHAUSEN ou SIEVERSHAUSEN, vge du Hanovre (Lunebourg), dans le bailliage de Meinersen et près de cette ville; 300 hab. Maurice, électeur de Saxe, y battit Henri le Jeune, margrave de Brandebourg, en 1553; mais il y fut blessé mortellement. STEVIN (Simon), mathématicien du XVIe s., natif de Bruges, m. en 1635, enseigna les mathématiques à Maurice de Nassau, stathouder de Hollande, qui le nomma ingénieur des digues. Il résolut d'une manière neuve une foule de questions de mécanique, et eut avant Descartes l'idée de noter les puissances par des exposants numériques. Il connaissait aussi la conversion des quantités radicales en puissances fractionnaires, dont on fait honneur à Newton. Il inventa des chariots à voiles ; on lui attribue la découverte de la pesanteur de l'air. Ses ouvrages, écrits en flamand, ont été recueillis et publiés à Leyde, 1605, 2 vol. in-fol., et trad. en latin par Snellius, et en français par Alb. Girard, Leyde, 1634.

STEWART (DUGALD), philosophe écossais, né en 1753 à Édimbourg, mort en 1828, avait pour père Mathieu Stewart, professeur distingué de mathématiques à Édimbourg. Il étudia dans l'université de sa ville natale et à celle de Glascow, où il eut pour maître le docteur Reid (1771), fut chargé dès l'âge de 19 ans de suppléer son père dans sa chaire de mathématiques, suppléa en 1778 Ferguson, prof. de philosophie morale à l'Univ. d’Édimbourg, et obtint lui-même cette chaire en 1785. Il la remplit avec le plus grand succès et la conserva jusqu'en 1810 ; il se fit alors suppléer par Thomas Brown, et vécut depuis dans la retraite, occupé de la rédaction de ses ouvrages. On a de lui : Éléments de la Philosophie de l'esprit humain, en trois parties, 3 vol. in-4, 1792, 1814 et 1827 (la 1re a été trad. par Prévost de Genève, 1818; la 2e par Farcy, 1825; la 3e par L. Peisse, 1842) ; des Esquisses de philosophie morale (1793), trad. par Jouffroy, avec une préface remarquable (1826); des Essais philosophiques (1810), trad. en partie par Ch. Huret (1828), un Discours sur l'histoire des sciences métaphysiques et morales, trad. par Buchon (1820-23), la Philosophie des facultés actives et morales (1828), trad. par L. Simon, 1834, et d'intéressantes notices sur Adam Smith, W. Robertson et Th. Reid. Ses Œuvres complètes ont été publ. après sa mort par W. Hamilton en 11 vol. in-8. Stewart, sans vouloir bâtir de système, a fait faire des progrès à la philosophie, surtout à la psychologie, en appliquant aux sciences métaphysiques les méthodes d'observation et d'induction qui avaient si bien réussi dans les sciences naturelles. Plusieurs de ses ouvrages sont devenus classiques.

STEWART-DENHAM (sir James), économiste, né à Édimbourg en 1713, m. en 1780, étudia la jurisprudence, parcourut le continent, s'attacha au prince Charles-Édouard, le prétendant, fut obligé par suite de s'exiler (1745), vint en France et ne put rentrer en Angleterre qu'en 1767. Il publia cette même année des Recherches d'économie politique, qui le placent auprès d'Adam Smith.

STEYER, v. de l'Autriche propre, jadis capit. de la Styrie, au confluent de l'Ens et de la Steyer, à 160 kil. S. O. de Vienne ; 12 000 h. Manufact. impériale d'armes ; faux, faucilles, rasoirs ; draps, cotonnades ; grand commerce d'exportation. Anc. résidence des margraves de Styrie; vieux château bâti au Xe s. par le margrave Ottokar. Moreau y signa, après la victoire d'Hohenlinden, un armistice avec l'Autriche (25 déc. 1800).

STHÉNÉLUS, un des fils de Persée et d'Andromède, eut pour lot Mycènes à la mort de son père, vainquit et fit prisonnier Amphitryon, son neveu, sous prétexte de venger la mort d'Électryon, qu'Amphitryon avait tué par mégarde, et fut tué par Hyllus, fils d'Hercule. Il eut pour fils Eurysthée. — Un autre Sthénélus, fils de Capanée, l'un des sept chefs qui assiégèrent Thèbes avec Polynice, fut un des Épigones qui prirent et assiégèrent cette ville. Il alla aussi au siége de Troie à la suite de Diomède. A son retour en Grèce, il fit avec ce prince la guerre au roi d'Étolie, Agrius, et le chassa du pays.

STHÉNOBÉE, fille d'Iobate, roi de Lycie, et femme de Prœtus, roi d'Argos, conçut pour Bellérophon une passion criminelle, qui fut méprisée, et poussa son mari à faire périr ce héros.

STILICON, Flavius Stilico, général et favori de Théodose, Vandale d'origine, épousa Séréna, nièce de l'empereur, devint à la mort de ce prince, en 395, tuteur du jeune Honorius, son fils, et régent de l'empire d'Occident, prétendit aussi à la régence de l'empire d'Orient, et crut y parvenir en faisant égorger Rufin, tuteur d'Arcadius, qui régnait à Constantinople, mais se vit déçu dans cet espoir par l'astuce d'Eutrope. Il exerça du moins tout pouvoir en Occident, et fit épouser sa fille par Honorius. Stilicon fit quelque temps respecter les frontières de l'empire par les Barbares, contint les Francs, enleva un de leurs rois, Marcomir, en fit tuer un autre, Suénon ; repoussa les Goths à plusieurs reprises, battit leur roi Alaric à Pollentie (403) et anéantit devant Florence Radagaise, chef des Germains (406); mais il laissa envahir la Gaule par une armée barbare qui mit tout à feu et à sang. Il songeait à faire passer la couronne dans sa famille, lorsqu'Honorius, instruit de ses intrigues, donna l'ordre de le mettre à mort : un de ses lieutenants, Olympius, le fit égorger à Ravenne en 408. Stilicon avait été, au temps de sa toute-puissance, chanté par Claudien, dans un poëme intitulé : De laudibus Stiliconis. Th. Corneille l'a pris pour héros d'une de ses tragédies (1660).

STILLING (J. Henri JUNG, dit), mystique allemand, né en 1740 à Grund (duché de Nassau), m. en 1817, lutta longtemps contre la misère, fut successivement tailleur, maître d'école, instituteur privé, professeur d'économie politique à Lautern (1778), à Marbourg, Heidelberg, enfin conseiller aulique du grand-duc de Bade. D'une piété exaltée, il tomba dans un mysticisme superstitieux et fit partager ses erreurs à un certain nombre d'adeptes, notamment à la célèbre Mme Krudner. Il croyait au commerce des esprits avec le monde sublunaire, et publia dans ce sens : Scènes du règne des Esprits, Francfort, 1803 ; Théorie de la connaissance des Esprits (1808); Apologie de la Théorie des Esprits (1809) ; Théobald le rêveur, etc. On lui doit aussi des ouvrages sur l'économie politique, et une Méthode d'opérer la cataracte, Marbourg, 1781 (il opérait avec succès la cataracte par extraction, d'après la méthode de Lobstein). Il a laissé d'intéressants mémoires, Berlin, 1777-79.

STILLINGFLEET (Édouard), controversiste anglais (1635-99), fut nommé en 1681 par Guillaume III évêque de Worcester, et fut chargé de reviser la liturgie anglicane. Il attaqua dans ses écrits et dans ses sermons les Catholiques, les Presbytériens, les Sociniens, les Déistes, les philosophes, notamment Locke, et finit, au dire de Locke, par tomber lui-même dans une sorte de scepticisme, fruit de l'abus de la controverse. Ses principaux ouvrages sont : Origines sacræ (1662) sur les fondements de la religion naturelle et révélée ; Origines britannicæ (1685), sur la fondation des églises de son pays. Ses Œuvres forment 6 v. in-f., 1710, Londres.

STILO, Consulinum, v. d'Italie (Calabre Ultérieure 1re), à 35 kil. S. de Squillace ; 1800 h. Fonderie pour l'armée. Patrie de Campanella. — Fondée par les Ausoni. Jadis évêché. Dévastée par un tremblement de terre en 1783.

STILPON, philosophe de Mégare, disciple de Diogène et maître de Zénon le Stoïcien, florissait vers 310 av. J.-C. Ce philosophe, ainsi que tous ceux de l'école de Mégare, s'occupait principalement de la logique et du raisonnement. Il niait la réalité des idées abstraites, et faisait consister la sagesse dans l'apathie ou impassibilité.

STIRBEY (le prince Barbo-Dimitri-Bibesco), né en 1794, m. en 1869 ; vint à Paris (1817) étudier le droit et les sciences morales et politiques, qu'il entreprit de répandre dans son pays, la Valachie ; devint hospodar (1849) et fit de sages réformes administratives, abdiqua en 1854, et vécut depuis dans sa retraite. STIRLING ou STRIVELING, v. d’Écosse, ch.-l. du comté de ce nom, sur le Forth, à 55 kil. N. O. d’Édimbourg; 10 000 h. Site magnifique. Château royal, qui était la résidence favorite de Jacques V et qui est auj. une caserne; chemin de fer pour Édimbourg. Stirling remonte au moins au IXe s. Wallace y défit les Anglais en 1297. Jacques II y poignarda de sa main le comte de Douglas, son parent. Stirling a souvent été prise et reprise dans les guerres civiles d’Écosse. — Le comté, entre ceux de Perth au N., de Clackmannan au N. E., de Linlithgow à l'E., de Lanark au S. et de Dumbarton à l'O., a env. 56 kil. de l'E. à l'O., sur 25 du N. au S. et 83 000 hab. Sol médiocre, mais assez bien cultivé; houille.

STIRLING (W. Alexandre, comte de), Écossais, 1580-1640, fut en grande faveur près de Jacques I et de Charles I, alla fonder dans l'Amérique septentr. la colonie de la Nouv.-Écosse(1621), puis fut nommé secrétaire d'État pour l’Écosse (1626) et pair (1630). Il écrivit, sous le titre de Tragédies monarchiques, des pièces qui furent goûtées de son temps, mais qui sont peu lues aujourd'hui.

STOA, poëte latin moderne. V. QUINZANO.

STOBÉE, Joannes Stobæus, compilateur grec du Ve s. de J.-C., qui sans doute était de Stobi, v. de Macédoine, a laissé un précieux recueil en deux parties, qui sont vulgairement intitulées, la 1re, Eclogæ physicæ et ethicæ; la 2e, Sermones ou Anthologicon (en lat. Florilegium) : c'est une espèce d'encyclopédie ou l'auteur a rassemblé une foule de passages d'écrivains anciens sur la philosophie naturelle et sur la morale. La 1re édition complète de ce recueil a paru à Lyon sous ce titre (Sententiæ ex thesauris græcorum delectæ), 1608, in-fol. Les Eclogæ ont été publiées séparément par Heeren, Gœttingue, 1792-1801, 4 vol. in-8, et le Florilegium, par Gaisford, Oxford, 1822; ce dernier y a ajouté les Eglogæ en 1850. Il en a été donné une édition populaire dans la collection Teubner, par Meinecke, 1855-59. Hug. Grotius a mis en vers latins les vers grecs qui se trouvent dans Stobée, 1623, in-4.

STOBES, Stobi, auj. Istib, v. de Macédoine, capit. de la Péonie, chez les Agrianes, devint sous les Romains la métropole de la Macédoine Salutaire.

STOCKACH, vge du grand-duché de Bade, à 25 k. N. N. O. de Constance; 1500 hab. L'archiduc Charles y obtint un avantage sur Jourdan le 25 mars 1799, et Moreau y battit le général Kray le 3 mai 1800.

STOCKHOLM, Holmia, capit. de la Suède et ch.-l. de la prov. de Stockholm, entre le lac Mælar et la Baltique, par 15° 43' long. E. et 59° 20' lat. N., à 1922 k. N. E. de Paris; env. 100 000 hab. Cette ville est bâtie sur huit îles et deux presqu'îles; sa situation au milieu des eaux l'a fait surnommer la Venise du Nord. Port vaste et sûr, mais de difficile accès ; 10 quartiers, 14 ponts, superbe palais royal, qui domine toute la ville, superbe église St-Nicolas, opéra, monnaie, banque, hôtel de ville, beaux quais. Du reste, la ville est irrégulière, escarpée et médiocrement bâtie (beaucoup de maisons sont en briques ou en bois, et bâties sur pilotis); sites pittoresques. Académie des sciences, avec observatoire, cabinet d'histoire naturelle, bibliothèque, académie des belles-lettres, histoire et antiquités, académie suédoise des Dix-Huit, et autres sociétés savantes; collége des mines (avec un beau cabinet), institut carolinien de médecine, écoles d'arpentage, de navigation, de dessin, de sourds-muets, etc. ; riche galerie de tableaux, bibliothèque royale, collection Hermelin, musée des antiques, cabinet de modèles. Industrie active : horlogerie, instruments de mathématiques et de physique, orfèvrerie, armes; fonderies, raffineries de sucre; chantiers de construction navale. Commerce immense : tous les produits de la Suède s'y rendent pour être exportés. Aux env., magnifiques promenades : le Parc (Thiergarten), le Djurgaerd, les châteaux de Rosendal et de Haga. — Fondée dès le XIIIe s. par le comte Birger, dans des îles boisées (son nom est dérivé de stock, bois, morceau de bois, et de holm, île), elle ne devint capitale qu'au XVIIe s. (c'est Upsal qui l'était auparavant). En cette ville eut lieu en 1520 le fameux Massacre de Stockholm, par lequel Christiern II crut consolider la domination du Danemark sur la Suède, et qui n'eut pour effet que la chute de ce prince, la rupture définitive de l'union de Calmar et l'avénement des Vasa (1523). Il a été conclu à Stockholm plusieurs traités de paix sous la médiation de la France, notamment en 1719 entre la Suède et l'Angleterre, et en 1720 entre la Suède, la Prusse et le Danemark. — La prov. de Stockholm se compose de parties des anc. provinces d'Upland et Sudermanie; elle a pour villes principales (outre Stockholm) Carlberg, Marieberg, Nortelge, Drottningholm, et compte 216 000 hab.

STOCKPORT, v. d'Angleterre (Chester), sur la Mersey, à 55 kil. E. N. E. de Chester et à 12 kil. S. E. de Manchester; 52 000 hab. Grand commerce: draps, chapeaux, tissus de coton, mousselines, lainages, soieries. Canal par lequel la ville communique avec Manchester ; chemin de fer. Jadis ville forte et baronnie (appartenant aux comtes de Chester).

STOCKTON, v. d'Angleterre (Durham), sur la Tees, à 17 kil. de son embouch. dans la mer du Nord, à 32 kil. S. E. de Durham; 55 000 h. Bel hôtel de ville. Toile à voile, damas, drap, linge damassé, corderies, chantiers de construction maritimes, fonderies de fer, etc. Grand commerce.

STŒCHADES INSULÆ, auj. les îles d’Hyères, nom donné par les anciens à un groupe d'îles de la Méditerranée, sur les côtes de la Narbonaise. On distinguait les Petites Stœchades, sur la côte du département des Bouches-du-Rh6ne, en face de Marseille : c'étaient Proté ou Themista (auj. Ratoneau), Mese ou Pompeiana (Pomègue), et Hypea (If); et les Grandes Stœchades, c.-à-d. Sturium, Phenice, Phila (auj. Porquerolles, Portcros et l'île du Levant ou du Titan), qui sont les trois principales du groupe des îles d'Hyères sur les côtes du dép. du Var.

STOFFLET (Nic.), général vendéen, né à Lunéville en 1751, m. en 1796, était fils d'un meunier et avait servi 15 ans comme simple soldat, puis était entré comme garde-chasse chez le comte de Colbert-Maulevrier. En 1793, il se joignit aux insurgés de la Vendée, se signala à la prise de Chollet, de Fontenay, de Saumur, et finit par être nommé major général de l'armée royale. A la mort de La Rochejacquelein (1794), il s'empara du commandement. Il eut d'abord quelque succès et s'unit à Charette ; mais, s'étant bientôt brouillé avec celui-ci, il fit sa paix avec la Convention (1795). Cependant, peu de mois après, il reprit les armes à l'instigation des agents du comte d'Artois, avec le titre de lieutenant général. Cette fois, il fut pris et fusillé à Angers (1796).

STOÏCIENS, Stoici, secte de philosophes fondée à Athènes vers l'an 300 av. J.-C., avait pour chef Zénon de Citium et tirait son nom d'un portique (en grec stoa), où se réunissaient les disciples de Zénon, pour recevoir les leçons de leur maître. Les Stoïciens divisaient la philosophie en 3 parties: Logique, Physique ou Physiologie et Morale : ils la comparaient à un jardin : la logique en était l'enclos, la physiologie la terre et les plantes, la morale le fruit. En Morale, ils professaient une doctrine austère, regardaient la vertu comme le souverain, bien, niaient que la douleur fût un mal, croyaient à la Providence et insistaient sur les causes finales. Ils résumaient toute leur morale dans ces deux préceptes : Abstine, sustine. Ils soutenaient sur le bonheur du sage des paradoxes qui ont prêté au ridicule. Les Stoïciens les plus célèbres, après Zénon, furent, chez les Grecs, Chrysippe, Cléanthe, Panétius, Posidonius, Athénodore de Tarse, Épictète, Arrien; à Rome, Caton, Sénèque, Thraséas, Musonius Rufus, Cornutus, Perse et l'emp. Marc-Aurèle. Juste-Lipse et Scioppius, chez les modernes, ont cherché à faire revivre le Stoïcisme. On doit à M. Ravaisson un profond ' Mémoire sur les Stoïciens (dans le recueil de l'Académie des inscriptions), 1850.

STOKE, bg d'Angleterre (Nottingham), au N. de Nottingham. Henri VII y défit Simnel en 1487.

STOKE-UPON-TRENT, v. d'Angleterre (Stafford), sur le Trent, à 3 kil. E. de Newcastle-under-Line ; 46 000 h. Grande manufacture de porcelaine, créée par Wedgwood, faïences, poteries.

STOLBERG, v. des États prussiens (Prov. Rhénane), à 12 kil. E. d'Aix-la-Chapelle; 5000 h. Nombreuses manufactures établies par des réfugiés français : fabriques de laiton, les premières de l'Europe, aiguilles, rails. Aux env., mines de cuivre et de zinc.

STOLBERG-AM-HARZ, v. des États prussiens (Saxe), à 80 kil. N. O. de Mersebourg; 4500 h. Patrie de l'Anabaptiste Storch. Résidence des comtes de Stolberg.

STOLBERG (Fréd. Léopold, comte de), né en 1750 à Bramstedt (Holstein), où son père était grand bailli, m. en 1819, se livra jeune à la littérature; voyagea en Suisse et en Italie avec Gœthe et Lavater; fut ministre plénipotentiaire du duc d'Oldenbourg à Copenhague, puis remplit diverses missions à St-Pétersbourg, à Berlin, et fut chargé par le prince-évêque de Lubeck de la direction du consistoire et des finances de ses États. Né luthérien, il abjura en 1800. Ses principaux ouvrages sont des traductions en vers allemands de l’Iliade d'Homère, d’Eschyle, et d’Ossian, une Relation de son voyage, et une savante Hist. de la Religion chrétienne (Hambourg, 1806-18, 15 v. in-8), écrite au point de vue catholique, et que la Propagande de Rome fit traduire en italien.

STOLBERG (la comtesse de). V. ALBANY.

STOLBOVA, vge de Russie, près de St-Pétersbourg, auj. en ruines. Il y fut conclu en 1617 entre la Russie et la Suède un traité qui déterminait les frontières des deux États.

STOLL (Maximilien), médecin, né en 1742 à Erzingen (Souabe), mort en 1788, était d'abord entré dans l'ordre des Jésuites. Il en sortit en 1767 pour se livrera la médecine, et devint professeur à Vienne en 1776. Il fut un des propagateurs de l'inoculation. On a de lui : Ratio medendi, 1777-80, 4 vol., trad. par Mahon, 1809 ; Aphorismi de cognoscendis et curandis febribus, 1787, trad. par Mahon et Corvisart.

STOLON (Cn. LICINIUS). V. LICINIUS.

STOLPE, v. murée des États prussiens (Prusse), ch.-l. de cercle, à 60 kil. N. E. de Cœslin, sur la Stolpe (qui se jette dans la Baltique à Stolpemünde); 10 000 hab. Toiles, lainages; ambre jaune et ouvrages en ambre. Patrie de Ruhnkenius.

STONEHAVEN, v. et port d’Écosse, capit. du comté de Kincardine, sur la mer Germanique, à 172 k. N. d’Édimbourg; 3500 hab.

STONEHENGE, curieux monument du culte des anciens Bretons, qui se trouve en Angleterre (comté de Wilts), dans la plaine de Salisbury, à 12 kil. de cette ville : il se compose de 4 rangées d'énormes pierres brutes (quelques-unes ont 10m de long et 3 de large), placées debout et circulairement : on croit que ce sont les restes d'un temple druidique.

STORA, bg et port de l'Algérie, sur une baie de la Méditerranée, à 85 kil. N. E. de Constantine et à 4 k. O. de Philippeville, dont il est le port, fut occupé le 7 oct. 1838 par les Français.

STORA-ET-KOPPARBERG (gouvt de), un des gouvts de la Suède, dans la Suède propre, au N., entre ceux de Jæmtland au N., d'Œrebro au S. et la Norvége à l'O. ; 36 000 kil. carrés; 155 000 hab.; ch.-l. Falun. Il est formé de l'anc. Dalécarlie. Lacs; mont. à l'O. Sol assez fertile. Cuivre en abondance, d'où le 2e nom donné à ce pays (Kopparberg veut dire mont de cuivre).

STORCH ou STORCK (Nic.), dit aussi Pelargus (c.-à-d. cigogne, traduction grecque de l'allemand storck), chef des Anabaptistes, né à Stolberg en Saxe, m. en 1530 à Munich, exagéra les principes de Luther, prescrivit un 2e baptême, condamna l'étude des Pères, des conciles, et même des belles-lettres, mais admit la liberté de conscience et donna ainsi des bases plus larges à l'Anabaptisme qui, remanié par lui, s'est perpétué jusqu'à nos jours. Luther le fit bannir de Saxe par l'électeur; mais la ville de Zwickau, la Franconie, la Souabe, la Silésie, la Pologne, se remplirent de ses adhérents.

STORCH (H. Fréd. de), économiste, né à Riga en 1766, m. en 1835, alla se fixer à St-Pétersbourg, y devint professeur dans le corps des Cadets, précepteur des filles de Paul Ier, conseiller de cour, lecteur de l'impératrice et entra à l'Académie des sciences de cette ville, dont il fut élu vice-président en 1828. On a de lui, entre autres ouvrages: Principes généraux des Belles-lettres, St-Pétersb., 1789; Tableau historique et statistique de l'empire de Russie à la fin du XVIIe s., en allemand, 1797-1803, ouvrage en partie trad. en français dès 1801; Cours d'économie politique, en français, 1815 et 1823, avec notes de J. B. Say.

STORŒ, île de la mer du Nord, sur la côte O. de la Norvége, à 45 kil. S. de Bergen; 2600 hab.; 26 kil. sur 15. Harald-Haarfager y tenait sa cour.

STORTHING, diète de la Norvège : c'est un corps représentatif et électif, composé de 2 chambres, la Ch. haute et la Ch. basse. Il s'assemble tous les trois ans à Christiania, vote l'impôt, discute les lois, et peut dans certains cas se passer de la sanction royale.

STOURBRIDGE, v. d'Angleterre (Worcester), sur la Stour, à 28 kil. N. de Worcester, 6500 hab. Lainages, poterie, verreries, tanneries, briqueteries. Usines à fer, houille, sable à verre.

STRABON, Strabo, célèbre géographe grec, d'Amasée en Cappadoce, né vers 50 av. J.-C., appartenait à une famille qui avait joué un rôle sous les anciens rois de Pont. Après avoir reçu une éducation distinguée, il voyagea dans l'Asie-Mineure, la Syrie, l’Égypte, la Grèce, l'Italie, vécut longtemps à Rome, et mourut dans les dernières années de Tibère. Il avait composé des Mémoires historiques (qui sont perdus), et une Géographie en 17 livres, dont la majeure partie nous est parvenue. Malgré quelques erreurs (notamment sur la direction des Pyrénées), c'est, avec celui de Ptolémée, le meilleur ouvrage de ce genre que nous ait laissé l'antiquité : l'histoire, la religion, les mœurs, les institutions des différents peuples y sont mêlées aux descriptions géographiques ; l'histoire doit à ce livre une foule de renseignements précieux. Strabon a joui au moyen âge d'une telle autorité qu'on ne l'appelait que le Géographe. Les meilleures éditions de Strabon sont celles de Siebenkees et Tzschuke, Leipsick, 1796-1818, 7 vol. in-8; de Falconer, Oxford, 1807, 2 vol. in-fol.; de Coraï, Par., 1815-19; de G. Kramer, Berl., 1844-52; de Dübner et Ch. Muller, dans la collection Didot, 1853-58. On en a des trad. latines par Phavorinus et Tifernas, Rome, 1469, et par Xylander, Bâle, 1571, et une excellente traduction française, publiée avec le texte et accompagnée d'éclaircissements, par MM. Laporte du Theil, Gosselin, Coraï et Letronne, Paris, 1805-1819, 5 vol. grand in-4. M. Tardieu a donné en trois volumes (1863 et suiv.) une nouvelle traduction de Strabon.

STRADA (Famien), Jésuite, né à Rome en 1572, m. en 1649, professa 15 ans la rhétorique au collége romain. Il a laissé, entre autres écrits : De bello Belgico decades duo, Rome, 1632-47, 2 vol. in-fol., renfermant l'histoire des Pays-Bas de 1555 à 1590. Il avait composé une 3e décade, mais l'Espagne en empêcha, dit-on, la publication : Strada est pourtant favorable à la cause de l'Espagne et du catholicisme. Il se fait en outre remarquer par une latinité pure. Son ouvrage est un des plus importants pour l'histoire des Pays-Bas. Il a été traduit en français par Duryer, Paris, 1644.

STRADAN (Jean), peintre flamand, né à Bruges en 1536, m. vers 1605, passa la plus grande partie de sa vie en Italie, se fixa à Florence où il travailla avec Vasari, fut appelé à Naples par Juan d'Autriche pour peindre les hauts faits de ce prince, et revint passer ses dernières années à Bruges. Parmi ses tableaux, on remarque surtout un Christ sur la croix, auquel le bourreau présente l'éponge, à Bruges, gravé par Ph. Galle. Sa manière est savante et grandiose, mais son dessin un peu lourd.

STRADELLA (Alexandre), compositeur et chanteur, né à Naples vers 1640, possédait une voix ravissante. Il avait enlevé une jeune Vénitienne de famille noble et l'avait emmenée à Rome : la famille outragée aposta des assassins pour le tuer lorsqu'il sortirait de St-Jean de Latran, où il devait chanter un de ses plus beaux oratorios ; mais les assassins se laissèrent émouvoir par son chant et épargnèrent sa vie (ce triomphe de la musique a fourni à Niedermeyer le sujet d'un intéressant opéra-comique). Deux ans après, il succomba sous les coups de nouveaux meurtriers, soudoyés par le père de la jeune femme.

STRADIVARIUS (Ant.), habile facteur d'instruments à cordes et à archet, né vers 1670 à Crémone, m. vers 1746, était élève des Amati, et eut pour élève Joseph Guarnerius, qui pourtant resta au-dessous de lui. Ses violons jouissent d'une si grande réputation qu'ils se sont vendus jusqu'à 10 000 fr.

STRAFFORD, v. d'Angleterre (Warwick), sur l'Avon, à 15 kil. S. O. de Warwick ; 5500 hab. Patrie de Shakspeare, dont on y voit la maison natale.

STRAFFORD (Thomas WENTWORTH, comte de), homme d'État, né à Londres en 1593, d'une famille alliée au sang royal, entra en 1621 au Parlement, y débuta avec éclat en se posant comme l'antagoniste de Buckingham, ministre et favori du roi, et comme le défenseur des franchises nationales, fut pour ce motif privé de la place de garde des archives d'York qu'il occupait, donna l'exemple de refuser le payement d'un impôt illégal et subit pour ce fait la détention, puis l'exil, reparut au Parlement de 1628, et fit adopter la célèbre pétition des droits. Après l'assassinat de Buckingham, il se rapprocha de Charles I, qui le créa pair sous le nom de Strafford, et le nomma président de la cour du nord, puis gouverneur d'Irlande (1632-39). L'opposition le considéra dès lors comme apostat. Strafford rendit des services essentiels à Charles tout le temps que ce prince gouverna sans parlement : il obtint quelques succès sur les rebelles d’Écosse, mais Charles l'empêcha d'achever sa victoire. Quand le roi eut été contraint de réunir le Parlement, le puritain Pym, un des membres de cette assemblée, l'accusa de trahison, provoqua une enquête contre lui, et la soutint devant les lords; ceux-ci, cédant à la crainte d'un mouvement populaire, le condamnèrent à mort. Le roi, dont il n'avait été que l'instrument et qui avait promis de le sauver, eut la lâcheté de signer l'arrêt, qui fut exécuté le 12 mai 1641 : Strafford subit le supplice avec fermeté. Cette mort fut le prélude de celle de Charles lui-même. Sous Charles II, la mémoire de Strafford fut réhabilitée. On doit à Lally-Tolendal un Essai sur Strafford, Londres, 1795.

STRALSUND, v. du roy. de Prusse (Poméranie), ch.-l. de la régence de Stralsund et jadis de la Poméranie suédoise, à 240 k. N. de Berlin, sur la Baltique, vis-à-vis de l'île de Rugen ; 20 000 hab. Bon port. Cathédrale St-Nicolas, église Ste-Marie, bel hôtel de ville, surmonté de 7 tours, monnaie, arsenal. Gymnase, école de navigation, bibliothèque, cabinet de médailles. Lainages, distilleries, raffineries de sucre, manuf. de tabac, fabriques de cartes à jouer, chantiers. Commerce maritime actif. — Fondée en 1209 par le prince de Rugen, cette ville entra en 1242 dans la ligue hanséatique. Elle fut longtemps une des plus fortes places de l'Europe : Wallenstein l'assiégea vainement en 1628 ; Frédéric-Guillaume l'enleva en 1678 à la Suède, à laquelle elle avait été attribuée par le traité de Westphalie (1648); les armées combinées de Russie, de Prusse et de Danemark s'en emparèrent en 1713. Rendue à la Prusse en 1720, elle fut prise en 1807 par les Français, que commandait le maréchal Brune ; elle retourna à la Prusse en 1815. — La régence de Stralsund a pour bornes au N. et à l'E. la Baltique, au S. E. et au S. la régence de Stettin, au S. O. et à l'O. le grand-duché de Mecklembourg-Schwérin : 125 kil. sur 40 de largeur moyenne ; env. 185 000 h.

STRANGE (Robert), graveur écossais, né aux Orcades en 1725, m. en 1795. On a de lui, entre autres ouvrages : Charles I, de Van Dyck ; Cléopâtre, Vénus, l'Annonciation, Cupidon endormi, du Guide ; Bélisaire, de Salvator Rosa ; Ste Agnès, du Dominiquin ; Ste Cécile, de Carle Maratte ; la Madeleine et S. Jérôme, du Corrége ; la Mort de Didon, Abraham renvoyant Agar, Esther devant Assuérus, du Guerchin ; Danaé, Vénus et Adonis, du Titien ; S. Jean enfant, de Murillo. Son burin est fort doux et son dessin correct.

STRAPAROLA (Gian Francesco), conteur italien du commencement du XVIe s., auteur des Piacevoli notte (1550 ; souvent réimprimé). La trad. fr. (Les Facétieuses nuits), par Louveau et Larivey (1560-73) a été réimprimée dans la Bibl. Elzévir., 2 vol. in-16.

STRASBOURG, Argentoratum, v. d'Alsace-Lorraine, ch.-l. de l'anc. dép. du B.-Rhin. sur l'Ill, à 3 k. de son embouchure dans le Rhin, à 458 k. E. de Paris : 82 014 hab. Place de guerre de 1re classe ; avait évêché catholique, consistoire luthérien, synagogue ; trib. de 1re inst. et de commerce ; académie universitaire, facultés de théologie protestante, de droit, de médecine, des sciences et des lettres ; lycée, école normale, séminaire, hôpital militaire d'instruction, cours de clinique et d'anatomie, école d'artillerie, Sociétés des sciences naturelles, Soc. agricole, Soc. des arts, bibliothèque, cabinet d'histoire naturelle, jardin des plantes, observatoire, orangerie. — Cathédr. magnifique, dont la tour a 142m de haut, et qui renferme une fameuse horloge astronomique (exécutée en 1352, arrêtée pendant fort longtemps, rétablie par Schwilgué en 1842), beau temple protestant de St-Thomas, qui renferme le tombeau du maréchal de Saxe par Pigalle ; palais épiscopal, palais de justice, théâtre, arsenal, casernes, fonderie de canons ; belles promenades (dont deux ont des obélisques, en l'honneur de Kléber et de Desaix); statue de Gutenberg, par David d'Angers (1840). Grande industrie : filatures, bonneterie, travail des peaux, chaussons et gants fourrés, quincaillerie, coutellerie, horlogerie, orfèvrerie, produits chimiques, fabriques de tabac, brasseries ; pâtés de foie gras et jambons renommés. Banque, commerce immense entre l'Allemagne d'une part, Paris et Lyon de l'autre. Plus, chemins de fer. A 2 k. de Strasbourg, est le pont de Kehl, sur le Rhin, qui mène de France dans le grand-duché de Bade. Une foule d'hommes remarquables sont nés dans cette ville ou y ont résidé : Gutenherg, Bucer, Schœpflin, Brunck, Oberlin, Schweighæuser, Kléber, Kellermann, Andrieux. — Argentoratum fut, dit-on, fondée par Drusus, frère de Tibère, vers l'an 15 av. J.-C., sur le territoire des Triboci, et comprise dans la 1re Germanique. Julien y battit les Allemands et les Francs en 357. — Brûlée par Attila, elle fut relevée sous le nom de Strasbourg (c.-à-d. bourg sur la route), parce qu'elle était sur la route qui conduisait de Gaule en Germanie. Réunie au roy. de Lorraine dans le IXe s., elle devint en 1205, après plusieurs révolutions, ville impériale, et entra dans diverses ligues avec les villes souabes. Elle fut des premières à embrasser le Protestantisme. L'emp. Ferdinand II y établit en 1621 une université protestante. Louis XIV s'empara de Strasbourg (1681) en pleine paix, d'après une décision des Chambres de réduction : ce fut une des causes de la guerre du Palatinat ; elle lui fut assurée par la paix de Ryswick (1697), et devint la capitale de l'Alsace. Tout en perdant son indépendance politique, elle garda de grands privilèges : elle eut un gouvt municipal, un grand et un petit sénat, etc. Dans la guerre de 1870-71, Strasbourg soutint contre les Allemands un siége mémorable (10 août-27 sept.).

STRATÈGE, c.-à-d. général, nom donné chez les anc. Grecs à tout chef d'armée, désigna spécialement dans les derniers temps de leur indépendance les chefs des deux ligues achéenne et étolienne.

STRATON, de Lampsaque, philosophe péripatéticien, disciple de Théophraste, lui succéda dans la direction du Lycée vers 289 av. J.-C., et mourut vers 270. Il avait passé une partie de sa vie en Égypte, et avait élevé Ptolémée Philadelphe, qui se montra fort reconnaissant envers lui. Ce philosophe expliquait tout par la force productrice de la nature (physis, en grec) et par les lois de la physique et de la mécanique, ce qui le fit surnommer le Physicien. N'accordant à la nature ni intelligence, ni conscience d'elle-même, il fut regardé comme athée.

STRATONICE, princesse grecque d'une grande beauté, fille de Démétrius Poliorcète, épousa Séleucus Nicator, roi de Syrie (vers 299). Antiochus Soter, fils de ce prince, devint amoureux de sa belle-mère au point d'en tomber gravement malade : le médecin Érasistrate, qui avait deviné la cause de son mal, quoiqu'il la cachât avec soin, ayant déclaré que le seul moyen de le sauver était de l'unir à la princesse, Séleucus consentit à rompre son propre mariage pour la lui céder.

STRATONICÉE, auj. Eski-hissar, v. de Carie, au centre, à 110 k. S. E. de Smyrne, fut ainsi nommée en l'honneur de Stratonice. C'est dans cette ville qu'on a trouvé l'original latin de la loi de Maximum publiée en 301 par Dioclétien.

STRATOS, anc. v. d'Acarnanie, près de l'Achéloüs et de la frontière d'Étolie, était un poste militaire important ; aussi fut-elle occupée par les Étoliens dans leurs guerres contre les rois de Macédoine et les Romains. On en trouve des ruines près du village actuel de Lépéton.

STRAUBINGEN, Castra Augustana, v. de Bavière (Bas-Danube), sur le Danube, à 85 kil. N. O. de Passau; 8000 hab. Tribunaux, école latine, école normale. Église St-Jacques, avec une tour de 91m. — Jadis capit. de la Basse-Bavière et titre de duché. Plusieurs fois assiégée. Prise en 1743 par les Autrichiens qui la rendirent en 1745, mais démantelée.

STRÉLITZ, nom de 2 villes du duché de Mecklembourg-Strélitz, qui ont donné leur nom au duché : Neu-Strélitz (Nouv.-Strélitz), capit. du grand duché, à 140 kil. S. E. de Schwérin; 6500 hab. Château ducal, gymnase dit Carolinum, bibliothèque, cabinet de médailles. — Alt-Strélitz (Vieux-Strelitz), à 6 kil. S. E. de Neu-Strélitz; 4000 h. Fabriques de tabac , tanneries. — La Nouv. Strélitz fut bâtie en 1733.

STRÉLITZ, c.-à-d. en russe, chasseurs, tireurs, corps d'infanterie russe institué vers 1545 par le czar Ivan IV, montait à 40 000 hommes et fournissait la garde impériale. C'étaient des troupes permanentes, célèbres par leur bravoure; elles formaient la garde du czar, et avaient beaucoup de privilèges; mais elles en abusèrent et s'insurgèrent souvent, surtout au commencement du règne de Pierre le Grand, à l'instigation de sa sœur Sophie. Pierre, pour les punir, les décima en 1698, et bannit le reste : ils furent relégués à Astrakan. Une nouvelle tentative de révolte des Strélitz contre Pierre le Grand amena la destruction complète du corps en 1705.

STRENGNÆS, v. de Suède (Nykœping), sur le lac Maelar, à 65 kil. N. de Nykœping; 1200 hab. Évêché luthérien ; gymnase. Lycée où fut élevé Gustave Vasa.

STRIDO, Stridonia, bg de Hongrie (Szalad), à 25 kil. N. N. O. de Warasdm. Patrie de S. Jérôme.

STRIEGAU, v. des États prussiens (Silésie), ch.-l. de cercle, à 57 kil. O. S. O. de Breslau. Tribunaux. Le grand Frédéric y battit les Austro-Saxons en 1745.

STRIGONIE, ville de Hongrie. V. GRAN.

STRIVALI, nom moderne des Strophades.

STRŒMOE (île), la principale des îles Féroë, par 9° 30' long. O., 62° 10' lat. N. : 60 kil. sur 22; 2500 h.; ch.-l., Thorshaven. Très-montueuse; côtes échancrées.

STROGONOF ou STROGANOF, anc. famille russe, connue dès la XVIe s., a fourni plusieurs personnages distingués : le comte Alexandre, né vers 1750, m. en 1811 : il habita longtemps Paris, fut à son retour nommé président de l'Académie des beaux-arts de de St-Pétersbourg, et fut le Mécène des artistes et des gens de lettres; — le comte Paul, neveu d'Alexandre, qui fit avec éclat les campagnes d'Autriche (1805), de Prusse (1807), de Moldavie contre les Turcs (1809), de France (1813-14), et fut tué sous les murs de Laon (1814); — le comte Grégoire, 1770-1857, successivement ambassadeur à Madrid, à Stockholm, à Constantinople (1822) : dans ce dernier poste, il défendit avec fermeté les intérêts religieux et politiques des Grecs; — le comte Serge, gouverneur de Riga où il se fit remarquer par sa bienfaisance, puis curateur de l'Université de Moscou, à qui on doit la publication de travaux archéologiques importants.

STROMBOLI (île), Strongyle, une des îles Lipari, la plus septentr. du groupe, par 12° 52' long. E., 38° 43' lat. N. : 6 kil. sur 3; lieu principal, Inostra (1000 h.). Ile volcanique : on y remarque un cratère haut de 700m, qui vomit sans cesse une fumée rougeâtre. Sol très-fertile; pêche active; soufre, pierre ponce. Duquesne et Ruyter se livrèrent un combat naval près de Stromboli, 1676.

STRONGOLI, Pétilies, v. d'Italie (Calabre Ultér., 2e), à 60 kil. N. E. de Catanzaro; 2000 hab. Évêché. Aux env., mines d'or, d'argent, de mercure, de soufre.

STRONGYLE. V. STROMBOLI et NAXOS.

STRONTIAN, vge d’Écosse (Argyle), à 50 kil. S. O. du Fort-William. Aux env., mines de plomb dans lesquelles Kirwan et Hope ont découvert, en 1790, le minéral qui a reçu de là le nom de strontiane.

STROPHADES, auj. Strivali, groupe de 4 petites îles de la mer Ionienne, près de la côte O. de la Messénie et au S. de Zacynthe, étaient censées la demeure des Harpyies depuis que Calaïs et Zéthès, fils de Borée, les avaient chassées de la Thrace.

STROUD, v. d'Angleterre (Glocester), à 14 k. S. de Glocester, sur la Frome et la Stroud-Water; 45 000 h. Importantes fabriques de draps et de lainages, fouleries, teintureries renommées : les eaux de la Stroud sont excellentes pour la teinture. Commerce actif que favorise un canal.

STROZZI, anc. famille de Florence, qui eut longtemps la régence de cette république, s'est distinguée dans les sciences et les lettres aussi bien que dans la politique et les armes. Elle avait des possessions en Toscane, dans les États de l'Église, et à Naples. Alliés aux Valois, les Strozzi recevaient des rois de France le titre de cousins.

STROZZI (Pallas), savant et homme d'État, né à Florence en 1372, m. en 1462, consacra sa grande fortune à recueillir et faire copier des manuscrits grecs qu'il tirait à grands frais de la Grèce même : c'est à lui qu'on doit l’Almageste de Ptolémée, les Vies de Plutarque, les Œuvres de Platon, la Politique d'Aristote. Placé en 1428 à la tête de l'Université de Florence, il l'éleva au plus haut degré de splendeur. Ennemi déclaré des Médicis, il fut contraint, quand ils eurent usurpé le pouvoir, de se réfugier à Padoue, où il mourut. — Son petit-fils, Philippe, né en 1488, épousa une parente des Médicis (Clarice, fille de Pierre et sœur de Laurent II), mais n'en fut pas moins le défenseur des libertés publiques contre cette famille : il refusa une principauté que lui offrait Léon X (qui était un Médicis), et eut la principale part à la révolution de 1527, qui enlevait Florence à l'influence des Médicis et y rétablissait l'ancienne forme du gouvernement; cependant, fatigué de l'anarchie, il aida au triomphe du duc Alexandre de Médicis (1530), qui le créa sénateur; mais il se brouilla bientôt avec ce mauvais prince et s'éloigna. Réfugié à Venise, il tenta en 1537, à la tête d'émigrés florentins, de rentrer dans sa patrie, mais fut surpris à Montemurlo par Vitelli, et enfermé dans la citadelle de Pistoie : il s'y coupa la gorge (1538), en apprenant qu'on allait remettre la place à Cosme I, successeur d'Alexandre. — Pierre, fils aîné du préc., et cousin germain de la reine Catherine de Médicis, entra au service de la France, fut nommé général des galères, puis maréchal de France, conduisit en 1554 et 55 une expédition au secours de Sienne, assiégée par Côme I, mais fut battu à Marciano et à Lucignano. Il commanda deux ans plus tard, mais sans grands succès, l'armée du pape Paul IV, et fut tué en 1558 au siège de Thionville. — Léon, frère du préc., 1515-54, entra dans l'ordre de Malte, fut chef d'escadre au service de la France, fut envoyé en Écosse avec 20 galères pour secourir la reine Marie de Lorraine, dirigea des expéditions sur les côtes d'Espagne et en Italie, investit le fort de Scarlino (principauté de Piombino), et y fut blessé mortellement. — Philippe, fils de Pierre, né à Venise en 1541, fut enfant d'honneur du Dauphin (depuis François II), devint colonel des gardes-françaises (1563), fit des prodiges de valeur aux batailles de La Roche-Abeille, de Moncontour et au siége de La Rochelle, commanda les secours fournis par Catherine de Médicis au prieur de Crato, reconnu roi de Portugal, mais fut pris à la bat. navale des Açores par l'amiral espagnol Santa-Cruz, qui eut la barbarie de le jeter à la mer (1582).

STROZZI (Titus Vespasien), poëte latin moderne, né en 1422 à Ferrare, m. en 1501, fut chargé de diverses missions par les ducs de Ferrare, et présida le conseil des Douze, mais se rendit odieux au peuple. Il a laissé des poésies érotiques, des satires, des épigrammes : ces poésies se font remarquer par leur élégance. — Son fils, Hercule, 1471-1508, partagea avec lui la présidence du conseil des Douze à Ferrare et encourut aussi la haine du peuple. Au moment de se marier, il périt assassiné : on soupçonna le duc Alphonse I qui aimait sa fiancée. Il a laissé des poésies latines (imprimées avec celles de son père, Venise, 1513).

STRUENSÉE (Jean Fréd.), homme d’État, né en 1737, à Halle, en Prusse, était fils d'un théologien danois. Il se fit recevoir médecin, puis tenta la profession d'écrivain, mais sans grand succès, et ne se distingua longtemps que comme homme de plaisir. Couvert de dettes, il songeait à quitter son pays et à passer aux Indes quand il fut présenté à la cour de Danemark (1768). Il plut au roi Christian VII, qui le nomma son médecin particulier, devint bientôt son favori, l'accompagna dans ses voyages, fut chargé de l'éducation du prince royal, acquit un pouvoir sans bornes sur la jeune reine Caroline-Mathilde, réussit par elle à renverser le ministre Bernstorf (1770), fut nommé en 1771 premier ministre et accomplit une révolution complète dans l'État en abolissant le conseil privé et rendant à la royauté le pouvoir qu'avait usurpé l'aristocratie, en donnant la liberté de la presse, en faisant d'utiles réformes dans les finances, l'industrie, les lois pénales, et en diminuant l'influence de la Russie. Mais ces changements ne furent point opérés avec assez de prudence : la reine douairière Julie et le comte de Rantzau-Aschberg se mirent à la tête de ses ennemis, l'accusèrent de conspirer, et obtinrent du roi son arrestation, ainsi que celle de la reine Caroline, avec laquelle on l'accusait d'entretenir un commerce criminel. Mis aussitôt en jugement, il fut promptement condamné par des juges passionnés et eut la tête tranchée en 1772. Son ami Brandt, qui avait partagé son étonnante fortune, périt avec lui. — Son frère, Ch. Auguste, partagea sa disgrâce, mais échappa à la mort et retourna en Prusse, où le roi lui confia le ministère des finances (1791); il mourut en 1804. Il avait écrit sur l'art militaire et l'architecture militaire.

STRUVE (George Adam), Struvius, jurisconsulte, né en 1619 à Magdebourg, m. en l692. Ses principaux ouvrages sont le Juris feudalis syntagma, et le Jurisprudentiæ civilis syntagma. — Son fils, Burckhard Gotthelf Struve, 1672-1738, archéologue et bibliographe, a donné : Antiquitates romanæ, 1701; Bibliotheca juris selecta, 1703; Bibl. librorum rariorum, 1711, et le Corpus historiæ Germanicæ, 1730.

STRUVE (F. G. Wilhelm), astronome russe, né à Altona (Holsteln) en 1793, m. en 1864; dirigea pendant vingt-six ans l'Observatoire de Dorpat, établit celui de Poulkova; présida au levé topographique de la Russie, auquel se rattache une des grandes opérations géodésiques de ce siècle, la mesure d'un arc de 25° entre le Danube et la mer Glaciale; enfin s'entendit avec les principaux astronomes de l'Europe pour la mesure d'un arc qui traverse le continent depuis l'Oural jusqu'à l'O. de l'Irlande. Il a publié de nombreux travaux insérés pour la plupart dans les Mémoires de l'Académie de Saint-Pétersbourg.

STRY, v. murée de Galicie, ch.-l. de cercle, sur le Stry (affluent du Dniester), à 65 kil. S. de Lemberg; 6000 hab. — Le cercle a pour bornes ceux de Brzezany au N., de Stanislavov à l'E., de Sambor à l'O., et la Hongrie au S. ; 220 000 hab.

STRYMON, auj. Strouma ou Kara-sou, fleuve de Thrace et de Macédoine, sortait de l'Hémus, coulait au S. et tombait, un peu au-dessous d'Amphipolis, dans un golfe de la mer Égée, appelé de là Strymonicus sinus (auj. G. d'Orfano ou de Contesta). Son cours était jadis compris tout entier dans la Thrace ; plus tard, la partie inférieure de ce fleuve forma la limite entre la Thrace et la Macédoine.

STUART, famille royale qui régna d'abord sur l’Écosse, puis sur toute la Grande-Bretagne, avait pour chef un certain Walter, issu, dit-on, de Banquo, thane ou chef de Lochaber, qui avait été assassiné par Macbeth. Accueilli vers 1060 à la cour de Malcolm III, roi d’Écosse, Walter y devint sénéchal du prince (en écossais, stuart); ses descendants conservèrent depuis ce nom. Un d'entre eux, Walter IV, ayant épousé Marjaria, fille du roi d’Écosse Robert I, devint père d'un prince qui régna sur l’Écosse sous le nom de Robert II (1370-90); il fut ainsi le chef de la dynastie des Stuarts. Les descendants de Robert régnèrent sur l’Écosse jusqu'à Jacques VI qui, en 1603, fut appelé au trône d'Angleterre sous le nom de Jacques I, et réunit ainsi les deux couronnes. Ses droits sur la couronne d'Angleterre étaient fondés sur le mariage de Jacques IV, son grand-père maternel, avec Marguerite, fille de Henri VII. Le règne de cette dynastie finit dans les mâles en la personne de Jacques II, exclu du trône par la révolution de 1688. Toutefois Marie, épouse de Guillaume d'Orange qui venait d'être appelé au trône d'Angleterre par cette révolution, était fille de Jacques II, et Anne, qui succéda à Guillaume (1702-1714), était sœur de Marie. Après cette dernière, et pendant que la maison de Hanovre occupait le trône, plusieurs prétendants issus de Jacques II firent de vains efforts pour ressaisir la couronne; enfin la famille s'éteignit en 1807 en la personne de Henri-Benoît Stuart (V. ci-après). — Pour les princes de cette maison qui ont régné, V. JACQUES, CHARLES, MARIE, ANNE.

STUART (Jacques Édouard), dit le Chevalier de St-George, fils de Jacques II, né en 1688, m. à Rome en 1766, fut reconnu, en 1701, à la mort de son père, roi d'Angleterre, sous le nom de Jacques III, par Louis XIV, et espéra longtemps que la reine Anne, sa sœur, le nommerait son successeur. En 1715 eut lieu une tentative en sa faveur; le duc d'Argyle la rendit inutile en battant à Sherifmoor le comte de Mar, qui était à la tête de ses partisans; Jacques-Édouard parut lui-même en Écosse en 1716, mais sans plus de succès; Albéroni songeait à le rétablir, mais les plans de ce ministre échouèrent (1719). Enfin, son fils Charles-Édouard tenta de nouveau la fortune en 1745, pendant la guerre de la succession d'Autriche, et le fit proclamer en Écosse; mais cette fois encore, Jacques vit son espoir déçu. Il passa le reste de sa vie en Italie. C'était un prince pieux, pacifique, mais sans talents. Il avait épousé en 1719 la petite-fille du grand Sobieski, dont il eut 2 fils.

STUART (Ch. Édouard), dit le Prétendant et le Comte d'Albany, fils aîné du préc., né à Rome en 1720, vint en France en 1744, comptant y trouver des secours afin de reconquérir pour son père la couronne d'Angleterre, alla débarquer en Écosse en 1745, réunit autour de lui beaucoup de chefs des highlands, entra dans Édimbourg, battit l'ennemi à Preston-pans et pénétra jusqu'à Derby, à deux journées de Londres; mais l'indiscipline et l'irrésolution des chefs écossais le forcèrent à la retraite. De retour en Écosse, il gagna la bataille de Falkirk, mais fut vaincu à Culloden (1746) ; il se vit obligé de se cacher, et ne réussit qu'avec des peines inouïes à s'échapper et à regagner la France. Forcé de sortir de France après la paix d'Aix-la-Chapelle (1748), il alla chercher un asile en Italie, où il vécut sous le nom de Comte d'Albany. Il reparut en Angleterre en 1753 et 1761, mais furtivement et sans réussir à rien; il mourut à Florence en 1788, sans postérité. Charles-Édouard avait dans sa jeunesse du feu, de l'audace et des manières chevaleresques; dans ses dernières années, il s'abandonna honteusement à l'ivrognerie. Il avait épousé en 1772 la belle comtesse de Stolberg, avec laquelle il ne vécut pas longtemps d'accord (V. ALBANY). Amédée Pichot a donné en 1829 son Histoire; Klose a publié ses Mémoires, Lond., 1845.

STUART (H. Benoît), 2e fils de Jacq.-Édouard, né en 1725, m. en 1807, porta d'abord le titre de duc d'York. Il entra dans l'Église, vécut à Rome et fut créé cardinal d'York; à la mort de son frère (1788), se regardant comme roi légitime, il se fit nommer Henri IX. En lui finit la race masculine des Stuarts.

STUART (lady Arabella), fille de Charles Stuart, comte de Lennox, frère cadet de Henri Darnley (le 2e époux de Marie Stuart), descendait de Henri VII par une fille de ce prince, Marguerite, et pouvait avoir des prétentions sur le trône d'Angleterre. Après la mort d’Élisabeth, quelques nobles ayant conçu à son insu le projet de la placer sur le trône à l'exclusion de Jacques, roi d’Écosse, ce prince la fit jeter dans une prison où elle resta jusqu'à sa mort, qui eut lieu en 1615. Elle avait alors 38 ans.

STUART (James), architecte et antiquaire, né en 1713 à Londres, m. en 1788, visita avec Revett l'Italie et la Grèce de 1750 à 1755, dessina les principaux monuments d'Athènes, et publia à son retour les Antiquités d'Athènes, ouvrage magnifique, en 4 vol. in-fol., 1762-1815, traduit par Feuillet, 1808-1815, et complété depuis par un Supplément (1830).

STUART (J.), comte de Bute. V. BUTE.

STUHLWEISSEMBOURG, Alba Regia en latin moderne, Szekes-Fejervar en madgyar, v. de Hongrie, ch.-l. de comitat, à 58 kil. S. O. de Bude; 20 000 hab. Évêché. Belle cathédrale et quelques autres édifices. Ruines qui prouvent son ancienne importance (elle a été 500 ans la résid. et le lieu de sépulture des rois de Hongrie). Eaux thermales. Fondée par S. Étienne au commencement du XIe s., elle fut prise par Soliman en 1543 ; reprise sur les Turcs en 1601, par le duc de Mercœur; occupée de nouveau par les Turcs en 1602; elle ne fut définitivement reprise qu'en 1688 par Léopold. Elle fut démantelée en 1702. — Le comitat de St., dans le cercle au delà du Danube, entre les comitats de Pesth, Tolna, Veszprim, Kœmœrn, compte 182 000 hab. Sol montagneux au N., plat et marécageux ailleurs.

STUHM, bg des États prussiens (Prusse), à 20 k. N. E. de Marienwerder; 1200 hab. Gustave-Adolphe, roi de Suède, y battit les Polonais en 1628.

STURA, nom de 2 riv. de l'Italie sept. : l'une affluent du Pô, où elle tombe à 4 k. N. N. E. de Turin, a 60 kil. de cours, — l'autre, dont le cours est de 155 k., arrose la prov. de Coni et tombe dans le Tanaro à Cherasco. De 1801 à 1814, cette dernière a donné son nom au dép. franç. de la Stura, formé de la partie S. O. du Piémont, qui avait pour ch.-l. Coni.

STURE (STENON), l'Ancien, administrateur du roy. de Suède après la mort de Charles VIII, son oncle (1470-1503), soutint avec succès la guerre contre Christian I de Danemark et repoussa les Russes de la Finlande, mais eut à lutter contre les ennemis intérieurs, qui le renversèrent en 1497. Rétabli en 1501, il chassa les Danois de la Suède, et garda le pouvoir jusqu'à sa mort, en 1503. Stenon-Sture fit entrer les laboureurs dans les diètes de l'État, fonda l'Université d'Upsal, et introduisit l'imprimerie en Suède. — Svante Nilson Sture, maréchal de Suède, remplaça Stenon Sture comme administrateur, gouverna la Suède de 1503 à 1512, et laissa en mourant le pouvoir à son fils Stenon Sture. — Stenon Sture, le Jeune, administrateur de Suède de 1512 à 1520, combattit à main armée Gustave Troll, archevêque d'Upsal (1517), qu'un parti lui opposait, et le réduisit à se réfugier en Danemark, mais fut bientôt en guerre avec Christian II, roi de ce pays : d'abord vainqueur des Danois (1518), il fut en 1520 vaincu lui-même à Bogesund et mourut de ses blessures. Sa veuve défendit héroïquement Stockholm, mais fut enfin forcée de se rendre : elle eut la douleur de voir le corps de son époux déterré et brûlé publiquement. — La famille Sture s'éteignit en 1716.

STURLESON. V. SNORRO-STURLESON.

STURM (Jean), Sturmius, humaniste, né en 1507 à Schleiden (grand-duché du Bas-Rhin), m. en 1589, enseigna quelque temps les lettres à Paris, puis devint recteur du gymnase de Strasbourg, poste qui lui fut enlevé en 1582 parce qu'il avait embrassé le Protestantisme. Il a beaucoup écrit sur la rhétorique, entre autres : De amissa dicendi ratione, Strasb., 1538; De imitatione oratoria, 1574; De elocutione oratoria, 1576, et a laissé des notes sur les écrits d'Aristote, d'Hermogène, de Cicéron, relatifs à cet art.

STURM (Jean Christophe), savant, né en 1635 à Hilpolstein (principauté de Neubourg), m. en 1703, ministre évangélique et professeur de physique et de mathématiques à l'Académie d'Altdorf, restaura et popularisa les sciences physiques en Allemagne : s'il n'a pas fait de découvertes, il a répandu le goût des études scientifiques et les a facilitées par de bonnes compilations. Son meilleur ouvrage est son Collegium experimentale curiosum, Nuremb., 1676-85, 2 vol. in-4. — Son fils, Léonard Christophe, architecte, 1669-1719, intendant des bâtiments du duc de Mecklembourg, a laissé, entre autres ouvrages: Parallèle des systèmes de fortification de Vauban, Cohorn et Kimpler, Augsbourg, 1718; Idée et abrégé de l'architecture civile et militaire, 1718-20. — Christophe Chrétien, prédicateur, parent des précédents, né en 1740 à Augsbourg, m. en 1786, fut d'abord instituteur, puis pasteur à Magdebourg et à Naumbourg. On a de lui : Anecdotes tirées des auteurs grecs et romains, Halle, 1767 ; Entretiens avec Dieu aux heures du matin, 1768; Méditations sur les œuvres de Dieu dans l'ordre de la nature et de la Providence, 1775, ouvrage populaire, traduit en français par la reine de Prusse Élisabeth-Christine.

STURM (Ch.), mathématicien, né à Genève en 1804, m. en 1855, professa les mathématiques au collége Rollin, puis l'analyse et la mécanique à la Faculté des sciences de Paris et à l'École polytechnique. On lui doit le beau théorème d'algèbre connu sous le nom de Théorème de Sturm, qui facilite singulièrement la résolution des équations numériques et qui lui fit décerner par la Société royale de Londres la médaille de Copley. Il fut admis à l'Acad. des sciences en 1836. Son Cours d'analyse a été publié par E. Prouhet, 1857-60, avec une Notice sur l'auteur.

STUTTGARD, capit. du roy. de Wurtemberg (Neckar), sur le Nesenbach, à 6 kil. du Neckar et à 580 kil. E. de Paris ; 52 000 h. Château royal et vieux château, palais du prince royal, hôtel des États, église Ste-Croix (anc. collégiale), musée, riche bibliothèque, théâtre, archives, bâtiments du Gymnase illustre; place du château, avec la statue de Schiller (né aux environs). Chemin de fer, belles promenades, environs délicieux. Gymnase (espèce d'université), école royale des arts, institut de Catherine, école vétérinaire, école des forêts. Manuf. de pianos, fabriques d'instruments de mathématiques, de physique et de chirurgie; bijouterie, orfèvrerie; tapis, passementerie. Patrie de Hegel et du sculpteur Dannecker. — Stuttgard devint en 1320 la résidence des comtes, ensuite ducs, puis rois de Wurtemberg. Elle eut beaucoup à souffrir pendant la guerre de Trente ans et les guerres de Louis XIV. Elle s'est fort embellie depuis un siècle.

STYMPHALE, Stymphalus, auj. Khionia, petite ville d'Arcadie, au N. E., sur les confins de la Phliasie et de l'Argolide, près d'un lac de même nom (auj. lac Zaraka), avait été ainsi appelée du nom d'un ancien roi d'Arcadie. Des oiseaux de proie d'un aspect terrible habitaient, suivant la Fable, les bords du lac Stymphale : ils attaquaient les habitants ou les perçaient de leurs propres plumes, qui étaient d'airain, comme avec des traits acérés, puis les dévoraient. Hercule délivra la contrée de ces monstres.

STYR (le), naît en Galicie, près de Brody, puis entre en Russie, arrose les gouvts de Volhynie et de Minsk, et se perd dans le Pripets à 35 kil. de Pinsk, après un cours d'env. 300 kil.

STYRIE, Steyer en allemand, partie du Norique et de la Pannonie; un des gouvts de la monarchie autrichienne, borné au N. par l'Autriche propre, à l'E. par la Hongrie, au S. par l'Illyrie et la Croatie, à l'O. par le Tyrol; 22 000 kil. carrés; 998 000 h., dont deux tiers d'Allemands et un tiers de Slaves; ch.-l., Grætz. Elle est divisée en 5 cercles : Grætz, Brück, Judenburg, Marburg, Cilley. Hautes mont. (les Alpes Noriques). Riv. principales, la Steyer, qui donne son nom au pays, le Traun, l'Ens, le Raab. Sol fertile dans les vallées, agriculture développée. Mines d'argent, fer, cuivre, cobalt, alun. — La Styrie, après avoir appartenu aux Romains, aux Ostrogoths d'Italie, aux Avares, aux Wendes, passa sous la domination de Charlemagne, puis fit partie du roy. de Germanie et fut comprise dans la Carinthie. Quand celle-ci devint duché, elle fut elle-même, en 1030 ou 1032, élevée au rang de marche et dite Marche de Steyer, parce que la ville de Steyer, qui est auj. en Autriche, était alors sa capitale. Elle fut élevée en 1180 à la dignité ducale. La maison de Steyer s'éteignit en 1192, et la Styrie passa sous la domination de Léopold, de la maison d'Autriche-Babenberg. Mais bientôt Ottocar II, roi de Bohême, s'étant emparé des possessions de cette maison, la Styrie se révolta et se donna à la Hongrie. L'empereur Rodolphe la joignit de nouveau à l'Autriche, et depuis elle n'a cessé d'être à la maison d'Autriche-Habsbourg.

STYX, marais et fleuve des enfers selon la Fable, tirait son nom d'une rivière du Péloponèse, auj. le Mavronero, qui, sortie du mont Nonacris en Arcadie, disparaissait sous terre près de sa source, puis reparaissait et tombait dans le Crathis. On dérive son nom du grec stygeo, détester. Ses eaux, disait-on, étaient un poison mortel et ne pouvaient être conservées dans les vases de métal ou même de cristal. Les, eaux du Styx étaient réputées sacrées : on raconte que Styx, une des Océanides, ayant rendu de grands services a Jupiter dans la guerre contre les Géants, reçut de lui ce privilège que les Dieux jureraient par elle et que s'ils enfreignaient ce serment, ils seraient 9 ans privés de la divinité.

SUAKEM. V. SOUAKIN.

SUARD (J. B. Antoine), homme de lettres, né à Besançon en 1734, m. en 1817, vint en 1750 à Paris, rechercha l'appui des philosophes, et publia plusieurs travaux littéraires qui lui valurent un fauteuil à l'Académie (1772), et une place de censeur (1774). Nommé membre de la 2e classe de l'Institut lors de la formation de ce corps savant, il en devint en 1803 le secrétaire perpétuel. Outre des articles de journaux, des notices et des éloges, réunis dans ses Mélanges de littérature (5 vol. in-8,1303-5), Suard a donné des traductions des Voyages de Cook, de l’Hist. de Charles-Quint (1771) et de l’Hist. d'Amérique, de Robertson(1778), traductions remarquables par leur fidélité et leur élégance, et a publié, sous le titre de Lettres de l'anonyme de Vaugirard sur Gluck et Piccini, de spirituels pamphlets où, prenant parti pour Gluck, il accabla ses adversaires de railleries fines et mordantes. Garat a publié des Mémoires historiques sur Suard, 1820.

SUARÈS (François), savant jésuite, né en 1548 à Grenade, m. en 1617, professa la philosophie à Ségovie, la théologie à Valladolid, Alcala, Salamanque, Coïmbre, prit part aux querelles qu'engendra le système de Molina sur la grâce, et imagina pour tout concilier le congruisme, qui n'est qu'une légère modification de ce système. Ses ouvrages ont été recueillis à Mayence et à Lyon, en 23 vol. in-fol,, 1630, etc., et réimpr. à Paris en 1858 et ann. suiv. par C. Berton, en 26 vol. in-8 à 2 col. La plupart roulent sur les cas de conscience ou sur des matières théologiques; ils font encore autorité. Un des principaux est sa Defensio catholicæ fidei contra anglicanæ sectæ auctores (Coïmbre, 1613), ouvrage dirigé contre le serment d'allégeance exigé en Angleterre par Jacques I, et qui fut brûlé à Paris et à Londres comme attentatoire à l'autorité des souverains.

SUBERVIE (George, baron), général, né à Lectoure en 1776, m. en 1856, fit la campagne d’Égypte, devint général de brigade en 1811, général de division en 1813, au retour de la campagne de Russie, commanda une division de cavalerie à Waterloo et fut mis à la retraite en 1825. Rappelé à l'activité après la Révolution de 1830, il commanda la 1re division militaire, puis devint inspecteur général de la cavalerie et président du comité de cette arme. En 1848, il fut ministre de la guerre et en 1849 grand chancelier de la Légion d'honneur. Député sous la Restauration et sous Louis-Philippe, membre des assemblées constituante et législative en 1848 et 49, il professa constamment les opinions les plus avancées.

SUBIACO, Sublaqueum, v. du territoire romain (Civita-Vecchia), près du Teverone, à 50 kil. E. de Rome et à 25 kil. E. S. E. de Tivoli ; 6000 hab. Belle église St-André; palais papal, chancellerie; arc de triomphe en l'honneur de Pie VII. Forges, papeterie. C'est à Subiaco que S. Benoît fonda son ordre : il y bâtit un couvent célèbre, d'où sortirent une foule d'hommes savants. C'est aussi là que furent établies les premières presses en Italie.

SUBLEYRAS (Pierre), peintre, né à Uzès en 1699, m. en 1749, obtint le grand prix de Rome en 1726, et alla deux ans après en Italie, où il resta jusqu'à la fin de ses jours. Ce fut un des plus habiles artistes de son temps. Son tableau de la Messe de S. Basile fut placé à St-Pierre et jugé digne d'être reproduit en mosaïque. Le Louvre a de lui le Serpent d'airain, Jésus à table chez Simon le Pharisien, etc.

SUBLICIUS (PONS), pont de bois de l'anc. Rome : c'est là qu'Horatius Coclès arrêta l'armée de Porsenna. Construit par Ancus, ce pont unissait Rome au Janicule. Ayant été renversé par une crue du Tibre, il fut reconstruit en pierre et reçut le nom de Pons Æmilius.

SUCCESSION (Acte de), décision prise en 1701 par le parlement d'Angleterre, par laquelle les princes catholiques furent exclus du trône, et la maison du Hanovre appelée à succéder.

SUCCESSION (Guerres de). On connaît spécialement sous ce nom les deux guerres qui suivent :

1° La G. de la succession d'Espagne, 1701-1713, suscitée par les prétentions de la maison d'Autriche sur la couronne d'Espagne. Philippe d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, que le dernier roi d'Espagne Charles II avait institué soi héritier, se vit disputer le trône par l'archiduc Charles (depuis Charles VI). L'Autriche, l'Angleterre, la Hollande, la Prusse, le Portugal et la Savoie se réunirent contre la France. Les Français, d'abord vainqueurs à Friedlingue et à Hochstædt (1702-1703), n'éprouvèrent bientôt que des revers et furent vaincus partout, en Italie, en Allemagne, en Flandre (bataille de Turin, 2e bat. de Hochstædt. bat. de Ramillies, d'Oudenarde) ; mais ils se relevèrent par les victoires d'Almanza et de Villaviciosa en Espagne, et par celle de Denain en Flandre. Après l'avénement au trône impérial de l'archiduc Charles, les traités d'Utrecht et de Rastadt (1713-14), bien qu'onéreux pour la France, terminèrent la guerre à l'honneur de Louis XIV, dont le petit-fils fut reconnu roi d'Espagne sous le nom de Philippe V.

2° La G. de la succession d'Autriche, 1740-1748, qui éclata à la mort de l'empereur Charles VI. Ce prince avait, par une célèbre Pragmatique sanction, assuré sa succession à sa fille aînée Marie-Thérèse, épouse de François de Lorraine. Charles-Albert, électeur de Bavière, et Auguste II de Saxe, qui avaient épousé les deux filles de l'emp. Joseph I, frère aîné de Charles VI, firent valoir, ainsi que plusieurs autres prétendants, leurs droits à l'empire. Charles-Albert, soutenu par la France, fut élu empereur sous le nom de Charles VII (1742). Marie-Thérèse, presque seule contre tant d'ennemis, avait vu envahir même ses États héréditaires; la Silésie lui avait été enlevée par Frédéric II, roi de Prusse, qui la réclamait comme injustement enlevée à la maison de Brandebourg par les empereurs pendant la Guerre de Trente ans; malgré le dévouement des Hongrois, cette princesse était perdue, si la mort de Charles VII (1745) ne fût venue la sauver. François, son époux,fut alors reconnu empereur. La guerre se termina en 1748, par le traité d'Aix-la-Chapelle : Marie-Thérèse conserva ses États, sauf la Silésie, que la Prusse garda, ce qui plus tard donna naissance à la guerre de Sept ans (1756-63).

SUCHET (L. Gabriel), duc d'Albuféra, né à Lyon en 1772, m. en 1826, était fils d'un fabricant de soieries. Il s'enrôla à 20 ans, se distingua en Italie sous Schérer, Augereau, Masséna, eut part en 1797 aux négociations avec la Suisse, suivit Brune en Italie comme major général, rendit des services essentiels pendant la campagne de Marengo, fut chargé de diverses missions après la paix de Lunéville, contribua puissamment aux victoires d'Austerlitz et d'Iéna, ainsi qu'au succès de la campagne de Pologne, fut mis en 1808 à la tête du 5e corps de l'armée d'Espagne et mit le comble à sa gloire dans ce commandement : la victoire de Margalef, la prise de Lérida et de Tarragone, l'occupation du Mont-Serrat lui valurent le bâton de maréchal. Il prit ensuite Oropeza, Murviedro (l'anc. Sagonte), Valence (1812), et reçut en récompense le titre de duc d'Albuféra. Dans toute cette campagne, il se signala par sa justice et sa modération autant que par sa valeur et se concilia l'affection des Espagnols eux-mêmes. Il ne fit retraite vers les Pyrénées que quand les armées françaises eurent été refoulées sur tous les points. Louis XVIII le fit pair en 1814. Il accompagna en 1823 le duc d'Angoulême dans l'expédition d'Espagne. Il a laissé de précieux Mémoires sur la guerre d'Espagne (1808-14), publ. en 1829, 2 v. in-8. Lyon lui a élevé une statue (1858).

SUCRE (José), un des généraux qui assurèrent l'indépendance de l'Amérique espagnole, né à Cumana en 1793, commanda, sous les ordres de Bolivar, un corps d'armée avec lequel il vainquit les Espagnols à la Plata, 1820, à Guyaquil et à Pichincha, 1821, remporta le 9 déc. 1824 la victoire décisive d'Ayacucho, et fut élu en 1825 président à vie du Ht-Pérou (Bolivie). Dégoûté du pouvoir par les dissensions intestines, il abdiqua dès 1828. Il périt en 1830, traîtreusement assassiné au moment où il faisait tous ses efforts pour concilier les partis.

SUCRO, auj. Xucar, fleuve d'Hispanie (Tarraconaise), naissait près des sources du Tage et se jetait dans la Méditerranée, près d'une ville appelée aussi Sucro ou Sucrone (auj. Cullera). Sertorius battit Pompée devant cette ville, 76 av. J.-C.

SUD (dép. du), dép. de l'île d'Haïti, formé de l'extrémité S. O. de l'île; 215 000 h.; ch.-l., les Cayes.

SUDERMANIE, anc. prov. de la Suède, au S. de l'Upland, se divisait en 3 parties : Sudermanie propre, Sœdertœrn, Rekarna, et avait pour villes principales Nykœping et Strengnæs. Elle formait un duché que le roi Charles XIII posséda avant son avénement au trône. Elle est comprise auj. dans le lan de Nykœping et dans une partie de celui de Stockholm.

SUDÈTES (Monts), Sudetsch ou Sudeten en allemand, chaîne de montagnes de l'Allemagne, s'étend des Carpathes occid. (16° long. E.) jusqu'aux sources de l'Elster, se dirigeant en général de l'E. à l'O.; sa longueur approche de 600 kil. et sa largeur moyenne de 32; elle sépare la Silésie de la Moravie et de la Bohême, et la Bohême de la Lusace. On y distingue : 1° les Sudètes proprement dites ou Grandes Sudètes, des sources de la March au défilé situé entre Pœlitz et Braunau; 2° les Monts des Géants (Riesengebirge), qui vont jusqu'à l'entrée de la Lusace; 3° les Monts de Lusace ou Petites-Sudètes ; 4° l’Erzgebirge (V. ce mot). Les Sudètes ne sont pas très-élevées : le Riesenkoppe, qui en est le point culminant, ne dépasse pas 1630m; vient ensuite le Schneeberg, 1400m. Il y a beaucoup de mines sur les deux versants de ces montagnes, principalement sur le versant nord.

SUE, famille de chirurgiens distingués de Paris. On connaît : Jean, 1710-92, prof, d'anatomie au Collége de France, chirurgien en chef de la Charité, membre de l'Académie de chirurgie, auteur d'un Abrégé d'Anatomie, d’Éléments de Chirurgie et d'un Traité d'Anthropotomie ou Art d'embaumer;Pierre, neveu du préc., 1739-1816, prof, à l’École pratique, puis bibliothécaire de l’École de santé, auteur d'un Dictionnaire de Chirurgie, 1771, et d'une Hist. du Galvanisme, 1801; — Jean Joseph, fils de Jean, 1760-1830, chirurgien dans les armées de la République, puis médecin en chef de la garde impériale, auteur d’Éléments d'anatomie à l'usage des peintres, 1788, d'un Essai sur la physionomie des corps vivants, 1797, de Recherches sur la guillotine et sur la vitalité, 1798. Il est père du célèbre Eugène Sue.

SUE (Eugène), romancier, né à Paris en 1804, m. en 1857, était fils de Jean Joseph Sue, habile chirurgien, et exerça lui-même quelque temps la chirurgie à l'armée et dans la marine. En possession d'une belle fortune, il quitta le service militaire en 1830 pour se livrer a la littérature. Il débuta par des romans maritimes (Plick et Plock, Atar-Gull, la Salamandre, la Coucaratcha, la Vigie de Koatven, 1831-33), qui le placèrent à côté de l'américain F. Cooper ; il couronna ses travaux en ce genre par deux ouvrages plus sérieux, l’Histoire de la marine française sous Louis XIV, 1835-37, et l’Hist. de la marine militaire de tous les peuples, 1841. Il s'adonna ensuite à la composition de romans de mœurs et de romans historiques, qui n'eurent pas moins de succès : Cécile, Arthur, le Marquis de Létorière, Jean Cavalier, Thérèse Dunoyer, Latréaumont, Mathilde, regardé comme son chef-d'œuvre, 1835-42. Enfin, changeant encore une fois de manière, il se mit a composer des romans socialistes, qui achevèrent de rendre son nom populaire : les Mystères de Paris, 1842-43; le Juif errant, 1844-45; Martin ou l'enfant trouvé, 1847; les Sept Péchés capitaux, 1847-49; les Mystères du peuple, 1849. Élu en 1849 membre de l'Assemblée législative, il siégea sur les bancs de la Montagne. Il quitta la France après le 2 décembre 1851, et se retira près d'Annecy, où il mourut d'un anévrisme. Outre les ouvrages déjà mentionnés, E. Sue avait donné quelques pièces (Mathilde, Latréaumont, le Juif errant, etc.), qui ne sont guère que la mise en scène de ses romans. Ce fécond romancier se distingue par l'invention, l'art du récit, le talent de préparer et de produire de grands effets; mais on regrette qu'il ait écrit avec trop de négligence et d'incorrection, qu'il ait démesurément allongé plusieurs de ses compositions, et surtout que, dans ses dernières œuvres, il ait trop souvent mis son talent au service de la passion politique ou antireligieuse, et se soit attaché à dénigrer la société. Ses Œuvres, rassemblées par Paulin, forment plus de 60 volumes.

SUÈDE, Sverige en suédois, Suecia en latin, contrée septentr. de l’Europe qui occupe toute la partie orientale de la presqu’île Scandinave, a pour bornes : à l’O. la Norvége, dont elle est séparée par les Dofrines, au S. le Skager-Rack et le Sund, à l’E. la Russie, le golfe de Botnie et la mer Baltique, et va de 8° à 21° pour la long. E., de 55° à 70° pour la lat. N. : 1550 kil. du N. au S. sur 330 de moyenne largeur ; 3 860 000 hab. ; capitale, Stockholm. Avec la Norvége, à laquelle elle est unie sous un même roi pour former le Royaume de Suède et Norvége, elle possède un total de 5 460 000 hab. On divise la Suède en 3 régions : la Suède propre, la Gothie et le Norrland, comprenant la Laponie. La Suède propre se subdivise en 9 lans ou préfectures : Stockholm, Upsal, Sœdermanland, Westmanland, Œrebro, Warmland, Stora-et-Kopparberg, lac Maalar, lac Hielmar (Pour les subdivis. de la Gothie et du Norrland, V. ces noms). Outre ses États européens, ce royaume possède une colonie, l’île St-Barthélemy, aux Antilles.

La Suède est un pays très-montagneux, surtout vers l’O., où s’étendent les Dofrines. Les lacs et les marais y sont nombreux. Nul cours d’eau considérable : au N. pourtant, plusieurs rivières de 200 à 300 kil. Climat très-froid, surtout au N. Sol peu fertile (à peine peut-on en cultiver la 24e partie). Riches mines de fer, cuivre, plomb, etc. (le fer de Suède est sans rival au monde). Pêche considérable ; industrie et commerce assez actifs. Nombreux canaux, plusieurs lignes de chemin de fer. Le suédois est une langue teutonique voisine de l’ancien norvégien. La religion dominante est le Luthéranisme (1 archevêché à Upsal ; 11 évêchés) ; 2 universités (Upsal, Lund). Le gouvernement est une monarchie héréditaire dans la descendance mâle, tempérée par une diète. La population forme 4 ordres : noblesse, clergé, bourgeoisie, paysans, dont chacun a ses représentants à la diète. La Suède a produit un grand nombre d’hommes illustres, entre autres Gustave Vasa, Gustave-Adolphe, Charles XII, Gustave III, les naturalistes Linné, Celsius, Bergmann et Hasselquist, le chimiste Berzélius, l’historien Geyer.

Histoire. La Suède, dont on fait dériver le nom des Suiones, peuple Scandinave d’origine germaine, fut primitivement habitée par des Finnois, puis conquise par les Goths, qui en occupèrent surtout la partie méridionale, à laquelle leur nom est resté. Elle fut longtemps partagée en plusieurs États indépendants, qui au Xe s. se réduisirent à deux : Suède propre et Gothie. Ces deux États n’en firent plus qu’un au commencement du XIIe s. : c’est Olaus Skotkonung qui opéra cette réunion et qui le 1er prit le titre de roi de Suède. Le pays était alors gouverné par des rois de la race de Lodbrog, dont l’origine est peu connue, et qui prétendaient remonter jusqu’à Odin. Le Christianisme avait été dès le IXe s. introduit en Suède par des missionnaires de divers pays, dont le principal fut Anschaire : le roi Éric le Saint assura son triomphe (1155-60). En 1389, l’élection au trône de Suède de Marguerite de Waldemar, déjà reine de Danemark et de Norvége, amena la réunion des trois royaumes Scandinaves, qui fut confirmée par le traité de Calmar, dit Union de Calmar (1397) ; mais plusieurs fois la Suède, impatiente du joug danois, se souleva et elle fut de fait indépendante sous des administrateurs particuliers (Charles Canutson et les Sture, 1448-1520) ; enfin Gustave Vasa chassa le roi de Danemark Christian, et délivra complètement la Suède de la domination danoise (1523). Avec les Vasa, la Réforme s’établit dans la Suède, qui depuis a toujours été luthérienne. Sous ces princes (1523-1654), la Suède prit rang parmi les puissances prépondérantes de l’Europe : elle donna 3 rois à la Pologne, intervint en Allemagne avec éclat pendant la guerre de Trente ans (V. GUSTAVE-ADOLPHE), et fut dans le Nord l’alliée de la France. À la Finlande, conquise dès le XIIe s. par Éric le Saint, aux provinces de Livonie, d’Ingrie et de Carélie, conquises par Gustave-Adolphe, Christine, fille de ce dernier, joignit une partie de la Poméranie, les duchés de Brême et de Verden, ainsi que les embouchures de l’Oder. Après le règne de cette princesse, qui abdiqua volontairement en faveur de son cousin Charles X, de la maison de Deux-Ponts, la nouvelle dynastie (qui régna de 1654 à 1720) soutint pendant quelque temps l’honneur de la Suède : Charles XI conclut avec la Pologne le glorieux traité d’Oliva (1660), qui assurait à la Suède la Livonie et l’Esthonie ; la même année, le Danemark lui cédait la Scanie, avec les provinces de Halland, Blekinge et Bohus ; mais l’aventureux Charles XII, après avoir obtenu contre les Russes dès succès inouïs, fût vaincu à Pultawa par le czar Pierre le Grand, ne put rentrer dans ses États, et ruina pour jamais sa patrie, qui bientôt après fut, par le traité de Nystad (1721), dépouillée de presque toutes ses conquêtes. Après le règne de Frédéric de Hesse, époux d’Ulrique-Éléonore (1721-1751), Adolphe-Frédéric commence une nouvelle dynastie, celle de Holstein-Gottorp. Les querelles des Bonnets et des Chapeaux et les empiétements de la diète sur l’autorité royale, l’assassinat de Gustave III par Ankarstrœm (1792), une folle guerre entreprise par Gustave IV contre la Russie et la France, et qui amène la perte de la Finlande, de la Botnie orientale et d’une partie de la Poméranie suédoise, enfin la déposition de ce roi (1809), affaiblissent de plus en plus la Suède. Charles XIII, oncle de Gustave IV, est élu à la place de ce prince ; il se fait remarquer par sa sagesse, signe la paix avec la France, et choisit pour son successeur le général français Bernadotte (1811). Dès 1813, la Suède se joint aux Alliés pour agir contre Napoléon, et en récompense elle reçoit la Norvége, dont le Danemark est dépouillé. En 1818, Charles XIII étant mort, Bernadotte lui succéda sans difficulté sous le nom de Charles XIV. Sous ce prince et ses successeurs, la Suède a beaucoup gagné, surtout sous le rapport de l’instruction, de la législation, de l’agriculture et de l’industrie.

Souverains de la Suède depuis le XIe siècle.
Temps mythologiques : Birger, 1290
Race d’Ynglinga. Magnus II, le Norvége, 1319-63
Temps historiques : Éric XII, 1350-59
I. Race d’Ivar et Sigurd.
Sigurd Ring, 717 Haquin II, 1361-63
Ragnard Lodbrog, 779 Albert, 1363-89
Biörn, Côte de fer, 794 V. Période de l’union de Calmar.
Éric Biörnsson et Refil 802
Éric Refilsson, 814 Marguerite de Waldemar, 1389
Émund et Biörn, 829
Éric Emundsson, m., 885 Éric XIII, 1412
Biörn Ériksson, 935 Christophe, 1440
Éric Segersäll, 993 Charles VIII, Canutson, 1448
Olaüs III Skotkonung, 1001 Christian I, 1456
Anund Jacques, 1026 Sténon I Sture, administrateur, 1471
Émund III, 1051-56
II. Race de Stenkill. Jean II, 1497
Stenkill, 1056 Sténon I, de nouv., 1501
Éric VII et VIII, 1066 Svante-Sture, administrateur, 1504
Haquin I, 1067
Inge I, 1080-1112 Sténon II Sture, administrateur, 1512
Halstan, 1080-90
Philippe, 1112 Christian, roi de Danemark, 1520-23
Inge II, 1118-29 VI. Dynastie des Vasa.
III. Races de Sverker et d’Éric alternativement. Gustave I, Vasa, 1523
Sverker I, 1129 Éric XIV, 1560
Éric IX, le Saint, 1155 Jean III, 1568
Charles VII, 1161 Sigismond, roi de Pologne, 1592
Canut, 1168
Sverker II, 1199 Charles IX, 1604
Éric X, 1210 Gustave II, ou Gustave-Adolphe, 1611
Jean I, 1216
Éric XI, 1222-50 Christine, 1632-54
IV. Folkungiens, VII. Dynastie de Deux-Ponts.
Waldemar, 1250
Magnus I, 1275 Charles X, Gustave, 1654
Charles XI, 1660 Gustave III, 1771
Charles XII, 1697 Gustave IV, 1792
Ulrique-Éléonore, sœur du préc., 1719 Charles XIII, 1809-18
et Frédéric de Hesse, époux d'Ulrique, 1720 IX. Dynastie française.
seul, 1721-51 Charl.-Jean ou Ch. XIV (Bernadotte), 1818
VIII. Dynastie de Holstein-Gottorp. Oscar I, 1844
Charles XV, 1859
Adolphe-Frédéric, 1751 Oscar II, 1872

SUÉNON I, dit Tyfve-skeg (barbe fourchue), roi de Danemark de 985 à 1014, se révolta plusieurs fois contre son père Harald et finit par le détrôner. Il avait été baptisé dans son enfance, mais il s'empressa de rétablir le culte des idoles. Il ravagea la Saxe, puis l'Angleterre, qu'il assujettit à un tribut considérable dit Danegeld, et entra en 1013 à Londres où, dit-on, il fut couronné roi d'Angleterre; il soumit aussi une partie de la Norvège. Son fils Canut lui succéda. — II, petit-fils du préc., avait pour mère Estrith, sœur de Canut, ce qui le fit nommer Estrithson. Il fut d'abord vice-roi du Danemark pour Magnus I, roi de Danemark et de Norvége, qui ensuite lui céda la première de ces deux couronnes (1047). Le roi de Norvège Harald lui fit en vain la guerre pour le déposséder. Suénon envoya sans succès une flotte en Angleterre contre Guillaume le Conquérant, puis il marcha contre les Saxons, mais ses troupes refusèrent de le suivre. Il eut aussi à lutter contre son clergé : il avait épousé Gytha, fille du roi de Suède, sa parente : l'archevêque de Brème, Adalbert, le força de rompre cette union. Il mourut en 1074. — III, fils d'Éric Émund (1147-57), usurpa le trône de Danemark sur Canut V, qu'il fit assassiner. Ayant voulu se débarrasser de même de Valdemar, il fut attaqué par ce prince, perdit la bataille de Grathe près de Viborg, et fut tué dans sa fuite.

SUERKER. V. SVERKER.

SUESSA AURUNCA, v. de l'Italie anc., capit. des Aurunci, est auj. Sessa. V. ce nom.

SUESSA POMETIA, auj. Sezze, capit. d'un État volsque, fut prise par les Romains sous Tarquin le Superbe, puis sous le consul C. Servilius, qui la détruisit.

SUESSIONES, peuple de la Gaule, dans la Belgique 2e entre les Verornandui, les Remi et les Catalauni, etc., habitait le Soissonnais et avait pour ch.-l. Augusta Suessionum, auj. Soissons.

SUESSULA, auj. Maddaloni, v. de Campanie, à 16 kil. S. E. de Capoue. Cornélius Cossus Arvina y battit les Samnites l'an 343 av. J.-C.

SUÉTONE, C. Suetonius Tranquillus, biographe latin, né vers l'an 70 de J.-C, fils d'un tribun militaire, paraît avoir été avocat, puis tribun d'une légion, et devint secrétaire (magister epistolarum) d'Adrien; mais, s'étant conduit trop familièrement avec l'impératrice Sabine, il fut disgracié, vers 121. On présume qu'il avait donné des leçons de grammaire et de rhétorique à Rome. Il était lié avec Pline le Jeune, qui lui a adressé plusieurs de ses lettres. Il avait écrit sur les jeux des Grecs, sur les spectacles, les lois et coutumes de Rome. Il ne nous reste de lui que les Vies des Douze Césars, et de courtes notices sur quelques hommes de lettres, connus alors sous le nom de Grammairiens. Le premier de ces ouvrages est célèbre : il contient nombre de détails précieux et d'anecdotes curieuses; on peut se fier en général à la véracité de l'auteur; seulement, il ne ménage pas toujours la décence et montre dans ses récits une impassibilité qui va jusqu'à l'insensibilité. Les meilleures éditions de Suétone, après l'édition princeps (Rome, 1470, in-f.), sont celles de Paris, 1684, ad usum Delphini; de Duker, Leyde, 1751 ; de Wolf, Leips., 1802 ; de Baumgarten-Cru-sius, Leips., 1816-18; de Hase, dans les Classiques latins de Lemaire, Paris, 1828; d'E. Gros, dans la collect. Panckoucke, 1836. A. Reifferscheid a donné à part les Fragments, Leips., 1860 (collect. Teubner). Suétone a été trad. par La Harpe (1770), Delisle de Sales, sous le pseudonyme d'Ophellot de La Pause (1771), Maurice Lévesque (1807), Golbéry, 1832-33, dans la collection Panckoucke, Th. Baudement, dans la coll. Nisard, et par E. Pessonneaux, 1856 (collect. Charpentier). On doit à Krause des recherches De Suetonii fontibus et auctoritate, Berl., 1831.

SUETONIUS PAULINUS, général romain, préteur sous Claude en 37, soumit les Maures révoltés et pénétra jusqu'au Tafilet actuel. Il fut nommé en 50 consul subrogé, puis envoyé en Bretagne (59), poussa très-loin la conquête de l'île, pris Mona (Anglesey), et comprima l'insurrection de Boadicée; mais desservi auprès l'empereur, il fut rappelé à Rome au milieu de ses succès, 61. Il commanda l'armée d'Othon contre Vitellius en 69, et perdit la bataille de Bédriac; il osa se vanter à Vitellius d'avoir suivi à dessein un plan propre à ruiner la cause d'Othon.

SUÈVES, Suevi, nom donné par les Romains depuis César à des peuples de la Grande-Germanie qui leur étaient fort peu connus; ils en faisaient un peuple nomade. Ce n'était réellement ni un peuple ni une nation; c'était la masse des aventuriers, des bannis et des braves allant aux rapines ou à la conquête : c'était la bande de la grande nation germaine. Le nom d’Allmen ou Alemanni (c.-à-d. hommes de toute espèce) qu'on leur donne aussi indique bien l'identité de la bande et de cette ligue. Le siége principal de la ligue suévique, qui se forma au IIIe s., fut le S. O. de la Germanie, depuis le Rhin (vers Bâle) jusqu'au Mein, à la Saale et au Danube; c'est à peu près ce qu'on a nommé depuis la Souabe, nom dérivé de celui de Suèves. Au Ve siècle, lors de la grande invasion des Gaules (407) et de l'Espagne (409), les Suèves étaient, avec les Burgondes, les Alains et les Vandales, une des nations envahissantes. En 409, ils s'établirent en Espagne, conduits par leur roi Hermanaric, et fondèrent au N. O. de la Péninsule, dans la Gallécie ou Galice, un royaume qui fut un instant très-puissant (surtout de 438 à 455, sous les rois Réchila et Réchiaire) : il comprit la Lusitanie, s'étendit jusqu'à la Bétique, et fut sur le point d'engloutir toute l'Espagne; mais, dès 456, le roi visigoth Théodoric II les refoula dans leurs anciennes limites ; en 585, Léovigilde mit fin à leur empire, et réunit leurs États au royaume des Visigoths.

SUEZ, l’Arsinoé ou Cleopatris des anciens, Souéïs en arabe, v. de la Basse-Égypte, sur la côte S. de l'isthme de Suez et à l'extrémité N. du golfe de même nom, à 135 kil. E. du Caire; env. 12 000 hab. Murs en ruines; port presque ensablé, eau rare. C'est un des entrepôts entre le Caire d'une part, la Syrie et l'Inde de l'autre ; des bateaux à vapeur anglais font un service régulier de cette ville à Bombay et à Calcutta. Suez fut occupée par les Français de 1798 à 1800. — Le golfe de Suez, Heroopolites sinus, forme la pointe N. O. de la mer Rouge.

SUEZ (Isthme de), isthme qui unit l'Asie et l'Afrique, est situé entre la pointe N. du golfe de Suez et la Méditerranée; il a 116 kil. de largeur. Il est depuis peu d'années traversé par un chemin de fer.

SUEZ (Canal de). On a dès les temps les plus anciens compris l'utilité d'un canal qui, traversant l'isthme, permettrait de passer de la Méditerranée dans la mer Rouge sans faire le tour de l'Afrique et abrégerait de plus de moitié la route d'Europe en Asie. Sésostris eut le 1er l'idée d'un tel canal, mais il se servit de l'intermédiaire du Nil. Les travaux commencés par lui furent poursuivis par Néchao, Darius I, Ptolémée Philadelphe, et terminés sous les premiers Lagides. Le canal partait de la branche orientale ou Pélusiaque du Nil, aux environs de Bubaste, et débouchait à Arsinoé (Suez), à la pointe du golfe Arabique. Sa longueur était d'env. 200 kil. ; sa largeur était calculée pour donner passage à deux trirèmes de front. Pendant les révolutions que subit l’Égypte à l'époque romaine, le canal fut abandonné et s'obstrua : Trajan et Adrien le rendirent de nouveau navigable et leurs successeurs l'entretinrent jusqu'au commencement du VIe s. Il s'était obstrué de nouveau lorsqu'au VIIe s. les Arabes conquirent l’Égypte. Amrou, lieutenant d'Omar, le fit recreuser, et porta la prise d'eau vers le Vieux-Caire, ce qui lui donna un cours total de 320 kil. Ce canal fut encore abandonné quand les califes allèrent résider à Damas : le calife Al-Mansour en fit même fermer l'embouchure en 775, pour arrêter les incursions des Égyptiens. Toutefois, il en reste encore des traces visibles. — En 1854, un Français, M. Ferdinand de Lesseps, conçut le projet d'un canal entièrement maritime. Ce projet, tracé en 1855 par deux ingénieurs au service du vice-roi d’Égypte (Linant-bey et Hougel-bey), adopté en 1856 par le vice-roi Mohammed-Saïd, a été heureusement mis à exécution, malgré des obstacles de tout genre, suscités moins par la nature que par le mauvais vouloir de la Turquie et la jalousie de l'Angleterre. Le nouveau canal, partant de Port-Saïd, port nouvellement creusé sur la Méditerranée, près de l'anc. Péluse, se rend directement à Suez en traversant plusieurs lacs, notamment le lac Timsah, transformé en un grand port intérieur. Il a env. 160 kil. de long et 75m de large. Inauguré, 20 nov. 1869.

SUFFÈTES, magistrats annuels à Carthage, analogues aux consuls de Rome, assemblaient le sénat, proposaient les affaires, rendaient la justice et commandaient quelquefois les armées.

SUFFETIUS (METIUS). V. METIUS.

SUFFISME, doctrine répandue en Orient. V. SOPHIS.

SUFFOLK (Comté de), un des comtés de l'Angleterre, à l'E., sur la mer du Nord, au N. du comté d'Essex, au S. de celui de Norfolk, à l'E. de celui de Cambridge, a 90 kil. sur 45 et 320 000 hab.; ch.-l., Ipswich. Agriculture florissante.

SUFFOLK (Comtes de). Ce titre a été porté successivement par les familles de la Pole ou de Poll (depuis 1388), de Brandon (depuis 1513), de Howard (depuis 1603). Ces derniers comtes eurent pour chef Thomas Howard, fils de Thomas III de Norfolk, qui fut fait comte de Suffolk en 1603 et devint grand trésorier d'Angleterre. — W. POLL, comte, puis marquis et enfin duc de S., général anglais, petit-fils de Michel de Poll, 1er comte de Suffolk, servit sous Henri V dans la guerre contre la France, se distingua au siége de Rouen (1419), et fut, en 1429, nommé par le duc de Bedford général en chef des troupes qui assiégeaient Orléans. Il fut forcé par Jeanne d'Arc de lever le siége, se laissa battre et prendre dans Jargeau, mais s'empara peu après de la ville d'Aumale. Après avoir longtemps joui d'une grande faveur, il fut accusé de trahison et de concussion, et eut la tête tranchée en 1451. — Charles BRANDON, duc de S., ami d'enfance de Henri VIII, fut créé par lui duc de Suffolk en 1513. Chargé de ramener en Angleterre la sœur du roi, Marie, veuve de Louis XII, il plut à cette princesse et obtint sa main (1515). Il seconda Henri VIII dans sa demande en divorce avec Catherine d'Aragon.

SUFFREN-SAINT-TROPEZ (Pierre André de), vulgt appelé le bailli de Suffren, marin français, né en 1729 a St-Cannat, près de Lambesc, en Provence, m. en 1788. Après s'être signalé dans plusieurs campagnes, il entra en 1749 dans l'ordre de Malte, où il obtint le titre de bailli, fit partie de l'escadre de La Galissonnière, contribua à la défaite de Byng et à la prise de Mahon (1756), se distingua dans les mers des Indes, ruina, à la Praya (Cap-Vert), l'escadre du commodore Johnston, fut fait chef d'escadre en 1781 et envoyé dans les Indes, défit l'amiral anglais Hughes devant Madras, fit alliance avec Haïder-Ali, battit les Anglais sur terre et sur mer, prit Négapatam, Trinquemale, subit à son tour un échec devant Gondelour (1782), mais parvint, à force d'activité, de bravoure et d'habiles manœuvres, à sauver cette ville ainsi que la flotte, et ne se reposa qu'à la paix de Versailles (1783). On créa pour le récompenser une 4e place de vice-amiral, qui fut supprimée à sa mort. Ch. Cunat à écrit son Histoire, 1852. M. J. S. Roux a publié Le Bailli de Suffren dans l'Inde, 1862. — Son frère, L. Jérôme Suffren, évêque de Sisteron, fit creuser à ses frais en 1780 un canal aux environs de Sisteron, canal qui à gardé son nom.

SUGER (l'abbé), ministre, né à St-Omer vers 1082, d'une famille pauvre, fut élevé dans l'abbaye de St-Denis, et en devint abbé en 1122. Louis VI, avec lequel il avait été élevé dans l'abbaye de St-Denis, fit de lui son conseil et son guide. Suger améliora la justice, les lois, les relations extérieures, protégea l'agriculture, le commerce, l'industrie, et favorisa l'affranchissement des Communes. Non moins puissant sous Louis VII, il désapprouva le départ de ce prince pour la croisade, et plus encore son divorce. Pendant l'absence du roi (1147-49), il fut régent de France, et, par la sagesse de son administration, mérita le titre de Père de la patrie, que lui décerna Louis VII. A la fin de sa vie, on le vit avec étonnement, démentant sa conduite antérieure, prêcher lui-même une nouvelle croisade; il réunit plus de 10 000 hommes, et il allait conduire cette expédition en Asie à ses frais, lorsqu'il mourut, en 1152. Suger a écrit la Vie de Louis VI, en latin, et a laissé des Lettres ainsi que des Mémoires sur sa propre administration (dans les collections Duchesne et Guizot). Il fit le 1er recueillir des Grandes Chroniques, et commença la réédification de la cathédrale de St-Denis. On a la Vie de Suger, par Duchesne, 1648, et par Nettement, 1842, une Hist. de Suger par dom Gervaise, 1721, et par Huguenin, 1859, son Éloge par Garat, 1779, et l’Hist. de son ministère par Combes, 1853.

SUHM (P. Fréd.), historien, né à Copenhague en 1728, m. en 1798, fut assesseur au tribunal de la cour, gentilhomme de la chambre, chambellan, et enfin historiographe; il eut part au complot de cour qui renversa Struensée, fit en 1751 un voyage dans la Norvége, et fut membre de presque toutes les académies du Nord. Ses principaux ouvrages sont : Introduction à l'histoire critique du Danemark, 1769; Hist. critique du Danemark pendant les siècles païens, 1774-8 (ouvrage qui jette le plus grand jour sur l'origine des peuples barbares et le culte d'Odin); Hist. du Danemark, 1782 et ann. suiv. Ses Opuscules ont été réunis en 15 vol., Copenhague, 1788-98. Il a en outre publié avec Langebeck les Scriptores rerum Danicarum, 8 vol. in-f., 1776.

SUIDAS, lexicographe grec, qu'on croit avoir vécu vers le Xe s., n'est connu que par son Lexique historique, compilation sans jugement, mais a laquelle nous devons beaucoup de fragments d'auteurs anciens et d'intéressants détails sur l'histoire littéraire. Les meilleures éditions de Suidas sont celles de Ludolf Kuster, Cambridge, 1705, 3 vol. in-fol., avec traduct. lat. de Jér. Wolf, corrigée par Portus; de Gaisford, Oxf., 1834; de Bernhardy, Halle, 1834, et Leips., 1853; d'Emm. Bekker, Berl., 1854.

SUINDINUM, capit. du Cénomans. V. CENOMANS.

SUINTILA, roi des Visigoths d'Espagne de 621 a 631, réforma les lois, protégea le peuple contre la pression des grands, battit les Vascons, qui désolaient ses États, et acheva de chasser les Grecs de l'Espagne (624). Mais il mécontenta la nation en associant au trône son fils Ricimer, encore en bas âge, et fut détrôné par Sisenand, gouverneur de la Septimanie (631). Il mourut 4 ans après.

SUIPPES, ch.-l. de c. (Marne), sur la Suippe, affluent de l'Aisne, à 23 kil. N. E. de Châlons-sur-Marne; 2204 h. Filatures, lainages, mérinos, flanelles.

SUISSE ou CONFÉDÉRATION HELVÉTIQUE, Schweiz en allemand, l’Helvétie et partie de la Rhétie des anciens; un des États de l'Europe centrale, a pour bornes à l'O. la France, au N. le grand-duché de Bade, à l'E. le Tyrol, au S. les États italiens, s'étendant entre 3° 44'-8° 5' long. E., et 45° 50'-47° 48' lat. N. ; 348 kil. de l'O. à l'E. sur 212 du N. au S.; 38 000 k. carr.; 2 600 000 h.; capit. fédérale, Berne (jusqu'en 1848, Zurich, Berne et Lucerne étaient capitales à tour de rôle). Le pays tire son nom de la ville et du canton de Schwitz, qui furent le noyau de la fédération. La Suisse se divise en 22 cantons, qui pour la plupart prennent le nom de leur capitale. En voici fa liste, d'après le rang qu'ils occupent dans la Confédération : 1. Zurich, 2. Berne, 3. Lucerne, 4. Uri, 5. Schwitz, 6. Unterwald, 7. Glaris, 8. Zug, 9. Fribourg 10. Soleure, 11.Bâle, 12. Schaffhouse, 13. Appenzell, 14. Saint-Gall, 15. Grisons, 16. Argovie, 17. Thurgovie, 18. Tessin, 19. Vaud, 20. Valais, 21. Neufchâtel, 22. Genève. Plusieurs cantons ont des subdivisions : Bâle se divise en Bâle-Ville et Bâle-Campagne; Unterwald en Obwalden et Nidwalden; Appenzell en Rhodes intérieures et extérieures ; les Grisons en trois ligues : Ligue Supérieure, L. Cadée et L. des Dix-juridictions. — Des 22 cantons, 8 sont au N. : Bâle, Soleure, Argovie, Zurich, Schaffhouse, Thurgovie, St-Gall, Appenzell; 12 au centre : Zug, Schwitz, Glaris, Grisons, Uri, Unterwald, Lucerne, Berne, Fribourg, Neuchâtel, Vaud, Genève; 2 au S. : Valais, Tessin. Les plus vastes sont les Grisons, Berne, le Valais, Vaud, Tessin; les plus petits Schaffhouse, Genève et Zug.

Pendant longtemps, de 1513 à 1798, la Suisse ne compta que 13 cant. : Berne, Zurich, Lucerne, Fribourg, Uri, Schwitz, Unterwald, Zug, Glaris, Bâle, Soleure, Schaffhouse et Appenzell. On y distinguait en outre des pays sujets et des alliés. Les Pays sujets ou vassaux des 13 cantons étaient : au N. et à l'E. le comté de Bade avec Bade, les Bailliages libres avec Bremgarten et Muri, la Thurgovie avec Frauenfeld, le Rheinthal avec Reineck, le comté de Sargans, le Gaster avec Utznach, et la ville de Rapperschwyl; à l'O. les bailliages de Morat, Granson, Orbe, Schwartzenbourg; au S., les gouvts de Lugano, Locarno, Mendrisio, Valmaggia, les bailliages de Bellinzona, Val Blegno, Riviera. Les Alliés des 13 cantons étaient l'abbaye et la ville de St-Gall, la ville de Bienne, les trois Ligues grises, la république du Valais, les villes de Mulhouse et de Genève, la principauté de Neufchâtel, l'évêque de Bâle. De 1798 à 1815, la division territoriale de la Suisse subit diverses modifications qui portèrent le nombre des cantons à 19; il fut enfin élevé à 22 en 1815.

La Suisse est le pays le plus élevé de l'Europe. On y trouve les principaux sommets des Alpes, qui de là projettent leurs ramifications en Italie, en Allemagne, en France. Le pays est célèbre pour la beauté et la variété des sites (glaciers, pics de toutes formes, lacs, sources, vallées, etc.), ainsi que pour la salubrité de l'air; il a des mines très-variées (fer, cuivre, plomb, cristal, soufre), de beaux marbres, des eaux minérales renommées. Mais le climat est généralement froid ou humide, et le sol stérile ou peu fertile. Cependant, les plateaux de médiocre hauteur et les vallées produisent des grains et offrent d'admirables pâturages. Des montagnes de la Suisse sortent le Rhin, le Rhône, l'Adige, plusieurs affluents de ces fleuves, ainsi que du Pô. On y compte beaucoup de lacs, notamment ceux de Genève ou lac Léman, de Constance, de Lucerne ou des Quatre-Cantons, de Zurich, de Neufchâtel, de Bienne, de Brienz, de Wallenstadt, de Sempach, de Morat. Parmi les eaux minérales et thermales, on cite celles de Baden (Argovie), Blumenstein, Gurnigel (Berne), l'Alliaz, Bex (Vaud), Louèche (Valais), St-Moriz (Grisons), etc. Les cantons d'Uri, de Schwitz, d'Unterwald, le Valais et les Grisons sont très-pauvres; les autres au contraire, notamment Berne, Bâle, Vaud, Genève, Zurich, sont industrieux et fort riches. En général, le Suisse est actif, économe, probe et loyal, très-attaché à son pays (on connaît l'effet que produisaient sur les Suisses qui servaient à l'étranger les airs nationaux, notamment le fameux Ranz des vaches). Les Suisses ont été longtemps réputés par toute l'Europe pour leur bravoure : longtemps ce peuple a gardé la coutume de prendre service dans les armées étrangères (notamment en France et en Espagne), usage qui a presque cessé à la révolution de 1830; ils se sont rendus célèbres, surtout en France, par leur fidélité et leur dévouement. Les principales industries en Suisse sont l'horlogerie et la joaillerie, les soieries et la fabrication des fromages. Il s'y fait un grand commerce de transit. — Le gouvernement, partout républicain, varie dans ses formes pour chaque État. Des 13 cantons primitifs, trois étaient aristocratiques (Berne, Lucerne, Fribourg), six étaient démocratiques (Uri, Schwitz, Unterwalden, Zug, Glaris, Appenzell), les quatre autres mi-partis. Depuis l'établissement des 22 cantons, les formes du gouvernement se sont simplifiées : l'aristocratie a perdu; le gouvernement est devenu de plus en plus démocratique. L'autorité fédérale est exercée par 3 pouvoirs : 1° l’Assemblée fédérale, composée du Conseil national et du Conseil des États; 2° le Conseil fédéral, qui a le pouvoir exécutif; 3° le Tribunal fédéral, chargé de juger les différends entre les cantons et les cas de haute trahison. Les assemblées fédérales ou diètes se tinrent longtemps à Bade en Argovie ou à Frauenfeld; puis, alternativement à Zurich, à Berne et à Lucerne; depuis 1848, les autorités fédérales siègent constamment à Berne. — Pour la religion, le pays est partagé entre le Catholicisme et le Calvinisme : on compte 9 cantons catholiques (Lucerne, Uri, Schwitz, Unterwald, Zug, Fribourg, le Tessin, le Valais, Soleure), 7 cantons réformés (Zurich, Berne, Bâle, Schaffhouse, Vaud, Genève, Neufchâtel), 6 cantons mixtes (Argovie, Glaris, Thurgovie, Saint-Gall, Appenzell, les Grisons); la liberté des cultes est garantie. — L'instruction est très-répandue en Suisse : l'instruction primaire est obligatoire pour tous et gratuite pour les pauvres. Il y a trois universités : Bâle, Zurich et Berne ; Genève et Lausanne ont sous le titre d’Académies des établissements de haute instruction analogues à nos facultés. La Suisse possède 4 évêchés catholiques, dont les siéges sont établis à Fribourg, à Coire, à Sion et à Soleure (ce dernier sous l'anc. titre d'évêché de Bâle). L'ordre des Jésuites est depuis 1847 exclu de toute la Confédération. — On parle en Suisse deux langues surtout : le français (dans les cantons de Neuchâtel, de Genève, de Vaud, du Valais, Soleure, etc.), l'allemand (à Berne, Bâle, Zurich et dans tout l'E.) : dans le Tessin domine l'italien ; parmi les Grisons le roman, sorte de latin corrompu ; de plus, il existe un patois dit welche, en usage dans le bas peuple des cantons français. Parmi le grand nombre d'hommes illustres qu'a produits la Suisse, outre les patriotes comme Stauffacher, Melchthal et Guillaume Tell, brillent surtout les frères Bernouilli, Euler, J. J. Rousseau, Gessner, Lavater, Jean de Muller, Bonnet, Necker, les de Saussure, Tronchin.

Histoire. La Suisse, l’Helvétie des Romains, était comprise par eux presque tout entière dans la grande Séquanaise (prov. de la Gaule); le reste, la partie à l'E. du Rhin, faisait partie de la Rhétie. Les Helvétiens avaient quitté leur pays en masse pour venir s'établir dans la Gaule (61 av. J.-C.), quand César, en 58, extermina les uns, refoula les autres. Sous la domination romaine, les Helvétiens furent tranquilles. A partir du Ve s., leur pays appartint tour à tour (pour la plus grande part) au roy. de Bourgogne, au roy. de Bourgogne Transjurane et au roy. des Deux-Bourgognes ou roy. d'Arles. Lorsque Rodolphe III légua les deux Bourgognes à Conrad le Salique sous le nom de Royaume d'Arles (930), la Suisse fut comprise dans ce legs et dès lors elle devint province immédiate de l'Empire : l'administration en fut confiée aux ducs de Zaeringhen. Pendant la période féodale, le pays se trouva divisé en une foule de fiefs de tout ordre, presque indépendants, dont bon nombre étaient possédés par la maison de Habsbourg lors de l'avénement à l'empire de Rodolphe de Habsbourg (1273). Ce prince, qui avait été choisi pour avoué par les cantons d'Uri, Schwitz et Unterwald, respecta leurs franchises et même les augmenta; mais Albert, son fils, tendit à convertir en souveraineté les droits de simple patronage que sa famille exerçait et entreprit de soumettre toute l'Helvétie (1304). L'oppression de ses agents, surtout de l'impitoyable Gessler, fit soulever les trois cantons d'Uri, Schwitz et Unterwald : c'est alors qu'eurent lieu et la conspiration de Grutli, qui eut pour chefs Stauffacher, Walter Furst et Arnold de Melchthal, et l'aventure de Guillaume Tell : un soulèvement général éclata le 1er janvier 1308. Les 3 cantons primitifs, après de longs combats, battirent à Morgarten le duc Léopold I, fils d'Albert (1315), et formèrent la ligue perpétuelle de Brunnen. Ils s'adjoignirent successivement Lucerne (1332), Zurich (1351), Zug et Glaris (1352), Berne (1353). Deux autres victoires remportées sur les ducs d'Autriche (à Sempach et à Næfels, 1386 et 88), diverses conquêtes faites sur les domaines de ces ducs (1415 et ann. suiv.), rendirent bientôt les Suisses respectables à leurs voisins. En 1422 commencèrent à se former les Ligues grises (ou des Grisons). Mais de 1439 à 1450 la guerre de Tockenbourg mit les Suisses aux prises les uns avec les autres : Zurich se sépara, et la dissolution de la ligue semblait imminente ; à la même époque, ils furent attaqués à l'improviste par la France, que l'emp. Ferdinand III avait appelée à son secours (1444), et seize cents d'entre eux furent exterminés, après une héroïque résistance, à la bataille de St-Jacques, par le dauphin (depuis Louis XI). Cependant, tout rentra dans l'ordre en 1450 ; la paix fut conclue en 1453 avec la France, qui n'avait eu qu'à se plaindre de l'empereur. En 1460 eut lieu la conquête de la Thurgovie. Mais bientôt les Suisses virent de nouveau leur indépendance menacée par l'ambition de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne (1475) : malgré l'infériorité du nombre, ils repoussèrent cet ennemi redoutable et portèrent un coup mortel à sa puissance dans les batailles de Granson et de Morat (1476), et le renom de leur bravoure devint européen. De là leur alliance (dite Union héréditaire) avec la France et l'Autriche, puis le traité de Bâle avec l'Empire, qui dut renoncer à toute prétention sur la Suisse, 1499. L'accession de 5 cantons nouveaux, Fribourg et Soleure (1481), Bâle et Schaffhouse (1501), Appenzell (1513), vint compléter les 13 cantons. Pendant la même période s'effectuaient l'alliance du Valais (1475) et des Grisons (1497), la conquête de Locarno, de Lugano (1513), etc. C'est surtout alors que les Suisses furent recherchés comme troupes mercenaires. Après la bat. de Marignan, ou ils avaient combattu pour le duc de Milan, et où ils avaient été battus, malgré une héroïque résistance, par François I, ils conclurent avec la France une Alliance perpétuelle (1516), qu'ils ont toujours respectée depuis. De 1512 à 1530, les Grisons avaient soumis ou obtenu la Valteline : pendant la guerre de Trente ans, l'Espagne leur fit en vain la guerre pour la leur reprendre (1618-1638); enfin, en 1648, à la paix de Westphalie, le corps helvétique fut définitivement reconnu par l'Autriche et par l'Europe entière comme une puissance indépendante de l'empire. Le Protestantisme avait été introduit en Suisse dès 1519 par Zwingle (à Zurich), puis par Calvin (à Genève), et bientôt la majeure partie de la Suisse quitta le Catholicisme pour embrasser la Réforme ; de là nombre de petites guerres locales jusqu'à 1712, époque qui fixa l'État respectif des deux religions dans les 13 cantons. La Suisse fut tranquille depuis, jusqu'à la Révolution française. Alors surgit un parti qui voulait l'égalité de droits pour tous, l'unité de la Suisse, l'abolition de la distinction de cantons souverains et de sujets, et qui, pour en venir là, appela l'intervention française. Bonaparte, après le traité de Campo-Formio (1797), envoya Brune en Suisse pour y opérer la révolution désirée : elle eut lieu en effet, et le 12 avril 1798 fut proclamée la République helvétique une et indivisible, qui fut confirmée par la victoire de Stanz (9 sept.). Lors de la 2e coalition contre la France (1799), la Suisse devint le théâtre de la guerre et fut sur le point d'échapper à l'influence libérale de la France : la victoire de Masséna à Zurich rétablit cette influence. Après plusieurs changements successifs, et l'établissement provisoire de plusieurs constitutions éphémères, Bonaparte donna aux Suisses, le 19 février 1803, une organisation nouvelle, fédérative, sans inégalités : ce fut celle en 19 cantons. Après la chute de Napoléon, 1814, l'ancienne Confédération fut rétablie sous la présidence de Zurich. Une nouvelle constitution, élaborée par la diète réunie à Zurich, fut signée le 7 août 1815, sous le nom de Pacte fédéral ; l'admission du Valais, de Neufchâtel et de Genève, demandée par le Congrès de Vienne, porta alors le nombre des cantons à 22. Le traité de Paris de la même année (1815) reconnut la neutralité perpétuelle de la Suisse, et lui garantit l'intégralité et l'inviolabilité de son territoire dans ses nouvelles limites. La révolution française de 1830 eut son contre-coup en Suisse : Bâle se morcela en Bâle-Ville et Bâle-Campagne, 1833 ; le parti démocratique opéra une révolution dans le Valais en 1840 ; des troubles éclatèrent dans le Tésin en 1841, et à Genève en 1846. La courte guerre du Sonderbund (V. ce mot), heureusement terminée en 1847, amena la révision du pacte fédéral de 1815, et l'adoption de la constitution fédérale démocratique du 12 septembre 1848, qui régit encore le pays.

SULINA, une des bouches du Danube. V. SOULINA.

SULLY ou SULLY-SUR-LOIRE, Sulliacum, ch.-l. de c. (Loiret), sur la r. g. de la Loire, à 23 kil. N. O. de Gien ; 2527 hab. Patrie de Maurice de Sully, évêque de Paris. Titre du duché de Sully, érigé en 1606 par Henri IV en faveur de Maximilien de Béthune.

SULLY (Maurice de), évêque de Paris de 1160 à 1196, né de parents très-pauvres à Sully-sur-Loire, avait d'abord été réduit à mendier. Ayant reçu les ordres, il se distingua par son talent pour la prédication, fut nommé chanoine de Bourges et finit par être élevé sur le siége épiscopal de Paris. Il prit une grande part à la construction de la cathédrale de Paris, mais il mourut sans avoir vu achever cet édifice, qui fut terminé par son successeur Odon de Sully (lequel, malgré la ressemblance du nom, n'avait rien de commun avec sa famille).

SULLY (Maximilien de BÉTHUNE, duc de), ministre, né en 1560 à Rosny, près de Nantes (d'où, il porta longtemps le titre de baron de Rosny), m. en 1641, fut de bonne heure le compagnon de Henri de Navarre, qu'il suivit dans toutes ses guerres et aux côtés duquel il se distingua par son intrépidité. Un beau mariage, beaucoup d'ordre, des spéculations commerciales très-heureuses le rendirent fort riche en peu de temps : Henri IV crut ne pouvoir mieux confier les finances du royaume qu'à l'homme qui administrait si bien ses propres affaires, et il le nomma en 1597 surintendant des finances ; Sully se montra en effet financier parfait : il remit de l'ordre dans les comptes, fit rentrer un arriéré considérable, paya des dettes écrasantes, suffit aux dépenses des guerres avec l'Espagne et la Savoie, et à l'achat des places qui restaient encore aux chefs ligueurs, créa de grands approvisionnements de guerre, poursuivit partout les abus et les prodigalités, et, tout en diminuant les impôts, amassa un trésor de 42 millions. Il encouragea surtout l'agriculture, répétant ces sages paroles : « Labourage et pastourage sont les deux mamelles dont la France est alimentée. » Dans ce but, il proclama la liberté du commerce des grains, abolit un grand nombre de péages, qui élevaient comme autant de barrières entre les provinces, ouvrit de grandes voies de communication, et fit creuser plusieurs canaux, notamment celui de Briare. Au titre de surintendant des finances, Sully joignait ceux de gouverneur de la Bastille, de grand maître de l'artillerie et des fortifications, de grand voyer de France, de surintendant des bâtiments, de capitaine héréditaire des eaux et rivières, et le gouvernement du Poitou. Peu de temps après la mort de Henri, il fut amené par des intrigues à se démettre de ses charges de surintendant des finances et de gouverneur de la Bastille ; cependant il conserva le gouvernement du Poitou avec la grande maîtrise de l'artillerie et des forêts. Il se retira dans sa terre de Sully. Bien que mécontent de la reine mère, il n'eut qu'une très-faible part aux troubles de la régence, et refusa de prendre les armes avec les Protestants. Louis XIII le fit maréchal en 1634. Né calviniste, Sully ne voulut jamais abjurer, bien qu'il eût lui-même donné à Henri IV le conseil d'embrasser le Catholicisme. Il avait été fait duc par Henri IV (1606), et avait pris à cette occasion le nom de la terre de Sully, qu'il venait d'acheter. On connaît l'étroite amitié qui unissait Henri IV et Sully : en plus d'une occasion, ce ministre dévoué ne craignit pas de heurter le roi, au risque de se brouiller avec lui, en lui faisant de sévères reproches sur ses égarements et en s'opposant avec énergie à ses prodigalités. Du reste, Sully n'était rien moins que désintéressé, et il ne s'était pas montré fort scrupuleux sur les moyens de faire fortune. On a de Sully des mémoires très-précieux, mais rédigés sous une forme bizarre (il suppose que ses secrétaires lui racontent sa propre vie). Ils parurent pour la 1re fois de 1634 à 1662, en 4 vol. Ils ont été réimprimés dans les collections des Mémoires relatifs à l'histoire de France de Petitot, et de Michaud et Poujoulat. L'abbé de L'Écluse en a donné en 1745 une édition remaniée, refondue, mais trop altérée pour qu'on y attache du prix.

SULLY (H.), horloger anglais, mort en 1728 à Paris, où il était venu se fixer, a fait d'excellentes recherches sur les longitudes. Il exécuta une pendule à levier pour mesurer le temps en mer, et contribua au progrès de l'horlogerie. On a de lui : Description d'une horloge pour mesurer le temps sur mer, 1726.

SULMO, auj. Solmona, v. d'Italie, chez les Peligni, dans les montagnes, à 16 kil. S. E. de Corfinium, fut détruite par les troupes de Sylla, mais se releva dans la suite. C'est là que naquit Ovide.

SULPICE (S.), évêque de Bourges, fut sacré en 584 et mourut en 591. Il joignait à la piété l'esprit, l'érudition et cultivait la poésie. On le fête le 29 janv. — Autre évêque de Bourges (624-644), fut aumônier de Clotaire II et supérieur d'une communauté de clercs qui étaient à la cour du roi. On le fête le 17 janv. C'est à celui-ci qu'est dédiée l'église St-Sulpice de Paris. — Cette église, une des plus vastes et des plus belles de la capitale, a été élevée sur les ruines d'une chapelle du XIIe s. dédiée à S. Pierre. Elle s'annonce par un superbe portail de deux ordres d'architecture différents : le bas est dorique et le haut ionique. On y remarque deux tours de structure différente, celle du nord a 68m 21 de haut ; celle du sud est un peu moins haute. L'intérieur de l'église se compose d'une triple nef en arcades et offre, outre l'autel du chœur, une série de chapelles latérales; derrière le chœur est une très-belle chapelle de la Vierge. Commencée en 1665, sur les dessins de Levau, cette église n'a été terminée que dans le siècle suivant : le portail, achevé en 1745, est de Servandoni. C'est à l'initiative du curé Olier qu'on doit l'idée de l'édifice et aux persévérants efforts de Languet qu'on en doit l'achèvement.

SULPICE-SÉVÈRE, Sulpicius Severus, historien ecclésiastique, né vers 363 en Aquitaine, d'une famille noble et riche, suivit d'abord la carrière du barreau et fut avocat à Toulouse. La mort de sa femme le détermina à quitter le monde, vers 392 : il se retira, pour vivre dans la prière, à Primuliac, près de Biterræ (Béziers), et de là, vers 409, dans un monastère de Marseille. On présume qu'il s'était fait prêtre ; il fut le disciple de S. Martin. Il mourut en 410 selon les uns, en 429 suivant les autres. On a de lui une Histoire sacrée, en 2 livres, qui s'étend de la création du monde à l'an 410, et dont le style élégant et concis lui a valu le nom de Salluste chrétien; une Vie de saint Martin (trad. par Duryer), et des Lettres. Ses Œuvres ont été souvent imprimées, notamment à Leyde, 1635 et 1643, et à Vérone, 1741-55. L’Hist. sacrée a été trad. en franç. par J. Filleau, L. Giry, l'abbé Paul, et par Herbert et Riton, dans la collection Panckoucke, 1848.

SULPICIENS, congrégation de prêtres destinés à l'instruction de jeunes ecclésiastiques, fondée en 1641 par Olier, curé de St-Sulpice. V. OLIER.

SULPITIA, Romaine qui cultivait avec succès la poésie, était femme d'un certain Calanus, et vivait vers l'an 90 de J.-C., sous-Domitien. Il ne nous reste d'elle qu'une satire intitulée : De edicto Domitiani, qui roule sur l'exil des philosophes ordonné par ce prince. Elle est ordinairement imprimée à la suite de Juvénal ou de Pétrone, et se trouve dans le Corpus poetarum de Maittaire et dans les Poetæ latini minores de Wernsdorf. Elle a été trad. en vers par Ch. Monnard, 1816, et en prose (dans la collect. Panckoucke), par Perreau, à la suite du Perse.

SULPITIUS GALLUS (C.), préteur l'an 173 av. J.-C., tribun militaire sous Paul-Émile, dans la campagne de Macédoine, consul en 166, était un orateur distingué et un savant astronome. Il prédit une éclipse de lune pour la veille du jour où l'on devait livrer bataille à Persée, et prévint ainsi la frayeur qu'auraient pu éprouver les soldats.

SULPITIUS RUFUS (P.), fougueux partisan de Marius, tribun du peuple l'an 88 av. J.-C., fit rendre, par des moyens illégaux, la loi qui chargeait Marius de la guerre contre Mithridate à l'exclusion de Sylla, gagna les Alliés à son parti en leur faisant des concessions dangereuses, et attaqua plusieurs fois les consuls eux-mêmes dans le Forum à la fête de ses partisans. Proscrit par Sylla, il fut décapité, et sa tête attachée à la tribune aux harangues. — Serv. Sulpitius Rufus, orateur distingué, contemporain et rival d'Hortensius et de Cicéron, mérita d'être surnommé le Prince des jurisconsultes. Cicéron, admirateur de son talent, lui fit élever une statue.

SULTAN (de l'arabe selatat, puissant, ou salatha, dominer), titre que portaient au Xe, XIe, XIIe et XIIIe s. les lieutenants généraux des califes, et en général ceux qui affectaient l'indépendance, comme par exemple les chefs gaznévides et les princes seldjoucides de Bagdad, de Konieh, d'Alep, de Damas; c'est auj. la principale dénomination du monarque des Ottomans. — Les femmes, les sœurs et les filles du sultan sont dites sultanes; la mère du Grand Seigneur régnant est appelée sultane-validé.

SULTAN-EUNI, sandjakat de la Turquie d'Asie, dans le N. de l'Anatolie, entre ceux de Boli au N., d'Angora à l'E., de Kara-hissar et de Kutaïeh au S., de Kodavenkiar et de Kodjah-ili au N. O.; ch.-l., Eski-chehr. Il répond à la Galatie et à une partie de la Phrygie-Épictète des anciens.

SULTANIEH, v. de Perse (Irak-Adjémi), à 105 k. N. O. de Kazbin. Fondée par le chah Khoda-Bend, cette ville fut longtemps la résidence des rois de Perse, et était alors très-étendue et très-florissante; elle fut ruinée par Tamerlan ; auj. ce ne sont que des ruines.

SULTANIEH-HISSAR ou SULTANIEH-KALESSIE, v. de la Turquie d'Asie (Anatolie), à l'entrée des Dardanelles, à 60 k. S. O. de Gallipoli; 13 000 h. Château fort, dit Château d'Asie, situé vis-à-vis du Château-d'Europe, et qui commande l'entrée du détroit.

SULZ, v. du Wurtemberg (Forêt-Noire), sur le Neckar, à 56 k. S. O. de Stuttgard; 2400 hab. Riche saline. C'est, dit-on, près de cette ville, qu'en 368 l'emp. Valentinien battit les Allemands. — V. SOULTZ.

SULZBACH, v. de Bavière (Regen), à 45 k. E. N. E. de Nuremberg ; 3000 hab. Jourdan y battit les Autrichiens en 1796. Titre d'une principauté palatine.

SULZMATT, bourg du Ht-Rhin. V. SOULTZMATT.

SULZER (J. George), né en 1720 à Wintherthur, en Suisse, m. à Berlin en 1779, embrassa l'état ecclésiastique, fut pendant quelques années vicaire d'un pasteur de campagne et instituteur, obtint en 1747 une chaire de mathématiques à Berlin, entra en 1750 à l'Académie de cette ville, et fut nommé en 1764 professeur de philosophie à l'Académie des nobles de Berlin. On lui doit des travaux estimés sur la psychologie, mais il est surtout célèbre comme auteur d'une Théorie universelle des beaux-arts, en allemand, 1772, qu'on regarda longtemps comme le plus bel ouvrage de ce genre. On a aussi de lui des Considérations morales sur les œuvres de Dieu, 1741.

SUMATRA, grande île de l’Océanie, dans la Malaisie, la plus occidentale des grandes îles de cette partie du monde, au S. O. de la péninsule de Malacca, dont elle est séparée par le détroit de Malacca, est située entre 5° lat. N.-5° lat. S. et 92°-103° long. E. ; elle a env. 700 kil. sur 390 dans sa plus grande largeur: 6 000 000 d'hab. On y distingue la partie indépendante (où se trouvent les roy. d'Achem, de Siak et le pays des Battas), et la partie hollandaise, au S. O., ou Gouvt de Padang (avec le ci-devant empire de Menangkabau, le roy. de Palembang, le pays des Lampongs). Longue chaîne de montagnes (Gounong-Api ou Ophir, 4500m); quatre volcans. Climat varié, très-chaud sur les côtes, mais tempéré par les vents de mer, pluies continues six mois de l'année; vastes marécages pestilentiels sur la côte O., qui ont valu à cette contrée le nom de Côte de la peste. On y trouve les productions et les animaux de l'Inde, de l'Indo-Chine et de l’Océanie. Or, cuivre, fer, étain, en abondance. Commerce très-actif. Les indigènes sont de race malaise et presque tous Musulmans; ils sont remarquables par leur férocité. — La prospérité de Sumatra est très-ancienne ; les empires d'Achem et de Menangkabau ont été longtemps florissants, surtout aux XVIe et XVIIe s. Cette île fut découverte en 1508 par le portugais Figueira. Les Hollandais s'y établirent vers 1625, mais ils n'y ont eu longtemps que peu de puissance; ils en ont même été presque expulsés en 1823.

SUMBA, une des îles de la Sonde. V. SAMBA.

SUMBAVA (île), une des îles de la Sonde, la plus occidentale de l'archipel Sumbava-Timor, par 114° 22'-116° 50' long. E., 8° 10'-9° 7' lat. S.; 280 kil. sur 100; env. 60 000 hab. : villes principales, Sumbava, sur la côte N., et Bima. L'île est coupée en trois péninsules; dans celle du centre est le terrible volcan de Tomboro, dont une éruption fit périr 12 000 personnes en 1816. Sol très-fertile; poudre d'or; nids d'oiseaux, huîtres à perles. Habitants : Malais, Macassars, Ouadjous. L'île est divisée entre plusieurs radjahs; le plus puissant est celui de Bima.

SUMBAVA-TIMOR (Archipel de), suite d'îles de la Malaisie, à l'E. de Java et sur une ligne qui va de l'ouest à l'est; la principale à l'O. est Sumbava, la principale à l'E. est Timor; entre elles deux sont Florès, Solor, Sabrao.

SUMÈNE, ch.-l. de c. (Gard), à 13 kil. E. du Vigan; 2920 hab. Bonneterie, filatures de soie.

SUNAMITE, c.-à-d. habitant de Sunam (v. de la Palestine, tribu d'Issachar). On connaît spécialement sous cette dénomination : 1° Abisag, qui fut unie à David dans la vieillesse de ce roi ; 2° l'épouse mystérieuse de Salomon dans le Cantique des cantiques; 3° la femme chez laquelle logeait le prophète Élisée et dont il ressuscita le fils (Rois II, ch. IV).

SUND (le), c.-à-d. le Détroit, se dit spécialement d'un détroit du Danemark situé entre l'île Seeland et la côte suédoise de Malmœhus, et qui joint la mer Baltique au Cattégat. Il a 100 kil. de long; sa largeur varie de 4 à 25 kil. On y trouve, à plusieurs brasses de profondeur, un courant contraire à celui qui règne à la surface. — Les vaisseaux qui traversaient le Sund ont longtemps payé au Danemark un droit qui se percevait à Elseneur et qui figurait pour des sommes importantes dans les revenus de l'État. Ce droit a été racheté en 1857 par les nations maritimes.

SUNDERLAND, v. d'Angleterre (Durham), à l'embouch. de la Wear, à 20 kil. N. E. de Durham; 70 000 hab. Port excellent, chemin de fer, beau pont de fer d'une seule arche (qui a 76m d'ouverture et 33 de hauteur) ; chantiers de construction, cristaux, bouteilles, goudron, etc. Immense commerce (bois, eau-de-vie, fer, planches, houille). Cette ville donne le titre de comte au duc de Marlborough.

SUNDERLAND (H. SPENCER, 1er comte de), né en 1620, se montra fort dévoué à Charles I dans la guerre civile, fut créé comte de Sunderland en 1643, et périt la même année à la bataille de Newbury. — Robert SPENCER, 2e comte de S., son fils, né en 1641, fut sous Charles II ambassadeur en Espagne, en France, au congrès de Cologne, ministre (1678), vota en 1679 contre le bill d'exclusion du duc d'York, mais se prononça en 1680 dans un sens contraire, ce qui le fit sortir du conseil, y rentra en 1682, et devint chef du cabinet, se maintint dans ce poste sous Jacques II, embrassa le Catholicisme en 1688, flotta longtemps entre Jacques et son gendre Guillaume d'Orange, les trompant tous deux, finit pourtant par agir en faveur de Guillaume, mais en simulant toujours du zèle pour Jacques, et n'en jouit pas moins de toute la confiance de Guillaume, qui, à son avènement, le nomma lord-chambellan, membre du conseil privé, lord-justicier. Las enfin des intrigues politiques, il se démit de ses emplois et alla mourir à sa résidence d'Althorp, en 1702. — Son fils, Ch. Spencer, 3e comte de S., fut aussi ambassadeur et ministre, d'abord sous la reine Anne, qui le renvoya, ainsi que tout le cabinet whig, après l'affaire de Sacheverell, et ensuite sous George I (1714-1722). Il montra une grande intégrité.

SUNDGAU, petite contrée annexée à la Hte-Alsace, avait pour ch.-l. Béfort, et pour autres villes Ferrette, Thann et Huningue. — Elle forme auj. la partie S. du dép. du Ht-Rhin. Ce pays appartenait anciennement aux archiducs d'Autriche, et relevait de l'évêque de Bâle. Louis XIII s'en empara.

SUNIUM (Cap), auj. cap Colonne, cap qui forme l'extrémité S. de l'Attique. Minerve y avait un beau temple, dont la mer baignait le pied et dont il reste 15 superbes colonnes. Platon discourait souvent avec ses disciples sur le cap Sunium.

SUNNITES, secte musulmane, ainsi appelée du mot arabe sunnah (tradition), parce que ses adhérents prétendent conserver la vraie tradition. Ils reconnaissent comme véritables successeurs de Mahomet les califes Aboubekr, Omar, Othman, qui régnèrent après lui, et ils défèrent à leurs explications théologiques; ils sont opposés aux Chyites, qui, contestant la légitimité des trois premiers califes, n'accordent d'autorité qu'à Ali, 4e calife, et aux descendants directs de Mahomet. Les Sunnites dominent aujourd'hui dans l'empire ottoman, en Arabie, en Égypte, dans les États barbaresques, tandis que les Chyites dominent en Perse. Ils se sont subdivisés en quatre rites, les Hanbalites, les Chaféites, les Malékites et les Hanéfites, ainsi appelés du nom de leurs fondateurs. Ces sectes n'ont entre elles que de légères différences, et sont également regardées comme orthodoxes.

SUPERGA (la), montagne et abbaye du Piémont, à 7 kil. N. E. de Turin. L'abbaye fut fondée par Victor-Amédée XII en souvenir de la levée du siège de Turin par les Français, en 1706. L'Église de l'abbaye sert de sépulture aux princes de Sardaigne.

SUPÉRIEUR (Lac), le plus occidental et le plus vaste des cinq grands lacs de l'Amérique du Nord, par 87° 5'-94° 50' long. O., 46° 20'-42° 10' lat. N., est situé partie dans les États-Unis, partie dans le Bas-Canada, qu'il sépare l'un de l'autre : 580 k. sur 250. Ses eaux sont douces et très-poissonneuses. Il communique avec le lac Huron par le Canal Ste-Marie. Il s'élève parfois sur ce lac des tempêtes aussi violentes que sur l'Océan. On y trouve plusieurs îles.

SUPÉRIEURE (Mer), Superum mare, auj. mer Adriatique, mer qui s'étend entre la côte E. de l'Italie et l'Illyrie, est ainsi nommée par opposition à la mer Inférieure ou Tyrrhénienne, située à l'O. de l'Italie.

SUPERSAX (George auf der FLUHE, plus connu sous le nom de), personnage influent du Valais, s'opposa aux intrigues du cardinal de Sion (Schinner) qui voulait détacher les Suisses de l'alliance de Louis XII (1510), fut jeté par ce prélat dans un cachot, parvint à s'échapper, releva son parti et força le cardinal à s'enfuir à Rome; mais il fut mis par Charles-Quint au ban de l'empire et finit par succomber : il mourut en exil, à Vevey en 1529.

SUPPLENBOURG, anc. château de la Saxe, jadis résidence des comtes de Supplenbourg, entre les comtés de Brunswick et de Sommersenbourg, aux environs de Scheningen, se trouva compris (après le morcellement du duché de Saxe et après divers partages entre les princes de Brunswick) dans la principauté de Wolfenbuttel. Le plus connu des comtes de Supplenbourg est Lothaire, qui régna sur l'Allemagne de 1125 à 1138, et eut pour gendre Henri le Superbe. Il céda en 1130 le château de Supplenbourg et quelques villages aux Templiers, qui en firent une commanderie. Celle-ci, lors de l'abolition de l'ordre, passa aux Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem.

SUPRALAPSAIRES, Calvinistes qui faisaient remonter la prédestination de l'homme au delà même de la chute d'Adam (supra lapsum), et qui prétendaient que Dieu avait rendu la chute du premier homme inévitable, afin de pouvoir manifester sa justice et sa miséricorde à l'égard de la race humaine. Cette secte se forma en Hollande au XVIIe s., à la suite du synode de Dordrecht.

SUPRÊME (la). V. INQUISITION.

SURA, anc. v. de la Babylonie, sur l'Euphrate, entre Babylone et Apamée. Les Juifs y eurent une école célèbre. Titre d'évêché in partibus.

SURATE, v. de l'Inde anglaise (Bombay), dans le Guzzerat, sur la r. g. du Tapti, à 31 kil. de son embouch., à 270 N. de Bombay; 200 000 hab. (dont beaucoup de Guèbres). Résidence de la cour suprême de justice de la présidence de Bombay. Petit château fort et petit port; rues étroites, tortueuses, maisons hautes, dont les étages supérieurs avancent sur les inférieurs; hôpital pour les animaux, entretenu par la piété des Hindous. Commerce actif, mais le voisinage de Bombay lui a fait beaucoup de tort. — Surate est une ville très-ancienne. Les Musulmans l'appellent la Porte de la Mecque, parce qu'on s'y embarque en foule pour le pèlerinage. Elle prit un développement énorme après la découverte du cap de Bonne-Espérance, et son port fut fréquenté par tous les peuples européens; mais elle est auj. bien déchue. Les Mongols s'en emparèrent en 1572. En 1612, la compagnie anglaise des Indes y établit son premier comptoir dans l'Hindoustan ; les Français et les Hollandais obtinrent ensuite le même privilège. Les Mahrattes l'attaquèrent souvent de 1664 à 1707, mais ne purent la prendre. Les Anglais se la firent céder en 1800. Les Français y ont une factorerie.

SURCOUF (Robert), fameux corsaire, né en 1773 à St-Malo, m. en 1827, descendait, dit-on, par sa mère de Duguay-Trouin. Capitaine à 20 ans, il déploya dans toutes les mers, et surtout dans l'Inde, une intrépidité qui le rendit la terreur du commerce anglais : quelques-uns de ses exploits sont vraiment fabuleux. Pendant la paix, il se livra à des spéculations commerciales qui l'enrichirent. Ch. Cunat a écrit son Histoire, 1842.

SURÉNA. Ce nom, qui n'était d'abord qu'un titre de dignité désignant le commandant en chef des armées persanes, a été dans la suite pris pour nom propre. On connaît spécialement sous ce nom un général d'Orode, roi des Parthes, qui remporta sur Crassus, en Mésopotamie, la victoire décisive de Carrhes, l'an 53 av. J.-C. Il ternit sa gloire en faisant assassiner par trahison le général romain, qui était venu dans son camp pour traiter de la paix. Peu après, son orgueil et son despotisme le rendirent suspect à Orode, qui le fit mettre à mort, 52. Suréna a fourni à P. Corneille le sujet de sa dernière tragédie.

SURESNES, vge du dép. de la Seine, sur la r. g. de la Seine, à 10 kil. O. de Paris, au pied du mont Valérien (Calvaire); 4556 h. Vignoble renommé au XVIe s. et qui ne donne plus que du vin de qualité inférieure. Jolies maisons de campagne. On couronne tous les ans à Suresnes une rosière, à l'instar de celle de Salency. — C'était jadis une terre seigneuriale, que Charles le Simple donna à l'abbé de St-Germain des Prés. C'est à Suresnes qu'eut lieu la conférence à la suite de laquelle Henri IV abjura (1593). Patrie de Ch. Perronet.

SURGÈRES, ch.-l. de c. (Charente-Inf.), sur la Gère, à 27 kil. N. E. de Rochefort, 3289 h. Vieux château du temps de Charles VIII, belle halle, construite en 1840. Vins, eaux-de-vie, distilleries.

SURIN (le P.), jésuite, né à Bordeaux en 1600, m. en 1665, fut chargé en 1634, après l'exécution d'Urbain Grandier, de diriger les Ursulines de Loudun, que l'on croyait possédées, et tomba lui-même dans un état fort analogue qui le fit croire ensorcelé.

SURINAM (le), riv. de Guyane, traverse le S. O. de la Guyane française, puis la Guyane hollandaise, passe à Paramaribo, et se jette dans l'Atlantique, après un cours de 400 kil., dirigé généralement du S. au N. — On nomme Gouvt de Surinam la Guyane hollandaise.

SURINTENDANT, titre donné dans l'ancienne monarchie française à plusieurs charges différentes. Le titre de Surintendant des finances fut créé par Philippe le Bel pour Enguerrand de Marigny vers 1300, et supprimé après la disgrâce de Fouquet, en 1661. — Celui de Surintendant général de la navigation, créé par Louis XIII pour le cardinal de Richelieu, fut conféré plus tard à César, duc de Vendôme, et au duc de Beaufort, son fils ; il disparut à la mort du dernier, 1669. — Sous Louis XV, le marquis de Marigny, frère de Mme de Pompadour, reçut le titre de Surintendant des bâtiments de la couronne. — La dame qui occupait la 1re charge auprès de la reine avait le titre de Surintendante de la maison de la reine. — Auj. encore il y a une Surintendante de la maison impériale de la Légion d'honneur (maison de St-Denis)

SURIUS (Laurent), chartreux, né à Lubeck en 1522, m. en 1578, a donné une collection des conciles, Cologne, 1567, mais il est surtout connu par ses Vies des saints, Col., 1570, 6 vol. in-f. (réimp. en 1618). Il manque quelquefois de critique; néanmoins il peut servir à rectifier Sleidan sur plusieurs points.

SURRENTUM, auj. Sorrento, v. de Campanie, chez les Picentini, à l'O. de Salerne et vis-à-vis de l'île de Caprée, était renommée pour ses vins.

SURREY (Comté de), un des comtés de l'Angleterre, entre ceux de Kent à l'E., de Berks et de Southampton à l'O., de Sussex au S., est séparé au N. par la Tamise de ceux de Middlesex et de Buckingham et renferme deux des faubourgs de Londres, Southwark et Lambeth: 60 kil. sur 45; 590 000 hab. ; ch.-l. Guilford. Beaucoup de jardins maraîchers. Antiquités romaines et druidiques. — Ce comté, habité jadis par les Segontiaci, fit partie du roy. de Sussex dans l'Heptarchie: son nom, corruption de Southrice, voulait dire en saxon Royaume du Sud.

SURREY (Ch. HOWARD, comte de). V. HOWARD.

SURVILLE (Clotilde de), née vers 1405 au château de Vallon-sur-Ardèche, de la famille noble de Vallon-Chalis, reçut une brillante éducation à la cour de Gaston Phœbus, comte de Foix, épousa en 1421 le jeune Bérenger de Surville qu'elle aimait tendrement, le perdit en 1428 au siége d'Orléans, où il accompagnait Charles VII, et consola son veuvage par la culture de la poésie et par l'éducation d'un fils, né de son union. Elle mourut âgée de plus de 90 ans. Clotilde de Surville était restée inconnue jusqu'à l'époque où Ch. de Vanderbourg publia, sous le nom de cette femme, un recueil de poésies charmantes, composé d'élégies, d'épîtres, de contes et de morceaux lyriques du genre le plus élevé. Cette publication a excité parmi les gens de lettres une vive controverse ; la plupart en ont contesté l'authenticité : les uns attribuaient ces poésies au marquis de Surville, émigré, descendant de Clotilde, qui fut mis à mort en 1798 pour être rentré en France avec une mission de Louis XVIII; les autres en faisaient honneur à l'éditeur même, Vanderbourg. Les recherches faites récemment (1863), par M. le professeur A Macé, dans les papiers de la famille de Surville ne permettent plus de suspecter Vanderbourg et établissent que le manuscrit qu'il a publié est bien celui qu'avait préparé le marquis de Surville. Ce manuscrit renfermait incontestablement des poésies de Clotilde, mais la plupart avaient été retouchées et interpolées par la marquis. Les Poésies de Clotilde, publiées pour la première fois en 1803, ont été depuis réimprimées bien des fois, notamment en 1825.

SURVILLE (J. Franç. Marie de), marin distingué, né en 1717 au Port-Louis en Bretagne, se signala dans les campagnes de l'Inde, parcourut en 1769 les mers du Sud, y découvrit ou reconnut plusieurs îles, notamment l'île Salomon (V. ce nom) et la Nouv.-Zélande, et périt en mer près de Lima en 1770.

SURVILLIERS, vge du dép. de Seine-et-Oise, à 40 kil. E. N. E. de Pontoise, près du domaine de Morfontaine; 600 hab. Joseph Bonaparte prit le nom de Comte de Survilliers après la chute de Napoléon.

SUS ou SOUS (Roy. de), partie de l'empire de Maroc, jadis roy. indépendant, ainsi nommée de la riv. de Sus, affluent de l'Atlantique, qui l'arrose, est situé sur les deux versants de l'Atlas et est borné au N. par le Maroc proprement dit, à l'O. par l'Océan, au S. par la pays des Mosselmines, et à l'E. par la prov. de Darah ; env. 200 kil. sur 279 ; 600 000 hab. ; capit. Tarodant; autres villes, Agadir, Talent. Climat chaud et agréable, sol fertile (canne à sucre, coton, indigo, olives, dattes, etc.), mais en grande partie inculte. Une partie du pays de Sus est depuis 1810 comprise dans l'État de Sidi-Hescham.

SUSANNE, femme célèbre par sa chasteté, fille d'Helcias et épouse de Joakim, de la tribu de Juda, avait suivi son époux à Babylone lors de la captivité. Deux vieillards impudiques, juges d'Israël, voulant la séduire, la surprirent au bain, et la menacèrent, si elle ne cédait à leurs coupables désirs, de l'accuser d'adultère ; sur son refus, ils l'accusèrent en effet, et la chaste Susanne fut condamnée à mort. Mais Daniel, encore jeune, obtint la révision du jugement et, en mettant les accusateurs de Susanne en contradiction entre eux, fit reconnaître son innocence. On place cet événement vers 600 av. J.-C.

SUSANNE (Ste), vierge et martyre, fut, à ce qu'on croit, mise à mort à Rome en 295. On la fête le 11 août.

SUSE, anc. v. de Perse, résidence d'hiver des rois Achéménides, était en Susiane, au N., sur l'Eulæus. On en attribuait la fondation à Memnon. Les grands rois y avaient un palais magnifique et y gardaient une partie de leurs trésors. Il n'en reste que des ruines, avec des inscriptions cunéiformes, près de Chouster.

SUSE, Susa en italien, Segusio en latin, v. du Piémont, ch.-l. de prov., à 53 kil. O. de Turin; 3200 h. Évêché, collége, séminaire. Station du chemin de fer; arc de triomphe de marbre blanc en l'honneur d'Auguste. Aux env. marbre vert dit Marbre de Suse. Située à la réunion des deux grandes routes du mont Cenis et du mont Genèvre, Suse est de ce côté la clef de l'Italie. Souvent prise et reprise; brûlée par l'emp. Frédéric Barberousse; prise par les Français en 1690, 1704, 1796, démantelée en 1798, et comprise dans le dép. du Pô comme ch.-l. d'arr. Suse forma au moyen âge un marquisat, longtemps important; vers 1060, ce marquisat fut réuni au duché de Savoie par Amédée II, fils d'Adélaïde, héritière de la maison de Suse. — On appelle Pas de Suse le passage des Alpes à l'entrée duquel se trouve Suse. Ce passage fut plusieurs fois forcé par les Français, notamment en 1629, par le duc de La Meilleraie. — La prov. de Suse, contiguë au dép. français des Htes-Alpes, a 82 000 h.

SUSIANE, auj. Khouzistan, contrée de l'empire médo-persan, entre la Perside à l'E., l'Assyrie et la Babylonie à l'O., le golfe Persique au S., avait pour ch.-l. Suse. Elle renfermait, entre autres provinces, l'Elymaïde, la Characène et la Mélitène. — On y fait régner dans les temps les plus anciens Teutame et Memnon. Après la mort d'Alexandre, elle fit partie du royaume de Syrie; elle fut enlevée aux rois Syriens par les Parthes, puis comprise dans le 2e empire des Perses, enfin conquise par les Arabes. Elle reçut d'eux le nom qu'elle porte aujourd'hui ; c'est une des provinces du royaume moderne de Perse.

SUSO ou SUSON (H.), dit Frère Henri Amand, mystique allemand, né à Constance vers 1300, d'une famille noble, m. à Ulm en 1366, était dominicain et disciple de maître Eckart. Au panthéisme de son maître il mêle des sentiments romanesques, des images poétiques ; souvent il emprunte le langage de l'amour humain pour exprimer les extases de l'âme unie à Dieu. Il a laissé des Méditations sur la Passion, des Sermons, et l’Horloge de la sagesse, en latin. Ses Œuvres ont été publiées à Cologne, 1555, 1588, 1615, et traduites par Lecerf, 1586 et 1614. Chavin de Malan a donné sa Vie, 1842.

SUSQUEHANNAH, riv. des États-Unis, se forme dans l’État de Pensylvanie de la réunion de deux branches, l'une venant de l'E. et de l'État de New-York (cours 500 kil.), l'autre descendant des Alleghany (300 kil.); elle coule ensuite au S. E., entre dans l'État de Maryland et tombe dans la baie de Chesapeak, après un cours de 200 k. depuis la jonction. Un canal l'unit au Schuylkill.

SUSPECTS, LOI DES SUSPECTS. V. ces articles dans notre Dict. univ. des Sciences.

SUSSEX (Comté de), comté de l'Angleterre, au S., sur la Manche, entre ceux de Surrey au N., de Kent à l'E., de Southampton à l'O. : 130 k. sur 45; 300 000 h.; ch.-l., Chichester. Fer, marbre, ocre rouge, marne, etc. — Ce comté, habité jadis par plusieurs peuplades belges, forma avec le comté de Surrey un des sept royaumes de l'Heptarchie ; il devint ensuite comté ; les comtes s'étant éteints en 1801, il fut érigé en duché en faveur du 6e fils du roi George III.

SUSSEX (Roy. de), South-Seaxna-rice, un des États saxons de l'Heptarchie, fut formé, de 477 à 491, par Ælla qui débarqua dans l'île de Wight. Situé au bord de la Manche, entre ceux de Wessex à l'O. et d'Essex à l'E., ce royaume comprenait les comtés actuels de Surrey, Sussex et Southampton. Chichester en était la capitale. Il ne subsista guère qu'un siècle et se fondit dans le roy. de Wessex.

SUTHERLAND (Comté de), comté d’Écosse, borné au S. par celui de Ross, à l'E. par celui de Caithness, partout ailleurs par la mer : 110 kil. sur 100 ; 26 000 h., ch.-l., Dornoch. Montagnes arides, cotes échancrées; sol stérile ou peu fertile; houille, marbre, pierre calcaire, cristal de roche, très-beau grenat; pêche de harengs et cabillauds. Douze propriétaires seulement possèdent tout le pays; la famille Gower, qui en possède la plus grande partie, porte le titre de duc de Sutherland.

SUTLEDJE, fleuve de l'Inde. V. SETLEDJE.

SUTRI, Sutrium, ville de l'Italie centrale (Viterbe), à 25 kil. E. S. E. de Viterbe; 1500 hab. Évêché (érigé en 487). Un concile y fut tenu en 1046. Amphithéâtre antique, creusé dans le roc.

SUTTIES, nom donné dans l'Inde aux cérémonies dans lesquelles les femmes se brûlent sur le corps de leurs époux. Les Anglais ont fait, mais en vain, tous leurs efforts pour extirper cette pratique barbare.

SUTTON (Thomas), riche marchand anglais, né en 1532, m. en 1611, fit une grande fortune sous le règne d’Élisabeth, en employa une grande partie au service de son pays, et consacra en mourant tous ses biens à la fondation d'un magnifique hospice avec école : cet établissement, situé à Knaith, dans le comté de Cork, est connu sous le nom de Charterhouse (maison des Chartreux, parce qu'il était bâti sur l'emplacement d'un ancien couvent de Chartreux).

SUVALKI, v. de Russie (Pologne), ch.-l. de la voïvodie d'Augustowo, sur le Hancza, à 320 kil. N. E. de Varsovie; 3000 hab.

SUZANNE, SUZE, SUZO. V. SUSANNE, SUSE, SUSO. SVANTOVIT, dieu des Vénèdes, avait un temple dans l'île de Rugen à Arkona, où l'on venait en pélerinage lui offrir des dons. On entretenait en son honneur un beau cheval blanc, que le grand prêtre seul montait une fois l'an. Sa fête avait lieu vers le temps de la moisson. Stantovit était représenté sous la forme d'un colosse à quatre têtes, sans barbe, ayant les cheveux frisés, revêtu d'un habit court, tenant un arc de la main gauche et une corne de métal de la main droite. On le consultait sur la guerre et sur la récolte. On brûlait souvent des captifs en son honneur. — Le culte de cette idole fut aboli en 1168 par Valdemar, roi de Danemark.

SVEABORG, place forte et port militaire de la Russie (Finlande), bâtie sur 7 îles du golfe de Finlande, à 6 kil. S. E. de la v. d'Helsingfors, à laquelle elle est reliée par une digue armée de batteries ; 6000 h. Fortifications redoutables, qui ont fait appeler ce port le Gibraltar de la Baltique; arsenaux, magasins creusés dans le roc; grandes casernes. — Sveaborg, construit en 1749 par le roi de Suède Frédéric, était le boulevard de la Suède. Il fut livré à la Russie en 1808 et bombardé par la flotte anglo-française en 1855.

SVEDENBORG (Emmanuel), théosophe, né en 1688 à Stockholm, m. en 1772, était fils d'un évêque luthérien. Il se distingua d'abord dans les lettres et les sciences, fut assesseur des mines (1716), acquit sur toutes les branches des sciences naturelles, particulièrement sur la métallurgie, des connaissances profondes, qu'il consigna dans plusieurs écrits (Opera philosophica et metallurgica, 1734; OEconomia regni animalis, 1738), et devint membre de la Société des Sciences de Stockholm. Tout à coup, il prétendit avoir des révélations et converser avec les âmes des morts; bientôt on le vit résigner ses fonctions pour se livrer tout entier à la mission qu'il croyait avoir reçue de régénérer le Christianisme. C'est en 1743, à 55 ans, qu'il eut sa première vision, et depuis il ne s'occupa plus que de propager sa doctrine, soit par ses discours, soit par ses écrits. Ses principaux ouvrages mystiques sont : Arcana cœlestia, Lond., 8 vol. in-4, 1749-57 ; De cœlo et inferno ex auditis et visis (1758) : il y raconte ses entretiens avec les anges et les démons; De nova Hierosolyma (1758) ; Vera christiana religio, seu Theologia novæ ecclesiæ (1771). Svédenborg distingue un monde matériel et un monde spirituel : dans celui-ci se trouve, mais sous une autre forme, tout ce qui existe dans le premier. Il admet dans les Écritures 3 sens : le 1er, naturel ; le 2e spirituel; le 3e, céleste; le sens spirituel était resté inconnu jusqu'à lui : il est venu le révéler aux hommes. Il trouva de nombreux partisans et fonda une Église qu'il appela la Nouvelle Jérusalem. Les Svédenborgistes, fort nombreux en Suède et en Angleterre, ne sont répandus jusque dans les États-Unis, aux Indes et dans l'Afrique méridionale. Les Œuvres mystiques de Svédenborg ont été trad. par J. P Moët, Par. 1819-24, et par Le Boys des Guays, 1842-55. Dallant de Latouche en a donné un abrégé, Stockholm, 1788. Sa Vie a été écrite par Tafel, Tubingue, 1843, et par Matter, Paris, 1863.

SVENKSUND, partie orient. du golfe de Finlande, resserrée entre Viborg et Frédérickshamn, a sur ses bords une ville de même nom qui compte 2000 hab. Le roi de Suède Gustave III y fut battu par le prince de Nassau-Siegen en 1789, et l'y battit à son tour l'année suivante.

SVERKER I, roi de Suède, régna de 1129 à 1155, et fut la tige d'une nouvelle dynastie qui remplaça celle de Lodbrog et occupa le trône de la Suède 117 ans (1133-1250). — SVERKER II, régna de 1199 à 1210, et eut pour successeur Éric X Canutson.

SVERRER, roi de Norvége de 1185 à 1202, frère de Sigurd III, fut élevé en secret après le massacre de sa famille. Ayant connu sa naissance en 1176, il vint disputer le trône à l'usurpateur Magnus VI, le battit à Drontheim (1177), lui proposa, mais en vain, un partage du royaume, et, après 8 ans de guerre, remporta, en 1185, une victoire décisive où Magnus perdit la vie. Cependant il ne jouit pas sans troubles du trône; il se brouilla avec le clergé, et le pape Innocent III lança l'interdit sur ses États (1198). On a de ce prince le Miroir des rois (publié en norvégien et latin, Soroe, 1768), et un Traité de droit public, en islandais (publié en islandais et latin par Werlauf, Copenhague, 1815).

SVIATOPOLK I, le Scélérat, grand-prince de Kiev, fils d'Iaropolk I et neveu de Vladimir I, usurpa la couronne à la mort de son oncle sur ses 12 cousins (1015), en fit tuer 3, fut attaqué par leur frère Iaroslav, se fit battre à Lioubitch (1017), s'enfuit en Pologne, près de Boleslas I, son beau-père, et fut ramené par lui en triomphe (1018) ; mais il ne le récompensa qu'en tentant d'égorger tous les Polonais qui étaient dans ses États, sans excepter Boleslas lui-même; heureusement, il ne put y réussir. Attaqué de nouveau par Iaroslav, il fut vaincu à la bataille de l'Alta (1019), et alla mourir en Bohême. — II, grand-prince de Russie de 1093 à 1112, fils d'Isiaslav I, tenta d'établir un congrès périodique entre les nombreux princes de la maison de Rurik (deux seulement eurent lieu : en 1097 et 1116). Son règne ne fut signalé que par l'invasion des Polovstes, peuple nomade, et par les revers des Russes.

SVIATOSLAV I, grand-prince de Russie de 945 à 973, fils et successeur d'Igor, fut jusqu'en 964 placé sous la tutelle de sa mère Olga, soumit les pays entre les embouchures du Danube et du Don, fit, à l'invitation de Nicéphore Phocas, deux expéditions contre les Bulgares (967 et 968), s'empara de leur capitale, menaça ensuite l'empire d'Orient, et ravagea la Thrace jusqu'à Andrinople (970); mais fut vaincu l'année suivante par Jean I Zimiscès, à Durostol (ou Silistri), perdit bientôt toute la Bulgarie (972), et périt dans un combat contre les Petchénègues, en revenant à Kiev. — II, grand-prince de Russie, fils d'Iaroslav I, fut d'abord prince de Tchernigov, chassa du trône son frère Isioslav en 1073, et régna jusqu'en 1076, époque à laquelle son frère remonta sur le trône. — III, grand-prince de Kiev, fils de Vsévolod II, régna de 1179 à 1193.

SWAMMERDAM (Jean), anatomiste hollandais, né en 1637 à Amsterdam, m. en 1680. Son principal ouvrage est l’Hist. génér. des insectes (1669), trad. en français (1682).

SWAN-RIVER, c.-à-d. Rivière des Cygnes, riv. de l'Australie occid., sort des monts Darling, coule au S. O., et tombe dans la mer des Indes après un cours de 108 kil. Elle donne son nom à la colonie anglaise de Swan-River, formée en 1829 dans l'ancienne terre de Leeuwin.

SWANSEA, v. et port d'Angleterre dans le pays de Galles (Glamorgan), près du canal de Bristol, à 65 kil. O. de Cardiff; 47 000 hab. Aspect pittoresque, bains de mer, chantiers de construction, poterie, usines à fer, houille.

SWEDENBORG. V. SVEDENBORG.

SWÉDIAUR (Franç. Xavier), médecin, né en 1748 à Steyer en Autriche, m. en 1824 à Paris, où il était venu se fixer en 1789; a laissé un Traité des maladies syphilitiques (Paris, 1798).

SWENKSUND, SWERKER, SWIATOPOLK, etc. V. SV....

SWETCHINE (Sophie Soymonof, dame), née à Moscou en 1782, m. à Paris en 1857; épousa à 17 ans le gén. Swetchine et occupa longtemps un des premiers rangs dans la haute société de St-Pétersbourg. Attirée à la foi catholique par les conversations de J. de Maistre et la lecture de l’Histoire ecclésiastique de Fleury, elle vint en 1818 se fixer à Paris, et, pendant près de 40 ans, y tint un salon où se réunissaient des hommes de lettres, des artistes, des hommes politiques et surtout les notabilités du parti catholique. Ses Œuvres, composées de Pensées chrétiennes et de Lettres, ont été après sa mort publiées par M. de Falloux, avec une Vie de Mme Swetchine (7 vol. in-8, 1858-64). Son talent a été apprécié par Sainte-Beuve dans les Nouveau Lundis, t. I.

SWIFT (Jonathan), écrivain anglais, né en 1667 à Cashel en Irlande de parents pauvres, passa de bonne heure en Angleterre, eut pour protecteur sir W. Temple, dont on l'a cru à tort le fils adultérin, entra dans la carrière ecclésiastique et obtint la prébende de Kilroot, puis le doyenné de St-Patrick en Irlande, qui lui rapportait plus de 1000 liv. sterling. Tory par principes ou par ses relations avec la cour, il écrivit plusieurs brochures en ce sens, et s'acquit ainsi la faveur du conseil privé de la reine Anne. A l'époque de la chute de la duchesse de Marlborough (1711), son crédit s'éleva au plus haut degré. La mort de la reine mit fin à son rôle politique, et il revint en Irlande, où il mourut en 1745, presque en enfance. Swift eut des rapports fort bizarres avec deux femmes qu'il a rendues célèbres et qui toutes deux l'aimaient vivement: l'une, la belle Stella, qu'il épousa, mais pour ne la traiter que comme une sœur; l'autre, Esther van Homrigh, qu'il nomme Vanessa dans ses écrits, et qui mourut du regret de voir sa rivale préférée. On a de Swift, outre un grand nombre d'articles politiques dans l’Examiner : les Voyages de Gulliver (1728), le Conte du Tonneau ou Conte de la mère l'Oie, la Prophétie de Bickerstoff, la Bataille des Bouquins, les Lettres de Napier. Les Voyages de Gulliver ne sont qu'une espèce d'allégorie remplie d'allusions aux circonstances et aux personnages politiques de l'époque ; le Conte du Tonneau est un pamphlet où le pape, Luther et Calvin sont attaqués tour à tour, les écrits de Swift, satiriques ou burlesques pour la plupart, l'ont fait surnommer le Rabelais de l'Angleterre. Il a au suprême degré le genre de gaieté que les Anglais appellent humour : il garde un rare sérieux en lançant les traits les plus risibles, et il excelle à revêtir de vraisemblance ses fictions les plus folles. Son style est classique, surtout en prose. Ses Œuvres ont été publiées par Hawkesworth à Londres, 1755, 14 vol. in-4. Les Voyages de Gulliver ont été trad. par Desfontaines, et le Conte du Tonneau par Van Effen. L. de Wailly a publié en 1860 une traduction des Opuscules humoristiques de Swift. Sa Vie a été écrite par Orrery, Th. Sheridan, W. Scott et Deane Swift, son petit-neveu. On doit à Prévost-Paradol : Swift, sa vie et ses œuvres, 1856, et à H. Raynald une Biographie de Swift, 1857. — Th. Swift, fils de Deane S., m. en 1815, cultiva la poésie : on a de lui les Escrocs, le Temple de la folie, etc.

SWINE, une des trois grandes branches par lesquelles l'Oder se rend dans la Baltique, sépare l'île d'Usedom de celle de Wollin, et a 15 kil. de large.

SWINEMUNDE, v. et port des États prussiens (Poméranie), sur la côte E. de l'île d'Usedom, à l'embouch. de la Swine, à 55 kil. N. O. de Stettin ; 4500 h. Chantiers de construction, eau-de-vie de grains, pêche de harengs, etc. Assez de commerce.

SYAGRIUS, patrice romain, fils du comte Ægidius ou Gilles, qui avait détrôné le roi des Francs Childéric I, retint sous la domination romaine, après la mort de son père (464), le territoire de Soissons. Clovis vint l'y attaquer et le défit (486). Syagrius alla chercher un asile auprès d'Alaric, roi des Wisigoths, qui eut la lâcheté de le livrer à Clovis. Ce prince le fit mettre à mort, et resta ainsi maître de toutes les places que les Romains possédaient dans les Gaules. — Un autre Syagrius, bisaïeul de celui-ci, avait été secrétaire de l'empereur Valentinien (369), puis préfet de Rome et consul sous Gratien (382). Il était lié avec Ausone, qui lui dédia ses poésies; il fut lui-même assez bon poëte.

SYBARIS, v. de l'Italie méridionale, sur les bords du Crathis, près de son embouch. dans le golfe de Tarente, et sur la frontière de la Lucanie et du Brutium, fut fondée par les Locriens vers 725 av. J.-C., s'enrichit par le commerce, devint pendant un temps la première ville de la Grande-Grèce, et rangea sous ses lois 7 peuples et 16 villes; mais elle fut perdue par le luxe et la mollesse de ses habitants, les Sybarites, dont le nom est devenu synonyme d'efféminé, et elle fut conquise et détruite par les Crotoniates en 510. Des colons athéniens la reconstruisirent à quelque distance, en 446, sous le nom de Thurium. Les Romains prirent cette ville en 194 av. J.-C., et la nommèrent Copiæ. Les ruines de Sybaris occupent une étendue de 8 kil. sur les bords du Crathis, près de Torre Brodognato.

SYCOPHANTE, épithète injurieuse que les Athéniens appliquèrent aux délateurs et aux calomniateurs. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

SYDENHAM, vge situé à 9 k. de Londres, où l'on a reconstruit, pour une exposition permanente, le Palais de Cristal, qui avait servi à l'exposition universelle de Londres en 1851. Ce palais, dont la reconstruction coûta des sommes énormes, fut ouvert en 1854.

SYDENHAM (Thomas), célèbre médecin, l’Hippocrate anglais, né en 1624 à Windford-Eagle (Dorset), m. en 1689, exerça son art avec le plus grand succès à Westminster, faubourg de Londres. Il ramena les esprits à l'observation de la nature et à l'expérience, étudia avec soin les constitutions atmosphériques afin de mieux traiter les épidémies, appliqua à la guérison de ces maladies, surtout à celle de la petite vérole, le traitement anti-phlogistique avec un grand succès, découvrit la meilleure manière d'administrer le quinquina, fit grand usage de l'opium, et inventa la composition de laudanum qui porte son nom. Ses Œuvres complètes (en latin) ont été imprimées à Genève, 1716, et à Londres, 1734, et trad. en français par Jault, Paris, 1774, et Montpellier, 1816. On estime surtout son Traité de la goutte.

SYDNEY, v. de l'Austrasie, capit. de la Nouvelle-Galles du Sud, sur la côte E., et sur la baie de Sydney, par 148° 30' long. E., 33° 51' lat. S. ; env. 80 000 h. (on en comptait seulement 30 000 en 1841). Vaste port dit Port-Jackson (un des plus beaux du globe), fort Macquarie. Le climat est très-salubre, mais l'eau rare. Évêché, sociétés savantes, école de commerce, jardin botanique, observatoire, théâtres, chemins de fer ; chantiers de construction. Commerce actif avec la Chine, l'Inde, l’Océanie : on exporte de grandes quantités de laine, de l'huile de baleine, des bois de construction. — Sydney a été fondée en 1788 : c'est le 1er établissement anglais en Australie. Sa population se composa longtemps de Convicts (condamnés); mais cette ville a cessé en 1841 d'être un lieu de déportation.

SYÈNE, auj. Assouan, v. de l’Égypte ancienne (Thébaïde), sur la r. dr. du Nil, près de la frontière d’Éthiopie et presque sous le tropique (par 24° 5' lat. N.) : les anciens la croyaient sous le tropique même. Juvénal fut exilé à Syène. Cette ville fut florissante jusqu'en 1403, qu'elle fut dépeuplée par la famine et la peste. Les environs fournissaient un granit de couleur rose, appelé Syènite, dont les anciens Égyptiens se sont surtout servis pour leurs sculptures, leurs statues et leurs obélisques. Les rochers voisins sont couverts d'hiéroglyphes. V. ASSOUAN.

SYKS. V. SEIKHS.

SYLBURG (Fréd.), helléniste, né en 1536 à Wetter, près de Marburg, m. en 1596, fut longtemps attaché à l'imprimerie de Wechel à Francfort, puis à celle de Jér. Commelin à Heidelberg, et travailla activement au Thesaurus d'H. Étienne. Par les corrections pleines de goût qu'il fit aux textes, par ses notes et ses tables, il a rendu de vrais services à la critique. On estime encore ses éditions d’Aristote, Francfort, 1584-87; de Pausanias, 1583; de Denys d'Halicarnasse, 1586; des Scriptores historiæ romanæ, 1588; de l’Etymologicum magnum, 1594; de S. Justin, Clément d'Alexandrie, Thucydide, Dion Cassius. On a de lui une grammaire grecque d'après la méthode de Ramus (Rudimenta linguæ græcæ Francf., 1600), et un Alphabetum græcum, de litterarum formis, potestate, etc., 1591.

SYLLA (CORNELIUS), romain célèbre, né l'an 137 av. J.-C., était issu de l'antique maison des Cornélius, mais d'une branche obscure. Nommé questeur l'an 107, il alla servir en Afrique sous Marius, sut gagner la confiance de ce général, fut chargé de négocier avec Bocchus, roi numide, et réussit à se faire livrer par lui Jugurtha ; mais dès ce moment il devint pour Marius un objet de jalousie. Préteur en 92, il alla en 91, en qualité de propréteur, rétablir Ariobarzane sur le trône de Cappadoce, d'où Mithridate l'avait renversé, et fit alliance avec le roi des Parthes. De retour en Italie, il eut part à la guerre sociale, prit Stabies, Pompéies (89), réduisit le Samnium et mit ainsi fin à la lutte. Nommé consul en 88, il obtint du sénat la conduite de la guerre contre Mithridate ; mais Marius, qui convoitait cette mission, fit annuler le sénatus-consulte par un plébiscite emporté tumultueusement. A cette nouvelle, Sylla, qui était déjà parti de Rome, revient brusquement à la tête de son armée, entre en vainqueur dans la ville, fait annuler le plébiscite, force ses adversaires à fuir, et met à prix la tête de Marius. Marchant ensuite contre Mithridate, il commence par lui disputer la Grèce, s'empare d'Athènes (87), remporte les victoires décisives de Chéronée et d'Orchomène en Béotie (86), et porte la guerre en Asie. Bientôt Mithridate vaincu est contraint de demander la paix : impatient de retourner à Rome, où Marius était rentré en son absence (87) et répandait le sang de ses partisans, Sylla consent à traiter avec le roi de Pont (85), et, après avoir replacé sur leurs trônes Ariobarzane, roi de Cappadoce, et Nicomède, roi de Bitbynie, il débarque en Italie (84). Il s'y voit bientôt suivi d'une foule de partisans, reçoit de Pompée le secours de trois légions, bat le jeune Marius à Sacriport et à Préneste, puis Carbon en Étrurie, remporte une victoire décisive sous les murs de Rome, et entre en triomphe dans cette ville (82). Il s'y baigne dans le sang, fait mettre à mort treize généraux du parti de Marius, égorge dans le cirque sept mille soldats prisonniers, dresse des tables de proscription, met à mort cinq mille citoyens pour distribuer leurs biens à ses partisans, et se fait nommer par le sénat dictateur perpétuel. Devenu maître absolu, il change la constitution de la république, relève l'aristocratie, augmente la puissance du sénat dont il porte le nombre à 400, lui rend l'autorité judiciaire, et affaiblit la démocratie par tous les moyens. Sylla exerça ainsi pendant deux ans un pouvoir sans bornes, puis il abdiqua (79), et rentra dans la vie privée, sans que personne osât lui demander compte de tout le sang qu'il avait versé. Il se retira près de Putéoles, où il vécut encore un an. Il mourut l'an 78 av. J.-C., à 59 ans, de la maladie pédiculaire, fruit des infâmes débauches auxquelles il s'était livré toute sa vie. Ses restes, rapportés à Rome en grande pompe, furent inhumés au Champ-de-Mars. On plaça sur son tombeau cette épitaphe : a Nul n'a fait plus de bien à ses amis et plus de mal à ses ennemis. » Sylla réussit dans toutes ses entreprises : aussi mérita-t-il le surnom de Felix (heureux), qu'il avait pris lui-même. Plutarque a écrit sa Vie. Ce général avait lui-même rédigé des Mémoires, qui sont perdus. On doit à Jouy une belle tragédie de Sylla.

SYLPHES, SYLPHIDES, génies qui, dans la mythologie poétique du moyen âge, peuplaient l'air, comme les Ondines peuplaient l'eau. On les représentait sous une forme svelte et légère, avec des ailes transparentes aux épaules. Ces inventions paraissent dues à la théosophie juive ; c'est dans les livres cabalistiques qu'on en trouve les premières traces.

SYLT, île du Danemark (Slesvig), dans la mer du Nord, sur la côte O. du Slesvig, a 964 k. de superficie et 3000 hab., presque tous marins ou pêcheurs. Cette île appartenait jadis à la Frise.

SYLVAIN, Sylvanus, dieu des forêts (sylva) chez les Latins, était le père ou le chef d'une foule de génies semblables à lui, nommé Sylvains, tous représentés avec des jambes et des oreilles de bouc. On l'a parfois confondu avec Faune ou avec le dieu Terme. Comme Pan, Sylvain passait pour apparaître brusquement au coin des bois et sur les routes ; la nuit, il épouvantait les voyageurs de sa voix rauque.

SYLVESTRE I (S.), pape de 314 à 336, né à Rome, jouit de la faveur de Constantin. Son pontificat est remarquable par la fin des persécutions, par la tenue du 1er concile œcuménique, qui eut lieu à Nicée (325), et par la naissance de l'hérésie des Donatistes, qu'il condamna. C'est sous son pontificat qu'on place la donation qui aurait été faite au St-Siége par Constantin et sur laquelle on a longtemps fondé la puissance temporelle des papes. L’Église l'honore le 31 déc.

SYLVESTRE II, Gerbert, né vers 930 à Aurillac en Auvergne, d'une famille obscure, m. en 1003, reçut une éducation solide à l'abbaye d'Aurillac, alla se perfectionner en Espagne près du savant Hatton, évêque de Vich, puis entra dans l'ordre des Bénédictins. Il s'attacha à l'empereur Othon I, qui lui confia l'éducation de son fils (Othon II) et lui donna l'abbaye de Bobbio ; il revint plus tard en France, où Hugues Capet le nomma précepteur de son fils Robert et l'éleva à l'archev. de Reims (992). Cette nomination ayant déplu au pape Jean XV, Gerbert retourna en Allemagne. Othon III, maître de l'Italie, lui donna l'archev. de Ravennes (997), et le fit élire pape en 999 : c'était le premier pape français. Il administra fort sagement. Gerbert possédait des connaissances prodigieuses pour son siècle, ce qui le fit accuser de magie ; il savait la géométrie, la mécanique, l'astronomie, et même la musique ; on lui doit l'introduction en Europe des chiffres dits arabes et l'invention de l'horloge à balancier. Ses Lettres et Discours, publiés par Duchesne (1636). ont été traduits en latin par Barse (1849, Riom). M. Olléris a donné une excellente édition de ses Œuvres, d'après les manuscrits, avec biographie et notes (1867, in-4) et une Vie de Gerbert (1867, in-12) ; C. F. Hock une Histoire de Silvestre II, trad. de l'allemand par J. M. Axinger (1859). Une statue lui a été élevée en 1851 par la ville d'Aurillac.

SYLVESTRE III, anti-pape, était d'abord évêque de la Sabine. Il fut élu pape en 1043, après l'expulsion de Benoît IX; mais il fut lui-même chassé du palais de Latran par son rival trois mois après.

SYLVESTRE (Ordre de S.-). V. ÉPERON D'OR.

SYLVIUS, fils posthume d'Énée et de Lavinie, régna sur Lavinium, mais seulement après la mort d'Ascagne ; Iule, fils de ce dernier, lui disputait la couronne, mais le peuple prononça pour Sylvius. Dans la suite, Sylvius lui céda Lavinium, et alla fonder Albe. On lui donne 29 ans de règne (de 1210 à 1181 av. J. C.). De lui descendirent les rois d'Albe, qui ajoutent à leur nom spécial le nom générique de Sylvius, et qui, d'après une liste du reste peu authentique, sont au nombre de douze.

SYLVIUS (Franç. DE LE BOE ou DU BOIS, en latin), savant médecin, né en 1614 à Hanau (Hesse), m. en 1672, pratiqua son art avec succès à Leyde, à Amsterdam, et devint en 1658 professeur à l'Université de Leyde. On lui doit quelques découvertes anatomiques, mais il est surtout connu pour avoir introduit dans la médecine des hypothèses chimiques, qui pendant longtemps eurent une grande vogue : son système était fondé sur les propriétés acides ou alcalines des humeurs, dont l’âcreté engendrait la plupart des maladies. Sa doctrine a été nommée Chimiatrique. On a imprimé à Amsterdam ses Opera omnia, 1679 ; on y remarque le traité intit. Praxeos medicæ idea nova, où se trouve exposée sa doctrine.

SYMÉ, auj. Simia, petite île de l'Archipel, sur la côte O. de l'Asie-Mineure, entre Rhodes et la péninsule de Cnide, n'est éloignée de la côte que de 5 kil. et a env. 8 kil. de long. Dans l'antiquité, elle fut occupée successivement par des colonies de Cariens, de Lacédémoniens et d'Argiens. Elle avait pour roi, au temps de la guerre de Troie, Nirée, le plus beau des Grecs après Achille. Elle fut conquise Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/262 Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/263 Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/264 #lst:Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/265



◄  R S T   ►